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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL PROGRAMME EXTENTIONNÉ À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC EN ABITfBI-TÉMISCAMINGUE IMPACT PHYSIOLOGIQUE DES LIENS RACINAIRES CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TREMULOIDES MICHX.) MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN BIOLOGIE PAR MATTHIEU BARET AOÛT 2009

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

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Page 1: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

UNIVERSITEacute DU QUEacuteBEC Agrave MONTREacuteAL

PROGRAMME EXTENTIONNEacute Agrave

LUNIVERSITEacute DU QUEacuteBEC EN ABITfBI-TEacuteMISCAMINGUE

IMPACT PHYSIOLOGIQUE DES LIENS RACINAIRES CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE

(POPULUS TREMULOIDES MICHX)

MEacuteMOIRE

PREacuteSENTEacute

COMME EXIGENCE PARTIELLE

DE LA MAIcircTRISE EN BIOLOGIE

PAR

MATTHIEU BARET

AOUcircT 2009

UNIVERSITEacute DU QUEacuteBEC Agrave MOIJTREacuteAL Service des bibliothegraveques

Avertissement

La diffusion de ce meacutemoire se fait dans le respect des droits de son auteur qui a signeacute le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supeacuterieurs (SDU-522 - Reacutevuuml1-2uumluuml6) Cette autorisation stipule que laquoconformeacutement agrave larticle 11 du Regraveglement no 8 des eacutetudes de cycles supeacuterieurs [lauteur] concegravede agrave lUniversiteacute du Queacutebec agrave Montreacuteal une licence non exclusive dutilisation et de publication de la totaliteacute ou dune partie importante de [son] travail de recherche pour des fins peacutedagogiques et non commerciales Plus preacuteciseacutement [lauteur] autorise lUniversiteacute du Queacutebec agrave Montreacuteal agrave reproduire diffuser precircter distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche agrave des fins non commerciales sur quelque support que ce soit y compris lInternet Cette licence et cette autorisation nentraicircnent pas une renonciation de [la] part [de lauteur] agrave [ses] droits moraux ni agrave [ses] droits de proprieacuteteacute intellectuelle Sauf entente contraire [lauteur] conserve la liberteacute de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possegravede un exemplaireraquo

REMERCIEMENTS

Je tiens agrave remercier tous ceux qui ont participeacute de pregraves ou de loin agrave ce projet Dans un premier

temps les aides de terrains Francesca Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine

Gueacutenette Camille Morin Philippe Larchevecircque et Benjamin Terrier pour leur aide preacutecieuse

lors des prises de mesures agrave leacuteteacute 2007 et 2008 Marc MazeroJJe professionnel de soutien

pour je CEF agrave lUniversiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue pour ses conseils en

statistiques et les eacutetudiants de lUQAT au campus dAmos Lahcen Benomar Jamal Ichaa et

Emilie Tarroux pour leurs conseils et leur amitieacute Ce projet naurait pas eacuteteacute possible sans le

soutien du CRSNG et bien sucircr Annie DesRochers dont les conseils et les encouragements

ont permis de mener agrave bien ce projet

TABLE DES MATIEgraveRES

LISTE DES FIGURES v

LISTE DES TABLEAUX vi

REacuteSUMEacute vii

CHAPITRE 1 INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE 1

11 Le drageonnement 2

12 Systegraveme racinaire partageacute 6

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-

tremble 8

lA Expeacuterimentation 9

15 Bibliographie II

CHAPITRE 2 REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE

CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TREMUWlDES MICHX) 15

21 Reacutesumeacute 16

22 Abstract 17

23 Introduction 18

204 Mateacuteriels et meacutethodes 21

241 Sites deacutetude 21

242 Deacutetection des ramets 21

2043 Mesures initiales 22

244 Mesures suivant la deacutefoliation 22

2045 Analyses en laboratoire 23

246 Analyses statistiques 23

IV

25 Reacutesultats 25

26 Discussion 33

27 Conclusion 38

28 Bibliographie 39

29 Remerciements 43

CHAPITRE III CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE 44

31 Bibliographie 47

LISTE DES FIGURES

Figures Page

11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement 5

2] Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 26

22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 27

23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave Jeacuteteacute 2008 (b) 28

24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) 30

25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave Jeacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) 31

26 Concentration en sucre des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) 32

LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

21 Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure 25

REacuteSUMEacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute manuellement deacutefol ieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesultats montrent que la deacutefoliation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SfS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteur Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement duuml agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

CHAPITRE 1

INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE

Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) est lespegravece darbre la plus largement

distribueacutee et la plus importante en terme de biomasse de la forecirct boreacuteale canadierme

(Bradshaw et al 2000 Hogg et al 2002a) La biologie du peuplier a eacuteteacute intensivement

eacutetudieacutee (Bradshaw et al 1996) agrave cause de son importance eacutecologique et eacuteconomique En

effet la croissance rapide du peuplier faux-tremble lui confegravere un inteacuterecirct tregraves important dans

lindustrie du bois depuis ces 15 derniegraveres anneacutees (Peterson et Peterson 1992) Le peuplier

faux-tremble joue un rocircle crucial dans la recolonisation des territoires apregraves perturbation

gracircce agrave sa reacutegeacuteneacuteration rapide et dans le maintien de la diversiteacute des eacutecosystegravemes fournissant

habitats et nourriture pour de nombreuses espegraveces animales Le peuplier est aussi recormu

comme eacutetant un excellent modegravele expeacuterimental que ce soit en geacuteneacutetique en physiologie ou

encore dans les interactions hocirctes-pathogegravenes et hocirctes-insectes agrave cause de son mode de

propagation par drageormement qui peut produire de grands clones (peuplement dindividus

geacuteneacutetiquement identiques) (Bradshaw et al 1996)

Ce mode de reproduction veacutegeacutetative permet le deacuteveloppement de nouvelles tiges (ou ramets)

agrave partir dune racine megravere dun peuplement reacutesidueL assurant ainsi sa reacutegeacuteneacuteration rapide

Traditiormellement les arbres sont consideacutereacutes comme indeacutependants les uns des autres et sont

ainsi en compeacutetition pour les ressources Cependant gracircce agrave la racine megravere les drageons qui

se deacuteveloppent peuvent partager des eacuteleacutements tel que leau les eacuteleacutements mineacuteraux ou encore

les hydrates de carbone neacutecessaires agrave leur croissance initiale (Zahner et DeByle 1965) Si des

ramets partagent des substances ils pourraient donc communiquer entre eux et ne devraient

plus ecirctre consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes ougrave la compeacutetition pour leau et la lumiegravere

seraient par exemple le principal facteur affectant la dynamique de ces peuplements

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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UNIVERSITEacute DU QUEacuteBEC Agrave MOIJTREacuteAL Service des bibliothegraveques

Avertissement

La diffusion de ce meacutemoire se fait dans le respect des droits de son auteur qui a signeacute le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supeacuterieurs (SDU-522 - Reacutevuuml1-2uumluuml6) Cette autorisation stipule que laquoconformeacutement agrave larticle 11 du Regraveglement no 8 des eacutetudes de cycles supeacuterieurs [lauteur] concegravede agrave lUniversiteacute du Queacutebec agrave Montreacuteal une licence non exclusive dutilisation et de publication de la totaliteacute ou dune partie importante de [son] travail de recherche pour des fins peacutedagogiques et non commerciales Plus preacuteciseacutement [lauteur] autorise lUniversiteacute du Queacutebec agrave Montreacuteal agrave reproduire diffuser precircter distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche agrave des fins non commerciales sur quelque support que ce soit y compris lInternet Cette licence et cette autorisation nentraicircnent pas une renonciation de [la] part [de lauteur] agrave [ses] droits moraux ni agrave [ses] droits de proprieacuteteacute intellectuelle Sauf entente contraire [lauteur] conserve la liberteacute de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possegravede un exemplaireraquo

REMERCIEMENTS

Je tiens agrave remercier tous ceux qui ont participeacute de pregraves ou de loin agrave ce projet Dans un premier

temps les aides de terrains Francesca Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine

Gueacutenette Camille Morin Philippe Larchevecircque et Benjamin Terrier pour leur aide preacutecieuse

lors des prises de mesures agrave leacuteteacute 2007 et 2008 Marc MazeroJJe professionnel de soutien

pour je CEF agrave lUniversiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue pour ses conseils en

statistiques et les eacutetudiants de lUQAT au campus dAmos Lahcen Benomar Jamal Ichaa et

Emilie Tarroux pour leurs conseils et leur amitieacute Ce projet naurait pas eacuteteacute possible sans le

soutien du CRSNG et bien sucircr Annie DesRochers dont les conseils et les encouragements

ont permis de mener agrave bien ce projet

TABLE DES MATIEgraveRES

LISTE DES FIGURES v

LISTE DES TABLEAUX vi

REacuteSUMEacute vii

CHAPITRE 1 INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE 1

11 Le drageonnement 2

12 Systegraveme racinaire partageacute 6

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-

tremble 8

lA Expeacuterimentation 9

15 Bibliographie II

CHAPITRE 2 REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE

CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TREMUWlDES MICHX) 15

21 Reacutesumeacute 16

22 Abstract 17

23 Introduction 18

204 Mateacuteriels et meacutethodes 21

241 Sites deacutetude 21

242 Deacutetection des ramets 21

2043 Mesures initiales 22

244 Mesures suivant la deacutefoliation 22

2045 Analyses en laboratoire 23

246 Analyses statistiques 23

IV

25 Reacutesultats 25

26 Discussion 33

27 Conclusion 38

28 Bibliographie 39

29 Remerciements 43

CHAPITRE III CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE 44

31 Bibliographie 47

LISTE DES FIGURES

Figures Page

11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement 5

2] Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 26

22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 27

23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave Jeacuteteacute 2008 (b) 28

24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) 30

25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave Jeacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) 31

26 Concentration en sucre des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) 32

LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

21 Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure 25

REacuteSUMEacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute manuellement deacutefol ieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesultats montrent que la deacutefoliation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SfS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteur Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement duuml agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

CHAPITRE 1

INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE

Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) est lespegravece darbre la plus largement

distribueacutee et la plus importante en terme de biomasse de la forecirct boreacuteale canadierme

(Bradshaw et al 2000 Hogg et al 2002a) La biologie du peuplier a eacuteteacute intensivement

eacutetudieacutee (Bradshaw et al 1996) agrave cause de son importance eacutecologique et eacuteconomique En

effet la croissance rapide du peuplier faux-tremble lui confegravere un inteacuterecirct tregraves important dans

lindustrie du bois depuis ces 15 derniegraveres anneacutees (Peterson et Peterson 1992) Le peuplier

faux-tremble joue un rocircle crucial dans la recolonisation des territoires apregraves perturbation

gracircce agrave sa reacutegeacuteneacuteration rapide et dans le maintien de la diversiteacute des eacutecosystegravemes fournissant

habitats et nourriture pour de nombreuses espegraveces animales Le peuplier est aussi recormu

comme eacutetant un excellent modegravele expeacuterimental que ce soit en geacuteneacutetique en physiologie ou

encore dans les interactions hocirctes-pathogegravenes et hocirctes-insectes agrave cause de son mode de

propagation par drageormement qui peut produire de grands clones (peuplement dindividus

geacuteneacutetiquement identiques) (Bradshaw et al 1996)

Ce mode de reproduction veacutegeacutetative permet le deacuteveloppement de nouvelles tiges (ou ramets)

agrave partir dune racine megravere dun peuplement reacutesidueL assurant ainsi sa reacutegeacuteneacuteration rapide

Traditiormellement les arbres sont consideacutereacutes comme indeacutependants les uns des autres et sont

ainsi en compeacutetition pour les ressources Cependant gracircce agrave la racine megravere les drageons qui

se deacuteveloppent peuvent partager des eacuteleacutements tel que leau les eacuteleacutements mineacuteraux ou encore

les hydrates de carbone neacutecessaires agrave leur croissance initiale (Zahner et DeByle 1965) Si des

ramets partagent des substances ils pourraient donc communiquer entre eux et ne devraient

plus ecirctre consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes ougrave la compeacutetition pour leau et la lumiegravere

seraient par exemple le principal facteur affectant la dynamique de ces peuplements

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

15 Bibliographie

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 3: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

REMERCIEMENTS

Je tiens agrave remercier tous ceux qui ont participeacute de pregraves ou de loin agrave ce projet Dans un premier

temps les aides de terrains Francesca Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine

Gueacutenette Camille Morin Philippe Larchevecircque et Benjamin Terrier pour leur aide preacutecieuse

lors des prises de mesures agrave leacuteteacute 2007 et 2008 Marc MazeroJJe professionnel de soutien

pour je CEF agrave lUniversiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue pour ses conseils en

statistiques et les eacutetudiants de lUQAT au campus dAmos Lahcen Benomar Jamal Ichaa et

Emilie Tarroux pour leurs conseils et leur amitieacute Ce projet naurait pas eacuteteacute possible sans le

soutien du CRSNG et bien sucircr Annie DesRochers dont les conseils et les encouragements

ont permis de mener agrave bien ce projet

TABLE DES MATIEgraveRES

LISTE DES FIGURES v

LISTE DES TABLEAUX vi

REacuteSUMEacute vii

CHAPITRE 1 INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE 1

11 Le drageonnement 2

12 Systegraveme racinaire partageacute 6

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-

tremble 8

lA Expeacuterimentation 9

15 Bibliographie II

CHAPITRE 2 REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE

CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TREMUWlDES MICHX) 15

21 Reacutesumeacute 16

22 Abstract 17

23 Introduction 18

204 Mateacuteriels et meacutethodes 21

241 Sites deacutetude 21

242 Deacutetection des ramets 21

2043 Mesures initiales 22

244 Mesures suivant la deacutefoliation 22

2045 Analyses en laboratoire 23

246 Analyses statistiques 23

IV

25 Reacutesultats 25

26 Discussion 33

27 Conclusion 38

28 Bibliographie 39

29 Remerciements 43

CHAPITRE III CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE 44

31 Bibliographie 47

LISTE DES FIGURES

Figures Page

11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement 5

2] Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 26

22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 27

23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave Jeacuteteacute 2008 (b) 28

24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) 30

25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave Jeacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) 31

26 Concentration en sucre des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) 32

LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

21 Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure 25

REacuteSUMEacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute manuellement deacutefol ieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesultats montrent que la deacutefoliation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SfS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteur Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement duuml agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

CHAPITRE 1

INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE

Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) est lespegravece darbre la plus largement

distribueacutee et la plus importante en terme de biomasse de la forecirct boreacuteale canadierme

(Bradshaw et al 2000 Hogg et al 2002a) La biologie du peuplier a eacuteteacute intensivement

eacutetudieacutee (Bradshaw et al 1996) agrave cause de son importance eacutecologique et eacuteconomique En

effet la croissance rapide du peuplier faux-tremble lui confegravere un inteacuterecirct tregraves important dans

lindustrie du bois depuis ces 15 derniegraveres anneacutees (Peterson et Peterson 1992) Le peuplier

faux-tremble joue un rocircle crucial dans la recolonisation des territoires apregraves perturbation

gracircce agrave sa reacutegeacuteneacuteration rapide et dans le maintien de la diversiteacute des eacutecosystegravemes fournissant

habitats et nourriture pour de nombreuses espegraveces animales Le peuplier est aussi recormu

comme eacutetant un excellent modegravele expeacuterimental que ce soit en geacuteneacutetique en physiologie ou

encore dans les interactions hocirctes-pathogegravenes et hocirctes-insectes agrave cause de son mode de

propagation par drageormement qui peut produire de grands clones (peuplement dindividus

geacuteneacutetiquement identiques) (Bradshaw et al 1996)

