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FRANCINE OUELLET ** GILLES FORGET ** DANIELLE DURAND UNE VILLE ET DEUX QUARTIERS EN SANTE ÉTUDE DE CAS DES TROIS PREMIERES INITIATIVES DANS L'ILE DE MONTREAL Direction de la Santé publique Régie régionale de Montréal-Centre INSPQ - Mont 556 0 0 0 4 6 6 0

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FRANCINE OUELLET ** GILLES FORGET ** DANIELLE DURAND

UNE VILLE ET DEUX QUARTIERS EN SANTE

ÉTUDE DE CAS DES TROIS PREMIERES

INITIATIVES DANS L'ILE DE MONTREAL

Direction de la Santé publique

Régie régionale de Montréal-Centre INSPQ - Mont

5 5 6 0 0 0 4 6 6 0

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Institut national de santé publique du Quebec 4835, avenue Christophe-Colomb, bureau 200

Montréal (Québec) H2J3G8 Tél.: (514) 597-0606

Décembre 1993

Direction de santé publique, Régie Régionale de Montréal-Centre:

USP Lakeshore 175, chemin Stillview, Bureau 310 Pointe-Claire (Québec) H9R 4S3 Tél.: (514) 694-2055

USP Maisonneuve-Rosemont 5565, Sherbrooke est, suite 470 Montréal (Québec) H1N IA2 Tél.: (514) 252-3970

USP Sacré-Cœur 75, de Port-Royal est Bureau 240 Montréal (Québec) H3L 3T1 Tél.: (514) 858-75J0

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FRANCINE OUELLET Agente de recherche

Unité de santé publique Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal

GILLES FORGET Conseiller en promotion de la santé

Unité de santé publique Hôpital Maisonneuve-Rosemont

DANIELLE DURAND Agente de recherche

Unité de santé publique Hôpital du Lakeshore

UNE VILLE ET DEUX QUARTIERS EN SANTÉ:

ÉTUDE DE CAS DES TROIS PREMIÈRES

INITIATIVES DANS L'ÎLE DE MONTRÉAL

Ce projet a été subventionné par la Régie régionale de la Santé et des Services sociaux de Montréal-Centre, dans le cadre du programme régional de subvention pour projets d'études et d'analyse en santé communautaire.

Le lecteur voudra bien prendre note que c'est uniquement dans le but d'alléger le texte que nous avons utilisé le masculin pour désigner à la fois les femmes et les hommes partenaires des projets à l'étude.

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REMERCIEMENTS

La présente évaluation a été rendue possible grâce à la collaboration, à l'appui et aux conseils de

multiples personnes. Nous tenons à remercier chaleureusement les suivantes:

Tout d'abord- Les citoyens, lesTélus, les divers partenaires du secteur privé, public ou

communautaire des trois sites à l'étude;

Les responsables des comités promoteurs de Mercier-est, Quartier en santé,

de Vivre Saint-Michel en santé et du comité aviseur de Pointe-Claire, Ville

en santé;

Les participants au comité pilotage: André Bergeron, Marcel Carmoni,

Claudette Charest, Len Cocolicchio, Micheline Daigle, Adrien Sansregret;

ensuite - Josée Boucher et Pierre Racine, tous deux technicien-ne-s en recherche;

Carole Gagnon, coordonnatrice du comité pilotage et du bulletin de

liaison;

Les lecteurs qui ont commenté la version préliminaire de ce rapport: Gilles

Beauchamp, André Bergeron, Claudette Charest, Danielle De Coninck,

Pierre Laurence, Daniel Tremblay;

et puis - Diverses personnes liées de près ou de loin au mouvement Villes en santé,

dont Michel O'Neill de l'Université Laval et les responsables de Vivre

Montréal en santé;

Marielle Trépanier qui a fait la mise en page de ce rapport; Diane

Guilbault et Lise Morin qui ont collaboré aux figures;

Yves Laplante qui a fait la mise en page des cinq bulletins de liaison;

Pierre Provencher qui nous a fourni les cartes géographiques.

enfin

ii

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T A B L E D E S M A T I È R E S

REMERCIEMENTS I

TABLE DES MATIÈRES II

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I 3

Mise en contexte

1. Le mouvement Villes en santé et ses stratégies . . .' • • • 5 • 2. À propos de deux mots clés reliés au concept Villes en santé 6

2.1 L'action'intersectorielle 7 2.2 La pârticipaâon des citoyens . . 8

3. L'évaluation des initiatives Villes en santé 10 3.1 Une première vague: la recherche-d'indicateurs 10 3.2 Une seconde vague: quelques analyses de"processus et vers des

évaluations' interactives 11 4. Nos choix de recherche 13

4.1 Un ressourcement de la théorie par la recherche empirique \ . . . 13 4.2 Une conception de l'action sociale comme un lieu"de négociation 13 4.3 Une stratégie de recherche systémique: l'étude de cas 14 4.4 Un processus interactif 14

CHAPITRE II 15

Méthodologie

1. Un cadre de référence de départ pour comprendre l'implantation des initiatives Villes en santé 17

2. Diverses sources d'information 19 3. Pour susciter l'interaction: deux dispositifs de recherche 21^> 4. L'analyse des données: un processus interactif et rigoureux

ii

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CHAPITRE ID 25 i

Mercier-est quartier en santé '

1. Le quartier, ses caractéristiques et ses ressources 27 2. L'origine du projet 28 3. Une cohérence des objectifs fondée sur une convergence d'intérêts 30 4. La structure de concertation et son fonctionnement 32

4.1 Un fonctionnement-type d'un projet de quartier en santé 32 4.2 La consolidation du fonctionnement 34 4.3 La prise en charge par les citoyens 34

5. Mise en oeuvre de la participation et de l'action intersectorielle 35(

5.1 La participation des citoyens: au coeur de l'initiative 35; 5.2 Du développement communautaire à l'action intersectorielle: ; un chemin tortueux 37i i

6. Les activités réalisées: un panorama de quatre années de travail 39| 6.1 Une première série d'actions (1987 - avril 1990) 39, 6.2 Une deuxième période marquée par la reprisé d'activités et des

.opportunités (avril 1990 - avril 1991) 43| 6.3 La troisième période: un certain essoufflement (avril 1991 -) 46 6.4 Un bilan des activités 47

7. Perceptions générales sur les résultats 471 7.1 Le succès: servir de modèle 47' 7.2 La participation et l'action intersectorielle: deux réussites 481 7.3 Des effets moins manifestes 49 j 7.4 Les défis: la continuité et la relève 50 !

ÉPILOGUE : 51 ; . • ; ' I

»

CHAPITRE IV 53i i

Pointe-Claire ! i

1. La ville, ses caractéristiques et ses ressources 55 1.1 La position stratégique de Pointe-Claire 55 1.2 ...et un environnement politique et social propice à la mise en place

de m 55 2. L'origine du projet 57

2.1 Une consultation publique 57 2.2 Un consensus sur la qualité de vie 58 1

3". Les objectifs du projet et les intérêts des partenaires 58 ! 3.1 Une politique de santé municipale 58 3.2 Vers un territoire en santé 59 j

i

m

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4. La structure de concertation et son fonctionnement . 60 4.1 La composition du commité WS et ses mandats 60 4.2 L'efficacité du comité 62

5. La mise en oeuvre de la participation et de l'action intersectorielle 63 5.1 Une participation des citoyens aux activités 63 5.2 Une intersectorialité présente dans les projets 64

6. Les réalisations 65 6.1 Huit projets du DSC 65 6.2 Quatre projets de la Ville 68 6.3 Un seul projet provenant du CLSC 68 6.4 Trois projets entrepris dans le cadre de WS 68 6.5 Les retombées 69 6.6 Les succès des projets 69

7. Perceptions générales sur les résultats 71 7.1 L'avenir et les défis de l'initiative de Pointe-Claire 71 7.2 Des effets perceptibles 72

ÉPILOGUE . 74

CHAPITRE V 75

Vivre Saint-Michel en santé

1. Le quartier, ses caractéristiques et ses ressources 77 2. L'origine du projet 79 3. Les objectifs et les intérêts des organismes et des citoyens mobilisés 80 4. La structure de concertation et son fonctionnement 82

4.1 On affecte du personnel et on crée divers comités pour faire fonctionner la structure 82

4.2 Une opinion en général favorable sur la structure et les événements qu'elle organise 83

4.3 Le soutien aux comités d'action: un point névralgique 84 4.4 Plus de la moitié des comités de travail fonctionnent bien 86

5. Mise en oeuvre de la participation et de l'action intersectorielle 88 5.1 La participation des citoyens: une réflexion en cours 88 5.2 Un bel exemple de concertation 90

6. Les réalisations des comités d'action 91 6.1 Divers domaines sont ciblés 91 6.2 Des approches variées 93 6.3 Plusieurs projets obtiennent du succès 94

7" Perceptions générales sur les résultats de VSMS 96 ÉPILOGUE 98

ii

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CHAPITRE Vl 9Sj

Synthèse: Second cadre de référence et discussion | i

1. Un nouveau cadre de référence 101| 1.1 Les variables 103,

1.1.1 L'ambiance 107j 1.1.2 La démarche de coalition 107

1.2 La dynamique 110 1.2.1 Une interaction continue avec l'ambiance 110 1.2.2 Un consensus négocié 110 1.2.3 Une évolution en continu, avec des oscillations 111

2. Discussion 113 2.1 La recherche de constantes 113

2.1.1 Des ressemblances 114 2.1.2 Et aussi des différences 115

2.2 À propos de l'action intersectorielle, de la participation des citoyens et du développement des politiques publiques saines 116 2.2.1 Retour sur les écrits 116 2.2.2 Nos constatations • 116

2.3 Un nouveau regard sur l'évaluation des résultats 118 2.3.1 Les objectifs et les activités réalisées . 118 2.3.2 Les succès perçus 118

2.4 L'approche interactive: ses exigences, son utilité 120 2.4.1. Des exigences peu usuelles pour des

chercheurs 120 2.4.2. Du temps pour que les évalués apprivoisent la démarche 121 2.4.3. L'utilité de la recherche pour les évalués: De bonnes discussions mais aussi des prises de conscience 122 2.4.4 Un scénario pour une évaluation interactive 123

CONCLUSION 125

RÉFÉRENCES

ANNEXE I Variables, dimensions, indicateurs

ANNEXE H Canevas d'entrevue

ANNEXE m Les cinq numéros du bulletin de liaison

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LISTE DES FIGURES

FIGURE 2.1 Cadre de référence de départ 13

FIGURE 2.2 Un processus d'analyse continu et interactif 23

FIGURE 6.1 Second cadre de référence: La démarche de coalition et son interaction avec l'ambiance . . 102

FIGURE 6.2 Second cadre de référence: Évolution des trois initiatives 112

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 2.1 Portrait des personnes interrogées par site 16

TABLEAU 3.1 MEQES: Objectifs et priorités d'action des comités de travail . . . . 25

TABLEAU 3.2 MEQES: Réalisations des comités, 1989-1992 34

TABLEAU 4.1 Pointe-Claire: Objectifs des projets et activités,

1988-1992 66

TABLEAU 5.1 VSMS: Synthèse du fonctionnement des comités d'action 87

TABLEAU 5.2 VSMS: Évolution des objectifs depuis la tenue du forum dans chacun des comités d'action 92

TABLEAU 5.3 VSMS: Résumé des opinions recueillies sur le succès des 11 projets de l'année dans les comités d'action 95

TABLEAU 6.1 Liste des 15 conditions de réussites d'un projet Villes et villages en santé, proposées par Fortin et al 113

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«Unless data are turned into stories that can be understood by all, they are not effective in any process of change, either political or administrative.» Duhl et Hancock (1988)

I N T R O D U C T I O N

¥ illes en santé est un mouvement international destiné à concrétiser une nouvelle façon de concevoir les actions pour la santé. Certaines de ses idées sont empruntées aux mouvements sociaux contemporains tels les mouvements écologique et féministe ou encore

le développement communautaire. Ce concept a l'originalité de rapprocher le monde de la santé du monde municipal et des autres partenaires des différents secteurs d'activités (environnement, éducation, loisirs, culture, économie et aménagement du territoire...). Il vise à ce que les gouvernements tiennent compte de l'impact de leurs décisions et de leurs actions sur la santé. Le virage santé qu'il propose repose sur deux grands principes d'action, soit la pratique de la participation des citoyens et celle de l'action intersectorielle.

Si le Canada a donné le coup d'envoi au mouvement nord-américain de Villes en santé, c'est au Québec que sa structuration a été la plus rapide. Après des expériences concluantes à Rouyn-Noranda et à Sherbrooke, des initiatives Villes en santé sont mises en place dans toutes les régions. On recense actuellement près de 80 projets de Villes et villages en santé réunis au sein du réseau québécois. Celui-ci facilite la diffusion d'information, organise des événements publics afin de jeter des ponts entre les projets d'ici et d'ailleurs et soutient le développement de nouvelles initiatives. La remise en question de l'État-providence, la propension à demander aux municipalités de gérer une portion de plus en plus importante des services publics, l'intérêt pour la promotion de la santé dans les services de santé et l'éveil de la conscience écologique dans la population sont autant de facteurs mis de l'avant (Fortin et al, 1991) pour expliquer l'évolution fulgurante du mouvement québécois.

Le développement du mouvement Villes en santé est particulièrement rapide sur l'île de Montréal. Le quartier Mercier-Est et la ville de Pointe-Claire sont entrés dans le mouvement en 1988; le quartier Saint-Michel a suivi en 1990. À présent, 12 des 29 municipalités de l'île ont adhéré par résolution municipale au réseau, dont la Ville de Montréal en 1990. Le projet montréalais Vivre

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Montréal en santé (VMS) s'appuie sur une approche particulière qui favorise l'implantation graduelle de comités promoteurs dans les quartiers. On y dénombre actuellement 10 initiatives de Quartiers en santé sur une possibilité d'environ 22.

Devant un tel engouement, plusieurs personnes, décideurs et participants, s'interrogent sur les conditions de succès des initiatives et sur "la portée des actions qu'elles génèrent. Le présent rapport de recherche expose les résultats d'une étude de cas comparative des trois premières initiatives de Villes et quartiers en santé sur l'île de Montréal: les projets Mercier-Est, Quartier en santé (MEQES), Vivre Saint-Michel en santé (VSMS) et Pointe-Claire, Ville en santé1. Il a été préparé par une équipe de recherche en provenance de trois Départements de santé communautaire (les DSC sont maintenant devenus des Unités de santé publique) impliqués dans les initiatives étudiées à titre de partenaires dans l'action intersectorielle.

Ce rapport de recherche a été précédé de textes préliminaires, publiés en cours de collecte de données, entre février et septembre 1992, dans un bulletin de liaison destiné aux membres des trois comités promoteurs des initiatives étudiées. En effet, si la présente évaluation vise à identifier ce qui favorise l'implantation d'initiatives de Villes en santé9 à voir comment elles évoluent et quels en sont les résultats, elle voulait aussi expérimenter une approche interactive favorisant l'utilisation des résultats en cours ou après la recherche par les acteurs des initiatives étudiées.

Alors que le chapitre I situe cette évaluation dans le contexte du mouvement Villes en santé et de la recherche en ce domaine, le chapitre II fait état des différents aspects de la méthodologie utilisée. Les récits présentés dans les chapitres HI, IV et V relateront l'origine et le développement de chaque initiative étudiée jusqu'au moment de la fin de la période d'observation, soit jusqu'en juin 1992. Nous y parlerons du contexte dans lequel elles sont nées et ont évolué, de leur fonctionnement, de leurs activités ou projets, du bilan qu'en font les acteurs, en nous intéressant à la façon dont se réalisent l'action intersectorielle et la participation des citoyens. Ces récits nous amèneront à présenter au chapitre VI un schéma théorique pour expliquer comment naissent et évoluent les initiatives Villes en santé puis à discuter des résultats en les situant dans le champ de la recherche. En conclusion, nous proposerons des pistes d'action pour les initiatives Villes en santé.

L'initiative de Pointe-Claire n'a pas encore de nom officiel. Il nous arrivera de l'appeler Pointe-Claire, Ville en santé par analogie avec le mouvement Villes en santé.

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Après avoir traité des assises conceptuelles du mouvement Villes en santé, de ses stratégies d'action et de notions sous-jacentes, cette première partie présentera ensuite l'évolution de la recherche évaluative dans le mouvement puis exposera nos choix de recherche.

1. L E M O U V E M E N T VILLES EN SANTE

E T S E S S T R A T É G I E S

Afm de faciliter l'atteinte de la Santé pour tous en l'an 2000, objectif de l'Organisation Mondiale de la Santé (en 1979), les responsables de la santé publique de plusieurs pays se réunissent en 1986 à Ottawa et produisent une Charte (OMS et al, 1986) pour

orienter la santé publique dans le monde. Cette dernière, conçue la même année que le plan d'ensemble pour la promotion de la santé du ministère de la Santé et du Bien-être social du Canada (Epp, 1986), repose sur les stratégies suivantes:

1) Élaborer une politique publique saine. Il s'agit ici d'inscrire «la santé à Tordre du jour des responsables politiques [...] en les éclairant sur les conséquences que leurs décisions peuvent avoir sur la santé».

2) Créer des milieux favorables. Étant donné les liens qui unissent les individus à. leur milieu, les experts préconisent de développer une approche socio-écologique de la santé.

3) Renforcer l'action communautaire. La communauté doit participer activement «à la fixation des priorités, à la prise de décisions et à l'élaboration des stratégies de planification».

4) Acquérir des aptitudes individuelles. Les capacités individuelles ne sont pas seulement définies en regard de comportements de santé mais aussi en fonction du développement individuel et social.

5) Réorienter les services de santé. Le secteur sanitaire doit se doter d'un nouveau mandat: plaider pour une politique sanitaire multisectorielle et soutenir les individus et les groupes dans l'expression de leurs besoins et l'adoption d& modes de vie sains.

Au début de 1986, le Bureau régional européen de l'OMS avait lancé le mouvement Healthy cities (OMS, 1986). L'idée d'appliquer ainsi au niveau municipal le concept d'une politique

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publique favorisant la santé avait pris forme en 1984 à Toronto dans un atelier (.Healthy Toronto 2000) tenu au cours d'une conférence intitulée Au-delà des soins de santé.

Le concept de Villes en santé s'inspirait lui-même des recherches de Duhl (1963) concernant l'impact du développement urbain sur la santé mentale des citadins. La ville est perçue par lui comme un organisme composé de plusieurs sous-systèmes, qui apprend de ses erreurs, s'adapte aux changements, se regénère, communique et échange avec ses semblables (Hancock et Duhl, 1986; Massé et Thibault, 1988). La ville devient un écosystème, c'est-à-dire:

«Un système vivant d'interactions entre les organismes vivants et leur environnement physique, biologique et social, formé d'une variété de groupes coopérant ou en compétition et qui sont dans un état d'équilibre dynamique.» (traduction du DSC Hôpital Saint-Sacrement, 1987)

Pour faire partie des réseaux Villes en santé, les villes doivent remplir certaines conditions (Hancock, 1987):

1. manifester leur engagement officiel au projet Villes en santé; 2. élaborer un plan d'action-santé basé sur une approche participative et multisectorielle; 3. mettre en application des stratégies d'action spécifiques dans le cadre du projet; 4. obtenir le financement nécessaire; 5: accepter de constituer des indicateurs clés de santé; 6. s'engager à travailler avec un réseau de villes désirant collaborer au projet.

2 . À P R O P O S D E D E U X M O T S C L É S

D U C O N C E P T VILLES EN SANTÉ

L'action intersectorielle et la participation des citoyens sont présentées comme des mots clés du concept de Villes en santé (OMS, 1986; Ville de Montréal, 1990). La présente section tentera de dégager ce qui ressort des écrits sur le sujet en se référant, quand il

sera possible, aux auteurs reliés de près ou de loin^au -mouvement.

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2.1 L'action intersectorielle

La pratique de Taction intersectorielle est somme toute assez récente au sein des organisations et les études qui en découlent sont peu nombreuses. Disons d'entrée de jeu que l'action intersectorielle est souvent identifiée à la concertation et que sa spécificité pourrait consister à être davantage orientée vers l'action que vers l'information, ou encore à réunir des acteurs de divers secteurs d'activités plutôt que d'un seul secteur.

L'analyse sociologique du phénomène démontre que son émergence est due à une redéfinition des rapports entre les différentes formes de pouvoir dans nos sociétés post-industrialisées (Santé et société, 1988) et à l'évidence qu'on ne peut régler des problèmes de plus en plus complexes dans un seul champ de compétence.

Au début des années 1960, Levine et White (1961) proposent l'échange comme le concept central d'un modèle théorique pour comprendre les relations inter-organisationnelles. Dans un contexte de rareté des ressources, les échanges entre les organisations sont essentiels pour atteindre les buts. L'échange {organisational exchange) est alors défini comme une activité volontaire entre deux organisations en vue de réaliser des buts et des .objectifs respectifs. Pour que les échanges se fassent, il faut qu'il y ait consensus sur les champs de compétence de chaque organisme (idomain consensus).

Bob Hudson (1987) poursuit la réflexion de Levine et White en suggérant un cadre de référence pour l'analyse de la collaboration à l'intérieur d'un même secteur d'activités à partir d'une recension des écrits américains. Il identifie des facteurs d'ordre structuraux qui constituent des prérequis à la collaboration inter-organisations tels que la similarité dans les structures et les fonctions des partenaires, le domain consensus, l'ouverture au fonctionnement en réseaux, l'échange organisational, etc.

À la même époque, Challis et al. (1988) étudient sept projets locaux inter-organisations à la lumière de deux modèles: la conception optimiste (basée sur un partage des mêmes valeurs et d'intérêts communs en rapport avec la clientèle et sur un consensus) et la conception pessimiste (centrée sur les intérêts des individus et des organisations). L'analyse des sept expériences leur font conclure que les facteurs structuraux, facilitateurs ou non (ressources, culture des organisations, etc.), sont moins importants que les déterminants ou facteurs de processus (équilibre entre les coûts investis et les bénéfices retirés). Les auteurs proposent alors une nouvelle approche, le planned bargaining model Cette approche vise à réglementer les facteurs de processus notamment en instaurant des mesures incitatives à la concertation et des mécanismes d'évaluation de la concertation.

En lien avec le mouvement Villes en santé cette fois, Jane Springett (1989) conclut, à partir d'une recension des écrits et de l'examen du projet de Liverpool, que l'action intersectorielle est un processus complexe qui mène fréquemment à des échecs. Contrairement à d'autres, l'auteure insiste davantage sur des facteurs d'ordre personnel et la volonté des acteurs que sur la formalisation des projets. Ainsi, l'action intersectorielle fonctionne là où les individus impliqués

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ont su créer de bons réseaux de communication {networking).

À la suite d'un séminaire international sur l'action intersectorielle organisé par l'OMS-Europe, Taket et ses collaborateurs (1988) proposent des facteurs de succès à la fois structurels et de processus: 1) flexibilité et opportunisme; 2) reconnaissance des différences dans les cultures des organisations; 3) importance de la communication et échange d'informations; 4) démonstration des aspects positifs tels bénéfices économiques, identification et atteinte de buts communs, négociations et partenariat équitable.

Plus près de nous, Robert Schneider (1987) présente une définition de la concertation à partir de trois expériences québécoises, dont deux dans le domaine de la santé. Selon cet auteur, la concertation est essentiellement une démarche, un moyen, un mode de relation. La concertation est une approche complexe. Entre autres choses, elle doit être soutenue par la volonté et l'acharnement des gestionnaires qui la pratiquent et elle se décrit au moyen de sept critères. Parmi ces critères, mentionnons d'une part à propos de la structure, les bases d'adhésion (volontaire ou coercitive) et les finalités recherchées; d'autre part à propos du processus, les règles de fonctionnement, le statut juridique et la régularité des pratiques. Finalement, il n'identifie que très peu d'expériences positives dans le domaine.

En s'inspirant en grande partie de Schneider, les auteurs du Cahier sur la Promotion de la. santé de Santé et Société (1988) en arrivent à proposer cinq conditions de réalisation de l'action intersectorielle parmi lesquelles on retrouve l'identification des priorités et l'aboutissement à des actions concrètes. Par ailleurs, ils exposent des conditions de réussite de nature structurelle (la coordination et la reconnaissance du mandat par l'institution concernée); de nature personnelle, intellectuelle ou professionnelle (mentionnons entre autres l'orientation privilégiant la clientèle et l'ouverture aux autres); et de nature fonctionnelle (le partage équilibré des coûts et des gains entre les participants, par exemple).

Les écrits de Levine et les plus récents travaux nous permettent donc d'envisager la concertation et l'action intersectorielle sous trois angles: 1) les facteurs structuraux (facteurs relevant des individus et des organismes) qui constituent les prérequis de l'action intersectorielle; 2) les facteurs liés au processus et au fonctionnement qui doivent être mis en place; 3) les facteurs de résultats qui relèvent des coûts/bénéfices perçus par les partenaires au sujet de leur participation et de l'action intersectorielle.

2.2 La participation des citoyens

L'OMS (1986) définit la participation communautaire comme le fait d'individus qui s'inscrivent dans des processus de décision collective en vue d'améliorer leur bien-être et celui de leur communauté. Nous utilisons ici le terme participation des citoyens de préférence à participation communautaire en référence aux résidants participants, insérés ou non insérés dans des groupes ou institutions de leur quartier ou de leur ville, plutôt qu'aux groupes communautaires dont l'implication est prise en compte dans cette évaluation par la notion d'action intersectorielle.

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La participation des citoyens est tributaire des courants sociaux. Avec la démocratisation des années I960, la participation devient pour l'État un moyen de se rapprocher de ses concitoyens, de les impliquer dans les décisions et d'améliorer les techniques de décisions de l'administration par une meilleure connaissance de ses clients. Pour les citoyens, c'est une façon de se rallier au système de décision pour améliorer leur sort (Freire, 1977) ou d'acculer, selon les tenants de l'action libérale radicale, les possédants à des compromis à l'endroit des.défavorisés (Alinsky, 1971). À l'ère de la rareté des ressources, de la désillusion grandissante des citoyens envers le monde politique et de la nécessité d'améliorer l'efficacité et l'efficience des services gouvernementaux, il n'est pas étonnant de revoir un intérêt marqué pour la participation des citoyens dans la mise en place des projets de promotion de la santé et, plus particulièrement, des initiatives Villes en santé.

La participation donne lieu à un très grand nombre d'études et de recherches. D'abord, la documentation consultée indique que la présence de certains facteurs structuraux, ceux liés aux caractéristiques des individus et à la mise en place de mécanismes d'action, influence la participation. Bien que les variables socio-démographiques caractérisent la population qui participe - les gens de la classe moyenne, moyenne-élevée participeraient davantage (Piette, 1990) — , elles auraient moins de valeur de prédiction que les motivations personnelles (le sens civique, la satisfaction, les gains personnels, le pouvoir) (Florin, 1984; Bracht, 1990). Enfin, dés attentes réalistes, l'association des participants aux prises de décision, des activités régulières et variées, du travail pour tous au sein des projets et un système d'information et de communication efficace sont autant de mécanismes qui favorisent la participation (Marcotte, 1992).

Ensuite, nous constatons que si les facteurs structuraux permettent d'évaluer les possibilités de la participation, ils nous renseignent peu sur son actualisation à l'intérieur des projets. Des auteurs (Rifkin et al., 1988) proposent une échelle de mesure afin d'analyser le processus social de la participation. Celle-ci évalue le degré de participation de la population pour chacune des cinq dimensions suivantes: l'identification des besoins, le leadership, l'organisation, la mobilisation des ressources et la gestion. Les auteurs prennent soin de préciser que cette échelle ne doit pas être considérée comme un jugement sur la qualité de la participation mais bien plus comme une description des variations de la participation entre plusieurs projets ou encore entre deux temps d'un même projet. Elle devient alors le point de départ de discussions entre les acteurs des projets sur la participation et l'atteinte des objectifs.

Enfin, d'autres auteurs insistent sur l'aspect politique de la participation (Godbout, 1986). Reprenant cette préoccupation, Fournier et al (1992) proposent une typologie en trois catégories: 1) la participation qui vise l'investissement de pouvoir, celle décrivant la capacité du groupe à prendre conscience des forces qui l'oppriment, à s'organiser et à se sentir capable d'effectuer des changements; 2) la participation démocratique qui cherche à répondre aux principes démocratiques tels la représentativité, le vote, l'égalité; 3) la participation utilitariste, dans le cas où la communauté se soucie principalement de répondre aux exigences de l'extérieur. L'intérêt pour la participation est assurément lié à son effet sur l'individu mais plus encore à son impact sur le politique (Richardson, 1983).

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Les évaluations d'initiatives Villes en santé fournissent peu d'informations concernant les éléments structuraux de la participation, son actualisation ou ses effets. Les analyses présentées demeurent évasives. De façon générale, les résultats soulignent la persistance des problèmes de définition et de mesure et la prévalence d'une participation dite passive plutôt qu'active (Nunez et al1992; Fortin et al 1992), en ce sens que les citoyens participent aux activités générées par l'initiative plutôt qu'au processus d'organisation communautaire.

3. L'ÉVALUATION DES INITIATIVES

VILLES EN SANTÉ

Après une concentration importante sur les indicateurs, la recherche dans le mouvement Villes en santé diversifie ses intérêts en s'ouvrant notamment à des évaluations de pro-cessus et à des évaluations en interaction avec les acteurs des initiatives.

3.1 Une première vague: la recherche d'indicateurs

Que ce soit en Europe (OMS, 1987; OMS, 1988; OMS, 1990), au Canada (Feather et Mathur, 1990) ou au Québec (Cardinal et Pageau, 1990), les premiers efforts en évaluation dans le mouvement de Villes en santé ont consisté à identifier des indicateurs susceptibles de décrire l'état de santé d'une communauté et de mesurer les résultats des projets. Bien que les listes soient nombreuses, il n'existe pas à ce jour de consensus sur les indicateurs (Hayes et Willms, 1990). O'Neill (1990) indique à ce sujet que les experts et les décideurs ont peine à s'entendre du fait de la multiplicité des disciplines et des intérêts en jeu.

La «prédominance d'une vision idéaliste des phénomènes sociaux peut expliquer cette recherche d'indicateurs. Un projet de Villes en santé repose ainsi sur le partage d'une vision sociale, d'un idéal à atteindre: on aspire à une société où les humains seront égaux et la vie communautaire importante (Hancock et Duhl, 1986;. OMS, 1986). On suppose qu'à partir d'un même idéal, les personnes et les organismes pourront plus facilement identifier des objectifs communs d'action dans leur, communauté, puis collaborer à la mise en oeuvre de stratégies d'action. Le chemin à suivre pour évaluer paraît alors tout indiqué: il s'agit de mesurer l'atteinte de ces objectifs à partir d'indicateurs de résultats. Dans une analyse documentaire destinée à identifier les avenues de recherche sur les politiques publiques favorisant la santé, Pederson et al (1988) soulignent que la notion de vision commune comme facteur facilitateur n'est pas fondée théoriquement, ni vérifiée empiriquement. Si elle est cohérente avec des théories comme le structuralisme ou le fonctionnalisme, elle ne l'est pas avec d'autres, qui envisagent le changement social comme le

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résultat de conflits entre groupes d'intérêt placés dans des relations de pouvoir (théorie du conflit ou théorie marxiste).

Stevenson et Burke (1990) mettent de l'avant une deuxième cause pour expliquer les nombreuses listes d'indicateurs. Comme les indicateurs sont vus par les experts comme le moyen le plus important pour montrer aux décideurs que les initiatives Villes en santé ont des résultats sur la santé des populations et sont donc rentables, ils suggèrent que cette préoccupation pour les indicateurs dans le mouvement Villes en santé témoigne de la présence déterminante des bureaucrates en son sein. Ces derniers deviennent des "administrateurs piégés" qui doivent produire rapidement des données suggérant la réussite des initiatives. Assumant que les indicateurs doivent avoir des assises théoriques démontrant leur lien avec la santé, ces auteurs souhaitent que la recherche conceptualise davantage des notions comme le développement des capacités de la communauté (empowerment), le développement durable et la réduction des inégalités. D'autres auteurs (McQueen et Noack, 1988) pensent aussi que l'insuffisance de la théorie explique une partie importante des problèmes rencontrés au sujet des indicateurs de promotion de la santé.

3.2 Une seconde vague: quelques analyses de processus et vers des évaluations interactives

Le début des années 1990 a vu apparaître quelques évaluations de processus. Ici même au Québec, une équipe de chercheurs de l'Université Laval (Fortin et al. 1991; 1992) a ainsi proposé un modèle théorique permettant de conceptualiser le processus par lequel un projet local émerge. Elle a fait une étude approfondie de neuf initiatives québécoises à partir d'entrevues et de documents écrits. Les thèmes étudiés touchent l'environnement des projets, leur émergence, leur formulation et leur mise, en oeuvre. Les chercheurs en arrivent à proposer 15 conditions de succès d'une initiative, dont la convergence d'intérêt au départ entre divers acteurs impliqués, le concept de qualité de vie comme un concept parapluie, l'existence d'une structure permanente, des activités peu coûteuses et réalisables à court terme touchant des problèmes sociaux ou environnementaux, la consultation de la population à la phase de la définition des besoins, des relations avec le centre W S , la participation active de citoyens appartenant à des groupes d'intéressés et la participation passive et circonstancielle pour le grand public.

Beaucoup plus loin, en Australie, des chercheurs (Baum, 1992) considèrent qu'il serait prématuré d'évaluer l'impact des initiatives de Villes en santé car leurs effets ne sont pas immédiats, concrets et visibles mais plutôt diffus, de l'ordre du renforcement ou de la réorientation. Les évaluations faites jusqu'à présent dans ce pays ont donc consisté à analyser le processus et les résultats perçus dans.des sites pilotes.à l'aide des sources.documentaires, de visites des sites, d'entrevues auprès d'acteurs clés. Dans un cas (Baum et Cooke, 1991), une étude longitudinale approfondie a été menée et a tenté de voir auprès des acteurs des sites jusqu'à quel point le projet met en oeuvre les cinq stratégies de la Charte d'Ottawa. Certains points intéressants s'en dégagent. Ainsi, une initiative de Villes en santé peut servir de catalyseur pour implanter de nombreuses activités tout en requérant un financement modeste; le financement d'un poste de

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coordination^semble essentiel; l'implication des citoyens demeure en général limitée; ce sont les actions environnementales qui sont les plus présentes. Les réflexions de Baum (1992) nous invitent enfin à considérer que les initiatives Villes en santé sont à la jonction du planning social et de l'action sociale, à la jonction donc de deux modèles de pratique d'organisation communautaire: le premier, de type bureaucratique, est axé sur la résolution de problèmes par l'institutionnel et le second, sur la redistribution du pouvoir dans la communauté.

De la Nouvelle-Zélande, Theiler (1992) rapporte deux évaluations de processus. Celles-ci ont été faites à l'aide de questionnaires, d'entrevues et d'ateliers de discussion sur la structure, les objectifs, les activités et le financement des initiatives. Elles ont conduit à des recommandations diverses dont celles de développer un réseau national, de susciter l'action intersectorielle et la participation du public.

En Europe,, une équipe de chercheurs et de planificateurs (Nunez et ah, 1992), impliqués dans lé mouvement depuis le début, a fait des entrevues auprès des responsables des 48 projets de Villes en santé du réseau de Valence en Espagne sur les résultats et les barrières ou facteurs de succès (caractéristiques des promoteurs du projet, budget, soutien politique). Cette étude conclut notamment que le mouvement dépend trop dû leadership d'individus et que les résultats sont moins bons dans les grosses villes.

Toujours en Europe, Curtice (1992) analyse actuellement les réponses de 14 projets européens à un questionnaire sur le développement de trois de leurs activités alors que Trojan et al (1992) se proposent d'étudier les barrières et les facteurs favorables à l'action intersectorielle et à la participation des citoyens dans un quartier de Hambourg à partir d'une analyse documentaire, d'observations participantes et d'un sondage auprès des citoyens.

Les chercheurs mentionnés ici se sont retrouvés en 1992 à un séminaire international sur l'avenir de la recherche dans le mouvement Villes en santé (E. de Leeuw, M. O'Neill et al éds., 1992). En plus d'exposer les présents résultats de leurs évaluations, ils ont alors tous ensemble insisté sur la nécessité de faire des évaluations qui aident les partenaires des initiatives à comprendre ce qui se passe dans leur projet et qui soient en interaction constante avec ces derniers. Ces recommandations allaient dans le sens de celles de Milio (1990) faites quelques années auparavant.

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4. NOS CHOIX DE RECHERCHE

Nous verrons dans la présente section que l'analyse des orientations prises à ce jour dans l'évaluation des initiatives Villes en santé et la référence à un modèle d'action basé sur le principe de négociation continue nous amènent à privilégier une approche

systémique. Celle-ci vise à comprendre les mécanismes d'implantation des initiatives de Villes en Santé, sans abandonner pour autant la réflexion sur les indicateurs de résultats, et à utiliser un processus de recherche en interaction avec les acteurs.

4.1 Un ressourcement de la théorie par la recherche empirique

En réponse aux propositions de Stevenson et Burke (1990) de poursuivre la démarche de réflexion théorique sur des notions de base au mouvement, nous avons choisi de nous orienter vers un ressourcement de la théorie par la recherche empirique. En ce sens, une meilleure compréhension des processus d'implantation des initiatives Villes en santé aidera à comprendre comment sont mises en oeuvre sur le terrain des notions comme l'action intersectorielle et'la participation des citoyens.

De plus, la recherche d'indicateurs, c'est la recherche des effets. Or, Hang le domaine du développement social, la causalité ne se démontre pas mais se construit à travers un modèle théorique qui décrit les relais par lesquels un facteur influence une variable (Dupuis, 1986). Les objectifs y sont de divers ordres. Ils s'emboîtent les uns dans les autres. Ainsi, un premier objectif (par exemple, la mise en place d'un terrain de sport pour les jeunes) sert à progresser vers le second (le développement d'aptitudes physiques et de dispositions morales) qui remplit lui-même certaines fonctions instrumentales en faveur d'un troisième (l'amélioration de la santé physique et mentale des jeunes). En examinant le déroulement des opérations, il devient alors possible de découvrir la chaîne d'évidence qui mène à la production des effets sur la santé.

4.2 Une conception de l'action sociale comme un lieu de négociation

Nous appuyant sur la théorie du mode d'action négocié (Monnier, 1987), nous pouvons considérer que les programmes innovants du genre des initiatives Villes en santé sont le lieu de négociations entre individus, organisations et groupes d'intérêt. Le programme ne progresse pas linéairement

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depuis les objectifs de départ jusqu'aux résultats mais se transforme sous l'effet de négociations successives à propos des objectifs, des moyens à mettre en oeuvre et de l'appréciation des résultats. Cette approche accorde donc de l'importance à la nature des interactions entre les partenaires. Dans ce contexte, on ne peut évaluer une action en comparant uniquement les résultats obtenus en fin de projet aux objectifs de départ.

4.3 Une stratégie de recherche systémique: l'étude de cas

Partant de ces constatations, nous avons choisi une approche contextuelle ou systémique, centrée sur les activités du programme dans leur contexte de production et examinant l'ensemble des variables dans un modèle de relations non linéaires. Cette approche nous permet de mieux décrire F interrelation entre les éléments contextuels, la mise en oeuvre et les résultats perçus. Une stratégie de recherche est tout indiquée pour ce genre d'approche, soit l'étude de cas (Merriam, 1988; Yin, 1989).

4.4 Un processus interactif

Nous situant dans le courant d'évaluation centré sur l'utilisation (Patton, 1986), que l'on appelle pluraliste (Monnier, 1987), dynamique (Fraisse et al, 1987) ou qui est orienté vers le consensus entre les acteurs (Guba et Lincoln, 1990), nous avons aussi choisi d'expérimenter dans cette recherche une méthode d'évaluation interactive entre les évaluateurs et les évalués, se voulant immédiatement utile aux acteurs des initiatives.

Nous avons voulu que les acteurs soient étroitement associés à l'interprétation des données en cours de recherche. Les résultats de l'analyse doivent alors leur être retournés de façon à les engager dans une démarche pour mieux comprendre leurs actions, à clarifier l'énoncé des problèmes qu'ils se posent, et finalement à les aider dans la recherche de solutions. Cette façon de faire est en correspondance avec l'approche du mouvement Villes en santé qui mise sur la participation des principaux intéressés.

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METHODOLOGIE

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Le présent chapitre expose les instruments utilisés d'une part, pour l'étude de cas comparative (cadre de référence, variables, questions de recherche et outils de collecte) et d'autre part, pour la démarche interactive (dispositifs d'interaction). La section 4 sur le processus d'analyse se rapporte à la démarche interactive puis à l'étude de cas.

1. UN CADRE DE REFERENCE DE DEPART POUR COMPRENDRE L'IMPLANTATION DES INITIATIVES VILLES EN SANTÉ

our guider la poursuite des études de cas, nous sommes partis d'un cadre de référence comprenant huit variables regroupées en trois grandes variables structurantes:

FIGURE 2.1 Cadre de référence de départ

Déterminants contextuels

Environnement externe - >

Environnement Interne

Mise en oeuvre Résultats

. CtMrenssdss

- > StTUCUB - > Activités —) Résultats

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Les trois variables structurantes (déterminants contextuels, mise en oeuvre et résultats) correspondent aux éléments fondamentaux du modèle d'analyse d'implantation proposé par Champagne et Denis (1990). Des huit autres variables, celles dites sous-jacentes, les deux premières, soit les environnements externe et interne, sont extérieures aux initiatives et réfèrent aux déterminants contextuels dans l'analyse d'implantation. Elles ont aussi une place importante dans le modèle de l'équipe de l'Université Laval (Fortin et al.). Les cinq suivantes sont directe-ment reliées à la phase mise en oeuvre dans l'analyse d'implantation. On y retrouve des éléments déterminants du concept de Villes en santé, soit les objectifs, la participation des citoyens et l'action intersectorielle; la structure mise en place pour assurer la réalisation des activités et les extrants que sont les activités ou sous-projets. La dernière variable a trait aux résultats de l'ensemble de l'initiative.

Les questions suivantes se rapportent à chacune des variables que l'étude permet d'investiguer et en énumèrent les principales dimensions (voir à l'ANNEXE I la définition des variables et de leurs dimensions): 1. L'environnement externe. Jusqu'à quel point les facteurs externes au quartier ou à la ville

(lois, contexte politique global, contexte économique, mouvement Villes en santé...) ont une influence sur la mise en oeuvre et les résultats des initiatives?

2. L'environnement interne. Quelles sont les caractéristiques du quartier ou de la ville (genèse du quartier, facteurs socio-démographiques, environnement physique, dynamique des ressources...) qui ont une influence sur la mise en oeuvre et les résultats?

3. La cohérence des objectifs. Y a-t-il partage d'objectifs communs, officiels (ceux affichés) et réels (intérêts immédiats, valeurs de fait) entre les partenaires, et cela, à tous les niveaux de la structure des initiatives?

4. La participation des citoyens. Jusqu'à quel point et comment les citoyens interviennent-ils dans les divers processus de mise en oeuvre des initiatives (évaluation des besoins, leadership, organisation des activités, mobilisation des ressources et gestion)?

5. L'action intersectorielle. Jusqu'à quel point et comment différents organismes et groupes communautaires sont présents et coopèrent-ils dans les divers processus de mise en oeuvre des initiatives?

6. La structure. Quels sont les moyens mis en place par les organismes e l l e s citoyens pour régir le fonctionnement des initiatives (rôles et modalités de fonctionnement des comités, personnel, financement...)?

7. Les activités. Quels sont les buts poursuivis par chacun des sous-comités ou sous-projets, leurs objectifs opérationnels et échéancier de réalisation, les activités réalisées?

8. Les résultats. Quel est le niveau de satisfaction des acteurs, quels sont les changements perçus?

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2. DIVERSES SOURCES D'INFORMATION

1a réalisation de cette étude s'est appuyée sur trois sources de données complémentaires, soit des entrevues individuelles, les documents écrits et des observations sur le terrain.

Au total, 45 entrevues individuelles2 ont été faites auprès d'acteurs des trois sites par l'un ou l'autre des deux techniciens en recherche engagés dans le cadre de cette évaluation. Elles ont été menées entre novembre 1991 et juin 1992 à partir d'un canevas qui portait sur les huit variables du cadre de référence et leurs dimensions. Ce canevas s'adaptait au type d'acteur interviewé et s'est transformé à mesure que l'analyse se faisait (voir à l'ANNEXE II un exemple de canevas d'entrevue). Les entrevues ont duré en moyenne 75 minutes et furent transcrites mot à mot.

La sélection des interviewés fut de type intentionnelle. Nous nous sommes efforcés d'interroger des acteurs en provenance de différents organismes et des acteurs citoyens, des acteurs situés à différents niveaux d'influence des initiatives et susceptibles d'avoir des opinions complémentaires, voire même contraires, sur le déroulement des initiatives. De plus, nous avons fait une entrevue de groupe auprès des trois membres de l'équipe Vivre Montréal en Santé.

Le TABLEAU 2.1 donne un portrait des personnes interrogées par site. Le nombre d'entrevues est le plus élevé à Saint-Michel (n=19) et le moins élevé à Pointe-Claire (n=l 1). Dans le premier cas, à la demande dés gens du site, il fut en effet décidé, vers la fin de la période de collecte, de rencontrer plus de citoyens (n=6) que prévu au départ en raison de l'inquiétude causée à ce moment-là par l'implication insuffisante de ces derniers dans l'initiative. Dans le second cas, étant donné le nombre relativement peu élevé d'acteurs, on a réalisé qu'on avait fait le tour des questions pprès une dizaine d'entrevues. Une majorité de femmes ont été interrogées en provenance de MEQES (11 femmes et 4 hommes). Dans les trois sites, on a rejoint tous les membres du comité directeur ou presque, soit 6 des 7 personnes du conseil d'administration de MEQES, 7 des 8 membres du comité aviseur de Pointe-Claire et les 7 membres de l'exécutif de. VSMS. A Mercier-est comme à Saint-Michel, la majorité des interviewés (n=13 dans les deux cas) avaient participé au comité promoteur et au moins 1 personne de chaque sous-comité a été interrogée. Certaines des personnes interrogées à Mercier-est étaient présentes au début du projet mais n'y participaient plus-activement au moment de l'entrevue. Enfin, on-compte 7 interviewés

2 Le total des partenaires des trois sites est difficile à calculer. Définissant ces partenaires comme les gens actifs dans les initiatives au moment de la collecte des données, on estime à environ 300 leurs effectifs, soit une centaine dans chaque site.

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travaillant dans des organismes communautaires à Saint-Michel et 4 interviewés du milieu municipal (élus et cadres) à Pointe-Claire.

T A B L E A U 2.1 Portrait des personnes interrogées par site

MEQES VSMS POINTE-CLAIRE

Nombre total 15 19 11

Sexe Masculin Féminin

4 11

12 7

5 6

Participant au comité promoteur (comité aviseur) 13 13 7

Participant à un comité d'action ou à un projet 12 15 7

Membre du C.A. (comité éxécutij) 6 7 N.A.

Élu 1 1 2

Citoyen 9 6 2

Représentant du municipal - 2 2

Représentant d un organisme public ou parapublic 4 2 4

Représentant d un organisme privé 1 1 -

Représentant d un organisme communautaire 1 7 1

Représentant et résident - 5 4

Les documents écrits depuis le début des initiatives ont été dépouillés. Les techniciens en recherche ont retranscrit les extraits jugés pertinents. Il s'agit de comptes rendus de réunions, d'articles de journaux, de bilans d'activités, de rapports d'études, ou encore d'outils promotionnels tel que dépliants. Nous avons recueilli pour Mercier-Est, 18 procès-verbaux de réunions du comité promoteur, une revue de presse constituée de 23 articles publiés dans le journal local, ou encore dans des revues régionales, et finalement 3 rapports produits par MEQES. Les sources documentaires de Pointe-Claire comportent les procès-verbaux de 7 réunions et 19 documents de nature diverse écrits tant en français qu'en anglais. À Saint-Michel où le coordonnâtes avait systématiquement recueilli tous les écrits reliés de près ou de loin au projet, 28 procès-verbaux de comités ont été consultés, de même que de nombreux articles (n=60)

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publiés en grande majorité dans les journaux locaux, et une quarantaine de documents consignant différents aspects de la démarche de Saint-Michel.

Au total, 19 observations sur le terrain ont fait l'objet d'un rapport écrit entre le 25 septembre 1991 et le 11 juin 1992, dont 6 à Mercier-Est, 5 à Pointe-Claire et 8 à Saint-Michel. Chaque site a ainsi été visité par un des membres de l'équipe de recherche à l'occasion de réunions de comités ou du déroulement d'une activité.

3. POUR SUSCITER L'INTERACTION:

DEUX DISPOSITIFS DE RECHERCHE

Oonnant suite à une demande implicite des acteurs des initiatives, l'évaluation a eu re-cours dès le départ à l'interaction avec les gens des sites. Les DSC desquels provien-nent les évaluateurs sont en effet eux-mêmes associés très étroitement au déroulement

des initiatives à titre de partenaires dans l'action intersectorielle, ou même de promoteurs dans deux cas. Un des trois évaluateurs a été impliqué activement dans une des initiatives depuis 1988 alors que les deux autres connaissent bien le milieu où se déroule l'initiative pour y avoir fait des recherches terrain. Les DSC n'ont donc pas eu de problème à convaincre leurs partenaires, pourtant énormément sollicités par- les exigences de l'action dans un projet innovant comme celui d'une Ville ou quartier en santé, de consacrer du temps à une.évaluation d'implantation où l'ensemble des facettes du projet seraient envisagées. Dès le mois d'octobre 1990, les comités promoteurs signaient une lettre manifestant aux responsables du programme de subvention de la Régie régionale leur intention de collaborer à une évaluation d'implantation menée par une équipe inter-DSC. En juin 1991, après qu'une subvention eût été accordée sur présentation d'un protocole de recherche, les membres des initiatives ont reçu un document de vulgarisation sur les objets et les méthodes du projet d'évaluation.

Ensuite, c'est dans l'analyse des résultats que le processus interactif s'est réellement concrétisé. Deux dispositifs formels ont alors été utilisés: un comité pilotage et un bulletin de liaison. Le comité pilotage comprenait deux représentants, nommés par chacun des comités promoteurs des trois sites à l'étude, ainsi que des membres de l'équipe de recherche. Les six représentants des sites venaient de divers milieux et étaient situés au niveau élevé de la hiérarchie de l'initiative (comité exécutif, conseil d'administration...). On retrouvait deux conseillers municipaux, un cadre dans une municipalité, un représentant d'un organisme para-municipal, une citoyenne, un professionnel de DSC, lui-même coordonnateur d'une des initiatives. Les membres de l'équipe de recherche présents étaient les trois chercheurs et une coordonnatrice. Cette dernière a mis sur

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pied le comité, a assuré la coordination et llanimatiôn des "rencontres, en plus de voir à la production du bulletin de liaison.

Le comité s'est réuni environ à tous les mois entre novembre 1991 et juin 1992, le matin entre 8h30 et 10h30 autour d'un café-croissant et à partir d'un plan de rencontre très précis. Les deux premières rencontres ont permis de faire connaissance, de parler de l'étude en cours et des attentes de chacun face à son déroulement. Ce fut également l'occasion de s'organiser, de discuter des objectifs du comité, des rôles des membres, des thèmes à traiter. À chacune des cinq rencontres suivantes, entre janvier et juin 1992, les représentants ont été appelés à valider et à commenter une première analyse, successivement à propos des variables suivantes: l î j t e s environnements exteme et;interne^2) la cohérence des objectifs, la participation des citoyens et 1 'actioff iritersectorielle; 3) la structuré; 4) ^è's*activités; 5) leSnësjfflats. La 8e s' est tenue a Sherbrooke au 3e Colloque International Francophone des Villes et Villages en santé au cours d'un atelier de simulation où nous avions invités les membres du comité pilotage à venir réagir publiquement au 5e bulletin de liaison.

