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N° 40 juin 20
SCÉNARIOÉCO SG Études économiques et sectorielles
Achevé de rédiger le 22/06/2020
Merci de consulter le disclaimer à la fin du document
Une route longue et sinueuse vers une
reprise durable Les réponses de politique économique des gouvernements et des
banques centrales ont été importantes pour faire face aux dommages
immédiats de la pandémie de Covid-19, en évitant une cascade de
faillites d'entreprises et en veillant à ce que les ménages contraints de
rester chez eux continuent à percevoir leurs revenus. Ces efforts ne
permettront pourtant pas d'éviter une récession mondiale en 2020. La
plupart des pays connaîtront une forte contraction de leur PIB cette
année. Même si la pandémie s'atténuait vite, une reprise économique
rapide en 2021 nécessitera un soutien fiscal massif ainsi que des
injections de capitaux dans les entreprises des secteurs ravagés par la
crise.
Les marchés ont favorablement accueilli l'utilisation des marges de
manœuvre politiques, en particulier dans les pays où l’expansion des
bilans des banques centrales ne constitue pas une menace immédiate
pour la stabilité monétaire. Cependant, l'incertitude reste élevée. En
termes de soutien budgétaire, nous pensons qu'il faudra en faire
davantage pour permettre un rebond rapide.
Dans de nombreux pays émergents, la marge de manœuvre politique est
réduite. La crise sanitaire et le ralentissement mondial pourraient
causer des récessions plus profondes et longues. Elles seraient
amplifiées par la tendance au protectionnisme et au rapatriement des
chaînes de valeurs critiques. Certaines faiblesses structurelles des
économies risquent de s'aggraver. Comme une grande partie des pertes
actuelles sera transformée en dettes futures, cela peut entraîner un
affaiblissement de la croissance potentielle et la nécessité de maintenir
des taux d'intérêt bas pendant une longue période. L’impact de la
pandémie est déflationniste à court terme, mais cette tendance pourrait
s’inverser si le protectionnisme l’emporte.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
2
Table des matières
SYNTHESE CONJONCTURELLE ................................................................................................. 3
PREVISIONS ECONOMIQUES ................................................................................................... 8
ZONE EURO .......................................................................................................................... 10
ALLEMAGNE .......................................................................................................................... 13
FRANCE ................................................................................................................................ 16
ITALIE ................................................................................................................................... 19
ESPAGNE .............................................................................................................................. 22
ROYAUME-UNI ..................................................................................................................... 25
ÉTATS-UNIS.......................................................................................................................... 30
JAPON .................................................................................................................................. 33
CHINE ................................................................................................................................... 36
INDE ..................................................................................................................................... 39
BRESIL .................................................................................................................................. 42
RUSSIE ................................................................................................................................. 45
AFRIQUE .............................................................................................................................. 49
AMERIQUE LATINE ................................................................................................................ 51
ASIE ÉMERGENTE ................................................................................................................. 53
PAYS DU GOLFE ................................................................................................................... 55
EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE ...................................................................................... 57
CONTACTS ............................................................................................................................60
DISCLAIMER ......................................................................................................................... 61
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
3
SYNTHESE CONJONCTURELLE
ÉCONOMIE MONDIALE
Le Covid-19 a déclenché une profonde récession mondiale. Les pays ont imposé, à
des degrés variables de rigueur, des politiques de distanciation sociale comprenant
des confinements et des restrictions de voyage pour endiguer la courbe
épidémiologique.
La mesure des coûts économiques du Covid-19 demeure un exercice incertain étant
donné les nombreuses variables inconnues telles que la durée des politiques de
distanciation sociale et la façon dont les consommateurs et les entreprises
s’adapteront à l’environnement post-pandémie. Nos prévisions s’appuient à la fois
sur l’expertise sectorielle, sur l’analyse macro-comptable, et sur des hypothèses par
rapport aux réponses politiques.
La mise à jour intérimaire de nos prévisions en avril a présenté une fourchette de
prévisions avec un scénario de base et un scenario prolongé. Compte tenu de
l'incertitude toujours grande, tant en ce qui concerne les évolutions à court terme
de la crise sanitaire, les comportements des consommateurs que la réponse de
politique économique des gouvernements, nous avons opté pour le maintien de
cette fourchette, en proposant une revue déclinée par pays dans ce scénario
économique de juin.
Le scénario de base suppose une réduction rapide des interventions non
pharmaceutiques (INP), telles que des limites sur les voyages et les rassemblements
sociaux, et une réponse politique plus robuste, qui est essentielle pour la forme de
la reprise en 2021. Le scénario prolongé suppose un la levée lente des INP avec des
poches potentielles de resserrement, des comportements de consommation
prudents, ainsi qu'une réponse politique plus faible.
Il convient de souligner que les risques pesant sur nos perspectives restent orientés
à la baisse, d'autant plus que ni le scénario de base ni le scénario prolongé n'écartent
la possibilité d’une seconde vague épidémiologique. De plus, d'autres risques à la
baisse résultent de la possibilité d'une forte correction sur les marchés financiers et
de divers risques politiques.
PHASE I DE LA REPONSE DE POLITIQUE ECONOMIQUE : LA SAUVEGARDE DE
L’OFFRE
Les gouvernements ont mis en place des mesures de gestion de crise pour
compenser l'impact économique, en fournissant un soutien de revenus aux
entreprises et aux ménages, des garanties de crédit et un assouplissement
monétaire pour assurer la liquidité et promouvoir le crédit bon marché. Ces efforts
ont atténué l'impact économique de la pandémie et notamment préservé une
grande partie de l'offre. Cependant, avec l'effondrement de la demande, l'économie
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
4
mondiale est néanmoins entrée en récession, la plupart des pays connaissant une
forte contraction du PIB en 2020.
Nous prévoyons que le PIB mondial atteindra -2,3% à -7,8% en 2020, dans nos deux
scénarios alternatifs avec des contractions dans la plupart des économies avancées
et émergentes.
LA PHASE II DOIT FAIRE DE MEME POUR LA DEMANDE…
La forme de la reprise en 2021 et au-delà dépend beaucoup de la manière dont les
gouvernements et les sociétés du monde entier réagiront à ce qui sera alors,
espérons-le, un monde post-Covid-19. Les gouvernements doivent maintenant faire
davantage pour stimuler la demande globale et dissiper l'incertitude, sinon le PIB de
la plupart des économies avancées ne retrouvera pas avant de nombreuses années
les niveaux d'avant la crise. Le Plan de Relance européen et le soutien budgétaire
supplémentaire apporté aux États-Unis seront décisifs pour améliorer les
perspectives. En outre, il est important de garantir des injections de capitaux dans
les entreprises des secteurs ravagés par la crise.
Le soutien à la demande doit cibler à la fois à la consommation et l’investissement ;
idéalement, l'accent mis sur l'investissement contribuera également à atténuer
certains des problèmes à long terme, tels que les transitions vertes et numérique
... TANDIS QUE LA PHASE III DOIT SE CONCENTRER SUR LES QUESTIONS
STRUCTURELLES
Les défis à moyen terme sont sans aucun doute complexes. Les marchés ont bien
réagi à l’utilisation de l’espace politique disponible, en particulier dans les pays où
l’expansion du bilan de la banque centrale ne constitue pas une menace immédiate
pour la stabilité monétaire. Toutefois, certaines faiblesses structurelles dans les
économies risquent de s’aggraver avec la pandémie. Déjà avant la crise actuelle, les
niveaux d’endettement dans la plupart des grandes économies étaient élevés et,
comme une grande partie des pertes actuelles se transforme en dettes futures, cela
suggère un nouvel affaiblissement de la croissance potentielle, des taux d’intérêt
plus bas, qui pourrait se traduire par une « répression » financière accrue. Dans les
marchés émergents, où l’espace politique pour faire face aux effets économiques de
la pandémie est bien plus limité, la crise sanitaire et les retombées du ralentissement
mondial pourraient précipiter des récessions de plus en plus longues.
Le monde post-pandémique devrait voir s'accroître les rivalités géopolitiques,
notamment entre les États-Unis et la Chine, alors que les plans de relance semblent
cibler les mêmes secteurs (technologies numériques et vertes). Dans de nombreux
pays, la croissance déprimée pourrait alimenter les tensions sociales et constituer
un terreau fertile pour les politiques populistes. Il existe également un risque que la
coordination et la coopération mondiales s’estompent, alors qu’elles sont
indispensables pour parvenir à la décarbonisation et lutter contre le réchauffement
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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climatique, mais l'espoir demeure que la pandémie puisse être le catalyseur d'une
percée dans la réflexion environnementale.
ÉCONOMIES DEVELOPPEES
Les gouvernements ont mis en place un soutien monétaire et budgétaire massif axé
sur la gestion des crises. Nous nous attendons à ce que le PIB des économies
avancées se contracte entre -6% et -11,8% en 2020. Alors que les s politiques se
déploient dans un contexte de faiblesse des prix du pétrole et d’une reprise
supposée de la confiance des consommateurs et des investisseurs, l’activité devrait
rebondir fortement en 2021.
Les États-Unis devraient se contracter entre -6,6% et -11,5% en 2020, en cas de
scénario de base ou prolongé. Le soutien budgétaire qui s’élève à environ 10 % du
PIB, comprend les transferts directs aux ménages, l’augmentation temporaire des
allocations de chômage et le soutien financier aux entreprises. Les risques sont
orientés à la baisse, la récession frapperait les bilans des entreprises fortement
endettés, notamment dans le secteur pétrolier et gazier, ce qui nuirait aux
perspectives de croissance à moyen terme.
Dans la zone euro, les pays ont déployé un soutien budgétaire et des extensions de
garanties de crédit pour les prêts aux entreprises, permettant un fort rebond du
sentiment des entreprises à partir d’avril. Contrairement aux États-Unis, la hausse
du chômage a été moins prononcée jusqu’à présent en raison des modèles sociaux
plus protecteurs, mais nous nous attendons toujours à une forte contraction de
l’activité économique allant de 6,8 % à 12,8 % en 2020. Un Fonds européen de
relance est en cours d'élaboration, mais il faudra encore plusieurs années pour que
le PIB de la zone euro retrouve son niveau d’avant la crise, avec le risque de nouvelles
divergences dans les modèles de croissance des membres de la zone euro.
Au Royaume-Uni, les mesures de politique budgétaire et monétaire n’amortiront
que partiellement le choc et la dette publique et privée augmentera fortement.
L’Union européenne et la Grande-Bretagne ont encore des positions très divergentes
concernant l’accord post-Brexit, ajoutant des incertitudes importantes au scénario,
avec une possibilité croissante de départ sans accord commercial. Les négociations
rentrent dans leur troisième et dernière session le 1er juin. Les droits à la pêche et
les demandes de l’UE en matière d’aides d’État, de droits des travailleurs et
d’environnement sont toujours en discussion, les deux parties ayant pris des
positions très différentes. Nous prévoyons une contraction du PIB au Royaume-Uni
comprise entre 6,8 % et 12,5 % en 2020.
Au Japon, le report des Jeux olympiques de Tokyo à 2021 a exacerbé les effets
économiques négatifs de la pandémie. Malgré un soutien budgétaire et monétaire
massif, une baisse de 2,3 % dans le scénario de base et de 9,3 % dans le scénario
prolongé sont prévues.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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ÉCONOMIES EMERGENTES
Après avoir atteint un point bas d’activité au 1er trimestre 2020, l’économie de la
Chine se redresse progressivement. Bien que la normalisation se soit plutôt bien
passée du côté de l’offre, il y a encore un niveau élevé d’incertitude du côté de la
demande. Le soutien du gouvernement a été modéré pour l’instant au moins par
rapport au paquet de soutien de fin 2008, lorsque la Chine a dû faire face aux
débordements de la crise financière mondiale. En cas de crise sanitaire prolongée,
l’économie chinoise entrerait en récession en 2020.
Face à la crise du Covid-19, la plupart des pays émergents sont confrontés à une
situation très difficile. Beaucoup sont confrontés à de grandes épidémies
domestiques et les systèmes de santé sont souvent moins bien préparés pour y faire
face. Outre l’impact direct des mesures de confinement, ils ont également dû faire
face à l’impact négatif de la récession dans les pays avancés et au ralentissement
chinois, à une forte baisse des prix des produits de base exportés et du tourisme, et
à une baisse significative des transferts des migrants.
Les turbulences sur les marchés financiers ont été très importantes en mars et avril,
et les banques centrales ont vu leurs réserves de change diminuer, mais la situation
s’est considérablement améliorée depuis mai. Les pays dont les fondamentaux sont
bons ont retrouvé l'accès aux marchés financiers internationaux et bénéficient des
taux d'intérêt bas. Mais les pays dont la dette publique est élevée ou qui ont
d'importants besoins de financement extérieur n'ont pas la marge de manœuvre
politique nécessaire pour faire face au choc. Cela a conduit à une proposition de
moratoire sur la dette bilatérale des pays pauvres au niveau du G-20 en mars. Le FMI
a mis en place des outils de financement d'urgence et a approuvé des programmes
d'environ 25 milliards de dollars pour 69 pays.
BANQUES CENTRALES
Les banques centrales ont agi rapidement pour réduire les taux et intensifié leur
utilisation d’instruments non conventionnels depuis le début de la pandémie.
La Fed a abaissé ses taux à 0-0,25% le 15 mars 2020 et a lancé un QE à durée
indéterminée qui comprend des achats illimités de titres adossés à de la dette
publique et des titres adossés à des créances hypothécaires, ainsi que des achats à
grande échelle d’obligations d’entreprises et de titres émis par des collectivités
locales.
La BCE a stimulé les achats d’actifs, levant également les restrictions géographiques
sur son programme d’achats d’obligations.
La Banque du Japon a augmenté ses achats de titres et d’obligations d’entreprises.
