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Université d’Etat d’Haïti (UEH) Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) Département d’Économie et de Développement rural (EDR) Diagnostic Économique de la Filière de la Canne- à -Sucre dans la Commune de lascahobas

Université d’Etat d’Haïti - jobpaw.com  · Web viewLa production mondiale de sucre de canne est d’environ, actuellement, 60millions de tonnes métriques par an dont 18 millions

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Université d’Etat d’Haïti

(UEH)

Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire

(FAMV)

Département d’Économie et de Développement rural

(EDR)

Diagnostic Économique de la Filière de la Canne- à -Sucre dansla Commune de lascahobas

Mémoire de fin d’études

Présenté par : ANGÉ Maner

Pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur- Agronome

Option : Économie et développement rural

Février 2007

Diagnostic Économique de la Filière de la Canne- à -Sucre dans la Commune de lascahobas

ii

DEDICACES

Ce mémoire est dédié à :

Ma mère Antonine Merilan qui s’est beaucoup tracassée pour ma

formation ;

Ma dulcinée JOUTHE Josleine qui a su m’insuffler à chaque fois que le

découragement me gagnait ;

Tous les paysans qui rêvent d’une Haïti meilleure

iii

REMERCIEMENTS

Je veux en tout premier lieu remercier le Grand Dieu "Créateur" de m’avoir

donné la vie, la santé, l’intelligence et le courage pour boucler ce cycle d’études et

réaliser ce travail.

Ensuite mes mots de remerciement s’adressent :

Au Corps Professoral de la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire

(FAMV) particulièrement ceux du département d’Economie et Développement

Rural, pour leur contribution à ma formation durant ces cinq années d’études

ainsi qu’au personnel de la bibliothèque.

A mon conseiller scientifique, professeur Jean Glody JEAN- BAPTISTE pour

ses remarques pertinentes.

A l’équipe de la COSADH, pour leur support financier tant utile.

Au Dr. DORSAINVIL Fruck pour la documentation mise à ma disposition.

A ma cousine Gilmène ANGER pour sa franche collaboration

A tous mes camarades de la promotion"HORS-PAIRS" pour l’appui

considérable qu’ils m’ont donné. En ce sens, j’aimerais citer quelques- uns

dont je ne cessais d’exploiter les idées : TOUSSAINT Danès, HERVE

Frantzdy, VALEUS Eristin et CESAR Josué.

A tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail : Agr. EDMOND

Bernard, JOAS Léon, RAPHAELLE Mirande, JEAN-MARY J’hems, Wilnès

MAIGNAN, BLANC Moramade etc...

iv

RESUMÉ

Cette étude réalisée dans la commune de Lascahobas a pour objectif de

diagnostiquer la filière canne - à – sucre et de situer l’importance de cette culture,

sur le plan économique. Le diagnostic a été opéré sous trois angles :

1. La structure de la filière2. Son fonctionnement : organisation et circuits3. Ses résultats économiques

Pour parvenir aux fins de cette étude, on a utilisé une méthode simple permettant

d’atteindre notre objectif. En premier lieu, une enquête de prospection a été menée

en vue de bien orienter l’enquête exhaustive et d’établir une typologie pour les

producteurs –transformateurs et les commerçants. En second lieu, on a procédé à

une enquête approfondie, où 30 producteurs –transformateurs et 25 distributeurs

ont été enquêtés. A cet effet, une fiche d’enquête a été élaborée. La méthode

d’échantillonnage aléatoire stratifiée a été retenue. La filière est confrontée à de

nombreuses difficultés touchant à la fois la production, la transformation et la

commercialisation. Certaines variables économiques ont été calculées

Les résultats de cette étude montrent que :

Les principaux acteurs de la filière de la canne sont les producteurs -

transformateurs, les commerçants et les consommateurs.

La production de rapadou et de sirop se fait dans de conditions très difficiles

(cherté et non disponibilité de la main- d’œuvre salariée surtout en période de

pointe, coût élevé des intrants,)

L’itinéraire technique mis en œuvre par les agriculteurs est inapproprié

(mauvais labour, fertilisation inexistante, absence de traitements

phytosanitaires)

Les grands producteurs réalisent une valeur ajoutée de 51913.2 Gdes alors

que les petits et les moyens réalisent respectivement 37437,83 Gdes et

44309.77 Gdes à l’hectare

Les marchandes locales réalisent 9 Gdes/ barre, alors que les « madan Sara » et

les détaillants réalisent respectivement 13.1 gourdes et 5 gourdes

v

Les grands producteurs et les madan Sara sont les principaux bénéficiaires de

la filière car ils réalisent une plus grande marge, alors que les petits

producteurs sont les moins favorisés avec un plus petit revenu en raison du

poids des coûts fixes.

La commercialisation du rapadou est plus profitable pour les Madan Sara car

elles réalisent 0.15 centime pour chaque gourde reçue.

Le prix de vente du producteur représente 66.66% du prix à la consommation.

Le coût de distribution représente 33.33% du prix à la consommation.

vi

Table des matièresDEDICACES.....................................................................................................................................III

REMERCIEMENTS......................................................................................................................IV

RESUMÉ...........................................................................................................................................V

LISTE DES FIGURES..................................................................................................................XI

CHAPITRE I.....................................................................................................................................1

1.1. – INTRODUCTION...................................................................................................................1

1.2.-PROBLÉMATIQUE..................................................................................................................2

1.3. –OBJECTIFS..............................................................................................................................3

1.3.1Objectif général...................................................................................................................3

1.3.2–Objectifs spécifiques..........................................................................................................3

1.4. HYPOTHÈSES...........................................................................................................................4

CHAPITRE II : REVUE DE LITTÉRATURE..............................................................................5

2.1.- ORIGINE ET HISTORIQUE DE LA CANNE -À –SUCRE EN HAÏTI.................................................5

2.2.-PRESENTATION DE LA PLANTE..................................................................................................5

2.3.-LA CANNE –À- SUCRE À L’ÉCHELLE MONDIALE.......................................................................7

2.3.1-Importance économique.....................................................................................................7

2.4.-UTILISATION DE LA CANNE.......................................................................................................7

2.5.-IMPORTANCE ÉCONOMIQUE DE LA CANNE EN HAITI................................................................8

2.6.-LES PRODUITS DÉRIVÉS DE LA CANNE INTÉRESSANT L’ÉTUDE.................................................8

2.8.1.-Le Sirop.........................................................................................................................................82.6.2.-Le Rapadou....................................................................................................................................8

2.7.-LA PRODUCTION DE LA CANNE ET SA RÉPARTITION................................................................9

2.8.-LE CALENDRIER DE PRODUCTION ET DE TRANSFORMATION DE LA CANNE............................10

2.9.-LA CANNE DANS LA COMMUNE DE LASCAHOBAS..................................................................11

CHAPITRE III : PRÉSENTATION DE LA ZONE....................................................................12

3.1.-SITUATION GÉOGRAPHIQUE....................................................................................................12

3.2.- SUBDIVISIONS ADMINISTRATIVES..........................................................................................12

3.3.- SUPERFICIE............................................................................................................................12

3.4.- BIOMASSE VÉGÉTALE............................................................................................................13

3.5.-. BIOMASSE ANIMALE.............................................................................................................14

3.6.- DONNÉES CLIMATIQUES.........................................................................................................15

3.6.1.- Température...................................................................................................................15

3.6.2.- Pluviométrie...................................................................................................................15

vii

3.7. RESSOURCES EN EAU.............................................................................................................16

3.8.- CARACTÉRISTIQUES SOCIO-ÉCONOMIQUES............................................................................16

3.8.1.- Population......................................................................................................................16

3.8.2.- Le Foncier......................................................................................................................16

3.8.3.- Mode de tenure...............................................................................................................17

3.8.4.- Cultures rencontrées......................................................................................................17

3.8.5.- Force de travail..............................................................................................................17

3.8.6.- Outillage et équipement.................................................................................................18

3.8.7.- L’élevage........................................................................................................................18

3.9.- INFRASTRUCTURES ET ASPECTS INSTITUTIONNELS................................................................18

3.9.1.- Infrastructures routières et télécommunications...........................................................18

3.9.2.- Ecoles.............................................................................................................................18

3.9.3.- Environnement commercial...........................................................................................18

3.9.4.- Environnement énergétique...........................................................................................19

3.9.5.- Environnement sanitaire et nutrition.............................................................................19

CHAPITRE IV : MÉTHODOLOGIE...........................................................................................20

4.1-Recherches bibliographiques..............................................................................................20

4.2.- Enquête exploratoire.........................................................................................................20

4.3.- Typologie...........................................................................................................................20

4.4.- Echantillonnage................................................................................................................22

4.5.- Enquête formelle...............................................................................................................23

4.6-. Données à recueillir..........................................................................................................23

4.6.1.- DEPOUILLEMENT...................................................................................................................234.6.2.- Méthodes d’analyse des données................................................................................................24

CHAPITRE V : RESULTATS ET DISCUSSIONS.....................................................................25

5.1-LA STRUCTURE DE LA FILIÈRE.......................................................................................25

5.1.1-Les producteurs – transformateurs.................................................................................25

5.1.2-LES COMMERÇANTS..............................................................................................................25

5.2-STATUT DE LA CANNE DANS L’ÉCONOMIE DE LASCAHOBAS...................................................27

5.2.1-La canne et le système d’élevage dans la zone................................................................27

5.2.2-La canne comme source d’emploi et de revenu..............................................................27

5.2.3-La canne et la lutte contre l’érosion...............................................................................27

5.2.4-La canne et l’alimentation humaine.................................................................................27

5.2.5-La canne et la production de rapadou et du sirop...........................................................28

5.3-RESULTATS ÉCONOMIQUES DE LA PRODUCTION DE LA CANNE-À-SUCRE...............................29

5.3.1-Produit brut (PB).............................................................................................................29

5.3.2-Les consommations intermédiaires..................................................................................29

viii

5.3.3-Les valeurs ajoutées.........................................................................................................30

5.3.4- Marge brute du producteur de canne.............................................................................31

5.3.5-Valorisation de la Journée de travail...............................................................................31

5.4-CARACTERISATION DE LA TRANSFORMATION DE LA CANNE-A-

SUCRE A LASCAHOBAS........................................................................32

5.4.1-Inventaire des ateliers de transformation........................................................................32

5.4.2-Caractéristiques technologiques des moulins de transformation et processus

de fabrication des produits..................................................................................................33

5.5- PROCESSUS DE FABRICATION DU RAPADOU À LASCAHOBAS.................................................35

5.5.1--Caractéristiques technologiques du rapadou.................................................................36

5.5.2- Procédé de fabrication du sirop à Lascahobas..............................................................36

5.6-DISTRIBUTION ET COMMERCIALISATION...................................................................38

5.6.1-Présentation et utilisation du rapadou.............................................................................38

5.6.2-Circuit de distribution des produits dérivés de la transformation de la canne...............38

5.6.3-Les marges de commercialisation....................................................................................40

5.6.3.1- Marge des marchandes locales.................................................................................................405.6.3.2- Marge des «Madan sara»..........................................................................................................405.6.3.3- Marge des détaillants................................................................................................................41

5.6.4-Profitabilité......................................................................................................................42

5.6.5- Analyse du coût et marge de distribution du rapadou....................................................42

5.6.6- Le système de prix pratiqué............................................................................................43

5.7- ATOUTS ET CONTRAINTES DE LA FILIÈRE CANNE- A- SUCRE A LASCAHOBAS

.......................................................................................................................................................45

5.7.1- Du point de vue de la production....................................................................................45

5.7.2- Du point de vue de la transformation.............................................................................48

5.7.3 Du point de vue de la commercialisation.........................................................................49

5.8-ASPECT ORGANISATIONNEL DE LA FILIÈRE CANNE-A- SUCRE.........................52

CHAPITRE 6 : CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS................................................53

BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................................................55

ANNEXE..........................................................................................................................................57

ix

Liste des Tableaux PageTableau#1 : Estimation de la superficie en canne par région…………………….9Tableau #2 : Evolution de la production de la canne ……………………………10