Les représentants des sites ont aussi participé à l'identification des personnes à interviewer. En plus de contribuer à valider nos analyses préliminaires, les discussions avec les membres du comité pilotage nous ont conduits à étudier des thèmes qui étaient l'objet de vives préoccupations de leur part. Nous faisons référence ici à l'impact sur le fonctionnement interne des organismes de leur participation aux initiatives, au désengagement de certains partenaires et à la difficulté de trouver un juste équilibre entre la confrontation et la concertation dans divers dossiers chauds.

Afin d'élargir ces discussions à l'ensemble des participants, nous avons produit un bulletin de liaison. De février à septembre 1992, les acteurs des initiatives ont donc reçu cinq numéros de En trois dimensions (voir à l'ANNEXE III ces cinq numéros). Chaque numéro traitait des résultats discutés au comité pilotage à propos d'une ou de plusieurs des huit grandes variables du cadre de référence. Nous y présentions aussi les activités menées par chacune des initiatives, donnions des nouvelles du comité et invitions les lecteurs à envoyer leurs commentaires. La distribution était assurée par les représentants des initiatives au comité pilotage.

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4. L'ANALYSE DES DONNÉES:

UN PROCESSUS INTERACTIF ET RIGOUREUX

ta FIGURE 2.2, inspirée du "cercle herméneutique et dialectique" de Guba et Lincoln (1990), illustre le processus d'analyse utilisé. L'analyse du matériel recueilli s'est faite en deux temps. Il y a eu d'abord un processus en continu entre novembre 1991 et

novembre 1992, soit depuis le début de la collecte des données jusqu'à la publication du 5e

bulletin de liaison. Ce processus était ponctué d'étapes — les réunions du comité pilotage et les parutions du bulletin — qui relançaient la collecte des données et l'analyse. Il y eut ensuite, à partir de décembre 1992, la phase finale d'analyse de données faite exclusivement par l'équipe de trois chercheurs.

FIGURE 2.2 lîn processus d'analyse continu et interactif

Rapf fïna

Décembre 91

Novembre 91 Début de la collecte des données

\ 1er Bulletin

\ y / 7 \ 2e Bulletin

3e Bulletin

Phase finale 4e Bulletin

d'analyse des données 5e Bulletin

Décembre 92

LÉGENDE: A - Analyse des données/réunions du comité pilotage

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Durant la première .phase, les entrevues étaient annotées et les passages significatifs identifiés par au moins deux membres de l'équipe de recherche. Les entrevues et les extraits des documents écrits étaient codés au fur et à mesure de leur disponibilité à partir d'un même livre de codes. Les entrevues et les notes d'observations sur le terrain étaient résumés sur une ou deux pages, elles aussi codées. L'ensemble de cette information était ensuite gérée et traitée à l'aide d'un logiciel de gestion de fichiers (PCShell) et d'un logiciel de soutien à l'analyse de contenu (SATO) qui classait par variable et dimension les informations retenues. Pour écrire les textes présentés au comité pilotage et destinés aux bulletins de liaison, nous faisions une lecture flottante du matériel produit depuis le début, selon la ou les variables que nous voulions traiter.

Durant la phase finale d'analyse, l'ensemble des trois sources de données ont été traitées de façon très systématique à partir d'une analyse de contenu thématique de nature qualitative basée sur la réduction de données (Corbin, 1986; Miles et Huberman, 1984). Nous avons utilisé à cette étape les résumés d'entrevue, les sommaires d'observation et l'ensemble des extraits de documents retenus. Cinq mémos d'analyse d'environ cinq pages ont été écrits pour chacun des trois sites. Ces cinq mémos correspondent à l'une des huit variables du cadre de référence de départ ou au regroupement de deux ou trois d'entre elles utilisé au comité pilotage, soit: 1) les environnements externe et interne; 2) la cohérence des objectifs, la participation des citoyens et l'action intersectorielle; 3) la structure; 4) les activités; 5) les résultats. Nous avons alors réuni sur des mêmes fichiers les informations en provenance des trois sources de données portant sur des dimensions semblables de ces variables et les avons liées en les introduisant par des phrases clés. Ces phrases, destinées à synthétiser le contenu, dégageaient l'essentiel du secondaire, comparaient les sources ou les répondants entre eux, ou encore faisaient des liens entre les variables ou leurs dimensions. Elles constituaient l'amorce au mémo. Les cinq mémos ont ensuite été réunis en un texte définitif présenté, selon le site, au chapitre III, IV ou V. À la fin de la période d'analyse, toutes les entrevues ont été relues. Cette relecture a donné lieu à des modifications mineures qui ont contribué à compléter l'information et, parfois, à la rectifier.

Chacun des trois chercheurs était en charge de l'analyse d'un des sites mais les résultats d'analyse ont toùs été discutés en groupe. Le travail de synthèse, dont les résultats sont exposés au chapitre VI, s'est fait essentiellement en groupe. Une fois fixées les grandes lignes de ces chapitres, le groupe a procédé à un retour sur les récits des chapitres III, IV et V et fait certaines modifications.

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MERCIER-EST QUARTIER EN SANTE

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1. LE QUARTIER, SES CARACTÉRISTIQUES

ET SES RESSOURCES

Mercier-Est est un quartier de l'est de Montréal qui compte 44 120 habitants1. Le taux de pauvreté y demeure inférieur au taux montréalais mais, à l'image de l'est montréalais, le quartier connaît une dégradation de sa situation économique globale. Le déplacement

des populations à faible revenu dû aux travaux réalisés au Centre-sud (Place Radio-Canada, autoroute Ville-Marie) entraîne une augmentation de cette population dans le quartier. Les familles de vieilles souches, plus traditionnelles, propriétaires de leur domicile, côtoient, sans vraiment s'y mêler, ces nouveaux arrivants en transit ou en "stand by", locataires d'immeubles à logements ou des habitations à loyer modique (HLM) nouvellement construites au nord du quartier. L'emploi, fondé principalement sur le secteur des ressources (le raffinage des produits pétroliers), est devenu plus rare et ceci amène un appauvrissement du quartier:

UNE CITOYENNE : «De 1946 à aujourd'hui je te dirais que c 'était des gens de classe moyenne. Pour certains plus, d'autres un petit peu moins. C'était pas vraiment, je dirais des gens pauvres. Mais de plus en plus, je trouve que c 'est un quartier qui s'appauvrit... Sur le plan financier dans l'est, c'est dur.»

Éloigné du centre de Montréal, le quartier Mercier-Est se dénommait Tétreaultville jusqu'au début des années 60. Une résidente depuis 42 ans dit d'ailleurs du quartier que c'est «un coin de campagne mais qui est rendu ville.» La construction, à l'ouest du quartier, de l'autoroute métropolitaine et du pont tunnel Louis-Hyppolithe-Lafontaine transforme la communauté en détruisant l'église considérée jusqu'alors comme le coeur du village, tel que le mentionne un des rapports consultés: «La vie dans le quartier n 'est plus ce qu 'elle était avant qu 'on ne démolisse ce qui était autrefois le centre du village autour de l'ancienne église, l'ancienne mairie et les magasins qui les entouraient.»

Le quartier est bien délimité par le fleuve Saint-Laurent au sud, la municipalité d'Anjou au nord, une autoroute à l'ouest et une carrière à l'est. Seule exploitation de pierres concassées de l'île, la carrière est un réel souci pour les gens du quartier, principalement pour ceux dont les résidences la côtoient et qui sont ainsi exposés à des nuisances (bruit, poussières, détérioration des résidences) occasionnées par les-explosions et la-circulation lourde. Une politique de

Les informations sur les caractéristiques du quartier proviennent du document L'état de santé de la population de l'arrondissement Mercier/Hochelaga-Maisonneuve: certains enjeux pour un plan d'urbanisme visant l'amélioration de la qualité de vie produit par le DSC Maisonneuve-Rosemont et les CLSC Hochelaga-Maisonneuve, Mercier-Est/Anjou et Olivier-Guimond, janvier 1990.

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désinstitutionnalisation en provenance du plus important institut psychiatrique de la région, situé à l'autre extrémité du quartier, entraîne la concentration dans les quartiers limitrophes, dont Mercier-Est, d'un grand nombre de patients vivant dans la pauvreté, l'isolement et le désoeuvrement.

À la naissance du projet, la dynamique communautaire du quartier repose principalement sur la vie de paroisses et se limite à des activités destinées aux personnes âgées. Une conseillère municipale décrit cette situation de la façon suivante: «Dans Mercier-Est, il n 'y en avait pas de groupes. Enfin pas beaucoup. Dans mon district, Longue-Pointe, il n'y avait que l'Âge d'or à peu près comme groupe existant.»

Le Centre local de services communautaires (CLSC) Mercier-Est/Anjou est le principal acteur institutionnel. Le développement communautaire du quartier est en grande partie redevable au travail des organisateurs communautaires du CLSC dont l'un d'entre eux est associé dès le début à la première initiative de quartier en santé.

2. L'ORIGINE DU PROJET

L'initiative-de Mercier-Est Quartier en santé (MEQES) naît au moment où le CLSC confie à l'un de ses organisateurs communautaires le mandat d'identifier les besoms en matière de santé et de services sociaux de la clientèle adulte du quartier Mercier-Est.

En s'inspirant des orientations préconisées par l'Organisation mondiale de la santé, le CLSC désire faire participer la population à la définition des orientations de ses services. Pour ce faire, l'organisateur communautaire s'associe avec un professeur de l'École de Service social de l'Université de Montréal et entreprend une recherche-action. En 1987, neuf rencontres de paroisse ont eu lieu au domicile de personnes qui avaient accepté de participer à cette consultation à la demande de l'organisateur communautaire. Celles-ci réunissaient des amis et des voisins invités à dire ce qu'ils connaissaient des besoins de santé de la population adulte. Le rapport de cette consultation identifie huit types de besoins: ceux reliés au logement et à l'environnement, au travail, à la situation des jeunes, à la famille, à la situation des familles monoparentales, à la santé physique et mentale, aux rapports entre les- anciens et les nouveaux arrivants dans le quartier, et les besoins identifiés par les communautés italienne et anglophone. Près d'une centaine de citoyens ont ainsi été rejoints et 12 d'entre eux poursuivront le travail après ces rencontres. Le rapport de cette recherche transmis au CLSC mentionne - quatre principes susceptibles de guider son action:

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parler,d'un quartier en santé et non pas d'un quartier malade; s'appuyer sur les solidarités des gens qui sont prêts à s'impliquer; concevoir une stratégie de développement et non pas seulement une réponse à des besoins immédiats; tenir compte de la démarche entreprise par le groupe de recherche-action et du fait qu'elle va se poursuivre.

À la recherche d'un concept intégrateur respectant ces principes, l'organisateur communautaire prend alors connaissance du mouvement Villes et villages en santé lors d'un colloque organisé par l'Association de santé publique du Québec. Le 13 janvier 1988, il présente ce concept au groupe des 12 citoyens lors d'une rencontre à laquelle participait le coordonnateur du CLSC, confirmant ainsi la reconnaissance du groupe de recherche-action comme interlocuteur et partenaire dans l'élaboration d'actions axées sur la prise en charge par le milieu. L'organisateur communautaire et les citoyens proposent alors de s'associer...

RAPPORT DE LA RECHERCHE-ACTION : «..: avec les élus municipaux, les . établissements du réseau des Affaires sociales, les organismes et les groupes communautaires, les institutions du milieu scolaire, les caisses populaires, les services municipaux, les organisations et les professionnels du secteur privé et toutes les personnes intéressées pour réaliser un vaste projet de promotion de la santé dans le quartiér.»

Une rencontre avec les trois conseillers municipaux du quartier, un représentant de l'Office municipal d'habitation et un représentant des services Loisirs et développement communautaire de la Ville est organisée le 10 mars 1988. Aux organismes déjà mentionnés s'ajoutent alors des représentants d'une Caisse populaire du quartier, de groupes communautaires, du Département de santé communautaire, et des professionnels bénévoles. Le 15 novembre 1988, une première rencontre marque les débuts de l'initiative Mercier-Est Quartier en santé.

Si la recherche-action est à la base du projet, la personnalité de l'organisateur communautaire est à la source de la mobilisation des citoyens et des organismes. Les représentants de ces organismes mentionnent que les contacts personnels avec l'organisateur communautaire ont été un facteur décisif de leur collaboration. Les citoyens considèrent l'organisateur communautaire comme un homme important, l'instigateur, le motivateur, l'innovateur. Le CLSC reconnaît aussi l'importante responsabilité de l'organisateur communautaire, la représentante du CLSC le décrivant ainsi: «Il était un organisateur communautaire hors pair qui connaissait bien son dossier, il était très enthousiaste, il a su intéresser un grand nombre de personnes pour les amener au comité promoteur...»

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3. UNE COHÉRENCE DES OBJECTIFS FONDÉE

SUR UNE CONVERGENCE D'INTÉRÊTS

Un objectif central, l'amélioration de la qualité de vie dans le quartier, marque l'émer-gence et la mission de MEQES. Ainsi, dès l'amorce du projet on retrouve dans les procès-verbaux la définition de l'objectif officiel de l'organisme:

«MEQES vise la promotion d'une ville, d'un quartier et^d'une rue en santé par le développement de comités de prôJmotionzdezlaiqtialitéz:dé^vie fondé sur la coopération intersectorielle et le dé^loppernerU^d'outils^d'éducation et de sensibilisation. »

Bien que cet objectif soit partagé par la majorité des acteurs interrogés, les intérêts des participants favorisent aussi ce regroupement. Ainsi, les intervenants mentionnent que leurs objectifs sont de «permettre une meilleure accessibilité aux services», «permettre d'avoir le pouls de la communauté sur les différents aspects de vie dans le quartier», «collaborer sur la base de son expertise en matière de santé». Les organismes profitent donc de cette expérience pour se rapprocher de la population et faire valoir leurs services. Les citoyens mentionnent, pour leur part, leur espoir «de se concerter avec les organismes du milieu», «d'accroître la possibilité pour la communauté d'avoir du pouvoir face aux structures administratives». Si les intérêts des partenaires convergent en ce sens que l'initiative permet de rapprocher citoyens et organismes, les citoyens soulèvent l'enjeu de ce rapprochement, un plus grand pouvoir sur les décisions.

Afin de réaliser ce vaste projet, les partenaires, organismes et citoyens réunis au sein du comité promoteur, mettent sur pied des comités d'actions autour des besoins identifiés par la recherche-action. Dès le début de l'initiative, tous ces comités sont conviés par le comité promoteur à identifier des priorités,, à établir un plan d'action, à trouver les ressources et à déterminer un échéancier. L'identification des objectifs se fait de façon variée par les membres des comités. Certains (les comités Logement et mieux vivre, De Beaurivage et Jeunes) précisent ces objectifs à l'aide de la fantaisie guidée, à l'image des consultations menées par d'autres initiatives Villes en santé. D'autres regroupent les citoyens et les organismes autour d'enjeux déjà identifiés dans le quartier (Environnement et Santé mentale). Finalement, les comités où la présence des organismes est-majoritaire se fixent des priorités de services (Habitation, Travail et Sécurité). Le TABLEAU 3.1 fait état des objectifs de chacun des comités et des actions qui en découlent Bien que ces objectifs soient maintenus tout au long de l'initiative, les actions se diversifient en cours de route. Un intervenant souligne toutefois l'utilité de revoir ces objectifs afin de donner, après quatre années d'existence, un «nouveau souffle» à l'organisme.

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TABLEAU 3.1 Objectifs et priorités d'action des comités de travail

COMITÉS OBJECTIF G É N É R A L ACTIONS PRIORITAIRES

Comité De Beaurivage

Mettre en place une rue écologique, en santé et en sécurité

Fleurir la rue Aménagement des ruelles Banque de jeunes Information sur la sécurité

Comité Environnement

Informer les citoyens du quartier afin de mieux comprendre et mieux agir sur toutes les questions concernant l'environnement et l'aménagement du quartier

Carrière Francon (utilisation de la carrière) Transport et aménagement du parc Liébert Aménagement du territoire (plan d'urbanisme) Une rue écologique Application du principe des 4r (réduction, réemploi, récupération et recyclage) par les citoyens du quartier Élaboration d'un bilan environnemental

Comité Famille Promouvoir le bien-être des jeunes familles du quartier

Développement d'un service de garde en milieu familial

Comité Habitation

Mettre sur pied des logements coopératifs, en particulier pour les personnes en perte d'autonomie

Association au projet de coopérative "Le trèfle Bleu" Création d'un O.S.B.L. en vue de la mise sur pied d'une coopérative pour personnes âgées

Comité Jeunes Identifier des projets susceptibles d'améliorer la qualité de vie dans le quartier

Consultation et identification d'une activité par école

Comité Logement et mieux vivre

Venir en aide aux personnes à faible revenu, principalement dans les HLM du quartier

Création d'un local communautaire Participation à "Quartier fleuri" Animation pour les enfants de pré-maternelle Projet non-fumeurs Cuisines collectives

Comité Santé mentale

Répondre aux besoins d'écoute, d'information et de références pour les résidants du quartier Mercier-Est et pour l'est de Montréal

Création d'un centre d'écoute, un lieu où toute personne isolée et stressée pourrait venir obtenir du soutien

Comité Sécurité Appuyer les autres comités afin d'intégrer l'aspect sécurité

La photographie de la criminalité à Mercier-Est Réponse aux besoins des comités

Comité Travail Favoriser la réinsertion sociale des sans-emplois

Conselling individuel

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4. LA STRUCTURE DE CONCERTATION ET SON

FONCTIONNEMENT

Afin de faciliter la compréhension de la dynamique du projet, nous retrouvons dans la description qui suit trois étapes chronologiques, la première (1987 - avril 1990) corres-pondant à l'origine du projet et à sa formalisation, la seconde (avril 1990 - avril 1991)

à sa consolidation, et la troisième (avril 1991 - avril 1992) à la transformation de sa gestion.

4.1 Un fonctionnement-type d'un projet de quartier en santé

Lors de la rencontre de novembre 1988, les citoyens mobilisés par la recherche-action et les organismes intéressés à devenir partenaires d'un projet de Quartier en santé s'entendent sur une structure permettant le développement d'actions susceptibles d'améliorer la qualité de vie dans le quartier. Pendant près d'un an (novembre 1988 à septembre 1989), cette structure demeurera informelle. On parle alors du comité promoteur provisoire.

Quinze participants regroupant les conseillers municipaux, des représentants de services municipaux (Loisirs et développement communautaire) et de services para-municipaux (Office municipal d'habitation et Tandem Montréal), des citoyens de l'équipe de recherche-action, une représentante d'une des Caisses populaires du quartier, des représentants de deux groupes communautaires, un représentant du CLSC et un autre du Département de santé communautaire (DSC), et des professionnels bénévoles participent à la première année de fonctionnement. La coordination de ce premier regroupement est confiée à l'organisateur communautaire du CLSC dont le rôle est de préparer et animer les réunions, de composer et démarrer les comités de travail et de faire la liaison entre ces comités et les différents groupes du milieu. Les coûts associés au fonctionnement du comité promoteur provisoire (location de salle, café et fruits, photocopies, etc.) sont estimés par le coordonnâtes à environ 800 $ pour l'année. Dès le départ, les membres s'interrogent sur l'avenir de la coordination du projet et émettent diverses hypothèses à vérifier, notamment, comme le rapporte le procès-verbal de novembre 1989, «... un partage des coûts de la coordination entre les organismes impliqués et des demandes de subvention aux gouvernements».

En septembre 1989, ce regroupement adopte-une résolution à l'effet que MEQES se dote d'un fonctionnement-type susceptible d'inspirer d'autres interventions semblables en milieu urbain. L'organigramme proposé comprend trois niveaux: le comité promoteur, le comité de liaison et les comités de travail.

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Le comité^promoteur est le lieu de rencontre des partenaires, des citoyens et des représentants des comités de travail. Il voit à ce que la promotion du projet soit faite auprès des organismes du milieu, des partenaires et des autres projets de Villes et villages en santé. Son action est liée à celle de ses comités de travail. Il soutient les comités de travail de diverses façons. Il appuie leurs démarches auprès des instances gouvernementales afin d'obtenir des chartes ou des subventions nécessaires à leur fonctionnement, achemine des demandes de subventions pour la réalisation d'activités, assure le soutien technique pour l'organisation d'événements et appuie des activités de levée de fonds. Finalement, il peut aussi, à l'occasion, financer certaines activités des comités de travail. Le comité promoteur se réunit huit à dix fois par année, en soirée, afin de faciliter la participation des citoyens.

Le comité ~dë~ liaison est une structure qui facilite le travail du comité promoteur. Il n'a aucun pouvoir formel. Il est composé en majorité de citoyens. Ses tâches sont de faire la promotion du projet, d'assurer sa gestion financière, de préparer les rencontres du comité promoteur et de coordonner le travail des comités. Chaque membre du comité de liaison représente MEQES auprès d'organismes identifiés et est responsable des liens avec un des comités de travail. Le comité se dote finalement d'un plan d'action. Les réunions, se tiennent selon la disponibilité des participants.

Les comités d'actions sont responsables des activités. Us regroupent des citoyens et certains organismes autour des priorités établies par le comité. Au dire de responsables de ces comités, leur fonctionnement est à l'image de l'organisme: «Nous autres (le comité De Beaurivage), on est pareil en plus petit.» Ils ont donc un comité promoteur composé de membres et d'organismes intéressés, un comité de liaison qui voit à son bon fonctionnement et des comités d'actions pour réaliser les différentes activités. Le responsable du comité informe le comité promoteur des activités en cours et à venir. On dénombre sept comités de travail au début de l'initiative, les comités Habitation, Logement et mieux vivre qui regroupe les personnes associées aux activités menées à l'intérieur des HLM du quartier, Environnement, Jeunes, Sécurité, Travail qui sera remplacé par le comité Famille, et le comité Santé mentale. A la suggestion d'un des citoyens du comité Environnement, les membres du comité promoteur apportent leur concours à la formation, à l'automne 1989, d'un autre comité, le comité De Beaurivage, une Rue en santé, écologique et sécuritaire.

Le mandat de l'organisateur communautaire se terminant en décembre 1989, le comité promoteur est unanime à reconnaître l'importance d'assurer une coordination. Il achemine une demande au ministère de la Consommation et des Corporations afin d'obtenir une charte d'organisme sans but lucratif qui lui permettra de devenir admissible à des subventions gouvernementales. Ceci lui confère aussi l'obligation de se doter de statuts et règlements généraux qui seront adoptés par le comité promoteur en janvier 1991.

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4.2 La consolidation du fonctionnement

Son mandat renouvelé, l'organisateur communautaire continue d'assurer la coordination jusqu'en avril 1990, moment où il quitte MEQES pour aller travailler à l'implantation du projet Vivre Montréal en santé. Commence alors une deuxième période pour le projet. Le comité de liaison, devenu Conseil d'administration de l'organisme sans but lucratif, doit voir à assurer le fonctionnement de l'organisme par le remplacement du coordonnateur. Il entreprend une première démarche auprès de la direction du CLSC. Le CLSC présente alors deux scénarios au comité promoteur, l'embauche d'un/e travailleur/se communautaire à mi-temps qui assumerait la coordination du projet ou la remise d'une somme correspondante au comité promoteur qui pourrait ainsi embaucher du personnel. Ce deuxième scénario ne prévoit pas le soutien technique accordé à l'employé du CLSC. Le premier scénario est retenu et le CLSC souligne de nouveau son intention de se dégager complètement de la responsabilité de la coordination le 31 mars 1991. Son directeur général s'exprime ainsi:

«Nous croyons humblement que la survie de ce projet doit s 'appuyer maintenant sur un partenariat différent dans la responsabilité de la coordination et que le maintien, uniquement par le CLSC, de cette coordination risque de contribuer à

faire en sorte que Mercier-Est Quartier en santé soit perçu comme un projet institutionnel et non un véritable projet communautaire par et pour l 'ensemble de la communauté.»

4.3 La prise en charge par les citoyens

En janvier 1991, le comité promoteur adopte ses statuts et règlements. Ceux-ci encadrent le fonctionnement de l'organisme auquel s'ajoute une assemblée générale constituée de l'ensemble des membres, citoyens et représentants d'organismes. L'Assemblée générale est responsable de l'élection d'un Conseil d'administration, de l'adoption du rapport annuel et du bilan financier et de la création ou de l'abolition de tout comité de travail. Le comité promoteur conserve ses mandats et fonctions. Le Conseil d'administration comprend un maximum de 11 personnes. Les membres de ce conseil doivent être en majorité résidants du quartier et ceux-ci sont les seuls à être éligibles au poste de président, vice-président, secrétaire et trésorier. Renouvelable à chaque deux ans, le Conseil d'administration administre l'organisme entre les Assemblées générales, assure la gestion des affaires courantes, embauche le personnel et fait le lien entre les différents comités et organismes. Finalement, il doit consulter le comité promoteur pour toutes décisions relatives aux orientations et au développement de la corporation.

À la suite du retrait du CLSC de la responsabilité de la coordination, le Conseil d'administration achemine une demande en vue d'obtenir un numéro de charité facilitant son auto-financement, démarche qui s'avère infructueuse. Il entreprend des pourparlers avec les principaux organismes associés au projet. Une entente de principe intervient en mars 1991. L'entente octroie à MEQES, pour l'année en cours (1991-1992), un financement direct de 26 000 $ provenant de 4 organismes, le CLSC, le DSC, la Ville de Montréal et l'Office municipal d'habitation, et

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I.

permettant l'embauche d'un coordonnateur. Le CLSC maintient de plus son appui technique en accordant un local, une ligne téléphonique et l'accès aux services (photocopie, salles de réunion...). Cette entente stipule que l'organisme doit rechercher de nouvelles sources de financement. Ce financement sera reconduit l'année suivante par trois des quatre partenaires, le CLSC limitant son soutien à l'appui technique.

Ce financement direct, mais non récurrent, confère aux citoyens, majoritaires au Conseil d'administration, un nouveau pouvoir, celui de l'embauche du personnel responsable de la coordination et de nouveaux devoirs, la recherche de financement et la gestion de ce personnel. Du départ de l'organisateur communautaire en avril 1990 jusqu'en mars 1992, quatre personnes occuperont à tour de rôle le poste de coordonnateur de MEQES. Ce changement de personnel confirme la précarité du poste, comme le note cette personne membre du conseil d'administration: «La coordonnatrice quand je l'ai embauché, je lui ai dit que c 'était clair que son travail était très important, si elle voulait avoir une paie, fallait qu 'elle se trouve du financement». Les frais de fonctionnement de l'organisme sont toujours plus élevés. Les frais de fonctionnement sont toujours plus élevés. Au début du projet, l'organisateur communautaire estimait à 800 $ les frais de réunions (salles, café, photocopies...). Le budget de fonctionnement estimé par la suite passe à près de 60 000 S, ce qui inclut les salaires du coordonnateur et du personnel de soutien, la location d'un bureau et l'équipement technique nécessaire au bon fonctionnement de l'initiative.

UN MEMBRE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION: «Évidemment que les levées de fond, le financement demeure le talon d'Achille des projets de quartiers en santé [...] Je sais qu 'on doit avoir le souci de s'autofinancer idéalement mais par les temps qui courent, c 'estpas évident d'aller chercher de l'argent. Tout le monde est sollicité. »

5. MISE EN OEUVRE DE LA PARTICIPATION

ET DE L'ACTION INTERSECTORIELLE

5.1 La participation des citoyens: au coeur de l'initiative

Associés dès le départ par la démarche de recherche-action, les citoyens demeurent partie prenante de la structuration du projet, de l'organisation et de la réalisation de ses activités et ce, aux trois étapes de l'initiative. Tous les représentants des organismes interrogés considèrent la participation des citoyens essentielle et associée au leadership de l'initiative. Les citoyens pour leur part, reconnaissent qu'ils participent à toutes les étapes du projet et expriment la volonté d'en occuper les postes-clés.

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Les citoyens se retrouvent à tous les niveaux de l'initiative. Ils sont nombreux à chacune des rencontres du comité promoteur. Ils sont majoritaires au Conseil d'administration et sont responsables de la moitié des huit comités d'action où se retrouvent d'un à 15 citoyens selon les comités.

La plupart des citoyens impliqués ont une expérience communautaire dans des comités d'école ou en éducation populaire mais peu d'entre eux militent dans un groupe au moment de leur adhésion à l'initiative. A l'exception des citoyens qui habitent les HLM et travaillent au comité Logement et mieux vivre, la majorité de ceux qui participent à MEQES sont d'anciens résidants. Notons aussi que plusieurs d'entre eux ont une formation universitaire, notamment les responsables des comités d'action. Ils manifestent tous un attachement profond à leur quartier et leurs motivations personnelles varient. Certains sont attirés par l'objectif du projet, l'amélioration de la qualité de vie. D'autres sont intéressés à travailler avec l'organisateur communautaire. Enfin, d'autres s'impliquent en fonction d'un problème qui les touche particulièrement (la carrière ou les problèmes dans les HLM) ou encore, d'une cause qui leur tient à coeur (l'environnement). Au comité promoteur comme dans les comités de travail, la place accordée aux citoyens est aussi une importante source de motivation.

UNE CITOYENNE: «Si ça avait été l'organisme (qui part le projet), il aurait dit: "Veux-tu me donner un coup de main" mais peut-être qu'après le premier projet fini j'aurais dit bonjour; salut, mais là quand le citoyen se. prend en main, qu 'il organise de quoi et l'aide, ce sont les organismes qui donnent le coup de main, ça, ça valorise la personne qui est là, ça valorise le citoyen et c 'est une motivation à continuer les projets. »

Mais cette participation et le pouvoir qui lui est lié ne sont pas sans soulever certaines questions chez les représentants d'organismes. Un projet regroupant tant de personnes peut-il être efficace? Les citoyens sont-ils compétents pour trouver des sources d'autofinancement comme les organisateurs communautaires peuvent le faire? Un intervenant souligne ainsi la nécessité d'une gestion plus centralisée: «C'est pas parce qu'il n'y a pas des gens de bonne volonté et qui sont pas prêts à participer, à faire en sorte que ces projets là se. réalisent, mais il n'y a pas de tête, pas de dirigeants en haut de ça pour faire une espèce de coordination.»

Pour les citoyens, la compétence «ça s'acquiert avec la pratique». Une citoyenne insiste sur la volonté, «une notion de savoir se débrouiller, de savoir exiger. Parce que quand t'arrives à la table de concertation pis qu 'il y a un problème ou tu as une demande à faire, faut le dire. [...] Faut être déterminé, très déterminé. Faut avoir beaucoup de temps aussi». Mais ils conviennent aussi de la nécessité du soutien des organismes et d'une coordination, comme l'indique cette responsable de comité:

«J'ai été même très impressionnée de voir à quel point les citoyens peuvent apporter des idées qui ont de l'allure. Il suffit de les mettre sur papier et essayer de voir comment ça peut se coordonner, je pense que c'est le rôle de la coordination, de la personne responsable du comité et de la coordonnatrice».

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Malgré l'importance accordée à la participation, MEQES est aux prises avec un problème commun à tous les organismes qui reposent sur le bénévolat, la relève. Les citoyens impliqués depuis les débuts de l'initiative soulignent eux-mêmes le défi de la participation:

«Lespionnières. Je me dis, si on débarque du conseil d'administration, qui va le prendre. Il y a juste deux autres citoyens, on est quatre. Puis là, on essaie d'avoir d'autres personnes mais c'est difficile. Ils vont travailler chacun dans leurs comités, mais sur le conseil d'administration c'est plus difficile d'avoir des gens, on dirait qu 'ils n 'embarquent plus aussi facilement Si on débarque nous autres, qui va prendre la place...»

5.2 Du développement communautaire à Faction intersectorielle: un chemin tortueux

Les CLSC ont une vocation de développement communautaire. Depuis leurs débuts, ces établissements soutiennent la création, dans leur milieu, d'organismes dispensant des services directs à la population. Malgré les principes d'action intersectorielle et de participation des citoyens, la recherche-action devait mener le CLSC, à l'exemple de ses autres activités de développement communautaire, à la constitution d'un groupe autonome.

UNE GESTIONNAIRE DU CLSC: «Par contre dès le début la direction et le Conseil d'administration avaient en tête, c'est un projet intéressant, il faut aller voir si la population est intéressée, et si la population est intéressée, il faut qu 'éventuellement la population récupère ce projet-là et le prenne en main, parce que sans cela, si c 'est un projet qui est uniquement projet CLSC, on ne peut pas dire que c'est un projet communautaire.»

Cette vision du développement communautaire ne correspond pas à celle des citoyens. Ceux-ci considèrent que la recherche de financement n'est pas uniquement de leiir ressort, d'autant plus qu'ils déclarent que la paternité du projet revient au CLSC.

QUESTION: «Qui devrait chercher ce financement? UNE CITOYENNE - Les citoyens puis l'organisme principal, le CLSC, qui est venu nous chercher dans nos maisons. Qui est l'instigateur de Mercier-Est Quartier en santé? Je dirais pas qu'il se dérobe, mais...»

L'action intersectorielle s'amorce lorsque l'organisateur communautaire sollicite les autorités municipales et les autres organismes tel l'Office.municipal d'habitation. L'action intersectorielle est décrite par les acteurs de l'initiative comme étant: «un moyen de mettre en contact les clientèles des organismes avec d'autres services du quartier», «un travail d'équipe», «laparfaite collaboration entre les différents intervenants et les citoyens dans l'organisation d'activités». Aux yeux des citoyens, la place des organismes est importante car «on a quand même besoin d'avoir des ressources», «l 'expérience des professionnels fait en sorte qu 'ils sont bien placés pour

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conséiller les citoyens». À l'image des observations que nous avons pu faire, l'action intersectorielle se vit comme le décrit cette conseillère municipale:

«Quand il y a des demandes, des besoins, ça se fait en général autour de la table... celui qui peut offrir les ressources dit: «Bon, ben c'est correct, moi je m'en occupe. Moi je vais faire la demande pour telle chose».

Les réalisations de la première période de l'initiative illustrent fort bien l'action intersectorielle. Ainsi, lors des événements publics, les principaux partenaires sont invités à prendre la parole. Les documents de promotion de l'initiative mentionnent toujours la présence des partenaires.

Si les personnes rencontrées sont satisfaites de l'action intersectorielle telle qu'elle se vit au sein de l'initiative, le développement du projet semble la remettre en cause. La seconde période, celle de la consolidation, marque le départ de l'organisateur communautaire et de gestionnaires d'organismes (l'Office municipal d'habitation, Tandem Montréal) qui siégeaient au comité promoteur depuis le début et qui se retrouvent dorénavant au comité promoteur de Vivre Montréal en santé. Ces derniers sont remplacés par des intervenants qui ne peuvent pas facilement affecter des ressources humaines ou financières aux activités de MEQES.

La dernière période, celle de la transformation de la gestion, correspond à une intensification du développement communautaire dans le quartier. On assiste à la naissance de nouvelles tables de concertation (jeunesse, des organismes communautaires). Le comité de santé mentale devenu le centre d'écoute "Le Passant" siège sur l'une d'elle. Ce développement n'est pas sans soulever certaines questions au sein de l'initiative.

UN MEMBRE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION: «...Des organisateurs communautaires et plusieurs ont un petit peu peur de nous autres. C 'est qu 'ils ont peur qu on prenne sous notre juridiction les projets qui ne sont pas de nous autres. C'est pas notre but... certains organismes communautaires ont peur.»

La transformation de la gestion du projet et le soutien financier direct des institutions à MEQES modifient finalement l'emprise des partenaires sur les orientations et le fonctionnement. Par exemple, lorsque la coordination est assumée par l'organisateur communautaire, le CLSC supervise son travail et l'oriente:

. UNE GESTIONNAIRE DU CLSC: «Tandis qu 'avant, c 'est sûr qu 'à un moment donné c était moi qui supervisait le coordonnateur. Je pouvais lui dire écoute continue à faire des réunions de trois heures et demie, il n'y a plus personne qui va venir... J'ai absolument plus un mot à dire là-dedans.»

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4. LES ACTIVITÉS RÉALISÉES: UN PANORAMA

DE QUATRE ANNÉES DE TRAVAIL

La recension des activités de MEQES à l'aide des entrevues et de la documentation nous indique que les comités d'action ont réalisé 37 activités différentes entre 1988 et 1992. Le comité promoteur est responsable de la promotion et des liens avec le mouvement

canadien et le Réseau Québécois. Le TABLEAU 3.2 énumère les activités de MEQES et les regroupe selon les trois périodes du projet.

6.1 Une première série d'actions (1987 - avril 1990)

Au début de l'initiative, les responsables des comités cherchent à réaliser des actions qui mobilisent les citoyens rapidement et qui donnent des résultats immédiats. Une responsable s'exprime ainsi: «Là on a dit bon faut voir qu'est-ce qui se fait le plus facilement, le plus concrètement, VITE.»

Le comité Logement et mieux vivre, formé autour d'une clientèle définie, les locataires des HLM, réalise en premier lieu des activités ponctuelles destinées à favoriser les rapports positifs entre les personnes et à faire connaître l'initiative. Les résidants des HLM s'affairent à fleurir les habitations. Cette activité réussit à rassembler un grand nombre de résidants. Devant ce succès, le comité négocie avec l'Office municipal d'habitation la transformation d'un garage désaffecté en une salle communautaire. L'inauguration de ce local devient un symbole pour MEQES. Une affiche extérieure aux couleurs de MEQES apposée en permanence rappelle cette première réalisation. Les réunions du comité promoteur se feront de plus en plus au "Garage G".

Le comité Jeunes réalise une consultation auprès de l'ensemble des élèves des écoles primaires et secondaires du quartier et organise un événement public autour des résultats de cette consultation, événement qui attire le maire de la ville de Montréal et lui fait ainsi prendre connaissance du premier projet de Quartier en santé. Cet événement permet aussi aux citoyens et aux organismes impliqués de souligner leur engagement face à MEQES, tel que le rapporte le discours prononcé cette journée par le citoyen représentant MEQES:

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TABLEAU 3.2 MEQES: réalisations des comités, 1988-19922

COMITÉS ACTIVITÉS

PROMOTEUR 5/89 Production d'outils promotionnels (dépliant, affiche) 5/90 Participation au Congrès canadien des communautés en santé par

l'organisation d'une visite de site

10/92 Visite de site. 3e Colloaue international francophone des Villes et villages en santé

1988 - 1992 Promotion régulière dans l'hebdomadaire local et épisodique dans les médias régionaux

DE BEAURIVAGE 1- Journée sécurité (6/90) 2- Lancement du ioumal "Le Beaurivaee" (12/90) 3- Étude sur l'aménagement des ruelles (2/91)

4 Participation au programme de composteurs de la Ville (9/91) 5- Paniers de Noel (12/91) 6- Club de marche (1/92) 7- Marche contre l'herbe à poux (7/92) 8- Décorations de Nofil (12/90.91.92) 9- Journée fleurie (6/91.92,93)

10- Vente de earaee (9/90.91.92.93)

ENVIRONNEMENT 11- Étude sur le transport et sur l'aménagement du Parc Liébert par des étudiants en urbanisme (11/88) Rencontres sur la carrière Fran con, informations des citoyens (6/89)

12- Création du comité de vigilance Carrière Francon (9/89) 13- Mémoire déposé aux audiences publiques de la Commission sur

l'environnement de la C.U.M. (1/90) 14- Étude sur le réseau vert du quartier (4/90)

15- Mémoire déposé à la consultation sur les plans d'urbanisme de la ville de Montréal (5/90)

16- Participation à la corvée nettovaee des parcs (5/91)

17- Assemblées publiques sur la gestion des déchets (1.2/92) 18- Mémoire déposé aux audiences publiaues du Bureau de consultation de Montréal

ENVIRONNEMENT

sur la gestion intégrée des déchets (3/92) 19- Première rencontre pour la mise sur pied d'États généraux de l'Est de Montréal

sur l'environnement (6/92)

2 Les différentes périodes sont caractérisées de la façon suivante: les activités de la première période sont mises en gras, celles de la seconde sont soulignées et celles de la dernière sont double soulignées. Les activités réalisées au cours de plus d'une période et qui se poursuivent toujours sont aussi double soulignées

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COMITÉS ACTIVITÉS

HABITATION Participation à l'inauguration de la Coopérative d'habitations Le Trèfle Bleu (11/88)

20- Projet de coopérative d'habitations pour les personnes âgées (3/89) Constitution du groupe Le Bel Âge de Mercier (10/89)

Inauguration de la Coopérative d'habitations Le Bel Âge de Mercier (3/93)

JEUNES 21- Consultation dans les écoles primaires et secondaires du quartier (2/88) Présentation publique des résultats de cette consultation avec la participation du maire de Montréal (5/89)

22- L'aménagement d'un quartier en santé: la vision des jeunes, exposition des travaux sur l'urbanisme et la santé des élèves de sept écoles primaires du quartier à la Maison de la culture Mercier (4/90)

23- Une scène sur le fleuve^ présentation d'un spectacle de marionnettes réalisé par les élèves de 6 écoles primaires du auaitier dans le cadre des célébrations du 350c

JEUNES

Anniversaire de Montréal (6/92)

LOGEMENT ET MIEUX VIVRE

Habitations Thomas-Chapais 24- Aménagement d'un garage en salle communautaire (4/89) 25- Projet Bout d'chou (9/89- )

26- Cuisines collectives (6/90- )

27- Journée fleurie (6/89.90.91.92) 28- Dépouillement d'arbre de Noël (12/89.90.91.92)

Habitations Dupéré Intégration à MEQES (1/90)

29- Salle communautaire (5/90) 30- Cuisines collectives (9/90- )

Habitations Fonteneau Intégration à MEOES (6/91)

SANTÉ MENTALE 31- Projet d'un centre d'écoute et de référence (2/90) Création du Centre d'écoute Le passant (4/90)

32- Cours en relation d'aide (4/90) 33- Kiosque dans le métro Honoré-Beaugrand sur la santé mentale (4/90)

34- Présentation d'une pièce de théâtre. Maison de la culture Mercier (5/91)

Écoute et référence (90 -93)

SÉCURITÉ Enquête sur tes perceptions des femmes sur la sécurité (1/90) 35- Implantation du projet Vigilance Facteur (5/90)

Collaboration à des activités sécurité des comités De Beaurivaee. loeement et mieux vivre, jeunes (90- )

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COMITÉS ACTIVITÉS

TRAVAIL

FAMILLE

36- Conselling individuel favorisant la réintégration sur le marché du travail (5/88-90)

37- Demande d'un Dermis de Service de garde en milieu familial (3/91) Développement de l'agence Les Maisons Enjouées (6/91- )

«Cette consultation interpelle des organismes du milieu: le CLSC, le DSC, la CECM\ la communauté, la ville, au niveau politique et administratif, les comités de parents et d'autres encore. Si tous ces organismes interpellés s 'associent avec vous, les jeunes, pour entreprendre des actions, alors le volet jeunesse aura réussi, au même titre que le projet global de Mercier-Est Quartier en santé. »

L'organisateur communautaire rencontre des étudiants qui cherchent à compléter un stage afin de compléter leur formation universitaire. De concert avec le comité Environnement, ils réaliseront une étude sur le transport et sur l'aménagement d'un parc. Le comité Environnement comme d'autres comités de MEQES bénéficieront plus d'une fois du soutien d'universitaires de divers départements (aménagement, études urbaines, travail social) qui voient dans MEQES un lieu propice d'apprentissage. Le comité Environnement mobilise par la suite les citoyens autour des problèmes causés par la carrière. Le comité informe ainsi les citoyens en obtenant du journal local la publication des réponses de la part des organismes concernés à un questionnaire élaboré par le comité. Peu de temps après, un comité de surveillance de l'exploitation comprenant des citoyens et des représentants de la compagnie est formé.

DOCUMENT DU COMITÉ ENVIRONNEMENT: «Pour mieux comprendre et susciter le débat autour des enjeux que suscite l'exploitation d'une carrière en milieu urbain, nous avons, en juin 89, posé une série de questions à l'ensemble des parties impliquées dans ce dossier (Francon, syndicat, comités de citoyens, municipalités, communauté urbaine de Montréal). [...] Mercier-Est a été l'élément lien entre la Ville et la carrière pour faire une espèce d'entente qui a abouti justement au comité de concertation. Le comité de surveillance Francon qu'il s'appelle.»

Le comité Santé mentale se donne l'objectif de créer un nouveau service, un centre d'écoute et de référence. Il se dote d'une charte d'organisme sans but lucratif afin d'être admissible aux programmes de développement d'emploi. MEQES réunit les appuis nécessaires à cette demande. La formation des bénévoles et la coordination du centre sont par la suite les principales actions entrecoupées d'événements ponctuels servant à accroître la notoriété-de l'organisme auprès des citoyens du quartier. Depuis la constitution du comité Santé mentale en organisme sans but lucratif, leur participation aux activités de MEQES diminue continuellement.

Les comités Habitation et Sécurité, le premier piloté par des organismes communautaires

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préoccupés par le développement de coopératives d'habitations et le second par un organisme paramunicipal oeuvrant à la sécurité des biens et des personnes, saisissent l'occasion pour faire valoir leurs services auprès du comité promoteur. Le premier regroupe des personnes âgées du quartier et développe avec eux le projet Le Bel Age de Mercier. Le second informe de ses réalisations (la cartographie du crime) et s'associe aux autres comités afin de réaliser certaines activités qui lui sont propres (Opération autographe, comité Tandem). Finalement, les activités du comité Travail reposent sur des consultations individuelles visant la réintégration au marché du travail de personnes démunies. Ces consultations sont offertes par un professionnel bénévole recruté par l'organisateur communautaire. Le comité cesse ses activités au départ du bénévole.

Des opportunités permettent aussi d'organiser de nouvelles activités. Informé par les représentants politiques et administratifs de la Ville de Montréal de la consultation sur le plan d'urbanisme, le comité promoteur présente deux projets qui seront financés par la Ville dans le cadre de cette consultation. Le comité Jeunes s'associe de nouveau avec les écoles du quartier et réalise une exposition à la Maison de la culture Mercier sous le thème "L'aménagement d'un quartier en santé: la vision des jeunes", exposition qui dure dix jours et attire plus de mille personnes. En plus du financement reçu de la Ville de Montréal, cette exposition coordonnée par le DSC se réalise grâce à la collaboration des quatre agents d'information du CLSC, de Tandem Montréal, de la CECM et de la Caisse Sainte-Claire. Le comité Environnement réalise pour sa part, une étude sur le réseau vert et bleu du quartier.

Ces premières activités fournissent à l'initiative une bonne notoriété dans le milieu et stimulent la participation des citoyens et organismes. Le comité promoteur continue donc de se réunir régulièrement, soutient les comités de travail et planifie la promotion de l'organisme. Il obtient ainsi des Caisses populaires du quartier, la production de dépliants, d'affiches et d'auto-collants aux couleurs du logo de MEQES réalisés gracieusement par un graphiste d'un des services de la Ville de Montréal. Les organismes et les citoyens qui y voient un résultat concret de la démarche de recherche-action sont soucieux de réussir ce qui constitue un premier rassemblement du genre dans le quartier. Le coordonnâtes demeure la personne clé du projet.

QUESTION: «Comment on s y prenait pour trouver des ressources humaines? UNE REPRÉSENTANTE D'ORGANISME: - C'est Pierre qui l'a fait et là-dessus, il est très bon parce que c 'est un gars convaincu et un gars convaincant. Quand il croit dans un projet, il le vend et il est très bon vendeur. U sait comment aller chercher quelqu 'un. »

6.2 Une deuxième période marquée par la reprise d'activités et des opportunités (avril 1990 - avril 1991)

Après le départ de 1 ' organisateur communautaire, quelques comités consolident leur fonctionnement en reprenant les mêmes activités.

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UNE REPRÉSENTANTE D'UN COMITÉ: «Si tu fais fleurir la rue cette année, ils (les membres du comité) n'ont pas besoin de se réunir 25 fois. On sait comment le faire. »

Cette stratégie s'avère fructueuse, la participation des résidants des HLM augmentant à chaque année. Cette période correspond aussi pour ce comité à la mise sur pied de nouveaux services grâce à la salle communautaire. Les matinées pour les bout d'chou, un service offert par des parents bénévoles aux résidents des HLM ayant des enfants de 3 à 5 ans, amorcées lors de la première période devient un service régulier. Les cuisines collectives, un regroupement de locataires qui cuisinent ensemble des plats congelés pour la "quatrième semaine", constitue la principale activité de cette période pour les Habitations Thomas-Chapais. Ces cuisines collectives fonctionnent toujours. Soulignons aussi l'arrivée des Habitations Dupéré puis des Habitations Fonteneau au sein de ce comité. De l'avis du représentant de l'Office, la collaboration à MEQES permet à l'organisme «... de sortir de notre coquille. On est plus conscient que le locataire doit être en harmonie avec le quartier environnant puis comme faisant partie aussi du quartier... Avant ça, les HLM c 'était des gens renfermés. Je pense que c 'est grâce surtout aux projets Vivre en santé que ça a débordé des HLM. » Pour les résidents, ces réalisations contribuent à leur bien-être, comme le note la représentante des Habitations Thomas-Chapais:

«C'est pour nous autres qu'on le fait... ça beaucoup changé. C'est pas tout numéro 1 encore, loin de là, mais il y a eu tellement d'améliorations dans l 'habitation que c 'est nous autres qui gagnent ça. »

La seconde période permet aux comités Santé mentale et Habitation de consolider la mise sur pied de nouveaux services. Le comité Habitation, composé essentiellement de représentants de groupes de ressources techniques (GRT) en habitation, poursuit le projet du Bel Âgé de Mercier, une coopérative de logements de 30 unités pour personnes âgées à faibles revenus. L'inauguration de cette coopérative se fera en avril 1993, lors de la troisième période de MEQES. Le comité continue ses démarches pour la construction d'autres coopératives et participe activement au comité promoteur qui lui sert dë tribune pour sensibiliser les citoyens et les organismes au logement social.

UNE REPRÉSENTANTE DU COMITÉ HABITATION: «Au niveau du développement du logement communautaire et du logement social, la preuve a été faite que MEQES est l'organisme qui peut appuyer des projets [...] Parce qu'on a brassé les choses quand on est arrivé avec du développement communautaire dans un quartier résidentiel [...] on avait besoin de s'associer avec un comité pour défendre la position du logement social [...] A un autre niveau, c'est-à-dire avec les partenaires de MEQES, on pouvait voir à un développement pas sauvage comme dans certain quartiers mais à un développement qui correspond aux attentes des citoyens. »

Une représentante de la Ville de Montréal informe le comité promoteur de l'intérêt de l'Office des services de garde à l'enfance d'implanter un service de garde en milieu familial dans le quartier. Le comité promoteur crée alors le comité Famille qui voit à compléter les formalités

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pour devenir le promoteur de ce nouveau service dans le quartier. Ce service devrait s'actualiser en 1993.