Ce mode de reproduction veacutegeacutetative permet le deacuteveloppement de nouvelles tiges (ou ramets)

agrave partir dune racine megravere dun peuplement reacutesidueL assurant ainsi sa reacutegeacuteneacuteration rapide

Traditiormellement les arbres sont consideacutereacutes comme indeacutependants les uns des autres et sont

ainsi en compeacutetition pour les ressources Cependant gracircce agrave la racine megravere les drageons qui

se deacuteveloppent peuvent partager des eacuteleacutements tel que leau les eacuteleacutements mineacuteraux ou encore

les hydrates de carbone neacutecessaires agrave leur croissance initiale (Zahner et DeByle 1965) Si des

ramets partagent des substances ils pourraient donc communiquer entre eux et ne devraient

plus ecirctre consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes ougrave la compeacutetition pour leau et la lumiegravere

seraient par exemple le principal facteur affectant la dynamique de ces peuplements

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

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16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

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Eis S 1972 Root Grafts and their Silvicultural Implications Canadian Journal of Forest Research vol 2 p 111-120

Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

Page F S 1927 Living stumps Journal of Forestry vol 25 no 6 p 687-690

Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 4: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

TABLE DES MATIEgraveRES

LISTE DES FIGURES v

LISTE DES TABLEAUX vi

REacuteSUMEacute vii

CHAPITRE 1 INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE 1

11 Le drageonnement 2

12 Systegraveme racinaire partageacute 6

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-

tremble 8

lA Expeacuterimentation 9

15 Bibliographie II

CHAPITRE 2 REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE

CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TREMUWlDES MICHX) 15

21 Reacutesumeacute 16

22 Abstract 17

23 Introduction 18

204 Mateacuteriels et meacutethodes 21

241 Sites deacutetude 21

242 Deacutetection des ramets 21

2043 Mesures initiales 22

244 Mesures suivant la deacutefoliation 22

2045 Analyses en laboratoire 23

246 Analyses statistiques 23

IV

25 Reacutesultats 25

26 Discussion 33

27 Conclusion 38

28 Bibliographie 39

29 Remerciements 43

CHAPITRE III CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE 44

31 Bibliographie 47

LISTE DES FIGURES

Figures Page

11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement 5

2] Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 26

22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 27

23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave Jeacuteteacute 2008 (b) 28

24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) 30

25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave Jeacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) 31

26 Concentration en sucre des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) 32

LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

21 Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure 25

REacuteSUMEacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute manuellement deacutefol ieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesultats montrent que la deacutefoliation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SfS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteur Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement duuml agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

CHAPITRE 1

INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE

Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) est lespegravece darbre la plus largement

distribueacutee et la plus importante en terme de biomasse de la forecirct boreacuteale canadierme

(Bradshaw et al 2000 Hogg et al 2002a) La biologie du peuplier a eacuteteacute intensivement

eacutetudieacutee (Bradshaw et al 1996) agrave cause de son importance eacutecologique et eacuteconomique En

effet la croissance rapide du peuplier faux-tremble lui confegravere un inteacuterecirct tregraves important dans

lindustrie du bois depuis ces 15 derniegraveres anneacutees (Peterson et Peterson 1992) Le peuplier

faux-tremble joue un rocircle crucial dans la recolonisation des territoires apregraves perturbation

gracircce agrave sa reacutegeacuteneacuteration rapide et dans le maintien de la diversiteacute des eacutecosystegravemes fournissant

habitats et nourriture pour de nombreuses espegraveces animales Le peuplier est aussi recormu

comme eacutetant un excellent modegravele expeacuterimental que ce soit en geacuteneacutetique en physiologie ou

encore dans les interactions hocirctes-pathogegravenes et hocirctes-insectes agrave cause de son mode de

propagation par drageormement qui peut produire de grands clones (peuplement dindividus

geacuteneacutetiquement identiques) (Bradshaw et al 1996)

Ce mode de reproduction veacutegeacutetative permet le deacuteveloppement de nouvelles tiges (ou ramets)

agrave partir dune racine megravere dun peuplement reacutesidueL assurant ainsi sa reacutegeacuteneacuteration rapide

Traditiormellement les arbres sont consideacutereacutes comme indeacutependants les uns des autres et sont

ainsi en compeacutetition pour les ressources Cependant gracircce agrave la racine megravere les drageons qui

se deacuteveloppent peuvent partager des eacuteleacutements tel que leau les eacuteleacutements mineacuteraux ou encore

les hydrates de carbone neacutecessaires agrave leur croissance initiale (Zahner et DeByle 1965) Si des

ramets partagent des substances ils pourraient donc communiquer entre eux et ne devraient

plus ecirctre consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes ougrave la compeacutetition pour leau et la lumiegravere

seraient par exemple le principal facteur affectant la dynamique de ces peuplements

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 5: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

IV

25 Reacutesultats 25

26 Discussion 33

27 Conclusion 38

28 Bibliographie 39

29 Remerciements 43

CHAPITRE III CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE 44

31 Bibliographie 47

LISTE DES FIGURES

Figures Page

11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement 5

2] Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 26

22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 27

23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave Jeacuteteacute 2008 (b) 28

24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) 30

25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave Jeacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) 31

26 Concentration en sucre des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) 32

LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

21 Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure 25

REacuteSUMEacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute manuellement deacutefol ieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesultats montrent que la deacutefoliation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SfS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteur Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement duuml agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

CHAPITRE 1

INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE

Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) est lespegravece darbre la plus largement

distribueacutee et la plus importante en terme de biomasse de la forecirct boreacuteale canadierme

(Bradshaw et al 2000 Hogg et al 2002a) La biologie du peuplier a eacuteteacute intensivement

eacutetudieacutee (Bradshaw et al 1996) agrave cause de son importance eacutecologique et eacuteconomique En

effet la croissance rapide du peuplier faux-tremble lui confegravere un inteacuterecirct tregraves important dans

lindustrie du bois depuis ces 15 derniegraveres anneacutees (Peterson et Peterson 1992) Le peuplier

faux-tremble joue un rocircle crucial dans la recolonisation des territoires apregraves perturbation

gracircce agrave sa reacutegeacuteneacuteration rapide et dans le maintien de la diversiteacute des eacutecosystegravemes fournissant

habitats et nourriture pour de nombreuses espegraveces animales Le peuplier est aussi recormu

comme eacutetant un excellent modegravele expeacuterimental que ce soit en geacuteneacutetique en physiologie ou

encore dans les interactions hocirctes-pathogegravenes et hocirctes-insectes agrave cause de son mode de

propagation par drageormement qui peut produire de grands clones (peuplement dindividus

geacuteneacutetiquement identiques) (Bradshaw et al 1996)

Ce mode de reproduction veacutegeacutetative permet le deacuteveloppement de nouvelles tiges (ou ramets)

agrave partir dune racine megravere dun peuplement reacutesidueL assurant ainsi sa reacutegeacuteneacuteration rapide

Traditiormellement les arbres sont consideacutereacutes comme indeacutependants les uns des autres et sont

ainsi en compeacutetition pour les ressources Cependant gracircce agrave la racine megravere les drageons qui

se deacuteveloppent peuvent partager des eacuteleacutements tel que leau les eacuteleacutements mineacuteraux ou encore

les hydrates de carbone neacutecessaires agrave leur croissance initiale (Zahner et DeByle 1965) Si des

ramets partagent des substances ils pourraient donc communiquer entre eux et ne devraient

plus ecirctre consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes ougrave la compeacutetition pour leau et la lumiegravere

seraient par exemple le principal facteur affectant la dynamique de ces peuplements

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

15 Bibliographie

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 6: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

LISTE DES FIGURES

Figures Page

11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement 5

2] Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 26

22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 27

23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave Jeacuteteacute 2008 (b) 28

24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) 30

25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave Jeacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) 31

26 Concentration en sucre des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) 32

LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

21 Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure 25

REacuteSUMEacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute manuellement deacutefol ieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesultats montrent que la deacutefoliation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SfS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteur Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement duuml agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

CHAPITRE 1

INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE

Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) est lespegravece darbre la plus largement

distribueacutee et la plus importante en terme de biomasse de la forecirct boreacuteale canadierme

(Bradshaw et al 2000 Hogg et al 2002a) La biologie du peuplier a eacuteteacute intensivement

eacutetudieacutee (Bradshaw et al 1996) agrave cause de son importance eacutecologique et eacuteconomique En

effet la croissance rapide du peuplier faux-tremble lui confegravere un inteacuterecirct tregraves important dans

lindustrie du bois depuis ces 15 derniegraveres anneacutees (Peterson et Peterson 1992) Le peuplier

faux-tremble joue un rocircle crucial dans la recolonisation des territoires apregraves perturbation

gracircce agrave sa reacutegeacuteneacuteration rapide et dans le maintien de la diversiteacute des eacutecosystegravemes fournissant

habitats et nourriture pour de nombreuses espegraveces animales Le peuplier est aussi recormu

comme eacutetant un excellent modegravele expeacuterimental que ce soit en geacuteneacutetique en physiologie ou

encore dans les interactions hocirctes-pathogegravenes et hocirctes-insectes agrave cause de son mode de

propagation par drageormement qui peut produire de grands clones (peuplement dindividus

geacuteneacutetiquement identiques) (Bradshaw et al 1996)

Ce mode de reproduction veacutegeacutetative permet le deacuteveloppement de nouvelles tiges (ou ramets)

agrave partir dune racine megravere dun peuplement reacutesidueL assurant ainsi sa reacutegeacuteneacuteration rapide

Traditiormellement les arbres sont consideacutereacutes comme indeacutependants les uns des autres et sont

ainsi en compeacutetition pour les ressources Cependant gracircce agrave la racine megravere les drageons qui

se deacuteveloppent peuvent partager des eacuteleacutements tel que leau les eacuteleacutements mineacuteraux ou encore

les hydrates de carbone neacutecessaires agrave leur croissance initiale (Zahner et DeByle 1965) Si des

ramets partagent des substances ils pourraient donc communiquer entre eux et ne devraient

plus ecirctre consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes ougrave la compeacutetition pour leau et la lumiegravere

seraient par exemple le principal facteur affectant la dynamique de ces peuplements

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 7: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

21 Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure 25

REacuteSUMEacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute manuellement deacutefol ieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesultats montrent que la deacutefoliation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SfS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteur Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement duuml agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

CHAPITRE 1

INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE

Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) est lespegravece darbre la plus largement

distribueacutee et la plus importante en terme de biomasse de la forecirct boreacuteale canadierme

(Bradshaw et al 2000 Hogg et al 2002a) La biologie du peuplier a eacuteteacute intensivement

eacutetudieacutee (Bradshaw et al 1996) agrave cause de son importance eacutecologique et eacuteconomique En

effet la croissance rapide du peuplier faux-tremble lui confegravere un inteacuterecirct tregraves important dans

lindustrie du bois depuis ces 15 derniegraveres anneacutees (Peterson et Peterson 1992) Le peuplier

faux-tremble joue un rocircle crucial dans la recolonisation des territoires apregraves perturbation

gracircce agrave sa reacutegeacuteneacuteration rapide et dans le maintien de la diversiteacute des eacutecosystegravemes fournissant

habitats et nourriture pour de nombreuses espegraveces animales Le peuplier est aussi recormu

comme eacutetant un excellent modegravele expeacuterimental que ce soit en geacuteneacutetique en physiologie ou

encore dans les interactions hocirctes-pathogegravenes et hocirctes-insectes agrave cause de son mode de

propagation par drageormement qui peut produire de grands clones (peuplement dindividus

geacuteneacutetiquement identiques) (Bradshaw et al 1996)

Ce mode de reproduction veacutegeacutetative permet le deacuteveloppement de nouvelles tiges (ou ramets)

agrave partir dune racine megravere dun peuplement reacutesidueL assurant ainsi sa reacutegeacuteneacuteration rapide

Traditiormellement les arbres sont consideacutereacutes comme indeacutependants les uns des autres et sont

ainsi en compeacutetition pour les ressources Cependant gracircce agrave la racine megravere les drageons qui

se deacuteveloppent peuvent partager des eacuteleacutements tel que leau les eacuteleacutements mineacuteraux ou encore

les hydrates de carbone neacutecessaires agrave leur croissance initiale (Zahner et DeByle 1965) Si des

ramets partagent des substances ils pourraient donc communiquer entre eux et ne devraient

plus ecirctre consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes ougrave la compeacutetition pour leau et la lumiegravere

seraient par exemple le principal facteur affectant la dynamique de ces peuplements

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 8: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

REacuteSUMEacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute manuellement deacutefol ieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesultats montrent que la deacutefoliation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SfS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteur Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement duuml agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

CHAPITRE 1

INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE

Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) est lespegravece darbre la plus largement

distribueacutee et la plus importante en terme de biomasse de la forecirct boreacuteale canadierme

(Bradshaw et al 2000 Hogg et al 2002a) La biologie du peuplier a eacuteteacute intensivement

eacutetudieacutee (Bradshaw et al 1996) agrave cause de son importance eacutecologique et eacuteconomique En

effet la croissance rapide du peuplier faux-tremble lui confegravere un inteacuterecirct tregraves important dans

lindustrie du bois depuis ces 15 derniegraveres anneacutees (Peterson et Peterson 1992) Le peuplier

faux-tremble joue un rocircle crucial dans la recolonisation des territoires apregraves perturbation

gracircce agrave sa reacutegeacuteneacuteration rapide et dans le maintien de la diversiteacute des eacutecosystegravemes fournissant

habitats et nourriture pour de nombreuses espegraveces animales Le peuplier est aussi recormu

comme eacutetant un excellent modegravele expeacuterimental que ce soit en geacuteneacutetique en physiologie ou

encore dans les interactions hocirctes-pathogegravenes et hocirctes-insectes agrave cause de son mode de

propagation par drageormement qui peut produire de grands clones (peuplement dindividus

geacuteneacutetiquement identiques) (Bradshaw et al 1996)

Ce mode de reproduction veacutegeacutetative permet le deacuteveloppement de nouvelles tiges (ou ramets)

agrave partir dune racine megravere dun peuplement reacutesidueL assurant ainsi sa reacutegeacuteneacuteration rapide

Traditiormellement les arbres sont consideacutereacutes comme indeacutependants les uns des autres et sont

ainsi en compeacutetition pour les ressources Cependant gracircce agrave la racine megravere les drageons qui

se deacuteveloppent peuvent partager des eacuteleacutements tel que leau les eacuteleacutements mineacuteraux ou encore

les hydrates de carbone neacutecessaires agrave leur croissance initiale (Zahner et DeByle 1965) Si des

ramets partagent des substances ils pourraient donc communiquer entre eux et ne devraient

plus ecirctre consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes ougrave la compeacutetition pour leau et la lumiegravere

seraient par exemple le principal facteur affectant la dynamique de ces peuplements