Tableau #3 : Répartition de la superficie de la commune de Lascahobas ……….14

Tableau# 4. Calendrier cultural de la commune de Lascahobas…………………15

Tableau# 5 : Les données climatiques……………………..……………………16

Tableau #6 : Représentation de la typologie…………………………………….23

Tableau#7:Constitution de l’échantillon des intermédiaires …………………...15

Tableau#8 : Produit brut moyen annuel par carreau et par type d’exploitations

……………………………………………………………………29

Tableau #9 Consommation intermédiaire moyenne annuelle par carreau et par

type d’exploitations…………………………………………………30

Tableau #10 : Valeur ajoutée par carreau et par type d’exploitations……………30

Tableau # 11 : Valorisation de la journée de travail…………………..……….31

Tableau12 : Nombre, répartition et type d’ateliers de transformation de canne à

Lascahobas……………………………………………….…………..31

Tableau13 : caractéristiques technologiques des ateliers…………………………….32

Tableau 14: Marge des marchandes locales…………………………………….35

Tableau 15: Marge des « Madan Sara »………………………………………...40

Tableau16 : marge du producteur……………………………………………….41

Tableau# 17 : Répartition des marges…………………………………………..41

Tableau#18 : La Profitabilité……………………………………………………42

Tableau # 19 : Coût et marge de distribution ………………………………….43

Tableau # 20 : Décomposition du prix à la consommation de la barre de Rapadou …………………..…………………………………………44

x

Liste des figures page

Figure 1 : Présentation du circuit de distribution du rapadou… ………. ……26

Figure 2: Fonction de la canne dans l’économie de Lascahobas…………….28

Figure3 : Processus de fabrication du rapadou…….…………………………….37

xi

Liste des sigles et abréviations

COSADH Coordination pour les Actions en Santé et en Développement

d’Haïti

FAO Food and Agricultural Organization

FVD Faire- Valoir Direct

Gdes Gourdes

H /J Homme / jour

HASCO Haitian American Sugar Company

IHSI Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique

IRAM Institut de Recherche et d’Application des Méthodes de

Développement

IFSIS Interim Food Security Information System

MARNDR Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du

Développement Rural

PB Produit Brut

PICV Projet d’Intensification des Cultures Vivrières

SAU Surface Agricole Utile

SOE  Service Œcuménique d’Entraide

TM Tonne Métrique

xii

Liste des Annexes

Annexe A : Caractérisation de la production de la canne

Annexe B : Résultats économiques des exploitations agricoles

Annexe C : Fiches d’enquête

xiii

CHAPITRE I

1.1. – INTRODUCTION

Depuis quelques décennies, l’agriculture haïtienne souffre d’une carence

d’investissements et d’innovations, et se révèle incapable de répondre aux besoins d’une

population sans cesse croissante. Elle est souvent confrontée à de nombreuses difficultés

qui contraignent, de jour en jour, les agriculteurs à rentrer dans un cycle de

décapitalisation. A l’époque coloniale, de nombreuses cultures (canne- à- sucre, coton,

tabac, café ….) faisaient l’objet de cultures d’exportation. Parmi elles, le café est la seule

qui garde actuellement une place sur le marché mondial mais avec une offre

décroissante. Cependant, concernant la canne- à- sucre, elle laisse encore sa trace dans

l’agriculture du pays. Malheureusement, sa production ne permet pas de satisfaire la

demande sur le marché national en ses produits dérivés (sucre, sirop, rapadou….). Cela

résulte des problèmes d’encadrement technique et de manque de moyens de production

adéquats. Ainsi, la commune de LASCAHOBAS, où la canne- à- sucre est encore visible

au niveau des exploitations agricoles n’est pas écartée de cette situation catastrophique

que connaît la production de canne du pays. En effet, cette culture revêt une importance

considérable dans l’économie de la zone. Elle est utilisée comme fourrage d’appoint pour

l’alimentation animale lors des périodes de soudure. Sur le plan environnemental, elle

protège le sol contre l’érosion. De plus, les conditions agro-écologiques sont très

favorables au développement de cette culture dans la zone. Cependant, cette filière,

semble t-il, est confrontée à de nombreuses difficultés touchant à la fois la production, la

transformation et la commercialisation. Ainsi cette étude s’avère d’une telle importance

à pouvoir formuler des propositions pertinentes dans une perspective d’amélioration de la

filière à court, moyen et long termes.

1

1.2.-Problématique

La culture de la canne – à – sucre, l’une des activités du secteur agricole a été considérée

comme l’une des cultures les plus importantes de l’agriculture haïtienne. Elle offre des

produits divers à l’homme. Au cours de la décennie de 1960, elle contribuait à plus de

50% à 60% de devises étrangères dans les caisses publiques (IICA, 1986). La canne

occupait à cette époque une grande place dans diverses régions de par son importance

pour le développement économique du pays. L’industrie de la canne était stratégique

pour l’économie nationale. Elle contribuait directement à plus de 1 milliard de gourdes

au PIB (AGRICOP / IRAM, 1997). Cependant, à partir des années 1980-1990, la

prépondérance de cette culture dans l’économie haïtienne commençait à diminuer.

A Lascahobas, la canne était très visible dans les parcelles. Elle était l’une des

activités les plus rentables de la commune. Avec l’apparition de la maladie du charbon

vers les années 80, les plantations de canne n’ont pas cessé de dégringoler. En plus les

agriculteurs sont laissés seuls pour relancer cette production. La commune de

Lascahobas n’a pas encore bénéficié d’une étude sur la canne-à-sucre. Cette culture

évolue dans une mauvaise situation. Les producteurs disposent d’un espace agricole

faible ne donnant pas accès aux investissements qui leur permettrait d’obtenir une marge

satisfaisante. Selon le rapport du PICVII sur le plateau central, il est mentionné

que  « Seulement 25% des terres de la zone sont cultivables sans risque d’érosion et la

pression démographique est importante, la disponibilité en terres cultivables sans

contraintes majeures est faible, soit en moyenne 0.9 ha par famille ». Les agriculteurs

souffrent d’un manque d’encadrement et de moyens financiers. Selon ce qu’a déclaré

NORVILUS (2001), le trait commun des exploitations agricoles de la région du Bas -

Plateau central, mis à part la taille réduite, réside dans le faible niveau de capital

disponible. Les pratiques culturales de la paysannerie demeurent encore une stratégie de

lutte pour la survie des producteurs et de sa famille fondée sur la logique de subsistance

des exploitations agricoles.

La libéralisation du commerce international et la fermeture des usines sucrières

rendent la filière de la canne plus fragile q’auparavant. Le faible prix au producteur

pratiqué dans la filière surtout avec la chute des cours du rapadou sur le marché a

2

logiquement poussé les agriculteurs à substituer à la canne , le maïs et le haricot dont le

niveau de prix pratiqués sur le marché est plus élevé.

Pour réaliser ce travail, les questions de recherche suivantes sont posées :

La culture de la canne est-elle rentable pour les paysans?

Quelle est l’importance économique de la culture de la canne –à –sucre au niveau des

exploitations?

La commercialisation de la canne et de ses dérivés procure –t-elle une marge suffisante

aux commerçants?

. Cette étude sera menée en vue d’avoir une meilleure compréhension des différents

problèmes (ou contraintes) affectant la filière canne- à -sucre dans la commune de

LASCAHOBAS. Elle doit aussi permettre d’identifier les atouts et opportunités et enfin

proposer des éléments de solutions en vue d’une amélioration de la filière.

1.3. –OBJECTIFS

1.3.1Objectif généralL’objectif principal de l’étude consiste à faire un diagnostic économique de la filière

canne- à – sucre dans la commune de Lascahobas.

1.3.2–Objectifs spécifiquesDe manière spécifique, les objectifs poursuivis sont :

Décrire la filière canne –à -sucre avec les différents intervenants dans la filière.

Déterminer et analyser les résultats économiques générés par cette culture aux

niveaux des différentes catégories d’exploitations agricoles

Déterminer la structure du prix (Rapadou) du producteur jusqu’au consommateur

final.

Etudier les circuits de distribution du produit (Rapadou).

Identifier les atouts et les contraintes relatifs à la commercialisation du produit, la

production et la transformation de cette culture.

3

1.4. Hypothèses

H1: La culture de la canne-à-sucre est rentable pour les agriculteurs.

H2: La profitabilité du rapadou varie avec le type de distributeur.

4

CHAPITRE II : Revue de littérature

2.1.- Origine et Historique de la canne -à –sucre en Haïti :Ce long bambou, originaire d'Asie, s'est répandu à partir du XVIième siècle dans toutes les

zones tropicales à forte pluviométrie, des Canaries à la vallée du Nil, de l'Afrique aux

Amériques. Les informations sont partagées quant à sa date d’introduction en Haïti.

Pour certains, avant l’arrivée des Espagnols dans le nouveau monde, elle était inconnue

et fut introduite dans l’île de St Domingue par Christophe Colomb en 1493. Pour

d’autres, les premières boutures de canne furent introduites en Haïti, en 1506, par Pierre

d’Etienca, à l’emplacement des habitations Charité Duplas, banlieue de Quartier – Morin

(Durosier, 1979).

2.2.-Presentation de la planteLa canne à sucre (Saccharum officinarum) est composée principalement d’eau (75%), de

fibres (10%) et de solides solubles qui sont principalement des sucres (14%). Ces sucres

sont essentiellement du saccharose, du glucose et du fructose (Loozen, 1995 cité

par .INTELL CONSULT-GTZ, 2004). La phase de maturation est favorisée par une

période fraîche, sèche et ensoleillée au cours de la récolte.

Cette plante serait originaire de Nouvelle-Guinée. Elle a un métabolisme du type

C4 et qui réagit nettement à la lumière et l’apprécie en permanence. La canne est une

plante de régions tropicales ensoleillées et qui supporte des températures élevées

(température de croissance : entre 28 et 35 °C).

Le besoin en eau de cette plante se situe entre 100 et 170 mm d’eau par mois de

végétation suivant les conditions climatiques. En saison sèche marquée, il faut entre 1000

à 2000 mm/an. Il faut environ 15 m3 d’eau par tonne de canne produite.

La tige de la plante atteint 2 à 5 m de hauteur pour un diamètre de 2 à 4 cm. Elle ne se

ramifie pas au-dessus du sol mais les yeux souterrains donnent naissance à d’autres tiges.

Une touffe de canne bien « tallée » » peut comporter 10 à 15 tiges.

5

Cette tige se compose d’une succession de nœuds plus ligneux, où sont implantés les

yeux (bourgeons) et d’entre-nœuds gorgés de sucre. Les entre-nœuds peuvent atteindre

30 cm en cas de développement très rapide, mais ont en général 10 à 15 cm. Ils sont de

couleur jaune, verte, rouge violette ou brune selon la variété et rougissent au soleil. La

tige est glabre et présente une mince pellicule de cire. Elle porte des feuilles à gaines

enveloppantes, alternées, mesurant jusqu’à 1,50 m de long et de 3 à 8 cm de large. La

gaine qui protège les yeux est souvent recouverte de poils plus ou moins piquants. Les

racines sont d’abord des racines de boutures qui naissent de l’anneau radiculaire de la

bouture puis des racines de tiges qui se développent en racines superficielles et ramifiées,

racines de soutien plus profondes et racines cordons qui peuvent descendre jusqu’à 6

mètres. 50% des racines se trouvent dans les 25 premiers centimètres et 90% dans les 60

premiers centimètres. Après chaque coupe, un nouveau système racinaire se constitue,

l’ancien servant d’amendement.

L’inflorescence est terminale ; c’est une panicule pyramide de 0,50 à 1m de

longueur, constituée de ramifications primaires et secondaires portant à chaque

articulation des paires d’épillets.

Il y a deux cycles de la canne, selon que l’on considère celui allant de plantation à

plantation et qui peut durer de 3 à plus de 10 ans selon les pays ou celui allant de

plantation ou de coupe précédente à coupe suivante et qui dure au maximum 2 ans et

normalement 1 an.

Le cycle allant de la plantation à la 1re récolte, comporte les étapes suivantes: plantation,

levée, tallage, croissance (aérienne et souterraine), fléchage, maturation technologique,

récolte.

Quand le rendement des repousses tend à s’abaisser, on renouvelle la plantation après

élimination des souches et préparation des sols.

Pour un cycle tropical classique, la récolte, qui doit s’étaler sur la période la plus longue

possible (minimum 4 mois), a toujours lieu pendant la saison sèche et (si possible) fraîche

et se termine avec la saison des pluies. C’est à cette époque que la canne est riche en

sucre.

En culture pluviale, la plantation se fait :

6

- soit dès le début des pluies (c’est-à-dire en fin de campagne), pour des cannes qui

seront récoltées en vierge à 12 mois environ (cannes dites de printemps, d’un an ou

de « « petite culture ») ;

- soit au cours ou vers la fin de la saison des pluies (en inter- campagne), pour des

cannes à récolter à 16 ou 18 mois (cannes dites d’automne, de 18 mois ou de

« « grande culture » ».