La réalisation de l'étude sur le réseau vert et l'expérience du mémoire déposé à la Commission sur l'environnement de la Communauté urbaine de Montréal amènent le comité Environnement à participer activement à la consultation sur le plan d'urbanisme. Le mémoire déposé souligne les préoccupations environnementales du comité et propose des solutions aux nuisances présentes dans le quartier. Un citoyen résident de la rue De Beaurivage et membre du comité environnement demande au coordonnateur son appui pour démarrer un comité pour faire de sa rue une rue écologique, sécuritaire et en santé. L'idée séduit rapidement les partenaires et des professionnelles bénévoles qui voient dans la création de cette rue en santé, la réalisation du concept Villes en santé dans P infiniment petit. Comme le mentionne un permanent du comité de Vivre Montréal en santé, le comité de la rue De Beaurivage est une occasion d'expérimenter une nouvelle démocratie:

«... les gens au niveau de leur prise en charge, se regroupent, se mobilisent à faire toutes sortes d'activités avec le soutien du réseau institutionnel Pour moi, c 'est une démocratie directe c 'est-à-dire qu 'ils peuvent prendre des décisions très rapidement. Ils ont aussi le pouvoir de les prendre, évidemment avec du soutien. »

La mise sur pied du comité De Beaurivage procède de façon similaire à l'initiative elle-même. On sollicite les résidants de la rue, on les fait rêver à l'aide de la fantaisie guidée et identifier des priorités autour desquelles se regroupent les comités de travail de la rue De Beaurivage. Les actions sont orientées autour de l'écologie par la participation au programme de compostage et les ventes de garage, «C'est une vente de garage à la grandeur de la rue par les citoyens... Tu les donnes, tu les échanges, tu les vends (tes cossins) puis c'est de la réutilisation. C'est des affaires que tu jettes qui servent à d'autres, ça fait que ça a quelque chose d'écologique...». Elles ciblent aussi la sécurité par des soirées d'information, l'opération "Décorations de Noël" où l'ensemble des résidants illuminent leur domicile et augmentent ainsi la sécurité des passants, la venue d'un kiosque Tandem et la réalisation de l'opération "Autographe" afin de prévenir le vol d'automobiles. Le comité s'est même donné un moyen d'information en publiant le journal "Le Beau Rivage", un bulletin de liaison qui sert à annoncer les activités. La présence des représentants de la Ville à ce comité assure une bonne circulation de l'information sur les programmes municipaux. Ainsi, lorsque les résidants de la rue De Beaurivage sont informés du programme municipal de compostage, non seulement ils commandent un nombre impressionnant de composteurs, mais ils organisent une soirée d'information à l'aide de la conseillère municipale.

LA REPRÉSENTANTE DU COMITÉ: «C'est 1% des composteurs de la Ville distribués sur quatre quadrilatères [...] Quand on a distribué les composteurs nous on voulait les distribuer mais on trouvait important d'avoir aussi de la formation. [...] Il y a quelqu'un des travaux publics qui est venu expliquer comment on utilise les composteurs et quelqu 'un du Jardin Botanique qui est venu expliquer ce qu 'on fait avec le compost».

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6.3 La troisième période: un certain essoufflement (avril 1991 - )

Lors de cette dernière période, le Conseil d'administration embauchera trois personnes qui assumeront, tour à tour, la coordination de l'initiative. Ce roulement de personnel dû à l'ampleur de la tâche et au statut précaire de l'emploi mobilisera les énergies du C.A. au bon fonctionnement de l'organisme au détriment de la promotion du projet et de la mise en oeuvre de nouvelles activités. Cette troisième période se caractérise par un nombre important d'activités mais peu de nouveaux projets. Le comité Santé mentale poursuit ses activités mais assiste de moins en moins au comité promoteur. Les comités dont les actions consistent à mettre sur pied de nouveaux services, les comités Habitation et Famille, poursuivent leur démarche. Les comités De Beaurivage et Logement et mieux vivre répètent leurs activités ponctuelles. Soulignons la mise sur pied d'un club de marche sur la rue De Beaurivage pour répondre à l'insécurité de résidants. Ce club de marche conjuguera ses préoccupations de santé et de sécurité aux préoccupations écologiques de la rue en organisant la "Marche contre l'herbe à poux". Le comité Sécurité informe de ses actions générales mais est peu associé aux activités des comités. Lors de cette période deux comités font davantage parler d'eux, les comités Environnement et Jeunes.

Le comité Environnement profite de l'engouement général de la population pour tout ce qui touche l'environnement. Les citoyens sont présents depuis les débuts et leur nombre varie de cinq à 15. Les trois conseillers du quartier assistent aussi à ces réunions. Les autres organismes ou membres du comité promoteur se joignent ponctuellement à certaines activités. Après s'être préoccupé de la carrière Francon, participé à la mise sur pied du comité de vigilance et déposé un mémoire sur le plan d'urbanisme, le comité s'attaque au problème de la gestion des déchets. Ce problème concerne particulièrement les gens du quartier et de l'est de Montréal suite à l'annonce de la construction probable d'un méga incinérateur à la limite nord de Mercier-Est. Le comité dépose un mémoire aux audiences publiques sur le plan dé gestion des déchets de la ville de Montréal et aux audiences publiques sur la proposition de la Régie intermunicipale pour la gestion des déchets de l'île de Montréal (RIGDIM). Il organise parallèlement des réunions d'information dans le quartier pour sensibiliser les citoyens. Ces démarches l'amènent finalement à appuyer la formation d'un groupe de pression (le MODE). Ces actions sont toujours présentées au comité promoteur qui les fait siennes, au grand plaisir du comité.

LA REPRÉSENTANTE DU COMITÉ: «On a présenté notre façon de penser face à ce dossier-là au comité promoteur, pis on a dit on a besoin de votre appui. Et puis ça a pris une couple de comités promoteur puis à un moment donné, ils ont dit «Oui, on pense qu'au niveau de la santé ça serait important que ce dossier-là soit vu par MEQES et pas juste le comité environnement» et ils nous ont donné leur appui. C'était MEQES et quand tu vas aux audiences publiques et que tu dis c'est MEQES\ c'est pas pareil que si tu dis c'est juste le comité environnement. »

Finalement, le comité Jeunes reprend contact avec les écoles du quartier qui s'associent à MEQES pour la réalisation d'un événement public réalisé dans le cadre des célébrations du 350e

Anniversaire de la ville de Montréal. Une centaine d'élèves de six écoles primaires présentent

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un spectacle en plein air au parc de la Promenade Bellerive devant près de 600 personnes. Pour organiser cet événement, MEQES obtient une subvention du comité des fêtes du 350e et recueille des commandites auprès d'entreprises privées du quartier.

6.4 Un bilan des activités

Pendant ses quatre années d'existence, MEQES aura donc été l'instigateur, le maître d'oeuvre ou le collaborateur de pas moins de 37 activités dont certaines reprises plus d'une fois. Celles-ci couvrent un large spectre de besoins, domaines ou secteurs qui démontrent bien l'étendue du concept de qualité de vie. Certaines nécessitent des investissements importants et la collaboration de plusieurs partenaires sur de longues périodes de temps, d'autres sont ponctuelles et relèvent uniquement de quelques citoyens. Le fonctionnement du comité promoteur et des comités de travail garantissent la participation de la population. De plus, plusieurs activités rejoignent un grand nombre de citoyens du quartier. Si l'action intersectorielle est manifeste dans le fonctionnement de l'initiative, elle l'est aussi dans l'organisation et la réalisation de nombreuses activités. Citons à cet effet, les activités du comité Jeunes menées par les organismes de santé (CLSC, DSC), le milieu scolaire (la Commission scolaire et les écoles du quartier), les services municipaux (Loisirs et développement communautaire), Tandem Montréal et les citoyens.

7. PERCEPTIONS GÉNÉRALES SUR LES RÉSULTATS

7.1 Le succès: servir de modèle

Toutes les personnes interrogées sont satisfaites du déroulement de l'initiative. Elles mentionnent en premier lieu le rayonnement de MEQES comme le facteur de succès le plus important. Le passage de l'organisateur communautaire au projet de Vivre Montréal en santé, l'adoption par la Ville d'un fonctionnement similaire à MEQES et le développement d'autres projets de Quartiers en santé sont autant d'indicateurs de la réussite de l'initiative. Ce rayonnement est aussi perceptible chez les citoyens qui, au dire d'une représentante d'organisme, connaissent bien MEQES: «Vraiment, le taux de pénétration au niveau de la sensibilisation a été énorme et le taux de réponse des .citoyens, bien .encadré et bien, coordonné.» La.notoriété acquise par l'initiative touche aussi ses comités.

UN MEMBRE DU C.A.: «Ils (le comité Environnement) sont invités aux assemblées, aux réunions, à participer en tant qu'organisme. Ils veulent que MEQES soit présent et demandent si les gens du comité Environnement de

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MEQES pourraient participer à une action particulière. »

Même si le rayonnement du projet est visible et satisfait les participants, plusieurs réalisations sont aussi signalées comme des succès de l'initiative. Les citoyens mentionnent tour à tour les réalisations des comités Santé mentale, Environnement, De Beaurivage, Jeunes et Logement et mieux vivre. Ainsi pour les citoyens, l'existence d'un comité comme celui de la Santé mentale et de son centre d'écoute est en soi un succès parce qu'il répond à un besoin. Le dossier de la carrière est mentionné à plus d'une reprise parce que son dénouement est perçu comme une amélioration de la qualité de vie dans le quartier et parce qu'il a réussi à faire bouger une grande entreprise.

UN CITOYEN: «[...] c'était plus difficile parce que ça dérange le monde. Tu as des grosses compagnies devant toi et c 'est difficile de combattre ça. C 'est plus facile de fonder un endroit comme Le Passant, l'Étincelle d'amitié ou Info-femmes que de t'attaquer directement à Francon.»

Pour d'autres, les réalisations du comité Logement et mieux vivre et le travail fait par les trois HLM sont le plus grand succès de l'initiative parce qu'elles permettent d'aider les gens démunis. Les représentants d'organismes soulignent eux aussi, diverses réalisations des comités telles que le rassemblement des élèves du quartier lors de l'exposition à la Maison de la culture, «C'est là qu'il est le point de départ, c'est quand ils sont jeunes. C'est le fun parce que les jeunes s'impliquent. »

7.2 La participation et l'action intersectorielle: deux réussites

En plus du rayonnement de l'initiative et des réalisations mentionnés à plusieurs reprises comme les plus grands succès de MEQES, toutes les personnes interrogées soulignent le succès de la participation des citoyens ou de l'action intersectorielle. Un des représentants des organismes présente ce succès de façon imagée en comparant la participation et l'action intersectorielle aux différentes parties d'une pomme. Les pépins de la pomme (la participation des citoyens), sont les plus importants parce qu'ils en assurent sa reproduction alors qu'autour du coeur, il y a la pomme avec son goût et son jus (les intervenants) qui sont aussi importants parce qu'ils permettent le développement des pépins et la croissance du fruit. Pour une autre représentante, ces deux éléments constituent le plus grand succès de l'initiative:

«Je trouve que l'initiative a fait se regrouper les citoyens autour d'un projet de quartier qui a permis à différentes personnes de travailler ensemble. [...] Maintenant tout ce monde travaille ensemble. Je trouve que ça fait un lien Moi je pense que c 'est un des succès. »

Il en va de même pour les citoyens qui soulignent la collaboration entre les citoyens et les organismes comme un succès certain. Une résidente des HLM rappelle que son implication à MEQES lui a permis d'être invitée à participer au colloque annuel de l'Association canadienne

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de la santé publique. En plus de l'effet de cette participation sur sa perception d'elle-même, cette occasion lui aura permis d'expliquer sa compréhension de la participation des citoyens et de l'action intersectorielle à des professionnels de la santé:

«[...] parce que ce voyage, je tenais à le faire. J'ai été très contente de le faire parce que c 'était le colloque annuel de la Santé publique, alors c 'était tous des professionnels de la santé qui étaient là. Alors je suis allée leur dire qu 'on est capable de se prendre en main, on est capable d'améliorer notre sort mais il faut qu 'ils soient là quand même pour nous appuyer, pour nous supporter comme personnes-ressources. »

7.3 Des effets moins manifestes

Le travail fait à l'intérieur des comités de MEQES entraîne aussi des effets susceptibles d'être plus durables que la visibilité. Une citoyenne mentionne que le travail fait à l'intérieur des comités l'a changée: «Moi, je respecte plus.le monde qu'avant. [...] Moins contrôleuse aussi. Cela ne se fait pas comme toi tu l'aurais fait, mais ça se fait avec ben du monde qui travaille dessus. Pis, ça se fait pareil, pis c 'est beau pareil. » Ce travail a eu aussi une influence sur le fonctionnement de certains organismes. Enfin, bien que des activités touchent des sujets aussi globaux que la gestion des déchets, les personnes interrogées n'en demeurent pas moins convaincues de la portée d'une telle action. L'influence devient alors le critère de succès: «Mais je suis convaincue qu'on influence quelque part.[...J Les résultats sont là. Peu importe comment. Ils sont là puis l'action est faite.»

S'il est facile de constater la mise en place de services ou la participation des résidents ou des élèves à des événements publics, il est plus difficile d'entrevoir concrètement les améliorations à la santé des individus ou du quartier. Mentionnons toutefois cette réponse du représentant de l'Office municipal d'habitation: «Onpeut noter que dans le quartier Mercier-Est, les deux gros HLM de Mercier-Est c 'est peut-être ce qu 'il y a de mieux comme gros HLM à Montréal. C'est là où il y a le moins de vandalisme, c'est là où il y a le moins de délinquance.»

Dans leur description des activités, tant les citoyens que les représentants des organismes soulignent le plaisir, le "fun" qu'ils ont eu à participer aux activités qui prenaient souvent davantage l'allure d'une fete que d'activités de sensibilisation ou d'information. Le sens de la fête, le plaisir du partage sont à la fois le résultat et la condition de réussite de plusieurs des activités de MEQES.

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7.4 Les défis: la continuité et la relève

En plus de s'entendre sur les succès, les acteurs font consensus sur les défis du projet, la continuité et la relève. Ils craignent que les organismes ne se démobilisent, ne voyant plus d'avantages, d'intérêts à se mobiliser. Ce désistement ne ferait qu'augmenter les complications liées à la coordination d'un tel projet, l'élément charnière de la survie du projet. Comme le dit cette citoyenne: «ça prend absolument un coordonnateur pour régir tout ça.» On remarque le danger que les citoyens ne se mobilisent que pour une action précise et se désistent par la suite. Le manque de motivation des citoyens est alors vu comme la menace première au développement de l'organisme. Bien qu'on insiste sur l'apport positif d'une telle expérience affirmant sans détour le désir de recommencer si c'était à refaire, on souligne l'importance d'une relève. Cette relève semble d'autant plus nécessaire que le rayonnement obtenu au début du projet s'est déplacé au profit d'autres projets de quartiers et qu'il ne peut alors à lui seul motiver la population à s'impliquer dans un projet de quartier.

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ÉPILOGUE

Le 1er avril 1993, MEQES recevait l'assurance d'une subvention de 4000 $ de la ville de Montréal qui devient alors le seul partenaire à participer au financement de l'initiative. Au même moment, le CLSC récupère le local prêté à MEQES. Le projet n'a ni pignon sur rue ni soutien technique (photocopies, service téléphonique). Durant l'année 1992, le C.A. est donc aux prises avec la survie de l'organisme et sa coordination, la coordonnatrice engagée en janvier 1992 remettant sa démission en novembre de la même année après une série de rencontres houleuses avec le C.A..

«Cinq ans, la fin d'une aventure ou un nouveau départ», tel est le titre de la convocation du comité promoteur du 13 janvier 1993. L'initiative vit une première crise. Elle doit voler de ses propres ailes malgré les nombreuses représentations faites par le C.A. auprès des organismes pour maintenir le financement nécessaire au soutien technique et à la création d'un poste permanent de coordination, l'ampleur et le maintien de l'initiative justifiant, à ses yeux, une telle demande.

Le comité promoteur tient ses rencontres de façon régulière. La présence des organismes et des citoyens fluctue mais demeure à l'image des années précédentes avec un nombre moyen de 15 à 20 personnes. Un nouvel organisateur communautaire du CLSC reçoit le mandat d'appuyer les activités de MEQES. La réforme de la santé remet en question l'appui de la direction de la santé publique aux projets de Villes et quartiers en santé. Les services administratifs et politiques de la Ville continuent d'assister aux réunions de même que les organismes paramunicipaux (Tandem, l'Office municipal d'habitation). Les comités d'action poursuivent leurs activités. Les comités De Beaurivage et Logement et mieux vivre continuent d'attirer un nombre constant de résidants à leurs activités conviviales. Le travail fait dans les HLM qui semblait s'essouffler reprend de l'ampleur. Le comité Famille déposera à l'automne sa demande de permis pour une Agence de service de garde qui, si elle est acceptée, injectera dans le quartier et au profit de MEQES, le promoteur du projet, une subvention récurrente de 60 000 $. Le comité Environnement poursuit ses représentations publiques dans le dossier de la gestion intégrée des déchets. La dynamique des ressources communautaires dans le quartier évolue au profit d'un projet de création d'un centre communautaire et de la table de concertation des organismes. Les citoyens membres du C.A. qui participent à MEQES depuis ses débuts cherchent activement à se faire remplacer. La relève tarde à se manifester.

Le comité promoteur s'entend pour rassembler de nouveaux citoyens et partenaires à l'occasion du 5e anniversaire de l'initiative. Un forum sera organisé afin de faire le bilan des activités et d'identifier de nouvelles priorités.

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1. LA VILLE, SES CARACTÉRISTIQUES

ET SES RESSOURCES

Le West Island est une banlieue cossue regroupant 12 municipalités. Comme son nom le désigne, il s'agit de la partie ouest de l'île-de-Montréal. Pointe-Claire fait partie de

ce territoire. Située aux abords du Lac Saint-Louis, la municipalité est traversée d'est en ouest par deux autoroutes et un important corridor ferroviaire. Son emplacement géographique la relie autant au centre-ville de Montréal qu'aux abords de l'Ontario. La ville est reconnue ville bilingue. L'anglais est la langue maternelle de plus de 60,0% de ses 27 500 résidants.

1.1 La position stratégique de Pointe-Claire...

De la même manière que les municipalités d'Anjou et de Saint-Laurent, Pointe-Claire occupe une position stratégique au sein de la Communauté urbaine de Montréal, puisqu'elle est désignée elle aussi ville-satellite. Dans l'Ouest-de-I'Ile, on la décrit comme la «municipalité-mère», la municipalité avant-gardiste de l'Ouest, «une municipalité qui s'intéresse déjà à la santé».

Deux atouts majeurs contribuent au prestige de la ville. D'abord, une importante activité commerciale et industrielle, soit près de 22 000 travailleurs le jour et 1 650 industries et commerces inscrits. Pointe-Claire est par conséquent mie municipalité opulente avec un budget de presque 70 millions pour si peu d'habitants. «Un budget trois fois plus élevé qu'une ville normale avec la même population», fait remarquer un directeur de la Ville. Ensuite, le maire de cette ville est une personne influente auprès des élus des municipalités de la banlieue ouest. Il détient le titre de vice-président de la Conférence des maires de la banlieue de Montréal et est reconnu comme le promoteur du concept WS auprès de la même assemblée.

1.2 ... et un environnement politique et social propice à la mise en place de WS

En s'appuyant sur les propos recueillis en entrevues, on découvre que les dirigeants municipaux, à l'instar de leur maire actuel, ont toujours eu une préoccupation santé. Avant même de se joindre au mouvement WS, «... la Ville agissait déjà en ce sens».. Il est vrai qu'on attribue au maire une grande prédisposition pour les questions de santé. On s'entend pour dire que ce dernier facilite davantage la mise en place de projets santé que les autres maires de la banlieue ouest: «[...] c'est le maire qui nous a aidés le plus à réaliser nos projets», disent les professionnels du DSC.

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Pointe-Claire présente un passé intéressant dans le domaine de l'entraide communautaire et du bénévolat. La mise en place d'un service ambulancier, d'une bibliothèque municipale et de piscines dans certains quartiers, durant les années 50, sont des exemples des efforts conjugués des élus municipaux et des citoyens bénévoles. A quelques reprises dans ies documents officiels recueillis dans le cadre de la recherche et lors d'observations sur le terrain, on se réfère à la propension des citoyens de Pointe-Claire à l'entraide, «a level of voluntarism exceptionally high». C'est sans doute en faisant référence à cela qu'un directeur de la Ville note qu'«... adhérer à WS fait concrétiser ce qui se fait déjà, [...] et on pense WS, ça devient plus fort!».

Des tables de concertation avaient vu le jour dans le West Island, par exemple celle touchant les jeunes. On avait à ce moment-là exploré quelque peu l'univers de la concertation. Les documents écrits et les entrevues témoignent de l'accueil enthousiaste des partenaires pour l'intersectorialité. Une personne explique cet emballement par l'esprit communautaire qui règne depuis longtemps, soit «l'esprit de West Island».

Il n'y a pas d'opposition au Conseil. Le maire est respecté pour sa sagesse et son charisme: «Quand le maire parle, il parle pour le Conseil, il parle pour les citoyens.» De l'avis de certains, l'absence de parti d'opposition semble faciliter actuellement le développement de WS dans Pointe-Claire.

Mais tout le monde ne voit pas d'un bon oeil le manque d'opposition dans les affaires publiques. On cite des exemples de comités qui ont été mis de côté dans le passé, lorsqu'ils devenaient trop exigeants pour les élus. Une citoyenne dit: «Le comité sur l'embellissement mis sur pied par le maire au début de son règne est tombé parce que des citoyens étaient trop revendicateurs.» Un comité traitant des questions sur l'environnement a d'abord été perçu à tort comme un groupement politique de confrontation alors que son objectif était d'entamer le dialogue avec le conseil municipal, raconte un autre individu. Une dernière personne observe à regret que le citoyen ordinaire n'a pas l'occasion de remettre en question très souvent ce qui a été préalablement choisi. Malgré cela, on décèle un climat politique stable qui engage à la mise en place de nouveaux projets, à Pointe-Claire.

Sans toutefois parler d'isolement, on formule des critiques à l'endroit des autres paliers de gouvernement et on manifeste de l'hésitation à collaborer avec Montréal. Le discours des élus révèle un sentiment d'autonomie de leur part. Les gens tiennent à leurs réalisations et veulent se distinguer comme communauté.

LE MAIRE: «As a general practice, it has not been Pointe-claire 's habit to wait for the other two levels of government to take action to improve the quality of life in our community. We decided long ago that if we waited to be spoonfed we would be a long time in getting what we felt was essential for our citizens. Consequently, we have had a policy of "self-help" for a number of decades.»

Les résidants de Pointe-Claire, quant à eux, manifestent une grande fierté ainsi qu'un sentiment d'appartenance élevé face à leur ville.

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LES CITOYENS: «We are proud of our municipality... and we are proud of our historical roots... which go back over three hundred years to our first settler... [..] we are proud of our mix of French and English. »

2. L'ORIGINE DU PROJET

2.1 Une consultation publique

En 1986, l'équipe du DSC Lakeshore - le DSC couvre le West Island auquel s'ajoutent deux autres municipalités - conviaient les représentants des organismes du territoire à identifier les priorités santé pour les cinq prochaines années. Suite à cette consultation, on cherchait alors un moyen de pouvoir mettre en oeuvre les programmes de la santé communautaire. À cette époque, on parlait de plus en plus de partenariat.

LA PROMOTRICE DE W S : «... Plus je lisais sur le concept WS, ... plus je me disais que ça serait une belle dynamique territoriale si on amenait les municipalités à collaborer avec nous et à se donner des objectifs santé, les nôtres, qu'elles pourraient

faire leurs, et on pourrait faire ensemble un "virage santé" dans le territoire».

En janvier 1988, une professionnelle de la santé rencontre le maire de Pointe-Claire et lui présente WS comme un «outilprivilégié» dans l'atteinte d'une meilleure qualité de vie pour les citoyens. Il est alors entendu que Pointe-Claire appliquera ce concept à titre de projet-pilote dans l'Ouest de l'Ile. Le maire nommera un représentant de sa Ville, en l'occurence un de ses directeurs, au réseau provincial des Villes et Villages en Santé.

Deux documents provenant du DSC et produits à moins d'un an et demi d'intervalle, exposent les motifs qui favorisent autant l'adhésion du citoyen que d'une municipalité tels que l'intensification du sentiment d'appartenance du citoyen à l'égard de sa municipalité, le gain

fiscal à longue échéance pour la Ville, les retombées politiques favorables pour les élus. L'implantation de l'initiative à Pointe-Claire s'est grandement inspirée de la démarche proposée par le réseau québécois. Si des personnes ont tendance à se tourner vers le monde anglophone des Healthy Cities pour y chercher des exemples d'application de W S , les principaux artisans d e ' W S à Pointe-Claire, montrent l'importance de travailler étroitement avec le réseau québécois WS. L'un des deux documents a d'ailleurs été approuvé par les responsables du réseau. L'engagement du DSC et de Pointe-Claire au réseau québécois WS, ajoute un argument de plus pour convaincre les autorités municipales de la banlieue de s'affilier au mouvement:

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«[...] on observe que, sur le territoire du DSC Lakeshore, plusieurs villes ont déjà la préoccupation d'orienter leur gestion municipale vers une philosophie globale de santé».

Quelques mois plus tard, en août 1988, la ville de Pointe-Claire devient, par résolution municipale, «la première ville du territoire du DSC et de la région du Montréal métropolitain» à adhérer officiellement au mouvement provincial. Pointe-Claire s'inscrit parmi les dix premières villes au Québec à faire partie du réseau.

2.2 Un consensus sur la qualité de vie

Autour d'un consensus sur la qualité de vie, le maire et le directeur du département de santé communautaire lancent une opération d'envergure dans le but de répandre WS dans les 14 municipalités de l'Ouest. On s'assure alors de l'accord et de l'appui de personnages de prestige tels que députés provincial et fédéral, maires d'autres municipalités : «... nous relevons au niveau du territoire, une volonté politique très nette, tout comme le démontre la liste de nos collaborateurs».

3. LES OBJECTIFS DU PROJET ET LES

INTÉRÊTS DES PARTENAIRES

3.1 Une politique de santé municipale

Un directeur de la Ville raconte qu'au tout début on visait deux objectifs: concrétiser ce qui se faisait déjà et prendre toutes les décisions futures en tenant compte de la santé des citoyens. Même si tous reconnaissent que Pointe-Claire faisaient déjà beaucoup pour ses citoyens, le premier magistrat rappelle que l'avènement de WS leur procure un but: «... this is valuable because it makes..., it gaves us a goal, it gaves us something to concentrate on».

L'ensemble des personnes rencontrées n'hésitent pas à dire que l'objectif primordial est de «rester près du concept (on sous-entend W S ) » , «d'intégrer la dimension santé dans toutes les sphères d'activités de la municipalité». Au comité aviseur et aux réunions des différents projets, les professionnels du DSC louent les mérites du concept et en font la promotion comme pour rappeler aux autres partenaires l'objectif ultime du projet: «penser santé». Le comité vise aussi à ce que les citoyens pensent et agissent santé, c'est-à-dire qu'ils adoptent dans leur vie quotidienne, des attitudes de protection de l'environnement urbain et des comportements santé.

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3.2 Vers un territoire en santé

L'histoire montre qu'on confère une mission à Pointe-Claire, celle «de voir à ce que les autres municipalités de la banlieue ouest se développent..». Ainsi, Pointe-Claire démarre souvent un projet et les autres municipalités «s'impliquent».

La volonté d'étendre le concept à un territoire en santé remonte au tout début de l'initiative de Pointe-Claire, Ville en santé. Pointe-Claire veut servir d'exemple dans le mouvement WS aux autres municipalités du territoire de I'Ouest-de-l'Ile. La plupart des personnes interviewées disent que la Ville doit transmettre son expérience aux autres et agir en tant que leader. Dans les réunions du comité WS, les porte-parole de WS répètent que la Ville doit maintenir son rôle de chef de file, mais en ayant le souci de ne pas bousculer qui que ce soit. À cet effet, le maire de Pointe-Claire dit: «...I don't want anybody to feel that I'm pushing them».

On fait étal dans un document de certains facteurs de réussite qui permettent aux villes de' la banlieue ouest d'appliquer le concept WS:

«Les avantages socio-économiques déjà acquis, la collaboration des partenaires multisectoriels, l'attitude positive observée chez les dirigeants de ces villes et chez plusieurs de leurs employés, ajoutés à la sensibilisation de leur population face à leurs besoins/problèmes en matière de santé et à leur implication dans une action communautaire dynamique font de ces municipalités des partenaires de choix pour appliquer un tel concept.»

Les personnes interrogées expliquent l'engouement pour le concept WS. Il faut s'associer à dès partenaires dans l'élaboration des projets de façon à épargner des coûts. Une ville en bonne condition économique va avoir une bonne condition de santé. En parlant des projets, on souligne la nécessaire collaboration entre le municipal et la santé: «... ce que les intervenants en santé font, et qui a une incidence directe sur la gestion municipale, sur l 'aménagement du territoire et les priorités pour l'avenir...»

Des personnes se montrent critiques à l'endroit des objectifs du comité. Mentionnons par exemple les opinions suivantes: les objectifs pourraient être plus près de ceux des groupes environnementaux qui militent à Pointe-Claire; si on suivait à la lettre les objectifs WS, on créerait une ville encore plus humaine; les objectifs pourraient être plus spécifiques aux jeunes ou encore pourraient viser à régler des problèmes tels que la pollution des eaux du Lac, les horaires des autobus de la CUM et le développement de l'activité commerciale dans le village de Pointe-Claire -un des huit quartiers de la ville - qui risque de faire fuir les résidants (les juridictions ne relevant pas toutes de la municipalité); on ne devrait pas trop centrer le projet sur des mesures destinées à réglementer des comportements comme l'usage du tabac ou de l'alcool. Quant à l'objectif de tendre vers un territoire en santé, des citoyens s'interrogent sur la pertinence de déployer des énergies pour faire rayonner le projet à l'extérieur de la Ville.

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3. LA STRUCTURE DE CONCERTATION

ET SON FONCTIONNEMENT

4.1 La composition du comité WS et ses mandats

Le DSC Lakeshore s'engage avec la Ville de Pointe-Claire à mettre sur pied un comité WS. Il est mentionné dans les écrits officiels que ce comité aura pour tâche «de spécifier son mandat, de former les participants au concept» de manière à respecter son développement et à soutenir les actions qui seront engendrées. Les différents projets alors en cours «seront soumis au conseil municipal pour approbation comme le prescrit la Ville».

Il faudra attendre plus.d'une année après l'adhésion de la ville au mouvement, pour qu'un comité soit constitué. Plus précisément, ce comité se réunira pour la première fois en décembre 1989. De plus, la création de ce nouveau comité n'outrepasse pas les structures en place. Il s'érige de la même façon que les six comités consultatifs, formés de bénévoles et responsables, soit le service aquatique, la bibliothèque, le centre culturel Stewart Hall, le service de base de voile, l'urbanisme et l'aide au troisième âge. «Ce comité respectera les structures de concertation déjà en place qui ont jusqu 'ici orienté le conseil municipal dans ses prises de décision face aux projets antérieurs».

Ce comité est un comité conseil. À ce propos, le conseiller interrogé dit: «Tous les comités dans la ville de Pointe-Claire sont des comités aviseurs». Aucun vote n'a été pris jusqu'à ce jour. Un directeur de la Ville précise à ce sujet:

«[:..] et jamais à date on a eu à prendre de vote de toute façon la décision finale revient au conseil de ville. Parce que le comité promoteur ne peut pas dépenser des argents au budget qui est voté par le conseil de ville...».

La professionnelle de la santé et un des directeurs à la Ville, étant les premiers à réfléchir sur le concept, dressent une liste de personnes susceptibles de prendre part au comité en se basant sur les comités promoteurs d'autres Villes. Les entrevues nous enseignent que les auteurs de cette liste et le maire avaient des exigences minimales quant au choix des personnes qui forment le comité. Premièrement, il faut être résidant de Pointe-Claire. Les personnes participent au comité à titre principal de citoyens et non en tant que représentants de l'organisme d'où ils proviennent. «... le maire a fait beaucoup d'effort de dire non, non, non. Il n'y a personne qui représente un groupe ou un intérêt» dit un membre du comité. Deuxièmement, il faut croire en WS. Troisièmement, il s'agit d'avoir un esprit positif. Le candidat parfait témoigne pour ainsi dire d'une ouverture d'esprit face au projet.

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Les huit membres du comité sont les suivants, et ce, depuis ses débuts:

le maire qui agit à titre de président; un des huit conseillers municipaux de la Ville qui, semble-t-il, s'intéressait déjà au concept WS; le directeur général de la Ville nommé par le maire pour sa position stratégique; le directeur des ressources humaines de la Ville, et garant des dossiers santé de la Ville; un représentant des hommes d'affaires, aujourd'hui à la retraite; la présidente du conseil d'administration du CLSC Lac Saint-Louis et représentante du YWCA, reconnue pour son dynamisme dans la communauté, et déléguée du comité des citoyens; une citoyenne bénévole auprès des personnes âgées en difficultés dans le village; enfin, la professionnelle du DSC.

La composition de ce comité émane plus d'un calcul politique que de l'intention d'obtenir une représentation de l'ensemble des secteurs d'activités. D'une part, la plupart de ces personnes sont reconnues dans le milieu pour leurs activités respectives: «un des facteurs qui était aidant, c 'était de se regrouper avec des gens qui étaient déjà connus dans le milieu pour la dynamique communautaire». D'autre part, on affirme qu'il y a un nombre équivalent de citoyens et de politiciens ou dirigeants de la Ville. Si on questionne le maire sur la représentativité du comité, il n'hésite pas à répondre que ce comité est entier tel qu'il est. Lorsque le comité a besoin de la compétence d'un expert ou des éclaircissements sur un sujet donné, il invite alors une personne ressource.

Par contre, certains membres ne dissimulent pas leur volonté d'élargir le comité à d'autres acteurs: un porte-parole des jeunes, un autre des personnes handicapées et un dernier du domaine des loisirs. Quelques-uns, plus hardis, optent pour un représentant d'un groupe de lobbys ou pour un délégué provenant de chacun des quartiers.

Bien que la moitié du comité se compose de citoyens, cela n'aide pas vraiment à sa visibilité. Quelques personnes soulignent que la population ignore l'existence du comité comme celle du mouvement. Les citoyens savënt que leur Ville met en marche divers projets touchant l'environnement, la santé, le mieux-être finalement, mais ils n'associent pas vraiment ces activités à WS. Quelques articles relatant l'adhésion de la Ville à WS ont déjà paru dans le journal local. Une personne note qu'une présence accrue de citoyens au comité aiderait à mieux faire connaître leurs actions. La mise en place de sous-comités reliés à chaque quartier permettrait de répandre l'information sur les projets en cours et, en échange, d'avoir une connaissance immédiate des problèmes vécus dans chacun des quartiers. Une dernière personne souhaite en faire un lieu où se discutent les questions de santé: «Je pense qu'il serait bon pour les citoyens de savoir qu'il y a un forum pour discuter la santé dans un moyen large.»

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Une personne interviewée conclut qù'à Pointe-Claire, contrairement aux deux autres sites à l'étude, WS n'est pas parti de la collectivité et qu'alors on ne peut pas s'attendre à un intérêt marqué de la part du citoyen.

4.2 L'efficacité du comité

On parle d'efficacité pour justifier le nombre restreint des membres. Le bon rendement de ce comité est avant tout attribué au petit nombre de personnes qui le composent ainsi qu'à la façon dont le maire en assume la direction.

Le maire préside les réunions et anime avec souplesse, si bien que les discussions vont du formel à l'informel. II prête une oreille attentive à tous et toutes. Il prend les minutes qui seront par la suite retranscrites par sa secrétaire dans les deux langues. Les réunions se déroulent dans la salle du Conseil de l'Hôtel de ville. À chaque réunion, les membres et les invités sont reçus par la secrétaire du maire. D'habitude, les discussions se font en français et en anglais et une seule personne sur huit n'est pas bilingue. Seul le représentant du monde des affaires assiste aux rencontres de manière très occasionnelle. Quelques personnes se sont plaintes de l'irrégularité des réunions. À plusieurs reprises, ces dernières ont été remises à une date ultérieure parce que l'un des membres avait un contretemps.

Lors de ces réunions, on se renseigne sur la progression de WS dans les municipalités de l'Ouest. On fait le décompte des villes qui ont finalement passé une résolution, celles qui sont en pourparlers, et on s'informe des démarches entreprises pour rejoindre les bonnes personnes.

Une responsabilité, conférée cette fois au comité, se rapporte au souci d'informer le public au sujet de WS. Le conseiller dit:

«C'est la responsabilité du comité d'assurer que le public est au courant que l'esprit de WS existe dans les règlements et dans les programmes que nous avons à la ville de Pointe-Claire. Ça, c'est une très importante responsabilité pour le comité...».

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3. LA MISE EN OEUVRE DE LA PARTICIPATION

ET DE L'ACTION INTERSECTORIELLE

5.1 Une participation des citoyens aux activités

En raison de sa richesse, Pointe-Glaire a donc les moyens de mettre sur pied des services pour répondre aux besoins de sa population. Les citoyens sont choyés par la qualité et la quantité de services offerts par leur municipalité. Tel en témoigne l'un d'entre eux: «Ici, à Pointe-Claire, on est très gâté du côté des services; d'abord, ils [les services] sont de très haute qualité, ensuite ils sont abondants». Un directeur de la Ville ajoute: «On offre tant qu'ils n'ont peut-être pas besoin de participer (aux comités aviseurs)».

À Pointe-Claire, on soutient que les citoyens sont présents au comité aviseur. Les membres sont en effet citoyens avant d'être maire, directeur de la ville, représentant de la santé ou du communautaire. Ainsi, «(au comité)... on a le pouls de la population».

En réalité, les citoyens assistent en grand nombre aux événements publics et aux activités mises en place dans le cadre de l'initiative. La participation aux collectes des déchets domestiques dangeréux est de fait plus grande qu'on ne l'espérait. L'intérêt des citoyens pour le compostage dépasse aussi les espérances des organisateurs de l'activité.

Parmi les suggestions faites pour susciter davantage la participation des citoyens, en voici quelques-unes: avoir au moins un représentant de tous les quartiers de la ville au comité WS; faire un plan de communication afin de renseigner les citoyens au sujet des activités que Ville en santé promeut; faire un sondage auprès de l'ensemble de la population sur leurs besoins et, voire même, une consultation: «Moi, mon rêve, ça serait de faire à Pointe-Claire un sondage vis-à-vis la population, on offre énormément de choses à la population mais est-ce qu'ils désirent?», raconte l'un des dirigeants de la Ville.

Pour sa part, une résidante qui encourage fortement la consultation publique, dénonce le désintéressement des citoyens face aux activités municipales:

«Absolument, moi je trouve que c 'est essentiel {l'engagement des citoyens). C 'est la base si on vise I 'empowerment, il faut que les citoyens soient consultés. Ils le sont par le biais, les annonces.. à chaque réunion du Conseil de ville, les gens sont amenés à aller poser des questions. Et sont consultés de cette façon-là mais sauf que les gens n 'ont pas pris l'habitude de le faire. C'est un peu leur faute aussi, c'est un désintéressement.»

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Il n'a pas été facile pour une citoyenne d'adhérer d'emblée^au comité: elle ne comprenait pas comment on peut intégrer WS aux programmes actuels de la Ville. L'argument principal de la professionnelle du DSC, très au fait du mouvement, tient à ce qui suit: «... ils apprennent. C'est en le vivant qu'on apprend à le connaître, le projet».

5.2 Une intersectorialité présente dans les projets

Les liens les plus forts et les plus assurés se retrouvent entre la Ville et le DSC et dépassent largement la poursuite d'objectifs communs. Dans les réunions du comité a viseur par exemple, il est facile d'observer la bonne entente entre les leaders du monde municipal et du monde de la santé. Bien qu'on reconnaisse que l'influence du maire sur les questions santé soit grande, la professionnelle du DSC n'en retire pas moins une bonne part des bénéfices. On dit d'elle, qu''«...elle est l'experte...; «c'est elle qui a amené l'idée...»; «...avec le maire, elle oriente vers les besoins».

Lors d'événements publics ou au cours de réunions du comité WS, les professionnels du DSC agissent à titre de consultant ou d'expert en la matière. Les représentants de la Ville (élus en tête) possèdent quant à eux le rôle de décider et d'offrir un soutien logistique au bon déroulement de l'activité. La Ville donne l'argent, fournit les services et les ressources. Le maire en personne s'implique. Ainsi, il écrit une lettre personnalisée aux propriétaires de restaurants et hôtels pour favoriser l'adoption des Menus mieux vivre dans sa ville et sur tout le territoire.

L'intersectorialité n'est pas une caractéristique du comité WS bien que tous y souscrivent. Cependant, elle se révèle essentielle dans les projets et les activités. Par exemple, la personne responsable, lorsqu'elle vient du DSC, s'associera, au besoin, à des collaborateurs provenant du milieu de l'éducation, de la santé et des services sociaux, etc., et trouvera des commandites auprès de l'entreprise privée. Le projet de prévention de l'alcool au volant est un bel exemple de ce type d'association.

À Pointe-Claire, on souligne que le partenariat se vit surtout dans les tables de concertation du territoire. Les liens existant entre ces tables et le comité aviseur ne sont pas formalisés. Cela étant, les informations passent par les quelques individus qui siègent à la fois au comité et à une de ces tables.

Au niveau régional, les maires de la banlieue ouest se montrent hésitants à entreprendre des projets avec Montréal pour des raisons politiques. Il semble a priori que la présence de Montréal fait ombrage à leur visibilité et n'implique pas les mêmes coûts.

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6 . L E S R É A L I S A T I O N S

Bn raison d'un manque d'informations consignées sur les projets provenant de la Ville, il

n'a pas été facile de répertorier l'ensemble des 16 projets et des activités mis en place dans le cadre de WS. Les projets municipaux ont plus d'envergure que ceux des organismes de la santé, le DSC principalement, et entraînent plus de coûts. Du côté de Pointe-Claire, les activités ou projets consistent spécialement en des services à la population. Quant aux projets de la santé, ils reposent en particulier sur des études et comportent de la représentation politique.

Dans la majorité des cas, les projets visent l'ensemble de la population: «...ce sont des priorités globales qui englobent toute la population». Ils ont pour la plupart des objectifs à long terme. Sept des 18 projets sont du domaine de la santé et six autres du domaine de l'environnement et aménagement.

Il va nous être plus facile de suivre cette liste à partir du tableau 4.1 qui classe les projets selon la provenance, et décrit les objectifs, les activités actuellement en cours, les dates de début et le territoire couvert, Pointe-Claire ou le territoire du DSC.

6.1 Huit projets du DSC

Huit projets résultent de la consultation du DSC auprès de ses partenaires du milieu, en 1986. En effet, quatre projets, dont l'implantation de la Loi pour la protection des non-fumeurs et la promotion des activités physiques par l'agent de Kino-Québec, relèvent du programme de santé cardio-vasculaire du DSC. L'activité de collecte des produits domestiques dangereux démarrée en 1987 figure dans la planification du programme sur l'environnement. Deux autres projets s'intéressent à des populations spécifiques: les enfants de maternelle avec un programme de prévention des abus sexuels (le p r o g ; ^ & é ÇARÈ) et un programme de santé pour les travailleurs de Pointe-Claire. Le premier s'inscrit en santé mentale et le deuxième, en santé et sécurité au travail. Le huitième projet s'insère dans le cadre du programme sur les traumatismes routiers.

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TABLEAU 4.1 Pointe-Claire: Objectifs des projets et activités, 1988-1992

PROJETS OBJECTIFS ACTIVITÉS ACTUELLEMENT EN-COURS

A) PROJETS W S QUI PROVIENNENT D'UNE CONSULTATION DU DSC 1. Implantation de la Loi pour la protection des non-fumeurs dans certains lieux publics [*]' (Depuis janvier 1998)

- augmenter à 80% la proportion de non»fiimeurs - offrir aux fumeurs un soutien pour cesser de fumer - Pointe-Claire sert de projet- pilote

- table de concertation

2. Promotion des activités physiques.

Plan d'action visant l'implantation d'un programme d'intervention en activité physique pour les aînés [*] (Début 1989)

- améliorer la condition physique des citoyens

- aucune présentement

3. Dépistage de l'hypertension artérielle en milieu de travail [*] (Mars 1990 à mars 1991)

- dépister la clientèle la plus à risque - assurer un suivi aux employés dépistés

- aucune présentement

4. Programme de prévention de l'alcool au volant [*] (Depuis 1987)

- diminuer la conduite en état d'ébriété - table de concertation - évaluation d'une formation offerte dans les établissements

5. Collecte des produits domestiques dangereux [+] (Depuis 1987)

- sensibiliser les gens sur certains produits dangereux d'utilisation domestique - enseigner à la population une méthode écologique de se débarasserdes déchets domestiques dangereux

- la collecte se déroule à la fin du printemps, une fois par année

6. Programme de prévention des abus sexuels chez les enfants de maternelle [*] (Depuis 1987)

- encourager et promouvoir les droits des enfants

- évaluation du programme

7. Promotion des Menus Mieux Vivre [*] (Depuis 1987)-

- les objectifs de promotion partagés les restaurants, clientèle et partenaires

- certification des restaurants en cours

8. Programme de santé pour les travailleurs de la Ville de Pointe-Claire (Depuis 1990)

- réduire ou diminuer les risques nuisibles à la santé et sécurité - diminuer le nombre d'accidents et de maladies professionnelles

- pas de données

B) PROJETS DE LA VILLE 9. Citoyens âgés

- pas de données en cours

lO.Cedar Park Height (1991) - aménager un parc de manière sécuritaire

aucune

11. Compostage (Depuis 1991) - évaluer utilisation qu'en font les citoyens

distribution de 40 composteurs

12. Règlement régissant la préservation, la coupe et la plantation des arbres

- pas de données

[*] L'astérisque indique que le projet ou l'activité est mis en oeuvre à Pointe-Claire et aussi dans l'ensemble du territoire du DSC.

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TABLEAU 4.i (suite)

PROJETS OBJECTIFS ACTIVITÉS ACTUELLEMENT ENCOURS

C) PROJET PROVENANTDUCLSC

13. Étude exploratoire sur le transmetteur portatif d'urgence (CLSC) (Depuis 1991)

• évaluer son utilité auprès de populations-cibles

aucune

D) PROJET ENTREPRIS DANS LE CADRE DE VVS

14. Intégration de la dimension santé dans le plan d'urbanisme

- intégrer les concepts de santé dans un plan d'urbanisme - concrétiser physiquement le concept de santé globale

• conférence de presse - table de concertation • projet-pilote dans Valois

15. Consultation auprès des jeunes du secondaire IV [*] (Avril, mai 1989)

- initier et sensibiliser les jeunes à W S sur le thème «Villes en santé en Fan 2008»

aucune

16. Usines de filtration [*] (Printemps 1992)

• permettre aux villes de reprendre une activité, d'avoir un contact avec les citoyens

journées Portes Ouvertes

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6.2 Quatre projets de la Ville

Le règlement régissant la préservation, la coupe et la plantation des arbres, l'aménagement sécuritaire du parc Cedar Height, l'aide aux aînés (dont l'initiative de faire une liste des aînés vivant seuls revient au maire), sont des initiatives de la Ville discutées au comité aviseur. Par ailleurs, tous avaient déjà démarré avant l'adhésion de la Ville à WS.

Le quatrième projet, dont l'idée revient à un conseiller municipal et membre du comité WS, porte sur le compostage. Il s'agit d'évaluer le niveau d'utilisation des composteurs par la population de Pointe-Claire. Dans une première phase, cinq composteurs ont été distribués à chacun des huit conseillers municipaux qui, eux, les ont redistribués dans leur voisinage. Dans mie deuxième phase, les responsables de la Ville vendent à moitié prix les composteurs à un plus large éventail de citoyens. Suite à ces démarches, la Ville décidera ou non de mettre les composteurs à déchets à la disposition de toute la collectivité.

6.3 Un seul projet provenant du CLSC

Une étude exploratoire du transmetteur portatif d'urgence 911 pour les aînés et les personnes handicapées est mise sur pied par le CLSC Lac Saint-Louis. Conformément aux écrits officiels, le bilan de l'étude est positif.

6.4 Trois projets entrepris dans le cadre de WS

Une étudiante en urbanisme de l'Université de Montréal a produit un guide de réflexion sur l'intégration de la dimension santé dans le plan d'urbanisme d'une Ville. Cette étude, parrainée par la Ville de Pointe-Claire et le DSC, a été faite en collaboration avec une firme privée d'urbanisme. Les résultats ont eu pour effet d'instituer une table de concertation des responsables des dossiers d'aménagement des 14 municipalités de l'Ouest de l'Ile sous la présidence de la ville de Pierrefonds. Un projet concret a été mis en place suite aux recommandations de l'étude dans le quartier de la Baie de Valois.

Au sujet de l'intégration de la dimension santé dans les règlements municipaux, un conseiller municipal raconte:

«... ça veut dire que dans toute la planification de la Ville'de Pointe-Claire, on pense WS. Si c'est un nouveau parc ou quelque chose comme ça, le Conseil pense WS. Si c'est pour l'utilisation d'un terrain nouveau, est-ce que c'est bon pour la Ville dans l'esprit de WS [...] ça c'est un grand règlement [...] et ça touche chaque partie de vie de la Ville de Pointe-Claire.»

Une consultation auprès des jeunes du secondaire IV sur le thème d'une Ville en santé en l'an 2008 a été menée dans le cadre des jeux provinciaux Jeunesse été 89. L'expérience n'a pas été renouvelée dans les années ultérieures.

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Finalement, le projet Portes ouvertes sur les usines de filtration se situe de même dans la foulée des projets entrepris dans le cadre de WS, bien qu'ils découlent du dossier environnement du DSC.

6.5 Les retombées

Au moins trois tables de concertation ont été mises en place pendant WS: une se rapportant à l'implantation de la Loi 84, une deuxième à l'intégration de la dimension santé Hans le plan d'urbanisme composée des responsables des dossiers d'aménagement des 14 municipalités de l'Ouest-de-l'île et une dernière au programme de prévention de l'alcool au volant.

Les promoteurs ont réuni des responsables de divers organismes de la communauté pour l'ensemble des activités. Par exemple, la consultation auprès des jeunes du secondaire a rassemblé cinq Villes et un CLSC du territoire, une Commission scolaire et un DSC situé hors région. Pour la journée Portes ouvertes sur les usines de filtration, ont collaboré les responsables des usines de filtration, les maires de cinq municipalités et les journaux locaux.

La majeure partie des activités mises en oeuvre par le DSC ont fait l'objet d'une publicité locale pour annoncer l'événement ou pour divulguer les recommandations d'une étude. Mentionnons les conférences de presse organisées pour la journée Portes ouvertes sur les usines de filtration, pour le lancement des Menus mieux vivre ou pour le programme Alcool au volant

6.6 Les succès des projets

La plupart des personnes considèrent que le projet des non-fumeurs est un véritable succès et qu'en plus, il sert de modèle aux autres.

UN CONSEILLER MUNICIPAL: «Je pense que Pointe-Claire a été la première ville dans la province de Québec à adopter un règlement non-fumeurs. Pour nous, c 'est une grande chose parce que nous sommes les leaders. Et c'est -nécessaire quand on est leaders que le programme ait du succès».

La représentante du DSC et instigatrice du projet précise que le but est: «...d'essayer d'embarquer toutes les municipalités dans le programme WS, pour démontrer ce qu'est une dynamique territoriale, pour que les maires voient comment on travaille ensemble.» Les projets touchant l'environnement (compostage et collecte des déchets dangereux) soulèvent aussi l'admiration parce que beaucoup de citoyens y participent. Au sujet de la collecte des déchets, une citoyenne raconte: «Et la ville de Pointe-Claire a accepté d'aller de l 'avant avec ce projet-là, et je félicite le maire parce que c'est vraiment une initiative louable,..».

Par contre, d'autres personnes se gardent bien de parler de succès à propos des projets: «[...] il est trop tôt pour juger», «On n 'est jamais totalement satisfait...». De plus, certaines mentionnent que les projets ne sont pas tous au sens propre des projets WS puisqu'aucun d'entre eux n'est une initiative des citoyens. «Ce n'est pas à proprement parler des projets WS... l'initiative ne

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vient pas de la communauté», rappelle une intervenante. On rapporte aussi qu'évaluer l'utilisation des composteurs par les citoyens est une perte de temps. En effet, la population de Pointe-Claire est passablement sensibilisée à l'environnement et on n'a plus besoin de sonder le terrain.