Nous nous attendons à ce que la banque centrale maintienne des taux bas tant dans
le scénario de base que dans le scénario prolongé et qu’elle élargisse son bilan.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
7
Le soutien monétaire massif dans les économies avancées a contribué à la reprise
des actions et des obligations en juin, mais il est difficile d’ignorer le fait que les
fondamentaux se sont affaiblis pour les gouvernements et les entreprises.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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PREVISIONS ECONOMIQUES
Croissance réelle du PIB (% GA)
2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Baselin
e
Prolon
gé
Baselin
e
Prolon
gé
Baselin
e
Prolon
gé
Baselin
e
Prolon
gé
Marchés développés 1,7 -6,0 -11,8 5,6 9,9 1,0 0,2 1,4 0,7
Etats-Unis 2,3 -6,6 -11,5 6,1 10,0 0,9 0,5 1,7 1,5 Japon 0,7 -2,3 -9,3 1,6 7,5 0,5 0,0 0,5 0,3 Royaume-Uni 1,4 -6,8 -12,5 6,3 10,1 0,8 0,2 1,0 0,8 Zone Euro 1,2 -6,8 -12,8 6,6 10,5 0,7 0,3 1,2 0,6
Allemagne 0,6 -7,3 -13,1 7,5 11,6 0,5 0,2 1,3 0,5 France 1,3 -5,8 -11,1 6,0 9,6 0,7 0,4 1,1 0,6 Italie 0,3 -7,7 -13,2 6,5 11,3 0,4 -0,2 0,7 0,1 Espagne 2,0 -7,5 -13,5 8,1 10,0 1,0 0,6 1,3 1,3
Marchés émergents 3,7 0,7 -4,5 5,6 4,8 3,8 3,3 3,8 3,7 Asie 5,1 2,0 -3,9 6,6 3,7 4,7 3,2 4,6 3,0
Chine 6,1 2,9 -3,0 7,3 3,0 4,8 3,0 4,6 4,0 Inde 4,5 1,5 -4,9 5,6 4,6 4,5 3,7 4,5 3,8
Europe Centrale et Orientale 1,9 -4,0 -7,5 4,0 6,1 2,2 1,4 2,3 2,0 Russie 1,4 -3,0 -8,5 2,0 5,0 1,5 0,5 1,5 0,5 Turquie 0,9 -4,0 -6,5 8,5 7,0 3,5 3,0 3,5 3.0
Amérique Latine 1,0 -1,8 -4,0 4,2 4,5 2,6 2,5 2,8 2.5 Brésil 1,1 -3,5 -5,6 3,4 5,1 2,1 3,4 2,4 2,4
Moyen-Orient & Asie Centrale -0,5 -1,0 -4,5 3,0 3,5 2,0 1,5 1,8 1.0 Afrique 3,2 0,2 -1,8 4,5 5,5 3,0 2,5 3,5 3,0 Monde 2,9 -2,3 -7,8 5,6 7,1 2,8 1,9 3,0 2,4
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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Variables de marché
fin de période 19/06/20 2020p 2021p 2022p 2023p
%
Baseline
Prolongé
Baseline
Prolongé
Baseline
Prolongé
Baseline
Prolongé
Etats-Unis
Taux Fed (borne haute)
0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25
Emprunts d'Etat à 10 ans 0,70 0,80 -0,50 1,00 -0,25 1,50 0,25 2,35 0,50
Zone Euro
Taux de refinancement 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00
Taux de dépôt -0,50 -0,60 -0,60 -0,60 -0,70 -0,60 -0,70 -0,60 -0,70
Emprunts d'Etat à 10 ans
Allemagne -0,42 -0,60 -1,20 -0,40 -1,00 0,20 -0,50 0,65 -0,40
France -0,09 -0,20 -0,70 -0,10 -0,60 0,50 -0,10 0,95 0,00
Italie 1,35 1,80 1,50 1,90 1,40 2,50 1,90 2,95 2,00
Espagne 0,48 0,40 0,10 0,50 0,00 1,10 0,50 1,45 0,60
Royaume-Uni
Bank rate 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,25 0,25 0,50 0,50
Emprunts d'Etat à 10 ans 0,23 0,40 0,20 0,60 0,20 1,20 0,70 1,75 0,80 Japon Taux de facilité de dépôt complémentaire
-0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10
Emprunts d'Etat à 10 ans 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 fin de période 19/06/20 2020f 2020f 2021f 2021f 2022f 2022f 2023f 2023f EUR / USD 1,12 1,10 1,20 1,10 1,20 1,15 1,10 1,20 1,10 EUR / GBP 0,91 0,90 0,90 0,90 0,95 0,90 0,95 0,90 0,95 GBP/USD 1,23 1,22 1,33 1,22 1,26 1,28 1,16 1,33 1,16 EUR/JPY 120 121 132 121 132 127 121 138 121 USD / JPY 107 110 110 110 110 110 110 115 110 USD / CNY 7,07 7,00 7,20 7,05 7,20 7,10 7,15 7,05 7,10 moyenne annuelle 19/06/20 2020f 2020f 2021f 2021f 2022f 2022f 2023f 2023f
Prix du pétrole
Brent, USD/baril 42 32 28 45 38 55 50 55 50
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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ZONE EURO
La reprise de l’activité sera très progressive en 2021-2022 et il faudra
plusieurs années pour que le PIB retrouve sa tendance.
L’orientation de la politique monétaire restera très accommodante et
les taux d’intérêt bas sur l’horizon de prévision.
Les aléas baissiers sont nombreux : une nouvelle crise sanitaire, une
réponse politique insuffisante, l’instabilité financière ou une montée
de l'euroscepticisme.
Après avoir connu en 2020 la récession la plus prononcée de son histoire, l’économie
de la zone euro affichera une croissance modérée en 2021-2022. En effet, l’action des
gouvernements en réponse à la crise sanitaire a reporté dans le temps les effets réels
de la crise. Une relance à l’échelle européenne constituerait un potentiel relais de
croissance, mais la forme définitive que prendra la proposition ambitieuse de la
Commission sur ce plan est encore incertaine. En l’absence d’un stimulus significatif,
plusieurs années seront nécessaires pour que le PIB retrouve son niveau d’avant
crise, avec le risque d’une divergence accrue des trajectoires de croissance des
différents pays. Dans le scénario d’une sortie plus lente qu’anticipé de la crise
sanitaire, le PIB ne retrouverait pas son niveau d’avant crise sur l’horizon de
prévision.
La reprise sera très progressive La croissance sera faible en 2022-2023
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : SG Études économiques et sectorielles
Le commerce mondial pâtira d’une reprise très progressive de l’activité globale en
2021-2022. Notamment, l’absence d’une relance d’ampleur en Chine (contrairement
à ce qui avait été observé après la crise de 2008-2009) écarte le scénario d’un rebond
marqué de la demande extérieure. Les exportations afficheraient dès lors une
croissance modérée sur l’horizon de prévision.
Dans le sillage du choc enregistré en 2020, le rebond de la demande intérieure sera
modeste. Avec l’appui des différents mécanismes de garantie publique nationaux,
les entreprises auront fortement augmenté leur endettement pour compenser les
85
90
95
100
105
110
2019 2020 2021 2022 2023 2024
Zone euro - Niveaux de PIB
Baseline Prolongé Consensus T419
-6,8
6,6
0,7 1,2
-12,8
10,5
0,3 0,6
-15
-10
-5
5
10
15
2020 2021 2022 2023
Zone euro - PIB %GA
Baseline Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
11
pertes liées à l’arrêt forcé de l’économie. Dans ce contexte, la dégradation des ratios
d’endettement, déjà élevés dans certains pays avant la crise, pèsera sur la reprise de
l’investissement.
Du côté des ménages, la forte remontée du chômage et la modération des salaires
pèsera sur la consommation. L’épargne forcée accumulée pendant la période de
confinement ne sera certainement pas entièrement dépensée, les comportements
de précaution prévalant dans une conjoncture incertaine. Les pertes de revenus et
le resserrement des conditions d’octroi des crédits immobiliers pèseront également
sur l’investissement résidentiel.
La demande publique sera plus vive. Toutefois, malgré la faiblesse des coûts de
financement des Etats, les ratios d’endettement public déjà dégradés avant crise
dans certains pays limitent les marges de manœuvre budgétaire et risquent
d’accroître les divergences dans les trajectoires de croissance. La proposition par la
Commission d’une relance à l’échelle européenne est à cet égard un développement
positif. Néanmoins, les montants évoqués (750 Mds EUR soit 5,4 % du PIB de l’UE 27)
pourraient s’avérer insuffisants au vu des besoins (75 % des fonds ne seraient pas
déboursés avant 2023), d’autant plus que le scepticisme de certains Etats-membres
(plusieurs Etats du Nord sont opposés à ce que 500 Mds EUR de fonds prennent la
forme de subventions) pourrait remettre en question l’ambition du projet.
Dans ce contexte, la politique monétaire demeurerait le principal levier de politique
économique en zone euro. En 2020, la stratégie de la BCE continuera d’être dictée
par la gestion des répercussions directes de la crise (ample fourniture de liquidité
aux banques et achats massifs d’actifs). Son bilan gonflerait ainsi jusqu’à 60 % du
PIB en 2020-2021, soit une hausse de 20 points de PIB par rapport au début d’année.
A plus long terme, toute normalisation de la politique monétaire apparaît difficile.
En effet, l’inflation sera faible en 2021-2022. La modération des coûts salariaux et la
faiblesse de la demande dissuaderont les entreprises d’augmenter leurs prix, tandis
qu’en parallèle la hausse du prix du pétrole restera modérée sur l’horizon de
prévision. Ainsi, même si une nouvelle baisse du taux de dépôt semble pour l’heure
écartée, la mobilisation des TLTRO et les achats d’actifs resteront au cœur de la
stratégie de la BCE (malgré la récente décision de la Cour constitutionnelle
allemande).
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
12
La taille du bilan de la BCE augmentera sensiblement sur l’horizon de prévision
Source : Refinitiv, SG Études économiques et sectorielles
L'adoption par les États membres de la proposition de relance de la Commission
pourrait améliorer nos perspectives à moyen terme. Mais comme expliqué ci-dessus,
les montants pourraient être déboursés trop tard et s'avérer insuffisants par rapport
aux besoins. D'autre part, la liste des aléas baissiers est longue. Tout d'abord, une
nouvelle crise sanitaire majeure ne peut être exclue. Ensuite, une dégradation de la
qualité des bilans bancaires, en lien la hausse des ratios d’endettement des
entreprises notamment, sera à surveiller. De même, l’abaissement de la notation
souveraine des Etats les plus fragiles ferait réapparaître des tensions sur le marché
des dettes souveraines. Enfin, une nouvelle poussée de l’euroscepticisme et du
risque politique n’est pas à exclure, notamment en Italie.
Zone Euro 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 1,2 -6,8 -12,8 6,6 10,5 0,7 0,3 1,2 0,6
Inflation, % 1,2 0,5 0,2 2,2 1,9 1,5 1,6 1,2 1,0
Chômage, % 7,6 8,2 9,0 9,4 11,0 9,7 10,9 9,5 10,8
Solde budgétaire, % du PIB -0,8 -7,0 -10,1 -3,5 -5,1 -3,8 -5,0 -4,1 -5,1
Dette publique, % du PIB 89 102 112 98 105 101 109 103 113
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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ALLEMAGNE
Le plan de relance annoncé début juin pourrait accélérer le rebond du
PIB vers son niveau d’avant crise.
Avec la dépression de la demande globale, l’inflation sous-jacente se
tassera sur l’horizon de prévision.
Malgré la dégradation des ratios d’endettement public et privé, les
risques sur la stabilité financière sont limités.
La reprise sera progressive dans le sillage de la récession de 2020. La croissance
rebondira fortement en 2021 essentiellement en raison d’effets de base favorables
en début d’année. Mais en 2022, les effets retardés de la crise sur l’emploi,
l’investissement et la demande extérieure pèseront sur l’activité, laquelle évoluera
sous son potentiel. Le PIB ne retrouverait pas son niveau d’avant crise avant 2022
(2023 dans le scénario d’une crise sanitaire prolongée). Le plan de relance de 130
Mds EUR (3,8 % du PIB) annoncé par la Grande coalition au début du mois de juin,
s’il est adopté en l’état, pourrait accélérer le rattrapage de l’économie.
Contrairement à la situation observée en 2010, les entreprises allemandes pourront
difficilement compter sur le dynamisme des marchés émergents pour compenser la
faiblesse de la demande en Europe. L’ampleur de la relance sera modeste en Chine,
tandis que les économies émergentes sortiront affaiblies par la crise sanitaire. Au
total, les exportations afficheront une croissance modeste en 2021-2022, en ligne
avec la trajectoire du commerce mondial.
Un confinement moins sévère en Allemagne… … mais la reprise sera lente
Source : SG Etudes économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
Les subventions octroyées et les fonds propres apportés par les pouvoirs publics
auront écarté le scénario d’une trop forte dégradation du bilan des entreprises. Les
ratios d’endettement auront toutefois significativement augmenté avec
l’interruption de l’activité en 2020. Ce facteur, conjugué à la faiblesse de la demande
anticipée et à l’incertitude persistante, pèsera sur la reprise de l’investissement en
2020-2021. Du côté des ménages, la hausse du chômage et le tassement du revenu
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Allemagne - Niveaux de PIB
Baseline Prolongé Consensus T419
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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par tête grèveront la consommation en 2021-2022. La croissance de l’investissement
en logement sera également modeste pour les mêmes raisons, pâtissant en plus
d’un durcissement probable des conditions d’octroi de crédit par les banques.
Mesures adoptées Taille Mds EUR
Renforcement des administrations de santé 58,5
Fonds de Stabilisation Economique 100,0
Subventions aux petites entreprises 50,0
Total 208,5
% du PIB 6,1%
Mesures qui doivent être adoptées Taille Mds EUR
Baisse temporaire du taux de TVA (S2-2020) 20,0
Baisse temporaire de la taxe énergétique 11,0
Allocation exceptionnelle de 300 EUR par enfant 4,0
Renforcement des incitations à l’achat d’un véhicule électrique 2,2
Report d’impôts pour les entreprises 25,0
Accroissement des crédits aux collectivités 13,0
Mesures diverses de dépenses 54,8
Total 130,0
% du PIB 3,8%
L’accroissement de la demande publique actée en 2020 dans le cadre des mesures
d’urgence continuera d’avoir des effets positifs sur l’activité. Ainsi, en l’état actuel
des choses, les mesures budgétaires prises en réponse à la crise sanitaire
représentent 6 % du PIB. Le plan de relance annoncé début juin ajouterait
l’équivalent presque de 4 points de PIB supplémentaires.
Avec le ralentissement de la demande globale et la modération des coûts salariaux
unitaires, l’inflation sous-jacente ralentira sur notre horizon de prévision. Le prix du
pétrole restant bas sur l’horizon de prévision, l’inflation sera faible.
Malgré la dégradation des ratios d’endettement public et privé, les risques sur la
stabilité financière semblent limités. Le principal aléa baissier à notre scénario serait
une résurgence de la pandémie imposant la réintroduction de mesures de
confinement. En outre, les risques qui ont marqué l’année 2019 sont toujours
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
15
présents. Un échec des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne
concernant leur future relation en est un des principaux. De même, une reprise des
tensions commerciales avec, par exemple, le rehaussement par les Etats-Unis des
tarifs douaniers sur leurs importations de véhicules pèserait lourdement sur la filière
automobile allemande, déjà en difficulté depuis 2018.
Allemagne 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 0,6 -7,3 -13,1 7,5 11,6 0,5 0,2 1,3 0,5
Inflation, % 1,4 0,6 0,6 1,8 1,7 1,3 1,4 1,3 1,1
Chômage, % 5,0 5,3 7,4 6,1 7,8 6,5 7,9 6,3 7,7
Solde budgétaire, % du PIB 1,5 -6,3 -9,4 -2,4 -5,0 -3,3 -4,4 -3,9 -4,2
Dette publique, % du PIB 59 69 76 66 73 69 77 71 80
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
16
FRANCE
La croissance du PIB restera très modérée en 2021-2022 et le taux de
chômage dépasserait 10 % sur l’horizon de prévision.
La modération des coûts salariaux et le recul des prix du pétrole
entretiendront un environnement d’inflation très faible.
La relance européenne proposée par la Commission constitue un
aléa haussier, mais la forme définitive qu’elle prendra reste encore
incertaine.
Après avoir enregistré en 2020 une récession d’une ampleur inégalée depuis la
seconde guerre mondiale, l’économie française devrait afficher une croissance
séquentielle très modérée en 2021-2022. En effet, les mesures d’urgence prises par
le gouvernement ont repoussé dans le temps une partie des effets réels de la crise
sur l’emploi et l’investissement. Ainsi, en l’absence d’une relance plus significative,
le PIB retrouverait son niveau de 2019 en 2022 seulement et le taux de chômage
dépasserait 10 % en 2022. Dans le scénario d’une crise sanitaire plus longue à se
résorber avec une normalisation plus lente de l’activité, le PIB ne retrouverait pas
son niveau d’avant-crise sur notre horizon de prévision.
