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UNIVERSITÉE DE LA MÉDITERRANNÉE (AIX-MARSEILLE II) FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE GESTION
Centre de REcherche sur le Transport et la LOGistique 413, Avenue Gaston Berger - 13 625 Aix-en-Provence
Master de Recherhce :
« Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Etudiant : Thanh Tu PHAN
Directeur de Recherche : Pierre-Xavier MESCHI
2004 - 2005
Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
« Les propos tenus dans ce document n’engagent que l’auteur. »
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations »
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
REMERCIEMENTS
Pendant cette année d’étude 2004-2005 du Master de Recherche « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations », j’ai énormément bénéficié des formations de tous les professeurs et particulièrement de l’option stratégique chez CRET-LOG (Centre de REcherche sur le Transport et la LOGistique) à l’Université de la Méditerranée (Aix-Marseille II), et sensiblement élargi mes connaissances sur la logistique et notamment sur la stratégie
Je tiens donc à les remercier tous pour les formations, les conseils qu’ils m’ont
donnés et toutes les réponses qu’ils ont bien voulu apporter à mes questions.
Je tiens à remercier plus particulièrement Monsieur Pierre-Xavier MESCHI -
responsable de l’option stratégique du Master - qui est également mon directeur de
recherche pour ses aides et ses précieux conseils lors de la rédaction du mémoire
présent.
J’aimerais aussi remercier Monsieur NGUYEN Viet Hoa – président du groupe
VICONSHIP et enfin ma famille au Vietnam pour ses aides et ses conseils lors de
mes collections des données.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations »
Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
Résumé
Les motivations de formation d’une JV sont expliquées par une large gamme
d’approches théoriques, parmi elles, les deux dominantes sont la TCT et la RBV.
Dans le contexte des pays émergents, les firmes étrangères s’engagent dans les
JVIs en première raison des restrictions et des législations du gouvernement local.
La JVI peut être la seule forme faisable. D’autre part, les firmes autant étrangères
que domestiques peuvent être motivées par les ressources spécifiques de l’un et
l’autre. Les ressources contribuées ensemble dans la JVI envoient à la motivation
d’apprentissage organisationnel d’un ou tous les partenaires. Enfin, une autre
motivation importante qui encourage la JVI est le partage des risques y compris
culturels, organisationnels, politiques et le risque lié au temps d’entrée.
Cependant, la JVI est perçue instable et caractérisée par un taux élevé
d’interruption. Généralement, l’interruption d’une JVI est négativement associée aux
facteurs externes tels que (a) les interventions directes (par les restrictions et les
législations) et indirectes (à cause de la procédure administrative) du gouvernement
local, (b) les accroissements de la concurrence et du nombre des firmes dans une
industrie où la JVI se trouve. D’autre part, les conflits internes provenant (1) de la
concurrence (directe ou indirecte) entre les partenaires, (2) du partage de la
propriété et du contrôle et (3) de l’apprentissage opportuniste influencent
négativement la longévité de la JVI. En revanche, la dominance d’une société-mère
peut stabiliser la JVI. Ainsi, les objectifs atteints et l’intention stratégique supportée
par les expériences accumulées positivement liées à l’âge de la JVI sont de fait les
meilleures formes d’interruption pour au moins un partenaire. Tandis qu’il existe des
intentions instantanées comme les volontés de recentrage, et de désendettement
suite aux événements à court terme qui influencent la JVI et/ou les sociétés-mères,
nous voudrions mettre l’accent sur les intentions stratégiques à long terme des
partenaires, celles qui peuvent initialement être déterminées lors de la formation de
la JVI, par exemple : la continuité de la relation à long terme, l’apprentissage
organisationnel ou la volonté de l’internalisation des activités de la JVI.
Mots clés : joint-venture internationale, pays émergents, formation, stabilité,
interruption des joint-ventures internationales.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations »
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ....................................................................................................1
Partie I : La JVI - le choix stratégique d’internalisation aux pays émergents ...............................................................................................................4
I. Les approches théoriques de la JV....................................................................4
1. L’approche des échanges.................................................................................5 2. L’approche du pouvoir organisationnel ou de négociation................................6 3. Théorie d’interdépendances .............................................................................6 4. Les comportements stratégiques......................................................................7 5. La théorie de coûts de transactions ..................................................................7
a) La typologie de gouvernances de transactions......................................8 b) L’approche de TCT de Joint-venture......................................................8
6. La théorie des jeux .........................................................................................10 7. L’approche des risques...................................................................................11 8. La théorie à base de ressources.....................................................................12
a) L’exploitation des ressources...............................................................13 b) Les connaissances et l’apprentissage organisationnels ......................14
9. La théorie du réseau.......................................................................................16 10. La théorie éclectique.......................................................................................16
II. Les motivations de la JVI dans les pays émergents.......................................22
1. Surmonter les restrictions gouvernementales.................................................23 2. Les motivations liées aux ressources .............................................................25 3. L’apprentissage et les connaissances organisationnels .................................29 4. La réduction du risque ....................................................................................30
a) Le risque politique................................................................................31 b) Le risque culturel..................................................................................32 c) Le risque lié au temps d’entrée ............................................................33
III. Le profil du Vietnam comme un pays émergent hôte.....................................35
1. La politique d’investissement étranger............................................................37 2. La JVI au Vietnam ..........................................................................................39
a) Une culture complexe du Vietnam .......................................................39 b) Les restrictions gouvernementales ......................................................40 c) Le temps d’entrée ................................................................................41 d) La SOE – partenaire approprié de la JVI .............................................41 e) Un fort apprentissage organisationnel du partenaire vietnamien .........42
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Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
Partie II : Les déterminants de l’interruption d’une JVI dans les pays émergents ..................................................................................................45
I. L’interruption de la JVI ......................................................................................46
1. L’interruption et l’instabilité .............................................................................46 2. Les différents types d’interruptions .................................................................47
II. Les déterminants de l’interruption d’une JVI ..................................................50
1. Les distances culturelle et organisationnelle entre les parties ........................51 2. Les restrictions gouvernementales .................................................................53 3. La concurrence et l’accroissement du nombre des firmes..............................56 4. La réciprocité entre les partenaires.................................................................59 5. Le pouvoir de négociation et la position dominante ........................................61 6. Les objectifs stratégiques ...............................................................................65
a) Les objectifs échoués ou réussis .........................................................65 b) Un apprentissage réussi ......................................................................67 c) Une volonté de l’internalisation ............................................................69 d) Une volonté de recentrage...................................................................71 e) Une volonté de désendettement ..........................................................72
7. Les intentions stratégiques soutenues par les expériences accumulées des parties en fonction de l’âge de la JVI ..............................................................73
III. La JVI et les intentions stratégiques des partenaires au Vietnam ................77
1. Coca-Cola : la pouvoir du géant américain.....................................................77 a) Les scénarios répétitifs d’internalisation des JVIs................................77 b) Le gagnant et le perdant ......................................................................80
2. VIJACO : la survie d’une JVI...........................................................................82 a) La formation et le développement de VIJACO.....................................82 b) Les retraits des partenaires japonais ...................................................84 c) Les ressources humaines : la solution du problème ............................85
CONCLUSION ......................................................................................................89
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................92
SOMMAIRE DES ANNEXES ............................................................................99
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
INTRODUCTION
Depuis 1945, accompagnant l’extension des firmes multinationales, les coopérations d’interfirmes émergent et se développent rapidement, presque exclusivement entre les firmes américaines au début, puis les firmes japonaises et européennes aux États-Unis (Hennart, 1982). Dans l’ère de mondialisation, la tendance d’aujourd’hui oriente vers les pays émergents comme ceux de l’Europe de l’Est, la Chine, l’Asie Pacifique. Parmi les formes de coopérations, la Joint-venture internationale (JVI) est celle dominante dans les pays émergents.
En concept, la coentreprise ou la Joint-venture (JV) est un choix de modes
alternatifs dans lequel deux ou plusieurs firmes font ensemble des transactions.
Dans la littérature, il y a plusieurs définitions de la JV, nous examinons ici les deux
les plus connues : Selon Kogut (1988), « une JV est formée quand deux ou
plusieurs firmes mettent en commun une portion de leurs ressources dans une
organisation légale commune ». Plus complètement, Hennart (1988) distingue deux
types de JVs participante et non-participante. La première se lève quand « deux ou
plusieurs investisseurs/firmes apportent des actifs à une entité légale indépendante
ou quand une firme rachète une propriété partielle d’une (des) autre(s) firme(s) ». La
deuxième représente une large gamme des arrangements contractuels (la licence,
la distribution et les agréments d’approvisionnement), l’assistance technique et les
contrats de managements. La JV non-participante est donc les contrats. Dans le
cadre de notre mémoire, nous restreignons à utiliser le terme de « JV » à décrire la
JV participante ; des « contrats » à décrire la JV non-participante et « l’alliance »
couvrant l’ensemble de la JV et des contrats.
En effet, ces définitions décrivent plutôt la formation, mais n’impliquent pas les
deux caractéristiques fondamentales de la JV qui sont les engagements mutuels de
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations »
Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
relations et le partage (1) de la propriété, (2) du contrôle de l’utilisation des
ressources contribuées et (3) des fruits créés (Kogut, 1988 ; Kogut et Singh, 1988).
Prenant en compte ces éléments, nous proposons une définition suivante :
« La JV est un mode de gouvernance dans lequel, par des rapports ensemble
des ressources ou par un rachat d’une propriété partielle, deux ou plusieurs firmes
indépendantes s’engagent mutuellement des relations et des ressources ; et
partagent la propriété, le contrôle de l’utilisation des ressources et des fruits
provenant des transactions réalisées ensemble dans une organisation légale
commune indépendante ». Par définition, la JVI est une JV transfrontière, c’est-à-
dire que les partenaires viennent au moins de deux pays différents.
Cependant, cette caractéristique particulière du fait qu’il existe plus d’une
société-mère avec leurs nationalités et leurs cultures différentes implique des
problèmes sérieux de la JVI (Killing, 1982). Plusieurs auteurs ont contribué leurs
propositions en constituant une littérature très riche sur ce point de vue.
Généralement, la JVI est perçue instable et caractérisée par un taux élevé
d’interruption. Pourtant, ces auteurs se concentrent principalement sur les pays
développés, seulement quelques-uns (Beamish, 1985 ; Reynolds, 1984) travaillent
sur ceux en développement. Il y a de fait, à notre connaissance, peu d’études qui
examinent les facteurs résultant de l’interruption de la JVI, notamment qui se
spécialisent à cet égard dans les pays émergents. Dans lesquels il existe des
caractéristiques différentes par rapport aux JVIs dans les pays développés telles
qu’une grande distance culturelle, une forte influence ou intervention directe du
gouvernement local et une grande asymétrie des ressources entre les partenaires.
Par conséquent, la JVI est l’objet de notre étude focalisée sur la question de
recherche : « Pourquoi la JVI interrompt-elle dans les pays émergents ? ».
Le présent mémoire de Master de Recherche a pour objectif de constituer le
cadre théorique sur lequel nous comptons nous appuyer pour développer le projet
de recherche comme le point de départ de notre thèse doctorale. Celle que nous
souhaitons poursuivre « la survie de la JVI dans le contexte des pays
émergents ». C’est pourquoi notre travail se base principalement sur une revue de
littérature, et sur une étude de cas limitée par certains exemples accompagnés
d’entretiens avec certaines personnalités concernées.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 2 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Comme terrain de recherche, nous choisissons le Vietnam, « un tigre
émergent de l’Asie » (Scheela et Nguyen, 2001), qui représente des caractéristiques
particulières intéressantes liées à notre travail. Premièrement, ce pays est dans la
période transitionnelle entre un pays en développement et un pays industrialisé
avancé. Les JVIs peuvent donc couvrir toutes les spécificités de celles « d’un
nouveau pays émergent » qui commence et s’engage toujours à poursuivre sa
réforme depuis 1986. Deuxièmement, le processus de la transition du Vietnam suite
à la chute du régime socialiste soviétique se développe avec des éléments
endogènes spéciaux distincts (Nguyen, 2003). Le Vietnam démontre également une
capacité supérieure à efficacement gérer la politique monétaire – fiscale et à
parfaitement contrôler l’inflation1 qui a perturbé la Russie et les pays de l’Europe de
l’Est (Dutta, 1995 ; Kelly et al., 2002). Particulièrement, le régime socialiste reste
stable et le gouvernement garde une forte influence sur « une économie du marché
avec l’orientation socialiste » dominée par les entreprises d’États (Shultz et al.,
2000). Enfin, nous sommes personnellement très motivés en souhaitant contribuer à
certaines propositions à ce phénomène présent du Vietnam, notre pays natal.
Notre travail sur ce sujet de « l’interruption de la JVI dans le contexte des
pays émergents » se compose des deux grandes parties. La première serait
consacrée à mobiliser toutes les approches théoriques afin de démontrer les
motivations et justifier le choix stratégique de la JVI dans les pays émergents, en
particulier au Vietnam. Les firmes s’y engagent principalement en raison des
restrictions gouvernementales, ou elles sont motivées par les ressources
contribuées, par une réduction des risques/incertitudes ou par l’apprentissage
organisationnel. Dans la deuxième partie, nous allons profondément analyser les
facteurs qui résultent de l’interruption d’une JVI illustrée par certains cas au Vietnam.
Particulièrement, nous voudrions mettre l’accent sur les intentions stratégiques des
partenaires autant instantanées (les volontés de recentrage et de désendettement)
qu’à long terme (la continuité de la relation, l’apprentissage organisationnel ou la
volonté de l’internalisation) qui influencent fortement l’interruption d’une JVI.
1 L’inflation décline de 394% en 1988 à 9,5% contrôlée en 2004 (Quelch, Dinh-Tan, 1998 ; Kelly et al., 2002 ; Vietnam Country Report 2005).
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Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
Partie I : La JVI - le choix stratégique d’internalisation aux pays émergents
Jusqu’aux années 1970s, les chercheurs académiques considèrent encore les formes coopératives d’organisations telles que les JVIs comme une alternative de quasi-internalisation (Dunning, 1995) ou celles hybrides/intermédiaires entre le marché et la hiérarchie (Williamson, 1979). Depuis des années 1980s, ces formes trouvent leurs raisons d’être à travers des évolutions de l’économie et de la stratégie. Au point de vue de l’économie, elles ont fondamentalement pour objet de réduire les coûts de transactions. Plus généralement, dans la stratégie de la firme, les motivations des formes coopératives, particulièrement de la JVI sont expliquées par les différentes approches théoriques qui seront présentées dans la première section de cette partie. Bien sûr que la JVI n’est pas un nouveau phénomène, la nouvelle ici est qu’elle est désormais considérée comme une forme officielle organisationnelle (Dunning, 1995) ou comme une part de business (Hagedoorn, 1993), mais non plus celle d’intermédiaire. Ensuite, nous consacrons la deuxième section à justifier le choix stratégique de la JVI dans les pays émergents par rapport aux autres formes de gouvernance (le marché, les contrats et la hiérarchie). Enfin, nous terminons en examinant la JVI dans le cadre d’un pays particulier : le Vietnam.
I. LES APPROCHES THEORIQUES DE LA JV
La croissance importante des JVs a attiré l’attention du monde académique.
Depuis 1960s, plusieurs approches théoriques sont mobilisées pour expliquer et
justifier le choix de la JV. Les principales sont ici historiquement et logiquement
présentées en particulier en accentuant la théorie de coûts de transactions (TCT) et
la théorie à base des ressources (Resource Based View - RBV) comme les
approches dominantes sur la JV. Les deux autres qui pourront aussi être utiles pour
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations »
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
notre recherche sont l’approche de dépendance de pouvoir organisationnel ou de
pouvoir de négociation et la théorie éclectique. Les restes sont soit substituables,
soit croisés de ces approches importantes. Nous terminerons cette section par un
tableau synthétisé des idées principales de toutes les approches sur la JV.
1. L’approche des échanges
En analysant les relations inter-organisationnelles dans le service social de la
santé, Levine et White (1961) propose que, pour atteindre les objectifs spécifiques,
une organisation doit posséder ou contrôler certains éléments, par exemple : les
équipements, les connaissances et le capital. Ceux que peu, voire aucune
organisation ne peut disposer tous en raison de leur rareté. Dans ces conditions, les
échanges inter-organisationnels2 sont donc essentiels (Aiken et Hage, 1968).
Les sociétés-mères sont motivées à s’engager dans la JV car elles pensent
pouvoir mieux atteindre ses objectifs en coopérant plutôt qu’en restant en
autonomie. Chaque partie doit retenir quelques choses de valeur et également être
capable de répondre à la demande de l’autre (Benson, 1975). La JV émerge
« quand les éléments circulent à partir des deux organisations en interaction à une
troisième – la JV ». Cette dernière est supposée stable en réalisant son activité sans
ou moins autres échanges grâce aux « supports des éléments nécessaires de ses
sociétés-mères » (Levine et White, 1961).
D’autre part, cette approche d’échange implique également que la nature de
l’interaction entre les participants est caractérisée par un degré élevé de coopération
contre la négociation et les conflits. Les partenaires coordonnent leurs efforts en
maximisant les bénéfices conjoints (Schmidt et Kochan, 1977). Malheureusement,
cette approche des échanges est limitée dans les organisations sociales (Kochan,
1975), elle est de fait incapable d’expliquer certains types des JVs horizontales dans
lesquelles les partenaires sont aussi les concurrents directs sur le marché aval. Par
contre, nous pensons qu’elle peut être considérée comme les pas pionniers de
l’approche à base des ressources (RBV).
2 L’échange inter-organisationnel est défini comme une activité volontaire entre les deux organisations, celle qui influence actuellement ou ultérieurement leurs buts (Levine et White, 1961).
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Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
2. L’approche du pouvoir organisationnel ou de négociation
Sous l’égard du pouvoir, Benson (1975) suggère que la coopération dépend du
pouvoir inter-organisationnel. Il indique que l’organisation plus puissante peut forcer
les autres à accepter d’établir les programmes coopératifs, par exemple : la JV. La
JV est donc formée « quand la partie motivée par des facteurs externes a
suffisamment de pouvoir pour obliger ou induire l’autre qui sans la pression préfère
rester en autonomie ». Cette opération de la firme la plus forte a pour objet d’obtenir
les ressources nécessaires, de consolider sa position concurrentielle et/ou de limiter
la capacité concurrentielle de la partie moins puissante. La négociation et les conflits
sont donc naturels dans ce type de relation où chaque partenaire cherche à obtenir
leur propre objectif au détriment de l’autre (Schmidt et Kochan, 1977).
Également, cette deuxième approche représente des limites en se focalisant
simplement sur les organisations politiques - économiques (Kochan, 1975). En plus,
elle ne peut pas expliquer les JVs entre les partenaires qui possèdent le même
niveau de pouvoir. Par l’extension, nous inférons dans le contexte international que
la partie puissante est le gouvernement d’un pays hôte. Dans plusieurs cas, sa
politique insiste que la JV soit le moyen le plus commode d’entrer sur le marché
local (Contractor et Lorange, 1988). La motivation de la JV ici est donc de surmonter
des restrictions gouvernementales et/ou des barrières commerciales (Beamish,
1985 ; Root, 1987 ; Contractor et Lorange, 1988). En revanche, les firmes
multinationales possèdent certain pouvoir de négociations avec le gouvernement
local grâce à ses ressources spécifiques pour obtenir une meilleure condition
d’investissement et/ou plus de contrôle dans la JVI (Agarwal et Ramaswami, 1992).
3. Théorie d’interdépendances
Conciliant les deux approches précédentes, Pfeffer et Nowak (1976) propose
que la JV soit « une forme de lien inter-organisationnel utilisée pour gérer
l’interdépendance inter-organisationnelle ». Les partenaires sont réciproquement
dépendants, l’existence et le développement de l’un vont influencer l’autre, et à
l’inverse. Cette interdépendance d’une firme quelque soit symbiotique ou
compétitive à un tiers pourrait lui poser des problèmes critiques en raison des
incertitudes associées. Par exemple, l’incertitude liée aux sources d’achats et/ou de
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
ventes pousse les firmes en vertical à s’engager dans la JV, les partenaires sont
donc ceux interdépendants de transactions (Pfeffer et Nowak, 1976). En revanche,
les firmes concurrentes en horizontal forment la JV avec pour objet de réduire la
compétition et/ou de renforcer leur position sur les marchés amont et aval.
Combinant les deux premières, cette approche fournit les explications assez
suffisantes aux JVs horizontales et verticales. Elle donne une vision générale de la
position de la firme face aux autres acteurs (fournisseurs, concurrents, clients) dans
son environnement. Nous supposons que la coopération dans la JV soit mise en
évidence contre la négociation et les conflits afin d’obtenir une position
concurrentielle solide des sociétés-mères et de la défendre sur le marché.
4. Les comportements stratégiques
Dans un marché de plus en plus saturé et concurrentiel, les firmes choisissent le
mode approprié de gouvernance pour maximiser leurs bénéfices en améliorant leur
position concurrentielle. L’approche des comportements stratégiques s’adresse à la
stratégie de positionnement de la firme vis-à-vis des concurrents et des clients afin
de réduire la compétition et de renforcer le pouvoir du marché (Kogut, 1988). Les
firmes en horizontal rejoignent dans le but de limiter les nouveaux entrants (Vickers,
1985) et d’éliminer les autres concurrents. De même, celles-ci en amont de la
chaîne de distribution (les fournisseurs) forment la JV en diminuant les concurrents
et en augmentant leurs positions face aux clients/firmes acheteurs en aval.
Généralement, la JV a pour objet d’établir ou de stabiliser la situation de
compétition oligopole entre les firmes concurrentes. Nous pensons donc qu’elle est
assez stable mais cachée des conflits.
5. La théorie de coûts de transactions
Émergeant dans la période de défaillance du marché, la TCT à l’origine de
l’économie est une approche dominante sur la JV (Tsang, 2000). Plusieurs auteurs
(Beamish et Banks, 1987 ; Kogut, 1988 ; Hennart, 1988 ; Gulati, 1995 ; Ramanathan
et al., 1997 ; Tsang, 2000) la mobilise à expliquer les motivations de la JV,
également à justifier « ce mode particulier qui est supérieur que les autres tels que
l’internalisation, les contrats ou le marché » (Kogut, 1988). Perçu son rôle important,
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 7 sur 112
Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
nous consacrons cette sous-section à présenter cette théorie, ainsi ses explications
principales de la JV.
a) La typologie de gouvernances de transactions
Dans son article fondateur de la TCT, Coase (1937) indique initialement une
nouvelle notion des coûts de transactions. Arrow (1969) les définit ensuite comme
les coûts de « fonctionnement du système économique », distingué de ceux de
production. Puis, Williamson (1979, 1994) les analyse plus profondément égaux à la
somme (1) des coûts ex ante de négociation, de rédaction du contrat et de garantie
d’un accord (2) et des coûts ex post d’exécution de mise en vigueur, de
modification ou correction du contrat et d’établissements d’engagements sûrs.
Le rapport essentiel de Williamson (1979) réside dans les explications de la
nature de transactions en proposant une typologie de trois modes de gouvernance :
le marché, la hiérarchie et les formes intermédiaires/hybrides. Cette typologie s’est
basée fondamentalement sur deux facteurs de la fréquence de relation et la
spécificité des actifs dans un contexte des informations imparfaites ou asymétriques,
d’un petit nombre d’acteurs et surtout de l’incertitude. Ces conditions coexistent
avec deux caractères humains de la rationalité limitée et l’opportunisme.
Dans le cadre de notre mémoire, nous portons particulièrement notre attention
sur la JV - une des formes intermédiaires. Par conséquent, nous allons analyser ci-
après les explications de la JV selon la TCT.
b) L’approche de TCT de Joint-venture
Selon la logique de la TCT, les formes hybrides sont sélectionnées lorsque la
spécificité des actifs de transaction récurrente est mixte, tandis que les deux niveaux
extrêmes (non spécifique et idiosyncrasique) de la spécificité des actifs se situent
relativement au marché et à la hiérarchie (Williamson, 1979, 1994). Les hybrides
permettent « d’avoir des capacités plus intensives et plus adaptables que la
hiérarchie », ainsi que « plus de contrôle administratif que le mécanisme du
marché » (Tsang, 2000).
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 8 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Plus explicitement, dans « le but essentiel d’économiser la somme des coûts de
transactions et des coûts de productions par le choix d’une structure appropriée de
gouvernance » (Williamson, 1979), la JV est favorable quand « les coûts de
transactions impliqués dans un échange sont trop élevés pour utiliser le mécanisme
du marché, mais ne sont pas suffisamment élevés pour utiliser la hiérarchie »
(Gulati, 1995), ou quand l’internalisation est économique, « mais contrainte par
plusieurs facteurs qui empêchent cette internalisation totale » (Ramanathan et al.,
1997).
Généralement, l’approche de la TCT explique une large gamme des motivations
de la JV. En principe, les actifs sont spécifiques pour chaque partie. Ce niveau élevé
de la spécificité des actifs implique une grande incertitude tellement que les parties
perdront si elles se déploient séparément. Cela entraîne une situation de
dépendance bilatérale, et également le risque potentiel d’opportunisme. Dans cette
situation, la JV où l’autonomie des parties est maintenue (Williamson, 1979, 1994)
devient plus appropriée en économisant les coûts de transactions et en se
protégeant contre l’opportunisme (Kogut, 1988 ; Hennart, 1988 ; Tsang, 2000). Afin
de ressortir le rôle important de la JV parmi des autres formes hybrides (les
contrats), Kogut (1988) accentue la position au milieu de la JV (entre le marché et la
hiérarchie) caractérisée par deux éléments particuliers : (1) le droit de propriété et du
contrôle communs et (2) l'engagement mutuel de ressources.
Essentiellement, la TCT propose les trois explications majeures de la JV
concernant (1) l’économie d’échelle, (2) le partage ou réduction de l’incertitude et (3)
le partage ou l’échange des connaissances organisationnelles (Kogut, 1988 ;
Hennart, 1988 ; Contractor et Lorange, 1988 ; Tsang, 2000).
Fréquemment, les firmes s’engagent dans la JV avec pour objet de réduire les
coûts par l’économie d’échelle. Les deux exemples les plus significatifs sont les JVs
dans les industries automobile et minérale. La motivation de réduction des coûts
pousse les constructeurs automobiles à former les JVs de fabrications des
composants (Hennart, 1988 ; Contractor et Lorange, 1988). De même, les
exploitants minéraux bauxites constituent le consortium en bénéficiant un fort
potentiel de l’économie d’échelle dans ce secteur (Hennart, 1988).
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 9 sur 112
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Ainsi, le problème de l’incertitude peut être maîtrisé par certaines JVs. Dans une
situation de confiance mutuelle de partage des actifs (les otages mutuelles) et des
engagements de succès commerciaux à long terme, le risque d’opportunisme qui
résulte des coûts ex ante élevés de négociations et des coûts ex post importants de
surveillance et contrôle (Hennart, 1988) peut être maîtrisé et réduit (Beamish et
Banks, 1987). De même, analysant les deux exemples des JVs verticale et
horizontale, Kogut (1988) précise « le rôle fondamental de l’incertitude qui
encourage la JV » par rapport aux autres formes de gouvernances. Autrement dit, la
JV peut réduire plus rapidement et moins coûteusement l’incertitude.
Concernant les connaissances organisationnelles, Hennart (1988) suggère que
celles-ci ne peuvent procurer ni sur le marché, ni par les contrats car elles sont
spécifiques, tacites voire non-commercialisables (ex : la réputation). Ainsi, la
hiérarchie est moins économique en raison des coûts élevés de transactions. Et
donc, dans ce cas, il conclut que la JV est la forme la plus favorable.