Par ailleurs, on souligne qu'on ne peut s'engager dans des projets à caractère trop politique. WS ne peut servir de tribune politique, surtout quand le dossier est déjà l'objet de controverses. «Et nous autres on trouve que WS n'a pas les reins assez solides pour aller faire un débat, un combat presque, alors on a dit que ça ne rentrerait pas dans ça, pour le moment...», dit la professionnelle du DSC au sujet de la fluoration des eaux.

Certaines personnes s'interrogent sur la nature des projets et sur les moyens préconisés pour les promouvoir: on ne devrait pas centrer les énergies sur des mesures destinées à réglementer des comportements, se servir d'un moyen coercitif tel qu'une loi pour diminuer la consommation, offrir des menus santé alors que des personnes n'ont pas les "moyens" d'aller au restaurant, ou demander aux gens de trier leurs déchets alors qu'on ne fait rien pour dépolluer le lac.

Une citoyenne interrogée se montre perplexe face aux efforts déployés pour que le projet rayonne à l'extérieur de la ville. Elle imagine difficilement les retombées bénéfiques pour les citoyens de Pointe-Claire: «Leprojet est trop tourné vers l'extérieur». Elle est du nombre des résidants qui exhortent les autorités à régler les vrais problèmes dans leur ville: faire cesser la détérioration du village de Pointe-Claire, envisager des solutions aux problèmes grandissants des personnes en perte d'autonomie, se consacrer à la cause des jeunes désoeuvrés.

On souligne une fois de plus qu'il reste une activité importante à faire: celle d'informer la population de Pointe-Claire sur l'existence et les projets WS. Un conseiller souligne : «..je pense que nous n'avons pas fait vraiment une bonne job sur la. question d'informer le public. Dans mon opinion, ça va être la prochaine étape dans la Ville». Lors de la dernière observation au comité WS, il était aussi question de créer un slogan pour rappeler la participation de la Ville àa projet Ville en santé.

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7. PERCEPTIONS GÉNÉRALES SUR LES RÉSULTATS

7.1 L'avenir et les défis de l'initiative de Pointe-Claire

Le maire de Pointe-Claire se montre rassurant face à l'avenir. Selon lui, le projet est déjà très ancré dans l'appareil municipal, auprès des directeurs et des conseillers municipaux. Son départ éventuel en tant qu'homme politique n'affecterait en rien la poursuite des activités WS. De plus, le maire rappelle que la Ville accorde depuis toujours de l'importance à la santé de ses citoyens. La majorité des conseillers municipaux sinon tous, dit-il, sont sensibilisés à la santé et à l'écologie dans la communauté. Si bien que l'ennui n'est pas de les stimuler mais de les freiner dans leurs actes: «•[...] it's a case of keeping them going in the direction that's going to be realistic».

L'on retrouve la même confiance dans la continuité du projet à Pointe-Claire chez un directeur de la Ville. Il y a trop de bénéfices à tirer d'une telle initiative pour qu'elle se meure, affirme-t-il en entrevue.

Cependant, ces opinions ne sont pas également partagées par les citoyens et autres intervenants. L'avenir apparaît fragile pour certains, advenant le départ du maire actuel.

UNE CITOYENNE: « Si demain on avait un autre maire, cela ne serait pas la même chose. Peut-être, qu 'il porterait moins attention à tous ces projets [...]».

Il y en a qui voudraient aller plus loin dans les questions d'urbanisme. Par exemple, on envisage que WS est voué à sa disparition si les responsables se limitent à de petites interventions comme le raconte une citoyenne: «Si on ne fait que des petites interventions ponctuelles, ça ne marchera pas longtemps parce que ça va être trop peu de choses pour trop peu de temps». II faut donc intégrer le concept WS au plan d'urbanisme. Une deuxième personne souligne que les villes doivent se doter de réels outils sinon «[...] ça va être une belle balloune...».

En parlant de la longévité du projet, d'autres mentionnent que WS en est à ses débuts. Et si l'on veut que ça continue, il ne faut pas opter pour des moyens contraignants en négligeant de travailler sur <d'éducation de la population et de sa compréhension [en matière de santé]».

«[...] toutes ces choses-là, ça coûte de l'argent à la Ville et c'est payé à même nos taxes», disait une citoyenne. La crainte d'occasionner des frais supplémentaires se retrouve aussi chez les maires et ralentit le développement de WS dans certaines banlieues: «...and some of the Mayors are afraid that it's gonna cost them a lot of money», raconte le maire.

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Une personne interrogée et qui n'est pas membre du comité,1 considère que les projets WS sont justement peu coûteux en proportion des bénéfices encourus par les municipalités. Par la mise en commun des ressources, on accroît ainsi l'économie. Elle parle du comité WS comme d': «[• ••] un groupe qui va axer des interventions qui ne coûtent pas plus cher à la Ville au niveau économique et qui peuvent avoir des impacts sur la population, des impacts santé». La gestion municipale est vue comme un grand défi dans WS. Le projet devrait «forcer les dialogues, ...la rationalisation». On note aussi dans la lenteur de certaines villes à démarrer le projet, l'obligation de mener des actions non prévues.

Un dernier défi consiste à savoir si, finalement, le projet à Pointe-Claire répond vraiment aux besoins de la population. Le principal moyen d'y parvenir demeure le sondage. Si ce dernier s'avère positif et révèle que la Ville répond vraiment à un besoin, alors dit l'un des directeurs interviewés: «Ça voudrait dire que Pointe-Claire serait La Ville en santé». Si non, la Ville devra y remédier si les ressources humaines et financières le permettent.

7.2 Des effets perceptibles

Les entrevues révèlent certaines perceptions sur les. effets de l'initiative. L'un des directeurs raconte à quel point les gens sont sensibilisés depuis la venue du comité. Même si la Ville est reconnue comme ayant des acquis indéniables en matière de santé, on a fait un autre bout de chemin avec WS.

UN DIRECTEUR DE LA VILLE: «Je dirais que dans le passé, on ne pensait pas tellement [...] est-ce que ça affecte la santé? Juste de la manière dont on fait les parcs, maintenant tu y penses. Tu as toujours dans Vidée comment ça va être en ce qui concerne WS [..]. Je pense qu 'on est plus sensibilisé sur l'aspect santé maintenant qu 'on est membre de WS [...]».

Les contrecoups d'un tel projet se font voir auprès des décideurs et des directeurs de l'hôtel-de-ville de Pointe-Claire, mais pas vraiment des «cols bleus». «That's difficult to reach them»r dit le maire. De plus, ils habitent plus souvent qu'autrement à l'extérieur de la Ville. Les responsables de la Ville y voient surtout un rapprochement certain avec le DSC et ont une meilleure compréhension, de leur paît, de la mission de ce dernier.

Les citoyens, quant à eux, relatent des bénéfices personnels à s'impliquer Hans un tel comité. Ainsi, une participation initie le citoyen aux rouages de l'appareil municipal:

UNE CITOYENNE: «Cela m'a ouvert les yeux plus sur ce qu 'ils avaient à faire. C 'est sûr, cela m'a aidée à comprendre les besoins de la municipalité, le besoin des autres municipalités [...]».

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Enfin, soulignons qu'une majorité des répondants parlent d'un succès de l'initiative à Pointe-Claire et l'attribue au dynamisme et à la disponibilité de la professionnelle du DSC. Malheureusement, même après quatre années d'existence, la population impute, semble-t-il, à la Ville, au maire et aux conseillers municipaux et non pas à WS, les bienfaits des améliorations.

UN DIRECTEUR DE LA VILLE: «...dans Pointe-Claire, je douterais beaucoup que les gens connaissent le Réseau québécois de WS. Par contre, ils sont au courant de tous les dossiers santé [en parlant de la Ville]».

Concernant l'objectif d'un territoire en santé, il est en partie atteint. Il semble que certaines villes prennent du temps pour adhérer au mouvement de peur de ne pas être en mesure de bien appliquer le concept. L'exemple de Pierrefonds témoigne non pas tant dè la réticence de la ville à adhérer au mouvement que de la prudence avec laquelle ses responsables se lancent dans l'aventure. Deux ans après avoir passé une résolution au Conseil de ville, il n'y à toujours pas de comité promoteur.

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Depuis la fin de la collecte des données, une succession d'événements marque de manière inattendue le développement de WS à Pointe-Claire et sur le territoire du DSC.

En 1993, un chercheur de l'Université du Québec à Chicoutimi publie dans L'Actualité les résultats de son étude touchant la qualité de vie et l'administration municipale des 50 plus grandes Villes québécoises. La somme des 93 indicateurs retenus font de Pointe-Claire la meilleure grande ville du Québec. Un article paru par la suite dans les Nouvelles de Pointe-Claire (journal publié par le Conseil de la Ville de Pointe-Claire) titrait à la une: "Le défi maintenant est de conserver... et d'améliorer nos acquis".

Après une longue attente, Pointe-Claire appose enfin un logo sur ses affiches défendant l'usage du tabac dans les lieux publics. Des critiques ont tôt fait de surgir à propos du slogan: «Pointe-Claire, la Mlle en santé». On reproche le caractère exclusif que se donne la Ville. Tout simplement, on aurait préféré: «Pointe-Claire, Ville en santé».

Somme toute, les autorités municipales ne prennent pas à la légère leur engagement au mouvement. Dans un important document de publicité qui vise à attirer dans la ville autant des entrepreneurs que la population en général, on fait mention de WS et des réalisations de l'initiative.

Finalement, la réforme touchant l'avenir des DSC au Québec a fait réagir les maires du West Island de manière assez virulente. Ces derniers ont invité le directeur intérimaire de la santé publique à expliquer la nouvelle organisation lors de l'une de leurs réunions. Cette rencontre a fourni aux maires l'occasion de faire un plaidoyer en faveur de la santé publique, et une santé publique qui tiendrait compte des différences observées dans l'ouest en comparaison avec le reste de l'île. Ils ont eu alors l'assurance que WS continuerait à exister dans leur territoire.

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1. LE QUARTIER, SES CARACTÉRISTIQUES

ET SES RESSOURCES

aint-Michel1 est un quartier du nord-est de Montréal qui abrite 53 600 habitants et dont l'histoire remonte au début du siècle. Les dernières décennies ont été caractérisées par des changements démographiques et sociaux importants: arrivée d'immigrants,

diminution de la population (perte nette de 14 000 résidants en 15 ans) et appauvrissement (plus de 18 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté en 1986 dont 9 500 considérées très pauvres). On y retrouve un haut pourcentage de Néo-Québécois (aux alentours de 50%), une bonne proportion de familles monoparentales (près d'une famille sur trois parmi celles avec enfant), une majorité de locataires (69%) et une forte concentration d'adultes peu scolarisés (26 000 personnes de 15 ans et plus en 1986 ne détenaient pas de diplôme d'études secondaires).

L'activité économique y est très faible. La majorité des industries répertoriées sur le territoire de Saint-Michel sont en effet des petites entreprises manufacturières et, le plus souvent, les commerces se limitent à desservir le voisinage. Étant du nombre des personnes que la dégradation de l'économie du quartier incite à réagir, un directeur d'un journal local s'exprime ainsi:

«C'est effrayant!. Tranquillement Montréal se dégrade et notre quartier se dégrade. On ne peut plus arriver et dire: il y a de l 'argent, il y a une économie. Elle n 'est plus là et faut réagir sinon on va fermer demain matin. Devant ça, qu 'est-ce que vous faites? Vous croisez les mains et vous changez de quartier? Non, vous redressez les manches comme on dit, et puis vous y allez.»

Le quartier actuel est le résultat de l'absence de plan d'urbanisme de l'ancienne Ville Saint-Michel. En effet, on dit de.ce quartier qu'il compte moins d'arbres et d'espaces verts que partout ailleurs à Montréal; les habitations côtoient les industries; les secteurs résidentiels sont isolés les uns des autres par des voies de circulation et par les deux immenses carrières Miron et Francon, transformées l'une en site d'enfouissement et l'autre en dépôt de neige usée. Les transports en commun ne facilitent pas les déplacements d'un secteur à l'autre et les parcs sont négligés.

Les activités reliées à l'exploitation du site d'enfouissement Miron et de celui du dépôt des neiges usées Francon génèrent de multiples inconvénients auprès de la population micheloise:

Les informations sur les caractéristiques du quartier proviennent en grande partie d'un document produit par une équipe du DSC Sacré-Coeur et intitulé Une vision du quartier (Bergeron et a/., 1991).

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r envahissement par la circulation lourde, les odeurs désagréables dégagées par la décomposition des déchets, les poussières, les particules et autres déchets légers. Aussi ne sera-t-on pas surpris de constater que c'est surtout autour des carrières qu'il y a eu mobilisation des citoyens dans le passé. La présente administration municipale a d'ailleurs promis aux citoyens du quartier qu'elle fermerait le site Miron en 1994.

Bien qu'on y constate «une synergie entre les ressources plus forte qu 'auparavant», les personnes interrogées mentionnent souvent que, comparé à d'autres quartiers populaires de Montréal, Saint-Michel a peu de ressources et une histoire de concertation qui remonte au début des années 1980 seulement. Le directeur de journal ci-haut cité dit à ce propos:

«On est tellement peu, on peut tous se nommer, on se connaît tous à Saint-Michel, on est une dizaine à peu près de personnes qui travaillent à peu près les mêmes dynamiques et dans les mêmes comités. On n'est pas à Hochelaga-Maisonneuve où une flopée de groupes communautaires existent. Ici, il y a cinq groupes communautaires majeurs et il y en a des petits tranquillement qui vont peut-être se faire une place. On se compte sur les doigts de la main.»

Saint-Michel a donc ses leaders, moins d'une dizaine d'hommes et de femmes oeuvrant dans les divers organismes à des postes clés. Ils portent souvent «deux-trois chapeaux» et ont de fréquents contacts entre eux. On dit de certains qu'ils ont gardé la mentalité d'avant 1968 («un esprit de petit village») alors que Saint-Michel n'était pas un quartier de Montréal mais une municipalité autonome.

Les organismes qui s'y retrouvent sont cependant passablement actifs. Parmi ceux qui auront un rôle prépondérant dans VSMS, soulignons, du côté du communautaire, le Centre éducatif communautaire René-Goupil (CECRG) qui, avec la Paroisse catholique Saint-René-Goupil, a sans doute contribué à faire de ce secteur «le plus dynamique, celui d'où proviennent le plus les gens impliqués»; l'Association pour la défense des droits des retraités et des pré-retraités (AQDR); le Projet d'aménagement résidentiel et industriel (PARI), principal interlocuteur dans le domaine de l'aménagement urbain depuis quelques années. Du côté institutionnel, le Centre local de services communautaires (CLSC) qui «depuis le départ, [...] a voulu [être] très impliqué dans son milieu » fait figure de leader; la Ville de Montréal est présente dans différents domaines (loisirs, habitation, sécurité, information, bibliothèque...); puis l'équipe de santé publique de l'Hôpital du Sacré-Coeur (anciennement Département de santé communautaire ) est appelée à faire émerger et à soutenir des projets de promotion de la santé dans le quartier. On remarque enfin les Caisses populaires qui «ont un certain pouvoir dans le quartier» et les deux journaux du quartier qui se font une vive concurrence et dont les directeurs font partie des leaders.

Le facteur le plus souvent mentionné pour illustrer les embûches à la concertation est la «géographie du quartier » qui le divise en trois sous-secteurs isolés. Un citoyen s'exprime ainsi à propos de la division entre le nord et le sud: «On dirait que c 'est deux mentalités complètement différentes d'un côté [nord] comme de l'autre [sud]». On parle aussi du «mélange d'ethnies » comme un facteur qui ne facilite pas l'émergence d'un sentiment d'appartenance au quartier tout

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en déplorant que les organismes du quartier qui les représentent «ont de la difficulté à s'orienter». On mentionne enfin que plusieurs des organismes communautaires du quartier ont des problèmes de financement rendant leur avenir et celui de leur personnel incertains.

Quelques expériences de concertation entre les organismes ont été entreprises depuis une vingtaine d'années. Certaines d'entre elles ne se sont déroulées qu'à l'échelle d'un sous-secteur ou d'une paroisse. Dans l'ensemble, elles n'ont pas toujours débouché sur des actions concrètes et ont laissé une insatisfaction dans la communauté.

2. L'ORIGINE DU PROJET

ivre Saint-Michel en santé démarre au printemps 1990 à la suite de rencontres entre une conseillère municipale, deux gestionnaires du secteur de la santé (CLSC, DSC) et un coordonnâtes dans un organisme communautaire (CECRG). Les instigateurs décident

ensemble de tenter une nouvelle démarche de concertation autour du concept de Villes en santé. Contrairement aux tables de concertation antérieures dans le quartier, on convient que la démarche sera animée par des décideurs et non pas uniquement par des intervenants, qu'elle sera orientée vers l'action et non pas uniquement vers l'information entre organismes et qu'elle impliquera les services de la Ville et les conseillers municipaux.

Au printemps 1990, le mouvement international Villes en santé existe depuis quatre ans, Mercier-est quartier en santé multiplie les réalisations et la Ville de Montréal est en train d'adhérer au mouvement. Par crainte de rebuter les citoyens, qui «s'attendent à des actions concrètes plus qu 'à de beaux concepts», les instigateurs locaux hésitent d'abord à parler du concept de Quartiers en santé puis se rallient ouvertement au mouvement. C'est ainsi que leur projet portera le nom de Vivre Saint-Michel en santé (VSMS) par. analogie avec celui de Vivre Montréal en santé (VMS). Un journal local expose ainsi ce ralliement au mouvement:

«En deux mots, Vivre Saint-michel en santé, c 'est l'appropriation [...]par les gens et les groupes du quartier Saint-Michel de l'outil de concertation qu'est le programme Vivre Montréal en santé. Ce dernier prend sa source dans un mouvement international qui a nom Villes en santé. Montréal y a adhéré, l'a promu et Saint-Michel est le deuxième quartier à se l'être officiellement approprié... »

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L'automne 1990 et l'hiver 1991 sont consacrés à la mobilisation des organismes par les principaux instigateurs du projet, à la consultation de 700 citoyens et intervenants au moyen d'un bref questionnaire ou par des rencontres de discussion, et à la rédaction d'un portrait du quartier par une équipe du DSC Sacré-Coeur. Le projet prend son envol au printemps 1991 par la tenue d'un forum réunissant 200 personnes, représentants d'organisme et citoyens. C'est l'occasion de créer officiellement le comité promoteur, d'identifier 10 objectifs prioritaires, autant de comités d'action et des gens désireux de s'impliquer dans l'un ou l'autre de ces comités.

3, LES OBJECTIFS ET LES INTÉRÊTS

DES ORGANISMES ET DES CITOYENS MOBILISÉS

Dans ce quartier où les besoins sont criants et où les tables de concertation antérieures n'ont pas conduit à des résultats concluants, les instigateurs avaient convenu de mettre en branle le processus d'action intersectorielle et de réaliser des actions concrètes ppur

améliorer la qualité de vie à Saint-Michel. On souhaitait que «les décideurs s 'engagent vraiment dans l 'action èt dégagent des ressources», et que le projet «s 'attaque non seulement à des grands problèmes mais aussi valorise des services à la communauté et des actions humbles... » (extraits de procès-verbaux de réunions de l'année 1990). Ces objectifs seront adoptés par l'ensemble des membres du comité promoteur durant l'année suivante. En se regroupant, les organismes désirent créer une instance porte-parole qui contribuera ainsi à donner davantage de pouvoir au quartier devant les autorités politiques:

UN REPRÉSENTANT D'ORGANISME: «En allant vers un palier gouvernemental et en étant très bien représentés, on a beaucoup plus de poids que si on était tous des personnes qui essaient de leur côté de demander des choses au gouvernement ou de réagir à certains dossiers.»

En plus de mettre de l'avant des objectifs officiels, les représéntants d'organismes ont des intérêts particuliers à soutenir tels que faire connaître l'organisme, en améliorer l'image, en assurer la survie, mieux connaître les ressources, faciliter le maillage des organismes, etc.

La participation des citoyens fait partie des objectifs officiels du projet Ainsi, reprenant un texte déjà écrit un an auparavant par les instigateurs, un document sur la philosophie d'intervention présenté en septembre 1991 aux membres du comité promoteur stipule que « Vivre Saint-Michel en santé vise à améliorer la qualité de vie des Michelois et Micheloises en misant sur la concertation des citoyens [...]». Il y a bien quelques intervenants en provenance d'organismes

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communautaires pour qui, «ce qui importe, c 'est que les gens du quartier prennent en charge le développement de leur quartier». Cependant, dans le discours des représentants d'organismes, la participation des citoyens n'est pas envisagée comme un objectif prioritaire et à court terme. On croit que les citoyens se joindront au projet lorsqu'il aura fait ses preuves:

UN DES QUATRE INSTIGATEURS DU PROJET: «Ça prend des réalisations à court terme pour que les gens sentent que Vivre Saint-Michel en santé ça leur appartient, que ça n'appartient pas à une gang de décideurs ou décideuses ou d'intervenants et d'intervenantes.»

Les entrevues avec les citoyens révèlent un autre niveau de préoccupations que celui mentionné au sujet des organismes. Leurs objectifs sont plus concrets, souvent humanitaires, parfois personnels. Par exemple, un citoyen s'est impliqué dans un comité pour faire enrayer la drogue et la prostitution dans son quartier; une seconde l'a fait pour sortir de son isolement et parce que la santé lui tient à coeur; un troisième, pour améliorer le sort de ses enfants et de ceux du quartier, surtout en matière de loisirs.

La majorité des répondants (organismes et citoyens) mentionnent des attentes précises par rapport à Vivre Montréal en santé et aux services municipaux. Ainsi, la Ville, du fait de son adhésion au mouvement québécois Villes et villages en santé ( W S ) , a le devoir de soutenir financièrement ' VSMS - en contribuant surtout à assurer le poste de coordonnâtes du projet — et le rôle d'aider à son orientation, de mettre en lien les différents projets de quartier et d'influencer les services municipaux par ailleurs «très hiérarchisés» afin qu'ils «s'habituent à travailler dans une perspective 1T5». Certaines attentes des gens de Saint-Michel rejoignent les objectifs dé l'équipe Vivre Montréal en santé mise en place par Montréal après son adhésion au mouvement. Un membre de cette équipe rappelle ainsi leurs objectifs:

«[Nous voulons contribuer à] introduirè une approche communautaire dans la gestion administrative et dans la gestion professionnelle. [...] Pas tellement de nouveaux projets mais introduire une façon différente de faire les choses... Ça c'est au niveau du processus... Ça suppose des collaborations entre les services plus rattachés à des dossiers qu 'à un processus, et les milieux communautaires.»

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4. LA STRUCTURE DE CONCERTATION

ET SON FONCTIONNEMENT

4.1 On affecte du personnel et on crée divers comités pour faire fonctionner la structure

Après son lancement officiel au forum de mars 1991, le projet met en place un comité promoteur, un comité exécutif et 10 comités d'action. Ensuite, pour faciliter l'obtention de subventions, il se constitue en un organisme sans but lucratif (OSBL).

Le comité promoteur se compose d'environ 35 personnes, décideurs ou intervenants nommés par leur organisme dont certains sont aussi répondants d'un comité d'action, et de trois citoyens à partir du printemps 1992. Le comité donne les orientations générales du projet et a pour rôle de soutenir les comités d'action tout en respectant leur autonomie. Il est un lieu d'information et de prise de décision. Dans le cadre de réunions régulières (le jour, à tous les deux mois) auxquelles ils sont en général assidus, les membres reçoivent les rapports des répondants sur les démarches des comités d'actions, sur leurs besoins et sur leurs problèmes. Ils prennent position ou font des suggestions relatives à des sujets tels: comment accentuer la participation de la population, comment publiciser la démarche dans le quartier; faut-il dissoudre les comités d'action ayant peu de participants ou d'activités; est-il pertinent de faire des fusions de comité? Ils sont appelés aussi à donner leur appui à d'autres projets dans le quartier ou à déléguer des membres pour représenter le projet à l'extérieur du quartier. Même si on déplore que certains participants aient tendance à prendre la parole plus souvent qu'à leur tour alors que d'autres demeurent silencieux («c'est pas tout le monde qui est à l'aise pour intervenir lors de ces rencontres devant une trentaine de personnes»), on apprécie le déroulement général des réunions et les moyens d'animation parfois utilisés pour faciliter la discussion (talk-show, vidéo, etc.).

Le comité exécutif est composé de sept membres, dont deux citoyens à partir de la seconde année d'existence. Il voit à la bonne marche du projet, fait entériner ses décisions par le comité promoteur ou met en application les décisions de ce dernier. Il se préoccupe de maintenir l'intérêt des participants et de recruter des membres. On reconnaît que les membres de l'exécutif, par les choix qu'ils font et les décisions qu'ils prennent, sont ceux, qui jouent le rôle le plus influent dans le projet.

L'exécutif est secondé par un coordonnateur à demi-temps prêté par le DSC Sacré-Coeur pour la période d'implantation, soit d'un à deux ans. En plus de préparer les réunions de l'exécutif et du comité promoteur, de voir à l'organisation de l'assemblée annuelle et d'assurer la gestion

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du budget, le coordonnâtes fait le suivi des activités auprès des différents comités. Il collabore à faire le bilan du projet et à établir des orientations. De plus, le ÇLSG et des organismes communautaires affectent tous ensemble durant cette première année de fonctionnement l'équivalent d'une personne à temps plein à l'animation de comités d'action.

Le comité promotes bénéficie de l'apport de deux sous-comités, financement et communications. Partant du fait que les comités d'action doivent s'autofinancer, on estime à environ 6 000 $ le budget nécessaire p o s assser le fonctionnement du projet et de ses comités d'action (papeterie, frais de garderie, frais de déplacement... ). Le sous-comité financement a réalisé certaines activités ou démarches de financement telles que dîner bénéfices, sollicitations auprès des députés, de la Ville et des gens d'affaires, etc. P o s faire connaître le projet dans le quartier et à l 'extéries, le sous-comité communications a prévu les mécanismes suivants: chronique régulière dans les journaux locaux, dépliant d'information générale et logo, kiosques dans des lieux publics, assemblée publique.

4.2 Une opinion en général favorable sur la structure et les événements qu'elle organise

Les réalisations du comité promotes dont les gens se félicitent le plus sont sans contredit ses événements publics, soit le forum de mars 1991 (appelé grand rassemblement dans la population) à partir duquel le comité promotes a été formé et les priorités d'action ont été identifiées, et l'assemblée publique d'avril 1992 destinée à faire le bilan de la première année et à motiver les participants au projet. Aux yeux de tous, le forum de 1991 a connu un véritable succès d'assistance («.200 personnes en provenance de tous les secteurs du quartier») et a fait en sorte que le projet a pu «partir avec des bases plus solides finalement». Des nuances peuvent cependant y être apportées à propos de l'objectif de participation des citoyens. Ainsi, une note d'observation prise lors de l'événement par un membre de l'équipe d'évaluation incite à penser qu'il n'a peut-être pas été le déclenches parfait de la participation des citoyens:

«J'ai observé toute la journée un groupe de citoyens ordinaires qui étaient dans l 'atelier Travail-chômage. Alors que le but de la journée était de déboucher sur des objectifs collectifs, ces citoyens étaient venus pour raconter leur histoire et trouver des solutions à leurs problèmes personnels. L'animatrice a fait discuter le groupe (composé, de citoyens, d'intervenants d'organismes et d'un élu) à partir d'une démarche fixée par les organisateurs consistant à remplir une grille. Les citoyens étaient un peu perdus. Ceux-là ne se sont pas mobilisés.»

Quelques entrevues laissent soupçonner que les priorités ne sont pas issues uniquement de la consultation et du forum mais — ce qui est cosant dans les exercices de priorisation de ce genre — d'un ensemble de s o s c e s d'influence. Ainsi, chaque atelier du forum devait faire ressortir un ensemble d'objectifs de travail puis en prioriser un. Dans deux ateliers (Parcs et Carrières), des organismes ont réussi à faire accepter l e s objectif comme prioritaire car ils avaient la conviction que la Ville l e s donnerait une subvention p o s la réalisation de l e s projet s'ils le faisaient

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entériner à ce Forum. La' Ville a effectivement versé par la suite les subventions promises.

L'assemblée annuelle d'avril 1992 a plu à l'ensemble des participants. Ainsi, elle a permis à des citoyens de savoir.ce qui se passe dans les autres comités d'action:

UNE CITOYENNE: «J'ai beaucoup de rapports de VSMS quand j'assiste à la réunion annuelle. Puis je vois un peu comment les autres comités ont fonctionné au cours de l 'année.»

4.3 Le soutien aux comités d'action: un point névralgique

Les comités d'action sont perçus par les dirigeants du projet comme le principal lieu d'actualisation du projet. Un membre de l'exécutif s'exprime ainsi:

«Le comité promoteur; ça parle mais en soi, ça fait pas grand-chose. L'exécutif aussi ça aide, ça exécute ou prépare les décisions pour le comité promoteur mais, en soi, ce n 'est pas des lieux d'action. [...] Le défi, c'est de s'assurer que ces structures-là soient au service de l'action, soient au service des comités et que ça ne soit pas l'inverse.»

Au départ, le comité promoteur s'était donné comme mandat «de soutenir les projets locaux en mettant l'accent davantage sur le processus que sur le contenu». Comme première mesure de soutien aux comités d'action, l'exécutif proposait en septembre 1991 «des rencontres périodiques des répondants et des responsables des groupes de travail dans le but de faire le point ensemble sur les difficultés et sur les réussites». Ces réunions n'ont eu lieu qu'à quelques occasions car les responsables de comité préféraient centrer leurs énergies sur leur comité d'action. Par contre, aux réunions du comité promoteur, les comités d'action font cependant des demandes concrètes au comité promoteur (lettres d'appui, démarches auprès de fonctionnaires municipaux, présence de personnes-ressources) pour lesquelles ils reçoivent la plupart du temps une réponse.

Des membres de comités d'action ont des critiques sur la façon dont le comité promoteur remplit son rôle de soutien. Certains se plaignent du manque d'appui. Ainsi, un citoyen du comité Famille a l'impression que la famille n'est pas une priorité aux yeux des dirigeants du quartier et du comité promoteur: «Les grosses têtes dirigeantes, on dirait que c 'est complètement fermé, ils n'ont pas d'oreille au niveau de la famille». Alors que ce même citoyen rapporte que lui et quelques autres de son comité continuent de croire en leur projet de Maison de la famille («on se tient les coudes»), un membre de l'exécutif affirme que cet objectif est trop ambitieux:

«La Maison de la famille, c 'est un beau projet mais je demande jusqu 'à quel point on va maintenir l'intérêt des gens à la réalisation d'un tel projet. [...] Si on n 'est pas capable de s'orienter vers des petits projets d'action, je pense qu'on vivra pas longtemps. [...] Faut pas oublier non plus que la population de Saint-Michel n 'est pas stable, alors il faut essayer de les accrocher rapidement».

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D'autres se plaignent d'ingérence dans le contenu et de lourdeur dans le fonctionnement. Un citoyen du comité Sécurité, dont l'engagement communautaire de même que le caractère impétueux et revendicateur sont bien connus dans son milieu, est insatisfait. Son comité avait

t- donné du fil à retordre aux dirigeants du projet dans ses débuts en voulant faire dénoncer les piqueries par les citoyens. Le comité exécutif a demandé au groupe de revoir sa stratégie en expliquant qu'une telle façon de faire serait contraire à la philosophie du mouvement Villes en santé. Les membres ont volontiers accepté cette proposition. Une personne de l'exécutif justifie cette situation en disant que la structure a la responsabilité de garder les gens dans le même corridor («Un corridor, c'est large mais ce n'estpas un champ.») Les gens du comité Sécurité ont par la suite choisi de faire un sondage pour confirmer qu'il y avait des problèmes de drogue et de prostitution dans le quartier, et pour aller chercher des alliés chez les citoyens comme chez les politiciens. Ils ont fait venir une experte du DSC à une rencontre mais ont choisi d'élaborer par leurs propres moyens leur questionnaire. Jugées tendancieuses, leurs versions du questionnaire (ils ont recommencé cinq fois!) ont été successivement amputées et raturées par les gens du comité promoteur («775 [le comité promoteur] trouvent nos questions trop directes; trop répressives; eux, il faut que ce soit flou, des questions P.R. [public relations]»). Finalement le questionnaire n'a pas été administré.

Enfin, une responsable du comité Logement a eu l'impression, à un moment donné, de devoir utiliser «un beau plan théorique» et «des échéances qui n 'étaient pas réalistes du tout», et aller «dans un sens qui ne respectait pas le rythme [...] des citoyens». Ce malaise est dû sans doute en partie à l'utilisation d'une grille proposée aux comités d'action au printemps 1991 afin d'aider à la planification annuelle.

Il semble que des citoyens aient été effrayés à l'idée de remplir cette grille. De l'avis d'une personne ayant travaillé à la préparer, il eut fallu que les responsables fassent parler les citoyens, les amènent à dire ce qu'ils voulaient faire concrètement pour atteindre leurs objectifs et quelles échéances ils se fixaient, quitte à remplir eux-mêmes la grille par la suite.

On ne sera pas étonnés de réaliser qu'après un an les comités d'action n'aient pas créé de liens entre eux et que les citoyens membres des comité d'action n'aient pas encore développé d'appartenance au comité promoteur. Ainsi, une citoyenne du comité Parcs ne sait pas qui est son répondant au comité promoteur; les citoyens du comité CTED-Miron ont été très surpris, après six mois de présence à leur comité, de constater le nombre d'organismes représentés dans VSMS. Un membre de l'exécutif explique que cette situation était prévisible et qu'elle va éventuellement se régler:

«C 'est un choix qu 'on a fait. 77 y avait deux façons de partir VSMS. 77 y avait une qui était déductive: on part du concept et on essaie de le faire entrer dans la tête du monde. Et c 'est ce qu 'on n 'a pas choisi. On a fait une démarche inductive: on part avec ce qu 'on est. [...] Moij 'ai confiance que ça va venir et ça m 'inquiète pas que le comité parc s'identifie comme le comité Parc, etc.»

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4.4 Plus de la moitié des comités de travail fonctionnent bien

À la fin de la première année d'intervention, un comité seulement sur les 10 planifiés n'existe pas. Il s'agit du comité Loisirs qui s'est dissous peu après le forum. Le responsable du comité explique ainsi sa disparition:

«Lorsque î 'on s 'est rencontrés pour la première fois, les gens ont dit: «Mais on veut ça». Moi je leur disais: «Ben ça existe.» [...] Le monde s'est senti un petit peu démuni face à ça. Ils ont dit: «C 'est vrai dans le fond\ il y a ben plus de loisirs qu 'on pensait qu 'il y en avait.»

Et un membre de l'exécutif complète à ce propos:

«Moi c 'est ce que j'ai reçu comme message: «Écoutez, les loisirs, on est organisé, notre monde fonctionne bien et mettez-vous pas les pieds là-dedans». Dans le fond, ils avaient peut-être raison [...J «Si vous voulez d'autres choses, demandez-le à l'intérieur de notre organisation, il y a de la place pour changer des choses». C'était peut-être correct. S'il y avait eu des gens qui auraient dit: «Justement nous, on veut que les loisirs se concertent avec d'autres types de dimensions dans le quartier et on y tient à ce comité». Mais nous, on l'a pas senti.»

Suite à une présentation faite au forum de mars 1991 par les élèves du primaire sur l'environnement alimentaire de leur quartier, il a été question de mettre sur pied un comité écoles. Celui-ci n'a pu démarrer, faute de responsable pour s'en occuper et de participants en provenance du milieu scolaire.

Parmi les neuf comités existants (voir le TABLEAU 5.1), cinq ont eu des réunions régulières et ont pu bénéficier de l'aide d'un même responsable. Les autres ont connu un fonctionnement chaotique: réunions irrégulières, roulement ou départ de membres, changement de responsable. Alors que trois comités ont perdu des citoyens, le comité CTED-Miron est devenu essentiellement un comité formés de citoyens.

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TABLEAU 5.1 VSMS: Synthèse du fonctionnement des comités d'action

COMITÉS D'ACTION FONCTIONNEMENT

1. Comité Cted-Miron 19 membres (17 citoyens, 2 intervenants) Bon fonctionnement: Réunions régulières. Même responsable en poste toute l'année. Recrutement de citoyens en cours d'année. Le comité devient un comité de citoyens. Partage des responsabilités entre les membres

2. Comité Développement économique

16 membres (1 citoyen, 15 intervenants) Bon fonctionnement: Travail-chômage et Développement économique se fusionnent. Réunions régulières. Même responsable. Recrutement d'organismes en cours d'année. Responsabilités partagées

3. Comité Loisirs Dissolution du comité après quelques réunions

4. Comité Famille 8 membres (4 citoyens, 4 intervenants) Fonctionnement chaotique: Réunions irrégulières. Pas de répondant. Changements de responsable. Perte de membres

5. Coïnité Logement 7 membres (5 citoyens, 2 intervenants) Fonctionnement chaotique: Réunions irrégulières. Changements fréquents de responsable. Perte de citoyens membres

6. Comité Parcs 6 membres (2 citoyens, 4 intervenants) Fonctionnement chaotique: Réunions irrégulières avec les membres citoyens. Changements de responsable. Recrutement en cours d'année. Surcharge de travail pour les membres actifs

7. Comité Relations multi-ethniques

9 membres (7 citoyens, 2 intervenants) Fonctionnement chaotique: Peu de réunions. Recrutement en cours d'année. Roulement de membres

8. Comité Santé 11 membres (1 citoyen, 10 intervenants) Bon fonctionnement: Réunions régulières. Même responsable en poste toute l'année. Responsabilités partagées entre les membres. Perte de certains citoyens membres

9. Comité Sécurité 10 membres (6 citoyens, 4 intervenants) Bon fonctionnement: Réunions régulières. Même responsable en poste toute Tannée. Perte de certains citoyens membres

10. Comité Transports 8 membres (5 citoyens, 3 intervenants) Bon fonctionnement: Réunions régulières. Même responsable en poste toute Tannée

N.B. D manque des informations pour certains comités.

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4. MISE EN OEUVRE DE LA PARTICIPATION

ET DE L'ACTION INTERSECTORIELLE

5.1 La participation des citoyens: une réflexion en cours

A l'exécutif comme,au comité promoteur, les représentants d'organisme déplorent à la quasi-unanimité la faible participation des citoyens dans le projet. Il y en a 48 d'inscrits officiellement dans les comités d'action (dont 17 dans le comité CTED-Miron

seulement) sur 104 participants mais on les entend peu. Dans les comités où ils ne sont pas nombreux, ils sont peu actifs. À la fin de la première année, certains même s'apprêtent à «décrocher». Quelques-uns ont l'expérience de l'implication communautaire alors que la majorité d'entre eux sont des citoyens ordinaires. On ne compte pas de jeunes; certains secteurs du quartier de même que les communautés culturelles sont peu représentés.

On peut, à l'instar d'un informateur, expliquer cette désaffection par des facteurs externes au projet tels que la période de morosité et l'individualisme de la société actuelle, la diversité, ethnique du quartier et la division en sous-secteurs isolés. II y a aussi le fait que les citoyens s'impliquent dans des problèmes qui les concernent directement, quand ils voient qu'il y a déjà des espoirs de solution ou que le bateau est déjà en marche:

UN REPRÉSENTANT D'ORGANISME: «C'est dans la mesure où ils vont régler leurs problèmes que peut-être certains d'entre eux vont s'intéresser à une vision collective plus large et embarquer dans des processus à plus long terme.»

QUESTION : «Qu 'est-ce qui fait qu 'il n'y a pas beaucoup de participation des citoyens dans VSMS1 UN CITOYEN: - Le monde est mal renseigné. [...] Ou carrément, ils pensent que quand même qu'on s'enlignerait là-dedans; la Ville fera pas plus pour nous autres [...]. Il y a déjà eu d'autres choses avant nous autres et ça a jamais débouché à rien.»

Ou encore quand ils sentent qu'ils ont du pouvoir:

UN MEMBRE DE L'EXÉCUTIF: «Si on veut pour vrai que les gens s 'impliquent, faut

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tenir compte d'eux autres, de ce qu'ils veulent et de la façon qu'ils veulent le faire.»

Il est permis de penser que VSMS n'offre pas toujours les conditions propices à combler les aspirations des citoyens qui y participent. Ainsi, la place réduite des citoyens dans la structure (à l'exécutif et au comité promoteur) freine, de l'avis de cette intervenante dans un groupe communautaire, le développement du sentiment d'appartenance:

«Us Pes citoyens] ne se sentent pas partie prenante [de VSMS]. Ils sont très capables de faire un paquet de choses sauf qu'il faut qu'ils sentent qu'ils font partie de la gang, ce qui n'est pas évident dans une structure où tu as une table d'intervenants de cette dimension-là. »

Dans les comités d'action où on les retrouve essentiellement, le poids qu'ils ont dans les prises de décisions est, tel que nous venons de le voir plus haut, très variable. Ainsi, dans le comité Sécurité, ils ont un pouvoir réel mais menacé et menaçant pour les organismes puisqu'ils veulent faire un sondage très contesté. Sur un dossier chaud comme celui du CTED-Miron, les citoyens sont à l'avant-scène et les organismes (Ville et DSC) y jouent un rôle plus secondaire que prévu au départ:

UN CITOYEN: «Au début, la Ville voulait travailler étroitement avec nous, c 'est-à-dire siéger dans nos rencontres, dans toutes nos rencontres. Nous, on s'est distancé de tout ça et on a dit: «Écoutez, on veut pas que vous nous prenez pour acquis là». Donc, on les rencontre seulement quand il y a quelque chose de spécial.»

Une citoyenne'du comité Parcs a l'impression que l'organisme responsable de son comité décide tout seul et qu'elle n'est pas écoutée:

«Il [le nouveau responsable du comité] a commencé à nous appeler pour nous dire bon ben le comité des Parcs va avoir ces activités cette année. Je pensais que c'était complètement mort. [...] Les activités sont pré-déterminées à l'avance oui. Parce que c'est PARI Saint-Michel et le comité qui se sont déjà réunis d'avance. Pis ils nous ont présenté: «Bon, on a pensé donner un concert telle date» [..]. En fait nous, c'est juste pour de l'aide j'imagine. »

Une dernière, celle-ci du comité Santé, est flère d'une réalisation de son comité à laquelle elle a participé; elle semble avoir trouvé sa place parmi les professionnels:

QUESTION: «Étiez-vous craintive au début?

UINfc, d l U Y J f c J N I N t i : —Dion. QUESTION: — Vous vous sentiez peut-être un peu à l'écart des autres'? UNE CITOYENNE: - Malgré qu'ils m'ont jamais tenue à l'écart. Ils ont été très gentils.

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QUESTION: — Vous en dedans de vous-même, vous étiez craintive parce'que vous sentiez pas...? UNE CITOYENNE: - Je me sentais pas à ma place. Ça été vite effacé ça.»

Des observations sur le terrain font aussi constater que le langage des intervenants (parfois trop technique), leur pratique (par exemple, des réunions le jour ou loin du lieu de résidence des citoyens) et leurs outils de travail (des grilles de planification ou de discussion) peuvent ne pas être appropriés aux citoyens.

5.2 Un bel exemple de concertation

Comme le disait un représentant d'organisme: «Vivre Saint-Michel en santé est un bel exemple de concertation». Il y a certes des absences: les écoles, le milieu de l'industrie et les communautés culturelles. On retient par dessus tout que le projet associe 35 organismes en provenance de différents domaines d'action et de tous les secteurs du quartier: «Du jamais vu dans le quartier». Et il n'y a pas encore eu de désaffection. Les principaux leaders ont une bonne crédibilité et on note une volonté de maintenir un climat d'ouverture et de respect entre les organismes. D'autres éléments peuvent être retenus pour expliquer le bon départ de la concertation dans ce projet de quartier:

1) Beaucoup d'organismes apportent une contribution

Les gens interrogés considèrent que, dans l'ensemble, les organismes contribuent effectivement au projet dans la mesure de leurs moyens et en fonction de leur mandat. Ainsi, deux organismes de santé et trois groupes communautaires prêtent les ressources de soutien (un coordonnateur, neuf responsables de comité, un agent de projet...). Ces organismes, avec la collaboration de plusieurs autres et des élus, allouent à l'occasion des sommes d'argent pour la réalisation d'activités, offrent des locaux, font la photocopie et l'envoi de documents. Les journaux locaux assurent la couverture de presse.

Les propos recueillis ici et là révèlent cependant une note discordante au sujet des services municipaux. Les gens sont certes satisfaits de l'implication de conseillers municipaux. Ils expriment par ailleurs un désir d'autonomie face à la Ville: on ne veut pas se faire dire quoi faire et on craint que la Ville ne récupère à son compte les initiatives locales. Cependant,'après un an d'implantation, les signes concrets de soutien de la part de la Ville tardent à se concrétiser: des citoyens trouvent que les services municipaux sont peu collaborateurs, la Ville n'a accordé que 3 000 $ à VSMS alors qu'on souhaite qu'elle contribue à assumer un poste de coordonnateur à temps plein et - petit événement qui a déplu à certains - le Maire est venu dans le quartier à un dîner de gens d'affaires et n'a pas beaucoup parlé de VSMS. Un citoyen voit deux catégories de partenaires dans le projet: les passifs et les actifs. Les services de la Ville formeraient la première catégorie.

UN CITOYEN: «Il y a peut-être deux catégories de personnes au niveau de Vivre

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Saint-Michel [...] Tu as des gens qui sont représentants de certains services de la Ville de Montréal qui sont là. Ça, c 'est une des composantes et je pense que c 'est correct qu 'ils soient là. Il y en a d'autres qui sont des organismes vraiment communautaires, des organismes de base, des organismes disons socio-économiques du quartier qui sont là aussi et c 'est des gens qui veulent, c 'est des gens qui ont à coeur une démarche collective au niveau du quartier, qui ont à coeur les préoccupations d'améliorer- la qualité de vie en général et puis qui essaient d'avoir une vision la plus globalisante.»

2) Un leadership partagé

À part un citoyen, six représentants de différents domaines d'action siègent à l'exécutif. Le communautaire en détient trois, le réseau de la santé et le milieu des affaires en ont chacun un; une conseillère municipale y siège. De même, dans les comités d'action, des représentants d'organismes y travaillent et estiment avoir un mot à dire sur les décisions.

6. LES RÉALISATIONS DES COMITÉS D'ACTION

6.1 Divers domaines sont ciblés

Les neuf comités d'action se rattachent à des domaines variés (voirsTABLEAU 5.2). , Deux comités sont reliés à l'environnement physique (CTED-Miron, Parcs); cinq autres ont pour cible des aspects sociaux (Famille, Logement, Relations multi-ethniques,

Transports et Sécurité); un a trait à l'économie (Développement économique) et un dernier touche le domaine spécifique de la santé.

Tôt après la tenue du forum de mars 1991, les membres du comité promoteur soulignent que les objectifs de certains comités sont trop ambitieux ou pas assez précis. Pour ne pas risquer de démobiliser les gens ou pour tenir compte de la disponibilité réduite des participants, on diminue donc, tel que le démontre le TABLEAU 5.2, l'ampleur des objectifs de la majorité des comités. C'est ainsi que le comité Logement passe peu à peu d'un projet d'association de locataires représentative du quartier à un projet de «noyau d'entraide autour de problèmes ponctuels». «Ils [les. membres] se sont aperçus que c 'était une grosse affaire mettre sur pied un comité Logement», explique la responsable.

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TABLEAU 5.2 VSMS: Évolution des objectifs depuis la tenue du forum dans chacun des comités d'action

COMITÉS OBJECTIF AU FORUM OBJECTIF RÉEL

1. Comité CTED-Miron

Que l'étude sur la caractérisation des biogaz émis par la carrière M iron soit réalisée. Envoyer des lettres . d'appui et des pétitions pour faire avancer le projet

Faire fermer le site, en surveUler la gestion (biogaz, sécurité)

2. Comité Développement économique

Former une table de concertation pour améliorer la qualité des programmes de formation professionnelle et susciter l'implication des employeurs Établir des liens entre les différents secteurs (industriel, commercial, communautaire et services) pour identifier des créneaux de Développement afin de fournir de l'emploi aux gens du quartier. Moyen: établir un centre

Diffuser de l'information aux sans-emploi grâce à des cliniques mobUes d'emploi

3. Comité Famille Meure sur pied une Maison de la famille, qui offrirait des services de répit, de l'entraide économique (cuisines collectives, coopérative, etc.), du dépannage pour les jeunes en difficulté, un centre d'informations générales

Mettre sur pied une Maison de la famille qui offrira des activités aux enfants et donnera ainsi du répit aux parents

4. Comité Logement Mettre sur pied une association de locataires, représentative des aspects démographiques et multiculturels du quartier. Moyens: centre d'information sur les droits des locataires; soutien aux projets de logements sociaux; publication d'un journal de liaison; mise en place d'une assurance collective à l'intention des locataires des grands ensembles immobiliers

Créer un noyau d'entraide autour de problèmes ponctuels

5. Comité Parcs Organiser une semaine de la propreté et de la sécurité dans les Parcs

Même objectif

6. Comité Relations multi-ethniques

Augmenter la connaissance entre ethnies et favoriser les échanges multi-ethniques

Faire des projets concrets d'échanges

7. Comité Santé Rapprocher les services de santé de la population par un partenariat entre le réseau de santé et les organismes communautaires

Informer la population sur les services

8. Comité Sécurité Combattre la drogue et la violence en créant un groupe de pression pour obtenir, notamment, une législation plus sévère

Faire un sondage

9. Comité Transports Évaluer et réaménager les transports en commun ~ dans le quartier: revoir les horaires et les circuits,

mieux répartir les arrêts, augmenter les abris, améliorer la propreté des autobus, exiger une conduite plus sécuritaire

Même objectif

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Tel qu'il a été vu plus haut, le comité Sécurité abandonne l'idée d'un groupe de pression sur la législation sur les drogues pour se centrer dès l'automne sur un sondage destiné à connaître l'ampleur du problème. Le comité Santé choisit d'informer la population sur les services comme moyen de rapprocher la population des services de santé. Après avoir fusionné le comité travail-chômage, le comité Développement économique dirige ses efforts vers la mise en place d'un service mobile de diffusion de l'information sur l'emploi plutôt que vers un centre de Développement de l'emploi ou une table de concertation sur la formation professionnelle comme prévus au départ.

Alors que le comité Famille maintient son objectif qualifié d'ambitieux, le comité CTED-Miron élargit son mandat. Il voit d'abord à ce que se réalise l'étude de la caractérisation des biogaz émis par la Carrière Miron puis, suite à l'obtention de la subvention de récherche par le DSC, met l'emphase sur la surveillance de la gestion du site. A partir d'assemblées publiques d'information organisées par la Ville à l'automne 1991, le comité recrute des citoyens et se transforme en comité aviseur de citoyens (comité de surveillance du CTED-Miron), sorte «d'oreilles du quartier» et de «canalpour transmettre les doléances de la population sur les inconvénients du site Miron» (le responsable du comité).

6.2 Des approches variées

Durant la première année d'opération, 11 projets sont mis en oeuvre par les neuf comités d'action (voir TABLEAU 5.3). La moitié des projets consistent à étudier une situation ou à informer la communauté sur une situation donnée. Parmi ceux-ci, on dénombre trois projets d'étude vus comme des moyens de faire pression auprès des diverses instances politiques et de mobiliser la population autour d'enjeux importants. Ainsi, l'étude sur les biogaz, réalisée par le DSC Sacré-Coeur et dont les rapports sont prévus à partir de l'année 1993, sera acheminée à la Ville de Montréal afin qu'elle prenne des décisions sur l'avenir du site. Les résultats du sondage d'opinion sur les drogues du comité Sécurité devaient contribuer à sensibiliser les autorités locales et la population du quartier. De l'étude du comité Transports sur les problèmes de transports en commun doit découler une série de recommandations à soumettre au plan de relance de la STCUM puis une mobilisation de la population autour de ces recommandations.

