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Retour sur les événements de l’automne La mort : de la tragédie à la bénédiction Année jubilaire : M – 4 avant l’ouverture Annales de Notre-Dame-du-Laus – N° 371 Décembre 2013 – Abonnement 25 – CPPAP 0518 L 88176 www.sanctuaire-notredamedulaus.com Une « petite » bergère au cœur du Grand Siècle DOSSIER

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Retour sur les événements de l’automne

La mort : de la tragédie à la bénédiction

Année jubilaire : M – 4 avant l’ouverture

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Une « petite » bergère au cœur du Grand Siècle

DOSSIER

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Sommaire

n° 371 DécEMbRE 2013Abonnement : 25 € Abonnement de soutien : 30 €Directeur de publication Père Ludovic FrèreRédacteur en chef Tanguy LafforgueOnt collaboré à ce numéro : L. Frère, T. Lafforgue, G. Mélinon, les sœurs bénédictines du Sacré-Cœur  de Montmartre, M. Klein, H. Biarnais, G. Corpataux,  R. Combal, L.A. Biarnais, R. Favier, M. Grisard, O. Hanne.Photos sauf mention contraireSanctuaire Notre-Dame du Laus, J.-L. Le Dorze coordination : Tanguy Lafforguecomité de rédaction des Annales05 130 Saint-étienne-le-LausTél.04 92 50 94 00 • Fax 04 92 50 90 77E-mail : [email protected] paritaire n° 0518 L 88176ISSN : 2263 4037Dépôt légal : à parutionéditeurBayard Service Édition Méditerranée2, chemin de Saint-Pierre – 13 390 AuriolTél. 04 42 98 14 10 bse-mediterranee@bayard-service.comwww.bayard-service.comMaquettiste graphiste : M. DupontImprimerieJF Impression - 34072 MontpellierJetté dans ce numéro un dépliant RCF

En partenariat avec Gap, Notre-Dame du Laus est membre de l’association des Villes sanctuaires en France. Site Internet : www.villes-sanctuaires.com

Un vallon et une bergère choisis par la Vierge MarieEn 1664, la Vierge Marie choisit le vallon du Laus comme « refuge pour les pécheurs ». Apparue à Benoîte Rencurel, une jeune bergère, elle lui demande la construction d’une église et d’une maison pour les prêtres. Durant cinquante-quatre ans, Benoîte se consacre à sa mission d’accueil, éduquée, encouragée et conseillée par la Vierge Marie qui continue à lui apparaître. Ayant reçu un don de connaissance des cœurs, la bergère guide les pèlerins dans leur démarche de conversion. Le Laus devient ainsi un lieu de grandes grâces, où les guérisons et les reconstructions intérieures ne cesseront jusqu’à aujourd’hui.

Un message en forme d’appel à se laisser réconcilierLe message du Laus, dont la vie de Benoîte Rencurel est une merveilleuse illustration, est un appel à une réconciliation intégrale : dans nos relations (avec Dieu, avec les autres, avec soi-même et avec l’Église) ; dans toutes les autres sphères de notre existence : avec le temps, avec notre corps, avec la nature, avec le monde surnaturel…Cocon situé dans un écrin naturel protecteur entouré de magnifiques paysages, refuge paisible à l’écart du monde, le sanctuaire Notre-Dame du Laus est aujourd’hui le lieu offert pour vivre ce message.Lieu de prière et d’accueil, le sanctuaire est ouvert et accessible toute l’année. Des retraites, sessions et pèlerinages y sont organisés régulièrement.

Une hôtellerie aux capacités d’accueil multiplesL’hôtellerie permet de rester sur place et ainsi d’expérimenter cette réconciliation qui demande du temps. Elle propose :• un restaurant de 540 places. Service à table, menu unique, petits prix (11 à 12 euros, tarifs enfants), prestations pour les groupes ;• Un bar (terrasse avec vue sur les montagnes) ;• Un magasin d’articles religieux (livres, souvenirs, cadeaux, cartes postales) ;• 250 chambres (415 lits en été, 250 en hiver), 1-2-3 lits, chambres pour personnes handicapées ;• Un camping, dans un site calme à 2 minutes de la basilique ;• Deux dortoirs de 25 lits avec cuisine, sanitaires, salle commune, en gestion libre. Idéal pour les groupes de jeunes ;• Un lieu de camp pour les jeunes (panorama 360°), à 5 minutes de la basilique.• Un gîte de 15 lits avec cuisine commune ;• Une gamme de salles de conférence (25 à 400 places) ;• Accès WiFi gratuit.

ContactsRenseignements sur les activités spirituelles : 04 92 50 94 00 [email protected]éception de l’hôtellerie : 04 92 50 30 73 – [email protected] Internet : www.sanctuaire-notredamedulaus.com

Sommaire

édito3 Par le père Ludovic Frère

Vie du sanctuaire4 Peau neuve pour la maison natale de Benoîte5 Un ancien pensionnaire de la « Maîtrise » témoigne6 Portait de pèlerins7 En bref

Spiritualité8-10 La mort : de la tragédie à la bénédiction

DossierUne « petite » bergère au cœur du Grand Siècle12-14 Foi et religion à l’époque de Benoîte15 La vie rurale à l’époque de Benoîte16-17 Protestantisme et jansénisme en terres haut-alpines18-19 « Sœur » Benoîte, tertiaire de saint François de Paule

20-21 – Vie du sanctuaireLe Laus, haut-lieu de grâces

23 – AgendaProgramme de l’année jubilaire

24 – Les Manuscrits, merveilles du LausUne apparition dans la nuit de Noël

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Père Ludovic Frère,  recteur du sanctuaire

édito

Ciel nouveau et terre nouvelleVoici 350 ans, Benoîte Rencurel célébrait avec ses proches la Noël 1663 et les fêtes de fin d’année. Elle n’aurait certaine-ment pas imaginé que ce serait son dernier Noël avant que sa vie soit profondément bouleversée. L’hiver suivant, elle serait déjà au service du pèlerinage du Laus, guidée par la Vierge Marie, les anges et les saints.

Comme Benoîte, les fêtes de fin d’année nous invitent donc à nous ouvrir à la nouveauté. De même que des parents, par amour pour leurs enfants, veulent les gâter de surprises qui les émerveilleront, le Seigneur agit ainsi auprès de chacun de nous.

Le passage à une année nouvelle porte souvent de grands espoirs, mais qui sans la foi restent de l’ordre du désir évasif que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Pour nous, avec l’exemple de Benoîte, c’est l’assurance de la présence aimante de Dieu qui nous fait aborder la nouvelle année avec sérénité et joie profonde.

En 2007, dans son encyclique sur l’espérance, le pape Benoît XVI écrivait : « C’est seulement lorsque l’avenir est assuré en tant que réalité positive que le présent devient vivable ». Notre pape émérite poursuivait ainsi : l’espérance « attire l’avenir dans le présent, au point que le premier n’est plus le pur pas encore. Le fait que cet avenir existe change le présent ; le présent est touché par la réalité future, et ainsi les biens à venir se déversent sur les biens présents et les biens présents sur les biens à venir. »

Que vous souhaiter, donc, à l’approche des fêtes et au seuil de l’année nouvelle ? Sans doute rien de moins que cet appel, lancé par saint Pierre à tous les chrétiens : « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15).

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Quel est votre rôle dans cette rénovation ?Je suis l’interlocuteur de l’association des anciens élèves du foyer Saint-Louis, qui, très généreusement, nous aident à restaurer cette maison. Ce sont d’ailleurs eux qui ont travaillé à la chapelle de l’Hermitage. Il y a longtemps que l’envie de restaurer la maison de Benoîte existait et grâce à eux c’est maintenant possible.

Quelle est l’histoire de cette maison ?À l’époque, il y avait une quarantaine de foyers à Saint-Étienne-d’Avançon, pour la plupart vivant dans une misère noire. Après la mort de son père, Benoîte et sa famille connais-sent une vie paysanne difficile. Leur maison raconte parfaitement cette période très dure. Aujourd’hui, elle appartient à la mairie, après avoir été rachetée par Mgr Depéry en 1850 pour sa symbolique forte.

Quel est le but de cette rénovation ?L’idée est d’avoir un lieu qui nous parle de la vie paysanne en ce temps-là, et qui nous fait réfléchir sur le parcours qu’y a fait Benoîte.

C’est à Saint-Etienne-d’Avançon, dans une modeste maison au milieu du village, qu’est née la bergère du Laus en septembre 1647. Ce lieu, fort sur le plan spirituel, est malheureusement en assez mauvais état, sa dernière rénovation remontant à 1850, durant l’épiscopat de Mgr Depéry. À l’occasion de l’année jubilaire, le sanctuaire a souhaité faire revivre les lieux. Découverte du chantier.

3 Questions à…Père Guy Corpataux,  chapelain du sanctuaire

Propos recueillis par Mathieu Grisard

1. Vue de la maison avant l’incendie du 28 janvier 1850.

2. Vue de la maison suite à la restauration de Mgr Depéry.

©archives du diocèse de Gap et d’Embrun

Du temps de Benoîte, le village avait pour nom Saint-Etienne-d’Avançon, ce qui rappelait son appartenance à la baronnie d’Avançon. C’est en 1914 qu’il a été rebaptisé Saint-Etienne-le-Laus, en souvenir des événements qui se déroulèrent au hameau du Laus entre 1664 et 1718. Cet anniversaire donnera lieu à des festivités en mai 2014, lors de l’ouverture de l’année jubilaire.

