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Article original Utilisation du bois de feu par les chasseurs-cueilleurs de la « Cidade de Pedra » à partir de l’Holocène moyen (Brésil Central, Mato Grosso, Rondonópolis) Use of firewood by hunter-gatherers of the ‘‘Cidade de Pedra’’ (Stone city) from the mid-Holocene (Central Brazil, Mato Grosso, Rondonópolis) Caroline Bachelet Département de Préhistoire Institut de Paléontologie Humaine, Muséum National d’Histoire Naturelle, 1, rue René-Panhard, 75013 Paris, France Disponible sur Internet le 8 octobre 2013 Résumé Localisé dans le sud-ouest de l’état du Mato Grosso (Brésil Central), le vaste territoire de la Cidade de Pedra fut continuellement occupé dès l’Holocène moyen par plusieurs groupes de chasseurs- cueilleurs. Peintures rupestres, industries lithiques, céramiques, parures, vestiges de combustion (etc.) témoignent de leurs passages dans les nombreux sites rupestres découverts depuis 1983. Dans ce travail, sont présentés les résultats des premières analyses anthracologiques effectuées dans 4 de ces abris rupestres. Les études ont été réalisées à partir de macro-restes végétaux carbonisés provenant de foyers, tisons et concentrations charbonneuses. À partir de l’identification taxonomique des charbons de bois, les objectifs sont de mettre en évidence les pratiques des chasseurs-cueilleurs liées à la collecte du bois et l’environnement végétal dans lequel ces derniers ont évolué pendant près de 5000 ans. Les résultats indiquent qu’ils pratiquaient une collecte opportuniste principalement portée sur le bois sec disponible dans la végétation à proximité des sites. Ils évoluaient dans un milieu probablement proche de celui qui caractérise la région actuellement, une flore typique du Biome Cerrado et un climat saisonnier. # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Anthracologie ; Paléoethnobotanique ; Paléoenvironnement ; Préhistoire ; Brésil ; Cerrado www.em-consulte.com Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com L’anthropologie 117 (2013) 436458 Adresse e-mail : [email protected]. 0003-5521/$ see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2013.09.001

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Utilisation du bois de feu par les chasseurs-cueilleurs dela « Cidade de Pedra » à partir de l’Holocène moyen

(Brésil Central, Mato Grosso, Rondonópolis)

Use of firewood by hunter-gatherers of the ‘‘Cidade de Pedra’’(Stone city) from the mid-Holocene (Central Brazil,

Mato Grosso, Rondonópolis)

Caroline BacheletDépartement de Préhistoire Institut de Paléontologie Humaine, Muséum National d’Histoire Naturelle,

1, rue René-Panhard, 75013 Paris, France

Disponible sur Internet le 8 octobre 2013

Résumé

Localisé dans le sud-ouest de l’état du Mato Grosso (Brésil Central), le vaste territoire de la Cidadede Pedra fut continuellement occupé dès l’Holocène moyen par plusieurs groupes de chasseurs-cueilleurs. Peintures rupestres, industries lithiques, céramiques, parures, vestiges de combustion (etc.)témoignent de leurs passages dans les nombreux sites rupestres découverts depuis 1983. Dans ce travail,sont présentés les résultats des premières analyses anthracologiques effectuées dans 4 de ces abrisrupestres. Les études ont été réalisées à partir de macro-restes végétaux carbonisés provenant defoyers, tisons et concentrations charbonneuses. À partir de l’identification taxonomique des charbons debois, les objectifs sont de mettre en évidence les pratiques des chasseurs-cueilleurs liées à la collecte dubois et l’environnement végétal dans lequel ces derniers ont évolué pendant près de 5000 ans. Lesrésultats indiquent qu’ils pratiquaient une collecte opportuniste principalement portée sur le bois secdisponible dans la végétation à proximité des sites. Ils évoluaient dans un milieu probablement prochede celui qui caractérise la région actuellement, une flore typique du Biome Cerrado et un climatsaisonnier.# 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Anthracologie ; Paléoethnobotanique ; Paléoenvironnement ; Préhistoire ; Brésil ; Cerrado

www.em-consulte.com

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

L’anthropologie 117 (2013) 436–458

Adresse e-mail : [email protected].

0003-5521/$ – see front matter # 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.anthro.2013.09.001

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Abstract

Located in the south-western Mato Grosso state (Central Brazil), the vast territory of the Cidade de Pedrawas continuously occupied since the mid-Holocene by several groups of hunter-gatherers. Rock paintings,lithic industries, ceramics, ornaments, combustion remains (etc.) testify their passages in the many rock artsites discovered since 1983. In this paper are presented the results of the first anthracological analyzesconducted in four of these rock shelters. The studies were realized from macro-remains carbonized fromhearths, embers and concentrations. From the taxonomic identification of charcoal, the objectives are tohighlight the practices of hunter-gatherers related to the collection of wood and the environment in whichthey evolved for nearly 5000 years. The results indicate that they practiced an opportunistic collectionmainly focused on dry wood available in the vegetation around the sites. They evolved in an environmentsimilar to that currently characterizes the region, a typical flora of the Cerrado Biome and seasonal climate.# 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Anthracology; Palaeoethnobotanic; Palaeoenvironment; Prehistory; Brazil; Cerrado

1. Introduction

Dès la fin du Pléistocène plusieurs sites archéologiques attestent de la présence de l’Hommedans la région centrale du Brésil (Goiás, Mato Grosso do Sul, Mato Grosso) (Schmitz, 1993 ;Kashimoto et Martins, 2004 ; Martins et Kashimoto, 2009, 2012 ; Vialou, 2011 ; Vilhena-Vialou,2005a,b, 2006 ; Araujo et Neves, 2011). Dans l’état du Mato Grosso, les traces d’occupation lesplus anciennes ont été mises en évidence dans l’abri rupestre Santa Elina (Janganda, Cuiabá) etsont datées autour de 25 000 ans BP (Fontugne et al., 2005) (Fig. 1). D’après Vilhena-Vialou(2011), l’association de matériel lithique débité et de restes osseux d’un paresseux géant(Glossotherium aff. G. Lettsomi) dans ce niveau ancien atteste de la coexistence de l’homme et dela faune éteinte Pléistocène, cas unique au Brésil. Une succession d’occupation ininterrompue futensuite mise en évidence entre 10 000 ans BP et 2000 ans BP (Vilhena-Vialou, 2005a,b). À200 km au sud-est, dans la Serra de São Jerônimo (Rondonópolis), plusieurs sites et abrisrupestres furent découverts sur un territoire bien délimité et occupé dès l’Holocène moyen, celuide la Cidade de Pedra (Vilhena-Vialou, 2006). Il s’agit d’une réserve naturelle protégée d’environ300 km2 appartenant à la Fazenda Jotabasso-Verde, localisée à une vingtaine de kilomètres de laville de Rondonópolis (Fig. 1). Elle est bordée à l’est par la serra de São Jerônimo, à l’ouest par lePantanal (plaine inondable), et est délimitée au nord par le fleuve Vermelho. Située en bordurenord-ouest du bassin sédimentaire du Paraná, elle correspond à la formation géologique deFurnas datée du Silurien (Aubry, 2006).

