116
Kit pédagogique de formation VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 2 jours 11 séquences

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉcache.media.eduscol.education.fr/file/Formation_continue... · 03579172468 53477 16791776 317157 35 03 p.4 Liste des contributeurs p.7 Objectifs

Embed Size (px)

Citation preview

Kit pédagogique de formation

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ

2 jours11 séquences

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 03

p.4 Listedescontributeurs

p.7 ObjectifsdelaformationValeursdelaRépubliqueetlaïcité

p.8 Ressourcespédagogiques

p.9 Scénariopédagogique

p.15 Séquence1:accueil

p.17 Séquence2:représentationsdelalaïcité

p.21 Séquence3:histoiredelalaïcitéetterminologie

p.35 Séquence4:approchejuridiquedelalaïcité

p.55 Séquence5:analysedessituationsprofessionnelles

p.59 Séquence6:autopositionnement

p.65 Séquence7:argumentation

p.79 Séquence8:postureetcommunication

p.83 Séquence9:cadrelégalapplicableaucontexteprofessionnel

p.107 Séquence10:jeuxderôles

p.113 Séquence11:clôturedelaformation

Sommaire

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION04

GROUPE DE TRAVAIL PARTENARIAL :- pour l’Observatoire de la laïcité : NicolasCadène,

rapporteurgénéral;- pour le ministère de la Fonction publique, direction

générale de la fonction publique (DGAFP) :CyrillePajot,adjointauchefdubureaudespolitiquesderecrutementdelaformationetdelaprofession;

- pour le ministère de l’ Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) : JeanMichelPlatier,adjointàlacheffedubureaudelaformationdespersonnelsenseignantsetd’éducationetBenoîtFalaize,chargédemissionlaïcité;

- pour le secrétariat général des ministères chargés des affaires sociales, direction des ressources humaines (DRH) : JoëlleOudot,adjointeàlacheffedubureauformation;

- pour le ministère des Affaires sociales et de la santé, direction générale de la cohésion sociale (DGCS) :MathildeMandonnet,cheffedeprojetjeunesvulnérablesaubureauprotectiondel’enfanceetdel’adolescence;

- pour le ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports, direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEVPA) :SylvieMartinez,chargéedemissionauprèsdelasous-directricedespolitiquesdejeunesse;

- pour le ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports, direction des sports :BrunoBéthune,sous-directeurdel’emploietdelaformation;

- pour le ministère de l’Intérieur, direction des libertés publiques et des affaires juridiques (DLPAJ) : PascalCourtade,chefdubureaucentraldescultesetClaireWillig,chargéedemissionlaïcité;

- pour l’Union sociale pour l’habitat (USH) :IsabelleSery,responsabledudépartementgestionurbaineetsocialedesquartiers;

- pour le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) :VirginieJurevicz,directricedescoopérationsauprèsdeladirectiongénérale;SylvieGuillet,directricedel’InsetdeDunkerque,etClaireBasile,responsableduservicepôledecompétencesdel’InsetdeNancy;

Liste des contributeurs

- pour le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) :RaphaëlLeMéhauté,commissairegénéraldélégué,directeurdelavilleetdelacohésionurbaine(DVCU),MichelDidieretSylvieRoger,responsableetresponsableadjointedupôleanimationterritorialedelaDVCU,JulieLeGoff,chargéedemission,SergeFraysse,directeurdubureaudel’éducationetdel’enseignementsupérieur.

COMITÉ DE RÉDACTION :- pour la DGESCO :Jean-MichelPlatier,adjointàla

cheffedubureaudelaformationdespersonnelsenseignantsetd’éducationetBenoîtFalaize,chargéd’étudeslaïcité;

- pour la DGAFP : CyrillePajot,adjointauchefdubureaudespolitiquesderecrutementdeformationetdelaprofession,etKévinGauliard,chargéd’étudesjuridiquessurlevoletformation;

- pour la DLPAJ : PascalCourtade,chefdubureaucentraldescultesetMurielThoumelou,adjointeauchefdubureau;

- pour la DJEVPA :SylvieMartinez,chargéedemissionauprèsdelasous-directricedespolitiquesdejeunesse;

- pour la Direction des sports :RenéeAyma,adjointeauchefdebureaumétiers,diplômesetréglementationdelaDirectiondessports;

- pour le CNFPT :ClaireBasile,responsableduservicepôledecompétences,etAnneRinnert,responsabledupôledecompétences«Citoyennetéetaffairesjuridiques»,InsetdeNancy.SamirYacoubi,responsabledupôlehabitatetpolitiquedelaville,InsetdeDunkerque;

- pour le CGET :SylvieRoger,responsableadjointe,JulieLeGoff,PerrineSimianetClotildeSerrand,chargéesdemissiondupôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 05

GROUPE D’EXPERTS :-PascalCourtade,chefdubureaucentraldescultes,

MurielThoumelou,adjointeauchefdubureaucentraldescultesetClaireWillig,chargéedemissionlaïcité,DLPAJ;

-MaryvonneLyazid,personnalitéqualifiée,ex-adjointeauDéfenseurdesdroits;

-EdwinHatton,expertindépendantetformateur.

LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES • Élaboration du module Laïcité et usage des espaces

publics :-IsabelleMelscoët,vice-présidentedeBrestMétropole;-Jean-LucBossavit,directeurdugrandprojetdeville

desMureaux(78);-BrunoCouturier,directeurdugrandprojetdeville

delaDuchère(69);-OdileLapôtre,deladirectionrégionaleet

interdépartementaledel’équipementetdel’aménagementd’Île-de-France;

-AnaïsBréaud,sous-directricedurenouvellementurbain,dudéveloppementéconomiqueetdel’emploi,directionvilleetcohésionurbaine,CGET;

-SylvaineGaulard,cheffedubureaurenouvellementurbainetcadredevie,directionvilleetcohésionurbaine,CGET.

• Élaboration du module laïcité et relation socio-éducative :-SergeFraysse,chefdubureau,etChadiaBoudarssa,

chargéedemission,bureauéducationetenseignementsupérieur,directionvilleetcohésionurbaine,CGET;

-OussamaMouftah,référentlaïcité,directiondelaprotectionjudiciairedelajeunesseGrandNord;

-ColonelBrunoBeaussé,del’écoledesofficiersdesapeurs-pompiers;-BenoîtFalaize,référentlaïcitéàlaDGESCO;-ThibaultRenaudin,secrétairegénéraldel’Associationdelafondationétudiantepourlaville(AFEV);-MarineQuenin,del’associationEnquête(intervenant

danslesécoles).

AUTEURS DU KIT :-DelphineAsenmacher,consultantepourlecabinet

Interface,pourlaconceptionduscénariodeformationetdesfichespédagogiques;

-EdwinHatton,expertindépendantetformateur,pourlarédactiondesfichesdesynthèse.

PILOTAGE DU PROJET :-cheffedeprojet:SylvieRoger,responsableadjointe

duPôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET;

-coordinationdestravauxderédactionetdesexperts:JulieLeGoff,chargéedemissiondupôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET;

-coordinationdudéploiementdukit:PerrineSimian,chargéedemissionpôleanimationterritorialedeladirectionvilleetcohésionurbaine,CGET.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION06

Avant-propos

L’actualité tragique de l’année 2015 et la mobilisation citoyenne qu’elle a suscitée ont, une nouvelle fois, rappelé la nécessité de partager les valeurs et les principes fondamentaux qui fondent notre République.

Depuisplusieursannées,lesaffairesrelativesauportduvoileàl’école,encrècheoudansl’espacepublic,laquestiondesmenusservisdanslescantinesscolaires,desprièresderue,descaricaturesontmislevivreensembleetlalaïcitéaucœurdesdébatsetcontroversesmédiatiques.Endéfinitive,cecitémoigned’uneméconnaissancedelalaïcitédanssonacceptionfrançaise,focaliséesouventsurcequ’elleinterditaudétrimentdecequ’ellegarantitcommelibertésindividuellesetcollectives.Lescontresensetlesmalentendus–ycomprisauseindesinstitutions–contribuentàentretenirdestensionsetàfaireoublierquecesontnosvaleursrépublicainesetleurtraductiondansnotreviequotidienne,quinouspermettentdevivredansunesociétéquenousvoulonslibre,égalitaireetfraternelle.

Danscecontexte,nombrederemontéesdeterrainmanifestentuncertaindécouragementdesprofessionnelsetunedifficultéàrépondreauxsituationsqu’ilsrencontrentouauxinterpellationsdontilsfontl’objet.

LeplandeformationValeurs de la Républiqueetlaïcitéconstitued’aborduneréponseàlademandedequalificationetd’accompagnementdecesacteursetmetenœuvrelesengagementsdescomitésinterministérielsàl’égalitéetàlacitoyenneté(Ciec)des6marset26octobre2015.

LeCommissariatgénéralàl’égalitédesterritoires(CGET)aétémandatéparlePremierministrepourconcevoiretdéployerceplandeformationàl’attentiondesagentsdesfonctionspubliques,dessalariésetbénévolesquisontaucontactdirectdespublics:déléguésdupréfet,conseillersd’éducationpopulaireetdejeunesse,conseillerstechniquesetsportifs,éducateursdepréventionspécialisée,

éducateurssportifs,entraîneurs,animateurs,médiateurs,travailleurssociaux,enseignants,conseillerseninsertionsocialeetprofessionnelle,Atsem,coordonnateursderéussiteéducative,cadreassociatifs,gardiensd’équipementsoud’immeubles,policiersmunicipaux,personnelsdemairiesdequartieretdecentressociaux,etc.

L’ambitiondeceplanestd’aideràadresseràtous,ettoutparticulièrementauxjeunes,undiscoursclairetsanséquivoquesurcequ’estlalaïcitéetcequ’ellen’estpas,etsurlelienfortentreceprincipeetlesvaleursdelaRépublique.

Ledéploiementdesformationss’appuiesurunkitpédagogiqueuniqueetunréseaudeformateurshabilitésauxniveauxnationaletrégional,afindes’assurerdel’expertiseetdelacohérencedesmessagesdiffusés.

Leslignesdirectricesetlescontenusdukitontfaitl’objetd’unevalidationparungroupedetravailpartenarial,pilotéparleCGET,réunissantplusieursministèresainsiquel’Observatoiredelalaïcité,leCentrenationaldelafonctionpubliqueterritoriale(CNFPT)etl’Unionsocialepourl’habitat.

Surlefond,lekitpromeutuneapprochefondéesurledroitetledialogue.Surleplanpédagogique,uneapprochepragmatiqueaétéprivilégiée:àpartird’uncadragehistoriqueetjuridique,l’applicationduprincipedelaïcitéestabordéeàtraversdifférentscaspratiquesadaptésauxsituationsprofessionnellesdesparticipants.

Ladiffusiondecesmessagesnécessitelamobilisationexceptionnelledel’ensembledesinstitutionsetréseauxassociatifs.Aveccekitpédagogique,etlapriseenchargedesformationsdesformateursparl’ÉtatetleCNFPT,l’objectifestdeleurdonnerlesmoyensdedéployercetteformationauprèsdeleursagents,leurssalariésouleurspublics.LeplandeformationValeurs de la Républiqueetlaïcitéestconstituédel’ensembledecesinitiatives.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 07

OBJECTIF DE LA FORMATION À l’issue de la formation, les professionnels seront en capacité :•d’adopterunpositionnementadaptéàleursituationprofessionnelle

etaustatutdeleurstructureemployeuse;•d’apporterdesréponsesauxdemandesetsituationsrencontréesdans

l’exercicedeleursfonctions,fondéessurledroitenmatièrederespectdesprincipesdelaïcitéetdenon-discrimination,dansunelogiquededialogueaveclespopulations.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES La formation doit permettre aux participants :•d’acquérirlesrepèreshistoriquesetlesréférencesjuridiquesdebase

surlesvaleursdelaRépubliqueetleprincipedelaïcité;•deconfronterleurspratiquesprofessionnellesauxapportsd’intervenants

expertsetàcellesd’autresprofessionnels;•detravaillersurdescaspratiques.

DURÉECette formation d’une durée de 2 jours se décompose en :•unmodule«tronccommun»d’unejournéeetdemie;•unmoduledespécialisationd’unedemi-journée:«laïcitéetusage

desespacespublics»ou«laïcitéetrelationsocio-éducative».

Lechoixdumoduledespécialisationestréaliséenfonctionduprofildesparticipants.

GROUPECe kit pédagogique a été conçu pour animer des formations pour un groupe de 12 à 15 stagiaires.

Objectifs de la formation ValeursdelaRépubliqueetlaïcité

Cette formation est destinée aux acteurs de terrain, en contact direct avec les publics. Elle vise à répondre à leur besoin de qualification et d’accompagnement sur l’application du principe de laïcité dans les situations professionnelles qu’ils rencontrent au quotidien.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION08

SCÉNARIOLescénariopédagogiquepermetd’avoirunevisiond’ensembledelastructurationdesdeuxjournéesdeformationenidentifiantlesdifférentesséquencesetlessujetsquiserontabordés.Ilsoulignelecaractèreprogressifdelaformation,depuislaprisedeconsciencedesonrapportàlalaïcitéjusqu’àl’applicationdemodesderésolutiondesituationspotentiellementproblématiquesenpassantparlacompréhensionducadrejuridiquerelatifàlalaïcité.Lescénarioestcomposéd’unepartietronccommunsurunejournéeetdemieetd’unespécialisationd’unedemi-

journéesurl’usagedesespacespublicsoulagestiondelarelationsocio-éducative.Le scénario pédagogique précise :•lesobjectifspédagogiquesvisésparchaque

séquence;•laduréedechaqueséquence,avecune

précisionsurladuréedechaquesous-séquencelorsqueplusieursobjectifssontvisés;

•lecontenuàaborder;•lemoded’animationetlesexercicesà

réaliserdurantlaséquence;•lesressourcesassociées(fichesformateuret

stagiaire,fichesdesynthèse).

Ce guide pédagogique est destiné à vous fournir tous les éléments pour animer les deux jours de formation sur les valeurs de la République et la laïcité. Les ressources mises à votre disposition sont de quatre types.

Ressources dukitpédagogique

FS

FS

FF

FICHES DE SYNTHÈSELesfichesdesynthèseapportentdesélémentsdecontenupourchaqueséquencedelaformation.Ellesoriententégalement

versdesressourcesdocumentairescomplémentairessusceptiblesd’éclairerdavantagelathématiqueàaborder.

FICHES FORMATEURLesfichesformateurconstituentlesressourcespourcomprendrelecontenuetlesmodalitésd’animationdechaqueséquence.Ellesprécisent:•La mise en contexte.Ellerappellelesobjectifsetlesenjeuxdelaséquenceafindebiencernerlesélémentsàmettreenavantpourpermettrelesprisesdeconscienceoul’acquisitiondescompétencesviséesparlesparticipants.

•La situation.Ellefournitlesélémentsd’animationdelaséquence(déroulé,consignes,pointsdevigilance…).

•La durée de la séquence.Elledécomposelarépartitiondutempsdelaséquenceentrelespartiesexpositives,lesexercicesetlesdébriefings.

•Les fiches associées.Cetterubriqueindiquelesautresressourcespermettantd’animerlaséquence(fichesstagiairelecaséchéantetfichesdesynthèse).

FICHES STAGIAIRECertainesséquencesincluentdesexercicesàmettreenœuvreafindefavoriserl’appropriationdesconceptsetdespratiques.Deuxtypesdefichesexistentafindefaciliterleurapplication:•Les fiches stagiaires « ressources » :ces

fichessontàprésenterouàremettreauxparticipants.Ellesprécisentlecontenudel’exerciceetsadurée.

•Les fiches stagiaire « corrigées » :ellessontàvotreintention.Ellescontiennentlesréponsesàl’exerciceetdesélémentsdecontenuvouspermettantd’argumenterlesréponses.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 09

Scénario pédagogique

2 jours11 séquences

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION10

Jour 1 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Connaîtrelesparticipants.•Délimiterlepérimètredeladémarche

d’accompagnementetderenforcementdeconnaissancessurleprincipedelaïcité.

•Sepositionnerparrapportàleurconnaissancesurlalaïcité.

CONTENU Accueil.•Présentationdel’intervenant

etdesparticipants.•Apportd’élémentscontextuels

surlamiseenœuvredelaformationsurlalaïcité.

•Présentationdesobjectifsetduprogrammedelajournée.

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Tour de table.Àl’issuedutourdetable,inscriptionsurunpost-itparchaqueparticipantd’unmotévoquantleurrapportàlalaïcité.Post-itàconserverjusqu’àlafindelaformationenvued’estimerl’évolutiondeleursreprésentations.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Repérerlesconceptionsdechacun

surlalaïcité.•Interpellerlesparticipantssur

cequereprésentepoureuxleprincipedelaïcité.

•Démontrerquelesensdumotlaïcitédiffèreselonlesapprochesintellectuelles,estdifficileàdéfiniretestconfrontéàdenombreuxamalgames.

CONTENU •Leprincipedelalaïcitépour

lesparticipants.•Lienentrel’évocationdes

représentationsdelalaïcitéetlesespacesconcernés(public,privé)(premièreappréhensiondecettenotion).

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Réfl exion individuelle:«Qu’est-cequelalaïcitépourvous?Quereprésentepourvouslalaïcité?»

Débat en plénière.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Sensibiliserlesparticipantssurl’origine

delalaïcité,sonpasséricheetancien.•Définirclairementleprincipedelaïcité.•Comprendrequeleprincipedelaïcité

estauservicedurespectdeslibertésindividuelles.

•Distinguerlalaïcitéd’autresprincipesquiluisontproches.

CONTENU Laïcité:•pointsderepèrehistoriques

•évolutionduterme«laïcit黕définition

Définitiondestermes/principesprochesetsous-jacentsdelalaïcité:neutralité,libertédeconscience,libertédereligion,laïcisme,sécularisation,civilité,civisme,prosélytisme,discrimination,préservationdel’ordrepublic,etc.Évocationdulienentrelesdifférentsprincipes. MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Mode expositif (diaporamaépuréetsynthétique).

Exercice individuel :motscroisésaveclestermes/principesprochesetsous-jacentsdelalaïcité.Correctionenplénière.Inscriptiondeladéfinitiondelalaïcitésurlepaperboardpourlagarderenmémoiretoutaulongdelaformation.