>>> éclairage

Les trois missions du futur lieu• Recueillement, dans la chambre de Benoîte• Exposition sur Benoîte, dans une salle• Reconstitution de la vie à l’époque, dans une dernière salle

Peau neuve pour la maison natale de benoîte

Un siècle et demi après Mgr Depéry, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque de Gap et d’Embrun, s’est

lancé, depuis trois ans, dans une démarche de rénovation des lieux emblématiques du Laus. La quasi-totalité des éléments qui constituent la vie de Benoîte ont fait l’objet d’une rénovation, mais il en restait un délaissé, pourtant très important : la maison natale de Benoîte. L’objectif est que cette maison soit le reflet de la vie au temps de Benoîte, que les pèlerins puissent venir ressentir les difficultés de la vie locale il y a trois siècles et être attentifs aux plus pauvres comme Benoîte.

L’association Saint-Louis (NDLR : les anciens du petit séminaire de Gap) nous aide très généreusement pour les travaux de rénovation. Nous finançons leurs besoins tout au long du chantier. Ce sont des gens sympathiques et efficaces qui se sont proposés déjà plusieurs fois pour différents travaux. Ce beau projet sera achevé au début du mois de mai pour le lancement de l’année jubilaire. Il apportera un petit « plus » spirituel à l’année festive que va vivre le village de Saint-Étienne. »Propos recueillis par Mathieu Grisard

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« Une démarche de rénovation »

Vue sur le chantier.

M. Klein, directeur général du sanctuaire

4 Notre-Dame du Laus

Vie du sanctuaire

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De 1943 à 1945, Jean Philip a été pension-naire en classes de 8e puis 7e à la « Maîtrise », sise à l’époque dans les locaux du sanctuaire Notre-Dame du Laus. La maîtrise était alors

l’antichambre du petit séminaire de Charance − autre-ment dénommé foyer Saint-Louis − où le jeune haut-alpin poursuivra ses études jusqu’au bac, y côtoyant d’ailleurs René Combal (NDLR : ancien recteur du sanctuaire, actuellement chapelain).Jean situe parfaitement les lieux principaux qui consti-tuaient son quotidien : les salles de classe, les dortoirs aux étages, le coin lavabo, la cour de récréation… Et le fameux réfectoire, dans l’actuelle salle saint Louis… « C’était la guerre », rappelle-t-il, et les effets du conflit

se faisaient sentir jusque dans les assiettes : les pensionnaires se voyaient servir des oignons à tous les repas, « matin, midi, et soir ; crus, cuits, gratinés ». « Jamais plus d’oi-gnon ! » : ceux qui connaissent Jean sont au courant de cette particula-rité dans son régime alimentaire, et des raisons.Piquantes étaient aussi les séances − très − matinales de toilette. Pas de chauffage central pour apporter un peu de chaleur dans les dortoirs et augmenter de quelques degrés la température de l’eau gelée. Jean se souvient qu’en plein hiver − « des hivers beaucoup plus rigoureux qu’au-jourd’hui ! » − il fallait attendre la fin de la matinée pour se laver, le temps que le soleil ait réchauffé les canali-

sations. Bien qu’originaires de la région pour la plupart, les jeunes élèves ne rentraient chez eux que « pour les fêtes de Noël et de Pâques ». Jean ne pouvait ainsi voir sa famille, résidant… de l’autre côté du col du Tourrond à Jarjayes, qu’à la fin de « trimestres entiers sans quitter le Laus ».

Une période marquante de sa vieSes deux années au Laus sont ponctuées de quelques moments marquants : le drapeau français qu’il voit hissé au sommet de l’oratoire de l’ange à l’annonce de

La commission des baliseurs au grand complet, le 19 novembre 2013 au Laus.

Un ancien pensionnaire de la « Maîtrise » témoigne

Président de la commission

des baliseurs au sein du comité départemental 05 de la Fédération française de randonnée, Jean Philip apprécie le Laus pour ses sentiers, un peu moins pour certains souvenirs culinaires qui lui sont associés…

la capitulation allemande le 8 mai 1945. Ou encore la maladresse verbale d’un prélat canadien en visite offi-cielle au Laus : s’adressant en public à Mgr Bonnabel lors d’une cérémonie, il lui expliqua que sa « fame » (prononcée à la française) − c’est-à-dire sa renommée − l’avait précédé au Canada, déclenchant l’hilarité des espiègles pensionnaires.Jean ne restera pas dans la voie que d’autres, comme le père Combal, ont suivie. S’il ne fréquente plus guère les églises le dimanche, il n’a aucune hostilité vis-à-vis de l’Église et revient bien volontiers au Laus quand il s’agit de faire découvrir le site à ses amis ou sa famille. Et il reconnaît que « la rigueur, l’honnêteté et la discipline » qui l’ont aidé à suivre sa route au sein de La Poste − jusqu’à finir sa carrière à l’inspection − sont sans doute un acquis de cette période lointaine. Quant à son goût de la musique et sa maîtrise du solfège, pas de doute non plus sur leurs origines, malgré les souvenirs mitigés associés aux messes matinales quotidiennes…Des bons souvenirs, il en a conservés aussi, malgré la rudesse du quotidien : Jean évoque notamment les « sor-ties dans la nature », à « parcourir les sentiers » pour suivre les traces de Benoîte et « faire de l’exercice physique ». Qui sait, sa vocation de baliseur vient peut-être de là ? En tout cas, tous les chemins du Laus mènent à Rome.

Tanguy LafforgueResponsable de la communication

M. Klein, directeur général du sanctuaire

Cette salle Saint-Louis, où il est aujourd’hui en réunion annuelle avec les baliseurs bénévoles du comité départemental 05 de la Fédération française de randonnée, Jean Philip l’a connue en d’autres temps. Et à 79 ans, il continue de lui trouver un drôle de goût. Pas amer certes, mais piquant. Piquant comme celui des oignons, qu’il ne supporte plus depuis soixante-dix ans…

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Vie du sanctuaire

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Rencontre

Quasiment pas un trimestre qui ne s’écoule sans que l’observateur attentif ne note leur présence au sanctuaire, bien qu’ils soient d’une grande discrétion. Résidant loin des Hautes-Alpes, dans la région nantaise, ils n’hésitent pourtant pas à faire la « diagonale » pour venir jusqu’à Notre-Dame du Laus quand l’envie les en prend. Janine et Jean-Luc Le Dorze font partie de ces pèlerins qui, amoureux du Laus, éprouvent le besoin de revenir régulièrement à la source. À l’occasion d’un séjour à l’hôtellerie en novembre, nous les avons rencontrés.

Comment s’est faite votre découverte du Laus ?Janine : Originaire de la région nantaise, je suis venue au Laus pour la première fois en février 1974, grâce à une amie ins-titutrice à Aix-en-Provence qui connais-sait bien le sanctuaire. C’est elle qui m’a convaincue de venir passer quelques jours ici. Après ce premier séjour dans le cadre

d’un camp de jeunes, je suis revenue très rapidement, et, depuis, je séjourne réguliè-rement au sanctuaire.Jean-Luc : Quant à moi, je suis venu pour la première fois en 2005, après avoir ren-contré Janine. À l’époque, je n’étais pas du tout chrétien. J’avais donc une approche du Laus très différente de celle de Janine. Je venais pour profiter de la beauté du lieu, faire des balades et des photos. En 2008, nous sommes venus pour la reconnaissance des apparitions. J’ai été touché par la fer-veur des gens présents. Mais je dirais que la réelle « rencontre avec le Laus » (NDLR. : conversion) a eu lieu en 2010, quand j’ai été entouré deux fois par les fameuses odeurs. Ça a été pour moi un déclencheur.

Qu’est-ce qui vous fait revenir au Laus malgré la distance et le temps qui passe ?Janine : On a connu ici des choses très fortes, notamment avec le père Combal qui nous a enseigné la vie de Benoîte. Le lien avec le Laus s’est tissé tout doucement. C’est une expérience sur le long terme : le che-minement spirituel avec le Laus ne peut se vivre que dans la durée. On peut recevoir ici un accompagnement du Ciel quasi-person-nalisé, adapté à chacun. Si je suis revenue si fréquemment, c’est parce que je recevais à

Portrait de pèlerins 

Des pèlerins à la source

L’automne au Laus, vu par Jean-Luc Le Dorze (lire l’interview ci-contre).

6 Notre-Dame du Laus

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chaque fois un appel. Je me sentais invitée. Je suis souvent arrivée avec des questions et repartie avec des réponses, mais pas forcément celles auxquelles je m’attendais. Tout pas-sage au Laus transforme, fortifie.Jean-Luc : Aujourd’hui, venir au Laus est essentiel pour moi, à tel point qu’il m’est inimaginable de passer mes temps libres ailleurs qu’ici… Ce lieu est vraiment un lieu de réconciliation, où je par-viens à faire le point. Le message du Laus m’a beaucoup apporté.

En conclusion ?Janine : C’est un lieu magnifique. Chaque séjour est une expérience qui apporte sa nouveauté. Le temps passe mais le Laus, lui, reste le

même. Marie a bien dit que ce lieu existerait jusqu’à la fin du monde. La grâce est là.Jean-Luc : Il faut accueillir la grâce du Laus. Cela signifie parfois accepter de mener un combat spiri-tuel et de se « prendre des claques » pour avancer.

Rencontre

Quasiment pas un trimestre qui ne s’écoule sans que l’observateur attentif ne note leur présence au sanctuaire, bien qu’ils soient d’une grande discrétion. Résidant loin des Hautes-Alpes, dans la région nantaise, ils n’hésitent pourtant pas à faire la « diagonale » pour venir jusqu’à Notre-Dame du Laus quand l’envie les en prend. Janine et Jean-Luc Le Dorze font partie de ces pèlerins qui, amoureux du Laus, éprouvent le besoin de revenir régulièrement à la source. À l’occasion d’un séjour à l’hôtellerie en novembre, nous les avons rencontrés.