Dans le 1er cas, la vierge sera coupée en fin de campagne, les repousses successives

seront récoltées de plus en plus tôt dans la campagne, la dernière coupe étant éliminée au

début de campagne en vue de replantation : il y aura autant de coupes que d’années dans

le cycle, mais les cannes auront eu, chaque fois peu de temps pour mûrir.

Dans le 2e cas, la vierge sera récoltée en début de campagne, les repousses successives le

seront de plus en plus tard, la dernière coupe intervenant en fin de campagne : in y aura

une coupe de moins que d’années dans le cycle mais les cannes auront eu, chaque fois,

plus de temps pour mûrir. C’est par le décalage des récoltes et le choix variétal que l’on

étale la maturation des cannes tout au long de la campagne (INTELL CONSULT,

2004).

2.3.-La canne –à- sucre à l’échelle mondiale

2.3.1-Importance économiqueLa canne-à-sucre fournit les 2/3 de la production mondiale de sucre. C’est une denrée très

riche en saccharose, 100 tonnes par hectare peuvent fournir 12 à 18 tonnes de saccharose.

La production mondiale de sucre de canne est d’environ, actuellement, 60millions de

tonnes métriques par an dont 18 millions font l’objet du commerce international.

La consommation mondiale étant de 60millions TM/an, la consommation apparente mondiale est de 20 kg/an per capita (Latortue, 1997).

2.4.-Utilisation de la canneLa canne est utilisée pour sa teneur en sucre. Certaines variétés sont destinées à être

consommées brut comme dessert, d’autres à la transformation artisanale ou industrielle.

7

Les produits de transformation habituellement recherchés sont le sirop, la mélasse, le

clairin ou le rhum, l’alcool commercial, le sucre amorphe ou rapadou et le sucre ordinaire

dans les grandes usines.

L’alcool provenant de la distillation du jus de canne ou vesou est un excellent substitut au

pétrole. Grâce à lui, le Brésil a économisé en 1979, 400 à500 millions de dollars

américains (Rondest, 1979 cité par Mathieu 1998).

La bagasse, produit de déchet du broyage, est une source d’énergie utilisable dans le

processus de distillation. D’autre part, les moelles de bagasse, partie intérieure molle des

bagasses, peuvent constituer un apport intéressant à l’industrie des aliments du Bétail

(B.Mongodin, 1977 cité par Mathieu 1998).

2.5.-Importance économique de la canne en HaitiLa canne est utilisée actuellement en Haïti pour la Fabrication du rhum, de la mêlasse, de

l’alcool commercial et, par des procédés artisanaux, du clairin, du sirop et du rapadou. Le

sucre faisait l’objet d’exportation jusqu’en 1990, et est également consommé dans le

pays. Mais depuis 1993, nous ne produisons plus de sucre.

2.6.-Les produits dérivés de la canne intéressant l’étude

2.8.1.-Le SiropC’est un produit intermédiaire, dans la production du clairin, du rapadou et de l’alcool. Il

est préparé par cuisson du vesou. Certains ateliers sont équipés de machines pour broyer

la canne.

Après cuisson, le sirop est conservé dans des récipients ou drums pour la vente. Les

principales zones de production du pays sont : St Michel de l’Attalaye, plateau central,

Cadouche, Léogane, Grande Anse.

2.6.2.-Le RapadouLe rapadou haïtien est semblable à d’autres produits rencontrés dans d’autres pays

comme le « Le panela »en Colombie, le « Gur » en Inde, le « Jaggery » en Afrique

orientale. Le rapadou est produit par des petits ateliers de transformation artisanale ; la

production du rapadou ou sucre artisanale, est très localisée. Il n’existe que le plateau

8

central, et St Michel, accessoirement, qui se sont spécialisés dans sa production. On peut

dire sous toute réserve, que le plateau central alimente la République en rapadou.

Toutefois, ce sucre artisanal n’existe pas sur les marchés du Sud et de la Grand Anse.

2.7.-La Production de la canne et sa répartitionLes travaux de IFSIS (Iterim Food Security Information System), utilisant la méthode

des segments au niveau du pays ont accusé une superficie de 62.497 hectares plantée en

monoculture (année 1995).Les 62.000 hectares sont repartis selon les données du

Tableau. La superficie en canne parait avoir baissé de environ 1.5% par an entre 1975 et

1995 passant de 85.000hectares (Lucie Smith 1975, cité par IRAM, 1997) à 62000

hectares en 1995. La superficie en canne est cependant en baisse dans la commune de

Lascahobas.

Tableau 1 : Estimation de la superficie en canne par région en 1997

Aires de Production Superficie en (ha) Tendance

1-Plateau central (Hinche, Thomonde, Maissade, Mirebalais, Lascahobas)

14.000 Hausse

2-Grande-Anse (Miragoane, Petit trou de Nippes, Anse à Veau, Jérémie, etc.….)

13.000 Hausse

3-Ouest (Leogane, Croix des Bouquets, Ganthier, Arcahaie, Petit Goave, etc. …).

10.000 Baisse

4-Nord (Plaine du Nord, Limonade, Trou du Nord, Sainte Suzanne, etc.…)

10.000 Baisse

5-Artibonite( St Michel, St Marc, Gonaives, Gros Morne)

9.000 Hausse

6-Sud (Cayes, Aquin, St Louis, Cavaillon, etc.…)

3.000 Baisse

7-Nord-Est (Madras, Grand-Bassin, Aux Perches, Trou du Nord etc.…)

1.500 Hausse

8-Nord Ouest (Port de paix, St Louis du Nord)

1.000 Stable

9-Sud-Est (Jacmel, Marigot, Bainet, etc.) 500 Stable

Total 62.000

Source : Estimation IRAM, 1997

9

Etant donné que les plantations sont renouvelées en moyenne tous les 10 ans, la récolte

n’ayant pas lieu que 18 mois après le renouvellement et que certains champs (estimes a

10%) ne sont pas récoltés faute de main d’œuvre ou d’êtres absorbés par les ateliers,

avec un rendement moyen de 35 TM à l’hectare, on peut estimer la production nationale

annuelle à 1.750.000 TM. Cette production est affectée entre les différentes

consommations intermédiaires et finales. Le sirop constitue essentiellement un produit de

consommation intermédiaire pour la production du clairin. Le rapadou, produit

principalement dans le plateau central utiliserait 17% de la production nationale de

canne ; la filière industrielle (Rhum) 3% ; la filière de sirop de consommation utilise

également 3%. La consommation finale de la canne (canne de bouche) represente3% de

la production (IRAM, 1997)

Tableau 2 : Evolution de la production de la canne –à- sucre en Haïti en milliers de tonnes de 1991 à 2004

1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2002 2003 2004

1.500 1.429 1.400 1300 1200 1200 1100 1000 1000 800 1010 1050 1080

Source : Bureau de Statistique agricole,MARNDR

2.8.-Le calendrier de production et de transformation de la canneEn générale, les entreprises ne fonctionnent pas ou ralentissent leur production au cours

de la période pluvieuse quand le taux de sucre est plus faible. Toutefois, par rapport à la

vente de produits dérivés (sirop, rapadou) et à la disponibilité de la canne- a –sucre, il y a

lieu de distinguer dans l’année une bonne période, une période passable et une mauvaise

période, s’étendant comme suit :

Bonne période : Novembre – Mars

Période passable : Juillet – Septembre

Mauvaise période : Mars- Juillet

Bonne période : A partir de novembre, le sirop ou la canne est abondant .Le niveau de

prix tend a s’élever parce que cette période correspond à une grande consommation

10

d’alcool, a cause du froid, des fêtes de fin d’années , des fêtes populaires ( carnaval, rara).

Le prix augmente, la production aussi, et les rendements sont meilleurs.

Mauvaise période : Fin Mars- Juillet, c’est l’accalmie des activités, les prix chutent, la

production ralentit considérablement. Avec l’abondance des mangues, on n’est guère

intéressé au clairin et au rapadou. Cette période correspond aussi a une rareté de matières

premières, due a des coupes précoces de la canne durant la saison précédente, des

planteurs qui attendent la prochaine période pour la récolte, et aussi la rareté de la main

d’œuvre pour la coupe de la canne puisque les travailleurs profitent de la saison pluvieuse

pour cultiver leurs parcelles vivrières. Les transformateurs enregistrent également une

baisse des rendements puisque avec les pluies de printemps les champs bourgeonnent, les

cannes sont moins sucrées.

Période passable : Il n’a plus de mangue, la vente commence à reprendre. Les pluies

diminuent, les cannes sont plus ou moins disponibles, et avec un taux de sucre,

légèrement supérieur par rapport au temps.

2.9.-La canne dans la commune de LascahobasOn rencontre des plants de canne dans les associations de culture ou disposes le long des

lisières des plantations et actuellement de plus en plus comme culture anti-érosive

plantée en contre –pente. Cependant, la majeure partie de la canne qui est destinée aux

moulins se cultive en pur dans des parcelles séparées. C’est la culture de rente par

excellence de la région. De nombreux moulins à canne sont alimentes par ces plantations.

De nombreuses variétés sont cultivées (canne Toro, canne 24, canne Dakoun, et…).

Certaines sont cultivées pour la consommation fraîche. Les rendements (exprimes en

purs) varient de moins de 7000Kg/ha dans les mornes à plus de 3500Kg/ha dans les

plaines (moyenne estimée à 35000Kg/ha). A la transformation, le rendement est de 500 à

750 rapadou (sucre brut)

11

CHAPITRE III : Présentation de la zone

3.1.-Situation géographiqueCette étude a été réalisée dans le département du centre plus particulièrement dans

la commune de Lascahobas. De son ancien nom, Les Acajous, Lascahobas a été fondé en

1760 et est élevé au rang de commune en 1814. La commune est située à environ 85 Km

de la capitale du pays. Elle est bornée :

au Nord par le commune de Thomonde,

au Sud par la commune de Savanette

à l’Ouest par la commune de Mirebalais

à l’Est par la commune de Belladère.

3.2.- Subdivisions administrativesLascahobas, en tant qu’arrondissement du département du centre, comprend trois

(3) communes : Lascahobas (Ville des acajous, de son ancien nom), Belladère et

Savanette. Elle est subdivisée en trois (3) sections communales : Petit-Fond (1ère

section communale) ; Juampas (2ème section communale) ; La Hoye (3ème section

communale) ; (IHSI, 1998).

3.3.- SuperficieLa superficie totale de la commune de Lascahobas est estimée à 235,53 km2

(IHSI, 1998). Sur la base de la superficie, Petit-fond est la plus importante des sections

communales. Le tableau ci-dessous donne une idée de la répartition de la superficie de la

commune de Lascahobas à l’échelle des sections communales (Tableau #3).

12

Tableau #3 : Répartition de la superficie de la commune de Lascahobas à l’échelle des sections communales

Sections communales Superficie en Km2 Pourcentage de la

superficie totale (%)

1ere Section Petit-fonds 90.06 38.2

2e Section Juampas 74.30 31.6

3e Section La Hoye 71.17 30.2

TOTAL 235.53 100

Source : IHSI, 1998

3.4.- Biomasse végétale L’arachide (pistache), le maïs, le haricot, la patate douce, le manioc, le Tabac,le

café , la banane et la canne –à- sucre sont les principales cultures pratiquées dans la

zone. Le tableau ci-dessous donne une idée du calendrier cultural des principales cultures

de la commune de Lascahobas (Tableau 5).

La production de l’arachide se concentre surtout dans les sections communales de

La Hoye et Juampas. La culture du maïs est aussi l’une des sources de revenus pour les

planteurs des sections communales. La sécheresse sévissant au cours de l’année (janvier-

avril et juillet-août) entraîne parfois des pertes énormes de récolte dans la zone.

13

Tableau 4. Calendrier cultural de la commune de Lascahobas

Culture Période de plantation et de récolteJanv Fév Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Dé

cMaïs S R

Sorgho R S S S R R

Pois congo (Cajanus cajanus)

R S S SCanne à sucre R : récolte S : plantation

Arachide (Arachis hypogea)

R S S S R R

Haricot (Phaseolus vulgaris)

S S R R S S R R

Vigna S S R R

Manioc R S S S S/R R R R

Source : PICV II, 1998

S : Semis R : Récolte

La végétation climatique a presque totalement disparu sous l’influence anthropique. La

végétation dense arborée (20 à30 arbres/ha) ne subsiste que dans les montagnes peu

accessibles. La vente du bois de chauffe, la production du charbon de bois, la culture sur

brûlis en morne, la coupe pour le bois d’œuvre sont autant de dégradation du couvert

végétal.