Jour1

Séquence1Accueil Représentations de la laïcité Histoire de la laïcité et terminologie

Pause

Séquence2 Séquence3

30 min 20 min 90 min

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 11

Jour 1 CONTENU Cadreréglementaireàmobiliserenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel.

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en sous-groupe :parcoursd’apprentissagemulti-épisodiquedurantlequellesparticipantssontinvitésàrepérercequiressortd’undroit/devoirounon.

Débat en plénièresurlesarbitragesetpointsdevuedechaquegroupe,surl’explicationetlesargumentsinvoqués,surlesquestionsquecelaasoulevéenentermesd’analysedelasituation.Ouverturedudébatsurcequipourraitêtrediscriminatoireencasd’interdiction.

En synthèse,identificationdesélémentsincontournablesdelaloi,cequ’ilfautsavoiretretenir.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Comprendrelesspécificitésde

l’environnementjuridiquedelalaïcitéselonlespublicsetlessecteurs(privé,public).

•Comprendrelecadred’applicationdelalaïcité.

•Distinguerleprincipedelaïcitéetleprincipedenon-discrimination.

CONTENU Présentation des aspects juridiques et de la philosophie des lois : •textesderéférence(sourcesnationales,

européennesetinternationales);•droitsetdevoirsdesagentsduservice

publicetdusecteurprivédélégataired’unservicepublic(libertédeconscience,neutralité,etc.);

•droitsetdevoirsdesusagersduservicepublic(libertéd’expression,etc.).

•mentiondecequegarantitetnepermetpaslalaïcité;

•apportsurlesubventionnementdesassociations.

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Mode expositif et interactif.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierdessituationsconcrètes,

vécuesillustrant/témoignantduprincipedelaïcité.

•Identifierdessolutionsetactionsopérationnellesenréponseauxsituationsrencontrées.

•Appréhenderunesituationdanssonensembleafindebiensaisircequirelèved’uneremiseencauseduprincipedelaïcitéoud’autresmotifs.

CONTENU •Expériencesvécuesparlesparticipants.•Identificationdessolutionspossibles

auxsituationsvécues.•Apportsurlanécessitéd’analyserune

situationdanssonentièreté,etnonuniquementsousl’anglereligieux,afind’identifierlesréponseslesplusadéquates(cadrejuridique,dialogue…).

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en sous-groupe :jeuxdesenveloppes.Chaquegroupeestmunid’uneenveloppeexposantunesituationàanalyseretdefeuillesblanchessurlesquellesserontinscriteslesréponsesapportéesparlesparticipants.

Présentation des solutions et débat en plénièresurlescausesprésuméesdelasituation,lesarbitragesetlespointsdevuedechaquegroupe,surl’explicationetlesargumentsinvoqués,surlesquestionssoulevées.Retoursurlechoixderéponsequiaétéfaitparchaquegroupeetanalyseauregarddesnouveauxélémentsapportéslorsdudébat.Caractérisationdelasolutioncommeporteuseduprincipedelaïcitéoucommediscriminatoire.

Jour1

Approche juridique de la laïcité Approche juridique de la laïcité Analyse des situations professionnelles

Pause

Pausedéjeuner

Séquence4 Séquence4 (suite) Séquence5

50 minSous-séquencerelativeàlaprésentationdestextesjuridiques

60 minSous-séquencerelativeauparcoursmulti-épisodique

120 min

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION12

Jour 2 OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Resituerlesapportsdelasensibilisationsurlalaïcité.

CONTENU Appuisurlesrestitutions,lesdébatsetlesréflexionsindividuellesdesprécédentesséquences. MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice individuel : quizd’autopositionnementparrapportàlaquestiondelalaïcité.

Échanges en plénière : échangessurlesrésultatsduquiz.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierlesarticlesdelaloi

réexploitablesdansleurdiscoursetpratiquesprofessionnelles.

•Construireundiscourssurlalaïcitéàl’usagedescollèguesetdesusagers(communicationinterneetexterne).

CONTENU •Appuisurlespratiquesdesparticipants.•Identificationdesmessagesàmettre

enavantdansunargumentaireauprèsdecollèguesetd’usagers.

•Évocationdelaquestiondudiscoursàtenirfaceàl’idéequelalaïcitéestunoutilpropiceàladiscrimination.

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en sous-groupe : constructiond’argumentairesautourdesituationsprésentéesparl’intervenantenvuedepromouvoiretd’expliquerdemanièrepédagogiquelalaïcité.Présentationdesargumentairesenplénièreparchaquesous-groupe.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Connaîtrelestechniquesde

communicationfavorisantl’échangeconstructifautourdelalaïcité.

•Savoirréagiretseconfronteràdespointsdevuedifférents.

CONTENU Apports sur les moyens d’établir le dialogue :•compréhensionducadrederéférence

desoninterlocuteur;•postured’écouteactiveetd’empathie;•techniquesdecommunication

(questionnement,reformulation,argumentation);

•communicationnonverbale;•techniquesdemédiation.Postureàadopterenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel. MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en plénière :jeuxderôlessurlabasedessituationsanalyséeslorsdelaséquence4etdesargumentairesconstruitslorsdelaprécédenteséquence.Débriefingenplénière.Apportdecomplémentsparl’intervenant.

Jour2

Pause

Pausedéjeuner

Séquence6 Séquence7 Séquence8Autopositionnement Argumentation Posture et communication

30 min 60 min 90 min

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 13

Jour 2SPÉCIALISATION « LAÏCITÉ ET USAGE DES ESPACES PUBLICS » OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Comprendrelecadrejuridiquespécifiqueàl’usagedesespacespublics.

CONTENU Définitionetcirconscriptiondesespacespublics.Apportssurlecadrejuridiqueapplicable:conditionsdesaidespubliquesauxcultes,neutralitédesbâtimentspublics,expressiondesareligiondansl’espacepublic,gestiondescimetières,mixitédansl’espacepublic,dissimulationduvisage.

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice individuel : quizsurlecaractèrelégalouillégaldesaffirmationsprésentées.Correctionetéchangesenplénière.

SPÉCIALISATION « LAÏCITÉ ET RELATION SOCIO-ÉDUCATIVE » OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Comprendrelecadrejuridiquespécifiqueàlarelationsocio-éducative.

CONTENU Distinction du cadre juridiqueapplicableselonlestatutdelastructureprofessionnelle:servicepublic,servicepublicrenduparunorganismededroitprivé(associationouentreprise),entreprisededroitprivé.Conditions et motifs de la restrictiondelalibertédereligion(circonscription,motifsd’hygièneoudesécurité,règlementintérieur…).

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice individuel : Quizsurlecaractèrelégalouillégaldesrequêtesformuléesdanslecadredessituationsprésentées.Correctionetéchangesenplénière.

SPÉCIALISATION « LAÏCITÉ ET USAGE DES ESPACES PUBLICS » OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierlessituationsenlienavec

l’usagedesespacespublicssusceptiblesd’interrogerlaquestiondelalaïcité.

•Apporterdesréponsesargumentéesetappropriéesàlasituationrencontrée.

CONTENU Expériencesvécuesparlesparticipants.Postureàadopterenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel.

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Exercice en plénière :Jeuxderôlessurlabasedessituationsvécuesparlesparticipants.Débriefingenplénière.Apportdecomplémentsparl’intervenantsurlapédagogiedelalaïcité.Synthèseaupaperboarddesbonnespratiquesetdespointsdevigilancedanslagestiondel’espacepublic.

SPÉCIALISATION « LAÏCITÉ ET RELATION SOCIO-ÉDUCATIVE » OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES •Identifierlessituationsenlienavec

larelationsocio-éducativesusceptiblesd’interrogerlaquestiondelalaïcité.

•Apporterdesréponsesargumentéesetappropriéesàlasituationrencontrée.

CONTENU Expériencesvécuesparlesparticipants.Postureàadopterenfonctionducontexted’exerciceprofessionnel.

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Jeuxderôlessurlabasedessituationsvécuesparlesparticipants.

Jour2

Cadre légal Jeux de rôles

Séquence9 Spécialisation au choix Séquence10 Spécialisation au choix

45 min 105 min

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES Prendredureculsurlaformation.

CONTENU Retoursurlesdeuxjours:échangessurlesacquisréinvestissables,lesdifficultésperçuesdansl’applicationdesacquisdelaformation,lespointsd’incompréhensionsubsistant.

MODE PÉDAGOGIQUE ET DÉROULÉ Échanges en plénière : «Qu’est-cequeçavousaapporté?»Remiseenperspectiveaveclespost-itcomplétésendébutdeformation.Constatdel’évolutiondurapportdesparticipantsàlalaïcité.

Clôture de la formation

Séquence11

30 min

KIT DE FORMATION14

KIT DE FORMATION 15

Séquence1Accueil

Séqu

ence

1

130 min

Matin

Jour1

P. 16 Fiche formateur n°1

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION16

MISE EN CONTEXTECetteséquenced’accueilviseàapporter

desélémentscontextuelssurlamiseenœuvredelaformation,àprésenterlesujet,lesobjectifsetleprogrammedelajournée.Elleviseégalementlaconnaissancemutuelledel’ensembledesintervenants(participantsetformateur)etàidentifierlesattentesparrapportàlaformation.

Lesrèglesdefonctionnementdugroupedurantlesdeuxjoursdeformationsontégalementprésentéeslorsdecetteséquenceintroductive:confidentialitédespropostenuslorsdelaformation,bienveillanceetapprocheconstructiveentrelesparticipants,droitàl’erreurlorsdesexercices.

Cetteséquenceestl’occasiond’apporterdespremiersélémentsdecadrageensoulignantlecaractèrepolémiqueduconceptdelaïcitéetlespossibilitésd’instrumentalisationpolitiqueetsociale.Cesdimensionsayantunimpactsurlesreprésentationsquel’onpeutavoirsurlalaïcité,ilconvientdes’informeretdesedocumenteravantdesepositionnerafindecernerprécisémentceprincipeetdesavoircequerecouvreexactementcettenotion.

Àl’issuedelaséquence,lesparticipantsserontcapablesd’identifierlesens,l’intérêtdecetteformationetleurrapport/positionnementausujet.

SITUATIONUnefoislaprésentationdesélémentscontextuels,

desobjectifsetduprogrammefaite,vousdébutezlaformationparuntourdetableendemandantàchaqueparticipantd’exprimersesattentesparrapportàlaformationetàprécisersonpositionnementvis-à-visdelalaïcité(àl’aiseounonavecceprincipe?sentimentd’êtreexpertoudépourvudeconnaissancessurcesujet?).Vouscadrezletourdetableafind’éviterd’entrertroprapidementdansledébat,cecifaisantl’objetdelaséquencesuivante.

Àl’issuedutourdetable,vousdistribuezdeuxpost-itàchaqueparticipantetleurdemandezd’inscriredeuxmotsquicaractérisent,seloneux,leconceptdelaïcité.Vousdemandezensuiteàchacundeconserversespost-itjusqu’àlafindelaformation,vousenferezusageultérieurement(lorsdelaséquence11,envued’estimerl’évolutiondeleurpositionnementparrapportàlalaïcité).

30 min

Ficheformateurn° 1Introduction

Séqu

ence

2

Séquence2Représentations de la laïcité2

60 min

P. 18 Fiche formateur n° 2

P. 19 Fiche de synthèse n° 1 : idées reçues

Matin

Jour1

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION18

MISE EN CONTEXTECetteséquenceintroductiveviseàpermettre

l’expressiondechacunsurlalaïcitéetàidentifierlesreprésentationsdesdifférentsparticipantssurcettequestion.

Outrelapossibilitépourleformateurderepérerlespointsspécifiquesàapprofondiretàclarifierpendantlaformation,cetteentréeparlevécupersonnelpermettradelibérerla«chargeémotionnelle»suscitéeparcesujetetdelisterquelquessituationsconcrètesservantderéférenceauxparticipantspourdéfinircequiestdel’ordredulaïqueounon.

SITUATIONÀl’issuedelaséquenced’accueil,vouslancez

ledébatautourdelanotiondelaïcité:cequecetermeévoque?àqueltypedesituationcelafaitréférence?quelsespaces(privé,public)sontconcernés?etc.Parvotrequestionnement,vousamenezchacunàprécisersesidéesoureprésentations.

Aufuretàmesuredudébat,vousécrivezlesprincipalesidéesémisessurlepaperboardafindepouvoiryrevenirdurantlaformation.Voussynthétisezetstructurezlesidéesenlesregroupantensuiteparthématique.

Vousn’avezpasdedéfinition,d’apportoudecorrectionàapporterlorsdecetteséquence,lesprécisionsserontapportéeslorsdelaséquencesuivante.

FICHES ASSOCIÉES•Fichedesynthèsen°1:idéesreçuessurlalaïcité.

5 mind’exercice,15mindedébat

Ficheformateurn° 2Représentationsdelalaïcité

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 19

Lalaïcitéestunsujetbrûlant.Lasurmédiatisationetlasurpolitisationdontellefaitl’objetrendentdélicatetoutediscussionrationnelleetargumentéeàsonsujet.Pourcomprendrecequerecouvrecettenotion,ilestnécessairedereveniraudroitetàl’Histoire,cequipermetdedéconstruirecertainesidéesreçuesetapproximations.

« LA LAÏCITÉ EST UNE VALEUR »Onacoutumededirequelalaïcitéseraitla

quatrièmevaleurrépublicaine,venantcompléterletriptyque«liberté,égalité,fraternité».Pourtant,lalaïcitéestmoinsunevaleur(« ce qu’une morale pose comme idéal ou norme »,selonleLarousse)qu’unprincipeorganisantlesrelationsentrelepolitiqueetlereligieux.Laloide1905,considéréecommelesocledelalaïcité(mêmesiellenecitepasuneseulefoisceterme),proclamelalibertédeconscienceetl’égalitédetouteslescroyances,cequirendpossiblele«vivre-ensemble»,c’est-à-direlafraternité.CommelesoulignelephilosophePierreKahn,« la laïcité est moins en elle-même une valeur qu’il faut poursuivre comme une fin qu’un moyen, un dispositif juridico-politique au service des valeurs de la démocratie (liberté, égalité…). »

« LA LAÏCITÉ FAIT DE LA RELIGION UNE AFFAIRE PRIVÉE »

L’idéeselonlaquellelalaïcitécantonneraitlareligionàlasphèreprivéeestsouventinvoquéepourenappeleràuneinterdictiondeporterdessignesreligieuxautravailoudansl’espacepublic.Pourtant,aucuntextejuridiquen’affirmecela.Aucontraire,la loi de 1905 garantit la liberté de conscience, qui inclut la liberté de manifester sa religion en public. Cetexteabolitlerégimedescultesreconnusetsubventionnésparl’État.Dèslors,lareligionn’estplusuneaffairepublique,ausensoùellen’estplusorganiséeparl’État.« Faire de la religion une affaire privée, c’est permettre aux différents cultes de se constituer, dans la sphère de la société civile, comme force sociale pouvant prétendre exercer librement son influence »(P.Kahn).Onlevoit,l’adjectifprivénedoitpasêtreentenducommerenvoyantaudomicilemaisàlasphèrenonétatique.

Fichedesynthèsen° 1 Idéesreçuessurlalaïcité

« LA LAÏCITÉ INTERDIT D’EXPRIMER SA RELIGION EN PUBLIC »

Cetteidéereçuedécouledelaprécédente.Lalaïcitéfaisantdelareligionuneaffaireprivée,elleinterdiraitd’exprimersareligionenpublic.Cettequestionaétésoulevéedanslesdébatsquiontprécédéetsuivilaloide1905,certainsdéputésoumairesvoulantinterdireleportdelasoutaneenpublic,lesprocessionsouencorelefaitdesonnerlescloches.Maisnilelégislateur,nileConseild’Étatn’ontvalidécespropositions.LaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme,ratifiéeparlaFranceen1974,proclame« la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites ».

Toute restriction de ce droit fondamental doit être rigoureusement justifiée et proportionnée.Parexemple,lesfonctionnairesnepeuventporterdesignesreligieuxdansl’exercicedeleurfonctioncarilsreprésententlapuissancepubliqueetsedoiventdoncd’êtreneutres.

« ÊTRE LAÏQUE, C’EST ÊTRE ATHÉE »Commençonspardistinguer laïc et laïque.Estlaïc

cequin’estpasreligieux1.L’adjectiflaïque,lui,désignecequiseréfèreàlalaïcité,doctrinedeséparationdesinstitutionsreligieusesetpolitiques.Ilesttoutàfaitpossibled’êtrecroyantetpartisandelalaïcité.C’étaitlecasdenombreuxdéputésrépublicainsquiontvotélaloide1905.Lalaïcitén’estpashostileàlareligionpuisqu’ellegarantitlalibertédeconscience.Elle n’est pas non plus une croyance mais le principe qui rend possible la coexistence de toutes les croyances. Onlevoit,onpeutêtreathéeetnonlaïquesil’onfaitdel’athéismeunecroyancesupérieurequidevraitêtreimposéeàtous. w

Séqu

ence

2

1.Danslechristianisme,unlaïcestunchrétiennon-membreduclergé.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION20

« LA LAÏCITÉ GARANTIT L’ÉGALITÉ DES SEXES »

Ilexisteactuellementunamalgameentrelaïcité,égalitédessexesetmixité.Lalaïcitéseraitunrempartcontrelesconservatismesreligieuxquiprônentlaséparationetlahiérarchisationdessexes.

Rappelonsquel’école laïque a pratiqué la séparation des sexes jusqu’à la fin des années 1960etquelaRépubliquelaïquen’aaccordéledroitdevoteauxfemmesqu’en1944.Lesdéputésradicauxquis’yopposaient–etquiétaientlesplusferventsdéfenseursdelalaïcité–craignaientquelesfemmesnevotentsousl’influencedel’Église,donccontrelaRépublique.Aujourd’hui,malgré plus d’un siècle de laïcité, l’égalité des sexes est encore loin d’être effective,commelemontrelapersistancedesdiscriminationssexistes.Lalaïciténesuffitdoncpas,ensoi,pourgarantirl’égalitéfemmes-hommes.