Portrait de pèlerins 

Des pèlerins à la source

Le cheminement spirituel avec le Laus

ne peut se vivre que dans la durée. On peut recevoir ici un accompagnement du Ciel quasi-personnalisé. »

Retour sur les propositions spirituelles organisées au sanctuaire durant le trimestre écoulé

•  Une session « Angélique », prêchée par le père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire, du 29 septembre au 2 octobre. Trois jours pour réfléchir à la place des anges dans notre vie, à la lumière du message du Laus et de l’expérience de Benoîte.•  Deux journées mariales de prière, les 12 et 13 octobre, en union avec tous les sanctuaires du monde, à l’invitation du pape François. Les deux temps forts de ces journées : un chapelet en communion avec les sanctuaires le samedi 12, la messe dominicale le 13 avec annonce de la consécration du monde au cœur immaculé de Marie par le pape François.•  Une session « Espérance », du 9 au 11 novembre, prêchée par le père Guy Corpataux, chapelain du sanctuaire. Trois journées proposées aux personnes en deuil.

>>> En bref

JAnInE Et JEAn-LUc LE DORzE, DES PèLERInS fIDèLES

Notre-Dame du Laus 7

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L a mort n’est pas la porte qui se ferme, mais la porte qui s’ouvre ; pas une fin, mais un com-mencement. À l’instar des premiers chré-

tiens, nous sommes invités à voir le jour de notre mort comme le jour de notre naissance. « La mort n’est plus un mur contre lequel se brise toute espérance humaine ; elle est devenue un pont vers l’éternité », déclare le père Cantalamessa. Même si elle est « un pont des soupirs », parce que « personne n’aime mourir », elle n’est plus cepen-dant « un abîme qui avale tout ».

Notre vie présente : pas plus que la préface d’un livreNotre existence humaine peut être comparée à un livre. La plupart des gens considèrent leur vie ici-bas comme le texte réel, l’histoire prin-cipale ; ils voient la vie future − pour autant, bien sûr, qu’ils croient à sa

réalité − comme un simple appen-dice. L’attitude chrétienne authen-tique est exactement l’inverse. Notre vie présente n’est en réalité pas plus que la préface, l’introduc-tion du livre ; la vie future constitue en revanche l’histoire principale. Le moment de la mort n’est pas la conclusion du livre, mais le com-mencement du premier chapitre.La mort est le seul événement déter-miné, inévitable, auquel l’homme doit s’attendre. Et si j’essaye de l’oublier, de me cacher son carac-tère inéluctable, je ne peux être que perdant. Sans le chant de la mort, le chant de la vie est fade et ridi-cule. En ignorant la dimension de la mort, nous privons la vie de sa vraie grandeur.La mort n’est pas simplement un événement lointain qui viendrait conclure notre existence terrestre ; c’est une réalité bien présente, qui se poursuit sans cesse autour de nous et en nous. « Chaque jour, je suis à la

Ce n’est pas à l’instant où elle se fait toute proche qu’il faut parler de la mort et s’y préparer, mais quand tout va bien et qu’elle paraît encore lointaine. Elle est de toute façon présente à notre vie, elle est devant nous, inéluctable… À l’occasion de la commémoraison des fidèles défunts, le père Michel Dorthu, chapelain, nous livre son enseignement.

La mort : de la tragédie à la bénédiction

8 Notre-Dame du Laus

Spiritualité

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mort », dit saint Paul (1 Co 15). Tout ce qui vit est une forme de mort ; nous mourons tout le temps. Mais dans cette expérience quotidienne de la mort, chaque mort est suivie d’une nouvelle naissance : toute mort est aussi une forme de vie.Pour nombre de croyants, la perte de nos certitudes les plus profondes sur Dieu et le sens de l’existence est presque aussi traumatisante que la perte d’un ami ou d’un conjoint. La foi authentique est un dialogue per-manent avec le doute. Dieu dépasse infiniment tout ce que nous pouvons dire de lui ; nos concepts mentaux sont des idoles qui doivent être bri-sées. Pour être pleinement vivante, notre foi doit continuellement mou-rir. Il se trouve ainsi que la mort n’a pas un caractère destructeur, mais créateur. C’est de la mort que vient la résurrection. La mort qui sur-vient à la fin de notre vie terrestre n’est-elle pas du même ordre ?

La mort, créatrice de vieMais ce n’est pas tout. Pour les chrétiens, ce modèle de mort-résurrection répété à l’infini dans notre vie prend son sens le plus profond dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Notre propre histoire doit être comprise à la lumière de son histoire, célébrée chaque année pendant la semaine sainte, mais aussi dans l’eucharistie, spécialement celle du dimanche. La mort du Christ est une « mort créatrice de vie » (saint Basile). Sûrs de son exemple, nous croyons que notre propre mort peut aussi être « créatrice de vie ».Si la mort est quelque chose qui nous attend tous, elle est aussi profondément anormale. Elle est monstrueuse et tragique. Devant la mort, quel que soit notre réa-lisme, nos sentiments de désolation et d’indignation sont justifiés. C’est parce que nous vivons tous dans un monde déchu, désuni, que nous allons mourir.Pourtant si la mort est tragique, elle est aussi, en même temps, une bénédiction. Bien qu’elle ne fasse pas partie du plan divin, elle n’en est pas moins un don de Dieu, une expression de sa miséricorde et de sa compassion. Pour nous, humains, vivre sans fin dans ce monde déchu, captifs à jamais du cercle vicieux de l’ennui et du péché, eût été un destin terrible et insupportable. C’est pourquoi Dieu nous a offert

une échappatoire. Il défait l’union de l’âme et du corps, afin de pou-voir ensuite les recréer, les réunir lors de la résurrection des corps au dernier jour, et les ramener ainsi à la plénitude de la vie. La mort est ainsi l’instrument de notre restauration.Les deux approches, finalement, ne sont pas contradictoires. Nous voyons la mort comme non-natu-relle, anormale, contraire au plan originel du Créateur, et nous nous révoltons contre elle avec douleur et désespoir. Mais nous la considérons aussi comme une part de la volonté divine, une bénédiction et non une punition. Elle est aussi une issue à notre impasse, la porte vers notre re-création. C’est notre voie de retour.

Nous nous approchons donc de la mort avec empressement et espoir, disant avec saint François d’Assise : « Que mon Seigneur soit loué pour notre sœur, la mort corporelle » ; car, à travers cette mort corporelle, l’enfant de Dieu que nous sommes retourne au Père. S’il n’est pas interdit de pleu-rer à un enterrement − c’est même plutôt sage, car les larmes peuvent agir comme un baume et la blessure est plus profonde quand la peine est refoulée − il ne faut pas nous désoler « comme les autres qui n’ont pas d’es-pérance » (1 Th 4). Notre affliction, quelque déchirante qu’elle soit, n’est pas désespérée ; car, comme nous le confessons dans le credo, nous attendons « la résurrection des morts et la vie du monde à venir ».

Notre communion avec les défuntsPouvons-nous maintenir une communion permanente avec les défunts ? Il y a un faux chemin, que certains trouvent attirant, mais que la Bible et le christianisme rejettent absolument. Non, la communion entre les vivants et les morts ne saurait être le fait de pratiques rele-vant du spiritisme (communication avec les morts) ou de la nécromancie (évocation des morts par magie, en vue de connaître l’avenir). Dans un christianisme authentique, il ne sau-

rait y avoir place pour des techniques visant à communiquer avec les morts comme le recours aux médiums (personne qui se dit l’interprète des esprits). Ces pratiques sont extrê-mement dangereuses ; elles exposent souvent ceux qui s’y adonnent à des forces démoniaques. Le spiritisme est l’expression d’une curiosité illé-gitime. Nous ne devons pas écouter aux portes mais admettre l’existence du mystère.Cela dit, et les vies des saints nous l’apprennent, il y a certainement des cas où les morts communiquent directement avec les vivants (dans les rêves ou à travers des visions). Mais de notre côté, nous ne devons pas essayer de forcer ces contacts. Tout artifice visant à manipuler les morts est contraire à la conscience chrétienne. La communion qui nous unit aux morts ne se situe pas au niveau psychique, mais au niveau spirituel ; le lieu où nous nous ren-controns n’est pas un salon, mais la table eucharistique. Le seul fonde-ment légitime de notre communion avec les morts est la communion dans la prière, surtout la célébra-tion eucharistique. Nous prions pour eux, et en même temps, nous sommes sûrs qu’ils prient pour nous. C’est par cette intercession mutuelle que nous sommes réunis, au-delà des frontières de la mort, dans un lien d’unité ferme et indéfectible.

La prière pour les morts : « le ministère de l’amour »La base de cette intercession, c’est notre solidarité dans l’amour mutuel. Nous prions pour les morts parce que nous les aimons. L’archevêque de Canterbury W. Temple appelle de telles prières « le ministère de l’amour ». Il affirme dans des mots que tout chrétien serait heureux de faire siens : « Nous ne prions pas pour eux parce que Dieu les négligera si nous ne le faisons pas. Nous prions pour eux parce que nous savons qu’il les aime et en prend soin, et nous demandons le privilège d’unir notre amour pour eux à l’amour de Dieu. » Le refus de prier pour les morts est une pensée si froide, si contraire à l’amour, que pour cette seule raison, elle doit être fausse.Une telle prière est simplement l’expression spontanée de notre amour les uns pour les autres. Ici, sur terre, nous prions les uns pour les autres. Pourquoi ne pas continuer à prier pour eux après leur mort ?

La mort n’est plus un mur contre lequel

se brise toute espérance humaine ; elle est devenue un pont vers l’éternité »

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Ont-ils cessé d’exister, au point que nous devrions cesser d’intercéder pour eux ? Vivants ou morts, nous sommes tous membres de la même famille ; ainsi, vivants ou morts, nous intercédons les uns pour les autres. Dans le Christ ressuscité, il n’y a pas de séparation entre les morts et les vivants.

