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ROYAUME DU MAROC MINISTERE DE LA SANTE INSTITUT NATIONAL D’ADMINISTRATION SANITAIRE Centre collaborateur de l’OMS Cycle de Mastère en Administration Sanitaire et Santé Publique Filière Management des Services de Santé Promotion (20o8-2010) Mémoire de fin d’études Elaboré par Encadré par Dr MEMAIN SRADO Daniel Dr Marc – Éric GRUENAIS Médecin. Sociologue, Directeur de recherche à l’IRD. Soutenu en Juillet 2010 UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE EN COTE D’IVOIRE, PERCEPTIONS ET PRATIQUES DES ACTEURS : ETUDE DE CAS DANS LA REGION SANITAIRE D’ABIDJAN, JANVIER 2006

UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

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ROYAUME DU MAROC MINISTERE DE LA SANTE

INSTITUT NATIONAL D’ADMINISTRATION SANITAIRE

Centre collaborateur de l’OMS

Cycle de Mastère en Administration Sanitaire et Santé Publique

Filière Management des Services de Santé

Promotion (20o8-2010)

Mémoire de fin d’études

Elaboré par Encadré par Dr MEMAIN SRADO Daniel Dr Marc – Éric GRUENAIS

Médecin. Sociologue, Directeur de recherche à l’IRD.

Soutenu en Juillet 2010

UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE EN

COTE D’IVOIRE, PERCEPTIONS ET PRATIQUES DES ACTEURS : ETUDE DE

CAS DANS LA REGION SANITAIRE D’ABIDJAN, JANVIER 2006

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REMERCIEMENTS

Nos remerciements sincères vont :

Au Dr Marc-Eric GRUÉNAIS, Directeur de recherche à l’IRD, Directeur de ce mémoire,

pour le suivi et la rigueur dans la direction de ce mémoire, à qui nous souhaitons un grand

succès dans toutes ses entreprises.

Au Ministre de la Santé de Côte d’Ivoire et à tous ses collaborateurs, en particulier au

Directeur de la Formation et de la Recherche et son personnel, pour tous les efforts

administratifs, financiers et logistiques déployés pour rendre effective cette importante

formation.

Au Ministre des Affaires Etrangères du Royaume du Maroc, singulièrement au Directeur

de l’Agence Marocaine de Coopération Internationale et à leurs personnels, pour le

financement et la mise en place d’un cadre social propice aux études.

Au Ministre de la Santé du Royaume du Maroc pour le financement des études, des stages

et l’encadrement technique de ces stages.

A l’Ambassadeur de la République de Côte d’Ivoire auprès du Royaume du Maroc et son

personnel, pour leur encadrement administratif et social qui ont entouré la formation.

A la DGCD de Belgique, pour le financement du stage international.

Au Professeur A. MAAROUFI, Directeur de l’Institut National d’Administration Sanitaire

(INAS), pour l’encadrement administratif et managérial de cette formation.

Au Professeur Vincent De BROUWERE pour son encadrement pédagogique et social

particulier.

A Monsieur AHMED Ait Malek, Secrétaire Général de l’INAS, pour son soutien.

Monsieur Abderrahim KARIB, pour sa disponibilité et son soutien.

A tout le corps professoral de l’INAS, pour leur encadrement technique et pédagogique.

Au Dr Adama COULIBALLY (Point Focal Paludisme à l’OMS à Abidjan), au Dr

KHADIDIATOU et Dr AMANI René (Points focaux paludisme à l’UNICEF), au Dr SAN

KOFFI M., Directeur du PNLP-Côte d’Ivoire, Dr KALIL Kéita, Chef de service de la lutte

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antivectorielle au PNLP-Guinée et à tous leurs personnels, pour leur disponibilité et leur

collaboration.

Au Dr MEMAIN-YENOU A. H, Dr KONAN Ponce Elysée, Mme Jocelyne METENIER,

Mr RABANI Ould Ahmed Salem, pour leur participation aux corrections et leur relecture

de ce mémoire.

A Mr TAKI KAN L., à Mr SERY Y. Théodore, au Dr YOUBOUET Brou B., au Dr KONE

A. Blaise, à Mme ESSESSE Charlotte, pour leur appui documentaire.

Aux responsables sanitaires et communales de PERIGUEUX : Mr le Directeur des Affaires

Sanitaires et Sociales, Mr le Maire de la Commune, Mr Patrick MEDEE, Directeur Général

et Mr Serge CROHER, Directeur Général Adjoint du Centre Hospitalier de PERIGUEUX,

aux responsables de la Province sanitaire d’El Kelaa des Sraghna : Dr ZITOUNI Deldou,

Délégué Provincial, Dr BENBOUJEMAA Lahcen, Directeur du CHP, aux personnels de

santé du SIAAP, aux responsables des centres de santé, à toutes les catégories

socioprofessionnelles de l’INAS, du CH de PERIGUEUX, du CHP d’El Kelaa des Sraghna

et à tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la création d’un cadre d’éducation et

d’apprentissage, à l’élaboration de ce travail et pour leur franche collaboration.

A Mme Traoré Natogoma Brigitte et Mme IDRISSI Lala Amina, Monsieur CHICHAOUI

Hassan, Mlle SALWA Benlkhir, Monsieur ABDELLATIF Belarbi, pour l’appui technique.

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DEDICACE

Je dédie ce travail :

Au DIEU TOUT PUISSANT, pour toutes conditions dont IL m’a fait grâce tout le long de

la formation.

A mon épouse MEMAIN-YENOU A. Hélène, à mes enfants MEMAIN-ZLANTOEDY

Brice-Arnaud, MEMAIN Marie Christiane, MEMAIN Kouadi Marie Rachelle, pour leur

persévérance, leur patience et leurs conseils.

A ma mère MEMAIN DOYA Kouiti Elisabeth, à mes frères et sœurs Georges MEMAIN,

G. Jean Thiery MEMAIN, L. Marthe MEMAIN, Samuel MEANGO, Salomon MEANGO,

Albert GUEU, Emmanuel BAGUI, mes tantes YOU BOLEU Henriette et YOU GATE, et

leurs familles, pour leurs conseils, leur soutien moral et financier.

A mon père MEMAIN YOU Gaston et à ma sœur ZEHE BEAPEU Hélène in mémorial.

A mes amis Mr RABANI Ould Ahmed Salem, Dr Martial Coly BOP, Dr MOCTAR Ould

Ahmed D. compagnons de tous les jours pour leur soutien sans faille et leurs

encouragements.

Au Président de l’Eglise UESSO-Côte d’Ivoire et de l’Eglise des Assemblées Chrétiennes

du Maroc, à leurs Pasteurs, à tous leurs membres et aux membres de la cellule

hebdomadaire de prière d’édification pour le soutien moral et leur encadrement spirituel.

A tous mes ami(e)s de la 10ème promotion 2008-2010 de l’Institut National

d’Administration Sanitaire (Rabat/Maroc) pour m’avoir accepté tel que je suis, leur

collaboration, leur sens de travail d’équipe et pour toutes les conditions sociales dont ils

m’ont encadrées, en particulier à mes ami(e)s marocain(e)s pour leur accueil et leur

hospitalité marocaine.

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RESUME

Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires

imprégnées d’insecticide, Utilisation.

Le paludisme semble être connu de tous à travers les langages de tous ces acteurs sociaux.

La réalité montre que derrière la dénomination «paludisme» ou plus communément «palu»

sont conçues et vécues des conceptions différentes. Notre travail a pour objectif

d’identifier les obstacles liés aux perceptions et aux pratiques des professionnels de santé

pouvant entraver la promotion des MII par les populations. L’exploitation secondaire des

données de deux enquêtes conduites en Côte d’Ivoire permet d’arriver aux résultats

suivants.

1- Les communautés sont peu informées sur l’implication réelle des moustiques dans

l’apparition du paludisme sur lequel elles gardent leurs conceptions culturelles. La relation

entre moustiques-paludisme-moustiquaire est faiblement établie, faisant de ces

moustiquaires un outil peu utilisé par ces populations. Des opportunités existent cependant

et méritent d’être saisies par le système de santé. Ces populations savent que le paludisme

est une grave maladie pour tous, dangereuse pour les femmes enceintes et pour les enfants,

et que tout le monde peut en être atteint. Elles pensent qu’il est possible de l’éviter. Des

actions initiées par certains professionnels de santé montrent que ces populations ne sont

pas hostiles à l’utilisation de ce matériel de protection.

2- Les professionnels de santé ne semblent pas toujours convaincus eux-mêmes de

l’innocuité des moustiquaires, gardent des perceptions traditionnelles et adoptent des

pratiques contraires à leurs messages de sensibilisation. Ils soutiennent que la responsabilité

de la faible utilisation des moustiquaires revient aux populations.

En tant que principaux acteurs de la santé, en contact fréquent et direct avec les

populations, leurs interventions seraient d’autant plus efficaces s’ils appliquaient

effectivement les messages théoriques de sensibilisation qu’ils diffusent, ce qui pourrait

contribuer à réduire les conceptions populaires erronées sur le paludisme, les moustiques,

les moustiquaires et à améliorer ainsi leur utilisation. Les actions de ces professionnels de

santé doivent être encadrées par une organisation cohérente et objective, utilisant les acquis

de la lutte antipaludique antérieure et les structures déconcentrées, faisant de l’évaluation

le moteur d’appréciation principale des activités dans un contexte de mise en commun des

ressources disponibles.

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Table des matières

LISTE DES TABLEAUX..............................................................................................................viiii

LISTE ALPHABETIQUE DES SIGLES ....................................................................................... viii

INTRODUCTION.............................................................................................................................. 1

PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE ET SITUATION DU SUJET..................................... 2

1.PROBLEMATIQUE ....................................................................................................................... 3

2.REVUE DE LA LITTERATURE................................................................................................... 5

2.1. Aperçus sur le paludisme ................................................................................................... 5

2.1.1. Parasites du paludisme ............................................................................................... 6

2.1.2. Moustiques et types de vecteurs................................................................................. 6

2.1.3. Homme et l’immunité antipaludique.......................................................................... 7

2.1.4. Aspects cliniques du paludisme et prise en charge .................................................... 7

2.1.5. Fardeau du paludisme................................................................................................. 9

2.2. Quelques mots clés........................................................................................................... 10

2.2.1. Perception................................................................................................................. 10

2.2.2. Rôle et place des professionnels de santé dans les activités préventives sanitaires . 11

2.3. Modèle conceptuel de l’étude .......................................................................................... 14

2.4. Evolution des grandes orientations de la lutte contre le paludisme à l’échelle internationale et de la Côte d’Ivoire............................................................................................. 16

2.4.1. Programme d’éradication du paludisme : 1950 à 1977............................................ 16

2.4.2. Phase de contrôle du paludisme : 1978 à 1991......................................................... 18

2.4.3. Initiative de Bamako ................................................................................................ 18

2.4.4. Accélération de la lutte contre le paludisme 1992 à 2006........................................ 19

2.4.5. Faire Reculer le Paludisme (Roll Back Malaria)...................................................... 21

2.4.6. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : de 2007 à nos jours 25

3.PRESENTATION DU SITE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE....................................... 26

3.1 Présentation du site d’étude.............................................................................................. 26

3.1.1. Faciès épidémiologiques du paludisme en Côte d’Ivoire......................................... 26

3.1.2. Présentation de la Côte d’Ivoire, de la région d’Abidjan et sa banlieue .................. 28

3.2 Méthodes et outils de recueil des données ....................................................................... 28

3.2.1 Type d’étude............................................................................................................. 28

3.2.2 Méthode et objectifs de l’étude réalisée auprès des professionnels de santé ........... 29

3.3 Hypothèse de travail......................................................................................................... 30

3.4 Limites et biais de la méthodologie de l’étude................................................................. 30

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS..................................................... 31

1.ORGANISATION DE LA MISE A DISPOSITION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE DU NIVEAU CENTRAL AU NIVEAU PERIPHERIQUE .............................. 32

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1.1. Au niveau du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP)...................... 32

1.2. Au niveau des Districts Sanitaires.................................................................................... 32

2.. PRESENTATION DES PERCEPTIONS ET DES PRATIQUES DE LA POPULATION DE LA MOUSTIQUAIRE ET DES CONTRAINTES LIEES A SON UTILISATION.............................. 34

2.1. Connaissances des populations sur les moustiques, le paludisme et les moustiquaires ... 34

2.2. Attitudes des populations face aux MII disponibles dans les ménages............................ 38

2.3. Pratiques des populations................................................................................................. 38

3.PERCEPTIONS ET PRATIQUES DES PROFESSIONNELS DE SANTE DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE ................................................................. 43

3.1. Caractéristiques générales des professionnelles de santé interrogées .............................. 43

3.2. Connaissances des professionnels de santé sur les moustiques........................................ 45

3.3. Attitudes des professionnels de santé face à l’utilisation des moustiquaires ................... 46

3.4. Pratiques des professionnels de santé face à l’utilisation des moustiquaires ................... 47

3.5. Suggestions faites par les professionnels de santé pour une amélioration de la lutte contre le paludisme ................................................................................................................................. 49

3.6. Ce que font quotidiennement les personnels de santé pour promouvoir la MII au niveau des formations sanitaires des districts.......................................................................................... 50

TROISIEME PARTIE : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS......................................... 52

1.DISCUSSIONS............................................................................................................................. 53

1.1. Sur l’organisation de la lutte contre le paludisme au niveau des partenaires................... 53

1.2. Sur l’organisation de la lutte contre le paludisme au niveau central : Cabinet du Ministre de la Santé, Programme National de Lutte contre le Paludisme, districts sanitaire.....................53

1.3. Sur les perceptions et pratiques des populations de Côte d’Ivoire................................... 56

1.4. Sur les perceptions et pratiques des professionnels de santé de la région d’Abidjan....... 58

1.4.1. Caractéristiques générales des professionnels de santé............................................ 58

1.4.2. Connaissances, attitudes et pratiques des professionnels de santé face au paludisme 60

1.4.3. Attitudes des professionnels de santé face à l’utilisation des moustiquaires ........... 60

1.4.4. Pratiques des professionnels de santé....................................................................... 62

1.5. Sur les suggestions faites par les professionnels de santé pour une amélioration de la lutte contre le paludisme ...................................................................................................................... 63

2.RECOMMANDATIONS.............................................................................................................. 65

2.1. De la nécessité de la capitalisation de tous les efforts de lutte antipaludique des partenaires.................................................................................................................................... 65

2.2. De l’utilisation des acquis et de la participation communautaire par le niveau central ... 65

2.3. Aux médecins chefs de districts sanitaires....................................................................... 66

2.4. Aux autres professionnels de santé .................................................................................. 67

2.5. Aux populations ............................................................................................................... 67

CONCLUSION................................................................................................................................ 68

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ......................................................................................... 70

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau I : Moyens utilisés par les ménages pour éviter la piqûre des moustiques......................... 40

Tableau II : Comment la population a entendu parler des moustiquaires ........................................ 41

Tableau III : Répartition des agents de santé par sexe : N= 181...................................................... 43

Tableau IV : Répartition des agents de santé par groupe ethnique : N= 181 ................................... 43

Tableau V : Répartition des agents de santé par lieux de résidence : N= 181 ................................. 44

Tableau VI : Répartition des agents de santé par catégories professionnelles : N= 181.................. 44

Tableau VII : Répartition des agents de santé selon le nombre d’enfants à charge : N= 181.......... 44

Tableau VIII : Répartition des agents de santé selon le nombre d’autres personnes à charge que leurs enfants : N= 181 ...................................................................................................................... 44

Tableau IX : Répartition des agents de santé selon l’âge des enfants à charge : N= 181 ................45

Tableau X : Répartition des agents de santé selon l’état gestationnel des femmes ou de leurs femmes: N= 181............................................................................................................................... 45

Tableau XI : Répartition des agents de santé selon ce qu’ils pensent de la densité des moustiques au niveau de leur domicile : N= 181..................................................................................................... 45

Tableau XII : Répartition des agents selon le lieu de présence des moustiques : N= 181 ............... 46

Tableau XIII : Répartition des agents de santé selon les raisons pour se protéger du paludisme : N= 181.................................................................................................................................................... 46

Tableau XIV : Répartition des utilisateurs de moustiquaires dans les ménages : N= 83................. 46

Tableau XV : Répartition des causes de la non imprégnation des moustiquaires : N= 31............... 47

Tableau XVI : Répartition des agents santé selon la façon dont ils se sentent quand ils dorment sous la moustiquaire : N= 181.................................................................................................................. 47

Tableau XVII : Répartition des agents de santé selon les moyens de lutte qu’ils utilisent dans leurs ménages contre les nuisances des moustiques : N= 181 .................................................................. 47

Tableau XVIII : Durée d’utilisation des moustiquaires (seules et avec bombes insecticides) : N= 83.......................................................................................................................................................... 48

Tableau XIX : Répartition des agents selon le type de moustiquaires utilise : N= 83 ..................... 48

Tableau XX : Répartition des agents de santé selon la vente de moustiquaire imprégnée dans leur formation sanitaire : N= 181 ............................................................................................................ 48

Tableau XXI : Répartition des agents de santé selon les raisons de l’indisponibilité des MII: N= 181.................................................................................................................................................... 48

Tableau XXII : Répartition des agents de santé selon la disponibilité du matériel d’imprégnation dans leur formation sanitaire : N= 181............................................................................................. 49

Tableau XXIII : Répartition des agents de santé selon la réalisation de la réimprégnation des moustiquaires dans leurs formations sanitaires : N= 181................................................................. 49

Tableau XXIV : Répartition des agents de santé selon les propositions faites pour une meilleure promotion des moustiquaires imprégnées : N= 181......................................................................... 49

Tableau XXV : Répartition des agents de santé selon les propositions faites pour une meilleure lutte contre le paludisme : N= 181 ................................................................................................... 50

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LISTE ALPHABETIQUE DES SIGLES

CDS : Centre de Documentation en Santé

COGES : Comité de Gestion sanitaire

CTA : Combinaison Thérapeutiques à base d’Arthémisinine

DDT : Dichloro-Diethyle-Trochloréthane

DRESS : Direction Régionale des Etablissements Sanitaires et Sociaux

GFATM : Global Funds of Antiviral, Tuberculosis and Malaria

IB : Initiative de Bamako

MII : Moustiquaire Imprégnée d’Insecticide

MILDA : Moustiquaires Imprégnée Longue Durée d’Action

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PNDS : Plan National de Développement Sanitaire

PNLP : Programme National de Lutte contre le Paludisme

PSP : Pharmacie de la Santé Publique

RBM : Roll Back Malaria

SIDA : Syndrome d’Immunodéficience Acquise

SP : Sulfadoxine - Pyriméthamine

TPI : Traitement Préventif Intermittent

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

VIH : Virus d’Immunodéficience Humaine

WHO : World Health Organization

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1

INTRODUCTION

Plus de 41% de la population mondiale est exposée au risque de contracter le paludisme

avec entre 300 et 500 millions de nouvelles infections ou réinfections annuelles. Près de

90% de ces cas surviennent en Afrique subsaharienne et concernent principalement les

enfants de moins de 5 ans (WHO, 2003). Le paludisme tue chaque année 1,5 à 2,7

millions de personnes dont 1 million d'enfants de moins de 5 ans (Akilimali, 2008).

Parmi les multiples stratégies de prévention identifiées, un accent particulier est mis sur

l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII). Son efficacité a été

largement démontrée à travers plusieurs études dont les résultats concordants ont conduit

l’OMS à les recommander aux pays touchés par le paludisme.

La Côte d’Ivoire a opté pour ces MII et les a incluses en 1996 sur la liste des médicaments

essentiels, réduisant ainsi son coût pour les rendre financièrement accessibles à la

population. Sa promotion a été soutenue par des directives, des déclarations officielles et

des messages de sensibilisation afin d’amener les populations à l’utiliser massivement. Le

relais communautaire de proximité de ce processus de sensibilisation, repose beaucoup sur

les professionnels de santé. Malgré ces actions promotionnelles, l’utilisation de ces

moustiquaires se situe en deçà des attentes : en 2006 une couverture de 3% avec une

possession de 33%, en 2008 une couverture de 13,5% chez la femme enceinte et de 14,8%

chez les enfants âgés de moins de 5 ans (PNLP, 2000-2008) et le paludisme constitue

encore un problème majeur de santé publique : morbidité de 50,17% de toutes les causes

de morbidité, mortalité hospitalière de 33%. En matière de promotion de la santé, les

professionnels de santé ont un rôle essentiel pour favoriser l’utilisation correcte et régulière

de ces moustiquaires. Cette promotion s’adresse aux comportements et aux attitudes sur

lesquels portera notre étude.

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2

PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE ET SITUATION DU SUJ ET

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3

1. PROBLEMATIQUE

Depuis l’échec du programme d’éradication du paludisme qui s’est heurté à la résistance

de l’Anophèle au DDT, l’OMS (2010) a recommandé d’autres stratégies pour lutter contre

cette maladie:

- Le diagnostic précoce et le traitement rapide de tous les épisodes cliniques (si possible

dans les 24 heures suivant l’apparition des symptômes);

- La planification et la mise en œuvre de mesures de prévention viables, y compris

l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide et la lutte contre les vecteurs;

- La détection précoce pour la prévention ou la limitation des épidémies;

- Le renforcement des capacités locales de recherche pour promouvoir l’évaluation

régulière de la situation dans les pays, en particulier sur les déterminants écologiques,

sociaux et économiques de la maladie.

Notre travail porte sur la deuxième stratégie de prévention : l’utilisation des moustiquaires

imprégnées d’insecticide. Ces moustiquaires se sont avérées à contribuer à réduire la

mortalité due au paludisme d'en moyenne 18 % (Kalebo, 2009) chez les enfants en Afrique

subsaharienne et à accroître la proportion de meilleures issues de la grossesse. Cette

méthode est la moins chère et la plus efficace des moyens de prévention identifiés.