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 9: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

CHAPITRE 1

INTRODUCTION GEacuteNEacuteRALE

Le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) est lespegravece darbre la plus largement

distribueacutee et la plus importante en terme de biomasse de la forecirct boreacuteale canadierme

(Bradshaw et al 2000 Hogg et al 2002a) La biologie du peuplier a eacuteteacute intensivement

eacutetudieacutee (Bradshaw et al 1996) agrave cause de son importance eacutecologique et eacuteconomique En

effet la croissance rapide du peuplier faux-tremble lui confegravere un inteacuterecirct tregraves important dans

lindustrie du bois depuis ces 15 derniegraveres anneacutees (Peterson et Peterson 1992) Le peuplier

faux-tremble joue un rocircle crucial dans la recolonisation des territoires apregraves perturbation

gracircce agrave sa reacutegeacuteneacuteration rapide et dans le maintien de la diversiteacute des eacutecosystegravemes fournissant

habitats et nourriture pour de nombreuses espegraveces animales Le peuplier est aussi recormu

comme eacutetant un excellent modegravele expeacuterimental que ce soit en geacuteneacutetique en physiologie ou

encore dans les interactions hocirctes-pathogegravenes et hocirctes-insectes agrave cause de son mode de

propagation par drageormement qui peut produire de grands clones (peuplement dindividus

geacuteneacutetiquement identiques) (Bradshaw et al 1996)

Ce mode de reproduction veacutegeacutetative permet le deacuteveloppement de nouvelles tiges (ou ramets)

agrave partir dune racine megravere dun peuplement reacutesidueL assurant ainsi sa reacutegeacuteneacuteration rapide

Traditiormellement les arbres sont consideacutereacutes comme indeacutependants les uns des autres et sont

ainsi en compeacutetition pour les ressources Cependant gracircce agrave la racine megravere les drageons qui

se deacuteveloppent peuvent partager des eacuteleacutements tel que leau les eacuteleacutements mineacuteraux ou encore

les hydrates de carbone neacutecessaires agrave leur croissance initiale (Zahner et DeByle 1965) Si des

ramets partagent des substances ils pourraient donc communiquer entre eux et ne devraient

plus ecirctre consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes ougrave la compeacutetition pour leau et la lumiegravere

seraient par exemple le principal facteur affectant la dynamique de ces peuplements

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 10: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

2

11 Le drageonnement

Suite agrave llile perturbation majeure (feux coupe totale eacutepideacutemie dinsectes etc) le

drageonnement du systegraveme racinaire des arbres tueacutes par la perturbation sinitie rapidement et

abondamment Par exemple apregraves llile coupe totale dllil peuplement de peupliers de 7

hectares dans le sud-ouest du Colorado le drageonnement a permis dobserver seulement

apregraves 1 an llile densiteacute de 76 600 drageons par hectare alors que la densiteacute seacutelevait agrave 2500

drageons dans llil peuplement non coupeacute (Crouch 1983) Plusieurs eacutetudes ont ainsi confIrmeacute

ce drageonnement abondant qui peut former de 50 000 agrave 100 000 tiges par hectare (Bella

1986 Brais et al 2004) Les drageons qui se deacuteveloppent ont pour origine les primordia

(tissus cellulaires agrave leur premier stade de deacuteveloppement visible) qui sont formeacutes agrave partir des

cellules meacuteristeacutematiques de lassise subeacutero-phellodermique du cambium racinaire cambium

situeacute agrave la peacuteripheacuterie de la racine et responsable de la mise en place des tissus externes comme

le liegravege ou le phelloderme (Schier 1973) De nombreux progregraves ont eacuteteacute faits dans la

compreacutehension des facteurs physiologiques et environnementaux qui controcirclent la dynamique

du drageonnement de linitiation agrave la croissance des drageons (Frey et al 2003) Linitiation

des drageons est en partie sous controcircle hormonal reacuteguleacutee par le rapport de deux hormones

(Hicks 1972)

- lauxine produite par les tissus aeacuteriens (au niveau des bourgeons) qui a pour effet dinhiber

le drageonnement et dactiver la croissance racinaire Son action serait indirecte agissant en

interaction avec dautres hormones telles que leacutethylegravene (Ahmad et al 1987)

- La cytokinine produite aux extreacutemiteacutes des racines en croissance permet quant agrave elle

linitiation du deacuteveloppement de la partie aeacuterienne en contrecarrant leffet de lauxine

Les peuplements non perturbeacutes ne drageonnent pas ou presque jusquagrave ce que deux

processus importants favorisent linitiation des drageons (perala 1978) premiegraverement le

drageonnement est inhibeacute par la dominance apicale (Farmer 1962) processus physiologique

qui limite le deacuteveloppement des bourgeons lateacuteraux au profit du bourgeon apical de la tige

Or apregraves llile perturbation la dominance apicale est fortement reacuteduite La partie aeacuterienne

eacutetant supprimeacutee (tueacutee) un deacuteseacutequilibre hormonal se produit le taux dauxine diminue par

rapport au taux de cytokinine initiant ainsi le processus de drageonnement Le second facteur

qui favorise linitiation des drageons est la tempeacuterature du sol qui augmente geacuteneacuteralement

apregraves llile perturbation (Frey et al 2003) favorisant la deacutegradation de lauxine (Scmer et al

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 11: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

3

1985) et la production de la cytokinine au niveau des racines (Hungerford 1988) Ainsi le

deacuteseacutequilibre du rapport auxinecytokinine est accentueacute par laugmentation de la tempeacuterature

du sol permettant linitiation des drageons

La croissance des drageons nouvellement formeacutes va eacutegalement deacutependre de nombreux

facteurs physiologiques et environnementaux

- La tempeacuterature du sol est un facteur deacuteterminant dans les premiegraveres phases de la croissance

(Schier et Zasada 1973) Une faible tempeacuterature diminue la capaciteacute racinaire agrave puiser leau

(Wan et al 1999) et reacuteduit la croissance des jeunes peupliers

- Les nutriments dont la disponibiliteacute pour les ramets augmente apregraves un feu Le feu permet

en effet dacceacuteleacuterer le recyclage des nutriments (les matiegraveres fibreuses du bois se

deacutecomposent lentement les cendres contiennent les eacuteleacutements nutritifs neacutecessaires agrave la

croissance des ramets) Chez le peuplier faux-tremble le calcium est le nutriment qui a reccedilu

le plus dattention (Frey et al 2003) Le peuplier accumule une grande quantiteacute de calcium

dans sa biomasse (Alban 1982) et est plus productif sur un sol riche en calcium (Perala

1990)

- Les hydrates de carbone non structuraux (RCNS) reacuteserves de glucides repreacutesentent au

niveau des racines leacutenergie disponible pour la croissance de la plante mais ninterviennent

pas dans linitiation des drageons (Tew 1970) II ny a par contre aucun doute quant agrave leur

rocircle sur le deacuteveloppement de ceux-ci leur croissance est fortement correacuteleacutee avec la

concentration en hydrates de carbone de la racine parentale (Landhausser et Lieffers 2002)

La concentration en hydrates de carbone des racines peut varier en fonction des clones des

sites et de lacircge du peuplement (Schier et Johnston 1971) Cette concentration varie

eacutegalement tout au long de lanneacutee reacuteguleacutee par les changements de saison (Land hausser et

Lieffers 2003) la distribution et lutilisation des meacutetabolites issus de la photosynthegravese pour

la croissance (Hansen 1967 Larson et Gordon 1969) et par la respiration racinaire

(DesRochers et al 2002) plus ou moins importante selon les saisons Au printemps et tocirct

dans leacuteteacute les reacuteserves en hydrates de carbone sont utiliseacutees pour la croissance des tiges et

des feuilles une faible concentration est ainsi observeacutee dans les racines (DesRochers et al

2002) La concentration en hydrates de carbone augmente au cours de leacuteteacute (le pic de

1erHCNS observeacute dans les racines se situe aux alentours du septembre) ducirc agrave larrecirct de

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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Schier GA JR Jones et RP Winokur 1985 Vegetative regeneration ln Aspen Ecology and Management in the Western United States sous la dir de N V DeBy1e et R P Winokur p 29-33 Fort Collins (Colorado) United States Department of Agriculture

Siminovitch D 1981 Common and disparate elements in the processes of adaptation of herbaceous and woody plants to freezing- a perspective Cryobi010gy vol 18 p 166-185

Tew RK 1970 Root carbohydrate reserves in vegetative reproduction of aspen Forest Science vol 16 p 318-320

Wan x SM Landhausser U Zwiazek et VJ Lieffers 1999 Root water flow and growth of aspen (Populus tremuloides) at low root temperatures Tree Physiology vol 19 p 879shy884

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 12: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

4

leacutelongation de la partie aeacuterienne et des feuilles Une fois ce pic observeacute la concentration en

RCNS diminue agrave cause de la croissance des racines en automne (DesRochers et al 2002

Landhausser et Lieffers 2003) Chez le peuplier faux-tremble la variation de la

concentration en hydrates de carbone selon les peacuteriodes de lanneacutee diffegravere du scheacutema

classique des espegraveces agrave feuilles caduques ougrave la concentration est maximale en automne et

minimale apregraves leacuteclosion des bourgeons (Siminovitch 1981) La faible concentration

observeacutee en automne serait due agrave la croissance racinaire et agrave un fort taux de respiration

racinaire (DesRochers et al 2002)

Les hydrates de carbone preacutesents dans la racine megravere permettent aux drageons dassurer leur

croissance initiale ceux-ci deacutependent donc fortement de la racine parentale pour leur

croissance et cela au moins pendant 25 ans apregraves le drageonnement (Zahner et DeByle

1965) Contrairement agrave Sandberg (1951 dans Scmer 1982) qui suggeacutereait quau bout dune

saison de croissance les drageons neacutetaient plus deacutependants de la racine parentale agrave cause du

deacuteveloppement de racines indeacutependantes la racine parentale continue agrave jouer un rocircle tout au

long de la vie du peuplier faux-tremble En effet les connexions racinaires ne disparaissent

pas avec lacircge (DeByle 1964 DesRochers et Lieffers 2001a) et mecircme apregraves avoir

deacuteveloppeacute leur propres racines les peupliers faux-trembles restent connecteacutes agrave la racine

parentale et sont toujours interconnecteacutes entre eux (DesRochers et Lieffers 200 la)

Cependant limportance la racine parentale pour la croissance diminuerait agrave mesure que de

nouvelles racines sont produites et que les plus grosses racines meurent (Zahner et DeByle

1965)

Les drageons qui se deacuteveloppent sur la racine megravere alimentent la racine megravere qui continue de

sallonger (figure 11)

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

15 Bibliographie

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 13: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

5

Distale 2 Arbre-megravere mort ou coupeacute

Proximale 2 Proximale 3 Distale 3 Sens distal

Proximale 1 Distale 1

Sens proximal

Drageon 1 Drageon 2 Drageon 3 Drageon 4

bullbullbullbullbullbullbull~

Sens deacutelongation de la racine megravere

Figure 11 Scheacutema de la morphologie dune racine parentale apregraves drageonnement

Lorsque les drageons se deacuteveloppent leur croissance va modifier la morphologie de la racine

megravere Un drageon aura ooe partie distale et ooe partie proximale de la racine-megravere ceci eacutetant

relatif agrave chaque drageon la partie distale de 100 sera la partie proximale de lautre La

diffeacuterence morphologique entre ces deux parties de la racine-megravere vient du fait que la partie

distale croicirct plus vite que la partie proximale car les jeunes peupliers deacuteveloppent la

continuiteacute vasculaire (formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec

la racine-megravere du coteacute distal des drageons (Brown 1935) De plus la partie distale joue 00

rocircle plus important que la partie proximale pour la croissance radiale et en hauteur des

peupliers (Zahner et DeByle 1965) Si la partie distale de la racine megravere dun ramet eacutetait

coupeacutee la croissance eacutetait plus reacuteduite que si ceacutetait la partie proximale La partie distale dun

ramet eacutetant la partie proximale dun autre ramet relieacute et vice- versa le fait qUoo ramet utilise

peu la partie proximale de la racine pour sa croissance suggegravere quil y a une faible

compeacutetition entre les ramets connecteacutes

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 14: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

6

12 Systegraveme racinaire partageacute

Chez le peuplier faux-tremble la biomasse racinaire des arbres matures laisseacutee sous terre

apregraves perturbation est tregraves eacuteleveacutee par rapport agrave la biomasse aeacuterienne des drageons et

repreacutesente donc lUl coucirct eacutenergeacutetique eacuteleveacute pour le nouveau peuplement DesRochers et

Lieffers (2001 b) ont dailleurs deacutemontreacute que des jeunes peuplements issus du drageonnement

avaient une densiteacute et une surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le

systegraveme racinaire reacutesiduel La photosynthegravese doit par conseacutequent produire assez de glucides

qui serviront notamment agrave la croissance et agrave lentretien de cette partie racinaire

La photosynthegravese est le processus qui permet aux plantes de produire de leacutenergie (sous

forme de glucides) agrave partir de la lumiegravere et dune source de carbone non organique (C02) au

niveau des chloroplastes des feuilles (Pessarakli 2005) Ces glucides syntheacutetiseacutes agrave la fin de

la photosynthegravese par le cycle de Calvin sont transporteacutes par les tubes cribleacutes du phloegraveme vers

les organes puits La respiration au niveau des tissus cellulaires utilise ces substances

organiques pour leur croissance et leur fonctionnement ougrave elles seront mises en reacuteserves sous

forme dhydrates de carbone non structuraux (par exemple lamidon) pour ecirctre utiliseacutees plus

tard Chez les arbres et en particulier chez le peuplier faux-tremble ougrave la biomasse racinaire

est eacuteleveacutee la respiration racinaire consomme une grande partie de la production primaire

nette Cette respiration racinaire se divise en deux composantes une respiration de

croissance et une dentretien Cette derniegravere qui pennet aux cellules et aux tissus racinaires

de rester vivants utilise beaucoup dhydrates de carbone Ainsi si trop darbres sont

supprimeacutes du systegraveme racinaire communautaire apregraves une perturbation le rapport racinetige

augmente La biomasse racinaire deviendrait donc trop eacuteleveacutee par rapport agrave la partie aeacuterienne

qui ne pourrait plus fournir assez de sucres afin dassurer en mecircme temps la croissance des

tiges ainsi que lentretien et la croissance du systegraveme racinaire Un deacuteseacutequilibre du rapport

racinetige aurait ainsi des conseacutequences en termes de survie et de croissance sur lensemble

des arbres partageant un systegraveme racinaire communautaire

Les arbres qui partagent un systegraveme racinaire sont donc interconnecteacutes entre eux cela va

notamment permettre le transfert entre ces arbres deacuteleacutements tels que leau les mineacuteraux ou

encore dhydrates de carbone (Kuntz et Riker 1955) Cependant le partage dun systegraveme

racinaire communautaire nest pas forceacutement beacuteneacutefique pour la croissance et la survie des

