UNELLA ROQUELLENSIS nov . gen. , n o v .

DASYCLADACI E I ODI VONIENNE DU MASSIF ARMORICAIN (France)

OBSERVATIONS SUR SON ECOLOGIE

Sp.~

pa r

JACQUES P O N C E T *

R~-suM~.

Dans un paleobiotope r4cifal (biostrome) appar tenant & l 'Eodevonien du Massif armoricain des restes p rovenan t d 'une Dasycladacee ont permis d 'en faire l 'etude morphologique, et de l 'eriger en un genre nouveau. Fair rare : les bases des thalles avec leurs rhizo/des sont encore fixees sur les substrats varies qu'utilisait cette algue. Ces restes, en position de vie, fournissent de precieuses indications sur le comportement de l 'algue qui vivai t en epiphyte sur les organismes constructeurs.

A B S T R A C T

Fragments from a Dasyc ladacean Alga were discovered in a biostrome belongin 9 to the Eodevonian of the N E of Massif armoricain. A study of these fragments has enabled us to separate this Dasyc ladacean Alga from others as a new and distinct genus. An exceptional fact is to be noticed : the lower parts of the thalli a re still fixed by means of their rhizoids on the various substrates. These fragments in life position provide us with useful indications on the ecology of this Alga which grew on framebuilders.

* C.N.R.S., Departement de Geologie, LIniversit6 de Caenet R.C.P. n ~ 240.

Geobios, n ~ 7, fasc. I p. 77-80, pl. 15 Lyon, mars 1974

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Au cours de l'&ude d&aill& d'un biostrome a T&racoraUiaires dans le Ddvonien inf~rieur de la presqu'ile du Cotentin des restes, encore en position de vie, appartenant ~ une Dasycla- dac6e (algue calcaire) ont 4t~ reconnus. La pr&ente note est consacr& ~ sa syst4matique e t a son mode de vie.

D E S C R I P T I O N S Y S T E M A T I Q U E

Classe Chlorophyceae

Ordre Dasycladales PASCHER, 1931

F ami l l e DASYCLADACEAE KiiTZlNG orth. mut. HAUCK, 1884

G e n r e Une l la nov. gen.

D I A G N O S E :

Grande Dasycladac& (diam&re ext6rieur: 3 ram), verticill4e, aux rameaux primaires nombreux, perpendiculaires a la cellule axiale, compos~s de deux tronqons morphologiquement distincts, et dont les extrdmit6s arrondies sont dispos4es en quinconce ~ la surface du thalle. ESPb .CE-TYPE :

Unella roquellensis nov. sp.

Unel la r o q u e l l e n s i s nov. sp.

pl. 15, fig. i ~ 6

DESCRIPTION :

Thalle cylindrique et non ramifi& Ce thalle non segment6 comporte de nombreux rameaux primaires dispos6s perpendiculairement ~ la cellule axiale. Ces rameaux sont r6partis en verti- cilles. D'un verticille ~ l'autre s'observe un d&alage d'un rameau, ce qui cr& une disposition en quinconce et de l'ouverture de ces rameaux sur la cellule axiale et de leur terminaison ~ la surface du manchon calcaire.

Les rameaux pr6sentent une variation de diam&re et de forme sur leur parcours ce qui conduit ~ les subdiviser en deux tronqons bien distincts. A partir de ]a cellule axiale : un tron- qon proximal cylindrique qui repr6sente le tiers de la longueur du rameau, puis un tronqon distal, de forme ovale, beaucoup plus large avec un diam&re maximum triple de celui du tronqon proximal. Ce tron~on distal apparait ~ la surface du manchon ~ Ia faveur d'un pore circulaire dont le diam&re est le double de celui permettant la communication avec la cellule axiale.

Les rameaux se terminaient a la surface du manchon calcaire par une membrane Mg~rement arqu4e comme l'indique leur remplissage calcitique qui est l~g6rement en saillie ~ la surface du manchon (fig. 3).

La cellule axiale est bien d&elopp6e, son diam&re par rapport a celui du thalle est dans le rapport 2/5.