Plusieurs recherches menées depuis 1988 à ce jour, ont mis en évidence l'efficacité des

moustiquaires imprégnées dans la lutte contre le paludisme, notamment au Burkina Faso,

au Cameroun, en Gambie, en République Démocratique du Congo, au Kenya, au Ghana,

au Bénin et en Côte d'Ivoire. Ces études ont produit des données convaincantes sur

l'efficacité de ces moustiquaires imprégnées par rapport aux coûts de chaque décès évités

que Aikins estimait en 1995 à plus de 600 dollars américains.

D’autres études faites à l'échelle de villages en Papouasie-Nouvelle Guinée (Charlwood et

Graves, 1987) ont montré que les MII peuvent contribuer à détourner les moustiques des

hommes vers les animaux par leurs effets répulsifs pour chercher leur repas de sang,

piquant ainsi moins les humains. Mais souvent les populations ont difficilement accès à ces

moustiquaires. Les commandes faites par les agents de santé sont rares et insuffisantes ; les

populations signalent des difficultés financières qui limitent son acquisition. Elles ont des

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perceptions et des contraintes domiciliaires défavorables à l’utilisation correcte et régulière

de ces moustiquaires. Les constats faits à partir des comportements quant à l’utilisation des

moustiquaires, montrent que la population n’est pas toujours tout à fait convaincue des

multiples messages que diffuse le système de santé. Ces situations qui limitent l’accès

massif aux moustiquaires imprégnées d’insecticide ne sont pas spécifiques à un pays.

En 2009 en Guinée Conakry, une enquête du Ministère de la Santé (PNLP, Guinée, 2009)

rapportait que seuls 28,1% des enfants de moins de 5 ans, et 24,7% des femmes enceintes

avaient dormi sous une moustiquaire (imprégnée ou non) la veille de l’enquête.

En 2009 au Mali, malgré la distribution gratuite de moustiquaires aux femmes enceintes et

aux enfants par le Ministère de la Santé (EDSM-IV, 2009), 69% des ménages possédaient

au moins une moustiquaire avec seulement 41% des enfants et 42% de l’ensemble des

femmes de 15-49 ans ayant dormi sous une moustiquaire la veille de leur interview.

En 2006 au Bénin, Djegui (2006) rapportait que 41% d’enfants de moins de 5 ans et

31,67% des femmes enceintes avaient dormi sous des moustiquaires imprégnées

distribuées gratuitement.

En 2008 en République Démocratique du Congo, Akilimali (2009), indiquait un taux de

43,1% chez les enfants de moins de 5 ans ayant passé la nuit sous MII.

En Juin 2009, Dieng (2009) rapportant les données de l'OMS au niveau de la région

Africaine sur la lutte contre le paludisme en 2008 indiquait que dans cette région abritant

43 % des populations exposées au risque de paludisme, en moyenne 34 % des ménages

possèdent au moins une MII. Toutefois, 23 % seulement des enfants de moins de 5 ans

l’utilisent.

Les professionnels de santé réalisent tous les jours les consultations des malades dont des

paludéens. Pour ces derniers, le Ministère recommande de profiter de leur présence pour

les sensibiliser sur la lutte contre le paludisme, en particulier sur les avantages de

l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Ces actions interpersonnelles sont

appuyées par des campagnes publiques de sensibilisation, des démonstrations de

l’imprégnation des moustiquaires. En tant que références en matière de santé et promoteurs

de la prévention, ces agents de santé doivent donner l’exemple de l’utilisation de ces

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5

moustiquaires. Devant cette situation d’insuffisance de l’utilisation des moustiquaires

imprégnées par les populations, nos regards se sont tournés vers ces professionnels de

santé qui sont les acteurs de terrain, pour comprendre leurs perceptions et leurs pratiques,

l’organisation du circuit de gestion qui amène ces moustiquaires à la population, afin de

développer des alternatives stratégiques efficientes.

Pour la Côte d’Ivoire, il existe un certain nombre de publications sur les représentations

sociales et les pratiques liées à l’utilisation des moustiquaires (Doannio et al, 2006; PNLP,

2001-2004 et 2008; Doudou, 2008). En revanche à notre connaissance, il y a peu ou pas

d’études réalisées sur les perceptions et les pratiques des personnels de santé en tant que

relais du niveau central œuvrant au sein de la société et dont ils devraient être les

principaux éducateurs. Notre étude sur l’«Utilisation des moustiquaires imprégnées

d’insecticide en Côte d’Ivoire, perceptions et pratiques des acteurs : Etude de cas dans la

région sanitaire d’Abidjan» est consacrée à la deuxième stratégie mondiale de l’OMS qui

est la mise en œuvre de mesures de prévention sélectives efficaces et durables, y compris la

lutte antivectorielle par l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Pour ce

faire, une revue de la littérature, la conceptualisation du modèle qui soutient notre

raisonnement, la présentation du site et de l’approche méthodologique sont nécessaires.

2. REVUE DE LA LITTERATURE

Pour la compréhension de notre sujet, il importe de donner un aperçu sur le paludisme, de

définir les principaux termes qui le sous-tendent (paludisme, moustiquaire imprégnée

d’insecticide, perceptions) avant de présenter la revue de la littérature sur les rôles des

professionnels de santé.

2.1. Aperçus sur le paludisme

Le paludisme est causé par la présence dans le sang des parasites (protozoaires) transmis

par des moustiques anophèles. Sa transmission est élevée dans toute la zone intertropicale

entre 30° de latitude Nord et le 30° de latitude Sud (Mendis, 2001). Le paludisme met en

jeu trois acteurs : un parasite (protozoaire), un vecteur (le moustique anophèle) et un

réservoir (l’homme).

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2.1.1. Parasites du paludisme

Le Plasmodium falciparum est présent dans les zones tropicales d'Afrique, d'Amérique

Latine et d'Asie. Il est l’espèce dominante en Afrique. C’est l’espèce la plus pathogène et

responsable d'environ 80 % de tous les cas de paludisme ainsi que de 90 % des décès

(Mendis, 2001). Le P. vivax coexiste avec P. falciparum dans de nombreuses parties du

monde. Il est présent dans certaines régions tempérées. P. vivax et P. ovale ne tuent pas,

mais peuvent entraîner des rechutes après la primo-infection : 4 à 5 ans pour P. ovale et

jusqu'à 20 ans pour P. vivax. Le P. ovale est principalement trouvé en Afrique de l'ouest.

Le P. malariae a une distribution mondiale très inégale.

Le cycle évolutif du Plasmodium est assez complexe et se déroule chez l'anophèle

(vecteur), et chez l'homme (véritable hôte définitif). Chez le moustique, la durée de

maturation est étroitement dépendante de la température extérieure. Pour le P. falciparum,

il n’y a pas de maturation en dessous de 18°C ou au-dessus de 35°C. Cette maturation est

maximale vers 24°C. Les parasites vivent dans le foie de l`homme puis dans ses globules

rouges dont ils provoquent la destruction, ce qui est à l’origine d'une anémie et déclenche

l'accès fébrile.

2.1.2. Moustiques et types de vecteurs

Il existe plusieurs types de moustiques. Le paludisme est transmis d'un être humain

paludéen à un autre (sain) par les piqûres de la femelle de moustiques anophèles. Les

moustiques vecteurs du paludisme sont tous particulièrement actifs pendant la nuit entre 21

heures et 5-6 heures. Les pics d’activité des anophèles africains vecteurs du paludisme

arrivent d’abord vers 1 heure du matin puis vers 5-6 heures; ces horaires sont plus ou

moins décalés selon les espèces vectrices, c’est la variabilité interspécifique (Lundwall et

al, 2005). Le vol des anophèles est silencieux, insonore, et sa piqûre est indolore et non

urticante, le dormeur n'étant pas dérangé par des bruits de vol (Pages et al, 2007). Les

anophèles ont besoin d’eaux propres et calmes pour la ponte et le développement de cycle

de vie depuis les œufs jusqu’au stade d’adultes.

Contrairement aux anophèles, les autres types de moustiques peuvent vivre dans des eaux

sales et dans les ordures qui sont d’ailleurs fréquentes dans les agglomérations humaines.

Leur vol est brouillant et les piqûres sont douloureuses. Malheureusement, il est difficile

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pour la population de faire la distinction entre les anophèles et les autres types de

moustiques qui transmettent d’autres maladies, notamment la fièvre jaune, la dingue, etc.

2.1.3. Homme et l’immunité antipaludique

Les personnes les plus à risque du paludisme sont les enfants de 7 mois à 7 ans, les femmes

enceintes (surtout les primigestes) et les voyageurs dont l’état immunitaire ne peut les

protéger contre le paludisme. Cette immunité peut s’établir après plusieurs années

d’exposition au paludisme si la transmission est constante. Elle est acquise lentement et

progressivement en 5 ans et plus. Elle est labile et disparaît en 12 à 24 mois chez le sujet

immun qui quitte la zone d’endémie, chez la femme enceinte au 2e et 3e trimestre de la

grossesse et chez le splénectomisé (Aubry, 2009).

2.1.4. Aspects cliniques du paludisme et prise en c harge

Deux tableaux cliniques principaux sont identifiables (Aubry, 2009): tableaux communs

aux quatre principaux plasmodiums, tableaux d’accès palustres graves à P. falciparum et

tableaux des formes cliniques du paludisme.

Les tableaux communs comprennent, l’accès palustre simple (Aubry, 2009) dit de primo-

invasion. Les manifestations cliniques du paludisme simple sont polymorphes et variables

selon l'âge, l'état immunitaire du sujet et l'intensité de l'infestation plasmodiale.

- Chez l'enfant et l'adulte : fièvre, frissons, sueurs, inappétence, insomnie, vertige,

troubles digestifs, céphalées, courbatures et arthralgies, urines foncées et asthénie.

- Chez le jeune nourrisson : refus de téter, pleurs incessants et fièvre ou hypothermie.

Parmi les critères de paludisme grave à Plasmodium falciparum tels que définis par l’OMS

en 2000 Aubry, 2009) figurent l’accès pernicieux ou neuropaludisme, et l’accès palustre

grave (autres que le neuropaludisme). Le paludisme viscéral évolutif (anciennement appelé

cachexie palustre), la fièvre bilieuse hémoglobinurique, les néphropathies (néphrites

quartanes par néphropathies aiguës glomérulaires et/ou tubulaires du paludisme grave) le

plus souvent chez l’adulte, sont les autres formes graves du paludisme qui peuvent donc

constituer une menace vitale.

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Au niveau clinique, le paludisme grave peut induire des changements de comportement

(confusion, agitation, somnolence), une altération de la conscience voire un coma, des

convulsions répétées, un ictère, un collapsus circulatoire ou choc, oligurie, des hémorragies

diffuses, des urines foncées, une détresse respiratoire.

L’anémie palustre est multifactorielle. Son mécanisme associe une destruction cellulaire et

une inhibition de l’érythropoïèse. Chez les nourrissons, en zone de transmission élevée et

modérée du paludisme, l’anémie est secondaire à l’infection placentaire (OMS/RBM,

2009). Le paludisme pendant la grossesse peut justifier de 2 à 15% de l'anémie maternelle,

de 5 à 14% de l'insuffisance pondérale des nouveau-nés par l’infection placentaire qui

réduit les échanges nutritives du fœtus (Oladipo, 2002).

Deux dimensions caractérisent la prise en charge du paludisme : le traitement curatif de cas

de paludisme selon les tableaux et la prévention.

Depuis l’apparition, l’extension et l’augmentation de la résistance des plasmodiums à la

chloroquine, le traitement se fait désormais principalement avec les combinaisons

thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) pour le paludisme simple et la quinine pour les

cas compliqués, si aucune situation ne les contre-indique.

La prévention du paludisme repose sur deux stratégies :

- La chimio prophylaxie est préconisée chez les femmes enceintes et se fait par

l’utilisation de la sulfadoxine-pyriméthamine (SP) en traitement préventif intermittent

(TPI). Ce traitement préventif consiste à donner deux doses de SP à la femme enceinte,

au deuxième et troisième trimestre de la grossesse.

- La prévention du risque d’exposition aux vecteurs peut se faire au niveau

environnemental et domiciliaire par l’épandage des insecticides recommandés par

l’OMS. Elle doit se faire surtout par l’utilisation de grillages que l’on dispose aux

portes et aux fenêtres, et par l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticides.

Il est existe deux sortes de moustiquaires imprégnées d’insecticide :

o Une MII conventionnellement traitée est celle qui, après sa fabrication doit être

imprégnée d'insecticide. Pour assurer son effet continu, cette moustiquaire doit

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être réimprégnée d'insecticide après trois lavages, ou bien une fois par an selon le

type d’insecticide utilisé.

o Une MII traitée industriellement dont les fibres contiennent en abondance de

l'insecticide ; l'imprégnation est faite au cours du processus de fabrication avec

une durée d'efficacité annoncée de plusieurs années. Cette MII ou moustiquaire

imprégnée à longue durée d’action (MILDA) conserve son effet répulsif sans ré

imprégnation après 20 à 25 lavages ou après 3 ans d'utilisation. Par son action

répulsive et toxique pour les moustiques, une moustiquaire imprégnée garantit

une nuit sans piqûres, ce qui permet de réduire le risque de transmission du

paludisme.

La gestion de l’environnement appuie les autres stratégies préventives précitées. Elle invite

les populations à se débarrasser des éléments environnementaux qui peuvent permettre à

l’anophèle de se reproduire : eaux stagnantes et usées, jardins mal entretenus, etc.

En Côte d’Ivoire, pour le traitement curatif des cas simples de paludisme, la combinaison

utilisée est l’artésunate avec l’amodiaquine ; la quinine est réservée aux formes graves.

Pour la prévention du paludisme, la sulfadoxine-pyriméthamine est utilisée chez les

femmes enceintes en traitement préventif intermittent. Pour toute la population, une large

place est faite à la promotion des moustiquaires imprégnées d’insecticide sur laquelle

portera notre travail. Nous emploierons indifféremment par la suite les expressions

« moustiquaires imprégnées » et «moustiquaires imprégnées d’insecticide».

2.1.5. Fardeau du paludisme

En Afrique subsaharienne, le paludisme est la principale cause de mortalité chez les

enfants âgés de moins de cinq ans (20%). Il représente 10% de la charge totale de

morbidité du continent (Mitangala et al, 2008). Selon le rapport de Roll Back Malaria

(RBM, 2001–2010), en Afrique, le paludisme est responsable de 40% des dépenses de

santé publique, de 30-50% des admissions dans les hôpitaux et de pas moins de 50% des

consultations externes dans les zones de forte transmission.

Pour la seule Afrique, son poids économique est estimé à environ 12 milliards de dollars

annuels. Selon les mêmes estimations, le paludisme ralentit la croissance économique des

pays africains d'environ 1,3 % par an.

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Dans les pays en voie de développement, le paludisme est l'une des principales causes de

morbidité et de mortalité. Ces chiffres augmentent chaque année. Cette situation s’explique

notamment par la détérioration des systèmes de santé, la résistance accrue des parasites aux

médicaments et des vecteurs aux insecticides, les guerres (Yacouba, 2006) qui perturbent

le fonctionnement normal du système de santé et l’organisation de la riposte,

l’augmentation de la température entraîne aussi la propagation de nombreuses maladies

parasitaires par l’intermédiaire des moustiques, la densification de la population (Meunier,

2009), la déforestation, les travaux d’aménagement hydriques, l’humidité et la pluie

(Tubiana, 2009). Cette maladie ne fait pas seulement perdre des vies et de la productivité,

mais handicape l'éducation des enfants et le développement social, par l'absentéisme et les

infirmités neurologiques associées aux formes graves de la maladie (Ian, 2002). Environ

un enfant sur dix souffrira de troubles neurologiques après un paludisme cérébral, que ce

soit l'épilepsie, des troubles d'apprentissage, des changements de comportement, la perte de

coordination ou des troubles de la parole. Ces troubles peuvent entraîner un inconfort

physique et conduire à la stigmatisation dans la communauté, réduire la capacité des

individus au travail en imposant un fardeau économique supplémentaire.

Outre son impact sur la santé, le paludisme impose un lourd fardeau économique à de

nombreux pays endémiques, en contribuant au cycle de la pauvreté et en entravant le

développement économique (RBM, 2005-2015).

2.2. Quelques mots clés

Le terme «professionnels» de santé regroupe plusieurs entités socioprofessionnelles :

médecins, infirmiers, sages-femmes, pharmaciens, psychologues, nutritionnistes, assistants

sociaux, etc.). Notre travail porte essentiellement sur trois catégories : médecins, infirmiers

et sages-femmes.

2.2.1. Perception

Selon Lindsay et Donald (1977), la perception est le processus par lequel les organismes

interprètent et organisent la sensation pour produire une expérience significative dans le

monde. Dans la pratique, la sensation et la perception sont quasiment impossibles à

séparer, parce qu'elles font partie d'un processus continu. Ainsi, la perception chez

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l'homme décrit le processus par lequel la stimulation sensorielle est traduite en expérience

organisée.

Dans «l’analyse de pratiques professionnelles», Robo (2001) distinguait plusieurs

définitions à ce vocable:

- Au singulier (la pratique), c’est le fait pour une personne d'exercer une activité

concrète, historiquement déterminée. Elle est faite d’expérience, d’habitude

approfondie (avoir la pratique des affaires) ou encore d’application de préceptes.

- Au pluriel (les pratiques), c’est le comportement habituel, la façon d'agir. Le sens

courant évoque la mise en application de principes (d'un art ou d'une science), d'idées

ou d'une technique en vue d'un résultat concret.

Toute pratique, comme l'a développé Billerot (2001) est une réalité sociale, psychosociale,

voire institutionnelle.

Dans notre contexte, il s’agit de la mise en application de principes et recommandations de

la santé par les professionnels de santé en matière de lutte contre le paludisme.

2.2.2. Rôle et place des professionnels de santé da ns les activités préventives sanitaires

Les écrits internationaux définissent précisément le rôle du médecin généraliste dans la

promotion de la santé et l’amélioration de l'état de santé globale des patients (Laperche,

2007). Dans sa définition européenne, la médecine générale entend "favoriser la promotion

et l'éducation pour la santé par une intervention appropriée et efficace (Wonca, 2002) ". La

"promotion de la santé" est également l'une des sept compétences attendues pour

l'excellence de la pratique médicale, suivant le cadre de compétences (Jason, 2005), tant

pour les médecins spécialistes que pour les médecins généralistes.

L’infirmier a également un rôle important à accomplir dans la prévention. Ce rôle passe

par l’éducation à la santé. Les soins éducatifs font aussi partie de ses rôles. Selon le Guide

du service infirmier 86/21 bis n°3 (Grenet, 2005), les soins éducatifs, “ce sont des

interventions qui consistent à offrir à une personne ou à un groupe, des informations,

conseils ou une assistance pour lui permettre de comprendre ce qui peut maintenir,

restaurer, promouvoir sa santé et de modifier ses comportements”. L’infirmier doit aussi

Page 21: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

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mener des actions d’information et d’éducation sur la santé, les risques professionnels

encourus, la prévention des maladies graves et les règles générales d’hygiène.

La déclaration de Munich (OMS, 2003) estime que les infirmières et les sages-femmes ont

un rôle clé et de plus en plus important à jouer dans les efforts mis en œuvre par la société,

face aux problèmes de santé publique de notre époque et pour une offre de services de

santé de qualité, accessibles, équitables, rationnels et adaptés. Ces services doivent

également garantir la continuité des soins en tenant compte des droits et des besoins des

individus.

Dans le cadre d’une étude portant sur les mutations de la médecine générale en France,

Olaya (2005) présentait les résultats d’une enquête réalisée auprès de la patientèle des

médecins généralistes de la région de Rhône-Alpes. Dans cette enquête, les populations

souhaitent que leur médecin généraliste observe une relation «humaine» (87,5%) de

«proximité» (95%). Ce dernier devrait être un «conseiller» (80%), un «technicien/expert»

(47%) et un «confident» (40%) avec qui aborder des thèmes comme la «prévention» (79%)

le «dépistage» (70%), la «vaccination» et les «problèmes psychologiques» (53%) en

dehors des motifs de consultations. Ce sentiment peut s’appliquer aussi aux infirmiers et

aux sages femmes qui réalisent les consultations « médicales » en milieu rural sous nos

tropiques du fait de l’insuffisance de postes budgétaires nécessaires au recrutement des

personnels médicaux.

Le professionnel de santé doit composer avec trois types de réalité : le rôle attribué et

contrôlé par ses supérieurs hiérarchiques, les attentes de la population et ses propres

habitudes de vie. Comme l’écrit Lahire (2004), l’individu est un «homme pluriel», il

dispose de plusieurs régimes d’actions auxquels il fait appel dans des contextes différents.

Les centres de santé et leurs personnels ont pour principale fonction la prévention. A ce

titre les agents de santé sont donc censés être les promoteurs communautaires de

l’utilisation de la moustiquaire imprégnée d’insecticide. Cela les positionne en tant que

premiers utilisateurs de ces moustiquaires et voudrait dire aussi que ceux-ci sont

convaincus de leur efficacité et adoptent un comportement et un langage favorisant son

utilisation. Comme l’écrit Rioux, (2009) à propos de la vaccination contre la grippe H1N1,

«l'exemple doit venir des blouses blanches (médecins et des infirmiers) en se faisant

Page 22: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

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vacciner contre le virus de la grippe A (H1N1) »; Underner et al (2006), précisaient

également, par exemple, que le tabagisme du médecin généraliste influence son attitude à

l’égard des patients fumeurs. Car tout ce que le médecin dit et fait est sujet de

questionnements, d’interprétations et éventuellement d’imitations de la part de la

communauté. La réussite d’une intervention exige donc que les promoteurs soient

convaincus et utilisent le matériel dont ils font la promotion.

