26
Vendredi 25 décembre 2009 - 66 e année - N˚20192 -- www.lemonde.fr - Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 2,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 2,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, Questions sur le repreneur chinois de Volvo M Pour la première fois dans son histoire, Le Monde a décidé de désigner la personnali- té de l’année. « Sa » personnalité de l’an- née. L’exercice pourrait paraître hasar- deux ou galvaudé. Qui distinguer ? Selon quels critères ? Au nom de quelles valeurs ? Comment se différencier de grands et pres- tigieux confrères étrangers, tel l’hebdoma- daire américain Time, qui nous a depuis longtemps devancés sur ce chemin en éli- sant sa « person of the year ». Nos discussions ont ainsi mis en lumière ce qui nous rassemble sous la bannière du Monde. Puisque, depuis soixante-cinq ans, le titre de notre journal est une invitation au regard planétaire, nous avons choisi une personnalité dont l’action et la noto- riété ont pris une dimension internationa- le. Soucieux de sortir des choix obligés qui auraient pu nous porter vers le président des Etats-Unis, Barack Obama (mais il fut davantage l’homme de 2008 que celui de 2009), nous avons aussi écarté les person- nalités « négatives », encore que leur action soit déterminante dans la nouvelle configuration mondiale : Vladimir Pouti- ne et sa tentation-tentative de reconsti- tuer l’empire soviétique ; Mahmoud Ahmadinejad, dont chaque parole et cha- que acte sont un défi à l’Occident. Depuis sa création, Le Monde, marqué par l’esprit d’analyse de son fondateur, Hubert Beuve-Méry, se veut un journal de (re)construction, sinon d’espoir ; il véhicu- le à sa manière une part du positivisme d’Auguste Comte, prend fait et cause pour les hommes de bonne volonté. C’est pour- quoi, pour cette première désignation, que nous souhaitons désormais renouve- ler chaque année, notre choix de raison et de cœur s’est porté sur le président brési- lien Luiz Inacio Lula da Silva, plus connu sous le simple nom de Lula. Il nous a paru que par son parcours singu- lier d’ancien syndicaliste, par sa réussite à la tête d’un pays aussi complexe que le Bré- sil, par son souci du développement écono- mique, de la lutte contre les inégalités et de la défense de l’environnement, Lula avait bien mérité… du monde. p E. F. Lire « Le Monde Magazine » : les personnes, les événements et les mots qui ont marqué 2009 *A partir de – Prix par personne toutes taxes, redevances + frais de dossier Base double standard – Valable du 4/01 au 31/03/2010 www.directours.com 90, avenue des Champs-Elysées - 75008 PARIS - Tél. : 01 45 62 62 62 LE LUXE À PRIX DOUX LA NOUVELLE DESTINATION DU MAROC par MAZAGAN Resort 5* 785 Séjour 8 jours / 7 nuits * TTC Vols directs départ Paris + Transferts privés + 7 nuits d’hôtel petit déjeuner inclus Lic. 075 04 0001 Photos : Kerzner Int. Resorts Internet Les déboires d’Eurostar ont entraîné, en temps réel, un déluge de critiques sur le Net. Aujourd’hui, les grandes sociétés ont des équipes de communicants chargées de gérer les communautés qui leur sont consacrées. P. 17 Le regard de Plantu Politique En Egypte, la confrérie des Frères musulmans constitue la principale force d’opposition au président Moubarak. Mais les conservateurs, qui préconisent un repli sur les activités sociales et culturelles, y gagnent du terrain. P. 6 Industrie Geely, qui vient d’acquérir la marque suédoise, ambitionne de réaliser les deux tiers de son chiffre d’affaires à l’étranger. Mais l’entreprise, créée par un autodidacte, a la réputation de fabriquer des voitures bas de gamme. P. 15 Les entreprises tentent de soigner leur e-réputation Editorial En Egypte, les Frères musulmans élisent leurs dirigeants Culture L’univers de Chomo (1907-1999), l’ermite artiste de la forêt de Fontainebleau Lettre d’Asie La Corée du Sud lance une grande opération de séduction à l’étranger Uniquement en France métropolitaine Fêtes Le champagne pétille à petits prix Economie page 14 Cinéma Serez-vous d’accord avec nos coups de cœur ? Culture page 20 Portrait Sœur Flora, la bonne âme d’Haïti Décryptages page 18 DEREK HUDSON POUR « LE MONDE » Lula l’homme de l’année 2009 t « Le Monde » désigne sa personnalité de l’année : le président du Brésil, dont « Le Monde Magazine » dresse le portrait dans un numéro spécial E n 2009, les catastrophes natu- relles ont fait une pause : selon le Centre de recherche en épidémiologie des sinistres, elles ont provoqué 8 900 morts sur les onze premiers mois, contre 235 000 en 2008. Le phénomène est conjoncturel, mais la mise en place de politiques de prévention permet de limiter les dégâts humains et matériels. Alors que l’on s’apprête à célé- brer, samedi 26 décembre, le cin- quième anniversaire du tsunami de 2004, Le Monde entame la publi- cation d’une série de cinq reporta- ges illustrant différentes appro- ches de la prévention des risques naturels : au Sri Lanka, où l’accent est mis sur les systèmes d’alerte et la protection des populations ; à Padang, en Indonésie, qui redoute un nouveau séisme ; en Grèce, où des associations se mobilisent contre les incendies ; à Manille, aux Philippines, où les bidonvilles sont particulièrement vulnérables ; et en Turquie, où une campagne scien- tifique vise à mieux connaître l’acti- vité sismique. p Lire page 4 Demain dans 0123 2,50 ¤ Ne peut être vendu sans « Le Monde Magazine». (en France métropolitaine uniquement). Cinq ans après le tsunami, les progrès de la prévention

Uniquement pétilleàpetitsprix labonneâmed’Haïti ... · Courriel:[email protected] L es objectifs du cabinet Hatoyama, premier gouvernement d’alternan-ce après cinquante ans

  • Upload
    others

  • View
    7

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  • Vendredi 25 décembre 2009 - 66e année - N˚20192 -- www.lemonde.fr - Fondateur: Hubert Beuve-Méry - Directeur: Eric Fottorino

    Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 2,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 2,50 ¤, Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

    Questions surlerepreneurchinoisdeVolvo

    MPour la première foisdans son histoire, LeMonde a décidé dedésignerlapersonnali-

    té de l’année. « Sa » personnalité de l’an-née. L’exercice pourrait paraître hasar-deux ou galvaudé. Qui distinguer ? Selonquelscritères ? Au nom de quellesvaleurs ?Commentsedifférencierdegrands et pres-tigieuxconfrèresétrangers, tel l’hebdoma-daire américain Time, qui nous a depuislongtemps devancés sur ce chemin en éli-sant sa « person of the year».Nos discussions ont ainsi mis en lumièrece qui nous rassemble sous la bannière duMonde. Puisque, depuis soixante-cinq ans,le titre de notre journal est une invitationau regard planétaire, nous avons choisiune personnalité dont l’action et la noto-riété ont pris une dimension internationa-le. Soucieux de sortir des choix obligés quiauraient pu nous porter vers le présidentdes Etats-Unis, Barack Obama (mais il futdavantage l’homme de 2008 que celui de2009), nous avons aussi écarté les person-nalités « négatives », encore que leuraction soit déterminante dans la nouvelleconfiguration mondiale : Vladimir Pouti-ne et sa tentation-tentative de reconsti-tuer l’empire soviétique ; Mahmoud

    Ahmadinejad, dont chaque parole et cha-que acte sont un défi à l’Occident.Depuis sa création, Le Monde, marqué parl’esprit d’analysede son fondateur,HubertBeuve-Méry, se veut un journal de(re)construction, sinon d’espoir ; il véhicu-le à sa manière une part du positivismed’Auguste Comte, prend fait et cause pourles hommes de bonne volonté. C’est pour-quoi, pour cette première désignation,que nous souhaitons désormais renouve-

    ler chaque année, notre choix de raison etde cœur s’est porté sur le président brési-lien Luiz Inacio Lula da Silva, plus connusous le simple nom de Lula.Il nous a paru que par son parcours singu-lier d’ancien syndicaliste, par sa réussite àlatête d’unpays aussi complexequeleBré-sil,parsonsouci dudéveloppementécono-mique, de la lutte contre les inégalités etde la défense de l’environnement, Lulaavait bien mérité… du monde. p

    E. F.Lire «Le Monde Magazine»:

    les personnes, les événementset les mots qui ont marqué 2009

    *A partir de – Prix par personne toutes taxes, redevances + frais de dossierBase double standard – Valable du 4/01 au 31/03/2010

    www.directours.com90, avenue des Champs-Elysées - 75008 PARIS - Tél. : 01 45 62 62 62

    LE LUXE À PRIX DOUX

    LA NOUVELLE DESTINATION DU MAROCpar

    MAZAGAN Resort 5*

    785Séjour 8 jours / 7 nuits €*TTCVols directs départ Paris + Transferts privés

    + 7 nuits d’hôtel petit déjeuner inclus

    Lic

    .075

    0400

    01P

    hoto

    s:K

    erzn

    erIn

    t.R

    esor

    ts

    Internet Les déboiresd’Eurostar ont entraîné,en temps réel, un délugede critiques sur le Net.Aujourd’hui, les grandessociétés ont des équipesde communicants chargéesde gérer les communautésqui leur sont consacrées. P.17

    Leregard dePlantu

    Politique En Egypte,la confrérie des Frèresmusulmans constitue laprincipale force d’oppositionau président Moubarak.Mais les conservateurs, quipréconisent un repli sur lesactivités sociales et culturelles,y gagnent du terrain. P. 6

    Industrie Geely, qui vientd’acquérir la marque suédoise,ambitionne de réaliserles deux tiers de son chiffred’affaires à l’étranger.Mais l’entreprise, créée parun autodidacte, a la réputationde fabriquer des voituresbas de gamme. P.15

    Lesentreprisestententdesoignerleure-réputation

    Editorial

    EnEgypte, lesFrèresmusulmansélisentleursdirigeants

    Culture L’univers de Chomo(1907-1999), l’ermite artistede la forêt de Fontainebleau

    Lettre d’Asie La Corée du Sudlance une grande opérationde séduction à l’étranger

    Uniquementen Francemétropolitaine

    FêtesLechampagnepétilleàpetitsprixEconomie page 14

    CinémaSerez-vousd’accordavecnoscoupsdecœur?Culture page 20

    PortraitSœurFlora,labonneâmed’HaïtiDécryptages page 18

    DEREK HUDSON POUR « LE MONDE »

    Lulal’hommedel’année 2009t « Le Monde » désigne sa personnalité de l’année :le président du Brésil, dont « Le Monde Magazine»dresse le portrait dans un numéro spécial

    En2009,lescatastrophesnatu-relles ont fait une pause :selon le Centre de rechercheen épidémiologie des sinistres,elles ont provoqué 8900 morts surles onze premiers mois, contre235 000 en 2008. Le phénomèneest conjoncturel, mais la mise enplace de politiques de préventionpermet de limiter les dégâtshumains et matériels.

    Alors que l’on s’apprête à célé-brer, samedi 26 décembre, le cin-quième anniversaire du tsunamide2004,Le Monde entame la publi-cation d’une série de cinq reporta-ges illustrant différentes appro-ches de la prévention des risquesnaturels : au Sri Lanka, où l’accentest mis sur les systèmes d’alerte etla protection des populations ; àPadang, en Indonésie, qui redouteun nouveau séisme ; en Grèce, oùdes associations se mobilisentcontre les incendies; à Manille, auxPhilippines, où les bidonvilles sontparticulièrement vulnérables ; etenTurquie,oùunecampagnescien-tifiqueviseàmieuxconnaîtrel’acti-vité sismique.p

    Lire page4

    Demain dans0123

    2,5

    Ne

    peu

    têtr

    eve

    nd

    usa

    ns

    «Le

    Mo

    nd

    eM

    agaz

    ine»

    .(e

    nFr

    ance

    mét

    rop

    olit

    ain

    eu

    niq

    uem

    ent)

    .