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 15: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

7

arbres le systegraveme racinaire peut eacutegalement propager des herbicides des pathogegravenes et des

microorganismes entre les diffeacuterents arbres (Kuntz et Riker 1955) En injectant un colorant agrave

plusieurs tiges de peuplier faux-tremble DeByle (1964) a deacutemontreacute que ce colorant eacutetait

transfeacutereacute dans de nombreux ramets gracircce agrave la racine parentale faisant le lien entre ceux-ci Le

transfert se faisait aussi bien entre des ramets acircgeacutes de 6 ans quentre des ramets acircgeacutes de 40

ans Les connexions racinaires ne disparaissent pas avec lacircge et sont toujours fonctionnelles

(DesRochers et Lieffers 2001 a) La direction du transport serait influenceacutee par la position

dans la canopeacutee du ramet si du colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun ramet supprimeacute il

ny avait pas autant de ramets reacutecepteurs que si le colorant eacutetait injecteacute dans une tige dun

ramet dominant (DeByle 1964) Lefficaciteacute de translocation des ramets supprimeacutes serait

plus faible par rapport aux ramets dominants la conductance de la cime eacutetant plus eacuteleveacutee

pour des gros arbres agrave cause dune eacutevapotranspiration plus eacuteleveacutee (Martin et ol 1997) Par

conseacutequent moins de colorant peut ecirctre transporteacute vers les racines et le systegraveme racinaire

parental

Le peuplier faux-tremble fait eacutegalement partie des 150 espegraveces darbres qui peuvent former

des greffes racinaires qui sont lunion de deux racines de deux arbres diffeacuterents (Bormann et

Graham 1966) Les greffes avec dautres arbres permettent aussi le transport de substances et

la direction du transport serait eacutegalement influenceacutee par la position dans la canopeacutee des

arbres relieacutes (Eis 1972) Linfluence des greffes racinaires sur la croissance des arbres

deacutepend eacutegalement du rapport biomasse aeacuterienneibiomasse racinaire si un arbre dominant

eacutetait coupeacute et quil ne restait quun arbre supprimeacute le taux de croissance de celui-ci diminuait

car la souche coupeacutee puisait trop deacutenergie (Eis 1972) De plus lorsque les relations de

dominance changent un changement du sens de transfert de substances est possible un arbre

supprimeacute pouvait transfeacuterer des substances agrave la souche dun arbre coupeacute qui eacutetait dominant

(Eis 1972) Larbre supprimeacute eacutetait devenu dominant par rapport agrave la souche entraicircnant un

changement dans le sens du transport

Limportance eacutecologique des liens racinaires est donc agrave consideacuterer dans la dynamique de

peuplements qui utilisent un systegraveme racinaire communautaire Si un stress touche un des

arbres et que les relations de dominance entre les arbres changent limpact sur les autres

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 16: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

8

arbres relieacutes pourrait ecirctre important en termes de survie et de croissance agrave cause de ce lien

racinaire Les arbres pourraient ainsi ecirctre physiologiquement deacutependants les uns des autres

13 Conseacutequences de la reacuteduction du rapport tigeracine chez le peuplier faux-tremble

La reacuteduction du rapport tigelracine peut ecirctre causeacutee par des traitements sylvicoles (ex

eacuteclaircie) des feux de forecircts ou encore des eacutepideacutemies dinsectes En theacuteorie leacuteclaircie

consiste agrave couper certains arbres dun peuplement (par exemple ceux en mauvaise santeacute ou

encore commercialement non profitables) afm daugmenter la disponibiliteacute des ressources

pour les arbres reacutesiduels et ainsi augmenter leur croissance Dans des peuplements avec un

systegraveme racinaire communautaire un tel traitement diminuerait le rapport tigelracine agrave cause

du systegraveme racinaire reacutesiduel qui reste preacutesent mecircme si les tiges sont enleveacutees Le partage

dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons pour lesquelles les effets observeacutes de

leacuteclaircie dans les peuplements de peuplier faux-tremble sont contradictoires (Peterson et

Peterson 1992) Alors que des auteurs avaient trouveacute un effet beacuteneacutefique de leacuteclaircie sur la

croissance des peupliers faux-trembles (Hubbard 1972 Perala 1977) dautres nont pas

trouveacute de gains de volume (Schlaegel 1972 Bickerstaff 1946) Bella et Yang (1971) ne

recommandent pas leacuteclaircie notamment agrave cause de lauto-eacuteclaircie rapide des jeunes

peuplements de peupliers faux-tremble

Les eacutepideacutemies dinsectes sont eacutegalement un facteur important de la diminution de la

biomasse aeacuterienne En deacutefoliant les arbres des insectes tels que la livreacutee des forecircts

(Malacosoma disstria Huumlbner) peuvent reacuteduire significativement la croissance si elles

interviennent sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002a) et rendent eacutegalement les peuplements

plus vulneacuterables aux attaques par dautres pathogegravenes (Churchill et al 1964) Les

conseacutequences morphologiques et physiologiques de la deacutefoliation sur le peuplier fauxshy

tremble sont multiples production de feuilles plus grandes reacuteduction des reacuteserves en

hydrates de carbone augmentation de la photosynthegravese dans les feuilles nouvellement

produites (Bassman et Dickmann 1982) et reacutesiduelles (Hart et al 2000) il peut eacutegalement y

avoir production de cernes de croissance caracteacuteristiques (Hogg et al 2002a) ou encore

entraicircner une diminution de la croissance en hauteur des arbres (Reichenbacker et al 1996)

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 17: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

9

La deacutefoliation peut eacutegalement provoquer une diminution de la croissance radiale et un retard

de croissance si celle-ci est seacutevegravere et a lieu sur plusieurs anneacutees (Hogg et al 2002b) De plus

1ine deacutefoliation au printemps est la pire pour le peuplier il utilisera ses reacuteserves pour sa

croissance printaniegravere ayant pour conseacutequence une difficulteacute agrave reconstituer ses reacuteserves

(Kaitaniemi et al 1999) Hart et al (2000) ont deacutemontreacute quapregraves une forte deacutefoliation une

augmentation de la conductance stomatique et une photosynthegravese compensatoire des feuilles

reacutesiduelles eacutetait observeacutee au bout de huit jours La photosynthegravese compensatoire est

laugmentation du taux de photosynthegravese dun arbre partiellement deacutefolieacute compareacute agrave un arbre

non deacutefolieacute sur un feuillage du mecircme acircge (Nowak et Caldwell 1984) Cependant si 50 des

feuilles eacutetaient enleveacutees dans leacutetude de Hart et al (2000) la photosynthegravese compensatoire

eacutetait plus forte quagrave 98 de deacutefoliation Ce reacutesultat suggegravere une limite agrave la mise en place

dune photosynthegravese compensatoire qui pourrait ecirctre due agrave une contrainte physique agrave 50

de deacutefoliation les stomates eacutetaient peut-ecirctre ouverts au maximum La plasticiteacute des feuilles agrave

augmenter leur photosynthegravese serait donc limiteacutee Les auteurs se sont eacutegalement inteacuteresseacutes agrave

un facteur important intervenant dans cette reacuteponse le deacuteficit de pression de vapeur (VDP)

qui repreacutesente la diffeacuterence entre lhumiditeacute de lair ambiant et lhumiditeacute theacuteorique quand

lair est satureacute en eau Ce facteur augmente ou inhibe la capaciteacute des feuilles agrave transpirer Par

exemple sous un fort VDP (latmosphegravere est segraveche) la conductance stomatique est plus

faible que sous un faible VDP le taux dassimilation du COz est par conseacutequent plus faible

Un fort VDP pourrait avoir de seacuterieuses implications sur la productiviteacute du peuplier si le

climat devenait plus chaud (Hart et al 2000)

14 Expeacuterimentation

Le partage dun systegraveme racinaire remet en cause les theacuteories classiques qui considegraverent les

arbres en compeacutetition les uns avec les autres Linterconnexion racinaire favoriserait un

partage des ressources qui pourrait avoir des reacutepercussions notamment sur les techniques

sylvicoles actuelles Par exemple alors quune eacuteclaircie devrait augmenter la croissance des

arbres reacutesiduels (disponibiliteacute des ressources plus importante) leur croissance pourrait ecirctre

reacuteduite du moins temporairement si ils ne peuvent pas augmenter leur photosynthegravese afm

dassurer les besoins dune respiration racinaire plus eacuteleveacutee pour une mecircme quantiteacute de

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

15 Bibliographie

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 18: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

10

feuillage De plus si des arbres sont inter- connecteacutes cela pourrait impliquer que les arbres

interagissent et peuvent deacutependre de leur voisin Les liens racinaires pourraient ainsi

permettre de deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un arbre inter-relieacute Le systegraveme

serait ainsi capable par exemple dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins

vigoureux que les autres ou au contraire dacceacuteleacuterer la mort dun des arbres agrave cause dun

voisin dominant qui puiserait les ressources plus rapidement Ainsi le lien racinaire

permettrait au systegraveme de reacutepondre aux stress environnementaux en temps quuniteacute de

reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave un certain niveau de stress le lien racinaire

permettrait de tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si trop

darbres sont toucheacutes le lien ne ferait quacceacuteleacuterer la mort du peuplement Le chapitre 2 de ce

meacutemoire preacutesente les reacutesultats dune expeacuterience de deacutefoliation reacutealiseacutee sur des couples de

jeunes peupliers faux-tremble inter-relieacutes par des racines parentales Lobjectif de leacutetude

eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre gracircce au lien

racinaire qui les unit La premiegravere hypothegravese eacutetait que la deacutefoliation dun ramet pourrait

deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute avec le ramet

deacutefolieacute par une racine Cela se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) chez le ramet non deacutefolieacute pour

compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde hypothegravese eacutetait

que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation allait deacutependre de la classe de taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la biomasse

racinaire serait important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes

Des paramegravetres physiologiques (photosynthegravese et concentration en sucres entre autres) ont

eacuteteacute mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute et cela sur 4 sites apregraves

coupe dans la reacutegion de lAbitibi-Teacutemiscamingue (Queacutebec Canada) Le chapitre 3 preacutesente

les conclusions geacuteneacuterales de leacutetude

11

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Bassman JH et JC Zweir 1993 Effect of partial defoliation on growth and carbon exchange of two clones of young Populus trichocarpa Torr amp Gray Forest Science vol 39 p 419-431

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 23: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

CHAPITRE 2

REacutePONSE PHYSIOLOGIQUE Agrave LA DEacuteFOLIATION VIA UN LIEN RACINAIRE CHEZ LE PEUPLIER FAUX-TREMBLE (POPULUS TRFMULOlDESMJCHX)

Matthieu Baret et Annie DesRochers1 PhD

lCorrespondance

Universiteacute du Queacutebec en Abitibi-Teacutemiscamingue Campus dAmos

Chaire industrielle CRSNG-UQAT-UQAM en ameacutenagement forestier durable

341 rue Principale Nord Amos Qc J9T 2L8 Canada

Teacutel 819-732-8809 8327 Teacuteleacutec 819-732-8805

Courriel AnnieDesrochersuqatca

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 24: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

16

21 Reacutesumeacute

Chez certaines espegraveces telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) les arbres sont relieacutes entre eux par une racine megravere due agrave leur mode de propagation par drageonnement Ces liens racinaires remettent en question les notions classiques dindividualiteacute des arbres pour laccegraves aux ressources et pour la compeacutetition puisquils permettent les eacutechanges deau de mineacuteraux ou encore dhydrates de carbone Le but de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Pendant les eacuteteacutes 2007 et 2008 des couples de peuplier fauxshytremble issus du drageonnement (ie 2 ramets relieacutes par une racine parentale) reacutepartis en trois classes de hauteur (dominante codominante et supprimeacutee) ont eacuteteacute seacutelectionneacutes puis les ramets situeacutes en position distale par rapport agrave la racine parentale ont eacuteteacute totalement deacutefolieacutes Leffet de la deacutefoliation sur la photosynthegravese la conductance stomatique la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des feuilles a eacuteteacute mesureacute sur les ramets non deacutefolieacutes Les reacutesu ltats montrent que la deacutefol iation dun arbre a causeacute une reacuteponse physiologique chez un autre arbre relieacute par la racine A leacuteteacute 2007 leffet de la deacutefoliation a eacuteteacute plus important sur les ramets de la classe supprimeacutee dont la photosynthegravese avait augmenteacute de 17 par rapport aux teacutemoins non deacutefolieacutes Leffet eacutetait moins important sur les ramets codominants (augmentation de 14) et dominants (12) A leacuteteacute 2007 la SFS eacutetait plus importante pour les ramets supprimeacutes leffet de la deacutefoliation eacutetant deacutecroissant pour les classes codominante et dominante Ce reacutesultat suggegravere une augmentation plus importante des compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets supprimeacutes par rapport agrave ceux des autres classes de hauteurs Agrave leacuteteacute 2008 aucun effet de la deacutefoliation na eacuteteacute observeacute probablement ducirc agrave des conditions dhumiditeacute eacuteleveacutees reacutesultant en des valeurs de conductance stomatique beaucoup plus eacuteleveacutees quen 2007 (+55) Sous de fortes conditions dhumiditeacute la conductance hydrique foliaire ne limite pas la conductance stomatique donc le taux dassimilation du CO2

eacutetait probablement agrave son maximum dougrave labsence daugmentation du taux de photosynthegravese La concentration en sucres eacutetait identique pour les trois classes par rapport aux teacutemoins pour les 2 anneacutees deacutetude Ce reacutesultat indique que leffet de la deacutefoliation interviendrait surtout au niveau des compeacutetences photosyntheacutetiques des feuilles et non au niveau eacutenergeacutetique Cette eacutetude montre que les arbres peuvent interagir physiologiquement agrave travers les liens racinaires La preacutesence de liens racinaires devrait a insi ecirctre consideacutereacutee dans la dynamique de tels peuplements

Mots-cleacutes deacutefoliation drageons peuplier faux-tremble photosynthegravese lien racinaire surface foliaire speacutecifique

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Bassman JH et JC Zweir 1993 Effect of partial defoliation on growth and carbon exchange of two clones of young Populus trichocarpa Torr amp Gray Forest Science vol 39 p 419-431

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 25: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

17

22 Abstract

In some species like aspen (Populus tremuloides Michx) trees are interconnected trough their root system due to their regeneration mode by root suckering These root connections challenge classic notions of forest dynamics that assume that trees are individuals competing for resourees because root connections allow trees to share water minerais and carbohydrates The purpose of this study was to demonstrate that a tree can influence the physiology of another one through a root connection In swnmers 2007 and 2008 pairs of aspen suckers (ie 2 suckers connected by a parental root) were selected and divided into 3 height classes (dominant codominant suppressed) Suckers distally positioned on the parental root were manually defollated The effect of defoliation on photosynthesis stomatal conductance specific leaf area (SLA) and sugar content of the leaves were then measured on the suckers that were not defollated Results show that the defoliation caused a physiological response on the interconnected tree In summer 2007 the defoliation had a greater effect on the suppressed suckers for which the photosynthesis increased by 17 compared to the control The effect was less important on codominant (14 increase) and dominant (12) trees SLA was higher for suppressed trees and the effect of defoliation on SLA was lower for the codominant and dominant trees This suggests that the defoliation caused a larger increase of photosynthetic capacity of the suppressed trees compared to trees in other height classes In summer 2008 no defoliation effect was observed probably caused by high moisture conditions which resulted in much higher stomatal conductance values compared to 2007 (+55) Under high humidity conditions leaf specific hydraulic conductance does not constrain stomatal conductance so the rate of CO2 assimilation was probably at its maximum capacity thus no photosynthesis increase was observed The sugar content was similar for the 3 height classes compared to the control trees for the 2 measurement years whereas SLA results suggested a decrease in sugar content ofleaves for trees in the suppressed height class This suggests that the defoliation effect occurred at the photosynthetic level rather than at the energetic level This study demonstrated that trees can physiologically interact through root connections and should thus be considered in stand dynamics studies