Le comportement de rejet d’une méthode préventive recommandée par le Ministère de la

santé n’est pas propre à la Côte d’Ivoire. En effet, une étude menée par JESTIN en 2009

sur les perceptions, les attitudes et les réticences face à la vaccination des enfants, indique

que 30% des médecins ne sont pas convaincus de l’absence d’effets secondaires du vaccin

anti-VHB chez les nourrissons. Il en est de même pour l’utilisation des moustiquaires. Déjà

en 2001, 10% des professionnels de santé estimaient qu’en Côte d’Ivoire, le produit utilisé

pour l’imprégnation des moustiquaires induisait une toxicité chez les enfants (PNLP,

2001). Il s’agissait entre autres de prurits généralisés ou localisés, de la rougeur des yeux et

des éternuements. Une analyse de la situation avait permis de comprendre que cette

situation était liée à des erreurs de dosage du produit et de séchage de la moustiquaire.

Cette attitude controversée envers les stratégies préventives du Ministère de la Santé s’est

rencontrée aussi en France en 2009 et 2010, au sujet des campagnes de vaccination contre

la grippe H1N1. Malgré l’information, la sensibilisation des professionnels de santé sur les

cibles particulières de la population vulnérable et les catégories socioprofessionnelles

médicales à vacciner prioritairement et leur implication, le rapport d’activités du Centre

Hospitalier de Périgueux (Région d’Aquitaine, Bordeaux), par exemple, indiquait que

seulement 18,97% (466 sur 2456) des professionnels de santé (médecins, infirmiers, sages

femmes, administratifs) se sont fait vacciner en décembre 2009 et 19,22% (472 sur 2456)

en Janvier 2010. Les comportements des individus peuvent influencer négativement ou

positivement sur l'application des méthodes, curatives ou préventives au sein de la

communauté.

Notre étude qui porte notamment sur «les perceptions et les pratiques des professionnels de

santé» cherche à présenter leurs perceptions et leurs pratiques en situation réelle dans leur

ménage au-delà des pratiques professionnelles publiques et connues.

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2.3. Modèle conceptuel de l’étude

Le modèle conceptuel suivant indique les différents niveaux d’interventions qui peuvent

générer des facteurs qui influenceraient l’utilisation des moustiquaires imprégnées

d’insecticide. Notre travail se focalisera particulièrement sur les perceptions et les

pratiques des professionnels de santé

Modèle conceptuel des facteurs influençant l’utili sation des moustiquaires imprégnées d’insecticide

Système central de santé- Organisation de la lutte contre le paludisme- Approvisionnement districts (MII, insecticides)- Supervisions des activités des districts- Evaluation, recherche d’amélioration- Elaboration Guides (formation, imprégnation), - Elaboration des messages de sensibilisation - Financement des activités

Partenaires (multi, bilatéraux, ONG, Clubs Services)

- Appui au financement des MII- Appui logistique et technique

Utilisation des moustiquaires

par la population

Professionnels de santé- Disponibilisation MII, insecticides- Ré imprégnation moustiquaires- Sensibilisation population - Evaluation des activités- Donner l’exemple de l’utilisation des MII - Impliquer la communauté

Population des districts- Liens qu’établie la population entre la piqûre des moustiques et apparition du paludisme- Pauvreté de la population- Contraintes domiciliaires empêchant l’usage correcte des MII- Perceptions de l’utilisation des MII

Districts sanitaires- Commande et approvisionnement des services en MII et en insecticides- Supervision et suivi des activités- Evaluation et recherche d’amélioration- Elaboration des rapports d’activités- Implication des communautés

En Côte d’Ivoire, l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide implique de

façon complémentaire cinq grands acteurs : le système central de santé représenté par le

Programme National de Lutte contre le Paludisme, la Centrale d’Achat du Ministère de la

Santé, les districts sanitaires, les professionnels de santé exerçant dans les structures

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sanitaires des districts, la population et les partenaires qui appuient tout ce processus de

gestion de ces moustiquaires.

- Le Programme National de Lutte contre le Paludisme oriente la lutte contre le

paludisme, organise la sélection et l’approvisionnement des districts sanitaires en

moustiquaires et en insecticide en collaboration avec la Centrale Pharmaceutique

d’achat, forme les acteurs de terrain aux techniques d’imprégnation, équipe ces districts

en matériels d’imprégnation, leur apporte un appui financier et accompagne ces acteurs

par les supervisons et les évaluations.

- Les médecins chefs, en tant que représentants du Ministre de la santé au niveau des

districts sanitaires coordonnent la gestion de toutes les activités sanitaires y compris le

paludisme et s’assurent de leur bonne conduite par les agents de santé placés sous leur

autorité. Pour ce qui concerne les moustiquaires, ils effectuent leurs commandes et

approvisionnent les formations sanitaires de leurs aires selon leurs demandes. Ils

réalisent des supervisions, le suivi des activités, leurs évaluations et conçoivent

localement des solutions d’amélioration, élaborent et utilisent annuellement des

rapports sur les activités réalisées.

- Les partenaires apportent un appui financier, logistique et technique (directement ou

indirectement) pour l’achat, le transport des moustiquaires, la sensibilisation des

populations, les supervisions et les évaluations des activités réalisées au niveau des

districts.

- La population vivant dans les aires sanitaires des districts observe des perceptions (du

paludisme, des moustiques et de ces moustiquaires) qui l’amènent à établir peu ou pas

de lien entre les piqûres des moustiques, l’apparition du paludisme et l’utilisation des

moustiquaires. A leur niveau, certaines situations peuvent limiter l’utilisation de ces

moustiquaires : la pauvreté, les contraintes domiciliaires.

- Les professionnels de santé des districts sanitaires sont la cheville ouvrière de la mise

en œuvre effective de toutes les activités sanitaires, de la promotion des moustiquaires

imprégnées d’insecticide auprès des communautés au sein desquelles ils exercent. La

sensibilisation de la population sur les avantages de l’utilisation des moustiquaires

imprégnées, la commande, la vente et la réimprégnation de ces moustiquaires,

l’évaluation de leur utilisation leur incombent. Leur situation en tant que représentants

locaux du système de santé devrait les positionner aux yeux des populations comme

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des modèles de santé. Cette position devrait s’accompagner de comportements de

premiers utilisateurs de ces moustiquaires. En fonction des situations qu’ils rencontrent

en consultations quotidiennes, ces personnels peuvent impliquer la communauté afin de

chercher avec elle des solutions adéquates et acceptables.

Cette étude devrait :

- Nous permettre, en tant que manager, de comprendre l’organisation d’un projet et de

rechercher les obstacles qui nuisent à sa réalisation.

- Donner un aperçu sur les perceptions et les pratiques des professionnels de santé de la

région d’Abidjan sur les moustiquaires imprégnées d’insecticide.

- Permettre aux décideurs d’avoir une idée de l’application des interventions

communautaires.

- Indiquer aux médecins-chefs de districts, les comportements qui pourraient entraver la

promotion de cet outil.

- Montrer aux professionnels de santé de terrain, les attitudes et pratiques qui pourraient

constituer un obstacle au changement de comportement des populations.

2.4. Evolution des grandes orientations de la lutte contre le paludisme à l’échelle internationale et de la Côte d’Ivoire

Préalablement à l’introduction des moustiquaires en Côte d’Ivoire comme outil de

première ligne dans la prévention du paludisme, les stratégies de lutte contre le paludisme

ont connu des évolutions importantes dont nous précisons les principales périodes ci-

dessous. Nous présenterons pour chaque période les directives internationales et leur

application en Côte d’Ivoire.

2.4.1. Programme d’éradication du paludisme : 1950 à 1977

La découverte de la chloroquine en 1943 (Desowitz, 1996) et de la grande efficacité du

DDT dans l'élimination des arthropodes en 1948 (Corbellini, 2004) a conduit l’OMS à

penser que l'éradication du paludisme paraissait possible. Ce programme visait à stopper la

transmission par l’élimination des vecteurs d’une part, et l’élimination des parasites dans le

sang par des traitements ponctuels. Il se concentrait sur le vecteur (l’Anophèle) et le

parasite (plasmodium) du paludisme. En 1967, ayant réalisé qu'il était impossible

d'éradiquer le paludisme dans le monde pour différentes raisons, l'OMS a opté pour une

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stratégie limitant la transmission et les accès palustres. En 1972, l'OMS a mis

définitivement fin au programme mondial d'éradication du paludisme pour redéfinir un

programme de lutte visant à contenir les effets de la maladie plutôt qu'à l'éradiquer.

En Côte d’Ivoire cette nouvelle période se caractérise par deux aspects :

- Au niveau curatif, par la «chloroquinisation» de la population en particulier des enfants

et des femmes enceintes (prévention systématique du paludisme auprès de cette

population par l’administration de la chloroquine). Tous les traitements étaient gratuits

pour tous les malades qui se rendaient dans une formation sanitaire.

- Au niveau de la prévention, il était procédé à des pulvérisations d’insecticides au

niveau des gîtes larvaires de moustiques par voie aérienne et terrestre. Elles étaient

complétées par des mesures en faveur de l’assainissement du milieu de vie. Ainsi, des

équipes d’hygiène sillonnaient les quartiers des villes et villages pour sensibiliser les

populations à ce mode de vie, mais aussi pour verbaliser tout contrevenant à la règle

d’hygiène.

Bien avant sa reconnaissance officielle par les autorités gouvernementales, la moustiquaire

était reconnue comme moyen essentiel de prévention du paludisme en Côte d’Ivoire. Elle

était connue des populations depuis longtemps dans des zones à forte nuisance de

moustiques. En effet dès 1927, en Côte d’Ivoire comme en Afrique francophone de l’Ouest

(Moreau et al, 1999), la lutte contre la fièvre jaune préconisait déjà l’isolement des

malades sous les moustiquaires et la protection des habitations par des moustiquaires. Ces

moustiquaires s'utilisaient depuis longtemps pour prévenir les maladies à transmission

vectorielle.

L’acquisition et la distribution de ces moustiquaires étaient faites d’abord par les autorités

coloniales avant la proclamation de l’indépendance du pays en Août 1960. Le relais a été

pris ensuite par des organisations caritatives, des ONG, le secteur privé industriel et des

détaillants des moustiquaires.

La sensibilisation des populations sur son efficacité et sur les points d’acquisition ou de

vente se faisait par ces autorités administratives (pendant la période épidémique de la

fièvre jaune). En cascade les informations atteignaient la population par l’intermédiaire de

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18

leurs représentants administratifs locaux et par la hiérarchie sanitaire des secteurs des

grandes endémies. Elle est ensuite reprise de façon interpersonnelle en diffusant par la

méthode traditionnelle du «bouche à oreilles» pour atteindre les chefs coutumiers, les chefs

de villages, les chefs de quartiers et les chefs de ménages.

Après les indépendances, les commerçants privés se révèlent être les principaux

promoteurs de ce matériel de prévention, faute d’actions gouvernementales formalisées et

organisées dans ce domaine.

2.4.2. Phase de contrôle du paludisme : 1978 à 1991

En 1978, à Alma Ata, l’Assemblée mondiale de la Santé adoptait la stratégie des soins de

santé primaires, stratégie réaffirmée en 2008 par l’OMS (2008). Les soins de santé

primaires sont définis comme des soins de santé essentiels rendus universellement

accessibles aux individus et aux familles au sein de leur communauté par des moyens

acceptables pour eux et à un coût que les communautés et le pays puissent assumer. Les

soins de santé primaires jetaient les bases d’un système de santé décentralisé.

En Côte d’Ivoire, cette initiative a abouti à la division du pays en régions sanitaires et à la

création des districts sanitaires au sein de ces régions. L’administration sanitaire se

rapprochait ainsi des agents de santé permettant le renforcement du système de santé,

l’application et l’adaptation des mesures de santé aux réalités locales. Ce système ainsi mis

en place a été le creuset de la lutte contre les maladies, en particulier contre le paludisme. Il

servira de point d’appui plus tard pour la promotion de l’utilisation des moustiquaires

imprégnées d’insecticide.

2.4.3. Initiative de Bamako

L’initiative de Bamako (IB) a été lancée lors d’une conférence en 1987 en tant que

politique de relance de la stratégie des soins de santé primaires définie à la conférence

d’Alma Ata en 1978. Elle est, en soi, une innovation pour les différents acteurs des

systèmes de santé. Cependant, les changements annoncés lors de ces conférences

internationales n’ont pas été concrètement mis en œuvre par les États selon toutes les

composantes initialement fixées. L’implantation de cette stratégie, d’origine

essentiellement exogène, n’a pas non plus produit tous les effets escomptés en termes

Page 28: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

19

d’efficacité. L’analyse des revues portant sur une étude de l’ensemble des données

empiriques issues de la littérature grise et scientifique concernant l’Afrique de l’Ouest,

montre que l’aspect équité de l’IB a été négligé. Les interventions premières des acteurs

ont été concentrées sur l’atteinte de l’objectif relatif à l’efficacité de l’organisation à mettre

en place. Selon Ridde (2004), le rôle des acteurs est central dans la mise en œuvre et

l’appropriation d’un changement.

Pour la Côte d’Ivoire, l’Initiative de Bamako a été déterminante. Elle est marquée par

deux grandes décisions : la mise en place de la Centrale d’achat des produits

pharmaceutiques et la participation de la population aux actes sanitaires. A cette période, le

pays faisait face à une crise économique sans précédant. Il se trouvait alors confronté à la

nécessité d’une logique d’efficience pour l’accès des populations à des soins de qualité par

la mise à leur disposition des médicaments essentiels génériques à coûts abordables. Cette

situation a rendu obligatoire la mise en place d’une Centrale d’achat du Ministère de la

Santé (Pharmacie de la Santé Publique).

La participation de la population concernait trois aspects : le recouvrement des coûts des

actes de santé, la création des comités de gestion et la formation des agents de santé

communautaires. Cette période marque la fin de la gratuité des actes de santé et des

médicaments, et initie progressivement la participation financière et organisationnelle de la

population à travers la création des comités de gestion (COGES) au niveau des formations

sanitaires pour permettre aux usagers de décider de leur propre santé.

Les actions de ces agents de santé communautaires ainsi formés dans le cadre de la mise en

œuvre de l’Initiative de Bamako seront déterminantes pour la sensibilisation de la

population sur les avantages de l’utilisation de la moustiquaire imprégnée d’insecticide, sa

vente et leur imprégnation.

2.4.4. Accélération de la lutte contre le paludisme 1992 à 2006

En 1992, une conférence ministérielle sur le paludisme à Amsterdam (OMS, 1992)

encourageait l’engagement politique de tous les pays où le paludisme est endémique. Cette

nouvelle orientation stipulait que la lutte contre cette maladie devenait un volet de la santé

et du développement national. L’OMS incitait les pays à la mise en place des programmes

Page 29: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

20

nationaux de lutte contre le paludisme, appliquant la Stratégie Mondiale de lutte

antipaludique dont les composantes sont les suivantes :

- Diagnostic précoce et traitement rapide des cas de paludisme ;

- Planification et mise en œuvre de mesures de prévention sélectives et viables, y

compris la lutte contre les vecteurs ;

- Détection précoce pour la prévention ou la limitation des épidémies ;

- Renforcement des capacités locales de recherche fondamentale et appliquée ;

- Promotion d’une évaluation régulière de la situation des pays en ce qui concerne le

paludisme, en particulier sur les déterminants écologiques, sociaux et économiques de

la maladie.

Cette Initiative avait pour but de réduire de moitié la charge mondiale du paludisme d’ici à

2010 par rapport à l’an 2000.

En Côte d’Ivoire, la date de 1996 marque l’élaboration du Plan National de

Développement Sanitaire (PNDS) pour la période 1996-2005. Pour l’atteinte des objectifs

fixés par le Gouvernement, le Ministère de la Santé a mis en place à cette même période 13

programmes prioritaires de santé dont le Programme National de Lutte contre le

Paludisme. Ce programme avait pour mission de coordonner toutes les interventions

concernant la lutte contre cette maladie. Il a élaboré le premier plan quinquennal (1996-

2000). Ce plan priorisait trois interventions principales:

- Au niveau de la prise en charge des cas : détection précoce, prise en charge rapide des

cas de paludisme,

- Au niveau de la prévention : promotion de l’utilisation des MII, assainissement du

milieu et du cadre de vie, pulvérisation intradomiciliaire d’insecticide à effets

rémanents,

- Au niveau des stratégies de soutien : formation des acteurs du système de santé et des

agents de santé communautaires, sensibilisation et mobilisation sociale autour de la

lutte contre le paludisme, évaluation des interventions avec la création de sept sites

sentinelles de surveillance des antipaludiques et des insecticides utilisés pour la

réimprégnation des moustiquaires.

Les dispositions particulières en matière d’accès aux MII sont alors :

Page 30: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

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- Identification des MII comme matériel préférentiel de prévention du paludisme en

1996 conformément aux recommandations de l’OMS.

- Distribution des MII pour les lits des services de pédiatrie et d’obstétrique de 20

hôpitaux du pays à raison de 20 MII par service. Cette initiative donnait l’opportunité

aux malades et aux accompagnants de dormir sous une moustiquaire imprégnée, de

dissiper ou d’atténuer les préjugées qui pèsent sur elle. Elle visait également à épargner

aux malades de contracter le paludisme au cours de leur hospitalisation.

- Gestion contractualisée de la fourniture aux districts sanitaires et de l’imprégnation des

moustiquaires par une société privée. Dans ce contrat, le Ministère de la Santé offre à

cette société tous les districts sanitaires du pays comme lieux de vente de ses MII à

5000 FCFA ($US 10) l’unité. Cette société privée s’engageait à distribuer

régulièrement les moustiquaires imprégnées d’insecticide à la demande des médecins

chefs de district, la quantité correspondante. Ces MII seront revendues ensuite aux

populations à 5500 FCFA ($US 11) soit une marge «bénéficiaire» $US 1 par unité.

Cette opération s’est lentement estompée du fait que les responsables de districts

restituaient peu ou pas les montants qu’ils devaient à cette société. Ainsi, le

renouvellement des stocks de moustiquaires imprégnées fut arrêté en 2000. Relevons

également l’institution des Journées Nationales de lutte contre le paludisme, célébrées

le denier vendredi du mois de Novembre de chaque année depuis 1997.

2.4.5. Faire Reculer le Paludisme (Roll Back Malari a)

En 1998, le mouvement Faire Reculer le Paludisme (RBM) a été initié par l’OMS et ses

partenaires dans le but de sensibiliser les pays et leurs populations à cette maladie et de

mobiliser les ressources financières nécessaires pour la lutte antipaludique. Cette initiative

s’appuie sur la promotion du développement social et économique et sur le renforcement

des structures sanitaires.

En 2000, les chefs d’Etat et des gouvernements de l’Afrique s’engageaient à soutenir la

lutte contre le paludisme dans leurs pays et à réduire de moitié d’ici 2010, la mortalité

imputable au paludisme. Au cours de ce sommet sur l'initiative Roll Back Malaria en avril

2000 à Abuja, (Nigeria) les objectifs suivants ont été arrêtés:

Page 31: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

22

- Au moins 60% des personnes souffrant de paludisme ont un accès rapide à un

traitement abordable et adéquat dans les 24 heures.

- Au moins 60% des personnes exposées au risque de paludisme, surtout les enfants

de moins de cinq ans et les femmes enceintes, disposent de moustiquaires

imprégnées d’insecticide (MII) et d’autres interventions pour prévenir l’infection et

les souffrances liées au paludisme grave (convulsions fébriles, fièvre bilieuse

hémoglobinurique, hématémèse par l’atteinte de l'estomac par ulcération due au

stress, souffrance cérébrale, coma, anémie sévère, hypoglycémie spontanée, acidose

métabolique, l'insuffisance rénale, décès) (Dimitri et al, 2008).

- Au moins 60% des femmes enceintes exposées au risque de contracter le

paludisme, surtout celles ayant leurs premières grossesses, ont accès à une

chimioprophylaxie en traitement préventif intermittent (TPI).

Les chefs d’Etat ont demandé à tous les pays africains d’entreprendre des réformes des

systèmes de santé qui allaient encourager la participation communautaire aux fins de

garantir la pérennisation de ces interventions.

L'UNICEF, partenaire de RBM a mis en place au niveau des pays des systèmes d'appui

pour la promotion de l’utilisation des moustiquaires imprégnées. Un partenariat entre le

secteur public et le secteur privé est né dans la plupart des pays africains pour développer

une véritable «culture» de la moustiquaire imprégnée.

La mise en œuvre de l’initiative Faire Reculer le Paludisme (RBM) en Côte d’Ivoire a été

faite à partir de l’année 1999. Elle est marquée par :

L’organisation en 1999 à Abidjan de la cérémonie officielle de lancement du mouvement

national RBM par le Président de la république,

La mise en place en 2000 d’un mouvement national RBM impliquant outre le secteur de la

santé qui en assure la coordination, les grands Ministères du Gouvernement (Education,

Construction et Urbanisme, Agriculture, et Production animale, Environnement, Intérieur,

Défense, Industrie, Travaux Publics, Communication), le secteur privé et les ONG dans la

lutte contre le paludisme.

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L’analyse de la situation du paludisme dans cinq districts sanitaires d’introduction de

l’initiative RBM en 2001 selon le faciès écologique, géographique et culturel du pays.

Ainsi, des plans d’actions basés sur cette analyse furent élaborés par les districts selon leur

spécificité.

La distribution en 2001, dans dix nouveaux districts sanitaires additionnels aux cinq

premières cibles du mouvement RBM (soit quinze au total) de 300 MII par site au profit

des femmes enceintes et des enfants âgés de moins de cinq ans, en tenant compte de la

répartition par groupe socioculturel en renforçant la lutte régionale et départementale.

Le renforcement des compétences des professionnels de santé et des relais communautaires

pour la prise en charge des cas de paludisme.

L’institution des Journées Africaines de lutte contre le paludisme célébrée le 25 avril de

chaque année.

L’évaluation des taux de couverture des populations des quatre grands groupes

socioculturels du pays en MII.

La réduction des coûts d’achat des MII passant de 5500 FCFA à 3500 FCFA (de $US 11 à

$US 7) par le Gouvernement ivoirien.