Une reprise lente s’annonce La sévérité du confinement a affecté l’économie
Source : SG Etudes économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
La demande extérieure restera atone. Les principaux partenaires commerciaux de la
France seront également affectés par l’étalement dans le temps des effets de la crise.
Notamment, l’absence de relance d’ampleur en Chine (contrairement à ce qui fut
observé après la crise de 2008-2009) pèsera sur les échanges internationaux. La
dynamique du commerce extérieur resterait donc modérée en 2021-2022.
Les entreprises sortiront financièrement fragilisées de l’arrêt forcé de l’économie.
Les mesures d’urgence du gouvernement (chômage partiel et Prêt Garanti par l’Etat
notamment) ont soutenu la liquidité des entreprises, mais leurs ratios
d’endettement sont néanmoins très dégradés. Dès lors, la nécessité de dégager des
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France - Intensité des restrictionsEn rouge par rapport aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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capacités de financement pour stabiliser la dette risque de contraindre fortement
les dépenses d’investissement à moyen terme.
Du côté des ménages, les destructions d’emplois et la modération des revenus
d’activité pèseront sur les dépenses. En l’absence de nouvelles mesures de soutien
public à l’immobilier résidentiel, l’investissement en logement restera atone en
2021-2022. La résorption de l’épargne « forcée » accumulée lors du confinement
(rien qu’au T1-2020, le taux d’épargne a augmenté de 4,5 points) tirera la
consommation privée au deuxième semestre de cette année. Mais avec
l’augmentation du chômage et l’incertitude persistante entourant l’évolution de la
pandémie, les ménages conserveront certainement une épargne de précaution,
écartant le scénario d’un rebond marqué de la consommation en 2021-2022.
Mesures adoptées Taille Mds EUR
Chômage partiel 24,0
Fonds de Solidarité 7,0
Dépenses exceptionnelles de santé 8,0
Renforcement de certaines allocations sociales 2,5
Report dans la mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage 0,5
Plan tourisme 3.0
Plan automobile 0.6
Plan aéronautique 0.4
Total 55,0
% du PIB 2,3%
Les plans de soutien sectoriels actuellement en cours d’adoption (dans le tourisme,
l’automobile et l’aéronautique) privilégient l’offre et ne constituent pas une
véritable relance par la demande. Au total, l’impact des différentes mesures
adoptées depuis mars resterait inférieur à 1 point de PIB en 2020-2021. Davantage
de stimulus budgétaire sera nécessaire pour favoriser un redressement plus rapide
de la demande.
La baisse du prix du pétrole, la modération des coûts salariaux et la faiblesse de la
demande anticipée contribueront à entretenir un environnement d’inflation très
faible en 2021-2022. Les ruptures des chaînes d’approvisionnement n’auraient en
agrégé qu’un impact (haussier) limité sur l’inflation.
La contraction de l’activité, l’augmentation de la demande publique et les mesures
d’urgence du gouvernement en réponse à la crise sanitaire auront fortement
dégradé les finances publiques en 2020. Le débouclage de certaines mesures
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
18
exceptionnelles (le chômage partiel, par exemple) contribuera à améliorer le solde
public en 2021. Mais avec la reprise très modérée de l’activité et les mesures de
soutien sectorielles à venir, les ratios d’endettement publics resteront dégradés sur
l’horizon de prévision, la dette publique restant proche de 110 % du PIB en 2022. La
politique monétaire très expansionniste de la BCE continuera en revanche à garantir
des conditions de financement très favorable pour le gouvernement.
Le principal risque haussier à notre prévision de moyen-terme réside dans le projet
ambitieux de relance au niveau européen proposé par la Commission européenne.
La forme définitive qu’aura cette initiative reste toutefois encore incertaine au vu du
scepticisme de certains Etats-membres. En parallèle, la liste des aléas baissiers reste
longue, avec en tête un regain du risque sanitaire. Par ailleurs, les risques qui ont
marqué 2019 (tensions commerciales avec les Etats-Unis, négociations dans le
sillage du Brexit, mouvements sociaux…) sont toujours présents.
France 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 1,3 -5,8 -11,1 6,0 9,6 0,7 0,4 1,1 0,6
Inflation, % 1,3 1,1 1,0 1,5 1,4 1,3 1,1 1,3 0,9
Chômage, % 8,2 9,1 10,5 9,8 10,7 10,2 11,0 10,3 11,5
Solde budgétaire, % du PIB -3,0 -8,1 -11,8 -4,5 -5,3 -4,1 -5,2 -4,1 -5,5
Dette publique, % du PIB 99 112 121 110 116 113 121 114 125
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
19
ITALIE
La crise a amplifié les problèmes structurels préexistants et va
accélérer la divergence vis-à-vis du cœur de l’Europe.
Le soutien du gouvernment amortira l'impact mais entraînera aussi
une hausse très importante des besoins de financement de l’Etat.
Le spread souverain a été contenu par un soutien massif des
politiques européennes, mais le risque politique perdure.
L'Italie a été frappée de manière particulièrement violente par la pandémie de
coronavirus. Des mesures de confinement à l'échelle nationale, y compris des arrêts
de production, entraîneront une baisse de 20% du PIB au premier semestre 2020.
L'activité économique a commencé à reprendre en mai et se normalisera
progressivement, permettant à la croissance de la production de rebondir, grâce à
un soutien public important (italien et européen). La baisse du PIB réel devrait se
situer entre 8 % et 13 % en 2020 et ne se rétablirait pas complètement avant 2024.
Le rattrapage de la consommation attendu au S2-20, un important plan de relance
et la forte baisse des prix du pétrole ne compenseront que partiellement la baisse
d'activité provoquée par la pandémie. La croissance devrait rebondir en 2021-2022,
mais le chômage va augmenter. La baisse inattendue du taux de chômage en avril
(sorti à 6,3 % contre 9,4 % en janvier) est liée à une chute sans précédent du taux
d'activité, de nombreuses personnes ne déclarant pas être activement à la recherche
d'un emploi pendant le confinement. Ce phénomène temporaire prendrait fin au S2-
2020 et le taux de chômage devrait atteindre 11,5 % l'année prochaine. Près de 400
000 emplois ont été détruits pendant la période de confinement (mars-avril),
principalement des contrats temporaires. Avec l'interdiction actuelle des
licenciements permanents, les entreprises vont temporiser et les destructions
d'emplois se poursuivraient en 2021, pour atteindre un total de 800 000 emplois.
La reprise freinée par des problèmes structurels Un confinement parmi les plus stricts
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
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Italie - Intensité des restrictionsEn rouge comparé aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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Les entreprises seront durement touchées par la baisse de la consommation et les
fermetures d’usines et de commerces. Les marges bénéficiaires devraient diminuer
et les investissements productifs se contracter. Malgré l'afflux de liquidités en faveur
des PME, il sera difficile pour certaines entreprises d'éviter la faillite et les créances
douteuses devraient augmenter.
Le gouvernement italien a approuvé trois plans de sauvetage pour amortir l'impact
de la crise sur les ménages et les entreprises : le décret «Cura Italia» du 8 mars, le
décret de liquidité du 4 avril et le dernier décret «Rilancio» du 14 mai. Au total, les
trois paquets devraient avoir un impact de 4,5 % du PIB sur le déficit des
administrations publiques en 2020.
Ce soutien public fournira un appui aux ménages et aux petites entreprises les plus
touchés par la crise mais ne suffira pas à relancer l’économie. Il faudrait favoriser les
projets d'investissement et les réformes structurelles afin de stimuler la croissance
potentielle. À cet égard, le plan de relance européen serait le bienvenu. L'Italie se
verrait attribuer 70 Mds EUR de subventions (ou un mélange de subventions et de
prêts) au cours des sept prochaines années (4 % du PIB).
En plus de ce soutien à l'investissement à partir de l'année prochaine, le pays est
éligible en 2020 à 36 Mds EUR d'ECCL (lignes de crédit du MES) avec une
conditionnalité allégée, 9 Mds EUR de garanties de crédit de la BEI et 8 Mds EUR du
mécanisme SURE pour les allocations chômage.
Le dernier paquet comprend 15 Mds EUR de soutien aux entreprises et notamment
aux PME : 6 Mds EUR de subventions en faveur des PME les plus touchées (chiffre
d'affaires annuel <5 Mn EUR pour un maximum de 40 Mds EUR); 4 Mds EUR
d'annulation de l'impôt sur les sociétés (IRAP); 1,5 Md EUR d'indemnisation pour les
loyers payés pendant le confinement ; 0,6 Md EUR de compensation pour les factures
Mesures adoptées Taille Mds EUR
Décret ‘Rilancio’ (15 Mai), dont : 55,0
Soutien à l’emploi (chômage partiel) 15,0
Mesures de soutien aux petites entreprises (annulation de l’impôt sur les sociétés – IRAP, subventions aux PME les plus touchées …)
12,0
Garantir un revenu et des conditions de vie décentes aux ménages italiens et aux travailleurs indépendants
6,5
Dépenses supplémentaires pour la protection civile et la santé 4,5
Subventions pour le tourisme et les loisirs 4,0
Décret ‘Cura Italia’ (17 Mars), dont : 25,0
Maintenir l’emploi et soutenir les chômeurs 2,4
Dépenses supplémentaires liées aux soins de santé 10,4
Réduction des taxes et cotisations sociales pour les petites entreprises 3,2
Total 80,0
% du PIB 4,8%
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
21
de services publics payées pendant le confinement. Cassa Depositi e Prestiti (la
caisse des dépôts italienne) apporte également un soutien au capital des grandes
entreprises (chiffre d'affaires annuel> 50 Mds EUR).
Le soutien aux ménages et au marché du travail atteint 25 Mds EUR. Il comprend: 15
Mds EUR pour les régimes de supplémentation salariale (Cassa integrazione in
deroga); 5 Mds EUR de subventions jusqu'à 600 EUR par mois pour les travailleurs
indépendants (la bonne nouvelle est que les fonds arriveront désormais
automatiquement à ceux qui les ont déjà obtenus avec le premier décret); 1,5 Md
EUR pour les «revenus d’urgence», c’est-à-dire une subvention mensuelle pour ceux
qui ne sont pas couverts par d’autres régimes jusqu’à 400/800 euros par personne;
1,4 Md EUR de dépenses supplémentaires pour l'éducation, l'université et la
recherche (avec de nouvelles embauches); 0,6 Md EUR pour les bons de garde
d’enfant et les congés parentaux.
Le reste du paquet comprend des transferts aux autorités locales pour faire face à
l'urgence (12 Mds EUR); des dépenses supplémentaires pour la protection civile et le
secteur de la santé (4,5 Mds EUR); des subventions au secteur des transports et
subventions au tourisme et aux loisirs.
Le déficit et la dette devraient augmenter considérablement en 2020, avant de
diminuer partiellement l'année prochaine. La moitié de l'augmentation du déficit
public proviendra du plan de relance (4,5 % du PIB en 2020) et l'autre moitié de la
baisse des recettes publiques. À partir de 2022, le gouvernement italien a annoncé
une stratégie de maîtrise des dépenses basée sur la réalisation d'excédents
budgétaires primaires et la relance des investissements publics et privés. Jusqu'à
présent, la réaction du marché est restée modérée, grâce au soutien massif de la
politique monétaire de la BCE via le PEPP.
La situation politique reste instable, la coalition actuellement au pouvoir (PD et Five
Stars) totalisant moins de 40 % des intentions de vote dans les sondages. Le soutien
à la Ligue est tombé à 25 % tandis que Fratelli d’Italia (anciens facistes) est en
hausse, atteignant 15 %, juste derrière le Mouvement 5 étoiles. Avec Forza Italia, ces
deux partis pourraient obtenir une majorité absolue aux prochaines élections,
prévues pour mai 2023 au plus tard.
Italie 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 0,3 -7,7 -13,2 6,5 11,3 0,4 -0,2 0,7 0,1
Inflation, % 0,6 -0,3 -0,4 1,3 1,2 1,1 1,1 1,0 0,8
Chômage, % 9,9 11,7 11,8 13,5 13,9 12,7 13,1 12,0 12,4
Solde budgétaire, % du PIB -1,6 -10,0 -12,6 -4,9 -5,4 -5,0 -5,5 -5,2 -5,7
Dette publique, % du PIB 135 156 169 149 155 152 159 155 163
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
22
ESPAGNE
Le confinement devrait avoir un impact sans précédent sur l'activité
économique, en particulier dans le secteur des services.
Les mesures visant à limiter les pertes d'emplois et à soutenir les
entreprises permettront d'amortir une partie de l'impact mais pas de
relancer la croissance.
La fragmentation du paysage politique sans majorité au parlement
continuera à limiter les moyens d’action du gouvernement.
La pandémie de Covid-19 va déclencher un effondrement du PIB en 2020. Le PIB s'est
contracté de 5 % T/T au T1-20 et devrait se contracter davantage au T2, avant de
subir un fort rebond « mécanique » au second semestre 2020 avec une reprise
progressive de l’activité.
La crise sanitaire provoque une chute sans précédent de la consommation. Les
dépenses en biens durables pourraient se situer en dessous du niveau d’il y a sept
ans. La baisse des achats de véhicules neufs a atteint plus de 90% sur un an en avril.
L'inflation serait proche de zéro en 2020, renforçant le pouvoir d'achat des ménages,
qui a également bénéficié d'une nouvelle hausse du salaire minimum en janvier. Il
en résultera une forte augmentation du taux d'épargne après des années de baisse
régulière.
Pas de retour à la trajectoire pré-crise Des mesures de confinement toujours en place
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
Les régimes de chômage partiel (appelés « ERTE ») sont utilisés en grand nombre et
devraient limiter les pertes d'emplois et soutenir le revenu des ménages pendant la
récession. Pourtant, l'utilisation généralisée de ces régimes n'a pas empêché une
chute rapide de l'emploi, qui a particulièrement touché les travailleurs temporaires.
Le taux de chômage devrait augmenter rapidement, amplifiant le choc économique,
même si les pertes d'emplois seraient en partie résorbées à mesure que l'activité
reprendra. Cependant, la reprise sur le marché du travail devrait être plus lente dans
un contexte d'incertitude élevée, de bilans affaiblis des entreprises, avec un impact
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Espagne - Intensité des restrictionsEn rouge comparé aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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amplifié de la crise sur les secteurs à forte intensité de main-d'œuvre, tels que le
commerce de détail et l'hôtellerie.
Les mesures visant à soutenir le secteur des entreprises peuvent réduire le nombre
de faillites, mais la faiblesse de la demande, l'incertitude élevée, les contraintes de
liquidités et la baisse de la rentabilité devraient entraîner une forte contraction des
investissements. Bien que les dépenses d'investissement devraient gagner du
terrain à partir du T3-20, l'investissement en 2021 devrait rester bien en dessous de
son niveau de 2019. Les exportations devraient également se contracter fortement
cette année en raison de la forte baisse du commerce mondial, des restrictions de
production et des graves répercussions de la crise sur le secteur du tourisme. Les
revenus liés aux visiteurs étrangers représentaient environ 6 % du PIB en 2019, dont
63 % ont été enregistrés entre avril et septembre.
