S S.N. 0335 2552

VALERA

AIKIBUDOALAIN FLOQUET

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Karaté n° 1212 bis, rue Mercœur, 75011 ParisTél. : (1) 43.67.64.24

Notre couverture : Dominique Valéra.Photo: P.-Y. Bénoliel.

EDITOVous étiez 5 000à Coubertin pour lechampionnat du mondeZenaf-Royers. Certainssont repartis déçus :ceux qui étaient venuspour voir Fred Royers,nettement en-dessous deson niveau habituel. Parcontre, les fans de Zenafont été comblés : jamaisZef n'avait aussi bienboxé. Il s'est affirmé cesoir-là comme l'un desplus grands.Après la boxe améri-caine, le karaté : JacquesDelcourt, président de lafédération française,répond dans ce numéro àFrancis Didier. En subs-tance : j'en ai assez !L'Equipe de France nereçoit pas suffisammentde subventions.Après JacquesDelcourt, il nous a sem-blé intéressant d'avoirl'avis du plus titré deskaratékas français, Domi-nique Valéra. Le King seconsidère toujourscomme un pratiquant dekaraté, et c'est à ce titrequ'il nous donne sonopinion. Enfin dansce numéro un éton-nant reportage sur le NinJitsu et une interviewd'Alain Floquet.Voilà le menu pour lesfêtes ! Bonne année, etrendez-vous fin janvierpour le premier numérode 1986 : il vous révèlequelques surprises...

P.-Y. Bénoliel

Infos

16L'homme du moisJacques Delcourt, prési-dent de la F.F.K.T.A.M.A.

18FormeLe Warm Up, présenté parEarl Ferguson. Texte etphotos P.Y. Bénoliel.

22Full-contactZenaf bat Royers et con-serve son titre de cham-pion du monde W.A.K.O.Texte : J.P. Maillet, pho-tos : P.Y. Bénoliel.

30CinémaEn avant-première, Inva-sion U.SÂ, le nouveauChuck Norris. Par Cathe-rine Rascon.

34Dominique ValéraEn exclusivité, le Kingnous donne son opinionsur les problèmes qui agi-tent le karaté français.Interview et photos : P.Y.Bénoliel.

50Nin Jitsu

L'épreuve de l'eau, prati-quée par Sylvain Guintard.Un reportage de Jean-PaulMaillet (texte et photos).

56StratégiesEnchaînements etcadence, par RichardSylla.

58AïkibudoDominique Balta a rencon-tré Alain Floquet, qui dirigel'Aïkibudo français . Pho-tos : A. Tran Van.

64ThaïlandeLes Top Ten : le classe-ment des dix meilleursboxeurs thaïlandais.

66Boxe américaineLes Français ramènentcinq médailles d'or deschampionnats du mondeWAKO amateurs à Buda-pest. De notre envoyé spé-cial J.P. Maillet (texte etphotos).

70Saga du Wu ShuBoddhidharma à Shaolin,par Georges Charles.

74HistoireRome et les danses deguerre, par Sylvain Salvini.

80Club Bruce Lee

Directeur : Gilles Barissat • Rédaction : Pierre-Yves Bénoliel • Secrétariat de rédaction : Renaud Cohen • Ont collaboré à ce numéro :Dominique Balta, Georges Charles. Jean-Paul Maillet, Catherine Rascon, Hubert Tisal, Annie Tran Van • Maquette : Jean Paoli,Isabelle Cransac. Cristina Barbosa • Publicité : Jean Pilavoine • Secrétariat : Juliette Coy • Administration : Ariette Sinégre, Fran-çoise Durin • Abonnements: France: 1 an 10 numéros: 198 F, Etranger: 238 F • Service des ventes : SORDIAP : 887.02.30, TER :Ë 87 • Tous droits de reproduction (textes et photos] réservés pour tous pays, sous quelque procédé que ce soit. Les documentsinsérés ou non ne sont pas retournés. Commission paritaire n° 55708. Imprimé en France. Compo : Sté Ogerault. Photogravurecouleur : Photogravure de l'Ouest. Imprimé par Sima. « Karaté « est une publication des Editions du Monde. RC Paris B 318 762 226.Directeur de la publication : Gilles Barissat. « Karaté » est distribué en France par les NMPP. Dépôt légal : 20953.