La réduction des taxes douanières sur l’importation des MII et sur les insecticides par le

secteur privé.

L’inclusion des MII sur la liste des médicaments essentiels génériques de la Pharmacie de

la Santé Publique pour faciliter son acquisition et sa distribution avec octroi d’un budget

spécial MII pour chaque district sanitaire.

La dotation des districts sanitaires en MII. La dotation de base d’un district variait entre

cent et trois cents moustiquaires et de deux à six flacons d’insecticide. Cette quantification

tenait compte du budget alloué par le Gouvernement aux Districts, de la population de

desserte et des expériences issues du recouvrement des coûts des actes de santé. Le

versement des sommes issues de la vente des médicaments et des MII se faisait sur le

compte bancaire que la Pharmacie de la Santé Publique ou PSP avait préalablement ouvert

à cet effet pour chaque District. Dès lors, la distribution mensuelle des moustiquaires à un

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district sanitaire dépendait des commandes dont la satisfaction était conditionnée par la

viabilité du compte bancaire.

La vente des MII dans chaque district : sur chaque unité de moustiquaire vendue à la

population, le district réalisait un bénéfice de 500 FCFA (1US$). Le coût de la

réimprégnation d’une moustiquaire était de 500 FCFA (1US$). L’agent réimprégnateur

recevait 200 FCFA soit 0,4US$ et les 300 FCFA (0,6US$) restant étaient réservés pour le

renouvellement des stocks d’insecticide. Sa gestion était faite localement par le médecin

chef ou par le point focal de la lutte contre le paludisme du district.

Le renouvellement mensuel des stocks d’insecticides était assuré pendant deux ans par la

direction du Programme National de Lutte contre le Paludisme à raison de deux flacons de

250 ml chacun par site et par mois. Il était conditionné par la présentation du rapport

d’imprégnation du mois précédant.

La mise en place d’une politique de pérennisation de la lutte contre le paludisme : il était

prévu que les sommes issues de la vente de moustiquaires (US$1) et de leur ré

imprégnation (US$0,6) devraient permettre aux districts sanitaires, selon ses capacités de

vente des MII et d’imprégnation, de générer progressivement un fonds propre

d’autonomisation ou d’autofinancement nécessaire pour l’achat des MII et des insecticides.

Ainsi était prévue la pérennisation des activités promotionnelles de l’utilisation des

moustiquaires imprégnées d’insecticide après ces deux années d’exercice. Mais, les

responsables de ces districts n’ont pas pu autonomiser ces activités promotionnelles.

Plusieurs raisons expliquaient cette situation. Les «bénéfices» réalisés sur les

moustiquaires étaient directement versés sur le compte bancaire du district sanitaire. Il

permettait d’améliorer la crédibilité financière de ce district, l’une des conditions

nécessaires au renouvellement des stocks. Ces commandes profitaient davantage aux

médicaments et aux dispositifs médicaux qu’aux moustiquaires et aux insecticides. Aussi,

au plan individuel, les responsables du district ne percevaient pas de motivation financière.

Au niveau de la réimprégnation des moustiquaires, les fonds générés (0,6US$) n’ont pas

non plus été déposés sur un compte bancaire pour sa sécurisation et son utilisation

rationnelle.

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25

2.4.6. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : de 2007 à nos jours

Créé en janvier 2002, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la Tuberculose et le

Paludisme est une fondation à but non lucratif destiné à recueillir, gérer et distribuer des

ressources par le biais d’une fondation publique-privée de type nouveau qui contribuera de

manière durable et significative à réduire le nombre d’infections, la morbidité et la

mortalité, atténuant de ce fait l’impact du VIH/sida, de la tuberculose et du paludisme dans

les pays démunis et à combattre la pauvreté dans le cadre des objectifs de développement

du Millénaire arrêtés par les Nations Unies», comme le stipule l’article 2 de ses statuts

(GFATM-Statuts, 2009). Pour ce qui concerne le paludisme, ces actions sont orientées vers

la mise à la disposition des populations des méthodes préventives durables telles que

l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide qui ciblent prioritairement les

enfants âgés de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Ce financement couvre

également les médicaments antipaludiques : combinaisons thérapeutiques à base

d’arthémisinine ou CTA pour le traitement des cas simples, quinine pour le traitement des

cas graves et Sulfadoxine-Pyriméthamine ou SP utilisée en traitement préventif

intermittent chez la femme enceinte.

En 2007, la Côte d’Ivoire accède à la composante paludisme du Fonds mondial de lutte

contre l’infection à VIH/sida, la tuberculose et le paludisme (PNLP, 2007-2011). Cette

situation a facilité l’acquisition des moustiquaires durablement imprégnées d’insecticide.

Leur distribution gratuite dans 19 districts sanitaires ciblés a privilégié les femmes

enceintes et les enfants âgés de moins de cinq ans. Devant cette nouvelle situation, la PSP

s’est alors désengagée de l’achat direct des moustiquaires. L’ONG CARE Côte d’Ivoire, a

été retenue par les autorités de coordination du Fonds, comme bénéficiaire principal des

fonds alloués et pour assurer la gestion financière et le financement des activités

conformément aux cahiers des charges. La Direction du Programme National de Lutte

contre le Paludisme est le coordonnateur technique, identifie les activités et assure avec des

partenaires communautaires l’exécution de ces activités. Les problèmes liés à la

réimprégnation des moustiquaires ont été ainsi résolus par l’utilisation des moustiquaires

imprégnées d’insecticide à longue durée d’action. A moyen et long terme, il se pose

l’épineux problème du renouvellement spontané et volontaire des moustiquaires par la

population. La distribution gratuite permet certes d’améliorer la possession des ménages en

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moustiquaires, mais la préoccupation principale du Ministère de la Santé reste toujours

posée : comment induire un comportement durable en faveur de la pérennisation de

l’utilisation des moustiquaires au niveau communautaire ?

3. PRESENTATION DU SITE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE

3.1 Présentation du site d’étude

3.1.1. Faciès épidémiologiques du paludisme en Côte d’Ivoire

Malgré toutes les actions de lutte antipaludique initiées par le Ministère de la Santé et ses

partenaires et coordonnées par le Programme National de Lutte contre le Paludisme, force

est de constater que cette pathologie constitue encore un problème de santé publique

majeur tant en Côte d’Ivoire. La morbidité qui liée est attribuée en 2008 est de 50,17% de

toutes les causes de morbidité (PNLP, 2008). La mortalité hospitalière est de 22% en 2002

et de 33% en 2004 (PNLP, 2000-2008). Ce sont ainsi en moyenne 173 enfants qui

décèdent chaque jour, soit huit enfants par heure. Le paludisme est la principale cause

d’absentéismes professionnels (42 %) et scolaires (40%), avec une perte par crise palustre

de 5 à 20 jours de travail, de réduction de 40% de la productivité et des revenus agricoles

surtout en milieu rural. Le paludisme est également responsable de 25% des sinistres payés

annuellement aux malades assurés par différentes compagnies d’assurances maladies

(Mémain, 2003).

Les représentations de la population du moustique, du paludisme et de la moustiquaire

plaident peu en faveur de l’utilisation des moustiquaires, faisant de ce moyen de prévention

du paludisme, un objet encore faiblement utilisé et en deçà des attentes du Ministère de la

Santé : 17% en 2004 (PNLP, 2004) et 13,5% chez la femme enceinte en 2008 (PNLP,

2008), 3% en 2006 (UNICEF, 2006) et 14,8% en 2008 (PNLP, 2008) chez les enfants âgés

de moins de 5 ans, 8% en 2004, 10% en 2006 et 33,3% en 2008 pour la possession des

moustiquaires (PNLP, 2000-2008). La possession de moustiquaires n’est donc pas

synonyme de son utilisation.

La population de la Côte d’Ivoire est estimée à 20,8 millions d’habitants en 2008. Le pays

compte une soixantaine d’ethnies réparties en quatre grands groupes : Gur, Mandé, Akan,

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27

Krou. La Côte d’Ivoire est un pays laïc où cohabitent plusieurs confessions religieuses dont

les principales sont l’islam, le christianisme et l’animisme.

Pratiquement tous les faciès épidémiologiques du paludisme existent dans le pays, et le

paludisme sévit de façon endémique avec une recrudescence pendant la saison des pluies.

Dans cette zone sévit un climat subéquatorial qui comprend 4 saisons (2 saisons

pluvieuses, 2 saisons «sèches») avec une pluviométrie variant de 1500 mm à 2000 mm par

an. Schématiquement, par sa position géographique, la Côte d’Ivoire bénéficie d’un climat

caractérisé par des températures peu excessives et peu variables, dont la moyenne est de

26,5°C. L’humidité atmosphérique est supérieure à 70%; la pluviosité diminue du Sud vers

le Nord et de l’Ouest vers l’Est.

En 1982, Amat-Roze et REMY définissent trois grandes zones épidémiologiques en Côte

d’Ivoire (voir figure N° 2).

Au Nord du 9ème parallèle, le climat fait alterner deux saisons contrastées. La

transmission du paludisme s’y fait toute l’année. Cette zone a un climat tropical humide,

appelé «climat soudano-guinéen», avec 2 saisons d’environ 6 mois chacune et une

pluviométrie annuelle moyenne variant de 90 mm à 1200 mm. Dans cette zone de savane

soudano-sahélienne ou sahélienne, l’indice plasmodique moyen chez les 0-14 ans est de

11,25 %, l’indice splénique de 54,6 % et le taux d’inoculation entomologique de 15 à 240

pi/h/an (Rogier, 2000). Le Plasmodium falciparum est l’espèce parasitaire largement

prédominante. Mais les taux varient selon les régions, et dans le temps. Plasmodium

malariae est la deuxième espèce plasmodiale diagnostiquée. Son taux varie de 0 %

(Alloukoukro) à 22,2 % (M’Bengué) selon les études. Plasmodium vivax et Plasmodium

ovale restent tout-à-fait exceptionnels en Côte d’Ivoire (Figure 8).

Au Sud du 9ème parallèle, deux zones sont décrites :

- Dans la zone de savane humide arborée, la transmission du paludisme est pérenne

et généralisée. L’écosystème est contigu à la zone forestière. L’indice plasmodique

moyen chez les 0-14 ans est de 42.2 %, l’indice splénique de 22 % et le taux

d’inoculation entomologique de 0 à 160 pi/h/an (Dossou et al, 1995, Dossou et al,

1998).

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- Dans la zone forestière, s’étendant du sud jusqu’à 7° de latitude Nord, la

transmission du paludisme ne se fait que dans les clairières. L’indice plasmodique

moyen y est de 85 % chez les 0-14 ans, l’indice splénique de 33 % et le taux

d’inoculation entomologique moyen de 416 pi/h/an (Nzeyimana et al, 2002). Le

long de la côte, de l’ouest à l’est d’Abidjan, c’est une zone maritime et lagunaire.

Chez les 0-14 ans, l’indice plasmodique moyen est de 15 %, l’indice splénique de

12,2 % et le taux de pi/h/an est de l’ordre de 288 (Rogier, 2000). Ce taux

d’inoculation entomologique est discordant avec l’indice plasmodique.

L’épidémiologie du paludisme est liée aux faciès climatiques et phytogéographiques du

territoire qui varient du nord au sud.

3.1.2. Présentation de la Côte d’Ivoire, de la régi on d’Abidjan et sa banlieue

La région d’Abidjan est composée de 5 villes ; le District d’Abidjan avec ses 10 communes

auxquelles s’ajoutent les communes de Bengerville, d’Anyama, de Dabou et de Grand-

Bassam.

En 2006, l'agglomération d'Abidjan compte 5 060 858 d'habitants soit un quart de la

population totale du pays. Dans cette région, l’indice plasmodique moyen était de 19 % en

1988 chez les écoliers asymptomatiques âgés de 5 à 9 ans (Koné et al, 1990). Il existe des

différences importantes selon les quartiers. Le niveau de transmission le plus élevé est

observé à Port-Bouët, l’un des dix quartiers d’Abidjan avec 10 à 30 piqûres infestantes par

homme et par an (pi/h/an) (Figure 8).

3.2 Méthodes et outils de recueil des données

3.2.1 Type d’étude

Notre étude porte sur la région sanitaire d’Abidjan sur laquelle nous disposons de résultats

sur les perceptions et les pratiques des professionnels de santé que sont les médecins, les

infirmiers et les sages femmes. Ces agents sont des points focaux pour les activités

antipaludiques. Un autre résultat porte sur les quatre grands groupes socioculturels du pays.

C’est une revue documentaire. Elle se fonde sur des rapports d’activités et les résultats

d’enquêtes réalisées par le Programme National de Lutte contre le Paludisme. Ces

documents étaient réalisés pour des fins différentes des nôtres. Il s’agira donc d’une

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exploitation secondaire des données disponibles principalement au niveau du Programme

National de Lutte contre le Paludisme de Côte d’Ivoire. Nous ferons appel à notre savoir

expérientiel de terrain en tant qu’ancien Directeur du Programme National de Lutte contre

le Paludisme. Les autres sources comme le CDS de l’INAS (Maroc), les Programmes, les

Directions de santé et autres Ministères (Côte d’Ivoire), l’OMS, l’UNICEF, les ONG et

Internet ont été utilisées pour les compléments d’informations et la comparabilité des

données.

3.2.2 Méthode et objectifs de l’étude réalisée aupr ès des professionnels de santé

Une étude spécifique a été menée pour connaître les perceptions et les pratiques qui

entraveraient l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) chez le

personnel de santé. Les agents de santé inclus dans l’étude ont été choisis par leurs

médecins chefs sur la base de leur niveau d’implication dans la lutte contre le paludisme, à

raison de 2 personnes par formation sanitaire, 20 personnes par district, soit 200

participants provenant des 10 districts sanitaires à Abidjan. Cette étude prospective avait

été réalisée par auto administration de questionnaires aux professionnels de santé,

participants d’un atelier bilan et de réflexion sur les stratégies d’amélioration des taux

d’utilisation des MII qui s’est tenu à Adzopé (Région d’Agnéby) en janvier 2006.

Dans un premier temps, cette étude cherchait à :

- Déterminer les perceptions des professionnels de santé sur l’utilisation des MII,

- Savoir si eux-mêmes et leurs familles dorment sous ces moustiquaires dont ils ont

la charge de la promotion,

- Connaître les raisons qui les empêchent de les utiliser,

- Recueillir leurs propositions de redynamisation de l’utilisation de cet outil

Dans un second temps, elle visait de façon pratique à :

- Attirer l’attention de ces agents de santé sur leur position centrale dans la

promotion de la santé, particulièrement dans la promotion des MII, sur leurs

pratiques qui pourraient avoir des répercutions néfastes sur celles des populations et

apporter des solutions à leurs attentes.

Page 39: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

30

- Organiser des séances de sensibilisation à leur intention sur le regard que porte la

population sur leurs comportements en tant que modèles des actions sanitaires,

- Réfléchir sur une éventuelle reformulation des messages de sensibilisation afin de

les adapter aux perceptions des populations,

- Distribuer des MII à longue durée d’action à chaque participant afin d’améliorer à

leur niveau le taux de couverture de cet outil.

3.3 Hypothèse de travail

Les professionnels de santé, en tant que principaux acteurs communautaires de la

prévention du paludisme, ne donnent pas tous l’exemple de l’utilisation des moustiquaires

imprégnées d’insecticide et ont des perceptions négatives sur elles.

3.4 Limites et biais de la méthodologie de l’étude

Nous ne disposons pas de bases de données primaires sur l’enquête sur laquelle porte notre

travail afin de faire une analyse plus approfondie, notamment par rapport au sexe, au

milieu (rural, urbain), au groupe socioculturel et son organisation sociale. Nous ne saurions

ainsi répondre à tous les aspects de notre questionnement.

Les résultats de cette recherche documentaire portent principalement sur les perceptions et

les pratiques des acteurs de la promotion de l’utilisation des moustiquaires imprégnées

d’insecticide (MII). Mais avant, nous présenterons l’organisation de la mise à disposition

de ces MII du niveau central au niveau périphérique, les perceptions et les pratiques de la

population de l’utilisation de ces moustiquaires, ce que font quotidiennement les agents de

santé concernant la promotion des MII au niveau des formations sanitaires des districts et

les suggestions qu’ils font pour améliorer la lutte contre le paludisme. Ensuite, nous

conduirons une discussion sur ces données avant de faire des propositions d’amélioration.

Page 40: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

31

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS

Page 41: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

32

1. ORGANISATION DE LA MISE A DISPOSITION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE DU NIVEAU CENTRAL AU NIVEAU PERIPHERIQUE

1.1. Au niveau du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP)

Le PNLP est le centre de coordination de toutes les interventions de lutte contre cette

maladie réalisées par tous les acteurs (secteur public, privé, ONG, Clubs services, et.). Ce

programme élabore des documents de politique, des directives de prise en charge

(traitement et prévention) qu’il dispose auprès des professionnels de santé. Il édite des

plans (stratégiques, annuels) d’actions, des documents de plaidoyer et de recherche de

fonds. Le PNLP organise des formations continues au profit de ces personnels de santé. Il

conçoit des messages et confectionne des supports de sensibilisation. Le Programme

National de Lutte contre le Paludisme organise également la diffusion de messages dans

les mass médias audiovisuels nationaux et locaux. Il évalue tous les deux ans, les taux de

possession et d’utilisation des moustiquaires des groupes cibles ainsi que leurs perceptions

sur ces MII. Il fait la révision annuelle de la liste des antipaludiques et donne les quantités

des moustiquaires imprégnées à importer pour la couverture des populations du pays. Le

PNLP organise chaque année, les supervisions dans les districts sanitaires et l’évaluation

du niveau de résistance des antipaludiques et des insecticides utilisés pour la

réimprégnation des moustiquaires dans les sept sites sentinelles. Il conduit annuellement

des ateliers bilans pour apprécier les niveaux d’atteinte des objectifs fixés. La mise en

œuvre des actions décidées par le niveau central repose sur les professionnels de santé de

terrain. Le PNLP veille à la mise à jour des données épidémiologiques sur le pays auprès

de l’OMS et diffuse ces données aux producteurs et utilisateurs d’informations.

1.2. Au niveau des Districts Sanitaires

Dans les districts sanitaires, les médecins chefs de district sont les représentants du

Ministre de la Santé. Ils sont chargés de l’élaboration des plans annuels d’actions de leurs

districts conformément aux objectifs nationaux. Leurs charges couvrent les supervisions

des formations sanitaires relavant de leur aire pour constater le niveau de réalisation des

activités. Ils élaborent les rapports annuels d’activités pour mesurer les efforts accomplis. Il

en est de même pour la gestion de la promotion de l’utilisation des moustiquaires

Page 42: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

33

imprégnées d’insecticide. Le suivi de la disponibilité et la promotion de ces moustiquaires

leur incombent. Ils s’occupent également de l’évaluation des taux de couverture des

populations cibles et de l’orientation des stratégies locales pour l’amélioration de leur

utilisation. L’organisation des «Journées Africaines de lutte contre le paludisme» le 25

avril de chaque année, donne à ces dirigeants de districts une occasion de présenter le fruit

de leurs efforts aux communautés, d’encourager les acteurs de terrain et de lancer une

nouvelle année de lutte contre le paludisme.

L’observation du travail annuel de ces médecins chefs indique que ceux-ci :

- participent aux réunions et séminaires de formation, aux ateliers bilans et/ou

d’élaboration de plans d’actions qu’organisent séparément les programmes de

santé.

- effectuent des supervisions ciblées et temporelles à la demande des programmes

santé et selon les moyens supplémentaires mis à leur disposition.

- mettent au second rang les supervisions de routine inscrites dans leurs plans

d’action et les activités cédées aux agents de santé communautaires sont peu ou pas

suivies.

- commandent de façon irrégulière et insuffisante les moustiquaires et les

insecticides.

- n’évaluent pas spontanément l’utilisation de ces MII par la population, anéantissant

ainsi les efforts communautaires.

- réimprègnent peu ou pas les moustiquaires disponibles auprès des populations.

- utilisent peu ou pas les informations (de routine ou d’enquêtes) collectées dans

leurs districts. Ils les transmettent au niveau central. Leur feed-back du niveau

central vers les districts est annuel et irrégulier. Mais, celui du district vers les

agents collecteurs d’informations est presque inexistant.

Toutes ces activités souvent en veille, reprennent avec l’organisation des Journées

Africaines de lutte contre le paludisme le 25 avril de chaque année. La sensibilisation de la

population, la réimprégnation des moustiquaires et leur vente ne durent qu’une semaine

dans le meilleur des cas, le temps de donner les échos de ces manifestions sur les médias

nationaux, puis la routine reprend son chemin.

Page 43: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

34

Des faits qui précèdent, les autres professionnels de terrain sous leur responsabilité sont

peu soutenus, faiblement contrôlés dans la mise en œuvre des activités et peu guidés pour

l’atteinte des objectifs. Correctement et régulièrement effectuées, ces supervisions auraient

pu permettre d’apporter des solutions aux difficultés que rencontrent les professionnels de

santé dans la réalisation de leurs tâches quotidiennes, notamment la conduite de la

promotion de l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide. L’exploitation des

données de routine aurait permis d’observer le taux d’utilisation de ces moustiquaires par

les populations, de discuter avec les agents de terrain pour dégager les obstacles qui

entravent cette promotion et chercher localement les solutions correctrices adaptées.

2. PRESENTATION DES PERCEPTIONS ET DES PRATIQUES DE LA POPULATION DE LA MOUSTIQUAIRE ET DES CONTRAINTES LIEES A SON UTILISATION

Des enquêtes ont été réalisées par le Programme National de Lutte contre le Paludisme et

ses partenaires au sein des quatre grands groupes socioculturels de Côte d’Ivoire que sont

les AKAN (AGNI à Adiaké), les GUR (SENOUFO à Ferkessedougou), les KROU

(GUERE à Guiglo), les MANDE du Sud (DAN à Danané) et les MANDE du Nord

(MAHOU à Touba). Elles ont été réalisées entre 2001 et 2004 (PNLP, 2001-2004) portant

sur les perceptions de ces populations sur le paludisme et sa prise en charge.