Dans cette zone, le climat est tropical saisonnier (Aw) (Köppen, 1948) et la végétation esttypique du Biome Cerrado. Les relevés floristiques effectués sur le terrain par GregorioCeccantini entre 1998 et 2008 ont permis d’inventorier des espèces de formations végétalesdifférentes (forêts, savanes arborées et herbacées) réparties en fonction de la topographie, dusubstrat, du climat, de la disponibilité en eau. Les formations forestières (ripisylve, forêt sèche,cerradão), où la végétation est dense et dominée par des arbres de grande dimension, contrastentavec les savanes arborées (cerrado sensu stricto, vereda1) caractérisées par des arbres et des

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1 Zones marécageuses caractérisées par la présence de palmiers, dont le plus fréquent est l’espèce Mauritia flexuosa(buriti), quelques arbustes et une strate herbacée dense.

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arbustes dispersés (< 10 m de hauteur), une importante strate herbacée et un couvert arborédiscontinu (Fig. 2). Les savanes herbacées sont quand à elles totalement dépourvues d’arbres.Plusieurs plantes répertoriées dans l’ensemble de ces formations végétales présentent une valeuréconomique importante pour l’homme et sont utilisées dans l’alimentation, la médecine,l’artisanat, la construction, la production de charbons de bois et l’agriculture (Rizzini, 1979,1997). Par ailleurs, cette végétation offre une diversité de ressources alimentaires (fruits, fleurs,graines et racines) toute l’année rendant le secteur très attrayant pour de nombreux mammifères,

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Fig. 1. Carte du Brésil représentant l’aire de répartition du Biome Cerrado avec la localisation de Santa Elina et de laCidade de Pedra.Brazil Map representing distribution area of the Cerrado Biome with the location of Santa Elina and the Cidade de Pedra.

Fond de carte IBGE, modification C. Bachelet.

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oiseaux, reptiles et insectes. Les cours d’eau qui sillonnent la Cidade de Pedra fournissentégalement d’importantes ressources naturelles (eau, poissons, tortues).

D’impressionnants affleurements rocheux de grès ruiniformes (morros), de plusieurs dizainesde mètres de hauteur et de diamètre pour les plus volumineux, isolés ou groupés sur le territoire,confèrent un caractère spectaculaire au paysage (Fig. 3). Certains forment des abris naturelsidéals à l’établissement des groupes préhistoriques. Ces derniers ont laissé des traces de leurpassage sur les parois de multiples morros. Quelques milliers de représentations peintes, gravées,dessinées y ont été enregistrés (signes géométriques, figures anthropomorphes, représentationsanimales) (Vialou, 2006).

Par ces divers atouts (ressources végétales, animales, abris, etc.) la Cidade de Pedra était unterritoire privilégié pour l’installation des chasseurs-cueilleurs. Les 158 sites ornés (abris, parois)et la grande quantité de vestiges matériels découverts indiquent qu’elle fut continuellementoccupée dès l’Holocène moyen. Les sites archéologiques fouillés ont principalement révélés dumatériel lithique, de la céramique, des parures et des vestiges de combustion (foyers, tisons,charbons de bois, fruits et graines brûlés) (Vilhena-Vialou, 2006).

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Fig. 2. Exemple de formations végétales caractéristiques du biome Cerrado (de gauche à droite : forêt galerie ; cerradão ;cerrado sensu stricto ; vereda).Example of vegetal formations characteristics of the Cerrado biome (from left to right: gallery forest; cerradão; cerradosensu stricto; vereda).

Photo : C. Bachelet ; A. & D. Vialou ; E. Vilhena de Toledo.

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Pour la première fois dans cette aire de recherche, les macro-restes végétaux carbonisés ontfait l’objet d’une analyse anthracologique. Dans cet article, nous présentons les résultats del’étude menée dans 4 sites d’habitats préhistoriques datés entre 5400 ans BP et 100 ans BP :Ferraz Egreja, Antiqueira, Morro Solteiro et Pacifico. Ce travail a permis, d’une part, de mettreen évidence les comportements des groupes préhistoriques liés à la collecte du bois de feu(espèces collectées, essences privilégiées, aire d’approvisionnement, etc.), et d’autre part, decaractériser le couvert arboré aux alentours des abris et son évolution au cours des derniersmillénaires.

2. Contexte archéologique

Depuis 1983, date des premières découvertes, des recherches pluridisciplinaires sont menéeschaque année dans le cadre d’un programme scientifique franco-brésilien2. La Fig. 4 répertorieles sites rupestres découverts lors des prospections dirigées par Eduardo Vilhena de Toledo. Surles 167 sites enregistrés (dont 9 sites à ciel ouvert), plusieurs ont été fouillés par décapage et/oumicro-décapage. Il s’agit de sites d’habitat présentant une longue séquence chronologique(Ferraz Egreja, Vermelhos), de campements provisoires (Arqueiros, Morro Solteiro, Pacifico,Antiqueira), et d’un site funéraire (Cipó) (Vilhena-Vialou, 2009). Ce dernier a livré plusieursurnes dont une, datée de 1000 ans BP, contenait des restes osseux appartenant à trois individus,deux adultes et un enfant, dont l’âge et le sexe n’ont pas pu être déterminé faute d’éléments

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Fig. 3. Formations rocheuses d’arénite ruiniforme.Arenite ruiniform rock formations.

Photo C. Bachelet.