Cependant, la TCT représente des limites. Elle se focalise de fait principalement
sur les coûts en négligeant la valeur (le bénéfice) de transactions (Tsang, 2000).
Ainsi, elle considère la JV comme l’une des formes intermédiaires entre le marché et
la hiérarchie (Williamson, 1979), mais pas comme une officielle organisationnelle.
6. La théorie des jeux
Analysant l’alliance stratégique, Parkhe (1993) propose une explication de la JV
par la théorie des jeux selon laquelle deux joueurs sont suspectés d'une infraction
majeure hypothétique tel que le meurtre. Ils sont emprisonnés et ne pouvons pas
communiquer entre eux. S’ils ont mutuellement coopéré sans pour autant crier, ils
subiront une peine légère mineure (coopération mutuelle - CM). Pourtant, si un
prisonnier crie et l'autre le dissuade, la personne criant serait libérée (défection
unilatérale - DU), et l’autre stupide serait condamnée à une peine très lourde
(coopération unilatérale - CU). Et si tous les deux crient, une peine moyenne serait
effectuée pour les deux (défection mutuelle - MD). Dans ce contexte, la JV serait
formée dans la situation MC > DU > DM > CU grâce à certains facteurs, par
exemple : la réputation, une histoire évoluée de coopération. Elle est de fait
coopérative et stable.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 10 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Cependant, bien que cette approche donne une vision sous l’autre angle, nous
pensons qu’elle ressemble beaucoup à la TCT. Si la CM représente la coopération
dans une JV, les autres DU, DM, CU sont des situations dans lesquelles un ou tous
les partenaires se comportent de façon opportuniste. Ainsi, l’objectif de cette théorie
est de minimiser la peine condamnée, ce que l’on peut adresser aux coûts
minimisés de transactions de la TCT. Sa différence réside peut-être dans la notion
d’une valeur positive de coopération (CM > 0), celle que la TCT n’aborde pas, qui
rejoint légèrement les autres approches théoriques (les comportements
stratégiques, la RBV) se basant sur une maximisation des bénéfices de la firme.
7. L’approche des risques
Sous un autre angle, Das et Teng (1996) propose une autre approche des
alliances par les risques ou l’incertitude. Dans ses travaux, ils distinguent les deux
types de risques. Premièrement, le risque relationnel concerne la possibilité que
les partenaires ne s’engagent pas totalement aux efforts conjoints. Deuxièmement,
le risque de performance implique la possibilité que les objectifs stratégiques
conjoints pourraient ne pas être atteints, bien que les partenaires coopèrent
totalement. Cela signifie donc tous types de hasards sauf le risque relationnel.
Ensuite, selon Das et Teng (1996), la JV est préférable dans les situations où le
risque relationnel est dominant. Car le comportement opportuniste qui l’influence
lourdement pourrait être maîtrisé par une gouvernance plus hiérarchique que les
contrats, et par le partage du contrôle dans la JV. Contrairement, la JV est
défavorable si le risque de performance est perçu élevé car les contrats sont plus
flexibles face aux hasards.
Analysant cette approche de risques, nous pensons qu’elle est plutôt une
analyse profonde sur deux points particuliers de TCT. Le risque relationnel est
caractérisé par le comportement opportuniste, et le risque de performance
ressemble à la notion de l’incertitude abordée par Williamson (1979). Cependant,
cette approche est contradictoire avec l’approche de la TCT de JV. L’opportunisme
peut être résolu par la confiance mutuelle, par contre, l’incertitude qui est infaisable
(Williamson, 1994) représente un élément encourageant la JV (Kogut, 1988 ;
Hennart, 1988). Ainsi, un des objectifs de la JV particulièrement et de l’alliance
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 11 sur 112
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généralement est de partager le risque (Inkpen et Beamish, 1997). De plus, face au
risque relationnel, la firme pourrait préférer la hiérarchie (l’intégration verticale), et
face au risque de performance (les hasards), elle pourrait secourir le marché. Il n’y a
de fait pas de justification explicite du choix de JV par rapport aux autres formes.
Pour sortir de l’ombre de TCT, Das et Teng (1998) combinent leur approche avec
la RBV en analysant les risques liés aux ressources financières, technologiques,
physiques et managériales. Mais, cette approche sans support empirique proposé
reste un point de vue particulier du « processus de prise de décisions stratégiques »,
ou de l’intention des managers souhaitant minimiser les risques.
8. La théorie à base de ressources
Au contraire de certaines autres approches qui se focalisent sur l’environnement
externe de la firme, la RBV3 analyse les facteurs internes en considérant la firme
comme un ensemble de ressources (Wernerfelt, 1984 ; Barney, 1991 ; Dierickx et
Cool, 1989). Pour identifier les ressources, plusieurs auteurs proposent différentes
définitions de ressources qui ne sont pas toujours cohérentes entre elles (Arrègle et
Quélin, 2001). Nous présentons ici une la plus intéressante de Teece et al. (1997)
qui distinguent trois catégories de ressources :
- Les ressources : les actifs spécifiques de la firme qui sont difficiles voire
impossibles à imiter.
- Les compétences/routines organisationnelles : l’ensemble des ressources
individuelles et collectives qui permettent de réaliser des activités
distinctives constituant les routines et les processus organisationnels.
- Les capacités dynamiques : les capacités de la firme à intégrer, construire et
reconfigurer ses compétences pour faire face aux changements rapides de
l’environnement.
En principe, la RBV conduit la firme au centre de la décision stratégique à
construire sa position par ses propres ressources rares et spécifiques qui sont
difficilement imitables, substituables et échangeables (Arrègle, 1996). Ce qui permet
3 La RBV est à l’origine des travaux de Penrose (1959) et développée par les auteurs principaux comme Wernerfelt (1984), Dierickx et Cool (1989) et Barney (1991).
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à la firme un avantage concurrentiel soutenable (Arrègle et Quélin, 2001). Pour
qu’elle puisse obtenir ce type d’avantage, puis le maintenir ou développer l’autre
substituable, la firme doit avoir une vision stratégique définie sur le long terme,
également construire et se développer autour d’un portefeuille de compétences
centrales (Saïas et Métais, 2004). Enfin, l’apprentissage organisationnel représente
un élément essentiel pour défendre la position de la firme sur le marché (Hamel et
Prahalad, 1989) : « seul avantage concurrentiel soutenable est la capacité
d’apprendre plus vite que les concurrents » (Geus, 1988).
Concernant la JV, il y a plusieurs motivations selon la RBV pour que les firmes
s’y engagent dans un but général d’avoir un avantage concurrentiel pour les
partenaires. Ces motivations peuvent être divisées en deux groupes : (1)
l’exploitation des ressources et (2) les connaissances et l’apprentissage
organisationnels. Celles qui seront ci-après abordées.
a) L’exploitation des ressources
L’objectif des partenaires dans cette première approche de la RBV est
directement associé à la nature de la firme comme une institution de recherches des
rentes4. La JV est prioritaire car elle permet à la firme de mobiliser ses ressources
dites « dormantes » (Harrigan et Newman, 1990) en créant les rentes ricardiennes5
ou en maximisant les bénéfices6 à long terme.
Selon la définition des rentes ricardiennes, la clé de son existence est la
présence des ressources rares qui entraînent les bénéfices plus élevés que les
autres ressources (Arrègle, 1996). Dans la JV, les partenaires contribuent souvent
leurs ressources spécifiques complémentaires. Il est donc possible que cette
combinaison puisse engendrer des ressources plus spécifiques, rares et par
conséquent les rentes ricardiennes, celles que les firmes ne peuvent pas
séparément atteindre en autonomie (Tsang, 2000). 4 La rente gagnée par une firme est définie comme un rendement excédentaire de ses coûts d’opportunités (Tollison, 1982). 5 Les rentes ricardiennes proviennent de la possession et l’utilisation par la firme d’un actif stratégique rare dont l'offre est limitée et qui ne peut être facilement imité ou créé. Les quasi-rentes dépendent de la spécificité des actifs et du différentiel de valeur entre le meilleur utilisateur d’une ressource et le seconde (Arrègle, 1995, 1996). 6 Par définition, les bénéfices sont la différence entre les valeurs et les coûts (Tsang, 2000).
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Généralement, cette approche de la RBV explique la JV comme un moyen
d’accéder immédiatement et d’optimiser l’utilisation des ressources nécessaires en
permettant d’atteindre un avantage concurrentiel, puis de maximiser les bénéfices à
long terme au travers d’une combinaison des ressources spécifiques utiles des
sociétés-mères. La JV est donc coopérative et stable. Par ailleurs, la RBV constitue
une deuxième approche qui se base sur l’apprentissage organisationnel et le
maintien de capacités existantes de la firme.
b) Les connaissances et l’apprentissage organisationnels
Restant hors des raisons économiques, l’approche des connaissances et de
l’apprentissage organisationnels considère la JV comme un moyen pour que la firme
(1) accède, puis apprend ou internalise des informations critiques, des savoir-faire
ou des capacités de partenaire (Kogut, 1988 ; Prahalad et Hamel, 1990 ; Hamel,
1991 ; Inkpen, 1998 ; Kale, Singh et Perlmutter, 2000) ou (2) cherche à maintenir
ses capacités ou ses connaissances excédentaires à présent, mais qui pourraient lui
permettre un bénéfice significatif dans l’avenir (Kogut, 1988 ; Das et Teng, 2000).
Dans la littérature, l’apprentissage par la coopération se représente sous
plusieurs formes, par exemple : l’accès et l’internalisation de certaines informations
et connaissances critiques de partenaires, ainsi que l’apprentissage des techniques
de managements de collaboration et de l’alliance (Kale, Singh et Perlmutter, 2000).
Combinant ces formes, nous focalisons sur une notion générale de l’apprentissage
visé aux connaissances organisationnelles. La JV est donc formée quand les
partenaires perçoivent des connaissances organisationnelles utiles qui pourraient
être utilisée par les sociétés-mères pour renforcer leurs propres stratégies. En
absence de la JV, ces connaissances restent inaccessibles (Inkpen, 1998). De plus,
les firmes apprennent plus facilement quand les niveaux de transparence et de
couverture entre elles sont élevés (Hamel, 1991).
Analysant la connaissance organisationnelle, Reix (1995) développe deux types :
(a) la connaissance formalisée qui « peut être transmise par le biais d’un discours
sans perte d’intégrité » et (b) la connaissance tacite et implicite qui, par
opposition, est « incommunicable par le langage », celle que « nous savons plus ce
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que nous pouvons exprimer » (Polanyi, 1969). Cette connaissance tacite7
spécialisée pratique qui est acquise dans et par une pratique est bien celle visée par
le(s) partenaire(s). Elle se trouve aux niveaux individuel (les membres) et collectif
(l’ensemble de l’organisation) dans l’organisation. Cette dernière appelée des
« routines » par Nelson et Winter (1982) est de fait l’objectif de la JV. La JV est donc
formée pour que celle-ci soit transférée. C’est aussi la raison pourquoi la firme l’a
choisi par rapport aux contrats et au marché, car dans ces cas, il n’y a aucun
transfert des connaissances tacites (Kogut, 1988). D’autre part, les coûts élevés de
transactions de ces tacites empêchent également l’internalisation (la hiérarchie).
Une autre explication de la JV selon cette approche est qu’une firme décide de
coopérer dans le but de maintenir les ressources précieuses mais excédentaires à
présent (Kogut, 1988). Nelson et Winter (1982) suggèrent aussi que pour éviter la
défaillance de leur savoir-faire, les firmes s’engagent dans la JV en gardant
l’utilisation permanente de cette capacité, ce qu’ils appellent la notion de
« remember-by-doing ». Dans ce cas, le choix de la firme n’implique ni l’efficacité de
JV, ni le bénéfice conjoint, ni les coûts de transactions liés, mais le maintien de leurs
capacités/connaissances pour les exploiter dans l’avenir, celles qui pourraient lui
permettre un bénéfice plus potentiel (Kogut, 1988).
En effet, cette deuxième approche de la RBV exploite particulièrement un des
facteurs de la théorie de ressources : la connaissance organisationnelle. Elle
propose un point de vue de la JV dans la période d’hypercompétition, où la firme
cherche à déséquilibrer les concurrents (Le Roy, 2004*) par l’apprentissage. La JV
est donc encouragée sous deux conditions : (1) un ou des partenaires désire(nt)
d’acquérir le savoir-faire organisationnel de(s) l’autre(s), ou (2) une firme souhaite
maintenir une capacité organisationnelle (Kogut, 1988). Par conséquent, nous
supposons que ce type de JV soit fortement caractérisé par l’opportunisme, et par
conséquent, moins de stabilité. Elle serait prise fin une fois que le but
d’apprentissage est atteint ou quand la firme qui a contribué ses ressources
excédentaires a besoin de ces dernières pour elle-même.
7 La connaissance tacite se compose celle de contexte (l’ensemble de valeurs et de normes implicites, plus ou moins partagées) et celle pratique (Reix, 1995)
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9. La théorie du réseau
Au point de vue sociologique, Walker (1988) analyse la JV dans le réseau inter-
organisationnel. Deux concepts principaux de la position de relation dans le réseau
qui expliquent les valeurs additionnelles de relations sont la centralité et l’adhésion
niche (niche membership). La centralité dans un réseau est essentiellement une
caractéristique des firmes individuelles, bien que celle totale du réseau soit
déterminée par les centralités unitaires des firmes qui se constituent le réseau. Elle
implique une stratégie de la firme basée sur l'exploitation de ses forces actuelles sur
le marché. Cela signifie que les relations verticales sont logiquement centrales dans
le réseau. Par conséquent, la centralité explique les transferts des informations
(entre les individus) et des technologies (entre les firmes) comme les motivations de
la JV. La confiance se base moins sur la réputation des firmes membres, mais
principalement sur leurs positions dans le réseau.
Le deuxième concept de l’adhésion niche analysée par Walker (1988) implique le
segment environnemental ou du marché dans lequel les firmes sont spécialisées par
leurs capacités. L’auteur applique ensuite ce concept à un groupe de firmes qui ont
des relations avec les autres groupes ou aux relations qui lient un tel groupe à une
firme. Cela implique la motivation de la JV telle que l’économie d’échelle dans le
joint-développement des produits-marchés des firmes (JV horizontale).
Nous n’analysons pas profondément cette approche car ses explications de la JV
sont semblables et peuvent être substituées par la RBV. Nous passons maintenant
à la dernière approche la plus générale : la théorie éclectique.
10. La théorie éclectique
Malgré le succès des théories précédentes, Dunning (1995) focalisant
particulièrement sur le produit international critique qu’elles sont individuellement
incomplètes et n’expliquent pas suffisamment le choix d’un mode d’entrée et le choix
des zones d’investissements à l’étranger. Par conséquent, il propose une théorie
éclectique pour expliquer les différents modes d’entrée à l’étranger (Dunning, 1995).
La théorie également appelée "OLI" représente de fait une approche multi-théorique
(Malhotra et al. 2003).
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En plus détaillé, l’avantage de propriété ("O" - Ownership advantage) de la
firme concerne les actifs possédés elle-même (ou achetés dans des conditions plus
favorables), ceux que ses concurrents ne possèdent pas, et ceux que la firme a un
certain droit de propriété pour les utiliser (Dunning, 1980). Cette notion rassemble de
fait à ce que la RBV aborde. Mais elle complète que la firme possède certain pouvoir
de négociation avec le gouvernement du pays hôte, qui a besoin de son "O", pour
une meilleure condition des investissements (Agarwal et Ramaswami, 1992).
Une fois le "O" obtenu, la firme décide ensuite où elle investira car dans certains
endroits spécifiques nationaux ou internationaux, elle pourrait encore obtenir des
avantages additionnels de propriété, par exemple : le transfert international de
monnaie, la réduction des impacts d’un marché très concurrentiel … Ceux que
Dunning (1980) appelle l’avantage de place ("L" – Location advantage) qui implique
des coûts différents de transfert au travers des endroits et des pays différents.
Agarwal et Ramaswami (1992) précisent le "L" par la notion de l’attrait du marché
qui reflète le potentiel du marché et le risque d'investissement. Le potentiel du
marché est constitué par la taille et la croissance de ce marché, tandis que le risque
de l’investissement implique l'incertitude liée à la continuation des conditions
économiques et politiques présentes et aux changements politiques du
gouvernement. Dunning (1995) accentue aussi toutes les conditions nécessaires
pour le succès et notamment le rôle de plus en plus important des associations
commerciales régionales et nationales.
Cependant, le "O" et le "L" sont les conditions nécessaires mais pas suffisantes
pour le choix de « faire ou de faire faire » d’une firme. Ce choix doit aussi être justifié
par l’avantage d’internalisation ("I" – internalization advantage), une notion qui
rejoint la notion des coûts de transactions de Coase (1937) et Williamson (1979),
celle que Agarwal et Ramaswami (1992) appelle le risque contractuel. Tandis que
Dunning (1980) emprunte le coût de transaction, celui-ci lui donne un élément
additionnel qui est les interventions publiques dans l’affectation des ressources,
celles qui pourraient également influencer le choix de la firme.
Selon la théorie éclectique, la JV est favorable pour les firmes qui sont grandes
et qui ont des expériences multinationales quelques soit leurs avantages "O, L, I".
Car elles sont moins influencées face au partenaire local, même le gouvernement
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local grâce à l’effet de sa taille, à ses expériences multinationales, et notamment à
ses ressources énormes par rapport même au gouvernement local (par exemple :
ceux des pays émergents), pour supporter tous les risques contractuels et
d’investissements en compromis des rendements élevés dû aux grandes
imperfections du marché. En plus, son choix d’entrée est motivé non seulement par
l’objectif de bénéfices, mais également par la croissance internationale ou la
globalisation. L’entrée est meilleure qu’en dehors (Agarwal et Ramaswami, 1992).
Pour les firmes qui sont petites et moyennes et qui ont moins d’expériences
multinationales, elles préfèrent la JV si les marchés sont très potentiels. Car la JV
leur permet de partager avec le partenaire local les coûts et les risques, ainsi que les
actifs complémentaires et les compétences (Harrigan, 1985). De même, si la firme
possède un fort "O", mais le marché représente un faible "I" (le risque contractuel
élevé), elle choisira la JV comme le mode d’entrée pour garantir ses investissements
(Agarwal et Ramaswami, 1992).
En revanche, la JV n'est pas préférée si les risques contractuels et
d'investissements, même dans les pays où les marchés sont très potentiels, sont
élevés (les "I, L" faibles). L’effet de ces derniers résulte du mode de non-
investissement, l’exportation est donc favorable (Agarwal et Ramaswami, 1992).
En conclusion, la théorie éclectique représente l’intention de Dunning, ainsi de
certains auteurs de fournir un cadre théorique unique pour expliquer le choix d’un
mode d’entrée de la firme à l’étranger. Cependant, son point fort implique son point
faible, elle devient assez large et générale. Concernant la JV, dans tous les cas
qu’elle est favorable, nous pensons qu’elle est caractérisée par l’opportunisme et par
les conflits entre la partie internationale et celle locale voire le gouvernement local.
Elle n’est donc pas stable.
Jusqu’à présent, dans la littérature sur la JV, les deux théories dominantes qui
proposent deux points de vue différents mais complémentaires (Tsang, 2000) sont la
TCT et la RBV. Tandis que la TCT met l’accent sur les coûts de transaction en les
minimisant, la RBV s’appuie sur la valeur de transaction en maximisant les
bénéfices. La limite de la TCT est qu’elle néglige l’aspect de valeur de transaction, il
peut exister des projets d’investissements qui sont plus coûteux (les coûts élevés)
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mais qui permet plus de bénéfices. En plus, les coûts ex ante et ex post peuvent
être indiqués mais très difficiles ou déconseillés à les mesurer. De même, la RBV
n’aborde pas la notion du risque ou de l’incertitude de la JV.
Ces deux approches dominantes croisent et/ou substituent de fait les
autres (tableau 1). Par exemple, la théorie éclectique dite « commune » s’appuie de
fait sur celles-ci. Le "O" et le "I" proviennent directement de la RBV et la TCT, le "L"
peut être considéré comme une expansion des coûts ex ante et ex post de la TCT.
Cependant, cette approche est une spécialisée sur les modes d’entrée à l’étranger,
ce qui apparaît conforme à notre travail présent. Une quatrième approche de
dépendance du pouvoir organisationnel dans laquelle nous considérons la partie
puissante comme le gouvernement local pourrait également être mobilisée pour
expliquer les motivations de la JVI dans les pays émergents.
Synthétisant les motivations de la JV, nous les classifions en trois groupes :
• L’efficacité : la JV est formée avec pour objet de maximiser le bénéfice
en minimisant la somme des coûts de transactions et de production grâce
à un accès immédiat et/ou une utilisation plus efficace des ressources des
sociétés-mères ; à l’économie d’échelle ; à une réduction de l’incertitude ;
aux transferts des informations et des technologies et enfin à un passage
des restrictions gouvernementales.
• La compétition : la JV est employée pour réduire la compétition et de
renforcer le pouvoir de marché des sociétés-mères.
• L’apprentissage : la JV permet au moins à une société-mère d’acquérir
les connaissances ou les ressources nécessaires ou de maintenir ses
ressources excédentaires à présent pour les exploiter dans l’avenir.
Parmi ces motivations, les quatre les plus courantes dans les pays émergents
sont le passage des restrictions gouvernementales, les motivations liées aux
ressources, l’apprentissage organisationnel et la réduction de l’incertitude. Nous
passons donc à la deuxième section de la partie.
Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
Tableau 1 : Les approches théoriques de la JV
Approches Motivations de la JV Formation de la JV Nature de JV Stabilité Limites de l’approche
Échanges Atteindre les objectifs spécifiques en échange des ressources complémentaires.
Les parties sont dépendantes. Coopération Stable Approche pure sur les organisations de services sociaux ; Limites à expliquer certains types de JVs horizontales.
Pouvoir organisationnel
Pouvoir de négociation
• Forcer par la partie plus puissante ; • Surmonter les restrictions gouvernementales.
La partie plus puissante a suffisamment le pouvoir à obliger ou à induire l’autre.
Négociation et Conflits
Instable Approche pure sur les organisations politiques – économiques ; Limites à expliquer certains types de JVs entre les partenaires au même niveau.
Théorie d’interdépendance
Gérer l’interdépendance inter-organisationnelle pour diminuer l’incertitude.
Les parties sont interdépendantes de façon symbiotique ou compétitive.
Coopération Stable Vision à l’extérieur de la firme pour une meilleure adaptation à l’environnement.
Comportements stratégiques
Réduire la compétition et Renforcer le pouvoir du marché.
Les parties veulent consolider leurs positions concurrentielles en éliminant les autres concurrents et en empêchant les nouveaux entrants.
Coopération mais conflits cachés
Assez stable en court terme
Vision pure d’adaptation à l’environnement : la relation (entre les firmes) déterminée par l’environnement.
TCT Minimiser la somme des coûts de transactions et de production :
• obtenir l’économie d’échelle ;
• partager / réduire le risque d’incertitude.
• Partager / échanger les connaissances.
• Quand les coûts de transactions impliqués dans un échange sont trop élevés pour utiliser le mécanisme du marché, mais ne sont pas suffisamment élevés pour la forme de la hiérarchie ; • Quand l’internalisation est économique, mais contrainte par plusieurs facteurs qui empêchent cette internalisation totale.
Opportunisme Instable JV – une des formes intermédiaires entre le marché et la hiérarchie ; Approche pure sur les coûts de transactions en négligeant le bénéfice ; Existence des facteurs non concernant le coût de transaction, ceux qui influencent le choix de la JV, par exemple : les organisations gouvernementales et non gouvernementales.
Théorie des jeux Minimiser la peine (difficulté) subie.
Dans la situation MC > DU > DM > CU.
Coopération Stable Justification incomplète et ambiguë du choix de JV parmi des autres.
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L’approche des risques
Maîtriser le risque relationnel.
Quand les risques relationnel et de performance sont intermédiaires et pas suffisamment élevés pour la hiérarchie ou le marché.
Opportunisme et Incertitude
Stable grâce à la maîtrise des risques
Approche de l’intention des managers ; Contradiction de l’objectif de partage de risque de la JV ; Pas de justification du choix de JV par rapport au marché et à la hiérarchie.
RBV
Exploitation des ressources
Maximiser le bénéfice à long terme : • accéder immédiatement les ressources nécessaires ; • optimiser l’utilisation des ressources.
Les firmes mettent en commun leurs ressources en optimisant les utilisations de ces dernières et en obtenant un avantage concurrentiel.
Coopération Stable Vision totalement interne en négligeant tous les facteurs d’incertitudes, d’opportunisme et de relations.
Connaissances et Apprentissage organisationnels
• Apprendre des connaissances organisationnelles ; • Maintenir les ressources excédentaires pour les exploiter dans l’avenir.
Il y a au moins un partenaire qui veut : • acquérir les connaissances organisationnelles ; • maintenir une capacité excédentaire à présent.
Opportunisme Moins stable
Approche pure sur la connaissance organisationnelle ;
Pas de facteur économique ;
JV est une forme intermédiaire instable et bientôt prise fin.
Théorie du réseau • Transférer les informations et les technologies ; • Obtenir l’économie d’échelle du réseau.
Les firmes membres du réseau sont motivées par les objectifs cités à gauche.
Coopération Stable Limite géographique ;
Coopération limitée dans le réseau.
Mémoire M2R : L’
M2R « Pil
Théorie éclectique Optimiser le choix en compromis des trois avantages "O, L, I" : • toutes les motivations de la TCT et de la RBV ; • surmonter les restrictions gouvernementales et les barrières commerciales.
La JV est favorable : • pour les grandes firmes multinationales ; • si le marché étranger est très potentiel ("O") et les "I, L" sont intermédiaires ; • si le "O" est fort mais le "I" est faible.
Opportunisme et conflits
Moins stable
Approche multi-théorique, assez large et générale
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II. LES MOTIVATIONS DE LA JVI DANS LES PAYS EMERGENTS
Le concept des pays émergents est relativement nouveau, et souvent mélangé
avec celui des pays en développement. La réalité est que tous les pays en
développement ne sont pas considérés comme les émergents. Seulement ceux (a)
qui ont réformé leurs économies pour soulager les problèmes, par exemple : la
pauvreté, la mauvaise infrastructure, la surpopulation et (b) qui ont atteint un PIB
(Produit Intérieur Brut) régulier par habitant peuvent vraiment être appelés les pays
émergents (Cavusgil, Ghauri et Agarwal, 2002).
Pour les investisseurs/firmes internationaux(ales), les pays émergents sont très
attirants à l’égard du marché autant de la taille que du potentiel (75% de population
du monde et une croissance de 6% de PIB en moyen). « L’effet direct d’un marché
très potentiel indique un choix de mode de l'investissement » soit l’acquisition/fusion,
soit la filiale initiale, soit la JVI. Cependant, le risque dans ces pays est perçu autant
élevé en « préférant les contrats ou l’exportation voire la non-entrée » (Agarwal et
Ramaswami, 1992). Quel est donc le choix des investisseurs/firmes étrangers ?
Quel mode d’entrée8 est préféré par les firmes multinationales ?