Pour aller plus loinPierreKahn,La Laïcité,LeCavalierBleu,coll.«Idéesreçues»,2005

Fichedesynthèsen°1

Idéesreçuessurlalaïcité

w

Séquence3Histoire de la laïcité et terminologie3

90 min

Séqu

ence

3

P. 22 Fiche formateur n° 3 P. 23 Fiche formateur n° 4 P. 25 Fiche stagiaire ressource n° 1 : mots croisésP. 26 Fiche stagiaire corrigée n° 1 : mots croisésP. 27 Fiche de synthèse n° 2 : histoire de la laïcité en France :

les grandes dates P. 28 Fiche de synthèse n° 3 : histoire de la laïcité en FranceP. 31 Fiche de synthèse n° 4 : glossaire

Matin

Jour1

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION22

MISE EN CONTEXTELaséquenceviseàapporterdespointsderepère

historiquessurlalaïcitédanslebutdecomprendrel’originedutermeetl’évolutionqu’ilapuavoir.Ellefaitapparaîtrequecettenotionn’estpasuneconceptionnouvelleliéeauxrécentesactualités,maisunprincipefondateurdelaRépubliquefrançaise,etqu’elleestenconstanteconstruction.Comprendrel’Histoire,c’estmieuxcomprendreetappréhenderleprésent.

SITUATIONÀl’aided’unefrisechronologique,vousexposez

lespointsderepèrehistoriquesdelalaïcitéainsiquel’évolutionduterme.Pourchaqueétape,vousextrayezlesnotionsetprincipesclésquinourrissentlaréflexionactuellesurlalaïcité.

FICHES ASSOCIÉES •Fichesdesynthèsen°2et3:histoiredelalaïcitéenFrance.

30 mind’exposé

Ficheformateurn°3Frisehistorique

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 23

MISE EN CONTEXTECettepartieestlasecondedeladeuxièmeséquence,

ladernièredelamatinée.Elleviseàsensibiliserlesparticipantssurl’origineetl’évolutiondansletempsdelalaïcitéetàbiensaisircettenotion.Àl’issuedelaprésentationdesprincipauxpointsderepèrehistoriquesdelalaïcité,ladéfinitiondeceprincipeetdesautresprincipesquiluisontprochesetsous-jacentssontexposés.

Cetteattentionparticulièreapportéeàladéfinitiondestermesviseàsoulignerlarécurrencedesamalgamesetàlevertouteambiguïtésurleurréellesignification.Recouriràunvocabulaireprécispermetdebiencirconscrireetanalyserunesituationetdes’appuyerultérieurementsurlesbonnesréférencesjuridiques.Ladéfinitionclairedelalaïcitéaideàrepérerlesinterrelationsentrecesdifférentsprincipesetàcomprendrequelalaïcitéestauservicedurespectdeslibertésindividuelles.

SITUATIONAprèsavoirexposélesprincipalesétapeshistoriques

quiontfaitnaîtreleprincipedelaïcitéenFrance,vousdéfinissezcettenotionetlanotezsurlepaperboard.Vousrendezvisiblel’affichepourvousdonnerlapossibilitédefairedesrappelsetpermettreauxapprenantsdelagarderenmémoiretoutaulongdelaformation.

Vousprenezletempsdedéfinirlestermes/principesprochesetsous-jacentsdelalaïcité:neutralité,libertédeconscience,liberté,libertédereligion,laïcisme,sécularisation,civilité,civisme,prosélytisme,discrimination,respect,tolérance,fraternité,égalitéetordrepublic.

30 mind’exposéetd’échanges10mind’exercice, 20 mindedébriefing

Ficheformateurn°4Définitions

Afind’assurerl’articulationaveclaprécédenteséquenceetdedonnerunedynamiqueàlaprésentation,vouspouvez:

•énoncer les définitionsencommençantparlestermesquiaurontétéévoquéslorsdeséchangessurlesreprésentationsdelalaïcité(« Lors de nos précédents échanges, vous avez cité le mot […], voici la définition que l’on peut en donner »);

•faire intervenir les participantssurleurconnaissancedutermeenquestionavantd’apporterlesélémentsdedéfinition.

Lesliensentrelestermessontfaitsaufildeséchangespouraideràleurcompréhension.Àtitreindicatif,ceslienspeuventsematérialiserdelafaçonsuivante:

Lanotionde«préservationdel’ordrepublic»aurapeut-êtreétéabordéelorsdelaprécédenteséquencerelativeàl’expressiondesreprésentationssurlalaïcité;siteln’étaitpaslecas,unrapideéchangepourraêtrelancéenplénièresurl’interprétationdecettenotion:«Qu’entend-onparcetteexpression? w

Séqu

ence

3

LAÏCITÉ

ÉgalitéOrdre public

FraternitéCivisme

Sécularisation LaïcismeRespect

Prosélytisme

Liberté de conscience

Liberté

Liberté de religion

Tolérance

Discrimination

Neutralité

Civilité

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION24

Ficheformateurn°4Définitions

Qu’est-cequecelasignifie?»Lebutestdereleverdesinterrogationsetdespistesderéflexionsurlesujet.Cettenotionconstituantl’unedesprincipalesraisonsinvoquéespourlimiterleslibertésindividuelles,ilconvientdebienlacirconscrireetdeconnaîtrelecadrelégalpouranalyseretgérercorrectementunesituation.

Unefoiscettepremièrepartieexpositiveetparticipativeréalisée,vousdistribuez,aprèslapause,lesgrillesdemotscroiséscomposésdesdifférentsprincipesévoquésprécédemment.L’idéeestquelesparticipantspuissentrestituerindividuellementcequ’ilsviennentd’entendreparunexercicederéflexion.Vouscorrigezensuitel’exerciceenplénièreenapportantdesprécisionssurlesdifférentsconceptsetenrépondantauxquestionsetremarquesdesparticipants.Celavouspermettrad’évaluerlacompréhensiondestermesetd’yreveniréventuellementsidesdifficultésapparaissent.

Unealternatived’usagedesmotscroiséspeutêtreproposée:plutôtqued’utiliserlagrilleenfindeséquenceenvued’ancrerlesconceptsentourantlalaïcité,ellepeutêtreutiliséeaudébutafind’estimerledegrédeconnaissancedesdifférentesnotionsetdesusciterlacuriositéconcernantlestermesméconnusdelapartdesparticipants.Danscecas,ilseraindispensabledesemontrerrassurantenprécisantquelesmotscroisésvontservird’amorcedelaséquenceetqu’ilestnormaldenepasdétenirtouteslesréponsespuisquelesdéfinitionsn’ontpasencoreétédonnées.Laséquenceserajustementutilepourqualifierchaqueterme,chacunpourraainsicompléterlagrilleaufildesprésentations.Cetteprécautiond’usageestessentielleafindenepasgénérerdefrustrationoude«sentimentd’incompétence»quiseraientnuisiblesàl’atteintedesobjectifsvisés.

FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°1etfichestagiaire

corrigéen°1:motscroisés.•Fichesynthèsen°4:glossaire.

w

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 25

10 mind’exercice

Fichestagiaireressourcen° 1Motscroisés

stag

iair

eHorizontal Vertical

1

2

3 4

76

9

8

5

11

12

13

10

3 Processusdeperted’influencedelareligiondansunesociété

5 Mouvementd’unindividucherchantàpropagersafoiousacause

9Liendesolidaritéquidevraitunirtouslesmembresdelafamillehumaine

11 Situationd’unepersonnetraitéedemanièremoinsfavorablequ’uneautredansunesituationcomparable

12 Actiondetraiterquelqu’unavecdeségardsparticuliers

13 Possibilitédefairecequinenuitpasàautrui

1 Qualitépouvantêtreformelle,réelle,detraitementoudechances

2 Attitudedequelqu’unquiadmetchezlesautresdesmanièresdepenseretdevivredifférentesdessiennes

4Observationdesconvenancesenusagechezlesgensvivantensociété

6 Systèmepolitico-juridiqueinstaurantuneséparationentrelespouvoirspolitiqueetreligieux

7 Principedel’Étatcommeindépendantdetouslesclergésetdégagédetouteconceptionthéologique

8 Attituded’attachementàlacommunauténationaleetàsesinstitutions

10Volontédeprotégerlaviepubliquedetouteingérencereligieuse

Séqu

ence

3

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION26

Fichestagiairecorrigéen° 1Motscroisés

20 mindedébriefing

FICHES ASSOCIÉESFichesynthèsen°4:glossaire.

stag

iair

e

1

2

3 4

76

9

8

5

11

12

13

10

É

G

A

L

T

É

P R O S É L Y T I S M E

S É C U L A R I S A T I O N

D S C R I M I N T I O N

L I B E R É

F R T R N I T É

R S P E C T

L

A

Ï

C

I

T

É

L

A

Ï

C

I

S

M

E

T

L

É

R

A

N

C

E

N

E

U

T

R

A

L

I

T

É

C

V

I

S

M

E

I

V

I

I

T

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 27

1789

Déclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen

1801

Concordat

1880-1886

Loisdelaïcisationdel’école

1905

LoideséparationdesÉglisesetdel’État

1946

LalaïcitéentredanslaConstitution

2004

Loiinterdisantleportdesignesreligieuxàl’école

Fichedesynthèsen° 2HistoiredelalaïcitéenFrance:lesgrandesdates Sé

quen

ce

3

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION28

Lalaïcitéestunconceptrécent.L’histoiredesrelationsentrepouvoirspublicsetreligieuxrejointcelledel’autonomisationprogressivedel’Étatvis-à-visdupouvoirdel’Églisecatholiquequi,jusqu’audébutduxxesiècle,exerçaunrôled’influenceimportantdanslasociétéfrançaise.

DE CLOVIS À LA RÉVOLUTION (498-1789)

Le baptême de Clovis(498)faitduchristianismelareligionofficielledelaGaule.AveclerègnedesCarolingiens,notammentdeCharlemagne, débutelamonarchie de droit divin.CharlemagneestsacréempereurparlepapeàRomeetsoutientenretourl’Églisefinancièrementetmilitairement.Lorsquelepouvoirdel’ÉtatéclateaprèslamortdeCharlemagneen814,lapopulationseregroupeautourdesseigneurslocaux.C’estlapériodeféodalependantlaquellel’Églisereprésentelaseuleforceorganiséeenplace.Lepouvoirspiritueldevientplusimportantquelepouvoirtemporel.

Enréaction,lamonarchiefrançaiseencourage l’autonomisationdel’ÉglisedeFrancevis-à-visduVatican,envertud’unedoctrinequiprendralenomdegallicanisme.UnpapefrançaisestinstalléenAvignonen1309parPhilippeleBel,etCharlesVIIaboliten1438lesliensquiunissentl’ÉglisedeFranceauSaint-Siège.Lesjuifs,eux,sontinterditsdeséjourdansleroyaumeàpartirde1394.Auxviesiècle,ledéveloppementduprotestantismedéclenchelesguerres de religion, auxquellesmetuntermel’édit de Nantes, signéen1598parHenriIV.Sarévocationen1685parLouisXIVmarquelafindelatolérancereligieuseofficielle.Leculteprotestantestinterdit,provoquantl’exildeplusde200000protestants.

LA RÉVOLUTION FRANÇAISE (1789-1799)

LaRévolutionfrançaiseabolitlamonarchiededroitdivin.Ellemarqueunepremière étape de laïcisation delaFrance.LaDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen(1789)garantitque« nul homme ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses »etlaliberté de culte estproclaméeen1791.Protestantsetjuifsdeviennentdescitoyenscommelesautres.Ledivorce

Fichedesynthèsen° 3 HistoiredelalaïcitéenFrance

civilestintroduitetcertainsdélitsreligieux(blasphème,sorcellerie,hérésie)supprimés.Lesregistresd’étatcivilsontretirésdesparoissesetconfiésauxofficierspublics.

Avec la Constitution civile du clergé(1790),l’Étatdécrèteuneréorganisationdel’Églisecatholique.Lescongrégationsreligieusessontsuppriméesetlesbiensecclésiastiquesnationalisés.Cetexte,condamnéparlepape,provoqueunescissionauseindel’ÉglisedeFrance.SouslaTerreur(1792-1794),touteslesreligionssontremplacéespardescultes révolutionnaires. Troismilleprêtresetreligieuxsonttués,tandisqueles soulèvements catholiques de Vendée sontréprimésdanslesang.Lapérioderévolutionnaireinaugure« la Guerre des deux France1 »quivaopposerjusqu’auxxesièclelesrépublicainsetlespartisansdelaRestauration.

DU CONCORDAT À LA COMMUNE (1801-1871)

PourrétablirlapaixreligieuseetlesrelationsavecleVatican,Bonapartesignele15juillet1801unConcordataveclepape.Lecatholicismeromainestreconnucomme« la religion de la majorité des citoyens français »maispluscommelareligiond’État.L’ÉglisedeFranceestsousladouble tutelleduVaticanetdel’État.Lesministresdescultessontdésormaisrémunérésparl’État,enéchangedequoil’Égliserenonceàsesbiensnationalisésen1789.Prêtresetévêquesdoiventprêtersermentaugouvernement.Lesévêques,choisisparleministredesCultes,nepeuventplusseréunir,nisortirdeleurdiocèsesansautorisationdel’État.LeConcordatestétenduauprotestantisme(cultescalvinisteetluthérien)en1802etaujudaïsme en1808.Parailleurs,leCode civil(1800-1804)confirmelaprioritédumariageciviletlapossibilitédudivorce,etouvrelaporteàuneautonomiedelamédecineetdel’instruction,quiétaientjusqu’alorsdesmonopolesdel’Église.LeConcordattraverselesdifférentsrégimes,politiquesduxixesiècle,avecuneparenthèsependantla Restauration(1814-1830)quirétablitlecatholicismecommereligiond’État.SouslaIIeRépublique(1848-1851),la loi Falloux (1850)donneauxministresdes

1. ÉmilePoulat, Liberté, laïcité : la guerre des deux France et le principe de la modernité,1988.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 29KIT DE FORMATION

cultesundroitdesurveillanceetdedirectionsurlesécolespubliques,cequiamènelesrépublicainsàdurcirleurspositionsanticléricales.Le Second Empire (1851-1871)estunepérioded’ententecordialeentrelegouvernementetl’Églisecatholique.En1871,la Commune deParisproclametemporairementlaséparationdel’Égliseetdel’État.

LES PRÉMICES DE LA SÉPARATION (1879-1905)

Aprèsdiversestentativesderétablissementdelamonarchie,lesrépublicainss’installentaupouvoiretentamentunprocessusdelaïcisationquiviseprioritairementl’École.SurconseildeJulesFerry,ministredel’Instructionpublique,legouvernementprononceen1880 l’expulsion des congrégations religieusesnonautoriséesparl’État.Cinqmillemembresdecongrégationssontexpulsésdesécoles.L’Égliseréagitvivement,enappelantparfois,commeàOrchies(Nord),àlagrèvedesenfantsouenmenaçantdelespriverdepremièrecommunion.CesremousentraînentladémissionduprésidentduConseilCharlesdeFreycinet,remplacéparJulesFerry.

Cedernierpoursuitsoncombatpourlalaïcisationdel’Écolepublique,quidevientgratuite(1881),puisobligatoirepourlesenfantsdesixàtreizeans(1882).L’enseignementreligieuxestexcludutempsdeclasseetremplacéparlamoralecivique.Lesecclésiastiquesnepeuventplusenseignerdanslesécolespubliques(1886)etlescrucifixensontretirés.La laïcisation s’applique donc aux programmes, aux locaux et aux enseignants maispasauxélèves.

Lesrépublicainsnevontpasnonplusjusqu’àfairedel’enseignementunmonopoled’État.Soucieuxd’éviterlaguerrecivile,JulesFerryaccordedesconcessionsàl’Église.Ilautorisel’enseignementreligieuxdanslesécolespubliquesmaisendehorsdesheuresdeclasse.Ilacceptequelescrucifixsoientlaisséslàoùl’ons’opposeàleurretraitetilexhortelesinstituteursàrespecterlesconvictionsdesparents.LastratégiedeFerryestdefavoriser l’évolution des consciencesplutôtquel’applicationàlalettredelaloi.

Unéquilibres’installeentrelegouvernementetl’Église,aidéparlepapeLéonXIII,quidemandeauxcatholiquesfrançaisdeserallieràlaRépublique.Cet

équilibreestrompupar l’affaire Dreyfus (1894-1906),quidonnelieuàunecampagnedescatholiquesetdesroyalistescontrelaRépublique.Legouvernementriposteparunenouvelleoffensive contre les congrégations religieuses.Suiteàlaloide1901surlesassociations,descentainesd’établissementsreligieuxsontferméspardécret.En1904,unenouvelleloiretireauxcongrégationsledroitd’enseigner,cequiconduitàlafermeturede2500écolesreligieuses.Cetterépressionpousseà l’exil 30000à60000religieux.

LarupturedesrelationsdiplomatiquesavecleVaticandécidelegouvernementàprononcerlaséparationdesÉglisesetdel’État.Le10novembre1904,lechefdugouvernement,ÉmileCombes,déposeunprojetdeloiencesensmais,lelendemain,l’oppositiondévoilequeleministredelaGuerreafaitréaliser20000fichessurlespratiquesreligieusesdeshautsfonctionnairesetdesgradésdel’armée.Cescandale,connucomme« l’affaire des fiches »,contraintàladémissionlegouvernementCombesle14janvier1905.

LA LOI DE SÉPARATION (1905-1946)Lapréparationdunouveauprojetdeloi,confiée

àlacommissionBuisson-Briand,donnelieuàdesdébatshouleuxauParlement.Afind’apaiserlesesprits,AristideBriandproposeuneloi de compromis, quiestadoptéele9décembre1905.EnabolissantleConcordat,cetextesigne« l’acte de décès du gallicanisme historique » (E.Poulat,historien).La liberté de conscience et de culte estproclamée,tandisqueladiscriminationreligieuseetletroubleàl’exerciceducultesontinterdits.L’Étatcessederémunérerlesministresdescultes,saufdanslesétablissementsfermés(hôpitaux,casernes,internats,prisons).Plusde30000églises,templesetsynagoguessontmisgratuitementàladispositiondescommunautésreligieuses,àlaconditionqu’elless’organisentsousformed’associationscultuellesindépendantes.

Bienquelaloide1905permetteuneautonomisationdel’Églisecatholique,cettedernières’yoppose.Le papePie X la dénonceetinterditauxcatholiquesfrançaisdecréerdesassociationscultuellesindépendantes.En1921,lesrelationsdiplomatiquesavecleVaticansontrétablieset,en1923,uncompromisesttrouvéavecl’ÉglisedeFrance,quicrée w

Séqu

ence

3

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION30

Fichedesynthèsen°3

HistoiredelalaïcitéenFrance

desassociationsdiocésainesrespectantl’autoritéhiérarchiquedel’évêque.