On y recense trois projets d'information visant à mieux informer les citoyens, à les sensibiliser à l'importance de se regrouper ou à renforcer l'action communautaire. Le comité Santé d'abord produit un bôttin sur les ressources de santé du territoire dont la distribution se fait par l'entremise des journaux du quartier qui l'insèrent dans une de leurs parutions. Le comité Logement ensuite organise trois soirées publiques d'information sur des sujets comme l'augmentation des loyers et le renouvellement des baux. Le comité CTED-Miron enfin tient des réunions d'information avec des experts et fait connaître aux représentants de la Ville et du site sa position sur différents aspects de la gestion du site Miron (par exemple, installation d'une usine de biogaz-lixiviat ou de compresseurs).

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En plus des six projets d'étude ou d'information que l'on vient de mentionner, trois autres consistent en des activités ponctuelles destinées à renforcer l'action communautaire ou, dans le dernier cas, à réorienter les services de santé. Ainsi, .le comité Parcs rassemble pendant une semaine les enfants et leurs parents des garderies et des écoles dans les parcs, autour d'activités telles que corvée de nettoyage, plantation d'arbres et de fleurs, festival sportif, pièce de théâtre, exposition de dessins, dîner communautaire. Il met alors en place un système de vigilance par lequel les citoyens peuvent informer le service des parcs de toute situation de malpropreté ou de bris d'appareils de jeu. Le comité Relations multi-ethniques prépare une kermesse pour les jeunes du quartier à l'occasion de la semaine interculturelle nationale. Le comité Santé organise un colloque réunissant des professionnels de santé en pratique privée avec ceux du secteur parapublic et avec des intervenants de groupes communautaires.

Enfin, deux comités élaborent des projets de service. Le comité Développement économique a demandé une subvention de 100 000 $ pour implanter «Saint-Michel au travail*, une clinique sur l'emploi où toute personne qui le désire, peut recevoir de l'information sur les services d'employabilité, de formation et de travail». Le comité Famille poursuit son idée d'implanter une Maison de la famille. Les membres en précisent les objectifs, s'entendent sur les services et les activités de cette future Maison, incorporent leur projet et font des demandes de subvention.

6.3 Plusieurs projets obtiennent du succès

Le TABLEAU 5.3 donne aussi un aperçu des propos des gens interrogés et des extraits de documents consultés sur le succès des 11 activités ou projets de l'année. De façon générale, on peut dire que les projets dont les acteurs sont les plus fiers sont ceux qui suscitent la participation des citoyens, ceux qui facilitent ou proviennent d'une action intersectorielle ou encore ceux qui obtiennent des autorités publiques extérieures une reconnaissance du quartier.

Bien que les études sur les transports et sur les biogaz sont perçues comme des acquis importants, les gens estiment cependant qu'il est trop tôt pour juger des effets. Certains sont d'avis que l'étude du DSC sur les biogaz se serait probablement faite même si VSMS n'avait pas existé.

Les citoyens viennent en grand nombre aux soirées d'information du comité CTED-Miron et celui-ci est reconnu par la Ville comme un interlocuteur important dans le dossier. Par contre, les soirées d'information du comité Logement attirent peu de monde. Enfin, le bottin du comité Santé est parvenu dans les foyers. Il serait intéressant de connaître l'utilisation que les citoyens en font.

" Parmi les trois activités ponctuelles, la Semaine sécurité et propreté dans les parcs, amorcée avant sçn intégration à VSMS et réalisée grâce à une subvention de 10 000 $ de la Ville, est sans doute celle dont on se. plaît le plus à souligner le succès. Un nombre considérable de personnes y ont participé et l'événement s'étendra sur un mois l'année suivante. Plusieurs personnes interrogées rapportent que le système de plaintes mis en place pour améliorer l'entretien des parcs a bien fonctionné:

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TABLEAU 5.3 VSMS: Résumé des opinions recueillies sur le succès des 11 projets de l'année dans les comités d'action

ACTIVITÉS RÉALISÉES f SUCCÈS F E R Ç U *

Comité CTED-Miron

1. L'étude sur les biogaz 2. Assemblées

d'information

Le comité est reconnu par la Ville comme interlocuteur important dans le dossier Les citoyens sont mieux informés Contribution à la réalisation de l'étude sur les biogaz, l'obtention de compresseurs pour les biogaz, une meilleure surveillance de la migration des biogaz dans les résidences avoisinantes, aux améliorations à l'aménagement de la périphérie du site L'étude sur les biogaz se serait réalisée sans VSMS

Comité Développement économique

3. Guichet multi-services

«Saint-Michel a sa part du gâteau»: un projet de 100 000 $ pour mieux informer les travailleurs sur l'emploi Différents organismes apprennent à se concerter du point de vue économique

Comité Famille

4. La Maison de la famille

Le comité n'a pas eu le local désiré pour les activités de loisirs mais a obtenu un local pour la coordination, n a fait une demande de subvention pour engager trois personnes (agent de financement, organisateur communautaire, animatrice socio-culturelle)

Comité Logement

5. Soirées d'information

Trois soirées furent organisées; la panicipation des citoyens à été faible. «C'est un début»

Comité Parcs

6. Semaine propreté/sécurité

Subvention de 10 000 $ de la Ville 3 000 personnes (enfants, jeunes et adultes) participent L'année suivante, l'activité se répète sur un mois et on accroît le nombre d'activités Le projet était déjà parti avant VSMS Les parcs sont mieux entretenus

Comité Relations multi-ethniques

7. Kermesse

Participation moyenne

Comité Santé

8. Le bottin santé 9. Colloque sur les

services

Le bottin constitue une réalisation concrète et répond à un besoin essentiel chez les personnes âgées «Une première à Saint-Michel70 personnes, y compris professionnels de santé du privé, se retrouvent afin de jeter des bases plus solides de concertation

Comité Sécurité

10. Sondage

Le questionnaire a été contesté; le sondage ne s'est pas réalisé

Comité Transports

11. Mémoire sur le transport

Production d'un avis sur les transports en commun dans le quartier avec des propositions concrètes Des liens sont établis avec Transport 2000 pour la réalisation de l'étude La SCTCUM reçoit le rapport

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UN CITOYEN: «Les autres années,Ae responsable du secteur au niveau des parcs pour la Ville de Montréal nous disait que quasiment la moitié de son temps passait à répondre aux plaintes des citoyens. Cette année, il a été informé assez rapidement des problèmes qu 'il y avait à corriger, il avait réussi à avoir les équipes nécessaires pour les corriger... il a passé un bel été lui là parce qu'il a eu énormément moins de plaintes, et puis même que des fois il y avait des gens qui l'appelaient pour lui dire qu'ils étaient contents.»

Le colloque organisé par le comité Santé attire 70 personnes de diverses provenance qui ont pu partager de P information sur les services de santé offerts aux citoyens. La kermesse du comité Relations multi-ethniques a connu un succès mitigé.

Les deux projets de service, soit la Maison de la famille et la Clinique mobile sur l'emploi, sont sur le point d'obtenir des subventions gouvernementales. Le principal.instigateur de la Clinique mobile exprime sa fierté de constater que, grâce à un bon travail de concertation, «Saint-Michel a pu avoir sa part du gâteau».

7. PERCEPTIONS GÉNÉRALES

SUR LES RÉSULTATS DE VSMS

Le jugement d'ensemble porté sur VSMS par les acteurs est nettement positif. Au moins 12 personnes sur les 19 interrogées se disent très satisfaites des résultats obtenus durant cette première année de mise en oeuvre. Que les organismes des principaux secteurs

d'activité aient formé un regroupement qui tienne encore après un an; qu'ils aient ainsi passé outre aux embûches de départ telles que les vieilles guerres de clocher, les crises actuelles de budget dans les organismes, les expériences antérieures de concertation plutôt décevantes — un journaliste avait parlé du projet comme «de la table de la dernière chance» et un curé, futur président de l'exécutif, avait dit à la blague qu'il fallait «avoir la foi»: voilà bien pour ces gens une situation qui relève de l'inédit, sinon du «miracle». Les promoteurs demeurent réalistes. Ils savent bien que «la cohésion peut devenir difficile quand il y aura des enjeux importants». Pour eux, l'important, c'est de garder les gens dans le processus, c'est de faire en sorte que «les participants sentent qu'il se passe quelque-chose». C^est-aussi la eontinuité:

QUESTION: «Est-ce que vous trouvez que ça (VSMS) avance à un bon rythme, que ça avance bien? UN MEMBRE DE L'EXÉCUTIF: - C'est sûr comme tout le monde, on a toujours le

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goût de voir des transformations rapidement mais à l'âge que j'ai, je me suis rendue compte que les transformations, ça vient lentement et c 'est la continuité qui fait les transformations. »

Alors qu'on estime qu'il est trop tôt pour juger des effets du projet sur la qualité de vie dans le quartier, d'autres types d'effets sont soulignés. Ainsi, certains pensent que, tel qu'il fut souhaité au départ, VSMS contribue effectivement à donner du pouvoir au quartier devant les autorités politiques. Deux directeurs d'organisme s'expriment de cette façon:

«On est le deuxième quartier en santé. [...J Avant, on était juste dans les 10 premiers pour le quartier le plus pauvre. On parle plus de Saint-Michel qu 'avant».

«On est allé chercher beaucoup de choses de la Ville. Ça l'air de rien mais tranquillement [...] On s'est rendu compte qu'on est capable d'influencer la Ville. [...]A long terme à un moment les gens ne verront plus le quartier comme il le voit présentement. Un quartier terne où il ne se passe rien. [...] On ne va pas à Saint-Michel, on se retrouve à Saint-Michel [...] Ce sera un quartier qui va prendre sa place à Montréal Un peu comme les autres quartiers de l'est de Montréal où dès qu 'il se passe un problème, il y a une conscientisation rapide si on veut des gens, des intervenants. Nous à Saint-Michel, on était plutôt de tendance lente. [...] Puis là, on s'est comme rendu compte en tout cas, le Saint-Esprit est descendu. Oh ..on est capable d'influencer la Ville. [...] C'est très sain comme attitude, comme atmosphère».

Plusieurs représentants d'organisme pensent que la démarche leur a permis de connaître d'autres organismes et de créer des liens de confiance. On perçoit que la dynamique des ressources est en train de changer:

UN CITOYEN RESPONSABLE DE COMITÉ: «Je pense que la pratique a permis de développer cette vision plus intersectorielle. [...] Tu sais, des fois, la vision est un peu de dire: «Bon je vais tirer la couverte de mon bord assez fort pour avoir ce que je veux».- Je comprends ça cette attitude-là mais je pense que dans l'évolution de l'année, on a réussi à pouvoir faire en sorte que cet aspect-là, il n 'est peut-être pas totalement absent, mais c 'est vraiment très très secondaire.»

Tous les acteurs interrogés n'ont pas que des éloges à l'égard de VSMS. Au moins trois citoyens sur les sept interrogés sont nettement insatisfaits. Une de ceux-ci pense que les comités «n 'écoutent pas les citoyens» alors que les deux autres trouvent que «les choses ne bougent pas assez vite».

Enfin, tel qu'il a été vu plus haut, la faible présence des citoyens dans le projet fait l'objet d'une profonde insatisfaction, chez les citoyens comme chez les gens d'organismes. C'était le plus gros défi que les promoteurs du projet se disaient prêts à relever au moment où notre étude prenait fin.

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ÉPILOGUE

Le 2 décembre 1992, six mois après la fin de la période de collecte de données de cette étude de cas. la Ville de Montréal réunit le comité promoteur de Vivre Saint-Michel en santé pour lui faire part, une journée avant l'annonce officielle, que le site CTED-Miron ne sera pas fermé en 1994.

Dès lors, une grande partie des énergies des dirigeants de VSMS seront consacrées à la solution de ce problème. Il s'agit pour eux de réaliser une concertation entre la Ville, propriétaire du site, et les groupes du quartier, dont un en particulier (PARI) est en désaccord avec la stratégie de conciliation adoptée par VSMS. Les partenaires ont conscience de passer le «vrai test d'un projet de quartier en santé». Au printemps 1993, les dirigeants de VSMS tiennent des audiences publiques pour recueillir l'opinion des gens de la communauté. La conciliation se fait entre les groupes mais la Ville reste sourde au désir unanime de la communauté: fermer le site d'enfouissement en 1994. On craint un affrontement majeur avec la Ville.

Durant la seconde année de mise en oeuvre, la crise occasionnée par le site CTED-Miron n'a pas donné au comité promoteur l'opportunité de relever le défi de mobiliser davantage les citoyens et de bien soutenir les autres comités. À l'été 1993, on compte huit comités. Plusieurs citoyens ont délaissé le comité CTED-Miron tandis que le comité Parcs a vu augmenter le nombre de citoyens participants. Les comités Relations multi-ethniques et Sécurité ont disparu alors qu'un nouveau, le Groupe-Action jeunesse, s'est joint au mouvement. Le comité Santé n'a pas fait d'activités et le comité Logement s'en est tenu à quelques réunions d'information. La Maison de la famille offre maintenant des activités et la Clinique mobile sur l'emploi est elle aussi en opération. Le comité Transports poursuit son travail de revendication auprès de la STCUM et a obtenu une victoire symbolique: un arrêt d'autobus qui était demandé depuis presque une décennie.

Les réunions du comité promoteur se font maintenant le soir et sont accessibles au public. Une quinzaine de citoyens et autant de représentants d'organisme y participent. Tel qu'il avait été convenu au départ, le DSC a cessé en juillet 1993 de prêter quelqu'un à demi-temps comme coordonnâtes. L'exécutif compte obtenir une subvention 6 000 $ de Vivre Montréal en santé, afm de combler le poste d'ici le printemps 1994.

Pour relancer le mouvement et contrer la stagnation, les dirigeants de VSMS ont voulu tenir un grand rassemblement à l'automne 1993. Ils ont alors reporté à plus tard cet événement afin de permettre d'abord aux différents comités de reprendre leurs activités avant l'événement.

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SYNTHESE: SECOND CADRE

r r DE REFERENCE ET DISCUSSION

VI

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Le présent chapitre de synthèse propose d'abord, sur la base des récits que nous venons de faire aux chapitres III, IV et V, un nouveau cadre de référence pour mieux comprendre l'émergence des initiatives Villes en santé et leur évolution. Il discute ensuite des résultats en apportant des éléments de réflexions sur: 1) les constantes dans les initiatives Villes en santé; 2) l'action intersectorielle, la participation des citoyens et le développement de politiques publiques saines; 3) l'évaluation des résultats; 4) l'approche d'évaluation interactive.

1. UN NOUVEAU CADRE DE REFERENCE

Ies études de cas s'appuyaient sur un cadre de référence (FIGURE 2.1) permettant l'organisation de la collecte de données. Huit variables y étaient regroupées en fonction de trois grandes variables structurantes, soit les déterminants contextuels, la mise en

oeuvre et les résultats. Ce schéma, appuyé en partie sur les travaux de Fortin et al. (1992) et de Champagne et Denis (1992), était de type linéaire.

Déterminants contextuels

Mise en oeuvre Résultats

Environnement externe - >

Environnement interne

.Cohérence 4ss

- > Structure Activités —Résultats

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Figure 6.1 Second cadre de référence: La démarché de coalition et son interactionavec l'ambiance . . . . . . .

AMBIANCE GLOBALE ET LOCALE

Climat politique et économique

.Dynamique des ressources

Fenêtre p o l i t y ) " .BtAiepreTieuTs

- Adhésion Y .Besoins/intérêts^

/ Objectifs d'action ( ' structure

4. M I S E ET*

% 'f :•

.. fonctionnement ^ ( . Activités

/ "" perceptions ' .Enjeux

Caractéristiques physiques

H D E C O

Caractéristiques socio-économiqués

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Le second cadre théorique (FIGURE 6.1) auquel notre effort de conceptualisation nous conduit est davantage dynamique et s'inspire de la théorie du mode d'action négociée (Monnier, 1987) qui accorde une grande importance à la nature des interactions entre les partenaires, en particulier dans des programmes innovants. Nous décrirons en premier lieu les variables qui le constituent puis, en second lieu, la dynamique, c'est-à-dire les liens que les variables entretiennent entre elles et la façon dont elles évoluent dans-le temps.

1.1 Les variables

Le schéma de la FIGURE 6.1 comprend deux grandes variables structurantes, soit l'ambiance et ' la démarche de coalition. La première est elle-même formée de deux variables: l'ambiance globale et locale. Elle est identique aux déterminants contextuels du cadre de référence de départ (environnements externe et interne). La seconde variable structurante est composée de cinq variables représentant autant d'étapes de développement dans une initiative Ville ou quartier en santé: l'émergence, la mobilisation des partenaires, la structuration, la mise en oeuvre et le bilan. Enfin, chacune des sept variables finalement retenues est formée de dimensions elles-mêmes illustrées à la FIGURE 6.1.

Les trois pages suivantes résument les récits présentés aux chapitres III, IV et V en tenant compte du second cadre de référence et de ses variables.

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RÉSUMÉ DE CAS: MERCIER-EST, QUARTIER EN SANTÉ

AmbiEses Mercier-Est Quartier en santé s'appuie sur le développement du réseau québécois de Villes et villages en santé pour tenter une expérience originale de quartier en santé. Le quartier de Mercier-Est subit les contrecoups de l'appauvrissement général de la population et de l'urbanisation de la métropole. La présence de caractéristiques physiques nuisibles à la santé et une dynamique communautaire restreinte favorisent le rassemblement des citoyens au sein de nouveaux regroupements.

jSmergs^ss En 1988, un organisateur communautaire du CLSC et 12 citoyens qui avaient participé à une recherche-action sur les besoins de santé de la population adulte sensibilisent les représentants de la Ville et des organismes à un projet de promotion de la santé axé sur l'amélioration de la qualité de vie dans le quartier.

Les personnes regroupées autour du concept de la qualité de vie identifient, à l'aide des résultats de la recherche-action et d'outils préalablement utilisés par des initiatives Villes en santé, huit secteurs prioritaires d'action.

Strzï^ïiizz Des comités de travail composés de citoyens et de représentants d'organismes se forment et se dotent d'objectifs. En septembre 1989, le comité promoteur provisoire réunissant une quinzaine d'organismes et des citoyens du quartier s'entend sur un fonctionnement comprenant le comité promoteur formé des représentants d'organismes et de citoyens et responsable des orientations et du soutien aux comités de travail; le comité de liaison composé en majorité de citoyens et responsable de la gestion du projet; et les comités de travail responsables de la conception et la réalisation des activités. En 1991, MEOES devient un organisme sans but lucratif régi par des statuts et règlements.

K ics Au cours des quatre premières années de MEQES ( 1988-1992), les comités de travail ont mené à terme pas moins de 37 activités touchant l'environnement, les jeunes, l'habitation, la sécurité, le travail, la famille, la rue De Beaurivage et les habitations à loyer modique du quartier. De natures diverses, les activités ont permis la réalisation d'actions ponctuelles qui regroupent les résidants autour d'activités conviviales, des représentations publiques, la création de services, des événements publics de sensibilisation et la valorisation de services. Reposant sur l'action intersectorielle et la participation des citoyens, ces activités rejoignent un grand nombre de résidants du quartier et assurent à MEQES une importante notoriété. Cette initiative inspirera le fonctionnement du projet de Vivre Montréal en santé et favorisera le développement d'autres initiatives de quartier. Le comité promoteur assure, pour sa part, la promotion du projet et participe à différentes activités des réseaux canadien et québécois de WS.

Bi£23 Toutes les personnes interrogées sont satisfaites du fonctionnement et des réalisations de l'initiative. L'organisme à la source de ce projet, le CLSC, insiste pour que l'initiative soit prise en charge par les citoyens. Ceci entraîne de nouveaux consensus sur le fonctionnement de l'initiative. Les citoyens voient se confirmer leur pouvoir de décision sur les orientations et la gestion de l'organisme dans ses statuts et règlements. Toutefois, après un précédent historique qui assure un financement quadripartite de l'initiative, on assiste à un désengagement financier des organismes et à un retrait des décideurs au fur et à mesure du développement du projet de Vivre Montréal en santé et d'autres initiatives de quartier. La transformation de la dynamique des ressources de la communauté soulève aussi des questions quant au rôle de MEQES dans la vie communautaire du quartier. Au moment où se termine l?étude, les principaux enjeux sont la continuité et la relève des citoyens qui sont partie prenante de l'initiative depuis ses débuts.

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RÉSUMÉ DE CAS: POINTE-CLAIRE, VILLE EN SANTÉ

AiabÎEECS À la ville de Pointe-Claire, tout paraît concourir à la réussite d'une Ville en santé: une ville riche en services mis à la portée des citoyens, une tradition de l'entraide mutuelle, des appuis intéressants émanant du monde politique, une ville-satellite au sein de la Communauté urbaine de Montréal qui se veut un modèle pour les autres municipalités de l'Ouest-de-l'île.

É^STge^eg Suite à une consultation menée en 1986, le DSC Lakeshore décide d'appliquer ses programmes de santé en étroite collaboration avec ses partenaires du milieu. Les responsables de la santé communautaire trouvent alors approprié le concept WS comme moyen de promotion. Après une rencontre d'une professionnelle du DSC avec le maire de Pointe-Claire, il est alors entendu que sa Ville appliquera WS à titre de projet pilote dans le West Island. En 1988, Pointe-Claire devient, par résolution municipale, la première Ville en santé du territoire du DSC et de la région métropolitaine.

MobnHss&ioz! Autour d'un consensus portant sur la qualité de vie, le maire de Pointe-Claire et le directeur de la santé communautaire lancent une opération d'envergure à laquelle se joindront des responsables du monde politique afin de répandre WS dans l'Ouest-de-PÎle.

Stnïïcîi SLÏoï. Le comité WS s'implante à Pointe-Claire de la même manière que les autres comités consultatifs de la Ville. Les membres sont nommés par le maire et se présentent d'office comme citoyens et non comme représentants d'organismes. Ils ne disposent pas d'un pouvoir de décision mais émettent des recommandations au conseil municipal. L'ensemble des personnes interrogées attribuent l'efficacité du comité au nombre restreint de membres et à la direction souple de la part du maire.

Miss SI zf.IUTT?. Les citoyens se joignent en grand nombre aux événements mais ne sont pas présents dans les étapes de mise en oeuvre des activités. Partant, les citoyens constatent que leur municipalité met en place des projets touchant la santé, la sécurité et l'environnement, mais n'associent pas ces actions à WS. Du reste, l'apport de multiples organismes s'observe dans la création des tables de concertation et le partage de ressources lors des événements publics. Au nombre des 16 projets répertoriés à partir des documents officiels et des entrevues, la grande majorité qui sont présentement en action proviennent notamment du DSC ou de la Ville. Près des trois quarts relèvent des domaines de la santé et de l'environnement et les objectifs visent, pour la plupart, l'ensemble de la population. Les méthodes utilisées sont ia création de services, la représentation politique et les études. L'application de la Loi de protection des non-fumeurs et les projets touchant l'environnement sont ceux qu'on considère comme des réussites.

B'ûm Si la moitié des personnes interrogées sont confiantes dans la poursuite de l'initiative à Pointe-Claire, d'autres expriment des craintes sur l'avenir quant à un éventuel départ du maire actuel. Bien que certains s'interrogent sur la nature, des projets en cours, en général, les gens perçoivent l'initiative comme un succès et un grand déf i^m^ièrë 'derp^pn-^micipàlè.

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RÉSUMÉ DE CAS: VIVRE SAINT-MICHEL EN SANTÉ

AHEBSEECS Vivre Saint-Michel en santé (VSMS) naît et se développe dans un contexte somme toute propice. En 1990. le quartier continue de subir les effets de la croissance de la pauvreté dans un environnement physique dégradé. Alors que MEQES multiplie les réalisations, les organismes du quartier, relativement peu nombreux mais en contact étroit les uns avec les autres, ont l'opportunité de faire de Saint-Michel le premier quartier en santé après l'adhésion de la Ville de Montréal au mouvement.

Esssrgeaeg Un groupe de quatre gestionnaires, possédant une bonne crédibilité dans le milieu et en provenance de divers secteurs, décident de tenter une nouvelle entreprise de concertation.

MobilîsËîioa Ils convainquent alors les organismes les plus actifs dans le quartier de se joindre au projet. Cette fois, la nouvelle démarche engagera aussi les décideurs. Elle sera dirigée vers des actions concrètes, située dans le courant du mouvement Villes en santé et destinée à procurer du pouvoir au quartier face aux décideurs de l'extérieur. On se donne aussi comme objectif de faire participer la communauté résidente. Des activités d'analyse de besoins telles que sondage, portrait de quartier, sont d'abord réalisées.

Stestora^on Suit en mars 1991 un forum où organismes et citoyens fixent 10 priorités d'action. On met alors en place un comité promoteur composé de 35 représentants d'organismes, un comité exécutif et 10 comités d'action. Les organismes contribuent au projet dans la mesure de leurs moyens et en fonction de leur mandat.

Mise es cswre Le projet se dote ainsi de mécanismes de fonctionnement jugés satisfaisants mais qui appellent des réajustements, notamment en ce qui concerne le soutien aux comités d'action et aux citoyens. Durant la première année d'implantation, plus de 100 personnes s'impliquent dans l'un ou l'autre des comités d'action et II projets démarrent dont 10 seront pienés à terme. On compte des études sur des sujets d'intérêt local dans le quartier (les biogaz du site d'enfouissement, le transport et la drogue); de l'information directe à la population (bottin sur les services de santé, soirées sur les droits des locataires, réunions d'information et de consultation sur le site d'enfouissement); des activités ponctuelles (une semaine de propreté et sécurité dans les parcs, une kermesse multi-ethnique, un colloque sur la santé); deux projets de service à la communauté (une Maison de la famille et une Clinique mobile d'information sur l'emploi). Les projets se rattachent donc majoritairement à des domaines sociaux, économiques et environnementaux. Les projets dont les partenaires sont les plus fiers sont ceux qui suscitent la participation des citoyens, qui proviennent d'une action intersectorielle ou qui.génèrent de la.part des autorités publiques extérieures une reconnaissance du quartier.

Bilea Bien qu'ils se disent conscients que des enjeux importants pourraient éventuellement nuire à la cohésion, les représentants d'organismes tirent une grande satisfaction de la façon dont ils inçeragissent durant cette première année de mise en oeuvre. Ils constatent cependant que le niveau d'implication "des citoyens est demeuré relativement faible et c'est là le défi qu'ils s'apprêtent à relever au moment où se termine l'étude, alors qu'ils organisent une deuxième assemblée publique, au printemps 1992.

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1.1.1 L'ambiance

Les études de cas ont montré que les projets locaux ne sont pas indifférents aux facteurs liés au macro-environnement tels que climat politique et économique actuel qui crée le besoin de se concerter en raison de la rareté des ressources et qui favorise Pémergence d'une approche globale en promotion de la santé. De plus, le mouvement Villes en santé, qui véhicule aux niveaux international, national et municipal, un ensemble de principes d'action, a stimulé la mise sur pied de projets et les cautionne en quelque sorte.

Les initiatives baignent aussi dans des contextes locaux où s'y retrouvent un ensemble de facteurs qui contribuent à les colorer. On conviendra en effet que V entité territoriale (ville ou quartier), la dynamique des ressources dans la communauté (les expériences antérieures de concertation, le nombre de ressources communautaires, les relations interpersonnelles entre les leaders et leur personnalité, etc.), les caractéristiques physiques (présence de nuisances comme une carrière polluante, une forte présence ou encore l'absence d'espaces verts) et socio-économiques (richesse ou pauvreté) sont des facteurs à considérer pour comprendre la naissance et le type d'évolution des initiatives Villes en santé.

1.1.2 La démarche de coalition

La démarche de coalition renferme cinq étapes que traversent ensemble les partenaires et à l'intérieur desquelles on retrouve une dizaine de composantes ou dimensions (adhérer aux buts du projet, rechercher les besoins de la communauté, se donner des objectifs d'action, etc.). Tout dépendant de la dynamique des ressources déjà en place dans le territoire, les partenaires accorderont plus ou moins d'efforts à inclure ces dix éléments dans le projet ou pourront le faire en parallèle. Ainsi, dans un territoire où les partenaires estiment qu'ils connaissent suffisamment les besoins des citoyens pour amorcer le projet (ce fut le cas de Pointe-Claire dont le DSC avait déjà fait une consultation avant l'émergence), il peut être nécessaire de se donner tout de suite des objectifs d'action après l'adhésion aux buts, quitte à amorcer en parallèle une réflexion sur les besoins. De même, si une structure de concertation efficace existe déjà dans la communauté, le projet peut être entériné par elle. L'important, c'est de s'assurer que toutes les composantes ont été prises en considération d'une façon ou d'une autre.

1. EMERGENCE DU PROJET. Les caractéristiques des entrepreneurs ou instigateurs des projets telles que leur provenance, leur statut professionnel et leur personnalité, la relation qu'ils entretiennent entre eux, de même que les opportunités du moment (fenêtre politique ') sont des facteurs favorables à l'émergence des projets. Ils ont aussi une répercussion sur l'évolution future des projets.

Il est en effet significatif, dans l'évolution de MEQES, que cette initiative soit née d'une

1 Ce mot est emprunté à l'étude de Fortin et al. (1992).

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recherche-action sur les besoins de la population menée par un organisateur communautaire de CLSC avec un groupe de 12 citoyens, au moment où l'on commençait à parler de Villes en santé. L'initiative de Pointe-Claire est née, elle aussi dans les débuts du mouvement. Elle origine cependant d'une consultation du DSC auprès de ses partenaires sur les programmes de santé à mettre en place dans I'Ouest-de-l'île, et de la rencontre entre une professionnelle du DSC et un maire très influent auprès des municipalités de l'ouest. Celle de Saint-Michel a été amorcée à l'époque où Montréal venait d'adhérer au mouvement, par un groupe de décideurs ayant une bonne crédibilité et provenant de différents secteurs d'activités.

Déjà à cette phase de départ se précisent les grandes orientations des initiatives. Mercier-est serait un projet de promotion de la santé où les citoyens partenaires allaient travailler avec les organismes à l'amélioration de la qualité de vie. La Ville de Pointe-Claire en collaboration avec le DSC expérimenterait un projet pilote pour l'ouest de l'île de Montréal. Ce projet intégrerait la valeur santé dans la gestion municipale en suscitant la collaboration des autres partenaires du milieu et en ayant le souci d'en faire bénéficier les citoyens. A Saint-Michel, on aurait une nouvelle expérience de concertation entre organismes pour faire des actions concrètes et pour donner du pouvoir au quartier; la population y serait associée.

MOBILISATION DES PARTENAIRES. Durant cette seconde phase, les promoteurs tentent d'obtenir des nouveaux partenaires Y adhésion aux buts qui ont fait l'objet d'un consensus entre eux. Ils recueillent alors les perceptions des besoins de la population tout en tenant compte des intérêts propres aux différents partenaires dans cette entreprise de concertation.

À Mercier-Est et à Saint-Michel, les promoteurs organisent des assemblées publiques et des rencontres individuelles ou de groupe, où s'y retrouvent organismes et citoyens. À Pointe-Claire, les promoteurs vont chercher l'appui des maires de la banlieue ouest et des autres personnalités politiques du territoire afin de répande WS dans FOuest-de-1'île.

STRUCTURATION DU PROJET. Une fois les partenaires mobilisés, l'heure vient de s'entendre sur la structure et sur les objectifs d'action.

i V

Mercier-est et Saint-Michel choisissent de former une structure indépendante de l'un ou l'autre des organismes partenaires et de la municipalité. Elle se compose d'un comité promoteur, d'un comité de liaison ou comité exécutif et de plusieurs comités d'action. Les modalités de fonctionnement sont explicites. Mercier-est donne davantage de place aux citoyens dans la structure que ne le fait Saint-Michel. Dans les deux cas, les objectifs d'action sont clairement identifiés et des comités d'action sont chargés de les réaliser. À Pointe-Claire, les membres sont nommés par le maire et, au même titre que les autres comités aviseurs de la Ville, le comité ne dispose pas d'un pouvoir de décision. Au fur et à mesure du déroulement du projet, le comité sera appelé à recommander certains projets au conseil municipal et à donner le sceau WS à des projets émanant du milieu

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organisationnel. Dans les trois sites, la présence d'une personne agissant à titre de coordonnâtes du projet est vue comme nécessaire.

4. MISE EN OEUVRE. La phase de la mise en oeuvre est celle du fonctionnement des structures en place et de la réalisation des activités ou projets planifiés.

À Mercier-est et à.Saint-Michel, les différents comités d'action s'efforcent de réaliser les objectifs qu'ils se sont fixés alors que le comité promoteur fait la promotion du projet puis soutient les comités d'action et leurs activités. À Pointe-Claire, ce sont surtout la Ville et le DSC qui réalisent les projets, parfois avec la collaboration de tables de concertation. Dans les trois territoires, les activités répertoriées depuis le début et menées à terme sont nombreuses: 37 à Mercier-est, 16 à Pointe-Claire et 10 à Saint-Michel. Elles ne sont pas forcément coûteuses et s'appuient sur des méthodes diversifiées telles que études, information à la population, création de services, réglementation ou représentations publiques ou activités ponctuelles de nature conviviales. Elles touchent des domaines aussi variés que l'environnement, les conditions socio-économiques et la santé. On observe une plus forte proportion de projets à portée santé dans Pointe-Claire. Les activités perçues comme une réussite sont celles qui attirent un grand nombre de citoyens, celles qui sont le fruit d'une action intersectorielle ou de l'action des citoyens, celles enfin qui contribuent à rendre visible l'initiative, le quartier ou la municipalité.

5. BILAN. À la phase du bilan, les partenaires mettent en commun leurs perceptions sur les résultats globaux et le déroulement de l'initiative, à l'intérieur des différents comités. Ces. perceptions contribuent alors à identifier des enjeux ou défis touchant la mobilisation des partenaires, la structuration du projet ou encore sa mise en oeuvre.

Dans les trois sites, la satisfaction générale des partenaires est bonne. Ceux-ci estiment cependant qu'il est trop tôt pour mesurer les effets de l'initiative sur la qualité de vie des citoyens. Ils identifient plutôt des éléments de satisfaction. À Mercier-est, ce sont les nombreuses réalisations de MEQES, obtenues sans un investissement monétaire important grâce à la participation des citoyens et des organismes, et la notoriété acquise qui sont mentionnées. Les partenaires de Pointe-Claire estiment quant à eux que l'intégration de la dimension santé dans la gestion municipale y est maintenant un acquis qui peut inspirer d'autres municipalités. Ceux de VSMS sont particulièrement satisfaits de la façon dont les organismes interagissent et du pouvoir que le quartier a obtenu face aux instances extérieures.

Les éléments d'insatisfaction représentent pour les partenaires autant de défis à surmonter. À Mercier-est, le financement et l'essoufflement des citoyens soulèvent celui de la continuité et de la relève. À Pointe-Claire, c'est.le peu de connaissance que la population a du projet qui pose problème alors que les partenaires de Saint-Michel sont préoccupés par la faible implication des citoyens dans l'initiative.

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1.2 La dynamique

Nous nous intéressons ici aux liens que les variables ont entre elles et à la façon dont elles évoluent dans le temps ou d'une phase à l'autre.

1.2.1 Une interaction continue avec l'ambiance

Nous retenons en premier lieu que l'ambiance, illustrée en effet sous forme de cellule vivante, se fait englobante et interagit continuellement avec la seconde variable structurante, soit la démarche de coalition. Nous avons mentionné plus haut des facteurs des micro et macro-environnements qui ont fait émerger les initiatives. Nous en rencontrons aussi qui interviennent pendant le déroulement de l'initiative. Ainsi, nous référant à l'épilogue du récit de Pointe-Claire, nous constatons que la réforme de santé menée par le gouvernement provincial risque maintenant de faire perdre le DSC, un des principaux piliers du projet. De même, à Saint-Michel, la décision de plusieurs villes de banlieue d'utiliser d'autres sites d'enfouissement que le CTED-Miron ont fait prendre à la Ville de Montréal la décision de ne pas fermer le site.à la date promise. Durant la deuxième année du déroulement de l'initiative, les énergies des dirigeants de VSMS seront accaparées par ce problème et la cohésion entre les membres sera menacée. À Mercier-est, la mise en place d'une autre table locale de concertation dans le quartier modifie la dynamique communautaire en cours de projet; l'influence de l'expérience de Mercier-est sur la décision de la Ville de mettre en place d'autres projets de quartier montre quant à elle que la démarche de coalition peut avoir à son tour de l'influence sur l'environnement externe.

1.2.2 Un consensus négocié

Nous observons en second lieu que la démarche de coalition est le résultat d'un processus continu d'ajustement mutuel entre les partenaire? ou d'un consensus négocié. Tous les partenaires ne sont pas toujours du même avis sur les orientations, le fonctionnement et le bilan des initiatives. L'action se transforme donc sous l'effet des négociations successives entre partenaires à chacune des étapes. Ce résultat réfère ici à la théorie du mode d'action négociée. Retournant à la FIGURE 6.1, on remarque que ce consensus est illustré par un point (•) à chacune des étapes de la démarche de coalition.

On retrace plusieurs exemples de consensus dans les récits. Ainsi, à Mercier-est, la décision prise en 1991 de se constituer en OSBL est le fruit d'une décision collective visant à faciliter le financement et à rendre effectif le pouvoir des citoyens. À Pointe-Claire, les partenaires ont décidé ensemble de-promouvoir un territoire en-santé. À Saint-Michel, le bilan que les partenaires faisaient de leur initiative après la première année d'expérimentation les menait tous à constater la nécessité de travailler davantage à impliquer les citoyens.

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1.2.3 Une évolution en continu, avec des oscillations

Enfin, après un premier passage à travers les cinq étapes de la démarche de coalition, une fois donc que les partenaires,s'entendent sur un premier bilan, commence une évolution sur quatre axes. Se présente alors la possibilité de repasser par les quatre étapes, de la mobilisation jusqu'au bilan, ou de reprendre seulement une partie de la démarche. En l'absence d'un consensus entre les acteurs à l'une ou l'autre des étapes ou parce qu'il n'y a pas lieu de renégocier un consensus, le projet peut osciller entre deux étapes. Pour que la démarche se regénère, il faut que l'initiative refasse un cycle complet sur les quatre axes. La FIGURE 6.2 illustre l'évolution de chacune des initiatives, celle connue jusqu'à présent et celle que nous anticipons pour les prochains mois (lignes en pointillé).

La courbe de MEQES indique trois périodes. Une fois passés à travers les cinq étapes de la démarche de coalition, les partenaires s'entendent entre eux pour consolider le projet en le dotant d'une structure qui donne du pouvoir aux citoyens. Les partenaires font donc une seconde fois le passage de la phase mobilisation à celle du bilan. Au moment où ils conviennent d'un second bilan suffisamment positif pour continuer, le CLSC cesse de prêter un coordonnateur. Les partenaires décident alors de constituer un OSBL et prévoient un financement quadripartite entre les organismes. L'initiative passe alors une troisième fois à travers les quatre étapes. Pendant ce temps, les autres organismes retirent peu à peu leur appui financier. Inquiets de la poursuite du projet, les partenaires font un bilan moins enthousiaste que ceux des deux périodes antérieures. La quatrième période qui s'amorce alors que se termine l'étude est marquée par un nouvel effort de mobilisation. On pense à un forum à l'occasion du 5e anniversaire de MEQES. La démarche risque d'osciller à ce niveau si le problème du financement ne se résout pas. Au même moment, le projet montréalais (VMS) réfléchit à la façon d'assurer du financement à l'ensemble des 10 projets de Quartiers en santé déjà en place dans la ville.

Après avoir traversé dans un premier temps les cinq étapes de la démarche de coalition, le tracé de Pointe-Claire, Ville en santé, oscille par la suite entre là mise en oeuvre d'activités et des bilans. Mais, au moment où se termine l'étude, en raison du départ imminent de l'équipe du DSC, on peut penser que le tracé remonte vers une nouvelle mobilisation des partenaires.

Suite à la première année d'implantation et au premier bilan, VSMS retourne jusqu'à la mobilisation et la structuration (la deuxième assemblée publique concrétise cette évolution). L'initiative s'apprêtait à poursuivre la démarche vers la mise en oeuvre quand est apparu le problème de la fermeture de la carrière. Depuis la seconde année, elle oscille entre la mobilisation et la structuration.

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Figure 6.2 Second cadre de référence: Évolution des trois initiatives

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2. DISCUSSION

2.1 La recherche de constantes

Afin de poursuivre la réflexion sur ce qui fait la singularité des projets WS, nous comparons nos résultats avec les 15 conditions de réussite que l'équipe de Fortin (1992) propose en conclusion à son analyse de neuf projets québécois. Le TABLEAU 6.1 regroupe ces 15 conditions en fonction des variables de notre second cadre de référence, soit l'ambiance et les quatre premières étapes de la démarche de coalition (l'équipe québécoise n'a pas considéré le bilan). Tout au long de la comparaison, nous garderons à l'esprit que ce sont des projets de ville ou de village que ces auteurs ont étudiés, que la plupart de ces projets en étaient alors à leur tout début, que l'influence du centre l'TS et les raisons de l'émergence des projets étaient une de leurs principales préoccupations et qu'ils ont conçu cette liste comme non définitive, à titre de liste de contrôle adaptable aux besoins de toute municipalité. TABLEAU 6.1 Liste des 15 conditions de réussite d'un projet Villes et

villages en santés proposées par Fortin et al.

AMBIANCE

Conditions:

No l : La convergence d'un ensemble de conditions propices, à l'échelle de l'environnement général, contribue & la création de projets W S au Québec

No 2: Le MSSS doit apporter un appui central ou régional, c'est-à-dire fournir des ressources humaines et financières.

No 3: Le Centre W S doit apporter un appui important en ce qui concerne l'information, la légitimation, l'expertise et l'établissement de réseaux.

No 11: Il est bon de nouer des relations avec des coordoimateurs de projets W S d'autres municipalités. Cela peut être utile au moment de décider des activités & entreprendre dans le cadre du projet.

ÉMERGENCE

No 4: La réussite d'un projet dépend de l'association entre un entrepreneur du secteur de la santé et un représentant du secteur municipal (généralement un élu).

No S: L'élu qui fait la promotion de W S doit jouir d'une influence certaine ou pouvoir rallier une majorité de conseillers.

MOBILISATION DES PARTENAIRES

No 6: Les intervenants doivent avoir des intérêts généralement convergents, autour du concept de «qualité de vie». 11 n'est pas essentiel que les personnes en cause aient tou-tes la même compréhension des concepts de W S .

No 7: Une fois déterminé le contenu du projet, il importe d 'y rallier d'autres personnes. On choisira les membres du comité promoteur en fonaion de deux critères principaux, soit leur aptitude à travailler ensemble et leur capacité d'influencer leur milieu.

No 8: En particulier dans les municipalités à forte densité de population, les fonctionnaires municipaux devraient jouer un rôle de premier plan dans la mobilisation des ressources.

No 9: À l'étape de la définition du projet et de rétablissement des priorités, il peut être utile de consulter ie grand public.

No 10: Les outils d'intervention que le Centra W S propose d'utiliser à l'étape de la formulation du projet devraient être adaptés A la situation locale.

STRUCTURATION

No 12: II convient de se doter d'une structure permanente minimale, c'est-à-dire d'un coordonnâtes, ainsi que des ressources matérielles, financières et humaines de b«c,

MISE EN OEUVRE

No 13: Afin de maintenir la motivation des participants et de maximiser les chances de réussite du projet, on devrait entreprendre des activités de courte durée (pas forcément coûteuses), dès que la municipalité joint VVS.

No 14: En général, la participation de groupes s'intéressant aux dossiers environnementaux ou sociaux et préoccupés par la qualité de vie constitue l'une des conditions de réussite des activités W S .

No IS: Il importe de se rappeler que la participation populaire active se limite bien souvent aux citoyens appartenant à des groupes d'intértt, alors que le grand public se contgntc_enj>énénu^ et_gonçjtucllc.

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2.1.1 Des ressemblances

Plusieurs des observations de la présente étude sont comparables avec celles de l'équip&de Fortin. Ainsi, des facteurs liés au macro-environnement tels que la rareté des ressources jouent dans les trois quartiers un rôle de catalyseur (condition n° 1). Toujours à propos de l'environnement global, le mouvement Villes en santé a agi à titre de stimulant au moment de l'émergence des. initiatives étudiées (conditions nos 3 et 11). Que ce soit par le Centre WS ou par l'équipe Vivre Montréal en santé - du fait que seules les Villes sont membres du réseau WS, VMS joue sur certains points un rôle analogue à ce dernier pour les initiatives de quartier - , l'information et la mise en contact avec les acteurs des autres projets servent aussi de soutien tout au long de l'évolution du projet. MEQES et Pointe-Claire y reçoivent une notoriété qui incite à la poursuite alors que VSMS, le plus nouveau, compte y retirer des enseignements.

De même, l'équipe de Laval propose le concept de qualité de vie comme un concept parapluie mobilisateur (condition n° 6). L'idée de travailler à améliorer la qualité de vie dans le quartier ou la ville a aussi servi à rassembler les gens dans les trois initiatives. Tôt après la phase de la mobilisation, les partenaires se sont cependant fixé des objectifs d'action. Sachant que les besoins du quartier sont criants et que les gens s'y méfient des concepts théoriques, les instigateurs de l'initiative de Saint-Michel ont, pour leur part, davantage mobilisé les partenaires autour de l'idée de déboucher sur des actions concrètes que sur la qualité de vie.

Les trois initiatives conviennent elles aussi que le projet a besoin d'une structure et d'un çoordonnateur (condition n° 12). Des chercheurs australiens avaient abouti aux mêmes conclusions (Baum et Cooke, 1992).

Il existe enfin une similitude au sujet des activités générées par les projets (condition n° 13). L'équipe de Fortin - tout comme d'ailleurs Baum et Cooke (1992) - concluait qu'il était important que les initiatives Villes en santé réalisent, dès les débuts, des activités de courte durée et pas forcément coûteuses afin de stimuler les partenaires. C'est en effet ce que les initiatives étudiées ont tenté de réaliser. Les chercheurs n'excluaient pas cependant des projets d'envergure ciblant des enjeux cruciaux. C'est ce que nous avons constaté. Par exemple, à Pointe-Claire, l'adoption du document portant sur l'intégration de la dimension santé Hans le plan d'urbanisme a donné lieu à un projet d'aménagement d'un quartier. À Mercier-est et à Saint-Michel, les citoyens s'impliquent dans des dossiers chauds tels que la gestion des déchets. Dans ces deux dernières initiatives, les partenaires mettent en place de nouveaux services (la Maison de la Famille à Saint-Michel, un centre d'écoute et une coopérative d'habitations à Mercier-est) ou entreprennent de créer une dynamique communautaire dans des milieux vulnérables (l'ensemble des projets tels que la mise en place d'une salle communautaire, de cuisines collectives, d'une halte-garderie dans les HLM de Mercier-est).

Continuant de nous référer aux conditions de l'équipe de Fortin, nous sommes ensuite amenés à apporter des nuances. Ainsi, dans les trois initiatives étudiées ici, le sentiment d'appartenance au mouvement se retrouve cependant surtout chez les acteurs du public ou parapublic (condition n° 3). Bien que parfois flattés qu'on s'intéresse à eux à l'étranger, les acteurs de la base,

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citoyens, membres de groupe communautaire, ne s'identifient pas aussi aisément au mouvement. Des acteurs de Pointe-Claire trouvent que le projet est trop tourné vers l'extérieur et des citoyens de MEOES ont le sentiment d'être exagérément sollicités par le réseau des Villes en santé, d'être ainsi détournés de leurs priorités sans que leur projet n'en retire des bénéfices directs.

2.1.2 Et aussi des différences

Au chapitre des différences maintenant, nous constatons que l'équipe québécoise aborde la question des ressources humaines et financières dans une perspective supralocale uniquement. Elle propose en effet que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) soutienne le mouvement par des appuis au Centre WS ou aux municipalités (condition n° 2). Dans les projets analysés ici, la question du financement provincial par le MSSS n'est pas abordée. MEQES démontre plutôt de façon éloquente que la poursuite des projets locaux est d'abord tributaire du soutien local qui est donné pour assurer le fonctionnement de la structure et en particulier l'engagement du coordonnateur. Ce qui intéresse les partenaires des initiatives de quartier analysées ici, c'est de trouver des sous localement pour le poste de coordonnateur et pour assurer le fonctionnement du comité promoteur.

Nous identifions ensuite une autre différence avec les propositions de l'équipe de Fortin. Elle concerne les conditions n05 4, 5, 7, 8 et 14 reliées à la mobilisation et au travail avec les partenaires. Alors que dans les initiatives étudiées par Fortin et ses collaborateurs, les groupes du milieu interviennent à la phase de la mise en oeuvre surtout et que seuls les acteurs du municipal et de la santé se retrouvent à l'émergence et à la mobilisation des partenaires, il en fut autrement dans les deux initiatives de quartier étudiées ici. Ainsi, la présence parmi les instigateurs de VSMS, d'un des groupes communautaires les plus influents du milieu est sans doute un élément qui a contribué à donner une bonne crédibilité au projet. Dans VSMS et dans MEQES, les organismes sont déjà associés à la phase de la mobilisation. Les critères qui président au choix de ces collaborateurs réfèrent davantage à la représentativité des différents secteurs d'activité qu'à leur aptitude à travailler ensemblè ou à leur capacité d'influencer le milieu.

Enfin, nous relevons une différence notable au sujet du rôle que les citoyens peuvent occuper dans un projet WS (condition n° 15). Les chercheurs québécois — tout comme d'ailleurs les chercheurs australiens cités plus haut (Baum et Cook, 1992) - observent une participation passive et circonstancielle des citoyens. Dans les initiatives de quartier étudiées ici, les citoyens ne contribuent pas seulement au projet en faisant part de leurs besoins lors de la consultation publique (condition n° 9) ou en participant aux activités que l'on a organisées pour eux mais participent à toutes les étapes de la démarche de coalition.

La comparaison avec une étude approfondie d'initiatives Villes en santé nous permet donc d'identifier plusieurs similitudes susceptibles d'être incluses au chapitre des constantes. Elle met aussi en évidence, par les différences qu'elle fait ressortir, la nécessité de pousser plus à fond la réflexion sur l'implication des organismes, des élus et des citoyens partenaires. La section qui suit aborde précisément cet aspect.

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2.2 A propos de Taction intersectorielle, de la participation des citoyens et du développement des politiques publiques saines

2.2.1 Retour sur les écrits

À la section 2 du chapitre I, nous avons présenté des éléments de réflexion qui ressortent des écrits sur Taction intersectorielle et sur la participation des citoyens. Nous avions alors retenu que Taction intersectorielle est une pratique plus nouvelle que la participation des citoyens. C'est parce qu'elle permet de résoudre des problèmes de plus en plus complexes dans un contexte de rareté des ressources que l'action intersectorielle est actuellement très prisée; par contre, ce sont d'abord des idéaux démocratiques puis la nécessité d'améliorer les services qui ont rendu désirable la participation des citoyens. Les études sur la participation des citoyens nous avaient par ailleurs amenés à constater la nécessité de la caractériser selon la finalité recherchée, c'est-à-dire la place que le projet réserve aux citoyens. Tout en constatant que les exemples de succès sont plus nombreux dans le domaine de la participation des citoyens que dans celui de l'action intersectorielle, nous nous sommes enfin intéressés à identifier dans les écrits les mécanismes qui favorisent ces deux modes d'action sociale. Du côté de l'action intersectorielle, il semble que le bilan positif que font les partenaires des bénéfices reçus en regard des efforts consentis, la présence de leaders influents et crédibles, une certaine formalisation du processus en même temps qu'une grande souplesse sont des atouts importants de la continuité d'un projet de ce type. Parmi les facteurs de succès de la participation des citoyens les plus souvent mentionnés, soulignons leur association aux prises de décision; les écrits nous apprennent aussi que les motivations personnelles des citoyens sont plus importantes que leurs caractéristiques socio-démographiques (leur âge, leur origine sociale, etc.) pour expliquer la réussite de la participation.