Tandis que les firmes multinationales investissent dans les pays émergents avec
pour objet de la croissance ou de la globalisation, les firmes locales cherchent le
chemin pour intégrer à l’économie mondiale. La JVI est considérée comme une
bonne solution pour les deux parties. Dans cette section, nous analysons les quatre
raisons principales qui favorisent la JVI comme le choix stratégique par rapport aux
autres modes dans les pays émergents où « un quart des investissements est
initialement réalisé par la JVI » (Adarkar et al., 1997). Les deux les plus positives
sont liées aux ressources et à la réduction du risque. L’apprentissage est fortement
caractérisé par la partie locale. Mais la raison la plus décisive est associée aux
restrictions gouvernementales du pays hôte. 8 Il y a plusieurs définitions du mode d’entrée (Root, 1987 ; Anderson et Gatignon, 1986 ; Hill, Hwang et Kim, 1990 ; Sharma et Erramilli, 2004), nous prenons celle compréhensible de Hill, Hwang et Kim (1990) qui définissent « un mode d’entrée comme un moyen d’organisation des activités commerciales d’une firme dans un marché étranger ».
Le choix d’un mode d’entrée est un compromis entre les quatre attributs : le rendement, le risque, les ressources ou engagements et la responsabilité (Agarwal et Ramaswami, 1992 ; Luo, 2001).
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
1. Surmonter les restrictions gouvernementales
Dans la littérature, la motivation la plus courante et classique de la JVI est liée à
l’interdiction ou au découragement de certains modes d’entrée (Root, 1987) du
gouvernement des pays émergents, sous-développés, notamment des communistes
(mais pas de même dans les pays développés). La politique de ces pays qui vise à
rapidement développer l’économie locale ne permet que des conditions selon
lesquelles le choix d’un mode d’entrée doive prendre en compte (Gomes-Casseres,
1990). La forme de JVI devient celle la plus commode ou la seule faisable des
investissements étrangers (Contractor et Lorange, 1988). Les firmes multinationales
sont conseillées de l’utiliser pour limiter les contraintes en réduisant leurs ressources
engagées. La JVI leur permet également d’être plus flexible à retirer de ce marché
sans ou moins de pertes importantes en cas des changements désespérants de
l’environnement, notamment de la politique du pays hôte (Gomes-Casseres, 1990).
Dans son étude dans les pays en développement, y compris les pays émergents,
Beamish (1985) prouve que parmi les raisons principales, les restrictions ou la
législation du gouvernement représentent de 57%, donc comme la raison la plus
importante de la formation de JVI. Tandis que la plupart des pays émergents exigent
la formation de la JVI dans seulement certains secteurs stratégiques, quelques pays
forcent toutes les firmes internationales à former les JVIs. Ces derniers cas sont
aujourd’hui rares, on les trouve particulièrement dans les pays communistes lors de
l’ouverture de leurs économies.
Concernant les firmes internationales, la question s’élève ici est pourquoi elles
sont si motivées à investir dans ces pays émergents bien que ses objectifs de
maximisation de bénéfice soient limités par la JVI. La première raison reste toujours
le bénéfice qui pourrait ne pas être assuré par les filiales à 100% (si elles ne sont
pas interdites). Comme Beamish (1985) montre que fréquemment les filiales à 100%
sont converties aux JVIs après des problèmes sérieux rencontrés. Cela signifie que
la JVI fonctionne mieux dans les pays émergents et sous-développés grâce aux
priorités, par exemple : des taxes avantageuses, pas de barrières commerciales
appliquées par ce pays hôte à cette forme des investissements.
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D’autre part, pour les firmes multinationales, leurs buts sont non seulement de
maximiser le bénéfice, mais également la croissance internationale ou la
globalisation (Artisien et Buckley. 1985 ; Agarwal et Ramaswami 1992). Une
présence est donc meilleure que l’absence dans ces pays. Beamish (1985) suggère
que la firme multinationale perd son accès au marché si elle n’accepte pas des
restrictions gouvernementales, autrement dites la forme de la JVI leur permet d’avoir
au moins une installation ou une propriété locale. En plus, les marchés des pays
émergents sont souvent très potentiels (une forte croissance et une grande taille),
par exemple la Chine, la JVI est supposée permettre une grande rentabilité à long
terme à la firme multinationale grâce aux économies d'échelle, et par conséquent un
coût marginal inférieur de production. Même s’ils sont moins potentiels, par exemple
l’Inde et le Brésil, ils sont encore suffisamment stratégiques à y investir. Un
avantage supplémentaire offert par ces marchés est un rendement plus élevé, par
rapport à des risques pris, dû à des grandes imperfections du marché (Agarwal et
Ramaswami, 1992).
Une autre motivation de la JVI dans les pays émergents est l’exploitation des
ressources naturelles (Nguyen et Meyer, 1999). La partie locale (souvent le
gouvernement local) contribue aux autorisations (les permis) d’exploitation, au
terrain, à la main-d’œuvre, tandis que la partie internationale apporte les
technologies et les compétences nécessaires pour cette exploitation. On trouve
souvent ces cas dans les domaines miniers, pétroliers, nucléaires … Dans les
grands marchés comme la Chine, l’Inde, l’option stratégique de la JVI peut être prise
en compte comme l’économie d’échelle et l’exploitation de main-d’œuvre à bon
marché. Cependant, les firmes multinationales préfèrent les filiales ou les usines à
100% en maximisant leurs bénéfices. Comme leurs investissements sont importants
dans les domaines aussi importants, par le pouvoir du gouvernement local, nous
supposons qu’elles s’engagent dans les JVIs en bénéficiant ces ressources.
Malgré les restrictions, les grandes firmes multinationales ont un certain pouvoir
de négociations (Kogut, 1988). Possédant des ressources spécifiques dont les pays
émergents ont besoin, elles peuvent négocier avec les gouvernements du pays hôte
afin d’obtenir des meilleures conditions d’investissements, par exemple : plus de
contrôle (Artisien et Buckley. 1985 ; Agarwal et Ramaswami, 1992). Dans la JVI, la
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
participation de la partie locale peut influencer en augmentant ce pouvoir de
négociation. Elle peut faciliter les relations non seulement avec les acteurs
commerciaux locaux, mais également avec les autorités gouvernementales. Celles
qui sont particulièrement critiques dans les pays émergents où « les contacts
personnels sont souvent plus importants que les standards légaux ou les systèmes
juridiques impartiaux » (Luo, 2001).
À l’égard du gouvernement du pays hôte, l’objectif le plus désagréable se trouve
dans les pays communistes où « le principe de managements par les ouvriers eux-
mêmes » ne peut pas être enfreint. Les deux autres sont de rapidement développer
l’économie et de protéger les firmes locales face aux compétitions intensives
étrangères en améliorant leurs savoir-faire et leurs compétences managériales. Ce
dernier renvoie aux motivations de l’obtient et l’accès immédiats des ressources
nécessaires et/ou de l’apprentissage organisationnel qui seront présentés ci-après.
2. Les motivations liées aux ressources
Dans cette sous-section, nous excluons temporairement le rôle du gouvernement
local en analysant les motivations liées aux ressources des partenaires de la JVI en
comparant les deux points de vue de la TCT et la RBV. Dans ce cadre, toutes les
parties locales et internationales sont supposées s’y engager avec pour objet
d’accéder immédiatement aux ressources nécessaires de l’un à l’autre ou de
transférer et diffuser les technologies et les compétences.
Pour une explication plus explicite, nous prenons l’exemple d’une JVI dans
laquelle la partie locale dispose des actifs tels que les connaissances et
l’infrastructure sur son marché local ; la partie internationale possède des
technologies ou des compétences9 pratiques créatives. Evidement si en autonomie,
ces deux parties ne peuvent pas ou moins créer les bénéfices. La première ne peut
pas produire les produits/services de qualité en tant qu’elle n’a pas de technologies
et/ou des compétences nécessaires. En revanche, les produits/services de qualité
de la partie internationale pourraient ne pas être acceptés car ils ne sont pas bien
adaptés ou promus ou encore en raison de la xénophobie. Dans ce cas, la JVI qui
9 Le savoir (l’expertise) d’un individu ou d’une équipe est une ressource, et les compétences sont le savoir que l’entreprise possède en tant qu’organisation (le savoir collectif) (Arrègle, 1995).
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 25 sur 112
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est constituée par une combinaison de ressources complémentaires donnera aux
deux parties un avantage concurrentiel, une adaptation et par conséquent des
rentes ricardiennes.
Avec le même scénario dessus, la logique de la TCT explique la JVI d’une autre
façon. En premier temps, les capacités sont fortement spécifiques à chaque partie.
Si les parties les exploitent séparément, elles ne pourraient pas créer les rentes
ricardiennes et la valeur productive serait sacrifiée. Le degré élevé de la spécificité
des actifs entraîne une situation de dépendance bilatérale et un potentiel des
comportements opportunistes. En plus, l’idiosyncrasie de leurs capacités implique
également une grande incertitude pour les parties à spécialiser et surveiller la
performance de leurs capacités. Dans cette situation, la JVI est donc appropriée en
économisant les coûts de transactions et en protégeant contre l’opportunisme.
Continuant l’exemple dessus, les ressources sont des actifs spécifiques à
chaque firme, notamment celles de la partie internationale, elles ne pourraient pas
donc être obtenues par le marché en raison des coûts élevés de transactions
(Hennart, 1988). Si le marché n’est pas favorable, les firmes peuvent secourir aux
contrats, par exemple : la licence. Mais, toutes les deux approches de la RBV et de
la TCT suggèrent que le problème lié à la spécificité des actifs empêche aussi ce
type de coopérations. Selon la RBV, la spécificité des actifs implique qu’il y aura une
perte importante de valeurs de ces actifs s’ils sont transférés par la licence. Car le
tacite des technologies ou des connaissances entraîne que les échanges dépendent
des contacts humains intimes (Tsang, 2000).
Dans l’autre point de vue, la TCT propose une explication plus intéressante. En
raison de la rationalité limitée, il est problématique pour les parties d’estimer les
coûts ex ante de la valeur des technologies et des compétences, et de surveiller les
coûts ex post liés aux comportements opportunistes de chaque partie. Toutes les
deux parties ne connaissent pas le coût et la valeur ex ante de ce transfert,
particulièrement concernant les tacites (Hennart, 1988). La partie locale ne sait pas
ce qu’elle achète. Elle s’inquiète que les technologies soient obsolètes ou
inappropriées. Une fois que les transferts des actifs tangibles tels que des machines,
des équipements sont réalisés, elle est aussi en face du risque des comportements
opportunistes de la partie internationale qui cache ses compétences afin de réserver
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 26 sur 112
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la valeur des technologies ou de les exploiter lui-même en monopole. Ces derniers
sont bien prouvés dans la littérature qu’il y a de fait peu des contacts personnels et
des aides techniques dans la licence. En revanche, la partie internationale peut
également ne pas savoir combien le transfert lui coûte, notamment dans le cas
d’une nouvelle technologie. Ainsi, il est possible que si elle transfère toutes ses
connaissances, elle perdra son rôle et ses technologies lorsque la partie locale les
intègre totalement. Ce sont donc les raisons qui s’expliquent la préférence de la JVI
par rapport aux contrats.
Si le marché et les contrats sont défavorables, pourquoi l’internalisation totale
n’est pas choisie ? L’internalisation ici peut être obtenue soit par le développement
initial interne des ressources nécessaires, soit par un rachat (l’acquisition/fusion)
d’une autre firme qui les possède. La première option est exclue en raison des
déséconomies liées au temps (Arrègle, 1996), ou de ce que Meschi (2004*)
mentionne comme la rapidité d’entrée. Cela signifie que pour obtenir les mêmes
actifs ou les mêmes avantages concurrentiels de la partie internationale, la partie
locale doit allouer les mêmes investissements et attendre le même laps de temps.
Les technologies peuvent souvent être obsolètes lors que la partie locale les
possède. De même pour la partie internationale, elle perd du temps et d’agent afin
d’obtenir toutes les informations concernant le langage, les comportements locaux si
elle les construit initialement elle-même. En revanche, la JVI permet à la partie
locale de posséder immédiatement les ressources nécessaires, ainsi qu’à la partie
internationale d’une présence immédiate sur ce marché local. Complétant ces
explications de la RVB, la TCT précise ces limites du développement initial par des
coûts élevés de transactions. La JVI est choisie car les coûts ex ante sont inférieurs.
Par conséquent, l’option d’intégration apparaît plus viable. Nous combinons ici la
TCT et la RBV en justifiant le choix de la JVI : Exclu le cas dans lequel l’acquisition
des actifs complémentaires est illégale, nous supposons que la firme locale dispose
assez des ressources financières (souvent pas le cas) et qu’elle rachète les
ressources de la partie internationale, particulièrement les technologies et les
compétences par un recrutement des personnels clés (Hennart, 1988). Cependant,
la technologie et les compétences sont spécifiques au contexte dans lequel elles
sont créées ou adaptées (la firme et l’endroit) et sont dépendantes du niveau des
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connaissances de qui les développe (Cantwell, 1991). Si ces ressources de la partie
internationale ne sont pas totalement intégrées chez l’acquéreur, il est possible que
l’efficacité et la créativité de cette dernière soient paralysées (Tsang, 2000). En
résulte un échec des bénéfices expectants. De même si l’acquéreur est la partie
internationale. Les problèmes d’intégration culturelle, des obstacles langagière,
comportementale et notamment de la xénophobie sont difficiles voire impossibles à
résoudre. Autrement dit, les coûts non seulement ex ante, mais aussi ex post perçus
élevés contraignent l’acquisition.
En outre, ce ne sont pas toutes les ressources possédées par la firme achetée
qui ont de valeurs pour l’acquéreur (Das et Teng, 2000)10. Bien que les actifs soient
spécifiques, ils contiennent également certaines ressources inutiles ou possédant
moins de valeurs. Quand ces actifs indésirables sont mélangés avec ceux
désirables, et que les deux ne sont pas séparables, l’acquisition/fusion implique
inévitablement des indésirables et l’expansion de la taille de la firme avec les
problèmes et des coûts de managements (Hennart, 1988 ; Hennart et Reddy, 1997).
Cela peut entraîner des pertes pour la firme acquéreur. Dans ce cas, la JVI est donc
plus favorable que l’acquisition car elle permet aux firmes d’accéder seulement aux
ressources dont elles ont besoin en négligeant celles indésirables ainsi les coûts de
managements. Les bénéfices sont donc augmentés et la JVI est toujours préférée.
En plus, les firmes internationales qui ne veulent pas trop être engagées en
seulement commercialisant leurs produits sur un nouveau marché forment aussi les
JVIs pour simplement diffuser les connaissances, les compétences concernant
l’utilisation de ces derniers.
Généralement, concernant les motivations liées aux ressources, la JVI est plus
favorable en raison de la spécificité des actifs par rapport au marché et aux contrats
et d’un coût moins important de transaction vis-à-vis de la hiérarchie. Au travers de
cette sous-section, la notion des connaissances tacites joue un rôle essentiel en
justifiant le choix de la JVI. Elle est de fait une motivation aussi importante ou une
cible visée par les deux parties internationale et particulièrement locale. C’est donc 10 Das et Teng (2000) distinguent les deux types des ressources contribuées appelées performantes et non-performantes. Les ressources performantes sont celles essentielles pour les opérations, elles sont, par définition, totalement utilisées dans la JVI. Les ressources non-performantes restent inexploitées dans la JVI, elles y sont apportées car elles ne sont pas séparables avec les autres ressources désirées.
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
l’apprentissage organisationnel qui permet de développer les nouvelles ressources
ou de créer les nouvelles capacités.
3. L’apprentissage et les connaissances organisationnels
Si l’objectif n’est que d’obtenir les nouvelles technologies, avec une capacité
financière suffisante, la firme peut les acquérir sur le marché ou par les contrats
comme la licence. Cependant, cette acquisition devient un gaspillage si la firme ne
peut pas les faire fonctionner de façon efficace en raison de ses compétences
organisationnelles modestes. Ce type de compétences dites tacites et spécifiques à
la firme (Arrègle, 1995, 1996 ; Reix, 1995) ne peut qu’acquérir par la JVI (Kogut,
1988). Hennart (1988) précise également le risque d’opportunisme et la difficulté de
l’estimation du coût et de la valeur en favorisant la JVI par rapport aux contrats et à
l’acquisition concernant ces compétences tacites11. Dans ce cas, la JVI devient un
véhicule qui permet de partager les connaissances complémentaires et distinctives
(Kogut et Singh, 1988). En plus, la coopération entre les parties est renforcée si
l’objectif est de transférer et/ou de créer des connaissances organisationnelles
(Kogut, 1988).
À l’égard des parties de la JVIs, dans le but de rapidement développer
l’économie, le gouvernement local stimule publiquement le processus de
l’apprentissage des firmes locales au travers des JVIs. Nous supposons donc que la
partie locale qui perçoit son retard non seulement de technologies, mais également
de compétences managériales et commerciales, soit motivée par les connaissances
organisationnelles de la partie internationale. De même, la partie internationale peut
aussi s’engager dans la JVI afin d’apprendre les connaissances, les routines liées
au marché local et ensuite de s’y adapter ou de tenter de les améliorer ou les
changer pour un mieux fonctionnement (Child et Markoczy, 1993).
Cependant, le processus d’apprentissage est contraint par l’ambiguïté causale
(entre une cause et ses conséquences) qui la rend difficile à identifier et à imiter les
ressources/actifs stratégiques. Cette ambiguïté dépend de trois dimensions (Arrègle,
1995 ; Reed et DeFilippi, 1990) :
11 Voir plus les sous-sections 1.8.b et 2.2.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 29 sur 112
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• L’aspect tacite des ressources : il s’agit d’une absence de codification, de
règles…
• La complexité qui est fonction du nombre de composants et du nombre
d’interactions entre ces composants impliqués dans leur fonctionnement
ou leur création.
• La spécificité des ressources à la firme, à l’endroit où elles sont créées.
D’autre part, bien que « les perceptions des sociétés-mères des attributs
transactionnels tels que la spécificité des actifs stratégiques peuvent être changées
dans le temps » (Reuer et al., 2000), elles peuvent également apparaître en raison
de la rationalité limitée des managers de la JVI. Cela résulte des males perceptions
des transferts des actifs, voire y compris des erreurs de l’autre partenaire
(Williamson, 1994).
Dans les pays émergents, la JVI est de fait caractérisée par un fort
comportement opportuniste d’apprentissage organisationnel de la partie locale
soutenue par le gouvernement local, mais également de la partie internationale qui
veut réserver ses ressources d’une part et acquérir les ressources spécifiques de
son partenaire domestique en constituant son pouvoir vis-à-vis de la partie locale,
même du gouvernement local. Une autre raison qui motive les partenaires,
particulièrement celui étranger à s’engager dans la JVI est le risque perçu élevé
dans les pays émergents.
4. La réduction du risque
Dans la littérature, l’explication la plus courante de la JV est qu’elle permet aux
sociétés-mères de réduire les risques (Contractor et Lorange, 1988 ; Hennart, 1988 ;
Root, 1987 ; Kogut, 1988 ; Luo, 2001). Dans les pays émergents, l’économie est
caractérisée par une grande volatilité environnementale par rapport aux pays
développés (Luo, 2001). D’autre part, nous pensons que les motivations de la JVI
liées au partage des risques naturels et/ou du marché d’un grand projet entre les
parties ou à la diversification de portefeuille d’activités (Contractor et Lorange, 1988)
sont moins significatives. Car, comme les grands projets engendrent les
investissements importants, par exemple dans les secteurs minéraux et pétrolier, les
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firmes multinationales sont souvent forcées dans les JVIs (Beamish, 1985) avec une
partie locale telle qu’une entreprise d’État. La motivation du passage des restrictions
gouvernementales apparaît plus importante que celle de la réduction des risques.
De même, la diversification semble difficile à réaliser. Car il est souvent supposé que
la partie internationale apporte les technologies, les compétences et la partie locale
contribue ses connaissances culturelles, son avantage en tant qu’une locale dans la
JVI. Dans ce contexte, la partie qui peut se diversifier est la locale. Mais, si c’est le
cas, elle peut ne pas être choisie si en tant qu’elle n’a pas d’expérience dans le
secteur de la firme multinationale.
En conséquence, une possibilité est l’exemple suivant : par l’extension de celui
de Kogut (1988), nous supposons que dans les pays émergents, la JVI peut
représenter un investissement vertical assurant les matières premières pour la partie
internationale, et un investissement horizontal étendant la production pour la partie
locale. Cela permet un remplacement des engagements d’approvisionnement en
réduisant l’incertitude.
Cependant, les trois autres risques que nous voudrions souligner ici sont le
risque politique (Beamish, 1985 ; Root, 1987 ; Hennart, 1988 ; Delios et Henisz,
2000), le risque culturel (Kogut et Singh, 1988) et le risque lié au temps ou à la
rapidité d’entrée (Contractor et Lorange, 1988 ; Meschi, 2004*).
a) Le risque politique
Pour les firmes internationales, le risque politique, distingué avec le risque du
marché (les changements du coût, de la demande et de la compétition), provient de
l’incertitude concernant la continuation des conditions politiques présentes et les
politiques du gouvernement local. La réalité est que ce dernier ou son successeur
peut arbitrairement changer les « règles de jeux » qui entraînent les pertes des
gains, des actifs voire la perte entière de la filiale en cas d’expropriation pour les
firmes étrangères (Root, 1987)12.
Face à ces risques politiques, les firmes internationales préfèrent s’engager dans
la JVI avec un partenaire local. Dans ce cas, la JVI pourrait être traitée de façon plus
12 Voir plus Root (1987) pour une classification de quatre groupes des risques politiques.
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favorable que la filiale (Hennart, 1988 ; Delios et Henisz, 2000), car selon le
gouvernement local, elle soulage la disparité des technologies et des connaissances
entre la partie internationale et celle domestique. En plus, la partie internationale qui
possède moins de 50% dans la JVI est considérée simplement comme un
investisseur mais pas comme un propriétaire (Beamish, 1985).
Ainsi, Agarwal et Ramaswami (1992) propose que « l'effet direct du fort potentiel
de marché [(la taille et la croissance) comme dans les pays émergents, par exemple
la Chine] indique un choix de mode de l'investissement » (la JV, la filiale,
l’acquisition/fusion), et que « l'effet direct de risque élevé de l'investissement
[comme les risques politiques] indique un choix de non entrée ». Cependant, le
besoin d'établir la présence sur les marchés très potentiels de ces pays peut être
échangé contre le besoin de minimiser des risques. La firme internationale peut
choisir la JVI car ce mode réduit des risques d’une part, et fournit l'accès aux
marchés, d’autre part. De fait, une partie du risque est chargée par le partenaire
local. Ce dernier peut aussi aider la partie étrangère dans les négociations avec le
gouvernement local et donc réduire encore les risques.
En résume, les risques politiques sont permanents et critiques pour les firmes
internationales de telle sorte qu’elles ne peuvent que les réduire en s’engageant
dans les JVIs avec un partenaire local. Cette motivation de la JVI rejoint celle de
surmonter les restrictions gouvernementales présentées au début de cette section.
La JVI est donc un mode obligatoire si une firme étrangère veut entrer dans un
marché local. Ce sont souvent les cas des pays émergents, notamment
communistes lors de l’ouverture de leurs économies. En revanche, il existe des
autres motivations liées aux risques qui encouragent positivement la JVI. Nous
analysons ensuite le risque culturel dans les pays émergents.
b) Le risque culturel
Les facteurs culturels influencent différemment la perception des coûts et de
l’incertitude des modes d'entrée. Les firmes internationales peuvent donc être en
propension à s’engager dans un mode par opposition aux autres (Kogut et Singh,
1988). Lors de leur proposition de la théorie d’internationalisation de la firme (le
modèle Uppsala), Johanson et Vahlne (1977) introduisent une notion de « distance
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psychique qui implique les facteurs culturels, langagiers, des systèmes politiques, du
niveau d’éducation, de développement industriel, etc. qui empêchent ou perturbent
les flux d’informations entre la firme [étrangère] et le marché [local] ». Mais les
auteurs n’expliquent pas ces implications dans le choix de mode d’entrée.
Dans le cadre du risque culturel, nous nous concentrons sur deux dimensions :
(1) la distance nationale qui reflète le degré différent des caractéristiques
culturelles nationales entre un pays émergent et le pays de la partie internationale ;
et (2) la distance organisationnelle qui focalise sur les caractéristiques
organisationnelles, par exemple des routines et des managements entre les
partenaires. En effet, plus la distance culturelle nationale est grande, plus la distance
organisationnelle est aussi perçue grande (Kogut et Singh, 1988 ; Meschi et Roger,
1993).
En raison de la difficulté d’intégration avec un management étranger existant,
l’acquisition devient vulnérable et moins préférable. Contrairement, dans la JVI, les
tâches de managements sont fréquemment assignées à la partie locale qui peut
mieux diriger la main-d'oeuvre locale et les relations avec les fournisseurs, les
clients et le gouvernement (Hennart et Larimo, 1998). Par conséquent, la JVI résout
les difficultés provenant de la distance culturelle pour les firmes internationales.
Cependant, en dépit des problèmes liés au partage de propriété et du contrôle, la
distance organisationnelle entre les partenaires représente encore plus importante
dans la JVI. La filiale apparaît plus efficace en imposant les routines et les styles de
managements de la firme internationale (Kogut et Singh, 1988).
Dans les pays émergents, les distances culturelles autant nationale
qu’organisationnelle sont grandes. Le risque culturel est perçu élevé pour les firmes
internationales. Les deux modes préférables sont donc la JVI et la filiale à 100%.
c) Le risque lié au temps d’entrée
Le temps joue un rôle important dans le commerce, la notion du « juste à
temps » devient si populaire depuis sa diffusion initiale en Japon dans les années
1980s. La rapidité d’entrée à un marché ou aux ressources nécessaires influence
aussi fortement le choix du mode d’entrée des firmes internationales. Un mode qui
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fournit un accès immédiat permet à la firme non seulement d’avoir du temps plus
flexible pour étudier et s’adapter à ce nouveau marché, mais également de saisir les
opportunités les plus favorables. Cela devient très important pour les produits qui ont
des cycles courts de vie, par exemple : dans le secteur de NTIC (Nouvelles
Technologies d’Informations et de Communication). Ces produits demandent de
grands investissements en R&D (Recherches et Développement), également la
phase de croissance accélère autant fortement et rapidement que la phase de
déclin. La firme doit donc profiter au maximum de ces deux phases en maximisant le
bénéfice. Pour ce fait, elle a besoin d’une présence sur le maximum des marchés
autant locaux qu’internationaux. Sur les marchés internationaux, les autorisations ou
les permis appelés le droit de territoire (Contractor et Lorange, 1988) représentent
les problèmes principaux de la firme.
Parmi les modes d’entrée, les deux favorables au niveau du temps sont
l’acquisition et la JVI (Meschi, 2004*). La filiale est de fait limitée par les formalités
administratives et par les implantations qui sont peut-être trop complexes dans les
certains pays émergents.
En résumé, les firmes sont motivées à s’engager dans la JVI pour les quatre
raisons principales présentées. Parmi celles-ci, les motivations liées aux ressources
et à la réduction des risques/incertitudes sont les plus positives. Dans ces cas, nous
supposons que la JVI formée soit plus stable que dans les autres cas. En revanche,
la JVI formée par l’apprentissage organisationnel est caractérisée par un fort
opportunisme, notamment de la part de la partie locale soutenue par son
gouvernement local. Enfin, les restrictions gouvernementales, autrement dites les
priorités de la JVI influencent de façon décisive la participation de la partie
internationale dans la JVI.
En plus, la JVI représente des avantages significatifs par rapport aux autres
modes d’entrée (Tableau 2). Elle permet à la firme internationale un accès immédiat
au marché local, des investissements ou des engagements moins importants des
ressources et des relations (que la filiale et l’acquisition), des coûts moins élevés de
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transactions13 (que l’acquisition), et notamment du soutien de gouvernement local.