Mesures adoptées Taille Mds EUR
Marché du travail : protection des travailleurs vulnérables et des travailleurs indépendants, exonérations de charges sociales, régimes de travail temporaire (ERTE)…
26,2
Financement des secteurs de la santé et de la recherche : augmentation de l'allocation au ministère de la santé, transferts de fonds aux régions, taux de TVA de 0% sur les fournitures médicales
5,3
Assurer la viabilité des entreprises : possibilité d'adapter les paiements d'impôt sur le revenu des sociétés et des particuliers
1,1
Total 34,2
% du PIB 3,0 %
Le gouvernement espagnol a adopté en mars et avril quatre plans de mesures
économiques et sociales pour lutter contre la pandémie. Selon les estimations du
gouvernement ils devraient augmenter le déficit public de 2,5 % du PIB en 2020 et de
0,8 % en 2021.
Le total des mesures adoptées est plus faible que dans d'autres pays européens,
alors que l'Espagne a été l'un des pays les plus touchés en termes de décès et de
durée du confinement. Il faudra davantage de soutien en termes d'investissement
pour accélérer la reprise. À cet égard, le plan de relance européen serait le bienvenu.
L'Espagne se verrait attribuer 70 Mds EUR de subventions (ou un mélange de
subventions et de prêts) au cours des sept prochaines années (5,5 % du PIB).
Les mesures budgétaires globales s'élèvent à 138,2 Mds EUR, dont 104,4 Mds EUR
sont des mesures de liquidité. Les mesures liées au système de santé (4,3 Mds EUR)
comprennent des avances aux régions. 19,2 Mds EUR sont consacrés aux politiques
du marché du travail pour les travailleurs indépendants et à l'extension des ERTE
(régimes temporaires d'ajustement de l'emploi). Il y a également une interdiction
des licenciements liés à la Covid-19 et les contrats temporaires interrompus pendant
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
24
la crise doivent être rétablis après la fin du confinement. 4,2 Mds EUR sont consacrés
à des politiques fiscales : réduction de la TVA sur les produits médicaux, reports /
moratoire des cotisations de sécurité sociale pour les indépendants et les
entreprises.
En 2020, le ralentissement aura un impact très négatif sur les finances publiques. La
contraction des assiettes fiscales conduira à une baisse sensible des recettes, tandis
que l'augmentation du chômage et le recours généralisé aux régimes de chômage
partiel («ERTE») vont entraîner une forte augmentation des transferts sociaux. De
plus, les dépenses de santé augmentent considérablement. Ces facteurs, ainsi que
les augmentations déjà en vigueur des pensions et des salaires du secteur public,
devraient faire grimper le déficit en 2020. Il devrait ensuite se réduire en 2021, sans
changement de politique, à mesure que l'activité économique reprendra et parce
que la plupart des mesures mises en place pour répondre à la crise du COVID-19
n’auront qu’un effet temporaire.
Le paysage politique reste très fragmenté en Espagne, où il n’y a pas de majorité au
Parlement et la prise de décision reste difficile. Cela continuera d'empêcher le
gouvernement de prendre des mesures rapides et efficaces et limitera l'ampleur du
soutien public à l'économie. Les spreads ont été contenus grâce à un soutien massif
de la politique monétaire et le pays devrait bénéficier du plan de relance européen à
partir de 2021.
Espagne 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 2,0 -7,5 -13,5 8,1 10,0 1,0 0,6 1,3 1,3
Inflation, % 0,8 -0,4 -0,6 2,7 2,5 1,8 2,0 1,3 1,1
Chômage, % 14,1 15,9 19,3 17,7 21,7 17,9 22,0 17,2 21,5
Solde budgétaire, % du PIB -2,8 -9,3 -12,3 -5,7 -7,9 -5,6 -7,9 -5,6 -7,8
Dette publique, % du PIB 96 112 124 107 117 109 122 112 127
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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ROYAUME-UNI
Avec l'un des taux de mortalité les plus élevés d'Europe et l’un des
plus longs confinements, le Royaume-Uni a été sévèrement touché
par l'épidémie de Covid-19.
Des mesures budgétaires et monétaires audacieuses n'amortiront
que partiellement le choc et la dette publique et privée augmentera
fortement.
L'UE et le Royaume-Uni ont toujours des positions très divergentes
concernant l'accord post-Brexit, ce qui ajoute d’importantes
incertitudes.
En réponse à l'épidémie de Covid-19, le gouvernement britannique a annoncé le 23
mars un confinement strict dans tout le pays. Cette mesure a eu un impact immédiat
sur l’activité. Au T1-20, l'économie s'est contractée de 2 % par rapport au trimestre
précédent, avec une contraction de 5,8 % en mars M/M.
Le 10 mai, le gouvernement a établi une feuille de route pour assouplir le
confinement et rouvrir l'économie. Depuis le 13 mai, les personnes travaillant dans
les secteurs de l'industrie et de la construction ont été encouragées à reprendre le
travail. Depuis le 1er juin, les écoles ainsi que les marchés et les concessionnaires
automobiles sont autorisés à rouvrir, tandis que tous les autres commerces de détail
non essentiels ont rouvert le 15 juin. Une partie des industries de l'hôtellerie et des
soins personnels devrait rouvrir le 4 juillet, tout en renforçant la distanciation
sociale.
D’importants effets de long terme
sur l’économie du Royaume-Uni
Un confinement prolongé a été nécessaire pour
contrer la propagation du virus
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
Pour atténuer l'effet de ces mesures sur l'activité économique, les autorités
britanniques ont mis en place un ensemble de mesures de soutien aux ménages, aux
entreprises et aux services publics d'une ampleur sans précédent au Royaume-Uni.
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Royaume-Uni - Niveaux de PIB
Baseline Prolongé Consensus T419
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Royaume-Uni - Intensité des restrictionsEn rouge comparé aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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Sur le plan fiscal (voir tableau), la réponse comprend un financement
supplémentaire pour le NHS, les services publics et les organisations caritatives (16
Mds GBP), le renforcement du filet de sécurité sociale, notamment en augmentant
les paiements dans le cadre du régime de crédit universel ainsi qu'en étendant
d'autres prestations (7 Mds GBP) et des mesures de soutien direct aux entreprises,
comme des exonérations de l'impôt foncier, des subventions pour les petites
entreprises et les entreprises des secteurs les plus touchés, et une compensation
pour les congés maladie (27 Mds GBP). Le gouvernement reporte également de six
mois le paiement de la TVA et de l'impôt sur le revenu des travailleurs indépendants
(3 Mds GBP). Par le biais du programme de soutien au revenu des travailleurs
indépendants (SEISS) et du programme de maintien dans l'emploi (CJRS), le
gouvernement verse 80 % des revenus - jusqu'à un maximum de 2 500 GBP par
employé et par mois - des travailleurs indépendants (15 Mds GBP) et des employés
en chômage partiel (54 Mds GBP). Pour les salariés, le régime a été prolongé jusqu'à
la fin octobre et pour les indépendants jusqu'à la fin août, bien que les taux de
remplacement diminueront progressivement pour les deux régimes.
Mesures adoptées Taille Mds GPB
Dépenses publiques : - Services de santé, autorités locales, mesures sociales pour les personnes vulnérables, mesures à destination du rail
16,0
Dispositif de sauvegarde l'emploi (chômage partiel)
54,0
Mesures d'aide pour les indépendants 15,0
Paquet de mesures sociales : - Crédit universel - seuil de revenus minimaux - Augmentation du crédit universel de 20£ - Suppression du délai de carence - Modification de l'allocation logement
8,0
Transferts directs aux PME 15,0
Annulation de l'impôt foncier des entreprises
13,0
Différés de TVA 3,0
Total 124,0
% du PIB 5,6%
Le gouvernement a également lancé des programmes visant à faciliter l'accès des
entreprises au crédit. Trois programmes de prêts distincts sont actuellement
disponibles : le Coronavirus Business Interruption Loan Scheme pour soutenir les
PME et le Coronavirus Large Business Interruption Loans Scheme pour soutenir les
grandes entreprises, qui comportent une garantie de 80 % pour les prêts allant
jusqu'à 5 Mn GBP pour le premier et jusqu'à 200 Mn GBP pour le second. Pour faciliter
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
27
encore davantage l'accès au crédit des petites entreprises en difficulté, le
gouvernement a également mis en place le programme de prêts « Bounce Bank »
pour les PME, avec une garantie à 100 % pour des prêts d'un montant maximal de 50
000 GBP.
L'Office for Budget Responsibility, l'organisme britannique de surveillance des
finances publiques, estime que l'impact direct de ces nouvelles mesures sur les
emprunts de l’État pour l'exercice 2020-21 sera de 132 Mds GBP, soit près de 6 % du
PIB. En raison de la baisse concomitante des recettes publiques, il semble désormais
plausible que l’emprunt avoisine 300 Mds GBP sur l'exercice fiscal 2020-21, soit 15 %
du PIB, un niveau qui n'a pas été atteint depuis la Seconde Guerre mondiale.
Malgré l'ampleur sans précédent de l'intervention du Royaume-Uni, il convient de
noter que les mesures annoncées interagissent avec le système de prestations
préexistant. À cet égard, le Royaume-Uni se distingue en offrant un niveau
relativement faible de soutien aux salariés qui se retrouvent au chômage,
notamment par rapport à d'autres pays européens disposant d’un système
d’assurance chômage plus protecteur pour les ménages. Par conséquent, les
politiques fiscales annoncées n’apparaissent pour l’heure pas susceptibles de
relancer l’économie.
L'économie britannique est également soutenue par des politiques monétaires
extrêmement accommodantes visant à préserver l'accès des entreprises et des
ménages au financement et à assurer la liquidité de marché. La Banque d'Angleterre
(BoE) a réduit son taux principal de 65 pb à 0,1 % en mars. La BoE a augmenté de 200
Mds GBP la part des obligations du gouvernement britannique et des obligations de
sociétés non financières détenue par la banque centrale (soit une augmentation de
45 % par rapport au montant détenu en mars). La BoE a également introduit un
nouveau programme de financement à terme pour les banques commerciales afin
de renforcer la transmission de la baisse des taux, avec des incitations
supplémentaires pour les prêts à l'économie réelle, et en particulier aux PME. Le
Trésor et la Banque d'Angleterre ont lancé la Covid Corporate Financing Facility qui,
avec les programmes Coronavirus Business Interruption mentionnés ci-dessus, met
à la disposition des entreprises 330 Mds GBP de prêts garantis. Le Trésor et la BoE
sont également convenus d'étendre temporairement l'utilisation du découvert du
compte du gouvernement à la BoE afin de fournir une source de financement à court
terme supplémentaires si nécessaire.
Ces politiques ont efficacement soutenu l'accès des entreprises à la dette. Les
derniers chiffres indiquent que les entreprises du secteur privé britannique ont levé
un total de 46 Mds GBP auprès des banques et des marchés financiers en mars et
avril sous forme d'instruments de dette (+ 45 Mds GBP par rapport à janvier et
février), ce qui a entraîné une augmentation de 10,7 % de l'encours de la dette au
cours des 12 derniers mois à la fin avril.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
28
Le Royaume-Uni a officiellement quitté l'UE, mais les termes de sa relation future
avec l'Union doivent encore être fixés, et le temps presse pour parvenir à un accord
avant l'expiration des accords de transition en décembre.
Le Royaume-Uni et l'UE ont repris les négociations le 20 mars après une interruption
de six semaines. Jusqu'à présent, les négociations ont abouti à une impasse sur les
droits de pêche et les demandes de l'UE concernant des normes communes en
matière d'aides d'État, de droits des travailleurs et d'environnement. Par ailleurs, le
Royaume-Uni continue d'exclure une prolongation de la période de transition. A
l’occasion d’une réunion politique "de haut niveau", les deux partie ont réitéré leur
volonté « de travailler sans relache à l’obtention d’un accord », mais un Brexit sans
accord reste une possibilité très sérieuse, tout comme un accord fragmentaire
portant uniquement sur des biens.
Notre hypothèse de travail concernant l'accord sur les futures relations entre le
Royaume-Uni et l'UE27 est qu'un accord sur les marchandises sera trouvé pour
permettre le commerce futur sans quotas ni droits de douane à condition que le
Royaume-Uni s'aligne sur l'UE27 en matière de réglementation. En ce qui concerne
les services financiers, le Royaume-Uni bénéficiera de l'équivalence avec un pays
tiers. Elle risque néanmoins d'être révoquée. En ce qui concerne les autres services,
nous nous attendons à ce qu'ils soient soumis à diverses restrictions. Par exemple,
alors que les transporteurs britanniques devraient pouvoir transporter librement
des marchandises entre le Royaume-Uni et l'UE27, nous ne nous attendons pas à ce
qu'ils soient autorisés à opérer librement au sein de l'UE27.
De plus, l'impact à court terme d'un éventuel "no deal" Brexit est atténué par le fait
que les entreprises ont eu plus de temps pour se préparer à un tel résultat. En outre,
le Royaume-Uni a récemment annoncé que les contrôles frontaliers complets sur les
marchandises entrant au Royaume-Uni n'entreront pas en vigueur avant juillet 2021.
À moyen et long terme, nous considérons que Brexit réduira de 0,8 point de
pourcentage le potentiel de la tendance par rapport à celle affichée avant le
referendum sur le Brexit, ce qui ramène ce chiffre à 1,0 % selon notre hypothèse de
travail.
Dans l'ensemble, les risques sont résolument orientés à la baisse, le Royaume-Uni
étant à la fois touché par la pandémie et par les incertitudes qui pèsent sur les
relations avec l'UE après Brexit.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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Royaume-Uni 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 1,4 -6,8 -12,5 6,3 10,1 0,8 0,2 1,0 0,8
Inflation, % 1,8 0,8 0,7 1,9 1,8 2,1 2,1 1,9 1,9
Chômage, % 3,9 7,5 7,9 8,2 8,5 7,7 8,6 7,5 8,4
Solde budgétaire, % du PIB -2,0 -7,1 -8,6 -3,7 -4,5 -3,4 -3,5 -3,3 -3,4
Dette publique, % du PIB 85 96 103 92 96 92 97 92 97
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
30
ÉTATS-UNIS
La crise sanitaire et économique du Covid-19 a sévèrement touché le
pays.
La Fed a mis en œuvre un un assouplissement quantitatif illimité et
des programmes de financement du secteur des entreprises.
Les principaux risques sont une nouvelle vague d'infection, une
hausse des tensions sociales et une aggravation des tensions
commerciales avec la Chine.
La crise sanitaire du Covid-19 a eu de répercussions importantes sur le pays. Le PIB
réel s'est contracté de 5 % T/T au T1-20. Alors même que les interventions non
pharmaceutiques (INP) n'ont été mises en œuvre que fin mars, la consommation
privée ayant diminué de 7 % en termes de QoQ AR. L'ampleur de la récession est
illustrée par le marché du travail, qui a perdu 20 millions d'emplois depuis avril,
portant le taux de chômage à 14 %. L'économie devrait se contracter de 6,6 % en
2020, avec un rebond de 6 % en 2021, et n'atteindre son niveau de 2019 qu'en 2023.
Pas de rattrapage à court terme Pas encore d'assouplissement marqué du INP
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
La Fed a réagi rapidement et de manière significative à la crise. Elle a réduit sa
fourchette cible de taux d'intérêt à 0-0,25 % et a déclaré qu'elle la maintiendrait
jusqu'à ce que l'économie retrouve le plein emploi. En outre, la Fed a lancé un
programme de QE, sans restriction sur les achats de titres du Trésor américain et de
titres adossés à des créances hypothécaires. Enfin, la Fed a également lancé un
programme (d'un montant de 1 350 mds USD) pour acheter des obligations
d'entreprises ou des prêts au secteur non financier émis par les banques
commerciales. Ces différentes mesures se sont traduites par une forte augmentation
du bilan de la Fed, qui est passé de 4000 mds USD avant mars à 7000 mds USD fin
mai. Il devrait atteindre 10 000 mds USD d'ici la fin de l'année. Dans l'ensemble, ces
mesures ont réussi à stabiliser les marchés financiers, le coût de financement des
entreprises ayant diminué et le marché boursier s'étant également redressé. En cas
de baisse plus marquée de l'activité ou de nouvel épisode de volatilité financière, la
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Etats-Unis - Niveaux de PIB
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Etats-Unis - Intensité des restrictionsEn rouge comparé aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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Fed pourrait encore accroître ses prêts au secteur non financier, voire mettre en
place un contrôle de la courbe des taux souverains.