Se réconcilier avec nos défuntsSi nous croyons véritablement que nous bénéficions d’une communion ininterrompue et permanente avec les morts, nous aurons soin de parler d’eux au présent et non pas au passé. Ne disons pas : « nous nous aimions », mais disons : « nous nous aimons tou-jours… » Si nous apprenons à parler

des morts au présent et non au passé, cela pourra nous aider à mieux gérer un problème qui est souvent source d’angoisse pour beaucoup. Il arrive que, facilement, nous remettions à plus tard la recherche d’une récon-ciliation avec quelqu’un dont nous nous sommes éloignés. Et la mort survient avant que nous ayons pu nous pardonner l’un l’autre. Dans un remords amer, nous sommes tentés de nous dire : « trop tard, la possibilité a disparu pour toujours, il n’y a plus rien à faire. » Mais nous nous trompons totalement, il n’est pas trop tard. Ce jour-là, nous pouvons, dans notre prière, nous adresser directement à l’ami disparu avec lequel nous étions brouillé. Utilisant les mêmes mots que s’il était toujours vivant et pré-

sent, nous pouvons demander son pardon et réaffirmer notre amour. À partir de cet instant, notre relation mutuelle sera changée. Sans voir son visage ni entendre sa réponse, sans savoir comment nos paroles vont l’atteindre, nous sentons dans notre cœur que lui et nous avons opéré un nouveau départ. Il n’est jamais trop tard pour recommencer !

La résurrection des corpsReste une question, celle de la résur-rection des corps. Saint Augustin disait : « Sans aucun doute, la vérité chrétienne la plus dure à concevoir est celle de la résurrection de la chair ». Et pourtant c’est le dernier article du credo : « Je crois en la résurrection de la chair. » Bien des chrétiens ont du mal à imaginer que leur corps ressusci-tera. Pour beaucoup de chrétiens, ce salut demeure obscur et leur semble même un peu secondaire.Nous ne savons pas ce que peut être un corps ressuscité, un corps glo-rieux. Nous savons seulement que nous n’existons pas sans le corps qui est notre lien à l’univers et aux autres, qui fait donc partie de notre identité, de notre histoire. Dire que nous ressuscitons avec notre corps, cela veut dire que nous ressuscitons dans la totalité de notre identité personnelle qui s’est construite dans notre histoire et dans la totalité des liens aux autres et à l’univers.Si Dieu a voulu prendre chair, s’il a voulu souffrir, mourir en cette chair, ressusciter avec cette chair, c’est que la chair a une importance, c’est que notre chair, comme la sienne, n’est pas quelque chose de secondaire. Notre chair a du prix aux yeux de Dieu puisqu’Il a voulu la faire sienne. Et si la chair du Christ est ressusci-tée, c’est que notre chair aussi est appelée à cette résurrection, c’est que notre chair est assez importante aux yeux de Dieu pour qu’il la rap-pelle du tombeau, qu’il l’arrache à la pourriture. C’est faire complè-tement fausse route et s’éloigner totalement de la foi chrétienne que de le rejeter.Ce que Dieu gardera de nous dans son ciel éternel, c’est notre faiblesse, notre chair. Ce que Dieu ressuscitera de nous, c’est notre chair c’est-à-dire nos moments de « faiblesse ». Il ne ressuscitera que cela. Il ne ressus-citera que notre chair !

Père Michel Dorthu,Chapelain du sanctuaire

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Le « Grand Siècle » : cette expression, inséparable de la personnalité  du roi Louis XIV, rappelle que le XVIIe siècle fut l’un des épisodes les plus riches de l’histoire de France, pendant lequel le royaume  de France domina l’Europe sur les plans militaire et culturel.Mais ce fut aussi une période marquée par de nombreux doutes  et conflits : politiques, économiques, sociaux, spirituels et religieux… La querelle autour du jansénisme, ou encore les affrontements entre catholiques et protestants – deux sujets de discorde qui n’épargnèrent pas les Alpes du sud du temps de Benoîte – en sont des illustrations.Retour sur ce « Grand Siècle », qui vit éclore un beau et discret sanctuaire sous l’impulsion d’une « petite » bergère choisie par Dieu…

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Foi et religion à l’époque de Benoîte Rencurel (1647-1718)

La vie de Benoîte Rencurel coïncide avec le Grand Siècle de Louis XIV (1643-1715). La vie religieuse est alors portée par la mise en application de l’élan de la Contre-Réforme catholique et de l’École française de spiritualité. Dans une période inquiète marquée par des tensions – économiques, sociales, politiques, religieuses – le message du Laus et son contexte local sont à la fois des révélateurs de cette situation difficile et comme des réponses à des attentes ou à des insatisfactions des cœurs.

Depuis  les  décrets réformateurs  du concile de Trente 

(1545-1563),  visant  à lutter  contre  le  protes-tantisme  et  à  renouve-ler  la  vie  ecclésiale,  les abus dénoncés à la fin du Moyen Âge ont été corri-gés. Les évêques visitent leur  diocèse,  réunissent des  synodes,  corrigent les  clercs,  garantissent la  beauté  de  la  liturgie et participent à la diffu-sion des  livres de piété. Partout,  des  églises sont  construites  et  des paroisses créées. Un clergé nombreux et bien formé assure  une  prédication vigoureuse.  Entre 1640 et 1680,  quarante  sémi-naires  sont  fondés dans le royaume, un par an.Prêtres  et  religieux  sont les  premiers  instituteurs, comme le confirme  l’édit royal  de  1695  qui  rend l’église  responsable  de l’éducation. Dans chaque ville,  un  collège  jésuite se charge de transmettre à  la  jeunesse  bourgeoise et  noble  une  instruction humaniste et morale exi-geante. Les grands esprits sont tous habités et impré-gnés par  les appels de  la foi :  le  prêtre  et  mathé-

maticien  Gassendi  ou  le dévôt Descartes  († 1650), dont la philosophie voulut prouver l’existence divine. Contrairement  aux  idées reçues, le texte latin de la messe est à peu près com-pris partout, puisqu’il est traduit et expliqué au caté-chisme  ou  suivi  dans  des missels. Car on lit : près de 40 % de la population est alphabétisée au nord de la ligne Saint-Malo-Genève, le territoire des Hautes-Alpes se distinguant dans le Midi avec plus de 50 %. Le best-seller est alors  l’Imitation de Jésus Christ, qui propose une  relation  amoureuse et  confiante  avec  Jésus. À  la fin du xviie siècle, un ordinaire en français de la messe est  imprimé à plus de 200 000 exemplaires !

Les modèles du « bien mourir » de l’égliseServie par des esprits éclai-rés comme Bérulle († 1629), Vincent de Paul († 1660) ou François de Sales († 1622), l’école  française  de  spi-ritualité,  dans  sa  finesse et son bon sens, rappelle que  l’homme  est  sauvé, qu’il est une créature bien aimée et offre une sensi-bilité chaleureuse où Dieu est  proche  et  miséricor-

dieux. Il faut se retourner vers lui dans la contempla-tion et le silence intérieur. L’évêque de Genève antici-pait Thérèse de Lisieux en affirmant : « Le monde est né de l’amour, il est sou-tenu par l’amour, il va vers l’amour et il entre dans l’amour. » Face à  la mort omniprésente,  l’église donne  des  modèles  du « bien mourir »,  où  le fidèle  confessé,  en  paix avec lui-même et avec les siens qui l’assistent, avance vers  son  Créateur  avec assurance, malgré la mala-die.  Le  théâtre  baroque de  la  mort  est  aussi  une catéchèse.La  foi  et  le  catholicisme imprègnent  l’état,  la monarchie absolue et toute la culture populaire. Dans les  terroirs  abandonnés, de  nouvelles  congréga-tions comme les Oratoriens multiplient les missions. On ranime la foi des fidèles en insistant sur sa dimension personnelle, sur la confes-sion,  la  fréquentation régulière des sacrements. Pour  cela,  l’église  veut convaincre les fidèles hési-tants à aller communier, et affiche même les noms des réfractaires. On réduit d’un tiers  le  nombre  de  jours 

jeûnés  ou  chômés  pour mieux  inviter  les  parois-siens à respecter les fêtes. En région parisienne, à la fin du siècle, l’évangile est lu en français et  le canon à haute voix, on remplace les  jubés de pierre par de simples  balustrades  pour rapprocher  le  chœur  des laïcs,  on  compose  libre-ment des missels gallicans ; la réforme liturgique avant l’heure ! Souvent moqué, le  portrait  du  dévot  se répand – qui n’a rien d’un tartuffe  –,  bourgeois  ou citadin  qui  aspire  à  une piété quotidienne et sin-cère.  Il  appartient  à  une association  de  fidèles  ou à  une  confrérie  qui  s’oc-cupera  de  sa  cérémonie funèbre  et  constituera autour de lui un relais de prière. Les paysans proces-sionnent dans les villages à chaque fête, pour les roga-tions, pour accompagner un défunt. Les enfants sont catéchisés. Par rapport au Moyen Âge,  il est certain que les gens comprennent mieux ce à quoi ils croient. Les  fidèles  communient plus fréquemment, tandis que se développe la piété du Saint-Sacrement, soute-nue par les processions et les ostensions.