2 Programme de recherche « L’Homme fossile et ses paléoenvironnements dans le bassin du Paraná – Brésil » dirigé parles professeurs Agueda Vilhena-Vialou et Denis Vialou (Département de Préhistoire, Muséum National d’HistoireNaturelle/MNHN, Paris) et Levy Figuti (Musée d’Archéologie et d’Ethnologie/MAE, Université de São Paulo/USP,Brésil). Ce programme vise à caractériser les premiers peuplements préhistoriques du Mato Grosso dans leurs aspectsculturels, symboliques et environnementaux.

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diagnostics bien conservés (Wesolowski, 2006). Cette sépulture est l’unique témoignage depratique funéraire dans la « Cidade de Pedra » (Martins, 2006 ; Wesolowski, 2006).

Les abris fouillés ont livré de nombreux vestiges lithiques, céramiques, des colorants et deséléments de parure (perle, pendentif, labret). En raison de la forte acidité des sols, les végétauxnon carbonisés et les ossements sont rarement conservés. Quelques restes de poissons et des dentsde singe ont été découverts dans un foyer à Morro Solteiro.

L’art pariétal, se caractérise par des représentations géométriques et figuratives gravées,piquetées, dessinées ou peintes principalement dans les tons rouges orangés sur les paroisrocheuses des morros. L’utilisation du blanc est bien attestée à Antiqueira ainsi que dans unedizaine d’abri (Vialou, 2006).

Des macro-restes végétaux carbonisés associés aux différents niveaux d’occupation ont étédécouverts dans tous les sites. Ce sont des restes de foyers, de grandes branches brûlées (tisons)ou des concentrations de charbons de bois (nettoyage de foyer, aire de combustion sansaménagement). Ces vestiges indiquent que du bois était rapporté sur les sites pour être brûlé afinde répondre aux différents besoins quotidiens des hommes (lumière, cuisson, etc.).

D’autres sites rupestres, peu propices à une installation durable du fait de leur morphologie(galerie étroite, petite niche) ou de leur localisation (terrain escarpé), semblent plutôt avoir faitl’objet de passages rapides ou de brèves installations. Les sondages ont mis au jour de lacéramique, des pièces lithiques ainsi que des fragments de charbons de bois.

De grands sites de plein air (Baia, Turbina, Jatobá, Fazendinha et Aldeia Morro Solteiro) ontété mis au jour lors de prospections effectuées par Levy Figuti. Ils sont tous localisés dans laplaine alluviale, en bordure du fleuve Vermelho ou à proximité de plus petits cours d’eau. En plusdes vestiges céramiques rencontrés en grande quantité, du matériel lithique débité et poli a étédécouvert ainsi que des éléments de parure (labret) et du matériel végétal (résine, charbons).

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Fig. 4. Cartographie des sites archéologiques découverts dans la Cidade de Pedra.Map of archaeological sites discovered in the Cidade de Pedra.

J. R. Houllier et E. Vilhena de Toledo

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Les datations indiquent que ces groupes céramistes ont occupé les lieux dès 1000 ans BP(Figuti, 2006).

L’importante quantité de vestige matériel ainsi que les datations montrent que l’Homme étaitprésent dès l’Holocène moyen dans la Cidade de Pedra. Les occupations les plus anciennes, diteslithiques (5460–3600 ans BP), ont été reconnues dans les abris Ferraz Egreja et Vermelhos. Ellesse distinguent des occupations suivantes par l’absence de céramique. À Ferraz Egreja, le matériellithique est abondant et composé de fragments de roches variées (silex, arénite silicifiée, quartz)et d’éclats de petites dimensions débités sur place. Les vestiges de combustion consistent en depetites concentrations de charbons de bois associées au matériel archéologique. Aucun foyerstructuré n’a été découvert.

Dans les occupations postérieures, dites litho-céramiques, de la céramique aux formes etdécors variés, des industries lithiques (lames de hache, percuteurs, éclats), des éléments deparures (perle, pendentif), et une grande quantité de colorants (plaquettes d’hématite) ont été misen évidence. Actuellement, le témoignage le plus ancien de l’utilisation de céramique est attestésur le site de Ferraz Egreja aux alentours de 3000 ans BP. Les tisons, les foyers, les charbons debois concentrés et dispersés dans les sédiments, sont présents dans tous les sites.

3. Contexte géographique et environnemental des sites étudiés

L’abri rupestre Ferraz Egreja est localisé dans la micro-aire Ferraz/Falha, à 300 m d’altitude.Il est situé à la base d’une formation d’arénite ruiniforme cylindrique, plus étroite à la base qu’ausommet, d’environ 15 m de diamètre (Fig. 5). Il est bordé au nord par une autre grande formationrocheuse appelée « Mirante ». Le point le plus élevé de cette formation offre une vuepanoramique d’où il est possible de voir le site Falha à environ de 2 km au nord, la grande plainealluviale et le fleuve Vermelho. À une vingtaine de mètre à l’est, l’abri est bordé par le ruisseauCágado, au bord duquel la végétation est dominée par une forêt galerie. En direction du nord, leterrain est marécageux et caractérisé par la présence d’une vereda. À l’ouest du site, le cerradodomine le paysage jusqu’au fleuve Vermelho localisé à environ 2 km.

La grotte ornée Antiqueira est localisée à l’ouest de la Cidade de Pedra dans la micro-aire« Cachoeiras ». Elle se trouve au pied d’une falaise de grès stratifié d’environ 50 m de hauteur.Elle s’ouvre plein sud face à une vallée encaissée et présente des dimensions remarquables : unegrande ouverture d’environ 70 m de large, une profondeur maximale d’environ 30 m et unplafond dont la hauteur diminue progressivement de 5 à 3 m (Fig. 5). Dans la partie la plus basse,un passage très bas donne accès à une galerie et à une salle souterraine de plus petite dimensionentièrement plongée dans l’obscurité. La rivière Sucuri est le point d’eau le plus proche à moinsd’1 km de la grotte. Actuellement, le cerradão est la formation végétale la plus abondante autourdu site.