Mesures adoptées Taille Mds USD
Transferts de liquidités du Trésor aux ménages 1200 USD (2400 USD par couple) + 500 USD par enfant
293
Paycheck protection program (Prêts bancaires pouvant s'élevant jusqu'à 10 millions et qui peuvent ne pas être remboursés si l'entreprise maintient sa masse salariale constante deux mois après l'origination du prêt)
670
Extension des allocation chômage (la période d'éligibilité aux allocations chômages est étendue de 13 semaines, le gouvernement fédéral abonne 600 USD par semaine jusqu'au 31 juillet)
268
Transferts aux collectivités locales 150
Hausse des dépenses de santé 121
Baisse d'impôts temporaires 161
Autres dépenses 347
Total 2010 % du PIB 11,2%
Sur le plan budgétaire, les autorités ont annoncé un paquet de 2,700 mds USD (11 %
du PIB) comprenant de transferts d’argent, une augmentation des allocations de
chômage et des prêts garantis. Plus précisément, le gouvernement a remis un
chèque de 1 200 USD par personne, a augmenté la durée des allocations de chômage
et le montant hebdomadaire qu'une personne peut recevoir et a accordé 700 mds
USD de prêts aux entreprises qui peuvent ne pas les rembourser si elles
maintiennent leur masse salariale constante dans les deux mois suivant l'octroi du
prêt. Ces mesures ont été efficaces jusqu'à présent, puisque le revenu disponible des
ménages a augmenté en avril/mai, contrairement aux épisodes précédents de
hausse du chômage. Néanmoins, ce plan risque d'être limité car la hausse des
allocations de chômage expire en juillet, période pendant laquelle le chômage
restera à deux chiffres. En outre, la crise a affaibli les bilans des collectivités locales
(qui versent habituellement les allocations de chômage), les obligeant à réduire
leurs dépenses. Le Congrès américain débat actuellement de l'extension du plan de
relance de 3000 mds USD supplémentaires, mais il est peu probable qu'il soit
approuvé, car les républicains et l'exécutif sont opposés à toute nouvelle relance.
Plusieurs risques pèsent sur des perspectives déjà faibles. Tout d'abord, une crise
sanitaire plus longue, obligeant à prolonger les INP, déprimerait davantage la
demande intérieure, entraînant une chute de 11 % du PIB en 2020. Deuxièmement,
la poursuite des tensions sociales ferait également baisser la consommation et
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
32
l'investissement. En effet, les mobilisations actuelles déclenchées par les inégalités
raciales s conduisent à la mise en place de couvre-feux dans les grandes villes. Enfin,
un regain des tensions commerciales et politiques avec la Chine pourrait également
entraîner de nouvelles réductions des dépenses d'investissement.
Etats-Unis 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 2,3 -6,6 -11,5 6,1 10,0 0,9 0,5 1,7 1,5
Inflation, % 1,9 0,0 -0,9 2,0 2,0 2,5 2,5 2,1 2,1
Chômage, % 3,5 18,0 22,0 10,0 15,0 8,0 11,0 7,0 9,0
Solde budgétaire, % du PIB -7,2 -16,6 -18,7 -14,2 -15,5 -12,9 -12,5 -10,0 -11,2
Dette publique, % du PIB 80 99 104 106 110 112 115 118 122
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
33
JAPON
Une contraction marquée du PIB est attendue…
… malgré un effort de relance fiscale considérable.
En résulte une hausse rapide de la dette publique.
Déjà en récession technique avec une contraction du PIB au T4 2020 et T1 2021,
l’économie devrait reculer de façon marquée au T2 2020 avant de reprendre
progressivement. Une forte baisse du PIB est attendue en 2020 suivi d’un rebond en
2021. En revanche, l’économie ne retrouverait pas son niveau de 2019.
Même si un confinement strict a pu être évité, un état d’urgence avec des pratiques
de distance sociale a été mis en place. Il a été levé le 24 mai et a duré entre 4 et 7
semaines selon les préfectures de l’archipel. L’amélioration de la situation sanitaire
s’est accompagnée d’une légère reprise de la confiance des consommateurs même
si cette dernière reste encore à un niveau très bas.
Perte inéluctable du PIB Absence du confinement strict
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
L’effort de relance du gouvernement est considérable. Trois plans de stimulus ont
été annoncés. Ils incluent des dépenses directes du gouvernement dites « mamizu »,
à JPY 66 000 Mds, soit 11,8% du PIB, en plus du programme de soutien au sens plus
large qui inclut aussi les dépenses du FLIP (fiscal loan and investment program). A
cela se rajoute les dépenses additionnelles des gouvernements locaux, et des
paiements différés d’impôts. Ces efforts budgétaires visent à compenser la chute
d’activité liée à l’état d’urgence et à la baisse de demande externe. Ils sont plus
importants que les dépenses mobilisées pendant la crise Lehman qui étaient de 15
400 milliards de yen, 3% du PIB de l’époque.
Les dépenses du gouvernement comportent deux volets principaux. Le premier
consiste en une distribution directe de revenu aux ménages et de subvention aux
entreprises dont les ventes sont sévèrement affectées par le Covid-19. Une partie de
ces revenus perçus se transformera en consommation et investissement. Le second
est constitué d’achats ou d’investissement directs du gouvernement visant à lutter
contre le virus d’un côté et améliorer structurellement l’économie de l’autre.
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Japon - Niveaux de PIB
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Japon - Intensité des restrictionsEn rouge comparé aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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L’insuffisance de la demande en est alors en partie compensée. En somme, compte
tenu de l’ampleur des dépenses, elles auront un impact significatif sur l’économie
pouvant aller jusqu’à plusieurs points du PIB. Toutefois, une contraction marquée
de croissance semble difficile à éviter.
Mesures adoptées Taille 1000 Mds JPY
Subvention aux PMEs, indépendants et travailleurs en chômage partiel 7,1
Distribution de revenu aux ménages (JPY 100 000 par pers) 12,8
Subventions de loyer pour les entreprises 2,0
Dépenses dans le système médical 4,8
Dépenses dans les installations publiques 4,7
Autres dépenses pour amélioration structurelle de l'économie 10,7
Facilités de prêt aux entreprises 11,6
Subvention de dépenses de voyage et d'événement de loisir (Go-to campaign) 1,6
Réserves de prévention contre futures épidémies 10,0
Total 65,2
% du PIB 11,7%
Du côté monétaire, la Banque du Japon (BoJ) a activement modifié son programme
d’achat, le contrôle de la courbe des taux restant inchangé avec le taux court à -0,1%
et le taux 10 ans aux alentours de 0%. Ainsi le plafond d’achat annuel de JGBs (bons
du trésor) à 80 000 milliards de yen a été supprimé ; celui des ETF (trackers d’indice)
et des REITs (sociétés d’investissements immobiliers cotées) est doublé, passant à
12 000 milliards de yen et 180 milliards de yen respectivement ; le plafond de l’en-
cours des papiers commerciaux et des obligations d’entreprise que la BoJ peut
détenir est passé à 20 000 milliards de yen. En conséquence, le bilan de la BoJ qui
représentait 105% du PIB en mars 2020, atteindrait vraisemblablement 130% du PIB
en fin d’année.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
35
Taux long proche de 0% maintenu par la BoJ Rechute de l’inflation
Source : BoJ, Ministry of Finance, SG Études économiques et sectorielles Source : BoJ, SG Études économiques et sectorielles
En conséquence de cet effort budgétaire considérable, le déficit se creuse et le ratio
de dette publique augmente. Ce dernier atteint déjà 238% du PIB en 2019, il va tout
droit vers 250% du PIB en 2020. Se pose donc la question de soutenabilité de la dette
d’autant plus que la politique de reflation peine à aboutir. Alors, que l’inflation ne se
trouvait qu’à mi-chemin de la cible de 2%, elle est retombée à 0.1% en avril. Même si
le coût du financement de la dette publique est maintenu extrêmement bas avec la
majorité de dette détenue par les investisseurs domestiques dont la BoJ, le décalage
répété du calendrier de consolidation fiscale pourrait affecter la perception du
risque des investisseurs.
Japon 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 0,7 -2,3 -9,3 1,6 7,5 0,5 0,0 0,5 0,3
Inflation, % 0,5 0,4 -0,3 0,3 -0,2 0,5 0,3 0,5 0,2
Chômage, % 2,3 3,1 5,0 3,1 5,7 2,9 5,3 2,8 5,1
Solde budgétaire, % du PIB -3,0 -4,5 -8,0 -3,5 -5,0 -3,3 -4,0 -3,0 -3,5
Dette publique, % du PIB 238 243 253 241 249 242 245 242 244
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
-0.3
0
0.3
0.6
0.9
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2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Contrôle de taux long et achat de la BoJ
Part de dettes publiques détenues par la BoJ Rendement 10 ans (D)
%%
-2
-1
0
1
2
3
4
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Prix à la consommation
Inflation totale Inflation sous-jacenteCible de l'inflation sous-jacente
GA, %
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
36
CHINE
La reprise se poursuit, mais le redressement de la demande des
ménages sera sera lent.
Le policy-mix exerce un soutien significatif, avec un ton prudent.
En relative accalmie, les événements de crédit devraient une fois les
conditions de liquidité se seront resserrées.
La croissance du PIB devrait reprendre dès le deuxième trimestre après avoir marqué
un creux historique au cours des trois premiers mois de l’année – soit une chute de
6.8% en GA. La fin du confinement strict dans la province du Hubei au début avril
s’accompagne d’une reprise visible de l’activité. Cette dynamique se poursuivra
jusqu’à la première moitié 2021, grâce notamment aux mesures de soutien fiscales
et monétaires.
La reprise de la production et celle de la consommation se font à des vitesses
différentes. Ainsi, la consommation de charbon des centrales d’électricité dépasse
le niveau comparable de 2019 depuis début mai. La production industrielle avait
déjà retrouvé le niveau de fin 2019 en avril. En contraste, les ventes au détail n’ont
guère progressé depuis le début du confinement en janvier et leur niveau reste de
7,5% inférieur à celui de 2019.
Perte sévère du PIB en cas de crise prolongée Précaution malgré un faible taux d’incident
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
La politique économique vient contrer le risque d’une récession prolongée qui aurait
pu sinon se concrétiser. La contraction de la demande externe intervient au moment
où la demande domestique commence à peine à se rétablir. Les tensions
commerciales et technologiques entre la Chine et les Etats-Unis augmentent de
nouveau, ce qui ajoute une incertitude supplémentaire.
L’ensemble des mesures annoncées représente 7% du PIB, avec la première vague
de mesures d’exemption de charges et d’impôts, puis la hausse du quota d’émission
des obligations publiques annoncée le 22 Mai à la session du Congrès National du
Peuple (CNP, l’instance législative). Les émissions obligataires des gouvernements
central et locaux prennent une place prédominante, tant par leur montant – 1000
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Chine - Niveaux de PIB
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Chine - Intensité des restrictionsEn rouge comparé aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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milliards (1% du PIB) et 3750 milliards (3,75% du PIB) respectivement – que par leur
effet de levier. En effet, ces obligations destinées à financer les projets
d’investissement (d’infrastructure notamment), peuvent être en partie utilisées
comme capital d’un véhicule de financement. Ainsi, nous estimons que les mesures
de soutien pourraient avoir un impact économique équivalent de 7,6% du PIB en
2020 et 3% du PIB en 2021, soit un apport significatif à la croissance.
Mesures adoptées Taille
Mds CNY
Obligations spéciales des gouvernements locaux 3750
Obligations spéciales du gouvernement central 1000
Obligations (ordinaires) des gouvernements (locaux + central) * 267
Prélèvement de l'épargne du gouvernement* 880
Reduction des charges de sécurité sociale et des impôts 1100 Total 6997
% du PIB 7%
(*) Estimations SG Recherche économique et sectorielle. Montant net des stabilisateurs automatiques (qui tient donc compte des baisses de
recettes et hausses de dépenses fiscales dues à une croissance plus faible).
La politique monétaire, quant à elle, s’assouplit également. Nous notons la
suppression des recommandations telles que « maintenir stable le ratio
d’endettement » ou « éviter le stimulus » dans le Rapport du Travail du
Gouvernement publié à l’occasion du CNP. La baisse du taux d’intérêt interbancaire,
revenu de 2,5% en janvier à 1,5% fin mai, la PBoC a rendu les conditions de liquidité
favorables pour les émissions obligataires (des entreprises et des gouvernements) et
les crédits bancaires. Ceux-ci comportent un volet spécifiquement dédié aux PMEs
et TPEs, que la PBoC monitore via une « window guidance ». Par exemple, les grandes
banques commerciales doivent voir accroître leurs prêts aux PMEs et TPEs de 40%.
Le déclin du crédit non bancaire (shadow banking) devrait se poursuivre et le
financement de l’économie devrait être principalement assuré par le crédit bancaire
et les émissions obligataires.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
38
Reprise de l’activité à deux vitesses Rôle clé des banques et du marché obligataire
Source : NBS, SG Études économiques et sectorielles Source : PBoC, NBS, SG Études économiques et sectorielles
Ces mesures de stimulus portent un caractère prudent dans leur conception. Cela
s’explique par la marge de manœuvre relativement limitée par le taux
d’endettement de l’économie à 250% du PIB (dont 155% dû aux entreprises, 55% aux
ménages et 40% au gouvernement). Le stimulus plus générera tout de même de
nouvelles dettes, privées et publiques. D’où la réapparition probable du risque de
crédit dans les années à venir malgré l’accalmie actuelle due aux conditions de
liquidité favorables. En revanche, par rapport aux cycles de stimulus précédents,
celui-ci intervient après qu’une campagne de désendettement et la répression du
shadow banking à partir de 2017. Le risque de crédit devrait ainsi rester dans les
segments visibles et régulés du système financier, ce qui permettra une meilleure
appréciation.
Chine 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 6,1 2,9 -3,0 7,3 3,0 4,8 3,0 4,6 4,0
Inflation, % 2,9 3,1 0,3 1,6 0,5 2,4 2,1 2,3 1,8
Solde budgétaire, % du PIB -2,8 -3,5 -3,5 -2,8 -3,2 -2,8 -3,0 -2,8 -3,0
Dette publique, % du PIB 38 42 46 42 44 42 44 42 44
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
75
80
85
90
95
100
105
110
115
12/18 02/19 04/19 06/19 08/19 10/19 12/19 02/20 04/20 06/20
Activité économique
Ventes au détail Investissement urbain Production industrielle
Indice basé 100 en déc 2018
-5%
0%
5%
10%
15%
20%
Jan
09
Fév
09M
ar 0
9Av
r 09
Jan
16
Fév
16M
ar 1
6Av
r 16
Jan
19
Fév
19M
ar 1
9Av
r 19
Jan
20
Fév
20M
ar 2
0Av
r 20
Augmentation du financement aggrégé
Prêts bancaires Obligations d'entrepriseObligations des gouvernements Autres
% du PIB de l'année pécédente, cumulé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
39
INDE
Risque de contraction sévère de l’activité lié à l’extension du
confinement.