Key-words defoliation aspen suckers photosynthesis roof link specifie leafarea

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 26: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

18

23 Introduction

Traditionnellement les arbres sont consideacutereacutes comme des entiteacutes discregravetes qui sont en

compeacutetition les unes avec les autres pour les ressources Cette notion dindividualiteacute est

neacuteanmoins remise en question pour certaines espegraveces dont les arbres peuvent partager des

reacuteseaux racinaires Par exemple plus de 150 espegraveces peuvent former des greffes racinaires

(Bormann et Graham 1966) qui sont lunion de racines darbres diffeacuterents Le mode de

propagation peut eacutegalement amener agrave un partage dun systegraveme racinaire entre diffeacuterents

arbres comme chez le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx) qui se propage

essentiellement par drageonnement (Frey et al 2003) En effet apregraves une perturbation

majeure (feux coupes eacutepideacutemies dinsectes etc) de nouveaux ramets (ou nouvelles tiges)

vont se deacutevelopper sur les racines du peuplement preacuteceacutedent ce qui permet habituellement

une reacutegeacuteneacuteration rapide des peuplements perturbeacutes (Schier et al 1985) Les ramets vont

ensuite alimenter le systegraveme racinaire parental qui continuera agrave vivre et agrave inter-relier les

arbres tout au long de leur vie (Desrochers et Lieffers 2001 a 2001 b)

Des arbres interconnecteacutes peuvent partager des ressources agrave travers ces liens racinaires dans

le cas darbres greffeacutes le systegraveme racinaire commun permet le transfert et le partage deau

de mineacuteraux et dhydrates de carbone (DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al

2006) ou encore de microorganismes et de pathogegravenes (Kuntz et Riker 1955) Chez le

peuplier faux-tremble reacutegeacuteneacutereacute par drageonnement les liens racinaires permettent eacutegalement

aux ramets dutiliser le systegraveme racinaire parental et ses ressources pour leur croissance

initiale (Zalmer et DeByle 1965) Laccegraves aux ressources serait de plus faciliteacute par la

morphologie de la racine parentale qui suggegravere une faible compeacutetition entres les ramets

connecteacutes En effet le bois des ramets va saligner et deacutevelopper la continuiteacute vasculaire

(formation dun cambium et dun systegraveme vasculaire secondaire) avec la partie distale de la

racine megravere si bien que cette partie croicirct plus vite que la partie proximale (Brown 1935) De

plus lorsque la partie distale de la racine parentale est coupeacutee la croissance des ramets est

reacuteduite de faccedilon beaucoup plus importante que lorsque la partie proximale coupeacutee (Zahner et

DeByle 1965) La partie distale jouerait ainsi un rocircle plus important pour la croissance des

peupliers

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 27: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

19

Les notions classiques de compeacutetition pour laccegraves aux ressources sont ainsi agrave revoir eacutetant

donneacute quun systegraveme racinaire communautaire permet le transfert et le partage de substances

entre des arbres inter-relieacutes Par exemple lorsque des arbres appartenant agrave un systegraveme

racinaire communautaire meurent leur mort n entraine pas neacutecessairement une augmentation

des ressources pour les autres car les racines restent vivantes et le sol continue decirctre occupeacute

(DesRochers et Lieffers 200la) Cela pourrait notamment expliquer les reacutesultats

contradictoires de leffet de leacuteclaircie observeacutes chez le peuplier faux-tremble (Penner et al

2001) Limportance eacutecologique des liens racinaires serait donc agrave consideacuterer dans la

dynamique de tels peuplements car si des arbres utilisent un systegraveme racinaire commun et

partagent des ressources ils pourraient potentiellement interagir et deacutependre les uns des

autres

Lobjectif de cette eacutetude eacutetait de deacutemontrer quun arbre pouvait influencer la physiologie

dun autre arbre gracircce au lien racinaire qui les unit Le systegraveme racinaire communautaire

rendrait les arbres inter-relieacutes deacutependants physiologiquement en permettant par exemple le

transfert dhormones ou encore en creacuteant une interdeacutependance dans leacutequilibre hydrique De

plus lorsquun arbre subit un stress environnemental les conseacutequences de ce stress

pourraient se reacutepercuter sur un arbre inter-relieacute non perturbeacute agrave cause du lien racinaire qui le

rendrait tributaire de larbre toucheacute Ainsi la premiegravere hypothegravese est que la deacutefoliation dun

ramet pourrait deacuteclencher une reacuteponse physiologique chez un ramet non deacutefolieacute mais relieacute

avec le ramet deacutefolieacute par une racine Elle se traduirait par exemple par la mise en place dune

photosynthegravese compensatoire (Nowak et Caldwell 1984) des feuilles du ramet non deacutefolieacute

cest-agrave-dire une augmentation de leur taux de photosynthegravese par rapport agrave des feuilles dun

mecircme acircge dun ramet dont le voisin na pas subit de deacutefoliation Cette photosynthegravese serait

neacutecessaire pour compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute La seconde

hypothegravese est que cette reacuteponse agrave la deacutefoliation va deacutependre de la taille des ramets deacutefolieacutes et

non deacutefolieacutes Eacutetant donneacute que les ramets contribuent agrave assurer le maintien de la biomasse

racinaire dans son ensemble plus le deacuteseacutequilibre entre la biomasse aeacuterienne (feuilles) et la

biomasse racinaire sera important plus les arbres non deacutefolieacutes devraient augmenter leur

photosynthegravese afm de compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes Si

les ramets non deacutefolieacutes ne sont pas capables daugmenter leur photosynthegravese afIn dassurer

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 28: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

20

une respiration racinaire plus eacuteleveacutee cela pourrait avoir des conseacutequences importantes en

termes de survie et de croissance pour lensemble des ramets inter-relieacutes Mm de veacuterifier ces

hypothegraveses une expeacuterience de deacutefoliation sur des couples de jeunes peupliers faux-tremble

inter-relieacutes par des racines parentales a eacuteteacute reacutealiseacutee Des paramegravetres physiologiques tels que la

photosynthegravese la conductance stomatique et la concentration en sucres des feuilles ont eacuteteacute

mesureacutes sur un peuplier dont le voisin avait eacuteteacute totalement deacutefolieacute

21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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21

24 Mateacuteriels et meacutethodes

241 Sites deacutetude

Les sites deacutetude eacutetaient localiseacutes en forecirct boreacuteale (Amos Queacutebec Canada) Deux sites ont

eacuteteacute eacutechantillonneacutes agrave leacuteteacute 2007 (sitel 48degN 46528 77deg0 47841 site 2 48N 46518

77deg047496) ainsi quagrave leacuteteacute 2008 (site 3 48degN 44 55877deg049715 site 4 48degN 46

07177deg048720) Les sites sont localiseacutes sur la ceinture dargile qui reacutesulte des deacutepocircts

laisseacutes par les lacs glaciaires Barlow et Ojibway (Vincent et Hardy 1977) La texture eacutetait

argileuse et le type de sol eacutetait un luvisol gris (Canada Soil Survey Committee

1998)Leacutepaisseur moyenne de la matiegravere organique eacutetait denviron 2 cm Pour les 30

derniegraveres anneacutees (1971-2000) les preacutecipitations annuelles moyennes de la reacutegion ont eacuteteacute de

918 mm avec une tempeacuterature annuelle moyenne de l2degC (Environnement Canada 2009)

Ces sites ont eacuteteacute choisis car ils preacutesentaient chacun de jeunes peuplements de peuplier fauxshy

tremble apregraves une coupe forestiegravere acircgeacutes de 4 ans La densiteacute estimeacutee en ramets sur les 4 sites

variait de 9 000 agrave 25 000 tiges agrave lhectare le pourcentage de recouvrement allant de 35 agrave

80 Dautres essences avaient eacuteteacute planteacutees sur les sites principalement du pin blanc (Pinus

strobus) sur le site 2 et 4 du pin rouge (Pinus resinosa) sur le site 1 et 4 ainsi que de

leacutepinette blanche (Picea glauca) sur le site 3 De laulne (A lnus sp) eacutetait preacutesent sur le site

4

242 Deacutetection des ramets

Des couples de peuplier faux-tremble relieacutes par leur racine-megravere ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur

chaque site Pour chaque couple la racine reliant les deux ramets eacutetait facilement visible en

creusant leacutegegraverement Les ramets choisis devaient ecirctre en bonne santeacute ne pas montrer de

signes exteacuterieurs de deacuteteacuterioration (par exemple au niveau des feuilles ou de la tige) et ecirctre

relativement isoleacutes des autres ramets (une distance dau moins plus dune hauteur darbre) A

leacuteteacute 200730 couples ainsi que 10 ramets teacutemoins ont eacuteteacute seacutelectionneacutes sur les deux sites A

leacuteteacute 2008 40 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutees sur le site 3 (10 dentre- eux servant de teacutemoins)

et sur le site 4 26 couples ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dont 8 couples teacutemoins Les caracteacuteristiques

morphologiques des ramets ont eacuteteacute mesureacutees la hauteur le diamegravetre de la tige agrave la base la

distance seacuteparant les ramets relieacutes (longueur de la racine) ainsi que le diamegravetre de la racine au

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 30: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

22

milieu des deux ramets Leacutetude de la morphologie de la racine reliant les deux ramets

permettait de savoir quel eacutetait celui placeacute distalement et proximalement par rapport agrave larbreshy

megravere (Brown 1935) Les couples ont ensuite eacuteteacute classeacutes selon la taille des ramets proximaux

par rapport aux ramets distaux en 3 classes

Codominante les ramets distaux et les ramets proximaux avaient une taille similaire

Dominante les ramets proximaux avaient une taille supeacuterieure aux ramets distaux

Supprimeacutee les ramets proximaux avaient une taille infeacuterieure aux ramets distaux

243 Mesures initiales

Une premiegravere mesure du taux de photosynthegravese et de conductance stomatique a eacuteteacute faite

avant la deacutefoliation sur les rarnets distaux et les teacutemoins sur les sites 1 et 2 Deux prises de

mesures ont eacuteteacute faites sur les sites 3 et 4 La photosynthegravese et la conductance stomatique ont

eacuteteacute mesureacutees agrave laide dun analyseur de gaz agrave infrarouge (CIRAS-2 pp Systems Amesbury)

La concentration en COz de reacutefeacuterence a eacuteteacute fIxeacutee agrave 350 ppm et le flux de COz dans la chambre

de mesure a eacuteteacute ftxeacute agrave 300 ml m- l La source de lumiegravere utiliseacutee eacutetait la lumiegravere naturelle Le

rayonnement photosyntheacutetiquement actif (PAR) ie le rayonnement dont les longueurs

dondes sont comprises entre 400 et 700 nm eacutetait supeacuterieure agrave 1500 fllllo1m2s-1 lors des

mesures Les mesures ont eacuteteacute faites entre 9h et 13h lors de journeacutees ensoleilleacutees avec une

tempeacuterature atteignant normalement un maximum de 23-24oc Les mesures ont eacuteteacute reacutealiseacutees

sur une feuille de chaque ramet (reacutepeacutetitions) agrave leacuteteacute 2007 Le choix des feuilles sest fait

visuellement sur des jeunes feuilles approximativement du mecircme acircge placeacutees sur une

branche de la tige principale dans le 23 supeacuterieur de la tige Sur les sites 3 et 4 trois mesures

ont eacuteteacute prises sur chaque ramet (pseudo-reacuteplicat) afm davoir une estimation de la variabiliteacute

de la photosynthegravese et de la conductmce stomatique au sein dun mecircme reacuteplicat

244 Mesures suivant la deacutefoliation

A leacuteteacute 2007 la photosynthegravese et la conductance stomatique des ramets proximaux ont eacuteteacute

mesureacutees apregraves deacutefoliation totale des ramets distaux (deacutefoliation manuelle) agrave 13 reprises les

deux derniegraveres mesures ayant eacuteteacute prises 32 et 36 jours apregraves la deacutefoliation La photosynthegravese

et la conductance stomatique des ramets proximaux du site 3 et 4 agrave leacuteteacute 2008 ont eacuteteacute

mesureacutees agrave 14 reprises les deux derniegraveres mesures ont eacuteteacute prises 26 et 27 jours apregraves la

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 31: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

23

deacutefoliation des ramets distaux Les jours de mesure (discontinues) eacutetaient deacutependants des

conditions climatiques car les mesures ne pouvaient se faire que par temps ensoleilleacute

245 Analyses en laboratoire

Les feuilles des ramets distaux proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutees pour estimer la

surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique (SFS) et la concentration en sucres des

feuilles Les feuilles des ramets distaux ont eacuteteacute reacutecolteacutees au deacutebut de leacuteteacute lors de la

deacutefoliation alors que les feuilles des ramets proximaux et des teacutemoins ont eacuteteacute reacutecolteacutees agrave la

[m de la peacuteriode de mesures La surface foliaire totale des feuilles a eacuteteacute mesureacutee avec un

LICOR LI- 3100 Area Meter (LI-COR biosciences Lincoln) Ensuite les feuilles ont eacuteteacute

seacutecheacutees pendant 72 h agrave 70degC et peseacutees afm den obtenir la masse segraveche La surface foliaire

speacutecifique a eacuteteacute calculeacutee en divisant la surface foliaire par la masse segraveche des feuilles pour

chaque ramet

Les feuilles reacutecupeacutereacutees et seacutecheacutees des ramets des 4 sites ont eacuteteacute utiliseacutees pour en estimer la

concentration en sucre solubles totaux (fructose glucose sucrose etc) selon la meacutethode de

Chow et Landhausser (2004) Pour chaque ramet un eacutechantillon de feuilles a eacuteteacute broyeacute puis

005 g de tissus ont eacuteteacute utiliseacutes pour en extraire les sucres Lextraction des sucres a eacuteteacute faite

en chauffant les tissus dans de leacutethanol agrave 95degC au bain-marie La concentration a eacuteteacute ensuite

mesureacutee par colorimeacutetrie en utilisant une solution pheacutenol 2 et de lacide sulfurique agrave 95

Labsorbance a eacuteteacute lue agrave une longueur donde fixeacutee agrave 490 nm avec un spectromegravetre (modegravele