L’abri rupestre Morro Solteiro est situé sur le flanc nord d’une formation de grès ruiniformecirculaire d’environ 200 m de diamètre et 50 m de hauteur, et s’ouvre en direction du nord-ouesten dominant la plaine alluviale (Fig. 5). Il est localisé sur la rive droite du fleuve Vermelho. De cecôté du fleuve, les sites sont hors de la réserve écologique. Par conséquent, la végétation n’est pasprotégée et le paysage s’est progressivement transformé. Aujourd’hui, l’abri est entouré depâturage et de quelques arbres et arbustes typiques du cerrado qui nous rappellent que dans lepassé une savane arborée devait border le Morro Solteiro. À environ 500 m au sud de l’abri, uneripisylve (mata ciliare) suit le cours du fleuve. Quelques habitants locaux cultivent leurs vergerset potagers dans cette zone propice à l’agriculture. À proximité du fleuve, on trouve égalementune vereda.

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L’abri rupestre Pacifico est localisé dans la partie la plus à l’ouest de la Cidade de Pedra(Fig. 5), à l’opposé des 3 autres sites. Il est situé à 396 m d’altitude. C’est l’un des abris les plusvastes de la région. Il mesure environ 50 m de longueur, 10 m de hauteur et de profondeur. Lavégétation aux abords du site est principalement de cerrado (sensu stricto) et il n’y a pas de coursd’eau permanent à proximité de l’abri.

4. Matériel et méthode

Les analyses anthracologiques ont été réalisées à partir de charbon de bois concentré, c’est-à-dire relevant de l’action humaine. Trois types de dépôts archéologiques ont été définis et étudiés :les foyers empierrés ; les tisons (reste de branches brûlées) ; les concentrations de charbons debois (vidange de foyers, zone de combustion non aménagées). Tous ces dépôts carbonisés ont étémis au jour dans des niveaux d’occupation bien datés. Ils sont répertoriés dans le Tableau 1.

L’analyse anthracologique de Ferraz Egreja a été effectuée à partir de charbons de boisprovenant de 7 foyers, 11 concentrations et 6 tisons datés de 5460 � 40 ans BP à 200 � 70 ansBP. Quelques petits fragments de charbons de bois éparpillés autour des tisons ont également étéprélevés et analysés.

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Fig. 5. Vues générales des 4 sites étudiés. De gauche à droite : Ferraz Egreja, Antiqueira, Morro Solteiro, Pacifico.General views of the 4 sites. From left to right: Ferraz Egreja, Antiqueira, Morro Solteiro, Pacifico.

Photo C. Bachelet ; V. Wesolowski ; A. & D. Vialou.

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À Antiqueira, les vestiges de combustion sont peu nombreux. Les seuls témoins del’utilisation du feu par les hommes consistent en de petites concentrations éparses et en dessédiments fortement indurés par l’action intense et/ou prolongée du feu. Aucun foyer construitn’a été découvert. Quatre concentrations datées entre 1305 ans BP et 500 ans BP ont étéanalysées.

Dans l’abri Morro Solteiro, les 3 concentrations étudiées ont été prélevées dans 3 niveauxd’occupations distincts. La première (C1) provient du 3e niveau archéologique daté de 320 ansBP. Les deux autres (C2, C3) ont été échantillonnées dans les 5e et 6e niveaux archéologiquesdatés autour de 1000 ans BP.

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Tableau 1Datations 14C des dépôts carbonisés étudiés dans chaque site archéologique (datations réalisées par le LaboratoireGyf-sur-Yvette).14C dating of carbonized deposits studied in each archaeological site (dating conducted by the Laboratory Gyf-sur-Yvette).

Site Type de dépôts no de dépôts no laboratoire Datations(âge BP)

Datations(âge cal.BP)

Ferraz Egreja Foyer F1 Gif-10046 200 � 70 �3–315F2 Gif-10047 205 � 40 1–302F3 Gif-9698 1110 � 50 915–1059F4 Gif-11441 1585 � 35 1344–1521F5 Gif-12344 1670 � 30 1409–1593F6 Gif-9697 1900 � 40 1634–1882F7 Gif-12338 > 2550 –

Tison T1 Gif-9044 460 � 40 329–534T2 Gif-9044 460 � 40 329–534T3 – � 460 –

T4 Gif-12431 1535 � 30 1301–1478T5 Gif-12215 1840 � 50 1562–1860T6 Gif-12339 2820 � 30 2779–2949

Concentration C1 Gif-10044 420 � 40 324–505C2 Gif-10048 780 � 20 656–721C3 – 780–1060 –

C4 Gif-10049 1060 � 40 801–1045C5 Gif-10050 1240 � 40 979–1239C6 – � 1600 –

C7 – � 1600 –

C8 Gif-12000 2120 � 50 1893–2287C9 – 3600–5100 –

C10 Gif-12429 5120 � 35 5667–5913C11 Gif-12428 5460 � 40 6017–6296

Antiqueira Concentration C1 – 800 –

C2 Gif-11732 830 � 30 667–744C3 – Entre 400 et 800 –

C4 Gif-12212 1305 � 30 1082–1271

Morro Solteiro Concentration C1 Gif-12433 320 � 60 152–491C2 Gif-12341 1005 � 30 797–927C3 Gif-12341 1005 � 30 797–927

Pacifico Foyer F1 Gif-12432 1620 � 30 1382–1531Concentration C1 – Vers 1000 –

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Enfin, le matériel anthracologique de Pacifico provient d’une concentration de charbons debois datée aux alentours de 1000 ans BP et d’une structure de combustion empierrée datée de1620 � 30 ans BP.

L’ensemble du matériel a été tamisé à l’eau ou à sec, trié puis étudié. Pour cela, chaquecharbon de bois a été fracturé manuellement selon les trois coupes anatomiques du bois(transversale, longitudinale tangentielle et longitudinale radiale) et observé à l’aide d’unmicroscope optique à réflexion (Olympicus CX) à des grossissements allant de 5� à 50�. Ladétermination taxonomique a ensuite été réalisée à partir de plusieurs référentiels (collection deréférence, littérature, base de données).

Une collection de référence a été créée pour mener à bien les identifications taxonomiques.Elle regroupe des échantillons de bois collectés dans la Cidade de Pedra et dans la Serra dasAraras par Gregorio Ceccantini et ses étudiants lors de plusieurs expéditions. Tous les bois sontconservés dans la Xylothèque Nanuza Luíza de Menezes (SPFw) de l’Institut de Biosciences del’Université de São Paulo. Cette xylothèque nous a fourni l’ensemble des échantillons de bois duMato Grosso (Ceccantini, 2002, 2005), ainsi que ceux de l’état de Minas Gerais (Freire, 2011)présentant une végétation similaire à celle du sud du Mato Grosso.