Grandeurs de la foi classique

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Le Grand siècle

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Pourtant,  l’époque est  chargée  d’in-quiétudes.  La  crise 

économique  ne  connaît que  de  rares  embel-lies,  la  hausse  des  prix est  constante  sur  tout le  xviie siècle,  qui  aurait subi, croit-on, un « mini-âge glaciaire », réduisant les  récoltes,  allongeant les  hivers,  multipliant les  disettes.  La  société est  tendue  par  l’ascen-sion  de  la  bourgeoisie urbaine et de la noblesse de robe contre la vieille féodalité. Les premières manufactures  créent déjà  les  conditions  des revendications ouvrières. Si Louis XIV a éloigné du royaume le spectre de la guerre, les révoltes rurales sont  endémiques  et  les parlements  frondeurs. Le  protestant,  à  la  fois ennemi et voisin, voit ses libertés progressivement rognées puis supprimées lors de la Révocation de l’édit de Nantes en 1685. L’opinion publique a beau applaudir, 150 000 hugue-nots,  souvent  lettrés ou artisans qualifiés, quittent la France.Le  brillant  tableau  du royaume très chrétien doit être  nuancé  et  la  sincé-rité des cœurs interrogée. L’assistance  à  la  messe est  aussi  une  contrainte sociale, l’hostie est vénérée mais souvent mal comprise, sorte d’objet magique. On lit peu  la Bible, pourtant largement  diffusée  par l’imprimerie. Le curé d’Ivry note en 1669 que la moi-tié de ses 800 paroissiens ne communient pas. Loin de s’associer à une prière collective le dimanche, les femmes  prient  le  chape-let, malgré les rappels des missels :  « On demeurera toujours persuadé que la meilleure manière d’en-tendre la messe est de s’unir avec le prêtre » (1701). La 

liberté liturgique est para-sitée par les sensibilités des compositeurs de missels : le maniérisme, l’érudition, le rigorisme  moral.  Vincent de  Paul  décrit  en  1659  à Paris une cacophonie litur-gique : « J’étais une fois à Saint-Germain où je remar-quai sept ou huit prêtres qui dirent tous la messe différemment, l’un faisait d’une façon, l’autre d’une autre ; c’était une variété digne des larmes. »

L'emprise du roi sur le clergéSi  l’église  imprègne  le monde public, le monde la possède aussi. Par le galli-canisme, le roi de France a la haute main sur les nomi-nations épiscopales et peut éventuellement contrôler les  revenus  des  diocèses. En  1682,  l’assemblée  du clergé  confirme  la  pré-éminence royale sur l’église de France aux dépens du pape. Les grandes abbayes et  tous  les  évêchés  sont distribués  à  des  hommes du roi. Combien de clercs multiplient les prébendes sans  jamais  y  résider  ni y  célébrer  la  messe ?  Les 

canonicats et les cures sont une manne pour un clergé pléthorique.Dans le domaine de la pen-sée, le cartésianisme a été un  puissant  ferment  de découverte et a dynamisé les études et la réflexion, endormies  dans  un  tho-misme  devenu  clos.  Mais en  croyant  démontrer  la logique divine, Descartes l’a aussi enfermée dans un mécanisme froid et souve-rain,  sorte  de  monarchie absolue  céleste,  horloge parfaite, architecte désin-carné. À sa suite, le prêtre 

Malebranche († 1715) dira : « L’Ordre, la loi divine est une loi terrible, mena-çante, inexorable. »  Le Christ  et  la  charité  n’ont plus leur place dans un tel système  philosophique, qui  rejoint  le pessimisme janséniste.

Le rigorismeDans l’Augustinus  (1640), ouvrage  posthume  du prêtre  Jansen,  l’homme déchu et souffrant appa-raît  isolé  face  à  un  Dieu inaccessible. Rien ne peut le  sauver  de  sa  prédesti-nation,  ni  ses  efforts,  ni sa volonté, si ce n’est une grâce divine incohérente, qui confère Paradis et Enfer sans  considération  des cœurs.  Les  actes  moraux sont pourtant nécessaires et l’austérité jamais assez poussée.  Condamnée comme hérétique en 1653, cette  doctrine  se  diffuse pourtant  rapidement  en France, dans les couvents, les séminaires, chez les let-trés comme Pascal. La souf-

france ne sert à rien, mais, si elle est recherchée, elle peut  permettre  d’éviter l’Enfer. Le dolorisme, jan-séniste ou pas, est inhérent à la piété baroque. Pour les prêtres  de  la  Compagnie du  Saint-Sacrement,  le rigorisme  n’est  jamais assez grand pour gagner son salut.Même  la  culture  laïque entraîne  à  l’inquiétude. La  sensibilité  baroque déploie  ses  lignes  torves, son abondance de décors et de végétaux pour mieux montrer une nature débor-

dante ;  la  violence  des passions antiques envahit les  arts  car  le  spectateur exige des émotions fortes et  des  désirs  exacerbés : Vénus,  Orphée,  Médée. Le  beau  mêle  le  sacrifice et  la  morgue.  L’homme baroque  pose  fièrement, magnifique  mais  seul. Et  Corneille  d’interroger Médée (1640) : « Dans un si grand malheur, que vous reste-t-il ? – Moi ! » répond-elle.  Même  le  classicisme qui s’impose sous Louis XIV n’offre aucune consolation, puisque  cette  nouvelle esthétique  assume  une volonté de puissance, une ivresse du libre-arbitre qui pousse le héros non plus au sacrifice mais à la victoire et à la domination. « À nul autre pareil » (Nec pluribus impar),  lance la devise du roi Soleil.

fragilités d’un siècle inquiet

Le monde est né de l’amour, il est soutenu par l’amour, il va vers l’amour

et il entre dans l’amour »Saint François de Sales

Source : WikipédiaTartuffe : « Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme » (acte III, scène 3, vers 966)

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Le Laus, un révélateur et une réponse

Le territoire haut-alpin à l’époque de Benoîte.

S itué à la limite entre les diocèses de Gap et d’Embrun, le Laus 

dépendait  canonique-ment  de  cette  dernière cité. Elle avait déjà connu aux  xive –  xve siècles une longue série de miracles attribués à Marie sous le vocable  de  Notre-Dame du Réal, patronne de  la cathédrale.  Processions, vénérations des reliques et splendeurs liturgiques soutenaient un profond culte  marial  à  Embrun et  dans  tout  le  dio-cèse. Comme le reste du royaume,  les  deux  dio-cèses  subirent  les  affres de la guerre. En 1692, les troupes du duc de Savoie ravagèrent  la  vallée, pillèrent Embrun et Gap dont  ils  incendièrent  la cathédrale.L’archevêque  d’Embrun  à l’époque  des  apparitions fut  Charles  Brulard  de Genlis (1668-1714), aumô-nier  du  roi,  qui  obtint  sa charge  épiscopale  grâce à  ses  puissants  appuis.  Il vécut pourtant une sorte de conversion, comme nombre de prélats, en se décidant à investir sa mission. Quittant Paris et les ors de la cour, il s’installa à Embrun et, dès 1671, pélerina au Laus où il soumit Benoîte à un inter-rogatoire  sévère pendant plusieurs heures. Convaincu par  la  bergère,  il  se  ral-lia à son récit. Il devint un évêque exemplaire, mit en place le premier séminaire d’Embrun,  visita  son  dio-cèse,  présida  des  synodes diocésains, lança de vastes marches-processions  vers le Laus, corrigea son clergé et développa  le  culte des saints  tout  en  encadrant les excès de la vénération des  reliques,  notamment celles  de  saint  Guillaume à Eygliers. Pourtant, il fut lui aussi  le  révélateur des tentations  spirituelles  de 

son siècle puisqu’il signa les actes gallicans de 1682 et plaça au Laus durant vingt ans  deux  ecclésiastiques jansénistes.

Des Pères de la Doctrine chrétienne pour lutter contre le jansénismeÀ  Gap,  l’évêque  modèle fut  Pierre  Marion  (1661-1675),  ancien  abbé,  lui aussi nommé par Louis XIV. Décidé à ranimer la ferveur et à améliorer la formation sacerdotale, il installa dans le diocèse la congrégation des  Pères  de  la  Doctrine chrétienne  et  leur  confia le séminaire qu’il venait de créer  à  Corrie  (La  Roche-des-Arnauds), moyen pour lutter  contre  l’influence janséniste.  Parallèlement, il intervint vigoureusement contre les clercs qui s’affran-chissaient  des  coutumes canoniques,  notamment contre le chanoine théolo-gal (maître de l’enseigne-ment dans le diocèse), qui 

portaient les cheveux longs et non la tonsure, des habits courts, fréquentait les caba-rets  et  jouait  aux  boules près  des  murailles.  Pierre Marion  fut  cependant  lui aussi tenté par les faiblesses de  son  temps  et  surtout par la cupidité, refusant de faire réparer sa cathédrale, les cloches et d’entretenir la lampe du Saint-Sacrement. Il  fallut  un  procès  mené par  son  chapitre  pour  l’y contraindre.Le diocèse de Gap fut pro-fondément  secoué  par l’épiscopat  de  Charles-Bénigne Hervé (1692-1705), prêtre  parisien,  nommé par  le  roi  en  1684  mais dont  le  pape  refusa  l’in-vestiture.  L’homme  resta jusqu’en 1692 sans lettres canoniques,  accaparant les  revenus de  son  siège, exerçant  illégalement  la juridiction.  Finalement consacré,  il  réintégra  les protestants convertis après la Révocation et subit  lui 

aussi  les dévastations des Savoyards. Mais son com-portement désordonné et les plaintes multiples soule-vées contre lui aboutirent à sa démission forcée.À ce contexte national et local à la fois lumineux et misérable,  les apparitions du  Laus  semblent  avoir apporté plusieurs réponses, inscrites dans la longue tra-dition catholique : le rappel de la miséricorde pour les pécheurs contre un jansé-nisme  obtus,  le  sacrifice humble  du  Christ  contre l’héroïsme baroque,  l’exi-gence d’une réforme inté-rieure contre les tentations mondaines, l’insistance sur la conversion des prêtres, le culte des saints,  la conso-lation manifestée par des signes  charnels  (les  par-fums, le confessionnal,etc.).