    Cinqansaprèsletsunami,lesprogrèsdelaprévention

  • 0123

    A bientôt 41 ans, Michael Schumacher s’est engagé pour un anavec Mercedes pour la saison 2010 de formule1, a révélé, le23 décembre, le journal allemand Bild. Un portfolio retrace lesdates-clés de la carrière du pilote le plus titré de l’histoire de laformule1 (sept titres).

    Le«cadeau»dela SEC« Cette mise au grand jouraura un effet salutaire sur cer-taines pratiques douteuses. »Le blog «Démystifier lafinance» s’enthousiasmepour « le cadeau de fin d’an-née de la Securities & Exchan-ge Commission (SEC), l’instan-ce de régulation des marchésde capitaux des Etats-Unis ».Il s’agit, précise-t-il, d’« unesérie de mesures que les entre-prises devront appliquer enmatière de rémunérations etde transparence. Leur but estd’améliorer la divulgation d’in-formations relatives aux ris-ques, aux rémunérations et àla gouvernance des entrepriseslorsque des décisions sont sou-mises aux votes des actionnai-res ». Le blog veut croire que«transparence est mère de tou-tes les gouvernances… ».

    Gaza: batailledemémoiresUn an après l’offensive israé-lienne contre la bande de Gaza,on assiste « à une de cesbatailles de mémoires dont leconflit est coutumier», relèvele blog «Guerre ou paix». Ilcite, « côté propalestinien (maisnon pro-Hamas), le rapport dela FIDH [Fédération internatio-nal des droits de l’homme]revenant sur le message centraldu rapport Goldstone, quiinvite les deux parties à enquê-ter sérieusement sur d’éven-tuels crimes de guerre et à rom-pre avec une culture de l’impu-nité». Pour la partie « pro-israé-lienne», le blog pointe « les sta-tistiques de The Israel Project,très détaillées, trop détaillées,puisque l’énumération faitapparaître cruellement unebéance: l’absence du nombrede victimes palestiniennes».

    D epuis le 21 décembre, lemariage homosexuel estautorisé à Mexico. Pasdans tout le Mexique. Dans la capi-tale uniquement, où les députésde l’assemblée du district ontmodifié l’article du code civil localqui spécifiait que « le mariage estl’union librement consentie entreun homme et une femme ».

    La capitale (dirigée par la gau-che) faisait déjà figure d’excep-tion, elle qui, il y a trois ans, intro-duisait l’union civile homosexuel-

    le. C’est une nouvelle étape qu’el-le vient de franchir, non sans pas-sion. Très influente, l’Eglise catho-lique a parlé d’« aberration », etl’opposition a annoncé le dépôtd’un recours contre la décision.

    Il n’empêche : les droits deshomosexuels progressent enAmérique latine et l’époqueparaît bien lointaine où l’on expé-diait – comme naguère à Cuba –les homosexuels dans des campsde rééducation. A Buenos Aires,en Argentine, il s’en est fallu depeu qu’un couple d’homosexuelsse marie le plus officiellement dumonde début décembre. Un jugel’avait autorisé à le faire, mais, autout dernier moment, un autre acassé la décision. Le dépôt d’unrecours est attendu.

    Le Brésil n’en est pas encore là,mais un plan national pour lareconnaissance des droits deshomosexuels y a été lancé cetteannée. Quelques pays d’Améri-que latine s’efforcent de résister àcette évolution. Au Pérou, parexemple, selon l’AFP, les policiersgays sont susceptibles d’être sanc-tionnés au motif qu’ils ternissentl’institution à laquelle ils appar-tiennent.

    Mais c’est en Afrique, plus pré-cisément en Ouganda, que lasituation des homosexuels est lamoins enviable. Dans ce pays sou-vent cité en exemple en Occidentpour sa bonne gouvernance, l’ho-mosexualité est passible d’empri-sonnement à vie. Une propositionde loi, déjà débattue en commis-

    sion, propose d’aller au-delà : pei-ne de mort pour les personnesreconnues coupables d’« homo-sexualité aggravée » ; peine de pri-son pour ceux qui auront parléd’homosexualité en public; pour-suites aussi contre les Ougandaisayant eu des relations homo-sexuelles à l’étranger. A l’inverse,dénoncer l’homosexualitéd’autrui sera encouragé.

    Les Etats-Unis, le Canada,l’Union européenne et des organi-sations internationales ont dittout le mal qu’il fallait penser decette proposition de loi. Leur miseen garde, assortie de menaces voi-lées sur l’aide à la coopération,aura sans doute pour effet de fairedisparaître les aspects les plus cho-quants de la proposition de loi.Mais il est probable que le textesera adopté par le Parlement, pro-bablement fin janvier2010, à lasatisfaction de l’opinion.

    Les raisons d’une intolérancequi va au-delà de l’Ouganda? Peut-être l’influence grandissante desEglises chrétiennes venues du Bré-sil ou des Etats-Unis, conjuguée àcelle de la religion musulmane.A contrario, en Afrique du Sud,depuis 2006, le mariage entrehomosexuels est légal. p

    Courriel : [email protected]

    L es objectifs du cabinet Hatoyama,premier gouvernement d’alternan-ce après cinquante ans de pouvoirdu Parti libéral démocrate (PLD), sontambitieux. Maiscent jours aprèssa forma-tion, le 16 septembre, c’est moins l’eupho-rie qu’une impression de crise de confian-ce larvée qui prévaut. L’arrivée au pou-voir du Parti démocrate du Japon (PDJ), àla suite des législatives du 30 août, répon-dait à une volonté de changement expri-mée sans détour par les électeurs. Lesdémocrates étaient porteurs d’espoirs :redonner la primauté aux politiques surles bureaucrates – et donc briser le « trian-gle de fer » (collusion entre monde politi-que, administration et milieux d’affaires)–, construire « une société où chacun a saplace » et rééquilibrer les relations avecles Etats-Unis en mettant fin à toutedépendance.

    Une page de l’histoire politique duJapon de l’après-guerre se tournait, susci-tant quelques hyperboles interprétati-ves : Cent quarante et un ans après la res-tauration de Meiji (1868), qui fit basculerle Japon dans l’ère moderne, s’annonçaitune nouvelle « révolution ». En cent jours,le cabinet Hatoyama n’a guère convaincuque le changement était au rendez-vous.

    Chute dans les sondages en dessous dela barre des 50 %, flottement au sein de lacoalition gouvernementale, tensionentre le cabinet et sa majorité, « déplaisir »de Washington pour l’ajournement dudéplacement d’une base militaire améri-caine et promesses non tenues : la « lunede miel » entre le PDJ (centre gauche) etl’opinion touche à sa fin.

    Lebilan destrois premiersmoisdu cabi-

    net Hatoyama suscite des commentairesmitigés de ses partisans. En début desemaine, le premier ministre a dû annon-cer qu’il ne pourrait pas tenir deux de sespromesses électorales : abolir la taxe surles carburants et accorder une déductiond’impôt aux familles ayant des jeunes àcharge. Bien qu’il ait maintenu une alloca-tion aux familles ayant des enfants, sareculade est montée en épingle par sesadversaires, qui stigmatisent les mauvaiscalculs des démocrates. En taillant dansles dépenses contestables, ceux-ci avaientpensé pouvoir dégager des ressources àaffecter à d’autres postes budgétaires.Mais ces coupes sombres ne leur ont rap-porté qu’un quart de ce qu’ils espéraient.

    Et le cabinet Hatoyama, qui s’était enga-gé à ne pas augmenter les impôts jusqu’en2013, doit revoir sa copie. Son taux de sou-tiens’enressent: selonunsondageduquo-tidienAsahi,ilesttombéendébutdesemai-ne de 62% à 48%, soit un recul de 14pointsen l’espace d’un mois.

    Plusieurs facteurs contribuent à cedéclin. Tout d’abord, le gouvernement doitreconnaître aujourd’hui qu’il n’a pas lesmoyens de tenir toutes ses promesses. Ladette publique est considérable. Le déficitpublic dépassera les 10 % du produit inté-rieurbruten2010etladetteaccumuléevoi-sine 180% de celui-ci. Colossale, cette detteestcependantdétenueà93%pardesinves-tisseurs japonais et le Japon dispose enoutre de l’énorme épargne de sa popula-tion. Il reste que, pour la première foisdepuis 1946, la Banque centrale devraémettre un montant de bons du Trésorégal, sinon supérieur, aux recettes fiscalespour équilibrer le budget 2010, qui entreen vigueur en avril.

    Le principal reproche adressé au pre-

    mier ministre est un apparent manqued’autorité: près de trois quarts des person-nes interrogées par Asahi estiment queM. Hatoyama n’a pas l’étoffe d’un chef degouvernement. Une affaire de « dona-tions » par sa mère (richissime héritièredu fondateur du groupe pneumatiqueBridgestone) a en outre entamé son ima-ge – bien que la responsabilité de cette vio-lationdes dispositions sur les fonds politi-ques ait été imputée à son seul secrétaire–, comme c’est souvent le cas au Japon.

    Une cacophonie d’opinions au sein dugouvernement et l’influence sur ses déci-sions de l’homme fort du PDJ, IchiroOzawa, baptisé le « shogun de l’ombre »,renforcent l’impression que le premierministre ne tient pas les rênes. Le manquede coopération d’une bureaucratied’autant plus rétive qu’elle est malmenéepar des hommes politiques sans grandeexpérience des arcanesdu pouvoir ne faci-lite pas la tâche du cabinet.

    La fermeté de M. Hatoyama vis-à-visde Washington à propos du déplacementd’une base militaire américaine n’a passuffi à lui rallier l’opinion. Le premierministre a simplement donné le senti-ment qu’il cherchait à gagner du temps.En dépit de la dramatisation de cetteaffaire par la droite, qui a brandi le spec-tre d’une remise en cause de l’allianceavec les Etats-Unis, celle-ci ne sembleguère affectée.

    L’opinion n’a pas tourné le dos au PDJ :avec 42 % de soutien, il dispose d’une subs-tantielle marge de manœuvre. MaisM. Hatoyama est vulnérable. Il a été por-teur d’espoirs en promettant un modèlesocial qui ne soit pas uniquement fondésur le profit et en s’attaquant au « sanctu-aire» de la politique japonaise : la bureau-cratie et la pratique du pantouflage. Unerefonte aussi profonde des mécanismessociaux demande du temps. Mais le pre-mier cabinet d’alternance en un demi-siè-cletarde àdémontrer ses capacités à orien-ter le pays sur la voie du changement. p

    Courriel : [email protected]

    C’estenAfrique,plusprécisémentenOuganda,quelasituation desgaysest lamoins enviable

    L’actualitésur Lemonde.fr

    Centjours d’alternance auJapon,début del’ère des frimas

    Société éditrice du « Monde » SAPrésident du directoire, directeur de la publication :

    Eric FottorinoVice-président, directeur général : David Guiraud

    Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves RomainDirecteur du « Monde » : Eric FottorinoDirecteur adjoint : Laurent Greilsamer

    Editeur : Michel SfeirDirecteur de la rédaction : Alain Frachon

    Directeur éditorial : Gérard CourtoisRédacteurs en chef : Michel Kajman, Frédéric Lemaître,

    Franck Nouchi,Isabelle Talès, Philippe Le Cœur (numérique),Didier Pourquery (Le Monde Magazine)

    Chef d’édition : Françoise TovoDirecteur artistique : Quintin Leeds ;

    Veille de l’information : Eric Azan ;Secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco

    Médiatrice : Véronique MaurusConseil de surveillance : Louis Schweitzer, président

    Gilles van Kote, vice-président

    Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969),Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985),

    André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994),Jean-Marie Colombani (1994-2007)

    Le Monde est édité par la Société éditrice du « Monde » SADurée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000.

    Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13

    Tél. : 01-57-28-20-00 ; télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

    Par courrier électronique : [email protected] : par téléphone : de France 0-825-000-778

    (0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48.Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/

    Changement d’adresse et suspension :0-825-022-021 (0,15 TTC/min)

    International

    Jean-Pierre Tuquoi

    LE PROJET ÉTABLISSANT de nouveaux rap-ports entre l’enseignement privé et l’Etat aété voté à une majorité imposante par l’As-semblée nationale; il aura force de loiaprès son adoption par le Sénat et sa pro-mulgation par le président de la Républi-que. Mais son application ne sera pas ins-tantanée. Elle exigera l’élaboration dedécrets d’application, puis la conclusionde contrats entre chaque établissement etl’Etat. Bref, le nouveau régime seral’œuvre du temps, ou il ne sera pas.

    Le temps peut apaiser les passions, ettout dépendra de l’esprit dans lequel la loi

    sera appliquée. Le versement de fondspublics à des établissements privés n’estpas nouveau; sur ce point il y a une diffé-rence de degré avec la loi de 1951. Ces éta-blissements subiront un contrôle pédago-gique dont ils étaient dispensés jusqu’ici.La plupart des maîtres «libres » n’ont rienà en redouter ; certains manuels méritenten revanche d’être mis à l’index par l’ins-pection académique. Une véritable coopé-ration doit en effet s’établir progressive-ment à tous les échelons. Inconcevablepour beaucoup dans l’état présent desesprits, cette coopération doit conduire à

    un rapprochement des enseignementsdans la diversité des établissements.

    Que les confessionnels perdent cetesprit de conquête qui parfois les anime etque les laïques retrouvent cet esprit desacerdoce qui a fait la grandeur de leurenseignement, que l’inspection pédagogi-que et les comités de conciliation remplis-sent pleinement leur rôle, que l’émulationet non la rivalité inspire les deux enseigne-ments, et avec beaucoup de temps, la loimènera sur «le chemin de la raison ». p

    J. Fauvet(25décembre 1959.)

    Burqa, le piège

    L’œuvredutemps

    La«lune de miel»entreleParti démocrate(centregauche)aupouvoir et l’opiniontouche àsafin

    Analyse

    Philippe PonsCorrespondant à Tokyo

    Le président de la République abeau faire, son conseiller spécial,Henri Guaino, a beau dire, le débatsur l’identité nationale échappe àses promoteurs. Ou plutôt, il

    revient invariablement à ce qui en constituaitle sujet implicite, mais inassumé : la place del’immigration en France, et, plus précisément,celle des musulmans. Avec un abcès de fixa-tion, qui est à la France ce que les minarets ontété aux Suisses : la burqa, ce voile intégral por-té par un ou deux milliers de femmes.

    Ainsi, mercredi 23 décembre, Nicolas Sarko-zy s’est employé à calmer les esprits. Il a invitéle ministre de l’immigration, Eric Besson, à« expliquer », « éclairer », bref faire preuve depédagogie. Et il a reçu le président du Conseilfrançais du culte musulman, MohammedMoussaoui, pour tenter d’apaiser l’incompré-hension et l’inquiétude croissantes de la com-munauté musulmane. Quant à M. Guaino, il aappelé à « élever et élargir » le débat et à ne pasle réduire à la question religieuse.

    C’est, pour l’instant du moins, peine per-due. En dépit du malaise et des réserves d’unepartie de la droite, il ne se passe pas une semai-ne sans dérapage verbal – tel jour, d’une minis-tre (Nadine Morano), tel autre, d’un ancienministre (Pascal Clément) – ressemblant com-me deux gouttes d’eau aux propos qui étaienthier l’apanage du Front national.

    C’est inévitable, dès lors que ce débat, et enparticulier celui sur le port de la burqa, estdevenu un enjeu tactique au sein de la droite.Nicolas Sarkozy s’était exprimé le premier, le20 juin à Versailles, devant le Congrès. «La bur-qa ne sera pas la bienvenue sur le territoire dela République», ce n’est « pas un problème reli-gieux», mais « de liberté et de dignité de la fem-me», avait-il martelé.

    Les parlementaires avaient pris le relais,début juillet, en créant une mission parlemen-taire, pluraliste et présidée par le communisteAndré Gerin. Mais le président du groupeUMP , Jean-François Copé, avait alors pris dateen se prononçant pour une « loi d’interdic-tion ». Sans attendre le rapport de la mission,prévu en janvier, et conscient qu’il exprime lesentiment majoritaire à l’UMP, il vient d’an-noncer son intention d’accélérer le mouve-ment et de déposer très rapidement une pro-position de loi en ce sens, au grand dam duchef de l’Etat, qui a souhaité que les parlemen-taires terminent d’abord leur mission.

    Bref, le débat pour ou contre l’interdictionde la burqa est devenu un piège, sur l’air du« Plus ferme, laïc et républicain que moi, tumeurs!». Il sera bien difficile à la droite, et mal-heureusement au pays, de s’en extirper. p

    Homosexualité:tolérancevariable

    PIERRE ANDRIEU /AFP

    Ilya 50ans dans0123

    Editorial Chronique

    Leretourdu «Baron rouge»

    0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA). La reproduction de tout arti-cle est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritaire des publications et agencesde presse n° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037

    PRINTED IN FRANCE

    Imprimerie du Monde12, rue Maurice-Gunsbourg

    94852 Ivry cedexPrésident :David Guiraud

    Directrice générale : Bénédicte Half-Ottenwaelter

    80, bd Auguste-Blanqui75707 PARIS CEDEX 13

    Tél : 01-57-28-39-00 - Fax : 01-57-28-39-26

    2 Vendredi 25 décembre 2009

  • Un quartier populaire de Lamezia Terme. GHIZZONI/CONTRASTO-REA

    Lamezia Terme (Calabre)Envoyé spécial

    ALameziaTerme (70000habi-tants), le maire s’appelle«Espérance ». Il en fautbeau-coup à Gianni Speranzapour continuer de croire ensamission:faire desonman-

    dat le symbole de la victoire de la vertu surla corruption. Agé de 55 ans, élu en 2005sous les couleurs de la gauche mais avecun conseil municipal de droite, il a fait ducombat contre la malavita – la « mauvaisevie» – son combat quotidien.

    Le court trajet de l’aéroport à la mairiesuffit à faire comprendre l’ampleur de latâche. Ici s’élevait un entrepôt brûlé en2006 au cours d’une guerre entre bandesmafieuses; là, l’hôpital, achevé après qua-rante ans de travaux. « Des problèmes definancement », dit-on à Lamezia Terme,une litote pudique pour parler de l’ar-gent public évaporé et de l’argent salerecyclé. A deux reprises (en 1992 et 2002),le conseil municipal a été dissous pardécret ministériel et la ville placée soustutelle de l’administration pour « infiltra-tion mafieuse ».

    Gianni Speranza aimerait bien parlerd’autre chose : de la bibliothèque delivres anciens entièrement rénovée quiabrite une Bible de 1588, des travaux de lafuture université, des petits jardins quiégayent le centre-ville. Des biens saisis àla Mafia, dont une ancienne joailleriedevenue une maison des jeunes. De lavisite du président de la République,Giorgio Napolitano, en janvier. De cetteclasse de collège invitée à siéger durantun jour à Rome au Parlement desenfants. Pour eux, le maire, ancien pro-fesseur de philosophie passé de Marx àKant, a concocté une petite interventionavant leur départ : « Vous avez desdevoirs, leur a-t-il dit. Et les devoirs s’oppo-sent aux passe-droits, aux faveurs. »

    Mais, si aujourd’hui cette ville situéeau cœur de la Calabre fait parler d’elle, cen’est pas pour ses travaux de restaura-tion, mais pour un petit record : 492 édifi-ces y ont été construits sans permis.« Une moyenne plutôt haute, même enCalabre », concède le maire. Selon ses ser-vices, cela représente 1 milliard d’eurosde travaux sur lesquels aucune taxe n’ajamais été payée. Le cas est loin d’être iso-lé en Italie, où on a même recours au néo-logisme « abusivismo » pour en parler.

    Mais Gianni Speranza est décidé à fai-

    re abattre ces édifices illégaux, pour biensouligner qu’il n’avait pas renoncé à sonprogramme : la légalité, rien que la légali-té. Et c’est là que ses ennuis ont commen-cé. Ou plutôt recommencé.

    A peine un hangar et deux bicoquesont-ils été réduits en miettes, le16 novembre, par les pelleteuses condui-tes par des militaires, qu’il a dû affronterune étrange manifestation rassemblantles habitants de constructions abusives,avec en tête des mères éplorées portantleurs enfants dans les bras, leurs avocats,des entrepreneurs en bâtiment et desopposants. « Si c’est ça la légalité, alorsvive l’illégalité », s’est exclamé un

    conseiller municipal.Le frère d’un boss local est entré jus-

    que dans les locaux de la mairie pour fai-re le coup de poing avec le maire. « On nel’a pas touché », jurent les manifestants.

    N’empêche, cela a remué quelquesmauvais souvenirs : le lendemain mêmede l’élection de Gianni Speranza, la portede la mairie partait en fumée, en pleinjour, et le surlendemain il était placésous escorte policière. Aujourd’hui, lecouloir qui mène au bureau du maire estconstamment fermé à double tour. Onne sait jamais… « Nous n’avons pris per-sonne par surprise, explique Gianni Spe-ranza, soutenu par l’organisation antima-

    fieuse Liberta. La démolition est une déci-sion de justice. Mais les propriétaires ontcru que, comme par le passé, il ne se passe-rait rien. » Le combat du maire contre« l’abusivisme » constitue désormais l’es-sentiel du débat politique dans ce coin deCalabre. L’hebdomadaire local Le Lamen-tino y a consacré des dizaines de pages.

    Des entrepreneurs y justifient lesconstructions abusives en expliquantque « cela crée des emplois » dans unerégion où le chômage est plus importantqu’ailleurs. Andrea Iovene, adjoint à l’ur-banisme, est près de s’étrangler : « C’estcomme de soutenir que le trafic de droguede la N’Drangheta [la Mafia calabraise]

    participe du dynamisme économique. »La bataille de Gianni Speranza est

    devenue un cas d’école : certains veulenty voir la parabole du sud de l’Italie quivoudrait se sortir de ses travers en éli-sant un maire prêt à y mettre fin, maisqui ne veut y renoncer dès que l’on tou-che à ses avantages. Lamezia Terme seraen tout cas regardée de près lors des élec-tions municipales de mars 2010, où lemaire se représentera. « En Italie duNord, la légitimité politique s’acquiert surle consensus ; chez nous, au sud, elle s’ac-quiert sur les clientèles, explique le maire.Notre classe dirigeante n’a pas été édu-quée au respect de la loi. Elle fait en sorteque chacun puisse faire ce dont il aenvie. » Combien pèsera la « clientèle léga-liste » de Gianni Speranza face à celle deses adversaires ? « Les gens ne m’en veu-lent pas, veut-il croire. Vous avez vu, ilsme font des grands sourires quand je pas-se au centre-ville. »

    Le premier magistrat sait pourtant quela partie ne se jouera pas sur la sympathiequ’il inspire. Dans l’ombre, les clans Giam-pa et Iannazzo, les deux puissantesfamilles mafieuses de la ville, s’activentpour faire passer les consignes de vote« En 2005, la Mafia s’était abstenue d’en-trer dans la campagne. A cette époque,après deux dissolutions du conseil munici-pal, l’Italie nous regardait, explique le mai-re. Et en 2010 ? Elle fera tout pour m’élimi-ner politiquement. »

    Alors Gianni Speranza joue la pruden-ce, au risque de teinter d’ambiguïté sesbelles promesses. Le temps de trouverpeut-être une solution à l’amiable entreles habitants des « maisons abusives » etla mairie, qui pourrait s’en porter acqué-reur – à titre gratuit – pour les louer ensui-te à leurs occupants. Juridiquement com-pliqué, politiquement risqué…

    Pour l’heure, les pelleteuses sont sta-tionnées dans la cour de la caserne, d’oùelles sont ressorties le 16 décembre pourabattre deux autres édifices prévus dansle programme de démolition. Le lende-main, le maire et deux de ses adjoints rece-vaient chacun une lettre émanant d’unmystérieux « comité justice pour Lame-zia ». Les menaces de mort qu’ellescontiennent ont été jugées suffisammentpréoccupantes par la justice pour justi-fier une ouverture d’enquête.