L’exploitation du journal de bord tenu lors de ces enquêtes sur les questionnements

secondaires initialement non inclus dans les questionnaires, a été d’un apport considérable.

Une autre étude conduite en 2008 par Doudou, portant sur 19 districts sanitaires cibles du

Fonds Mondial de lutte contre le VIH/SIDA, la Tuberculose et le Paludisme a été utilisée.

Dans ces districts des moustiquaires ont été distribuées gratuitement aux femmes enceintes

et aux mères ayant des enfants âgés de moins de cinq ans, au cours des consultations

prénatales et pédiatriques. Ces districts couvrent les quatre groupes socioculturels précités.

2.1. Connaissances des populations sur les moustiqu es, le paludisme et les moustiquaires

Dans ces études, les populations visitées attribuent au paludisme des causes multiples. Il

s’agit notamment du soleil (37,3% à Danané, 54,5% à Touba, 44,9% à Guiglo, 17,9% à

Ferkéssedougou, 26,5% à Adiaké avec une moyenne de 36,2%), des mouches, de la

fatigue, de certaines nourritures (comme les huiles de palme rouges, les ruptures d’interdits

Page 44: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

35

alimentaires traditionnels connus ou non : 38,8%), des malédictions et des envoutements

(25%). Selon les travaux réalisés par Doudou en 2008, les perceptions de ces communautés

accordent la même importance aux nuisances et à la capacité du moustique à transmettre le

paludisme.

Ces communautés reconnaissent la présence des moustiques dans leur milieu de vie (90% à

Touba et Guiglo, 97,3% à Ferkéssédougou, 81,2% à Adiaké 2002 soit 91,3% en moyenne).

Leurs témoignages des nuisances principales que leur causent les moustiques, portent

généralement sur leurs bruits (6,3% à Touba, 10,7% à Guiglo, 0,3 à Ferkéssedougou, 33%

à Adiaké) et leurs piqûres (35% à Touba, 37,5% à Guiglo, 76,2% à Ferkéssedougou, 37% à

Adiaké) qui les empêchent d’avoir un sommeil tranquille. Son induction de la maladie

(0,6% à Touba, 1,2% à Guiglo, 0,3% à Ferkéssedougou, 2,1% à Adiaké) et du paludisme

(30,5% à Danané, 0,3% à Touba, 1,2% à Guiglo, 0,6% à Ferkéssedougou, 1,5% à Adiaké)

est faiblement citée par ces communautés enquêtées.

Ces populations savent que le paludisme est une ancienne (97% à Adiaké, 94% à

Ferkessedougou, 90,5% à Touba, 91,1% à Guiglo) et grave maladie (93% à Touba, 87,3%

à Guiglo, 93% à Ferkéssedougou, 85% à Adiaké soit en moyenne 89,6%). Les femmes

enceintes (95,5%) et les personnes en charge des enfants (93,9%) (Doudou, 2008) pensent

que le paludisme est une maladie dangereuse pour elles et pour les enfants.

Pour trois groupes, tout le monde peut avoir le paludisme (88,7% à Touba, 89,3% à

Guiglo, 75,6% d’Adiaké). Seulement le groupe Gur (Ferkessedougou) pense que seuls les

citadins peuvent l’avoir (95,5%) (PNLP, 2001-2004). De ces perceptions dépendent les

méthodes préventives et les traitements à utiliser contre le paludisme.

Les enquêtes réalisées au sein des quatre grands groupes socioculturels du pays de 2001 à

2004 (PNLP, 2001-2004) ont permis de connaître la définition que ces communautés

donne au paludisme. Elles citent le corps chaud ou la sensation de froid (26,2% à Adiaké,

15,2 à Ferkessedougou, 12,1% à Touba, 27% à Guiglo), le mal de tête (12,5%, à Adiaké,

3,3% à Ferkessedougou, 3,6% à Touba, 12,5% à Guiglo) le manque d’appétit (12,2% à

Adiaké, 5,1% à Ferkessedougou, 3,3% à Touba, 4,2% à Guiglo) et les urines jaunes (9,5%

à Adiaké, 7,1% à Ferkessedougou, 10,1% à Touba, 6% à Guiglo). Ces signes peuvent être

associés ou non à des vomissements (3% à Adiaké, 16,4% à Ferkessedougou, 2,1% à

Page 45: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

36

Touba, 8,3% à Guiglo). Ces résultats indiquent que les populations interrogées semblent

reconnaître les signes du paludisme. Il s’avère alors superflue que les méthodes de

sensibilisation insistent sur cet aspect.

Une étude réalisée sur les perceptions des populations DAN, par Yobouet (1996) en 1996

indiquait qu’il existe plusieurs types de «paludismes»: petit paludisme, paludisme jaune,

paludisme noir, paludisme blanc. Cette classification est liée aux signes cliniques majeurs

que cette population observe chez les malades.

De leur avis :

- Le petit paludisme est constitué d’une fièvre avec ou sans frissons, des courbatures

générales et d’une inappétence. Ces signes sont également présents dans les «autres

paludisme».

- Le «paludisme jaune» est marqué, en plus, par la coloration jaune des yeux avec

des urines foncées.

- Le «paludisme noir» se manifeste par des urines noirâtres, couleur «eau de la cola

noire».

- Le «paludisme blanc» se remarque par la couleur blanche des yeux et de la paume

des mains.

L’examen clinique réalisé par Dr Yobouet chez les patients atteints de ces types de

«paludisme» permet d’établir une correspondance entre la typologie traditionnelle et la

classification médicale moderne. Ainsi, le petit paludisme correspond aux cas fébriles

probablement palustres simples, le paludisme jaune aux cas d’ictère, le paludisme noir aux

cas de bilieuse hémoglobinurique, et le paludisme blanc aux cas d’anémie. Il fait

remarquer aussi qu’environ 35% des malades identifiés comme paludéens souffraient soit

d’un des diagnostics différentiels du paludisme, soit présentaient des pathologies à

l’origine des signes observés et qui guident la classification populaire. Ces dénominations

se retrouvent dans presque tous les groupes socioculturels du pays et sont encore

d’actualité. Même si elle n’utilise pas les critères scientifiques valides, cette classification

constitue une approche diagnostique qui identifie les signes d’alerte d’un paludisme grave.

Ces signes peuvent être d’un apport intéressant pour élaborer des messages de

sensibilisation à l’intention de cette population sur les signes d’alarme du paludisme grave,

Page 46: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

37

sur les conduites thérapeutiques à tenir et sur sa prévention par l’utilisation des

moustiquaires imprégnées.

L’entretien avec les personnes qui n’utilisent pas les moustiquaires imprégnées

d’insecticide (MII) permet de comprendre la logique de leur raisonnement (PNLP, 2001-

2004). Pour toutes situations pathologiques comme le paludisme, le choix d’un moyen de

prévention ou d’une thérapeutique à appliquer à un malade fait l’objet de longues

réflexions. Ces réflexions qui se situent dans une logique culturelle traditionnelle, visent à

comprendre le mécanisme d’action de l’outil proposé sur la pathologie identifiée et leur

explication causale donnée à cette maladie.

Généralement, les principales causes du paludisme que reconnaissaient les communautés

sont le soleil et les aliments (huiles de palme, non respect d’interdits alimentaires). Lorsque

la population a essayé toutes les thérapeutiques habituelles sans succès, elle évoque les

causes surnaturelles.

Lorsque le soleil est reconnu comme la cause du «paludisme», le traitement curatif repose

sur le repos et son éviction.

Lorsqu’il s’agit de l’huile de palme ou du non respect d’interdits alimentaires qui sont mis

en cause dans les conceptions populaires des causes du paludisme, le traitement exige une

modification de l’alimentation du malade ou de sa famille selon la place de l’individu

malade dans la famille. Puis viendront les applications de thérapies traditionnelles.

Le devin est mis en cause dans un contexte d’inconduite sociale d’une personne ou d’un

groupe de personnes qui l’aurait offensé. La réparation du préjudice se fait au niveau des

lieux sacrés prévus à cet effet avec des objets symboliques adaptés à la célébration du

rituel de purification. Ce rite est conduit par des «spécialistes» possédant l’art de

l’invocation des divinités pour obtenir leur clémence et «l’effacement » de l’effet du

préjudice causé.

Lorsqu’il s’agit de cas de sorcellerie, de mauvais sorts lancés contre une personne ou d’une

situation d’envoûtement, il faut tout d’abord repérer la personne responsable de cette

situation. Il faut aussi identifier le comportement déviant ou les propos inadaptés

prononcés par le malade et qui auraient provoqués la maladie. Ce diagnostic se fait au

Page 47: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

38

cours d’une consultation auprès des «voyants» qui sont des types particuliers de

guérisseurs traditionnels. Ensuite, suivront la réparation du tort après la reconnaissance du

préjudice, la confession et la renonciation par l’auteur.

Cette logique de raisonnement et ces représentations ne mettent pas en évidence le rôle de

l’anophèle dans l’apparition du paludisme et ne favorise donc pas l’utilisation correcte et

régulière des moustiquaires imprégnées ni les recours rapide aux soins médicaux dès

l’apparition des premiers symptômes de la maladie.

2.2. Attitudes des populations face aux MII disponi bles dans les ménages

Selon les études réalisées en Côte d’Ivoire en 2008 par Doudou (2008), presque la moitié

des femmes enceintes (51,1%), des mères ou des personnes en charge des enfants (44,1%)

et des chefs de ménages (61,1%) pensent qu’il est possible d’éviter le paludisme. Cette

même étude indique que plus de la moitié des femmes enceintes (MII : 42,5% et MILD :

82,2%), des mères ou des personnes en charge des enfants (MII : 54,7% et MILD : 86,5%)

et des chefs de ménages (MII : 57,2% et MILD : 88,4%) préfèrent les moustiquaires

imprégnées comme moyen de lutte contre les moustiques. A en croire les propos des

populations interrogées concernant leurs préférences préventives du paludisme, tout parait

être «gagné». Mais au delà de cette apparence, que font-elles réellement ?

2.3. Pratiques des populations

Au niveau des ménages des groupes socioculturels visités, le père et la mère sont les

principaux utilisateurs des MII disponibles (38% pour les MII et 83,3% pour les

moustiquaires simples). Ensuite dans des faibles proportions, arrivent les enfants de moins

de 5 ans (9,5% pour les MII et 1,2% pour les moustiquaires simples) et les femmes

enceintes (3,6% pour les MII et 0% pour les moustiquaires simples). Les études réalisées

entre 2001 et 2004 (PNLP, 2001-2004) montrent que les populations utilisent les MII pour

tuer les moustiques (6% pour MII et 4,8% pour moustiquaires simples). Dans une autre

étude conduite en 2008 (Doudou, 2008), cette proportion est passée à 88,1%. Ces

personnes utilisent aussi les MII pour éloigner d’eux ces insectes (13,1% pour les MII et

13,1% pour les moustiquaires simples), pour éviter leurs piqûres (40,5% pour les MII et

55,9% pour les moustiquaires simples) et pour dormir sans le bruit de moustiques (15,5%

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39

pour les MII et 1,2% pour les moustiquaires simples). Encore à ce niveau il apparait que

l’éviction des maladies (7,1% pour les MII et 4,8% pour les moustiquaires simples) et la

prévention du paludisme (17,9% pour les MII et 20,2% pour les moustiquaires simples)

sont secondaires. A travers les années, dormir tranquillement sans bruits ni piqûres de

moustiques est le souci majeur auquel le système de santé doit répondre. Pour rappel, un

des problèmes majeurs est que les moustiquaires sont utilisées contre les nuisances (bruits

et piqûres) alors que les vecteurs du paludisme ont un vol insonore et leur piqûre n’est pas

douloureuse, ni urticante. Cette situation pourrait être saisie par les responsables du

système de santé comme une opportunité pour la promotion l’utilisation de ces

moustiquaires. Ces populations évoquent plusieurs sensations lorsqu’elles dorment sous les

moustiquaires surtout lorsqu’elles sont imprégnées. Ce sont principalement la chaleur, la

sensation d’étouffements ou de dormir sous un linceul, une limitation des mouvements,

une réduction de la libido (MANDE du Nord, GUR, KROU, AKAN). Seuls les

représentants du groupe MANDE du Sud disent se sentir bien en dormant sous une

moustiquaire (95,2% pour MII et 91,7% pour moustiquaires simples), et ils évoquent peu

la chaleur (2,4% pour MII et 8,3% pour moustiquaires simples).

Plusieurs contraintes entravent l’utilisation des moustiquaires par les personnes

sensibilisées et de bonne volonté. Ces contraintes nécessitent l’adaptation de ces

moustiquaires à l’organisation de l’espace domestique. En effet, l’étude de Gruénais

(2003) et de Paré et al, 2009) faisaient remarquer qu’une utilisation quotidienne des

moustiquaires est contraignante pour les populations de Burkina Faso interrogées. En effet,

l’exigüité des maisons (une ou deux pièces) ne permet pas de laisser ces MII tendues sur

les couchettes pendant la journée, d’autant qu’il y a des risques d’incendies avec le feu de

cuisine. L’organisation de l’espace la nuit répond à des règles sociales bien précises :

tandis que les jeunes hommes dorment ensemble, les enfants en bas âge et les jeunes filles

dorment près de leurs mères. L’attribution des moustiquaires aux membres les plus

vulnérables de la famille (femmes enceintes, enfants de moins de cinq ans) peut donc

perturber ces modèles sociaux. De plus, la décision d’achat des MII et du choix de son

utilisateur revient au chef de ménage.

Les résultats suivants sont issus des enquêtes réalisées entre 2001 et 2004 par le

Programme National de Lutte contre le Paludisme et ses partenaires au sein des quatre

Page 49: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

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grands groupes socioculturels de Côte d’Ivoire, sur cinq sites selon leurs régions d’origine:

AKAN (AGNI : Région du sud Comoé), GUR (SENOUFO à Ferkessedougou : Région des

Savanes), KROU (GUERE à Guiglo : Région du Moyen Cavally), MANDE du Sud (DAN

à Danané : Région des Montagnes) et MANDE du Nord (MAHOU à Touba : Région du

Bafing) (PNLP, 2001-2004), portant sur un échantillon de 600 habitants à raison de 120

personnes par site d’étude sont les suivants.

Tableau I : Moyens utilisés par les ménages pour éviter la piqûre des moustiques

Solutions appliquées Danané (%)

Touba (%)

Guiglo (%)

Ferké (%)

Adiaké (%) Moyennes

Moustiquaire 15 22,1 8,8 6,4 19 14,3 Moustiquaires Imprégnées d’Insecticide

8 0,3 2,6 1,1 2,2 2,8

Bombes insecticides 12 5,3 7,8 12,6 21,2 11,9 Serpentins fumigènes 26,4 14,8 27,4 29,6 13,9 22,4 Grillage 0,5 0,3 0,3 0 0,4 0,3 Personnes qui n’utilisent aucun moyen de prévention

22,8 50,2 41,4 45,3 30,8 38,1

En général en milieu rural, la population ne fait rien pour se protéger contre les piqûres des

moustiques (38,1%) ou utilisent des moustiquaires imprégnées (14,26%) ou non (3%)) ou

utilise les serpentins fumigènes (22,42%). L’utilisation des moustiquaires imprégnées

(2,84% ou non (14,26%), des bombes insecticides (11,78%) et des grillages 0,3%) sont

rares.

Le taux de possession des moustiquaires imprégnées chez les femmes enceintes (24%), des

mères ou des personnes en charge des enfants âgés de mois de cinq ans (22,2%) et des

chefs de ménage (33,3%) sont faibles.

Les taux de leur utilisation chez la femme enceinte (13,5% pour les MII et 4,7% pour les

MILD), les enfants de moins de 5 ans (14,8% pour les MII et 4,8% pour les MILD) et les

chefs de ménage (12,6% pour les MII et 3,2% pour les MILD) sont encore plus faibles.

La possession de la moustiquaire n’est pas synonyme de son utilisation qui d’ailleurs, varie

d’une cible à l’autre, les deux taux évoluant lentement dans le temps.

Presque toute la population (97,6%) approuvent la forme rectangulaire, 94% aiment son

odeur (mais 60% la désirent parfumées), 81% approuvent les couleurs qu’on leur propose

Page 50: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

41

(blanche, bleue, rose, noire), mais avec une préférence pour la couleur blanche (58,3%). La

population apprécie également la transparence de ces moustiquaires (84,5%), leur largeur

(94%), leur hauteur (93%) et la qualité du tissu utilisé 99%). La désirabilité des

moustiquaires ne pose aucun problème et donc son utilisation ne devrait rencontrer aucun

obstacle. Pourtant la réalité est toute autre.

Tableau II : Comment la population a entendu parler des moustiquaires Moyens par lequel les populations ont

entendu parler des moustiquaires imprégnées

Touba % Guiglo % Ferke % Adiaké % %

Radio 22,9 51,9 22,5 31,1 32,1 Télévision 14,3 14,8 3,75 14,8 11,9 Amis 42,9 15,8 58,75 8,2 31,4 Parents 20 18,3 23,5 9,2 17,8 Affiches au niveau des formations sanitaires

8,6 5,8 2,6 10,3 6,8

En général, c’est par les amis (31%) ou les parents (18%) et les mass médias (radios : 32%

et télévision : 12%) que la population a entendu parler des moustiquaires imprégnées, soit

93% des cas. La sensibilisation par les services de santé ne représente seulement 7%.

Les comportements que présentent ces professionnels de santé vis-à-vis des activités et des

résultats qui en découlent pourraient faire penser à raison que leur crédibilité serait mise à

mal par la population. Les données dont nous disposons ne permettent pas de répondre

directement à cette question. L’analyse du canal par lequel la population a entendu parler

des MII et des propositions faites par cette population pour leur sensibilisation sur

l’utilisation de ces MII permettent d’en donner une idée. En effet, seulement 7% des

communautés visitées ont été sensibilisées à travers les affiches apposées sur les murs et

aucune d’elles n’a signalé une intervention des agents santé quelles consultent. Pour les

convaincre de l’utilisation de la MII, ces populations préfèrent de façon unanime, le

témoignage sur la place publique du village : du chef de village (groupe GUR, groupe

AKAN), d’un fils du village ou de l’agent de santé communautaire (groupe MANDE,

groupe KROU et DAN), ceux-ci seraient accompagnés du griot du village. Cette indication

des personnes crédibles aux yeux de la population, capables d’induire un changement de

comportement en faveur de l’utilisation des méthodes préventives comme les MII, ne cite

pas les professionnels de santé.

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Ces deux situations présentées ne sont pas des indicateurs fiables de l’absence de

crédibilité de ces professionnels de santé auprès de la population. Mais elles placent ces

derniers en position presque marginale dans la promotion de cet outil. Cela peut

s’interpréter dans deux sens. Soit, la population considère les agents de santé comme des

acquis pour ce qui concerne les activités sanitaires et dans ce cas, les autres personnes

citées (chef et «fils» du village) leur viendraient en appui. Soit, pour la population le rôle

de ces professionnels de santé est de réaliser les soins curatifs, alors les personnes ciblées

par elle, serviront d’éléments de base pour les activités préventives et promotionnelles. Pris

dans un sens comme dans l’autre, ce regard des populations sur les rôles communautaires

de ces agents n’est pas du tout positif.

Un cas particulier de sensibilisation de la population réalisée dans un village (Sous-

préfecture de Kanakono, Tengrela), donne un espoir d’une meilleure adhésion des

populations à l’utilisation massive des moustiquaires imprégnées d’insecticide. En effet,

lors du monitoring des activités dans le district sanitaire de Tengrela en 2000 (région de

Korhogo), certains membres de la population nous avaient entretenus sur la stratégie de

sensibilisation sur l’utilisation des moustiquaires que l’infirmier du village avait adoptée.

Dans un premier temps, il avait fait un don d’une moustiquaire à un homme dont les

enfants étaient fréquemment malades : «Essayes cette MII et on verra le résultat, elle va

réduire tes dépenses». Dans un second temps, c’est l’observation par la famille et par la

population de la réduction des crises de paludisme, et surtout des dépenses familiales, qui

ont déclenché l’utilisation des moustiquaires chez ces populations, autrefois hostiles à cet

outil. Ce sont des intérêts personnels concordants avec les messages de sensibilisation qui

motivent et conduisent à l’action ou au changement.

Les premiers résultats nous faisaient penser qu’il est difficile, voire impossible de parvenir

à l’adhésion des populations à la politique sanitaire portant sur l’utilisation des

moustiquaires imprégnées d’insecticide. L’expérience de ce village nous démontre le

contraire et relance le débat sur le rôle des professionnels de santé dans la réussite des

politiques sanitaires communautaires et ce qu’ils font réellement sur le terrain.

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3. PERCEPTIONS ET PRATIQUES DES PROFESSIONNELS DE SANTE DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE

Du 20 au 30 Janvier 2006, une enquête a été effectuée auprès de 181 professionnels de

santé du secteur public de la région d’Abidjan. Elle cherchait à analyser leurs perceptions

et leurs pratiques sur l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Nous vous

présentons les résultats de cette enquête.

Après une brève description des caractéristiques sociodémographiques des professionnels

de santé du secteur public enquêtés, nous présenterons leurs connaissances des moustiques,

leurs attitudes et leurs pratiques face à l’utilisation des moustiquaires et leurs suggestions

pour une amélioration de la lutte contre le paludisme.

3.1. Caractéristiques générales des professionnelles de santé interrogées

Tableau III : Répartition des agents de santé par sexe : N= 181

Sexes des personnes interrogées Fréquence %

Masculin 128 70,7 Féminin 53 29,3 Total 181 100

On constate donc que les femmes représentent environ un tiers des personnels interrogés.

Répartition des professionnels de santé interrogés par âge (N= 181):

Moyenne d’âge: 38 ans, Minimum : 22 ans, Maximum : 57 ans. Ce sont tous des adultes

qui ont été inclus dans l’étude.