Tout le Bas plateau central est classeé dans le type de climat forestier humide de la

région subtropicale (classification Holdridge). Les écosystèmes agricoles dépendent de la

situation topographique et des sols qui se sont développés. A part des montagnes

dénudées, les populations ont adapté des systèmes de cultures (cultures associées et

cultures pures) et des espèces à chaque milieu.

Plaines irriguées : banane, haricot, légumes, maïs, riz

Morne humide : banane, café, cacao, maïs, légumes, tubercules

Morne semi- humide : Maïs, sorgho, tubercules, haricot, canne – à - sucre

3.5.-. Biomasse animaleLe cheptel de la commune de Lascahobas est composé principalement des bovins,

des volailles (canard, poule, pintade, pigeon, dinde), des caprins, des porcins, des équins

14

et des ovins. Les bovins sont prédominants au niveau de la section communale de La

Hoye.

L’élevage des bovins, des caprins, et des volailles est pratiqué dans la zone surtout

à de fins de production. Les bovins sont parfois dressés par quelques rares agriculteurs

pour le labourage (labour à traction animale). Les équidés (chevaux et ânes) servent au

contraire de moyens de transport des produits récoltés sur les exploitations agricoles vers

la maison de résidence des agriculteurs ou vers les marchés de la zone.

3.6.- Données climatiquesD’une manière générale, Lascahobas est classé parmi les zones à forte pluviométrie soit

de 1913mm). Vu l’absence d’une station météorologique bien équipée au niveau de

l’arrondissement de Lascahobas, il a été difficile d’avoir des données spécifiques

relatives à la température et aux vents pour la zone d’étude. De grandes irrégularités

pluviométriques caractérisent la commune.

3.6.1.- TempératureLa température annuelle moyenne dans la commune est déduite de celle de

Mirebalais qui avoisine les 25.1 oC. Les moyennes annuelles des températures varient

entre 20 oC en zone de montagne et 27 oC en zone basse. Ces conditions sont favorables à

une diversité de spéculations agricoles.

Tableau 5 : Les données climatiques

Zone Précipitatio

n moyenne

annuelle

Température

moyenne

annuelle

Evapotranspiratio

n en mm

Précipitation

maximum

Précipitation

minimum

Lasca

hobas

1913m 25 oC 1654.0 3128.0 1109.0

Source : PNUD, 1997 cité par EDMOND Bernard.2004

3.6.2.- PluviométrieGénéralement, la commune de Lascahobas connaît annuellement deux périodes de

sécheresse : l’une allant du mois de janvier au mois d’avril et l’autre du mois de juillet au

15

mois d’août. La pluviométrie annuelle moyenne sur une période de 10 ans est de

1252,36mm inégalement reparties au cours de l’année

3.7. Ressources en eauLes ressources en eau de la Commune sont constituées des rivières (particulièrement celle

de Juan Verte utilisée principalement dans l’hydroélectrique, Lascahob dérivant du

système d’irrigation de Pouly servant dans l’arrosage des terres se trouvant dans la

zone), des sources captées pour la plupart pour l’approvisionnement de la population en

eau potable se trouvant dans la première section. Il y a un lac artificiel qui est celle de

Peligre pour alimenter la centrale hydroélectrique de Peligre.

3.8.- Caractéristiques socio-économiques

3.8.1.- Population. Actuellement, la commune de Lascahobas a une population totale de 52500

habitants repartis en 27500 hommes et 25000 femmes. Sa superficie totale est estimée à

235.53 km2 ; ce qui accuse une densité 222,90 habitants au km2 (PICV, 2004). Ses

principales activités économiques par ordre d’importance tourne autour de  l’Agriculture

et du Commerce, l’Elevage et le Transport. L’élevage occupe un rang important, on

remarque une certaine prédominance du cheptel caprin (IHSI, 1999)

3.8.2.- Le FoncierBien que les autres activités génératrices de richesses soient en forte progression dans la

zone, l’agriculture reste la principale activité de la commune. De ce fait, la terre a une

importance capitale pour les habitants, qui d’ailleurs vivent dans la grande majorité des

cas au moyen de l’agriculture.

La région est formée de deux étages agro -écologiques différents à savoir la plaine sèche

(1ère section) et la montagne humide (2ème section). Ceux-ci complique davantage la

structure foncière.

16

3.8.3.- Mode de tenureLa propriété, le fermage et le métayage constituent les modes de tenure les plus

fondamentaux de la Commune. La propriété découle soit de l’achat soit de l’héritage.

Les conditions préalables du métayage sont établies entre le métayer et le propriétaire.

Ceci fait qu’on peut différencier le métayage au tiers dans lequel 1/3 de la production

doit être attribué au propriétaire qui n’a rien à investir dans les charges et le métayage au

demi dans lequel le propriétaire contribue dans le paiement des charges de production et

bénéficie de la moitié de la production.

3.8.4.- Cultures rencontréesLes associations culturales (Patate manioc pois Congo, Haricot-maïs-pois congo-

sorgho, Patate maïs canne- à- sucre, Maïs sorgho) sont dominantes dans les hauteurs. Et

pourtant dans la plaine l’association maïs-haricot est l’association le plus souvent

rencontrée et la grande partie des autres cultures se cultive en pure.

Le caféier, le bananier, des tubercules comme l’igname et le taro sont les plus rencontrés

dans les zones montagneuses, les gorges, les interfluves riches en alluvions et un peu

partout dans les piémonts.

Souvent on rencontre aussi des cultures pures telles : Mais, Haricot, pistaches….. Dans la

majorité des cas des cultures pures comme mais, haricot, épinard, surtout tabac sont

pratiquées. Enfin, les cultures inondées telles le riz et la mazombelle sont pratiquées au

niveau des lagons et timidement dans certaines localités.

3.8.5.- Force de travailLa main- d’œuvre familiale et la main d’œuvre externe sont utilisées dans la réalisation

des travaux agricoles de toute la région. L’importance de la main d’œuvre interne dépend

principalement des conditions socio-économiques de l’exploitant en question.

Dépendamment des conditions que prévaut au sein d’une exploitation, la main- d’œuvre

familiale prend une valeur de plus en plus considérable. Les femmes constituent la base

de l’écoulement des produits d’exploitation issus des exploitations et du fonctionnement

des activités de la maison.

17

3.8.6.- Outillage et équipementLes outils les plus rencontrés sont la machette, la houe, la pioche, et les équipements sont

rarement rencontrés. Par contre, à coté de ces outils, les agriculteurs de plaine ont à leur

disposition de la charrue pour réaliser surtout les travaux de labour.

3.8.7.- L’élevageConsidéré comme une activité complémentaire aux cultures agricoles, l’élevage est peu

pratiqué dans la plaine. Cependant, en tant que « Carnet Banque » du paysan il est

pratiqué beaucoup dans les hauteurs et constitue une forme d’épargne pour les paysans

des montagnes

3.9.- Infrastructures et aspects institutionnels

3.9.1.- Infrastructures routières et télécommunicationsLes routes de pénétration dans les sections communales sont en terre battue. La commune

est reliée à Mirebalais par une route asphaltée. Une partie de la ville est adoquinée et les

autres rues sont en terre battue. .

Trois cabines téléphoniques desservent la population de Lascahobas, il y a des téléphones

à domicile aussi depuis près de quatre ans.

3.9.2.- EcolesEn plus des sept écoles primaires publiques disponibles aux habitants, une cinquantaine

d’autres écoles primaires servent la population. Autres que ces écoles primaires, environ

dix écoles secondaires assurent la continuité avec cependant seulement le lycée qui

touche la philosophie. En ce qui a trait à la formation professionnelle, il y a une seule

école professionnelle qui donne un cours de comptabilité et une école d’informatique.

3.9.3.- Environnement commercialLa commercialisation représente une activité intensive au sein de la région. En effet, il

existe plusieurs points d’échanges ou les agriculteurs écoulent leurs produits. On en

trouve à Petit-fonds (mardi), La Hoye (lundi), Croix- Fer (Jeudi) et un grand marché

18

communal se localisant centre ville (mercredi et samedi). Ces marchés, fréquentés par les

habitants de la zone et ceux des autres communes périphériques, facilitent les échanges

des produits qui transitent d’une commune à d’autre et jusqu'à Port-au-Prince par les

« Madan Sara ». Lascahobas étant une ville frontalière, on y trouve beaucoup de produits

dominicains sur le marché.

3.9.4.- Environnement énergétiqueLa région est alimentée à partir d’une centrale hydroélectrique de 2400 kwatts installée à

Croix-Fer sous le gouvernement de DUVALIER J. C. en 1984. Fonctionnant avec deux

turbines au départ, la centrale fonctionnait très bien. Mais, de nos jours, le fait qu’il y ait

un manque d’entretien une certaine détérioration se fait sentir et le résultat, c’est que le

fonctionnement se fait à partir de deux turbines et seulement 1300 Kwatts sont fournis

par la centrale. Donc, bien que la population augmente le nombre de Kwatts à leur

disposition diminue.

3.9.5.- Environnement sanitaire et nutritionLa population a à sa disposition un grand centre hospitalier qui se situe à Croix martyr

(localité de la ville), un centre de santé avec lits gérée par « «Zanmi lasante » desserve

la population de la commune. Ces centres hospitaliers offrent des services divers tels :

soins de santé primaire (vaccination, planning, protection materno-infantile), préventions

(éducation sanitaire, prophylaxie dentaire), lutte contre les MST, nutrition. La « Zanmi

Lasante »et World Vision donnent de la nourriture aux femmes pendant leurs grossesses

et plusieurs mois après leur accouchement. Dans le bas- plateau central, une enquête

effectuée en 1991 a identifié une prévalence de 4.3% de goitre visible et de9.7% de goitre

palpable. Cette situation est l’indice d’une carence régionale en iode. En 1991, près de

36% des femmes en age de procréer développaient une anémie, indice palpable de

carence en fer (PICV II, 1998)

19

CHAPITRE IV : Méthodologie

Afin de parvenir aux objectifs fixés et tester les hypothèses avancées,la demarche

suivante a été adoptée  :

Recherches bibliographiques

Enquête exploratoire

Typologie

Echantillonnage

Enquête formelle

Dépouillement

Analyse des données

4.1-Recherches bibliographiquesDans cette rubrique, les différents documents disponibles (études, rapports,…)

relatifs à la production de canne et à l’objectif de l’étude ont été consultés. Pour

compléter le travail, tous les documents qui pouvaient servir dans le calcul des différents

indicateurs comme la valeur ajoutée et la marge des intermédiaires ont été consultés.

Ainsi, des informations sur les différents rapports relatifs à la production de canne dans

diverses régions du pays, y compris le département du centre ont été recueillies.

4.2.- Enquête exploratoire Cette étape s’avère d’une importance capitale tout en permettant d’avoir une vue

globale sur la réalité économique des exploitations agricoles, d’identifier les

hétérogénéités du système et d’en faire une typologie relative. Ce type d’enquête a été

mené auprès des notables, de certains responsables dans le domaine agricole et complété

par des observations personnelles

4.3.- TypologieLa production de canne, bien que présente dans beaucoup des exploitations agricoles

des zones- cibles de la commune de Lascahobas, tous les exploitants ne disposent pas

d’ateliers de transformation et ils ne possèdent pas la même quantité de terre. Deux

20

critères (taille de l’exploitation + présence d’ateliers de transformation) ont été.

Considérés pour classer les producteurs :

a) Exploitations agricoles de petite taille et ne possédant pas un moulin de

transformation : S < 1 ha «  Type I »

b) Exploitations agricoles de petite taille et possédant un moulin de transformation : S <

1ha « Type II  » 

c) Exploitations agricoles de taille moyenne ne possédant pas de moulin de

transformation : 1 < S < 2 ha « Type III »

d) Exploitations agricole de taille moyenne et possédant un moulin de transformation :

1 < S < 2 ha « Type IV »

e) Exploitations agricoles de grande taille et possédant un moulin de transformation : S >

2 ha «  Type V »

Tableau 6 : représentation de la typologie pour les producteurs

La population statistique est estimée à 38 producteurs.

Pour les distributeurs le   critère considéré est   le mode d’accès aux produits.

1-Les marchandes locales

En général, ce sont le plus souvent des femmes de producteurs qui achètent le

produit au moulin pour ensuite le revendre aux madame sara.