Stimulus marqué par la contrainte budgétaire, grand par
programme, petit par réelles dépenses fiscales.
Vulnérabilité du système financier aggravée par la forte baisse de la
croissance.
La croissance va continuer de chuter, conséquence des extensions répétitives du
confinement lié au développement de la crise sanitaire. Ce ne sera qu’à partir du T3
que l’économie reprendra, mais de façon très progressive. L’économie risque
d’ailleurs d’entrer dans un régime de croissance bien plus faible que celui de la
dernière décennie.
Le confinement a été ordonné le 25 mars. Il a officiellement pris fin le 8 juin avec
l’ouverture progressive des magasins, des lieux de culte, mais des zones de
restriction restent en place jusqu’au 30 juin. L’activité en est sévèrement affectée.
Scénario prolongé devient très probable… … avec l’extension du confinement
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
Face à la chute de l’activité, le gouvernement a annoncé deux stimulus, l’un datant
de mars et l’autre de mai 2020. L’ensemble des plans totalise 20 900 milliards de
roupies, soit plus de 11% du PIB. Cependant, l’impact de cette relance sera moins
important. D’une part, certaines mesures ne sont pas nouvellement introduites car
déjà prévues dans le budget ou des programmes de soutien. D’autre part, une très
grande majorité de ces mesures concerne des facilités de crédit, des garanties, ou
des extensions de délais de paiement. En fin de compte, les mesures impliquant une
réduction de recettes d’Etat ou une augmentation de dépenses ne devraient
représenter que 1,2% du PIB. L’impact économique serait encore moindre compte
tenu de certains transferts de revenus ne donnant pas de dépenses par la suite.
L’effort des finances publiques s’avère ainsi insuffisants compte tenu de
l’effondrement de l’activité. Il est contraint, car la marge de manœuvre de politique
fiscale est limitée. La dette publique est déjà proche de 70% du PIB.
80
90
100
110
120
130
140
150
2019 2020 2021 2022 2023 2024
Inde - Niveaux de PIB
Baseline Prolongé Consensus T4190
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
janv.-20 févr.-20 mars-20 avr.-20 mai-20 juin-20
Inde - Intensité des restrictionsEn rouge comparé aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
40
Du côté politique monétaire, la banque centrale à baissé son taux d’intérêt directeur
de 115 points de base. Mais la transmission de l’assouplissement monétaire est
quasiment nulle dans la mesure où le taux prêteur des banques appliqué à leurs
meilleurs clients est resté inchangé, creusant ainsi l’écart entre les deux de façon
inédite.
Mesures adoptées Taille* Mds INR
Stimulus annoncé en mars basé sur Pradhan Mantri Garib Kalyan Package (un programme visant à soutenir les ménages à faible revenu, par ex versement de liquide ou en nature)
910
Paiement de contribution à l'EPF (Employment Provident Fund) par le gouvernement pendant 6 mois. Baisse du taux de contribution obligatoire.
93
Réduction de 25% des taux d'imposition sur TDS (Tax Deducted at Source) & TCS (Tax Collection at Sources)
500
Distribution des aliments aux travailleurs migrants (80 mn concernés) 35
Proposition dans le cadre du CAMPA (Compensatory Afforestation Fund Management and Planning Authority) pour créer des postes de travail aux tribus
60
Investissement en agriculture 150
Investissement dans 8 secteurs critiques (charbon, minerais, défense, espace aérien, infrastructure sociale, distribution d'électricité, aéronautique et énergie nucléaire)
481
Total 2229 % du PIB 1,2%
La vulnérabilité du système financier explique en partie ce phénomène. Le pays a
connu une série de défaillances des institutions financières, en commençant par
celles des institutions non bancaires en 2018, qui s’est élargie par la suite avec la
reprise de Yes Bank, la quatrième banque privée du pays, par la banque centrale en
mars 2020. Les banques publiques ont un taux de prêts non performants plus élevé
(plus de 10%) que les banques privées, mais elles doivent soutenir les institutions
fragilisées ou défaillantes. La crise de croissance viendra aggraver cette vulnérabilité
et limiter la capacité insuffisante du système financier à soutenir la croissance.
Absence de transmission monétaire Ralentissement de la croissance du crédit
Source : RBI, SG Études économiques et sectorielles Source : RBI, SG Études économiques et sectorielles
2
2.5
3
3.5
4
4.5
5
5.5
6
2015 2016 2017 2018 2019 2020
Ecart de taux entre repo et prime%
-5
0
5
10
15
20
25
30
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
Crédit bancaire
Au gouvernemnt Autre
%, ga
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
41
Inde 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 4,5 1,5 -4,9 5,6 4,6 4,5 3,7 4,5 3,8
Inflation, % 3,4 3,6 2,6 4,1 3,1 4,0 3,5 4,0 3,5
Solde budgétaire, % du PIB -7,5 -7,7 -9,2 -7,0 -8,5 -6,9 -7,9 -6,9 -7,4
Dette publique, % du PIB 69 70 74 68 71 67 69 66 68
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
42
BRESIL
L'économie devrait se contracter considérablement en raison
de la crise Covid-19 et de l'impasse politique.
La BCB a réduit son taux et mis en place des facilités de
liquidité.
Les principaux risques sont liés à une prolongation de la crise
sanitaire, à une dégradation de la situation politique ou de
l’environnement externe.
L'activité économique a été sévèrement touchée par la crise Covid-19 et les troubles
politiques continus. Au cours des derniers mois, plusieurs ministres ont
démissionné, le gouvernement a perdu sa majorité au Congrès et a ouvert plusieurs
conflits avec la Cour suprême. Le PIB réel s'est contracté de 1,5% T/T au premier
trimestre. Malgré des mesures de confinement assez légères, l'activité devrait se
contracter fortement au deuxième trimestre et ne rebondir que modestement. La
croissance économique est par ailleurs restée morose depuis 2014, n'augmentant
en moyenne que de 1 %. L'impact de la crise Covid-19 et les incertitudes politiques
risquent de nuire davantage aux dépenses d'investissement et aux perspectives de
croissance, prolongeant encore la période de faible croissance.
L’activité s’effondre… Un confinement tardif
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
Sur le plan monétaire, la Banque centrale a réduit son taux directeur à 3 %, son
niveau le plus bas depuis la mise en place du régime de ciblage de l'inflation en 2003.
La BCB a également mis à la disposition des banques différentes lignes de liquidité,
d'un montant équivalent à 240 milliards de dollars (15 % du PIB), et a réduit les
exigences de fonds propres des banques. Enfin, le Congrès a également autorisé la
Banque centrale à acheter temporairement des titres de dette publique et privé sur
le marché secondaire. Néanmoins, la BCB a déclaré que ce programme ne sera utilisé
que dans des circonstances exceptionnelles. Comme l'inflation reste sur une
80
90
100
110
120
130
2019 2020 2021 2022 2023 2024
Brésil - Niveaux de PIB
Baseline Prolongé Consensus T419
0
10
20
30
40
50
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janv.-20 févr.-20 mars-20 avr.-20 mai-20 juin-20
Brésil - Intensité des restrictionsEn rouge comparé aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
43
tendance à la baisse et en dessous de l'objectif de 4% (à 2% en avril), la BCB devrait
réduire les taux de 75 points de base lors de la réunion monétaire de juin.
Sur le plan budgétaire, le gouvernement a annoncé un plan de relance de 10 % du
PIB consistant en des garanties de crédit (6 % du PIB) et des augmentations
temporaires des prestations et des réductions d'impôts (4 % du PIB). Parmi les
avantages proposés par le gouvernement, on trouve l'équivalent de 120 USD de
transferts sur trois mois aux travailleurs du secteur informel (1% du PIB), 1,5 % du
PIB de transferts aux gouvernements locaux et 2 % du PIB de réductions temporaires
d'impôts pour les entreprises. Un plan de relance supplémentaire semble peu
probable pour l'instant. Contrairement à la crise de Lehman où le pays avait un
important excédent budgétaire primaire et pouvait lancer une réponse budgétaire
significative, le Brésil est entré dans la crise de Covid-19 avec un important déficit
budgétaire et une dette publique approchant les 80 % du PIB.
Mesures annoncées Montant
Mds BRL
Hausse des dépenses de santé 2
Transferts vers les chômeurs ou travailleurs du secteur informel de 600 BRL par moi jusqu'à Juillet
45
13ème salaire pour les retraités 46
Complément de salaires 12,8
Retrait du fond d'épargne (FGTS) 41,5
Hausse des allocations vers la Bolsa Familia 2
Hausse des bénéfices pour le chômage 10
Autres bénéfices 5
Baisse d'impôts aux entreprises 36
Transferts envers les Etats 80
Garanties de crédit 319
Total 599,3
% du PIB 8,3%
Ce scénario comporte plusieurs risques baissiers. Le nombre d'infections et de décès
dus au Covid-19 continue d'augmenter fortement. Cela a conduit certaines
industries et certains États à étendre les NPI. D'autres pays ont mis en place des
restrictions de voyage vers le Brésil. Un autre risque pour les perspectives est
l'aggravation de l'impasse politique. La crise sanitaire s'est transformée en crise
politique, l'exécutif perdant un large soutien au sein du Congrès et étant confronté
à un conflit ouvert avec le pouvoir judiciaire sur des allégations de corruption contre
le gouvernement.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
44
Brésil 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 1,1 -3,5 -5,6 3,4 5,1 2,1 3,4 2,4 2,4
Inflation, % 3,6 3,7 3,7 3,8 3,8 3,5 3,5 3,5 3,5
Solde budgétaire, % du PIB -6,0 -8,0 -10,5 -7,0 -8,2 -6,0 -6,0 -5,0 -5,0
Dette publique, % du PIB 77 84 95 85 96 86 96 85 95
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
45
RUSSIE
L’économie russe affichera une récession en 2020 suite au choc
combiné de la forte baisse des prix du pétrole et de l’impact du
confinement pour faire face à l'épidémie de Covid-19.
Les mesures de relance budgétaire resteront limitées, tandis que la
politique monétaire devrait se montrer de plus en plus
accommodante.
Grâce à des faibles ratios de dette, un régime de change flexible,
d’importantes réserves de change et des marges de manœuvre
budgétaires, la Russie est moins vulnérable au choc externe que
nombre de pays exportateurs de pétrole. Elle est également plus
résiliente que lors des épisodes de crises antérieures (2008, 2014).
La Russie affichera une récession en 2020 du fait de la chute des prix du pétrole
conjuguée au confinement mis en place fin mars. Le confinement strict de 7
semaines, destiné à renforcer les mesures de distanciation sociale, a été levé le 12
mai. Cependant, nombre de restrictions importantes demeurent en place et Moscou
reste toujours en confinement strict. Dans ce contexte, le PIB mensuel publié par le
Ministère de l’économie s'est contracté de 12 % en GA en avril.
La reprise sera lente en raison
de fragilités structurelles persistantes
Malgré le relâchement récent, le confinement
de Moscou et des restrictions et demeurent
Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics
La contraction de la production industrielle de près de 7 % en GA est principalement
due à la chute de 10 % du secteur manufacturier, alors que la production minière n'a
baissé que de 3 %. Cette dernière devrait toutefois se contracter plus fortement en
mai avec la mise en œuvre des réductions de 20% de la production pétrolière
convenues avec les partenaires de l'OPEP. La construction résidentielle chute
également de 37 % en GA en avril, tandis que les ventes au détail ont également subi
une forte baisse de plus de 23 %. De même, les ventes de voitures ont dévissé de
72 %, un record qui dépasse l’effondrement observé lors de la crise financière de
2008. Les données hebdomadaires de la banque centrale sur les flux financiers
85
90
95
100
105
110
2019 2020 2021 2022 2023 2024
Russie - Niveaux de PIB
Baseline Prolonged Consensus 4Q190
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
janv.-20 févr.-20 mars-20 avr.-20 mai-20 juin-20
Russie - Intensité des restrictionsEn rouge comparé aux autres économies en gris
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
46
indiquent que l'activité est toujours inférieure d'environ 10 % en mai par rapport à
la tendance habituelle.
Les prix du pétrole devraient rester bas malgré l'accord OPEP+ conclu le 12 avril. Sur
l'ensemble de l'année, la production de brut en Russie diminuera de 12 %, soit la
plus forte baisse de la production pétrolière depuis 1994.
Mesures adoptées Taille
Mds RUB
Dépenses directement liées à la crise Covid : soutien aux ménages 750
Dépenses directement liées à la crise Covid : soutien aux PMEs 850
Dépenses en faveur de "projets nationaux" : infrastructures 1 370
Dépenses en faveur de "projets nationaux" : promotion de la stratégie de substitution aux importations
1 050
Recapitalisation de la banque publique VEB 209
Autres mesures 771
Total 5 000
% of GDP (2019) 4,5%
Dans ce contexte de double crise, la relance budgétaire reste timide tandis que la
politique monétaire a été jusqu'à présent plus agressive.
Les détails du plan de relance annoncé en juin suggèrent que le gouvernement
continue de placer la stabilité budgétaire au premier plan, dans un contexte de
craintes d'une période prolongée de faible prix du pétrole. En effet, le Premier
ministre Mishustin a présenté un plan de 5 Mds RUB pour 2020-2021 (soit environ 5 %
du PIB). Ce plan de soutien semble relativement faible puisque étalé sur deux
années. En outre, la moitié de ce plan est axé sur les projets nationaux
(infrastructure, promotion de la substitution des importations) qui auraient été mis
en œuvre indépendamment de la crise, tandis que le reste est centré sur l'aide
sociale, les mesures pour les PME (baisse de taxes, etc.) et la recapitalisation de la
banque d'État VEB.
Sur le plan de la politique monétaire, la banque centrale a jusqu'à présent réagi
efficacement, grâce aux amendements spéciaux apportés à la règle budgétaire en
cas de prix du pétrole inférieur à 25 USD le baril et à des interventions sur le marché
des changes. La banque centrale a également réduit le taux directeur de 50 pb fin
avril dans un contexte où l’inflation reste contenue, et ce malgré la dépréciation du
rouble. En effet, l'inflation a atteint 3 % en GA en avril et en mai contre 2,3 % en
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
47
février. Dans ce contexte, la banque centrale conserve une orientation
accommodante et des nouvelles baisses de taux sont attendues en 2020.
Le stimulus budgétaire reste timide et les
finances publiques demeurent solides
La politique monétaire reste accommodante
dans un contexte d’inflation contenue
Source : Refinitiv, SG Études économiques et sectorielles Source : Refinitiv, SG Études économiques et sectorielles
Sur le plan prudentiel, plusieurs mesures devraient soutenir le secteur bancaire. Le
coussin contracyclique a été ramené à 0 %, l'adoption de Bâle III a été reportée et
une réduction des exigences en matière de risque concernant les prêts immobiliers
a été autorisée. La banque centrale a également autorisé les banques à ne pas
reconnaître certains prêts comme restructurés et à de ne pas appliquer de
surcharges en capital jusqu'au 30 septembre 2020. Les banques peuvent aussi ne pas
détériorer la classification des crédits aux PME, évitant ainsi des provisions
supplémentaires pour pertes sur ces prêts, et à évaluer les titres à leur prix du 1er
mars 2020. Les opérations de change peuvent également être valorisées au taux de
change du 1er mars, à l'exception de celles portant sur des positions ouvertes sur le
marché des changes.