Cependant, il existe des limites concernant le partage de la propriété et du contrôle,
puis le partage des fruits réalisés dans la JVI qui contraignent la maximisation des
bénéfices des sociétés-mères. Par conséquent, cela peut également résulter des
conflits sérieux entre les partenaires (Killing, 1982). Prenant en compte tous ses
avantages, notamment le rôle décisif du gouvernement local, nous supposons que la
JVI soit un mode « préférable » dans les pays émergents. Le terme « préférable »
est ici compris en tant que tel, mais aussi comme un seul choix viable. Pour une
analyse plus concrète, nous consacrons la section suivante à présenter le cas d’un
pays émergent particulier : le Vietnam.
Tableau 2 : Comparaison des modes d’entrée aux pays émergents
Modes d’entrée Facteurs Filiale Fusion /
Acquisition JVI Contrats / Exportation
Contrôle Étroit Étroit Limité Limité
Coûts de transactions Limités Élevés Limités Limités
Engagements Importants Importants Relativement importants Limités
Intégration culturelle Limitée Très importante
Relativement importante Limitée
Temps Accès retardé Accès immédiat
Accès immédiat Accès limité
Restrictions gouvernementales Élevées Élevées Encouragées Assez élevées
Source : adaptée selon Meschi (2004*)
III. LE PROFIL DU VIETNAM COMME UN PAYS EMERGENT HOTE
Après une longue période de guerres et d’instabilité, le Vietnam fait aujourd’hui
preuve des caractéristiques d’une économie émergente14 dans la période
intermédiaire entre un pays en développement et un pays industrialisé avancé. La
13 Les coûts de transactions ici sont aussi compris les risques liés à la politique, à la culture et au temps d’entrée. 14 Pour les groupes consultants (ex. ATKEARNEY, 2004) et les auteurs spécialistes (Cavusgil et al., 2002), le Vietnam est considéré comme un des pays émergents les plus attirants (annexe 1).
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réforme « doi moi15 » (en vietnamien) en 1986 marque les changements de
l’ouverture de la politique d’un pays socialiste et proclame l’intention du VN à
intégrer à l’économie mondiale. Depuis cette date, l’économie vietnamienne a
positivement changé de façon spectaculaire (Kelly et al., 2002) avec le taux de
croissance de PIB d’autour de 7% dans les dernières années, et prévu maintenu
jusqu’à 2009. En 2004, le PIB atteint 38 billions de dollars qui se répartit 24% de
l’agriculture, 37% de l’industrie et 39% des services (Vietnam Country Report 2005).
Bien que le niveau standard de vie se soit rapidement amélioré, le revenu annuel
par habitant reste très faible (420 dollars) malgré des augmentations significatives
dans les années dernières (contre 200 dollars en 1990s), et compte parmi celui des
pays les plus pauvres de la planète (Kamoche, 2001 ; Vinh, 2004).
Avec une population de 82,7 millions, étant un des pays majeurs en Asie et le
12ème le plus populeux du mode (Quelch et Dinh-Tan, 1998), le marché vietnamien
est très potentiel et attirant pour les investisseurs étrangers. La croissance des
investissements directs étrangers (IDE) est impressionnante en moyenne de 50%
par an dans la période 1988-1996. Influencé par la crise financière, la chute de l’IDE
commence en 1997 (Shultz et al., 2000 ; Schaumburg-Müller, 2003), mais rebondit
l’année dernière en atteignant 4,2 billions de dollars – le plus élevé depuis 1997, soit
une augmentation de 37,8% par rapport à l’année 2003. L’IDE se répartit 69% de
l’industrie, 24,7% du service et 6,3% de l’agriculture, et principalement dans les trois
grandes villes (50%) : Ho Chi Minh (au Nord), Hanoi et Haiphong (au Sud) (DPIE,
2004). Les investisseurs étrangers préfèrent de fait les secteurs industriels plus
développés et les régions avec les meilleures infrastructures (Artisien et al., 1985).
Concernant le mode d’entrée au Vietnam, l’IDE est réalisé sur deux modes
dominants : la JVI et la firme/filiale étrangère à 100% (wholly owned subsidiary)
(Schaumburg-Müller, 2003) (relativement 70% et 22,6% en 1986-1990 ; 24% et
72,4% jusqu’à la fin 2004). Tandis que la filiale est toujours préférée par les firmes
15 La politique de renouveau « doi moi » implique les décisions du gouvernement vietnamien d’acceptant le secteur privé comme l’un de l’économie et d’ouvrir l’économie – une économie multi-sectorielle avec l’orientation socialiste pour attirer l’IDE. Le gouvernement maintient une forte influence sur l’économie, mais donne plus d’autonomie aux managers, notamment les entreprises d’État qui dominent les secteurs importants au niveau micro de l’économie (Gupta et Dutta, 1998 ; Shultz et al., 2000 ; Schaumburg-Muller, 2003 ; Nguyen, 2003, 2005).
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internationales, la JVI représente un choix stratégique strictement lié à la politique
d’investissement étranger du gouvernement vietnamien.
1. La politique d’investissement étranger
Depuis la réforme en 1986, les deux lois d’investissements étrangers (LIE), trois
fois modifiées (la première en 1987, modifiée en 1990 et 1992 ; et la deuxième en
1996, modifiée en 2000) accompagnées une série des décrets de guide distribuée
aux différents ministères sont publiées par le gouvernement vietnamien. Cela
montre la vulnérabilité et l’instabilité de la législation, mais également les efforts et
les engagements du gouvernement à poursuivre la politique de renouveau.
Juridiquement, le gouvernement garantit que « les investisseurs étrangers au
Vietnam sont honnêtement et équitablement traités ». Notamment, la loi en 1996
affirme clairement que « le capital et les actifs légaux des investisseurs étrangers ne
seront pas réquisitionnés ou expropriés par les mesures administratives, les firmes
ayant le capital étranger ne seront pas nationalisées », ainsi le droit intellectuel de la
propriété industrielle est protégé par le gouvernement (Articles 20 et 21, LIE, 1996).
Plus avec des nombreuses améliorations (redéfinitions de certains termes courants
utilisés, additions des articles concernant l’interruption des firmes ayant le capital
étranger), l’encouragement de cette loi (modifié en 2000) explique le record de l’IDE
inscrit de $9 billions en 1996.
Les investisseurs étrangers peuvent entrer au Vietnam sous trois modes : les
contrats coopératifs, la JVI et la firme/filiale étrangère à 100% (Article 4, LIE, 1996)
(nous considérons cette dernière comme la filiale de la société-mère étrangère),
dans une durée de 50 ans au maximum, et de 70 ans pour les cas exceptionnels
accordés par le gouvernement (Article 17, LIE, 1996). Tandis que la firme étrangère
à 100% est considérée comme celle à responsabilité limitée, plusieurs articles sont
consacrés à la JVI. Cette dernière est de fait plus encouragée par une large limite
pour le mode d’investissement sous forme de la firme étrangère à 100%.
Dans toutes les lois et les modifications publiées, la JVI occupe toujours une
place importante au travers de plusieurs articles concernés. Par définition, « une JVI
implique une firme établie au Vietnam par deux ou plusieurs parties selon un contrat
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de la joint-venture ou un accord entre le Gouvernement de la République Socialiste
du Vietnam et un gouvernement étranger, ou une firme établie selon un contrat de la
joint-venture entre une firme étrangère à 100% et une entreprise vietnamienne ou
entre une JVI et un investisseur étranger » (Article 2.7, LIE, 1996).
Concernant la contribution de la partie étrangère, elle est mise d’accord entre les
parties et n’est pas limitée au maximum, mais au moins de 30% du capital légal de
la JVI, sauf les cas stipulés par le Gouvernement (Article 8, LIE, 1996). Mais en
pratique, le DPIE est peu disposé à approuver les enjeux qui excédent 70% ou 80%
du capital afin de permettre à la partie domestique de participer et de partager le
succès de la JVI (Ruderman, 2005). Dans la JVI, le management est conféré au
conseil d’administration dans lequel les membres sont proportionnellement nommés
en fonction de la part de chaque partie. Particulièrement, l’article 12 réglemente
strictement que « le directeur général ou le premier directeur général adjoint doit être
un citoyen vietnamien ».
Il y a 2 raisons majeures pour lesquelles le gouvernement encourage les JVs.
Premièrement, l'investissement étranger ne pourrait pas violer le « principe de
managements par les ouvriers eux-mêmes » d’un pays socialiste, ce qui n’est pas
assuré par les firmes étrangères à 100%. Deuxièmement, les autres formes
coopératives des contrats n’impliquent aucun transfert de technologies et de savoir-
faire. Le gouvernement croit que si la forme de la JVI attire suffisamment les
investisseurs étrangers, également si ces derniers y sont incités, la productivité et
les compétences managériales domestiques augmenteront et les investisseurs
étrangers participeront activement et continuellement au développement
économique du pays.
Dans la dernière version de la LIE en 1996 et modifiée en 2000, l’interruption de
la JVI y est ajoutée et complétée. La JVI peut être prise fin (par les parties ou forcée
par les autorités vietnamiennes), ou changer la propriétaire (les parties ou vers la
firme étrangère à 100%) mais en priorité de la ou des autre(s) partie(s) dans la JVI.
Ainsi, plusieurs décrets ajoutent des réglementations concernant les firmes ayant le
capital étranger (la JVI et la firme étrangère à 100%), par exemple : en 2000, le
décret 22/2000/TT-BTM permet aux dernières d’investir à l’étranger ; en 2003, les
décrets 38/2003/NĐ-CP et 08/2003/TTLT-BKH-BTC permet de les transformer en
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les sociétés par actions ; en 2004, la banque étrangère à 100% est acceptée par le
gouvernement vietnamien. Des changements de la législation sont encore prévus
dans les années prochaines, particulièrement lors d’accès du Vietnam à l’OMC
(Organisation Mondiale du Commerce), prévu à fin de 2005.
2. La JVI au Vietnam
Parmi les pays émergents, les motivations de la JVI au Vietnam recouvrent les
mêmes présentées dans la section 2 précédente, mais avec quelques
caractéristiques spécifiques. Malgré la réforme, le gouvernement garde une forte
influence sur l’économie dite « l’économie du marché avec l’orientation socialiste »
qui est dominée par les entreprises d’État (Shultz et al., 2000). Les firmes
multinationales s’engagent dans la JVI afin de faciliter leur entrée au Vietnam face
aux restrictions strictes du gouvernement. La culture complexe vietnamienne et le
temps d’entrée sont aussi les facteurs qui les motivent. En revanche, les partenaires
vietnamiens sont fortement caractérisés par les comportements opportunistes
d’apprentissage organisationnel souvent critiqués dans la JVI.
a) Une culture complexe du Vietnam
Avec une population homogène de 82,7 millions (90% vietnamien), le marché
représente un gros potentiel, mais aussi des risques liés à une culture forte et
variée (Scheela et Nguyen, 2001). Cette dernière est distinguée selon trois régions
différentes : le sud influencé par la colonie américaine est proche de la culture
occidentale, le centre est caractérisé par la pauvreté et le nord est assez similaire
avec la culture chinoise. Cela explique en partie le gros investissement étranger
(22,7%) dans la JVI à Ho Chi Minh ville (au Nord) : les valeurs culturelles similaires
peuvent réduire les malentendus entre les partenaires et contrairement les plus
grandes distances culturelles provoquent les plus grandes difficultés de leurs
interactions (Park et Ungson, 1997).
Étant un pays communiste, les vietnamiens sont aussi perçus moins
communicables et moins responsables (Child et Markoczy, 1993), ce qui rend
encore la culture plus complexe. La caractéristique moins communicable peut
provenir de la culture, mais à notre avis, principalement du niveau faible de
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connaissances du pays (Kim, 1996 ; Kamoche, 2001) : « on ne peut rien dire de ce
que l’on ne connaît pas ». D’autre part, celle moins responsable est caractérisée par
le régime socialiste où « j’ai tous, mais rien ne m’appartient » car la propriété est
souvent le personnel le plus motivé dans sa propre affaire (Williamson, 1994).
Généralement, cette culture variée engendre des difficultés pour les firmes
étrangères, notamment lors de l’extension de leurs investissements transrégionaux
au Vietnam. Par conséquent, l’intégration culturelle motive les firmes étrangères à
s’engager dans la JVI. D’autre part, les restrictions du gouvernement vietnamien
jouent également un rôle important dans le choix de la JVI d’une firme internationale.
b) Les restrictions gouvernementales
Malgré plusieurs améliorations adoptées, les restrictions gouvernementales sont
perçues strictes aux firmes multinationales au Vietnam (Schaumburg-Müller, 2003).
Tandis que le gouvernement encourage les firmes étrangères d’investir dans
certains secteurs et zones (sauf ceux qui endommagent le Vietnam), plusieurs
autres sont limités et plus largement à la forme des firmes étrangères à 100% selon
une liste des secteurs d’investissement sous conditions (décret 27/2003/NĐ-CP)
(annexe 3). Nous extrayons ici quelques-uns importants qui ne sont faisables que
par la JVI, mais pas par les firmes étrangères à 100%, par exemple :
- Exploitation et traitement du pétrole, gaz et minéraux précieux et rares ; - Transport aérien, ferroviaire et maritime ; transport public ; construction des
ports et des aéroports ; - Commercialisations des services maritimes et aériens ; - Tour de voyages ; - Services consultants (sauf consultation technique).
Ces législations expliquent en partie pourquoi le mode de la JVI est favorable au
Vietnam, environ 40% des IDEs approuvés. Si les firmes multinationales veulent
entrer dans les secteurs cités (souvent très potentiel avec les grands projets), elles
doivent impérativement s’engager dans les JVIs, typiquement par exemple :
l’industrie pétrolière. Une autre raison concernée est la réticence de la DPIE à
approuver les firmes étrangères à 100% (Ruderman, 2005). Cela explique
également le ratio faible des IDEs approuvés par rapport à ceux inscrits
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(Schaumburg-Müller, 2003). La JVI est de fait motivée par les firmes internationales
afin de surmonter les restrictions formelles et informelles au Vietnam.
c) Le temps d’entrée
Une autre motivation de la JVI également liée au gouvernement est le temps
d’entrée d’une firme étrangère au Vietnam. Avec les mêmes explications de la sous-
section 2.4.c précédente, nous ajoutons dans le cas du Vietnam le temps pour
obtenir les permis d’investissements auprès des autorités. Malgré l’échéance
réglementée par la LIE (1996) de 60 jours au niveau gouvernemental et puis de 30
jours au niveau régional, cette procédure administrative prend assez longtemps, et
également entraîne beaucoup de problèmes pour les firmes étrangères afin de
pouvoir mettre en place leurs projets. Les difficultés résident non seulement dans la
réticence des autorités vietnamiennes d’approuver les IDEs (Ruderman, 2005), mais
aussi dans une autre raison plus sérieuse de la corruption dans tous les services
administratifs publics vietnamiens (Vietnam Development Report 2005). Même si
cela est de fait accepté par certains managers étrangers comme « il faut vivre
avec », et la présence d’une partie domestique peut faciliter la solution de ces
difficultés bien que ce soit négatif. La question s’est posée ensuite quel est le
partenaire vietnamien convenable à choisir ?
d) La SOE – partenaire approprié de la JVI
Selon les investisseurs étrangers, les problèmes les plus importants résident
dans la difficulté du travail au Vietnam et dans les coûts ex ante et ex poste élevés
pour obtenir et maintenir des bonnes relations avec un partenaire local fiable,
expérimenté, et bien motivé (Shultz et al., 2000 ; Scheela et Nguyen, 2001,
Ruderman, 2005). Toutes les firmes vietnamiennes légales, y compris celles
privées, peuvent participer à la JVI. Mais, malgré un développement rapide des
entités privées depuis l’adoption du programme de privatisation, la plupart restent
encore petites et insignifiantes au niveau des ressources (compétences requises,
capital et influence politique) pour être les partenaires viables (Schaumburg-Müller,
2003 ; Ruderman, 2005). Les parties domestiques dans la JVI sont souvent les
entreprises d’État (State-Owned Enterprise – SOE), le gouvernement ou les firmes
membres de ces derniers.
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En effet, une SOE bien qualifiée peut donc être un partenaire excellent dans la
JVI (Ruderman, 2005). Elles ont typiquement plus d’expériences et plus de capacité
liée au capital, aux ressources, d’une part, ainsi que des influences considérables
sur les autorités, d’autre part, par exemple : d'obtenir et maintenir les droits de
l'usage de la terre, d’acquérir des approbations gouvernementales, de négocier des
concessions d’impôts et de taxes à l’importation. Desquelles la JVI peut bénéficier
afin d’être plus performante. Cela nous envoie à la motivation liée aux ressources
des firmes étrangères.
Bien que ces ressources puissent également composer les connaissances et les
compétences du partenaire domestique sur ce marché local, nous pensons que ces
dernières sont seulement importantes pour les firmes étrangères qui ont moins
d’expériences au Vietnam. En revanche, les firmes multinationales visent
principalement les influences politiques car par l’apprentissage organisationnel, elles
peuvent facilement acquérir les ressources liées au marché, mais difficilement le
pouvoir de négociation avec le gouvernement. Par conséquent, les restrictions
gouvernementales et les connections politiques constituent essentiellement le
pouvoir de négociation du partenaire domestique vis-à-vis de la partie étrangère
dans la JVI. En effet, cela peut être considéré comme un soutien du gouvernement
aux firmes vietnamiennes généralement, et aux SOEs particulièrement afin
d’améliorer leurs ressources par l’apprentissage organisationnel au travers de la JVI.
e) Un fort apprentissage organisationnel du partenaire vietnamien
Cela est de fait un des objectifs du gouvernement lors de la réforme en 1986.
Dans le but de rapidement développer l’économie et d’améliorer les compétences
faibles des firmes domestiques (Kim, 1996), le gouvernement vietnamien rejette les
projets des JVIs qui n’impliquent pas les transferts des technologies et les
compétences comme le cas d’une JVI de l’assemblage d’automobiles de Huyndai.
Voire, certains investisseurs étrangers se plaignent qu’ils sont considérés comme
les constructeurs des infrastructures pour le Vietnam (Shultz et al., 2000).
Au sein de la JVI, l’apprentissage organisationnel des nouvelles technologies
et des compétences expertes est encore plus fortement caractérisé par les
comportements opportunistes de la partie vietnamienne publiquement soutenue par
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
le gouvernement et facilitée par un système de protection intellectuelle perçu comme
la plus faible du monde. Ce problème devient si grave d’une certaine façon que les
firmes multinationales perçoivent que « le plupart des vietnamiens considèrent le
travail dans la JVI comme une opportunité d’apprentissage opportuniste », et « qu’ils
veulent [donc] beaucoup plus d’entraînements que leurs responsabilités spécifiques
exigées ». Certains managers étrangers concluent que la partie vietnamienne
(souvent la SOE) ne transfère pas ses mieux personnels à la JVI. Les faibles ou non
performants y participent pendant deux ou trois ans afin de recevoir les
entraînements. Ensuite, ils sont rappelés à la SOE mère et les nouveaux nuls sont
envoyés à la JVI (Shultz et al., 2000).
À l’égard de la partie vietnamienne, elle préfère les ressources les plus
perfectionnées, tandis que celle étrangère discute que celles-ci ne peuvent pas
correctement être utilisées ou adaptées et que le marché vietnamien est trop petit
pour des technologies de haute capacité. Certains managers vietnamiens expriment
leurs mécontentements que les firmes multinationales ne veuillent aucun
développement technologique dans ce pays hôte car elles veulent maintenir la
dépendance de ce dernier à ses technologies (Shultz et al., 2000).
Le problème présenté est encore à débat au Vietnam. Mais nous pensons
généralement que ce processus d’apprentissage est souvent inefficace pour la
partie vietnamienne en raison des protections strictes des firmes étrangères et
particulièrement d’un niveau faible des connaissances des firmes domestiques (Kim,
1996 ; Kamoche, 2001) qui rendent l’ambiguïté causale des ressources étrangères
plus complexes et plus difficiles à imiter. De plus, cet objectif est toujours dissimulé
aux yeux de ces dernières par une vision à court terme simplement sur la rentabilité.
Si la JVI perd pendant quelques années, elle pourrait être considérée comme un
échec potentiel (souvent les JVIs avec un partenaire d’une SOE), les ressources
contribuées par la partie étrangère peuvent également être perçues obsolètes ou
inadaptables par la partie vietnamienne. Le but essentiel de cette dernière
lorsqu’elle s’engage dans la JVI est clairement le bénéfice grâce à un avantage
concurrentiel provenant des ressources spécifiques modernes de la partie étrangère
sur le marché vietnamien.
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Conclusion sur la partie I
Pour expliquer le choix de la JVI comme le mode d’entrée dans les pays
émergents, les quatre principales parmi plusieurs approches théoriques présentées
sont les deux dominantes de la TCT et RBV, la théorie éclectique particulièrement
sur le produit étranger et l’approche du pouvoir de négociation. Illustrées par le cas
du Vietnam, les firmes multinationales s’engagent dans la JVI en raison décisive des
restrictions du gouvernement local qui encourage ce mode d’entrée afin d’améliorer
les compétences et les capacités des firmes domestiques. Ainsi, tous les partenaires
de la JVI peuvent être motivés par les ressources contribuées, par l’apprentissage
organisationnel et notamment par le partage des risques (politique, culturel et du
temps d’entrée).
Cependant, la JV est souvent perçue instable et caractérisée par les taux élevés
d’instabilité et d’interruption, particulièrement dans les pays en développement y
compris les émergents. Car il y a plus d’une société-mère (Killing, 1982) avec leurs
nationalités et leurs cultures différentes qui travaillent ensemble et partagent la
propriété et le contrôle de la JVI. En plus, l’environnement des pays émergents est
différent, plus complexe et plus difficile pour diriger la JVI (Beamish, 1985 ; Meschi,
2004), explicitement dans le cas du Vietnam. Dans lequel le gouvernement garde
une forte influence sur l’économie spéciale dite « l’économie du marché avec
l’orientation socialiste ». D’autre part, le secteur privé reste encore très faible et le
partenaire plus fiable dans la JVI est principalement les entreprises d’État, bien sûr
dirigées strictement par le gouvernement. Enfin, la forte différence culturelle perturbe
également un bon fonctionnement de la JVI. Tout cela peut faire émerger des
mécontentements et des conflits qui peuvent amener la JVI dans les situations
d’impasse et donc l’interruption de la JVI. C'est ce que nous allons démontrer dans
la deuxième partie du présent mémoire.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 44 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Partie II : Les déterminants de l’interruption d’une JVI dans les pays émergents
Dans la littérature des affaires internationales, la JVI est perçue par des taux élevés d’instabilité et d’interruption (Kogut, 1998 ; Beamish, 1985 ; Reynolds, 1984 ; Franko, 1971 ; Killing, 1982 ; Gomes-Casseres, 1987 ; Park et Russo, 1996 ; Park et Ungson, 1997 ; Hennart et al., 1998). Cependant, les auteurs focalisent principalement sur les pays développés, seulement quelques-uns (Beamish, 1985 ; Reynolds, 1984) travaillent dans les pays en développement. Il y a de fait, à notre connaissance, peu d’études spécialisées à cet égard dans les pays émergents. Par conséquent, cette dernière est l’objet de notre travail. Nous supposons que la JVI dans les pays émergents est aussi caractérisée par un taux élevé d’interruption.
Dans cette deuxième partie – le cœur du mémoire présent, nous essayons de
répondre à la question de recherche « pourquoi la JVI interrompt-elle dans les
pays émergents ? ». Dans un premier temps, nous nous consacrons à discuter
l’interruption de la JVI et ses différents types d’interruption. Ensuite, après avoir
analysé les facteurs qui en résultent, nous terminons en attachant de l’importance à
illustrer les deux cas typiques des JVIs de Coca-Cola et de VIJACO au Vietnam - un
pays qui est spécialement caractérisé par une « économie du marché avec
l’orientation socialiste » dominée par les entreprises d’État et par une forte influence
du gouvernement. Particulièrement, nous mettons l’accent sur les intentions
stratégiques des partenaires comme les déterminants décisifs de l’interruption et de
la survie d’une JVI dans les pays émergents.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations »
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I. L’INTERRUPTION DE LA JVI
1. L’interruption et l’instabilité
Pour analyser l’interruption, nous nous appuyons sur l’approche de la survie ou
de la continuité de la JVI (Franko, 1971 ; Killing, 1982 ; Beamish, 1985 ; Kogut, 1989
; Hennart et al., 1998). Par définition, nous considérons une JV comme interrompue
si elle est liquidée ou si elle est vendue, c’est-à-dire que s’il y a au moins une partie
qui vend son enjeu au(x) autre(s) partenaire(s) dans la JVI ou au(x) tiers. Le taux
d’interruption est donc égal à :
néchantillol' de totale taille La oninterruptid'taux Le =
liquidées et vendues JVs des somme La
Pour être compatible, dans le tableau 3, une JV instable est celle qui est
interrompue ou si au moins un partenaire se présente insatisfaisant. Le taux
d’instabilité est calculé par la formule suivante :
néchantillol' de totale taille La éinstabilitd'taux Le =
santesinsatisfai et esinterrompu JVs des somme La
Tableau 3 : Les taux d’interruption et d’instabilité des JVIs dans les pays développés et en développement
Taille de l’échantillon Pays
Taux d’interruption
(%)
Taux d’instabilité
(%)
1100 Principalement développés - Franko (1971) 24,2 28,4
37 Développés - Killing (1982) 31* 36
60 Mixtes - Stuckey (1983) 42*
52 En développement - Reynolds (1984) 50
66 En développement - Beamish (1985) 45* 61
2378 Etats-Unis - Gomes-Casseres (1987) 30,6
149 Etats-Unis - Kogut (1988) 46, 3 51,7
186 Etats-Unis - Park et Ungson (1997) 43,2
* Inclus des réorganisations majeures
Source : adapté et complété selon Beamish (1985) et Kogut (1988)
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Concernant la survie de la JVI, l’auteur pionnier Franko (1971) trouve les taux
élevés d’interruption de 24% et d’instabilité de 28,4 % (Tableau 3) dans son étude
sur 1100 JVIs entre les firmes multinationales américaines avec les étrangères,
principalement dans les pays développés. Ce résultat est empiriquement supporté
par les taux d’interruption de 30%, 42 % et 46% relativement selon les travaux de
Killing (1982) et Gomes-Casseres (1987) dans les pays développés, de Stuckey
(1983) dans les pays développés et en développement, et de Kogut (1988) aux
États-Unis. Dans une étude assez récente sur les JVs domestiques américaines et
américaines-japonaises, Park et Ungson (1997) aperçoivent également 43% des
JVs qui sont interrompues.
Dans les pays en développement y compris ceux émergents, Reynolds (1984) et
Beamish (1985) supportent les jugements dessus par les taux d’interruption de JVIs
relativement de 50% et de 45% (et 61% des JVIs instables). Comparant avec les
études précédentes, Beamish (1985) conclut que « les JVIs dans les pays en
développement sont plus instables [et plus probablement interrompues] que dans
les pays développés » en raison de la différence environnementale. Dans les pays
en développement, l’environnement est considéré plus complexe et plus difficile
pour diriger la JV que dans les pays développés (Beamish, 1985). Ainsi, nous
trouvons le taux d’interruption des JVIs de 46,3% au Vietnam pendant la période
1988-2004. Par extension, avec les mêmes raisonnements, nous pensons aussi que
les JVIs dans les pays émergents sont plus instables et plus probables d’être
interrompues que dans les pays développés, mais contrairement plus stables et plus
de chance de survie que dans le reste (les pays en développement exclus les
émergents et les pays sous développés).