Pour la création de la collection de référence anthracologique, un cube de bois a étéprélevé sur chaque échantillon, enveloppé dans du papier aluminium et inséré dans un four àmoufle à 400 8C pendant 45 minutes (Chabal, 1997 ; Chabal et al., 1999 ; Pearsall, 2000). Puis,chaque charbon de bois a été décrit en suivant les critères d’identification définis parl’International Association of Wood Anatomists (IAWA Committee, 1964 ; Wheeler et al.,1989). Toutes les descriptions anatomiques ont ensuite été insérées dans une base de données(Bachelet, 2011).

5. Résultats

Les taxons identifiés dans chaque dépôt carbonisé sont présentés dans des graphiques etregroupés en fonction de leurs affinités écologiques : cerrado (Co) ; cerradão (Cã) ; forêt galerie(Fg) ; vereda (V). Certaines essences peuvent se rencontrer dans des formations végétalesdifférentes et ont été classées selon leurs propriétés botaniques dans 4 catégories : cerrado/cerradão (Co/Cã), cerrado/forêt galerie (Co/Fg), cerradão/forêt galerie (Cã/Fg) et cerrado/cerradão/forêt galerie (Co/Cã/Fg). Des indications sur le nombre de charbons de bois déterminés(Nd) et indéterminables (Ni) sont données pour chaque dépôts carbonisés analysés.

L’ensemble du corpus étudié pour le site de Ferraz Egreja s’élève à 2412 fragments decharbons de bois dont 867 proviennent des foyers, 756 des tisons et 789 des concentrations. Surces 2412 fragments, 2004 ont pu être déterminés, soit 83 % du total.

L’analyse des foyers a permis de reconnaître 37 taxons différents. La majorité des taxons a étéreconnu dans un seul foyer. Byrsonima sp. et Hirtella sp. ont été identifiés dans 4 foyers distincts(Tableau 2). L’étude des concentrations a permis la détermination de 38 taxons. Comme pour lesfoyers, la majorité ne se rencontre que dans une seule concentration. Byrsonima sp. est le seul àavoir été reconnu dans 5 concentrations différentes (Tableau 3). Les tisons sont représentés par lasous-famille des Leguminosae-Caesalpinioideae (Peltogyne sp., Tachigali sp.) et celle desLeguminosae-Papilionoideae (Dipteryx alata, Sweetia sp.). Les 2 autres (T5, T6) ont étédéterminés comme le type morphologique Astronium/Myracrodruon/Schinopsis, de la familledes Anacardiaceae (Bachelet et al., 2011). Comme mentionné plus haut, ils étaient associés àplusieurs fragments de charbons de bois. Leur analyse a permis d’identifier 16 autres taxons(Tableau 4).

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Tableau 2Présence/absence des taxons déterminés dans les foyers découverts à Ferraz Egreja.Presence/absence of the determined taxa in the hearths discovered in Ferraz Egreja site.

Famille Genre/Espèce F1 F2 F3 F4 F5 F6 F7

Anacardiaceae Anacardium sp. *

Apocynaceae Aspidosperma sp. *Aspidosperma sp. 2 * *Himathantus sp. *

Arecaceae – * *

Chrysobalanaceae Hirtella sp. * * * *

Combretacaeae Terminalia sp. * * *

Dilleniaceae Curatella americana * *Doliocarpus sp. *

Goupiaceae Goupia glabra *

Lauraceae Nectandra/Ocotea *

Leg-Caesalpinioideae cf. Copaifera *cf. Tachigali *Copaifera sp. * * *Hymenaea sp. * *Tachigali sp. *

Leg-Mimosoideae Anadenanthera sp. * *

Leg-Papilionoideae Sweetia sp. *

Leguminosae 1 – *

Leguminosae 7 – *

Malpighiaceae Byrsonima sp. * * * *

Malvaceae Sterculia sp. *

Melastomataceae cf. Tococa *

Moraceae Brosimum sp. *Ficus sp. * *

Myristicaceae Virola sp. *

Myrsinaceae Myrsine sp. * *

Ochnaceae Cespedesia sp. *

Sapindaceae – *Allophylus sp. * * *Cupania sp. * *

Sapindaceae/Leguminosae – *

Sapotaceae cf. Chrysophyllum *Chrysophyllum sp. *Pouteria sp. *

Vochysiaceae Qualea sp. *Vochysia sp. *

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Tableau 3Présence/absence des taxons déterminés dans les concentrations de Ferraz Egreja.Presence/absence of the determined taxa in the Ferraz Egreja concentrations.

Famille Genre/Espèce C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10 C11

Anacardiaceae Anacardium sp. *cf.Astronium/Myracrodruon/Schinopsis

*

Spondias sp. *

Annonaceae cf. Xylopia * *

Apocynaceae Aspidosperma sp. *cf.Aspidosperma *

Arecaceae – * * * *

Asteraceae Dasyphyllum sp. *

Bixaceae Cochlospermum sp. *

Combretacaeae Terminalia sp. * *

Dilleniaceae – *Curatella americana *

Euphorbiaceae Mabea sp. * *

Humiriaceae Humiria balsamifera *

Lauraceae cf. Siparuna *

Lecythidiaceae Eschweilera sp. *

Leg-Caesalpinioideae cf. Hymenaea * *Copaifera sp. * *Hymenaea sp. *

Leg-Mimosoideae Albizia sp. *Anadenanthera sp. * * * *cf. Anadenanthera *

Leg-Papilionoideae Bauhinia sp. *Pterodon sp. * * *

Leguminosae 2 – *

Leguminosae 4 – *

Leguminosae 6 - *

Malpighiaceae Byrsonima sp. * * * * *

Moraceae cf. Ficus *Ficus sp. * *

Myrtaceae Type Eugenia * *

Sapindaceae Allophylus sp. * * * *Cupania sp. * * *Magonia sp. *

Sapotaceae cf. Chrysophyllum *Chrysophyllum sp. *Pouteria sp. *

Vochysiaceae Vochysia sp. * *

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De manière générale, les bois ont principalement été ramassés dans les formations de cerradoet cerradão (Fig. 6). Sur la Fig. 7 nous pouvons voir quelles formations végétales ont étéprivilégiées par les occupants du site et ainsi mettre en évidence les comportements de collecte dubois de feu au cours du temps. Cinq grandes périodes d’occupation ont été distinguées :1 occupations lithiques entre 5500 et 3600 ans BP ; 4 occupations céramiques : 2800–1800 ansBP ; 1700–1500 ans BP ; 1200–800 ans BP ; 500–200 ans BP. Le cerrado sensu strico était demanière générale la formation végétale la plus souvent visitée par les occupants de Ferraz Egreja,sauf entre 1670 et 1500 ans BP où le cerradão fut privilégié. Les autres formations végétales sontégalement représentées mais en proportion moins élevée.