Laloideséparationn’estpasappliquéeenAlsace-Moselle, alorssousgouvernementallemand.Quandcestroisdépartementsredeviennentfrançais,en1919,ilsconserventleurdroitlocalissuduConcordat,cequiestconfirméparlaloidu1erjuin1924etparleConseilconstitutionneldanssadécisiondu21février2013.Concernantlesterritoires d’outre-mer,laloide1905estétendueàlaMartinique,àlaGuadeloupeetàLaRéunionàpartirde1911.Enrevanche,ellenes’appliquepasenGuyane,quireste,encoreàcejour,souslerégimedel’ordonnanceroyaledu27août1828.Enfin,ellen’estpasnonplusappliquéedanslesdépartementsd’Algérie2,oùlesautoritéssouhaitentconserveruncontrôlesurlecultemusulman.

L’entre-deux-guerresvoitégalementledéveloppement de l’islamenmétropole,avecl’immigrationdetravailleursenprovenancedescoloniesd’AfriqueduNordetduMoyen-Orient.En1926estinauguréelaGrandeMosquéedeParis,premièremosquéedeFrancemétropolitaine,construiteparl’Étatenhommageaux70000soldatsmusulmansdel’EmpirecolonialtuéspendantlaPremièreGuerremondiale.

LES NOUVEAUX DÉFIS DE LA LAÏCITÉ (1946-2015)

EnréactionaurégimedeVichy,quis’étaitdistinguéparsonantisémitismeetsacollusionavecunelargefrangedel’épiscopat,lesconstitutionsde1946et1958proclamentlecaractèrelaïquedelaRépubliqueetréaffirmentlalibertédeconscience.L’Étatconfortelaliberté d’enseigner,enaccordantdessubventionsauxétablissementsprivéssouscontrat(loisde1951et1959).En1984,legouvernementsocialistetentedemettreenplaceunsystèmeéducatiflaïqueetunifiéintégrantl’enseignementprivé.Devantlacolèredelarue,ceprojetestabandonné.UnsiècleaprèslesloisFerry,l’Écolecontinueàcristalliserlesdébatsautourdelalaïcité.

C’estdenouveaulecasen1989,quandéclatelapolémiqueconsécutiveàl’exclusiondetroisélèvesvoiléesdansuncollègedeCreil(Oise).LeConseild’Étatestimequeleportduvoileestcompatibleaveclalaïcitéetunecirculaireinviteleschefsd’établissementàstatueraucasparcas.D’autres« affaires du voile »poussentleprésidentdelaRépublique,JacquesChirac,àmettreenplaceen2003unecommission«surl’applicationduprincipedelaïcitédanslaRépublique.»Desvingt-sixpropositionsdela commission Stasi,uneseuleestfinalementretenue:l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école(loidu10février2004).Sixansplustard,laloidu11octobre2010proscritladissimulation du visage dansl’espacepublicsurledoublefondementdel’ordrepublicetdes « exigences fondamentales du vivre-ensemble. » Cesquestionscontinuentàfairedébat,avecparexemple l’affaire Baby-Loup,quidéfraielachroniqueentre2008et2014,suiteaulicenciementd’unesalariéedecrèchepourportduvoile.

Depuisplusdedeuxsiècles,laquestiondelaséparationentrelereligieuxetlepolitiquen’acessédediviserlaFrance.Aujourd’hui,lesdébats sur la laïcité se polarisent autour de l’islam, traduisantàlafoislavisibilitégrandissantedecettereligionenFranceetl’inquiétudequ’ellesuscite.

Commeen1905,ledébatfaitrageentrelespartisansd’unelaïcitélibéraleetlespartisansd’unelaïcitérestrictive,quisouhaitentlimiterlalibertédemanifestersareligion.Ilsembleplusquejamaisnécessairederetrouverl’esprit d’apaisement et de compromis qui a présidé à la loi de 1905.

Pour aller plus loinJeanBauberot, Histoire de la laïcité en France,PUF,coll.«Quesais-je?»,2013.

w

2.Malgréundécretdu27septembre1907quiprévoyaitl’applicationdelaloide1905auxtroisdépartementsfrançaisd’Algérie.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 31

CIVILITÉDemêmeracineque«civisme»,lacivilitédésigne

« l’observation des convenances en usage chez les gens qui vivent en société ; politesse, courtoisie »(Larousse).Synonymede«savoir-vivre»,lacivilitéestunefaçondemanifestersonrespectdel’autre.Appartenantauregistredelanguesoutenue,cetermeestbeaucoupmoinsusitéquesoncontraire,«incivilité»,quidésignelescomportementstémoignantd’unmanquedeconsidérationenverssessemblables(attitudeagressive,nuisancessonores,dégradationdel’espacepublic…).

CIVISMEDérivédulatincivis(«citoyen»),lecivismeestune

« attitude d’attachement à la communauté nationale et à ses institutions et de participation régulière à ses activités, notamment par l’exercice du droit de vote »(Larousse).Lecivismesupposelareconnaissanceparlecitoyendesesdroitsetdesesdevoirsenverslacollectivité.Ilpeutmêmeallerjusqu’àla« priorité donnée par le citoyen aux intérêts de la nation sur ses intérêts particuliers » (ibid.).Cetermetendàêtresupplantéparceluidecitoyenneté,deplusenplusentenducommel’exercicedesesdroitsetdevoirsdecitoyenetnonpluscommelasimpleconditiondecitoyen.

Fichedesynthèsen° 4 Glossaire

DISCRIMINATIONEndroitfrançais,unediscriminationestune

situationdanslaquelle,surlefondementd’uncritèreinterdit,« une personne est traitée de manière moins favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aura été dans une situation comparable »(loidu27mai2008,art.1er).End’autrestermes,c’estuneruptured’égalitédetraitementfondéesurl’undesvingtcritèresaujourd’huireconnusparlaloi1(parmilesquelslareligion).

Ladiscriminationestundélitpassibledesanctionsallantjusqu’à75000eurosd’amendeet5ansdeprisonsielleestcommisedansunlieuaccueillantdupublicouauxfinsd’eninterdirel’accès(Codepénal,225-1-1).Ladéfinitionjuridiquedeladiscrimination,complexe,estmalconnuedugrandpublic.Parunglissementsémantique,cetermetendàdésignertouteformed’injustice.

ÉGALITÉL’égalitéestlaqualitédecequiestégal,c’est-à-dire

demêmevaleur,demêmeimportance.Surleplanpolitique,ondistingueplusieursformesd’égalité:l’égalitéformelle(égalitédesdroits),l’égalitéréelle(égalitéeffective),l’égalitédetraitement(non-discrimination)ouencorel’égalitédeschances(équité).L’égaliténesignifiepasquetouslesindividusdoiventseressemblermaisqu’ilspuissentjouirdesmêmesdroitsetdelamêmepossibilitédes’épanouir.Pourlesauteursdelaloide1905,laséparationdesÉglisesetdel’Étatestunefaçondeparveniràl’égalité.Enmettantfinaurégimedescultesreconnusetsubventionnés,l’Étatsoumettouteslesreligionsauxmêmesrègles.

FRATERNITÉ«Fraternité»apourracinefrater,quidésignait

enlatintoutmembredel’espècehumaine.Encesens,lafraternitéestle« lien de solidarité qui devrait unir tous les membres de la famille humaine »(Larousse).Commel’indiquel’emploiduconditionnel,ils’agitd’unidéalquel’onretrouvedansdifférentscourantsreligieux(christianisme,œcuménisme…),

w

TABLE DES MATIÈRESCivilité.......................................................................................................31Civisme.....................................................................................................31 Discrimination....................................................................................31Égalité........................................................................................................31Fraternité................................................................................................31Laïcité........................................................................................................32Laïcisme...................................................................................................32Liberté.......................................................................................................32Liberté de conscience......................................................................32Liberté de religion.............................................................................32Neutralité................................................................................................33Ordre public...........................................................................................33Prosélytisme..........................................................................................33Respect......................................................................................................34Sécularisation......................................................................................34Tolérance.................................................................................................34

Séqu

ence

3

1. Âge,origine,patronyme,sexe,identitéouorientationsexuelle,apparencephysique,caractéristiquesgénétiques,situationdefamille,grossesse,handicap,étatdesanté,lieuderésidence,mœurs,opinionspolitiques,activitésyndicale,appartenanceounon-appartenance,vraieousupposée,àunereligion,uneethnie,raceouunenation.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION32

Fichedesynthèsen°4

Glossaire

philosophiques(universalisme)oupolitiques(internationalisme).Lafraternitésupposelerespect,voirel’amourdesessemblables.ForgépendantlaRévolutionfrançaise,letriptyque«liberté,égalité,fraternité»apparaîtpourlapremièrefoisdanslaConstitutionde1848.Tombéendésuétude,letermedefraternitéadisparududiscourspolitique,remplacéparlesexpressions«cohésionsociale»et«vivre-ensemble».Cependant,lesattentatsdejanvier2015semblentl’avoirremisàl’ordredujour.Ainsi,lephilosopheAbdennourBidara-t-ilpubliéunPlaidoyer pour la fraternité2.

LAÏCITÉLalaïcitéestunsystèmepolitico-juridique

quiinstaureuneséparationentrelepouvoirpolitiqueetlepouvoirreligieux.Ellegarantitàlafoislaneutralitédel’Étatetsanon-ingérencedanslesaffairesreligieuses.Pourautant,ellen’interditpaslesrelationsentrelespouvoirspublicsetlesautoritésreligieuses.Laloide1905proclameque« la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte »(art.2)maiscelanesignifiepasqu’ellelesignore.Aucontraire,elle« assure la liberté de conscience »et« garantit le libre exercice des cultes »(art.1er)enfinançantdesaumôneriesdanslesétablissementsfermés(casernes,hôpitaux,internats,prisons).

LAÏCISMELelaïcismeestla« doctrine des partisans

de la laïcisation des institutions, en particulier de l’enseignement »(Larousse).Lelaïcismecritiquel’influencedelareligionentantquetelle.Encela,ilsedistinguedel’anticléricalisme,quicritiquel’influenceduclergé.Aujourd’hui,lalaïcitéseretrouvedanslavolontéexpriméeparcertainsdebannirtoutemanifestationreligieusedel’espacepublic.

LIBERTÉSelonl’article4delaDéclarationdesdroitsde

l’hommeetducitoyen:« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société

la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. »Ainsi,enFrance,lalibertéd’expressionnepermetpasdetoutdire,certainsproposétantinterdits3.Sil’Étatfixeleslimitesdanslesquellespeuts’exercerlaliberté,ilnesauraitsemontrertroprestrictif,saufàdevenirantidémocratique.Lalibertéestétroitementliéeàl’égalité,« puisqu’il n’y a pas de liberté pour l’homme sans égalité de droits »(JeanJaurès).Ellen’estpasnonplussansrapportaveclalaïcité.Eneffet,laloide1905viseavanttoutàgarantirlalibertédeconscienceetdeculte.Elles’inscritdanslesillaged’autresloissurleslibertéspubliquesadoptéesàlamêmeépoque4.

LIBERTÉ DE CONSCIENCELalibertédeconsciencepeutêtredéfinie

négativementparl’article10delaDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen:« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. » Ensomme,ils’agitdelalibertédecroireoudenepascroire.Cettelibertéestaucœurdelaloide1905,puisquecelle-ciproclame,danssonarticlepremier,que« la République assure la liberté de conscience ».

LIBERTÉ DE RELIGIONLalibertédereligionestdéfiniedansl’article9

delaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme5:« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.

w

2.AbdennourBidar,Plaidoyer pour la fraternité,éd.AlbinMichel,2015.

3. Laloifrançaiseinterditnotammentlesdiffamationsetlesinjures,ladiffusionoulareproductiondefaussesnouvelles,l’apologieoulaprovocationàcommettrecertainscrimesoudélits,tellesl’apologiedescrimesdeguerreoucontrel’humanité,desactesdeterrorismeoulaprovocationàcesactes,lesdiffamationsetinjuresenverslespersonnesenraisondeleurappartenance,réelleousupposée,àunenation,uneethnie,uneraceouunereligiondéterminée.4.Loissurlalibertédelapresseetlalibertéderéunion(1881),lalibertésyndicale(1884)etlalibertéd’association(1901).5.Conventiondesauvegardedesdroitsdel’hommeetdeslibertésfondamentales,adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 33

« La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui. »

Commetouteliberté,lalibertédereligions’exercedoncdanscertaineslimites.Ainsi,unpréfetpeutinterdireunemanifestationreligieusesielleprésenteunrisquedetroubleàl’ordrepublic,demêmequ’unemployeurpeutinterdireàsessalariésleportdesignesreligieuxnotammentpourdesraisonsd’hygièneoudesécurité.

NEUTRALITÉL’undespèresdelaloide1905,FerdinandBuisson,

définitlalaïcitécomme« l’État neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique. »C’estcetteneutralitédel’Étatquirendpossible« l’égalité de tous les Français devant la loi, la liberté de tous les cultes. »Laneutralitéconfessionnelles’appliqueauxpolitiques,auxbâtimentsetauxagentspublics.Lessubventionsdirectesauxcultessontinterdites,lesbâtimentspublicsnepeuventarborerdesignesreligieux(ex:crucifix)etlesfonctionnairesdoivents’abstenird’exprimertouteconvictionpolitique,religieuseouphilosophiqueparleurtenueouleurcomportement.C’estune« neutralité par abstention »(PatrickKahn).Ilexisteuneautreformedeneutralité,quiconsisteàdonnerunereprésentationégaleàtouteslessensibilitésreligieusesoupolitiques.Ainsi,latélévisionetlaradiopubliquessont-ellestenuesdediffuserdesémissionsrelativesauxquatreprincipalesreligionsou,enpériodeélectorale,dedonnerlaparoleauxdiverscourantspolitiques.

ORDRE PUBLICBienqu’ils’agissed’unconceptfondamental

dudroitfrançais,l’ordrepublicn’estdéfinidansaucuntexte,peut-êtreparcequ’« il s’agit d’une notion que tout le monde comprend sans avoir besoin d’en donner une définition précise6. »L’ordrepublicestl’étatsocialoùrègnentlapaix,latranquillitéetlasécurité.DansleCodegénéraldescollectivitésterritoriales,l’ordrepublicestassociéauxnotions

de« bon ordre, sûreté, sécurité et salubrité publiques ».Onparlede«troubleàl’ordrepublic»quandcetétatestmenacéparunacteindividueloucollectif.Cettenotionpeutaussibienêtreinvoquéepoursanctionnerl’ivressesurlavoiepubliquequepourplacerendétentionprovisoireunindividusoupçonnéd’actesterroristes.Ellepermetégalementd’apporterdesrestrictionsauxlibertésfondamentales,commelalibertéd’expressionoulalibertédereligion.D’ailleurs,leseultexteconstitutionnelquifassedirectementréférenceestl’article11delaDéclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen:« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».Ainsi,unemanifestationreligieusepeutêtreinterditesielleconstitueunemenacedetroubleàl’ordrepublic.Plusrécemment,lanotiond’ordrepublicaétéinvoquéepourjustifierl’interdictiondeladissimulationduvisagedansl’espacepublic.

PROSÉLYTISMEÀl’origine,unprosélyteestunepersonne

nouvellementconvertieàunefoiouàunecause.Aujourd’hui,letermedésigneplutôtunindividuquichercheàpropagersafoiousacause.LeLaroussedéfinitleprosélytismecommeun« zèle ardent pour recruter des adeptes, pour tenter d’imposer ses idées. »Onpeutconsidérerleprosélytismecommeunemanifestationdelalibertéreligieuse.Àcetitre,ilestprotégéparlaloi,commel’arappelélaCoureuropéennedansunarrêtde1993oulacourd’appeldeMontpellierdanssonarrêtdu13juin2000:« Le prosélytisme est propre à chaque religion et ne saurait en soi être considéré comme

w

Séqu

ence

3

6.«Lesprincipauxcritèresdelimitationdesdroitsdel’hommedanslapratiquedelajusticeconstitutionnelle»,8eséminairedesCoursconstitutionnellestenuàErevandu2au5octobre2003.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION34

Fichedesynthèsen°4

Glossaire

fautif. »Cependant,leprosélytismeabusifpeutêtresanctionnédanscertainscas,notammentlorsqu’ils’exercedanslecadreprofessionnel7.