2.2.2 Nos constatations

La présente étude de cas multiples apporte une note optimiste sur l'action intersectorielle en ce sens que dans les trois projets étudiés — deux avaient alors une durée de vie de quatre ans — les partenaires, bien que conscients de la vulnérabilité de leur projet^ n'en étaient pas moins satisfaits de son déroulement et des résultats atteints. Nous avons été à même de vérifier que la présence de leaders crédibles et influents de même qu'une certaine formalisation du fonctionnement sont en effet des facteurs qui facilitent la mise en place d'un projet intersectoriel. Nous avons été saisis du fait que les organismes qui réussissent à agencer leurs intérêts propres avec ceux du projet et qui en retirent des bénéfices directs deviennent les plus grands défenseurs du projet. Les autres, ceux dont les méthodes de travail ou les intérêts ne trouvent pas de résonance dans le projet, s'en détachent aisément. Finalement, le cadre de référence auquel nous sommes arrivés (FIGURE 6.1) démontre à sa façon que l'action intersectorielle ne repose pas seulement sur la bonne volonté des partenaires en place mais se réalise à travers un certain nombre d'étapes au cours desquelles les partenaires sont sans cesse appelés à négocier entre eux à propos des objectifs, des moyens à mettre en oeuvre et de la perception des résultats. On renvoie ici à la

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théorie du mode d'action négociée (Monnier, 1987).

Retournant à la participation des citoyens, on constate que cette étude de cas multiple présente trois récits où les citoyens occupent des positions différentes. Les citoyens sont gestionnaires dans un cas, partenaires dans un autre et bénéficiaires dans un troisième. Dans MEQES, de simples citoyens, profondément enracinés dans leur quartier et animés par le désir d'adapter les institutions aux besoins des gens du quartier, ont en effet investi les lieux de pouvoir, en ont pris le leadership et ont contribué à la réalisation des projets d'action. Dans VSMS, les institutions voient à ce que les citoyens soient représentés dans les lieux de décision au même titre que les autres partenaires et soient impliqués dans la réalisation de projets d'action. Dans Pointe-Claire, les citoyens sont perçus comme ceux qui recevront les bénéfices de l'action des partenaires en participant aux activités ou en recevant les services mis en place. Une telle description se rapproche de la typologie que Fournier et ses collaborateurs (1992) ont élaborée en se centrant sur la finalité des projets et qui se résume à trois types de participation, soit celle centrée sur l'investissement du pouvoir, celle de type démocratique et la dernière, utilitariste.

Chacun des trois types de participation répond à la situation d'un des trois projets, elle-même commandée par l'ambiance locale et le type de partenaires à la phase de l'émergence du projet. Chaque projet a cependant ses propres difficultés. Dans MEQES où les citoyens sont gestionnaires, leur capacité de gérer l'initiative est souvent remise en cause par les organismes publics alors que les citoyens proclament qu'ils n'ont pas les ressources matérielles et humaines suffisantes pour faire fonctionner le projet comme ils le voudraient. Dans VSMS, le sentiment d'appartenance au projet chez les citoyens n'est pas aussi important que les organismes le souhaitaient au départ et on remarque que les citoyens ont davantage besoin de soutien qu'ils n'en reçoivent du comité promoteur. Dans Pointe-Claire, les partenaires se plaignent que les citoyens n'attribuent pas à WS les activités mises en place par l'initiative.

L'étude de cas de Pointe-Claire, en illustrant comment le rapprochement des acteurs de la santé publique et des leaders municipaux a contribué à l'adoption de règlements (ex: celui sur le tabac) ou dé politiques (ex: intégration de la valeur santé au plan d'urbanisme), nous interpelle en bout de piste sur une troisième notion clé du concept de Villes en santé: les politiques publiques saines. Présentée comme une des cinq stratégies de la Charte d'Ottawa que le mouvement veut mettre en oeuvre, cette notion fut utilisée pour la première fois il y a dix ans par Hancock (1982), en référence au développement de politiques publiques et pour rendre compte du fait que la santé est un élément important à considérer par les élus municipaux. La portée politique de cette approche n'exclut pas cependant une pratique intersectorielle et participative (Milio 1988; Pederson, 1988). Les trois études de cas montrent en particulier que le développement de politiques publiques saines se fait par la participation des partenaires aux discussions entourant les grands enjeux municipaux de l'heure tels que la gestion des déchets. Les initiatives constituent alors des véhicules donnant aux citoyens l'accès à des tribunes susceptibles d'influencer les réglementations.

Les défis auxquels est confronté actuellement chacun des projets peuvent sans doute se comprendre par la coexistence dans un même projet des objectifs de participation des citoyens,

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d'action intersectorielle et de développement de politiques publiques saines. Dans MEQES, en raison du leadership des citoyens dans le projet, les organismes ont tendance à se retirer; dans le second, ce sont les citoyens qui répondent faiblement à l'appel des organismes, fort bien concertés entre eux. La troisième initiative, celle-ci à l'échelle d'une ville, met l'accent sur l'implication des élus dans l'implantation de politiques publiques saines. Elle s'accommode plus aisément d'une action multisectorielle réduite et d'une participation moindre des citoyens à toutes les étapes de la démarche de coalition.

2.3 Un nouveau regard sur l'évaluation des résultats

Les débuts du mouvement Villes en santé ont été marqués par la préoccupation de montrer aux décideurs que les initiatives ont des résultats sur la santé des populations et sont donc rentables.

' Cette préoccupation a donné lieu à un courant de recherche centré sur l'élaboration d'indicateurs . de résultats. A la suite de quelques autres chercheurs qui commencent à utiliser des méthodes

diversifiées pour évaluer les initiatives Villes en santé, nous avons choisi au départ de prendre du recul par rapport au premier courant de recherché. Nous avons- alors fa i t l épàr f que l'étude en profondeur d'initiatives ayant quelques années d'expérience permettrait, entre autres choses, d'enrichir" la réflexion sur l'évaluation des résultats. Les objectifs d'action poursuivis, les activités finalement réalisées de même que les-perceptions des acteurs sur l é succès de leurs initiatives sont alors des éléments utiles pour identifieFdeTavenues dè recherche dans le domaine des indicateurs des résultats.

2.3.1 Les objectifs et les activités réalisées

Comme les initiatives étudiées ont réalisé ensemble plus de 60 activités couvrant un éventail très large d'objectifs et de domaines d'action, nous sommes désormais à même de constater combien les listes d'indicateurs doivent être complexes et faire appel à des données diversifiées. A cet effet, le Guide pour un portrait de quartier produit récemment par la Ville de Montréal (1993) nous apparaît être intéressant du fait qu'il tente d'être extensif en présentant des indicateurs reliés à la population, à la vie communautaire et au cadre de vie, et en identifiant des méthodes quantitatives et qualitatives pour les construire. Les initiatives qui jugeraient pertinent de faire une évaluation de résultat pourraient alors trouver, parmi l'ensemble des indicateurs proposés dans ce guide, ceux appropriés aux objectifs et aux activités que se sont fixés les partenaires.

2.3.2 Les succès perçus

Disons d'entrée de jeu que les acteurs, citoyens ou représentants d'organismes, notent spontanément la difficulté d'évaluer les résultats à court terme lorsqu'on les interroge sur le succès des initiatives. Ainsi, ils sont conscients que plusieurs de leurs activités visent des modifications de fonctionnement et de structure dans les institutions, ou des changements de

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mentalité dans la population qui ne pourront se concrétiser qu'à long terme.

Les commentaires des acteurs sur les succès perçus peuvent être regroupés selon qu'ils portent sur l'initiative comme telle, sur les individus ou sur les organismes.

Parmi les facteurs de succès reliés à l'initiative, soulignons son rayonnement à l'extérieur de la communauté, le fait qu'elle devienne un modèle pour les autres initiatives Villes en santé, son nombre d'années d'existence, le taux général de satisfaction parmi les partenaires, le nombre de subventions obtenues. On met de l'avant que la communauté a désormais plus de pouvoir face aux décideurs politiques, que les membres sont devenus des interlocuteurs importants sur des enjeux globaux discutés à des tribunes perçues jusqu'alors comme inaccessibles à de simples citoyens. On aime à parler des réalisations: tel service correspondant à un besoin exprimé a été mis en place, un nombre important de citoyens se sont déplacés pour participer à telle activité.

A propos des changements chez les individus, les acteurs mentionnent que les citoyens participants augmentent leur connaissance des services et du fonctionnement municipal, développent le respect des autres, la confiance eh soi. Ils parlent du plaisir qu'éprouvent certains participants à-travailler avec l'ensembledes partenaires à l'amélioration de la qualité de vie dans leur communauté. P " ^ ' ' " T - v - — ' ' -

Enfin, en rapport avec les organismes, les acteurs s'intéressent aux changements suivants: des organismes qui deviennent plus en contact les uns- avec les autres, un organisme qui est plus présent dans le quartier ou plus sensible aux besoins immédiats des gens, un appareil municipal qui inscrit la santé au rang de ses priorités.

En conclusion de cette discussion sur les indicateurs de résultats, il nous paraît intéressant de réunir certains des indicateurs de succès que l'on vient de mentionner en des enchaînements susceptibles de décrire les relais par lesquels les initiatives aboutissent à des résultats. Voici cinq de ces enchaînements possibles:

Les réalisations d'une initiative conSbuent à lui procurer du rayonnement lequel accroît le pouvoir du quartier ou le prestige^âe la municipalité.

Le rayonnement obtenu sert aussi à rendre crédibles les acteurs, ce qui leur donne accès à des tribunes privilégiées^afin de faire entendre leurs opinions et d'influencer les décideurs sur des. sujets cruciaux pour l'avenir de la communauté.

La participation des c i t o y q ^ ^ ^ ^ U y a ^ ^ . i n s ^ ç ^ s _ a m é l i o r e leur connaissance des services, favorise le développementlTh^iïetés'et l'âcquisition de comportements qui aident à l'atteinte d'objectifs plus globaux tels que l'amélioration de la santé physique et mentale des citoyens.

L'action auprès de l'appareil municipal favorise l'intégration de la notion de santé dans

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les décisions, ce qui facilite l'adoption de règlements et une planification urbaine favorable à la santé.

L'action dans les HLM favorise le sens de la fête, le rapprochement des locataires, ce qui développe le sentiment d'appartenance puis peut entraîner une diminution du vandalisme et de la délinquance.

2.4 L'approche interactive: ses exigences, son utilité

Les études de cas menées dans les trois sites ont été pour nous l'occasion d'expérimenter, avec les partenaires des sites, une approche interactive. Poursuivant un objectif d'utilité, nous avons mis en place de deux dispositifs formels de recherche, soit un comité pilotage et un bulletin de liaison, afin de permettre aux gens de participer à l'évaluation et cie s'approprier les résultats.

Bien qu'èlles soient proposées par de nombreux chercheurs, les évaluations interactives ne sont pas répandues. Aussi est-il intéressant de dégager de notre expérience des enseignements pour celles et ceux qui voudraient expérimenter ce genre d'approche dans les évaluations de projets de Villes en santé ou de programmes innovants. Les questions que l'on peut alors se poser sont les suivantes: A quelles exigences cette approche soumet-elle les chercheurs? Comment réagissent les évalués? LAéyaluadon=a^t-elle,réussi.à être iitile en cours de recherche?

2.4.1 Des exigences peu usuelles pour des chercheurs

En plus de se doter de procédés d'analyse permettant d'être rigoureux, les chercheurs impliqués dans une évaluation interactive du genre de celle expérimentée doivent démontrer des capacités en communication et en animation.

Le premier défi qui s'impose aux chercheurs est en effet d'intéresser les décideurs, les professionnels et les citoyens à un tel type d'évaluation. Cela n'est pas gagné au départ. D'abord, les partenaires ont peu de temps à y consacrer. Puisque les projets de Villes en santé sont des interventions nouvelles dont les enjeux sont importants et le rayon d'action immense, les énergies des acteurs d'un tel projet se concentrent en effet essentiellement sur la mise en oeuvre du projet et les moyens d'assurer sa continuité. Ensuite, l'entreprise peut sembler menaçante. Une évaluation interactive centrée sur l'étude du processus interpelle directement les acteurs et risque de mettre en évidence leurs difficultés. Il devient alors important que les chercheurs les convainquent qu'évaluer ne veut pas nécessairement dire porter un jugement sur leurs actions et que l'évaluation à laquelle ils les convient peut aider à améliorer leurs interventions et leur apporter des bénéfices à court terme.

En cours d'évaluation, il importe ensuite3fiD??vaR^ élaboré avec les acteurs des projets, de se plier à leur échéancier dé travail ë t l ï e bien planifier les rencontres avec eux. Il faut aussi vulgariser les concepts et utiliser, dans les réunions et dans

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les écrits, un langage accessible. Comme le processus interactif exige que des résultats soient disponibles aux acteurs des initiatives en cours de recherche, il faut être très efficace. Rapidement, les données sont saisies, analysées, puis donnent lieu à la production d'un texte préliminaire vulgarisé. Lors des entrevues sur le terrain, les chercheurs rencontrent des gens qui ont des opinions contradictoires sur le déroulement de leur projet. Des acteurs soulèvent des insatisfactions ou des problèmes alors que d'autres, du même site, ne perçoivent pas la situation de cette façon. Les gens ne sont parfois pas conscients de ces divergences. Les différences d'opinions entre acteurs d'un même site sont alors l'occasion pour les chercheurs de faire cheminer les gens, de dire les choses sans brusquer tout en faisant réfléchir. A l'inverse, les gens formulent des critiques à l'égard des textes des chercheurs et s'attendent à ce que ces derniers soient suffisamment ouverts pour accepter de les modifier.

Enfin, il faut prévoir des mécanismes de diffusion efficaces pour que l'ensemble des gens des sites prennent connaissance eux aussi des résultats en cours de recherche. Nous avions prévu d'expédier à chacun des membres des sites les exemplaires du bulletin de liaison à mesure de leur parution. Les bulletins ne se sont pas toujours rendus aux participants et peu d'entre eux les ont lus. Les représentants au comité pilotage ont voulu se charger de distribuer les bulletins mais ils n'ont pas été en mesure de les acheminer régulièrement.

2.4.2 Du temps pour que les évalués apprivoisent la démarche

Même si la présente recherche avait reçu à l'origine un appui des comités promoteurs, les représentants au comité pilotage avaient une idée très vague de ce que l'évaluation pouvait leur apporter. Comme chacun des projets était pionnier d'une certaine façon (première Ville en santé sur l'île de Montréal, premier Quartier en santé à Montréal...), les gens ont d'abord vu l'évaluation comme une occasion pour eux d'être utiles en montrant aux autres villes et quartiers du Québec comment implanter un projet de Villes en santé.

Peu à peu, ils ont perçu que l'évaluation pouvait conduire à remettre en question des orientations prises à l'intérieur de leur projet - c'est ainsi que les partenaires ont été amenés à clarifier l'objectif de participation des citoyens - et des craintes ont surgi. Ainsi, les partenaires ont été amenés à clarifier l'objectif de participation des citoyens. Les six premiers mois ont en ce sens contribué à familiariser les gens au fait que leur projet était évalué. Une conseillère municipale nous a confié qu'elle avait été sur la défensive au début. «77 n'est pas facile, nous a-t-elle dit, de se mettre en position de recevoir des critiques à propos d'un projet auquel on croit et dans lequel on investit beaucoup. Cela s 'apprend petit à petit. Le comité pilotage m'a aidée à faire cet apprentissage. »

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2.4.3 L'utilité de la recherche pour les évalués: De bonnes discussions mais aussi des prises de conscience

Dans un premier temps, les bénéfices perçus-par les représentants des sites au comité pilotage provenaient davantage des échanges avec leurs collègues des autres sites que des analyses soumises par les chercheurs. Le comité «permet d'avoir de bonnes discussions avec des gens sur différents-thèmes...» Il permet d'apprendre... «comment les gens travaillent dans d'autres milieux [...] des gens qui ont les mêmes buts mais qui ne travaillent pas comme nous...».

Les premières analyses, celles discutées au comité pilotage entre janvier et juin 1992 en cours de collecte des données et publiées dans les quatre premiers bulletins de liaison ne se sont pas révélées être immédiatement utiles aux gens des sites. Les membres du comité pilotage signalaient que les textes soumis avaient surtout l'avantage de confirmer ce qu'ils savaient déjà. Une représentante citoyenne a comparé la réflexion au comité pilotage à «une semence (...) qui ne débouche pas spontanément sur l'action». La plupart voulaient, prendre du recul avant de pouvoir utiliser les connaissances acquises en cours d'analyse.-Un coordonnateur de projet qui a eu accès à nos rapports d'observation en plus de nos analyses a trouvé cependant que «cela s'est avéré utile pour rectifier le tir».

Certains représentants auraient aimé que nos premières analyses rapportent plus directement les contradictions relevées par l'équipe de recherché lors des entrevues. Nous ne sommes pas sûrs que les représentants étaient prêts à cette étape de la recherche à entendre ce genre de remarques. Ils commençaient à peine entre gens de sites différents à accepter de discuter ouvertement des problèmes rencontrés chez eux; il nous fallait de notre côté compléter la collecte des données et approfondir l'analyse plutôt que d'adopter une approche plus directe.

Le cinquième bulletin reprenait de façon plus systématique l'analyse des variables "cohérence des objectifs", "participation des citoyens" et "action intersectorielle" publiée dans le deuxième bulletin. Il s'agit d'une analyse que l'on peut qualifier de second niveau. Présentée publiquement dans un colloque international, elle a suscité des réactions chez les acteurs des sites. Ainsi, des membres du comité exécutif de Saint-Michel se sont dits plus convaincus qu'il leur fallait clarifier leur objectif de participation; des citoyens de Mercier-Est nous ont incités à faire lire les résultats aux décideurs d'organismes du quartier afin qu'ils «se réveillent et voient qu'il est important de ne pas désinvestir dans un si beau projet». Les gens de Pointe-Claire nous ont demandé de corriger des passages dont l'ambiguïté tendait à donner une mauvaise image de leur projet.

Bien que les travaux du comité pilotage aient pris fin officiellement avec la parution du cinquième bulletin, des membres ont suggéré de continuer à leur transmettre, sous forme de bulletin, les résultats à mesure que la rédaction du rapport final allait progresser, ce que nous avons fait à l'occasion dans deux sites.

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2.4.4 Un scénario pour une évaluation interactive 1

! En plus de contribuer à valider nos résultats, on peut donc dire, à partir des réactions des acteurs des sites, que l'évaluation a eu une certaine influence sur le déroulement des trois initiatives par les échanges d'opinion et les prises de conscience qu'elle a suscités. Suite à l'expérience rapportée ici, nous suggérons un scénario pour amener les évaluateurs et les représentants des sites à se familiariser au processus d'évaluation interactive et pour que les sites s'approprient davantage les résultats en cours d'évaluation.

PÉRIODE 1:

Durant les premiers mois, au moment où la collecte et la première analyse des données se font par les chercheurs, mettre en place le comité pilotage. Consacrer alors les cinq à six rencontres de cette période à la discussion entre partenaires. Ceux-ci apprennent à se connaître; ils discutent aussi du cadre de référence et, en fonction des variables inscrites au cadre de référence, ils donnent leur opinion sur leur initiative. Les chercheurs alimentent alors la discussion à partir des résultats de leur première analyse.

PÉRIODE 2:

Les chercheurs sont maintenant en mesure de produire une analyse de second niveau issue des mémos d'analyse et de la diffuser à l'ensemble des partenaires des sites. Ils amènent les membres du comité pilotage à discuter avec eux des résultats avant leur production dans le bulletin de liaison, à les valider et à les commenter. On veillera à-mettre en place des mécanismes connexes aux bulletins qui viendront ainsi amplifier le processus de diffusion de l'information aux acteurs des sites. En plus de bien planifier l'opération publipostage des bulletins, organiser des groupes de discussion, se joindre au programme des assemblées publiques pour profiter de l'occasion de discuter des résultats produits dans le bulletin avec tous les participants semblent être ici des pistes intéressantes à explorer.

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CONCLUSION

La référence à un courant d'évaluation centré sur l'utilité et à un modèle d'action basé sur le principe de la négociation continue nous a fait choisir une évaluation interactive entre les évaluateurs et les évalués, et une évaluation systémique.

Pour concrétiser l'aspect interactif, nous avons mis en place deux dispositifs formels de recherche, soit un comité pilotage et un bulletin de liaison, afin que les gens des sites participent à l'évaluation et s'approprient les résultats en cours de collecte de données. L'expérimentation a permis de dégager certains enseignements sur l'approche interactive. Ainsi, nous avons constaté l'importance pour les évaluateurs de développer des capacités en communication et en animation en plus d'être rigoureux et rapides. Nous insistons d'ores et déjà sur la pertinence de consacrer du temps pour que les membres du comité pilotage apprivoisent la démarche et discutent entre eux. Nous croyons qu'il est important de multiplier les occasions de discuter verbalement des résultats avec les partenaires dans leurs lieux de rencontre et d'axer la diffusion écrite sur les résultats issus de l'analyse de second niveau. Enfin, le processus interactif nous a semblé un bon moyen de valider en bonne partie les résultats.

Grâce à son caractère systémique, la présente analyse d'implantation, basée sur une étude de cas comparative, a permis de connaître en profondeur trois initiatives de Villes en santé, une à l'échelle d'une petite municipalité et les deux autres, dans des quartiers. Elle montre alors de façon convaincante qu'il n'y a pas une façon idéale de bâtir un projet de Villes en santé. Ce type de projet ne s'identifie pas à un prêt-à-porter que l'on endosse, peu importe le lieu et l'année d'origine. En effet, bien qu'elles se déroulent toutes trois dans l'île de Montréal et qu'une période de deux ans seulement sépare la naissance des deux premières de la troisième, les trois initiatives étudiées sont nées et évoluent de façons bien différentes. Du cadre théorique finalement élaboré, on peut trouver des explications de ces différences dans les trois éléments suivants: 1) l'ambiance globale et locale dans laquelle chacune d'entre elles baigne; 2) la façon dont chacune a émergé puis a franchi une première fois les quatre autres étapes de la démarche de coalition, soit la mobilisation des partenaires, la structuration du-projet, sa mise en oeuvre et le bilan qu'en font les acteurs; 3) l'évolution subséquente entre la mobilisation et le bilan. On a constaté aussi que la démarche Villes en santé est complexe et qu'une bonne connaissance de ce qui fait ainsi la particularité de leur initiative peut aider les partenaires à s'orienter quand se présente une crise.

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Bien que chaque projet dz Villes en santé soit-particulier, >.on peut y déceler dés constantes susceptibles d'indiquer en quoi ces projets se distinguent des autres projets de concertation existant dans les villes ou les quartiers. D'abord, suite à la comparaison de nos résultats avec l'étude de Fortin (1992), nous pouvons conclure que l'influence du mouvement international Villes en santé et l'adoption d'une approche globale de la santé autour du concept rassembleur de qualité de vie sont des aspects qui font se distinguer les projets de Villes en santé des autres projets de concertation. Ensuite, le nombre important d'activités générées, le large spectre de besoins, domaines ou secteurs couverts par ces dernières sont des résultats qui les caractérisent et les rendent attirants. Enfin, nous avons pu constater que la présence dans un même projet d'organismes de différents secteurs d'activités, de citoyens et d'élus est un autre aspect distinctif.

Nous sommes alors saisis de l'ampleur du défi consistant à assurer dans un même projet l'équilibre entre des objectifs d'action intersectorielle, de participation des citoyens et de développement de politiques publiques saines. Une intégration équilibrée de ces trois éléments repose sans doute sur un processus continu de négociations entre les décideurs, les représentants d'organismes et les citoyens.

Finalement, la présente évaluation nous amène à proposer huit pistes d'action aux partenaires d*initiatives de Villes en santé. Sept pistes d'action correspondent à chacun des éléments du nouveau cadre de référence développé pour comprendre la démarche de coalition; une huitième se rapporte au développement de la recherche dans le mouvement.

1. RENFORCER LE MOUVEMENT SOCIAL

L'engagement démontré par les hommes et les femmes impliqués dans les-initiatives étudiées et leurs perceptions favorables des actions entreprises dans le cadre de Villes en santé témoignent qu'il y a peut-être là le germe d'un mouvement social. La prolifération des initiatives au Québec, le rapprochement de multiples partenaires, les élus,' les bureaucrates et les citoyens par exemple,' sont d'autres éléments qui ajoutent de la valeur à ce concept. Pour subsister et cultiver cette nouvelle façon de concevoir la santé, les initiatives locales doivent trouver un appui certain au sein du mouvement à l'échelle régionale, nationale ou internationale.

2. METTRE À PROFIT LE CONTEXTE LOCAL DANS L'IMPLANTATION

L'ambiance locale marque nettement le développement des initiatives, à partir de l'émergence jusqu'au bilan. L'environnement physique et social, la dynamique des ressources, le climat politique, etc., sont des éléments qui servent d'assise aux projets. Les modèles d'implantation n'auront de sens que lorsqu'ils se soumettront aux exigences locales.

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3. MISER SUR LA QUALITÉ DE VIE

Dès les débuts d'un projet Villes en santé, les promoteurs empruntent le concept de qualité de vie. Cet objectif peut paraître à première vue trop général. Cependant, il possède le net avantage de rallier les acteurs de multiples secteurs d'activités, de transcender les champs de compétence de chacun et de ne pas ajouter aux partenaires de nouvelles responsabilités.

4. PROCÉDER RAPIDEMENT À L'ÉLABORATION D'OBJECTIFS D'ACTION

Bien que le consensus sur la qualité de vie soit capital dans la démarche de coalition, les promoteurs doivent franchir rapidement cette étape et se diriger vers l'action. Il s'agit alors de fixer des objectifs d'action à petite ou moyenne échéance et de réaliser des activités qui, ensemble, pourront contribuer à améliorer la qualité de vie.

5. ENCOURAGER UNE ACTION COORDONNÉE

Pour être efficace, une intervention portant sur la santé et le bien-être d'une communauté dépend largement d'un ensemble d'actions relevant de divers disciplines professionnelles et groupes d'intervention. Pour que les actions soient cohérentes, les initiatives doivent se doter de mécanismes formels tels un comité promoteur dûment coordonné par un permanent.

6. GARANTIR UN FINANCEMENT CONTINU DES INITIATIVES

La poursuite des projets locaux est tributaire du soutien local qui est donné pour assurer le fonctionnement de la structure et en particulier l'engagement du coordonnateur. Les. Villes, les organismes du réseau de la santé et quelques autres secteurs sont alors interpellés quand il s'agit de trouver des ressources humaines et financières pour faire avancer le projet.

7. CONSOLIDER D'ABORD AVANT DE DÉVELOPPER DANS DE NOUVEAUX SITES

L'absence de financement permanent dans un site, le départ d'un important promoteur dans un autre, sont des éléments déclencheurs de remises en question sur la poursuite des projets. La volonté des responsables du Réseau québécois et de certaines municipalités, notamment Montréal, de développer une multitude.de Quartiers et de Villes en santé, risque d'entraîner une dispersion des énergies et des ressources. Devant la précarité et l'instabilité perçues dans les initiatives déjà en place, on devrait concentrer les efforts à consolider ces dernières et non à en développer de nouvelles.

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8. ENCOURAGER LA RECHERCHE EMPIRIQUE ET PROMOUVOIR DES ÉVALUATIONS EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC LES ACTEURS

Dans la perspective où la théorie sociale se bâtit par un mouvement d'aller-retour entre la théorie et l'observation systématique de la réalité sociale, il nous semble intéressant que d'autres études de cas soient réalisées afin de poursuivre, comme nous l'avons fait à partir de l'étude de Fortin et al., l'élaboration du cadre théorique capable de rendre compte de la démarche de coalition De même, les notions d'action intersectorielle, de participation des citoyens et de développement de politiques publiques saines devraient faire l'objet de recherches empiriques, mais cette fois sous forme d'une trilogie conceptuelle indissociable. Enfin, dans le champ de la recherche sur les indicateurs de résultats, on devrait mettre l'accent sur l'élaboration d'indicateurs capables de refléter les objectifs d'action adoptés dans les sites et d'intégrer les indicateurs de succès perçus par les acteurs.

Considérant l'aspect innovateur des projets de Villes en santé et l'ampleur des défis imposés aux acteurs de ces projets, nous croyons à la pertinence d'adopter, lorsque les acteurs le désirent et consentent à y investir des énergies, des évaluations interactives qui encouragent leur participation et les aident dans leur recherche de solutions.

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VARIABLES, DIMENSIONS,

N

INDICATEURS

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I

DIMENSIONS INDICATEURS

VARIABLE: ENVIRONNEMENT EXTERNE

1.1 Influences légales: Toutes les lois ou les règlements internationaux, fédéraux, provinciaux ou municipaux

1.2 Influences Socio-Politiques: Influence des politiques et programmes gouvernementaux, influences exercées par des hommes et des femmes de partis politiques, influences des partis politiques, influences des mouvements et des groupes sociaux à large rayonnement (environnement, féminisme, etc.)

1.3 Influences économiques: Influence de la conjoncture économique sur les différentes initiatives

1.4 Reconnaissance du projet: Tout ce qui concerne la représentation et le rayonnement des initiatives à différentes occasions (colloques, visites, etc.)

0 Lois 0 Règlements

0 Politiques et programmes gouvernementaux.

0 Hommes et femmes de partis politiques 0 Partis politiques 0 Mouvements et groupes sociaux

0 Conjoncture économique

0 Représentation de membres des initiatives à l'extérieur

0 Venue d'étrangers à l'initiative pour des fins d'observation ou de reconnaissance

VARIABLE: ENVIRONNEMENT INTERNE

2.1 Influences culturelles: Mentalité et peuplement de chaque quartier ou municipalité

2.2 Influences politiques: Inclut les élus, l'ambiance électorale et la présence de lobbying au sein de chaque communauté

2.3 Influences socio-démographiques et économiques: L'ensemble des données socio-démographiques et économiques de la population locale

2.4 Influences de la dynamique des ressources dans la communauté:

Comprend l'identification et les relations entre les organismes publics (fonctionnaires municipaux ou représentants du secteur de la santé) et para-publics, les organismes communautaires, les entreprises privées, et l'équipe de recherche

2.5 Genèse du projet: Histoire de chaque initiative (artisans, préoccupations de départ, rôles des partenaires, rôle joué par le réseau québécois)

2.6 Environnement physique: Tout ce-qui concerne les données sur l'environnement physique du quartiers ou des municipalités (Ex.: Carrières Miron et Francon, parcs, etc.)

2.7 Problèmes socio-sanitaires: Comprend l'ensemble des problèmes sociaux (racisme, violence, viols, etc.) de chaque communauté

0 Mentalité 0 Peuplement

0 Élus 0 Ambiance électorale 0 Lobbying

0 Données socio-démographiques 0 Données économiques

0 Organismes publics 0 Organismes para-publics 0 Organismes communautaires 0 Entreprises privées 0 Équipe de recherche

0 Histoire

0 Problèmes sociaux (racisme, violence, etc.)

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DIMENSIONS INDICATEURS

VARIABLE: COHÉRENCE DES OBJECTIFS 0 Partage d'objectifs officieux et officiels entre les différents niveaux dé la structure de

l'initiative

3.1 Objectifs officiels

3.2 Objectifs réels

3.3 Définition de la santé: La perception que les gens ont de la santé, de ses déterminants et des facteurs de risque

0 Comité promoteur 0 Comité exécutif et/ou comité de liaison 0 Comités d'action 0 Activités 0 Population

0 Comité promoteur 0 Comité exécutif ou de liaison 0 Comités d'action 0 Activités 0 Population

VARIABLE: PARTICIPATION 0 Processus social dans lequel des citoyens vivant dans on espace géographique précis

prennent des décisions et mettent sur pied des mécanismes visant à combler un ou des besoins

4.1 Leadership: Le poids qu'ont les citoyens dans la prise de décision

4.2 Organisation des activités: Le poids qu'ont les citoyens dans la réalisation des activités du comité promoteur, des comités d'action ou des activités

4.3 Mobilisation des ressource: Le poids qu'ont les citoyens dans le partage des ressources humaines, matérielles et financières en vue de la réalisation d'une activité

4.4 Management: Le poids qu'ont les citoyens dans la détention des postes de responsabilité

0 Partagé 0 Choix démocratique 0 Variabilité 0 Implication des gens dans la décision 0 Partage de l'information

0 Partagé 0 Choix (Comment ont-ils été recrutés?) 0 Variabilité 0 Implication des gens dans la réalisation

des activités 0 Partage de l'information 0 Ressources impliquées (humaines,

financières, matérielles)

0 Ressources nouvelles 0 Réallocation de ressources existantes 0 Ressources obtenues de la communauté

0 L'importance des responsabilités dans la réalisation par rapport aux activités

0 Variabilité 0 Ligne d'autorité (de qui? à qui?)

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DIMENSIONS INDICATEURS

4.5 Évaluation des besoins: Poids qu'ont les citoyens dans l'identification des besoins, des priorités et des stratégies

4.6 Définition: La vision qu'ont les gens de la participation communautaire. Qui doit participer, à quel niveau et de quelle façon. Avantages et désavantages.

4.7 Motivations personnelles: Toutes les raisons personnelles qui poussent une personne à s'impliquer dans une initiative, un projet ou une activité

4.8 Qui sont les citoyens: Portrait des citoyens qui participent aux activités, projets ou initiatives. (De quelles paroisses, quelles couches sociales, quels groupes d'âge, leur ancienneté dans le quartier)

4.9 Information des citoyens: Le feed-back donné aux citoyens sur l'évolution de l'initiative et de ses projets

0 Consultation populaire 0 La communauté participe à la cueillette

et l'analyse des informations sur les besoins

0 La programmation intègre les consultations

0 Les consultations ont impliqué des gens dans les activités

0 L'évaluation des besoins est continue

VARIABLE: INTERSECTORIALITÉ 0 Un processus social dans lequel des organismes et des groupes dé divers secteurs d'activité se

concertent et mettent sur pied des mécanismes visant a combler un ou des besoins

5.1 Leadership: Le nombre et la façon dont les secteurs d'activités sont impliqués dans la prise de décision

5.2 Organisation des activités: Le nombre et la façon dont les secteurs d'activités sont impliqués dans la réalisation des activités

5.3 Mobilisation des ressources: Le nombre et la façon dont les secteurs d'activités sont impliqués dans le partage des ressources humaines, matérielles et financières

0 Partagé 0 Choix démocratique 0 Variabilité 0 Implication des secteurs d'activité dans

les décision 0 Partage de l'information 0 Délégation

0 Variabilité 0 Implication des secteurs d'activités dans

la réalisation des activités 0 Partage de l'information

0 Choix (Comment ont-ils été recrutés?) 0 Ressources additionnelles (hum., mat.,

fin.) 0 Ressources libérées (hum., mat., fin.) 0 Engagement ferme (hum., mat., fin.) 0 Engagement récurrent (hum., mat., fin.) 0 Statut des délégués (ress. hum.) 0 Stabilité des délégués (ress. hum.)

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DIMENSIONS INDICATEURS

5.4 Management: Le nombre et la façon dont les secteurs d'activités sont impliqués dans la détention des postes de responsabilité

5.5 Évaluation des besoins: Le nombre et la façon dont les secteurs d'activités sont impliqués dans l'identification des besoins, des priorités et des stratégies

5.6 Définition: La vision qu'ont les gens de l'action intersectorielle. Quels organismes interviennent, de quelle façon? Avantages et désavantages.

5.7 Motivations personnelles (organisationnelles): Toutes les raisons qui poussent un organisme à s'impliquer dans une initiative, un projet ou une activité

5.8 Qui sont les organismes: Portrait des organismes qui participent aux activités, projets ou initiatives. De quels secteurs d'activité viennent-ils, leur ancienneté dans le quartier

0 Partage des responsabilités " 0 Présence d'un comité exécutif

0 Engagement de multiples secteurs dans la cueillette et l'analyse des besoins

0 Intégration des secteurs concernés par II une activité

0 Implication des organismes post-consultation y

VARIABLE: STRUCTURE DE CONCERTATION 0 Mécanismes qui régissent le fonctionnement des initiatives II

6.1 Caractéristiques de la structure: Tous les attributs des structures (Comité promoteur, comité de liaison, comité exécutif, sous-comités)

6.2 Personnel

6.3 Circulation de l'information

6.4 Leadership: Le poids qu'a un(e) coordonnateur(trice) ou un comité restreint issus du comité promoteur (exécutif, c.a., comité communication) dans la prise de décisions

6.5 Organisation des activités: Le poids qu'a un(e) coordonnateur(trice) ou un comité restreint issus du comité promoteur (exécutif, c.a., comité communication) dans la réalisation des activités

0 Statut juridique

0 Membres. Il

0 Qualifications 0 Disponibilité II 0 Présence 0 Sources •• 0 Moyens de diffusion de l'information [ 0 Procès-verbaux 0 Secrétariat ..

1 ri

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DIMENSIONS INDICATEURS

6.6 Mobilisation des ressources: Le poids qu'a un(e) coordonnateur(trice) ou un comité restreint issus du comité promoteur (exécutif, c.a., comité communication) dans le partage des ressources humaines, matérielles et financières

6.7 Management: L'ensemble des responsabilités déléguées à un(e) coordonnateur(trice) ou un comité restreint issus du comité promoteur (exécutif, c.a., comité communication)

6.8 Évaluation des besoins: Le poids qu'a un(e) coordonnateur(trice) ou un comité restreint issus du comité promoteur (exécutif, c.a., comité communication) dans l'identification des besoins, des priorités et des stratégies

6.9 Rôle du comité promoteur: L'ensemble des fonctions et des tâches confiées à un(e) coordonnateur(trice) ou un comité restreint issus du comité promoteur (exécutif, c.a., comité communication)

6.10 Modalités de fonctionnement: Ensemble des règles qui régissent le déroulement des rencontres du c.p., et les liens entre les comités de travail

VARIABLE: PROJET

7.1 Buts: Tous les buts et objectifs des projets ou des activités. Cette dimension ne concerne pas les objectifs des comités

7.2 Objectifs opérationnels

7.3 Activités

7.4 Succès du projet

7.5 Échec du projet

0 Activités prévues 0 Champ d'action 0 Population visée f

0 Échéance (date et lieu) 0 Population atteinte 0 Participation 0 Résultats (succès ou échec)

0 Succès total 0 Succès partiel

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DIMENSIONS INDICATEURS

VARIABLE: RÉSULTATS DES PROJETS 1

8.1 Nombre de participants (citoyens et organismes)

8.2 Satisfaction

8.3 Ampleur du changement

8.4 Avenir, défis

II

II

VARIABLE:

9.1 Portrait de l'interviewé II

II

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A

CANEVAS D'ENTREVUE

N

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OBJECTIFS

quels sont les buts du comité? quels sont les objectifs poursuivis par votre organisme en s'impliquant dans VS? quelles sont vos motivations personnelles?

LEADERSHIP

qui prend les décisions? comment ces décisions sont prises? par consensus, par vote,... qui s'affirme comme étant un leader? les participants sont-ils informés des décisions? quel est leur niveau de participation aux prises de décision?

ORGANISATION DES ACTIVITÉS

dans votre comité, quelles sont les activités en cours? qui participe à l'organisation de ces activités? comment se fait le recrutement des citoyens? qui sont les bienvenus dans l'organisation? - les citoyens? - les organismes? serait-il souhaitable d'avoir plus de citoyens? depuis les débuts, y a-t-il eu un changement des individus qui assument le leadership? comment se fait la circulation de l'information?

MOBILISATION DES RESSOURCES

comment trouvez-vous les ressources humaines, financières et matérielles? comment se fait l'allocation*de.ces ressources entre le comité promoteur et les autres comités? quelle est votre- satisfaction en regard des ressources obtenues? y a-t-il des solutions possibles pour améliorer la mobilisation des ressources? l'implication des organismes est-elle suffisante? en tant que représentant d'un organisme, pouvez-vous prendre des initiatives? les citoyens sont-ils suffisants en nombre?

1

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MANAGEMENT

qui détient les postes de responsabilité? assume-t-on ses responsabilités? quelle est votre opinion sur le partage des tâches?.

EVALUATION DES BESOINS

les citoyens ont-ils été impliqués dans l'identification des besoins? les organismes ont-ils été impliqués dans l'identification des besoins? les citoyens sont-ils impliqués dans les activités? les organismes sont-ils impliqués dans les organismes?

QUESTIONS GÉNÉRALES

quel est votre niveau général de satisfaction face à l'initiative? quel est votre impression du fonctionnement de l'initiative? quels sont les succès et les défis de l'initiative? quelle est votre impression du fonctionnement du comité promoteur? quels sont les succès et les défis du comité? quelle est votre définition de la participation communautaire? quelle est votre définition de l'action intersectorielle?

2

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A

LES CINQ NUMÉROS DU N

BULLETIN DE LIAISON N

G

I

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EN TROIS DIMENSIONS Bulletin de'liaison pour l'étude d e s projets Villes et Quartiers en santé de Mercier-est/Pointe^Ciaire e» Saint-Michel

FÉVRIER 1992 N01

DES PROJETS "VILLES ET QUARTIERS EN SANTÉ " À L'ÉTUDE • • •

Villes en santé est un mouvement mis de l'avant en 1986 par VOrganisation mondiale de la santé pour améliorer la qualité et les condi-tions de vie des dtoyen(ne)s afin qu'ils et qu'elles puissent être en meilleure santé. Depuis ce jour, plus de 65 municipalités québécoises, formant un réseau, ont adhéré à ce mouve-ment. Elles entreprennent des actions réunis-sant citoyen(ne)s et représentantes de divers secteurs d'activités de la société. Devant un tel engouement, plusieurs personnes impliquées dans les projets s'interrogent tant sur leurs conditions de succès que sur la portée des actions générées. Afin d'avoir une meilleure idée de la façon dont s'implantent ces initia-tives, de leurs conditions de réussite et des résultats de leurs actions, les Départements de santé communautaire Malsonneuve-Rosemont, Sacré-Coeur et Lakeshore ont entrepris une étude d'implantation de trois ini-tiatives de Ville et Quartiers en santé sur ITle de Montréal: les projets Mercier-Est Quartier en santé, la ville de Polnté-Clâlre et Vivre Safnt-Mlchel en santé.

Cette étude est basée sur une analyse des documents (procès-verbaux des réunions, dépliants, articles de journaux) et sur des entre-vues auprès de participantes des initiatives. Elle veut mettre en lumière certains faits mar-quants du déroulement de ces projets. L'étude permettra aussi de refléchir sur les effets des projets reliés à la qualité et aux conditions de vie des citoyen(ne)s. Enfin, elle veut surtout trans-mettre aux personnes impliquées dans les projets étudiés, et ailleurs au Québec, une information leur permettant d'améliorer léurs actions.

EN TROIS DIMENSIONS est un bulletin de liaison remis aux personnes qui participent aux initiatives étudiées. Tout au long du projet, ces personnes verront comment se réalise l'étude, et comment elle peut leurêtre utile. Elles auront également l'occasion d'y réagir directement. EN TROIS DIMENSIONS, c'est donc une his-toire à suivre et c'est avec beaucoup d'en-thousiasme que nous nous retrouverons une fois par mois jusqu'au début de l'été...

À très bientôt, L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

m

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UN PORTRAIT EN TROIS DIMENSIONS

Trois projets Villes en santé sur nie de Montréal; trois histoires différentes à raconter... Voici un premier portrait sommaire des Initiatives à l'étude.

Mercier-Est: En 1988,une douzaine de cftoyen(ne)s et un organisateur commun-autaire du CLSC Mercier-Est/Anjou se mettent à roeuvre pour améliorer la qualité de vie des gens de la communauté. Ils réunissent alors les conseilleras mu-

nicipaux, des représentantes de l'administration municipale et para-municipale, des services de santé et des organismes communautaires pour former le comité promoteur. Devenu depuis un organisme sans but lucratif» Mercier-Est, Quartier en santé agit sur renvironnement, l'habitation, la santé men-tale. les jeunes, la sécurité, la rue De Beaurivage et les Habitations à loyers modiques du quartier afin de rendre la qualité et les conditions de vie dans le quartier toujours plus favorables à la santé des citoyen(ne)s.

Pointe-Claire: Mis en place par le Maire de la municipalité et une représentante du DSC Lakeshore en 1986. le projet d e Villes en santé de Pointe-Claire a aussi son comité promoteur qui réunit des représentantes du secteur municipal, de ia santé, et des citoyens. La protedion des non-fumeurs, l'environnement, un plan d'urbanisme intégrant la dimension santé, et la présence de services bien adaptés aux besoins de la communauté sont les grands secteurs d'activités du comité. Pointe-Claire s'im-plique également dans la promotion du projet Villes en santé auprès d'autres municipalités de banlieue.

Saint-Michel : Vivre Saint-Michel en santé naît, au prin-temps 1990, d'un© rencontre entre représentants du secteur

de la santé (CLSC, DSC), d'une conseillère municipale, et d'un représentant du milieu com-munautaire. Cette collabora-tion donne lieu, au printemps 1991, à la tenue d'un FORUM réunissant un grand nombre de résident(e)s du quartier et de représentantes de

différents organismes. C'est l'occasion d'identifier les actions jugées prioritaires à mener. Carrière Miron, développement économique, famille, logement, loisirs, parcs, relations multi-ethniques, santé, sécurité des citoyen(ne)s, transport. Dès lors', le projet se dote d'un comité promoteur permanent qui voit au support et à la coordination des groupes de travail mis sur pied.

L'ÉTUDE DES PROJETS W S DE MERCIER-EST, POINTE-CLAIRE ET SAINT-MICHEL: UN SURVOL...

Une étude utile et Interaettver Pour rendre Tétude UTILE aux personnes impliquées dans les projets, l'équipe de recherche développe une approche fondée sur L'INTERACTION. Pendant toute la durée de l'étude, les données sont analysées de façon préliminaire, puis soumises à des représentantes des trois initiatives qui valident leur interprétation. De plus, le bulletin de liaison assure la diffusion des résultats à toutes les personnes impliquées dans les projets, leur permet-tant aussi d'exprimer leur point de vue. Cette collabora-tion entre chercheur(e)s et participantes des projets fait naître une étude qui répond ie plus possible aux besoins dés principaux intéressés.

Les dimensions analysées: L'étudeceme les éléments qui influencent la naissance des projets, leur développe-ment et leurs conditions de succès. L'analyse porte prin-cipalement sur l'environnement des projets, l'interac-tion entre ses partenaires (partage des objectifs, par*

_"L£S dimensions dé l'étude:

ENVIRON. NEUEMT ~

Projet Villes et Quartiers en santé

ACTIVITÉS INTERACTION ENTRE LES PARTENAIRES

STRUCTURE M SE EN P U C E

• SUCCES

ticipation des crtoyen(ne)s, actions concertées de re-présentantes de différents secteurs d'activités), et la structure mise en place pour assurer son fonctionne-ment. Enfin, elle permet d'étudier les activités mises sur pied par les projets, et leur succès.

Une première analyse des données recueillies jusqu'à ce jour porte sur l'environnement de chacun des projets à l'étude: Il s'agit par exemple d'identifier les lois, les politiques, les mouvements sociaux qui influencent le déroulement des initiatives. Il faut aussi jeter un regard sur les caractéristiques de la municipalité ou du quartier dans lequel est implanté le projet; histoire, facteurs socio-démographiques, tradition de collaboration entre les diverses ressources... Jusqu'à quel point et comment ces facteurs influencent-ils la naissance et le développe-ment d'initiatives Villes en santé?

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LES CONDITIONS DE L'ENVIRONNEMENT PROPICES À L'ÉMERGENCE ET À LA POURSUITE DES TROIS PROJETS

L'analyse des sources documentaires et des premières entrevues révèle trois constantes à propos de ['envi-ronnement des projets. D'abord, le mouvement Villes en santé et la présence d'expériences internationales, provinciales, municipales et de quartiers ont favorisé l'émergence des projets à l'étude. Ensuite, dans les trois sites, parmi les principaux promoteurs des projets, on retrouve toujours un(e) ou des représentantes d'or-ganismes de santé (DSC, CLSC). Finalement, la montée dans la population de la préoccupation pour l'envi-ronnement urbain est un élément facilitates non négRgeable.

Mercier-Est a subi comme milieu de vie de profondes modifications depuis 15-20 ans: construction de HLM, construction de voies rapides, mutation dans la population et nouveaux rapports entre les anciens résidents ef les nouveaux arrivants, etc. L'appauvrissement de la population et certaines caractéristiques physiques du quartier tels la présence de la carrière Francon et les effets de la réintégration des patients de l'hôpital Louis-H Lafontaine dans la communauté, rendent les gens plus conscients des risques à la santé présents dans leur environnement. Au moment où s'implante le projet, il existe dans le quartier peu d'organismes communautaires et peu d'expériences de concertation . Quand l'organisateur communautaire du CLSC entreprend d'intéresser les citoyen(ne)s puis les organismes à mettre sur pied le premier projet de quartier en santé au Québec, il ne rencontre pas de résistance.

Pointe-Claire est la première municipalité de l'île de Montréal à adhérer au mouvement de Villes en santé. On retrouve à Pointe-Claire une tradition municipale que nous qualifions 'd'écologique', un maire influent qui a un intérêt marqué pour les questions de santé et un département de santé communautaire qui, par l'entremise d'une professionnelle, est actif dans la promotion du concept de Villes en santé. Pour les responsables de la municipalité, il était facile d'adhérer à ce projet puisque l'orientation Villes en santé était déjà intégrée dans les politiques et services de la municipalité. L'adhésion au projet de Villes en santé permet aussi à Pointe-Claire d'être le chef de file en ce domaine parmi les municipalités de l'ouest de l'île. Enfin, la présence de nombreuses entreprises sur son territoire et une population relativement bien nantie diminuent les contraintes budgétaires liées à l'implantation d'une philosophie santé dans les services municipaux.

Saint-Michel possède des services et des organismes communautaires bien implantés dans le milieu. Leurs défis sont de taille puisqu'il leur faut contrer les effets de la croissance de la pauvreté et d'un environnement physique dégradé (présence de carrières, mixité industrielle et résidentielle, division en sous-secteurs isolés). Depuis une vingtaine d'années, quelques expériences de concertation entre les organismes ont été entreprises. Certaines d'entre elles ne se déroulaient qu'à l'échelle d'un sous-secteur ou d'une paroisse. Dans l'ensemble, elles n'ont pas toujours débouché sur des actions concrètes et ont laissé une insatisfaction dans la communauté. Profitant de l'expérience du quartier Mercier-Est, les organismes décident ensemble de tenter une nouvelle démarche de concertation autour du concept de Villes en santé. Ce sera le premier projet de quartier en santé après l'adhésion de la Ville de Montréal au mouvement international de Villes en santé.

Pour chacune de ces initiatives, qui auront été pionnières à leur façon, la reconnaissance associée à leur expérience de Ville et de Quartiers en santé a aussi été un élément de motivation dans la poursuite des projets.

Ces constats ne sont que l'amorce de l'étude de l'environnement des initiatives. Elles seront complétées par les prochaines entrevues et analyses ou encore, par les commentaires transmis par nos lecteurs et lectrices.