À Antiqueira, l’étude de 4 concentrations a permis d’analyser 221 fragments de charbons debois, dont 170 ont été déterminés, soit 77 % du corpus étudié. Les 4 concentrations ont unecomposition hétérogène avec quelques essences communes (Fig. 8). La concentrationC3 présente la plus haute diversité végétale avec 15 taxons différents. De manière générale,les espèces arborées de cerrado et cerradão ont été privilégiées par les hommes.

Pour le site de Morro Solteiro, les 197 fragments de charbons de bois déterminés ont permisl’identification de 11 taxons dont 2 sont encore indéterminés et 3 hautement représentés (Sweetiasp., Astronium/Myracrodruon/Schinopsis, Aspidosperma sp.) (Fig. 9). Chaque concentrationcomprend un taxon dominant. Pour les concentrations C1 et C3, il s’agit de Sweetia sp. (89,7 %,

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Tableau 4Identification des taxons (croix) et présence/absence des taxons associés aux tisons.Taxonomic determination of embers (black cross) and presence/absence of the associated taxa.

Famille Genre/Espèce T1 T2–T3 T4 T5 T6

Anacardiaceae Astronium/Myracrodruon/Schinopsis * X* X*

Apocynaceae Aspidosperma sp. *Aspidosperma sp. 2 *

Dilleniaceae – * *

Leg-Caesalpinioideae cf. Copaifera *Hymenaea sp. *Peltogyne sp. * X*Tachigali sp. X*

Leg-Papilionoideae Andira/Ormosia *Dipteryx alata X*Sweetia sp. X* *

Leguminosae 3 – *

Leguminosae 5 – *

Malpighiaceae Byrsonima sp. *

Moraceae cf. Ficus *

Ochnaceae Ouratea sp. *

Protaceae cf. Roupala *

Sapindaceae cf. Cupania *Cupania sp. * * *

Sapotaceae cf. Chrysophyllum *

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61,1 %) et pour la concentration C2 du type Astronium/Myracrodruon/Schinopsis (94,9 %). Làaussi ce sont les espèces typiques des cerrado et cerradão qui ont été majoritairement ramasséespar les occupants du site.

À Pacifico, l’analyse des 100 fragments de charbons de bois provenant de la concentration apermis l’identification de 3 familles et de 3 genres distincts où Bagassa sp. (64,5 %) et Rolliniasp. (30,1 %) sont les mieux représentés (Fig. 10). La structure de combustion a permis d’observer89 fragments de charbons de bois dont 77 ont été déterminés. Trois essences se distinguent pardes taux plus élevés que les autres (Fig. 10) : Heteropterys sp. (23,4 %), Inga sp. (19,5 %),Dipterix alata (16,9 %). À l’inverse de la concentration, le foyer présente une diversitétaxonomique plus importante avec 10 taxons isolés. Comme pour les 2 autres sites, la collecte dubois de feu a été majoritairement effectuée dans les formations végétales de cerrado et decerradão.

6. Discussion

6.1. Comportements de collecte du bois de feu

Dans chaque site, les dépôts carbonisés sont constitués d’essences variées reflétant unecollecte diversifiée et opportuniste plutôt que spécialisée sur une espèce botanique en particulier.Comme ce que l’on observe dans de nombreuses sociétés actuelles, le bois sec, souvent abondantdans la végétation et facilement accessible, fournissait probablement l’essentiel du combustibleligneux. Ce type de bois est très fréquent dans le cerrado sensu stricto et le cerradão. L’élagagenaturel des arbres engendre en effet une grande quantité de bois mort facile à ramasser. Or ces2 formations végétales ont largement été parcourues et exploitées par les occupants des sites etdurant toutes les phases d’occupation. Actuellement les premières espèces caractéristiques de cesvégétations se rencontrent dans un rayon d’environ 500 m autour des abris. Ces résultatsindiquent que les hommes s’approvisionnaient probablement en combustible ligneux dans les

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Fig. 6. Représentation des formations végétales caractéristiques de chaque dépôts carbonisés étudiés à Ferraz Egreja(Cã : cerradão ; Co : cerrado ; Fg : forêt galerie ; V : vereda).Representation of vegetal formations characteristics of each carbonized deposits studied in Ferraz Egreja (Cã: cerradão;Co: cerrado; Fg: gallery forest; V: vereda).

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Fig. 7. Représentation des formations végétales exploitées pour chaque grande phase d’occupation définies à FerrazEgreja entre 5500 ans BP et 200 ans BP.Representation of vegetal formations exploited for each occupation defined in Ferraz Egreja between 5500 years BP and200 years BP.

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Fig. 8. Composition floristique des 4 concentrations étudiées pour le site d’Antiqueira. Les taxons sont groupés paraffinité écologique (Cã : cerradão ; Co : cerrado ; Fg : forêt galerie). Le nombre total de charbons de bois déterminés (Td)et indéterminables (Ti) est mentionné pour chaque concentrations.Floristic composition of 4 concentrations studied for Antiqueira site. Taxa are grouped by ecological affinity (Cã:cerradão; Co: cerrado; Fg: gallery forest). The total number of charcoal determined (Td) and indeterminable (Ti) isspecified for each concentration.

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Fig. 9. Composition floristique des 3 concentrations étudiées pour le site de Morro Solteiro. Les taxons sont groupés paraffinité écologique (Cã : cerradão ; Co : cerrado ; Fg : forêt galerie). Le nombre total de charbons de bois déterminés (Td)et indéterminables (Ti) est mentionné pour chaque concentrations.Floristic composition of 3 concentrations studied for Morro Solteiro site. Taxa are grouped by ecological affinity (Cã:cerradão; Co: cerrado; Fg: gallery forest). The total number of charcoal determined (Td) and indeterminable (Ti) isspecified for each concentration.