2. Les différents types d’interruptions
Selon l’approche classique, l’interruption d’une JV reflète une affaire échouée ou
un conflit insoluble entre les partenaires (Kogut, 1989). Porter (1987) suggère aussi
que les sociétés-mères ne ferment ou quittent pas une JV réussite, l’interruption
s’est produite seulement si la JV n’est pas financièrement viable. De même, bien
que Gomes-Casseres (1987) distingue l’instabilité de la JV et l’instabilité qui existe
dans toutes les affaires, il considère également l’interruption comme une correction
du mauvais choix initial d’un mode d’entrée au moins d’un des partenaires.
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Cependant, cette perception est problématique. Car elle ne parvient pas à
distinguer entre les JVs qui échouent (et donc disparaissent) et celles qui
disparaissent du fait de l’atteinte des objectifs des partenaires et de ce qu’elles n’ont
alors plus de raison d’être. Dans cette perspective, la disparition d’une JV n’est pas
obligatoirement synonyme d’échec en ce qu’elle peut renvoyer à un apprentissage
réussi, à une volonté de recentrage, de désendettement ou de l’internalisation de
l’activité par l’un des partenaires (Hamel, 1991 ; Meschi, 2004* ; Brulhart, 2005)16.
De même, « si la fin de la JV est un événement mutuellement planifié, la JV peut
être considérée comme extrêmement réussite » (Inkpen et Beamish, 1997)17. Ainsi,
la JVI peut être dissoute par le forcement des autorités gouvernementales locales
(LIE, 1996, 2000).
Par conséquent, nous distinguons deux types d’interruption18 de la JVI par une
liquidation et par une vente (Park et Russo, 1996 ; Hennart et al., 1998).
L’interruption par une liquidation reflète la mort de la JVI en cas où l’affaire est
échouée ou dissoute par le gouvernement ou mutuellement réussite, c’est-à-dire
que les objectifs stratégiques sont atteints dans le dernier cas. Autrement dit, « la
JVI n’est alors plus de raison d’être » (Brulhart, 2005). En revanche, l’interruption
par une vente à un des partenaires ou à un tiers est sensiblement différente car la
JVI est survivante (Hennart et al., 1998), malgré peut-être avec les autres sociétés-
mères, sous une des formes suivantes :
• Soit elle est internalisée au sein d’une firme domestique lors que la partie
étrangère vend son enjeu à la domestique ou lors que toutes les parties de la
JVI vendent totalement leurs enjeux à un tiers domestique.
16 Nous supposons que le taux d’instabilité peut être calculé par la formule corrigée suivante :
néchantillol' de totale taille La
santesinsatisfai et réussites non comme esinterrompu JVs des somme La éinstabilitd' corrigétaux Le =
17 Inkpen et Beamish (1997) définissent une JV instable s’il y a des changements majeurs imprévus et prématurés dans la perspective au moins d’une partie de la JV. 18 Franko (1971) distingue trois types d’interruptions : Premièrement, la JV est liquidée, ses opérations sont bloquées, les actifs sont vendus ou abandonnés. Deuxièmement, la JV est vendue à la partie domestique ou à un tiers. Enfin, la firme multinationale peut éliminer celle domestique en créant une filiale à 100%. Dans les deux derniers cas, les opérations de la JVI sont maintenues mais sous une autre forme de propriété (ownership).
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 48 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
• Soit elle devient une firme/filiale étrangère à 100% lors que la partie
domestique vend son enjeu à celle étrangère, ou lors que toutes les parties
de la JVI vendent totalement leurs enjeux à un tiers étranger.
• Soit la JVI est transformée en une JV domestique lors que la partie
étrangère vend son enjeu à un (des) tiers domestique(s).
• Enfin, soit la JVI reste en tant que telle ou comme une JVI à 100%, c’est-à-
dire qu’il n’y a aucun partenaire domestique. Dans ce cas, la partie
domestique vend son enjeu à un (des) tiers domestique(s), ou les parties
domestiques et/ou étrangères vendent leurs enjeux à un ou plusieurs autres
tiers étrangers.
Analysant la tendance d’interruption par les deux types présentés d’interruption,
Hennart et al. (1998) proposent, mais avec peu d’explication, que l’interruption de la
JV par une vente soit plus probable que par une liquidation. À notre avis, par
définition, l’interruption par une liquidation signifie soit un échec, soit un succès
extrême. Tous sont perçus par les sociétés-mères que la JVI n’a plus de raison
d’être. Tandis que le cas de succès suivi par une liquidation mutuellement planifiée
(Inkpen et Beamish, 1997) est rare, car les firmes veulent souvent s’engager à long
terme dans l’activité de la JVI, pas absolument dans la JVI, l’échec est de fait
beaucoup plus populaire. D’autre part, comme Reuer (2000) prouve que la
terminaison de la JVI peut également créer la valeur, l’interruption par une vente
peut permettre aux parties de la JVI échouée de récupérer une certaine somme
meilleure que ceux qui leurs restent de la liquidation. Ainsi, les raisons de vente sont
multiples telles que une volonté d’internalisation, de recentrage et de
désendettement (Meschi, 2004* ; Brulhart, 2005).
Regroupant les discussions présentées, nous supposons que :
Hypothèse 1 : Les JVIs dans les pays émergents sont plus instables est plus
probables d’être interrompues que dans les pays développés mais elles sont plus
stables que dans les pays qui restent. Ainsi, l’interruption de la JVI par une vente est
plus probable que par une liquidation.
Dans le cas des pays émergents et particulièrement du Vietnam, nous
supposons que l’interruption vers une JV domestique représente moins d’intérêt
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 49 sur 112
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pour les firmes vietnamiennes. Car dans la plupart des cas, la JVI est caractérisée
par une forte motivation domestique liée aux ressources et/ou à l’apprentissage
organisationnel concernant les nouvelles technologies, les compétences expertes
internationales. De même, l’interruption vers une nouvelle JVI est contrainte par des
coûts ex ante élevés de transactions pour l’acquéreur, ainsi qu’une grande difficulté
d’intégration pour toutes les parties existantes et nouvelles. Si la JVI devient celle
internationales à 100%, c’est-à-dire qu’il n’y a que les partenaires étrangers, elle ne
bénéficie plus des connaissances et des avantages d’un partenaire domestique et
subit des traitements désagréables du gouvernement local. En revanche, si la partie
étrangère a suffisamment des connaissances et/ou d’expériences sur ce marché
local, elle préfère logiquement exploiter elle-même ses propres ressources
spécifiques telles que les nouvelles technologies en transformant la JVI en une
firme/filiale étrangère à 100%.
Dans ce mémoire présent, nous voudrions mettre l’accent sur les quatre types
les plus importants d’interruptions de JVI au Vietnam : l’interruption par une
liquidation (soit échouée, soit dissoute par le gouvernement, soit réussite),
l’interruption vers l’internalisation domestique, vers la filiale internationale à 100% et
l’interruption par une vente de la part de la partie étrangère à un tiers étranger. C’est
donc l’objet de la sous-section ci-après dans laquelle nous nous consacrons à
démontrer les facteurs ou les raisons principaux(ales) qui résultent de l’interruption
d’une JVI dans les pays émergents, illustrée par certains cas au Vietnam.
II. LES DETERMINANTS DE L’INTERRUPTION D’UNE JVI
Si la structure optimale de gouvernance est déterminée par la firme, l’industrie et
les conditions du pays où les investissements sont réalisés, elle peut être modifiée
lors que ces conditions changent (Gomes-Casseres, 1987 ; Reuer et al., 2000).
Comme le pays se développe, les firmes s’élargissent, les industries et le marché
deviennent de plus en plus concurrentiels et en maturité, les facteurs qui favorisent
la JVI établie peuvent être transformés en faveur des autres modes de gouvernance.
Les firmes ont besoin d’adapter à ces nouvelles circonstances en changeant la
structure présente telle que la JVI de leurs investissements à celle la plus
performante. Dans cette section, nous nous consacrons donc à déterminer les
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
facteurs principaux qui résultent de l’interruption d’une JVI dans les pays émergents
où l’environnement est considéré comme différent, plus complexe et plus difficile
pour diriger la JVI (Beamish, 1985 ; Meschi, 2004), le taux d’interruption est de fait
perçu plus élevé que dans les pays développés (voir la section précédente).
1. Les distances culturelle et organisationnelle entre les parties
Réduire les risques culturel et organisationnel sont des motivations de formation
de la JVI (Kogut et Singh, 1988 ; Meschi et Roger, 1993), mais ils sont également
considérés comme des facteurs importants qui engendrent les conflits, puis
l’interruption de cette dernière (Killing, 1982 ; Barkema et al., 1996, 1997 ; Lane et
Beamish, 1990 ; Park et Ungson, 1997). Car le problème principal réside dans le fait
que les partenaires qui ont des nationalités et des cultures d’entreprise différentes
vivent ensemble dans une entité commune en partageant le contrôle et la propriété
des ressources contribuées (Killing, 1982). Les managers dans une JVI rencontrent
non seulement des problèmes de communications en raison des barrières
langagières, ils doivent faire également face à des attitudes, des styles, des routines
et des valeurs culturelles différentes de l’un à l’autre. De plus, comme la JVI se
développe, elle peut établir pour elle-même une identité et une culture distincte à
celles des sociétés-mères. Et donc, les problèmes additionnels apparaissent dans la
coopération entre les partenaires (Inkpen et Beamish, 1997).
Dans les pays émergents, le conflit culturel est plus critique dans la JVI, car la
distance culturelle est perçue grande de telle sorte que les expériences
internationales dans les pays développés sont inutiles à appliquer dans les pays
émergents (Barkema et al., 1997). Bien sûr que les JVI ne sont pas toujours entre
un partenaire domestique et l’autre provenant d’un pays développé, mais en raison
des avantages avancés des technologies et des connaissances organisationnelles
de ce dernier et des restrictions gouvernementales locales, ce type des JVIs est
donc prioritaire.
Explicitement, dans la JVI au Vietnam, le premier obstacle est de fait la barrière
langagière qui empêche les communications et entraîne les malentendus entre les
partenaires. Kamoche (2001) montre que peu de managers vietnamiens, notamment
des entreprises d’État peuvent bien parler l’anglais – le langage officiel du
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 51 sur 112
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commerce international, car la plupart l’ont étudié, travaillé et se sont entraînés en
Europe de l’Est (Shultz et al., 2000). Également, la différence entre la culture
vietnamienne socialiste et celle capitaliste peut interrompre les investissements
étrangers à tout moment (Scheela et Nguyen, 2001). En effet, la culture
vietnamienne implique un style de consensus de prise de décisions qui rend ce
processus très lent, ainsi que une harmonie entre les partenaires qui entraîne la
caractéristique moins communicable des vietnamiens. En revanche, les capitalistes
tentent de prendre plus rapidement possible les décisions, de reconnaître et discuter
publiquement les problèmes rencontrés (Shultz et al., 2000). Un exemple typique est
dans une réunion de la JVI, la partie vietnamienne est perçue en silence et lorsqu’on
se met d’accord sur les affaires discutées, elle veut prendre son temps pour
demander à sa société-mère, voire au gouvernement.
La proposition est que les valeurs culturelles similaires peuvent réduire les
malentendus entre les partenaires et contrairement les plus grandes distances
culturelles provoquent les plus grandes difficultés de leurs interactions (Park et
Ungson, 1997). Selon Lane et Beamish (1990), les communications entre les
partenaires qui ont la grande distance culturelle peuvent être difficiles, notamment
dans les pays émergents où les partenaires locaux sont perçus moins
communicables (Child et Markoczy, 1993). En résultent des problèmes de
coordinations, et puis des conflits managériaux qui excluent le partenariat. En plus,
l’incertitude environnementale telle que la politique, la croissance du marché et de
l’industrie augmente les difficultés transactionnelles (Kogut et Singh, 1988). Ce qui à
son tour entraîne des coûts ex post très élevés de transferts des technologies et des
compétences managériales, qui ensuite influent négativement sur la confiance
mutuelle et stimulent les comportements opportunistes. La JVI est donc vulnérable
et facilement interrompue.
En revanche, « la compatibilité culturelle entre les partenaires est le facteur le
plus important de la résistance [d’une JVI] » (Lane et Beamish, 1990). Barkema et
al. (1996) montrent également que ce facteur culturel est plus sensible dans les JVI
(ou l’acquisition) que dans les filiales car les routines et les styles de managements
peuvent être imposés dans les filiales par la société-mère internationale (Kogut et
Singh, 1988).
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 52 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
La distance culturelle implique ensuite plus spécifiquement celle
organisationnelle dans la JVI. Plus la distance culturelle nationale est grande, plus la
distance organisationnelle est elle aussi grande (Kogut et Singh, 1988 ; Meschi et
Roger, 1993). Mais la proportion différentielle est variée selon les cultures propres
fortes ou faibles des partenaires (la culture d’entreprise). Le pire cas réside dans la
JVI où les sociétés-mères adoptent les fortes cultures organisationnelles, et chacune
tente d’y impose la sienne. La distance organisationnelle est donc plus
problématique que celle culturelle nationale (Bleeke et Ernst, 1993), car elle résulte
encore plus et immédiatement de difficultés de communications et de transferts des
actifs stratégiques. Les partenaires dissimilaires organisationnels doivent donc
prendre le temps et l’énergie d’établir les routines managériales standard qui exigent
des coûts élevés supplémentaires, voire encore les méfiances entre eux.
Collectivement, nous supposons que :
Hypothèse 2 : Les distances culturelle et organisationnelle sont positivement
associées à l’interruption de la JVI.
2. Les restrictions gouvernementales
Étant la motivation la plus importante, les restrictions ou les politiques du
gouvernement local influencent de façon décisive non seulement le choix du mode
d’entrée et le fonctionnement, mais également l’interruption de la JVI (Killing, 1982,
Beamish, 1985 ; Blodgett, 1992 ; Luo, 2001 ; Reuer et al., 2000 ; Teng, 2004). Nous
prenons ici un exemple d’une JVI dans laquelle la partie internationale possède les
technologies et les compétences expertes. Pour diminuer des pressions
gouvernementales et éviter le risque d’opportunisme de l’apprentissage
organisationnel, elle peut préférer un partenaire local qui n’a pas ou moins de
connaissances concernant l’affaire de la JVI formée, qui se contente d’être un
investisseur passif récompensé par le bénéfice et qui n’est pas directement lié ou
contrôlé par le gouvernement local (Killing, 1982). La partie étrangère joue donc un
rôle dominant et décisif dans la JVI, la position de celle locale dépend de fait de la
politique de son gouvernement.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 53 sur 112
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Si les restrictions gouvernementales deviennent plus strictes, le pouvoir de la
partie locale est renforcé quelques que soient les contributions de l’étrangère
(Blodgett, 1992). Dans cette situation, Gomes-Casseres (1987) trouve que même
« les filiales ont tendance d’être transformées en les JVIs » dans certains pays
émergents, par exemple : le Mexique, l’Inde, le Pakistan. Nous supposons donc que
les fortes restrictions du gouvernement local diminuent la probabilité d’interruption
de la JVI. Autrement dit, elles renforcent la position de la partie locale, et par
conséquent la longévité de la JVI. De même que si la partie locale bénéficie bien
son opportunité d’apprentissage, elle peut également internaliser la JVI en éliminant
celle étrangère. Cependant, ce n’est pas toujours le cas, car les firmes
multinationales ont suffisamment d’expériences pour l’éviter en protégeant bien leurs
connaissances organisationnelles stratégiques. En revanche, si la firme
multinationale ne peut plus supporter ces restrictions illégales, elle peut mettre fin à
la JVI. Mais cela est opposé à ses objectifs tels que la globalisation. La JVI a donc
plus de chance de survie si les restrictions du gouvernement local sont maintenues
fortes et strictes.
Contrairement, si la politique est améliorée en faveur d’une économie plus
ouverte, le risque politique est diminué, et la partie étrangère obtient
significativement le pouvoir de négociation dans la JVI (Blodgett, 1992). La partie
domestique peut se trouver dans des conditions difficiles, voire être éliminée car elle
devient inutile pour celle étrangère qui contrôle déjà totalement le fonctionnement de
la JVI. Dans la JVI où la partie domestique contribue aux connaissances concernant
le marché local, ces dernières peuvent être obsolètes par l’apprentissage et par les
expériences accumulées de la partie internationale. Et lorsque la politique du
gouvernement est plus favorable, la société-mère étrangère préfère à exploiter elle-
même ce marché local par une firme/filiale étrangère à 100% (Blodgett, 1992 ;
Reuer et al., 2000).
Dans son étude, Beamish (1985) trouve un taux plus élevé d’interruption de 58%
des JVIs avec le gouvernement local (contre celui de 43% des JVIs avec des firmes
domestiques privées), supportés par Blodgett (1992). L’auteur conclut donc que les
JVIs sont plus stables si la partie domestique est privée ou n’est pas directement
dépendante ou dirigée par le gouvernement local. Nous suggérons en supplément
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 54 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
que cette dernière soit directement liée aux interventions du gouvernement qui sont
souvent considérées plus importantes et plus significatives dans la JVIs entre une
SEO et l’autre partie étrangère forcée à s’y engager (Beamish, 1985). Si les
restrictions sont de plus en plus relâchées, notamment lors d’une participation de ce
pays émergent aux associations régionales et/ou internationales, ce type des JVIs a
tendance à être transformé en filiale par les firmes multinationales. Et donc, le taux
d’interruptions des JVIs avec le gouvernement local est élevé.
Explicitement, nous prenons le cas de la Chine : Après son accès en 2001 à
l’OMC, les restrictions gouvernementales sont réduites généralement et
particulièrement pour les pays membres de l’OMC. Par conséquent, « les firmes
multinationales commencent à repenser leur approche de la JVI ». Pour elles, « il
est maintenant possible de racheter les enjeux des partenaires chinois dans les JVIs
afin de former les firmes/filiales étrangères à 100% » qui leur permettent un contrôle
total et donc de maximiser les bénéfices. Ces changements sont aussi
significativement perçus dans les secteurs sensibles comme l’automobile, le secteur
bancaire et la télécommunication qui étaient contrôlés et limités par le gouvernement
chinois (Teng, 2004).
De même pour le Vietnam, jusqu’à la fin des années 1990s, la firme/filiale
étrangère à 100% n’est fiable que dans certains secteurs en raison des restrictions
et des lourdes procédures administratives, celles qui handicapent son
fonctionnement. Pendant la période 1991-1995, il y a seulement huit JVIs (61% de
cas et 64% du capital parmi des changements) qui sont transformées en
firmes/filiales à 100%. Combinant avec des incertitudes et des ambiguïtés des
conditions d’investissements étrangers, la JVI (70%) est une forme préférée. Depuis
1996, plusieurs changements de la LIE sont adoptés par le gouvernement
vietnamien en permettant des investissements sous forme des firmes étrangères à
100% dans plusieurs secteurs additionnels, la situation est changée. L’effet est donc
que pendant les années 1996-2000, 77 transformations (74% de cas et 92% du
capital parmi des changements) des JVIs en firmes/filiales à 100% sont réalisées
(sources de DPIE).
Dans les années prochaines, cette tendance de transformation de la JVI en filiale
accéléra suite aux changements encore plus dramatiques lors que le CEPT
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(Common Effective Preference Tariff) serait complètement appliqué au Vietnam en
2006 selon l’accord de l’AFTA (ASEAN Free Trade Area) avec les tarifs préférentiels
de zéro à cinq pour cent pour les membres ASEAN (Association of South East Asian
Nations). En plus, afin d’obtenir l’objectif d’être membre de l’OMC à la fin de cette
année 2005 (Vietnam Development Report 2005), le gouvernement vietnamien
s’engage à encore améliorer l’environnement d’investissement et encore libérer
l’IDE au Vietnam.
Nous supposons donc que :
Hypothèse 3 : L’interruption de la JVI est négativement associée aux restrictions et
aux interventions directes du gouvernement local. Et, un relâchement de ces
dernières accélère l’interruption vers la filiale.
3. La concurrence et l’accroissement du nombre des firmes
Dans la sous-section précédente, nous avons analysé le changement politique,
nous examinons ensuite ici les deux autres facteurs courants qui pourraient
influencer l’interruption de la JVI dans les pays émergents : la concurrence et
l’accroissement du nombre des firmes dans l’industrie de la JVI. À l’égard d’une JVI,
la concurrence est perçue sous deux formes : celle interne entre les partenaires et
celle externe entre elle et les autres rivaux dans son industrie. Tandis que la
concurrence interne est un attribut intrinsèque de la JVI, la concurrence externe est
supposée avoir une relation positive avec le nombre des firmes dans l’industrie où la
JVI se trouve.
L'économie de l'organisation industrielle suppose que l'augmentation du nombre
des firmes dans une industrie stimule la concurrence, donc diminue la rentabilité de
l’industrie, et également ralentit la vente d’une firme individuelle (Scherer et Ross,
1990). Si la concurrence externe s’accroît, elle pourrait résulter de plusieurs
possibilités : Premièrement, la JVI ne peut plus résister la concurrence des autres
firmes rivales (domestiques, multinationales et les autres JVIs), elle perdra sa part
de marché et serait liquidée ou vendue par les partenaires. Ou bien, la firme
multinationale peut également chercher à éliminer la partie locale en transformant la
JVI en filiale qui lui permet un contrôle total, puis une réduction des conflits facilitant
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
le processus de prise de décisions et de sécuriser ses nouvelles ressources
stratégiques investies. Dans cette perspective, la JVI est vulnérable et a moins de
chance survivante face à un accroissement de la concurrence.
En revanche, cette circonstance de la concurrence intensive peut renforcer la
JVI. Nous illustrons cette dernière par une métaphore provenant du militaire : « dans
la guerre, les partis sont plus solidaires contre l’ennemie ». L’accroissement de la
concurrence consolide donc la relation entre les partenaires dans la JVI, les conflits
peuvent être laissés de côté pour qu’on trouve d’abord la solution sortie de cette
situation difficile. Une combinaison d’un nouvel actif stratégique contribué par la
partie étrangère et des connaissances avancées de celle domestique sur son
marché local permettra à la JVI de gagner un avantage concurrentiel et de retrouver
sa position face aux rivaux. En plus, les firmes multinationales sont souvent limitées
par des fortes restrictions gouvernementales protégeant les firmes domestiques
dans les secteurs perçus tels concurrentiels. La présence d’un partenaire
domestique facilite donc significativement le fonctionnement de la JVI. Et si la JVI
survit, nous pensons que la relation entre les partenaires est positivement
améliorée, et par conséquent, il y a moins de chance que la JVI soit interrompue.
Combinant les deux perspectives présentées, nous supposons que :
Hypothèse 4.a : L’accroissement de la concurrence dans l’industrie influence de
façon ambiguë l’interruption de la JVI.
D’autre part, dans les économies émergentes, analysant certaines industries en
croissance, Luo (2001) suggère que la liaison entre l’accroissement du nombre des
firmes et la concurrence n’est pas toujours positive. Un fort accroissement du
nombre des firmes dans une particulière industrie peut signifier un grand potentiel et
des opportunités du marché ou des interventions limitées du gouvernement local
dans ce secteur. Il peut également « refléter la croissance de cette industrie, mais
ne pas simplement l’accroissement de la concurrence au moins dans plusieurs
années » (Jefferson et al., 1992). Les nouveaux entrants, y compris les firmes
multinationales, s’y ruent avec pour objet d’anticiper les opportunités et de chercher
un rendement élevé. Ces derniers avec des barrières faibles d’entrée supposent que
les conflits entre les parties sont potentiels (Kogut, 1989) et que les firmes
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multinationales préfèrent un mode de gouvernance comme la filiale que la JVI (Luo,
2001) en éliminant la partie domestique, celle qui lui permet de maximiser le
bénéfice. La chance d’une JVI d’être convertie à la filiale est donc augmentée.
Hypothèse 4.b : L’accroissement du nombre des firmes dans une industrie
particulière en croissance stimule l’interruption de la JVI, possible vers la filiale.
Concernant la concurrence interne, la littérature suppose que la JVI entre les
concurrences directes est plus probable d’être interrompue que celle entre les
indirectes (Kogut, 1989 ; Park et Russo, 1996 ; Park et Ungson, 1997). Pour faciliter
son intégration et bénéficier des infrastructures basiques et des connaissances
vitales sur le marché local, la firme multinationale peut être motivée à s’engager
dans la JVI horizontale avec une firme domestique dans le même secteur d’activité
avec elle. Par conséquent, les sociétés-mères de la JVI sont des firmes
concurrentielles directes sur le marché aval local. La crainte est particulièrement
perçue dans ce type de la JVI où « les partenaires présents peuvent facilement
devenir les ennemies futures » (Harrigan, 1988). En plus, les buts des parties sont
probablement contradictoires, par exemple : tandis que la partie étrangère met
l’importance sur la maximisation de bénéfice, la partie domestique soutenue par son
gouvernement local vise l’apprentissage organisationnel. Le cas pire est la JVI dans
laquelle les deux sociétés-mères en concurrence cherchent à maximiser leurs parts
sur le marché local. Dans ces cas, l’obtention de chaque but contradictoire est au
détriment de la JVI (Kogut, 1988 ; Park et Russo, 1996).
D’autre part, la JVI entre les firmes concurrentielles directes stimule le risque
d’opportunisme d’apprentissage organisationnel. Car « l’apprentissage est cumulatif,
et la performance de l’apprentissage est maximale quand l’objet appris est lié à ce
qu’on connaît déjà » (Cohen et Levinthal, 1990). Dans cette circonstance, la partie
domestique a une grande opportunité d’identifier, d’apprécier, puis d’assimiler les
actifs stratégiques et enfin avec le soutien de son gouvernement local, d’éliminer la
partie étrangère en internalisant la transaction.
Nous supposons donc que :
Hypothèse 4.c : La JVI entre les concurrences directes est plus probable d’être
interrompue que celle entre les indirectes.
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
4. La réciprocité entre les partenaires
Dans les pays émergents, les firmes multinationales sont toujours face aux
comportements opportunistes d’apprentissage organisationnel du partenaire
domestique soutenu par son gouvernement local. Les deux autres caractéristiques
graves perçues sont une vision souvent à court terme (principalement sur le
bénéfice) et le comportement moins communicable et moins responsable du
partenaire domestique (Child et Markoczy, 1993). Pour résoudre ce problème, des
nombreux auteurs mettent l’importance sur la réciprocité entre les partenaires
(Schelling, 1960 ; Beamish et Banks, 1987 ; Kogut, 1989 ; Williamson, 1994).
Concernant cette dernière, Schelling (1960) suggère que la bonne foi peut
parvenir par la confiance et/ou par l’échange des otages. La confiance peut
simplement être atteinte par la continuité de la relation de partenariat, et par la
perception de chaque un que le gain opportuniste à certain moment est beaucoup
inférieur à ce qu’il peut obtenir sur une longe série des coopérations futures
(Schelling, 1960). De même, selon Beamish et Banks (1987), la JV ne peut être
établie que dans une situation de confiance mutuelle et des engagements de succès
commerciaux à long terme, dans laquelle le risque d’opportunisme est maîtrisé et
réduit. En plus, si ces attitudes positives sont renforcées avec la perspicacité
managériale (une division adéquate de bénéfices, la prise de décision commune et
un bon système de récompense et du contrôle), les comportements de recherche
d'intérêt personnel pourraient être minimisés (Williamson 1994), également les
parties pourraient prendre une vision à long terme en maximisant le bénéfice
conjoint.
Au Vietnam, Nguyen (2005) démontre que les trois critères qui construisent la
confiance entre les parties sont relativement (1) le calcul de coûts/bénéfices, (2) la
connaissance des partenaires et (3) l’attachement émotionnel aux partenaires.