RESPECTIlexisteplusieursformesderespect.Respecter

laloi,c’ests’yconformer.Respecterunengagement,c’estfairecequel’onadit.Danscesdeuxacceptions,lerespectsemanifesteparuneaction.Maislerespectdésigneaussile« sentiment de considération envers quelqu’un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers »,ainsiqueles« manifestations de ces égards »(Larousse).Lerespectinduitdoncuneadhésionetunengagementplusfortsquelatolérance.Ilsupposedereconnaîtrel’autrecommesonégal.PourJeanJaurès:« La laïcité ne se réduit pas à la tolérance car elle est fondée, non seulement sur la liberté de conscience, mais aussi sur le respect égal et mutuel de toutes les personnes puisqu’il n’y a pas de liberté pour l’homme sans égalité de droits. »Cetteconceptiondelalaïcitécommeconditiondurespectmutuelestégalementprésentedansunecirculairede2011:« La laïcité n’est ni le reniement ni le cantonnement des religions. Elle est la condition du respect des choix personnels dans une société ouverte où histoire et patrimoine ont été souvent forgés par les grandes traditions spirituelles ou religieuses8. »

SÉCULARISATIONEndroit,lasécularisationdésignelanationalisation

d’unbienappartenantàuneégliseoud’uneinstitutiongéréeparcelle-ci(syn.laïcisation).Ensociologie,onparledesécularisationpourdécrireleprocessusdeperted’influencedelareligiondansunesociété,

7.VincenteFortier,«Leprosélytismeauregarddudroit:unelibertésouscontrôle»,revueélectroniqueCahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires.8.Ministèredel’Intérieur,circulairedu25juin2011,Rappeldesrèglesafférentesauprincipedelaïcité–demandesderégimesalimentairesparticuliersdanslesservicesderestaurationcollectiveduservicepublic.

unphénomènequalifiéparMaxWeberde« désenchantement du monde ».Ilconvientdedistinguerlasécularisationdelalaïcisation.L’uneconcernelasociété,l’autrelesinstitutions.Commel’expliquel’historienÉmilePoulat,« la sécularisation est un processus social. En un sens, elle explique la laïcisation, qui est un processus légal. […] On sépare des institutions – l’Église et l’État – par décret, on ne décrète pas la séparation de la société et de l’Église : elle s’établit dans les mœurs et les mentalités pour des raisons qui ne sont pas d’abord juridiques. »

TOLÉRANCESurleplanindividuel,latoléranceest« l’attitude

de quelqu’un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes des siennes propres »(Larousse).Surleplanreligieux,cetermedésignele« respect de la liberté de conscience et [l’]ouverture d’esprit à l’égard de ceux qui professent une religion ou des doctrines religieuses différentes »[ibid.].Tolérern’estpasacceptermaissupporterquelquechosequel’ondésapprouve(toleraresignified’ailleurs«supporter»enlatin).Ainsi,latolérancepeutallerdepairaveclacondescendance,voirelemépris.LephilosopheanglaisJohnLockeappelletolérancelefaitde« cesser de combattre ce qu’on ne peut changer. »L’exercicedelalibertésupposenécessairementuncertainniveaudetolérancedesindividusentreeux.Pourautant,faut-iltolérerlesintolérants?LephilosopheétatsunienJohnRawlsrépondparl’affirmative,enajoutanttoutefoisquelasociétén’aaucuneobligationdetolérerlesindividusquicherchentàladétruire.

w

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 35

Séquence4Approche juridique de la laïcité4

110 min

Séqu

ence

4

P. 36 Fiche formateur n° 5 P.37 Fiche stagiaire ressource n° 2 : parcours

multi-épisodiqueP. 39 Fiche stagiaire corrigée n° 2 : parcours

multi-épisodiqueP. 43 Fiche de synthèse n° 5 : la laïcité dans les services publicsP. 48 Fiche de synthèse n° 6 : la religion et l’entrepriseP. 50 Fiche de synthèse n° 7 : les articles de loi à connaîtreP. 53 Fiche de synthèse n° 8 : droit de la Laïcité, ce qu’il faut retenir

Matin

Jour1Après-midi

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION36

MISE EN CONTEXTELaséquenceviseàexposerlecadreréglementaire

relatifàlalaïcitéafinquelesparticipantspuissentmobiliserlesélémentsjuridiquesenfonctiondeleurcontexted’exerciceprofessionneletsavoircequirelèvedesdroitsetdevoirsdesagentsdesservicespublics.Lebutestquelesparticipantss’acculturentausujet,qu’ilsrepèrentlesarticlesdeloiqu’ilspensentpouvoirréexploiteretqu’ilsconfrontentlespointsquilesinterpellent,cequ’ilssaventdéjàounon.Cetteséquenceseprésenteprincipalementsouslaformed’unparcoursd’apprentissagemulti-épisodiquevisantàprésenterlestextesjuridiquesetlaphilosophiedeslois.Ilpermetderenforcerlaréflexionetlacompréhensiondusujetenrecourantàdifférentesmodalitésdeprésentation(vidéos,textes,images).

SITUATIONL’activité de cette séquence s’organise en deux

sous-séquences :–lapremièresous-séquenceestuneprésentationen

plénièredestextesdeloideréférenceenmatièredelaïcité;

–ladeuxièmesous-séquenceestorganiséesouslaformed’unparcoursd’apprentissagemulti-épisodiquearticuléautourdedeuxateliers.

• Temps 1 : vousdiffusez2ou3vidéosenplénièreetdemandezauxparticipantsdenoterdefaçonindividuellecequiressortd’undroit/devoirounon.

•Temps 2 :vousrépartissezlesparticipantsendeuxoutroissous-groupesetremettezàchacunlesfichessynthétisantlestextesdeloideréférenceainsiquelesphotosillustrantdessituationsrelativesauxquestionsdelalaïcité.Lesphotossontchoisiesenfonctionduprofildesparticipantsafinquelesapportsdecetteséquencenesoientpasredondantsaveclesapportsdesséquencesdespécialisationdulendemain(pasplusdedeuxphotospargroupe).Vouslesamenezàréfléchiraux

questionsquesoulèventlesphotosetàidentifierlestextesjuridiquessurlesquelsilspeuvents’appuyerpourdéterminersilasituationrespecteounonleprincipedelaïcité.Ilestimportantquevouspassiezd’unsous-groupeàl’autrepourvousassurerquelesconsignessontbiencomprisesetpourrépondreàd’éventuellesquestions.

•Temps 3 :ils’agitd’undébatenplénièreautourdesrestitutionsdechaquegroupe.Ilportesurlesdroits/devoirsenmatièredelaïcitéetsurlesarbitragesetpointsdevuedechaquegroupequantàl’analysedesphotosprésentées.Cetteapprochepermetainsid’identifiercequipourraitêtrediscriminatoireencasd’interdictionetcequ’ilestlégitimedenepasautoriser.Enconclusiondecetteséquence,voussynthétisezlesélémentsincontournablesdelaloi,cequ’ilfautsavoiretretenirparrapportauxdroitsetobligationsenmatièredelaïcité.

FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°2etfichestagiaire

corrigén°2:parcoursd’apprentissagemulti-épisodique

•Fichesdesynthèse:-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité,cequ’ilfautretenir

50min: exposédestextesjuridiquesetéchangeenplénière60min:parcoursd’apprentissagemulti-épisodique

Ficheformateurn° 5Textesjuridiques

37

Fichestagiaireressourcen° 2Parcoursmulti-épisodique

60mind’exercice

stag

iair

e

Temps 1 Vidéo1Vidéo2Vidéo3

Temps 2 Textes/articlesdeloietphotos:20min

Voirfichedesynthèsen°7

Temps 3 Restitution:30min

©O

liver

ber

g/d

pap

ictu

re-a

llian

ce/A

FPIs

tock

©K

enzo

Trib

ouill

ard

/AFP

Is

tock

Desétudiantesportentlevoilesurlesbancsdel’université. Catholiquespriantdanslaruelorsd’unemanifestationcontrelemariagepourtous.

Unecantinesertunmenuuniqueavecdelaviande. Desfemmesportentleniqabàlaterrassed’uncafé.

Séqu

ence

4

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ

38 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION

Fichestagiaireressourcen° 2Parcoursmulti-épisodique

w

stag

iair

e

Isto

ck©

Jack

gue

z/A

FP

Uneprocessionorthodoxedanslesruesdelaville.

Dignitairespolitiquesassistantàunecérémoniereligieuse.

Piscinemunicipaleprévoyantuncréneauhoraireréservéauxfemmes.

PISCINE ENTRE ELLES

Isto

ck

Unealternativepourlesfemmesquineveulent

pasallerdanslespiscinespubliquespourdesraisons

éthiques,religieuses,physiques,médicales

ouautres…

39KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ

Fichestagiairecorrigéen° 2Parcoursmulti-épisodique

« Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. » Codedel’éducation,L.141-5-1.

L’articleL.811-1ducodedel’éducationprécisequelesusagersduservicepublicdel’enseignementsupérieur« disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels »etqu’ilspeuventexercer« cette liberté à titre individuel et collectif, dans des conditions qui ne portent pas atteinte aux activités d’enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l’ordre public ».Ilssontdonclibresdeporterdessignesreligieuxdistinctifs,discretsounon;laloisurleportdesignesreligieuxàl’écolen’apasétéétendueàl’enseignementsupérieur.

Enrevanchetoutedissimulationestprohibée.« Nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage. […] L’espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public. » Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,art.1et2.

Desparentsd’enfantsscolarisésrefusentqueleursenfantsmangentdelaviande.Ilscontestentlefaitquel’établissementnerespectepasleursconvictionsreligieusesenproposantunmenudesubstitution.

Larestaurationscolaireestunservicepublicfacultatifquirelèvedelacompétencedesmairies(pourlesécoles),desdépartements(pourlescollèges)etdesrégions(pourleslycées).« Les collectivités locales disposent d’une grande liberté dans l’établissement des menus et le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitue ni un droit pour les usagers ni un devoir pour les collectivités. »Àcetitre,l’absencedemenudesubstitutionneconstituepasunediscrimination.Danslesfaits,denombreusescantinesscolairesproposentdupoissonlevendredi.Parailleurs,ellesproposentgénéralementdesrepassansviandeousansporc.Demanièregénérale,uneoffredechoixpermetauxélèvesdemangerensemble1.

Voircirculaireduministèredel’Intérieurdu26août2011relativeaurappeldesrèglesafférentesauprincipedelaïcitéetauxdemandesderégimesalimentairesparticuliersdanslesservicesderestaurationcollectiveduservicepublic.

60mind’exercice

stag

iair

eIs

tock

©O

liver

ber

g/d

pap

ictu

re-a

llian

ce/A

FP

Des étudiantes portent le voile sur les bancs de l’université

La cantine sert de la viande aux enfants malgré le refus des parents Sé

quen

ce

4

1. OnpeutseréférerauguideLaïcité et collectivités localesdel’Observatoiredelalaïcité.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION40

LaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme,ratifiéeparlaFranceen1974,proclame« la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites »,dansleslimitesprévuesparlaloi,liéesàl’ordrepublicetàlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui.Uneprièrederueconstitueunrassemblementsurlavoiepublique,quirelèvedelalibertédemanifester.D’ailleurs,cetteprières’inscritdansunemanifestationetrecouvreunesignificationpluspolitiquedereligieuse.Silesmanifestantsprientdanslarue,cen’estpasparcequ’ilsmanquentd’unlieudecultepourseréunirmaispouraffirmerlesvaleurschrétiennesaunomdesquellesilss’opposentaumariagedescouplesdemêmesexe.

Leseulmotifvalablepourinterdireunemanifestationreligieusesurl’espacepublicestlamenacedetroubleàl’ordrepublic(cf.glossaireetfichesurl’usagedesespacespublics).Ici,laprièresedérouledanslecadred’unemanifestationquiaprobablementfaitl’objetd’unedéclarationpréalableenpréfecture(commel’imposelaloi)etpourlaquellelacirculationaétébloquéeetdesforcesdel’ordremobilisées.Iln’yadoncpas,apriori,demenacedetroubleàl’ordrepublic.

Iln’envapasdemêmedesprièresderuerécurrentesdevantcertainesmosquéesquinepeuventaccueillirtouslesfidèles,fautedeplace.Celles-cipourraientfairel’objetd’uneinterdictiondel’autoritéadministrativeaumotifqu’ellesgênentlacirculationetlatranquillitépublique.Deplus,trottoirsetvoiespubliquesfontpartiedudomainepublic,enapplicationdesarticlesL.2111-1etL.2111-14duCodegénéraldelapropriétédespersonnespubliques.Ilfautobteniruntitred’occupationdélivréparl’autoritéadministrativecompétentepourl’utiliserdansdeslimitesdépassantledroitd’usagequiappartientàtous(articleL.2122-1dumêmecode). « Les biens du domaine public sont utilisés conformément à leur affectation à l’utilité publique »selonl’articleL.2121-1ducodeprécité.Or,l’affectationd’unevoiepubliqueestlacirculationdupublicetnonl’exerciced’unculte.

Des femmes portent le niqab à la terrasse d’un café

Depuislaloidu11octobre2010,quinesefondepassurleprincipedelaïcitémaissurl’ordrepublicetl’interactionsociale,ilestinterditdedissimulersonvisagedansl’espacepublic.Unrestaurantfaitpartiedel’espacepublic,unrestaurateurnepeutdoncaccueillirunclientquicontrevientàlaloi.Enrevanche,lerefusdeservirunefemmevoilée,dontlevoilenedissimulepaslevisage,relèved’unepratiquediscriminatoiresanctionnéeparlaloi.

Fichestagiairecorrigéen° 2Parcoursmulti-épisodique

w

stag

iair

e

©K

enzo

Trib

ouill

ard

/AFP

Isto

ck

Catholiques priant dans la rue lors d’une manifestation contre le mariage pour tous

41KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ

Prévuesdanslaloide1905(article27),lesprocessionsreligieusessontrégléesenconformitéavecl’articleL.2212-2duCGCTrelatifàlapolicemunicipale.Lesmanifestationsreligieusessurlavoiepubliquenefontpasl’objetd’uneappréhensiondistinctedesautresmanifestationsparledroit:ellessont,dèslors,soumisesaurégimejuridiqueclassiqueencadrantlesmanifestationsetnedoiventpastroublerl’ordrepublicsouspeined’êtreinterdites.Ils’agitd’unrégimedéclaratifetnond’autorisation.L’article1erdudécret-loidu23octobre1935disposequ’enprincipe« sont soumis à l’obligation d’une déclaration préalable tous cortèges, défilés et rassemblements de personnes et, d’une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique »;uneexceptionestfaitepourlesmanifestationsreligieusesquiserattachentàunusagelocal.

Garantesdelalibertédeculte,lesautoritéspubliquesdoiventprendrelesmesuresnécessairesafind’engarantirlelibreexerciceparchacun.Lemairepeuts’opposeràlatenued’unemanifestations’ilestimequecelle-ciconstitueunemenacepourl’ordrepublicetqu’ilneserapasenmesured’enassurerlasécurité.Ilaégalementlapossibilitédelimiterl’espacepublicdanslequelpourrasedéroulerlamanifestation,pourlesmêmesmotifs.

Laprésenceofficielled’agentspublicsàdescérémoniesreligieusesnecontrevientenaucuncasauprincipedelaïcitédèslorsqu’aucuncultenefaitl’objetdepréférences.Ilconvientdeveilleràcequeleniveaudereprésentationchoisipourunecérémonieoulafréquencedesprésencesnedonnepasl’apparencedeprivilégierunculteparticulier.

Ondistinguelefaitd’assisteràunecérémoniereligieusedanslestrictrespectdel’article1erdelaloide1905etceluid’yparticiper,enaccomplissantpubliquementetenqualitédefonctionnairereprésentantl’Étatouunecollectivitélocale,desactesduritereligieux.Cetteparticipationactiveseraitcontraireàl’article2decettemêmeloi.Cetterecommandationnes’opposetoutefoispasàl’observationdesmarquesderespectcommunémentadmises(portd’unekippalorsd’unecérémonieisraélite,retraitdeseschaussurespourentrerdansunemosquée…).

stag

iair

eUne procession orthodoxe dans les rues de la ville

Dignitaires politiques assistant à une cérémonie religieuse

©Ja

ckg

uez/

AFP

Isto

ck

Séqu

ence

4

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION42

Enraisonduprincipedenon-discrimination,unemunicipaliténepeutoctroyeruncréneauhoraireenheuresouvrablesàungroupedepersonnesmettantenavantleursouhaitdeseséparerdesautresdufaitdeleurpratiqueoudeleurconvictionreligieuses.

Enrevanche,unedemandedecoursdesportréservésauxfemmesdansl’intentiondepromouvoirl’accèsdefemmesàlapratiquesportiveetauxloisirs,etsansqu’ilyn’yaitderéférencereligieuseoudediscriminationdansl’accèsdesfemmesàl’activité,estlégitime,maisilnepourrapasêtredemandéexpressémentqueleprofesseursoitunefemme.

Rappelonseneffetquelaloiautoriseles«discriminationsfondées,enmatièred’accèsauxbiensetservices,surlesexelorsquecettediscriminationestjustifiéepar(...)lapromotiondel’égalitédessexesoudesintérêtsdeshommesoudesfemmes,lalibertéd’associationoul’organisationd’activitéssportives»(Codepénal,art.225-3).

Pendantlestrancheshorairesoùelleestouverteaupublic,unepiscinedoitaccueillirtoutlemonde,sansdiscrimination(Codepénal,art.225-2).Enrevanche,surcertainscréneauxhoraires,unepiscinepeutêtreréservéeàdesactivitésspécifiques(bébés-nageurs,coursdenatation,deplongée,d’aquagym...)oùlamixitédegenren’estpasforcémentlarègle.

Fichestagiairecorrigéen° 2Parcoursmulti-épisodique

FICHES ASSOCIÉES :•Fichesdesynthèse-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir.

w

stag

iair

e

Piscine municipale prévoyant un créneau horaire réservé aux femmes

PISCINE ENTRE ELLESIs

tock

Unealternativepourlesfemmesquineveulent

pasallerdanslespiscinespubliquespourdesraisons

éthiques,religieuses,physiques,médicales

ouautres…

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 43

TABLE DES MATIÈRESLa Charte de la laïcité dans les services publics........................................................43Préambule......................................................................................43Des agents du service public...............................................43Des usagers du service public............................................ 44Dérogations à la loi de 1905..................................................45Missions de service public vs missions d’intérêt général.........................................................................45Relation aux associations ayant des activités cultuelles........................................................................................46Pour aller plus loin....................................................................47

LA CHARTE DE LA LAÏCITÉ DANS LES SERVICES PUBLICS

Cettecharte,rédigéeparleHautConseilàl’intégrationetadosséeàlacirculaireduPremierministredu13avril2007avocationàfaireconnaîtreauxagentsetauxusagersdesservicespublicsleursdroitsetobligationsauregarddelalaïcité.Ellecondenselesgrandsprincipesfixésparlaloietlajurisprudence.

Préambule

Des agents du service public

Fichedesynthèsen° 5 Lalaïcitédanslesservicespublics

TEXTE DE LA CHARTE

EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES

Toutagentpublicaundevoirdestricteneutralité.Ildoittraiterégalementtouteslespersonnesetrespecterleurlibertédeconscience.

Ledevoirdeneutralité,issudelajurisprudence1,s’appliqueauxagentsdestroisfonctions publiques,quelquesoitleurstatut(titulaire,non-titulaire,vacataire,stagiaire),ainsiqu’auxsalariésd’organismesdedroitprivéchargésd’unemissiondeservicepublic(cf.infra).

Lefaitpourunagentpublicdemanifester ses convictions religieusesdansl’exercicedesesfonctionsconstitueunmanquementàsesobligations.

Laneutralitéimposeàl’agentdenepasmanifestersesconvictionsreligieusesouphilosophiquesparsatenueousoncomportementdansl’exercicedesesfonctions.

Ilappartientauxresponsables des servicespublicsdefairerespecterl’applicationduprincipedelaïcitédansl’enceintedecesservices.

Leschefs de servicesontlesgarantsdelalaïcité.Ilsdoiventintervenirencasdemanquementàceprincipeparundeleursagentsouunusager.

Laliberté de conscienceestgarantieauxagentspublics.Ilsbénéficientd’autorisationsd’absencepourparticiperàunefête religieuse dèslorsqu’ellessontcompatiblesaveclesnécessitésdufonctionnementnormalduservice.