Dans ce contexte, la reprise en 2021 sera lente, avec une croissance du PIB de 2 % en
ligne avec des prix du pétrole légèrement plus élevés. La consommation des
ménages restera atone du fait des pertes de revenus et des incertitudes persistantes.
L’investissement devrait être également freiné étant donné les annonces
d’importantes réductions des dépenses et projets des grandes compagnies
pétrolières. En revanche, une légère reprise de la demande extérieure pourrait
soutenir les exportations.
Malgré le choc de croissance attendu, le risque d’une crise financière en Russie est
faible. Grâce au régime de change flexible de la Russie, à ses importantes réserves de
change (563 Mds USD), à ses marges de manœuvre budgétaires et son faible
endettement, le pays est moins vulnérable que nombre d’exportateurs de pétrole.
L’économie russe est également plus résiliente que lors des épisodes de crise
antérieurs (1998, 2008, 2014). Lors des deux précédentes crises de 2008 et 2014, la
Russie a connu un « credit crunch » : les banques russes ont en effet connu
d'importants problèmes de liquidité et un durcissement des conditions financières,
avec une hausse significative des taux d’intérêt. Par exemple, les taux d’intérêt aux
Source: Refinitiv Datastream
Budget fédéralRUB tn
2014 2015 2016 2017 2018 201912
14
16
18
20
22
Recettes DépensesSource: Refinitiv Datastream
Taux d'intérêt et rendement souverain%
2015 2016 2017 2018 20192
4
6
8
10
12
14
16
taux souverain 10 ans en RUBtaux directeurinflation
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
48
entreprises sont passés de 12 à 17 % en moyenne en 2009 et de 9 à 18 % en 2015. La
situation actuelle est différente, la banque centrale ayant soutenu la liquidité des
banques et le système bancaire russe dans son ensemble étant créditeur extérieur
net.
Russie 2019 2020p 2021p 2022p 2023p
Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol.
PIB en volume, % 1,4 -3,0 -8,5 2,0 5,0 1,5 0,5 1,5 0,5
Inflation, % 4,5 5,0 11,0 4,5 6,0 4,0 4,0 4,0 4,0
Solde budgétaire, % du PIB 1,0 -3,5 -4,5 -1,5 -2,5 -1,0 -2,0 -0,7 -1,0
Dette publique, % du PIB 16 21 28 22 30 22 30 21 29
Base. = Baseline Prol. = Prolongé
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
49
AFRIQUE
La Covid-19 semble progresser plus lentement qu’ailleurs, mais la
faiblesse des systèmes de santé incite à la prudence
Les principales économies de la région seront en récession en 2020
Le rebond attendu pour 2021 dépendra, entre autres, d’un fort
soutien des bailleurs de fonds internationaux
Sur le plan sanitaire, la crise de la Covid-19 semble pour l’instant moins grave
qu’attendue en Afrique, avec une progression du nombre de cas et de décès moins
rapide qu’en Europe ou qu’aux Amériques. Certains facteurs peuvent expliquer cette
performance meilleure qu’attendue : conditions climatiques moins favorables à la
propagation du virus, urbanisation moins avancée et connections moins
développées entre les villes et les campagnes, jeunesse de la population (âge
médian en Afrique de 20 ans) réduisant la proportion de personnes à risques, etc. En
outre, si les mesures sanitaires prises par les différents gouvernements de la région
ont généralement été moins drastiques qu’ailleurs (par exemple, seules les
économies les avancées / formelles – Afrique du Sud, Maroc, Tunisie – ont pu
décréter des confinements obligatoires et nationaux), elles ont le plus souvent été
prises rapidement (parfois même avant l’apparition des premiers cas). Toutefois, en
raison du sous-développement (voire de l’inexistence) des systèmes de santé sur le
continent, les tendances actuelles doivent être prises avec prudence (le nombre de
cas / décès pouvant être sous-estimé) et les risques d’accélération de la pandémie
et de crise sanitaire profonde restent élevés.
Contrairement à 2008-09, où l’Afrique avait été frappée par la crise financière avec
un endettement et une dépendance aux flux de capitaux internationaux limités (en
agrégé pour le continent, à fin 2008 : dette publique à 29 % du PIB et excédent de la
balance des paiement courants), la région est entrée dans la crise de la Covid-19 avec
des fondamentaux macro-économiques dégradés, tant sur le plan des finances
publiques (en agrégé pour le continent, à fin 2019 : dette publique à 58 % du PIB et
déficit public de 5 % du PIB en moyenne) que des comptes extérieurs (avec des
besoins de financements totaux supérieurs à USD 170 Mds l’année dernière). Aussi,
les réponses macro-économiques à la crise de la Covid-19 restent pour l’instant
principalement monétaires : baisses de taux d’intérêt directeurs, mesures de soutien
à la liquidité et au financement bancaires, etc. Des plans de soutien budgétaire
commencent à être annoncés, mais restent soit d’une ampleur limitée (inférieurs à
1% du PIB), soit plus significatifs mais conditionnés à un apport de « new money » de
la part des bailleurs de fonds internationaux. Au total, le continent enregistrera en
2020 une chute drastique de sa croissance. L’hétérogénéité des performances de
croissance au sein de la région, déjà soulignée avant la crise, sera confirmée. D’un
côté, les économies diversifiées ne dépendant pas du tourisme (Côte d’Ivoire,
Éthiopie, Rwanda) ou peu (Sénégal, Kenya) enregistreront des taux de croissance
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
50
en net retrait par rapport à 2019 (souvent aux alentours de 2 % GA) mais
« uniquement » comparables à leurs plus mauvaises performances historiques et a
priori « soutenables ». De l’autre, les économies exportatrices de matières premières
industrielles (Nigéria, Afrique du Sud, Algérie, Angola, Afrique Centrale) et/ou
dépendantes des revenus touristiques (Maroc, Tunisie) enregistreront des
récessions beaucoup plus sévères.
Des marchés de capitaux fermés Les créanciers bilatéraux ne représentent
qu’une faible part du service de la dette
Source : Refinitiv Datastream, SG Études économiques et sectorielles Source : Banque Mondiale, SG Études économiques et sectorielles
Dans l’hypothèse où la pandémie serait effectivement contenue sur le continent, la
profondeur de la récession en 2020 et la matérialisation d’un rebond de croissance
en 2021 (pour l’instant attendu aux alentours de 4,5 %) dépendrait notamment de
l’ampleur du soutien des bailleurs de fonds internationaux en faveur de la région. En
effet, face à la nécessité d’accroître les dépenses publiques (au moins sanitaires dans
un 1er temps, puis pour relancer l’activité dans un 2nd temps), les gouvernements
devront trouver de nouvelles ressources financières, alors même i) que la collecte
fiscale (déjà structurellement défaillante) sera encore amoindrie, et ii) que les
marchés financiers internationaux (source croissante de financements depuis 2017)
devraient rester fermés pour la plupart des pays. Dans ce sens, depuis le début de la
crise, le FMI a multiplié les prêts d’urgence en faveur de l’Afrique (déjà 30 pays
bénéficiaires, pour un montant total de USD 13,3 Mds), alors que les créanciers
bilatéraux (via une initiative du Club de Paris et du G20) ont donné leur accord de
principe à un moratoire sur les remboursements de dettes souveraines en devise qui
leur sont dus en 2020. Cette dernière mesure pourrait toutefois être longue / difficile
à mettre en œuvre (à ce jour, environ une dizaine de pays en bénéficient). Cette
initiative pourrait également être insuffisante, libérant un total théorique de USD 20
Mds pour l’ensemble de la région (à rapporter à un service de la dette total supérieur
à USD 80 Mds, et à un PIB régional de l’ordre de USD 2 400 Mds), posant la question
d’une éventuelle participation des créanciers privés, voire plus généralement de la
nécessité de procéder à des restructurations de dettes plus profondes. (avant la
crise, déjà 19 pays de la région étaient surendettés ou risquaient de le devenir, selon
le FMI).
Source: Refinitiv Datastream
Spreads souverainspb (obligations à maturité 10 ans)
0 500 1 000 1 500 2 000
Afrique du Sud
Nigeria
Angola
Kenya
Cote d'Ivoire
Maroc
Cameroun
Egypte
Actuel 01/01/2020
0
20
40
60
80
100
2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026
Remboursements de dette par créanciers
Multilatéraux Bilatéraux Créanciers privés
USD Mds ; intérêts et amortisation du principal
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
51
AMERIQUE LATINE
La croissance régionale devrait enregistrer sa plus mauvaise
performance depuis les années 1930
Plusieurs banques centrales ont réduit les taux d'intérêt et
lancé de modestes programmes d'assouplissement
quantitatif. La réponse budgétaire a été modérée dans les
grandes économies.
Les risques sont à la hausse car le nombre de cas est toujours
en accélération et la région entre dans cette crise après une
longue période de faible croissance.
La région est gravement touchée par la crise du Covid-19. La récession économique
sera probablement la plus importante parmi les régions émergentes avec un nombre
d'infections et de décès qui ne cesse d'augmenter. Sur le plan économique, la région
devrait enregistrer la récession la plus grave depuis 1930. Outre l'impact
économique des mesures de confinemen, la baisse des prix des matières premières
et la perte de revenus des flux touristiques ou des transferts de fonds des travailleurs
émigrés vont également affecter l'activité. La profondeur de la crise s'est traduite
par une augmentation significative de la volatilité des marchés financiers locaux en
mars et avril, les monnaies de la région ayant subi de fortes fluctuations. Dans
l'ensemble, cette crise devrait prolonger la période déjà longue de croissance lente,
augmentant ainsi la probabilité de tensions sociales dans les années à venir.
La récession est plus marquée dans
les grands pays de la région
Les devises se sont dépréciées par rapport au
dollar
Source : SG Etudes économiques et sectorielles Source : SG Etudes économiques et sectorielles
Au Brésil, la crise sanitaire est particulièrement aiguë, le nombre d'infections et de
décès dus au Covid-19 continuant à augmenter de manière significative. Une forte
récession est attendue. Pour contrer l'impact économique, la Banque centrale a
abaissé son taux directeur à 3 %, son niveau le plus bas depuis le début du régime de
ciblage de l'inflation en 2003. Le Congrès a également autorisé la banque centrale à
s'engager dans des opérations d'assouplissement quantitatif avec des titres de la
Source: Refinitiv Datastream
Croissance du PIB de 2020%
-8
-6
-4
-2
0
Source: Refinitiv Datastream
Taux de change contre USD100= 01/01/2020
janv. 20 févr. 20 mars 20 avr. 20 mai 20 juin 2060
70
80
90
100
110
ARSBRL
CLPCOP
MXNPEN
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
52
dette publique et certains titres d'entreprises. Le gouvernement a annoncé un plan
de relance budgétaire de 4 % du PIB et a ajouté un programme de prêts garantis par
les pouvoirs publics de 6 % du PIB. Globalement, la crise Covid-19 devrait prolonger
la période de croissance anémique du pays (1 % en moyenne depuis 2014)
Au Mexique, le nombre d'infections et de décès continue également à augmenter.
Comme au Brésil, les autorités mexicaines n'ont pas mis en place un confinement
strict. Sur le plan monétaire, la Banque centrale a progressivement réduit ses taux
d'intérêt de 7 à 5 % depuis le début de la crise, mais les taux d'intérêt réels restent
élevés, l'inflation étant tombée à 2 %. Le Mexique n'a présenté aucun plan de relance
budgétaire. Globalement, et compte tenu de la forte dépendance du pays à l'égard
de l'activité économique américaine, des transferts de fonds des travailleurs émigrés
et des flux touristiques, ainsi que de l'absence de soutien budgétaire, le Mexique
devrait connaître la plus forte récession de la région.
L'économie mexicaine devrait enregistrer une forte récession. Le Mexique est la seule grande
économie émergente qui n'a pas mis en place de plan de relance budgétaire
Source : SG Etudes économiques et sectorielles
Les petites économies de la région sont moins impactées par la crise Covid-19. Au
Pérou et au Chili, le nombre de cas continue d'augmenter, mais ces pays ont mis en
œuvre une politique fiscale et monétaire agressive, reflétant leurs fondamentaux
macro-économiques plus solides. Au Pérou, le gouvernement a annoncé une relance
budgétaire de 7 % du PIB, la plus importante de la région, tandis que la Banque
centrale a réduit son taux directeur à 0,25 % dans un contexte d'inflation contenue
et de stabilité du taux de change. Au Chili, le gouvernement a annoncé un plan de
relance de 5 % du PIB, tandis que la banque centrale a réduit son taux principal à
0,25 % et a annoncé qu'elle allait lancer un programme d'assouplissement
quantitatif. En Colombie, le gouvernement a annoncé un plan de relance de 3 % du
PIB, tandis que la banque centrale a également commencé un programme d’achat
d’actifs.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
53
ASIE ÉMERGENTE
Les perspectives de croissance se dégradent rapidement avec la
crise sanitaire Covid-19
La marge de manœuvre de politique économique pourrait soutenir
la croissance dans une certaine mesure
La relation américano-chinoise constitue la plus grande incertitude
La croissance dans la région est gravement touchée par la propagation mondiale de
Covid-19. Le PIB (hors Chine) devrait se contracter en 2020 avant de se redresser en
2021.
Dans un contexte d'incertitude sur la croissance mondiale, la région dans son
ensemble, par rapport au reste du monde, a la capacité de rester relativement
résiliente grâce à sa marge de manœuvre en matière de politique économique. Plus
précisément, les économies qui ont des finances publiques solides et une faible
dépendance à l'égard des financements extérieurs auront plus de flexibilité pour
mettre en œuvre des mesures de relance budgétaire et d'assouplissement
monétaire (cas de la Corée du Sud, de Taiwan, de la Thaïlande et dans une moindre
mesure des Philippines). Ils bénéficient soit d'un solde budgétaire positif, soit d'un
niveau de dette publique raisonnablement bas. Pendant ce temps, leur position
extérieure est solide avec des excédents courants positifs (voire très positifs), c'est-
à-dire la capacité de financer le reste du monde (le solde courant des Philippines
vient de devenir négatif seulement en 2019). Par conséquent, l'augmentation de la
dette publique n'entraînera pas de coûts élevés en l'absence de pressions externes,
ni de risque de dépréciation de la monnaie.
Espace fiscal limité pour certains Besoin de financement externe pour certains
Source : IMF, SG Etudes économiques et sectorielles Source : IMF, SG Etudes économiques et sectorielles
Contrairement au premier groupe, des pays comme l'Inde et l'Indonésie ont les
mains plus liées. L'Inde dispose d'un espace politique très limité (pour plus de
détails, voir page 39). Concernant l'Indonésie, malgré son faible montant de dette
publique (30% du PIB), le gouvernement dépend beaucoup de la dette extérieure
(30% de son endettement). En outre, le pays a des besoins de financement extérieur
VI
PH
TH
ID
MY
TW
KO
IN
-8
-7
-6
-5
-4
-3
-2
-1
0
1
2
20 30 40 50 60 70 80
Ende
ttem
ent n
et (
% P
IB)
Dettes publiques (% PIB)
Finances publiques
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019
Solde courant
India Corée du Sud Taiwan MalaisieIndonésie Thaïlande Philippines Viet Nam
% PIB
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
54
avec un solde courant négatif. Depuis le début de l’épidémie, la banque centrale n'a
baissé qu'une seule fois le taux d'intérêt de 25 points de base à 4,5%, compte tenu
du risque sous-jacent élevé de dépréciation de la devise.