Catégories

d’exploitation

Population

recensée

Population

enquêtée

Type I 15 10

Type II 10 8

Type III 6 5

Type IV 3 3

Type V 4 4

Total 38 30

21

2- Les < madan> sara

Elles viennent d’un peu partout, particulièrement des zones de marché des sections

communales. Elles achètent en gros des marchandes locales et revendent en gros et / ou

en détail. Elles alimentent les détaillants et les consommateurs.

3- les détaillants

Ce sont des femmes qui s’approvisionnent des marchandes locales et des

< madan >sara. Elles alimentent directement les consommateurs au niveau des points

de ventes.Tableau# 7 : Constitution de l’échantillon des distributeurs

Type d’intermédiaire Nombre enquêté

Marchandes locales 5

Madan Sara 12

Détaillants 8

4.4.- Echantillonnage

Taille de l’échantillon

Cette enquête a porté sur un échantillon de producteurs de canne, des

intermédiaires des trois sections communales comme Juampas, Petit-fond et La

Hoye. Pour réaliser le travail, un échantillon relatif à la population sous étude a été

sélectionné. Ainsi une quantité représentative des producteurs - transformateurs soit

30 sur38 ont été enquêtés, et 25 distributeurs des produits dérivés de la canne-à-

sucre ont été choisis pour former l’échantillon de l’étude.

Méthode d’échantillonnage

Dans la réalisation de ce travail, deux méthodes ont été retenues : la méthode

d’échantillonnage aléatoire stratifiée de façon à ce que toutes les exploitations à

production de canne aient la chance d’être représentées et la méthode aléatoire

simple pour les autres agents(distributeurs).

22

4.5.- Enquête formelleSuite au prélèvement de l’échantillon au niveau de la population- cible, une

enquête formelle a été donc réalisée pour collecter des données permettant de tester les

hypothèses retenues. Cette enquête a été menée auprès des producteurs- transformateurs

et des distributeurs des produits dérivés de la canne.

4.6-. Données à recueillir Pour réaliser l’étude, deux types de données ont été nécessaires : données qualitatives et

données quantitatives. Celles qui sont qualitatives ont permis d’avoir une compréhension

des parcelles sous étude, de manière à pouvoir faire un meilleur commentaire possible

des résultats de l’étude. Celles qui sont quantitatives ont été utilisées pour faire les calculs

relatifs au travail de recherche.

Données qualitatives : Topographie, Pluviométrie, Température,

Végétation, Différentes cultures, mode de tenure.

Données quantitatives

Il conviendra de déterminer  :

1-La superficie totale disponible par exploitant2- La superficie emblavée en canne-à-sucre

3- Le coût de production et de transformation de la canne-à-sucre en rapadou

4-La quantité produite et transformée en rapadou

5-Le prix de vente du rapadou

6-quantité d’intrants et de services utilisés

7- Les montants des rentes foncières

8- La main d’œuvre

4.6.1.- DEPOUILLEMENT

Les informations recueillies au niveau de l’enquête formelle ont été exploitées au

moyen d’une grille de dépouillement préétablie aux fins d’une sélection des données

relatives aux objectifs poursuivis. Les données quantitatives ont été utilisées pour faire

certains calculs à partir du tableur EXCEL et pour des analyses.

23

4.6.2.- Méthodes d’analyse des données Les données recueillies ont été utilisées pour faire les calculs. Ainsi les formules qui

suivent ont été utilisées pour faire les calculs nécessaires à l’attente des objectifs du

travail.

Produit brut (PB) = Σ (Xi– Wi) *Pi

Xi : quantité récolté du bien i Pi : prix du bien i

Wi : perte en quantité du bien i

Valeur ajoutée brute = (VAB)= PB-CI

Consommations intermédiaires (CI)= Σpi qi

Pi : prix de l’intrant i qi : quantité d’intrant utilisée

Intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires)

MBp (Marge brute au producteur) =PB – CV (coûts variables)

Mc (marge nette commerciale) = PV – PR (prix de vente – prix de revient)

Bénéfice des intermédiaires = marge des intermédiaires

Profitabilité = B/V

B : Bénéfice V : vente

Marge de distribution =

Pc : Prix au consommateur, Pp : Prix au producteur

24

Chapitre V : RESULTATS ET DISCUSSIONS

5.1-La structure de la filièreLes principaux acteurs identifiés au niveau de la structure de la filière canne –à – sucre

sont les producteurs - transformateurs, les commerçants et les consommateurs.

5.1.1-Les producteurs – transformateurs

Ce sont des exploitants adultes généralement des proprietaires. Ils produisent la canne sur

des superficies de 0,125 ha à 3 ha de terre.

5.1.2-Les commerçants

Ce sont en générale des femmes, elles jouent le rôle d’intermédiaires entre les

producteurs- transformateurs et les consommateurs. Elles sont reparties en trois groupes :

Les marchandes locales, les « madan Sara » et les détaillants

25

Figure 1 : Présentation du circuit de distribution du rapadou

Marchandes Locales

Madame Sara

Producteurs de canne

Transformateurs

Détaillants

Consommateurs

26

5.2-Statut de la canne dans l’économie de Lascahobas

5.2.1-La canne et le système d’élevage dans la zoneMalgré le fait que cette culture soit en régression, elle représente encore un maillon fort

dans l’économie de la commune. En effet, elle constitue l’axe central des systèmes

d’élevage et de la culture attelée dans la commune. Sa présence conditionne les

potentialités pour l’élevage, notamment du gros bétail, ainsi que les possibilités de

développement de la culture attelée dans la mesure où elle est la principale source

d’aliments pour les ruminants durant la saison sèche. En effet, pendant cette saison, les

têtes et les feuilles de canne (et même les bagasses) sont très utilisées dans l’alimentation

du cheptel, car pendant cette période qui constitue une saison de soudure, la disponibilité

en fourrage(herbes et résidus de cultures) est très faible.

5.2.2-La canne comme source d’emploi et de revenuLa filière canne –à – sucre constitue une source importante d’emplois et de revenus

durables dans la commune. En effet, elle fournit de l’emploi en période de creux dans les

travaux agricoles (implantation et entretien des plantations de canne) et des revenus en

période de soudure (récolte, transport, usinage et transformation de la canne en sirop et

rapadou). Par ailleurs, la canne constitue une source de revenu non négligeable

notamment pour un producteur- transformateur de la canne en rapadou et en sirop.

5.2.3-La canne et la lutte contre l’érosionLes agriculteurs perçoivent la canne comme un bon protecteur des sols contre l’érosion,

notamment lorsqu’elle est cultivée sur des versants à pente douce et de piémont. En effet,

la canne constitue une des options les plus rémunératrices de lutte contre l’érosion.

Cependant à cause du fait de la faible pluviométrie d’une bonne partie de Lascahobas, les

planteurs installent les cultures préférentiellement dans les gorges, recherchant ainsi une

certaine humidité de ces micro- milieux.

5.2.4-La canne et l’alimentation humaine La canne-à-sucre joue aussi un rôle important dans l’alimentation humaine de la

commune notamment, pendant la période de soudure (février, mars, avril). En effet,

pendant cette période, il y a habituellement rupture du stock (réserves) de grains (mais,

27

pois Congo, sorgho) au niveau des exploitations agricoles dans la zone. La consommation

de la canne (sous forme de canne de bouche) est importante particulièrement durant cette

période

5.2.5-La canne et la production de rapadou et du siropLa canne à Lascahobas sert de matière première et alimente deux sous filières

importantes: La sous filière rapadou et la sous filière sirop. La production de canne

alimente actuellement plus de18 ateliers de transformation artisanale de la canne.

Figure 2: Fonction de la canne dans l’économie de Lascahobas

Lutte contre l’érosion

28

Production deCanne à sucre

Alimentation humaine

Production de sirop de canne

Production de rapadou

Alimentation du bétail

Création d’emplois

29

5.3-Resultats économiques de la production de la canne-à-sucre

5.3.1-Produit brut (PB)Le produit brut correspond à la valeur de la production brute au cours de l’année estimée

au prix du marché, autrement dit c’est le chiffre d’affaire généré par la production de la

canne. Pour les producteurs -transformateurs, le produit brut est calculé à partir du prix

du rapadou .Il dépend donc non seulement du niveau de production mais aussi du prix

pratiqué sur le marché. Ce dernier, déterminé essentiellement en fonction de l’offre, varie

très largement dans le temps et la variation peut même atteindre 25 à 40 gourdes en un

même mois. Les produits bruts réalisés en gourdes, la surface agricole utile et le produit

brut par unité de superficie sont présentés par catégorie dans le tableau suivant.

Tableau10: Produit brut moyen annuel par carreau et par type d’exploitations

Type

EA

I II III IV V

PB en

Gdes

22040 28587.5 91560 90200 131969.6

SAU

Carreaux

0.35 0.46875 1.575 1.54166

7

2.8125

P B/

SAU

62971.4

3

60986.67

58133.3

3

58508.1 46922.53

Source : Enquête de l’auteur, juillet 2006

On peut constater que d’après le tableau #10, le produit brut par la SAU est d’autant plus

faible que la SAU est élevée.

30

5.3.2-Les consommations intermédiaires Dans la production de la canne et du rapadou à Lascahobas, les consommations

intermédiaires sont constituées par la caillette, combustible, bois de chauffage. Au niveau

de certaines exploitations, l’achat des plants de canne -à -sucre se fait une seule fois.

Dans ce cas, après chaque récolte une partie des produits récoltés est destinée à l’intra-

consommation intermédiaire pour la prochaine campagne. On n’utilise pas d’engrais, ce

qui rend faibles les consommations intermédiaires. Le tableau #11 nous renseigne sur

l’importance des consommations intermédiaires au niveau des différentes catégories

d’exploitations agricoles enquêtées.

Tableau #11 : consommations intermédiaires moyenne annuelle par carreau et par type

d’exploitations

Type I II III IV V

CI(Gdes) 1206.5 1763.219 7640.44 7066.983 16092.5

SAU 0.35 0.46875 1.575 1.541667 2.8125

CI /SAU 3447.143 3761.533 4851.073 4583.988 5721.778

Source: Enquête de l’auteur, juillet 2006

5.3.3-Les valeurs ajoutéesLa valeur ajoutée brute obtenue par les producteurs- transformateurs varie selon qu’il

s’agit de petits, de moyens ou de grands producteurs. Elle représente la différence entre le

produit brut et les consommations intermédiaires. Il est entendu que ces chiffres ne

tiennent pas compte évidemment d’une possible augmentation des rendements de la

canne à l’hectare.

Le tableau#12 nous donne une vue globale des différentes valeurs ajoutées générées par

la canne.

Tableau # 12 : Valeur ajoutée brute (en Gourdes) par carreau et par type

d’exploitations

Type I II III IV V

Valeur

ajoutée(Gdes)

20833.5 21459.43 83919.56 83133.02 115877.1

31

SAU 0.35 0.46875 1.575 1.541667 2.8125

Valeurs

ajoutées/SAU

37437.83 44309.77 51313.84 51913.2 39760.76

Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2006

D’après le tableau, nous pouvons dire que l’espace est d’autant plus valorisée que la

SAU est faible Les exploitations qui possèdent un moulin valorisent mieux la terre que

les exploitations ne possédant pas de moulin.

5.3.4- Marge brute du producteur de canneElle correspond au produit brut généré par la canne dont est soustrait le total des coûts

variables. Le tableau #15 nous donne une idée de la variation de la marge pour

l’ensemble des exploitants.

Tableau # 13: marge brute par carreau et par type d’exploitation

Type d’E.A I II III IV V

Marge(Gdes) 14933.11 21561.47 69409.47 70766.35 95093.03

SAU 0.35 0.46875 1.575 1.541667 2.8125

Marge

brute/SAU

42666.03 45997.8 44069.5 45902.49 33810.85

Source: Enquête de l’auteur, Juillet 2006

5.3.5-Valorisation de la Journée de travail Un homme jour est la quantité de travail qu’un homme adulte et en bonne santé peut

fournir pendant 8heures de temps. La rémunération de la main-d’œuvre c’est le quotient

de la valeur ajoutée brute sur le nombre d’homme –jour. C’est un indicateur de

rentabilité.

Tableau#14 : Valeur ajoutée ( en Gourdes) par homme- jour

Type d’E.A I II III IV V

32

VAB(Gdes) 20833.5 21459.43 83919.56 83133.02 115877.1

Nombre Hj 180.41 241.63 811.88 794.69 1449.78

VAB / H.J 115.47 88.81 103.36 104.61 79.92

Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2006

La rémunération du travail est de: 115.47gourdes ,88.81gourdes, 103.36 gourdes, 104.61

gourdes et 79.92 gourdes respectivement pour les types I, II, III, IV et V. Plus la main-

d’œuvre est élevée, la productivité est moindre.