7 9 J

La calcification est complhte : elle atteint toujours la cellule axiale.

Les sporanges n'ont pas ~t6 observ6s, mais &ant donn4 l'assez grande dimension de la cellule axiale il est permis de supposer qu'ils pouvaient 4tre localisEs dans cette cellule.

MENSURATIONS :

Diam6tre du thalle D = 3 mm I d /D = 2/5 Diamhtre de la cellule axiale d = 1,39 mm

Longueur des rameaux L = 1,02 mm

Longueur du trongon proximal 11 = 0,34 mm 111/12 = 1/2 Longueur du tron~on distal 12 = 0,68 mm

Diam~tre du trongon proximal dl = 0,01 mm Diam~tre du tron~on distal d2 = 0,02 ~ 0,03 mm

A noter que ces valeurs sont remarquablement constantes sur les diff6rents fragments observes.

Le fragment de thalle recueilli mesure 8,26 mm ; compte-tenu des dimensions des testes de cette algue il est certain que cette DasycladacEe devant avoir un thalle long de quelques centimhtres.

HOLOTYPE : sp4cimen figur6 sur la pl. 15, fig. 2 provenant de la formation des (~ Argilites, gr6s fins et grauwackes ~ reprEsentant le Siegenien supErieur (Poncet, 1968).

PARATYPE : specimen figur6 sur la pl. 15, fig. 1, m4me provenance que l'holotype.

LOCALITGTYPE : La Roquelle (hameau de Baubigny), Manche.

ORIGINE DU NOM : l'algue tire son nora de la peuplade des Unelles qui occupait le Cotentin h l'@oque romaine.

RAPPORTS ET DIFFt~RENCES :

Par sa taille et son anatomic cette Dasycladac6e d'assez grande taille est difficile h rappro- chef des genres connus au DEvonien, au Silurien, ou au Carbonif6re.

Du fait qu'elle prEsente une insertion verticill6e des rameaux, et que ces derniers n'ont pas une forme simple, cette algue est indubitablement Evolude par rapport aux genres consid&& comrne primitifs tels que Rhabdoporella. Peut-&re h partir, sinon de Rhabdoporella, mais d'un genre ancestral commun peut-on faire ddriver le genre Unella par acquisition d'une disposition en verticilles des rameaux, et par une modification morphologique de ceux-ci. I1 est certain toutefois, h la lumi~re des travaux de R. Kozlowski et J. Kazmierczak (1968) qu'il faut manier avec beaucoup de pr&autions les tendances 6volutives et la phylog6nie des Dasycladac6es, car Ie manchon calcaire de l'algue ne repr4sente pas forc6ment le moulage de la totalit6 de l'algue dont nous n'avons, le plus souvent, qu'une representation simplifi6e.

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E C O L O G I E D E U N E L L A R O Q U E L L E N S I S

N O V . G E N . , N O V . SP.

Comme il l'a 6t6 signal6 plus haut cette DasycladacSe croissait dans un biotope r6cifal de type biostrome. La d6couverte de restes de cette algue en position de vie a fourni des renseigne- ments pr6cieux pour reconstituer la pal6o6cologie du biostrome.

En dehors du fragment de thalle retrouv6 dans le s6diment comblant les espaces entre les organismes constructeurs, tous les testes de cette Dasycladac6e sont constitu6s par des bases de thalles fix6es sur des substrats vari6s. On a pu ainsi v6rifier que la fixation &ait assur6e par des rhizoides qui s'appliquent 6troitement sur le support et moulent ses irr6gularit~s. Dans ce biostrome le support est toujours fourni par le squelette d'organismes constructeurs tels les T6tracoralliaires solitaires et coloniaux, les Tabul6s branchus, et les Stromatoporoides.

Etant donnfi que sur un T6tracoralliaire solitaire se rencontrent des bases de thalles fix6es en n'importe quel point de l'~pith~que, il est ~vident que l'algue s'est d~velopp6e sur cet h6te alors qu'il ~tait encore en position de vie et m~me tr~s certainement encore vivant. Le m~me raisonnement s'applique pour les thalles fix6s sur les Tabul~s branchus.