Olivier Hanne, agrégé et docteur en histoire, chercheur associé à l’Université d’Aix-Marseille

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P oint  ici  de  grands  espaces céréaliers  ouverts  presque à l’infini et exploités par de grands  fermiers.  Dominait au  contraire  la  petite  ou moyenne propriété, exploi-tée  en  faire-valoir  direct 

ou  par  l’intermédiaire  de  fermiers  ou métayers  (avec de fréquents baux à mi-fruits). Ces paysans mettaient en œuvre, en  assolements  plus  souvent  biennaux que triennaux, une polyculture vivrière où dominaient les « bleds » — froment, seigle, méteil — (indispensables à la subsistance comme au paiement des redevances),  les cultures arbustives (pommiers, poiriers, pru-niers) davantage dispersés dans les champs que regroupés en vergers, la vigne présente jusqu’à des altitudes élevées. À cela venait s’ajouter  dans  les  jardins  la  culture  des « herbes » ou du chanvre pour les besoins domestiques et, sur les communaux ou des prairies privées, d’un élevage dont l’inégale importance était ordinairement la marque des fortes inégalités sociales au sein même de la communauté.

Des communautés ruralesLa société rurale s’organise au sein de commu-nautés rurales de petite dimension qui, le plus souvent, se confondaient avec les paroisses. Ces communautés étaient administrées par une assemblée d’habitants qui seule pouvait prendre des décisions en leur nom et enga-

ger leur responsabilité. Composée en principe de tous les chefs de famille, l’assemblée  se  réduisait ordinaire-ment à la « meilleure et plus saine part »  d’entre  eux,  autrement  dit l’élite sociale que constituaient les principaux  propriétaires  fonciers et notables locaux. Réunies deux à trois fois par an, ces assemblées délé-guaient leur pouvoir à des consuls, renouvelés  ordinairement  annuel-lement.  Ils étaient chargés de réu-nir l’assemblée et de faire exécuter 

les décisions prises en assemblée : collecter les revenus de la communauté, engager les dépenses, réaliser des travaux d’intérêt géné-ral, administrer les biens communaux (souvent importants dans  le haut-Dauphiné), enga-ger un maître d’école, rendre les comptes. Ils étaient également chargés de répondre à toutes  les demandes de  l’administration royale et de faire procéder pour elle à la col-lecte de l’impôt.Ces officiers municipaux n’exerçaient cepen-dant leur autorité que sous le contrôle d’une seigneurie partout présente. Sans doute, n’y avait-il pas toujours une exacte coïncidence entre communauté et seigneurie (pour l’en-semble du Dauphiné, 21 % des seigneuries se réduisaient à des portions de communautés, alors que d’autres, de grande dimension, pou-vaient en regrouper plusieurs). Sans doute aussi, les seigneurs n’étaient-ils que rarement présents personnellement sur leurs terres (pas plus de 20 % pour l’ensemble du Dauphiné). Mais des officiers seigneuriaux, les « châte-lains », étaient là pour faire respecter leurs droits : présider les assemblées d’habitants, collecter les droits seigneuriaux (cens, lods…), faire les procédures d’instruction d’une justice rendue ordinairement au siège du bailliage (à Gap pour La Rochette,  La Bâtie-Neuve, La Bâtie-Vieille, Rambaud ; à Embrun pour Avançon, Chorges, Montgardin) ; parfois assu-rer l’administration directe des terres du sei-gneur. Si de manière ordinaire la noblesse se confondait avec cette seigneurie, on notera que, dans la vallée de l’Avance,  les autori-tés épiscopales étaient fortement présentes : l’évêque de Gap pour les seigneuries de la Bâtie-Vieille et de Rambaud ;  l’archevêque d’Embrun (en pariage avec le roi) pour celles de Chorges et de Montgardin.

René favier, professeur émérite d’histoire moderne

La situation du monde rural dans les Alpes du sud ne se distinguait pas particulièrement de celle du reste du royaume. Certes, le relief et le climat imposaient à la vallée ses propres spécificités.

La vie rurale à l’époque de Benoîte

Le Nain. Famille de paysans dans un intérieur, Musée du Louvre.

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Protestantisme et jansénisme en terres haut-alpines du temps de Benoîte

Les guerres de religion ont été rudes dans le Dauphiné. Les protestants y étaient nombreux. En 1585, la cathédrale d’Embrun fut pillée et 

l’image de Notre-Dame du Réal, réputée miraculeuse, fut détruite. Gap et Embrun ont toutes deux accueilli des garnisons huguenotes. Sur certains points,  le jansénisme est proche de la « religion prétendue réformée » : il y règne une grande austérité, la lec-ture de la Bible, personnelle et en langue vulgaire, est privilégiée, l’idée de prédestination et de salut par la grâce sont très fortes dans les deux courants. La piété personnelle est très importante. Toutefois, les différences sont fondamentales. Les protestants réfutent l’autorité du pape et de la Tradition de l’église catholique. Les jansénistes n’ont pas de vel-léité de rupture avec Rome et ils gardent la même acceptation du mystère de l’eucharistie que l’église catholique romaine, pour laquelle le pain et le vin deviennent vrai corps et vrai sang du Christ. François de Bonne, duc de Lesdiguières, né en 1543 à Saint-Bonnet

(Hautes-Alpes) et mort en 1626. Il fut le chef des protestants durant les luttes qui les opposèrent aux catholiques dans le Dauphiné. Mausolée du Connétable de Lesdiguières, détail, XVIIe siècle (Musée départemental de Gap).

Y eut-il  des  jansénistes  à Embrun ? Le père Roger de Labriolle,  dans  son  étude 

critique du Laus, s’appuyant sur le livre de l’abbé Cognet (1961) sur le  jansénisme,  apporte  quelques nuances éclairantes. Le jansénisme n’est pas un système clos d’idées que  l’on  confond  souvent  avec le rigorisme qui  lui est associé.  Il s’agit d’un christianisme exigeant qui veut être vécu sans compromis-sions ni concessions. Il met en valeur les droits de la personne et de la pensée  personnelle,  en  face  des absolutismes de l’autorité. Le jansé-nisme provoque une lutte acharnée contre le relâchement de la morale des jésuites. Il paraît donc probable qu’il  y ait eu dans  le milieu plus instruit du clergé embrunais une 

certaine sympathie pour  le mou-vement  janséniste.  L’archevêque soutient pourtant les jésuites qui y tiennent un collège important. Il se soumet à la bulle Unigenitus.

Le Laus viséAu début du xviiie siècle, on assiste à un affrontement entre Mgr Charles Brulard de Genlis, archevêque d’Em-brun  de  tendance  janséniste,  et Mgr de Malissoles, évêque de Gap. Ce dernier publie le 14 juillet 1707 un mandement contre le jansénisme où il fait allusion aux directeurs du Laus. Ce qui provoque une réponse furieuse de Mgr de Genlis,  le 20 juillet de la même année, qui défend les prêtres du Laus. Cette querelle trouble les consciences  et  a  des  répercussions néfastes sur le pèlerinage du Laus.

L’évolution de Mgr de GenlisLe père de Labriolle écrit aussi : « Le long voyage qu’il avait fait à Paris avait pu lui faire voir l’évolution des jansénistes, devenu un parti poli-tique, ennemi du pouvoir royal et trublion de la société, bien différent de ce qu’il avait connu durant sa jeunesse cléricale où les jansénistes apparaissaient comme des rénova-teurs de la morale, imprégnés des lumières patristiques. De plus, des raisons personnelles devaient le pous-ser à prendre garde à l’opinion défa-vorable que la Cour pouvait avoir à son sujet… D’où peut-être son choix étonnant des pères jésuites pour diri-ger son séminaire qui pourrait être une couverture vis-à-vis du pouvoir royal. »

Le protestantisme en Dauphiné au XVIIe siècle

Double page réalisée grâces aux contributions du père René combal, chapelain du sanctuaire, et d’Hélène biarnais, de la bibliothèque du diocèse de Gap et d’Embrun

Dans le diocèse d’Embrun

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Protestantisme et jansénisme en terres haut-alpines du temps de Benoîte

De 1692 à 1712On  entend  des  rumeurs  hostiles  envers Benoîte et ses deux compagnons : Aubin et Magrin. De faux rapports sont transmis par les nouveaux directeurs au vicaire général Viala et à l’archevêque d’Embrun. Les directeurs interdisent à Benoîte de parler aux gens. On tourne en ridicule son activité. L’archevêque, qui jusque-là était favorable, est de plus en plus  remonté contre  le Laus. On est venu chasser Benoîte et la mettre au monastère. Les prêtres du Laus découragent les gens de venir en pèlerinage. Ils n’avaient pas connu les merveilles récoltées au début du pèleri-nage, du temps de Jean Peytieu (1669-1689). Il s’agit autant de négligences, de rivalités entre Embrun et le Laus que de jansénisme.

L’opinion de la Vierge et de benoîte« Pour montrer l’esprit de charité que Dieu veut que cette sainte fille ait de couvrir les défauts du prochain, l’ange lui dit de ne pas dire que ces prêtres sont jansénistes ; qu’on fait trois péchés : on détruit la dévotion ; on leur porte préjudice, on le porte à son âme.

UnE bIbLE cOntROVERSéE Et IntERDItELouis-Isaac Lemaistre de Sacy traduit la Vulgate en français entre 1667 et 1693. Ce texte est considéré comme un monument du français du xviie siècle, au même titre que Les Pensées de Pascal. Chacun des livres de cette bible est accompagné de commentaires, accusés de trop favoriser les thèses controversées de Jansenius. Pour cette raison, le pape Clément IX en condamne l’usage. Comme le privilège royal – l’autorisation d’imprimer – est refusé, Daniel Elzevier le publie à Amsterdam, sous la fausse adresse « Gaspard Migeot à Mons », d’où le nom Nouveau Testament de Mons qui lui est souvent donné. Tout un réseau d’imprimeurs hollandais réédite ce Nouveau Testament, neuf fois en deux ans. On estime que, durant les six premiers mois, 5 000 exemplaires furent vendus.