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formations végétales les plus proches de leur campement et principalement là où le bois sec étaitle plus abondant.

À Ferraz Egreja, les résultats couvrent une longue séquence chronologique et permettent decomparer les comportements de collecte du bois de feu des divers groupes humains ayant occupél’abri. Le bois fut ramassé dans les forêts et savanes arborées caractéristiques de l’aire d’étude.Toutefois, il semble que le cerrado sensu stricto ait été privilégié durant toute la duréed’occupation du site, hormis entre 1600–1500 ans BP où les espèces de cerradão sont plusimportantes. Ces données révèlent des pratiques de récolte du combustible relativementsimilaires au cours du temps entre les différentes occupations de l’abri et également entre les4 sites.

Selon leur composition floristique, les dépôts carbonisés étudiés peuvent refléter desdurées d’utilisation distinctes. Ceux dont la diversité taxonomique est peu élevée ont sansdoute fonctionné une seule fois alors que les autres ont dû être réutilisés à plusieursreprises. Ces derniers peuvent également refléter la volonté d’allumer un feu plus importanten termes de dimension ou de durée d’utilisation pour une tâche précise ou un évènementparticulier.

Ferraz Egreja est le seul abri où ont été découverts des tisons. Contrairement aux autres bois,Tachigali sp. (Tison T.4) est un combustible très peu utilisé par la population locale. Ce boisproduit en effet beaucoup de fumée et est généralement utilisé pour la production de charbons de

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Fig. 10. Composition floristique de la concentration et du foyer étudiés pour le site de Pacifico. Les taxons sont groupéspar affinité écologique (Cã : cerradão ; Co : cerrado ; Fg : forêt galerie). Le nombre total de charbons de bois déterminés(Td) et indéterminables (Ti) est mentionné pour chaque concentrations.Floristic composition of concentration and hearth studied for Pacifico site. Taxa are grouped by ecological affinity (Cã:cerradão; Co: cerrado; Fg: gallery forest). The total number of charcoal determined (Td) and indeterminable (Ti) isspecified for each concentration.

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bois (Lorenzi, 2002). Les autres tisons sont des bois de densité élevé (Quirino et al., 2004, 2005)largement employés comme bois de chauffe. Comme nous l’avons déjà mentionné, des petitsfragments de charbons de bois étaient dispersés autour des tisons au moment de leur découverte.Ces taxons secondaires ont pu être utilisés pour démarrer, alimenter le feu et les tisons pour lemaintenir allumé.

Certains tisons présentent d’autres propriétés botaniques. La fumée du bois de Peltogyne sp.(T3) est utilisée comme répulsif pour éloigner les moustiques. Les bois du type Astronium/Myracrodruon/Schinopsis (T5, T6) sont employés pour la construction des habitats et des outils.Les feuilles, les graines, les racines sont également utilisées dans l’artisanat (bijoux, teinture) eten médecine traditionnelle (pommade, thé, tisane).

Tous les tisons ont donc des propriétés multiples (bois de chauffe, médicinales, etc.) et ont puêtre choisis par les hommes pour diverses raisons. Des critères tels que l’état (humide, sec, vert,mort) et le calibre (diamètre, dimension) du bois ont pu être pris en considération au moment dela collecte. Certains auteurs (Chabal, 1997 ; Théry-Parisot, 1998, 2001) ont en effet démontréqu’en fonction de ces critères, le bois brûle différemment. Il peut produire de plus grandesflammes, faire plus ou moins de fumée ou avoir une odeur particulière. D’autre part, des étudesethnographiques effectuées dans des communautés indigènes actuelles de la Caatinga (nord-estdu Brésil) montrent que, malgré une grande connaissance de la végétation, le bois mort et ladisponibilité du bois à proximité de l’habitat déterminent la collecte du bois de feu (Ramos et al.,2008). À Antiqueira, Morro Solteiro, Pacifico et Ferraz Egreja, il semble que les hommesprivilégiaient, eux aussi, le bois sec plus facilement accessible.

Sur les 78 taxons identifiés (28 familles botaniques), seulement 2 ont été reconnus dans les4 sites : Curatella americana et Aspidosperma sp. Le premier, plus connu sous le nom de« lixeira » (littéralement papier de verre dû à la rugosité de ses feuilles), est caractéristique de lavégétation de cerrado sensu stricto. Le bois, de moyenne densité, est difficile à travailler, peuutilisé et surtout exploité pour la production de charbons de bois. Les fleurs sont mellifères etutilisées en médecine populaire pour traiter les inflammations de la gorge, la toux, les bronchites(Lorenzi, 2008). Le second, Aspidosperma sp. (peroba) se rencontre le plus souvent dans lesforêts semi-décidues, les zones de transition avec le cerrado ou dans le cerrado (Lorenzi, 2002,2008). Le bois est de bonne qualité, de densité moyenne à haute, et souvent utilisé en constructioncivile et comme combustible.

D’autres bois de bonne qualité ont également été utilisés : Hymenaea sp., Anadenanthera sp.,Pterodon sp., Hirtella sp., Terminalia sp., etc. Plusieurs des espèces identifiées produisent desfruits comestibles. C’est le cas de la majeure partie des Anacardiaceae, Annonaceae, Moraceae,Myrtaceae et de certaines légumineuses (Lorenzi et al., 2006). D’autres espèces sont connues etfréquemment utilisées en médecine traditionnelle pour le traitement de divers maux(inflammation, toux, bronchite, problèmes respiratoires ou de circulation sanguine, etc.) :Byrsonima sp., Brosimum sp., Virola sp., etc. (Lorenzi et Matos, 2008). Il est intéressant de noterla présence d’Anadenanthera sp. (angico) dans divers dépôts carbonisés à Antiqueira, MorroSolteiro et Ferraz Egreja. D’une part, il s’agit d’un bois dense, de bonne qualité, et fréquemmentutilisés par les populations locales comme combustible. En médecine traditionnelle, l’écorce etles fleurs sont utilisées dans le traitement des bronchites, des inflammations de la gorge ou desproblèmes respiratoires. Le tanin contenu dans l’écorce est également utilisé dans l’artisanat et letravail du cuir (Lorenzi, 2002, 2008 ; Lorenzi et Matos, 2008). D’autre part, les graines del’espèce A. colubrina possèdent des propriétés hallucinogènes et hypnotiques (Lorenzi, 2008).Certaines études indiquent que ces graines étaient utilisées dans le passé, et le sont encoreactuellement, par des groupes indigènes d’Amérique latine lors de cérémonie rituelles sous

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forme de poudre à inhaler appelée « yopo » (Carod-Artal et Vázquez Cabrera, 2007 ; Rodd,2002).