Autrement dit, le premier critère de la confiance vient des succès passés ou bien
des bénéfices gagnés du partenariat. Ainsi, il propose que la relation entre les
partenaires évolue en fonction des deux étapes distinguées : l’apprentissage et la
compréhension/identification entre les partenaires. Ce processus se base de fait sur
les transferts mutuels des ressources ou sur l’apprentissage organisationnel qui
représente des problèmes sérieux opportunistes dans la JVI au Vietnam.
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Tandis que la confiance est informelle et n’est pas totalement assurée face à
l’opportunisme du partenaire à certain moment, les otages mutuels sont considérés
comme un moyen économique de stabiliser la relation coopérative entre les
partenaires (Williamson, 1994). Les parties participent à la JVI en y apportant leurs
actifs spécifiques, et donc créent une relation mutuelle de dépendance. Par ces
otages contribués, tous les partenaires s’engagent eux-mêmes à la transaction en
proportionnellement partageant les gains et les pertes de la JVI. Cela peut
significativement réduire le comportement opportuniste au détriment de la relation
mutuelle à long terme, et notamment peut motiver la participation active du
partenaire à la transaction. Cette dernière devient très importante dans les pays
émergents où le partenaire domestique est perçu moins responsable (Child et
Markoczy, 1993).
Généralement, une bonne réciprocité constituée par la confiance et l’échange
des otages mutuels limite les conflits opportunistes en facilitant les transferts des
informations, des technologies et des compétences organisationnelles entre les
partenaires. Toutes les énergies pourraient donc être consacrées à atteindre les
buts conjoints à long terme. Dans ce cas, la JVI est plus stable et a moins de
probabilité d’être interrompue. Par conséquent, nous supposons que :
Hypothèse 5 : Le degré de la réciprocité entre les partenaires est négativement
associé à l’interruption de la JVI.
Nous avons analysé les conflits entre les partenaires comme une des causes
principales de l’interruption d’une JVI. Les raisons peuvent également provenir des
distances culturelles et organisationnelles ou des buts contradictoires des
partenaires qui résultent des désaccords du fonctionnement de la JVI. Comme les
solutions, cette sous-section analyse la réciprocité entre les partenaires comme un
moyen de réduire les conflits et de stabiliser la JVI. Dans une autre approche, Killing
(1982) propose que la domination d’un partenaire ou une société-mère dans la JVI
puisse éviter les débats, les conflits, et par conséquent stabiliser la JVI. Cela est de
fait l’objet de la sous-section suivante.
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
5. Le pouvoir de négociation et la position dominante
Le problème de managements d’une JVI provenant d’une raison qu’« il y a plus
qu’une société-mère » (Killing, 1982). Dans son étude empirique, Killing (1982)
trouve que la JVI où les partenaires partagent également le management est plus
probable d’être interrompue que celle dominée par un partenaire (taux d’interruption
de 50% contre 15%). Il propose donc que ce problème des conflits puisse être
résolu si la JVI est gérée comme une filiale par un partenaire dominant. La position
dominante est illustrée par le rôle actif décisif dans le processus de prise de
décisions. Le partenaire dominant s’occupe toutes les opérations et les décisions
stratégiques, et les autres jouent des rôles passifs silencieux dans la JVI. Celui
dominant nomme tous les managers qui sont les siens ou sélectionnés par lui-
même, le conseil d'administration joue seulement un grand rôle cérémoniel formel.
La JVI intègre de fait au système de management en tant qu’une des filiales de la
société-mère dominante. Dans ce cas, car les conflits sont évités, ce type des JVIs
est plus facilement géré, et par conséquent, plus performant que les JVIs où les
partenaires partagent le management.
Face à la pression du gouvernement local, la firme multinationale s’engage dans
la JVI dans laquelle elle joue un rôle dominant actif. Elle cherche donc un partenaire
domestique (souvent les entreprises privées vietnamiennes) qui a moins voire n’a
pas de connaissances sur le domaine d’activité de la JVI pour éviter le risque de
l’apprentissage organisationnel, qui se contente sa position passive, et qui
n’appartient pas ou n’est pas directement contrôlé par le gouvernement local. Ce
partenaire passif est récompensé par une grande somme d’argent ou un
pourcentage des bénéfices en réalisant une influence très limitée sur la JVI et en
croyant la capacité et l’honnêteté du partenaire dominant (Killing, 1982). Cependant,
Killing (1982) néglige les JVIs forcées par la législation avec le gouvernement local
ou avec une entreprise d’État.
Supporté le résultat de Killing (1982), Beamish (1985, 1988) confirme qu’il faut
éviter la JVI également partagée le contrôle entre les partenaires car cela amène
souvent à « la situation d’impasse de prise de décision ». Ainsi, il trouve
contrairement avec Agarwal et Ramaswami (1992) que la contribution et la position
dominante peuvent ne pas être positivement liées. Une société-mère dominante qui
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possède une part minoritaire peut totalement contrôler la JVI si le partenaire passif
l’accorde. Cela est particulièrement significatif dans les pays en développement, y
compris les émergents, où le partenaire domestique est souvent celui majoritaire
dans la plupart (79%) des JVIs (Beamish, 1985, 1988).
D’autre part, Beamish (1985, 1988) s’oppose à Killing (1982) en affirmant que le
partenaire domestique ou celui minoritaire dans les pays en développement a
souvent une voix dans le management de la JVI. Pour expliquer cette proposition,
nous pensons que, motivée par les besoins des ressources locales, par l’intégration
et par un accès immédiat à ce marché étranger (voir la partie I.2), la firme
multinationale préfère un partenaire domestique qui peut l’aider, au moins lors de
son entrée, plutôt que celui passif comme dans l’exemple de Killing (1982). De plus,
dans les JVIs avec le gouvernement local, ce partenaire domestique n’accepte
souvent pas cette situation asymétrique. Par conséquent, Beamish (1985, 1988)
ajoute la notion de la dominance partielle dans les JVIs. Par exemple, les décisions
importantes concernant les dépenses ou le capital sont occupées par une partie
(étrangère), l’autre (domestique) joue un rôle dominant dans les décisions moins
importantes comme le planning.
Également, Beamish (1985) explique la préférence de la position minoritaire de
la firme multinationale non seulement par le fait qu’elle peut éviter les restrictions du
gouvernement en profitant des règlements et/ou les avantages fiscaux locaux, mais
également par des autres raisons plus larges et implicites. Par exemple, un directeur
justifie son choix d’une position minoritaire dans une JVI dans un pays caractérisé
par une forte corruption qu’il est mieux de ne pas avoir un haut profil. Un autre
manager remarque aussi que les JVIs où les sociétés-mères multinationales
possèdent moins de 50% paraissent simplement dans les déclarations financières
comme les investisseurs, mais pas comme les propriétaires ou les copropriétaires.
Par conséquent, si les conditions environnementales, notamment les facteurs
politiques, restent stables à moyen ou assez long terme, nous supposons aussi
dans les pays émergents que :
Hypothèse 6.a : La JVI dominée par un partenaire est moins probable d’être
interrompue que celle où le management est également partagé.
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Selon Agarwal et Ramaswami (1992), « la position [(dominante active ou
silencieuse passive)] d’une société-mère dans la JVI provient de sa contribution ou
sa part de la propriété [(beaucoup ou moins)] dans cette affaire à l’étranger ». Cette
proposition est supportée dans les pays développés, mais apparaît incorrecte dans
les pays en développent y compris les émergents (Beamish, 1985, 1988). Cela
implique une question d’où vient-elle la position dominante ? Malheureusement, bien
qu’ils concluent ensemble que les JVIs dominées par un partenaire sont plus
stables, ni Killing (1982), ni Beamish (1985, 1988) n’y répondent.
Dans son étude, Killing (1982) suivi par Beamish (1985) définit la position
dominante ou silencieuse d’un partenaire en fonction de son rôle décisif actif ou
passif dans le processus de prise de décisions. Nous inférons ensuite ce concept en
le mettant en relation avec le pouvoir de négociation du partenaire (Agarwal et
Ramaswami, 1992 ; Inkpen et Beamish, 1997) qui influence de même manière ce
processus dans la JVI. Plus le pouvoir de négociation d’un partenaire est grand, plus
probablement il peut jouer un rôle dominant. Cela est très important, notamment
dans les JVIs forcée par le gouvernement dans lesquelles la partie étrangère
cherche à imposer sa position dominante pour conduire la JVI selon sa propre
direction, tandis que la partie domestique soutenue par son gouvernement veut
aussi participer aux transactions afin de faciliter et d’approfondir son apprentissage
organisationnel.
Négligeant la part ou la contribution de chaque partie, nous analysons l’origine
du pouvoir de négociation qui peut permettre à un partenaire une position dominante
dans la JVI. Selon la théorie éclectique (Dunning, 1980, 1985), le pouvoir de
négociation provient de l’avantage "O" (Ownership), autrement dit les ressources
spécifiques contribuées de la firme à la JVI (Agarwal et Ramaswami, 1992 ; Inkpen
et Beamish, 1997).
Concernant le partenaire domestique, son pouvoir est constitué par ses
ressources spécifiques pour la firme étrangère, par exemple : sa caractéristique
domestique en tant que telle, ses connaissances, ses infrastructures sur le marché
local. Cependant, ses technologies, notamment « ses facteurs humains » sont
estimés obsolètes, par exemple : les managers vietnamiens sont souvent critiqués
par des compétences managériales très limitées (Kim, 1996 ; Kamoche, 2001).
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D’autre part, nous soulignons ici que les restrictions gouvernementales à l’égard des
firmes internationales contribuent également à une source importante au pouvoir du
partenaire domestique. Si ces restrictions sont strictes, le rôle de ce dernier est
éventuellement essentiel. Au contraire, si les restrictions sont relâchées, il peut
devenir inutile dans la JVI lors d’un apprentissage organisationnel et/ou les
expériences accumulées du partenaire étranger. Il faut aussi remarquer que les
ressources spécifiques sont bien protégées par la firme multinationale. Il est donc
très difficile pour le partenaire domestique de profiter de sa chance d’apprentissage
organisationnel afin d’améliorer son pouvoir de négociation et puis d’éliminer la firme
étrangère.
En revanche, pour le partenaire étranger, son pouvoir de négociation provient
aussi de ses ressources souvent perçues comme les nouvelles technologies, les
connaissances et les compétences expertes. Plus ses ressources sont spécifiques,
plus du pouvoir il obtient non seulement face au partenaire domestique dans la JVI,
mais également avec le gouvernement du pays investi (Lecraw, 1984 ; Agarwal et
Ramaswami, 1992). Son pouvoir peut augmenter grâce à un apprentissage
organisationnel et des expériences accumulées sur le marché local, mais dépend
négativement des restrictions du gouvernement local.
Selon Agarwal et Ramaswami (1992), l’effet d’un "O" très spécifique est lié à la
préférence d’un mode plus hiérarchique comme la filiale pour le protéger contre
l’opportunisme, particulièrement dans les pays tels que les émergents où le système
de protection intellectuelle est faible (Luo, 2001 ; Nguyen, 2005). Ce mode de la
filiale est peut-être « la meilleure condition d’investissements » à négocier si la firme
multinationale obtient un seuil de pouvoir de négociation. Cela s’accorde
parfaitement avec notre troisième hypothèse concernant les restrictions du
gouvernement : un relâchement de ces dernières permet une augmentation du
pouvoir de négociation de partenaire étranger, ce qui lui permet ensuite de
transformer la JVI en filiale en éliminant celui domestique inutile. Donc :
Hypothèse 6.b : Plus le pouvoir de négociation de la partie étrangère dans une JVI
est grand, plus cette JVI est probable d’être interrompue vers la filiale.
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
6. Les objectifs stratégiques
Quand ils s’engagent dans la JVI, chaque partenaire vise son propre objectif.
Leurs objectifs peuvent être communs, par exemple : le bénéfice à long terme ; ou
peuvent être contradictoires, par exemple : une maximisation de la part de marché
aval des sociétés-mères dans une JVI horizontale. Dans cette sous-section, nous
nous consacrons à analyser l’interruption d’une JVI (1) en raison de l’échec ou de
l’obtention mutuelle des objectifs des partenaires dans la JVI, ou (2) suite aux
changements des objectifs stratégiques des sociétés-mères à certain moment tels
qu’une volonté de recentrage, ou de désendettement, ou de l’internalisation de la
JVI (Meschi, 2004* ; Brulhart, 2005).
a) Les objectifs échoués ou réussis
Le premier critère souvent utilisé pour évaluer la réussite ou l’échec d’une JVI est
des mesures « objectives » et notamment financières (Porter, 1987 ; Brulhart, 2005).
Cela est particulièrement sensible dans les pays émergents où les firmes
domestiques préfèrent les gains à court et/ou moyen terme. Une JVI qui n’est pas
rentable est souvent perçue comme ayant mal fonctionnée par le partenaire (et le
gouvernement) domestique. Elle a donc moins de chance de survie, ou peut être
pris fin par ce dernier. En revanche, les firmes multinationales adoptent des visions
différentes en visant l’objectif de rentabilité à long, voire très long terme. Une perte à
court terme ne les soucie pas.
Cette différence fondamentale entre les firmes domestiques et multinationales
est expliquée en raison de la différence de capacité financière entre les parties. La
réalité est que les firmes domestiques, même le gouvernement des pays émergents
sont minuscules par rapport aux grandes firmes multinationales sur le plan financier
(Scheela et Nguyen 2001). Tandis que pour les parties domestiques, son but
basique est de créer plus rapidement possible les bénéfices, ou explicitement de
« mobiliser les objectifs réalisés à court terme à nourrir celui à long terme19 », les
firmes multinationales visent dans le premier temps d’augmenter la part de marché
en lançant des compagnes coûteuses de marketing et de publicité. En réalité, elles 19 Source : lors d’un entretien avec M. NGUYEN Viet Hoa – le président du groupe VICONSHIP (VIetnam CONtainer SHIPping joint stock company).
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peuvent supporter les pertes dans une certaine période ou les compensent par les
gains ailleurs. Par conséquent, nous pensons que si l’objectif financier a échoué à
court et/ou moyen terme, le partenaire domestique mettra fin à la JVI.
Cependant, la JVI est également motivée par plusieurs autres raisons/objectifs
tels que l’accès aux ressources du partenaire, l’apprentissage organisationnel (voir
la partie I.2). Elle n’a alors aussi plus de raison d’être si les parties perçoivent
qu’elles ne peuvent jamais atteindre ces motivations/objectifs ou si les ressources
désirées sont obsolètes et/ou inadaptables pour au moins une partie.
Par exemple, une JVI est formée entre une entreprise d’État vietnamienne
« Transformer Manufacturing Factory » (TMF) et la ABB Suédois/Suisse pour
fabriquer les transformateurs au Vietnam. Malheureusement, la JVI perd sans cesse
de 13 millions de dollars jusqu’en 2002. La raison principale selon la partie
domestique est que la JVI est incapable de concurrencer avec les dix autres rivaux
sur le marché. La TMF ressasse qu’avant le mariage, « elle fabrique un produit
supérieur », et que les technologies contribuées par ABB sont de fait obsolètes
(Vietnam Investment Review, 2001). Dans ce cas, l’apprentissage n’est plus
désirable, de plus, comme la JVI perd de l’argent, il est mieux de mettre fin à ce
mariage à l’égard du partenaire domestique.
Tandis que les managers de TMF souhaitent publiquement que la JVI soit
internalisée au sein de sa société-mère vietnamienne, la ABB essaye quatre fois
pendant deux années 2001-2002 d’arranger une transformation vers la firme/filiale
étrangère à 100%. Nous inférons que l’objectif de cette dernière est multiple, mais
peut-être principalement de surmonter les restrictions gouvernementales. Et quand
la présence du partenaire domestique ne contribue plus à son pouvoir de
négociation avec le gouvernement vietnamien, ou bien elle perçoit de l’avoir
suffisamment, la JVI n’a donc plus de raison d’existence pour elle. Comme le
résultat courant, « la ABB gagne le divorce du partenaire local », la JVI devient la
filiale de ABB en mai 2002, après les négociations avec le gouvernement vietnamien
avec un engagement de s’occuper elle-même toute la perte de 13 millions de dollars
(Vietnam Investment Review, 2002).
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 66 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Généralement, nous pensons que dans la JVI, si les objectifs stratégiques sont
perçus de ne pas être atteints au moins par un partenaire, l’interruption de la JVI est
indiscutable. À l’inverse, si les objectifs sont mutuellement atteints, on peut inférer
une vie stable à long terme de la JVI. Malheureusement, ce n’est pas le cas ! La JVI
est aussi interrompue par une liquidation car elle n’a également aussi plus de raison
d’être (Meschi, 2004* ; Brulhart, 2005).
Si les objectifs sont mutuellement atteints pour tous les partenaires, l’interruption
de la JVI est inévitable. La différence est qu’elle est considérée comme une extrême
réussite ou une situation de gagnant-gagnant (Inkpen et Beamish, 1997). Nous
prenons ici un exemple idéal d’une JVI dans laquelle la firme domestique s’y engage
avec pour objet d’apprendre les compétences de la gestion des alliances
internationales (supposons qu’elle a plusieurs autres à gérer). Ainsi, l’objectif de la
firme étrangère est de maintenir certains personnels performants mais
excédentaires à présent. Selon le principe que Nelson et Winter (1982) appellent
« remember-by-doing », elle contribue aux ressources de la JVI. Idéalement, les
parties perçoivent les objectifs l’un et l’autre, la durée de la JVI est déterminée, et
tout a bien fonctionné. À l’échéance du contrat, c’est le moment où les compétences
de la gestion des alliances internationales sont perçues en maturité à l’égard du
partenaire domestique, ainsi que la firme multinationale a besoin les personnels
contribués pour ses propres nouvelles affaires. Dans ce cas, il n’y a pas de raison
de renouveler le contrat en maintenant l’existence de la JVI.
Comme dite extrêmement réussie, les objectifs mutuellement atteints par les
partenaires résultent évidemment de l’interruption de la JVI. Malheureusement, ce
cas est rare ! Il n’est guère que les objectifs propres sont atteints en même temps
pour tout le mode, notamment quand l’objectif est l’apprentissage organisationnel.
b) Un apprentissage réussi
L’apprentissage organisationnel est de fait une des motivations importantes pour
les firmes quand elles s’engagent dans une JVI (voir la partie I.2.3). Exclues les
restrictions gouvernementales, la firme multinationale est motivée par les ressources
concernant le marché, la culture, l’infrastructure domestiques qui peuvent être
considérées comme celles spécifiques des firmes locales. En revanche, ces
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dernières et même son gouvernement ont besoin des nouvelles technologies et des
compétences expertes étrangères.
Cependant, les perceptions des sociétés-mères des attributs transactionnels tels
que la spécificité des actifs stratégiques peuvent être changées dans le temps
(Reuer et al., 2000). Selon Agarwal et Ramaswami (1992), plus les ressources sont
spécifiques, plus la partie qui les possède obtient le pouvoir de négociation qui peut
lui permettre ensuite une position dominante dans la JVI (voir la sous-section 2.5
précédente). On peut également inférer que plus les ressources sont perçues moins
spécifiques par une partie, plus le pouvoir de l’autre est faible. Autrement dit, le
besoin ou la dépendance de cette dernière à la première est diminué(e). Si une
partie obtient suffisamment le pouvoir ou les ressources spécifiques de son
partenaire, elle peut se débrouiller toute seule en éliminant l’autre (Inkpen et
Beamish, 1997). Le moyen clé de cette opération est l’apprentissage organisationnel
qui permet à une partie de la JVI de rendre obsolètes ou d’éroder les ressources de
l’autre (Gomes-Casseres, 1987 ; Hamel et al., 1989 ; Das et Teng, 2000). Par
conséquent, la JVI reste stable pendant aussi longtemps que les partenaires
continuent à acquérir des compétences (Kogut, 1988), et un apprentissage réussi
par au moins une partie est synonyme avec l’interruption de la JVI.
Dans les pays émergents caractérisés par un fort apprentissage opportuniste
organisationnel soutenu par le gouvernement (Child et Markoczy, 1993), la partie
domestique vise les technologies et les compétences de la partie étrangère. Bien
que ces ressources soient souvent perçues bien protégées par sa propriétaire
multinationale (Yah et Gray, 1994), nous supposons que la partie domestique peut
les acquérir. Par conséquent, une amélioration des ressources propres peut
entraîner le changement de la structure de gouvernance. Dans ce cas, plus avec
ses propres ressources dites spécifiques domestiques qui peuvent également se
développer comme le résultat de la croissance de l’économie du pays hôte, elle peut
les exploiter elle-même sans besoin de la firme multinationale (Gomes-Casseres,
1987). Pour ce partenaire domestique, la JVI devient inutile et il est mieux de mettre
fin à sa participation. La JVI est donc interrompue, et si possible (souvent par le
soutien du gouvernement local), est internalisée au sein de la firme domestique par
une vente de la partie étrangère.
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Si la firme multinationale est contrainte par des facteurs domestiques d’un pays
étranger et s’engage dans une JVI avec une firme locale, elle peut également tenter
sa chance en acquérant ces ressources par la JVI et/ou ailleurs. Plus son
apprentissage est réussi, plus son rêve d’une firme/filiale étrangère à 100% est
faisable. Après avoir acquis les capacités désirables, la firme multinationale n’a plus
besoin de celle domestique, elle peut ensuite transformer la JVI en sa filiale à 100%
(Gomes-Casseres, 1987 ; Inkpen et Beamish, 1997).
Bien que le partenaire local accède aussi librement aux ressources stratégiques,
l’apprentissage organisationnel afin d’éliminer la dépendance à l’étranger est
souvent plus difficile pour lui que pour ce dernier (Inkpen et Beamish, 1997). Car les
technologies et les compétences contribuées par le partenaire étranger sont
constituées par une forte combinaison des connaissances explicites ou codifiables,
tacites, complexes et spécifiques. Parmi elles, comme nous avons évoqué (voir la
partie I.2.3), les trois facteurs tacite, complexe et spécifique qui établissent
l’ambiguïté causale empêchent l’apprentissage organisationnel (Arrègle, 1995 ;
Reed et DeFilippi, 1990). Un autre facteur qui facilite le processus d’acquisition des
connaissances organisationnelles est de recruter les personnels compétents clés
sur le marché du travail et/ou directement du partenaire dans la JVI. Par une forte
capacité financière et un décalage du niveau de vie entre les pays développés et
émergents, la firme multinationale peut proposer un salaire plusieurs fois plus grand
que celui de la firme domestique, et donc attire les ressources humaines
domestiques hautes qualifiées. Nous supposons donc que la JVI dans les pays
émergents a une plus grande probabilité d’être interrompue vers la filiale que vers
l’internalisation au sein de la firme domestique.
c) Une volonté de l’internalisation
Selon la littérature sur le choix des modes d’entrée, plus ses ressources comme
les technologies sont spécifiques, ainsi, plus le système de protection intellectuelle
est faible dans le pays investi comme les émergents, plus la firme multinationale
préfère les exploiter elle-même en choisissant la firme/filiale étrangère à 100%
comme le mode d’entrée, celle qui lui permet un contrôle total, une maximisation des
bénéfices potentiels et de les défendre contre l’apprentissage opportuniste (Franko,
1971 ; Agarwal et Ramaswami, 1992 ; Luo, 2001). De plus, elle vise également
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plusieurs objectifs différents tels que la maximisation des bénéfices, l’économie
d’échelle du système global international, ceux qui sont diminués ou contradictoires
avec le partenaire domestique, autrement dits ceux qui favorisent le choix de la
firme/filiale à 100%.
Cependant, comme nous avons expliqué les différentes motivations de la
formation d’une JVI, la firme multinationale s’y engage par plusieurs raisons (voir la
partie I.2), parmi lesquelles, les restrictions du gouvernement local sont les plus
importantes décisives. Mais à tout moment, elle peut chercher à transformer la JVI
en filiale. Par l’apprentissage organisationnel, elle se libère de la dépendance aux
ressources spécifiques domestiques de son partenaire local. Par un bon salaire
proposé, elle peut recruter les personnels performants clés domestiques. Comme
résultat, son pouvoir de négociation augmente dans la JVI, ainsi qu’avec le
gouvernement local afin d’obtenir une meilleure condition d’investissement : d’abord
la position dominée et enfin la firme/filiale à 100% en éliminant la partie domestique.
Les deux exemples très fameux au Vietnam sont les cas de Procter & Gamble et
de Coca-Cola. En raison des restrictions du gouvernement, ces deux firmes
multinationales s’engagent dans les JVIs avec les entreprises d’État vietnamiennes.
Presque avec les mêmes scénarios, après avoir dépensé une grosse somme
disproportionnelle sur la publicité et le marketing qui entraînent des pertes lourdes
des JVIs, « ces firmes américaines sont persuadées » que les JVIs méritent plus
d’investissements. Et elles proposent d’augmenter, bien sûr proportionnellement, les
capitaux des JVIs, sinon elles vont partir. Les géants étrangers utilisent de fait leur
forte capacité financière afin de forcer dehors les parties vietnamiennes qui sont
encore assaillies par les compétences faibles de managements, ainsi que par les
comportements opportunistes d’apprentissage organisationnel. Le dilemme pour le
gouvernement est que malgré son intention de maintenir les JVIs, il n’y a aucune
assurance que ces dernières gagneront après l’augmentation proportionnelle des
capitaux. Enfin, le gouvernement vietnamien doit permettre à Procter & Gamble
d’augmenter sa part à 93% dans la JVI et à Coca-Cola de transformer les JVIs en
ses filiales à 100% (Baker et McKenzie, 2004).
De même, la firme domestique soutenue par le gouvernement peut y participer
avec pour intention d’apprentissage organisationnel, puis d’internaliser l’activité de la
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JVI. Comme nous avons discuté dans la sous-section précédente, sa chance de
réussite est beaucoup inférieure par rapport à la firme multinationale. Car les
ressources contribuées par cette dernière dans la JVI sont non seulement tacites,
complexes et spécifiques, mais également sont souvent bien protégées par son
propriétaire. Mais, tout est possible, nous prenons un exemple d’une JVI Vietnam -
Philippine d’une usine de fermeture à Nha Trang ville. Le partenaire vietnamien
augmente sa part de 30% à 90% et, enfin, à 100% en l’internalisant dans la société-
mère vietnamienne, bien sûr une entreprise d’État (Baker et McKenzie, 2004).
Généralement, dans ce type de la JVI qui est caractérisé par une forte volonté de
l’internalisation au moins d’un partenaire, nous pensons qu’elle est instable car les
conflits sont latents, l’un cherche souvent à éliminer l’autre. Par conséquent, la JVI
est plus probable d’être interrompue vers l’internalisation domestique et plus
probablement vers la firme/filiale étrangère à 100%.
d) Une volonté de recentrage
Pendant une certaine période, l’objectif de la firme peut être la diversification.
Pour l’atteindre, la firme s’engage dans plusieurs JVIs en diversifiant son portefeuille
d’activités. Mais, selon Markides (1995), il existe un optimum de diversification, un
point où les bénéfices marginaux d'une nouvelle diversification sont compensés par
les coûts marginaux de celle-ci. On peut donc s'attendre à ce que les entreprises se
situant en deçà du seuil critique continuent à élargir leur gamme d'activités, tandis
que celles qui ont dépassé l'optimum fassent la marche arrière. Cette opération
appelée « le recentrage » (refocusing) désigne la tendance des groupes à choisir
des stratégies de portefeuille qui renforcent la cohérence de leurs activités en
convergeant vers son niveau « optimal » de diversification. « L'origine du recentrage
viendrait en effet d'un mouvement de correction des excès de diversification et ce
mouvement n'interdirait pas aux firmes déjà focalisées d'élargir le spectre de leurs
activités » (Batsch, 2003). Il existe donc une différence entre la concentration et le
recentrage : la première implique la stratégie générique de concentration ou
focalisation de Porter selon laquelle la firme focalise ses efforts sur une ou un
nombre limité des activités sur un marché. En revanche, le second tient à la
constitution d'un portefeuille diversifié mais optimal. La firme élimine certaines
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activités perçues trop diversifiées (pas forcément non performantes), mais elle peut
aussi encore s’élargir dans les autres activités cohérentes avec son portefeuille.