À notre-Dame du Laus

››› écLAIRAGELa querelle jansénisteJansénius naît en 1585 en Hollande. Son livre, L’Augustinus (1640), qui s’appuie sur la pensée de saint Augustin, est une réaction face au laxisme que dénonce Blaise Pascal dans ses Lettres provinciales contre les jésuites. Les jansénistes, qui veulent un retour à un christianisme plus exigeant, concentrent leurs forces dans l’abbaye de Port-Royal-des-Champs, qui devient une forteresse religieuse, culturelle et politique. Elle s’oppose à l’absolutisme royal de Versailles et de Louis XIV, qui avait Port-Royal en abomination. Ce dernier finira par faire raser l’abbaye et chasser les religieuses qui l’occupaient.Par la bulle Unigenitus, le Saint-Siège condamnera en 1713 le jansénisme, visant en particulier l’oratorien Pasquier Quesnel et condamnant comme fausses et hérétiques cent une propositions extraites des Réflexions morales, son ouvrage paru en 1692. Un certain nombre d’évêques refuseront de suivre cette condamnation. Le conflit entre le pouvoir royal et le courant janséniste va troubler tout le xviiie siècle.

Benoîte interrogée par les prêtres d’Embrun.

J’ose en ajouter un quatrième : qu’on édifie mal son prochain et qu’on le rend coupable des péchés que commettent ceux qui en parlent. Ce qui va plus loin qu’on ne croit, parce que c’est toujours une médisance contre le prochain et qu’on doit laisser faire la décision de l’Église et ne pas s’en mêler. Croire toujours ce que l’Église croit et rien d’autre. »   Manuscrits du Laus, Pierre Gaillard

Exemplaire de la bibliothèque Mgr Depéry.

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« Sœur » Benoîte, laïque du tiers-ordre de saint François de Paule

« Catalogue des frères et sœurs du tiers-ordre de saint François de Paule reçus à la sainte chapelle du Laus »En bas à droite du document : « La sœur Benoîte Rencurel, bergère du Laus. »

Le  texte  en  page  19  est  extrait  des archives de Notre-Dame du Laus. Il date du  12 septembre  1743,  précisément 

une semaine après une visite épiscopale de Mgr Bernardin de Fouquet, archevêque d’Em-brun, à Saint-étienne d’Avançon.Benoîte Rencurel est agrégée à la confrérie du tiers-ordre de François de Paule dès sep-tembre 1716 soit deux ans avant son décès. Le texte a été transcrit intégralement et briè-vement analysé dans la chronique paroissiale de Saint-étienne en 1855, par le curé, l’abbé Michel.  Il a été publié partiellement par le chanoine  de  Labriolle  (pages 521-522  du tapuscrit ; p 259-260 de Benoîte la Bergère de Notre-Dame du Laus) et dans la Biographie documentée de Benoîte Rencurel (page 346).Nous y découvrons une forme de spiritua-lité particulière avec des assemblées dans les églises, l’adoration du saint sacrement et aussi des temps de prière solitaire. Les Gardistes, qui  appartiennent  à  l’ordre  des  Minimes fondé par François de Paule (mort en 1507),  

en sont les promoteurs dans toute la paroisse de Saint-étienne, y compris à Notre-Dame du Laus.

Luc-André biarnais, archiviste du diocèse de Gap et d’Embrun

NDLR : Benoîte fut également laïque du tiers-ordre de saint Dominique

Saint François de Paule, né le 27 mars 1416 à Paule, en Calabre (Italie) et décédé le 2 avril 1507 au couvent de Plessis-lès-Tours, est un religieux ermite italien, fondateur de l’ordre des Minimes. En 1507, on ne compte pas moins de 13 couvents dans le Royaume de France, puis 38 en 1600 et plus de 150 à la fin du xviie siècle. Liturgiquement, il est commémoré le 2 avril.

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« Ad Majorem Dei Gloriam

L’établissement de la Congrégation du tiers-ordre de Saint-François de Paule, fondateur de l’ordre des minimes, érigée dans la paroisse de Saint-Étienne d’Avançon diocèse d’Embrun, a pris naissance environ l’an de grâce 1715 dans l’église de Notre-Dame du Laus située dans l’étendue de la paroisse de Saint-Étienne ; ce fut dans cette sainte chapelle où les pères minimes commencèrent à recevoir les prêtres missionnaires de Notre-Dame de Sainte-Garde qui desservaient cette dévotion et à leur exemple plusieurs personnes de distinction demandèrent d’être agrégées au tiers-ordre de Saint-François de Paule.

Quelques pieuses paroissiennes de cette paroisse ayant été reçues dans le tiers-ordre de Saint-François s’assemblaient dans leurs maisons ou quelques fois même auprès d’un arbre dans la campagne pour réciter les prières prescrites par la règle et pour faire la lecture spirituelle. Ce commencement promit beaucoup et parut à mes prédécesseurs mériter leur zèle (Messire François Crudy, prêtre missionnaire). En effet non seulement ils louèrent d’abord le zèle de ces pieuses paroissiennes mais ils leur permirent de faire leur assemblée dans l’église paroissiale et le nombre augmenta si fort en peu de temps qu’il se forma une congrégation telle qu’elle est aujourd’hui.

Cette congrégation s’assemble tous les derniers dimanches du mois et après les prières particulières que les frères et sœurs font tous ensemble le curé de la paroisse leur distribue les saints de chaque mois, il leur explique un chapitre de la règle, leur annonce les indulgences accordées au tiers-ordre. Comme les établissements de piété n’ont pas de consistance dès qu’ils ne sont pas autorisés par les premiers pasteurs de l’Église, Messire Antoine Rolland prieur curé moderne de cette paroisse crut qu’il devait consolider un si pieux établissement dans sa paroisse et à cet effet il présenta requête à Monseigneur Bernardin François de Fouquet, archevêque prince d’Embrun, pour obtenir un décret d’autorisation de ladite congrégation et de ses exercices et permission de donner la bénédiction du très saint-sacrement à chaque dernier dimanche et à la fête du grand saint François de Paule. Sa requête fut décrétée et les concessions accordées par ledit Seigneur archevêque le 12 septembre 1743. »

L’orthographe et la ponctuation du texte ont été modernisées.

Saint François de Paule.

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Vie du sanctuaire

Le Laus, haut-lieu de grâces

LES GUéRISOnS À nOtRE-DAME DU LAUS DU tEMPS DE bEnOîtE : Un nOMbRE IncALcULAbLE

Le juge GrimaudDans son manuscrit datant de 1667, nous remar-quons que, sur 17 pages de ce manuscrit, 11 sont consacrées à la relation des guérisons.Il achève son manuscrit par ces quelques lignes : « Il y a une infinité d’autres personnes qui ont reçu des grâces très singulières, et desquelles on n’a pas encore pu avoir connaissance, et surtout grande quantité de boiteux et estropiés qui ont laissé leurs béquilles sans avoir rien voulu dire, par humilité ou autrement, qu’on tâchera à savoir pour les ajouter à la présente relation » (CA Grimaud 489 [535]).

Pierre GaillardDurant l’année 1665, Pierre Gaillard, dans sa grande histoire, écrit : « Les miracles qui s’y font cette année sont en très grand nombre. Nous en mettrons quelques-uns de ceux qu’on a écrits, chacun dans son rang, autant qu’on pourra. »En 1693, il doit constater : « Cette année, un nombre infini de personnes infirmes sont allées au Laus pour être guéries par l’intercession de la Vierge Marie.

On ne l’a pas écrit, soit parce qu’on n’en a pas eu l’occasion, soit par nonchalance, ou parce que ceux qui ont reçu des grâces ne l’ont pas dit aux prêtres » (CA Gaillard 170 VIII [216]).

Jean PeytieuEn 1672, dans son rapport à l’archevêque d’Embrun, Mgr Charles Brulard de Genlis, il insiste sur l’impor-tance des miracles et des guérisons pour attester l’authenticité des apparitions.C’est dans son journalier des merveilles de Notre-Dame du Laus, commencé  le 12 août 1684, qu’il relate une grande quantité de miracles qui ne sont pas seulement des guérisons mais aussi d’autres types de miracles.Il écrit le 12 et 13 octobre : « Ayant passé presque nuit et jour au confessionnal, qu’il y a eu une grande quantité de vœux rendus que nous n’avons pas pu recueillir à cause du manque de temps pour écouter les merveilles qu’opère la grâce qui passe par les mains de la très aimable Mère de Dieu » (CA P. 427 [473]).Voici un extrait de son journalier du mois de sep-tembre 1684 : « Le 2 septembre, la femme du châ-telain de Valloïse, nommé Girard, vint au Laus pour rendre grâces de ce que, sur un vœu que Monsieur Peytieu lui avait inspiré et conseillé de faire à Notre-Dame du Laus, elle a heureusement accouché d’un fils, après en avoir perdu quatre auparavant.Le 4 septembre, Jean-François Gurion, avec sa femme de Pignerol, vint rendre son vœu à Notre-Dame du Laus. Enflé et alité depuis neuf mois, il s’était relevé après son vœu sans aucun remède.Le 5 septembre, est venu rendre un vœu Joseph Mondon de Gap, qui, passant la barque de Rousset, la traille se rompit, et le bateau porté par des ondes furieuses allait être abîmé dans les eaux, lorsque cet homme se voua à Notre-Dame du Laus… Et d’abord vinrent à leur secours quarante hommes qui les tirèrent de ce danger, arrêtant le bateau qui était emporté par le fil de l’eau et qui alla miracu-leusement approcher du bord. Ils ne perdirent point de marchandises.Le 17 septembre, Monsieur Jacques Borel, marchand de la Salle, est venu : il a rencontré deux voleurs en venant du Bourbonnais où il négocie, échappa de leurs mains par un vœu fait en ce saint lieu ; car si la très digne Mère de Dieu n’eût changé leurs cœurs, il n’y allait pour lui que de la bourse et de la vie. » (CA Peytieu 422 [468]).