Lesfonctionnairessontprotégésdeladiscrimination(notammentreligieuse)parlaloidu13juillet1983,diteloiLePors(art.6).Lacirculaire du 10 février 2012fournitunelistenonexhaustivedesfêtesreligieusespouvantdonnerlieuàuneabsence,surdécisionduchefdeservice.

TEXTE DE LA CHARTE RÉFÉRENCES

LaFranceestuneRépubliqueindivisible,laïque,démocratiqueetsociale.Elleassurel’égalité devant la loidetouslescitoyenssansdistinctiond’origine,deraceoudereligion.Ellegarantitdesdroitségauxauxhommesetauxfemmesetrespectetouteslescroyances.Nulnedoitêtreinquiétépoursesopinions,notammentreligieuses,pourvuqueleurmanifestationnetroublepasl’ordrepublicétabliparlaloi.Lalibertédereligionoudeconvictionnerencontrequedeslimitesnécessairesaurespectdupluralismereligieux,àlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui,auximpératifsdel’ordre publicetaumaintiendelapaixcivile.LaRépubliqueassurelalibertédeconscienceetgarantitlelibreexercicedescultesdanslesconditionsfixéesparlaloidu9décembre1905.

Lepréambulereprendlesdispositionsrelativesàlalibertéreligieuseissuesde:-laConstitution

(art.1er);-laDéclarationdes

droitsdel’hommeetducitoyen(art.10);

-laConventioneuropéennedesdroitsdel’homme(art.9);

-laloidu9décembre1905relativeàlaséparationdesÉglisesetdel’État(art.1er).

1. Citonsparexemplel’arrêtdu27novembre2003delacourd’appeladministrativedeLyon:«Lefaitpourunagentpublic,quellesquesoientsesfonctions,demanifesterdansl’exercicedecesdernièressescroyancesreligieuses,notammentenportantunsignedestinéàmarquersonappartenanceàunereligion,constitueunmanquementàsesobligationsprofessionnellesetdoncunefaute.» w

Séqu

ence

4

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION44

Fichedesynthèsen°5

Lalaïcitédanslesservicespublics

Des usagers du service public

TEXTE DE LA CHARTE

EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES

Touslesusagerssontégauxdevantleservicepublic.

L’égalitéest,aveclacontinuitéetlamutabilité,l’undestroisprincipesfondateursduservicepublic(loisdeRolland,1938).

Lesusagersdesservicespublicsontledroitd’exprimer leurs convictionsreligieusesdansleslimitesdurespectdelaneutralitéduservicepublic,desonbonfonctionnementetdesimpératifsd’ordrepublic,desécurité,desantéetd’hygiène

Lesusagersontledroitdeporterdessignes religieux,àconditiondelaisserleurvisageapparent(loidu11octobre2010interdisantladissimulation du visagedansl’espacepublic).Lesseulsusagersd’unservicepublicsoumisàl’interdictiondeporterdessignes religieux ostensiblessontlesélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics(codedel’éducation,L.141-15-1).

Lesusagersdesservicespublicsdoivents’abstenirdetouteformedeprosélytisme.

Unusagernepeutselivreràduprosélytismereligieuxoupolitiquedansunbâtimentpublicouuneactivitéorganiséedanslecadred’unservicepublic.

Lesusagersdesservicespublicsnepeuventrécuserunagentpublicoud’autresusagers,niexigeruneadaptationdufonctionnementduservicepublicoud’unéquipementpublic.Cependant,leservices’efforcedeprendre en considérationlesconvictionsdesesusagersdanslerespectdesrèglesauquelilestsoumisetdesonbonfonctionnement.

Unusagernepeutexigerd’êtrereçuouprisenchargeparunagentmasculinouféminin.

TEXTE DE LA CHARTE

EXPLICATIONS / RÉFÉRENCES

Lorsquelavérification de l’identitéestnécessaire,lesusagersdoiventseconformerauxobligationsquiendécoulent.

Unagentpublicpeutdemanderàunusagerderetirerunsignereligieux(voile,turban…)letempsdevérifiersonidentité.Demême,unindividunepeutêtredispensédefigurertête nuesurlaphotographiedestinéeàl’établissementdesapièced’identité2.

Lesusagersaccueillisàtempscompletdansunservicepublic,notammentauseind’établissementsmédico-sociaux,hospitaliersoupénitentiaires,ontdroitaurespectdeleurscroyancesetdeparticiperàl’exercicedeleurculte,sousréservedescontraintesdécoulantdesnécessitésdubonfonctionnementduservice.

Dansles lieux de privation de liberté(casernes,hôpitaux,prisons,centreséducatifsfermés…),l’Étatdoitpermettreauxusagersd’exercerleurculte,enprenantenchargelesdépensesnécessaires(aumônerie,nourritureritualisée…)3.

2. Conseild’État,15décembre2006,AssociationUnitedSikhsetMannSingh,n°289946,et27juillet2001,Fondsdedéfensedesmusulmansenjustice,n°216903.3.Contrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,avisdu24mars2011relatifàl’exerciceducultedansleslieuxdeprivationdeliberté,Journal officiel.

w

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 45

DÉROGATIONS À LA LOI DE 1905LaloideséparationdesÉglisesetdel’Étatde1905ne

s’appliquepassurl’ensembleduterritoirefrançais.Six régimes juridiques existent, les principaux étant :

•enAlsace-Moselle,quiétaitannexéeparl’Allemagneen1905,ledroitlocaldescultesestlargementissuduConcordat de 1802.Lesquatrecultesreconnus4(catholique,luthérien,réforméetisraélite)sontdotésd’établissementspublicsduculteplacéssouslatutelledel’État.Leministèredel’Intérieurrémunèrelespersonnelsduculteetintervientdansleurdésignationetladéfinitiondescirconscriptionsterritorialesdechaqueculte.Enoutre,unenseignementreligieuxestdispensédanslesécolespubliques.Lecultemusulmann’estpasreconnumaisdisposed’avantagesjuridiquesetfiscauxcomparables,grâceàd’autresdispositionsdudroitlocal;

•enGuyane,letexteenvigueurrestel’ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828.Seulestreconnulecultecatholique.LesministresducultecatholiquesontdessalariésduconseilgénéraldeGuyane.L’évêqueaunstatutd’agentdecatégorieA,les29prêtressontdesagentsdecatégorieB;

•enGuyaneetdansd’autresterritoiresd’outre-mer(Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna)sontappliquéslesdécrets-loisde1939,ditsdécrets Mandel,quipermettentd’attribuerdesaidespubliquesetdesavantagesfiscauxàtouteslescommunautésreligieuses.Celles-cisontconstituéesenconseilsd’administrationdesmissionsreligieuses,placéessouslatutelledel’État,etbénéficientd’avantagesfiscaux.

LeConseilconstitutionnelaconfirmérécemmentlaconstitutionnalité de ces dérogations, enconsidérantquelaproclamationducaractèrelaïquedelaRépubliquedanslaConstitutionnesignifiaitpaspourautantlaremiseencausedesdispositionsapplicablesdanscertainespartiesduterritoiredelaRépubliquelorsdel’entréeenvigueurdelaConstitution5.

MISSIONS DE SERVICE PUBLIC VS MISSIONS D’INTÉRÊT GÉNÉRAL

Dès1972,leConseild’Étatarappeléqueleprincipedelaïcitéimposait« la neutralité de l’ensemble des services publics6 »etnondelaseulefonctionpublique.LaCourdecassationaainsivalidéen2013lelicenciementd’unesalariéevoiléedelaCaisseprimaired’assurancemaladie,enconsidérantque« les principes de neutralité et de laïcité du service public sont applicables à l’ensemble des services publics, y compris lorsque ceux-ci sont assurés par desorganismes de droit privé.7 »

Qu’est-cequ’unservicepublicetenquoisedistingue-t-ild’unemissiond’intérêtgénéral?C’estlàunequestiondélicateàlaquelleonnepeutrépondrequ’aucasparcas,enétudiantunfaisceau d’indices.D’aprèslajurisprudence,unservicepublicestuneactivité d’intérêt général gérée par une personne publique ou sous son contrôle étroit8.Pourqualifierdeservicepublicuneactivitéexercéeparunorganismededroitprivé,ilfautquecetteactivitéluiaitétéexpressémentconfiéeparunepersonnepublique(État,collectivitéterritoriale…)etquel’administration ait joué un rôle déterminant dans la création, l’organisation et le fonctionnement de l’organismeenquestion.End’autrestermes,ilnesuffitpasquelapuissancepubliqueautoriseousubventionnel’activitéenquestion,encorefaut-ilqu’ellel’exerceindirectementendéfinissantlesobjectifspoursuivis,enprécisantlecontenudesprestationsoffertesetencontrôlantsonactivité.

w

Séqu

ence

4

6. Conseild’État,avisdu21septembre1972.7.Courdecassation,Chambresociale,19mars2013.8. Conseild’État,30mai1930,ChambresyndicaleducommercedeNevers.

4. L’islam,quicompteenvirons100000fidèlesenAlsace-Moselle,nefaitpaspartiedescultesreconnus.Toutefois,lesservicesdéconcentrésdel’Étatétudientactuellement(2015)lapossibilitéd’introduireunenseignementreligieuxmusulmanenprimaireouaucollège.5.Conseilconstitutionnel,décisionn°2012-297,QPCdu21février2013.Cettedécisionfaisaitsuiteàlaquestionprioritairedeconstitutionnalité(QPC)déposéeparl’Associationpourlapromotionetl’expansiondelalaïcitéausujetdesdispositionsrelativesautraitementdespasteursdeséglisesconsistorialesenAlsace-Moselle.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION46

Ainsi,lescrèches et haltes garderies crééespardesorganismesdedroitprivénesontpastoutesdesservicespublics,mêmesiellessontsoumisesàuneautorisationduconseildépartementaletàlaréglementationpropreauxstructuresd’accueildejeunesenfants.Ilenvademêmedesassistantes maternelles et familiales.Cellesquinesontpasemployéespardescollectivitésterritorialesouleursétablissementsnesontpassoumisesaudevoirdeneutralité.Dansledomainedel’actionsocialeoumédico-sociale,ilexistedenombreuxétablissementsprivésaccomplissantdes«missionsd’intérêtgénéraletd’utilitésociale9»(missionslocales,centressociaux,clubsdeprévention…).Danslagrandemajoritédescas,ces structures ne relèvent pas de services publics, même si elles reçoivent des financements publics10.Dèslors,ellesnepeuventrestreindrelalibertédereligiondeleurssalariés,saufsicesrestrictionssont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir […] proportionnées au but recherché11. »

C’estlaquestionqu’asoulevée«l’affaire Baby Loup »(2008-2014)dansledébatpublic12 .Ils’agissaitd’unecrècheassociativequiavaitlicenciésadirectriceadjointeaumotifqu’elleportaitlevoile,ensefondantsurlerèglementintérieurquiimposaitàtouslessalariéslaneutralitéreligieuse.Celicenciementad’abordétéjugédiscriminatoirepuis,aprèsdemultiplesrebondissements,validéparlaCourdecassation,quiaestiméquecetterestrictiondelalibertédemanifestersareligionétaitsuffisammentprécise,justifiéeetproportionnée13.

RELATION AUX ASSOCIATIONS AYANT DES ACTIVITÉS CULTUELLES

Afindegarantirl’exerciceeffectifdelalibertédeculte,lescommunespeuvent,souscertainesconditions,mettreàdispositiondeslocaux.Ellespeuventégalementproposerdesaidesfinancièresàdesprojetsouactivitésenlienaveclescultes,dèslorsquecesprojetsouactivitésprésententunintérêtpubliclocal.

•Unecommunepeutmettreàladispositiond’uneassociationunesallepourunusagecultuel–exclusifounon–sous réserve que cette mise à disposition ne soit pas consentie à titre gratuit ou dans des conditions préférentielles ou pour une durée indéterminée. Ils’agitd’éviterqu’ellenesoitassimiléeàunesubventionàunculte14.Cesdispositionss’appliquentauxassociationscultuellesetauxassociationsloi1901,ycompriscellesayantuneactivité cultuelle non exclusive15.Lalocationd’unesallemunicipalepourunusagecultueldoitdoncs’effectueraux conditions du marché16.Inversement,unecommunenepeutrefuserdelouerunesalleàuneassociationcultuelleidentifiéecommesectaire,enl’absenced’élémentstangiblesétablissantunrisquedetroubleàl’ordrepublic17.Untelrefusconstitueraituneatteinteàla liberté de réunion etauprinciped’égalité de traitementquelacommunedoitrespectervis-à-visdesassociations,partisetsyndicatsquisollicitentl’utilisationdeseslocaux18.

Fichedesynthèsen°5

Lalaïcitédanslesservicespublics

14. CeprincipeaétérappeléparunedécisionduConseild’État(CE,19juillet2011,CNEdeMontpellier,n°313518)etparlacirculaireduministèredel’Intérieurdu29juillet2011.15. CE9octobre1992,CNESaint-Louisc/AssociationShivaSoupramaniendeSaint-Louis.16. LetribunaladministratifdeVersaillesaainsiannuléunedélibérationdelaVilledeSainte-Geneviève-des-Boisapprouvantlamiseàdispositiond’unesallemunicipaleàl’associationAverroèspourlapratiqueducultemusulman,aumotifqueleloyerperçuétaitinsuffisant(TAVersailles,29janvier2009).17. Conseild’État,30mars2007,VilledeLyonc.CultedesTémoinsdeJéhovahLyon-Lafayette.18. Conseild’État,15octobre1969,AssociationCaen-Demain.

9. Codedel’actionsocialeetdesfamilles,L.311-1.10. Eneffet,« l’attribution d’une subvention à un organisme au titre d’une activité d’intérêt général, même lorsqu’elle fait l’objet d’une convention précisant les modalités selon lesquelles cet organisme s’engage à exercer son activité, ne peut pas, en elle-même, être regardée comme une dévolution d’un service public. »Conseild’État,étudedemandéeparleDéfenseurdesdroitsle20septembre2013,p.25.11. Codedutravail,L.1121-1.12. Mêmesilalignededéfensedelacrèchen’apasétédeseprésentercommeunservicepublicmaiscommeune«entreprisedetendancelaïque».13. Courdecassation,Assembléeplénière,25juin2014.

w

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 47

19. Conseild’État,19juillet2011,CNEdeTrélazé.20. Dansunarrêtdu4mai2012(Fédérationdelalibrepenséeetd’actionsocialeduRhône),leConseild’ÉtatavalidélasubventionverséeparlaVilledeLyonàuneassociationd’obédiencecatholiquepourl’organisationd’unerencontreinternationalepourlapaix,considérantqu’enraisondugrandnombredeparticipantsattendus,cetévénementcontribuaitàl’imagedemarquedelacollectivité21. TribunaladministratifdeChâlons-sur-Marne,18juin1996,M.ThierryCome,Association«Agir»c.VilledeReims.

•Lesassociations confessionnelles peuventêtresubventionnéespourdesactivitéssociales,éducativesouculturellesoupourunprojetprésentantunintérêt public localàconditionquesoitgaranti,notammentparvoiecontractuelle,quelemontantdelasubventionestexclusivement affecté aufinancementdecesactivitésoudeceprojetetnonaufinancementdesactivitéscultuellesdel’association19.Ainsi,unecommunepeutsubventionneruneassociationd’obédiencecatholiquepourl’organisationd’unévénementcontribuantà l’image de marque de la ville20.Uneaidefinancièrepubliqueauxcultes,directeouindirecte,peutégalementêtrejustifiéeparlecaractèrehistorique, culturel ou traditionnel del’actionsoutenue.Enrevanche,la participation directe delacommuneàl’organisationdecélébrationsreligieusesconstitueraituneatteinteauprincipedelaïcité21.

Pour aller plus loin•Conseild’État,«Lejugeadministratifetl’expressiondesconvictionsreligieuses»,Dossiersthématiques,L’étatdudroit,novembre2014,11p.:http://www.conseil-etat.fr/Decisions-Avis-Publications/Etudes-Publications/Dossiers-thematiques/Le-juge-administratif-et-l-expression-des-convictions-religieuses•CNFPT, Les Fondamentaux sur la laïcité et les collectivités territoriales,mai2015,130p.:http://www.cnfpt.fr/sites/default/files/livret_laicite.pdf•Observatoiredelalaïcité,Laïcité et collectivités locales,juillet2015,10p.:http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2015/10/charte_laicite_et_collectivites_locales-octobre2015-v3.pdf

Séqu

ence

4

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION48

L’expressionde«laïcitéenentreprise»estinappropriéecarleprincipedelaïciténeconcernequelesinstitutionspubliques.Laquestiondelalibertéreligieuseenentrepriserelèvedudroitdutravailetnondelaloide1905surlaséparationdesÉglisesetdel’État.Leterme«entreprise»doitêtreentenduicicommetoute structure de droit privé, qu’ils’agissed’unesociétéoud’uneassociation.

LES DROITS ET OBLIGATIONS DES SALARIÉSDANS LES ENTREPRISES CLASSIQUES

Rappelonstoutd’abordquelalibertédeconscienceconstitueundroitfondamentalgarantiparlaConstitution.Cettelibertéinclutlalibertédemanifestersareligion,commeilestprécisédansl’article9delaConventioneuropéennedesdroitsdel’homme.Endroitfrançaiscommeendroitcommunautaire,les restrictionsimposéesparunemployeuràcettelibertédoiventêtrerigoureusement justifiées et proportionnées : « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché » (Codedutravail,L.1121-1).

Cesrestrictionspeuventêtrejustifiéeslorsquel’exercicedudroitàmanifestersareligionestincompatibleavecdesnormes d’hygiène et de sécurité ouentrave la réalisation de la mission du salarié. Ainsi,unsalariénepeutmettreenavantsesconvictionsreligieusespoursesoustraireàunevisitemédicaleobligatoire1.Demême,laCourdecassationavalidélelicenciementd’unboucherdeconfessionmusulmanequirefusaitd’êtreencontactavecdelaviandedeporc2.Enfin,lacourd’appeldeParisaautorisélefaitd’interdireàunevendeused’uncentrecommercialdeporterunvoileaumotifquecelapouvaitnuireàl’imagedel’entreprise3.