    De la réaction des habitants dépendrasûrement l’obstination de Gianni Speran-za. De la solidarité que lui manifesterontles autres institutions aussi. Député duParti démocrate (centre gauche), MarcoMinniti a lancé un appel au ministre del’intérieur pour lui demander « d’interve-nir pour garantir, à Lamezia Terme, le res-pect des règles qui valent pour toute laRépublique. Lamezia, a-t-il ajouté, est lesymbole du Sud et des villes qui ont choisila légalité contre la Mafia. Gare à ne paslaisser seul Gianni Speranza ». p

    Philippe Ridet

    Toute l’actualitédessinée par

    Les associationsanti-Mafia bien vivantes

    Pagetrois

    Selonla commune,celareprésente 1milliardd’eurosde travauxsurlesquels aucune taxen’ajamais été payée

    Lemaire deLamezia Terme veut détruire492 habitations construitesentoute illégalité. Maisla Mafia veille, et les électionsapprochent

    Pasfacile d’être M. Propre en Calabre

    RomeCorrespondant

    Difficile de dire combien il y a d’as-sociations anti-Mafia actives enItalie. Une commission parlemen-taire avait tenté de les répertorieril y a deux ans, mais du A de Addiopizzo (Adieu le racket) à Palermeau T de la section italienne deTransparency International, la lis-te était loin d’être exhaustive.

    Comment ne pas citer Ammaz-zatecitutti (« Tuez-nous tous »,ammazzatecitutti.org), une desassociations parmi les plus acti-ves: des jeunes Calabrais de Locri,en plein territoire soumis à laN’drangheta, qui, en 2005, au len-demain d’un énième assassinatdans leur région, ont décidé derompre l’omerta. Aujourd’hui,Ammazzatecitutti est devenueincontournable dans la luttecontre la plus puissante des orga-nisations criminelles italiennes.

    Ce sont aussi des jeunes qui ontlancé Addio pizzo, une nuit de2004. Des affiches apparues surles murs de la ville, genre annon-ces funèbres, disaient simple-ment : « Un peuple qui paie lepizzo est un peuple sans dignité. »L’appel a été entendu. Des centai-nes de magasins affichent sanscrainte le logo Addio pizzo. Cha-cun peut faire ses courses sans ris-quer de renflouer les caisses deCosa Nostra.

    A Naples, la fédération des asso-ciations contre le racket et l’usurepermet aux commerçants demieux se défendre contre cesdeux fléaux. A Rome, avec SOSImpresa, artisans et petites entre-prises essaient de résister. En Sici-le, c’est le patronat qui a repris leflambeau en défense des entrepri-ses.

    Après le grand élan qui a suiviles attentats contre les juges anti-Mafia de 1992, chaque mouve-

    ment cultive aujourd’hui son pro-pre domaine, voire s’engage pourune cause particulière. Comme lemouvement Agenda rossa, quiorganise d’importantes manifesta-tions pour exiger la vérité surl’agenda rouge dans lequel le jugeanti-Mafia Paolo Borsellino notaitses observations et qui a disparule jour de la mort de ce magistrat,le 19 juillet 1992.

    Quant à Libera, la plus impor-tante des associations anti-Mafia,elle est de plus en plus engagéedans la gestion, à travers des coo-pératives sociales, des biensconfisqués à la Mafia. Elle s’occu-pe de la vente des produits « desterres libérées de la Mafia » dansdes magasins appelés les « bouti-ques de la légalité». Mais unerécente décision du gouverne-ment permettant la revente deces biens par l’Etat risque deremettre en cause son rôle. p

    Salvatore Aloïse

    0123Vendredi 25 décembre 2009

  • Dagupan, aux Philippines, le 10 octobre, après le passage du typhon Parma. ERIK DE CASTRO/REUTERS

    Paysforestiers unisLe premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg,a annoncé la création d’un groupe des princi-paux pays forestiers, comprenant le Brésil, l’In-donésie, le Guyana, le Gabon et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Celui-ci visera à coordonner etpromouvoir les mesures contre la déforestation

    L’Afrique,poubellede l’Occident?SergeArmelAttenoukon abordel’épineuxdossierdes déchetsdangereuxen Afrique, et

    soulèvenotamment les questions juridiquesposéespar les trafics dedéchetsélectroniques provenantdespaysoccidentaux. Editions L’Harmattan, 288 pages, 28 euros.

    Déçuspar Copenhague, lesréseaux mondiaux de villesrevendiquent plusquejamais uneplace à côtédes EtatsLes élus locaux veulent que les Nations unies reconnaissent leur rôle pivot en matière de climat

    S ur la longue liste des déçus deCopenhague, les villes figu-rent en assez bonne position.La conférence sur le climat devaitêtre l’occasion pour elles de fairereconnaître par les Etats et lesNationsunies le rôle pivot desgou-vernements locaux dans la luttecontre le changement climatique.L’échec des négociations a eu pourvictime colatérale la revendica-tion de ces collectivités, qui s’esti-mentpionnières en matièreclima-tique : des milliers de villes met-tent en œuvre des baisses d’émis-sion de CO2 et des normes environ-nementales bien supérieures auxengagements de leurs pays.

    Rappelant que 75 % de laconsommation d’énergie et 80 %des rejets de CO2 se concentrent enmilieu urbain, les villes prévien-nent que la lutte contre le réchauf-fement ne se fera pas sans elles etsupportent de moins en moins dese sentir exclues de négociationsinternationales qui les concernentau premier chef. L’incapacité deschefs d’Etat à s’entendre à Copen-hague risque de renforcer cettedéfiance : de nombreux mairesont le sentiment que la conférencen’a fait que creuser l’écart entredes pays hésitants et des villesvolontaristes.

    « Les villes sont les premièresconfrontées aux problèmes de pol-lution, de congestion, d’énergie…Ce sont elles qui inventent les solu-tions. Mentionner ce rôle dans unaccordnousdonnerait plus de liber-té, de moyens, cela rendrait les gou-vernements plus ouverts à nos ini-tiatives », affirme la maire deCopenhague, Ritt Bjerregaard, quiaprésidé,parallèlementaurendez-vous onusien, le premier Sommetdes maires pour le climat.

    Pour les élus locaux des pays endéveloppement, une telle recon-naissance aurait aussi l’avantaged’ouvrir à leurs collectivités unaccès direct aux ressources finan-cières desmécanismes de dévelop-pement propre.

    Les représentants des villes,fédérées dans des réseaux commeCités et gouvernements locauxunis (CGLU) ou l’InternationalCouncil for Local EnvironmentalInitiatives (Iclei), étaient venus enforce à Copenhague pour faire

    pression sur les négociateurs.Avec un succès inédit autantqu’éphémère : « Notre rôle a étémentionné pour la première fois,mais dans des annexes qui n’ontpas été adoptées puisque l’accordgénérala échoué », regrette laFran-çaise Elisabeth Gateau, la secrétai-re générale de CGLU.

    En somme, tout risque d’être àrefaire. D’ores et déjà, les villes pré-parent l’après-Copenhague.« Nous continuons de penser quenous devons être reconnus commeun niveau de gouvernement, assu-re Mme Gateau. Nous allons fourbirnosarmes et tenter d’unir toutes lesassociations de villes pour la confé-rence de l’ONU sur le climat, endécembre2010à Mexico:nous tien-drons notre congrès mondial dansla même ville, quelques jours plustôt.» Le maire de Mexico, MarceloEbrard, est un fervent avocat d’unrôle accru des municipalités : « Lesvillesontagi et obtenu plus derésul-tats que leurs gouvernementsnationaux » en matière de climat,a-t-il déclaré à Copenhague.

    D’ici au rendez-vous de Mexico,d’autres initiatives pourraientvoir le jour. Constatant que « lesEtats n’ont pas été à la hauteur del’enjeu », le maire de Paris, Ber-trand Delanoë, président de CGLU,

    a annoncé, mardi 22 décembre,que l’organisation ferait, dès jan-vier, des propositions auxvilles dumonde pour « donner une nouvel-le dimension à [leurs] partenariatsen matière d’innovation et de soli-darité environnementale ».

    De son côté, le gouverneur deCalifornie, Arnold Schwarzeneg-ger, guest star à Copenhague, s’esttaillé un beau succès de tribune endemandant aux Nations unies « deconvoquer un sommet sur le climatpour les villes, les provinces et lesrégions ». « Et je serais plus qu’heu-reux d’accueillir un tel sommet enCalifornie », a ajouté l’ancienacteur, pour qui son Etat « adémontré qu’un gouvernementsubnational pouvait mener à unchangement national ».

    Pour certains observateurs, ledésaccord entre les Etats et l’incer-titude dans laquelle est plongée lanégociation pourraient donneraux villes une carte à jouer. « Nousne resterons pas assis à attendreque les gouvernements nationauxagissent », a prévenu le maire deNew York, Michael Bloomberg,l’un des fondateurs du C40, ungroupe de quarante grandes villesmobilisées contre le changementclimatique.p

    Grégoire Allix

    D’iciau rendez-vousdeMexico, d’autresinitiativespourraientvoirlejour

    F évrier : des incendies fontplus de 200 morts dans l’Etataustralien de Victoria. Avril :plus de 300 personnes périssentdans le séisme de l’Aquila, en Ita-lie. Septembre : au moins 700 per-sonnes sont tuées par un tremble-ment de terre sur l’île de Sumatra,en Indonésie. Octobre : le typhonParma fauche près de 300 person-nes aux Philippines…

    En 2009, sur les onze premiersmois, 245 sinistres ont touché58 millions de personnes et fait8 900 morts, selon un premierbilan établi par le Centre de recher-che en épidémiologie des sinistres(CRED), un organisme belge tra-vaillant pour l’Organisation mon-diale de la santé (OMS).

    Ceschiffres constituent,parado-xalement, une bonne nouvelle. Ilsmarquent en effet une très fortebaisse par rapport aux annéesantérieures. Depuis le début de ladécennie, ils se situaient dans desfourchettes beaucoup plus hau-tes, avec par exemple, en 2008, untotal de 349 cataclysmes, 216 mil-lions de personnes affectées et235000 morts.

    Une hécatombe due notam-ment au séisme du Sichuan, enChine (près de 90 000 victimes),et au passage du cyclone Nargis enBirmanie (plus de 20 000 mortset un million de sinistrés). En2004, le tsunami dont on s’apprê-te à commémorer le cinquièmeanniversaire, le 26 décembre,avait fait à lui seul environ220 000 morts.

    Toutefois, ces statistiques« sous-estiment » l’impact dessécheresses, dont les effets semanifestentsur le long terme, sou-ligneDebarati Guha-Sapir, directri-ce du CRED. La sécheresse qui sévitdepuis plusieurs années dans laCorne de l’Afrique, au Kenya, enSomalie ou en Ethiopie, menaceainsi de famine plusieurs dizainesde millions d’habitants.

    Un rapport publié au prin-

    temps par le Forum humanitairemondial, prenant en compte lamalnutrition et les maladies, éva-luait àplus de300millions lenom-bre de personnes frappées chaqueannée par des catastrophes et parle réchauffement.

    Carun des principauxenseigne-ments de la nouvelle étude est laconfirmation de l’étroite corréla-tionentre risques naturels et chan-gementclimatique: 91%des désas-tres de 2009 et 79 % des victimeslui sont directement imputables.

    Tempêteset inondationsconsti-tuent les risques majeurs, notam-ment en Asie où, cette année,

    48 millions de personnes en ontsouffert.«Les catastrophes climati-ques restent en tête de liste et ellescontinueront à affecter davantagede personnes dans le futur », pré-vient Margareta Wahlström,repré-sentante des Nations unies pour lastratégie internationale de réduc-tion des risques.

