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Vague de Jazz, le trésor caché des Sables

Par Alice Leclercq -- 30/07/2017

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Des Sables d’Olonne, on connaît tous le Vendée Globe. Son festval de musique estval et gratuit reste lui confdentel. Porté par un passionné, il met à la portée de tous les vacanciers quelques pépites du jazz français actuel, celui qui avance, qui stmule et enthousiasme. On vous raconte notre 15ème éditon de Vague de Jazz.

Jour 1. Mercredi 26 juillet. 18h15, un trésor si on est un peu curieux

A peine le temps de déposer sa valise en sortant du TGV que le concert inaugural à 18h dans le musée de l’abbaye Sainte-Croix doit commencer. On découvrira la staton balnéaire vendéenne plus tard. Un public familial accueilli par un jus d’orange s’assied par terre au milieu des sculptures en polypropylène coloré d’Anita Molinero (photo). Presque 300 personnes tout de même souligne Jacques-Henri Béchieau, le fondateur et programmateur du festval qui ateint sa 15ème année. 300 curieux car il en faut de la curiosité pour venir à la rencontre des quatre saxophonistes qui s’avancentdes quatre coins du carré formé par les arcades du cloître.

19h00, un trésor qui ne se donne pas facilement

On est loin de la facilité avec ce premier concert. Le Quatuor Machaut (photo) porté par Quentn Biardeau recompose une messe baroque écrite à l’origine pour quatre voix d’hommes. De la musique exigeante qui laisse libre cours aussi à l’interprétaton. Le lieu résonnant, l’acoustque, la réverbératon deviennent le cinquième élément : les quatre musiciens se dispersent dans quatre axeslaissant le charme - oups, la voûte - agir, puis s’assemblent en corolle au centre. Ancien et contemporain s’entremêlent : les saxophones, instruments de la modernité en jazz, jouent ici une pièce baroque, dans un site datant lui-même du 17ème siècle mais recouvert d’une voûte de fabricaton contemporaine. Envoûtant.

21h30, un trésor qu’il faut savoir chercher

Impatents de saluer l’Océan Atlantque, on part pique-niquer face à lui. Le bord de mer est habillé demâts décorés de grandes bannières au logo du festval (photo de couverture). La municipalité a tout misé sur ces drapeaux; en revanche pour savoir que le concert du soir en plein air serait délocalisé dans un auditorium excentré en raison de la pluie annoncée, mieux valait être un habitué ou être connecté aux annonces Facebook du fondateur. Pas d’annonce sur le site internet de la Mairie, pas de programme distribué… mais 250 personnes, récompensées par 1h30 de concert : le Synaesthetc Trip (photo) mené par le bateur extrêmement expressif Edward Perraud nous emporte avec ses compositons variées, d’une réinterprétaton de JS Bach à un Captain Universe avec efets cosmiques électro. Bart Maris à la trompete et Daniel Erdmann au saxophone sont d’une classe folle. La pluie qui cingle le visage pendant le chemin du retour n’est fnalement là que pour nous avoir fait profter de l’acoustque de la salle.

Jour 2. Jeudi 27 juillet. 16h30, pas de grain de sable dans l’engrenage

Ravitaillement, pique-nique face à l’océan (photo), concert de mouetes, repeat. La municipalité des Sables, qui décide au jour le jour selon la météo, maintent le concert du soir en plein air, au Jardin du Tribunal à une des extrémités du remblai. On manque d’actvités annexes dans la journée, on aurait aimé un festval à temps plein. A défaut on assiste aux balances en accès libre entrecoupées d’éclats de rire. On ne peut que tomber amoureux(se) de ce Tricollectf, une bande de jeunes musiciens épatants qui font leurs réglages un par un : Théo Ceccaldi au violon, Roberto Negro au piano, Quentn Biardeau au saxophone, Florian Satche à la baterie, Fidel Fourneyron au trombone et Valentn Ceccaldi au violoncelle que l'on avait vu en juillet Jazz à Vienne.

21H15, un trésor pêché dans des flets Tricotés avec amour

Dans l’enceinte du Jardin, on fait dos à l’Océan mais le vent soufe froid. Les musiciens sont en quêtede pinces à linge pour maintenir leurs parttons tandis que les habitués superposent pull et doudoune. Pas de restauraton mais des tarifs associatfs à la buvete (2 euros le vin) pour se réchaufer. D’amour il est queston avec le Tribute to Lucienne Boyer porté par la chanteuse Angela Flahault en robe de mariée qui s’amuse des 10 musiciens du Tricollectf: “Je les essaie un par un”. De la chanson populaire qui vire au free jazz énervé, du bal rétro qui se fait rock avec pour fl directeur tricoté à 11 mains, l’amour. Des premiers émois aux désillusions avec Théo qui, touché par la balle derevolver d’un jaloux, écrase un stck de ketchup sur sa chemise. D’une parade avec le bel italien Roberto à qui Angela demande de lui jouer un air moito, liquido, humido…jusqu’à l’explosion de papillotes remplies de coeurs (photo). Un spectacle qui conquiert le public et captve les enfants assispar terre.

Jour 3. Vendredi 28 juillet. 14h00, laisse couler le Sablier

Le temps s’écoule aussi lentement que dans un sablier. Une parte des fdèles du festval n’arrive qu’en soirée de Longeville-sur-Mer, fef de l’associaton qui organisait le festval depuis 14 ans, avant son transfert cete année aux Sables d'Olonne. De notre côté c’est pique-nique face à la rumeur des vagues, coup d’oeil aux marché des halles à l’architecture façon pavillon Baltard, café dans les ruellescommerçantes, jusqu’à ce que l’on tombe sur une brocante (photo) où l’on chine plein de romans pour pas grand chose.