L’exerciceparlesalariédesalibertédeconsciencenedoitpasnonplusporter atteinte à celle de ses collègues ou des usagers. Ainsi,leconseildeprud’hommesdeToulouseavalidélelicenciementd’unanimateurdecentredeloisirsquilisaitlaBibleetdistribuaitauxenfantsdesprospectusenfaveurdesTémoinsdeJéhovah4.Enrevanche,lesimpleport d’un signe religieux nepeutêtreconsidéréensoicommeuneformede prosélytisme5.

Enrésumé,touterestrictiond’unelibertéfondamentaledoitêtreprécise et limitée.Ilnepeutyavoird’interdictiongénéraleetabsoluedemanifestersareligiondansuneentreprise.Toutelimitationnerépondantpasàcescritèrespeutêtreassimiléeàunediscrimination en raison des convictions religieuses(Codedutravail,L.1132-1).Ainsi,laHaldeaconsidérécommediscriminatoirelefaitd’imposeràdesanimateursmangeanthalaldepartagerlerepasaveclesenfants« dans des conditions strictement identiques6. »

LES CLIENTS PROTÉGÉS CONTRE LA DISCRIMINATION RELIGIEUSE

Siuneentreprisepeut,souscertainesconditions,restreindrelalibertédereligiondesessalariés,ellenepeutfairedemêmeavecsesclients.Lerefus de délivrer un bien ou un service en raison de la religion constitueunediscrimination,passibledetrois ans de prison et 45 000 euros d’amende,voiredecinqansdeprisonet75000eurosd’amendesilerefusdiscriminatoire« est commis dans un lieu accueillant du public ou aux fins d’en interdire l’accès »(Codepénal,225-1-1et225-2).Ainsi,lacourd’appeldeNancyacondamnélagestionnaired’ungîteruralquiavaitrefusédelouerunechambreàdeuxfemmesauprétextequ’ellesportaientlevoile7.

Fichedesynthèsen° 6 Lareligionetl’entreprise

4.ConseildesPrud’hommesdeToulouse,9juin1997.5. Halde,n°2009-117du06.04.09;Conseild’État,07.11.96,MlleSaglamer,n°169522;CEDH,04.12.08,Droguc.FranceetKervancic.France;CEDH,30.06.09,Aktasc.France.6.Halde,14janvier2008,n°2008-10.LaHalde(intégréeauDéfenseurdesdroitsen2009)n’estpasunejuridictionmaisuneautoritéadministrativeindépendante.Sesdélibérationsn’ontdoncpasdevaleurjurisprudentielle.7. Courd’appeldeNancy,8octobre2008.

1.Courdecassation,Chambresociale,29mai1986.2.Courdecassation,Chambresociale,24mars1998,n°95-44.738.3.Courd’appeldeParis,16mars2001.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 49

Dansuneaffairesimilaire,unhôtelierarefusédelouerunechambreàuneclienteaumotifquecelle-ciportaitsonvoile,enarguantquelerèglement intérieur desonétablissementinterdisaitleportde« tout signe ostentatoire d’appartenance à un parti politique ou une religion8. »Autreexemple,uneauto-écolequiavaitrefuséd’assureruneleçondeconduiteàunejeunefemmevoiléeetquiavaitégalementinscritcetteinterdictiondanssonrèglementintérieur.Danslesdeuxcas,laHaldeaconcluàunediscriminationmais,concernantl’auto-école,sonavisn’apasétésuiviparlejugequiarelaxélemisencause9.

Pour aller plus loin•Observatoiredelalaïcité,Gestion du fait religieux dans l’entreprise privée,juillet2015,10p.:http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2015/07/gestion_religieux_entreprise_prive-juillet2015.pdf

•ÉdithArnoult-Brill,GabrielleSimon,Le fait religieux dans l’entreprise,LesavisduConseilÉconomique,SocialetEnvironnemental,novembre2013,90p.:http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2013/2013_25_fait_religieux_entreprise.pdf

Séqu

ence

4

8.Halde,délibérationn°2006-133du5juin2006.9.TribunaldegrandeinstancedeNîmes,23février2007,n°07/538,MlleFatimaSibaric.M.DidierJouanne.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION50

Cetteficheprésentelesprincipauxarticlesdeloipouvantêtreexploitésparlesprofessionnelsdansleurdiscoursetleurspratiques.

Fichedesynthèsen° 7 Laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître

THÈME EXTRAIT RÉFÉRENCE

Liberté de religion

«Nulnedoitêtreinquiétépoursesopinions,même religieuses,pourvuqueleurmanifestationnetroublepasl’ordre publicétabliparlaloi.»

Déclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyende1789,art.10

«LaRépubliqueassurela liberté de conscience.Ellegarantitlelibre exercice des cultessouslesseulesrestrictionsédictéesci-aprèsdansl’intérêtdel’ordrepublic.»

Loidu9décembre1905concernantlaséparationdesÉglisesetdel’État,art.1er.

«Toutepersonneadroitàla liberté de pensée, de conscience et de religion;cedroitimpliquelalibertédechangerdereligionoudeconviction,ainsiquela liberté de manifester sa religion ousaconvictionindividuellementoucollectivement,enpublicouenprivé,parleculte,l’enseignement,lespratiquesetl’accomplissementdesrites.»

Conventiondesauvegardedesdroitsdel’Hommeetdeslibertésfondamentales(adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974),art.9.

Limitations de la liberté de religion

«Lalibertédemanifestersareligionousesconvictionsnepeutfairel’objetd’autresrestrictionsquecellesqui,prévues par la loi,constituentdesmesuresnécessaires,dansunesociétédémocratique,àlasécuritépublique,àlaprotectiondel’ordre,delasantéoudelamoralepubliques,ouàlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui.»

Respect des règles communes

«Lesdispositionsdel’article1erdelaConstitutionauxtermesdesquelles“laFranceestuneRépubliquelaïque”[…]interdisentàquiconquedeseprévaloirdesescroyancesreligieusespours’affranchir des règles communes régissantlesrelationsentrecollectivitéspubliquesetparticuliers.»

Conseilconstitutionnel,19novembre2004.

Dissimulation du visage dans l’espace public

«Nulnepeut,dansl’espacepublic,porter une tenue destinée à dissimuler son visage.[…]l’espacepublicestconstituédesvoiespubliquesainsiquedeslieuxouvertsaupublicouaffectésàunservicepublic.»

Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,art.1et2.

GÉN

ÉRA

LITÉ

S

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 51

THÈME EXTRAIT RÉFÉRENCE

Neutralité de l’État

«LaRépubliquenereconnaît,nesalarieninesubventionneaucunculte.»

Loidu9décembre1905concernantlaséparationdesÉglisesetdel’État,art.2.

«LaFranceestuneRépubliqueindivisible,laïque,démocratiqueetsociale.»

Constitutiondu4octobre1958,Préambule.

Aumôneries dans les établissements fermés

«Pourronttoutefoisêtreinscritesauxditsbudgetsdel’État,desdépartementsetdescommuneslesdépensesrelativesàdesservicesd’aumônerieetdestinéesàassurerlelibreexercicedescultesdanslesétablissementspublicstelsquelycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons. »

Loidu9décembre1905concernantlaséparationdesÉglisesetdel’État,art.2.

Dérogations à la loi de 1905 (Alsace-Moselle,Guyane,Mayotte,Nouvelle-Calédonie,Polynésiefrançaise,Saint-Pierre-et-Miquelon,Wallis-et-Futuna)

«EnproclamantquelaFranceestune“République…laïque”,laConstitutionn’apaspourautantentenduremettreencauselesdispositionslégislativesouréglementairesparticulièresapplicablesdansplusieurspartiesduterritoiredelaRépubliquelorsdel’entréeenvigueurdelaConstitutionetrelativesàl’organisationdecertainscultes,etnotamment,àlarémunérationdeministresduculte.»

Conseilconstitutionnel,Décisionn°2012-297,QPCdu21février2013.

Devoir de neutralité des fonctionnaires

«Lefaitpourunagentpublic,quellesquesoientsesfonctions,demanifesterdansl’exercicedecesdernièressescroyancesreligieuses,notammentenportantunsignedestinéàmarquersonappartenanceàunereligion,constitueunmanquementàsesobligationsprofessionnellesetdoncunefaute.»

Conseild’État,3mai2000,MlleMarteaux.

Devoir de neutralité dans les services publics

«Lesprincipesdeneutralitéetdelaïcitéduservicepublicsontapplicablesàl’ensembledesservicespublics,ycomprislorsqueceux-cisontassuréspardesorganismesdedroit privé. »

Courdecassation,chambresociale,19mars2013.

Limitation de la liberté religieuse (secteur privé)

«Nulnepeutapporterauxdroitsdespersonnesetauxlibertésindividuellesetcollectivesderestrictionsquineseraientpasjustifiéesparlanaturedelatâcheàaccomplirniproportionnées aubutrecherché.»

Codedutravail,L.1121-1.

Non-discrimination«Nulnepeutêtrelésé,danssontravailousonemploi,enraisondesesorigines,desesopinionsoudesescroyances.»

Constitutiondu27octobre1946,Préambule.

GÉN

ÉRA

LITÉ

STR

AVA

IL

w

Séqu

ence

4

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION52

THÈME EXTRAIT RÉFÉRENCE

Non-discrimination

«Ladiscriminationdéfinieauxarticles225-1et225-1-1,commiseàl’égardd’unepersonnephysiqueoumorale,estpuniedetroisansd’emprisonnementetde45000eurosd’amendelorsqu’elleconsiste:1)àrefuserlafournitured’unbienoud’unservice;[…]4)àsubordonner lafournitured’unbienoud’unserviceàuneconditionfondéesurl’undesélémentsvisésàl’article225-1ouprévueàl’article225-1-1;[…]Lorsquelerefusdiscriminatoireprévuau1°estcommisdansunlieu accueillant du publicouauxfinsd’eninterdirel’accès,lespeinessontportéesàcinqansd’emprisonnementetà75000eurosd’amende.»

Codepénal,225-2.

Laïcité de l’enseignement public

«Leservicepublicdel’enseignementsupérieurestlaïqueetindépendantdetouteemprisepolitique,économique,religieuseouidéologique;iltendàl’objectivitédusavoir;ilrespecteladiversitédesopinions.Ildoitgarantiràl’enseignementetàlarechercheleurspossibilitésdelibredéveloppementscientifique,créateuretcritique.»

Codedel’éducation,L.141-6.

Interdiction du port de signes religieux par les élèves

«Danslesécoles, les collèges et les lycées publics,leportdesignesoutenuesparlesquelslesélèvesmanifestentostensiblementuneappartenancereligieuseestinterdit.Lerèglementintérieurrappellequelamiseenœuvred’uneprocéduredisciplinaireestprécédéed’undialogueavecl’élève.»

Codedel’éducation,L.141-5-1.

Restriction possible du port de signes religieux par les parents accompagnant les sorties scolaires

«Lesexigencesliéesaubonfonctionnementduservicepublicdel’éducationpeuventconduirel’autoritécompétente[chefd’établissement],s’agissantdesparentsquiparticipentàdesdéplacementsoudesactivitésscolaires,àrecommanderdes’abstenirdemanifesterleurappartenanceouleurscroyancesreligieuses.»

Conseild’État,avisdu23décembre2013.

Fichedesynthèsen°7Laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître

ACCÈ

S AU

X B

IEN

S ET

SER

VIC

ESÉD

UCA

TIO

N

w

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 53

Lalaïcitéestunprincipejuridico-politiquedeséparationdupouvoirpolitiqueetdupouvoirreligieux.Ainsi,« la laïcité est définie par l’ensemble des textes de loi qui font le droit français des religions, éclairé par la jurisprudence1.»Onpeuttoutefoisaffirmerquelalaïcitéreposesurdeuxpiliers:lalibertédereligionetlaneutralitédel’État.

LA LIBERTÉ DE RELIGIONElleenglobelalibertédeconscienceetlaliberté

deculte.Elleinclutenoutreledroit de manifester sa religion, enportantdessignesreligieux(laissantlevisagedécouvert)ouenparticipantàdesmanifestationsreligieusesdansl’espacepublic.L’Étatpeuttoutefoislimiter cette libertépourdesmotifsliésàlasécuritépublique,àlaprotectiondel’ordre,delasantéoudelamoralepubliques,ouàlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui2.Parailleurs,lescitoyensnepeuventseprévaloirdeleursconvictionsreligieusespours’affranchir de la loioudesrèglements.

Ledroitdemanifestersareligionpeutégalementêtrelimitéparl’employeur.Danslafonctionpublique,touslesagentssontsoumisaudevoir de neutralité. Danslesecteurprivé,ledroitdemanifestersareligionpeutêtrerestreintpourdesraisonsdesécuritéoud’hygiène,ousil’exercicedecedroitparlesalariéentraveourendimpossiblelaréalisationdesamission.Cependant,toute restriction de cette nature doit être précise et limitée. Ilnesauraityavoird’interdictiongénéraleetabsoluedemanifestersareligiondansuneentreprise.Touterestrictionnonjustifiéeconstitueunediscrimination religieuse.Ilenvademêmepourtoutrefusdedélivrerunbienouunserviceenraisondelareligion.

LA NEUTRALITÉ DE L’ÉTAT Enpremierlieu,lespouvoirspublicsnepeuvent

salarierlesministresdescultes3, sauf dans les établissements fermés(internats,casernes,hôpitaux,prisons4)oùlesindividusnepourraientautrementexercerleurlibertédeculte.Lespouvoirspublicsnepeuventpasnonplussubventionnerlesactivitésreligieusesdesassociationscultuelles,enleurversantdessubsidesouenmettantàdispositiondeslocauxgratuitementpourl’exercicepublicduculte.Cesinterdictionsn’empêchenttoutefoispasl’Étatoulescollectivitésterritorialesdedialogueraveclesacteursreligieux.

Laneutralitédel’États’appliqueaussiauxbâtiments publics, quidoiventêtreviergesdetoutsignereligieux.Enfin,lesfonctionnairesnepeuventlaissertransparaîtreleursconvictionsreligieusesparleurtenueouleurcomportement.Cedevoir de neutralités’imposeàtouslesagentsdestroisfonctionspubliques,quelquesoitleurstatut,ainsiqu’auxsalariésdesstructuresexerçantune mission de service public. L’interdictiondeporterdessignesreligieuxconcerneégalementlesélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics.

Fichedesynthèsen° 8 Droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir

3. SaufenAlsace-Moselle,oùlaloide1905nes’appliquepascarceterritoireétaitsousgouvernementallemandquandlaloifutvotée.LeConcordatyestdonctoujoursenvigueur.4. Ils’agitdesaumôneriesprévuesàl’article2delaloide1905.

1.OlivierRoy,La laïcité face à l’islam,Stock,2005.2.Article9delaConventiondesauvegardedesdroitsdel’Hommeetdeslibertésfondamentales;adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974

Séqu

ence

4

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION54

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 55

Séquence5Analyse des situations professionnelles5

120 min

Séqu

ence

5

P. 56 Fiche formateur n°6

Jour1Après-midi

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION56

MISE EN CONTEXTELaséquenceviseàcontextualiseretàréfléchirà

dessituationsdéjàvécuesparlesparticipantsenlienaveclesujetdelalaïcité.L’objectifestd’amenerlesparticipantsàsequestionneretàprendreconsciencedelanécessitéd’analyserunesituationdanssonentièretéetnonuniquementsousl’anglereligieuxafind’identifierlesréponseslesplusadéquates.Leprincipedelaïciténedoitpasêtreinvoquésystématiquement,aurisqued’arriveràdesdérivesetàcristalliserdessituationsautourdeladimensionreligieusealorsquel’usaged’autresprincipespeutêtrejudicieux(civilité,respect…).Lebutestquelesparticipantsseprojettentdansunesituationréelleetqu’ilsréfléchissentauxréactionsetargumentairesàtenir.

SITUATIONVousdemandezauxparticipantsdeciterdemanière

succinte(enuneoudeuxphrases),lessituationsqu’ilsontpurencontrerenlienaveclalaïcité.

Àpartirdecespropositions,vousconduisezlegroupeàchoisirdefaçoncollégiale3situations,émanantdeparticipantsdifférents,surlesquellesilssouhaitenttravailler.Lechoixpeutêtreopéréenfonctiondelacomplexitéperçuedelasituation,del’originalitéparrapportauxcasdéjàévoquésenformationetdeladiversitédescontextesetenjeuxdechacunedessituationsévoquées.

Lestroissituationschoisiessontensuitedécritesàl’ensembledesparticipantsdefaçondétailléeetfactuelle(enévitanttouteopinion,sentiment,jugementdevaleuretensebasantparexemplesurlemodèle«qui,quand,quoi,où,comment»).Aucunepistedesolutionn’estdonnée,seulelasituation

dedépartestdécrite.Desquestionsdeprécision/compréhensionpeuventêtreposéesparlesparticipantsavantdecommencerl’analyseensous-groupe.

Vousdivisezensuitelesparticipantsen3sous-groupesA,BetC,autourdes3porteursd’unesituationchoisie.

VousinscrivezlestroissituationsA,BetCsurdesenveloppes(unesituationparenveloppe).

Vousdistribuezensuitel’enveloppeAaugroupeB;l’enveloppeBaugroupeCetl’enveloppeCaugroupeA.

DÉROULEMENT•chaque groupe travaille sur une situation,trouve

sespistesderésolutionetlesnotesurunefeuilleblancheA4qu’ildéposeensuitedansl’enveloppe«Situation».

•au bout de 20 minutes, changement d’enveloppe :vousremettezl’enveloppeAaugroupeC,l’enveloppeBaugroupeAetl’enveloppeCaugroupeB.Chaquegroupetraiteainsilessituationsdesautresetapportedesélémentssansvoirlesréponsesdesautresgroupes.

Danscetexercice,vousêteslegardiendutempsetêtesvigilantàcequelesdifférentsgroupesrespectentbienlesconsignes(pasdejugementsdevaleur,pasdeconsultationdesréponsesdesautresgroupes,etc.).Vouspouvezlaisserlesfichesjuridiquesutiliséesàlaséquence4àladispositiondesparticipantss’ilssouhaitents’yréférer,toutenprécisantquelesréponsesàapporteràlasituationnesontpasforcémentd’ordrelégal.

20min:descriptionetchoixdessituations60min:jeuxdesenveloppes40min:restitutionetdébatenplénière

Ficheformateurn° 6Jeudesenveloppes

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 57

• Lors de la troisième et dernière séquence de 20 minutes,chaquegrouperetrouvelasituationinitialementproposéeparl’undesesmembres.Ilouvrel’enveloppecomportantlesréponsesapportéesparlesdeuxautresgroupesetsélectionnelessolutionsluisemblantlespluspertinentes.Leschoixdoiventêtrejustifiés(causesprésuméesdelasituation,arbitragesetpointsdevuedechaquegroupe,explicationetargumentsinvoqués,impactsprévisibles,questionsquecelaasoulevées).