À Ferraz Egreja, Byrsonima sp., Allophylus sp. et Cupania sp. ont été identifiées dansplusieurs dépôts et pendant la quasi-totalité de l’occupation du site. Ces essences étaient-ellesmieux représentées dans la végétation ? Étaient-elles plus facilement accessibles ? Ont-elles faitl’objet d’une sélection précise pour des raisons sociales, sacrées ou culturelles ? En prenant encompte l’ensemble des caractéristiques physiques, chimiques, mécaniques et écologiques de cesessences, seule Byrsonima sp. présente d’autres propriétés que celle de combustible. En effet, lesfruits sont comestibles et la plupart des espèces possèdent des propriétés médicinales (Lorenzi,2002, 2008). Les feuilles et les racines peuvent être utilisées en infusion contre les problèmesintestinaux, les maux de gorge et les infections de la bouche. En application sur des plaies, ladécoction des racines permet la cicatrisation des blessures (Lorenzi et Matos, 2008). L’écorce decertaines espèces est riche en tanin et utilisée dans l’artisanat et les bois sont généralementutilisés en construction civile.

Nous ne pouvons pas dire si les préhistoriques de la Cidade de Pedra utilisaient toutes cesessences en fonction de leurs propriétés médicinales mais leurs bois ont bien été ramassés etrapportés sur les sites pour être brûlés.

6.2. Paléoenvironnement

L’analyse anthracologique a été effectuée à partir de dépôts concentrés datés de l’Holocènemoyen à l’Holocène récent. Ces charbons de bois ne sont généralement pas considérés comme lesplus appropriés pour reconstituer le paléoenvironnement végétal (Chabal et al., 1999). Ilspermettent néanmoins de donner une image partielle et ponctuelle de la paléovégétation. Ainsil’identification taxonomique a permis de mettre en évidence des taxons marqueurs de formationsvégétales diverses (cerrado, cerradão, forêt galerie, vereda) actuellement bien représentés dansl’aire d’étude. L’ensemble des résultats indique que pendant près de 5000 ans les hommes ontcollecté et utilisé des espèces typiques du biome Cerrado pour s’éclairer, se chauffer ou encorecuisiner. Par conséquent, le paysage et l’environnement de la Cidade de Pedra devaient être déjàtrès proches de ce que l’on observe aujourd’hui, et les conditions climatiques actuelles sans doutedéjà bien installées dans la région. Ces résultats sont en accord avec les données paléoclimatiquesconnues dans d’autres régions du Brésil Central qui suggèrent, qu’après une période plus sècheau début de l’Holocène, les conditions climatiques actuelles se sont installées à partir de 5000 ansBP ou 4000 ans BP (Ledru et al., 1998, 2006).

Comme mentionné dans le texte, la végétation actuelle autour de l’abri Morro Solteiro n’estpas originelle. Elle se caractérise par de grandes prairies ouvertes parsemées de quelques arbrestypiques du cerrado. Les analyses anthracologiques ont révélé que le bois rapporté dans l’abripour allumer les foyers était prélevé dans les cerrado, cerradão et en moindre quantité dans lesripisylves. Dans la mesure où les chasseurs-cueilleurs s’approvisionnaient probablement dansl’environnement proche de leur campement, nous pouvons penser que dans le passé cesformations végétales dominaient le paysage et fournissaient une source de matière premièreimportante pour les occupants du site.

7. Conclusion

L’analyse des vestiges de combustion des 4 abris a permis de mettre en évidence les pratiquesde collecte de bois de feu et les aires d’approvisionnement parcourues par les occupants de la

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Cidade de Pedra au cours du temps. Les chasseurs-cueilleurs collectaient le bois de feu nécessaireà leurs activités quotidiennes dans les formations végétales aux alentours des abris. Ilsramassaient le bois sec, plus facilement accessible, de manière opportuniste et principalementdans le cerrado et le cerradão. Cette étude, comme toutes les autres effectuées dans la Cidade dePedra (technologie lithique, céramique, art rupestre, géologie), indique qu’ils étaient organisés etconnaissaient parfaitement le milieu dans lequel ils vivaient et évoluaient au quotidien. Leurrégime alimentaire était diversifié. Des restes osseux de petits mammifères, de poissons, desdents de singes ainsi que des graines et des fruits carbonisés, retrouvés dans plusieurs gisements,indiquent qu’ils exploitaient l’ensemble des ressources offertes par le milieu végétal pourdiversifier leur diète. De la même manière, la variété de matières premières lithiques (silex,arénite, arénite silicifiée, quartz, hématite) mise en évidence montre qu’ils ont su trouver etutiliser divers matériaux pour confectionner leurs outils et leurs armes. Finalement, dèsl’Holocène moyen, les conditions climatiques et environnementales devaient être proches decelles qui définissent la région aujourd’hui, une flore typique du Cerrado et un climat tropicalsaisonnier. C’est dans ce contexte que les chasseurs-cueilleurs de la Cidade de Pedra ont exploitél’ensemble des ressources naturelles offertes en abondance par cet environnement végétalparticulier qu’est le Cerrado pour vivre et se développer.

Remerciements

L’auteur remercie le département de Préhistoire du Muséum National d’Histoire Naturelle deParis (IPH/MNHN), le département de Botanique et le laboratoire d’Anatomie Végétale del’Institut de Biosciences de l’Université de São Paulo au Brésil (IB/USP), le Muséed’Archéologie et d’Ethnologie de l’Université de São Paulo au Brésil (MAE/USP), le Ministèredes affaires Étrangères (Paris) et l’Agropecuaria Jotabasso - Fazenda Verde (Rondonópolis).

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