D'autres pays se situent entre les deux. Ils ont une dette publique relativement
élevée mais affichent des excédents courants, ce qui leur permet pour le moment de
s'endetter à faible coût. Cependant, si une dette plus élevée ne s'accompagne pas
d'une productivité plus élevée, les problèmes d'endettement ne seront qu'une
question de temps. Dans ce groupe, nous nous référons au Vietnam et à la Malaisie.
La dépendance à l'égard de la demande extérieure constitue une vulnérabilité car la
région doit faire face à un effondrement de la demande mondiale. En effet, non
seulement la plupart des économies ont un modèle de croissance axé sur les
exportations, mais elles sont également étroitement liées par leur participation aux
chaines de valeur globales. Heureusement, ceux qui ont un degré élevé d'ouverture
économique disposent également de la marge de manœuvre de marge de relance.
Et les deux pays qui ont le moins d'espace de politique économique - l'Inde et
l'Indonésie - ne sont pas aussi exposés à la demande extérieure que les autres.
Beaucoup sont dépendants de la demande mondiale
Source : OCDE, SG Études économiques et sectorielles
Par ailleurs, la région peut encore bénéficier de la reprise en Chine, son premier
marché d'exportation. Même si cette fois la Chine n'offre pas la même demande
qu’en tant que dernier recours, la Chine a quelques mois d'avance sur le
développement de l’épidémie et apporte déjà une relance raisonnable.
Enfin, la plus grande incertitude réside dans les tensions commerciales et
technologiques entre la Chine et les États-Unis. L’issue des négociations allait
remodeler les relations commerciales et financières de la région, et donc la
dynamique économique.
0
10
20
30
40
50
60
70
JPN SGP HKG CHN IND KOR TWN THA MYS IDN PHL VNM
Exposition à la demande externe
A la demande mondiale A la demande chinoise
% PIB
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
55
PAYS DU GOLFE
Le Golfe est confronté à une récession du secteur non-pétrolier et aux
effets de la baisse du prix du pétrole
Les déficits budgétaires devraient se creuser et les excédents
extérieurs s’évaporer à mesure que les recettes pétrolières diminuent
L’Arabie Saoudite accélère les réformes avec une hausse de la TVA et
une réduction des subventions
Frappés par les retombées économiques de la pandémie de Covid-19 et la chute des
prix du pétrole, les pays du Golfe vont connaître la pire récession de leur histoire en
2020. L'ampleur de la contraction pour 2020 et la vitesse de la reprise attendue en
2021 sont soumises à un fort degré d'incertitude. Les mesures de confinement et de
distanciation social ont a affaibli la demande des consommateurs, et le rebond du
secteur des services dépendra en partie de la confiance des ménages. La demande
extérieure est fortement pénalisée par la baisse du commerce international. Les EAU
sont notamment confrontés à l'impact de la crise sur le trafic aérien et le commerce,
qui pèsent sur les secteurs du transport et de la logistique. Sous l’hypothèse d'une
reprise progressive de l’économie mondiale au deuxième semestre de 2020,
l'activité devrait seulement chuter de 3-4%, mais ce chiffre serait bien sûr plus
prononcé dans le cas d’une crise sanitaire prolongée.
Le plus grand facteur d’incertitude vient de la baisse des recettes pétrolières. Le prix
du pétrole a rebondi (36$/b mi-juin versus 24$/b début avril), mais le cours moyen
du premier semestre 2020 reste 35% plus bas qu’au premier semestre 2019. Les prix
du pétrole pourraient rester déprimés dans le scénario d’une crise sanitaire
prolongée, mais également si les producteurs tentent de contrecarrer la faiblesse
des prix par une hausse des ventes. L’issue des négociations et des accords au sein
de l’OPEP+ seront naturellement un facteur d’importance à surveiller.
La diminution de la rente pétrolière pèse sur la capacité à autofinancer des projets
d’infrastructure et par conséquent, se répercute négativement sur l’investissement
public et la croissance des activités non-pétrolières. Par ailleurs, les déficits
budgétaires, conséquences directes de la baisse de la rente pétrolière, sont en passe
de devenir une caractéristique structurelle.
Les prix du pétrole qui équilibrent les finances publiques ont généralement baissé
depuis 2014 grâce à des mesures d'austérité, entre autres l’introduction de la TVA en
Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Bahreïn et la diminution des
subventions et des transferts sociaux dans la plupart des pays. Les pays de la région
ont même repris les ajustements budgétaires malgré la récession. À Oman, les
salaires des employés du gouvernement ont été réduits, tandis que le Bahreïn a
annoncé la réduction de ses dépenses de fonctionnement de 30 % et pourrait
approuver un règlement autorisant les congés sans solde pour les employés du
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
56
secteur public. L’Arabie Saoudite va tripler la TVA pour la porter à 15 % à partir du 1er
juillet 2020 et a suspendu l'allocation mensuelle de 1 000 SAR (267 USD) versée aux
salariés saoudiens de la fonction publique. Or, les prix « break even » restent encore
trop élevés par rapport aux prix du pétrole actuels et les budgets nationaux resteront
en déséquilibre sur le moyen terme.
La chute des recettes pétrolières pèse aussi sur la balance de paiements, comme
l’atteste la baisse des réserves de change, par exemple en Arabie Saoudite. Le solde
courant des six pays du GCC devrait passer d’un excédent assez confortable en 2019
à un déficit en 2020 selon les estimations du FMI, malgré la baisse prévue des
importations. Pour des pays avec une dotation relativement faible d’avoirs
extérieurs sous contrôle public (Bahreïn, Oman), la diminution de la rente pétrolière
pourrait se traduire à terme par une perte de la marge de manœuvre des banques
centrales pour assurer la parité de change fixe.
La région se prépare depuis longtemps pour faire face à des défis de moyen terme,
que cette crise rend encore plus d’actualité. Les plans nationaux de développement
économique envisagés par les monarchies du Golfe sont axés sur la modernisation
de l'économie, le développement des énergies renouvelables et les reformes visant
à isoler les revenus de la volatilité des prix du pétrole. Or, cette transition n’est pas
un chemin dégagé d’obstacles, avec des défis considérables au niveau du marché de
travail et de régulation des marchés, souvent perçus comme un obstacle pour le
développement du secteur privé. Les préoccupations géopolitiques restent
également une source d'incertitude. Les attaques par drones contre des installations
pétrolières de l’Arabie saoudite en septembre 2019 ont fait monter l’incertitude
quant à la possibilité d’une confrontation militaire sur fond de rivalité géopolitique
entre l’Iran et le royaume saoudien. Or, les tensions se sont dissipées et l'équilibre et
la diplomatie semblent prévaloir à l’heure actuelle. Le blocus imposé au Qatar
depuis 2017 par ses voisins, sans toutefois menacer la stabilité politique, réduit les
perspectives commerciales des entreprises ayant une activité dans toutes les
économies de la région.
Sur une note positive, l'Arabie saoudite préside et accueille le G20 en 2020,
confirmant l'intention du pays d'assumer une position d’ouverture sur la scène
internationale. L'exposition universelle de Dubaï a été décalée pour 2021, mais cela
devrait toujours attirer l’attention du monde des affaires.
Prix du pétrole
"breakeven", $/b
Déficit
budgétaire, % PIB
Dette publique, % PIB
Solde courant, %
PIB
Réserves de change, $ Mds
2019 2019 2020p 2019 2020p 2019 2020p déc-19 avr-20 Bahreïn 95 .. .. .. .. -2.9 -9.6 3.7 .. Koweït 54 4.8 -11.3 11.6 18.9 8.9 -10.2 39.9 .. Oman 87 -7 -16.9 62.6 78.3 -5.2 -14.2 17 16.3 Qatar 49 4.1 5.2 52.3 57.4 2.4 -1.9 54 55.7 Arabie saoudite 86 -4.5 -12.6 22.8 34 6.3 -3.1 502 448 Émirats arabes unis 70 -0.8 -11.1 26.6 33.6 7.4 1.5 106 99 Source: IMF Fiscal Monitor April 2020, IMF World Economic Outlook April 2020, IMF Regional Outlook 2019.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE
Face à l’épidémie de Covid-19 et aux mesures de confinement mises
en œuvre, la croissance du PIB devrait se contracter dans les PECO
en 2020, en ligne avec la forte récession enregistrée en zone euro.
Les banques centrales de la région ont mis en place des mesures
d'urgence (baisse des taux, assouplissement quantitatif, mesures
prudentielles), tandis que la taille des stimulus budgétaires n’a
cessé d'augmenter depuis mars.
Le principal risque serait la résurgence de la crise sanitaire associée
à un retrait prématuré du soutien des politiques économiques et à
un risque financier systémique.
Au T1-20, la croissance a mieux résisté en Europe centrale et orientale que dans les
économies développées, à l'exception de la Slovaquie et de la République tchèque,
deux pays fortement intégrés dans les chaînes de valeur mondiales. Le
ralentissement observé au 1er trimestre est principalement lié à la sensibilité de la
région au commerce mondial, alors que la demande intérieure n'a pas encore été
affectée par les mesures de confinement mises en œuvre à partir de fin mars.
Les gouvernements n’ont en effet pris des mesures sanitaires pour contenir
l'épidémie de Covid-19 qu’en mars. La mise en œuvre des mesures de distanciation
sociale a marqué un tournant et l'activité a commencé à chuter fortement à partir
d'avril. La publication du PIB au T2-20 reflétera donc l'essentiel de l'impact, comme
le suggèrent l’effondrement des enquêtes auprès des directeurs d’achat ainsi que les
données sur la congestion des routes dans les grandes villes. La sortie des mesures
de confinement a été jusqu'à présent très progressive depuis fin avril ou début mai.
La reprise de l’activité sera donc très modérée au cours du 2nd semestre 2020 et la
croissance restera donc inférieure à son potentiel pendant plusieurs années.
Les pays ayant de larges secteurs du tourisme et de la vente de détail (Croatie et
Roumanie) ont particulièrement souffert de la crise du Covid-19. De même, les pays
très exposés à l'effondrement de la demande extérieure ont également connu les
plus fortes chutes d’activité. Ainsi, la République tchèque et la Slovaquie – pays les
plus intégrés dans les chaînes de valeur mondiales – ont significativement ralenti,
puisque de nombreuses usines automobiles ont cessé leurs activités pendant
plusieurs semaines.
La forte baisse de la demande, associée à la chute des prix du pétrole, a
profondément modifié les perspectives d'inflation en inversant la tendance à la
reflation observée en 2019.
La chute brutale de l'activité dans toute la région a incité les autorités à mettre en
place un ensemble de mesures de relance.
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
58
Ces soutiens budgétaires comprennent généralement une augmentation des
dépenses sociales, des réductions d'impôts et l'octroi de prêts et de garanties aux
secteurs et aux entreprises les plus touchés par la crise du Covid-19. Les mesures de
relance budgétaire, conjuguées à la faiblesse cyclique des recettes, entraîneront des
déficits budgétaires importants dans toute la région et une augmentation des ratios
de dette publique. Certains pays sont donc confrontés à des dérapages significatifs
de leur finances publiques comme la Roumanie, qui devrait afficher un déficit
budgétaire de 9 % du PIB en 2020, tandis que d'autres – comme la Pologne –
conservent des déficits budgétaires contenus. En outre, l'augmentation des ratios
de dette sur PIB pourrait être difficile à résorber dans les pays dont le poids de la
dette est déjà élevé, comme la Hongrie par exemple.
La récession mondiale, les fermetures de frontières et les mesures de confinement
auront également un effet significatif sur les comptes extérieurs par le biais des
exportations et des recettes touristiques. Toutefois, la forte baisse des prix du
pétrole et l'affaiblissement de l'activité devraient réduire les besoins de financement
externes grâce à la diminution des importations d'énergie et à la contraction globale
des importations.
En termes de politique monétaire, les banques centrales des PECO – à l'exception de
la Hongrie – ont réduit leurs taux directeurs, de manière plus agressive en Turquie et
en République tchèque. Certaines banques centrales (notamment en Pologne, en
Turquie, en Hongrie et en Roumanie) ont également commencé à acheter des titres
d'État pour assurer le bon fonctionnement des marchés obligataires et fournir des
liquidités suffisantes pour que les banques puissent soutenir le crédit au secteur
privé. Ce type d'assouplissement quantitatif pourrait même s'intensifier davantage
en Hongrie et en Pologne, où les taux directeurs sont proches de zéro. La banque
centrale de Roumanie est également intervenue pour limiter les pressions à la
dépréciation sur le RON.
L'assouplissement monétaire conjugué à une hausse de l’aversion pour le risque
devrait maintenir des pressions à la baisse sur les devises de la région dans les mois
à venir. Le RON devrait continuer à être soutenu par la banque centrale, tandis que
la volatilité de la CZK, du HUF et du PLN restera plus élevée. Presque toutes les
banques centrales de la région ont réduit leurs taux directeurs. Les monnaies des
PECO resteront sous pression dans les prochains mois
ScénarioÉco N° 40 | juin 20
59
La majorité des banques centrales de la région
ont réduit leurs taux directeurs
Les pressions à la dépréciation des devises des
PECO devraient perdurer au S2-20
Source : Refinitiv, SG Études économiques et sectorielles Source : Refinitiv, SG Études économiques et sectorielles
La Roumanie reste le maillon faible de la région, le pays affichant des déséquilibres
macro-économiques depuis 3 ans. Outre des déficits jumeaux croissants, le modèle
de croissance roumain a été caractérisé par la prédominance de la consommation
privée et par un sous-investissement structurel. Avec un stimulus budgétaire
s'élevant à plus de 2 % du PIB, le déficit budgétaire pourrait atteindre 9 % du PIB en
2020 et 7 % du PIB en 2021. Dans ce contexte, la question du financement du déficit
budgétaire se posera dans les prochaines années. La répression financière est une
option même si les banques affichent déjà un niveau historiquement élevé
d'exposition souveraine dans leurs bilans.
Source: Refinitiv Datastream
Taux directeurs%
2014 2015 2016 2017 2018 20190,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
Rep. TchèquePologne
HongrieRoumanie
Source: Refinitiv Datastream
Taux de change face à l'EUROIndice 100 = 2016
2016 2017 2018 2019 202085
90
95
100
105
110
CZKHUF
PLNRON
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60
CONTACTS
Michala MARCUSSEN Chef économiste Groupe +33 1 42 13 00 34 [email protected]
Clément GILLET Afrique
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+33 1 58 98 05 35 [email protected]
Marie-Hélène DUPRAT Conseiller auprès du Chef économiste +33 1 42 14 16 04 [email protected]
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+33 1 42 14 72 88 [email protected]
Ariel EMIRIAN Analyse macroéconomique +33 1 42 13 08 49 [email protected]
Simon RAY Analyse macrofinancière ; Royaume-Uni
+33 1 42 13 70 80 [email protected]
François LETONDU Analyse macrosectorielle et macrofinancière +33 1 57 29 18 43 [email protected]
Valérie RIZK Analyse macrosectorielle
+33 1 58 98 82 85 [email protected]
Constance BOUBLIL-GROH Europe centrale et orientale, Russie +33 1 58 98 98 69 [email protected]
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Olivier DENAGISCARDE Analyse macrosectorielle +33 1 58 98 74 22
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Moyen-Orient, Turquie et Asie centrale +33 1 42 14 92 87
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ScénarioÉco N° 40 | juin 20
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