La mode est au ninja. On se pas-sionne pour ces guerriers tout denoir vêtus, le visage masqué par

une cagoule sombre, ne laissant appa-raître qu'un regard souvent faroucheet décidé. Leur panoplie fascine : grif-fes, sabres, couteaux, bombes, sarba-cane, fumigènes, shuriken, poisons...sans parler des déguisements et ingé-nieuses trouvailles pour traverser unlac en marchant et sans se mouiller lespieds, ou bien pénétrer à l'intérieurd'une forteresse réputée inexpugnable,et en ressortir. Le ninja semble êtrel'homme de toutes les situations. Sapréparation, autant mentale que physi-que, et l'entraînement au maniementdes armes traditionnelles lui confèrentune supériorité dans un affrontement àmort. Car le ninja est un tueur, unhomme de main. Un mercenaire-espion chargé de mission. Au Japon,où leur apparition date de plus de deuxmille ans, on les appelle « les assassinsinvisibles » : tout un programme. Denos jours, bien que les productionscinématographiques donnent du ninjaune image d'actualité, qu'en est-il vrai-ment ? Par quels biais le Nin Jitsu sepratique-t-il encore ? Est-il vraimentpossible d'enseigner et d'apprendrel'art mortel du Nin Jitsu ? Quels sontles hommes qui le véhiculent et pour-quoi ? Enfin, en étudiant l'histoire duJapon, on note que la progression duNin Jitsu a été parallèle à la montée dela violence entre les différents clans.Est-ce un hasard si aujourd'hui l'Occi-dent s'enflamme à son tour ?

Nin Jitsu : les Racinesde la Guerre

Si les origines du Nin Jitsu reposent surla découverte d'un ouvrage chinois(Sun Tzu) de sciences militaires, livredeux fois millénaire, à l'intérieurduquel un traité sur l'art de l'espion-nage prenait place, ce n'est qu'ausixième siècle de notre ère que ces tech-niques d'espionnage furent introduitesau Japon. Née de la fusion du Kung Fuchinois et du Jujutsu japonais, la par-tie physique du Nin Jitsu allait devenirl'art martial le plus meurtrier qui soit.Pourtant, ce sont des moines Yama-bushi qui permirent au Nin Jitsu deprendre son essor véritable. Cesmoines-guerriers donnèrent à leur artune spiritualité et le Nin Jitsu, acces-soire de guerre pour les seigneurs mili-taires japonais, conserva longtemps desliens très fermes avec le Bouddhisme.Proscrits et interdits des cités, les moi-nes Yamabushi et les espions ninjasallièrent leurs connaissances pour serenforcer mutuellement. Il y a un siècle,les deux clans se séparèrent. La

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S'intégrer à l'élément aquatique, prendre l'énergie de la cascade, Ic'est la solution pour qui veul subir l'épreuve de l'eau, le takishuséminaire, Sylvain initia de la sorte une trentaine d'adeptes.

assimiler;yo. I.ors

totalement :d'un récent

Nin JilstiMasaaki HatsumiSenseiPendant plusieurs mois,Sylvain Guinîard a étudié leNin Jitsu sous la férule deMaître Hatsumi, le plus popu-laire des professeurs de NinJitsu au Japon, 4e dan dejudo, 6e dan shito-ryu, Hanshide Aïki-jutsu et « soke » deneuf écoles de Nin Jitsu. En1950, Hatsumi rencontrait lui-même son futur professeur,Sensei Takamatsu, qui étaitmoine bouddhiste. SylvainGuintard reçut une autorisa-tion spéciale pour s'entraînerdirectement avec Maître Hat-sumî et cela grâce à sa forma-tion de yamabushi (moineguerrier), la même que FeuTakamatsu. La preuve que lamémoire des générations estun bien puissant dans la voiedu budo...