    De fait, les modèles du Groupeintergouvernemental d’expertssur l’évolution du climat (GIEC)prévoient, avec la hausse des tem-pératures, une accentuation desphénomènes extrêmes : précipita-tions et inondations d’un côté,sécheresses de l’autre. En outre, les

    récentes observations satellitairesindiquent que l’élévation moyen-ne du niveau des mers, de 3,4 milli-mètres par an au cours des quinzedernières années, est supérieurede80 % aux prévisions. Leréchauf-fement devrait aussi se traduirepar des cyclones plus violents.

    Il n’y a pourtant pas de fatalité,même en face d’aléas naturels.« Les progrès dans la surveillance,la prévision et l’alerte, associés àdes réponses efficaces aux situa-tions d’urgence sur le terrain, sau-vent des vies », observe Michel Jar-raud, secrétaire général de l’Orga-nisation météorologique mondia-

    le (OMM). Au cours du demi-siècleécoulé,note-t-il, « alors que le nom-bre de sinistres a considérablementaugmenté, les pertesen vieshumai-nes ont été divisées par dix ».

    Dans ce domaine, l’observationsatellitaire joue un rôle crucial.« Pour les catastrophes liées à desphénomènes météorologiques,c’est-à-direles cyclones et les tempê-tes, les nouvelles générations desatellites, qui combinent les para-mètres atmosphériques et océani-ques, permettent de mieux prévoirles événements extrêmes », indi-que PascaleUltré-Guérard, respon-sable des programmes d’explora-

    tion de la Terre au Centre nationald’études spatiales(CNES). Ladétec-tion d’anomalies de températureà la surface des océans permet ain-si d’anticiper la formation d’uncyclone.

    Enrevanche,ajoute la chercheu-se, pour les sinistres d’origine géo-logique – séismes et tsunamis –,dont les éventuels signaux précur-seurs sont mal connus, les satelli-tes sont encore de peu de secours.Les dispositifs d’alerte aux tsuna-mis reposent plutôt sur des sta-tions sismographiques et desbouées équipées de GPS.

    « Il existe des moyens éprouvéspour éviter les morts et réduire lesdommages », insiste Olav Kjorven,directeur du programme pour ledéveloppement des Nationsunies, qui met en avant la nécessi-té « de systèmes d’alerte précoce, denormes de construction adaptéeset de plans gouvernementaux deréponse aux situations de crise ».

    Les systèmes d’alerte aux cyclo-nes ont ainsi fait la preuve de leurefficacité à Cuba qui, en 2008, aessuyé cinq ouragans successifs,tout en ne déplorant que septmorts. Toutefois, la plupart despays en développement – qui sontaussi les plus exposés – ne dispo-sentpas desinfrastructurestechni-ques nécessaires. p

    Pierre Le Hir

    Prochain article : au Sri-Lanka, cinq ansaprès le tsunami du 26 décembre 2004,la prévention s’organise autour des sys-tèmes d’alerte et de la restauration desécosystèmes littoraux.

    En 2009,des catastrophes moins meurtrièresPrévenir lerisquenaturel1/6 Les politiques de prévention permettent de limiter le nombre de victimes

    Laitcontaminé en ChineLa police chinoise a arrêté, le 17 décembre, àPékin, Zhao Lianhai –un défenseur des droitsdes familles victimes du scandale du lait conta-miné à la mélamine, qui a provoqué la mort desix enfants et rendu 300 000 autres malades en2008– pour avoir « provoqué des troubles ».

    Grippe A(H1N1)

    Lepicépidémique est atteintdansla plupart despays duNordLa grippe A (H1N1) a tué au moins 11516 personnes dans le monde, dont176 en France, depuis son apparition au printemps, selon le dernier bilanpublié, mercredi 23 décembre, par l’Organisation mondiale de la santé(OMS). Avec 6670 décès recensés, le continent américain reste la régiondu globe la plus touchée. L’activité du virus a désormais atteint un pla-fond dans une bonne partie de l’hémisphère Nord, mais sa transmissionn’en reste pas moins globalement « active et étendue géographique-ment». En France, où la grippe A (H1N1) est « en décrue », selon l’Institutnational de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le nombre denouveaux cas recensés la semaine du 14décembre par les Groupes régio-naux d’observation de la grippe (GROG) restait encore au-dessus du seuilépidémique: 593000 en France métropolitaine, contre 794000 la semai-ne précédente.Le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, a annoncé, mercredi, que lesgrandes entreprises qui le souhaitent pourraient proposer la vaccina-tion contre la grippe A à leurs salariés à compter du 5janvier 2010. Ellespourront procéder « de manière autonome» à la vaccination des salariés,voire à celle de leur famille, même si les centres de vaccination ont «voca-tion à demeurer le pilier central du dispositif de protection ». – (AFP.)

    Climat Les Nations unies lancent un appel au calmeLes Etats doivent cesser de se critiquer les uns les autres au sujet de l’is-sue de la conférence de Copenhague, a déclaré, mercredi 23 décembre, lesecrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur leschangements climatiques, Yvo de Boer. La Grande-Bretagne avait accu-sé certains Etats, dont la Chine, d’avoir fait échouer les négociations.Pékin a rétorqué que les Britanniques cherchaient à semer la discordeentre les pays en développement. « Ces pays devront s’asseoir ensemblel’année prochaine, donc cela n’aide en rien de s’accuser les uns lesautres», a rappelé Yvo de Boer. – (AFP.)

    Pollution Le compostage des algues vertes va reprendreLe tribunal administratif de Rennes a suspendu, mardi 22 décembre, unarrêté pris en octobre par le maire d’Hillion (Côtes-d’Armor) qui ordon-nait la fermeture d’une plate-forme de compostage d’algues vertesdont les émanations gênaient les riverains. Le tribunal a jugé que les cir-constances dans lesquelles l’arrêté avait été pris étaient « de nature àcompromettre, de manière grave et immédiate, la poursuite de l’activi-té » de l’exploitant, « et, par suite, son existence même ». – (AFP.)

    Planète

    91%desdésastresde2009et79%desvictimessontimputablesauchangementclimatique

    4 0123Vendredi 25 décembre 2009

  • circle-line.eu

    Découvrez l’Aspire 5738D d’Acer dans votremagasin d’informatique le plus proche. Visitez le site acer.fr

    Acer Aspire 5738DProcesseur Intel® Core™2 Duo T6600

    Quand vous avez envie que votre divertissementnumérique vous offre plus d’excitation, plus deréalisme et plus de suspense, il n’existe qu’uneseule manière de découvrir le monde : en 3D.

    Préparez-vous à plonger dans l’Aspire 5738Dd’Acer, le premier portable au monde avec latechnologie et les applications 3D intégrées.

    Quand vous êtes prêt à plus, vous êtes prêtà la vie en 3D..

    Lavieen3D5738D

    Windows®. La vie sans limites.Acer recommande Windows 7.

    à partir de799€1

    Pour toute information complémentaire: 08 25 00 22 37Acer et le logo Acer sont des marques déposées de Acer Incorporated. Copyright 2009 Acer. Tous droits réservés. Microsoft, Windows, le logoWindows et Windows Vista sont des marques déposéesou enregistrées de Microsoft Corporation, aux Etats-Unis et dans d’autres pays. Intel, le logo Intel, Centrino, Centrino Inside, Intel Core et Core Inside sont des marques déposées d’Intel Corporationaux Etats-Unis et dans d’autres pays. Toutes les autres marques commerciales et/ou marques techniques, indiquées ou autres, appartiennent à leurs propriétaires respectifs. Les autres noms etdésignations peuvent être revendiqués commemarques par des tiers. Spécifications et prixmodifiable à toutmoment. Acer décline toute responsabilité en cas d’erreur ou d’omission qui aurait échappéà sa vigilance. Les images sont fournies à titre purement illustratif. 1Les résultats pouvant varier selon lesmodèles et les configuration. Prix publics TTC conseillés, valides jusqu’à épuisement des stocks.

  • Sur France Info

    Plantu dévoileson dessin du jourvendredi à 11h40

    avec

    au micro de Jean Leymarie

    JohannesburgCorrespondant régional

    Y a-t-il quelqu’un à la tête duNigeria? Après un mois d’ab-sence de son président,Umaru Yar’Adua, évacué à l’étran-ger pour des raisons de santé, lepays le plus peuplé d’Afrique(150 millions d’habitants) s’in-quiète. Le chef de l’Etat avait quit-té son pays le 23 novembre pourêtre hospitalisé d’urgence en Ara-bie saoudite. Il devait alors, selonson médecin, y être soigné pourun problème cardiaque. Depuis, iln’a fait aucune apparition, nes’est livré à aucune déclaration et,surtout, n’a donné aucune consi-gne pour la conduite des affairesde l’Etat en son absence.

    Dans un pays où l’hypothèsed’un putsch est loin d’être négli-geable (les militaires n’ont quittéle pouvoir qu’en 1998), cette situa-tionsuscite d’autant plus d’inquié-tudes que le président, jeudi24 décembre, n’avait toujours pasformellement confié le pouvoir àson vice-président.

    Selon la Constitution, le chef del’Etat peut, en cas d’absence ou demaladie,confierlagestiondesaffai-res par intérim au vice-président, àcondition d’en informer par écritles chefs du Sénat et de la Chambredes représentants. Ces lettres n’ontpas été envoyées, paralysant l’ac-tion de l’Etat.

    Cinquante-trois responsablespolitiques et économiques (issusen majorité de l’opposition) vien-nentdeformerungroupe,surnom-

    mé le G53, dont le slogan « Sauvezla démocratie maintenant » mon-tre l’inquiétude du Nigeria. Ilsappellent le président à confier sesresponsabilités à Goodluck Jona-than, le vice-président.

    Un autre article de la Constitu-tion prévoit que le vice-présidentpeut assurer la conduite des affai-res de l’Etat dans le cas où « l’inca-pacité permanente » du présidentest établie. Ces dernières semai-nes, l’état exact de santé d’Umaru

    Yar’Adua a été tenu secret, alimen-tant les rumeurs. Des réunions ontété organisées pardehauts respon-sables pour examiner les hypothè-sespouvantconduire à unesucces-sion en douceur dans le cas oùUmaru Yar’Adua décéderait ouserait incapable de reprendre sesfonctions. Jusqu’ici, aucune solu-tion ne semble avoir été retenue,laissant planer la menace d’unetentative de coup d’Etat militaire.

    Selon certaines sources, UmaruYar’Adua aurait été empêché parson entourage de confier les rênesdu pouvoir à Goodluck Jonathanpour des raisons de distributiongéographique du pouvoir. Selonunerègle non écrite au sein du par-ti au pouvoir, le Parti démocrati-

    que du peuple (PDP), la présidencenigériane échoit, alternativement,à un représentant de l’élite duNord, puis à celle du Sud. C’est autour des représentants du Nord dupays de diriger le Nigeria.

    Alors que le président Yar’Aduaest le descendant d’une grandelignée d’aristocrates et d’officierssupérieurs du Nord, GoodluckJonathan est originaire du delta duNiger, dans le sud. Cette régionpétrolifère (le Nigeria est le sixiè-me producteur mondial de brut) aété saccagée d’un point de vue éco-logique, et marginalisée depuisdes décennies sur le plan économi-que. Les mouvements armés, dontcertains flirtent avec le crime orga-nisé, y prospèrent. Le plus impor-tant, le Mouvement d’émancipa-tion du delta du Niger (Mend), aproclamé en août un cessez-le-feuaccompagné de mesures d’amnis-tie. Le processus de paix dans larégion est le premier à souffrir dela vacance du pouvoir.

    Lors de son élection, les mauvai-ses conditions de santé d’UmuraYar’Aduaétaient connues. Officiel-lement, il était supposé souffrir deproblèmes rénaux. Depuis sonaccessionaupouvoir, il s’est absen-té cinq fois pour des soins médi-caux à l’étranger.