5.4-CARACTERISATION DE LA TRANSFORMATION DE LA CANNE-A-SUCRE A LASCAHOBASLa plus grande partie de la canne broyée par les moulins est utilisée pour la production de

rapadou à partir du jus (le vesou).On a recensé un seul atelier de production du sirop

destiné à la fabrication du clairin.

5.4.1-Inventaire des ateliers de transformationDans le cadre de cette étude, un inventaire exhaustif nous a permis de recenser 18 unités

de transformation de la canne. Ces ateliers sont localisés à différents endroits dans la

commune comme l’indique le tableau #17. Un élément qui est commun à tous ces ateliers

recensés est leur taille. On est en présence d’unités de petits formats des points de vue de

la capacité installée et des investissements consentis.

Tableau#15 : Nombre, répartition et type d’ateliers de transformation de canne à

Lascahobas

Atelier

Localités Nombre Moulin Moulin

Roche-fab 1 En bois

Verdum 1 En bois

Pouly 3 En bois (2) 1 en fer

Loncy 6 En bois (5) Fer (1)

33

Juampas 1 En fer

La hoye 2 En bois

Petit-Fond 4 En bois

Total 18 15 3

Source : enquête de l’auteur, juillet 2006

Cet inventaire a révélé que tous les ateliers sont en bois, cependant, ils peuvent être

équipés de deux types de moulins:

-Des moulins en bois

- Des moulins métalliques

En effet, sur les 18 moulins recensés, 15 sont en bois et 3 en fer. On a recensé un seul

atelier avec moulin motorisé. La production de sirop se fait uniquement à partir du seul

atelier motorisé.100% des ateliers de transformation de la canne à Lascahobas sont

exploités en faire-valoir direct. Les propriétaires sont directement responsables de la

gestion quotidienne des ateliers. De plus, le propriétaire est le principal utilisateur de

l’atelier. La pratique de vente de service existe mais est très peu rependue dans la

commune.

5.4.2-Caractéristiques technologiques des moulins de transformation et processus

de fabrication des produits.

A- Caractéristiques technologiques des ateliers

Les ateliers de transformation de la canne- à- sucre en sirop et en rapadou à Lascahobas

sont majoritairement de type artisanal et local

Des moulins en bois avec bâti en bois

La majorité des moulins sont en bois et les bâtis sont tous en bois. Ils sont de

conception traditionnelle d’habitations coloniales. Le modèle de ces moulins est très

ancien. Ils sont fabriqués avec des moyens simples (outils à main de menuisier) et ne

sont pas parfaitement cylindriques et circulaires. De ce fait, le serrage des rôles est

difficile. Ces derniers sont guidés par des axes en bois d’un diamètre important par

rapport au diamètre des rôles, ceci entraînant des frottements importants épuisants

facilement les animaux de trait.

34

Des moulins à traction animale

Dans la majorité des unités de transformation recensées, les moulins sont entraînés

par un manège constitué d’une paire de bœufs attelée à une poutre actionnant le rôle

(cylindre) central. Généralement on emploie deux à trois paires de bœufs par journée

de 8 heures de moulinage avec un mode d’alternance sur 2 jours afin de ne pas trop

épuiser les animaux. Ces derniers sont nourris avec la tête de la canne et du pâturage.

Des moulins d’une faible efficacité

L’efficacité de ces moulins est très faible. Ils ont un taux d’extraction assez moyen

obligeant parfois jusqu'à deux repassages de la bagasse, ce qui double ou triple le

temps de travail pour une quantité de canne donnée. De plus les frottements dans les

paliers conduisent à un rendement énergétique faible, cela épuise aussi les animaux.

Ces moulins (ceux en bois) sont très peu performants et, malheureusement, ne

peuvent être améliorés.. La traction animale pour ces moulins constitue souvent la

meilleure solution dans un environnement technologique pauvre où l’on ne dispose

pas d’énergie électrique et ou l’investissement d’un moteur diesel ou essence ne se

justifie pas au niveau de la rentabilité et peut être surtout par la difficulté de

l’approvisionnement en combustible et en pièces de rechange.

Des moulins avec des chaudières de faibles capacités et conduisant mal la

chaleur

Les chaudières de tous les ateliers recensés sont en fonte et de forme hémisphérique.

Leur diamètre varie entre 1 à 1.5 m et elles ont une capacité de 250 à 600 litres. Ce

sont des chaudières très anciennes provenant des installations coloniales de

production de sucre (donc, elles sont rares). Leur acquisition se fait soit par achat

auprès d’un propriétaire d’installation désaffectée ou par héritage. Leur prix varie

généralement entre 4000 et 5000 gourdes.

La précarité du système de chauffage et le problème énergétique

Dans ces types de moulins, les chaudières sont généralement installées sur un

fourneau. Les fourneaux sont généralement simples et construits à l’aide des

matériaux locaux (sables, chaux, roches, cendres et ciments etc..). Il existe des

fourneaux à grillage qui offrent une meilleure conservation de la chaleur et une

35

utilisation moindre de bois et plus de bagasse, mais la grande majorité d’entre eux

sont dépourvus de grillages, ce qui contribue à diminuer leur rendement énergétique.

Le combustible généralement utilisé est le bois, la bagasse. Ces chaudières sont aussi

réputées grandes consommatrices d’énergie (elles conduisent mal la chaleur)

Des moulins en fer, une amélioration du moulin en bois

Il existe à Lascahobas certains ateliers de transformation équipés de moulins

métalliques (avec bâtis en bois) et qui constituent une amélioration du modèle en

bois. Les rôles de ces moulins sont chemisés d’une douille lisse en fonte d’un

diamètre de 40 à 60 cm. Le taux d’extraction est un peu meilleur. Certains de ces

moulins ont des rôles guidés par des axes en acier, ce qui diminue les pertes de

frottement dans les paliers. Le tableau suivant synthétise les caractéristiques

technologiques des ateliers de transformation de la canne -à -sucre rencontrés à

Lascahobas.

Tableau16: caractéristiques technologiques des ateliers

Moulin en bois Moulin métalliqueMoulin à rôles en bois, bâti en bois (complètement artisanal et local).

Moulin à rôles métalliques, bâti en bois

Moulin à traction animale Moulin à traction animaleEfficacité faible à cause des frottements importants dans les paliers (temps de travail important)

Efficacité moyenne à bonne (bon taux d’extraction)

Deux passages de la canne Un seul passage de la canneÉpuise les animaux de trait Épuisement des animaux de trait + faible que les

moulins à rôles en boisFourneaux simples, muraillés Fourneaux simples muraillésLes chaudières sont en fonte et sont rares Les chaudières sont en fonte et sont raresSystème de chauffage : bois et bagasse Système de chauffage : bois et bagasse

Source: Enquête de l’auteur juillet 2006

Le faible débit de ces moulins à traction animale constitue sérieusement une limite

pour les ateliers qui y sont équipés. La durée élevée de la cuisson (environ 7 heures)

est due à la mauvaise qualité des foyers (perte d’énergie) et des chaudières (métal

mauvais conducteur de la chaleur). A cela, il faut ajouter aussi un facteur technique

qui est la faible capacité des chaudières.

36

5.5- Processus de fabrication du rapadou à LascahobasLes techniques de production sont rudimentaires et archaïques.

La canne est broyée dans un moulin utilisant la traction animale comme source d’énergie.

Le jus de canne issu du moulin est mis à chauffer dans une chaudière placée sur un

fourneau dans lequel on fait brûler du bois ou de la bagasse (en fin d’évaporation).

Pour éliminer les impuretés qui provoqueraient des fermentations du produit et

limiteraient sa durée de conservation, une clarification du jus est systématiquement faite

avec de la cendre de bois.

La chauffe est conduite jusqu’au moment où la concentration du sirop est optimum. La

masse cuite est alors vidée dans un canot en bois. Elle est agitée violemment à l’aide

d’une pelle en bois, la brassette. Cette opération d’aération favorise la formation des

cristaux de sucre, qui après refroidissement donnent le rapadou. La figure #3 synthétise le

processus de fabrication du rapadou.

5.5.1--Caractéristiques technologiques du rapadou

Selon le Service Œcuménique d’Entraide (SOE), le rapadou produit dans les ateliers

artisanaux est un produit naturel résultant de la déshydratation de la canne -à -sucre sans

addition d’aucun produit chimique dans sa préparation. Il est facilement assimilé par

l’organisme. Son procédé, totalement naturel, lui procure une saveur mélangée, douce et

particulière à la fois. Contrairement au saccharose contenu dans le sucre raffiné, cet

édulcorant de régime est la source d’un grand apport nutritif à l’organisme.

5.5.2- Procédé de fabrication du sirop à LascahobasLe procédé de fabrication du sirop est presque identique à celui du rapadou (un atelier

équipé pour fabriquer du rapadou peut aussi fabriquer du sirop). La différence est

l’absence de clarification du jus de canne (non ajout de cendre). Le jus de canne

directement chauffé sur le foyer est recueilli et refroidi.

Il est important de souligner que les conditions d’hygiène dans les ateliers de

transformation laissent à désirer. Le processus de fabrication ne garantit en rien l’intégrité

de l’hygiène des produits transformés (rapadou et sirop) lors des manipulations.

37

Figure 3: Processus de fabrication du rapadou

Matière première : Canne- à- sucre

BroyageEnergie Bagasse humide

Produit intermédiaire : Jus de canne Séchage en plein air

Bois + bagasse sècheClarification

Evaporation

Concentration

Produit intermédiaire : Sirop (brassage ou battage)

Refroidissement Produit final : Rapadou

Clarifiant: cendre

38

5.6-DISTRIBUTION ET COMMERCIALISATIONLes produits dérivés de la canne commercialisés à Lascahobas sont essentiellement le

rapadou et marginalement le sirop (le clairin n’est pas un produit dérivé de la

transformation de la canne à Lascahobas, car on n’y note aucune installation de

guildive).

5.6.1-Présentation et utilisation du rapadouLe rapadou est commercialisé dans une structure cylindrique fabriquée localement

appelée «caillette». La dimension des caillettes est généralement de 10cm de diamètre

et de 80 cm de longueur. Le poids total du produit commercialisé (rapadou

+emballage) est de l’ordre de 8.3 kg. Les utilisations du rapadou sont différentes de

celle du sucre. Dans les usages spécifiques le rapadou est utilisé de différentes façons:

1. Incorporé lors de la torréfaction du café

2. Édulcorant du café, du lait, du jus de fruits

3. En pâtisserie (douce au coco) tablette pistache, tablette roroli

4. En consommation directe comme fortifiant, dilué avec de l’eau comme sirop

5. Dans les bouillies : farine maïs ou farine de blé

6. En préparation médicinale : Thé avec rapadou, écorces de plantes et cendres

Comme édulcorant, le rapadou est réputé compatible avec le diabète sucré.

Le sirop est commercialisé dans des drums en plastic de 55 gallons destinés aux

guildives pour la fabrication du clairin

5.6.2-Circuit de distribution des produits dérivés de la transformation de la canne Le cas du rapadou

La majorité du rapadou produit à Lascahobas est échangée sur les marchés de la

commune (centre-ville, Dos bois rouge, platanal, Petit-fond). Notons que le plus fort

volume de rapadou vendu sur le marché de la ville de Lascahobas proviendrait de

Thomonde, lorsque le rapadou produit localement est rare.

39

Les agents commerciaux intervenant dans la commercialisation du rapadou sont de

plusieurs types:

1. Les producteurs qui livrent leur produit soit directement au marché, soit au

niveau des sites de production

2. Les marchandes locales: en général ce sont des femmes, le plus souvent

femmes de producteurs qui achètent le produit au moulin pour ensuite le

revendre aux«madan sara». elles développent avec les producteurs des

relations privilégiées pour glaner le maximum de produits. Cette catégorie

d’agents stocke parfois des volumes importants notamment en période de

production (janvier à Mars) et est souvent seule à approvisionner les marchés

en période de rareté ou de soudure.

3. Les «madan sara»: Elles viennent d’un peu partout, particulièrement des zones

des marchés des sections communales. Elles achètent en gros des marchandes

locales et revendent en gros ou en détail. Elles alimentent les détaillants et les

consommateurs.

4. Les détaillants: Ils achètent directement des producteurs ou des sara en petites

quantités (le plus souvent 2 a 3 barres de rapadou). La barre de rapadou est

souvent sectionnée en plusieurs morceaux qu’ils revendent sur les marchés

locaux. Leur marge est généralement faible dépendamment du marché et de la

période.