L'ÉQUIPE DE RECHERCHE; Gilles Forget

Francine Ouellet Danlèle Durand

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LE COMITÉ PILOTAGE, — UN LIEU D'ÉCHANGE SUR EN TROIS DIMENSIONS : L'INTERPRÉTATION DES VOTRE voix ... RÉSULTATS DE L'ÉTUDE... Dès feutomne 1991, l'équipe de recherche invite des représen-tantes des projets de Mercier-Est, Pointe-Claire et Saint-Michel à former fe comité pilotage de l'étude d'implantation. Le comité pilotage, c'est un lieu d'échange qui permet aux membres de l'équipe de recherche de valider ses observations, auprès de person-nes directement impliquées dans les projets. De plus, il donne aux représentant(e)sdessrtesàrétucteroccask)ndeparticiperàranalyse de leur projet et ainsi de pouvoir en améliorer le fonctionnement Enfin, le comité pilotage est un Geu d'échange entre personnes tra-vaillant à différents projets de Vflle et Quartiers en santé; c'est donc une occasion pour eOes de tirer profit du partage d'expériences variées-

Fin octobre, le comité pilotage prend forme avec l'équipe de recher-che et deux représentants de chacun des projets à Pétude . Le fonctionnement du comité est assuré par Carole Gagnon.

De réquipe de recherche, on retrouve:

Danièle Durand • DSC Lakeshore Gilles Forget - DSC Maisormeuve-Rosemont Frandne Oueilet - DSC de l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal.

Les initiatives à l'étude sont représentées par :

Claudette Charest et Adrien Sansregret: Quartier Mercier-Est Marcel Carmoni et Len Cocofcchio: Ville de Pointe-Claire André Bergeron et Micheline Daigle: Quartier Saint-Michel

Le première rencontre du comité pfotage a lieu le 19 novembre dernier. Cette réunion permet de faire connaissance, de parler de l'étude en cours, de ses objectifs, et des attentes de chacun et chacune face à son déroulement C'est également l'occasion de "s'organiser", de discuter des objectifs du comité, des rôles des membres, des thèmes traités lors de chacune des rencontres men-suelles. Depuis, le comité pilotage s'est réuni à deux autres reprises et les travaux vont bon train... On a pu retracer l'histoire de la nais-sance de chacun des projets; parier des artisan(e)s des initiatives, des caratéristiques du quartier ou de la municipalité qui ont contribué à la mise sur pied du projet; de la -façon-dont s'était déroulée la recherche de partenaires».^^ au mois de janvier, les repré-sentantes prennent part à une première analyse des données re-cueillies au sujet de la dimension environnement des projets.

Le contenu de ce bulletin soulève des questions? Il suscite chez vous des réactions, des commen-taires?.. Vous avez envie de participer à la réflexion sur les projets de Ville et Quartiers en santé, de faire connaître votre opinion?..

EN TROIS DIMENSIONS. C'EST AUSSI VOTRE VOIX et une chronique pourra dorénavant vous être consacrée. Transmettez vos commentaires aux représentantes du comité pilotage de votre initiative, ou écrivez à : Carole Gagnon, DSC Maisonneuve-Rosemont, 5565 rue Sherbrooke est, bureau 470, Montréal (Québec), H1N 1A2

NOUS ATTENDONS DE_YQ£ NOUVELLÉS...

En trois dimensions est une publication produite dans le cadre de rétude dlmpiantation d'initiatives de Ville et Quartiers en santé sur m e de Montréal.

Les opinions émises dans les articles qui y sont publiés n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

La rédaction est assurée par Carole Gagnon et réquipe de recherche: Franelne Oueilet, Gilles Forget et Danièle Durand. Yves La plante, du DSC Maisonneuve-Rosemont assure l'expertise éditique pour la maquette et la mise en page.

On peut rejoindre réquipe du projet d'étude en écrivant à:

Carole Gagnon DSC Maison neuve-Rosemont 5565. rue Sherbrooke est Bureau 470 Montréal (Québec) H1N 1A2 tél: 252-3970

1 1 C P Département g J ^ U <te santé communautaire — — . Hôpital du Sacré-Coeur

de Montréal

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EN TROIS DIMENSIONS Bu 1 letirr d e liaison poùrTétude d é s projets Vilies et Quartiers e n sar i t é jdeMerc îer -esVPofo

L'ÉTUDE DES PROJETS DE VILLES ET QUARTIERS EN

SANTÉ SE POURSUIT :

L'étude d'implantation des trois projets de Villes et Quartiers enfanté va bon train ; une vingtaine de rencontres avec des participantes de Mercier* Est, Pointe-Claire et Saint-Michelontétéréalisées jusqu'à ce jour. Ces entrevues se poursuivront au rythme d'une par semaine dans chaque site, jusqu'au début de l'été ... La précieuse collaboration des personnes rencontrées vient enrichir sans cesse les données recueillies et nous sommes donc maintenant à même de vous présenter un nouveau volet d'analyse sur les projets à l'étude « Bonne lecture !

L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

L'ENVIRONNEMENT : UNE DES PRÉOCCUPATIONS DES PROJETS DE VILLES EN SANTÉ

Adhérer au mouvement Villes en santé c'est, entre autres, se soucier de la protection de son environnement et. par le fait même, du problème de la gestion des millions de tonnes de déchets qui doivent être éliminés chaque année. Voici quelques exemples de la façon dont se traduit actuellement, pour chacun des trois sites à l'étude, cette préoccupation.

• MERCIER-EST : RENCONTRES D'INFORMATION ET DE SENSIBILISATION POUR LES CITOYENS ET CITOYENNES -

Pour outiller les citoyen(ne)s en vue des prochaines audiences publiques du Bureau de consultation Montréal au sujet de la gestion des déchets, Mercier-Est, Quartier

MARS 1992 No 2

en santé organisait, le 4 février dernier, une assemblée publique d'information. Un conférencier, Luc Lefebvre, toxicologue au DSC Maisonneuve-Rosemont, traçait le bilan de la situation actuelle quant à l'accumulation et l'élimination des déchets, parlait des conséquences et des actions possibles.

• SAINT-MICHEL : LA MOBILISATION AUTOUR DU SITE D'ENFOUISSEMENT DE LA CARRIÈRE MIRON SE POURSUIT _

A Saint-Michel, un grand nombre de personnes se mobilise autour des problèmes occasionnés par la présence sur le territoire du site d'enfouissement de la carrière Miron. Le Comité de citoyens et citoyennes du CTED-Miron qui émane du projet Vivre Saint-Michel en Santé surveille les intérêts des résidant(e)s du quartier quant aux questions fondamentales soulevées par cette situation; étude sur les biogaz, surveillance et gestion du site, aménagement des alentours du site et, à plus long terme, éventuelle fermeture de la carrière.

• MISE À CONTRIBUTION DES RÉSIDANT(E)S DE POINTE-CLAIRE

Pointe-Claire connaît une excellente participation des citoyens et citoyennes au projet de collecte sélective des déchets "Enviro-bacs". La municipalité estime ainsi qu'elle peut réduire de 20 à 25% le volume de déchets généré dans les maisons. De plus, une collecte des déchets domestiques dangereux organisée chaque année obtient un grand succès auprès des citoyens et citoyennes : on estime à plus de I000 le nombre de familles qui se prévalent de ce service.

Après la question de la gestion des déchets, les prochains numéros du bulletin EN TROIS DIMENSIONS nous permettront de traiter des réalisations de chacun des projets, dans d'autres secteurs tels l'habitation, les jeunes ou ta question de Aménagement des parcs.

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COMMENT SE RÉALISENT SUR LE TERRAIN LE PARTAGE D'OBJECTIFS, LA CONCERTATION ET LA PARTICIPATION

Le premier numéro de EN TROIS DIMENSIONS .portait sur I* environnement de chaque projet. On y dégageait ies facteurs (caractéristiques des quartiers ou de la municipalité, lois et règlements, contexte économique et social.-) propices à la naissance des projets et à leur développement On a été en mesure de constater que chaque projet possède ses particularités.

Pour ce second article sur l'analyse des projets, on s'arrêtera à trois éléments qui caractérisent le mouvement de Villes en santé, soit le partage d'objectifs communs, la concertation entre représentantes de différents secteurs d'activité et la participation des citoyens et citoyennes. Cette analyse est, bien sûr, préliminaire puisque la collecte des données se poursuit et que l'on dispose d'une vingtaine d'entrevues sur la soixantaine prévue.

1. LE PARTAGE DES MÊMES OBJECTIFS

Il s'agit ici de proposer des réponses aux questions suivantes. Les projets se dotent-ils d'objectifs officiels? Les partenaires poursui vent-ils des objectifs communs et en concordance avec des objectifs officiels? Il est important d'étudier ces aspects: on peut penser, qu'en adhérant à des objectifs communs, les partenaires sont plus enclins à collaborer.

Lorsque l'on c o n s u l t e l e s s o u r c e s documentaires, notamment les propositions entérinées par le conseil municipal ou les comités promoteurs des trois projets à l ' é t u d e , l ' o b j e c t i f o f f i c i e l mentionné est celui d'améliorer la qualité de vie.

Qu'en est-il des gens interrogés? Quelles sont, dans les faits, les préoccupations immédiatesdesparticqam(e)ssurleterrain?

À Pointe-Claire, toutes les personnes rencontrées ont mentionné l'importance d'intégrer C esprit de Villes en santé dans les règlements ei programmes de la Ville. Elles trouvent

important que la Ville continue d'être un chef de file en faisant la promotion du mouvement de Villes en santé auprès des municipalités de l'ouest de l'île. Elle sont intéressées à ce que les citoyen(ne)s, suivant en cela l'exemple de leur Ville, aient eux-mêmes une mentalité santé dans leurs gestes quotidiens.

À Saint-Michel, en plus de vouloir améliorer la qualité de vie, les personnes rencontrées ont dit adhérer à un objectif immédiat de concertation entre les ressources. Cette concertation doit mener à des actions concrètes et devrait contribuer à rendre le quartier plus fort.

( Avec la concertation ) ... on aurait beaucoup plus de crédibilité au point de vue des institutions gouvernementales, soit municipales, fédérales ou provinciales. Lorsqu'on aurait des choses à demander, des revendications, ça passerait mieux. ( Un participant de Saint-Michel ) .

Des partenaires visent à long terme à ce que le développement du quartier Saint-Michel soit pris en charge par les citoyens et les citoyennes.

À Mercier-Est, les gens continuent de parler de qualité de vie mais mentionnent d'autres intérêts pour le moment: se fixer des objectifs réalisables {que plus de dossiers se réalisent ), assurer la poursuite du projet en trouvant des fonds et en recrutant des décideurs.

2. LA CONCERTATION ENTRE SECTEURS D'ACTIVITÉS

L'analyse de la concertation répond à la question suivante: jusqu 'à quel point et comment les différents organismes sont présents dans l'identification des besoins et des priorités, les prises de décision et la réalisation des activités? Une informatrice expliquait ainsi à sa façon la concertation :

Quand y*a des demandes, des besoins, ça se fait en - général autour de la table (comité promoteur), celui qui

peut offrir des ressources dit bon, c'est correct, je m'en occupe Je vais faire la demande pour telle chose.

Comme le disait une personne interrogée dans Saint-Michel, Vivre Saint-Michel en santé est un bel exemple de concertation. Au comité promoteur, on retrouve une variété d'organismes représentés: le milieu de la communication et des affaires, les organismes communautaires, y compris ceux qui représentent des communautés culturelles, des décideurs du secteur de la santé et de 1* administration municipale, des élus. La première

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action concertée a été d'organiser le Forum du printemps '91 qui a déterminé les priorités d'action. Tous les organismes ont contribué à sa réalisation, à la mesure de leurs moyens (don d'argent, prêts de personnel.»).

_ À Pointe-Claire, r* * - w I je travail en

^"fçv A j ' intersectorialitése ? fait surtout entre

la Ville et le Département de s a n t é communautaire. Dans les années passées, cet organisme a souvent proposé des priorités d'action et contribué à les

réaliser. La Ville investit de l'argent et des ressources humaines dans les projets qu 'elle reconnaît comme étant ceux de Villes en santé. L'intersectorialité ne semble pas être un élément dominant du fonctionnement du comité promoteur. En effet, même si les membres viennent de quatre secteurs d'activité, ils se présententd'abcxxl comme citoyens<itoyennes de la ville. À Mercier-Est, tout le monde est d'accord pour reconnaître l'apport des représentantes d'organismes tels que ceux de la santé et de l'administration municipale et para-municipale. Les gens d'organisme sont vus comme des leaders: c'est des gens structurés, des gens qui s'y connaissent, nousaditundes citoyens participants. Les élus se voient comme des partenaires comme les autres au comité promoteur.

3. LA PARTICIPATION DES CITOYENS ET DES CITOYENNES

En étudiant la participation des citoyens et citoyennes, on se demande quel rôle jouent ces personnes dans l'identification des besoins et des priorités, dans les prises de décisions et dans la réalisation des activités. On cherche aussi à connaître qui sont ces citoyen(ne)s actifs.

À Mercier-Est, la participation desciioyen(ne)s est un élément imponant du projet. Le projet a en effet débuté grâce à une recherche-action réunissant les citoy en(ne)s dans des aiisinre Ces personnes ont poursuivi leur action, si bien qu'elles se retrouvent aujourd'hui en forte proportion sur le conseil d'administration de l'organisme, sur le comité promoteur et dans les sous-comités. Les citoyen(ne)s les plus actifs ont souvent une longue expérience d'action communautaire. L'attachementau quanier,la volonté de prévenir la dégradation du quartier et le désir de soulager la souffrance des autres sont des facteurs importants de mobilisation pour ces citoyen(ne)s

les plus actifs. Certains d'entre eux avouent toe parfois à bout de souffle; par contre, un retraité dit s'impliquer à la mesure de (ses) capacités et de (sa) santé. Dans un des sous-comités, celui de la rue de Beaurivage, on retrouve des citoyens et citoyennes qui n'ont pas derrière eux ce passé d'action communautaire. Os participent au projet pour connaître les gens de leur rue et ï entraider.

À Pointe-Claire, la participation des citoyen(ne)s est acquise dans le cadre même des activités planifiées par le projet. Ces personnes participent en effet en grand nombre à la collecte des déchets ou la protection des non-fumeurs dans les lieux publics.

À Saint-Michel les citoyen(ne)s ont fait connaître leurs perceptions des besoins et les comités d'action ont été mis en piaceàpartir de ces besoins. Certains participentàdescomités d'action. On trouve important que les citoyens puissent ï impliquer de la façon dont ils veulent s'impliquer, qu'on fasse les transformations de la façon qu'ils le veulent.

EN CONCLUSION

Sans vouloir altérer la richesse des projets à l'étude, on peut à tout le moins déduire à l'heure actuelle, à partir des informations disponibles, que chaque projet se caractérise par un des trois éléments qui distinguent le mouvement de Villes en santé. En effet, Mercier-estiessort davantage que les autres par la participation des citoyens et citoyennes; Pointe-Claire apparaît être un site ayant des objectifs clairs et partagés; Saint-Michel se présente comme un projet axé, dans un premier temps, sur la concertation. Les informations que nous recueillerons dans les mois à suivre nous permettront sans doute de nuancer ces premières conclusions ou de les expliquer.

L'Equipe de recherche :

Gilles Forget, Francine OueUet,

Danièle Durand

Illustrations originales de Michel Ltgault

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DES NOUVELLES DU COMITÉ PILOTAGE Fidèles aux rendez-vous mensuels du comité pilotage, les représentantes des initiatives jouent un rôle précieux dans le déroulement de l'étude. Ces personnes permettent de mettre en lumière différentes visions difficilement accessibles à l'équipe de recherche qui n'est pas directement impliquée dans les projets. Invité(e)s lors d'une des rencontres à valider et à commenter la première analyse ponant sur les facteurs de 1* environnement des projets, les . représentantes se sont montré(e)s en accord avec les points saillants que l'équipe de recherche avait fait ressortir de l'analyse, tout en y apportant certaines nuances et précisions.

En plus de leur apport à l'analyse des données, ces membres du comité pilotage permettent d'identifier des acteurs et actrices des différents projets pouvant être interviewées dans le cadre de l'étude. Les personnes idenfiées oeuvrent à différents niveaux de participation des initiatives et sont suceptibles de présenter d'autres visions, des opinions différentes quant aux projets dans lesquels elles sont impliquées.

Enfin, les représentantes des initiatives acceptent de jouer un rôle additionnel dans la diffusion des résultats de l'étude; la totalité du contenu de chaque numéro du bulletin est soumis à leurs commentaires, afin que EN TROIS DIMENSIONS réponde le plus adéquatement possible aux besoins de ses lecteurs et lectrices.

ASSEMBLEE ANNUELLE DE VIVRE SAINT-MICHEL EN SANTÉ

C'est le lundi 27 avril prochain qu'aura Heu l'assemblée publique annuelle de VIVRE SAINT-MICHEL EN SANTÉ. Cette importante rencontre

{ se tiendra au: Centre St-Damase, 7411,17e avenue, j Montréal, de 17h30à21h.

! j Pour VIVRE SAINT-MICHEL EN SANTE, la ! participation est une importante condition de succès du j projet. C'est donc un rendez-vous pour tous les ! citoyens et citoyennes L

EN TROIS DIMENSIONS :

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Les opinions émises dans les artides qui y sont publiés n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

La rédaction est assurée par Carole Gagnon et réqulpe de recherche: Frandne Ouèflet, Gilles Forgot el Danlèle Durand. Yves Laplante, du OSC Maisonneuve» Rosemont, assure rexperëse éditique pour ta maquette et la mise en page.

On peut rejoindre féquipe du projet d'étude en écrivant â:

Carole Gagnon DSC Maisonneuve-Rosemont 5565, rue Sherbrooke est Bureau 470 Montréal (Québee) H1N 1A2 tél: 252-3970

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EN TROIS DIMENSIONS -i'Bulielihitie^

BÂTIR ENSEMBLE L'ANALYSE DES TROIS PROJETS DE

VILLE ET QUARTIERS EN SANTÉ

Dans la poursuite de noue étude, les entrevues réalisées avec des acteurs et actrices des trois projets constituent notre principale source d'information. C'est pourquoi, dans chaque site, nous nous efforçons de donner la parole à des personnes appartenant à différents secteurs d'activités et oeuvrant â tous les niveaux du projet. Tous ces gens peuvent présenter des visions nouvelles ou différentes de leurs projets. Ils assurent ainsi une plus grande richesse des données recueillies et bâtissent avec nous l'analyse des trois initiatives. A la lumière des informations recueillies, ce troisième numéro du bulletin EN TROIS DIMENSIONS permet de présenter nos observations sur une nouvelle dimension de fétude. Bonne lecture et à bientôt!-

L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

DES ESPACES VERTS S'INTÉGRANT AUX OBJECTIFS DU MOUVEMENT DE VILLES EN SANTÉ...

L'accès à des espaces verts sécuritaires, leur aménagement et leur protection constituent, pour ceux et celles qui aspirent à un quartier ou à une ville en santé, des aspects importants de la qualité de vie des citoyen(ne)s. Voici des exemples d'actions menées dans chacun des sites à l'étude afin de répondre à ces préoccupations.

Mercier-Est; un projet qui donne vie à un parc...

Été 92, les citoyen(ne)s de Mercier-Est seront les témoins privilégiés d' "UNE SCENE SUR LE FLEUVE événement local parrainé par Mercier-Est, quartier en santé et mis sur pied dans le cadre des célébrations du 350e anniversaire de Montréal. Le parc Bellerive, espace vert du

avril 1992 no 3

quartier donnant accès au fleuve et faisant face aux magnifiques îles de Boucherville, deviendra un lieu d'animation où se dérouleront divers spectacles et expositions. L'invitation lancée aux citoyen(ne)s du quartier, et à tous les Montréalais, de participer à cet événement est une façon leur permettant de découvrir cet endroit unique, et d'être sensibilisés à son aménagement et à sa protection.

Propreté et sécurité dans les parcs de Saint-Michel:

Début juin 1991, Vivre Saint-Michel en santé, en collaboration avec la Ville de Montréal, invitait tous les citoyen(ne)s à s'intéresser à leurs espaces verts et à se préoccuper de leur maintien. La semaine de propreté et sécurité dans les parcs donnait lieu à la tenue de plusieurs activités: grande corvée de nettoyage à laquelle prenaient part plus de 1500 enfants des garderies et écoles primaires du quartier, plantation d'arbres et de fleurs, exposition de dessins d'enfants sur le thème "MON PARC IDÉAL". Couronnée par un grand dîner communautaire au parc François-Perrault, cette semaine est qualifiée de grand succès par les organisateurs. La participation exceptionnelle des résidant(e)s de Saint-Michel permet de croire que cette activité sera reprise annuellement

A Pointe-Claire; un espace vert "sécuritaire"...

A Pointe-Claire le parc Cedar Park Heights a été aménagé par la Ville en 1990 afin de permettre aux citoyen(ne)s de bénéficier au maximum de cet espace vert de façon sécuritaire. Ainsi, les promenades en toute quiétude sont favorisées par la présence de sentiers adéquatement éclairés. De même l'éclaircissement du boisé permet aux personnes qui empruntent les sentiers de constater immédiatement la présence d'autres personnes sur le site. Enfin, les nombreuses ouvertures donnant sur des rues résidentielles facilitent l'accès au parc tout en permettant, en cas de besoin, de rejoindre rapidement les résidant(e)s des rues a voisinantes. Cedar Park Heights est donc un admirable oasis de nature qui sait allier détente et sécurité au profit des citoyens et citoyennes de Pointe-Claire.

1

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LE FONCTIONNEMENT DES INITIATIVES Le troisième article sur les résultats de la recherche traitera de la structure de concertation. Il s'agit ici d'étudier les mécanismes mis en place dans chacun des sites pour concrétiser les

projets de Ville et quartiers en santé. Suite à la présentation sommaire du fonctionnement de chacune des Initiatives, nous allons soulever certains des enjeux relevés à l'aide des

entrevues et des sources documentaires à notre disposition à l'heure actuelle.

Mercier-Est Entreprenant sa quatrième année d'existence, le projet Mercier-Est, Quartier en santé possède une structure de concertation qui reflète les principes d'intersectorialité et de participation du citoyen. Organisme sans but lucratif dûment constitué, les orientations et les principes de fonctionnement de "Mercier-Est, Quartier en santé" relèvent de l'Assemblée Générale formée de tous les membres tant institutionnels qu'individuels. Le comité promoteur, composé d'environ 25 personnes, assure la circulation de l'information et se prononce sur les propositions qui lui sont présentées par le Conseil d'administration. Ce dernier est formé de 7 à 11 personnes, en majorité ciloyen(ne)s du quartier, seul(e)s éligibles aux postes de président(e), vice-présidence), secrétaire et trésorier(e).

UN DÉVELOPPEMENT PONCTUÉ DE CHANGEMENTS L'implantation de l'initiative Mercier-Est, Quartier en santé a été, en grande partie, liée au travail d'un organisateur communautaire alors en place au CLSC, M. Pierre Laurence. Toutes les personnes rencontrées soulignent d'ailleurs sa capacité de rassembler les partenaires et les citoyens autour de cette initiative. On peut même supposer, à la lumière de certaines des entrevues, que son départ a laissé un vide et a créé un flottement au sem du projet. Qu'est-ce que ce flottement peut entraîner pour la poursuite et le développement de ce projet de quartier en santé? Comment remplacer le leadership identifié à une personne travaillant à plein temps sur ce projet par un leadership partagé, appuyé par une ressource à temps partiel?

LA RECHERCHE DE L'EFFICACITÉ^ L'influence d'une participation mixte des citoyen(ne)s et de représentants (es) d'organisme à la direction du projet est perçue tantôt positivement, tantôt négativement Ainsi, certain(e)s représentantes d'organisme interrogé(e)s mettent en doute l'efficacité d'une telle direction partagée. Au même moment, les citoyens et citoyennes soulignent plutôt l'importance d'être continuellement associé(e)s aux décisions malgré la lourdeur que risque d'entraîner cette

situation. La réussite d'un tel projet se mesure-t-elle davantage par l'efficacité entourant les activités ou par l'appartenance et la participation des citoyens(es)?

UNE QUESTION DE SOUS? Le financement est, aux dires de la majorité des personnes interrogées, l'enjeu majeur de ce projet. Cette initiative s'est constituée en organisme sans but lucratif afin d'être éligible aux subventions des organismes gouvernementaux. Fidèle aux principes d'intersectorialité, Mercier-Est, Quartier en santé (MEQES) cherche principalement à se financer par la contribution directe de ses différents partenaires. MEQES a effectivement pu mettre à contribution ses principaux partenaires pour assurer le

soutien financier nécessaire à la coordination. Bien que cette participation se maintienne, elle diminue constamment car les organismes souhaitent que le projet se finance de façon autonome. Quel est l'avenir du projet alors que la coordination est essentielle à son développement, que les organismes partenaires diminuent leur financement et que celui-ci est continuellement à renégocier? Le financement nécessaire à la gestion d'un tel projet de

promotion de la santé peut-il s'appuyer sur une nouvelle stratégie? Doit-il emprunter la voie des organismes communautaires dont la survie dépend périodiquement de l'existence de subventions gouvernementales et du bon vouloir des fonctionnaires?

Saint-Michel Durant sa première année d'existence. Vivre Saint-Michel en santé a consolidé sa structure de concertation en mettant en place un comité promoteur et un comité exécutif. Constitué de plus de 30 membres dont sont issu(e)s les 11 répondant(e)s des comités de travail, le comité promoteur est perçu avant tout comme un lieu d'information; il coordonne, dans le cadre de réunions régulières (à tous les deux mois), les orientations du projet. Le comité exécutif est composé de sept membres et voit à la bonne marche du projet

EN TROIS DIMENSIONS 2 AVRIL 1992 NO 3

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A présent que la concertation semble maintenant acquise, d'autres préoccupations commencent à surgir le financement et le soutien aux comités d'action.

LE FINANCEMENT— De l'ensemble des personnes interrogées, il ne se dégage pas une image claire de la façon d'envisager le financement du projet et des comités d'action. Certain(e)s disent que le financement doit être centralisé. D'ailleurs, un comité de financement a été mis en place par le comité exécutif. D'autres sont d'avis qu'il revient à chaque comité de travail de s'autofinancer. On ne donne pas d'orientations précises sur les sources de financement Où compte-t-on trouver les fonds nécessaires pour assurer le financement de la coordination quand le DSC cessera de l'assumer, tel qu'entendu au départ? Prévoit-on, à l'image de Mercier-est, mettre ici à contribution en même temps différents organismes tels que le CLSC, le DSC et la Ville ? La création d'un organisme sans but lucratif ne va-t-elle pas plutôt contribuer à faire se désengager les organismes publics ou para-publics ? Quelle sollicitation veut-on faire auprès des gens d'affaires?

... ET LE SOUTIEN AUX COMITÉS Les types de soutien que la structure de concertation peut apporter aux comités d'action ne sont pas précisés non plus. Au départ, le comité promoteur s'était donné comme mandatM... de soutenir les projets locaux en mettant l'accent davantage sur le processus que sur le contenu". Qu'entend-on par processus? Est-ce un soutien matériel (financement, personnes-ressources...), stratégique (appui public, information, orientation vers les ressources),. technique (aide à la programmation, formation, communication, renforcement des réseaux). Alors que plusieurs comités mènent rondement leur barque, d'autres sont à la recherche d'orientations pour améliorer la qualité de vie du quartier.

Pointe-Claire L'implantation du projet de Pointe-Claire s est grandement inspirée de la démarche proposée par le réseau québécois de Villes et villages en santé. Des "entrepreneurs" de la municipalité et du réseau de la santé ont permis l'adoption d'une résolution municipale confirmant l'adhésion de la Ville de Pointe-Claire au mouvement de Villes en santé. La constitution du comité promoteur s'est faite peu après. Le financement est principalement assuré par la municipalité qui est appuyée par d'autres organismes lors de la réalisation d'activités.

UN COMITÉ A VISEUR Composé de huit membres, le comité promoteur regroupe des personnes invitées par le maire en tant que représentantes de divers secteurs de la communauté. Fait à noter, ces individus sont tous des citoyen(ne)s de la municipalité. Comme les autres comités de la municipalité, ce comité est aviseur. Il est avant tout un lieu d'échanges. On y rapporte des nouvelles du réseau WS, on discute de l'avancement des projets. Aucun membre n'a de responsabilités définies. Les sujets traités sont habituellement amenés par la représentante du DSC. Le maire convoque les membres, il préside l'assemblée, il prend les notes. On y fait des suggestions pour le Conseil de ville qui aura à pendre les décisions. Le caractère consultatif du comité peut-il permettre la mise sur pied d'activités qui ne sont pas prioritaires pour la municipalité?

UN COMITÉ REPRÉSENTATIF ? Alors que certains considèrent que ce comité devrait être élargi à d'autres représentants, les jeunes par exemple, d'autres croient cependant que sa composition actuelle est correcte et que le petit nombre de participants permet d'être plus efficace. L'insistance de la part des membres du comité promoteur à se considérer avant tout comme des résidant(e)s de Pointe-Claire indique comment se fait la participation des citoyens dans ce projet. Les citoyen(ne)s qui ne travaillent pas dans les organismes sont représentées de quelle façon? Peut-on être assuré de la représentativité de toutes les couches de la population?

UN COMITÉ VISIBLE ? Toutes les personnes interrogées s'entendent pour dire que le comité n'est pas connu des citoyens et citoyennes. Si la participation des citoyens à certaines activités est importante, ces derniers n'associent pas nécessairement ces activités au projet de Ville en santé. De la même façon, bien qu'on se préoccupe de l'intégration du concept de Ville en santé dans l'ensemble des services municipaux, sait-on si tous les fonctionnaires sont bien au courant du projet? Comment rendre visible tant auprès de la population qu'auprès des fonctionnaires municipaux un tel projet? La visibilité est-elle nécessaire au développement et au succès des activités?

Équipe de recherche Gilles Forget

Françine OuéTlet Danièie Durand

Illustrations originales do Michel Lsgautt

EN TROIS DIMENSIONS 3 AVRIL 1992 NO 3

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DES NOUVELLES DU COMITÉ PILOTAGE

Mars 1992; quatrième rencontre des membres du comité pilotage...A mi-chemin de son mandat, il semblait essentiel de se questionner sur les effets de ce comité, de se demander s'il rencontrait l'objectif qu'il s'était fixé: être UTILE aux initiatives et à leurs représentantes. C'est donc au cours de cette réunion que les représentantes des projets ont été invité(e)s à commenter leur expérience à titre de participantes au comité.

Marcel Carmoni de Pointe-Claire parle ainsi des effets de son implication: MÇa m'apporte beaucoup^-) Je m'aperçois qu'on peut s'améliorer. (.«) on voit ce qui se passe ailleurs." Pour André Bergeron du Quartier Saint-Michel les rencontres permettent de prendre un recul par rapport au projet Vivre Saint-Michel en Santé(._)": "Ça m'aide à clarifier ce que je fais puis ce qu'on fait dans Saint-Michel." Micheline Daigle parle également des retombées possibles pour le projet Vivre Saint-Michel en santé: "Quand je m'implique, c'est pour apporter des dividendes à mon quartier.(.„) Est-ce que (le projet) répond à un besoin du citoyen? Et ça (le comité pilotage), ça peut nous aider à avoir des réponses." Adrien Sansregret de Mercier-Est abonde dans le même sens: "Y'a un feed-back et ça jTapprécie. On sent vraiment que vous nous aidez à prendre conscience des autres initiatives et à trouver des pistes de solutions". Enfin, pour Gaudette Charest, également impliquée dans le projet Mercier-Est, quartier en santé, le comité pilotage est une occasion de prendre conscience de la complexité des démarches pour assurer le succès du projet: "Je vois que le chemin est long. (_) J'veux en arriver à ma vision du quartier et ça va être long et ardu".

A la lumière de ces commentaires on peut donc dire que le comité pilotage s'avère utile aux représentâmes des initiatives. D'une part, il leur permet d'approfondir la réflexion sur le fonctionnement de chacun des projets; d'autre part, il favorise l'échange d'expériences entre représentante^ d'autres initiatives.

Néanmoins, cette discussion a permis de faire ressortir deux considérations au sujet des bénéfices du comité pilotage: André Bergeron soulève la question des retombées directes du comité sur les citoyens et citoyennes: "J'vois pas le lien entre le comité pilotage et le projet de quartier.»" Par ailleurs, c'est en ces termes que Claudette Charest soulève la question des solutions à apporter aux difficultés que nous révèle l'analyse: "J'espère. qu'un comité comme le vôtre va nous donner des pistes pour améliorer."

Comment répondre à ces préoccupations?..Selon un membre de l'équipe de recherche, "le comité pilotage est un outil qui veut appuyer le

développement des projets. L'utilité de ses travaux ne doit pas se limiter aux représentantes des initiatives, maïs doit s'étendre à tous les acteurs et actrices des projets."

C'est donc pour rejoindre l'ensemble des personnes qui sont impliquées dans les initiatives que le bulletin de liaison EN TROIS DIMENSIONS est distribué. De plus, les questions soulevées par les représentantes lors des rencontres du comité pilotage nous amènent à soulever des enjeux importants pour chaque projet. C'est ce qui permettra d'élaborer, avec les initiatives a l'étude, des pistes de solutions.-

P^nous attendons vos commentaires /

En trots dimensions est une publication produite dans le cadre de rétude dlmplanâtion d'initiatives de Ville et Quarters en santé sur me de Montréal.

U s opinions émises dans les articles qui y sont publiés n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

La rédaction est assurée par Carole Gagnon et réquïpe de recherdie: Franclne Ouellet, Gilles Forget et Oanlèle Durand. Yves Laplante, du DSC Maisonneuve-Rosemont, assure rexper&se éditique pour (a maquette et la mise en page.

On peut rejoindre l'équipe du projet d'étude en écrivant à:

Carole Gagnon DSC Maison neuve-Rosemont 5565. rue Sherbrooke est Bureau 470 Montréal (Québec) H1N1A2 tél: 252-3970

H6pt1U Malsonneuv* Rose mont

Département de santé communautaire

Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal

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EN TROIS DIMENSIONS 328

AVRIL 1992 NO 3

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jfCommele temps passe! '.Déjà le mois demai.'déjà tynotredernier rendez-vous avant lapériode de relâche éde l'été.SCe 4e numéro'du'bulleîin'EN TROIS . ' ^DIMENSIONS vous présenie le dernier volet de notre Analyse: les activités générées par chacun des •jprojets. i-iftLes'mois à venir nous-permettront d'élaborer. •fie rapport de cette étudelïENTROIS'DIMENSIONS ^v ou s. reviendra donc pour.une.dernièrevfois'à l'automne '^afin.de vous présenter le premier.bilandenos travaux.' ABONNES VACANCES! • 7 ^

(g:L:ÉQUIPE iDE'vREDACTION

DES PROJETS DE VILLE ET QUARTIERS... EN SANTÉ !!!

Les actions directes visant la prévention et la promotion de la santé, sont essentielles dans tous les projets de Ville ou Quartiers en santé. Voici des exemples dece que chacun des projets à l'étude a mis sur pied pour rencontrer son objectif d'amélioration de la santé de ses citoyens et citoyennes...

Pointe-Claire ; "Pour une communauté en santé(...), un air de qualité!"

Suite & l'adoption par 1* Assemblée nationale en janvier 1987 de la loi 84 sur la protection des non-fumeurs, la municipalité de Pointe-Claire devient responsable d'un projet-pilote pour élaborer une réglementation à cet effet sur son territoire. Elle entreprend alors de réunir les représ emant(e)s des autres municipalités de l'ouest de lUe pour développer un règlement commun pour ces territoires. C'est donc ensemble que les responsables du "dossier tabac" des 13 municipalités participantes identifient les lieux publics dorénavant sans fumée. Pointe-Claire développe alors les ouzÔs de sensibilisation et d'information qui seront ensuite repris et adaptés par les autres participantes. Le maire de la municipalité, monsieur Malcolm Knox, s'implique grandement dans le dossier en faisant parvenir plus de2000lettres personnalisées aux commerçants et professionnels du territoire touchés par la réglementation. Il leur fait ainsi valoir l'importance de faire respecter le règlement dans leur établissement et ce, pour le bien-être de tous les résidant(e)s de Pointe-Claire.

Mal 1992 no 4

Saint-Michel ; une action pour rapprocher les services de santé de la population...

Le groupe de travail "services santé" issu du projet VIVRE SAINT-MICHEL EN SANTÉ, invitait, le 22 novembre dernier, l'ensemble des partenaires du quartier à une "rencontre-échange". Cette demi-journée, à l ' Hôpital Saint-Michel, avait pour objectif de rapprocher les professionnels de la santé du secteur privé et public, les représentants d'organismes communautaires et les regroupements de citoyens. Cette rencontre visait àles amener à travailler ensemble face aux principaux besoins de la population du quartier et à divers projets d'amélioration des services de santé. Des ateliers de travail ont permis aux paitieipant(e)s de se connaître, d'échanger et de se pencher sur les problématiques entourant la petite-enfance, la famille, les jeunes, les adultes, les personnes âgées et la coordination des services médicaux de première ligne. Plus de 80 personnes ont participé à cet événement ce qui, pour Marie-Danielle Girouard, animatrice du groupe de travail "services santé", en fait un immense succès. Elle ajoute que la glace est maintenant brisée et que des actions sont déjà amorçées par certain(e)s intervenantes afin de poursuivre le rapprochement

Mercier-Est ; du soutien par l'écoute et la présence...

Dès sa mise sur pied, MERCIER-EST, QUARTIER EN SANTÉ donne naissance à un comité en santé mentale pour identifier des priorités d'action afin de pallier au peu de ressouces pour les personnes isolées dans la communauté, apporter un support aux personnes dépressives et suppléer au peu de ressources disponibles. Pour répondre à ces besoins, le comité décide de mettre sur pied le Centre d'écoute "LE PASSANT"— Depuis juin 1990,des bénévoles du centre, formés en relation d'aide, accueillent sans rendez-vous, gratuitement, et de façon confidentielle, des personnes qui ont d'abord besoin d'être écoulées. Elles peuvent également recevoir de l'information ou être dirigées vers les ressources du quartier qui peuvent leur apporter un soutien essentiel... Les artisans de cette ressource planifient maintenant d'ajouter à leurs services actuels une halte-garderie, une ligne téléphonique d'écoute, la formation de groupes de rencontres...

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on a besoin de n'importe quel service, on demande pis ça

J N n W I V E S u W L I E E T Q t m n é R ^ CAf CAkrré I • EN S A N T E I SAINT-MICHEL

La mise sur pied d'initiatives Ville et Quartiers en santé repose, comme nous l'avons vu dans les premiers numéros de ce bulletin de liaison, sur plusieurs éléments. Tout ce cheminement trouve son aboutissement dans les activités qui sont générées par ces projets.

MERCIER-EST

Depuis plus de quatre ans, Mercier-Est Quartier en santé, avec son comité promoteur et ses huit sous-comités, met en place différentes activités pour améliorer la qualité de vie de la population du quartier. Pour rendre compte des réalisations de MEQES, nous allons nous intéresser à un de ses sous-comités , à ses activités, et à certains critères de succès actuellement décelables à partir des sources de données.

Ayant comme objectif de rejoindre les familles à faible revenu, les responsables de MEQES ont d'abord réuni les locataires de l'Habitation Thomas-Chapais (HLM) pour foire une fantaisie guidée et imaginer ce que pourraient devenir ces habitations en l'an 2010. Cette première action a conduit à identifier et à réaliser les priorités suivantes: la rénovation et réutilisation d'un garageàdes fins communautaires, un concours de dessin pour les jeunes et la participation à la journée "Quartier fleuri" organisée par la Ville de Montréal Depuis, Thomas-Chapais a poursuivi sa démarche en mettant sur pied d'autres activités: les cuisines collectives, les matinées pour les bouts d'choux, des danses et des rencontres pour les jeunes. Cet exemple a suscité l'adhésion au comité promoteur de deux autres HLM du quartier, les Habitations Dupéré et Fonteneau. Des représentants et représentantes de ces trois HLM siègent actuellement au Conseil d'administration de M5QES.

Des facteurs de succès Pour les personnes interrogées, le succès de MEQES

réside d'abord dans la création de comités. On peut, par ailleurs, dégager de ces résultats que la réussite et la continuité du projet tiennent avant tout à la mise sur pied d'activités à court, moyen et long terme. À Thomas-Chapais, l'activité réunissant les locataires autour du "Quartier fleuri** est une activité à court terme. Elle permet de mobilisa- un bon nombre de personnes et donne des résultats immédiats. La transformation du garage en local communautaire est davantage une activité à moyen terme. -Finalement, l'établissement de cuisines collectives représente une activité à long tenne.D'autres facteurs de succès sont mentionnés tels la participation de la population aux activités et l'implication d ' un maximum de gens à la préparation de ces activités. Aussi,

. faisant référence à la grande collaboration des partenaires et citoyen(ne)s de l'initiative, le succès... "c'est l'esprit qui est là, qui se nourrit partout grâce à MEQES, qui fait que quand

À partir de l'exemple de Saint-Michel, voyons ce qu'un projet de Quartier en santé peut réaliser durant sa première année d'implantation. Rappelons que les organismes de Saint-Michel voyaient au point de départ l'opportunité de tenter une nouvelle démarche de concertation autour du concept de Ville en santé.

Après le forum de mars 1991, dix comités d'action sont mis en place avec comme mandat de travailler respectivement sur chacune des priorités identifiées. Un an plus tard, à l'assemblée publique d'avril 1992, neuf de ces comités sont encore en opération, regroupant en moyenne 10 membres, intervenantes et citoyen(ne)s. Deux des neuf comités sont reliés à l'environnement physique (Carrière, parcs), les autres ont pour cible des aspects socio-économiques (emploi,

^logement, transport, sécurité».). On souligne quedeux comités, Maison de la famille et Relations multi-ethniques, éprouvent quelques difficultés qui seraient à la base d'une certaine démobilisation (roulement des membres, absence de leadership, réunions irrégulières ou plan d'action jugé trop ambitieux».).

Information et mobilisation Durantleur première année d'opération, la presque totalité

des comités actifs ont mis en oeuvre des activités de type étude ou information à la communauté. Les études, d'une part, sont vues comme des moyens de représentation auprès des diverses instances politiques. Mentionnons l'étude sur les biogaz, dont le Comité des citoyens et des citoyennes du CTED Miron assure la surveillance, et qui sera acheminée à la Ville de Montréal, les sondage d'opinion sur la drogue du comité Sécurité-drogues ou encore l'étude sur les problèmes de transport en commun (Comité transport en commun ) à soumettre à la STCUM pour son plan de relance. Les activités d ' i n f o r m a t i o n (production d'un cahier santé, tenue d'assemblées publiquessur letogement ou encore sur la carrière) visent, d'autre part, à mieux informer la population ou encore à la mobilisa.

Deux comités sont en train d'élaborer des projets itumm* : MkselLbcadit

EN TROIS DIMENSIONS 330 AVRIL 1992 NO 3

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de service. Le comité Développement économique travaille actuellement à l'implantation d'un guichet mobile multi-services alors que le comité entraide-locataires prévoit la mise en place d'un centre de documentation, d'information et de référence pour locataires .En fin deux comités ont organisé des activités ponctuelles. Le comité des citoyens et des citoyennes pour les parcs a mobilisé de nombreux résidants autour d'activités telles que corvée de nettoyage, plantation d'arbres, comité de vigilance-propreté. Le comité Services de santé a réussi une première: la rencontre-échange sur "l'Avenir de la santé à Saint-Michel".

Un premier bilan Les personnes interrogées jusqu 'à présent - intervenantes

d'organismes pour la plupart - se gardent bien de fixer des critères de succès irréalistes. Comme disait l'une de celle-ci: "La transformation, ça vient lentement et c'est la continuité qui fait la transformation". Tous sont d'avis que les citoyens et les citoyennes devraient être davantage présent(e)s dans les comités d'action, mais tous s'entendent aussi pour dire que le plus grand succès des comités actifs "c'est d'avoir gardé tout le monde ensemble". Des observations sur le terrain incitent cependant à la prudence. En effet, certains citoyens disent parfois que 4<Ça ne va pas assez vite".

POINTE-CLAIRE

alité de vie

La municipalité et le département de santé communautaire sont les premiers partenaires de l'initiative de Pointe-Claire, Ville en santé. Cette association, de même que la volonté d'assurer un leadership auprès des autres municipalités de la banlieueouestdeI'3e, marquent les activités de cette initiative.

Les personnes interrogées identifient deux activités spécifiques au comité promoteur de Pointe-Claire. La première consiste à intégrer l'esprit du mouvement Ville en santé dans l'ensemble de la politique municipale. A ce titre, la Ville s'est associée au DSC, à l'institut d'urbanisme de l'Université de Montréal et à une firme privée afin de présenter un projet axé sur l'intégration de la dimension santé à Pointe-Claire dans un plan d'urbanisme. Ce projet a inspiré la revalorisation

d'un quartier de Pointe-Claire, la Baie de Valois. Le comité promoteur s'est aussi penché sur une politique des arbres basée sur trois finalités soiL protéger, soigner et planter des arbres.

Quant à la deuxième occupation du comité, elle se résume à faire des recommandations au Conseil de Ville sur les activités Ville en santé à mettre de l'avant.

Des projets santé et environnementaux En 1988, Pointe-Claire devenait une ville-pilote pour la

protection des non-fumeurs dans les endroits publics. Selon certains membres du comité promoteur, cette activité est devenue la première activité associée à Ville en santé. Aujourd'hui les responsables du projet poursuivent les démarches de sensibilisation auprès des restaurateurs de la Ville. Les Menus Mieux Vivre sont un autre projet mis en marche par le DSC qu 'on a intégré à l'ensemble des activités chapeautées par Ville en santé.

Les documents révèlent que d'autres activités santé, initialement entreprises par le DSC ou un autre organisme (CLSC ou la ville), se sont, petit à petit, insérées à la liste des projets de Ville en santé. D en est ainsi de l'aide aux citoyen(ne)sâgé(e)s etduprogrammedeprévention de l'alcool auvolantmenéconjointementparrensembledesmunicipalités de l'ouest de l'île.

Mis à part la santé, l'environnement tient une place de choix dans les activités de Pointe-Claire, Ville en santé. Mentionnons deux projets mis en oeuvre depuis plus de trois ans qui sont considérés comme des succès au niveau de la participation des citoyens et des citoyennes de Pointe-Claire: la collecte des produits toxiques une fois l'an et la collecte sélective des déchets domestiques une fois la semaine.

L'aménagement du Cedar Park Heights et le nettoyage du terrain boisé de Terra Cotta au début des années 90 sont aussi cités comme des projets Ville en santé. Enfin, un projet de compostage amorcé par un membre du comité promoteur avec l'aide des huit conseillers municipaux a débuté l'année dernière.

Des effets difficilement mesurables Les interviewé(e)s se montrent réticent(e)sà se prononcer

sur le succès des activités. Ainsi, faute d'outils précis en évaluation, on ne peut attribuer, par exemple, la baisse des fumeurs à Pointé-Claire à la seule adoption du règlement municipal.

Par ailleurs, certaines répondantes se questionnent au sujet d'une très grande participation continue des citoyens et citoyennes aux programmes de collecte de déchets. Ce succès repose-t-il sur la mise en oeuvre de l'activité par la Ville ou tient-il davantage au fait que les citoyen(ne)s étaient déjà grandement sensibilisé(e)s à la problématique de l'environnement ?

L'équipe de recherche: Gilles Forget, Francine Ouellet et Danielle Durand

EN mOS DIMENSIONS H MAI 1992 NO 4

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Du rêve à la réalité...

Les projets de Villes ou de Quartiers en santé se sont, bien souvent, concrétisés à partir d'un mouvement dans la communauté; le rêve, la fantaisie guidée...Par exemple des résidants de la rue de Beaurivage dans le quartier Mercier-Est se sont réunis pour rêver à ce que serait une me, un voisinage idéaL..de ce rêve, ont été tirées des priorités d'actions à mener et, finalement, la réalisation d'activités bien concrètes pour améliorer la qualité de vie des résidant(e)s de cette rue.

Et si maintenant on rêvait à nouveau ?..

Que l'on soit de Pointe-Claire, de Saint-Michel ou de Mercier-Est, si on faisait un voyage imaginaire en l'an 2012 pour rêver quelques instants à ce qu'est devenu au fil du temps notre initiativede Ville ou de Quartier en santé ?.. Quelle a été notre plus grande réalisation?.. Que sont devenus nos partenaires du début, et qui sont nos partenaires actuels?..

Des rêves à partager...

Faites-nous pan de votre rêve...car, pour certains projets de Villes ou Quartiers en santé, l'imaginaire marque le point de départ de grandes réalisations.

Vous trouverez à l'intérieur de ce bulletin une feuille sur laquelle vous pouvez écrire votre rêve que vous nous retournez dans l'enveloppe pré-affranclrie...Nous vous ferons partager ces lèves dans le dernier bulletin "EN TROIS DIMENSIONS", à notreretour à l'automne...

L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

A LA VEILLE DE LA SAISON ESTIVALE...

A titre de coordonnatrice du comité pilotage, ce départ pour les vacances est une occasion de souligner le travail remarquable accompli par les représentants et représentantes de chacune des initiatives au cours des derniers mois. Réunir ces personnes, et les aider dans la poursuite de leurs objectifs s'est avéré moins une tâche qu'un réel plaisir compte tenu de la disponibilité et de la collaboration de chacun(e) tout au long du projet. Au fîl du temps, ces rencontres matinales m'ont permis de faire connaissance avec des personnes très impliquées dans leurs initiatives, des gens réunis par le même désir d'amélioration de la qualité de vie et de la santé des membres de leur communauté. Un merci très sincère à tous.-

Carole Gagnon Coordonnatrice du comité pilotage

En trois dimensions est une publication produite dans le cadre de fétide dlmplanûtion d'initiatives de VWe et Quartiers en santé sur me de Montréal.

Les opinions émises dans les articles qui y sont publiés n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

La rédaction est assurée par Carole Gagnon et Téquipe de recherche: Frandne Oueltot, Gifles Forget et Danlèle Durand. Yves La plante, du DSC Maisonneuve-Rosemont, assure l'expertise éditique pour ta maquette et ta mise en page.

On peut rejoindre rêquipe du projet d'étude en écrivant à:

Carole Gagnon DSC Maison neuve-Rosemont 5565, rue Sherbrooke est Bureau 470 Montréal (Québec) H1N1A2 m 252-3970 mont ^ ^

Hôpital Mal sonne iw RoMmont

^fe Département d» sante communautaire

Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal

EN TROIS DIMENSIONS 332

AVRIL 1992 NO 3

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:'>#v4Étude des projets y///e ef Qt/art/ers en san/é dé Mercïer-Est/Poïrite-Claîre et Saint-Michel

ET SI ON REVAIT... Rêver c'est...lalsser aller son Imagination! C'est permettre aux préoccupations, aux contraintes de s'envoler au gré du vent. Tout devient possible...

JUIN 2012: une superbe soirée d'été! On se promène tranquillement dans un parc de son voisinage, à Saint-Michel, à Mercier-Est, ou à Pointe-Claire. Soudain, on entend des voix et de la musique; des personnes sont rassemblées autour d'un repas champêtre et l'atmosphère est à la fête... On se retrouve en plein coeur d'une réunion du comité promoteur de notre initiative de Ville ou de Quartier en santé...

Qui sont les gens qui participent à cette rencontre, les partenaires de notre projet? On célèbre ce soir la plus grande réalisation de toute l'histoire de l'initiative. Quelle est-elle?.