DU 530 Beckman-Coulter Fullerton) Lacide sulfurique pouvant hydrolyser des substances

qui interfegraverent avec la lecture de labsorbance (ex chlorophylle pigments lipides etc) une

extraction pour chaque eacutechantillon a eacuteteacute reacutealiseacutee en parallegravele sans utiliser la solution pheacutenol

afin de corriger les valeurs obtenues

246 Analyses statistiques

Un modegravele mixte lineacuteaire (Pinheiro et Bates 2000) a eacuteteacute utiliseacute afin de veacuterifier que les ramets

distaux et proximaux avaient bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille (diamegravetre et hauteur) et

pour comparer la surface foliaire totale la surface foliaire speacutecifique et la concentration en

sucres des ramets distaux et proximaux des trois classes de hauteur Le taux de photosynthegravese

et de conductance stomatique des ramets distaux des trois classes et des ramets teacutemoins a

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 32: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

24

eacutegalement eacuteteacute analyseacute agrave laide dun modegravele mixte lineacuteaire Cette approche permet de

comparer les valeurs physiologiques pour chaque jour de mesure en fonction des trois classes

(dominante codominante et supprimeacutee) par rapport aux teacutemoins en tenant compte des

mesures reacutepeacuteteacutees Les jours de prise de mesure et les classes de hauteur des ramets eacutetaient les

effets fixes du modegravele Les analyses ont eacuteteacute effectueacutees sur lensemble les dOMeacutees pour 2007

(site 1 et 2) et 2008 (site 3 et 4) les sites eacutetant consideacutereacutes comme des variables aleacuteatoires Les

suppositions du modegravele mixte (la normaliteacute des reacutesidus lhomogeacuteneacuteiteacute des variances et une

distribution normale des effets aleacuteatoires) ont eacuteteacute veacuterifieacutees Puisque la tempeacuterature avait une

forte influence sur la conductance stomatique elle a eacuteteacute incluse dans les modegraveles comme

covariable Les analyses statistiques ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave laide du logiciel R (R Development

Core Team 2007) et le seuil de significativiteacute pour toutes les analyses a eacuteteacute fixeacute agrave Cl = 5

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 33: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

25

25 Reacutesultats

Les couples seacutelectiormeacutees agrave leacuteteacute 2007 et 2008 ont bien eacuteteacute cateacutegoriseacutes selon leur taille

eacutetant donneacutee que les diffeacuterences de taille eacutetaient significatives pour les classes dominante et

supprimeacutee et non significatives pour la classe codominante (tableau 21)

Tableau 21

Caracteacuteristiques morphologiques initiales des couples eacutetudieacutes selon les classes des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes des 4 sites de mesure Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutes par deux asteacuterisques () a = 5

Hauteur ramets Diamegravetre Diamegravetre non deacutefolieacutes Hauteur ramets ramets non ramets

Classe Site (cm) deacutefolieacutes (cm) deacutefolieacutes (mm) deacutefolieacutes (mm)

Dominante 15563 11826 1452 II01

Codominante 1amp2 1477 14453 1394 1278

Supprimeacutee 10519 14594 963 1362

Dominante 16111 12889 1078 867

Codominante 3amp4 18714 18828

1386 1329

Supprimeacutee 130 16291 636 936

La deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 a eu pour effet daugmenter la

photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 21) Plus les ramets non deacutefolieacutes eacutetaient petits

par rapport aux ramets deacutefolieacutes plus laugmentation de la photosynthegravese eacutetait importante Les

ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des valeurs de photosynthegravese supeacuterieures agrave celle

des ramets teacutemoins aux jours 1 235 (p lt 005) ainsi quaux jours 13 et 32 CP lt 010) apregraves

la deacutefoliation (figure 21) Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient en moyenne une

photosynthegravese supeacuterieure de 17 par rapport aux teacutemoins alors que pour les ramets

codominants laugmentation eacutetait de 14 (figure 21) Les ramets de la classe dominante

preacutesentaient une augmentation de photosynthegravese moyenne de 12 par rapport aux teacutemoins

mais les valeurs eacutetaient significativement supeacuterieures seulement aux jours 1 CP = 002) 5 CP =

001) et 32 (p = 002) (figure 21)

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 34: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

---

26

- - Dominante - - - Codominante - - - Supprimeacutee --Teacutemoins 16

15 11 bullbull

14

iuml 13 ~ - -

t-r--4I 12 - r e

ltIl ~ Il 0 j 10

d A- 9

g Deacutefoliation

7

6

o 2 3 5 6 7 13 32 36

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 21 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Pn) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Pour les mesures pnses leacuteteacute 2008 la photosynthegravese des ramets ne preacutesentaient pas de

diffeacuterences par rapport aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation sur presque tout lensemble de la

peacuteriode de mesure (figure 22)

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 35: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

27

- - Dominante - - Codominante - - Supprimeacutee --Teacutemoins

18

16

Icirc 14

fa Ji 12 o [ - 1tl 10 0 ~

8 L -shy1 Deacutefo liation

6+---------r-----------------------------------

j-3 j2 Jmiddot1 JO j+1 J+4 J+6 J+ 12 J+ 14 1+26 J+27

Jours apregraves deacutefoliation

Figure 22 Eacutevolution de la photosynthegravese nette (Po) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2008 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

Les valeurs de conductance stomatique des ramets pour les trois classes de taille et des

teacutemoins de leacuteteacute 2007 eacutetaient comprises entre 155 mmoles m-2 S-1 et 381 mmoles m-2 S-I

alors que ces valeurs eacutetaient comprises entre 358 mmoles m-2 S-1 et 685 mmoles m-2 S-I agrave

leacuteteacute 2008 (figure 23a et figure 23b) La conductance stomatique en 2008 eacutetait ainsi

supeacuterieure de 55 par rapport agrave 2007 Les ramets de la classe supprimeacutee preacutesentaient des

valeurs de conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins sauf aux jours

7 et 36 (figure 23a) Les ramets codominants preacutesentaient eacutegalement des valeurs de

conductance stomatique infeacuterieures de 3 par rapport aux teacutemoins aux jours 3 et 6 apregraves la

deacutefoliation (figure 23a) Aucune diffeacuterence de conductance stomatique na eacuteteacute observeacutee entre

les ramets dominants et les teacutemoins sur lensemble de la peacuteriode de mesure aux eacuteteacutes 2007 et

2008

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

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Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

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Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

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Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 36: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

28

a)

- - Dominall1e - - - Codominante bull - bull bull SuppriIree --Teacutemoins450

400

~ 350 iuml en 300

1 ~ 250v

euml5 El 200 El - en 150 Cl

100 r 50 Deacutefoliation

O+---_____~--____---____---_--_____---_____r---_--____

o 2 3 6 7 32 36

Jours apregraves deacutefoliation--shyb)

800

700 bull

600 CshyI

500

~ ~ 400 bull 0 l 1300

Deacutefoliation Cl

200

100

0

j-3 j-2 jO j+l j+4 j+6 j+7 j+12 j+14 j+26 j+27-Jours apregraves deacutefoliation

Figure 23 Eacutevolution de la conductance stomatique (Gs) des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins suite agrave la deacutefoliation des ramets distaux agrave leacuteteacute 2007 (a) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les diffeacuterences significatives par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) par rapport aux teacutemoins sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 37: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

29

Mecircme si au deacutepart les couples de ramets eacutetaient bien cateacutegoriseacutes selon leur taille (tableau

21) les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante eacutetudieacutes agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire plus eacuteleveacutee agrave la fm de la peacuteriode de mesure que les ramets deacutefolieacutes (p = 0005 figure

2Aa) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les classes supprimeacutees et dominantes sauf

quil ny avait pas de diffeacuterences pour la surface foliaire pour les ramets de la classe

codominante (figure 2Ac) A leacuteteacute 2007 la concentration en sucres des feuilles des ramets

non deacutefolieacutes preacuteleveacutes agrave la fin de la peacuteriode de mesure eacutetait plus faible de 20 que les ramets

deacutefolieacutes au deacutebut de leacuteteacute pour la classe dominante (p = 004) et codominante (p = 009)

(figure 24b) Les reacutesultats eacutetaient similaires en 2008 pour les ramets non deacutefolieacutes dominants

CP lt 0001) ougrave la diffeacuterence avec les ramets deacutefolieacutes eacutetait de 26 Les feuilles des ramets de

la classe supprimeacutee non deacutefolieacutes avaient une concentration en sucre plus faible de 22 par

rapport aux ramets deacutefolieacutes (p = 0006) (figure 24f) La mecircme tendance fucirct observeacutee pour les

ramets de la classe codominante et pour les teacutemoins

bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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bullbull

30

c) a) o Ramels non deacutefolieacutes I] Ramels deacutefolieacutes oRamels non deacutefolieacutes IIJ RJlIneIs deacutefolieacutes

04 sect 08103

~ ~ 06= 02 ltB g 04

C 01 ltgt

rn ~ 02 rn

b) d)

~ 20

~ ltB

15

~ 10 sect e 5 il tl U

0

Dominante Codominante Supprimeacutee Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

Classe de taille des ramets Classe de taille des ramets

Figure 24 Comparaison de la surface foliaire et de la concentration en sucre des feuilles (Csucres) des ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes agrave leacuteteacute 2007 (a et b) et agrave leacuteteacute 2008 (c et d) Les diffeacuterences significatives entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes au sein dune classe sont repreacutesenteacutees par deux asteacuterisques () a = 5 Les diffeacuterences proches du seuil de significativiteacute (p lt 010) sont repreacutesenteacutees par un asteacuterisque () Les barres derreurs repreacutesentent les erreurs-types agrave la moyenne

A la fm de la peacuteriode de mesure de leacuteteacute 2007 les ramets de la classe supprimeacutee avaient une

surface foliaire speacutecifique moyenne supeacuterieure aux teacutemoins (figure 25a) et leffet de la

deacutefoliation sur la surface foliaire speacutecifique eacutetait de moins en moins important pour les

classes codominante et dominante (figure 25a) A leacuteteacute 2008 seule la surface foliaire

speacutecifique moyenne des ramets de la classe codominante eacutetait infeacuterieure aux teacutemoins (figure

25b)

31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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31

a)

160 r-- iuml bl)

N

S 150

t) -

Q)

~ 0

140 4lg 0 00

130 A Q)

~ l

t2 120

B AB B

8 ~ 110 ~

Cf)

100

Dominante Codominante SuppriJreacutee Teacutermins

b)

160 r-- B B ~ 150 B ~ Q)

l 0

] 140

130

A -

~ Q)

~ 120 l t2

110

~ Cf) 100

Dominante Codominante Supp riIJeacutee Teacuterroins

Classe de taille des ramets non deacutefolieacutes

Figure 25 Surface foliaire speacutecifique moyenne des ramets non deacutefolieacutes des 3 classes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 Ca) et agrave leacuteteacute 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (a = 5)

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Witkowski ETF et BB Lamont 1991 Leaf specifie mass confounds leaf density and thickness Oecologia vol 88 p 486-493

42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

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Page 40: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

32

La concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes des trois classes neacutetaient pas

diffeacuterentes agrave celle des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 et agrave leacuteteacute 2008 (figure 26a et figure 26b)

a)

~ S l

18 A

~ 16 Q)

lt

~ 14 A A

A

~ 12 6 ~ ~

10

~ lt) 8 - -(l lt Q)

6 shylt 0

Cl 4 g lt=l 2 ~ lt=l 0 () 0

Dominante Codominante Supprimeacutee Teacutemoins

b)

( 18 Q)

a 16~ lt

Q) A 14 Q) A

12~ A AE JO

~ CIl

~ lt) 8

l

5 6 Cl 0

Cl 4S lt ~ 2 Cl 0 () 0

Dorrinarne Codorrinanle Supprilœe TeacuterroIumllls

Classe de tailles des ramets non deacutefolieacutes

Figure 26 Concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes et des teacutemoins agrave leacuteteacute 2007 (a) et 2008 (b) Les barres avec la mecircme lettre ne sont pas significativement diffeacuterentes (cr = 5)

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 41: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

33

26 Discussion

Lexpeacuterience a perrms de deacutemontrer quune photosynthegravese compensatoire (Nowak et

Caldwell 1981) pouvait ecirctre induite rapidement chez un arbre non deacutefolieacute gracircce agrave un lien

racinaire le reliant agrave un arbre deacutefolieacute Bien que la photosynthegravese des ramets des trois classes

de dominance ait augmenteacute suite agrave la deacutefoliation du ramet inter-relieacute leffet de la deacutefoliation

a eacuteteacute plus important pour les ramets de la classe supprimeacutee (figure 21) Ceci pourrait

sexpliquer par le fait que puisque le systegraveme racinaire est commun la photosynthegravese des

ramets qui y sont rattacheacutes contribuent tous agrave lalimenter en sucres pour combler les besoins

en respiration de maintenance En effet comme les deux ramets participent agrave la croissance et

agrave lentretien de la partie racinaire si un des ramets est deacutefolieacute le second ramet devrait par

conseacutequent supporter une biomasse racinaire plus importante Comme les racines ne font pas

de photosynthegravese la biomasse racinaire repreacutesente un coucirct eacutenergeacutetique pour les arbres ce

pourquoi les jeunes peuplements issus du drageonnement doivent avoir une densiteacute et une

surface foliaire suffisamment eacuteleveacutees pour maintenir en vie le systegraveme racinaire du

peuplement preacuteceacutedent (Desrochers et Lieffers 2001 b) La photosynthegravese doit par

conseacutequent produire assez de glucides qui serviront notamment agrave la croissance et agrave

lentretien de la partie racinaire Plus la quantiteacute de feuillage enleveacutee est importante plus le

feuillage restant devra compenser la perte dactiviteacute photosyntheacutetique du ramet deacutefolieacute Ains~

il est normal que les ramets non deacutefolieacutes de la classe supprimeacutee (le ramet deacutefolieacute eacutetait plus

gros) aient une photosynthegravese compensatoire plus eacuteleveacutee que les ramets non deacutefolieacutes

codominants et dominants Eis (1972) avait dailleurs deacutemontreacute pour des pins blanc (Pinus

strobus) greffeacutes par les racines que si un arbre dominant dune union dominantesupprimeacutee

eacutetait coupeacute larbre supprimeacute avait peine agrave compenser la perte de feuillage puisque la quantiteacute

deacutenergie produite eacutetait insuffisante pour en mecircme temps maintenir sa biomasse aeacuterienne et la

biomasse racinaire des deux arbres Leffet de la deacutefoliation serait donc plus coucircteux

eacutenergeacutetiquement pour un ramet supprimeacute et sa reacuteponse agrave la deacutefoliation dun ramet voisin plus

importante que pour les autres classes agrave cause dun deacuteseacutequilibre biomasse aeacuterienneibiomasse

racinaire plus eacuteleveacute

Contrairement agrave 2007 les reacutesultats de 2008 ne montraient pas deffet apregraves la deacutefoliation

dans le taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes (figure 22) Ces reacutesultats pourraient

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 42: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

34

ecirctre expliqueacutes par les valeurs de conductance stomatiques tregraves eacuteleveacutees compareacutees aux valems

de 2007 (figmes 23a et 23b) Dans des conditions climatiques normales la conductance

stomatique chez le peuplier faux-tremble est denviron 318 mmoles m-2 S-I (Hart et al

2000) alors quen 2008 celle-ci eacutetait comprise entre 350 et 700 rnrooles m-2 s-1 (figure 23b)