Les armes du NinjaDe tout temps, l'intelligence etla ruse ont été les armes favo-rites des Ninjas. Lorsque desseigneurs trop bien protégéspar leur armée ne pouvaientsuccomber à une attaque tra-ditionnelle, leurs rivaux char-geaient les espions ninjas des'acquitter de la mort de leursennemis. C'est ainsi gué descentaines de personnes furentassassinées, souvent ensilence, par (es hommes ennoir. C'est leur puissante ima-gination créatrice et leurextraordinaire préparationphysique qui rendirent ces« exploits » surnaturels.Même si leur panoplie com-prenait le plus impressionnantarsenal d'armes de toute l'his-toire de la guerre, le ninjacherchait surtout à développerson endurance, sa résistance etsa force physique autant quementale. Si aujourd'hui leurscrimes semblent incompréhen-sibles et barbares, il fautsavoir que seules la loyauté etla fidélité envers leurs maîtresmotivaient les actes des Nin-jas. Une foi qui excluait toutenotion de mal ou de bien. Lameilleure recette pour vaincre.

méfiance s'installa alors que seulel'époque était responsable de leurdivorce. Ni les uns, ni les autresn'avaient encore le rôle actif et doncbesoin d'un complément, d'un renfort.C'est curieusement en France que l'ontrouve le seul occidental enseignant leNin Jitsu et moine yamabushi. Il s'ap-pelle Sylvain Guintard et possède lephysique d'un jeune homme tran-quille. Et pourtant... Après plusieursmois passés sous la tutelle de MasaakiHatsumi au Japon, Sylvain accroîtencore ses connaissances sur les artsmartiaux qu'il étudie depuis dix-septans. En 1976 « il prend refuge dans leBouddhisme », et en 1984 il reçoit,toujours au Japon, le titre de Yama-bushi, devenant ainsi membre de la« Daï Honzon Shugen do ». Mais ledisciple d'Hatsumi est aussi membredu Bujinkan international (organisa-tion internationale du dieu de laguerre), chargé de l'enseignement del'école Togakure Iga Ninja pour laFrancophonie. Ainsi, plusieurs sièclesaprès la première réunion des moinesyamabushi et des espions ninjas,Sylvain Guintard reforme la symbiose,l'alliance spirituelle et physique quidévoile un autre aspect du budo. LeNin Jitsu des moines-guerriers renaît.

Deux Heures sousl'Eau Glacée

II ressuscite et prospère puisque cha-que année Sylvain « initie » une bonnecentaine de pratiquants, hommes etfemmes, de tous horizons. A la prati-que traditionnelle du Nin Jitsu, dumaniement d'armes et des stratégies duninja, Sylvain offre l'occasion d'uneexpérience de takishugyo, l'épreuve dela cascade. Ascèse, purification physi-que et mentale, le takishugyo signifielittéralement « obtenir un pouvoirsous la cascade ». Evidemment-,, seplonger sous un torrent d'eau glacée,et cela en toute saison, n'est pas chose

aisée... Pour celui qui tente de résisterà la cascade, la solution : s'intégrer àl'élément aquatique, prendre l'énergiede la cascade, l'assimiler totalement.Ce n'est pas sans raison que Yama-gushi Gogen « le chat » reste deuxheures en méditation sous un déluged'eau à deux ou trois degrés. De mômeque la résistance à la force naturelle dela cascade peut déclencher une syncopepar le rétrécissement des artères, l'ap-pel de la force, l'invocation de sa toutepuissance et la foi en cette descented'énergie symbolisée et transportée parl'eau permet l'identification avec ladivinité et le maintien sous la cascademalgré la morsure du froid. C'est austade ultime du takishugyo que vient laméditation qui permet à l'initié detranscender son être et d'obtenir unpouvoir. Lors d'un récent séminaireconduit dans le Jura aux cascades duHérisson, Sylvain initia de la sorte unetrentaine d'adeptes. Malgré la douleurque provoque l'impact de l'eau glacéesur le crâne, les apprentis-nînjas ne res-sort aient pas refroidis mais plutôtsatisfaits de leur expérience. Car parmid'autres formes d'ascèse, le takishugyopermet exactement de ressentir le ki,l'énergie interne. Et n'est-ce pas le butde tout honnête pratiquant du budo ?