    L’ancien gouverneur de l’Etatde Katsina a été choisi pour être lecandidat du parti au pouvoir lorsdes élections de 2007 par l’ex-pré-sident Obasanjo, qui avait échouéàmodifierla Constitutionpour bri-guer un troisième mandat. p

    Jean-Philippe Rémy

    Le fonctionnementde la confrérie

    Militants et sympathisantsPour limiter la répression gouver-nementale qui s’abat régulière-ment sur les militants de la confré-rie, les Frères musulmans égyp-tiens ne fournissent pas de don-nées chiffrées sur le nombre deleurs membres actifs. Les expertsestiment à plusieurs millions lenombre de leurs sympathisants –et électeurs potentiels –, mais àenviron 100000 seulement lenombre de leurs membres actifs.

    Les instances d’«orientation»Ce sont les membres actifs quiparticipent, le plus discrètementpossible, dans chacune de leursrégions, à l’élection des 120 à130membres du conseil d’orienta-tion. Celui-ci élit à son tour, à bul-letins secrets, 16 délégués qui siè-gent au bureau d’orientation.

    Le guide suprême Les 16mem-bres du bureau d’orientation, enprincipe munis des consignes devote de leurs mandants, élisentensuite, à bulletins secrets, le gui-de suprême de la confrérie ainsique son numéro deux.

    Protestation, le 7décembre auCaire, contre la démolition d’un hôpital construit par les Frères musulmans. ASMAA WAGUIH/REUTERS

    Lesproblèmes desanté du présidentUmaruYar’Adua inquiètent le NigeriaDepuis un mois, le chef de l’Etat est à l’étranger pour des soins

    Iln’a donnéaucuneconsignepourla conduitedesaffairesde l’Etatpendantson absence

    En Egypte, repli conservateur des Frères musulmansLa confrérie, qui constitue la principale force d’opposition au président Moubarak, va élire une nouvelle direction

    F ondés en 1928, interdits par legouvernement depuis 1954,les Frères musulmans, quireprésentent à la fois le plus puis-sant et le mieux organisé des mou-vements d’opposition d’Egypte,s’apprêtent à élire la semaine pro-chaine un nouveau « guide suprê-me». Plus divisée que jamais entre«conservateurs » et « réformistes»,la confrérie a élu lundi 21décembreles 16 membres de son bureaud’orientation. Les «conservateurs»,qui prônent un repli de l’organisa-tion sur les fondamentaux qui ontfait son succès – les œuvres socia-les, caritatives, éducatives, ainsique le retour à la religion – y occu-pentdésormais unepositiondomi-nante. Nul doute que le prochainguidesuprême,successeurduprag-matique Mohammed Mahdi Akef,qui se retire à 81 ans, viendra deleurs rangs.

    Généralement plus jeunes ettrès actifs dans les blogs Internet,les réformateurs qui luttent à lafois pour l’ouverture aux autresopposants politiques du régimeMoubarak et pour une plus grandeimplication du mouvement dansle jeu politique national, ont per-du leur unique représentant ausein du bureau politique, AbdelMonem Abou Al-Fottouh qui, àl’instar du pragmatique docteurMohammad Seyed Habib,ex-numéro deux, n’a pas été réélu.

    En revanche, un autre réforma-teur populaire, Essam Al-Erian,55 ans, qui tentait d’entrer dans lebureau d’orientation depuis quel-que temps, a été élu. Membre de laconfrérie depuis trente-cinq ans,ce médecin modéré qui, contraire-ment audogme officielde l’organi-sation, accepterait qu’une femmeou un chrétien se présente à la pré-sidence de l’Etat, prône une « plusgrande coopération » avec l’Occi-dent.Pour lui, il «esttempsd’accep-ter l’existence d’Israël dans le cadred’une solution à deux Etats » pourrésoudre la question palestinien-

    ne. Sauf improbable miracle, il n’aaucune chance de devenir « guidesuprême».

    LeprésidentMoubarakquipréfè-re avoir face à lui une organisationconservatrice et si possible repliéesurelle-mêmeplutôtqu’uneconfré-rie réformiste et dynamique, « aobtenu,grâceàlarépression,exacte-ment ce qu’il voulait », déplore unautre moderniste célèbre, AbdelMonem Mahmoud, journaliste etblogueur.«Quand il y a la liberté, lesidéesréformistesprédominent,com-mente-t-il. S’il y a tyrannie, ce sontles conservateurs qui gagnent. »Avis partagé par Joshua Stacher, un

    politologue américain spécialisé dela Kent State University (Ohio) pourqui«l’Etatégyptienaenquelquesor-te dicté le genre de confrérie quenous voyons aujourd’hui ». Selonlui, les Frères conservateurs ontbeau jeu d’avancer l’idée selonlaquelle«participerauxélectionsenEgypte n’apporte rien sauf un sur-croît d’arrestations».

    Ne pas provoquer le pouvoirLaconfrérie,quiaofficiellement

    renoncé à tout recours à la violenceil y a plus d’une trentaine d’années,et qui dispose d’une certaineinfluence en Jordanie, en Palestine

    et ailleurs dans le monde arabe, n’ajamais pu obtenir de l’Etat égyp-tien le droit de créer un parti politi-que légal. Plusieurs de ses anciensmembres, qui avaient démission-né précisément pour créer une for-mation indépendante, attendentdepuis quinze ans une autorisa-tion officielle qui ne vient pas.

    Aux élections législatives de2005, sur forte pression américai-ne, des candidats estampillés parforce « indépendants » puisque lesFrères, s’ils sont tolérés, demeu-rent interdits en tant que tels,avaient pu participer à la consulta-tion. Ils avaient effectué une « per-

    cée historique » en remportanttous les sièges qu’ils briguaient, àsavoir 88 sur 455. « Nous nousétions limités à ce nombre pour nepas provoquer le pouvoir », expli-quait récemment au MondeMohammadHabib,l’anciennumé-ro deux. Peine perdue.

    La répression s’est poursuivieet même amplifiée (224 Frèressont présentement emprisonnésdont plusieurs dizaines de cadresrégionaux), tandis que le pouvoirentrave au maximum le travailsocial réalisé par la confrérie. Audébut du mois, un hôpital en voiede construction pour servir les

    pauvres du Caire a été purementetsimplementrasé sousunprétex-teadministratif.La pressionaméri-caine en faveur d’une plus grandedémocratisation de l’Egypte ayantvirtuellement disparu depuistrois ans, beaucoup doutent que laconfrérie pourra participer libre-ment aux législatives de novem-bre 2010. Encore moins à la prési-dentiellede 2011. Aurisque de radi-caliser certaines des jeunes « têteschaudes » qui, dégoûtées d’un jeuprétendument « démocratique »,ont, comme tant d’autres par lepassé, versé dans la violence. p

    Patrice Claude

    M ieux vaut prendre lemétro.» Laconique, lapetite phrase accompa-gne depuis une semaine la cartedes embouteillages de la capitalesur le portail Internet Yandex.ru,sur lequel tous les grands axessont colorés d’un rouge inquié-tant. Saturé, le réseau routier mos-covite n’a pas supporté les premiè-res grandes chutes de neige de l’an-née. Lundi 21décembre, record his-torique: les bouchons cumulésdans la seule ville de Moscou attei-

    gnaient 1700kilomètres, soit «ladistance entre la capitale et Tchelia-binsk», dans l’Oural, ironisait Yan-dex.ru. En France, la journée noiredu samedi 19 décembre n’a engen-dré « que» 500km de bouchons,mais pour la totalité du pays…

    Les journaux populaires fontleurs choux gras de l’événement.Les automobilistes racontent leurcalvaire, parfois immobilisés plusde deux heures au même carre-four. Sur la grande avenue de Vol-gograd, des conducteurs impa-

    tients ont abandonné à la va-viteleur véhicule pour s’engouffrerdans le métro, provoquant ainsiun bouchon encore plus mons-trueux. Sans compter les 15000pannes recensées en vingt-quatreheures par les autorités municipa-les, en raison des intempéries – etd’un parc automobile vieillissant.

    Comment expliquer un tel cha-os dans une ville pourtant habi-tuée à l’hiver? Les 20cm de neigene sont pas le seul motif. L’aug-mentation du nombre de voitures(plus de 450000 circulent chaquejour à Moscou) compte pour beau-coup. Même les larges avenuessoviétiques à dix voies ne peuventirriguer le trafic dans une ville audéveloppement chaotique, sansplan d’urbanisme. La vitessemoyenne des véhicules à Moscoune dépasse pas 10km/h.

    Face à un échec aussi patent, lesregards se tournent vers la munici-palité, qui scrute les nuages. Lemaire, Iouri Loujkov, s’en est prisrécemment aux météorologues,incapables de prévoir la premièrechute de neige importante.

    Cette nouvelle crise risque égale-ment de rappeler cette promessefarfelue, non tenue: M.Loujkovs’était engagé cet automne à «bom-barder les nuages» de produitschimiques pour éviter les tempê-tes hivernales sur la capitale. Lesystème devait être mis en placeavant l’hiver, mais un porte-parolede la mairie indique désormaisque ce sera prêt en février. Un peutard pour les automobilistes mos-covites… p

    Alexandre Billette(Moscou, correspondant)

    EnRussie, la neigeprovoque 1700kilomètresdebouchonsdans laseule ville deMoscou

    International6 0123Vendredi 25 décembre 2009

  • Offres soumises à conditions valables en France métropolitaine.(1) Prix de vente maximum conseillé, valable pour l’achat entre le 16/12/09 et le 31/12/09 d’un iPhone 3G 8Go avec la souscription d’un forfait IllimythicsiPhone pour une durée de 12 mois minimum. Tarif différent en cas de renouvellement de mobile ou avec la souscription d’une autreoffre SFR. Conditions et tarifs des offres en points de vente ou sur sfr.fr.

    SFR-S.A.aucapitalde1345144260,15

    €-RCS

    Paris403106537-Photographies©Corbis

    *SFR 1er ex-aequo selon l’enquête ARCEP 2008.

    Réseau

    N°1*JUSQU’AU 31 DÉCEMBRE

    Avec un forfait Illimythics iPhoneiPhone 3G 8Go à49€(1)

    sfr.fr

    Certaines applications ne sont pas disponibles dans toutes les zones géographiques.La disponibilité des applications et les prix sont susceptibles de changer. TM et © 2009 Apple Inc. Tous droits réservés.

  • 8 0123Vendredi 25 décembre 2009

    Mir Hossein Moussavi (deuxième à gauche) et le religieux Mehdi Karoubi, figures de proue del’opposition, participent aux obsèques de l’ayatollah Montazeri, le 21décembre à Qom. REUTERS

    L a contestation ne faiblit pas.Quarante-huit heures aprèsles affrontements qui ontmarqué les obsèques de l’ayatol-lah Montazeri à Qom, de nou-veaux troubles onteu lieu, mercre-di23décembre,àIspahanet Najafa-bad (dans le centre du pays), alorsque la police tentait d’empêcher lerassemblement, dans une mos-quée, des partisans de l’ayatollahdéfunt.Selon l’opposition,une cin-quantaine de personnes auraientété arrêtées. D’autres incidentspourraient avoir lieu dimanche,pour l’Achoura, grande fête reli-gieuse chiite qui coïncidera avec leseptième jour de deuil de la mortde l’ayatollah Montazeri.

    Le pouvoir est décidé à empê-cher que le mouvement de contes-tation s’étende. « Nous conseillonsà ce mouvement [l’opposition] decesser ses actions, sinon la policeagira avec fermeté contre les per-turbateurs de l’ordre », a prévenu,mercredi, le chef de la police, legénéral Ismaïl Moghadam. C’estdéjà le cas. Six mois après l’élec-tion controversée du présidentMahmoud Ahmadinejad, le12 juin, la répression se poursuit.Et lebilan estlourd: unequarantai-nede morts officiellement (l’oppo-sition parle de plus de 70) ; cinqcondamnations à mort ; des pei-nes de prison pour les opposants.