Tableau IV : Répartition des agents de santé par groupe ethnique : N= 181 Ethnies des personnes rencontrées Fréquences %

Akan 121 66,9 Krou 28 15,5 Mandé nord 15 8,3 Mandé sud 12 6,6 N’gour 5 2,8

Total 181 100

Les agents de santé du groupe akan représentent les deux tiers des personnes interrogées.

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Tableau V : Répartition des agents de santé par lieux de résidence : N= 181 Lieux de résidence des personnels de santé

interrogés Fréquences %

Ville d’Abidjan 110 60,8 Banlieue abidjanaise 13 7,2 Autres villes de la région sanitaire d’Abidjan 58 32,0

Total 181 100,0

La ville d’Abidjan est le lieu principal de résidence des agents de santé interrogés.

Tableau VI : Répartition des agents de santé par catégories professionnelles : N= 181 Catégories socio professionnelles interviewées Fréquence %

Infirmiers Diplômés d’Etat 98 54,1 Infirmiers Diplômés d’Etat et Surveillants d’Unités de Soins 13 7,2 Sages Femmes Diplômées d’Etat 37 20,4 Médecins 33 18,2

Total 181 100,0

Les infirmiers sont les plus nombreux dans cette étude, suivie des sages femmes.

Tableau VII : Répartition des agents de santé selon le nombre d’enfants à charge : N= 181

Nombre d’enfants à charge par personnel de santé Fréquences % Aucun enfant à charge 0 0 Inférieure à 4 134 74,0 4 à 10 32 17,7 11 à 19 8 4,4 20 7 3,9

Total 181 100,0

Ces professionnels de santé ont tous des enfants à charge. Les trois quart d’entre eux ont

entre 1 et 4 enfants.

Tableau VIII : Répartition des agents de santé selon le nombre d’autres personnes à charge que leurs enfants : N= 181

Nombre d’autres personnes à charge des professionnels de santé

Fréquences %

Aucun 97 53,6 Au moins 1 84 46,4

Total 181 100,0

On compte approximativement la même proportion de famille nucléaire par rapport aux familles élargies.

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Tableau IX : Répartition des agents de santé selon l’âge des enfants à charge : N= 181 Tranches d’âges des enfants à charge des

professionnels de santé Fréquence %

Inférieur à 5 ans 55 30,4 Supérieur à 5 ans 126 69,6

Total 181 100,0

La grande majorité des personnels de santé ont des enfants de plus de 5 ans, soit des

enfants qui sont à un risque moindre de morbidité face à une infection palustre

Tableau X : Répartition des agents de santé selon l’état gestationnel des femmes ou de leurs femmes: N= 181

Etat de gestation des femmes ou des personnels de santé de sexe féminin

Fréquences %

Femmes enceintes 36 19,9 Femmes non enceintes 145 80,1

Total 181 100,0

Une grande part des épouses des agents de santé et les femmes agents interrogés n’étaient

enceinte lors de l’enquête, il n’ya donc peu de population cible vulnérable au paludisme

(enfants de moins de cinq ans et femmes enceintes) dans l’entourage immédiat de ces

professionnels de santé.

3.2. Connaissances des professionnels de santé sur les moustiques

Tableau XI : Répartition des agents de santé selon ce qu’ils pensent de la densité des moustiques au niveau de leur domicile : N= 181

Appréciation de la densité des moustiques par les professionnels de santé

Fréquences %

Beaucoup 92 50,8 Assez 22 12,2 Peu 62 34,3 Pas 3 1,7 Ne sait pas 2 1,1

Total 181 100,0

Tous les professionnels de santé signalent une présence abondante des moustiques dans

leur environnement de vie.

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Tableau XII : Répartition des agents selon le lieu de présence des moustiques : N= 181

Lieux de présence des moustiques selon les professionnels de santé interrogés

Fréquences %

Dans la cours 41 22,7 Dans la maison 43 23,8 Partout 97 53,6 Total 181 100,0

Ces moustiques sont partout dans la maison et dans la cours.

Tableau XIII : Répartition des agents de santé selon les raisons pour se protéger du paludisme : N= 181

Nuisances reconnues des moustiques par les agents de santé

Fréquences %

Paludisme 54 29,8 Maladies 68 37,6 Autres (autres nuisances : piqûres, bruits) 59 32,6

Total 181 100,0

Pour une grande part des agents de santé, les principales nuisances qu’ils reconnaissent des

moustiques sont les maladies. Mais, pour un tiers de ces agents, les bruits et les piqûres

sont les principales nuisances que leur causent les moustiques.

3.3. Attitudes des professionnels de santé face à l’uti lisation des moustiquaires

Tableau XIV : Répartition des utilisateurs de moustiquaires dans les ménages : N= 83 Utilisateurs des moustiquaires imprégnées disponibles

au niveau des ménages des professionnels de santé Fréquences %

Enfants de moins 5 ans 15 18,1 Enfants de plus 5 ans 5 6,0 Femmes enceintes 11 13,3 Mère 5 6,0 Père 5 6,0 Père et mère 42 50,6 Autres (parents : oncles, tantes, autres visiteurs) 0 -

Total 83 100,0

Dans les ménages agents de santé interrogés, le père et la mère sont les principaux

utilisateurs des MII existant, les enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes sont

classés loin derrière.

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Tableau XV : Répartition des causes de la non imprégnation des moustiquaires: N= 31

Causes de la non imprégnation des moustiquaires Fréquences % Pas de temps 4 12,90 N’aime pas et ne supporte pas l’odeur du produit d’imprégnation

18 58,06

Pas de produit d’imprégnation 9 29,03 Total 31 100,0

Plus de la moitié des agents de santé interviewés n’aiment pas le produit d’imprégnation. La MII semble ne pas leur convenir.

Tableau XVI : Répartition des agents santé selon la façon dont ils se sentent quand ils dorment sous la moustiquaire : N= 181

Sensation sous la moustiquaire Effectif (%) Chaud 38 21,0 Bien 86 47,5 Mouvements limités 13 7,2 Enfermé 28 15,5 Etouffé 11 6,1 Rien 5 2,8 Total 181 100,0

Les bonnes sensations et les malaises sous la MII s’équilibrent en proportions à travers les

expressions des agents de santé interrogés.

3.4. Pratiques des professionnels de santé face à l’uti lisation des moustiquaires

Tableau XVII : Répartition des agents de santé selon les moyens de lutte qu’ils utilisent dans leurs ménages contre les nuisances des moustiques : N= 181

Moyens de prévention du paludisme que les professionnels de santé utilisent dans leurs ménages

Fréquences %

Moustiquaires (imprégnées ou non) 51 28,2 Grillage 23 12,7 Bombes insecticides 75 41,4 Moustiquaires + Bombes insecticides 32 17,7

Total 181 100,0

Ces agents de santé utilisent en général les bombes insecticides qui coûtent plus chères et

qui offrent plus d’inconvénients (sur l’homme et sur l’environnement).

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Tableau XVIII : Durée d’utilisation des moustiquair es (seules et avec bombes insecticides) : N= 83

Durée de l’utilisation des moustiquaires Fréquences %

Moins d’un mois 5 6,0 De 1 à 12 mois 17 20,5 Plus d’une année 61 73,5

Total 83 100,0

La plus part des agents de santé qui disposent des moustiquaires l’ont depuis plus d’un an.

Tableau XIX : Répartition des agents selon le type de moustiquaires utilise : N= 83 Types de moustiquaires utilisées dans les ménages

des professionnels de santé Fréquences %

Moustiquaires Imprégnées d’insecticide 58 69,9 Moustiquaires non imprégnées d’insecticide 25 30,1

Total 83 100,0

Presque les deux tiers des agents de santé qui disposent de moustiquaires les maintiennent

imprégnées.

Tableau XX : Répartition des agents de santé selon la vente de moustiquaire imprégnée dans leur formation sanitaire : N= 181

Vente de moustiquaires imprégnées au niveau des formations sanitaires

Fréquences %

Oui 35 19,3 Non 146 80,7

Total 181 100,0

Presque la totalité des professionnels de santé interrogés ne vendent pas de MII dans leurs

centres de santé.

Tableau XXI : Répartition des agents de santé selon les raisons de l’indisponibilité des MII: N= 181

Raisons de l’absence de la vente de moustiquaires imprégnées au niveau des formations gérées par ces

personnels de santé

Fréquences %

Population ne commandent pas 70 38,7 Celles qui ici ne sont pas encore vendues 46 25,4 Population n'a pas d'argent pour en acheter 41 22,7 Budget insuffisant pour en acheter suffisamment 24 13,3

Total 181 100,0

Selon les professionnels de santé interviewés, les causes principales qui empêchent la

vente des MII au niveau des formations sanitaires de la région sanitaires d’Abidjan

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sont liées aux populations. Les fautes relatives aux agents de santé et au système de santé

moins évoquées.

Tableau XXII : Répartition des agents de santé selon la disponibilité du matériel d’imprégnation dans leur formation sanitaire : N= 181

Existence de matériel d’imprégnation au niveau des formations sanitaires

Fréquences

%

Oui 166 91,7 Non 15 8,3

Total 181 100,0

Presque toutes les formations sanitaires disposent de matériel d’imprégnation.

Tableau XXIII : Répartition des agents de santé selon la réalisation de la réimprégnation des moustiquaires dans leurs formations sanitaires : N= 181

Activités de ré imprégnation des moustiquaires au niveau des formations

sanitaires Fréquences %

Oui 10 5,5 Non 171 94,5

Total 181 100,0

Malgré la présence de matériels d’imprégnation, les agents de santé de la région d’Abidjan

ne réalisent pas la réimprégnation des moustiquaires disponibles auprès des populations

qui en sollicitent.

3.5. Suggestions faites par les professionnels de santé pour une amélioration de la lutte contre le paludisme

Tableau XXIV : Répartition des agents de santé selon les propositions faites pour une meilleure promotion des moustiquaires imprégnées : N= 181

Suggestions des agents de santé pour la promotion des moustiquaires imprégnées

Fréquences %

Intéresser les vendeurs et les imprégnateurs de moustiquaires 93 51,4 Equiper les formations sanitaires de matériel d’imprégnation et en MII 7 3,9

Eviter les ruptures en MII et en insecticides 5 2,8 Réduire le coût des insecticides au niveau de la PSP 33 18,2 Réduire le coût d’acquisition des moustiquaires 27 14,9 Autres (Faire la police comme dans l'ancien temps en hygiène, utilisation des MII)

16 8,8

Total 181 100,0

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50

L’absence de motivation financière des agents de santé constitue la raison pour laquelle la

vente des MII et la réimprégnation ne s’effectuent pas au niveau des centres de santé

d’Abidjan.

Tableau XXV : Répartition des agents de santé selon les propositions faites pour une meilleure lutte contre le paludisme : N= 181

Propositions pour une meilleure lutte contre le paludisme

Fréquences %

Motiver les professionnels de santé en charge de sa promotion

65 35,9

Hygiène individuelle et collective 12 6,6 Sensibilisation à l'utilisation de la MII 32 17,7 Prise en charge correcte et rapide des cas 13 7,2 Réduire le coût des MII et des insecticides 56 30,9 Autres 3 1,7

Total 181 100,0

Selon tous les agents de santé interrogés, la redynamisation de la lutte contre le paludisme

passe par la motivation financière de ces agents et la réduction des coûts des MII et des

insecticides. Les raisons évoquées sont liées au système de santé et à son personnel.

3.6. Ce que font quotidiennement les personnels de sant é pour promouvoir la MII au niveau des formations sanitair es des districts

Le médecin chef de district centralise les commandes provenant des formations sanitaires

de son aire géographique pour les adresser à la Pharmacie de la Santé Publique (PSP) en

tenant compte d’une marge de sécurité pour sa gestion locale. Ainsi, la disponibilité de la

moustiquaire dépendait uniquement des commandes faites par les professionnels de santé.

Cette commande est faible, rare et est souvent déclenchée par la demande de la population.

Or une grande part de cette population n’établit pas de lien entre les piqûres de moustique,

l’apparition du paludisme et l’utilisation des MII. Elle est de plus peu informée sur les sites

de vente et d’imprégnation des moustiquaires. Elle n’en voit donc pas la nécessité dans la

prévention du paludisme par l’utilisation des moustiquaires. Il apparait donc évident que

ces populations les solliciteront moins ou pas du tout.

La surcharge de travail, le faible niveau de supervision, d’évaluation des activités,

d’utilisation des données de routine et le contenu des messages de sensibilisation creusent

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51

un lit au cercle vicieux dans lequel se trouve la problématique de l’utilisation des

moustiquaires imprégnées d’insecticide.

Les professionnels de santé sont les acteurs principaux de la santé dans leurs aires

sanitaires. En tant que tels, ils sont chargés à la fois, des soins à donner aux malades pour

leur bien-être et des tâches administratives : organisation du planning des soins, suivi des

dossiers de soins infirmiers des patients, actions préventives et éducatives, gestion du

partenariat communautaire et relations externes. Ils ont également la responsabilité de la

prévention des maladies cibles de tous les programmes de santé du pays. Cette prévention

est basée sur la promotion des matériaux et procédures spécifiques à chaque maladie y

compris la moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII). Cette surcharge de travail qui

empêche la sensibilisation des malades et des populations pourrait trouver sa solution dans

la prévention des pathologies majeures qui réduirait leur fréquence.

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TROISIEME PARTIE : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS

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1. DISCUSSIONS

1.1. Sur l’organisation de la lutte contre le palud isme au niveau des partenaires

Les partenaires sont nombreux et de formes diverses. En dehors de l’OMS et du système

des Nations Unies qui proposent des moustiquaires conventionnelles, chacun des

partenaires a son réseau de fourniture de moustiquaires et d’insecticides. Ainsi, plusieurs

types de moustiquaires et d’insecticides circulent au niveau des districts sanitaires, avec

des messages parfois simplement différents de ceux du programme, s’ils ne lui sont pas

contradictoires. Certains d’entre eux conduisent directement leurs actions au niveau des

districts sanitaires. Ces deux situations ne permettent pas au Programme National de Lutte

contre le Paludisme de maîtriser les méthodes de lutte contre cette maladie, de coordonner

toutes les activités et de capitaliser les informations sanitaires résultant de leur mise en

œuvre. La capitalisation des intelligences collectives nécessite de réfléchir ensemble sur un

même sujet, de retenir des objectifs prioritaires et d’identifier les indicateurs d’activités.

Une telle vision dans le respect des Directives Nationales permet de conjuguer les efforts et

les moyens, et d’atteindre les objectifs fixés.

1.2. Sur l’organisation de la lutte contre le palud isme au niveau central : Cabinet du Ministre de la Santé, Programm e National de Lutte contre le Paludisme, districts sa nitaire

L’un des points importants de l’action gouvernementale réside dans l’engagement

politique. La traduction de ces engagements en actions nécessite des conditions financières

et organisationnelles d’accompagnement et surtout la capitalisation des acquis de la lutte

antipaludique antérieure pour renforcer les actions actuelles. Les éléments de base issus de

la mise en œuvre nationale des grandes orientations mondiales de lutte contre le paludisme

existent : Pharmacie de la Santé Publique, administration déconcentrée (régions et districts

sanitaires), comités de gestion (COGES) dont les membres sont issus de la communauté

(chefs, fils de villages), agents de santé communautaire.

Aujourd’hui les moustiquaires imprégnées sont gratuitement données à la population. Cette

gratuité améliore certes leur possession mais ne garantit pas leur utilisation domiciliaire

effective. La sensibilisation et l’implication de ce potentiel social humain peut donner des

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54

résultats au-delà de nos attentes et induire la pérennisation de l’utilisation des

moustiquaires au niveau communautaire.

Problématique de la gratuité des actes et des moyens de prévention en santé comme les

MII, anime encore les grands débats, en particulier pour ce qui concerne l’accoutumance

des populations, pérennisation et la lutte efficiente contre les maladies. La gratuité

«dévalorise» la MII n’améliore pas son utilisation efficace et induit l’effet pervers des

populations vis-à-vis des MII, elle paupérise l’Etat et ses partenaires et met ainsi en danger

(rupture de stocks, retour aux anciennes habitudes) l’utilisation pérenne de ces MII. La

gratuité complète est donc à proscrire et opter pour une participation subventionnée et à

moindre frais pour les populations.

Les activités du Programme National de Lutte contre le Paludisme permettent de disposer

des antipaludiques, des moustiquaires et des insecticides qui répondent aux

recommandations de l’OMS. Seulement, l’insuffisance de ressources financières et les

retards dans leurs décaissements limitent le nombre des professionnels de santé bénéficiant

des formations continues, l’équipement des structures sanitaires en kits de réimprégnation

des moustiquaires, la réalisation des supervisions des activités des districts et des centres

de réimprégnation, et l’évaluation régulière des activités réalisées. Cette insuffisance

financière est liée au fait que la part du budget national affectée au Ministère de la Santé

n’a pas connu d’augmentation significative et oscille chaque année autour de 5% (OMS,

2009-2013) malgré l’engagement du Chef de l’Etat pour la mise en œuvre des objectifs

d’Abuja. Ces objectifs demandaient que cette part se situe autour de 15%. Avec l’accès au

Fonds Mondial de lutte contre l’infection à VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, la

situation financière s’est améliorée. L’espoir réside aussi dans la mise en œuvre du Plan

National de Développement Sanitaire 2008-2012 qui nécessite de passer de 6% à 15% la

part du budget alloué au Ministère de la Santé.

Les «Journées Africaines de lutte contre le paludisme» célébrées le 25 avril de chaque

année, devrait être une occasion de relancer véritablement la lutte contre cette maladie. Ces

journées devraient être précédées d’une évaluation de la situation du paludisme au niveau

de tous les districts afin d’identifier les déterminants de l’utilisation des moustiquaires

imprégnées. Aussi, les activités conduites sur le site de la célébration des journées

devraient être suivies, évaluées et redynamisées. Elles ne doivent pas se limiter à un seul

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55

district et à une semaine, voire une journée de sensibilisation des populations. Mais les

médecins chefs et, à un niveau moindre, les autres professionnels de santé des districts

sanitaires sont faiblement impliqués dans la mise en œuvre des activités se réalisant au

niveau de leur aire sanitaire. L’atteinte des objectifs nécessite une véritable

contractualisation des responsabilités, des moyens et des résultats. Cette action pourrait

redynamiser la promotion et l’utilisation des moustiquaires imprégnées par les

communautés. Il serait nécessaire de responsabiliser pleinement ces médecins-chefs de

districts quant à ce qui concerne toutes les activités se déroulant dans leur district.

Au niveau des districts sanitaires, les multiples réunions et séminaires qu’organisent

séparément les programmes de santé et les partenaires, réduisent le temps que consacrent

les médecins chefs de district à leurs propres activités. Certes, leur budget de

fonctionnement est insuffisant, mais il doit être orienté vers les objectifs prioritaires

consensuels. Cela implique que les responsables du niveau central et des districts se

penchent sur les pathologies majeures qui minent la santé de la population, déterminent

ensemble les priorités et les objectifs nationaux, régionaux et départementaux ainsi que le

cadre de la mise en œuvre des activités et en fixer les indicateurs et les échéances.

Plusieurs éléments s’associent pour maintenir les autres professionnels de terrain dans une

situation de routine qui entrave l’atteinte des objectifs : absence d’objectifs consensuels

nationaux, régionaux et départementaux, insuffisance de supervisions et d’évaluation des

activités, faiblesse d’implication en tant que formateurs dans les formations réalisées au

niveau des districts, insuffisance d’information sanitaires réciproques sur leurs activités.

Aussi, correctement et régulièrement effectuées, les supervisions auraient pu permettre

d’apporter des solutions aux difficultés que rencontrent les professionnels de santé dans la

réalisation de leurs tâches quotidiennes, notamment la conduite de la promotion de

l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Le réflexe d’évaluation ou

d’autoévaluation doit être cultivé chez ces représentants départementaux du Ministre de la

Santé ainsi que la prise locale d’initiatives novatrices. Car, rendre les moustiquaires

disponibles auprès des structures sanitaires ainsi que la sensibilisation des malades et leurs

accompagnants ne nécessitent pas d’engagement financier. Loin de négliger leurs charges

quotidiennes de travail, ces activités dépendent de la volonté des professionnels de santé

qui sont les acteurs principaux de la santé au niveau de leurs aires sanitaires. Elles

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56

pourraient contribuer à réduire le nombre de consultants et de consultations, à réduire la

morbidité liée au paludisme et le fardeau des populations.

1.3. Sur les perceptions et pratiques des populatio ns de Côte d’Ivoire

Malgré plusieurs années de sensibilisation, les populations semblent camper sur leurs

perceptions du moustique, du paludisme et des moustiquaires. Les causes qu’elles

attribuent au paludisme sont restées presque les mêmes. Ces causes peuvent être

regroupées en causes naturelles autres que le moustique (soleil, aliments, mouches,

fatigues) qui occupent les trois quart (75%) de leurs soucis, et les causes surnaturelles

(sorciers, devin, malédictions, envoutements : 25%). Ces dernières hantent l’esprit des

populations et organisent leurs conduites sociales.

