Utiliser le récit Raconter en histoire

Réflexion menée dans le cadre d’une continuité Cycle 3/ Collège.

QUELLES PRATIQUES EN HISTOIRE-GÉOGRAPHIE :

Benoît FALAIZE : « Cours socio-constructiviste mais magistro-centré ».

Histoire-Géographie Education civique en fin d’école primaire: Le bilan des compétences. SCEREN (2011)

Groupes 4 et 5 : 28,5% des élèves sont au-delà des attentes de la compétence 5

Groupe 3 : 29 % des élèves maîtrisent les capacités et notions attendues à la fin du cycle 3

Groupe 2 : 27,5 % des élèves ne réussissent que les tâches simples, documents très connus, textes courts, périodes très étudiées. Ils utilisent un vocabulaire simple, savent décrire une image mais pas l’analyser

Groupe 1 et 0 : 15% des élèves. Quelques connaissances ponctuelles. Reconnaissance d’images connues, parfois relation entre image et texte simple.

CE QUE LES ÉLÈVES SAVENT FAIRE : (réussite pour plus de 50% des élèves)

- Tirer des informations d’un document : Avec plus de facilité pour les documents visuels que statistiques ou écrits et pour les écrits courts plutôt que les écrits longs. En privilégiant les documents patrimoniaux. Ils utilisent bien les légendes des cartes et paratexte des documents

- Dater, situer : Les élèves possèdent ces outils spécifiques à la discipline. Pas toujours des connaissances factuelles mais en comparaison (avant/après)

CE QUE LES ÉLÈVES NE SAVENT PAS FAIRE : (réussite pour moins de 30% des élèves)

- Produire un écrit synthétique : De natures différentes, résumé, explication, récit etc…(répondre à une question ouverte)

- Maîtriser un vocabulaire spécifique : Les notions et concepts spécifiques ne sont connus que par les meilleurs élèves. Catégoriser un document par exemple

- Analyser les informations : Comparer des documents, faire des inférences entre informations, interpréter des images. Mettre en relation lieux, personnages et événements.

La double peine de la maîtrise de la langue

Ce constat d’un échec (relatif) de l’enseignement de l’Histoire-Géographie est fait à tous les niveaux et à un degré encore plus fort au collège.

Une étude réalisée sur des élèves n’ayant pas connu les nouveaux programmes

Le temps de travail des élèves a considérablement diminué… 25% des élèves travaillent moins de 15 minutes par semaine pour l’HGéo

21 % des élèves considèrent l’Hgéo comme une matière peu ou pas du tout importante

36% des élèves ne lisent jamais de livre ou de revue concernant l’HGéo

70% N’utilisent jamais internet pour chercher des informations sur l’HGéo

UNE VOLONTE DE CHANGER LES PRATIQUES :

L’UTILISATION DU RECIT

Programmes histoire-géographie, classes de secondes (2008)

Objectifs d’apprentissage Capacité et méthodes

Programmes histoire-géographie collège (2008)

Introduction

Fiches ressources : démarches et capacités

Programmes cycle 3 Histoire-géographie (2008-2012-2014)

(…) L’étude des questions s’effectue dans l’ordre chronologique, par l’usage du récit et l’observation de quelques documents appropriés à l’âge et aux capacités des élèves, pour un premier travail de compréhension et de lecture.

Recommandations pour la mise en œuvre des programmes (2014)

Pour quels avantages ?

Maîtrise de l’écrit

Facilite l’étude du document

Références culturelles

Gain de temps

Leçon plus facile à construire

Entrée en activité plus facile

La part accessible du travail de l’historien

Donne du sens

Mais qu’est-ce qu’un récit en Histoire ?

CE QUE N’EST PAS LE RÉCIT

Ernest LAVISSE : Histoire de France Cours Moyen. Armand Colin (1913)

« Il faut que l‘âme de l’enfant s’enchante et s’exalte au récit de ces vies exceptionnelles. L’appel du héros et du salut n’agit pas à la manière d’un ordre qui s’adresse à la volonté, ni même à la manière d’un idéal qui suscite les sentiments, mais, à leur exemple, nous sentons pénétrer en nous quelque chose de meilleur que nous-mêmes, et nous nous abandonnons simplement sans effort, au pur courant qui nous pénètre. L’instituteur se contentera donc de lire sans dramatiser le ton, sans multiplier les commentaires qui doivent rester sobres et simples pour demeurer dignes de leur objet, les récits de la vie héroïque ou sainte des grands hommes qui ont servi la patrie et honoré l’humanité; la lecture terminée, au milieu de l’attention et du silence, il n’a plus qu’à fermer le livre pour laisser rayonner l’émotion morale ».