Concernant une JVI, si elle est malheureusement parmi des activités moins
cohérentes pour une des sociétés-mères (plus possible pour les firmes
multinationales), et si cette dernière suit la stratégie de recentrage de son
portefeuille d’activités à ce moment, la JVI est beaucoup plus probable d’être
interrompue par une vente ou une liquidation. Comme on a provoqué, le problème
ici n’est pas que la JVI est rentable ou perd, mais que son activité est trop diversifiée
par rapport avec celles centrales de la société-mère (Batsch, 2003).
Par exemple, la JVI de fabrication cimentaire entre le groupe taiwanais Chinfon
Global (70%) et les deux partenaires vietnamiens de Vietnam Cement Company
(14,56%) et du comité de Haiphong ville (15,44%) a été interrompue en 2001 par
une vente de la part du partenaire taiwanais au groupe canadien Manulife. La raison
exprimée par Chinfon Global est qu’il voulait concentrer sur son portefeuille central
d’activités des pièces semi-conductrices et des moteurs de motocycles en difficulté à
présent. Il faut rappeler que cette JVI a atteint un chiffre d’affaires de 83 millions de
dollars en 2000, et qu’elle était estimée parmi des JVIs les plus réussites au Vietnam
(Vietnam Economic Times, 2002).
e) Une volonté de désendettement
Nous avons examiné que la JVI est interrompue si elle est financièrement perçue
faible ou non-rentable. Ainsi, on peut également supposer que la situation financière
d’une des sociétés-mères devient difficile avec plusieurs dettes à échéance à payer.
Une des solutions pour cette dernière est de vendre ses enjeux d’une ou des JVIs
qu’elle participe sans attacher de l’importance à la rentabilité de la JVI à vendre.
L’objectif de cette société-mère vise à résoudre sa situation financière difficile,
autrement dite des désendettements.
Ce phénomène s’est parfaitement illustré pendant la crise financière en Asie à fin
des années 1990s, plusieurs firmes multinationales liquident ou retirent des JVIs
dans les pays émergents. Par exemple, le groupe japonais Kanematsu Corporation
perd sans cesse depuis 1997 et jusqu’en mars 2000, ses dettes se sont accumulées
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 72 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
à $1,36 billions. Pour résoudre cette situation, il décide de vendre ses enjeux de
$5,4 millions en Algérie, $5,86 millions en Bulgarie, $3,5 millions en Thaïlande
(Kanematsu Corporation, 2000).
Résumant toutes les discussions de l’interruption de la JVI concernant les
objectifs stratégiques de la JVI et de ses sociétés-mères, nous formons une
hypothèse générale que :
Hypothèse 7 : Les objectifs stratégiques de la JVI et de ses sociétés-mères
influencent strictement l’interruption de la JVI. Plus ils s’approchent à l’un des deux
extrêmes d’être atteints ou de ne jamais être atteints, ou s’ils sont changés pour au
moins un partenaire ou une société-mère, plus la JVI est probable d’être
interrompue.
7. Les intentions stratégiques soutenues par les expériences accumulées des parties en fonction de l’âge de la JVI
Dans les sous-sections précédentes, nous avons analysé plusieurs raisons
d’interruption d’une JVI dans les pays émergents. Nous consacrons celle-ci à
généraliser les intentions stratégiques des parties dans la JVI. Tandis qu’il existe
des intentions instantanées comme les volontés de recentrage, et de
désendettement suite aux événements à court terme qui influencent la JVI ou les
sociétés-mères, nous voudrions mettre l’accent sur les intentions stratégiques à long
terme des partenaires, celles qui peuvent initialement être déterminées lors de la
formation de la JVI, par exemple : la continuité de la relation à long terme avec le
partenaire choisi, l’apprentissage organisationnel ou la volonté de l’internalisation
des activités de la JVI.
Généralement, nous pensons que ces intentions stratégiques des partenaires
participés quelque soient à court ou long terme influencent fortement de façon
décisive l’interruption de la JVI. Par exemple, si l’objectif de tous les partenaires est
de mutuellement s’engager et de continuer leur relation dans la JVI, la JVI est donc
caractérisée par une confiance mutuelle et les coopérations totales entre les parties
afin de mutuellement atteindre les objectifs communs de la JVI. Face à des
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 73 sur 112
Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
circonstances difficiles, les partenaires qui peuvent encore être plus solidaires
collaborent mutuellement dans la recherche des solutions fiables. La JVI a de fait
plus de chance de survie.
En revanche, si un des partenaires vise l’apprentissage organisationnel ou
l’internalisation des activités de la JVI, la situation devient très différente. Ce
partenaire va toujours chercher en attendant son occasion ou en déstabilisant son
partenaire et/ou la JVI afin de réaliser son intention déterminée, ce que Le Roy
(2004*) appelle « le comportement stratégique ». Dans ce cas, la JVI est
caractérisée par des conflits, l’opportunisme, et par conséquent par l’instabilité.
Nous pensons donc que l’interruption est un événement évident comme les cas des
firmes américaines Procter & Gamble et Coca-Cola, le problème est simplement le
temps : quand son rêve serait-il réalisé ?
D’autre part, la littérature de la JV implique souvent deux facteurs : (1) l’âge de la
JV et (2) les expériences accumulées des partenaires ou des sociétés-mères dans
le pays investi et dans les autres pays similaires. La relation entre l’interruption avec
l’âge de la JVI et les expériences des partenaires est encore sujette à débat.
Certains auteurs proposent une relation logique positive, d’une part, certains autres
suggèrent contrairement une relation ambiguïté, d’autre part.
Plusieurs auteurs mettent l’hypothèse que la JVI formée par les firmes qui ont les
expériences de collaborations d’interfirmes est plus stable et moins probable d’être
interrompue. Les expériences de la JVI sont prouvées d’augmenter la tendance de
la firme à participer à des nouvelles JVIs (Madhok, 1997), d’améliorer la
compréhension de la JVI (Lyles, 1987, 1988), de réduire les incertitudes (politique,
environnementales) (Contractor et Lorange, 1988 ; Hennart, 1988 ; Kogut, 1988 ;
Luo, 2001), et de renforcer la performance des firmes investies (Mitchell et al.,
1994 ; Li, 1995, Meschi, 2004). Elles peuvent également aider les partenaires de
concilier leurs conflits, de faciliter la communication et la coopération entre eux.
Cependant, cette hypothèse n’est pas de fait supportée par les travaux
empiriques. Park et Russo (1996) ne trouve que la JVI entre les sociétés-mères qui
s’engagent dans plusieurs organisations coopératives a plus de chance de survie.
Barkema et al. (1997) suggèrent également que les expériences concernant la JVI
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 74 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
sont utiles pour la société-mère dans les pays similaires, par exemple : celles qui
sont dans les pays développés sont positivement appliquées aux JVIs dans les pays
développés, celles qui sont dans les pays en développement supportent les JVIs
dans les pays en développement. Mais généralement, « les expériences ne
contribuent pas à la longévité de la JV » (Barkema et al., 1997).
Plus explicitement, Gomes-Casseres (1987) supporte la conclusion de Franko
(1971) en proposant que les firmes multinationales qui ont des expériences
concernant le réseau global ou international soient plus probables de transformer
leurs JVIs en les filiales à 100%. L’explication est que pour exploiter le potentiel de
l’économie d’échelle accompagnée par chaque croissance, la firme multinationale
doit globalement rationaliser et strictement coordonner leurs opérations dans les
différents pays. Car ce besoin est souvent en contradiction avec les objectifs du
partenaire local, pour éviter les conflits et faciliter l’économie d’échelle d’un réseau
global multinational, elle préfère la filiale. La JVI est donc interrompue si la firme
multinationale possède suffisamment des expériences du réseau global.
De même concernant l’âge de la JVI, les écologistes des populations suggèrent
que toutes les institutions souffrent des « responsabilités des nouvelles », donc que
la probabilité d’interruption réduit avec l’âge d’une JV. Park et Russo (1996) trouve
aussi une relation négative entre l’âge et l’interruption de la JV : plus de temps la JV
résiste, moins probablement elle est interrompue. Les auteurs selon ce point de vue
se trouvent de fait parmi les autres qui proposent les expériences des partenaires
supportent la longévité de la JVI.
Comme le débat lié aux expériences, certains auteurs (Levinthal et Fichman,
1988) proposent contrairement que la probabilité de l’interruption de la JV augmente
dans le temps. Hennart et al. (1998) prouvent empiriquement que l’âge influence de
façon ambiguïté cette probabilité. Nous soutenons parfaitement cette dernière
proposition non seulement concernant l’âge de la JVI, mais également des
expériences accumulées des sociétés-mères. Nous prenons un exemple simple :
lors qu’une société-mère est en situation financière difficile ou elle suit la stratégie de
recentrage, elle fait interrompre la JVI en dépit des expériences des partenaires et
l’âge de la JVI. Mais, nous supposons ici une relation positive entre les expériences
des partenaires et l’âge de la JVI : plus de temps la JVI existe, plus les partenaires
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 75 sur 112
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acquièrent les expériences concernant la politique, le marché, les comportements
domestiques, ainsi que la gestion de la JVI. Ainsi, les expériences facilitent les
intentions stratégiques des partenaires de la JVI.
Si les intentions de tous les partenaires sont la continuité de la relation dans la
JVI, leurs expériences accumulées facilitent la communication, les transferts des
technologies et des compétences de l’un à l’autre, et par conséquent, diminuent les
conflits entre eux. Ainsi, face aux situations difficiles qui émergent, par exemple :
l’accroissement de la concurrence, ils sont plus solidaires dans la recherche
ensemble des solutions fiables, tous sont pour la survie de la JVI.
D’autre part, si l’intention d’un partenaire est l’apprentissage organisationnel, ses
expériences facilitent aussi ce processus. De plus, il peut plus profondément
participer au fonctionnement de la JVI, et donc acquérir plus des connaissances
tacites de son partenaire. Également, s’il vise à internaliser la JVI. Par
l’apprentissage (dans la JVI ou ailleurs dans le pays investi), il supprime d’abord la
dépendance au partenaire domestique, ensuite augmente son pouvoir de
négociation avec le gouvernement pour une meilleure condition d’investissement
telle que la firme/filiale à 100%. Dans ce cas, les expériences accumulées,
particulièrement les relations formelles et informelles avec les autorités locales sont
extrêmement importantes.
À certain moment, si une société-mère veut mettre fin à sa participation dans une
JVI en raison du recentrage ou des désendettements, ses expériences peuvent lui
permettre aussi un prix conforme de vente de sa part, ou de réserver les avantages
établis pour son retour futur potentiel dans le même ou les différents secteurs
d’activités de ce pays local.
En résume, nous pensons que :
Hypothèse 8 : L’interruption de la JVI dépend fortement des intentions stratégiques
des parties participées soutenues par leurs expériences accumulées qui sont
positivement associées à l’âge de la JVI.
Pour illustrer ces intentions stratégiques, nous allons présenter ci-après les deux
cas intéressants des JVIs de Coca-Cola et de VIJACO au Vietnam.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 76 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
III. LA JVI ET LES INTENTIONS STRATEGIQUES DES PARTENAIRES AU VIETNAM
Au Vietnam, les scénarios populaires et monotones sont répétitivement
interprétés par plusieurs géants multinationaux comme Coca-Cola. Ce géant
étranger utilise leur forte capacité financière afin de forcer dehors les parties
vietnamiennes qui sont encore assaillies par les compétences faibles de
managements, ainsi que par les comportements opportunistes d’apprentissage
organisationnel. En revanche, le cas de JVI survie comme VIJACO face à une
situation difficile de démissions massives sous-entendues par les partenaires
japonais est caractérisé par des efforts actifs des managers vietnamiens bien
qualifiés et responsables. Ce sont donc les deux cas que nous allons présenter dans
cette sous-section.
1. Coca-Cola : la pouvoir du géant américain
a) Les scénarios répétitifs d’internalisation des JVIs
En février 1994, les États-Unis soulèvent officiellement l’embargo commercial
avec le Vietnam après 19 ans à partir de leur chute militaire en 1975. 24 heurs après
cette déclaration, Coca-Cola est vendu dans la rue du capital Hanoi.
Immédiatement, le géant américain accélère ses investissements en s’engageant
consécutivement dans trois JVIs avec le gouvernement vietnamien : la première
Ngoc Hoi ($116 millions) avec Vinafimex (30%) dans le Nord en août 1995, la
deuxième Coca-Cola Chuong Duong compagnie ($140 millions) avec une SOE
Chuong Duong (30%) dans le Sud en septembre 1995 et la dernière Coca-Cola Non
Nuoc ($25 millions) avec une autre SOE Da Nang (30%) dans le Centre en janvier
1998.
Pendant trois ans (du milieu de 1995 au début de 1998), Coca-Cola représente
du Nord au Sud, son retour est parfait et si vite au Vietnam. Tout le monde pense
que la formule magique « Coca-Cola » fonctionne au Vietnam. C’est bien le cas sauf
le bénéfice. Les dépenses élevées improportionnelles sur les publicités, les
promotions et les salariés expatriés dépassent les pré-évaluations, et les JVIs qui
vendent principalement sur le marché vietnamien perdent lourdement de l'argent
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 77 sur 112
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sans cesse. Tandis que les parties vietnamiennes sont déstabilisées, Coca-Cola ne
se soucie pas.
Cette situation s’explique publiquement par la différence dans l’objectif
fondamental de chaque partie lors de leurs participations aux JVIs. Les parties
vietnamiennes veulent gagner le plus rapidement que possible des bénéfices car
son but principal est de préserver le capital alloué par l'État. En revanche, Coca-
Cola vise à augmenter sa part de marché en lançant des campagnes très coûteuses
de marketing et de publicité (environ 50% de vente brute). Il est de fait prêt à souffrir
des pertes dans les premières années d'opérations afin de battre des rivaux. Mais,
les parties locales ne peuvent pas disposer pour une telle stratégie. En plus, les
managers vietnamiens sont encore assaillies par les compétences faibles de
managements. La JVI doit donc dépenser à les entraîner ou à employer les
expatriés qualifiés et bien sûr bien payés.
Le premier cas est l’interruption de la JVI Coca-Cola Chuong Duong. Lors des
premières années, les conflits apparaissent principalement autour du problème des
pertes. Cette somme est accumulée de $12,4 millions jusqu’en mars 1998. Et, le
géant veut d’augmenter environ de 30% du capital car « il est persuadé que la JVI
mérite plus d’investissements afin de mieux exploiter et d’atteindre plus de vente ».
Mais pour ce fait, la compagnie Chuong Duong doit contribuer $12,6 millions pour
maintenir sa présence de 30% dans la JVI. C’est donc le dilemme pour la partie
vietnamienne. Son premier but de bénéfice n’est pas atteint, si elle s’engage encore
dans la JVI selon la proposition de Coca-Cola, rien ne l’assure que la JVI gagnera
l’année suivante. Mais elle ne peut aussi pas laisser son partenaire étranger
augmenter la part dans la JVI car selon l’article 8 de la LIE vietnamienne, la
contribution de chaque partie ne peut pas être inférieure à 30% du capital légal.
Stratégiquement, le géant américain propose ensuite que si Chuong Duong ne
peut pas contribuer plus du capital, il puisse acheter la part de 30%, ou bien il puisse
vendre totalement sa part à Chuong Duong. Toutes les solutions semblent être
arrangées par Coca-Cola et restent à choisir pour la partie vietnamienne. Mais cela
se trouve encore plus dans le dilemme. Le capital ne peut pas être augmenté, le
gouvernement ne veut pas une firme/filiale à 100% étrangère d’un géant au
Vietnam, et un rachat de l’enjeu de ce dernier n’a aucun sens pour la firme
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
vietnamienne qui n’a pas de capital pour le faire, pas d’expérience, pas de
technologie pour l’exploiter elle-même. Coca-Cola force que sinon la JVI serait
liquidée. Les mêmes scénarios se sont ensuite produits dans les deux autres JVIs.
Fondamentalement, comment fait-elle une affaire initiale fonctionner ? Coca-
Cola, avec plus 100 ans d’expériences, un géant multinational avec $4 billions de
bénéfices nets en 1997, croit qu’il connaît mieux. Certains observateurs industriels
soupçonnent que le géant tente de mettre knock-out son partenaire domestique, et
donc il ne devra pas partager les revenus si et quand les bénéfices commencent à
affluer. Mais, Coca-Cola démentit cette prédiction. Il souligne qu’ : « il y a aucun
problème du fonctionnement de la JVI, mais juste le capital. Nous avons besoin d’y
contribuer plus d’argent et nous avons besoin une structure équitable et appropriée
qui nous permet de le faire ».
Le partenaire vietnamien demande pourquoi les dépenses dépassent largement
celles qui ont été estimées dans l’étude de faisabilité de Coca-Cola ? La firme
américaine répond que cette étude est juste … une meilleure estimation, et que les
circonstances réelles ne permettent souvent pas à une firme de réaliser exactement
ses plannings. Coca-Cola dit qu’il doit encore prendre son temps à comprendre le
marché vietnamien et le potentiel de ce dernier, mais il est très difficile d’obtenir des
informations nécessaires et solides dans le pays où il représente depuis 1994.
Bien sûr que Coca-Cola n’est pas une seule firme étrangère qui a mal prévu les
circonstances au Vietnam. Mais la question basique est comment une firme avec
une telle expérience dans les pays émergents, précisément dans cette région d’Asie
de Sud-est, peut être si mal dans la prévision et la planification.
Après plusieurs discussions, le gouvernement vietnamien permet enfin à Coca-
Cola d’acheter les parts des partenaires vietnamiens dans les JVIs. Pendant deux
années 1998-1999, ces trois JVIs sont relativement transférées aux firmes/filiales
étrangères à 100% de Coca-Cola. Dans une lettre officielle s’adressée au Premier
Ministre, le ministre du département de planning et d’investissement étranger (DPIE)
qui supporte la transformation des JVIs avec Coca-Cola suppose que cela peut
profiter à l’État pour plusieurs raisons y comprises :
Les pertes potentielles des partenaires locales sont évitées ;
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 79 sur 112
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L’État peut collecter les taxes, notamment lors que les firmes/filiales
étrangères à 100% sont rentables ;
Cette forme d’investissement peut permettre à l’État de recevoir des
locations de la terre (dans les JVIs, ces dernières sont typiquement une
des contributions de la partie vietnamienne).
Ces prédictions semblent raisonnables lors des ventes des parts vietnamiennes
dans les JVIs. Les conditions de ces dissolutions incluent que Coca-Cola doit
supporter toutes les pertes, payer toutes les frais de l’utilisation de la terre et être
responsable elle-même des dettes existantes. Est-ce que c’est est une bonne fin
pour les partenaires locaux ?
b) Le gagnant et le perdant
L’interruption des JVIs avec Coca-Cola au Vietnam est caractérisée par deux
facteurs principaux : les objectifs contradictoires des partenaires et un rôle actif
stratégique soutenu par une forte capacité financière du géant américain. Tandis
que les partenaires vietnamiens mettent l’importance sur la création des bénéfices à
court terme ou plus rapidement que possible, Coca-Cola vise dans le premier temps
à accroître la part de marché, ce qui entraîne des grosses dépenses des promotions
et des publicités. Pour le partenaire étranger, le problème fondamental des JVIs
réside dans les capitaux insuffisants, et donc à augmenter.
Lorsque les pertes deviennent critiques, la meilleure solution pour les
vietnamiens est comme celle réalisée par des ventes de leurs parts dans les JVIs à
Coca-Cola. Les JVIs sont transformées en les firmes/filiales étrangères à 100% de
Coca-Cola. Bien que le géant doive subir toutes les pertes et les dettes, mais il est
désormais autonome de gérer et de contrôler lui-même ses affaires au Vietnam sans
ou moins des interventions directes du gouvernement.
La surprise ici est les rôles si passifs des partenaires vietnamiens. Dans les trois
JVIs de Coca-Cola, ils contribuent de fait 30% du capital légal, essentiellement sous
forme des terrains et des mains-d’œuvre locales. Plus avec le soutien du
gouvernement, ils ont logiquement certain pouvoir dans le management et le
contrôle des JVIs. Pourquoi peut-il Coca-Cola facilement poursuivre sa stratégie
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 80 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
d’expansion au détriment des objectifs des partenaires locaux ? En plus, le scénario
est répétitivement interprété dans chaque JVIs avec Coca-Cola.
Dans les cas des JVIs de Coca-Cola en Chine, Mok et al. (2002) trouvent les
mêmes circonstances que Coca-Cola cherche toujours dans la première étape
d’installation de maximiser sa part de marché. Et, les partenaires chinois sont aussi
contraints par une faible capacité financière. Particulièrement, les auteurs soulignent
que « la stratégie de Coca-Cola est d’acquérir les droits de management et de
contrôle quelque que soit sa part dans la JVI ».
Comparant les cas des deux pays, nous supposons que le problème majeur du
partenaire vietnamien réside dans son rôle passif dans la JVI, peut-être à cause
d’une faible compétence, des managers endormis par les bons salaires et ce que
l’on appelle leur caractéristique moins responsable. Tandis que les JVIs au Vietnam
sont autant rapidement formées que transformées en les firmes/filiales à 100%,
celles en Chine restent en tant que telles – des JVIs en raison des prix trop élevés
de vente demandés par les partenaires chinois (bien sûr soutenus par le
gouvernement chinois). Tandis que les vietnamiens laissent Coca-Cola contrôler les
JVIs et donc à faire ce qu’il veut, les chinois participent au management en limitant
les dépenses sur la stratégie d’expansion du géant américain20.
Par l’expansion, nous pensons que ces transformations si rapides et répétitives
des JVIs avec Coca-Cola au Vietnam peuvent être le produit d’une stratégie
d’internalisation, autrement dit d’une volonté d’internalisation ou plus généralement
de l’intention stratégique du géant américain lors des formations des JVIs. Pour
surmonter les restrictions du gouvernement vietnamien, il s’engage dans les JVIs
avec les partenaires locaux, celles qui lui permettent des présences physiques dans
ce pays, également d’obtenir son objectif de globalisation.
Cependant, le géant ne se contente pas sous la direction ou sous l’influence du
gouvernement local par l’intermédiaire de ses partenaires vietnamiens représentant
dans les JVIs. En plus, nous supposons aussi qu’il préfère d’exploiter lui-même sa
formule « Coca-Cola » spécifique, ainsi d’éviter l’apprentissage opportuniste et 20 Implanté en Chine depuis 1979, la part de marché de Coca-Cola augmente à 12% en 1992, 1993 ; 26% en 1996 ; 33% en 1998 et 40% en 2000 (Mok et al., 2002), donc assez lentement par rapport celle au Vietnam.
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notamment de maximiser le bénéfice à long terme. Dans ce cas, la firme/filiale
étrangère à 100% est le mode le plus favorable à approuver.
Favorisé par les acceptations des rôles passifs des partenaires vietnamiens,
soutenu par ses expériences multinationales accumulées, le géant américain vise le
point le plus faible de son partenaire local qui est sa capacité financière faible. Dans
cette attaque sans défense, le gagnant récompense une somme afin d’adoucir la
douleur du perdant, notamment son gouvernement, et librement conquérir le marché
vietnamien. Maintenant, « [les firmes multinationales] peuvent piloter le système
pour leur propre stratégie », conclut M. NGUYEN Bich Dat, le Ministre du DPIE
vietnamien.
Au Vietnam, les mêmes cas comme Coca-Cola se sont interprétés par certaines
autres firmes multinationales, par exemple : Procter & Gamble, Pepsi et ABB
Suédois/Suisse. Selon un maganer actif vietnamien, tout est à cause des managers
locaux « moins responsables ». Heureusement, il existe des cas, malgré assez rares
dans lesquels la JVI survit grâce aux compétences et à une intention positive des
dirigeants vietnamiens.
2. VIJACO : la survie d’une JVI
Nous présentons ce cas en liant à notre perspective de recherche que nous
souhaitons poursuivre en thèse doctorale sur la survie de la JVI. Dans laquelle, nous
mettons l’importance sur le rôle important décisif des managers de la JVI.
a) La formation et le développement de VIJACO
VIJACO (Vietnam – Japan International Transport Corporation) est une JVI
formée en 1994 à Haiphong ville entre une SOE vietnamienne VICONSHIP
(VIetnam CONtainer SHIPping joint stock company) et les 5 firmes multinationales
japonaises. Le capital légal total de la JVI est de $5 millions qui sont concrètement
répartis comme suivant :
La partie vietnamienne VICONSHIP contribue $2,5 millions (50%) y compris
la location de terre pendant 20 ans, des équipements spécialisés ($1,7
millions en total) et une somme de $800.000 en liquide ;
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
La partie japonaise contribue $2,5 millions (50%) :
Kanematsu Corporation : $950.000 (19%),
Suzue Corporation : $500.000 (10%),
Meiko Trans Co., Ltd : $450.000 (9%),
Kamigumi Co., Ltd : $450.000 (9%),
Honda Tranding Co. : $150.000 (3%).
Le siège se base à Haiphong ville. Le conseil d’administration se compose de 5
représentants vietnamiens et de 5 japonais, le président change entre deux parties
vietnamienne et japonaise pendant tous les 3 ans. Les activités principales de la JVI
sont les services spécialisés de transports terrestres, de transitaires et de logistique
maritime (exploitant des terminaux) de conteneurs au Vietnam.
Concernant les motivations de cette JVI, celles des japonais sont de fait très
intéressantes. Kanematsu est une corporation industrielle multisectorielle (annexe 4)
qui importe des matières premières et exporte ses produits aux pays en
développement, également au Vietnam. Pour faciliter ses activités à l’étranger, le
groupe y forme soit les filiales, soit les coopérations strictes avec ses partenaires
japonais, soit les JVIs. Contraint par les restrictions du gouvernement vietnamien
dans les secteurs des services maritimes (annexe 3), Kanematsu cherche un
partenaire fiable domestique pour confier ses opérations de pré et post
acheminements des marchandises au Vietnam. En plus, il est aussi peut-être motivé
par les ressources spécifiques telles que les certaines infrastructures, les
compétences sur le marché local du partenaire vietnamien. Et donc, il trouve
évidemment VICONSHIP.
Il nous faut rappeler que l’exploitation des services maritimes est encore
monopole au Vietnam par l’intermédiaire du groupe VINALINES (Vietnam National
Shipping Lines) directement dirigé par le gouvernement. Étant un membre important
de VINALINES, VICONSHIP s’occupe toutes les opérations maritimes spécialisées
de conteneurs dans le Nord du Vietnam. Motivé par le projet d’exploitation de
Kanematsu, VICONSHIP accepte de s’engager dans la JVI avec cette corporation
japonaise en espérant également d’améliorer les compétences et les équipements
existants du groupe.
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Cependant, Kanematsu n’est pas spécialisé dans ce secteur d’activité de la JVI.