Les conditions dhumiditeacute eacutetaient tregraves diffeacuterentes dune anneacutee agrave lautre le total des

preacutecipitations sur les peacuteriodes de mesme seacutelevait agrave 2115 mm en 2008 contre 805mm en

2007 (Environnement Canada 2009) Hart et al (2000) qui ont eacutetudieacute la reacuteponse de feuilles

reacutesiduelles agrave la deacutefoliation partielle sm le peuplier faux-tremble avaient eacutegalement trouveacute

que sous un faible deacuteficit de pression de vapeur (VDP) (cest-agrave-dire de bonnes conditions

dhumiditeacute) la mise en place dune photosynthegravese compensatoire eacutetait difficilement

observable agrave cause de la conductance hydraulique speacutecifique des feuilles qui ne reacuteprimait pas

la conductance stomatique Par conseacutequent la photosynthegravese qui est fortement correacuteleacutee avec

la conductance stomatique (Pessarakl~ 2005) nest eacutegalement pas reacuteprimeacutee La tregraves forte

conductance stomatique en 2008 permettait donc aux ramets davoir un taux de

photosynthegravese tregraves eacuteleveacute si bien que mecircme si une photosynthegravese compensatoire seacutetait mise

en place suite agrave la deacutefoliation elle neacutetait probablement pas observable car le taux

dassimilation du CO2 aurait deacutejagrave atteint sa capaciteacute maximum (Hart et al 2000) En

conditions segraveches les stomates se ferment afin de reacuteduire les pertes deau au niveau des

feuilles ce qui diminue linflux de CO2 La conductance stomatique est plus faible et donc

par conseacutequent le taux de photosynthegravese diminue (Pessarakli 2005) La deacutefoliation a donc

eu un effet plus important en 2007 lorsque lhumiditeacute eacutetait plus faible quen 2008 En contre

partie si lhumiditeacute avait eacuteteacute trop faible en 2007 il est possible quaucune augmentation des

valems de photosynthegravese nait eacuteteacute observeacutee car sous un fort VDP la conductance stomatique

diminue pour maintenir le potentiel hydrique foliaire au dessus du point de fleacutetrissement

(Hart et al 2000)

Les meacutecanismes intervenant dans laugmentation de photosynthegravese plus ou moins importante

selon les classes ne semblent pas lieacutes agrave une augmentation des proprieacuteteacutes hydriques foliaires

car mecircme si les ramets de la classe supprimeacutee et codominante avait un taux de photosynthegravese

supeacuterieure aux teacutemoins apregraves la deacutefoliation en 2007 (figure 21) leur conductance stomatique

eacutetait plus faible (figure 23a) Contrairement agrave plusieurs eacutetudes qui ont montreacute que suite agrave une

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

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Page 43: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

35

deacutefoliation partielle une augmentation de la photosynthegravese des feuilles reacutesiduelles

saccompagnait dune augmentation de la conductance stomatique (Heichel et TllTIler 1983

Ovaska et al 1992 Reich et al 1993 Pataki et al 1998) les reacutesultats de la conductance

stomatique en 2007 ont montreacute une tendance inverse Alors comment expliquer une

augmentation du taux de photosynthegravese des ramets non deacutefolieacutes alors quune diminution de la

conductance stomatique a eacuteteacute observeacutee Un des meacutecanismes qui pourrait intervenir dans

laugmentation du taux de photosynthegravese pourrait ecirctre expliqueacute par la surface foliaire

speacutecifique (SFS) mesureacutee en 2007 sur les ramets non deacutefolieacutes Comme pour le taux de

photosynthegravese plus les ramets deacutefolieacutes eacutetaient grands par rapport aux ramets non deacutefolieacutes et

plus la deacutefoliation a eu pour effet daugmenter la surface foliaire speacutecifique des ramets non

deacutefolieacutes (figure 25a)

La surface foliaire speacutecifique est reconnue comme un des attributs fonctionnels les plus

importants des plantes (Lambers et al 1998) Elle est deacutetermineacutee conjointement par la

densiteacute et leacutepaisseur de la feuille (Witkowski et Lamont 1991) Ainsi une augmentation de

la surface foliaire speacutecifique se traduit premiegraverement par une augmentation de la surface de la

feuille par uniteacute de masse segraveche ce qui permet de diminuer latteacutenuation de la lumiegravere dans la

feuille (Shipley 2006) Une augmentation de la surface foliaire speacutecifique se traduit

eacutegalement par une diminution de la densiteacute des tissus foliaire et une augmentation de la

concentration en eau des feuilles la teneur en eau eacutetant le paramegravetre le plus important qui

deacutetermine la SFS (Shipley 1995) Leau des feuilles est principalement localiseacutee dans les

cytoplasmes des cellules qui contient notamment les nutriments et les enzymes responsables

de la photosynthegravese Ains~ une augmentation de la SFS conduit agrave une augmentation des

composants cytoplasmiques tel que lazote qui est habituellement bien correacuteleacute avec la SFS

(Garnier et al 1999 Shipley et Lechowicz 2000) Une augmentation de la concentration en

azote peut causer une augmentation de la synthegravese de chlorophylle (Liu et Dickmann 1996)

et par conseacutequent une augmentation du taux de photosynthegravese (Field et Mooney 1986

Reich et al 1995 Feng et al 2008) Il semble donc que la deacutefoliation ait eu pour effet

daugmenter les compeacutetences photosyntheacutetiques des ramets non deacutefolieacutes en 2007 La surface

foliaire speacutecifique mesureacutee en 2008 ne permet cependant pas de confirmer les mesures de

2007 (figure 25b) Ce reacutesultat pourrait ecirctre expliqueacute par le fait que les ramets non deacutefolieacutes

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

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Page 44: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

36

avaient deacutejagrave llll taux de photosynthegravese tregraves eacuteleveacute agrave cause de leur conductance stomatique

(figure 23b) Par conseacutequent il neacutetait pas neacutecessaire daugmenter les compeacutetences

photosyntheacutetiques car le taux dassimilation eacutetait probablement deacutejagrave agrave son maximum De

plus la surface foliaire speacutecifique des ramets teacutemoins en 2008 eacutetait plus eacuteleveacutee quen 2007

(figures 2Sa et 2Sb) ce qui confirme cette meilleure compeacutetence photosyntheacutetique des

ramets en 2008

Une surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee peut eacutegalement refleacuteter une faible concentration en

sucres au niveau des feuilles (Meziane et Shipley 2001) La deacutefoliation na pourtant pas eu

deffet sur la concentration en sucres des feuilles des ramets non deacutefolieacutes (figures 26a et

26b) ce qui nous permet de conclure que la deacutefoliation na pas eu deffet direct au niveau

eacutenergeacutetique des feuilles Plusieurs hypothegraveses pourraient expliquer ce reacutesultat Premiegraverement

la photosynthegravese compensatoire mise en place eacutetait probablement suffisante pour produire les

glucides suppleacutementaires neacutecessaires au maintien des processus physiologiques du systegraveme

ramet deacutefolieacuteramet non deacutefolieacute sans que la deacutefoliation nait un effet neacutegatif sur la

concentration en sucre des feuilles La concentration en sucre des feuilles na dailleurs pas

augmenteacute car les sucres produits ont probablement eacuteteacute utiliseacutes pour le maintien du systegraveme

racinaire Cela pourrait sexpliquer par le fait que les ramets nutilisent pas les feuilles pour

entreposer les reacuteserves de sucres Landhausser et Lieffers (2003) avaient montreacute que les

reacuteserves en sucres utiliseacutees au moment de lapparition des feuilles chez le peuplier fauxshy

tremble eacutetaient principalement celles au niveau des branches de larbre puis au niveau de la

souche ou des racines De plus si une deacutefoliation partielle intervenait seulement sur lllle

alU1eacutee de croissance (comme dans la preacutesente eacutetude) la deacutefoliation avait peu deffet sur les

reacuteserves en sucres des racines (Reichenbacker et al 1996) Plusieurs aIU1eacutees de deacutefoliation

seraient ainsi neacutecessaires pour observer llll effet sur la concentration en sucres au niveau des

feuilles La concentration en sucres aux niveaux de feuilles est normalement tregraves eacuteleveacutee au

cours de leacuteteacute (17 de masse segraveche de feuilles) et deacutebut septembre lors de leur abscission la

concentration en sucres reste eacuteleveacutee (14 de masse segraveche) (Landhausser et Lieffers 2003)

Des reacutesultats similaires ont eacuteteacute trouveacutes dans la preacutesente eacutetude (figures 24b et 24d) les

ramets non deacutefolieacutes ayant une concentration en sucres plus faible que les ramets deacutefolieacutes au

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

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29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

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Page 45: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

37

deacutebut de leacuteteacute De plus leffet de la deacutefoliation sur le ramet non deacutefolieacute sest peut ecirctre

estompeacute au cours de leacuteteacute les feuilles ayant eacuteteacute reacutecolteacutees tm mois apregraves la deacutefoliation

Des meacutecanismes autres que la mise en place dtme photosynthegravese compensatoire pourraient

se mettre en place agrave la suite dtme deacutefoliation partielle chez le peuplier faux-tremble

Bassman et Dickman (1982) avaient noteacute que les feuilles nouvellement produites avaient une

surface foliaire plus importante de 43 par rapport aux feuilles deacutefolieacutees ou encore tme

augmentation de la surface foliaire des branches lateacuterales (Bassman et Zweir 1993) Dans

notre eacutetude les ramets non deacutefolieacutes de la classe codominante agrave leacuteteacute 2007 avaient une surface

foliaire totale statistiquement plus eacuteleveacutee que les ramets deacutefolieacutes (figure 24a) alors quils

eacutetaient similaires au deacutebut de lexpeacuterience (tableau 21) Ce reacutesultat pourrait possiblement

signifier que les ramets non deacutefolieacutes avaient produit de nouvelles feuilles durant cette peacuteriode

de temps ce qui a en effet eacuteteacute observeacute (M Baret observation personnelle) La diffeacuterence de

hauteur entre les ramets non deacutefolieacutes et deacutefolieacutes de la classe dominante et supprimeacutee ne

permettait cependant pas dobserver cette tendance (tableau 21)

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

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Page 46: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

38

27 Conclusion

Les arbres qui partagent illl systegraveme racinaire peuvent interagir physiologiquement Nous

avons deacutemontreacute quun stress environnemental touchant un arbre pouvait avoir illl effet sur illl

arbre relieacute Leffet du stress nest pas forceacutement neacutefaste sur illl arbre relieacute en teacutemoigne illle

augmentation de la surface foliaire speacutecifique observeacutee sur les ramets non deacutefolieacutes de la

preacutesente eacutetude La surface foliaire speacutecifique eacuteleveacutee a permis davoir illle meilleure efficaciteacute

photosyntheacutetique et ainsi de compenser la perte des feuilles de larbre deacutefolieacute Le lien

racinaire permettrait ainsi au systegraveme de reacutepondre agrave illl stress environnemental en temps

quillliteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle de lindividu Jusquagrave illl certain niveau de stress le

lien racinaire pourrait tempeacuterer les conseacutequences physiologiques de ce stress Cependant si

trop darbres eacutetaient toucheacutes le lien pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement si les arbres

reacutesiduels devaient fournir trop deacutenergie par rapport agrave leur capaciteacute photosyntheacutetique pour

assurer le maintien du systegraveme Cela pourrait remettre en question des traitements sylvicoles

comme leacuteclaircie commerciale ou preacutecommerciale qui ont notamment pour but daugmenter

la disponibiliteacute des nutriments aux arbres reacutesiduels (Smith et al 1997) Un systegraveme racinaire

communautaire diminuerait les effets de leacuteclaircie car les souches des arbres coupeacutes

pourraient avoir accegraves aux ressources des arbres reacutesiduels et ainsi rester en vie Des mesures

de concentration en azote en chlorophylle ou encore en RubisCo des feuilles permettraient

daffmer leacutetude et de deacuteterminer agrave quel niveau physiologique preacutecis leffet de la deacutefoliation

intervient

39

28 Bibliographie

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

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39

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42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

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Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

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Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 48: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

40

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

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41

Pataki DE R Oren et N Phillips 1998 Responses of sapflux and stomatal conductance of Pinus taeda L trees to stepwise reductions in leaf area Journal of Experimental Botany vol 49 p 871-878

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Pessarakli M 2005 Handbook ofPhotosynthesis Boca Raton (USA) CRC Press 928 p

Pinheiro le et DM Bates 2000 Mixed-Effects Models in S and S-PLUS Berlin Springer Verlag 528 p

Reich PB MB Walters Sc Krause DW Vanderklein KF Raffa et T Tabone 1993 Growth nutrition and gas exchange of Pinus resinosa following artificial defoliation Trees Structure and Function vol 7 p 67-77

Reich PB BD Kloeppel DS Ellsworth et MB Walters 1995 Different photosynthesis-nitrogen relations in deciduous hardwood and evergreen coniferous tree species Oecologia vol 104 p 24-30

Reichenbacker RR RC Schultz et ER Hart 1996 Artificial defoliation effect on Populus growth biomass production and total nonstructural carbohydrate concentration Environmental Entomology vol 25 p 632-642

Schier GA JR Jones et RP Winokur 1985 Vegetative regeneration In Aspen Ecology and Management in the Western United States sous la dir de N V DeByle et R P Winokur p 29-33 Fort Collins (Colorado) United States Department of Agriculture

Smith D M Be Larson MJ Kelty et PMS Asthon 1997 The practice of silviculture Applied forest ecology New York (USA) John Wiley and Sons 560 p

Shipley B 1995 Structured interspecific determinants of specifie leaf area in 34 species of herbaceous angiosperms Functional Ecology vol 9 p 312-319

Shipley B 2006 Net assimilation rate specifie leaf area and leaf mass ratio which is most closely correlated with relative growth rate A meta-analysis Functional Ecology vol 20 p565-574

Shipley B et MJ Lechowic2 2000 The functional coordination of leaf morphology and gas exchange in 40 wetland plant species Ecoscience vol 7 p 183-194

Vincent lS et L Hardy 1977 Leacutevolution et lextension des lacs glaciaires Barlow et Ojibway en territoire queacutebecois Geacuteographie physique et Quaternaire vol 31 p 357-372

Witkowski ETF et BB Lamont 1991 Leaf specifie mass confounds leaf density and thickness Oecologia vol 88 p 486-493

42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

DesRochers A et VJ Lieffers 2001 Root biomass of regenerating aspen (Populus tremuloides) stands of different densities in Alberta Canadian Journal of Forest Research voI31p1012-1018

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Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

Page F S 1927 Living stumps Journal of Forestry vol 25 no 6 p 687-690

Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

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La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 49: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

41

Pataki DE R Oren et N Phillips 1998 Responses of sapflux and stomatal conductance of Pinus taeda L trees to stepwise reductions in leaf area Journal of Experimental Botany vol 49 p 871-878

Permer M e Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronic1e vol 77 no 5 p 874-884

Pessarakli M 2005 Handbook ofPhotosynthesis Boca Raton (USA) CRC Press 928 p

Pinheiro le et DM Bates 2000 Mixed-Effects Models in S and S-PLUS Berlin Springer Verlag 528 p