UN EVENEMENTA NE PAS MANQUER

~SEIKICHI TOGUCHI10e dan Goju Ryu

Grand Maître d'OkinawaSuccesseur de Chojun Miyagi

dirigera un stage exceptionnelde Karaté-Do traditionnel Goju Ryule dimanche 13 avril 1986 à ParisTous styles, tous niveaux acceptés

•Renseignements : Shorei-Kan France.7, rue des Deux-Ponts 24000 PERIGUEUX

Tél. : 53.53.16.73 ou 53.09.27.16

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Aussi difficile et surprenante quepuisse paraître la méditation sous lacascade, d'autres ascèses non moinscurieuses sont au programme de l'exa-men qui sanctionne l'aptitude à deve-nir un moine-yamabushi. Le rite s'inti-tule : « De l'enfer au paradis ».Autant dire que l'on se hâte de termi-ner,., Deux jours, bien au chaud, pas-sés dans une cabane avec pour seul etunique compagnon un chaudron rem-pli d'eau bouillante et de pimentsouvrent le pèlerinage en donnant unepetite idée du purgatoire. Histoire dese mettre en forme. On continue avecun jeu qui consiste à se laisser suspen-dre par les pieds au dessus d'un gouf-fre d'au moins cent mètres. La cordequi lie les pieds est retenue par deuxmoines qui peuvent ainsi témoigner ducourage du candidat. Après retourne-ment de la situation, et si l'on a fait unedémonstration suffisante de son con-trôle, on a l'autorisation de poursuivrele sentier montagneux qui conduit auxautres épreuves. Il faudra encoreaffronter les titans, et faire preuve detechnique et de stratégie face à cesmoines-sumo qui sont chargés de bar-rer la route à quinconque s'avère inca-pable de leur tenir tête. Viendra ensuitele takishugyo, le rite du feu, le recueil-lement iconolâtre, la récitation demantras en marchant, et enfin l'arrivéeau sommet de la montagne, après unepériode de quinze jours à deux mois,avec comme suprême récompense lavue sur le mont Fuji, « C'est par cettequête spirituelle qu'est possible l'accèsaux techniques supérieures et réelle-ment efficaces du Nin Jitsu », affirmeSylvain Guintard. Pratiquer le NinJitsu en dojo, et au fur et à mesure desprogrès techniques demander au men-tal de suivre, d'accepter une nouvelleformation, voilà la solution pour deve-nir un véritable moine-guerrier, termequi désigne un individu aussi fortphysiquement que mentalement. Maiscomment lier la compassion nécessaireà l'élévation spirituelle du yamabushiet l'instinct meurtrier d'un ninja ? Ondit que les extrêmes se touchent et seressemblent, Ne serait-ce pas un peu ladémarche de Sylvain Guintard ? Réu-nir les essences opposées pour allumerle grand brasier de la vérité. Un pro-verbe bouddhiste dit que « c'est réunisque les charbons brûlent ; c'est en seséparant qu'ils s'éteignent, » SylvainGuintard a réussi le premier pas vers lagrande réconciliation. L'esprit duNinja se perpétue aujourd'hui sous saforme authentique. Mais sur cetteroute là, le sommet de la montagnen'est jamais celui qu'on croit avoiratteint...

Jean-Paul Maillet.

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