EN TROIS DIMENSIONS 333 AVRIL 1992 NO 3

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septembre 1992

Des projets Ville et quartiers en santé à l'étude : résultats préliminaires de l'analyse

La présence de trois initiatives Ville et quartiers en santé dûment implantées sur l'Ile-de-Montréal ont incité les professionnels de Départements de santé communautaire à réaliser une analyse de l'implantation de ces projets. Cette analyse veut répôndre aux interrogations maintes fois répétés par les pouvoirs municipaux, les représentants des organismes de santé. les partenaires et les citoyens sur la pertinence et les résultats de ces projets de promotion de la santé.

L'analyse des façons dont s'implantent les initiatives de Ville et quartiers en santé, des conditions de réussite et des résultats de leurs actions est au coeur de cene étude. Cette étude veut aussi alimenter la réflexion en cours en santé publique sur les indicateurs permettant de mesurer l'atteinte des objectifs. Elle veut finalement apporter un nouvel éclairage sur les caractéristisques de ces projets, soit la participation de la population et l'intersectorialité.

Le matériel recueilli pour cette analyse provient revue de presse, rapports...), les observations sur

SOMMAIRE

Vous trouverez dans ce numéro spécial une description de l'étude des initiatives Ville et quartiers en santé sur Hte-de-MontréaL Les pages qui suivent présentent tes particularités de cette démarche, une brève description des trois sites à l'étude, l'information recueillie et l'analyse qui en est faite.

L'analyse globale des données a commencé en août 1992. Nous ne pouvons dans un délai aussi court - environ cinq semaines à peine - rendre Justice à ta complexité et à la richesse des expériences. Nous ne présenterons donc que des résultats préliminaires de trois éléments au coeur des projets de Villes, villages et quartiers en santé: les objectifs de ces projets, la participation de la population et rintersectoriallté.

de trois sources: les documents écrits (procès-verbaux, dépliants, le terrain lors de réunions ou d'événements et les entrevues semi-

dirigées faites auprès d'acteurs des trois initiatives (élus municipaux, administrateurs municipaux, partenaires du réseau de la santé, des organismes communautaires et des autres secteurs et citoyens).

L'équipe de recherche composée de Danielle Durand du DSC Lakeshore, Francine Ouellet du DSC Sacré-Coeur et Gilles Forget du DSC Maisonneuve-Rosemont a pu compter sur la précieuse collaboration de Mesdames Carole Gagnon et Josée Boucher et M. Pierre Racine engagés grâce à une subvention du Conseil régional de la santé et des services sociaux du Montréal métropolitain. Enfin cette étude n'aurait pu se réaliser sans le soutien de chacune des.initiatives et la chaleureuse participation de toutes les personnes qui ont accepté de partagerleur expérience.

L'Équipe de recherche

EN TROIS DIMENSIONS \ B 3e Colloque international francophone Edition spéciale septembre 1992 des villes et villages en saité (Sherbrooke-Montréal)

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À U N P R O J E T D Y N A M I Q U E , U N E A P P R O C H E D Y N A M I Q U E

Un projet Villes en santé repose sur le partage d'une vision sociale, d'an idéal à atteindre: on aspire à une société où les humains seraient égaux et la vie communautaire importante. On suppose qu'à partir d'un même idéal, les personnes et les organismes pourront plus facilement identifier des objectifs communs d'action dans leur communauté puis collaborer à la mise en oeuvre de stratégies d'action. Le cheminà suivre pour évaluer paraît alors tout indiqué aux instigateurs du mouvement: il s'agit de mesurer l'atteinte de ces objectifs à partir d'indicateurs de résultats.

Une conception de l'action sociale comme un lieu de négociation

Un projet de Ville en santé s'appuie sur une action sociale qui allie différents partenaires à la mise en place d'un programme innovant. Pour analysercetteaction sociale, nous noussommes appuyés sur la ihéoriedumoded'action négocié (Monnier,1987). Les programmes innovants sont ici perçus comme le siège de

négociations entre individus, organisations et groupes d'intérêt qui entrent en compétition pour obtenir les avantages relatifs à l'exercice du pouvoir et l'attribution de ressources rares. Cette approche accorde donc de l'importance à la nature des interactions entre les partenaires. Le programme ne progresse pas linéairement depuis les objectifs de départ jusqu'aux résultats mais se transforme sous l'effet de négociations successives à propos des objectifs, des moyens à mettre en oeuvre et de l'appréciation des résultats. Dans ce contexte, on ne peut évaluer une action en comparant uniquement les résultats obtenus en fin de projet aux objectifs de départ.

TABLE DES MATIÈRES

P s g e l : Des projets villes et quartiers en santé à l'étude: résultats préliminaires de l'analyse et sommaire

Page* 2 : A un projet dynamique une approche dynamique

Page S ; Une information diversifiées et continue

Pag* 6 : Description de historique et du développement de Initiative de Mercier-Est

Page 7: Description de l'historique ei de développement de rmitiative de Pointe-Claire

Page 8: Description de (historique et du développement de firitiatrve de Saint-Michel

Page 10 : Mercier-Est : Un "success story*, fragile "

Page 11 Pointe-Caire : Rus que des objectifs, une règle de vie

Page 13 : St-Michef : Une histoire

récente, une réflexion en cours

L'ïmpact de c?îte conception sur l'évaluation

L'évaluation de Villes en santé est marquée depuis les débuts de ce mouvement par la recherche d'indicateurs. Les indicateurs sont vus par les experts comme le moyen le plus important peur démontrer aux décideurs que les initiatives Villes en santé ont des effets sur la santé des populations et sont donc rentables. Bien que les listes soient nombreuses, il n'existe pas de consensus sur les indicateurs pertinents à Villes en santé. Michel O'Neill (1990) indique à ce sujet que les experts et les décideurs ont peine à s'entendre du fait de la multiplicité des disciplines et des intérêts en jeu. Stevenson et Burke (1990) suggèrent que cette préoccupation pour les indicateurs dans le mouvement Villes en santé témoigne de la présence déterminante des bureaucrates en son sein. Ces derniers deviennent des "administrateurs piégés"qui doivent produire rapidement des données suggérant la réussite des initiatives. Pour ce faire, la production de listes d'indicateurs leur permet d'aider les décideurs à anticiper des tendances sociales pouvant avoir des effets négatifs sur la santé ou défendre les initiatives ayant des aspects positifs sur la santé. Par contre, il faut assumer que ces indicateurs ont des assises théoriques qui démontrent leur lien avec la santé. Ces constatations amènent les auteurs à proposer que la recherche vise à identifier une démarche théorique destinée à mieux conceptualiser des notions comme le développement durable, le développement des capacités de la communauté (empowerment) et la réduction des inégalités.

Panant de ces constatations, nous avons choisi une approche contextuelle ou systémique, celle qui se centre sur les activités du programme dans leur contexte de production, celle qui examine l'ensemble des variables dans un modèle de relations non linéaires. Cette approche nous permet de mieux décrire 1 'interrelation entre les éléments contextuels et la mise en oeuvre et d'ajouter à la réflexion sur les indicateurs mesurant les résultats des initiatives. Une stratégie de recherche est tout indiquée pour ce genre d'approche, soit l'étude de cas.

Un cadre de référence pour la compréhension des întiatives Villes en santé

Afin de guider notre analyse, nous avons déterminé un cadre de référence comprenant huit variables.

Les deux premières variables sont externes aux initiatives et réfèrent aux déterminants contextuels dans l'analyse d'implantation. Les cinq suivantes sont directement reliées à la mise en oeuvre des projets. On y retrouve des éléments déterminants du concept de Villes en santé, soit les objectifs, l'action intersectorielle et la participation des citoyens; la

MTROSDIMENSIONS [ T j j 3e Choque htemjtM Jtaneop^ EOton spéaafe septembre 1992 des vdfes et viBages en santé (Shertœoke-MomréaO

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structure de concertation miscenplacepour assurer la réalisation dos activités et les extrants que sont les activités ou sous-projets. La demi ère a trait aux résultats de l'ensemble de l'initiative.

Les questions suivantes se rapportent à chacune des variables que l'étude permet d'investiguer.

1 L'environnement externe. Jusqu'à quel point les facteurs externes au quartier ou à la ville (les lois, le contexte politique global, le contexte économique, le mouvement W S ...) ont une influence sur la mise en oeuvre et les résultats des initiatives?

2 L'environnement interne. Quelles sont les caractéristiquesduquartierou de !a ville (genèse du quartier, facteurs socio-démographiques, environnement physique, dynamique des ressources...) qui ont une influence sur la mise en oeuvre et les résultats.

3 La coherence des objectifs. Y a-t-il partage d'objectifs communs, officiels (ceux affichés) et réels (intérêts immédiats, valeurs de fait) entre les partenaires et cela, à tc-.is les niveaux de la structure des initiatives.

4 La participation des citoyens. Jusqu'à quel point et comment les citoyens interviennent dans'les divers processus de mise en oeuvre (l'évaluation des besoins, le leadership, l'organisation, la mobilisation des ressources et la gestion) ?

5 L'action intersectorielle. Jusqu'àquel point et comment différents organismes et groupes sont présents dans les divers processus de mise en oeuvre des initiatives ?

6 Lastructuredeconcertation. Quels sont les moyens mis en place par les organismes et les citoyens pour régir le fonctionnement d'une initiative (rôles ctmodalités de fonctionnement des comités, personnel, financement...) ?

7 Les activités. Quels sont les buts poursuivis par chacun des sous-comités ou sous-projets, leurs objectifs opérationnels et échéancier de réalisation, les activités réalisées ?

8 Les résultats. Quel est le ni veau de satisfaction des acteurs, quels sont les objectifs mesurables et quelle est l'ampleur du changement perçu ?

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'-'ne approche d'évaluation de type dynamique problèmes qu'ils se posent et finalement, à les aider dans la rechercho de solutions. Nous concrétisons cette démarche

Tout en nous appuyant sur un cadre d'analyse et des outils de ^\S-aJuauonàpamrdedciudisposmfs:unccmitépilotaRed^ collecie relativement développés, nous expérimentons dans •• - * cette recherche une méthode d'évaluation interactive et immédiatement utile aux acteurs des initiatives. Nous nous inspirons en cela d'un courant d'évaluation "centré sur l'utilisation" (Patton, 1983), que l'on appelle pluraliste (Monnier, 1987), dynamique (Fraisse, Bonetti et de Gaulejac, 1987), responsive (Stake, 1975) ou qui est orienté vers le consensus entre les acteurs (Guba et Lincoln, 1990). Nous sommes ici en correspondance avec l'approche du mouvement Villes en santé puisque cette dernière mise aussi sur la participation des principaux intéressés et sur la circulation de l'information.

En cours d'évaluation, les acteurs sont étroitement associés à rirverpréîation des données. Les résultats de l'analyse leur sont retournés de façon à les engager dans une démarche pour mieux comprendre leurs actions, à clarifer l'énoncé des

l'évaluation et un bulletin de liaison.

Lô comité pilotage

L'NE APPROCHE DE TYPE DYNAMIQUE, UN PROCESSUS CONTINU ET LNTERACTIF

RAPPORT FINAL DÉBUT

Le comité pilotage comprend deux représentants de chacune des trois initiatives, l'équipe de recherche et l'animatrice du comité. Sept rencontres mensuelles ont eu lieu du premier novembre 1991 au7juin 1992. Enplusdecrcsibueràvalider nos analysés préliminairesjesdiscussions avec 'es représentants des sites nous ont conduits à étudier des thèmes qui étaient, pour eux, l'objet de vives préoccupations. Nous faisons référence ici à l'impact sur le fonctionnement interne des organismes suite à leur participation aux initiatives, au désengagement de cenains partenaires et à la difficulté de trouver un juste équilibre en tre la confroni ticn e t la concertation dans divers dossiers chauds. En discutant entre eux, les représentants des initiatives ont pu faire connaître leur

expérience et bénéficier de celle des autres. Ces représentants sont appelés à commenter le présent bulletin et ils se sont portés volontaires pour faire un bref commentaire écrit sur l'ensemble de l'étude, commentaireque nous joindrons au rapport final.

COLLECTE OES DONNÉES

A ; ANAL YSE DES DONNÉESV RENCONTRES DU COMITÉ DE PILOTAGE

Le bulletin de fïaison

Afin d'élargir à l'ensemble des participants ces discussions, nous avons produit un bulletin de liaison. Lesaoeursdes initiatives ont reçu de, février à juin 1992 quatre numéros de ce bulletin. Ce dernier présencaitdes activités menées par chacune des initiatives, l'analyse résultant des discussions do comité pilotage et des nouvelles de ce comité. Il invitait finalement les lecteurs à envoyer leurs commentaires. La distribution était assurée par les .représentants des initiatives au comité pilotage.

Celte straiégied'évaluation nous amène donc à faire l'analyse du matériel recueilli toutau long de l'étude comme l'illustre le schéma ci-contre.

EN TROIS DIMENSIONS Édition spéciale septembre 1932 3e Colloque international francophone

des viBes et villages en santé (Sherbrooke-Montréal)

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U N E I N F O R M A T I O N D I V E R S I F I É E

E T C O N T I N U E

La réalisation de cette étude s'appuie sur trois principales sources de données qui sont complémentaires. Les documents écrits relèvent les faits saillants de la démarche des projets. Les observations nous renseignent sur la dynamique interne de chacune des :r.itiatives. Finalement, les entrevues nous permettent de recueillir les opinions et les perceptions des acteurs sur les buts, le déroulement et les résultats du projet.

Les documents écrits

Nous avons recueilli pour Mercier-Est, 18 procès-verbaux de réunions du comité promoteur, une revue de presse constitué de 23 articles publiés dans le journal local, par le projet lui-même ou encore dans des revues régionales et finalement, 3 rapports produits par M.E.Q.E.S.. Les sources documentaires provenant de Peinte Claire component les procès-verbaux de 7 réunions et 19 documents de nature diverse écrits tant en français qu'en anglais. A Saint-Michel, nous avons recueilli 28 procès-verbaux provenant du comité promoteur provisoire, du comité exécutif, ou de rencontres d'intervenants communautaires dans le cadre de la mise en marche de l'initiative, une revue de presse abondante (60 articles en grande majorité dans les journaux locaux) et enfin, une quarantaine de documents consignant différents aspects de la démarche de Saint-Michel. Les extraits jugés pertinents ont été retranscriis et ajoutés à la banque de données.

Les observations

Chaque site a été visité par un des membres de l'équipe de recherche à l'occasion de réunions de comités ou du déroulement d'une activité. L'observateur faisait ensuite un rapport écrit de son observation. Du 25 septembre 1991 au 11 juin 1992, nous avons pu faire ^.observations participantes dont 6 à Mercier-Est, 5 à Pointe-Claire et 8 à Saint-Michel.

Les entrevues

En tout, 45 entrevues ont été réalisées auprès des acteurs et actrices des sites par les techniciens en recherche à partir d'un échantillon intentionnel Nous avons rencontré des acteurs en provenance de différents organismes et des acteurs qui sont citoyens. Nous nous sommes efforcés d'interroger des acteurs situés à différents niveaux d'influence des initiatives et susceptibles d'avoir des opinions complémentaires, voire même contraires, sur le déroulement des initiatives. A Saint-Michel, suite à la demande des deux représentants au comité pilotage, nous avons interrogé davantage de citoyens que prévu. De plus, nous avons fait une entrevue de groupe auprès des trois membres de l'équipe Vivre Montréal en Santé.

Les entrevues ont été menées à partir d'un canevas d'entrevue qui s'est transformé à mesure que l'analyse se faisait dans l'équipe de recherche et avec les acteurs. Les entrevues duraient en moyenne une heure et furent rctranscrites.

Quinze personnes, 11 femmes et 4 hommes dont 7 citoyens ont été interrogées. Nous avons rejoint 6 des 7 membres du conseil d'administration de M.E.Q.E.S. et au moins une personne de chaque sous-comité. Certaines des personnes interrogées étaient présentes au début du projet mais n'y participaient plus activement au moment de l'entrevue.

Onze personnes, 5 femmes et 6 hommes, ont été interrogées à Pointe-Claire. Nous avons rejoint tous les membres du comité promoteur ainsi que des personnes ayant participé à une ou l'autre des activités de l'initiative.

Dix-neuf personnes (10 hommes, 9 femmes) furent interrogées à Saint-Michel dont 7 citoyens, 7 personnes des services publics ou para-publics, et 5 autres travaillant dans des organismes communautaires (dont 3 provenant d'un même organisme). Ces derniers sont ou ont été en majorité résidents du quartier. Tout l'exécutif a été rencontré. Douze des 19 personnes ont participé au comité promoteur au cours de l'année alors que 14 d'entre elles ont fait partie d'un des comités d'action. Au moins un membre de chaque comité a été interrogé.

De l'information à l'analyse

Ayant finalement en notre possession une somme importante de données et poursuivant une interaction continue avec les partenaires des initatives, nous nous sommes dotés de moyens efficaces et de procédés rigoureux pour gérer et traiter les données à partir de logiciels de gestion de fichiers et d'analyse deconten u automatisée. Ces dernières ont toutes été classifiées selon un même liviedecodeettraitéesparinfonnatique. Nous nous sommes servis d'instruments d'analyse tels que résumés d'entrevue, résumés d'observation et mémos d'analyse qui nous ont permis de regrouper rapidement l'information et ainsi planifier les entrevues suivantes, reviser périodiquement le système de classification et présenter des résultats préliminaires. Nous traitons actuellement l'ensemble des trois sources de données à partir d'une analyse de contenu thématique basée sur la réduction de données (Corbin, 1986, Miles & Huberman,1984).

La présente analyse a trait aux variables objectifs, participation et action intersectorielle. Même si elle a été faite à partir de l'ensemble des données finales sur ces trois variables, il reste qu'ils'agitd'une analyse préliminairequi sera enrichie par les réactions des partenaires des trois sites à l'étude à ce présent bulletin, par la mise en rapport dans les mois qui suivent avec l'analyse des autres variables (environnements externe et interne, structure de concertation, activités et succès) et par l'analyse transversale des trois sites entre eux.

EN TROIS DIMENSIONS Édition spéciale septembre 1992

3e Colloque international francophone des viOes et villages en santé (Sherbrooke-Montréal)

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MERCIER-EST Q U A R T I E R S SANTÉ

Mercier-Esi est un quartier de l'est de Montréal d'environ 45 000 habitants. II est borné par des éléments structurels : une carrière à l'est, le fleuve au sud et une autoroute à l'ouest qui le délimitent clairement Habité par une population à très grande majorité francophone et de classe socio-économique moyenne, ce quartier connaît depuis quelques années une migration importante qui amène les résidents "le longue date à côtoyer une nouvelle population. Situé dans l'est de la métropople, Mercier-Est subit la restructuration industrielle liée à la récession et a ainsi vu de nombreuses randes usines fermer leurs portes au

. >urs de la dernière décennie.

Mercier-Est est le premier projet de quartier en santé sur l'Ee-de-Montréal. Amorcé en 1987 lors d'une recherche-action conduite par le CLSC Mercier-EsiNAnjou, ce projet a pour but de "cor.-àître les besoins de la population adulte en matière de santé, de services sociaux et communautaires". Cette consultation est menée par un organisateur communautaire du CLSC qui s'associe douze citoyens, chacun, organisant une rencontre avec une dizaine de citoyens de chacune des paroisses du quartier. Pendant que se poursuivaient les consultations dans les paroisses, les professionnels étaient à la recherche d'un moyen concret pour traduire au niveau local les grandes préoccupations de 1'O.M.S. et surtout pour polariser les préoccupations et les actions éventuelles de tous les partenaires du milieu. C'est alors que l'organisateur communautaire a pris connaissance du mouvement VILLES ET VILLAGES EN SANTE D fut alors décidé de situer le projet de recherche-action dans le cadre de ce mouvement de promotion de la santé.

Après que le groupe eût été reconnu par le CLSC, une première rencontre réunit 45 personnes des sept paroisses et du

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HLM Thomas-Chapais. Une rencontre est organisée peu après (mars 1983) avec les trois conseillers municipaux et les représentants de l'Office municipal d'habitation afin d'obtenir leur jppui à la réalisation du projet de quartier en santé. La première rencontre du comité promoteur eut lieu le 15 novembre 1988. Etaient alors présents, les conseillers municipaux, un représentant de l'administration municipale, des représentants du CL SC. du DSC, de groupes commun£L".aires des G.R.T.. d'une Caisse populaire du quartier, deux professionnels bénévoles et cinq citoyens dont la représentante de l'Association des locataires du HLM Thomas-Chapais. Les sous-comités du comité promoteur se miient alors sur pied: santé mentale, environnement, habitation comprenant le logement et les HLM, jeunes, sécurité, travail etpromotion.

Dépuis ce temps, chacun des comités a réalisé plusieurs activités. Le tableau suivant retrace chronologiquement les activités des comités de M.E.Q.E.S.

POINTE-CLAIRE

Pointe-Claire est une municipalité bien nantie de l'ouest de l'Ile-de-Montréal. Y vit une population de 28,OCX) habitants, principalement de classe moyenne et moyenne élevée. En 1988, Pointe-Claire devient la première municipalité de l'Ile à adhérer au réseau provincial de Villes et villages en santé. On retrouve à Pointe-Claire une tradition municipale que nous qualifions d'"écologique", un maire influent qui a un intérêt marqué pour les questions de santé et un Département de santé communautaire qui, par l'entremise d'une professionnelle, est actif dans la promotion du concept de Villes et

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villages en santé. Pour les responsables de la municipalité, iïéuit facile d'adhérer à ce projet puisque l'orientation Villes en santé était déjà intégrée dans les politiques et services de la municipalité. L'adhésion au projet de Villes en santé permet 3 ussi à Poin te -Claire d'être le chef de file en ce domaine parmi les municipalités de l'ouest de l'Ile.

L'enviro:-:;cment, la santé des citoyens, en particulier par des mesures collectives contre la cigarette et l'alcool dans les lieux publics, le plan d ' urbanisme de la municipalité sont les secteurs d'intérêt du comité "Ville en santé".

SAINT-MICHEL

Saint-Michel est un quartier de 57 000 habitants possède des services et des organismes communautaires bien implantés dans leur milieu. Leurs défis sont de taille puiqu'il leur faut contrer les effets de la croissance de la pauvreté et d'un environnement physique dégradé (présence d'anciennes carrières devenues sues d'enfouissement, mixité industrielle et résidentielle, division en sous-secteurs isolés). Depuis une vingtaine d'annees, quelques expériences de concenation entre les organismes ont été entreprises. Certaines d'entre elles ne se déroulaient qu'à l'échelle d'un sous-secteur ou d'une paroisse. Dans l'ensemble, elles n'ont pas toujours débouché surdes actions concrètes et ont laissé une insatisfaction dans la communauté.

Vivre Saint-Michel en santé naît au printemps 1990 d'une rencontre entre représentants do secteur de la santé (CLSC, DSC),

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une conseillère municipale et un représentant du milieu communautaire.. Profitant de l'expérience du quartier de Mercier-Est. les organismes décident ensemble de tenter une nouvelle démarche de conccnation autour du concept de Villes en santé.

Les n-ois qui suivent sont consacrés à la mobilisation des organismes et à la consultation de 700 citoyens sur les besoins du quartier. Le projetprend son envoléeau printemps 1991 par la tenued'un FORUM réunissant un grand nombrederésidants et de représentants de différents organismes. C'est l'occasion d'identifier les actions jugées prioritaires à mener Carrière Miron, développement économique, famille, logement, loisirs, parcs, relations multi-ethniques, santé, sécurité des citoyens, transport. Dès lors, le projet se dote d'un comité promoteur permanent et d'un comité exécutif qui voient au support ét à la coordination des groupes de travail.

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Améliorons la oualifé de vie

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MERCIER-EST : UN STORY»...FRAGILE

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Premier projet de quartier en santé, le succès de Mercier-Est est tel qu'il a influencé les autorités municipales à implanter en 1991 "Vivre Montréal en santé". Les autres quartiers dont Saint-Michel, s'en inspirent pour amorcer leur projet de quartier. Les résultats de certaines activités amènent cette citoyenne à dire:

"(V expérience deM.E.Q.E.S.)... améliore la qualité de vie dans les quarters c: on influence les decisions de tout l'Est et toute l'Ile"

Malgré ce rayonnement important, l'avenir du projet demeure

Cette participation est par contre sous-tendue par des objectifs réflétam les intérêts des participants.

Les objectifs réels rapportés par les sources documentaires sont davantage associés par les représentants des organismes àdespréocupadonsorganisationncIJesqu'àdespréoccupaDons reliées à la santé. Ainsi, les intervenants mentionnent que leurs objectifs sont de "permettre une meilleure accessibilité aux services", "permettre d'avoir le pouls de la communauté sur les différents aspects de vie dans le quartier", "collaborer sur la base de son expertise en matière de santé". Les organismes profitent donc de cette expérience pour se rapprocher de la population et faire valoir leurs services. Les citoyens mentionnent davantage leur espoir "de se concerter avec les organismes du milieu", " d'accroître la possibilité pour la communauté d'avoir du pouvoir face aux structures administratives". Si les intérêts des partenaires convergent en ce sens que l'initiative permet de rapprocher citoyens et organismes, les citoyens soulè vent l'enjeu de ce rapprochement, unplusgrandpouvoirsurlesdécisions. Ces intérêts divergeront-ils au fil des années?

La participation des citoyens

La participation des citoyens est un enjeu important relié au développement communautaire identifié de plus en plus en

fragile comme l'expriment plusieurs personnes interrogées, promorion de la santé comme une stratégie importante pour Le désengagement des organismes, une relève qui tarde à se manifester et l'embauche de quatre coordonnateurs depuis deux ans sont autant d'éléments qui indiquentla précarité d'un projet-pilote comme M.E.Q.B.S.

Une cohérence des objectifs convergence d'intérêts

fondée sur une

L'émergence et la mission de M.E.Q.E.S. sont marquées par un objectif central, l'amélioration de la qualité de vie dans le quartier. Ainsi, dès l'amorce du projet on retrouve dans les procès-verbaux la définition des objectifs de l'organisme en ces termes:

"M.E.QX.S. vise la promotion d'une ville, d'un quartier et d'une rue en santé par le développement de comités de promotion de la qualité de vie fondé sur la coopération intersectorielle et le dévelopement d'outils d'éducation et de sensibilisation."

Cet objectif est partagé par la majorité des acteurs interrogés ' qui nous répondent que le projet permet "de voir avec les organismes comment on pourrait améliorer la qualité de vie"(une citoyenne), "l'objectif de départ est la prise en charge par le citoyen de tout ce qui touchait la santé dans un sens très global, la qualité de vie" (un représentant d'organisme). Bien que l'ampleur de cet objectif en laisse certains perplexes, il réussit à rassembler les acteurs et à motiver leur participation.

faire en sorte que les programmes publics innovants deviennent permanents et atteignent leurs objectifs. Il y a plusieurs définitions de la participation des citoyens. On la définit notamment en la distinguant en deux catégories: la participation active et passive. Par îa première, la population est considérée comme partenaire par les organismes ou encore est engagée activement dans la réalisation d'activités. La seconde met l'accent sur le nombre de citoyens qui participent à des activités collectives (Fortin et coll., 1991). Les motivations qui poussent les citoyens à s'inscrire dans des actions de promotion de la santé sont une autre fces caractéristiques étudiées de la participation (Florin, 1984).

Une participation active...

La participation des citoyens est perçue par tous les partenaires de M.E.QJE.S. comme essentielle au projet. Pour les représentants des organismes, la participation des citoyens est une stratégie souhaitable; on indique même que le rôle du citoyen doit être un rôle de leader. Quant à eux, les citoyens

- reconnaissent non seulement qu'ils participent à toutes les étapes du projet - de l'évaluation des besoins à la réalisation des activités -, mais encore qu'ils doivent assurer le leadership dans les postes-clés. La participation y est donc active car on y retrouve une mobilisation de longue durée. La majorité des citoyens interrogés participent en effet à l'initiative depuis plus de trois ans. De plus, ils occupent les postes de direction ce qui leur assure une influence sur le développement de

EN TROIS DIMENSIONS [ 10 fl 3e Colloque international francophone Édition spéciale septembre 1992 des villes et villages en santé (Sherbrooke-Montréal)

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Tiniiaiivc. En effei, l'initiative est devenue une corporation sans but lucratif régie par des statuts et règlements qui indiquent notamment que tous les postes décisionnels ne peuvent être occupésque par des résidents du quartier. Trois postes d'administrateurs sont réservés à des représentants d'organismes.

Les besoins, source de motivation

Plusieurs citoyens interrogés ontune expérience d* implication communautaire (comités d'école, éducation populaire...) et manifestent un attachement profond à leur quartier. Lorsqu 'ils décrivent la participation des citoyens, ils l'identifient comme le fondement de l'initiative et notent qu'elle se fait en fonction de leurs besoins.

"Si un citoyen tient à coeur à régler un problème, il va participer"

"C'est les idées des gens (qui déterminent les priorités). Quand quelqu'un a des idées, il les dit et là, s'il y a du monde pour travailler avec, il se fait un groupe et ça se fait (le comité De Beaurivage)".

Mais cette participation des citoyens soulève tout de même des questions chez certains représentants d'organisme. Un projet regroupant tant de personne* peut-il être efficace? Les citoyens sont-ils compétents pour trouver des sources d'auto-financement comme les organisateurs communautaires peuvent le faire?

Du développement communautaire à l'action intersectorielle, un chemin tortueux

Le développement communautaire est à la base de l'histoire de cette initiative. Ainsi, leCLSCs'estassociéà la population pour identifier les besoins de santé de la population adulte et, par la suite, a inscrit ce projet dans le cadre de Villes en santé. La participation des citoyens s'accompagne d'une certaine réticence envers les institutions publiques comme le rapporte ce document qui signale " qu'il existait une certaine méfiance à l'égard des organismes subventionnés par l'Etat comme le CLSC". Ainsi, comme nous le notions lors de l'analyse des objectifs, cette démarche pemet aux organismes de se rapprocher des citoyens.

citoyens et intervenants: "mettre en contact les clientèles des organismes avec d'autres services du quartier", "un travail d'équipe", "la parfaite collaboration entre les différants intervenants et les citoyens dans l'organisation d'activités". Aux yeux des citoyens, la place des organismes est importante car "on a quand même besoin d'avoir des ressources", "l'expérience ies professionnels fait en sorte qu'ils sont bien placés pourconseillcr les citoyens". A l'image des observations que nous avons pu faire, l'intersectorialité se vit comme le décrit cette conseillère municipale:

"quand il y a des demandes. des besoins, ça se fait en général autour de la table... celui qui peut offrir les ressources dit bon, ben c'est correu moi je m'en occupe. Moi je vais faire la demande pour telle choser

Si les personnes rencontrées se disent satisfaites de I'inicrseciorialitéde l'initiative, la finalité du développement communautairepeutcontrecarrercesacquis. EneffetJ'cbjectif du développement communautaire est que les citoyens prennent en charge le développement de l'initiative et que le soutien accordé par les organismes pour le démarrage diminue graduellement Ainsi, le CLSC qui assurait la coordination lors du démarrage retire graduellement son soutien financier. On remarque que la présence des décideurs du début diminue graduellement. Sous prétexte de respecter les fondements du développement communautaire qui vise l'entière prise en charge d ' un projet par les citoyens, est-ce que I ' intersectorialité devTaitcesserd'êtreteUequ'ellesevitactuellementàrintérieur de l'initiative?

POINTE-CLAIRE : PLUS QUE DES OBJECTIFS, UNE RÈGLE DE VIE

L'action intersectorielle s'est-amorcée quand l'organisateur communautaire a sollicité la participation des autorités L'impiantationderinitiativeàPoinieOaires'estgrandement municipales et ceUe d'autres organismes teisl'Office municipal i n s p i r é e d e h démarche proposée par le réseau québécois de d'habitation. Cette action intersectorielle se fonde souvent, v n i e s ^ v i I l a g c s e n s u a L m document produit par le comme dans d'autres projets de Villes et villages en santé, sur D S C et faisant lapromotion du concept à travers son territoire, les relations personnelles. En effet, la naissance du projet dans onreprend la définition des deux promoteurs du concept Duhl les H L M étant d u e à la relation qui existait entre les représentants etHancock(1986),aonseréfèreauxobjectifsqu'ilspréconisent du CLSC et de l'Office municipal d'habitation, ^ d e v e n i r une ville en santé. L'intersectoriahtéestainsidécriteparlesacieursderinitiative,

EN TROIS DIMENSIONS I H j 3e Colloque international francophone Édition spéciale septembre 1992 des vHtes et villages en santé (Sherbrooke-Montréal)

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En premier lieu, le comité VVS" (ce comité est appelé "comité a viseur" ou "comité WS" mais rarement "comité promoteur") a adopté d'cm blée les objectifs d'amélioration de b qualité de vie des citoyens et il Ta faitsienen intégrant les objectifssan té dans les règlements municipaux. De cette façon, la Ville a développé une politique municipale de santé môme si tout Je monde s'entend pour dire que Pointe-Claire avait déjà une préoccupation santé bien avant l'arrivée du mouvement VVS. " La ville fasait déjà beaucoup pour ses citoyens".

L'ensemble des personnes rencontrées en entrevue, n 'hésitent pas en effet à dire que l'objectif primordial est de "rester près du concept (on sous-entend WS)", "d'intégrer la dimension santé dans toutes les sphères d'activités de la municipalité". Au comité aviseur et aux réunions des différents projets, les représentants du DSC louent les mérites du concept eten font la promotion comme pour rappeler aux autres partenaires l'objectif ultime du projet- "penser santé". Si l'action du comité touche jusqu'à présent la vie municipale, le comité vise aussi à ce que les citoyens pensent et agissent VVS, c'est-à-dire qu'ils adoptent dans leur vie quotidienne, des attitudes santé de protection de l'environnement urbain et des comportements de santé basés sur les principes mis de l'avant.

Quelques ombres au tableau des objectifs

Certainespersonnesinierrogéessesontmoniréespluscritiques à l'endroit des objectifs du comité. Mentionnons par exemple les opinions suivantes : les objectifs pourraient être plus près de ceux des groupes environnementaux qui militent à Pointe-Claire; si on suivai 1 à la lettre les objectifs WS, on créerait une ville encore plus humaine; les objectifs pourraient être plus spécifiques aux jeunes ou encore pourraient viser à régler des problèmes de pollution des eaux du Lac, des horaires d'autobus de la S.T.C.U.M. et de développement de l'activité commerciale dans le village de Point-Claire qui risque de faire fuir les résidents ; on ne devrait pas trop centrer le projet sur des mesures destinées à réglementer des comportements tels que l'usage du tabac ou de l'alcool. Quant à l'objectif de tendre vers un territoire en santé origine du DSC, certaines personnes s'interrogent sur la pertinence de déployer des énergies pour faire rayonner le projet à l'extérieur de Pointe-Claire. Enfin, une seule personne ne comprend pas vraiment la mission du comité.

Comme tojs les autres comités de la Ville, les membres du comité WS sont là pour discuter et faire ressorir les besoins Le maire a alors pour mandat de faire des suggestions au conseil. La participation des citoyens se vit à travers la composition du comité aviseur. Les membres sont en effet citoyens avant d'être maire, directeur de la ville, représentant de la santé ou du communautaire, si bien qu'on considère qu'au comité : "on a le pouls de la population".

Une participation des citoyens aux activités

Cn parle surtout de la participation des citoyens en se référant au fait que la population participe beaucoup aux activités mises en place dans le cadre de l'initiative. La participation aux collectes sélectives des déchets est plus grande qu'on ne l'espérait. L'intérêt des citoyens pour le compostage dépasse aussi les espérances des organisateurs de l'activité.

Des lacunes dans la participation

Un des membres du comité mentionne à plusieurs reprises que l'initiative Ville en santé n'est pas connue de la population, même si le journal de Pointe-Claire a déjà publié au moins un article sur l'adhésion de la Ville au mouvement WS. Les citoyens savent que leur Ville met en marche divers projets touchant l'environnement, la santé, le mieux-être mais n'associent pas vraiment ces activités à VVS. On note finalement que la participation est plutôt "réactive"que "proactive". Parmi les suggestions faites pour susciter davantage la participation des citoyens, en voici quelques-unes: il devrait y avoir au moins un représentant de tous les quartiers de la ville au comité promoteur on devrait faire un sondage auprès de l'ensemble de la population sur leurs besoins et, voire même, une consultation; il serait urgent de faire un plan de communication afin de renseigner les citoyen(ne)s au sujet des activités que Ville en santé promeut

A propos de l'intersectorialité ; ; un lien étroit ville/DSC

La participation des citoyens à Pointe-Claire

Pointe-Claire est une ville de banlieue riche en raison de son parc industriel imposantetdeson activité commerciale intense. La ville a'donc les moyens de mettre sur pied des services pour répondre aux besoins de sa population. Les citoyen(ne)s sont choyé(e)s par la qualité et la quantité de services offerts par ieur municipalité. Un représentant de la Ville dit :MOn offre tant qu'ils n'ont peut-être pas besoin de participer (aux comités aviseurs)".

Si les documents officiels du DSC font mention de l'intersectorialité et de la multisectorialité, il demeure que les liens les plus forts et les plus assurés se retrouvent entre la Ville et le DSC. Ces liens dépassent largement l'adhésion à des objectifs communs. Ils sont associés la plupart du temps au type de personnes impliquées dans l'initiative. Dans les réunions du comité aviseur par exemple, il est facile d'observer .la bonne entente entre les leaders du monde municipal et du monde de la santé. Quoiqu'on reconnaisse l'influence marquée du maire pour des questions de santé, la représentante du DSC n'en relire pas moins une bonne partie des bénéfices. On dit d'elle ». " elle est l 'experte". . . c'est elle qui amène l'idée

"... avec le maire, elle oriente vers les besoins".

EN TROIS DIMENSIONS édition spéciale septembre 1992 al 3e Colloque international francophone

des viDes et villages en santé (Sherbrooke-Montréal)

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Des rôles bien définis peur chacun £es deux organismes

Cette union ville/DSC. fort heureuse pour le succès des activités, est due au fait que chacun a un rôle bien précis lorsqu'il s'agitd'organiscrdesactiviiés. Lors d'un événement tel que la journée Portes ouvertes sur les usines de filtration des eaux, ou au cours de réunions du comité aviseur, les représentants du DSC agissentà titredeconsultantsoud'expert en b matière. Les représentants de la Ville (élus en tête) possèdent quant à eux le rôle de décider et d'offrir un soutien logistique au bon déroulement de l'activité. La Ville donne l'argent, fournit les services. Le maire en personne s'implique. Ainsi, il écrit une lettre aux restaurateurs pour favoriser l'adoption des menus Mieux vivre dans sa ville.

L'intersectorialHé se retrouve dans les projets

Parmi les personnes consultées, certaines soutiennent que ce qui est primordial, ce sont les personnes qui y siègent, non les organismes qu'ils représentent Si l'intersectorialité ne s'impose pas au comité aviseur, elle est cependant toute présemedanslesprojets. Parexemple. la personneresponsable, lorsqu'elle vient du DSC, s'associera, au besoin, à des collaborateurs provenant du milieu de l'éducation, de la santé et des services sociaux, etc., et trouvera des commandites auprès de l'entreprise privée. Le projet de prévention de l'alcool au volant est un bel exemple de ce type d'association.

S A I N T - M I C H E L : U N E H I S T O I R E R É C E N T E , U N E R É F L E X I O N E N C O U R S

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Les promoteurs du projet Vivre Saint-Michel en santé ont voulu regrouper les décideurs d'organisme puis, à partir des décideurs, essayer d'impliquer la communauté résidente. Mais voilà! Si les organismes tirent satisfaction de leur participation à ce projet, force est de constater que la participation des citoyens est faible et c'est de ce côté que viennent les perceptions les moins positives sur le projeL Ce

n'est pas vraiment un échec parce que les participants sont conscients de la situation et que le projet est dans sa première phase de réalisation. II n'en demeure pas moins que des réajustements s'imposent Par la description des informations recueillies sur les objectifs. l'action imerscctorielle et la participation, il est possible d'identifier les éléments qui ont créé cette contradiction et qui sont susceptibles d'être améliorés.

Entre organismes : un partage d'cbjsctifs ccnimuns et une ambiguïté

Dans ce quartier où les besoins sont criants et où la concertation n'a pas abouti à des résultats concluants, les promoteurs, décideurs et intervenants du réseau institutionnel et communautaire, s'entendent pour mettre en branle le processus d'action intcrsectorielle et pour faire des actions concrètes qui amélioreront la qualité de vie des ciioyen(nes). On souhaite que "les décideurs s'engagent vraiment dans l'action et dégagent des ressources" et que le projet "s'attaque non seulement à des grands problèmes mais aussi valorise des services à la communauté et des actions humbles telles que service de dépannage, etc." (extraits de procès-verbal). Ces objectifs seront adoptés par l'ensemble des membres du comité promoteur durant l'année suivante. En se regroupant, les organismescréeront une instance porte-parole eteontribueront ainsi à donner davantage de pouvoir au quartier devant les autorités politiques:

"(Par la concertation) on aurait beaucoup plus de crédibilité au point de vue des institutions gouvernementales, soit municipales, fédérales ou provinciales. Lorsqu'on aurait des choses à demander, des revendications, ça passerait mieux." Un membre de l'exécutif

En plus de meure de l'avant des objectifs officiels, les organismes entretiennent des préoccupations plus immédiates. Ainsi, le projet est d'autant plus attirant qu'il n'entre pas en contradiction avec le mandat de l'organisme. Un directeur d'organisme précise à ce propos que:

"VSMS .c'est un véhicule pour P organisme. 95%de son mandat consiste à donner des services sociaux et de santé individuels ou de groupe mais (...) il ne doit pas seulement réparer les pots cassés (.-) mais s'impliquer avec les autres (...) pour améliorer „.la

... qualité de vie."

Plusieurs représentants d'organisme rapportent que le projet permet aussi de rejoindre des objectifs propres à chacun des organismes participants: accroître la visibilité de l'organisme, en améliorer l'image, en assurer la survie, mieux connaître les ressources, faciliter le maillage des organismes, etc.

EN TROIS DIMENSIONS édition spéciale septembre 1992

13 3e Colloque international francophone 1 des vdJes et vitages en santé (Sherbrooke-Montréal)

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La participation des citoycn(nes) fail panic des objectifs officiels. Ainsi, i] est écrit dans un document que: "Vivre Saint-Michel en santé vise à améliorer ïa qualité de vie des Michelois et Micheloises en misant sur la concertation des citoyens, des intervenants et des décideurs. Mais seulement quelques rares intervenants communautaires disent que "ce qui importe, c'est que les gens du quartier prennent en charge le développement de leur quartier". Nulle part ailleurs dans le discours des représentants d'organismes, la participation des citoyen-nes n'est envisagée comme un objectif prioritaire et à court terme. On croit que ceux-ci se joindront au projet quand il aura fait ses preuves, quand "il y aura des actions concrètes et que les gens sentiront que VSMS, ça leur appartient, que ça appartient pas à une gang dcdécideur(e)sou d'intervenant(e)s" (un membre de l'exécutif).

Un bel exemple de concertation

Comme le disait un représentant d'organisme: "Vivre Saint-Michel en santé est un bel exemple de concertation". On note certes des absences : les écoles, le milieu de l'industrie et les communautés culturelles. On retient par dessus tout que le projet associe 35 organismes en provenance de différents domaines d'action: "Du jamais vu dans le quartier" Et il n'y a pas encore eu de désaffection. Pour expliquer cette situation, les acteurs mentionnent les deux éléments suivants:

^ toWQUP (Torganigm^ »rrnnem unr. m n ^ ^

Les gens interrogés considèrent que, dans l'ensemble les organismes contribuenteffectivementauprojet dans la mesure de leurs moyens et en fonction de leur mandat. Ainsi deux organismes de santé et trois groupes communautaires prêtent les ressources de soutien (un coordonnateur et neuf responsables de comité). Ces organismes avec la collaboration de plusieurs autres et des élus allouent à l'occasion des sommes d'argent pour la réalisation d'activités, offrent des locaux, font la photocopie et l'envoi de documents. Les journaux locaux assurent la couverture de presse. Les propos recueillis ici et là révelem quelques notes discordantes. Certains participants déplorent que les servicesde la Ville n 'apportent pas davantage de souuen financier et trouvent qu'ils n'ont pas démontré jusqu à présent qu'ils pouvaient introduire une approche communautairedansleurgestionadministrative.Unintervenant dans un organisme communautaire qui a beaucoup investi dans le projet croit qu 'il "ne retire pas de visibilité comme les organismes du réseau".

2) Un leadership p^agl

L«: postes de l'exécutif sont assumés par des représentants de différents domaines d'action. Le communautaire en détient trois. le réseau de la santé, le milieu des affaires et les élus chacun un. De même, dans les comités d'action des représentants de différents organismes y travaillent et estiment avoir un mot à dire sur les décisions.

Chez les cïtoyen(ne)s, des objectifs d'an ordres différents

Les entrevues avec les citoyen(nes) et avec certains intervenants de groupes communautaires révèlent un autre niveau de préoccupations que ceux mentionnés plus haut au sujet des organismes. Certes, ils se rallient à l'objectif prioritaire de leur comité issu du Forum de mars 1991 (organiser une semaine de propreté et de sécurité dans les parcs, améliorer le transport en commun, implanter une maison de la famille, rapprocher les services de santé de la population, etc.) Leurs objectifs réels sont cependant plus concrets. Une résidente dans un groupe communautaire a accueilli le projet de cette façon:

Tétait comme quelque chose de tout à fait extraordinaire (...), si on avait des projets, pour une

fois aussi on aurait des argents qui iraient avec."

Les objectifs sont souvent personnels, parfois humanitaires Ainsi, un citoyen s'est impliqué dans un comité pour faire enrayer la drogue et la prostitution dans son quartier, une autre l'a fait pour sortir de son isolement et parce que la santé lui tient à coeur et un troisième, parce qu ' il veut améliorer le son de ses enfants et de ceux du quartier, surtout en matière de loisirs.

Un problème : la participation des citoyen(ne)s

A l'exécutif comme au comité promoteur, les représentants d'organisme d jlorent à la quasi unanimiié,quelesciioyen(ne)s ne soient pas très présents dans le projet. D y en a une quarantaine dans l'un ou l'autre des com ités (dont une vingtaine dans le comité CTED-Miron seulement). Quelques-uns ont l'expérience de l'implication communautaire alore que la majorité sontdescitoyen(nes)ordinaires. On necomptepas de jeunes, certains secteurs du quartier sont peu représentés de même que les communautés culturelles. On entend peu les citoyen(ne)s participants. Ils sont peu impliqués. Certains même s'apprêtent à "décrocher".

On peut, à l'exemple d'un informateur, expliquer cette désaffection par des facteurs externes au projet tels que la période de morosité et l'individualisme de la société actuelle, la diversité ethnique du quartier et la division en sous-secteurs isolés.

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des villes et villages en santé (Sherbrooke-Montréal)

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I.

Les gens interrogés se sont aussi exprimés sur les motivations qui conduisent les citoyen(ne)s à participer à un projet communautaire. Les citoyens s'impliquent sur des problèmes qui les concernent directement, quand ils voient qu'il y a déjà des espoirs de solution ou que le bateau est déjà en marche, ou encore quand ils sentent qu 'ils ont du pouvoir. Les citoyen(nes) ont donc des motivations tout aussi précises et concrètes que les objectifs qu'ils poursuivent

"C'est dans la mesure où ils vont régler leurs problèmes que peut-être certains d entre eux vont s'intéresser à une vision collective plus large et embarquer dans des processus à plus long terme (...) Ce n'est pas la conscience collective des gens nécessairement. Les gens ils veulent régler leur affaire. La conscience collective 4a commence par trouver une solution à ses problèmes. " Un représentant d'organisme

Il est permis de penser que VSMS n'offre pas toujours les conditions propices à combler les aspirations des citoyen(nes) qui y participent D'abord, le Forum de mars '91, axé sur la reconnaissance de priori tés issues en bonne partie d'un sondage auprès de la population, n'a sans doute pas permis aux citoyen(nes) participants de faire connaître comme ils l'auraient voulu leur vision du problème pour lequel ils voulaient s'impliquer. Ensuite, les citoyen(nes) occupent une place réduite dans la structure (au moins un poste à l'exécutif et trois au comité promoteur).

"Ils (les citoyens) ne se sentent pas partie prenante (de VSMS) (.„). fis sont très capables de faire un paquet de choses sauf qu'il faut qu'ils sentent qu'ils font partie de la gangt ce qui n'est pas évident dans une structure où tu as une table d intervenants de cette dimension-là." Un intervenante dans un groupe communautaire

Dans les comités d'action où on les retrouve essentiellement, le poids qu'ils ont dans les prises de décisions est finalement

très variable. Ainsi, dans le comité sécurité, ils ont un pouvoir réel mais menacé et menaçant pour les organismes puisqu'ils veulent faire un sondage très contesté. Sur un dossier chaud touchant l'environnement (CTED-Miron), ils reçoivent toute l'information désirée, contestent mais ne se mettent pas en situation d'établir un consensus avec l'institutionnel. Une citoyenne a l'impression que l'organisme responsable de son comité décide tout seul et qu'elle n'est pas écoulée alors qu ' une au tre est fîère d'une réalisation de son com ité à laquelle elle a participé et fait confiance aux professionnels qui le dirigent

Des observations sur le terrain font aussi constater que le langage des intervenants (parfois trop technique), leur pratique (par exemple, des réunions loin du lieu de résidence des citoyens) et leurs outils de travail (des grilles de planification ou de discussion) peuvent ne pas être appropriés aux citoyen(nes).

A quel niveau veut-on au juste associer les citoyen(ne)s ?

Toutes ces considérations sur les difficultés d'impliquer les citoyen(ne)s à l'évaluation des besoins dans la structure décisionnelle et dans les comités d'action amènent un représentant de la Ville à proposer un autre type d'implication qui ressemble celui-là, à ce que l'on retrouve sur la nie De Beaurivage dans Mercier-Est II parle des:

"Citoyens résidents dans un milieu donné (îlot, rue. alentour d'un parc) qui se mobilisent à faire louies sortes d'activités avec le soutien du réseau institutionnel. Il s'agit d une démocratie directe dans un contexte de grande ville où ils peuvent prendre des décisions très rapidement. Le citoyen acteur de sa ville"

Peut-être est-il temps pour VSMS de donner aux citoyennes) une image claire de leur place dans ce projet et du type d'implication souhaitable ?

Illustration : Mchef Legautt

EN TROIS DIMENSIONS édition spéciale septembre 1982

I 1 5 I 3e Colloque international francophone ^ vSJqs gf viJtages ^ sCTjg (Sherbrooke-Montréal)

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Î Ï Ï S S L ( 1 9 8 6 ) - Healthv r^.-^- P ^ , ^ HeaBS m trigUrhpnrnntPyt présenté lors du symposium VSfes en santé de Lisbonne, tenu du 7 au 11 avril 198S, 60 p.

UN MOT POUR SOULIGNER QUE NOUS APPRECIONS tous vos COÊMENTÀljMsiSfÊ

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trois dimensions est une publication produite dans le cadre de Tétude d'implantation d'initiatives Ville et quartiers en santé sur nie de Montréal.

Les opinions émisesdans les articles n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs.

Ce numéro spécial a été rédigée par Péquipe de recherche. Danielle Durand, Gilles Forget et Francine OuelteL Yves Laplame du DSC Maisonneuve-Rosemont assure l'expertise éditique pour la maquette et la mise en page.

On peut rejoindre Téquipe du projet d'études en écrivant à:

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Hôpital llalsanfMuvt-Rosemeffi

m. ^ ^ r r * L* ZÀKËStrti&P

Oépartarnem do santé cammunautare

Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal

EN TROIS DIMENSIONS Édition spéciale septembre 1992 3e Colloque international francophone

des vûJes et villages en santé (Sherbrooke-Montréal)

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