Reich PB MB Walters Sc Krause DW Vanderklein KF Raffa et T Tabone 1993 Growth nutrition and gas exchange of Pinus resinosa following artificial defoliation Trees Structure and Function vol 7 p 67-77

Reich PB BD Kloeppel DS Ellsworth et MB Walters 1995 Different photosynthesis-nitrogen relations in deciduous hardwood and evergreen coniferous tree species Oecologia vol 104 p 24-30

Reichenbacker RR RC Schultz et ER Hart 1996 Artificial defoliation effect on Populus growth biomass production and total nonstructural carbohydrate concentration Environmental Entomology vol 25 p 632-642

Schier GA JR Jones et RP Winokur 1985 Vegetative regeneration In Aspen Ecology and Management in the Western United States sous la dir de N V DeByle et R P Winokur p 29-33 Fort Collins (Colorado) United States Department of Agriculture

Smith D M Be Larson MJ Kelty et PMS Asthon 1997 The practice of silviculture Applied forest ecology New York (USA) John Wiley and Sons 560 p

Shipley B 1995 Structured interspecific determinants of specifie leaf area in 34 species of herbaceous angiosperms Functional Ecology vol 9 p 312-319

Shipley B 2006 Net assimilation rate specifie leaf area and leaf mass ratio which is most closely correlated with relative growth rate A meta-analysis Functional Ecology vol 20 p565-574

Shipley B et MJ Lechowic2 2000 The functional coordination of leaf morphology and gas exchange in 40 wetland plant species Ecoscience vol 7 p 183-194

Vincent lS et L Hardy 1977 Leacutevolution et lextension des lacs glaciaires Barlow et Ojibway en territoire queacutebecois Geacuteographie physique et Quaternaire vol 31 p 357-372

Witkowski ETF et BB Lamont 1991 Leaf specifie mass confounds leaf density and thickness Oecologia vol 88 p 486-493

42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

DesRochers A et VJ Lieffers 2001 Root biomass of regenerating aspen (Populus tremuloides) stands of different densities in Alberta Canadian Journal of Forest Research voI31p1012-1018

Eis S 1972 Root Grafts and their Silvicultural Implications Canadian Journal of Forest Research vol 2 p 111-120

Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

Page F S 1927 Living stumps Journal of Forestry vol 25 no 6 p 687-690

Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 50: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

42

Zahner R et NV DeByle 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology voL 46 p 373-375

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

DesRochers A et VJ Lieffers 2001 Root biomass of regenerating aspen (Populus tremuloides) stands of different densities in Alberta Canadian Journal of Forest Research voI31p1012-1018

Eis S 1972 Root Grafts and their Silvicultural Implications Canadian Journal of Forest Research vol 2 p 111-120

Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

Page F S 1927 Living stumps Journal of Forestry vol 25 no 6 p 687-690

Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 51: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

43

29 Remerciements

Nous tenons agrave remercier le CRSNG pour le fmancement les aides de terrain Francesca

Audet-Gagnon Andreacute-Anne Gagnon Nadine Gueacutenette Camille Morin Philippe

Larchevecircque Benjamin Terrier ainsi que Marc Mazerolle pour ses conseils en statistiques

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

DesRochers A et VJ Lieffers 2001 Root biomass of regenerating aspen (Populus tremuloides) stands of different densities in Alberta Canadian Journal of Forest Research voI31p1012-1018

Eis S 1972 Root Grafts and their Silvicultural Implications Canadian Journal of Forest Research vol 2 p 111-120

Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

Page F S 1927 Living stumps Journal of Forestry vol 25 no 6 p 687-690

Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 52: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

CHAPITREm

CONCLUSION GEacuteNEacuteRALE

Le partage dun systegraveme racinaire communautaire est un thegraveme qui a reccedilu peu dattention ces

derniegraveres anneacutees alors que leur signification eacutecologique pourrait avoir des reacutepercussions sur

la dynamique des peuplements la succession ou encore leffet des traitements sylvicoles des

peuplements ougrave les arbres sont inter-relieacutes Bien que les premiegraveres eacutetudes deacutecrivant la

preacutesence de greffes racinaires entre diffeacuterents arbres datent du deacutebut du 20egraveme siegravecle (Page

1927 Larue 1934) leur importance eacutecologique a commenceacute agrave ecirctre abordeacutee dans les anneacutees

60-70 (Bormann et Graham 1966 Eis 1972) pour ensuite ne plus recevoir dattention

Dans le cas du peuplier faux-tremble les diffeacuterents facteurs qui initialisent et favorisent le

drageonnement sont bien documenteacutes (Frey et al 2003) Cependant les relations complexes

qui pourraient intervenir entre les ramets relieacutes par leurs racines nont pas eacuteteacute abordeacutees 11 est

maintenant admis que des arbres inter-relieacutes peuvent partager les ressources racinaires ou

encore de se transfeacuterer des substances via ce systegraveme (Kuntz et Rjker 1955 Stone et Stone

1955 DeByle 1964 Zahner et DeByle 1965 Fraser et al 2006) Si des arbres partagent

des ressources ils peuvent potentiellement interagir entre eux Dans cet ordre dideacutee la

preacutesente eacutetude visait agrave deacuteterminer si un arbre pouvait effectivement affecter la physiologie

dun autre agrave travers un lien racinaire En deacutefoliant un arbre il a eacuteteacute deacutemontreacute que le stress

appliqueacute se reacutepercutait sur un autre arbre relieacute au premier par la racine parentale La mise en

place dune photosynthegravese compensatoire des ramets non deacutefolieacutes permet donc de compenser

la perte dactiviteacute photosyntheacutetique des ramets deacutefolieacutes afm notamment de reacuteeacutequilibrer le

rapport tigeracine Nous avons eacutegalement deacutemontreacute que plus le deacuteseacutequilibre biomasse

aeacuterienneibiomasse racinaire eacutetait important plus la photosynthegravese compensatoire chez les

ramets non deacutefolieacutes mise en place apregraves la deacutefoliation eacutetait eacuteleveacutee Les arbres qui partagent

un systegraveme racinaire deacutependent donc les uns des autres le stress appliqueacute agrave un arbre se

reacutepercutant sur un autre nayant pas directement subi le stress La notion de lindividualiteacute

des arbres est donc complegravetement agrave revoir pour des peuplements dont les arbres sont

interconnecteacutes par les racines Contrairement agrave un arbre laquo indeacutependant raquo les conseacutequences

45

dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

DesRochers A et VJ Lieffers 2001 Root biomass of regenerating aspen (Populus tremuloides) stands of different densities in Alberta Canadian Journal of Forest Research voI31p1012-1018

Eis S 1972 Root Grafts and their Silvicultural Implications Canadian Journal of Forest Research vol 2 p 111-120

Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

Page F S 1927 Living stumps Journal of Forestry vol 25 no 6 p 687-690

Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

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dune perturbation sur la survie et la croissance de larbre pourraient ecirctre reacuteduites si dautres

arbres interconnecteacutes peuvent lui fournir les ressources neacutecessaires des relations de type

laquo coopeacuterationraquo pourraient donc se mettre en place si les arbres non perturbeacutes peuvent

laquo aiderraquo les arbres toucheacutes par notamment une augmentation de leurs compeacutetences

physiologiques Dun autre cocircteacute si trop darbres eacutetaient toucheacutes le partage dun systegraveme

racinaire pourrait devenir plutocirct neacutefaste pour les arbres non perturbeacutes ils devraient fournir

trop deacutenergie pour assurer en mecircme temps le maintien du systegraveme racinaire communautaire

leur croissance et leur survie Les arbres perturbeacutes pourraient puiser trop deacutenergie par

conseacutequent la croissance ou mecircme la survie des arbres non perturbeacutes pourraient ecirctre affecteacutees

plus seacutevegraverement que sils ne partageaient pas un systegraveme racinaire Dailleurs il a eacuteteacute

deacutemontreacute par DesRochers et Lieffers (2001) que lorsque le nombre de drageons eacutetait

insuffisant apregraves perturbation leur croissance eacutetait moins bonne et le systegraveme racinaire

parental mourait en plus grande proportion que lorsque que la densiteacute de ramets eacutetait eacuteleveacutee

Dans de tels peuplements il semble donc que le systegraveme arbressystegraveme racinaire reacuteagit aux

perturbations en tant quune uniteacute de reacuteponse et non agrave leacutechelle darbres individuels On

pOlUTait ainsi consideacuterer les arbres inter-relieacutes comme un seul individu composeacute de plusieurs

branches qui interagiraient entre elles En fonction notamment des classes de dominance de

ces diffeacuterentes branches le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre beacuteneacutefique ou neacutefaste

en termes de survie et de croissance des diffeacuterents arbres Par exemple le systegraveme serait

capable dapporter les ressources neacutecessaires agrave un arbre moins vigoureux que les autres ou au

contraire si un arbre dominant par rapport aux autres est toucheacute par un stress

environnemental le lien racinaire pourrait acceacuteleacuterer la mort du peuplement entier ou le bris

des liens racinaires de ses voisins les plus faibles car les coucircts en respiration de la biomasse

de larbre toucheacute puiseraient plus rapidement les ressources

Dans la preacutesente eacutetude la mise en place dune photosynthegravese compensatoire sest faite tregraves

rapidement (apregraves seulement une journeacutee apregraves la deacutefoliation pour les ramets supprimeacutes) le

systegraveme serait donc dynamique capable de reacuteagir tregraves vite face agrave une perturbation Si les

arbres pouvaient senvoyer des signaux par exemple via des meacutetabolites secondaires cela

permettrait de controcircler et de maintenir leacutequilibre du peuplement Par exemple les auxines

produites par un grand ramet pourraient se transmettre aux ramets voisins et ralentir leur

46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

DesRochers A et VJ Lieffers 2001 Root biomass of regenerating aspen (Populus tremuloides) stands of different densities in Alberta Canadian Journal of Forest Research voI31p1012-1018

Eis S 1972 Root Grafts and their Silvicultural Implications Canadian Journal of Forest Research vol 2 p 111-120

Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

Page F S 1927 Living stumps Journal of Forestry vol 25 no 6 p 687-690

Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

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46

croissance (dominance apicale) et ainsi acceacuteleacuterer le processus dauto-eacuteclaircie de ces

peuplements De mecircme dans un peuplement ayant subi une eacutepideacutemie dinsectes la

production de meacutetabolites secondaires produits par les premiers arbres toucheacutes pourraient en

enclencher la production chez les arbres encore non affecteacutes

La dynamique des peuplements partageant un systegraveme racinaire pourrait donc ecirctre complexe

et devrait avoir des reacutepercussions sur les techniques dameacutenagement des forecircts Par exemple

le partage dun systegraveme racinaire pourrait ecirctre une des raisons qui explique les reacutesultats

contradictoires suite agrave certains traitements sylvicoles tels que leacuteclaircie chez le peuplier fauxshy

tremble Certains auteurs ont trouveacute des reacutesultats beacuteneacutefiques de leacuteclaircie commerciale ou

preacute-commerciale chez le peuplier faux-tremble (Hubbard 1972 Perala 1977) alors que

dautres tentent dexpliquer labsence de reacuteponse par des laquo effets clonauxraquo (Penner et al

2001) Dans un premier temps les ameacutenagistes devraient tenir compte du systegraveme racinaire

communautaire et des conseacutequences qui en deacutecoulent si les souches et racines restantes

apregraves leacuteclaircie puisent trop deacutenergie des arbres reacutesiduels ou encore si le systegraveme racinaire

laisseacute sous terre est tregraves important il est normal de ne pas observer daugmentation de

croissance des arbres reacutesiduels li faudrait essayer destimer la biomasse racinaire et aeacuterienne

ainsi que les relations de dominance entre les diffeacuterents arbres puisque que des diffeacuterences

pour le rapport biomasse aeacuteriennefbiomasse racinaire pourrait ecirctre observeacute selon les

diffeacuterences donales des peuplements certains dentre eux pouvant avoir un systegraveme racinaire

plus deacuteveloppeacute que dautres selon la variabiliteacute geacuteneacutetique

Les meacutecanismes possibles qui se mettent en place apregraves une perturbation restent agrave preacuteciser

Dans la preacutesente eacutetude laugmentation de la photosynthegravese mesureacutee semble ecirctre due agrave une

surface foliaire speacutecifique plus eacuteleveacutee des ramets non deacutefolieacutes apregraves la deacutefoliation La

concentration en azote foliaire eacutetant fortement correacuteleacutee avec la surface foliaire speacutecifique un

dosage des composeacutes azoteacutes des feuilles tel que la RubisCo et la cWorophylle permettrait

daffmer leacutetude

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

DesRochers A et VJ Lieffers 2001 Root biomass of regenerating aspen (Populus tremuloides) stands of different densities in Alberta Canadian Journal of Forest Research voI31p1012-1018

Eis S 1972 Root Grafts and their Silvicultural Implications Canadian Journal of Forest Research vol 2 p 111-120

Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

Page F S 1927 Living stumps Journal of Forestry vol 25 no 6 p 687-690

Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375

Page 55: UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL À L'UNIVERSITÉ DU … · 2014. 11. 1. · processus importants favorisent l'initiation des drageons (perala, 1978): premièrement, le drageonnement

47

31 Bibliographie

Bormann FH et BFJr Graham 1966 Natural root grafts The Botanical Review vol 32 p255-292

DeByle NV 1964 Detection offunctional intraclonal aspen root connections by tracers and excavation Forest Science vol 10 p 386-396

DesRochers A et VJ Lieffers 2001 Root biomass of regenerating aspen (Populus tremuloides) stands of different densities in Alberta Canadian Journal of Forest Research voI31p1012-1018

Eis S 1972 Root Grafts and their Silvicultural Implications Canadian Journal of Forest Research vol 2 p 111-120

Frey BR VJ Lieffers SM Landhauumlsser PG Comeau et KJ Greenway 2003 An analysis of sucker regeneration of trembl ing aspen Canadian Journal of Forest Research vol 33 p 1169-1179

Fraser EC VJ Lieffers et SM Landhausser 2006 Carbohydrate transfer through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Hubbard lW 1972 Effects of thinning on growth and yieJd In Proc Aspen symposium Report NC-I p 126-130 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station

Kuntz lE et AJ Riker 1955 The use of radioactive isotope to ascertain the role of root grafting in the translocation of water nutrients and disease inducing organisms In Proceedings International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy New York (USA) p 141-146

Page F S 1927 Living stumps Journal of Forestry vol 25 no 6 p 687-690

Perala DA 1978 Aspen sucker production and growth from outpJanted root cuttings Report NC-36 St Paul (Minnesota) United States Department of Agriculture Forest Service North Central Forest Experiment Station 4 p

Penner M C Robinson et M Woods 2001 The response of good and poor aspen clones to thinning Forestry Chronicle vol 77 no 5 p 874-884

La Rue CD 1934 Root grafting in trees American Journal of Botany vol 21 p 121-126

Stone lE et EL Stone 1975 The comm unal root system of red pine water conduction through root grafts to support shaded trees Tree Physiology vol 26 no 8 p 1019-1023

Zahner R et NV DeByJe 1965 Effect of pruning the parent root on growth of aspen suckers Ecology vol 46 p 373-375