Les auteurs des Manuscrits du Laus insistent sur le nombre des guérisons

Pèlerinage des malades 2013.

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LES GRâcES DE GUéRISOnS À nOtRE-DAME DU LAUS AUJOURD’HUI

POUR L’AnnéE JUbILAIREDeux événements présidés par Mgr Jacques Perrier, évêque émérite de Tarbes et Lourdes

Samedi 14 juin 2014 Pèlerinage des personnes malades, handicapées  et âgées

Dimanche 15 et lundi 16 juin 2014 Journées de réflexion sur les grâces de guérisons.

Ouvertes à tous.

14 SEPtEMbRE 2013. Une per-sonne remercie Notre-Dame du Laus pour une grâce de réconci-liation intérieure : il y a 12 ans, sa sœur est décédée d’une mala-die  très  douloureuse.  Devant une  telle  souffrance, elle avait demandé au médecin de mettre fin  à  son  agonie.  Depuis  son décès,  elle  ne  parvenait  pas  à faire le deuil. En allant se confes-ser au Laus, le prêtre l’a aidé à déposer ce fardeau qui la culpa-bilisait  inconsciemment.  Elle  a retrouvé la paix intérieure et en rend grâce.17 SEPtEMbRE 2013. Françoise (La Réunion) avait été opérée de varices qui ne se cicatrisaient pas. En trois jours, l’huile du Laus l’a guérie.26 SEPtEMbRE 2013. À la suite d’une confession et d’une prière pour  la paix, une  famille  s’est réconciliée.26 SEPtEMbRE 2013. Peter (USA) rend grâce pour sa belle-mère à  laquelle  on  avait  diagnosti-qué un cancer au mois de jan-vier 2013.  Sa  famille  croit  que l’huile du Laus et les prières ont abouti à un retour spectaculaire à la santé.

4 OctObRE 2013.  Un  pèlerin rend grâce au Seigneur d’avoir guéri avec l’huile du Laus : Anne d’une paralysie faciale, Briand de son psoriasis, Aude de sa grave allergie, Jacqueline d’un eczéma.7 OctObRE 2013.  Stéphane et Raphaëlle rendent grâce pour la naissance de leur fille Faustine, pour laquelle la grossesse avait été difficile.20 OctObRE 2013.  Arlette,  75 ans,  est  atteinte  d’un  cancer du sein. Tous les jours, elle prie avec  l’huile du Laus, et depuis l’intervention  du  15 octobre 2012,  le  cancer  n’a  plus  évo-lué. Confiante, elle continue de demander sa guérison complète.23 OctObRE 2013. Thérèse rend grâce d’avoir pu reprendre contact avec sa jeune sœur qui a un cancer. La Vierge Marie l’a aidée à trouver les mots justes pour lui parler.23 OctObRE 2013. Paul a accom-pagné sa mère dans sa maladie jusqu’à son décès cette année. Il remercie pour les grâces reçues pendant  tout  ce  temps,  parti-culièrement d’avoir retrouvé la foi, ce qui lui a permis de tenir durant ce temps d’épreuve.

3 nOVEMbRE 2013.  Christian a deux prothèses aux hanches. Après avoir fait une grave chute, il  a  été  hospitalisé  plusieurs semaines.  En  octobre 2013,  il est venu deux fois au sanctuaire : chaque fois il a senti les parfums du  Laus  et  a  prié  avec  l’huile. Depuis il est soulagé de ses dou-leurs et remarche normalement.

Pèlerinage des malades 2013.

comme du temps de benoîte, aujourd’hui encore le sanctuaire recueille des témoignages de grâces variées, dont des grâces de guérison. Voici quelques extraits du cahier des grâces 2013.

S’il y a tant de grâces de guérisons, pourquoi ne servent-elles pas pour la béatification de benoîte ?Pour qu’une guérison puisse être reconnue comme miraculeuse de la part de l’Église, elle doit répondre aux critères suivants :1. Que la maladie soit incurable ;2. Que la guérison soit immédiate, totale

et définitive ;3. Que la guérison soit advenue sans

intervention de la médecine ;4. Qu’il n’y ait aucune séquelle ni rechute.

Vous aussi, n’hésitez pas à témoigner des grâces que vous recevez !

››› éclairage

Notre-Dame du Laus 21

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Le sanctuaire et vous

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66 % de votre don du montant de votre impôt, dans la limite de 20 % de votre revenu imposable. Ainsi : 45e de don = coût réel de 16 e, 100 e de don = coût réel de 34 e. Les dons supérieurs à 20 e effectués avant le 31 décembre donneront lieu à un reçu fiscal au titre  de l’année considérée.

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coordonnées : Magasin Notre-Dame du Laus 05130 Saint-étienne-le-Laus Tél. : 04 92 50 94 08. Email : [email protected]

À l’honneur : Benoîte, la bergère de Notre-Dame du LausRoger de Labriolle314 pagesPrix : 14,50 e + 3,50 e de frais de port

(Chèque à l’ordre de « Hôtellerie Notre-Dame du Laus »)

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 MAI-JUIN 20141er – 4 maiOuverture de l’année jubilaire. Journées mariales  1er mai : célébration d’ouverture de l’année jubilaire, présidée par Mgr Luigi Ventura, nonce apostolique en France,  et Mgr Jean-Michel di Falco Léandri,  évêque de Gap et d’Embrun.  2 mai : festivités à Saint-Etienne-le-Laus. Inauguration de la maison natale de Benoîte restaurée. Anniversaire des 100 ans du nom "Saint-Etienne-le-Laus".  3 et 4 mai : journées mariales  et démarche jubilaire.

8 – 11 maiPèlerinage des étudiants et jeunes professionnels« Avec Marie, vers les autres, de la prière à l’engagement ».

17 – 18 maiPèlerinage des Italiens.

29 mai – 1er juinJournées du partage  29 mai (Ascension) :  pèlerinage de la Couronne.  30 mai – 1er juin : pèlerinage du partage.

9 juinLundi de PentecôteFête des jubilairesPour les couples, religieux, consacrés, prêtres.

14 juinPèlerinage des maladesPrésidé par Mgr Jacques Perrier, évêque émérite de Tarbes-Lourdes.

15 et 16 juinJournées de réflexion sur les guérisons, ouvertes à tousPrésidées par Mgr Jacques Perrier, évêque émérite de Tarbes-Lourdes.

18 juinPèlerinage des enfants

22 juinfête-Dieu. Célébration de l’apparition de la Vierge Marie à Benoîte dans la cathédrale d’Embrun.

28 et 29 juinPèlerinage des motards

 JUILLET-AOÛT 20141er au 6 juilletSession sur le temps

23 – 28 juilletSession estivale des familles« Le pardon à la lumière de l’expérience du Laus », par le père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire.

29 juillet – 3 aoûtcamp des jeunes de 18 à 35 ans, sur le thème du pardon.

11 – 17 aoûtSession estivale des familles« Le pardon à la lumière de l’expérience du Laus », par le père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire.

15 aoûtSolennité de l’Assomption de la Vierge Marie

29 aoûtAnniversaire de la révélation du nom de Marie à benoîtePèlerinage du Laus à Saint-étienne. Célébration au Vallon des fours.

 SEPTEMBRE- NOVEMBRE 20143 – 7 septembreSession d’approfondissement de la foiPrêchée par Mgr André Fort,  évêque émérite d’Orléans.

7 septembrefête de la rentrée scolairePrésidée par Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque de Gap et d’Embrun. Bénédiction des cartables. Invitation  à tous les enfants des écoles.

8 septembrefête de la nativité de la Vierge Marie

26 – 28 septembrePèlerinage pédestre de La Salette au Laus

28 septembreAnniversaire de l’apparition à Pindreau

29 septembre – 2 octobreSession angélique Enseignements sur les angesPrêchée par le père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire.

13 – 17 octobreSession pour les retraitésVivre le passage à la retraite ou les premières années de retraite à la lumière du message du Laus. Prêchée par le père M. Dorthu, chapelain.

18 octobreJournée du personnel de santé

8 – 11 novembreSession espérance, pour les personnes ayant connu un deuilPrêchée par le père Guy Corpataux, chapelain.

10 – 14 novembreRetraite pour les religieuses

21 – 24 novembreJournées de réflexion sur la contemplation de la beauté

29 – 30 novembreRetraite d’entrée en Avent pour les 17-35 ans

 DéCEMBRE 2014- MARS 201520 décembre – 4 janvierVivre les fêtes « autrement »

18 – 23 janvierRetraite pour les prêtres

31 janvier – 1er février et 7 et 8 février (au choix)Pèlerinage des séminaristes

15 février – 15 marsSessions ski-spi pour tous

29 marsDimanche des Rameaux

 AVRIL-JUIN 20152 au 4 avriltriduum pascalCélébration des jours saints

12 avrilDimanche de la divine Miséricorde

1er maiclôture de l’année jubilairePrésidée par Mgr Angelo Amato, préfet de la Congrégation  pour les causes des saints.

Agenda Tout l’agenda de l’année jubilaireDu 1er mai 2014 au 1er mai 2015

Notre-Dame du Laus 23

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« Le 24 décembre, Benoîte nous prit une clé de l’église,  

et faisant semblant de se retirer, elle s’enferma dedans et passa toute la nuit  

en prière. Aussi y eut-elle le bonheur de voir la tout aimable Mère de Dieu,  

qui l’avertit de faire beaucoup de prières pour les pécheurs et de prier même 

pour la prospérité de notre bon Roi. Elle lui dit encore de disposer quelques 

personnes à mourir ».

Les Manuscrits du Laus (CA P. p. 433 [479] – année 1684)