Le projet est si risqué pour lui s’il y s’engage tout seul avec VICONSHIP. Par
conséquent, Kanematsu insiste ses quatre proches partenaires japonais aussi
multinationaux qui « s’internalisent à côté de lui » et qui se spécialisent dans le
secteur de transports multimodaux et des services maritimes à participer à la JVI au
Vietnam. Peut-être motivés par la globalisation ou car les projets avec Kanematsu
sont souvent assurés, Suzue, Meiko Trans, Kamigumi et Honda Tranding
deviennent l’un et l’autre les partenaires dans la VIJACO.
Depuis son fonctionnement officiel en 1995, le chiffre d’affaires (CA) de VIJACO
augmente chaque année autour de 20%, tandis que les bénéfices ne sont pas
significatifs. Selon M. NGUYEN, le président de VICONSHIP et de VIJACO, l’objectif
de la JVI dans les premières années n’est pas le bénéfice, mais l’accroissement de
CA, donc le fonctionnement, la réputation et l’expansion géographique et des
activités concernées sont prioritaires. Jusqu’en 1999, malgré l’influence de la crise
financière depuis 1997, la VIJACO a doublé son CA à environ $1,5 millions.
Généralement, la JVI vietnamienne – japonaise fonctionne bien sans problème
majeur, l’avenir est prometteur.
Le CA de VIJACO Le CA de Kanematsu
715
7
854
1
1 020
3
1 246
99
1 476
72
2 952
380
3 032
4000
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Chiffre d'affaires BénéficeMile USD
Source : Statistique de VIJACO, 2000
3
-222
-21
-345
-117
0,14
-350-300-250-200-150-100-50
050
1996 1997 1998 1999 2000 2001
Source : Kanematsu Corporation, 2000
Millions USD
b) Les retraits des partenaires japonais
Malgré un bon fonctionnement de VIJACO, chez les sociétés-mères japonaises,
notamment le leader Kanematsu, la situation n’est pas la même. La corporation
Kanematsu est profondément influencée depuis 1997 par la crise financière et perte
sans cesse (de $345 millions en 1999). À fin de septembre 1999, ses dettes se sont
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
accumulées à $154 millions et à $1,36 billions en mars 2000 (Kanematsu
Corporation, 2000). Pour résoudre ce problème difficile, la réforme est adoptée et
Kanematsu décide de liquider et de vendre plusieurs filiales et JVs à l’étranger
(annexe 5) y compris la VIJACO.
Le 20 septembre 1999, Kanematsu envoie officiellement le message de retrait de
sa participation à VICONSHIP (annexe 6). Si l’un des cinq partenaires et qui ne
spécialise pas vraiment dans les activités de la JVI partait, l’influence sera supposée
ne pas être lourde pour le fonctionnement normal de cette dernière. Mais, tandis que
son portefeuille central d’activités ne concerne pas les services de transports et les
services maritimes, Kanematsu joue un rôle leader fondateur pour les autres
partenaires japonais. Et donc, l’effet d’un retrait du leader est que « ses soldats »
font de même.
Pendant trois jours de 12 à 15 octobre 1999, VICONSHIP reçoit consécutivement
les demandes officielles du retrait de Kamigumi, Meiko Trans et Honda Tranding
sauf Suzue. Dans leurs messages, les raisons exprimées sont les mêmes « suite à
la décision de retrait de Kanematsu ». La situation devient plus grave lors qu’en avril
2000, après plusieurs mesures de conciliation, seulement Suzue confirme sa
continuité dans la JVI, mais ne souhaite pas augmenter sa part et exige sa présence
dans le management s’il y aura un changement de la propriété de la JVI. D’autre
part, il regrette de ne trouver aucun remplaçant et souligne qu’il peut toujours retirer
de VIJACO (annexe 6). Les quatre sur cinq partenaires qui contribuent 40% de la
JVI décident de partir. Celui qui reste s’occupe seulement de 10%, et ne veut pas
augmenter sa part. VIJACO ne répondra plus à la condition basique de la LIE
vietnamienne qui exige une participation au moins de 30% de chaque partie.
c) Les ressources humaines : la solution du problème
Face à cette situation difficile, il y a un « petit » changement du personnel de la
partie vietnamienne. À la fin de l’année 1999, le président vietnamien présent du
conseil d’administration de VIJACO (à tour de VICONSHIP) est retiré,
principalement car ce monsieur nommé par le prédécesseur de VICONSHIP ne peut
pas parler l’anglais. M. NGUYEN Viet Hoa, le président de VICONSHIP, décide de
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cumuler lui-même ce poste du président de VIJACO sans rémunération de la JVI, et
dirige directement le processus de négociation avec les partenaires japonais21.
Surprenant japonais, leurs démissions sont immédiatement acceptées par
VICONSHIP ou bien par M. NGUYEN avec les deux conditions suivantes :
VICONSHIP va totalement racheter la part de 50% de la partie japonaise
selon le contrat signé de la JVI VIJACO ;
Et, la valeur de la JVI serait réévaluée selon le prix présent du marché et le
rachat de 50% des parts japonaises va être effectué par ce prix réévalué.
Selon M. NGUYEN, les firmes étrangères se sont souvent fiées d’elles-mêmes et
croient toujours qu’elles sont indispensables pour la partie vietnamienne. « Si on les
prie de rester, elles nous demanderont de payer un prix cher et peut-être impossible,
et donc, on accepte mais on réconcilie également ». En plus, « lors de la formation
de chaque JVI, toutes les parties font toujours efforts de relever le prix de ses actifs
contribués, la réévaluation selon le prix présent du marché va nous donner des
informations très intéressantes ».
Dans la réunion décisive à fin d’avril 2000, M. NGUYEN commence par le fait
que la partie japonaise se retire de sa propre volonté, mais non de VICONSHIP.
Dans ce cas, la JVI VIJACO ne peut plus exister selon la LIE vietnamienne exigée
d’une contribution étrangère au moins de 30%. Donc, VICONSHIP accepte leurs
retraits et va internaliser VIJACO selon le prix présent réévalué du marché. La
valeur réévaluée prévue de la JVI est rejointe avec une perte environ de 50% par
rapport à celle-là présente.
En revanche, si les japonais restent, VIJACO sera optimisée en diminuant les
dépenses nécessaires minimales. Également, une série des autres mesures
d’optimisation est concrètement expliquée par M. NGUYEN.
Face aux arguments raisonnables et notamment à la perte significative, les
volontés japonaises sont vraiment ébranlées. Après la réunion avec VICONSHIP,
plusieurs discussions sont adoptées chez les sociétés-mères japonaises. Enfin,
21 Selon l’entretien avec M. NGUYEN Viet Hoa.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 86 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Kanematsu recule sa décision de retrait de VIJACO, et évidemment, comme une
série des réactions consécutives, les autres partenaires décident également « de
rester à côté de son leader ». L’interruption de VIJACO est donc évitée.
Le résultat exceptionnel d’exploitation de VIJACO en 2000 (le CA de $3 millions,
soit un taux de croissance de 100% par rapport à 1999, et un bénéfice de $380.000)
encourage les partenaires japonais, particulièrement leur confiance sur la direction
de M. NGUYEN cumulant toujours la fonction de président de VICONSHIP et de
VIJACO. Ainsi, la réforme de Kanematsu donne des bons signes efficaces, le
groupe japonais termine la période de perte et commence à avoir des bénéfices. La
JVI est donc toujours survivante jusqu’aujourd’hui.
Conclusion sur la partie II et Perspectives de recherche
Les pays émergents comme le Vietnam sont caractérisés par les fortes
interventions directes (par l’intermédiaire des SOEs et des législations) et indirectes
(par les comportements, les procédures administratives du gouvernement local).
L’environnement est de fait difficile à diriger face aux LIEs en cours
d’accomplissement, à la concurrence de plus en plus intensive, ainsi qu’avec le
problème du pouvoir asymétrique de négociation et des différences langagières,
culturelles, organisationnelles. Ceux qui perturbent la bonne relation entre les
partenaires et le fonctionnement normal d’une JVI. Ceux qui peuvent ensuite
l’amener dans les situations d’impasse, et donc l’interruption de la JVI.
Ainsi, dans ce mémoire présent, nous voudrions mettre l’accent sur les intentions
stratégiques d’interruption de la JVI. Tandis que les intentions instantanées comme
les volontés de recentrage, et de désendettement sont les événements à court
terme, les intentions stratégiques à long terme qui peuvent initialement être
déterminées lors de la formation de la JVI (par exemple : la continuité de la relation
à long terme avec le partenaire choisi, l’apprentissage organisationnel ou la volonté
de l’internalisation des activités de la JVI) influencent de façon décisive l’interruption
de la JVI. Car le partenaire qui adopte cette intention n’hésite pas à déstabiliser
l’autre, ainsi que la JVI afin d’obtenir son but défini. Ce cas est de fait bien illustré
par l’interruption des JVIs avec le géant Coca-Cola au Vietnam.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 87 sur 112
Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
La réussite s’est construite par des chutes. Ce travail vise à identifier les facteurs
qui déterminent l’interruption d’une JVI afin d’encourager sa survie à long terme.
Pour les perspectives de recherche que nous souhaitons poursuivre en thèse
doctorale, une étude empirique sur un terrain semblera indispensable à réaliser pour
réaffirmer nos hypothèses. À partir de cette base, nous essayerons de proposer les
déterminants de la survie d’une JVI face aux situations difficiles.
Par l’expansion, la JVI peut survivre en tant que telle ou sous d’autres formes
avec un changement des sociétés-mères. Nous souhaitons également
profondément étudier en comparaison la stabilité de cette entité avant et après son
interruption, notamment après son internalisation. Par exemple, après la
transformation des JVIs, les firmes/filiales à 100% de Coca-Cola se sont regroupées
dans une entité commune Coca-Cola Vietnam, et cette dernière élargit sans cesse
et commence à créer des bénéfices. Les JVIs ne sont-elles que des formes
intermédiaires afin de faciliter l’entrée rapide au Vietnam ?
Concernant la survie de la JVI, nous voudrions souligner l’importance du rôle des
dirigeants performants qui avec ses réactions actives peuvent réconcilier et éviter
l’interruption comme le cas présenté de VIJACO. Au Vietnam, plusieurs auteurs
critiquent des compétences faibles, obsolètes des managers domestiques qui jouent
de fait les rôles fantoches dans les JVIs. Selon M. NGUYEN, le problème n’est que
le personnel vietnamien : « le niveau d’éducation du Vietnam est faible, mais nous
avons aussi des managers qualifiés qui cependant ne sont souvent pas confiés aux
postes appropriées. Au Vietnam, on préfère les personnes avec lesquelles on
s’entend bien plutôt que celles qualifiées ». On se trouve donc devant le phénomène
d’« un petit mode » de Davis et al. (2003) et de Chabi et Maati (2004), et donc, le
problème apparaît dans la JVI.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 88 sur 112
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
CONCLUSION
Dans la littérature, la JVI n’est pas un nouveau phénomène. Cependant, les auteurs se focalisent principalement sur les pays développés, il y a de fait moins d’études et notamment celles spécialisées sur l’interruption de la JVI dans les pays émergents. Notre travail présent porte donc l’intention sur ce sujet. Après avoir présenté les motivations de formation de la JVI, nous proposons des facteurs qui influencent significativement l’interruption d’une JVI illustrée par certains exemples au Vietnam.
Bilan du mémoire
Les motivations de formation d’une JV sont expliquées par une large gamme
d’approches théoriques, parmi elles, les deux dominantes sont la TCT et la RBV.
Dans le contexte des pays émergents, les firmes étrangères s’engagent dans les
JVIs en première raison des restrictions et des législations du gouvernement local.
La JVI peut être la seule forme faisable. D’autre part, les firmes autant étrangères
que domestiques peuvent être motivées par les ressources spécifiques de l’un et
l’autre. Tandis que la partie domestique a besoin de nouvelles technologies et de
compétences expertes, celle étrangère cherche un moyen de rapidement acquérir
les connaissances nécessaires sur le marché local et peut-être une certaine
infrastructure dans ce pays hôte. Les ressources contribuées ensemble dans la JVI
envoient à la motivation d’apprentissage organisationnel d’un ou tous les
partenaires. Car ils peuvent librement accéder aux ressources spécifiques l’un et
l’autre, ce qui suscite leurs comportements opportunistes de les internaliser et de les
exploiter eux-mêmes. Enfin, une autre motivation importante qui encourage la JVI
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations »
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est le partage des risques y compris culturels, organisationnels, politiques et le
risque lié au temps d’entrée.
Cependant, la JVI est perçue instable et caractérisée par un taux élevé
d’interruption, plus élevé dans les pays émergents que dans les développés, car
l’environnement est différent, plus complexe et plus difficile pour diriger la JVI dans
ces pays émergents (Beamish, 1985 ; Meschi, 2004). Généralement, l’interruption
d’une JVI est négativement associée aux facteurs externes comme (a) les
interventions directes (par les restrictions et les législations) et indirectes (à cause
de la procédure administrative) du gouvernement local, (b) les accroissements de la
concurrence et du nombre des firmes dans une industrie où la JVI se trouve. D’autre
part, les conflits internes provenant (1) de la concurrence (directe ou indirecte) entre
les partenaires, (2) du partage de la propriété et du contrôle et (3) de l’apprentissage
opportuniste influencent négativement la longévité de la JVI. En revanche, la
dominance d’une société-mère peut stabiliser la JVI. Ainsi, les objectifs atteints et
l’intention stratégique supportée par les expériences accumulées positivement liées
à l’âge de la JVI sont de fait les meilleures formes d’interruption pour au moins un
partenaire. Tandis qu’il existe des intentions instantanées comme les volontés de
recentrage (ex. Chinfon Global), et de désendettement (ex. Kanematsu) suite aux
événements à court terme qui influencent la JVI et/ou les sociétés-mères, nous
voudrions mettre l’accent sur les intentions stratégiques à long terme des
partenaires, celles qui peuvent initialement être déterminées lors de la formation de
la JVI, par exemple : la continuité de la relation à long terme avec le partenaire
choisi, l’apprentissage organisationnel ou la volonté de l’internalisation des activités
de la JVI (ex. Coca-Cola et VIJACO).
Intérêts de la recherche
Le présent mémoire présente l'intérêt majeur de s'intéresser à une problématique
peu abordée dans la littérature de la JV. Sur le plan académique, il donne une vision
spécialisée sur les motivations de formation et les déterminants de l’interruption
d’une JVI dans le contexte des pays émergents. Particulièrement, nous mettons
l’accent sur les intentions stratégiques des partenaires, notamment sur celles
planifiées dès la formation de la JVI.
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Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Les apports managériaux semblent essentiels dans la mesure où il est question
d'une problématique à laquelle de plus en plus des firmes voire des gouvernements
des pays émergents vont devoir réfléchir. Il est également intéressant pour les
managers de connaître et donc d’éviter les facteurs qui influencent négativement la
stabilité de la JVI. Nous souhaitons toujours que l’interruption de la JVI ne signifie
pas un échec pour au moins un partenaire, particulièrement au Vietnam.
Limites et perspectives de recherche
La limite majeure de notre travail est qu’il se base principalement sur une revue
de littérature et sur une étude limitée de cas au Vietnam. Mais, le présent mémoire
peut être considéré comme le point de départ de la thèse, une riche analyse de la
littérature accompagnée de certains cas illustrés peut être indispensable et nous
aider lors d’accès au terrain au moment de la thèse.
On dit souvent que la réussite s’est construite par les chutes. Nous souhaiterions
bien poursuivre ce sujet de la JVI dans la thèse. Dans le premier temps, il semble
indispensable de réaffirmer nos hypothèses proposées dans ce mémoire présent
par une étude empirique sur le terrain. Ensuite, nous essayerons de profondément
analyser en comparaison la suivie et la stabilité de la JVI avant et après
l’interruption.
M2R « Pilotage Stratégique et Logistique des entreprises et des organisations » Page 91 sur 112
Étudiant : THANH TU PHAN CRET-LOG « CENTRE DE RECHERCHE SUR LE TRANSPORT ET LA LOGISTIQUE »
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SOMMAIRE DES ANNEXES
Annexe 1 : A.T. Kearney’s 2004 Global Retail Development Index...................100
Annexe 2 : Fiche du pays .....................................................................................101
Annexe 3 : Extrait du décret 27/2003/ND-CP (19 mars 2003) .............................104
Annexe 4 : Kanematsu Corporation ....................................................................105
Annexe 5 : Liquidation and Disposition of Group Companies..........................106
Annexe 6 : Retraits des partenaires japonais .....................................................107
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Notes: 1 Market attractiveness is weighted as follows: law and regulation (5%), population (5%), urban population (5%) and retail sales per capita (10%) 2 Market saturation is weighted as follows: share of modern retailing (10%), modern retail sales area per inhabitant (5%), number of international retailers (10%) and market share of leading retailers (5%) 3 Total weighted score has been recalculated based on maximum score of 71 for Russia to equal 100.Source: A.T. Kearney
Figure 1: A.T. Kearney’s 2004 Global Retail Development Index™ (top 30 emerging markets)
Country risk(economic and
political)
25%
Marketattractiveness1
25% 30%
Marketsaturation2
20%
Time pressure
Score3Country
Geographic area
Weight
56
62
71
83
61
64
52
50
69
68
43
73
59
74
63
74
65
58
70
51
66
88
51
55
86
69
68
45
72
46
56
34
42
60
53
55
29
58
48
38
32
56
38
80
44
52
51
36
46
36
48
79
38
32
81
73
63
45
60
35
77
92
62
43
55
54
90
67
35
60
83
62
70
32
80
39
57
80
59
84
72
42
71
57
41
41
34
84
15
75
100
72
90
76
93
89
66
65
100
76
79
41
67
53
39
75
56
46
47
46
30
8
58
81
4
32
54
18
65
32
100
88
86
84
83
82
76
75
74
73
73
72
71
70
70
70
69
67
66
65
65
64
63
63
62
61
60
54
52
49
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
Russia
India
China
Slovenia
Croatia
Latvia
Vietnam
Turkey
Slovakia
Thailand
Ukraine
Chile
Bulgaria
South Korea
Tunisia
Hungary
Lithuania
Morocco
Malaysia
Egypt
Saudi Arabia
Taiwan
Philippines
Romania
Hong Kong SAR
Mexico
Poland
Indonesia
Czech Republic
Iran
Eastern Europe
Asia
Asia
Eastern Europe
Eastern Europe
Eastern Europe
Asia
Mediterranean
Eastern Europe
Asia
Eastern Europe
Latin America
Eastern Europe
Asia
Mediterranean
Eastern Europe
Eastern Europe
Mediterranean
Asia
Mediterranean
Asia
Asia
Asia
Eastern Europe
Asia
Americas
Eastern Europe
Asia
Eastern Europe
Asia
On the radar screen
To consider
0 = high risk
100 = low risk
0 = low attractiveness
100 = high attractiveness
0 = saturated
100 = not saturated
0 = no time pressure
100 = urgency to goTo avoid Le
gend
Key
Mémoire M2R : L’INTERRUPTION DE LA JVI DANS LE CONTEXTE DES PAYS EMERGENTS
Annexe 2 : Fiche du pays
La république socialiste du Vietnam
(Source : Vietnam Country Report 2005)
Superficie (km2) : 331.114 Population (urbaine) : 82.689.518 (30%) Capitale : Hanoi Monnaie : dong (VND) Président : TRAN Duc Luong Le premier ministre : PHAN Van Khai Secrétaire général du Partie Communiste :
NONG Duc Manh Le Vietnam se compose de 57 provinces et 4 villes centrales administratives (Hanoi, Ho Chi Minh, Hai Phong, Da Nang).
REPÈRES HISTORIQUES
L'histoire vietnamienne est caractérisée par les luttes contre les agressions étrangères. Cela commence avec mille années sous l’influence Chinoise terminée en 939. Ensuite, le Vietnam est colonisé par la France de 1867 à 1954. Quand les français sont battus par forces révolutionnaires menées par Chi Ho Minh, l’arrivée des Etats-Unis qui supportent la résistance du Sud contre le Parti Communiste du Nord amène le Vietnam dans la guerre civile. Cette résistance est battue et le pays se réunit en 1975 sous le régime socialiste.
Gouvernement
L'Assemblée Nationale consiste en 450 membres qui sont choisis toutes les cinq années. Le Président et le Premier ministre sont élus par l'Assemblée Nationale. Le rôle du Parti communiste qui est l'organisation la plus puissante au Vietnam (autours de deux millions membres) est mis en valeur dans Article 4 de la Constitution du pays. Toutes les cinq années, le Congrès National du Parti Communiste réunit pour concevoir et discuter les directions stratégiques du pays.
Démographie
La population du Vietnam est estimée environ 82,7 millions avec un taux de croissance de 1,7% en 2004, c’est donc le second pays le plus populeux en Asie de Sud-est. Mais, 70% de la population vivent dans les zones rurales. Les villes les plus grandes sont Ho Chi Minh ville avec 5,5 millions et la capitale Hanoi avec 3 millions.
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Le plus grand groupe ethnique est le Viet (Kinh) estimé 87% de la population. Il y a 53 autres groupes ethniques (environ huit millions) qui résident plupart aux montagnes. La langue officielle est vietnamienne. Le chinois, l’anglais, le français et le russe sont également utilisés ; les langues ethniques font aussi partie du paysage linguistique du Vietnam.
Économie
L’économie vietnamienne a rapidement changé depuis la réforme « doi moi » en 1986. Le Vietnam est aujourd’hui membre de l’ASEAN et l’APEC et fait progresser les négociations pour accéder à l’OMC (17/28 pays approuvés), prévus à la fin de cette année 2005.
La croissance économique dans la période 1991-1996 est impressionnante avec un taux annuel de PIB (Produit Intérieur Brut) en moyenne de 8%. Elle décline à 4,4% en 1998 à cause de la crise financière, mais remonte autour de 7% dans les dernières années. L’inflation reste contrôlée à 9,5%.
Les exportations principales du Vietnam sont le pétrole brut, le textile, le produit de mer, le caoutchouc, le riz, les composants d’ordinateurs et le café. En 2004, la valeur d’exportation est 26 billions de dollars, avec les partenaires importants qui sont les Etats-Unis (22%), le Japon (14,5%) et l’Australie (7,7%). La valeur d’importation est $31,5 billions y compris des machines et des équipements, le raffinage pétrolier, le textile, l’acier, les composants électroniques et l’engrais, principalement de la Chine (14%), la Corée du Sud (12%) et le Japon (11%).
Vietnam economy’s growth rate 1987-2003
8.5
5.0
-2.6
2.3
7.7
12.8 12.613.4 13.6
14.5
12.6
8.37.7
10.1 10.49.5
10.5 10.2
3.6
6.0
4.7 5.15.8
8.78.1
8.89.5 9.3
8.2
5.84.8
6.8 6.9 7.1 7.3 7.7
-4
-2
0
2
4
6
8
10
12
14
16
1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003
Agriculture Industry Services GDP
Source: General Statistical Office of Vietnam
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Inflation rate
231.8
393.8
34.7 67
.567
.6
17.6
5.2 14.4
12.6
4.5 3.6 9.2 0.1 -0.6 0.8 4.0 3.0 9.5
-50
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003
CPI
Source: General Statistical Office of Vietnam
IDE au Vietnam
321.8525.2 7351275
20272589
3746
6848
8979
4894.24138
15682018
259216211899.6
0100020003000400050006000700080009000
10000
19881989
19901991
19921993
19941995
19961997
19981999
20002001
20022003
Number of projects Total registered capital (Mill.USD) Of which: Legal capital (Mill.USD)
Source: General Statistical Office of Vietnam
Nombre des JVIs interrompues au Vietnam
5
30
42
29
4540 40
57
76
6170
56 5747
25
90
10
20
30
40
50
60
70
80
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Source: General Statistical Office of Vietnam
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Annexe 3 : Extrait du décret 27/2003/ND-CP (19 mars 2003)
IV. Liste des secteurs d’investissements sous conditions :
1. Les conditions des formes d’investissements :
1.1. Les investissements ne sont acceptés que sous forme de contrats coopératifs avec une partie vietnamienne spécialisée autorisée dans ce secteur
- Construction et opération des réseaux de télécommunications locales et internationales ;
- Opérations des presses, radios, télévisés.
1.2. Les investissements ne sont acceptés que sous formes des JVIs et des contrats coopératifs :
- Exploitation et traitement du pétrole, gaz et minéraux précieux et rares ; - Transport aérien, ferroviaire et maritime ; transport public ; construction des
ports et des aéroports ; - Commercialisations des services maritime et aériens ; - Culture ; - Boisements ; - Tour de voyages ; - Production des explosifs industriels ; - Services consultants (sauf consultation technique).
2. Les projets doivent être liés conjointement avec l’investissement dans le développement de sources des matières premières :
- Traitement et production laitiers ; - Production de l’huile végétale et canne à sucre ; - Traitement des bois.
3. Les projets d’investissements dans les services d’importations et de distributions domestiques et dans l’exploitation et traitement du produit de mer sont réalisés selon les règles du Premier ministre du Gouvernement.
V. Liste des secteurs dans lesquels les investissements ne seront pas permis :
1. Les projets qui sont préjudiciables à la sécurité et la défense nationales et aux intérêts publics ;
2. Les projets qui sont nuisibles aux vestiges et culturels historiques, aux bonnes coutumes et traditions du Vietnam ;
3. Les projets qui peuvent affecter de façon défavorable l'environnement écologique ; les projets qui traitent des déchets toxiques apportés de l'étranger au Vietnam ;
4. Les projets qui fabriquent des produits chimiques toxiques ou qui utilisent des agents toxiques interdits par un traité international.
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Annexe 4 : Kanematsu Corporation
Kanematsu Electronics Ltd.
Kanematsu Communications Ltd.
Nippon Office Systems Ltd.
Kanematsu Aerospace Corp.
Kanematsu Food Corp.
Kanematsu Agri-Tech Corp.
Nippon Shokuhin Co., Ltd.
Nippon Liquor Ltd.
Savoury-Japon S.A.
Kanematsu Trading Corp.
Kanematsu KGK Corp.
Kanematsu Petroleum Corp.
Kanematsu Chemicals Corp.
Kanematsu Wellness Corp.
Kanematsu Textile Corp.
Source : http://www.kanematsu.co.jp
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Annexe 5 : Liquidation and Disposition of Group Companies
The Company also executed liquidation and sale of Group companies, and bulk sale of overseas bad debts as follows:
1. Liquidation of Group companies - Kanematsu (Canada) Inc. - Kanematsu (France) S.A. - Kanematsu Iberica, S.A. - World Beam Co., Ltd. - Kan Kaihatsu K.K. - Takara Foods Trading Ltd. - KG International Finance B.V.
2. Sale of Group companies - KM Aspac Pte. Ltd. Sold its 100% equity and all of its credit to NCR Australia Pty Ltd. - Kanematsu Personnel Sold its 100% equity to Niscom Services, Inc. - Kanematsu Kaneka Co., Ltd. Sold its 100% equity to ITOI Corporation - KG Inversiones (Chile) S.A. Sold its 100% equity to a local company
3. Bulk sale of overseas bad debts The Company sold its ¥7,146 million of overseas bad debts to Western investors.
- Credit to North Korea ¥2,125 million- Credit to Iraq ¥3,048 million- Credit to Algeria ¥573 million- Credit to Bulgaria ¥622 million
4. And additional ¥778 million credit to Algeria owned by its subsidiary, Kanematsu Finance Company.
5. Sale of overseas credit The Company sold ¥375 million of credit to Siam Steel Pipes in Thailand to foreign investors.
6. As a result of above (1) to (4), the Company recorded an extraordinary loss of about ¥17.2 billion in this fiscal year on consolidated basis.
Source : http://www.kanematsu.co.jp
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