21h20, un trésor comme un fruit furieusement défendu

C’est notre voisine ce soir qui le dit, une résidente des Sables qui a purement et simplement découvert le jazz depuis 15 ans grâce au festval : “quand on suit Vague de Jazz on comprend qu’il s’agit d’un jazz qui cherche; je suis admiratve de cete jeunesse inventve”. Pas mieux pour qualifer letrio In Love With (photo). Sylvain Darrifourcq à la baterie, Théo Ceccaldi au violon et Valentn Ceccaldi au violoncelle nous emportent dans un contnuum furieux, créaton dont nous avons l’exclusivité ce soir. C’est haletant, plein de ruptures de rythmes. Des ralents auxquels succèdent desaccélératons encore plus furieuses d’où peut-être l’inttulé de leur album Coitus Interruptus (rires du public). Une véritable performance.

22H35, une rose des Sables

Changement total d’ambiance, on entre ensuite avec Elise Caron (photo) dans un univers de chansons en français tristes et lucides mais allégées par les transitons humoristques de la chanteusele temps que Las Malenas, son ensemble féminin, raccroche les pinces à linge sur les parttons. Elise,une rose noire dont les textes mélancoliques parlent d’amour après l’orage “recueillir la feur de ton coeur parmi les épines du chagrin de tes peurs”, de désillusion “mon enfant mon bébé ne te berce pas d’illusions, tu sauras qu’il n’y a de révoluton qu’autour du soleil” et du temps qui passe.

Jour 4. Samedi 29 juillet. 14h00, mouetes et coquillages

Temps pluvieux tôt le matn, ciel couvert, mais les mouetes font tout autant les malines. Frissonnantà la vue des baigneurs pendant notre désormais rituel pique-nique sur le remblai, on marche jusqu’au port de pêche puis dans les ruelles typiques dites de l’Ile Penote, aux façades recouvertes de mosaïques naïves de coquillages (photo) dont la bouche en forme de poisson dans laquelle on peut glisser une pièce. La page Facebook de Vague de Jazz assure toutefois que le concert du soir sera maintenu en plein air...

21h15, un précipité de jazz sous les précipitatons

… mais c’est sous les bourrasques de pluie que jouent les quatre garçons de Post K tandis que les techniciens ajoutent un puis deux chapiteaux de fortune sur la scène pour tenter de les protéger (photo). L’efet comique est irrésistble : c’est comme s’ils couraient pour distancer la pluie en jouant des ragtme ultra rapides des années 1930. Mathieu Naulleau essuyant son piano avec une servieteéponge explique que Post K signife Post Katrina c’est-à-dire de la musique de la Nouvelle-Orléans surlaquelle serait passé un ouragan. Queston météo on est servis mais l’ouragan se trouve surtout dans le free jazz insufé pour destructurer le jazz des années 1930.

22H45, la pluie n’est pas une fable d’Olonne

La pluie ne connaît pas de répit, les techniciens s’afairent pour scotcher un troisième chapiteau sur scène avant le fnal, Omar Sosa Quarteto AfroCubano (photo), et maintenir à quatre mains une bâche au-dessus de la régie. Le pianiste cubain tout de blanc vêtu introduit le concert par des nappesplanantes avant que son saxophoniste, son bassiste et son bateur n’envoient le gros son. Puissance sonore contre tonnerre d’applaudissements. On vogue dans le jazz-rock avec une ligne de basse ultradominante puis on nous ramène à bon port, celui des rythmes afro cubains qui font chalouper au milieu du public une danseuse cubaine certainement liée au groupe, tête nue et vêtue d’une simple robe, faisant f des éléments.

Le bilan

Côté concerts

Le soufe baroqueQuatuor Machaut, les quatre saxophonistes qui font de la résonance un cinquième musicien.

La vague d’amourTribute to Lucienne Boyer, le spectacle de l’orchestre du Tricollectf porté par Florian Satche à la baterie et la piquante Angela Flahault au chant.

La déferlante qui prend par surpriseIn Love With, le trio furieux de Sylvain Darrifourcq à la baterie, Théo Ceccaldi au violon et Valentn Ceccaldi au violoncelle.

Côté festval

On a aimé :- la qualité et les exclusivités de la programmaton reposant sur une sélecton réalisée avec passion par le fondateur du festval.- la soluton de repli dans une salle en cas d’intempérie...quand elle est antcipée.- le tarif associatf des verres à la buvete.

On a moins aimé :- L’absence d’actvités connexes en journée : pourquoi pas programmer des balades, expos, cinés, conférences … en rapport avec le thème.- Pas assez de décoraton dans la ville : le festval pourrait marquer son identté à d'autres endroits (améliorer les lumières, la scénographie, le confort, proposer une ofre de restauraton ...)- l’insufsance de la communicaton : programmes dédiés au festval et fyers seraient appréciés en plus des bannières bordant le remblai.

Conclusion

Festval ou pas, la staton balnéaire des Sables d’Olonne fait de toute façon le plein chaque été et Vague de Jazz semble traitée comme une animaton estvale parmi d’autres. Pourtant, parce qu’elle amène un public à devenir connaisseur d’une musique de créaton, elle mériterait une mise en valeurplus importante en termes de scénographie et d’actvités afn de faire de cete pépite brute de programmaton musicale une véritable expérience festvalière.

Récit et photos d'Alice Leclercq