Donc, on voit que le circuit de distribution tel qu’il est organisé, le produit passe

du producteur aux grossistes, puis aux détaillants et ensuite aux consommateurs

finaux. Ce sont ces différents acteurs qui sont à l’interface du circuit de

commercialisation du rapadou. C’est un circuit relativement dynamique grâce

notamment à des intermédiaires qui assurent un travail efficace dans la

distribution du produit. C’est aussi un circuit de commercialisation assez efficace.

40

5.6.3-Les marges de commercialisation

5.6.3.1- Marge des marchandes localesLes marchandes locales achètent auprès des producteurs au niveau des moulins à

un prix de 60 gourdes la barre de rapadou. Elles revendent la barre à 70 gourdes.

Elles réalisent un bénéfice de 9 gourdes par barre

Tableau 17: Marge nette des marchandes locales par barre de rapadou

Poste Valeur en Gourdes

Coût d’acquisition (60gdes/barres) 6000

Frais de transport (100 barres) 100

Charges totales 6100

Prix de vente unitaire 70

Recettes totales (100 barres) 7.000

Marge totale 900

Marge par barre 9

Source : Enquête de l’auteur, Juillet 2006

5.6.3.2- Marge des «Madan sara»Elles achètent sur le marché ou au niveau des moulins à un prix moyen de

70gourdes/ barre. Les frais de transport et de manutention (embarquement et

débarquement) s’élevé a 20 gourdes et la marge obtenue est de 13.1gdes/barre.

Toutefois, cette marge est augmentée lorsque la vente se fait en détail.

41

Tableau 18: Marge nette des « Madan Sara »

Poste Valeur en Gourdes

Coût d’acquisition (50 barres) 3500

Transport (50 barres) 75

Embarquement et Débarquement 20

Charges totales (50 barres) 3595

Prix de vente unitaire 85

Recettes totales (50 barres) 4250

Marge sur (50 barres) 655

Marge par barre 13.1

Source: Enquête de l’auteur, Juillet 2006

5.6.3.3- Marge des détaillantsElles peuvent s’approvisionner au niveau des producteurs, des marchandes locales

ou des «madan sara». Cependant dans le cadre de cette étude, nous considérons

uniquement le cas de ceux qui opèrent dans les marchés de consommation et qui

s’approvisionnent uniquement chez les «madan sara». Ils achètent la barre à 85

gourdes et les revendent à 90 gourdes. Ils ne paient aucun frais de transport. Ce

qui leur donne une marge de 5 gourdes /barre.

Tableau19: Récapitulation des marges

Intermédiaires Marge par

barre en Gdes

% de la marge

totale

Marchandes locales 9 32.21%

Madan Sara  13.1 48.33%

détaillants 5 18.45

Total 27.1 100%

Source: Enquête de l’auteur, Juillet 2006

42

Dans le tableau de récapitulation des marges, les «Madan Sara» réalisent la plus forte

marge, elle représente 48.33% du total des marges commerciales, donc ce circuit est

favorable à ces «Madan Sara»

5.6.4-ProfitabilitéLa profitabilité est calculée en faisant le rapport du bénéfice réalisé sur la vente. Elle

permet de déterminer combien rapporte à un agent particulier de la commercialisation

pour chaque gourde vendue. C’est un indicateur de rentabilité économique qui permet

d’évaluer la productivité du capital financier en renseignant sur le rendement de l’unité

monétaire.

Tableau # 20: La profitabilité

Commerçants Vente (Gdes) Bénéfice (Gdes) Profitabilité

Marchandes locales 70.000 900 0.01

Madan Sara  4250 655 0.15

détaillants 90 5 0.05

Producteurs 60 7 0.11

43

5.6.5- Analyse du coût et marge de distribution du rapadouSur le circuit principal considéré dans son ensemble, le coût de distribution est évalué à

30 gourdes et la marge de distribution représente 33.33% du prix à la consommation.

Cette valeur très importante montre le niveau relativement élevé du prix à la

consommation par rapport aux autres coûts. Le tableau suivant nous donne une idée de la

situation :

Tableau # 21 : Coût et marge de distribution

Poste Valeur en gourde (la barre)

Prix du producteur 60

Prix à la consommation 90

Coût de distribution 30

Marge de distribution 33.33%

Source: Enquête de l’auteur, Juillet 2006

5.6.6- Le système de prix pratiquéGénéralement, dans le cas de la commercialisation du rapadou, les prix sont fixés par le

marché (la loi de l’offre et de la demande). On constate que les prix du rapadou sont

fonction de la période de vente et de proximité de Lascahobas des marchés où sont

distribué ces produits. On considère le prix de la barre de rapadou pour apprécier la part

des différents agents dans cette activité dans la formation du prix à la consommation.

44

Tableau # 22 : Décomposition du prix à la consommation de la barre de Rapadou.

Agents Valeur en

Gourdes

Formation du prix Part dans le prix à

la consommation

Producteurs

Prix de vente 60 60 66.66%

Marchandes locales

Coût de commercialisation 1 61 1.11%

Marge 9 70 10%

Prix de vente 70

Madan sara

Coût de commercialisation 1.9 71.9 2.11%

Marge 13.1 85 14.55%

Prix de vente 85

Détaillant

Coût de commercialisation 0

marge 5 90 5.55%

Prix de vente 90

Total 100%

Source: Enquête de l’auteur, Juillet 2006Le tableau montre que le prix de vente du producteur représente 66.66% du prix à la

consommation. La marge des «  madan sara » représente 14.55% du prix à la

consommation. Cette valeur est importante par rapport à celle des marchandes locales et

45

des détaillants qui représentent respectivement 10% et 5.55%. Cela s’explique par le fait

que les «Madan Sara» réalisent un plus grand bénéfice sur le circuit.

5.7- ATOUTS ET CONTRAINTES DE LA FILIÈRE CANNE- A- SUCRE A LASCAHOBAS Les atouts et contraintes de la filière canne- à- sucre sont abordés en considérant

séparément chaque composante de la filière. Les perspectives d’amélioration prennent en

compte l’ensemble de la filière.

5.7.1- Du point de vue de la production

Les contraintes

La production de la canne à sucre fait face à de nombreuses difficultés qui limitent

sérieusement son développement. Les principales contraintes qui ont été identifiées au

cours de cette étude sont:

- Le vieillissement des plantations de canne -à -sucre: Très généralement, les

plantations de canne sont gardées pendant plus de 10 ans. On retrouve des parcelles

emblavées en canne qui ont plus de 15 ans d’âge. Malgré le fait que les rendements

baissent graduellement avec l’âge des plantations, les agriculteurs préfèrent remplacer

chaque année seulement les touffes de canne qui sont mourantes plutôt que de refaire

entièrement la plantation. Cela peut s’expliquer non seulement par les coûts exorbitants

pour la mise en place de la plantation mais aussi par une absence cruciale d’encadrement

technique.

- L’incidence négative de la maladie du charbon dans la zone : La réduction des

superficies emblavées en canne et le remplacement progressif de cette dernière par

d’autres cultures a commencé vraisemblablement à partir des années 80 avec l’arrivée de

la maladie du charbon. Face à l’agressivité de la maladie et l’absence totale

d’encadrement technique, la plupart des agriculteurs ont tendance à abandonner ou

réduire de manière substantielle les superficies jusque là occupées par la canne. Il est

entendu que bon nombre d’ateliers de transformation dont la présence a été justifiée par

un certain niveau de production ont dû disparaître

46

- Le faible entretien des plantations de canne- à- sucre : De nos jours, la conduite de la

canne à sucre revêt un caractère extensif à Lascahobas. L’itinéraire technique appliqué

est simple: une fois que la plantation est en place, on ne pratique qu’un seul entretien

par année. Aucune fertilisation (minérale ou organique), aucun contrôle des pestes

(maladies et/ou insectes). En fait, on est plutôt dans une logique de minimisation du

nombre d’heures de travail, de manière à libérer du temps pour s’occuper des autres

cultures concurrençant la canne

- Le problème de l’encadrement technique et financier: Il existe actuellement une

insuffisance cruciale d’encadrement technique dans le domaine agricole dans la zone. De

plus, le non accès au crédit dans la commune n’encourage pas les planteurs à refaire les

plantations de canne, alors que cela pourrait garantir une augmentation des rendements à

l’hectare (qui sont relativement faibles : 37 TM/ha).

- Les problèmes de rareté et de cherté de main- d’œuvre A cause de la proximité de Lascahobas avec la république Dominicaine, il existe un flux

migratoire important de personnes qui vont travailler comme salariés agricoles en

République Dominicaine. Cela a pour conséquences directes une rareté et une hausse de

la main- d’œuvre agricole. Or, la mise en place et l’entretien des plantations de canne

coïncident avec celle des autres cultures vivrières. Il existe donc un besoin en main-

d’œuvre qui est très important pendant cette période. La faible disponibilité de la main-

d’œuvre constitue donc une contrainte majeure, à côté d’autres, décourageant la

production de la canne dans la commune.

Les atouts

A côté de ces contraintes, la production de la canne- à -sucre dans la commune de

Lascahobas bénéficie d’un certain nombre d’atouts qui méritent d’être pris en compte

dans une perspective d’amélioration de la filière entière.

- Le climat de Lascahobas: Le climat de Lascahobas est très favorable au

développement (ou extension) de la culture de la canne. Sur le plan agronomique, la

longue saison pluvieuse a des effets positifs sur la croissance et le développement de la

plante, alors que la coïncidence de la récolte avec la saison sèche permet une

accumulation de saccharose dans la canne qui contribue à augmenter le rendement en

rapadou ou en sirop. De plus, dans la zone, la canne est perçue comme une culture ayant

47

une certaine rusticité (du point de vue de sa résistance par rapport à un déficit hydrique),

ce qui diminue les risques de mauvaises récoltes en comparaison avec les autres cultures

(à l’exception peut- être du sorgho). Donc, la courte saison sèche enregistrée

généralement entre juillet et août ne pénalise pas le rendement de la canne au même

degré que les autres cultures (avec la canne, on peut toujours espérer quelque chose,

disent les agriculteurs).

- Alimentation du bétail : Comme nous l’avons expliqué, il existe une relation forte

entre la culture de la canne et le système d’élevage de la zone ainsi que la culture attelée.

Cela s’explique par la nature même du calendrier fourrager de la zone qui contient une

longue période de faible disponibilité (allant de novembre à avril) pendant laquelle, les

animaux se nourrissent essentiellement par des apports au joug constitués des feuilles et

la partie supérieure de la canne. La présence de la canne conditionne donc les

potentialités pour l’élevage, notamment du gros bétail, et les perspectives de

développement de la culture attelée dans la zone.

- La canne comme culture anti-érosive : La commune de Lascahobas est une zone déjà

fragilisée sur le plan environnemental, notamment par rapport à l’érosion. La canne, à

Lascahobas se retrouve actuellement surtout dans les zones basses, les piémonts et les

gorges. Cette culture peut éventuellement constituer une option assez rémunératrice de

lutte contre l’érosion si elle est utilisée à cet effet (donc comme culture anti-érosive)

notamment dans les versants à forte pente, comme c’est d’ailleurs le cas pour d’autres

zones productrices de canne dans le Plateau central.

- La canne comme culture créatrice de revenu et pourvoyeuse d’emplois : La canne-

à- sucre est une culture économique et stratégiquement importante à Lascahobas. En

effet, non seulement elle crée de nombreux emplois, elle permet aussi de réaliser une

valeur ajoutée appréciable. Mais l’analyse de l’importance de la canne, en terme d’atout,

doit être surtout abordée sur le plan de la « sécurité économique ». C’est une culture qui

garantit un certain niveau de revenu et d’emplois bon an, mal an, c'est-à-dire quelle que

soit la caprice du climat, (contrairement aux cultures vivrières, en particulier, le maïs, le

haricot, le pois Congo, l’arachide etc.).

48

5.7.2- Du point de vue de la transformation

Les contraintes

- Insuffisance du nombre d’ateliers de transformation : Le manque d’ateliers de

transformation de la canne- à- sucre dans la commune est crucial : seulement une

vingtaine d’ateliers fonctionnent à Lascahobas. En réalité, compte tenu des

caractéristiques techniques des ateliers (et d’autres types de contraintes), dans l’état

actuel des choses, ils n’arrivent à transformer toute la superficie emblavée. Il y a donc

actuellement une sous- valorisation importante de la production qui risque d’être

préjudiciable à la filière si des mesures appropriées ne sont pas prises.