Du fait de son insertion perpendiculaire fi la surface de l'dpith~que, l'algue devait tr~s vite effectuer un mouvement de redressement afin de croitre fi peu pros verticalement (seul moyen pour capter le maximum d'~nergie lumineuse). I1 est certain que la courbure du thalle introduit chez ce dernier une zone de moindre r~sistance, et, 6tant donn~ que tous les thalles observds sont interrompus fi quelques millim~tres au dessus des rhizoides, nous avons ainsi la preuve que les thalles amorgaient tr~s vite leur croissance verticale.

Dans ce biostrome cette Dasycladac~e apparalt comme un organisme commensal et 6piphyte de la plupart des Constructeurs.

Avec cette algue coexiste un organisme qui recherche ~galement le substrat offert par les Constructeurs : c'est un petit Tabul~ lamellaire encrofitant appartenant au genre Coenites sp. Sans nul doute il devait y avoir competition entre l'algue et le Tabul~ pour l'occupation du substrat, comme le montrent des rhizo'ides de l'algue qui sont partiellement recouverts par des lamelles de Coenites.

B I B L I O G R A P H I E

ELLIOTT G.F. (1972). - - Lower Palaeozoic green Algae from Southern Scotland, and their evolutionary significance. Bull. British Museum, London, Geology, v. 22, n ~ 4, p. 355-376, 10 pl.

JOHNSON J.H. (1961). - - Limestone-building Algae and Algal limestones. Colorado School Mines, Golden, U.S.A., 297 p., 139 pl., 14 tabl.

KOZLOWSKI R, et K~ZMm~CZAK J. (t968), - - On two Ordovician calcareous Algae. Acta Palaeont. Polonica, v. 13, n ~ 3, p. 325-341, 3 fig.

PONCET J. (1968). - - Contribution ~ l'~tude s~dimentologique et stratigraphique du D~vonien de Basse-Normandie. Th~se Caen, 2 vol. in~4 ~ ron~ot., 367 p. et 1 vol. 91 fig. (inedit).

P L A N C H E 15

F i g . 1 -

Fig. 2 -

Fig. 3 -

Fig. 4 --

Fig. 5 -

Fig. 6 -

Unella roquellensis nov. gen., nov. sp . . . . . . . . . . . . . .

Paratype. Fragment de thalle bris6 longitudinalement faisant apparaRre la

cavit6 axiale ~ la p~riph~rie de laquelle s'observent les points d'insertion

des rameaux primaires. Leur disposition verticill~e et en quinconce y est

bien visible. Sur la portion du thalle, situde ~ gauche sur la figure, se voient

des sections de rameaux primaires avec leurs tronqons proximaux et distaux.

(x 11,5),

Holotype. Section transversale de la base d'un thalle. A noter la grande

dimension de la cavit6 axiale. Les rameaux primaires, sectionn~s targen-

tiellement, donnent des cavit6s ovoides ~ l 'emplacement des tronqons

distaux. (x 11,5).

Vue lat6rale de la base d 'un thalle fix6e par ses rhizoides (en gris-clair sur

la figure). A la surface du manchon calcaire se voient net tement les

terminaisons des rameaux primaires dispos6es en verticille et en quinconce.

(x 11,5).

Reconstitution sch6matique de Unella roquellensis nov. gen., nov. sp. :

section longitudinale.

Section transversale au niveau d 'un verticille. (en hachures crois6es :part ies calcifi6es de l'Algue).

Reconstitution partielle du paldobiotope dans lequel croissait Unella roquellensis. Des sp6cimens de cette Algue sont figures en dpiphytes sur un T6tracoral-

liaire solitaire et sur un Tabul6 branchu. A la base du Tabul~ branchu se

d~veloppe un petit Tabul~ encrofitant.

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G6obios

N ~ 7 -Fasc. 1

Pl. 15 3. Poncet

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