    Lasituation des droits de l’hom-me est « la pire qu’ait connue lepays depuis vingt ans », selon ledernier rapport d’Amnesty Inter-national, daté du 10 décembre. Ledocument dénonce « la torture, lesexécutions extrajudiciaires, som-maires ou arbitraires » et note que« les investigations annoncées [parles autorités] semblent avoir pourobjectif de dissimuler les atteintesaux droits humains plutôt que defaire éclater la vérité ».

    PourKarimLahidji, juristeetpré-sident de la Ligue des droits del’hommeiranienne,lepluspréoccu-pant est le côté « systématique» decette répression. « Depuis quelquesmois, lorsque quelqu’un est arrêté, il

    est souvent soumis à de mauvaistraitements ou contraint de fairedes “aveux” pour justifier unecondamnation à venir, mais c’estaussi tout son entourage qui estvisé. Cela ne s’était jamais produit,explique-t-il. On exige, par exem-ple, des cautions exorbitantes quicontraignent parfois les familles àhypothéquer leurs biens.»

    Exécutions publiquesDans d’autres cas, explique

    encore Karim Lahidji, les prochesdelapersonnearrêtéesont«remer-ciés » et perdent leur travail. Et deciter le cas de la journaliste NargisMohammadi, porte-parole du cen-tre pour les droits de l’homme ani-mé par le Prix Nobel de la paix Shi-rin Ebadi. « Le mari de Nargis, TaridArmani, qui appartient à un mou-vement progressiste, a passé dixans en prison. A sa sortie, il étaitbien sûr au chômage. Sa femme aété convoquée il y a un mois. On luia signifié qu’elle était licenciée. »

    Enprison,l’arbitraireestdemise.

    D’après les confidences de la fem-medujournalisteéconomiqueSaïdLeylaz, condamné à neuf ans de pri-son, elle a eu droit à voir son mariseulement deux fois en six mois.Lui n’a jamais su quand se tiendraitson procès. Un jour, on l’a prévenu:«C’est maintenant. Tu as dix minu-tespour préparerta défense.» L’avo-catn’apasétéconvoqué.Ilasimple-ment été informé de la sentence.

    Autre cas, celui de Bezad Nabavi,un ex-ministre de 72 ans, condam-né à six ans de prison. Peu aprèsavoir subi une intervention chirur-gicale,ilaétéautoriséàallerserepo-seràsondomicile.Mais,pourcefai-re, il a été contraint de verser unecautionde65 000euros. Toutefois,comme il avait raconté ses condi-tions de détention à des amis, on l’aremis en prison au bout d’unesemaine, malgré la caution versée.

    « Sur quatre mille personnesarrêtées après l’élection de juin, sixcents sont toujours détenues. Sanscompter toutes celles incarcéréesdepuis, observe M. Lahidji. Cer-

    tains détenus sont en prison depuisle début de la contestation, il y a sixmois, sans que l’on sache mêmes’ils auront un procès et quand.C’est le cas de l’ex-vice-ministre del’intérieur Mostapha Tajzadeh, del’ex-porte-parole de la présidenceréformatricede M. Khatami,Abdul-lahRaminzanzadeh, ou encore d’A-hza Mansouri, membre du bureaupolitique du parti réformateur.»

    Le régime multiplie aussi lesexécutions publiques de crimi-nels de droit commun – ou présen-tés comme tels –, juste pour brisertoute tentative de contestation. En2008, 380 exécutions ont eu lieuen Iran ; les chiffres de 2009 serontplus élevés encore. L’Iran est passéjustederrièrelaChinepour lenom-bre d’exécutions. L’un des raresjournaux à avoir ouvertement cri-tiqué cette politique de répres-sion, Ayat Now (« Nouvelle vie »),est dirigé par un frère cadet du gui-desuprême, Ali Khamenei. Le jour-nal a été suspendu. p

    Marie-Claude Decamps

    Russie

    LaCoursuprême juge illégalel’arrestationdePlaton LebedevMOSCOU. La Cour suprême a jugé illégale, mercredi 23décembre, l’arres-tation de Platon Lebedev, ex-associé de Mikhaïl Khodorkovski etex-directeur financier de l’entreprise pétrolière Ioukos incarcéré depuissix ans. Par sa décision, la justice russe se conforme au jugement de laCour européenne des droits de l’homme, qui avait statué en 2007 surl’illégalité de cette arrestation. La Cour suprême n’a pas rendu publicsles arguments justifiant la décision prise mercredi. Les deux hommes,incarcérés depuis 2003, purgent une peine de huit ans d’emprisonne-ment pour escroquerie et fraude fiscale. Comme ils font face, depuis le3mars, à un nouveau procès pour détournement et vente illégale depétrole, la décision de la Cour suprême russe n’entraînera pas la libéra-tion de Platon Lebedev. p Alexandre Billette

    Somalie L’Erythrée sanctionnée pour son soutienà l’insurrection islamisteNEW YORK (Nations unies). Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté,mercredi 23 décembre, ses premières sanctions contre l’Erythrée, accu-sé de soutenir l’insurrection islamiste en Somalie et d’ignorer les appelsà un règlement pacifique de son conflit frontalier avec Djibouti. La réso-lution 1907 instaure un embargo sur les armes en provenance ou à des-tination de l’Erythrée. Le Conseil de sécurité prévoit de sanctionner desresponsables érythréens, dont les noms seront déterminés par la suite,en gelant leurs avoirs et en les frappant d’une interdiction de voyager àl’étranger. Treize pays ont voté en faveur du texte. La Chine s’est abste-nue et la Libye a voté contre. – (Corresp.)

    République dominicaine Le gouvernement gracieles deux jeunes Françaises détenuesSAINT-DOMINGUE. Le gouvernement dominicain a gracié, mercredi23 décembre, deux Françaises, Sarah Zaknoun (19 ans) et Céline Faye(20ans), condamnées fin 2008 à huit ans de prison pour trafic de dro-gue. A l’occasion des fêtes de fin d’année, le président Leonel Fernandeza signé un décret graciant les deux jeunes femmes. « C’est une décisionstrictement humanitaire », a réagi le secrétaire d’Etat français à la coopé-ration, Alain Joyandet. – (AFP.)

    VaticanLe processus de béatification de PieXII engagéROME. Le Vatican a défendu, mercredi 23 décembre, le processus de béa-tification de Pie XII, pape contesté pour son silence pendant la Shoah.Il ne s’agit pas d’« un acte hostile envers le peuple juif », mais d’une déci-sion basée sur l’étude de la « vie chrétienne de la personne» de Pie XII, afait valoir le Vatican dans une note transmise à la presse. – (AFP.)

    L ’enlèvement et l’assassinatdu gouverneur du départe-ment colombien de Caqueta(sud), Luis Francisco Cuellar, attri-buésauxForcesarméesrévolution-naires de Colombie (FARC, extrê-me gauche), constitue un « défi »pour le président Alvaro Uribe.

    «Après avoir reçu des coups pen-dant sept ans, la guérilla est parve-nue à s’adapter à la politique de “sé-curité démocratique” et sait com-mentyfaireface»,estimait,mercre-di 23décembre, l’ancien guérilleroLeon Valencia, directeur de la fon-dation Nuevo Arcoiris, spécialisédans les questions de sécurité. « Laforce publique a baissé la garde parexcèsde confiance», observede soncôté Alfredo Rangel, directeurd’une autre fondation, Sécurité etdémocratie.

    Alors que M. Cuellar avait déjàété séquestré quatre fois, safamille a critiqué la protectionjugée«insuffisante» dont ilbénéfi-ciait. Un seul policier était à soncôté lorsque le commando desFARC l’a enlevé, lundi, dans sa rési-dence à Florencia, le chef-lieu dudépartement.

    L’armée avait réduit ses activi-tés dans le Caqueta, note M. Ran-gel, tout comme dans le Cauca, àNarino et dans le Meta, les autresdépartements où les FARC sontmieux implantés. Certes, les FARCet l’autre guérilla, l’Armée de libé-ration nationale (ELN, castriste),ontréduit leurs attaques, les déser-tions dans leurs rangs augmen-tent, la production de cocaïne quifinance leurs organisations a chu-té à 300 tonnes en 2009 (700 ton-nes en 2001), toujours selonM. Rangel. Mais, « sous-estimer lacapacité des FARC à planifier l’enlè-vement de hauts fonctionnaires etdes actions militaires est une

    erreur que la société colombiennene peut se permettre », soulignel’éditorial du principal quotidiende Bogota, El Tiempo.

    M. Valencia critique aussi lasous-estimation du récent accordsigné par les FARC et l’ELN, aprèsdes affrontements entre les deuxorganisations qui ont provoqué lamort de combattants au cours desderniers mois. Face à l’utilisationde bases colombiennes par desmilitaires américains, pour luttercontre le trafic de drogues, les gué-rillas « agitent une position natio-naliste face aux Etats-Unis et se pré-parent à une éventuelle confronta-tion entre le Venezuela et la Colom-bie», juge M. Valencia.

    «Inconsistance»L’assassinat de M. Cuellar com-

    promet les chances d’une libéra-tion unilatérale d’otages des FARC,attendue depuis plusieurs mois.Selon le porte-parole du Comitéinternational de la Croix-Rouge àBogota, les « conditions de sécuri-té » pour une telle libération nesont plus réunies.

    M. Rangel dénonce « l’inconsis-tancedes FARC,qui n’ont cessé d’en-lever des civils, tout en maintenantla pression en vue d’un échange »entre les 24 militaires aux mainsde la guérilla depuis des années etles membres des FARC incarcérés.

    De son côté, le sénateur Gusta-vo Petro, candidat du Pôle démo-cratique alternatif (gauche) à laprésidence de la Colombie, ademandéauprésident Uribe desai-sir la Cour pénale internationale àpropos de l’affaire Cuellar. « La pri-se systématique d’otages de la partdes FARC est un crime contre l’hu-manité et un crime de guerre », faitvaloir M. Petro. p

    Paulo A. Paranagua

    EnColombie,laguérilladéfielapolitiquesécuritaireduprésidentUribeAprès l’assassinat d’un gouverneur, Bogotaest accusé d’avoir sous-estimé les FARC

    C ’est une aberration inadmis-sible », répète l’archevêquede Mexico, Norberto Rive-ra, depuis que, le 21 décembre, lacapitale mexicaine a autorisé lemariage homosexuel. Dirigée parle Parti de la révolution démocra-tique (PRD, gauche), la ville a prisune position avant-gardiste quiprovoque un tollé dans lesmilieux conservateurs.

    Par 39 voix contre 20 et 5absten-tions, les élus de Mexico ont modi-fié le code civil local pour validerle mariage entre personnes dumême sexe et leur droit à adopterdes enfants. Cette réforme enthou-siasme la communauté gay et les-bienne, qui bénéficiait depuis2006 à Mexico d’une union civile,proche du pacte civil de solidarité(PACS) français. «C’est une premiè-re en Amérique latine», s’est félici-tée la militante Lokin Castañeda,avant de scander «Si, se pudo!»(Oui, ça a été possible!).

    Si l’union civile est aussi légaleen Uruguay, en Colombie, enArgentine et dans certains Etatsbrésiliens, le mariage homo-sexuel n’existe dans aucun autrepays de la région. La décision deMexico « pourrait faire tâched’huile», commente l’anthropolo-gue François Lartigue.

    Du côté des milieux conserva-teurs, la portée symbolique de cet-te loi déclenche une levée de bou-cliers dans un pays très catholi-que. « Nos enfants courent un

    grand risque de voir comme nor-mal ce type d’union », assure l’ar-chevêque de Mexico. Et MarianaGomez del Campo, dirigeante duParti d’action nationale (PAN,droite), la formation du présidentFelipe Calderon, de renchérir :«Cette loi porte atteinte à toute lasociété mexicaine. » Soutenue pardes députés du Parti révolution-naire institutionnel (PRI, centre),la droite réclame du maire deMexico, Marcelo Ebrard (PRD), unveto contre la réforme, en mena-çant de saisir la Cour suprêmepour inconstitutionnalité.