Les bruits et les piqûres douloureuses des moustiques qui empêchent les populations

d’avoir un sommeil tranquille constituent leurs préoccupations majeures (60%) et non la

capacité de ces moustiques à transmettre le paludisme. La triade «piqûres - bruits - troubles

du sommeil» domine la conception de la population et est attestée dans plusieurs études

réalisées en Côte d’Ivoire, en Ouganda, en Tanzanie, en Gambie, au Cameroun, au Ghana,

en République Démocratique du Congo (Doannio, 2006). Ces nuisances leur servent

également d’indicateurs de la présence de ces moustiques dans leur milieu. Ces perceptions

des populations guident le choix de leurs moyens de protection, laissant méconnue la

moustiquaire imprégnée. Cette situation indique que les messages élaborés et/ou les voies

de sensibilisation jusque là utilisés sont peu efficaces pour produire l’effet attendu. Ces

communautés savent que le paludisme est une grave maladie que tout le monde peut

l’avoir. Les récentes études (Doudou, 2008) montrent que toutes les femmes enceintes

(95,5%) et les personnes en charge des enfants (93,9%) savent que le paludisme est une

maladie dangereuse pour elles et pour les enfants. La moitié de ces personnes pensent qu’il

est possible d’éviter le paludisme, mais les moyens de prévention qu’elle indique (éviter le

soleil ou certains aliments) sont loin de favoriser l’utilisation des moustiquaires

imprégnées. Ces communautés savent que les moustiquaires imprégnées sont importantes

pour la protection contre le paludisme. La désirabilité de ces moustiquaires par ces

populations ne pose aucun problème et son utilisation ne devrait donc rencontrer aucun

obstacle. A en croire les propos concernant les cibles vulnérables et leurs préférences

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préventives du paludisme, tout parait être gagné. Mais au delà de cette apparence

expressive, ces populations utilisent faiblement les moustiquaires dans leurs ménages et ce

sont généralement le père et la mère qui sont les principaux utilisateurs des MII

disponibles. Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes n’en sont pas les

bénéficiaires prioritaires. Selon certaines personnes, ce sont les parents qui soutiennent

financièrement la famille. Ils doivent se protéger contre les maladies pour continuer de

s’occuper des enfants. Il apparaît alors important de comprendre leur logique de

raisonnement, identifier leurs préoccupations majeures et saisir les opportunités qu’offrent

leurs perceptions pour améliorer l’utilisation des moustiquaires imprégnées et le recours

rapide aux soins médicaux dès l’apparition des premiers symptômes de la maladie. Il est

prouvé scientifiquement que les anophèles ont un vol silencieux et leurs piqûres ne sont

pas douloureuses et ni prurigineuses. Mais ces raisons qui conduisent les communautés à

solliciter et à utiliser les moustiquaires imprégnées doivent guider les messages de

sensibilisation sans oublier que ces moustiquaires imprégnées ont un effet moindre sur les

autres types de moustiques. La réponse à leurs attentes induira le réflexe spontané

d’utilisation massive correcte et régulière de ces moustiquaires et contribuera à briser ou à

atténuer les barrières (préjugés, sensations sous les MII, coûts des MII, contraintes

domiciliaires) qui limitent son utilisation. Comme indiquent les communautés, cette

promotion doit aussi s’appuyer sur l’implication des populations à travers leurs

représentants sociaux (chef, fils, agent de santé communautaire, griot du village).

Une analyse sommaire des perceptions des populations vivant en Côte d’Ivoire pourrait

amener à penser que les populations sont hostiles à l’utilisation des moustiquaires

imprégnées et que leur adhésion à ce moyen de prévention serait une illusion. En fait, la

prise de conscience de la gravité de maladie et de la vulnérabilité de tout le monde, la

conscience que l’on peut éviter le paludisme, la désirabilité de ces moustiquaires par ces

populations donnent une lueur d’espoir pour le contrôle et l’éradication de cette maladie.

Aussi, l’expérience initiée par un professionnel de santé dans un village du Nord du pays,

en apporte une preuve et oriente nos stratégies vers les acteurs de terrain dont nous allons

exposer leurs perceptions et pratiques. Les actions de promotion de la santé sont orientées

vers le développement d'aptitudes personnelles et sociales et non sur la modification de

mauvais comportements. Une attention accrue devrait être donnée à la nécessaire

conviction des professionnels de santé. Si leur attitude ne va pas dans le même sens qu’une

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recommandation, si leurs propres pratiques ne sont pas conformes à un standard en

vigueur, l’éducation pour la santé des patients et des communautés risque d’être peu

performante par manque de cohérence. Car les professionnels de santé étant les principaux

acteurs de la santé et la porte d’entrée des populations dans le système de santé, ont un rôle

capital dans la prévention des maladies et dans la promotion de la santé. De par leur

situation centrale, leur connaissance de leur milieu de vie et des exigences du système de

santé, ces agents font l’objet d’observations, d’interprétations, d’imitations et de critiques.

Pour comprendre leur vie au-delà des aspects professionnels quotidiens qu’ils présentent

aux visiteurs temporels et spatiaux des formations sanitaires, il nous est apparu nécessaire

d’entrer dans leur intimité familiale.

1.4. Sur les perceptions et pratiques des professio nnels de santé de la région d’Abidjan

1.4.1. Caractéristiques générales des professionnel s de santé

Cette enquête portait sur les agents de santé des deux sexes. La population masculine est

très largement représentée avec 71 %, contre 29% de femmes, contrairement aux constats

faits dans de nombreuses études : 55% de femmes (DRESS2002, 2004), 50% des femmes

(Granado et al, 2003 à 2004) et 65% de femmes (URML, 2005). Ce taux est proche de

celui rapporté par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Scientifique de Côte d’Ivoire en 2004-2005 (35% de filles).

Les différences seraient dues au fait d’une volonté du chercheur (Granado et al, 2006), à la

composition des deux genres dans le milieu professionnel ou à un hasard d’échantillonnage

comme dans notre étude où la désignation d’un participant est liée à son niveau

d’implication dans les activités de lutte contre le paludisme au niveau de sa formation

sanitaire.

La moyenne d’âges des agents de santé interrogés est de 38 ans, avec des extrémités

variant entre 22 et 57ans.

Au niveau socioculturel, ces agents de santé appartiennent, aux quatre grands groupes qui

composent le pays avec des fréquences variables. Le groupe AKAN représente (67%), puis

les groupes KROU (16%), MANDE du Nord (8%), MANDE du Sud (7%) et GUR (3%).

Cette répartition se retrouve dans la population générale ivoirienne (INS, 2009) : groupe

Page 68: UTILISATION DES MOUSTIQUAIRES IMPREGNEES D’INSECTICIDE … · RESUME Mots clés : Paludisme, Perceptions et Pratiques, Professionnels de santé, Moustiquaires imprégnées d’insecticide,

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AKAN (67%), groupe KROU (16%), MANDE du Nord (8%), MANDE du Sud (7%),

GUR (3%). Dans une étude sur la vulnérabilité des citadins à Abidjan en relation avec le

«palu», réalisée entre 2003 et 2004 par Granado et al, les proportions de ces quatre groupes

socioculturels étaient variables selon les quartiers :

- Quartier précaire : AKAN : 15%, KROU : 37%, MANDE : 30%, GUR : 4%

- Quartier résidentiel : AKAN : 55%, KROU : 35%, MANDE ; 6% et GUR : 0%

Les variations entre les études seraient liées à plusieurs facteurs : aux objectifs de l’étude,

au pouvoir d’achat des populations (comme dans l’étude de Granado qui a été réalisée dans

deux sites à caractéristiques socioéconomiques différentes), aux intérêts personnels des

personnes interrogées (résidence et patrimoine familiaux) facilitant leur hébergement.

Plus de la moitié (61%) des agents de santé interrogés habitent à Abidjan, 7% dans la

banlieue et 32% dans d’autres villes de la région sanitaire d’Abidjan. La forte

représentation de la ville d’Abidjan est liée au fait que les formations sanitaires des

districts impliqués sont toutes implantées dans cette ville. Certaines personnes travaillent à

Abidjan et habitent dans sa banlieue.

Les personnes interrogées sont tous mariées. Trois quart de ces agents ont à charge au

moins un enfant. En plus de leurs enfants biologiques (54%), tous offrent une hospitalité à

d’autres personnes (46%). 30% d’entre eux ont des enfants âgés de moins de 5 ans et 20%

de leurs épouses ou des femmes agents de santé étaient enceintes lors de l’enquête. Chez

ces professionnels de santé, les cibles les plus vulnérables que sont les enfants de moins de

cinq ans et les femmes enceintes représentent une faible proportion. Ces derniers devraient

bénéficier prioritairement des moyens de prévention.

Les personnes interrogées appartiennent à deux catégories professionnelles principales:

18,23% de médecins et 81,76% de paramédicaux dont 54,14% d’Infirmiers Diplômés

d’Etat ou IDE, 7,18% d’IDE et Surveillants d’Unités de Soins, et 20,44% de Sages

femmes. Ces proportions sont identiques à celles observées au sein de la Fonction Publique

en Côte d’Ivoire. En effet, sur un effectif de 10 814 personnels de santé du Ministère de la

Santé en 2001, les médecins représentaient 15,72% et les paramédicaux 84,28% (INS,

2007). Elles sont en revanche inférieures à celles rapportées dans l'étude de Comolet et al

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60

en 2000. Dans son analyse du comportement global des soignants en tant que corps

professionnel (secteur public, privé) portant sur un échantillon de 50 personnes, les

médecins représentaient 34% et les paramédicaux 66%.

1.4.2. Connaissances, attitudes et pratiques des pr ofessionnels de santé face au paludisme

Les initiateurs de cette étude n’ont pas trouvé nécessaire de poser certaines questions aux

professionnels de santé interrogés. Il s’agit entre autres des questions portant sur leur

connaissance de la cause, la définition et les signes du paludisme, ceux qui peuvent l’avoir,

les types de paludisme, l’organisation de la thérapie et la place de la moustiquaire. Leurs

connaissances sur le paludisme en tant professionnels de santé pourraient s’exprimer et

occulter leurs réalités quotidiennes recherchées par notre travail.

Presque tous les agents de santé interrogés (93%) reconnaissent que les moustiques sont

présents dans leur milieu de vie. Selon le quartier et la période de l’année, les variations

sont importantes allant d’une grande (beaucoup: 51%) à une faible abondance (assez: 12%

ou peu 34%) des moustiques.

Pour ces agents de santé interviewés, le moustique entraîne des maladies (67,4%) y

compris le paludisme (30%). Pour un tiers de ces personnes (32,6%), les moustiques sont

gênants par leurs piqûres et leurs bruits. Cette faible proportion constitue une hantise

socialement réelle exprimée ouvertement par la population, mais voilée par la culture

médicale chez les professionnels de santé.

1.4.3. Attitudes des professionnels de santé face à l’utilisation des moustiquaires

Un personnel de santé sur deux (50,6%) utilise les moustiquaires avec sa femme. Les

enfants âgés de moins de cinq ans (18,1%) et les femmes enceintes (6%) vivant dans son

ménage n’en sont pas les cibles prioritaires. Contrairement à ce qu’on aurait observé, ce

sont les adultes qui utilisent prioritairement les MII. Les formations initiales et continues

n’ont pas suffit pour opérer un changement de comportement dans l’utilisation des

moustiquaires imprégnées.

Ces agents de santé hébergent d’autres personnes (46%) qui vivent comme faisant partie

intégrante de la famille. Mais elles sont comme l’œil extérieur qui apprécie, pèse et

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rapporte à leurs familles souches leurs observations, parfois avec un certain niveau

d’exagération. Certaines sont des capteurs fiables d’informations et des sources

privilégiées de diffusion des pratiques familiales parfois secrètes ou intimes. Toute

personne modèle et éducatrice de société hébergeant une autre ou vivant au sein d’une

communauté devrait s’efforcer de présenter un comportement exemplaire. Ces

professionnels de santé devraient tous utiliser les moustiquaires imprégnées,

prioritairement pour la couverture des enfants et des femmes enceintes.

Plus de la moitié (58,06%) des agents de santé enquêtés expliquent la non imprégnation

des moustiquaires par le fait qu’ils n’aiment pas ou ne supportent pas le produit

d’imprégnation. Pour d’autres, c’est la rupture de stock de produit d’imprégnation

(29,03%) ou le manque de temps pour réaliser l’imprégnation (12,90%) de leurs

moustiquaires. De cette situation, deux observations se dégagent.

Premièrement, ce sont les professionnels de santé qui encouragent la population à utiliser

les moustiquaires imprégnées et à les réimprégner régulièrement. Alors comment

comprendre que ces derniers refusent la pratique de la réimprégnation ? Les formations

seules ne sauraient aussi être des éléments suffisants pour l’application des mesures de

santé décidées par la hiérarchie surtout celles touchant le comportement humain. Elles

nécessitent la volonté des professionnels de santé.

La moitié des professionnels de santé enquêtés disent qu’ils dorment bien (47,5%) sous la

moustiquaire imprégnée. Ces propos varient selon la signification que chaque cible donne

à l’expression «se sentir bien». Cette appréciation est liée aux nuisances reconnues des

moustiques. Pour les professionnels de santé, se «sentir bien» signifie que la moustiquaire

leur a épargné des maladies (97,4%,) y compris le paludisme. En tant que barrière entre

l’homme et les moustiques, son effet répulsif et tueur de ces moustiques, la moustiquaire

imprégnée est appréciée par le tiers de ces personnes pour qui les moustiques sont nuisibles

par leurs bruits et leurs piqûres. Ces niveaux satisfaisants d’appréciation des effets

attribués à la moustiquaire par les utilisateurs, auraient pu faciliter la sensibilisation,

l’adhésion de cette population et son utilisation à large échelle. Mais la réalité semble

montrer que les autres effets tels que la chaleur (21%), la sensation d’enfermement

(15,5%) ou d’étouffement ou de dormir sous un linceul (6,1%), la limitation de

mouvements (7,2%) prennent le pas pour entraver l’utilisation de ces moustiquaires. Cette

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situation pourrait expliquer la grande différence entre le taux de possession et d’utilisation

des moustiquaires au niveau des ménages. La distribution gratuite des moustiquaires aux

populations ne peut alors suffire à elle seule pour améliorer son taux d’utilisation.

1.4.4. Pratiques des professionnels de santé

Sur les 181 personnes interrogées, 45,9% utilisent les moustiquaires soit seules (28,2%) ou

associées à l’utilisation de bombes insecticides (17,7%), méthode de prévention préférée

par ces agents de santé (41,4%).

Parmi la faible proportion des professionnels disposant de moustiquaires imprégnées, une

grande part (73,5%) l’utilise depuis au moins un an. Presque toutes ces personnes (70%)

fournissent un effort pour les maintenir imprégnées. Cela montre que ces agents sont

convaincus de l’efficacité des moustiquaires lorsqu’elles sont imprégnées. Si telle est le

cas, pourquoi ne pas faire partager ce bénéfice avec toute la population par des campagnes

et des séances d’information et de sensibilisation, par la vente et la réimprégnation des

moustiquaires? Dans presque toutes les structures sanitaires où exercent les agents de santé

interrogés (92%), les matériels d’imprégnation sont disponibles, mais ils ne réalisent pas

leur réimprégnation de moustiquaires (94,5%) disponibles au sein des communautés. Selon

eux, ils ne vendent pas les moustiquaires dans leurs formations sanitaires (80,7%), parce

que la population ne les commande pas (38,7%) au point que celles qui sont disponibles ne

sont pas vendues (25,4%) et le budget restreint du district ne permet pas d’en acquérir

suffisamment (13,3%) à chaque commande. Toutes ces raisons témoignent du peu d’intérêt

que ces personnels accordent aux activités promotionnelles de la santé portant sur

l’utilisation des moustiquaires imprégnées. Comment ces communautés peuvent désirer un

matériel sur lequel elles ont peu d’informations ou sur lequel elles sont peu

sensibilisées sur le lieu d’acquisition, sur le site de réimprégnation, dans un contexte où les

responsables utilisent un autre moyen de prévention. Cette situation peut décourager les

potentiels utilisateurs de MII et jeter des doutes sur l’efficacité réelle et l’innocuité de ces

MII.

Les professionnels de santé utilisent également les grillages aux fenêtres et portes (12,7%).

Ces grillages moustiquaires sont utilisés pour contourner les inconvénients liés à

l’utilisation des moustiquaires imprégnées, disent-ils. Cette situation positionne les

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grillages moustiquaires comme un outil complémentaire à la moustiquaire imprégnée. Une

bi-prévention par l’association des MII et des grillages moustiquaires ou une tri-prévention

lorsque les techniques industrielles permettront de faire une double imprégnation des

moustiquaires pour les rendre efficaces contre tous les types de moustiques sont

préférables.

1.5. Sur les suggestions faites par les professionn els de santé pour une amélioration de la lutte contre le paludis me

Selon les professionnels de santé interrogés, la promotion de la moustiquaire passe

principalement par l’intéressement des «vendeurs» de moustiquaires (51,4%) et la

réduction des coûts (33,1%) des insecticides (18,2%) et des MII (14,9%). Ces actions

seront appuyées par le maintien d’un milieu de vie assaini par la communauté (8,8%)

défavorisant le développement des moustiques, l’équipement de toutes les formations

sanitaires en matériels de réimprégnation (3,9%) et l’éviction des ruptures de stocks de MII

et d’insecticide (2,8%).

Au niveau de la redynamisation de la lutte contre le paludisme, ces agents suggèrent aussi

la motivation des personnels promoteurs de MII (35,9%), la réduction des coûts de ces

MII et des insecticides (30,9%). Ces deux mesures rendront efficaces les autres actions

telles que la sensibilisation des populations sur l'utilisation de la MII (17,7%) et sur les

avantages de la prise en charge correcte et rapide des cas (7,2%), l’observation de

l’hygiène du milieu de vie individuelle et collective accompagnée de contrôles réguliers de

leur mise en œuvre (6,6%).

Concernant la motivation du personnel de santé, elle est d’autant plus nécessaire que les

charges de travail sont importantes. En effet, les activités liées d’une part à la réalisation de

tous les programmes de santé du pays et les activités curatives de routine, d’autre part les

réunions, les ateliers de formation et de bilan, constituent des charges énormes voire

supplémentaires quotidiennes de travail pour les professionnels de santé. A ce sujet, une

enquête conduite par Lecocq en 2009 sur la charge de travail des professionnels de santé,

montre notamment qu’en Afrique du Sud, comme dans les autres pays de l’enquête (2203

infirmières dans onze pays : Afrique du Sud, Brésil, Canada, Colombie, États-Unis, Japon,

Kenya, Ouganda, Portugal, Royaume-Uni et Taiwan), la plupart des infirmières (85%) se

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déclarent soumises à des contraintes de temps les empêchant de consacrer à leurs patients

l’attention qu’elles estiment nécessaire. Une grande majorité des infirmières interrogées en

Afrique du Sud (87%) estiment que le fait de consacrer davantage de temps à leurs patients

permettrait d’améliorer leur santé de manière sensible. Les incitations doivent être adaptées

aux objectifs stratégiques de l’organisation, aux normes et valeurs locales et personnelles

ainsi qu’aux circonstances. L’importance et le potentiel des incitations non financières sont

largement reconnus. Les systèmes d'incitations les plus efficaces doivent être adaptés aux

contextes spécifiques dans lesquels ils seront mis en œuvre. Leur mise en œuvre exige non

seulement la manifestation d’une certaine volonté politique et un travail assidu, mais

encore la reconnaissance, par toutes les parties concernées, de l’engagement, des aptitudes

des professionnels de la santé et donc des avantages qu’ils constituent pour les systèmes de

santé du monde entier. Le plus grand atout d’un service de santé réside dans ses

collaborateurs. La mise en œuvre de systèmes d’incitations efficaces est un investissement

grâce auquel ce capital pourra être préservé et développé.

Il est certain que le problème des coûts des MII se posait avec acuité aux populations avant

2007. Il se dressait comme un obstacle infranchissable qui les empêchait d’acquérir ce

matériel de prévention malgré leur volonté. Mais aujourd’hui, l’accès de la Côte d’Ivoire

au Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le paludisme a résolu ce

problème à court terme par la distribution gratuite des MII dont la durée de vie est en

moyenne de 4 ans. Cette situation a également résolu le problème de la réimprégnation des

moustiquaires. Les MII ont une durée moyenne de 4 ans. Lorsque ces populations seront

habituées à l’utilisation de ces moustiquaires et à leur gratuité, il faudra que le Ministère

de la Santé initie un système de pérennisation pour le renouvellement des stocks de

moustiquaires imprégnées lorsque prendra fin le Fonds Mondial.

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65

2. RECOMMANDATIONS

2.1. De la nécessité de la capitalisation de tous l es efforts de lutte antipaludique des partenaires

Une lutte efficace contre le paludisme nécessite que les moyens utilisés par les tous les

acteurs soient uniformes (types de moustiquaires et d’insecticides, coûts, messages) et

respectent les Directives Nationales de lutte contre le paludisme qui s’inspirent des

recommandations de l’OMS. Les résultats issus de ces activités doivent aussi être

communiqués au Programme National de Lutte contre le Paludisme qui est le centre

national de responsabilité et de coordination pour leur partage au niveau de tous les

utilisateurs.

2.2. De l’utilisation des acquis et de la participa tion communautaire par le niveau central

Les acquis de la lutte antipaludique antérieure doivent servir de fondement pour la mise en

œuvre de stratégies actuelles. Ces éléments de base issus de la mise en œuvre nationale des

grandes orientations mondiales de lutte contre le paludisme existent et attendent leur

redynamisation. L’implication des communautaires devra constituer le fer de lance pour la

pérennisation des actions. La création d’un cadre de gestion des actions communes

(formation, sensibilisation, études, évaluation) seraient souhaitable, chaque programme y

jouant les rôles qui sont les siens.

Le Programme National de Lutte contre le Paludisme doit renforcer son rôle de leader dans

le domaine de la lutte contre le paludisme. Pour se faire, il devra :

- Impliquer et responsabiliser pleinement les médecins chefs de districts sanitaires et

les autres professionnels de santé placés sous leur responsabilité à travers une

véritable contractualisation des objectifs, des moyens et des résultats.

- Élaborer des objectifs consensuels nationaux, régionaux et départementaux diffusés

à tous les niveaux

- Adapter les messages de sensibilisation aux réalités doivent être certes scientifiques

et contextuelles en tenant compte des besoins et des préoccupations des

populations.