Plans d’études et programmes des écoles primaires élémentaires: Commentaire des programmes (extrait)

RACONTER : LA NOUVELLE PLACE DU RÉCIT DANS L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE

DES NOUVEAUTES HISTORIOGRAPHIQUES

• Le récit repose sur une « mise en intrigue » qui suppose un bornage chronologique (avec un début et une fin), un fil directeur et une visée démonstrative et interprétative. Il intègre des données explicatives fondées sur l’analyse des sources, qui permet d’apprécier au plus près la vérité des faits historiques. C’est bien ce qui distingue le récit historique de la fiction, ce qui permet à Paul Veyne […] d’écrire que « l’Histoire est un roman, mais un roman vrai ». • Le récit a pour but d’éclairer et donc de donner du sens à un événement, à une situation, à une période historique. C'est un parcours dans le temps, qui suppose généralement le maniement d’échelles temporelles différentes (court/moyen/long terme), voire l’articulation de ces échelles temporelles entre elles pour expliquer ou interpréter tel ou tel fait historique. Le récit historique respecte une structure chronologique et suppose la datation d'une partie au moins des faits. Bien que relatant le passé, le récit historique s’énonce au présent par convention et pour créer une mise à distance scientifique entre le lecteur et les faits. • Le récit historique n'est pas la simple « mise en mots » d'une chronologie : il doit montrer la dynamique d'une action ou l'agencement de faits ; il a un sens. • Comme toute autre narration, le récit historique « met en scène » des « acteurs », mais il s’agit d'acteurs individuels (personnages historiques) ou collectifs (groupes sociaux), concrets ou abstraits (entités, concepts). • A la différence de la narration littéraire, le récit historique intègre une explication : toute affirmation est justifiée, les faits sont expliqués.

Des acteurs identifiés

Un cadre spatio-temporel

Une narration problématisée, démonstrative

Une forme de narration qui intègre la justification. (Le vrai)

Le respect des règles d’expression.

Vade-mecum des capacités en Histoire-géographie-éducation civique

Raconter la chevauchée de Jeanne d’Arc

Première étape : Le professeur raconte le contexte de la guerre de Cent ans et place le contexte historique de la chevauchée de Jeanne d’Arc que l’on date : 1429-1431 Pour cela il utilise un document du manuel qu’il commente.

« Depuis 1348, une guerre oppose le Roi de France et le roi d’Angleterre qui réclame tous les deux la couronne de France. En 1422, Charles VII devient roi de France mais il ne contrôle qu’une petite partie du pays. Les Anglais et leurs alliés bourguignons en contrôlent le nord. »

Deuxième étape : A partir de ces documents et de votre manuel, écrivez une chronique de la chevauchée de Jeanne d’Arc. 1/ Définissez les trois périodes de cette chevauchée : Dates et événements 2/ Pour chaque période, rédigez une phrase de description.

Dossier documentaire

Jeanne d’Arc sur le bûcher à Rouen le 30 mai 1431; Miniature tirée des Vigiles de Charles VII, Martial d’Auvergne (XV° siècle)

Le sacre de Charles VII à Reims, le 17 juillet 1429 Miniature tirée des Vigiles de Charles VII, Martial d’Auvergne (XV° siècle)

Croquis représentant Jeanne d'Arc, exécuté de son vivant dans la marge d'un registre du Parlement de Paris par le greffier Clément

Deuxième étape : A partir de ces documents, élaborez une chronique de la chevauchée de Jeanne d’Arc. 1/ Définissez les trois périodes de cette chevauchée : Dates et événements 2/ Pour chaque période, rédigez une phrase.