    «Les avancées sociales dans lacapitale, où la population est plusmoderne qu’ailleurs, radicalisentles positions des élus conserva-teurs en province, comme pourl’avortement», observe FrançoisLartigue. Dépénalisée en 2007 àMexico, l’interruption volontairede grossesse est, depuis, sanction-née de peines de prison dans 17des 31 Etats mexicains.

    Craignant une hausse de l’ho-mophobie, Luis Gonzalez, prési-dent de la Commission des droitsde l’homme de Mexico, appelle lahiérarchie catholique à «éviter undiscours incendiaire». Officielle-ment, 460 meurtres homophobesont été commis au Mexiquedepuis 1995. La mairie de Mexico aannoncé que le premier mariagehomosexuel sera célébré enfévrier ou mars2010. p

    (Mexico, intérim)

    Lemariage homosexuelàMexicohérisse la droite

    International

    Lacontestation continue en Iranmalgré une répression accrueLe régime prévient qu’il agira «avec fermeté contre les perturbateurs de l’ordre». AmnestyInternational constate que la situation des droits de l’homme est «la pire depuis vingt ans»

  • Les Grands Prix de la Créativité RH organisés par l’ACCE,l’ANDRH et Le Monde, en partenariat avec Le Point, ont étéremis le 15 décembre dernier par Michel Yahiel, président du Jury.Ces Grands Prix ont été attribués à la FNSEA (agence ORC) dansla catégorie Presse et à The Phone House (agence Hodes4people)dans la catégorie Internet.

    Les autres lauréats sont Monoprix (agence EuroRSCG) etJardiland (agence ORC) dans la catégorie Presse, la FNSEA(agence ORC) et Conforama (agence ORC) dans la catégorieInternet. Cette seconde édition a permis de récompenserl’audace des annonceurs et la créativité de leurs agences dans lamise en oeuvre de leurs campagnes de recrutement.

    Rendez-vous pour la troisième édition qui consacrera lescampagnes lancées en 2010 !

    Les lauréats

    MICHEL BALSAN, DRH du Groupe Tour EiffelPHILIPPE CANONNE, DRH de SephoraCATHERINE CARRADOT, Déléguée générale de l’ANDRHVINCENT COUBARD, DRH de Louvre HôtelsFRANÇOISE DUCRUEZET, Directrice du Développement desCompétences de Banque de FranceBRIGITTE DUMONT, Directrice développement et performancedes RH groupe FT OrangeLOÏC HEAULME LAVERNE, DRH de Sade (Veolia)OLIVIER HUMBERT, DRH de CofaceJEAN-CHRISTOPHE SCIBERRAS, DRH de RhodiaMARC VEYRON, DRH Supermarchés CarrefourMICHELYAHIEL, Président de l’ANDRH

    Le jury

  • RomeCorrespondant

    P ierluigi Celli, le directeur del’université de la Luiss (LibreUniversité internationaledes études sociales), à Rome, enconvient lui-même. Sa lettreouverte à son fils, publiée par lequotidien La Repubblica le31 novembre, est une « provoca-tion ». Elle a d’ailleurs fait du bruit.« Mon cher fils, commençait-il, tues sur le point de terminer l’univer-sité. (…) C’est pour cela que je teparle avec amertume, pensant àl’avenir qui t’attend. Ce pays, tonpays, n’est plus un endroit où il estpossible de rester avec fierté (…).Danscepays,si toutva bien,tucom-menceras par gagner un dixièmedu salaire de n’importe quel porte-serviettes, le centième de ce quegagne une starlette de la télévision.Pars. Prends le chemin de l’étran-ger, choisis d’aller là où la loyauté,le respect et la reconnaissance dumérite sont encore des valeurs. »

    Au téléphone, M.Celli explique :« Aujourd’hui, en Italie, en raisonde la crise, une génération entièrede jeunes diplômés va être sacrifiée.Un pays qui ne s’occupe pas de sesjeunes est un pays en déclin. Lesrecommandations, les combines,les pistons sont un folklore dontnous devons nous débarrasser. »Ancien dirigeant de grandes entre-prises, il reconnaît lui-même sapart de responsabilité en tant quedirecteur d’une université grandiesous l’aile de la Confindustria, leMedef italien: « Une personne seu-le ne peut pas tout changer. »

    Nouvelle manifestationdu pen-chant italien à « l’autodénigre-ment » ? Le 3 décembre, une quin-zaine de jeunes diplômés écri-vaient au président de la Républi-que, Giorgio Napolitano, 84 ans,pour accuser l’Italie d’être « le paysle plus immobile d’Europe ». Leurpoint commun : après des étudesdans la Péninsule, ils sont tousallés chercher du travail et unmeilleur salaire de départ ailleurs.

    Leur témoignage a été recueillidans un livre La Fuga dei Talenti –«Lafuitedestalents»–(éd.SanPao-lo) et sur un blog. « En Italie, jen’auraismêmepas pupayer le loyerde mon appartement et j’aurais étéobligée d’attendre la mort d’un pro-fesseurpourprendresaplace », écritCristina Cammarano, enseignantedans une université américaine.« L’Italie reste mon pays, raconteDamiano Migliori, ingénieur en

    France, mais il est en déclin et je nevois pas de signe d’amélioration. »

    Selon Sergio Nava, auteur dulivre et animateur du site, environ110 000 diplômés d’universitéquittent chaque année l’Italie. Lescauses de cet exode sont déjà dia-gnostiquées: bas salaires, géronto-cratie, hiérarchies immobiles, fai-ble mobilité sociale, système uni-versitaire souvent gangrené parles passe-droits. L’université deMessine (Sicile) s’est ainsi distin-guée : début 2009, une enquête arévélé qu’une moitié des profes-

    seurs de la faculté de médecineavaient au moins un lien de paren-té avec un autre…

    Economiste,diplôméde la répu-tée université Boconi à Milan,MarcoFantiniachoisi lui aussil’ex-patriation, en Belgique, après unepremière expérience d’emploi enItalie. « Le système italien, expli-que-t-il, favorise l’ancienneté danstous les domaines. Dans une sociétévieillissante, les classes âgées sontles plus nombreuses et les plus

    influentes. Elles cherchent à proté-ger leur pré carré. A ce tableaus’ajoute la faible considérationpourlemérite.Ceproblèmeestdeve-nu une question de civilisation. »

    Le coût est lourd pour le pays :un milliard d’euros par an seraitainsi dépensé pour la formationde ceux qui partent. Cette situa-tion n’est pas sans conséquence.Selon le rapport 2008 de la Luiss,consacré à la méritocratie, « le pro-blème italien numéro un est celuidu déséquilibre dramatique de labalance des cerveaux ». « L’Italieimporte dix fois moins de diplôméshautement qualifiés (0,33 %) qu’el-le n’en exporte (3,44 %). Avec moinsde 2 % de chercheurs invités, elle sesituedanslesderniersrangs duclas-sement international », ajoutentles auteurs du rapport.

    Pour Marc Lazar, professeur àSciences Po Paris et spécialiste del’Italie, « le pays est au bord d’unclash de générations». « La frustra-tion de la jeunesse est immense,explique-t-il, et ne trouve aucundébouché. L’Italie a manqué sonrendez-vous avec la société de laconnaissance alors que la France,l’Allemagne ou l’Angleterre en ontfait une question centrale. Toute-fois, des îlots d’excellence demeu-rent et malgré ces défauts ce systè-me archaïque produit des talentsextraordinaires qui, malheureuse-ment, vont s’exprimer ailleurs. »Exemple de ce paradoxe: en 2007,le concours des jeunes chercheurs

    du CNRS a permis le recrutementde 30 % de candidats italiens.

    Mais cette «fuite des cerveaux»n’est pas sans retour. Ainsi l’univer-sité IMT (Institutions, Marchés,Technologies) de Luca (Toscane) avu se présenter 520 candidatsvenus de l’étranger – parmi les-quels quelques Italiens qui ont faitlepariduretour–pourunconcoursde…troispostes.Larecettedecesuc-cès? « Nos règles d’embauche sontles mêmes que celles adoptéesailleurs dans la communauté scien-tifique, explique Fabio Pammolli, ledirecteur de l’institut. Chaque can-didat est écouté, évalué selon sesmérites et dans la transparence.»

    Une réforme de l’université, quisera discutée en février 2010 auSénat, tient compte de quelques-unsdesreprochesquiluisontadres-sés. Elle table sur un système moinscoûteux et plus sélectif. Le projet deloi prévoit que les futurs cher-cheurs «seront choisis selondes pro-cédures publiques». La fin du pistonet de la combinazione ? Mardi22décembre,leprésidentdelaRépu-blique a répondu aux jeunes diplô-més qui lui avaient écrit : « Je com-prends vos raisons, leur dit M.Napo-litano. Mais j’espère que dans unfutur assez proche les conditionsserontréunies pour votreretour.» p

    Philippe Ridet

    n Sur le WebLe témoignage de jeunes diplômés :lafugadeitalenti.wordpress.com

    FRANCE INTER LA DIFFÉRENCEfranceinter.com

    LA DIFFERENCEC’EST

    LA VIGILANCEService Public 10h

    franceinter.com

    Isabelle Giordano

    «Unesociétévieillissante»,quiaccordeune«faibleconsidérationpourlemérite»

    Marco Fantiniéconomiste expatrié

    Faute depouvoir se montrer,SilvioBerlusconi sefait entendre

    E n convalescence dans sa villad’Acore (Lombardie), le visa-ge toujours partiellementrecouvert par des pansementsdepuis l’agression dont il a été vic-time le 13décembre, Silvio Berlus-coni s’essaie à une nouvelle formede communication avec les Ita-liens: l’intervention orale et sansimage. Un comble pour cet hom-me de médias, propriétaire detrois télévisions et qui, à 73ans, atout fait pour séduire par uneapparence soigneusement entrete-nue à coups de liftings et autresimplants capillaires.

    Dimanche 20décembre, c’estpar téléphone que le président duConseil italien a assuré ses parti-sans, réunis pour une manifesta-tion de solidarité à Milan, de savolonté d’«aller de l’avant pour lebien du pays». «L’amour vaincratoujours l’envie et la haine», apoursuivi celui qui, il n’y a pas silongtemps, donnait du «couillon»aux électeurs du centre gauche etvoyait un «complot » derrière cha-que contestation de sa politique.

    Lundi, il a choisi le site Internet duquotidien de droite Il Giornale,dirigé par son propre frère, pouradresser ses vœux oraux aux lec-teurs et leur conseiller une idéecadeau. Un papillon en brillants,du genre de celui qu’il offre auxjeunes filles qu’il invite dans sesrésidences? Non: une «carte duPDL» (le Peuple de la liberté), sonparti, afin, a-t-il dit, «de [lui] don-ner la force de résister, de continuerà travailler pour le bien de tous».

    Image de victimeMardi, c’est à travers une confé-

    rence téléphonique avec les diri-geants du PDL que M.Berlusconi aaffirmé qu’il avait «pardonné» àMassimo Tartaglia, le déséquilibréqui lui a brisé le nez et deux dentsen lui lançant à la figure une répli-que miniature de la cathédrale deMilan. «Vous savez que je n’ai pasde rancœur », a-t-il ajouté, tou-jours plus pacifique.

    Le président du Conseil, qui adû renoncer à sa traditionnelleconférence de presse de fin d’an-

    née et à la veillée de Noël prévueavec les sinistrés du tremblementde terre des Abruzzes, continueainsi de peser dans le débat politi-que. Ses appels au dialogue avec lecentre gauche pour mener lesréformes (notamment celle de lajustice qui mettrait fin aux procèsen cours dans lesquels il est impli-qué) ont déjà eu pour effet de divi-ser une nouvelle fois le Partidémocrate entre ceux qui se décla-rent prêts à serrer cette main ten-due et ceux qui s’y refusent, yvoyant un piège.

    Cette nouvelle stratégie a don-né ses premiers fruits. Selon unsondage ISPO, publié dimanchepar le Corriere della Sera, la popu-larité de M. Berlusconi, descen-due sous la barre des 50 % à lami-novembre (48,6 %), atteintaujourd