- Renforcer le suivi et la supervision des districts sanitaires

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66

- Mettre en place un système de motivation des personnels en charge de la promotion

des moustiquaires imprégnées (vente et réimprégnation)

- Évaluer régulièrement la situation du paludisme au niveau de tous les districts afin

de mesurer les efforts accomplis par chaque acteur, d’identifier les déterminants de

l’utilisation des moustiquaires imprégnées

- Organiser annuellement des rencontres d’échanges à sortir de reconnaissance des

mérites des acteurs

- Les programmes de santé doivent chercher à mettre en commun leurs moyens

(financiers, logistiques, humains) pour atténuer l’effet de leurs insuffisances

(surveillance épidémiologique, formation, édition des supports de sensibilisation) et

l’organisation conjointe d’ateliers

- Mettre en place un système de pérennisation des moustiquaires pour appuyer le

Fonds mondial qui servira de relais lorsque l’appui du Fonds prendra fin.

- Organiser une lutte impliquant d’autres Ministères du Gouvernement et d’autres

partenaires dans le cadre d’un plan d’action commun avec une mise en commun des

moyens (humains, matériels, financiers, logistiques) dans ce contexte de ressources

rares.

- Organiser des évaluations annuelles avec reconnaissances des efforts des acteurs

méritants.

2.3. Aux médecins chefs de districts sanitaires

- Elaborer des plans de district tenant compte des spécificités pathologiques, des

contraintes et des opportunités locales.

- Accorder une place de choix aux supervisions des formations sanitaires de leurs

aires car ces supervisions permettent de suivre la mise en place des activités et

d’encourager les professionnels de terrain, de détecter à temps les difficultés

éventuelles et d’encourager ces professionnels de santé

- Cultiver le sens d’initiatives locales et d’autoévaluation pour répondre aux objectifs

attendus de ces personnelles,

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67

2.4. Aux autres professionnels de santé En tant que principaux acteurs de la santé et modèles de santé pour les populations les

autres professionnels de santé des districts doivent :

- Appliquer les recommandations du Ministère de la Santé en donnant l’exemple, ce

qui pourra encourager les populations qui les observent à utiliser massivement les

moustiquaires imprégnées.

- Initier des actions préventives et promotionnelles, notamment en faveur de

l’utilisation des moustiquaires imprégnées ; le paludisme étant la principale cause

de morbidité, cette action permettra de réduire le nombre des consultants et les

charges quotidiennes de travail des personnels.

- Connaître les besoins communautaires et les leaders qui pourraient appuyer leurs

activités de sensibilisation.

2.5. Aux populations

- Les bruits et les piqûres des moustiques ne peuvent s’appliquer aux anophèles car

leur vol est silencieux, leurs piqûres non douloureuses et non prurigineuses, leur

présence ne saurait être détectée. Les autres types de moustiques font du bruit et ont

des piqûres douloureuses. Ces types de moustiques transmettent d’autres maladies

également dangereuses.

- Utiliser les moustiquaires a un double avantage : d’une part, éviter les bruits et les

piqûres (douloureuses ou non) des moustiques pour dormir tranquillement, d’autre

part, réduire les maladies liées aux moustiques en particulier le paludisme, les

décès évitables et les souffrances humaines, augmenter le temps de travail, réduire

les dépenses de santé et réaliser ainsi des économies.

-

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68

CONCLUSION

Les perceptions et les pratiques des professionnels de santé exerçant sur le terrain a une

grande influence sur la lutte contre les maladies, en particulier la lutte contre le paludisme

et sigulièrement sur l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Cette

influence s’exerce à quatre niveaux :

- L’insuffisance de sensibilisation des populations sur les moustiquaires, le

paludisme et les moustiques. Cette situation maintient ces populations dans un état

d’ignorance et d’exposition aux maladies liées aux moustiques.

- L’insuffisance de commandes et de disponibilité de ces moustiquaires pour

satisfaire les rares demandes des communautés sensibilisées.

- En tant que principaux acteurs communautaires et modèles de santé, les personnels

de santé ne donnent pas l’exemple de l’utilisation des moustiquaires imprégnées

d’insecticide dont ils font la promotion. Cette situation pourrait jeter des doutes

dans l’esprit des populations sur l’efficacité réelle et la non toxicité de ces MII.

- L’incapacité d’autonomisation de la promotion des MII au niveau des districts

sanitaires.

- Le rejet de la responsabilité de la faible utilisation des moustiquaires sur les

communautés.

Tant que leurs attitudes sont contradictoires aux recommandations sanitaires, si leurs

propres pratiques ne sont pas conformes à un standard en vigueur, l’éducation pour la santé

des patients et des communautés risque d’être peu performante par manque de cohérence.

L’expérience initiée par un professionnel de santé dans une localité du pays montre que les

communautés ne sont pas hostiles à l’utilisation des MII. Les approches de lutte

antipaludique du système de santé ne sont pas encore suffisamment efficaces pour induire

de nouvelles habitudes sociales en faveur de l’utilisation des moustiquaires imprégnées.

Selon les résultats de notre travail, le premier obstacle à lever est l’adhésion des

professionnels de santé à la politique sanitaire et leur application effective. Celles-ci

passent par la sensibilisation de ces acteurs qui à leur tour pourront influer sur les

communautés non seulement par les messages, mais aussi et surtout par leurs

comportements. Le changement des comportements des autres, impose que l’acteur

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69

accepte de changer les siens et donne l’exemple dans le sens du changement qu’il souhaite.

Des recherches évaluatives ultérieures de la situation dans la région sanitaire d’Abidjan,

des études sur d’autres régions et un approfondissement des recherches selon le genre, le

milieu de vie, le groupe social, la catégorie socioprofessionnelle sont aussi nécessaires

pour mieux cerner cette problématique.

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70

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i

ANNEXES

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ANNEXE 1 : Carte administrative de la Côte d’Ivoire et les sites d’études

Figure N° 1 : Les régions administratives de la Côte d'Ivoire

Source: d'après The World Gazetter , http://www.world-gazetteer.com/s/s_ci.htm)

ANNEXE 2 : A propos des messages de sensibilisation

Tableau N°I : Messages de sensibilisation habituellement diffusés

Messages Cibles Liens entre les

messages et l’outil promu

1. Femmes, le paludisme pendant la grossesse vous met en danger, ainsi que la vie de votre bébé et peut mener à un avortement, utilisez les moustiquaires imprégnées d’insecticide pour vous protéger

Femmes enceintes Paludisme – mort – MII

2. Le paludisme tue, la moustiquaire imprégnée d’insecticide protège

Tout le monde Paludisme – Mort – MII

3. Les moustiquaires imprégnées d’insecticide protègent contre les piqûres de moustiques et prévient le paludisme. Toute femme enceinte devrait dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide

Femmes enceintes MII- Piqûres – Paludisme

4. La moustiquaire imprégnée d´insecticide n’est pas dangereuse pour les personnes et surtout pour les enfants, dormez donc sous la moustiquaire imprégnée d´insecticide pour lutter contre le paludisme

Parents MII pas dangereuse – Paludisme

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Tableau N° II : Propositions de messages de sensibilisation pour l’utilisation des MII

Messages Cibles Liens 1. La MII garantit un sommeil tranquille sans bruits ni piqûres

de moustiques. Tout le monde MII - (Bruits, Piqûres) -

Sommeil tranquille 2. Les bruits et les piqûres de moustiques vous empêchent de

dormir normalement. Ils peuvent vous rendre malades, entrainer l’absentéisme et l’échec scolaires. Pour éviter cette situation, dormez sous la MII

Enfants et parents

(Bruits, Piqûres) – sommeil – maladie- absentéismes- échecs scolaires – MII

3. La MII permet à toute la famille de dormir tranquillement, évite plusieurs maladies et augmente ainsi la production agricole

Paysans MII- sommeil tranquille – maladies – Productions agricoles

4. Lorsque les enfants dorment sous les MII, les dépenses de santé et leurs absences à l’école sont réduites et ils peuvent avoir le succès

Chefs de famille

MII – dépenses de santé – absentéismes scolaires – succès

ANNEXE 3 : Sites de mise en œuvre de l’initiative R BM

Tableau N° III: Cinq premiers sites de RBM en Côte d’Ivoire en 2000

Sites Région Ecologie Groupe ethnique

Aboisso Sud Est forestier et lagunaire AKAN

Bondoukou Nord Est Savane arborée

Korhogo Nord Savane arborée

GUR

Danané Ouest montagneux et forestier MANDE du Sud

Grand-Lahou Sud Ouest forestier lagunaire et marécageux KROU

ANNEXE 4 : Comparaison des coûts des moyens de prév ention du

paludisme

Tableau N° IV : Coûts comparatifs des moyens de prévention du paludisme existant au

niveau communautaire

Durée d'utilisation Moyens de prévention utilisables pour la prévention du paludisme

Coûts moyens unitaires Ans Semaines

Jours (Nuits)

Nombre d'unités par an

Nombre d'unités pour quatre ans

Prix Total par cycle de quatre ans

Moustiquaires imprégnées d'insecticide 3500 4 1 1 3 500 Serpentins fumigènes 50 1 365 1460 73 000 Bombes insecticides 1200 7 52 208 249 600 TOTAL 326 100

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ANNEXE 5 : Morbidités palustres

Tableau N° V : Prévalence de P. falciparum en Côte d’Ivoire1

Lieu Année Effectif Prévalence de P. falciparum

Bouaké 1951 81 98,1

Abidjan 1978 25 52

M’Bengué 1983-1985 ? 77,8

Bouaflé 1983-1985 ? 82,7

Abadjin-Doumé 1983-1985 ? 90,7

M’Pouto 1983-1985 ? 82,8

Alloukoukro 1993 228 100

Taï 1995 390 84

Agou 1998 190 99,48

105 ROGIER C – Prophylaxie antipalustre et chimiosensibilité de Plasmodium falciparum en Côte d’Ivoire. Doc. dactylographié 2000, 9 pages

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Figure N° 2 : Carte des indices plasmodiques par région

Tableau N° VI : Critères de gravité 2000 de l’OMS du paludisme grave2

Neuropaludisme (score de Glasgow < 9, score de Blantyre <2 chez l’enfant de moins de< 5ans) Troubles de la conscience (score de Glasgow <15 et >9) Convulsions répétées (> 1/ 24 heures) Prostration Syndrome de détresse respiratoire Ictère (clinique) Acidose métabolique (bicarbonates plasmatiques < 15 mmol/L) Anémie grave (Hb < 5g/dl ou Ht < 15%) Hyperparasitémie (> 4% chez le sujet non immun ou > 20% chez le sujet immun) Hypoglycémie (< 2,2 mmol/L) Hémoglobinurie macroscopique Insuffisance rénale : - adulte : diurèse < 400 mL /24h. ou créatininémie > 265 µmol/L - enfant : diurèse < 12mL/kg/24h ou créatininémie élevée pour l’âge Collapsus circulatoire (TAS <50 mm Hg avant 5 ans, TAS < 80 mm Hg après 5 ans) Hémorragie anormale Œdème pulmonaire (radiologique) Annexe 6 : Cycle de développement du vecteur et mor bidité des anophèles

Figure N° 3 : Anophèle adulte gorgée de sang nécessaire pour le développement des œufs 105 ROGIER C – Prophylaxie antipalustre et chimiosensibilité de Plasmodium falciparum en Côte d’Ivoire. Doc. dactylographié 2000, 9 pages

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Figure N° 4 : Œufs d’Anophèles Figure N° 5 : Mode de vie exclusivement aquatique, vie

du moustique au stade larvaire est inférieure à 10 jours

Figure N° 6 : Nymphe qui n’a pu sortir du stade larvaire

Figure N° 7 : Nymphe Le stade de nymphe dure encore 2 à 3 jours dans l'eau

Tableau N° VII : Taux de mortalité des anophèles par site et par produits (1999)

Sites d’étude Insecticides utilisés Korhogo

% Kafiné

% M’bé % Yao Koffikro

% Abidja

n % Zaïpobly

% Permétrine 3,6 5,0 51,3 15,9 78,0 87,2

Deltamétrine 36,7 61,9 89,4 67,0 87,4 98,0

Lambdacyhalothrne 60,8 90,1 100 69,0 87,2 100

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Figure N° 8 : Cycle évolutif du paludisme

Annexe 7 : Moustiquaire imprégnée d’insecticide

Figure N° 9 : Photo d’une moustiquaire imprégnée d’insecticide à longue durée d’action

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Figure N° 10 : Imprégnation des moustiquaires par trempage, première étape : dilution. Après avoir soigneusement mesuré la dose de concentré insecticide, celui-ci est versé dans un récipient et ensuite mélangé avec l’eau dans une bassine.

Figure N° 11 : Imprégnation des moustiquaires par trempage, quatrième étape : séchage. La moustiquaire est étendue de manière à comporter le moins de plis possible et est retournée de temps en temps pendant le séchage.

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Figure N° 12: Une moustiquaire rectangulaire étendue

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LISTE DES PAYS PAR ZONE SELON LES RISQUES DE TRANSMISSION DU

PALUDISME

A. Pays du groupe 0 ou Zones sans paludisme : Pas de chimioprophylaxie.

1. Afrique : le Lesotho, la Libye, le Maroc, La Réunion, l'île Sainte-Hélène, les

Seychelles et la Tunisie ;

2. Amérique : toutes les villes, Antigua-et-Barbuda, les Antilles néerlandaises, les

Bahamas, la Barbade, les Bermudes, le Canada, le Chili, Cuba, la Dominique, les

États-Unis, la Grenade, les îles Caïmans, les îles Malouines, les îles Vierges, la

Jamaïque, la Martinique, Porto Rico, Sainte-Lucie, la Trinité-et-Tobago et

l'Uruguay ;

3. Asie : toutes les villes, Brunei, la Géorgie, Guam, Hong Kong, l'île Christmas, les îles

Cook, le Japon, le Kazakhstan, le Kirghizistan, Macao, les Maldives, la Mongolie,

Singapour et Taïwan ;

4. Europe : tous les pays y compris les Açores, les Canaries, Chypre, la Russie, les pays

baltes, l'Ukraine, la Biélorussie et la Turquie d'Europe ;

5. Proche et Moyen-Orient : toutes les villes, Bahreïn, Israël, la Jordanie, Koweït, le

Liban et le Qatar ;

6. Océanie : toutes les villes, l'Australie, les Fidji, Hawaii, les îles Mariannes, les

Marshall, la Micronésie, la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Zélande, l'île de Pâques,

la Polynésie française, les Samoa, les Tonga et les Tuvalu.

B. Cas particulier des zones de transmission faible

Compte tenu de la faiblesse de la transmission dans ces pays, il est admissible de ne pas

prendre de chimioprophylaxie quelle que soit la durée du séjour. Il est cependant

indispensable d'être en mesure, dans les mois qui suivent le retour, de consulter en urgence

en cas de fièvre.

1. Afrique : l'Algérie, le Cap-Vert, l'Égypte et Maurice ;

2. Asie : l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Corée du Nord, la Corée du Sud, l'Ouzbékistan et

le Turkménistan ;

3. Proche et Moyen-Orient : les Émirats arabes unis, Oman, la Syrie et la Turquie.

Pour tous les autres pays, il est nécessaire de prendre une chimioprophylaxie adaptée à la

zone visitée.

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C. Pays du groupe 1 ou Zones sans chloroquinorésistance :

Chloroquine 100 mg : un comprimé chaque jour (il est possible aussi de prendre 300 mg.

deux fois par semaine) pour une personne pesant au moins 50 kg (à utiliser avec prudence

chez les épileptiques et, chez tout un chacun, car pouvant provoquer des troubles de la vue

voire la cécité avec des prises de trop longue durée).

D. Pays du groupe 2 ou Zones de chloroquinorésistance :

Chloroquine 100 mg, (un comprimé chaque jour) et proguanil 100 mg, (deux comprimés

chaque jour).

L'association chloroquine-proguanil, sera ingérée, au cours d'un repas, en une prise ou par

demi dose matin et soir en débutant 1 semaine avant le départ et jusqu'à 1 mois après le

retour pour une personne pesant au moins 50 kg (pour une personne de moins de 50 kg, se

référer au chapitre sur l'enfant voyageur).

L'association atovaquone-proguanil peut être conseillée en alternative à l'association

chloroquine-proguanil (voir le paragraphe "Pays du groupe 3" pour plus de détail sur

l'association atovaquone-proguanil).

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xii

I) Identité Nom : MEMAIN Prénoms : SRADO Daniel, Nationalité ivoirienne Date de naissance: 11 12 1962 Lieu de naissance: ZEALE S/P de Zouan-Hounien (DANANE ; République de Côte d’Ivoire) Doctorat d’état en médecine, Médecin paludologue Premier prix de meilleure thèse en parasitologie de 1993 à 1995 obtenu en juillet 1996 sur l’évaluation de la chimiosensibilité in vivo de Plasmodium falciparum à la Chloroquine à MAN, République de Côte d’Ivoire. Etat matrimonial: marié père de trois enfants Adresse E-mail: [email protected]

II) Etudes effectuées 1) Etudes diplômantes : a- Mastère en Administration sanitaire à l’Institut National d’Administration Sanitaire, Rabat, Maroc, 2008-2010. b- Doctorat d’état en médecine, faculté de médecine d’Abidjan (Côte d’Ivoire) en juin 1995 c- Baccalauréat série D en 1982

2) Formation complémentaires : a- Formation en management des organisations sanitaires à l’Institut National d’Administration Sanitaire, Rabat, Maroc, 10ème promotion 2008-2010. b - Attestation du cours international francophone de paludologie de septembre à décembre 2001 à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) c - Attestation du cours de formation à l’élaboration et à la gestion des projets en avril 1996 d- Attestation de formation en plaidoyer pour la prévention du paludisme chez la femme enceinte dans le bloc épidémiologique de l’Afrique de l’ouest du 23 au 28 août 2004

III) Rapports d’activités professionnelles : 1- Stage pour l’obtention de mastère en administration sanitaire : stage de positionnement, d’analyse, de benchmarking international et de mise en situation professionnelle dans les services de santé, durée totale de cinq mois et demi, 2009 et 2010. 2- Directeur Coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme à Abidjan / Côte d’Ivoire du 12 2003 au 03 2006 3- Chef de service de la lutte anti vectorielle au programme national de lutte contre le paludisme à Abidjan / Côte d’Ivoire du 30 10 1999 au 22 12 2003 : 4- Médecin chef du centre de santé urbain de Grand-Zattry, (SOUBRE, sud ouest de Côte d’Ivoire) du 11 03 1996 au 30 10 1999 4- participation à plusieurs conférences et ateliers nationaux et internationaux

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IV) Activités professionnelles : 1- Management des organisations sanitaires 2- Gestion administrative : organisation et coordination des services, gestion des correspondances, rédaction des rapports d’activités gestion logistique 3- Gestion des ressources humaines : communication interpersonnelle, formation adaptation entre le profil et le poste, entretiens, conseils, activités sociales, suivi et évaluation des activités, prise ascendante de décisions. 4- Gestions financières : conception des budgets programmes, exécution des budgets annuels, 5- gestion des activités : conception, programmation, exécution et évaluation des activités selon les stratégies définies, évaluation des activités, rédaction des plans d’actions annuels.

VI) Autres: 1- Langues de communication: français (Très bien: écrit, parlé), anglais (moyen: parlé et écrit) 2- Informatique: Word, Excel, PowerPoint 3- Autres qualités: ponctualité, disponibilité, travail d’équipe et esprit d’initiatives, esprit critique et ouvert aux critiques (constructives), attitude positiviste, empathique et anticipative. 4- Loisir: sport (foot Ball, marche, natation, gymnastique), lecture critique, jardinage.

L’intéressé : Docteur MEMAIN SRADO Daniel

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Dr MEMAIN SRADO Daniel est ivoirien, né le onze décembre 1962 à ZEALE S/P de Zouan-Hounien (DANANE; République de Côte d’Ivoire) et marié père de trois enfants. I Titulaire : - D’un MASTERE en Administration Sanitaire à l’Institut National d’Administration Sanitaire, Rabat, Maroc, 10ème promotion, 2008-2010.

- D’une Attestation de réussite au Cours International Francophone de paludologie, Centre MURAZ de Bobo-Dioulasso, Burkina Faso, septembre à décembre 2001. - D’une Attestation du cours de formation à l’élaboration et à la gestion des projets, Avril 1996 - D’une Attestation de formation en plaidoyer pour la prévention du paludisme chez la femme enceinte dans le bloc épidémiologique de l’Afrique de l’ouest du 23 au 28 août 2004. - D’un Doctorat d’état en médecine, ayant obtenu le Premier prix de meilleure thèse en parasitologie de 1993 à 1995 décerné en juillet 1996 pour ses travaux sur l’évaluation de la chimiosensibilité in vivo de Plasmodium falciparum à la Chloroquine à MAN, République de Côte d’Ivoire - D’un Baccalauréat série D en 1982.

II Postes de responsabilités professionnelles occupés: 1- Stages de positionnement, d’analyse et de mise en situation professionnelle dans les services de santé (Maroc), stage international (France), durée totale de cinq mois et demi, 2009 et 2010. 2- Directeur Coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme de Côte d’Ivoire du 12 2003 au 03 2006. 3- Chef de service de la lutte antivectorielle au programme national de lutte contre le paludisme de Côte d’Ivoire du 30 10 1999 au 22 12 2003. 4- Médecin chef du centre de santé urbain de Grand-Zattry, (SOUBRE, Côte d’Ivoire), 1996 à 1999. 4- participation à plusieurs conférences et ateliers nationaux et internationaux sur le paludisme, l’élaboration et la gestion des projets, 2000 à 200.

III Activités professionnelles : 1- Management des organisations sanitaires. 2- Gestion administrative, financières, des ressources humaines s’appuyant sur la communication (interpersonnelle et institutionnelle) ascendante de décisions, gestion opérationnelle des activités.

IV Autres activités Langues de communication: français (Très bien: écrit, parlé), anglais (moyen: parlé et écrit) et autres atouts : Informatique: Word, Excel, PowerPoint, ponctualité, disponibilité, esprit d’équipe et d’initiatives anticipatives, de critiques constructives et d’empathique.

Adresse E-mail: [email protected]