- Février. Mars 1429 : A la rencontre de Charles VII

- Avril-Juillet 1429 : La guerre et le couronnement

- Sept 1429-mai 1431 : De l’échec à la mort

« La chronique »

• En 1429 Jeanne d’Arc quitte Domrémy. Lorsqu’elle arrive à Chinon, elle rencontre Charles VII

• Elle délivre Orléans en mai 1429. En juillet ce fut le sacre de Charles VII à Reims

• Mais en Septembre de la même année ce fut l’échec devant Paris. Les Bourguignons l’arrêtèrent et la livrèrent aux Anglais. Elle mourut sur le bûcher en mai 1431

Troisième période : Passer de la chronique au récit historique 1/ Les affirmations de la chronique sont questionnées en commun 2/ En travail de groupes, les élèves cherchent des réponses dans une base documentaire

• En 1429 Jeanne d’Arc quitta Domrémy. (pourquoi?) Lorsqu’elle arriva au mois de Mars à Chinon elle rencontra Charles VII (pourquoi rencontrer le roi ? )

• Elle délivra Orléans en Avril 1429 (comment?). En juillet ce fut le sacre de Charles VII à Reims (pourquoi à Reims?)

• Mais en Septembre de la même année ce fut l’échec devant Paris. Les Bourguignons l’arrêtèrent et la livrèrent aux Anglais (pourquoi aux Anglais ?). Elle mourut sur le bûcher (pourquoi ?)en mai 1431

Quatrième période : La réalisation du texte final.

En 1429 Jeanne d’Arc quitta Domrémy car, dira-t-elle pendant son procès, elle avait entendu la voix de plusieurs saints lui ordonner de chasser les Anglais hors de France. En mars 1429, elle rencontra Charles VII à Chinon pour lui demander de se battre pour récupérer la France.

En Avril 1429 elle réussit à délivrer Orléans grâce à l’armée fournie par Charles VII.

En Juillet 1429 elle se rendit à Reims, lieu traditionnel des sacres des rois de France, pour le sacre de Charles VII.

En septembre de la même année, ce fut l’échec devant Paris. Au mois de Mai 1430

Jeanne fut arrêtée et livrée par les Bourguignons aux Anglais car elle représentait une menace pour ces derniers. Elle est condamnée à mourir sur un bûcher par le tribunal car elle était accusée de sorcellerie.

Depuis 1348, une guerre oppose le Roi de France et le roi d’Angleterre qui réclame tous les deux la couronne de France. En 1422, Charles VII devient roi de France mais il ne contrôle qu’une petite partie du pays. Les Anglais et leurs alliés bourguignons en contrôlent le nord. »

La chevauchée de Jeanne d’Arc a renforcé l’autorité du roi de France qui s’est lancé dans la reconquête du royaume.

1/ Synthèse des travaux de groupes

2/ Ajout de l’introduction de la séance

3/ Bilan par le professeur sur l’action de Jeanne d’Arc

RACONTER : D’AUTRES PISTES

3. Un travail oral régulier de la capacité raconter: Racontez le cours précédent

Questions possibles pour aider la construction du récit

Objectifs en rapport avec la capacité raconter en Histoire.

Où en étions-nous en début de cours? Situation initiale

A quelle question centrale avons-nous essayé de répondre?

Mise en intrigue

Qu’avons-nous appris en rapport à cette question?

Travail au service des connaissances suivant l’ordre chronologique où elles ont été abordées.

Quels documents ou activités nous ont permis de justifier ces connaissances?

Justification des connaissances

Quels est l’intérêt de maîtriser ces connaissances?

Explication/démonstration

Qu’avons-nous conclu? (Que faut-il maintenant aborder?)

Situation finale

Un exercice qui retrace l’activité de la classe : les élèves sont acteurs du cours et nécessite le respect des formes du récit (à l’exception du présent de narration)

Situation initiale

Organisation structurée des événements et connaissances qui montrent les changements dans le temps.

Situation finale

- varier les supports, raconter une œuvre d’art en HidA, raconter une leçon, raconter un film, raconter l’histoire d’un objet historique de la famille etc…

- Favoriser la mise en projet autour du récit

- Construire un récit au long de l’école du socle : l’exemple de la Révolution Française (cycle 3 , 4°, 2nde)