- Infrastructures et équipements obsolètes: Le faible nombre d’ateliers de

transformation pourrait être compensé par l’existence d’ateliers avec des caractéristiques

techniques assez performantes. Malheureusement, nous sommes en présence d’ateliers de

transformation très vétustes accusant une performance généralement médiocre : taux

d’extraction faible, débit des moulins faible, temps de cuisson long, à cause notamment

de la faiblesse du système de chauffage (perte de chaleur forte entraînant une

augmentation de la durée du chauffage et de la quantité de combustible utilisée) et des

caractéristiques des chaudières (elles conduisent mal la chaleur).

De plus, étant des moulins en bois, de conception artisanale et fabriqués localement à

mains de menuisiers, il tombent très souvent en panne (écrasement des dents et des rôles),

ce qui peut parfois compromettre la campagne.

La nature même de ces ateliers fait qu’ils ont une capacité installée faible. Enfin, sur le

plan environnemental, ces moulins constituent de très gros consommateurs de bois dans

la zone .Il faut abattre plusieurs arbres pour construire un moulin de cette nature.

- Insuffisance du nombre de bœufs de trait dans la zone  : On peut rappeler 17sur18

ateliers encore fonctionnels dans la commune de Lascahobas sont équipés de moulins à

traction animale (c’est le bœuf qui est généralement utilisé comme animal de trait dans

les moulins). D’après nos enquêtes, la grande majorité des propriétaires d’ateliers ont

moins d’une paire de bœufs, c’est d’ailleurs pourquoi, ils sont aussi obligés de louer des

bœufs à l’extérieur de l’exploitation pendant la période pour mouliner leur canne.

49

Un autre aspect important de l’insuffisance des bœufs de trait dans la zone est le fait que

les bœufs sont aussi utilisés pour la culture attelée et le transport. Il y a une concurrence

énorme pour l’emploi de ces animaux, notamment à l’arrivée de la période de la mise en

place des cultures vivrières.

Les effectifs du cheptel bovin auraient effectivement régressé durant ces 20 dernières

années. Plusieurs sources pourraient se conjuguer pour expliquer cette tendance : les

difficultés économiques des agriculteurs, accentuées par l’éradication du cheptel porcin et

le besoin de financer les migrations et l’éducation supérieure des enfants (parfois en

République Dominicaine) ; les prix attrayants offerts par les intermédiaires dominicains

et finalement, le vol de gros bétail qui constitue le principal frein à l’intensification de

l’élevage actuellement.

Actuellement, à Lascahobas, l’insuffisance des bœufs de trait au niveau des exploitations

agricoles est l’une des principales contraintes affectant la filière canne- à- sucre.

Les atouts

- La création de richesse

La richesse créée par la transformation de la canne en rapadou à Lascahobas est très

élevée comme le montrent les tableaux de revenu. La canne est donc un maillon

important dans l’économie de Lascahobas. L’argent investi dans la production et la

transformation de la canne génère généralement des profits.

Ces ateliers peuvent potentiellement faire mieux si des améliorations conséquentes sont

apportées au niveau de la technologie utilisée.

5.7.3 Du point de vue de la commercialisation

Les contraintes

L’enclavement de la commune de Lascahobas : La faiblesse ou l’inexistence des voies

de pénétration intra et inter communales limite sérieusement le volume de produits

(rapadou) transformés et échangés par Lascahobas sur les marchés environnants. Tout le

volume de rapadou commercialisé se fait à dos d’âne ou d’hommes.

50

Mais l’effet le plus négatif de l’enclavement de la commune est le fait qu’elle soit

obligée de se confiner dans la production de rapadou, malgré que la marge de bénéfice

réalisée sur la vente du sirop soit plus intéressante d’ après les exploitants.

Le fait que Lascahobas produit majoritairement du rapadou entraîne un important

manque à gagner pour la commune Il est donc indéniable que l’état des voies de

pénétration de la commune constitue un sérieux facteur de blocage au développement de

la filière canne -à -sucre.

- La Compétitivité du sucre sur le marché : La présence d’un produit substitut au

rapadou comme le sucre a provoqué graduellement un changement dans l’habitude

alimentaire des consommateurs de la zone. Cela a pour effet de diminuer la demande en

rapadou dans la zone, d’autant plus que le prix du sucre est parfois très compétitif par

rapport au prix du rapadou. L’effet pervers créé par cette situation est la baisse des prix

du rapadou sur le marché ou plutôt le maintien des prix à un niveau relativement

modeste.

- La non organisation des vendeurs du rapadou : La non organisation des producteurs

transformateurs crée certainement une situation de faiblesse qui ne joue pas en leur

faveur. Le fait qu’ils interviennent dans la filière comme des agents isolés réduit la

possibilité de faire monter les prix des produits (en dehors de l’effet de l’offre et de la

demande).

- Mauvaise qualité du matériel d’emballage rapadou : Le rapadou est commercialisé

dans une structure cylindrique fabriquée localement appelée « caillette ». C’est un

matériel d’emballage spécifique à la commercialisation de rapadou, il est fabriqué à partir

de feuilles de du palmier royal. Ce produit satisfait le marché des classes modestes des

zones rurales. De par sa présentation, ce produit a du mal à pénétrer d’autres marchés. Il

reste donc beaucoup à faire pour étendre le marché du rapadou.

- Les atouts

- Le rapadou, un produit encore très demandé à Lascahobas et dans les communes

environnantes : Selon nos enquêtes, pendant les périodes où toute la production de

rapadou de Lascahobas est écoulée, les revendeurs vont s’approvisionner pendant les

périodes de rareté à Thomonde pour alimenter les marchés de Lascahobas et des zones

51

environnantes (notamment, les marchés de Casse et de la ville). Cela permet de penser

que l’offre en rapadou de Lascahobas n’est pas suffisante pour satisfaire la demande.

- Le développement du marché de sirop, une opportunité et un espoir pour la filière

canne- à- sucre à Lascahobas 

Les contraintes les plus importantes qui limitent le développement de la filière canne- à -sucre à Lascahobas :

Actuellement, les contraintes majeures qui limitent le développement de la filière canne

-à -sucre concernent principalement le maillon « transformation ». Il existe une

insuffisance aiguë du nombre d’ateliers de transformation dans la commune. Les ateliers

existants sont caractérisés par des installations vétustes accusant une performance

technique assez médiocre. En effet, seulement une partie de la production actuelle de

canne- à- sucre est transformée en rapadou et sirop. Et, ce sont majoritairement les

propriétaires de moulins qui transforment leur canne. Concrètement, il y a la possibilité

d’augmenter la production de rapadou et de sirop sans augmenter la production de canne

-à -sucre dans la zone.

Par ailleurs, les ateliers existants souffrent d’un problème majeur d’insuffisance

de bœufs de trait. Comme nous l’avons déjà indiqué, les propriétaires d’ateliers ont en

moyenne moins de deux bœufs et se voient souvent obligés de louer des bœufs pour faire

fonctionner leur moulin. Il est donc évident qu’une amélioration de la performance

technique des ateliers (par l’adoption par exemple de nouvelles technologies) ne fournira

de résultat concluant sans une action visant à augmenter la disponibilité des bœufs de

trait.

La deuxième contrainte majeure de la filière canne- à- sucre concerne la

commercialisation du rapadou et du sirop.

Le problème se pose à deux niveaux :

1- Pour ce qui concerne le rapadou, les marchés actuels sur lesquels le rapadou de

Lascahobas est échangé, bien que permanents, ont une capacité d’absorption relativement

faible. La possibilité d’extension du marché du rapadou, notamment vers Port-au-Prince,

pose un certain nombre de problèmes. Ces problèmes sont liés essentiellement à la

présentation du produit (on peut aussi citer le fait que les gens se sont déjà habitués à la

consommation de sucre raffiné ou semi- raffiné).

52

2- Le problème le plus important dans ce domaine concerne l’impossibilité pour

Lascahobas de produire plus de sirop pour le marché pour pouvoir bénéficier ainsi des

marges plus alléchantes garanties par ce produit. L’enclavement des différentes localités

à l’intérieur de la commune est tel qu’elle se voit obligée de ne produire que pour les

marchés du rapadou (bien que les marchés du sirop soient plus intéressants).

5.8-ASPECT ORGANISATIONNEL DE LA FILIÈRE CANNE-A- SUCREL’analyse par filière consiste à suivre l’itinéraire d’un produit agro-alimentaire depuis la

production des matières premières servant à la fabrication jusqu’à son utilisation finale en

tant que produit alimentaire consommable (Louis Malassis,1973).A tous les niveaux de la

filière, les acteurs fonctionnent de façon individuelle. La production s’organise dans des

situations difficiles (maladies, pas de fertilisation).

Les produits sont disponibles en plus grande quantité pendant les périodes allant de

février à avril. Les prix sont fonctions de l’offre et de la demande.

Les producteurs ne sont pas organisés, dans toutes les zones, il y a des

organisations de paysans, mais ce n’est pas dans un but de coopération entre les

cultivateurs. Il y a une dépendance financière des producteurs et des transformateurs vis

à- vis des distributeurs. Il n’ y a pas de regroupement de commerçant de rapadou. Les

commerçants fonctionnent de façon individuelle car la concurrence existe au niveau de ce

maillon de la filière. Le fait qu’ils interviennent dans la filière comme des agents isolés

réduit la possibilité de faire monter les prix des produits (en dehors de l’effet de l’offre et

de la demande).

53

Chapitre 6 : CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

La canne- à- sucre est un produit stratégiquement et économiquement très

important dans la région du Plateau Central. C’est le produit à valeur économique par

excellence particulièrement parce qu’elle est peu exigeante en intrants ; c’est une culture

qui valorise des sols peu riches et qui est plus ou moins tolérante à un certain déficit

hydrique contrairement à certaines cultures alimentaires comme le maïs par exemple.

Le facteur limitant des ateliers à traction animale est le faible débit des moulins ; le point

faible des ateliers à moteur est la capacité des chaudières de cuisson.

Les rendements sont bas. L’amélioration des rapadouteries passe essentiellement par le

changement des moulins en bois en moulin en fer, par une amélioration des foyers et

l’accès des transformateurs à des nouvelles chaudières.

Les ateliers de transformation de la canne constituent une branche d’activité

importante par leurs implications sur l’économie régionale et nationale. Ils mobilisent des

capitaux importants, génèrent une somme non négligeable d’emplois et d’importants

profits.

Cependant, la plupart des entrepreneurs n’arrivent pas à apprécier le niveau de rentabilité

de leurs entreprises ; des documents comptables ne sont pas tenus régulièrement. Ils se

contentent souvent de dire « c’est rentable ; il n’y a pas de perte dans ces genres

d’activités ». Cette situation découle du niveau de formation des exploitants. On a

compris que 50% environ sont des analphabètes.

Pour lever certaines contraintes, certaines mesures doivent être prises d’une part pour

améliorer la conduite de la culture, la bonne marche des ateliers de transformation, et de

l’autre pour faciliter l’écoulement de la production. Les mesures proposées en ce sens

peuvent se résumer comme suit :

Améliorer le réseau routier déjà présent dans les localités

Faciliter l’accès aux cultivateurs au crédit formel afin d’augmenter leur capacité de

production, Puisque beaucoup de paysans de la zone disent souhaiter bénéficier d’un

système de crédit.

54

Organiser les producteurs en coopératives, cela pourrait les aider à définir à leur

guise, les circuits commerciaux les plus favorables, ce qui leur donnerait un plus

grand pouvoir au niveau du contrôle du marché de leurs produits.

Encadrer techniquement les agriculteurs de la région

Améliorer les ateliers de transformation de la canne à Lascahobas

Chercher à élargir la commercialisation du rapadou à d’autres classes de

consommateurs dans une optique d’extension du marché.

Améliorer à la fois la qualité et la présentation du produit.

Introduire et diffuser des variétés de canne résistantes à la maladie du charbon.

Envisager une amélioration technologique dans le sens de la motorisation des

moulins.

Parallèlement, compte tenu de la limite du travail, il est conseillé

de mettre en place d’autres études pouvant mieux traiter les problèmes

phytosanitaires (Identifier insectes et maladies puis proposer des moyens de lutte

appropriés) et ceux de la fertilisation minérale de cette culture dans la commune.

De venir avec des projets pouvant offrir aux paysans d’autres chaudières pour les

ateliers de transformation de la canne.

55

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PICV II (1998): Rapport de pré évaluation

57

ANNEXE

58