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unepratique,unoutil: lecarnetdebord Toutes classes, Collège K. Thoueilles, Monsempron-Libos (Lot-et- Garonne)–enseignant:HervéNuñez Accumuler, semer, mûrir : le carnet est un lieu où quelqu’un peut lentement s’aider à comprendre ce qu’il aurait à dire avec ce médium que sont les arts plastiques. Un lieu pour voir se construire une image de plus en plus nette de "l’intention", un lieu pour se voir en train de construire cette image. Rencontrer, confronter, affronter : l’auteur, l’artiste, le producteur puisent leurs sujets dans la vie matérielle, la vie sociale. Cogiter : réfléchir à sa production, s’interroger sur ce qui fait le Beau, ce qui fait la légitimité de l’artiste, comment celui-ci pense son rapport au public, sa place dans la société : dix minutes de débat chaque semaine mais aussi une résidence d’artiste d’une semaine dans le collège et des visites d’expositions permettent aux élèves de penser l’art. Lecarnetdebordcommeoutilindividueldansunfonctionnementcollectif Extraits du texte de Nathalie Bois, publié dans la revue Les actes de lecture, n°78 de l'Association Française pour la lecture (AFL) et dans la revue CréAtions n° 103 Grands formats Cet outil permet de responsabiliser les élèves dans leurs apprentissages, de les ouvrir à la compréhension des processus, à l’observation de la production des autres et leur donne une chance d’appropriation des savoirs qui s’appuie sur autre chose que sur la relation personnelle à leur professeur. Toute pédagogie construit les outils et l’organisation qui correspondent à ses intentions, ses idéaux… et dans ce contexte, le carnet de bord trahit sa nature profonde, celle d’un outil de l’élève chercheur qui ne peut exister que dans les conditions de la construction et de l’objectivation des savoirs, dans une expérimentation permanente action/réflexion ayant pour point point de départ l’expression des représentations initiales à l’expression, voire à la liberté de la création. Si, en effet, aucun sujet, aucune consigne ne sont imposés au cours de l’année scolaire, les élèves évoluent dans un contexte très construit avec une logique de plan de travail, des conditions d’organisation du groupe et de participation des individus au sein de petites équipes dotées de tâches précises, des ressources mises à disposition du collectif et des propositions culturelles faites pour nourrir l’individu et ouvrir des horizons à sa création. Au total, un contexte qui "attrape" l’individu et lui fait savoir que : - Toute production individuelle prend racine dans un collectif, dans la participation de l’individu au collectif, - Toute production de sens joue avec les contraintes du matériau qu’elle doit traiter et travailler. - Toute production de sens est un travail, qu’il importe de revoir et relire souvent et longuement. Une relecture toujours renouvelée par la connaissance du monde, du langage artistique que toutes les rencontres, visites, découvertes auront modifiée. Ceci posé, le sujet libre peut se déployer. Autre accord implicite : il y a nécessairement production. Le mythe de l’inspiration se fait tordre le coup avec une liste d’idées affichée dans la classe et alimentée régulièrement par les élèves qui y déversent des projets qu’ils veulent mettre à disposition des autres. Cela pourrait servir à faire germer de nouveaux projets les jours de panne… quoique l’on voit au détour d’un carnet un élève opter pour une autre forme de déambulation: "Je ne sais pas quoi faire aujourd’hui" (un détournement de publicité de magazine est collé) suit le commentaire: "Je ne sais pas si ça me servira un jour." Dans la revue CréAtions, les carnets de bord de Thibaud : n° 104, Cécile : n° 105, Audric : n° 106, Isabelle : n° 107 Carnet de bord de Thibaud

une pratique, un outil : le carnet de bord - Coop'ICEM · Le mythe de l’inspiration se fait tordre le coup avec une liste d’idées affichée ... magazine est collé) suit le commentaire:

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une pratique, un outil : le carnet de bord

Toutes classes, Collège K. Thoueilles, Monsempron-Libos (Lot-et-Garonne) – enseignant : Hervé Nuñez

Accumuler, semer, mûrir : le carnet est un lieu où quelqu’un peut lentement s’aider à comprendre ce qu’il aurait à dire avec ce médium que sont les arts plastiques. Un lieu pour voir se construire une image de plus en plus nette de "l’intention", un lieu pour se voir en train de construire cette image.

Rencontrer, confronter, affronter : l’auteur, l’artiste, le producteur puisent leurs sujets dans la vie matérielle, la vie sociale.

Cogiter : réfléchir à sa production, s’interroger sur ce qui fait le Beau, ce qui fait la légitimité de l’artiste, comment celui-ci pense son rapport au public, sa place dans la société : dix minutes de débat chaque semaine mais aussi une résidence d’artiste d’une semaine dans le collège et des visites d’expositions permettent aux élèves de penser l’art.

Le carnet de bord comme outil individuel dans un fonctionnement collectifExtraits du texte de Nathalie Bois, publié dans la revue Les actes de lecture, n°78 de l'Association Française pour la lecture (AFL) et dans la revue CréAtions n° 103 Grands formats

Cet outil permet de responsabiliser les élèves dans leurs apprentissages, de les ouvrir à la compréhension des processus, à l’observation de la production des autres et leur donne une chance d’appropriation des savoirs qui s’appuie sur autre chose que sur la relation personnelle à leur professeur.

Toute pédagogie construit les outils et l’organisation qui correspondent à ses intentions, ses idéaux… et dans ce contexte, le carnet de bord trahit sa nature profonde, celle d’un outil de l’élève chercheur qui ne peut exister que dans les conditions de la construction et de l’objectivation des savoirs, dans une expérimentation permanente action/réflexion ayant pour point point de départ l’expression des représentations initiales à l’expression, voire à la liberté de la création.

Si, en effet, aucun sujet, aucune consigne ne sont imposés au cours de l’année scolaire, les élèves évoluent dans un contexte très construit avec une logique de plan de travail, des conditions d’organisation du groupe et de participation des individus au sein de petites équipes dotées de tâches précises, des ressources mises à disposition du collectif et des propositions culturelles faites pour nourrir l’individu et ouvrir des horizons à sa création. Au total, un contexte qui "attrape" l’individu et lui fait savoir que :

- Toute production individuelle prend racine dans un collectif, dans la participation de l’individu au collectif,

- Toute production de sens joue avec les contraintes du matériau qu’elle doit traiter et travailler.

- Toute production de sens est un travail, qu’il importe de revoir et relire souvent et longuement. Une relecture toujours renouvelée par la connaissance du monde, du langage artistique que toutes les rencontres, visites, découvertes auront modifiée.

Ceci posé, le sujet libre peut se déployer.

Autre accord implicite : il y a nécessairement production. Le mythe de l’inspiration se fait tordre le coup avec une liste d’idées affichée dans la classe et alimentée régulièrement par les élèves qui y déversent des projets qu’ils veulent mettre à disposition des autres. Cela pourrait servir à faire germer de nouveaux projets les jours de panne… quoique l’on voit au détour d’un carnet un élève opter pour une autre forme de déambulation: "Je ne sais pas quoi faire aujourd’hui" (un détournement de publicité de magazine est collé) suit le commentaire: "Je ne sais pas si ça me servira un jour."

Dans la revue CréAtions, les carnets de bord de Thibaud : n° 104, Cécile : n° 105, Audric : n° 106, Isabelle : n° 107

Carnet de bord de Thibaud