Autermedel’exercice,desapportssontdonnéssurlanécessitéd’analyserunesituationdanssonentièretéetnonuniquementsousl’anglereligieuxafind’évitertoutedérive.Enprenantdureculetenévitantdesefocalisersurununiqueaspectfacilementappréhendable,ilestpossibled’identifierd’autresmoteursdel’actionquelasimpleoppositionauprincipedelaïcité;lecomportementdesoninterlocuteurpeutêtremotivépardifférentesdimensions:personnelles,sociales,éducatives,culturelles,etc.Seuleuneanalysefinedelasituation

permetd’identifierlaposturelaplusadéquateàadopteretlesargumentslespluspertinentsàavancer(cadrejuridique,règlementintérieur,règlesdesavoir-vivreensemble,dialogue/sanction…).

Vousindiquerezauxparticipantsdeconserverlesélémentsdecesanalysesainsiquelessolutionsenvisagéescarilsserontdenouveauutiliséslelendemaindanslecadredesjeuxderôlesorganisésàlaséquence8.

FICHES ASSOCIÉES•Fichesdesynthèses:-n°1:idéesreçuessurlalaïcité-n°4:glossaire-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir.

Séqu

ence

5

20minutes20minutes

20minutes

GROUPE A

GROUPE BGROUPE C

SITUATION

C

SITUATION

ASITUATION

B

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION58

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 59

Séquence6Autopositionnement

630 min

Séqu

ence

6

P. 60 Fiche formateur n° 7P. 61 Fiche stagiaire ressource n° 3 : quizP. 62 Fiche stagiaire corrigée n° 3 : quiz

Matin

Jour2

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION60

MISE EN CONTEXTECetteséquenceouvrelasecondejournéede

formationetviseàrepérercequelesparticipantsontassimiléounondelaprécédentejournée.Elleestunappuiauxrestitutions,débatsetréflexionsindividuellesoucollectivesmenéslaveille.

Cette séquence a une triple finalité :• vérifier l’acquisitiondenouvellesnotions;• identifierlespointsdedifficultéou

lesincompréhensionssubsistantàl’issuedelapremièrejournée,cequipermetd’apporterlesprécisionsetcomplémentsnécessairespourétabliruncadrederéférencepartagé;

• permettre auxparticipantsd’établirunbilanpersonneletdesepositionnerparrapportàlaquestiondelalaïcité.

Cetteséquencepermetainsiderepérerlesbesoinsd’approfondissementdesparticipantsetdepercevoirl’évolutionounondeleursreprésentationsparrapportàlaquestiondelalaïcité.

SITUATIONAprèsunrapiderappeldesséquencesabordéesla

veille,vousdistribuezlequizd’autopositionnementauxparticipantsafinqu’ilslecomplètentindividuellement.Lesréponsessontprésentéesenplénièreetouvrentl’échangeafindepréciserlesdifférentesnotions.

FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°3etfichestagiaire

corrigéen°3:quiz

•Fichesdesynthèse:-n°1:idéesreçuessurlalaïcité-n°2:histoiredelalaïcitéenFrance:lesgrandes

dates-n°3:histoiredelalaïcitéenFrance-n°4:glossaire-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°7:laïcité:lesarticlesdeloiàconnaître-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir-n°9:lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/aux

usagers-n°10:laïcité:les10messagesclés.

5mindequiz,25mindedébriefingetd’échangesenplénière

Ficheformateurn° 7Autopositionnement

61

stag

iair

eFichestagiaireressourcen° 3:quizd’autopositionnement

5mind’exercice

CONTENUVRAI FAUX

1 Lalaïcitéinterditd’exprimersareligionenpublic

2 Êtrelaïque,c’estêtreathée

3 Lalaïcitéestunconceptrécentapparuilyaunedizained’années

4Ilestpossiblededemanderàunepersonnederetirerunsignereligieuxqu’elleportedanslecadreprofessionnel

5 Lalaïcitéestunprincipegarantissantlalibertéindividuelle

6Lapuissancepubliquepeutengagerunfinancement/subventionnementd’établissementoud’édificeàvocationcultuelle

7 L’Étatfrançaissecaractériseparleprincipedeneutralité

8

Deparleurstatut,lesfonctionnairessontsoumis,enmatièredeneutralitéreligieuse,àdesrèglesetdesdevoirsquileursontspécifiquesparrapportauxautrescitoyens

9 Lalaïcitéinterdittouteactiondeprosélytisme

10

Leprincipedelaïcitéinterditauxpersonnelsetauxélèvestoutportdesignesoutenuesmanifestantostensiblementuneappartenancereligieuseauseindesécoles,collègesetlycéespublics

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ

Séqu

ence

6

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION62

Fichestagiairecorrigéen° 3:quizd’autopositionnement

25mindedébriefing

VRAI FAUX

1 Lalaïcitéinterditd’exprimersareligionenpublic

2 Êtrelaïque,c’estêtreathée

3 Lalaïcitéestunconceptrécentapparuilyaunedizained’années

4 Ilestpossiblededemanderàunepersonnederetirerunsignereligieuxqu’elleportedanslecadreprofessionnel

5 Lalaïcitéestunprincipegarantissantlalibertéindividuelle

6Lapuissancepubliquepeutengagerunfinancement/subventionnementd’établissementoud’édificeàvocationcultuelle

7 L’Étatfrançaissecaractériseparleprincipedeneutralité

8

Deparleurstatut,lesfonctionnairessontsoumis,enmatièredeneutralitéreligieuse,àdesrèglesetdesdevoirsquileursontspécifiquesparrapportauxautrescitoyens

9 Lalaïcitéinterdittouteactiondeprosélytisme

10

Leprincipedelaïcitéinterditauxpersonnelsetauxélèvestoutportdesignesoutenuesmanifestantostensiblementuneappartenancereligieuseauseindesécoles,collègesetlycéespublics

1 Dansl’espacepublicetdanslesservicespublics,lalibertéd’expressiondesconvictionsreligieuses

pourlesusagersetlescitoyensestlarègle,ycomprisparleportd’unetenuevestimentaireoudesignesreligieuxvisiblesconformesàdespréceptesdenatureconfessionnelle(saufdissimulationduvisage).Unusagerpeutdoncserendreàlamairieoudansunéquipementpublicenportantunsignereligieux.

2L’adjectiflaïquedésignecequiseréfèreàlalaïcité,doctrinedeséparationdesinstitutionsreligieuses

etpolitiques.Ilesttoutàfaitpossibled’êtrecroyantetpartisandelalaïcité.C’étaitlecasdenombreuxdéputésrépublicainsquiontvotélaloide1905.Lalaïcitén’estpashostileàlareligionpuisqu’ellegarantitlalibertédeconscience.Ellen’estpasnonplusunecroyancemaisleprincipequirendpossiblelacoexistencedetouteslescroyances.Onlevoit,onpeutêtreathéeetnon-laïquesil’onfaitdel’athéismeunecroyancesupérieurequidevraitêtreimposéeàtous.

stag

iair

e

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 63

3L’histoiredesreligionsenFranceestjalonnéedeguerresciviles,depersécutionsetdeviolentes

controverses.Lalaïcitéaétéconçuecommeuninstrumentdepaixcivile,unefaçondegarantirquelareligionnesoitplusunfacteurdedivisiondanslasociétéfrançaise.Lapierreangulairedurégimefrançaisdelaïcitéestlaloidu2décembre1905deséparationdesÉglisesetdel’État,quimitfinauConcordat.Danscesystème,ilexistaitquatrecultesofficielsquiétaientàlafoissubventionnésetcontrôlésparl’État.

4Ilestpossiblededemanderàunepersonne,quiestagentpublicousalariéededroitprivéexerçant

unemissiondeservicepublic,deretirerunsignereligieuxqu’elleportedanslecadreprofessionnel.Lalibertéd’expressiondesconvictionsreligieusesnesauraitporteratteinteàd’autresprincipesessentielsrappelésparlaChartedelalaïcitédanslesservicespublicsde2007,àsavoirlaneutralité,l’hygiène,lasanté,lebonfonctionnementduserviceetl’absencedetroublesàl’ordrepublic(circulairedu13avril2007).Ainsi,dansunéquipementsportifparexemple,desrestrictionsauportdesignereligieuxpourrontêtreédictéespourdesraisonsd’hygièneoudesécurité.

5 Lalaïcitépréservelalibertédeconscienceetdereligionetgarantitlelibreexercicedescultes,

quisupposelaprotectiondenombreuseslibertésfondamentales:

• la liberté de réunion :lesréunionscultuellessontconsidéréescommepubliques,maisdispenséesdesformalitésdedéclarationdelaloidu30juin1881;

• la liberté de manifester publiquement:lescérémonies,processionsetmanifestationsextérieuressontpossibles;

• la liberté d’association :lesmouvementsreligieuxpeuventseregroupersousformeassociative.L’Étatmetàdispositiondesstructuresjuridiquesdédiées:associationsclassiquesloi1901,associationsspécifiques,cultuelles(loi1905);

• la liberté d’exercer un culte :ceuxquiempêchentouretardentl’exerciceducultepardestroublesetdesdésordressontsanctionnés;

• la libre disposition de locaux adaptés :lescultesdoiventdisposerdeslieuxetobjetsnécessairesauxcélébrationspubliquesd’unculte.

6LaRépubliquenereconnaîtaucunculte,nesalarieaucunculte,nesubventionneaucun

culte.Ellenepeutpassubventionnerdesactivitésreligieusesenleurversantdessubsidesouenmettantàdispositiondeslocauxgratuitementouàtarifpréférentiel.Souscertainesconditions,l’Étatpeuttoutefoisfinancer/subventionner:

• la construction d’un édifice à vocation cultuelleetculturelleautitredesactivitésculturelles.Lasubventionpeutfinancerl’activitéculturelleàconditionsque:-lelieusoitouvertàtous(estainsijustifiélecaractèred’intérêtgénéraloulocalduprojet),-unpartagecomptablenetentrecequirelèveducultueletcequirelèveduculturelsoitmisenplace,ainsiqueladistinctiondesresponsablesdesassociationsrespectives;

• les établissements privés sous contrat d’associationavecl’État(loiDebréde1959etlaloiCarlede2009).Cedernierleuraccordeuneaidefinancière,encontrepartie:-lesprogrammesdoiventêtrelesmêmesquedansl’enseignementpublic,-l’enseignementreligieuxn’estpasobligatoire;-lesenfantsnepartageantpaslamêmereligionquel’établissementnepeuventpasêtrerefusés;

• les ministres des cultes, uniquementdanslesétablissementsfermés(internats,casernes,hôpitaux,prisons)oùlesindividusnepourraientautrementexercerleurlibertédeculte.

7 Lesservicespublicssontneutres:ilsnepeuventêtreassurésdefaçondifférenciéeenfonction

desconvictionsreligieusesdesusagers.C’estuneconséquencedirecteduprinciped’égalitédevantlaloi,dontlecorollaireestlaneutralité.Cesseraitd’êtreneutrel’Étatquipourraitlaisseràpenserauxusagersduservicepublicqu’ilétablitdesdistinctions,voiredespréférences,selonlesopinionsreligieuses.

w

stag

iair

eSé

quen

ce

6

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION64

Fichestagiairecorrigéen° 3:Quizd’autopositionnement

8Leprincipedeneutralitéduservicepublicetleprincipedelaïcitéemportentdes

conséquencesimportantespourlesagentspublics.Ilsfontobstacleàlamanifestationdetoutecroyancereligieusedelapartdesfonctionnairesetdesagentspublicsdansl’exercicedeleursfonctions.Ainsi,toutsignereligieuxvisibleestinterdit,commetouteattitudequipourraitêtrelamarqued’uneadhésionàunecroyanceparticulière.Manifestersesopinionsreligieusesdansl’exercicedesesfonctionsconstitueunefauteprofessionnelleausensdel’article29dustatutdelafonctionpubliquedu17juillet1983.« Les principes de neutralité et de laïcité du service public sont applicables à l’ensemble des services publics, y compris lorsque ceux-ci sont assurés par des organismes de droit privé. »Courdecassation,chambresociale,19mars2013.Leprincipedeneutralitédesservicespublicsemportedesobligationsàl’égarddesagentspublicsquinepeuventavantageroupénaliserenfonctiondeleursconvictionspolitiques,religieusesouphilosophiqueslesusagersduserviceoulescocontractantsdel’administration.LaCourdecassationapréciséque(chambresociale9mars2013):« les principes de neutralité et de laïcité du service public sont applicables à l’ensemble des services publics, y compris lorsque ceux-ci sont assurés par des organismes de droit privé ».

9LeLaroussedéfinitleprosélytismecommeun« zèle ardent pour recruter des adeptes, pour

tenter d’imposer ses idées ».Onpeutconsidérerleprosélytismecommeunemanifestationdelalibertéreligieuse.Àcetitre,ilestprotégéparlaloi,commel’arappelélaCoureuropéennedansunarrêtde1993oulacourd’appeldeMontpellierdanssonarrêtdu13juin2000:« Le prosélytisme est propre à chaque religion et ne saurait en soi être considéré comme fautif. »Cependant,leprosélytismeexcessifpeutêtresanctionnédanscertainscas,notammentlorsqu’ils’exercedanslecadreprofessionnelouauprèsdesmineurs.

10« Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les

élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. »Codedel’éducation,L.141-5-1.Afindepréserverl’écolepubliquedesrevendicationsidentitairesetcommunautaires,dansceservicepublicparticulierpuisqu’ilaccueilleunpublicvulnérabledontlelibrearbitredoitêtreconforté,laloidu15mars2004interditlessignesoutenuesdontleportconduitàsefaireimmédiatementreconnaîtreparsonappartenancereligieuse,telsquelevoileislamique,lakippa,unecroixdedimensionimportanteouleturbansikh.Le respect des croyances des élèves et de leurs parents implique donc dans les écoles publiques :

•l’absenced’instructionreligieusedanslesprogrammes,

•laneutralitédupersonnel,•l’interdictionduportdesignesreligieuxostensibles

parlesélèves,•l’interdictionduprosélytisme.

FICHES ASSOCIÉESFichesdesynthèse:-n°1:idéesreçuessurlalaïcité-n°2:histoiredelalaïcitéenFrance:lesgrandesdates-n°3:histoiredelalaïcitéenFrance-n°4:glossaire-n°5:lalaïcitédanslesservicespublics-n°6:lareligionetl’entreprise-n°8:droitdelalaïcité:cequ’ilfautretenir-n°9:lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/auxusagers-n°10:laïcité:les10messagesclés.

w

stag

iair

e

Séquence7Argumentation7

60 min

P. 66 Fiche formateur n° 8 P. 67 Fiche stagiaire ressource n° 4 : étude de casP. 69 Fiche stagiaire corrigé n° 4 : étude de cas P. 76 Fiche de synthèse n° 9 : la laïcité expliquée

à mes collègues/aux usagersP. 78 Fiche de synthèse n° 10 : les 10 messages clés

Matin

Jour2

Séqu

ence

7

66 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION

MISE EN CONTEXTE Laséquenceviseàcequelesparticipantssachent

quelsargumentsinvoquerenfonctiondessituationsmettantlaquestiondelalaïcitéaucentredudébat.Ens’appuyantsurlespointsabordésdanslesprécédentesséquences,lesparticipantspourrontmettreenpratiqueunedémarched’analyseprécisedessituations.Ilspourronttraiterlessituationsenprenantlahauteurnécessairepourbiencernerlecontexteetlesmobilesdesdemandes/revendicationsdesprotagonistes.Cettecompréhensionleurpermettrad’élargirleurchampdespossiblesentermesderéponseàapporter.

L’objectifpourlesparticipantsestdeprendreconsciencequelemotifreligieuxénoncédeprimeabord,soitdanslespropos,soitparleportd’effetsreligieux,n’estpastoujourslaraisondelademande.Ilconvientalorsdenepasbrandirsystématiquementleprincipedelaïcitécarilnefaitpasforcémentéchoauxpréoccupationsréellesdesinterlocuteurs.Parailleurs,cetabusrisquedecristalliserlessituationsetd’envoyerlemessagequelalaïcitéestunoutilpropiceàladiscrimination.

Laséquencepermetainsidecomprendrecommentéviterlacrispationautourdelaquestionreligieuseetlaposturededéfiancequirisqueraientdeconduireàunerupturededialogueetàunesituationconflictuelle.

SITUATIONÀpartirdelabanquedecasréelsoufictifs,

voussélectionnezunesituationpourchaquesous-groupequevousavezconstitué.Cechoixestopéréenfonctionduprofildesparticipantsetdelanaturedeséchangesquiontprésidédurantlaformation.Vousinvitezlesparticipantsàconstruireunargumentairedestinéàpromouvoiretàexpliquerdemanièrepédagogiquelemessageàtenirdanslasituationdonnée.Lesgroupesprésenterontensuiteleurargumentaireenplénièreenindiquantlesélémentsdecontextequ’ilsontprisencomptepourarbitrerentrelesdifférentsargumentsàavancer.

Deséchangesentrelesparticipantssuivrontlesprésentationsetvouslesinciterezàréinterrogerlasituation,àlaregardersousunautreangleafindeleurpermettred’appréhenderlasituationsousdesjoursnouveaux,l’idéeétantdelesameneràenvisagerd’autrestypesderéponsequeceuxénoncésspontanément.

Àl’issuedeséchanges,vousapporterezdeséclairagescomplémentairessurl’analysedelasituationetlesoptionsquiseprésentaient.

FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°4etfichestagiaire

corrigéen°4:étudedecas•Fichesdesynthèse:-n°9:lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/auxusagers-n°10:laïcité:les10messagesclés

20mind’exercice,40mindedébriefing

Ficheformateurn° 8Constructiond’unargumentaire

67KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ

20 mind’exercice,40mindedébriefing

Fichestagiaireressourcen° 4Étudesdecas

Situation n° 1 : vousêtesdirecteur-triced’uneassociationd’accompagnementàlascolaritéconventionnéeavecl’Éducationnationale.Vousaccueillezdenombreuxvolontairesenservicecivique.Hier,l’undevosvolontairesainterrompuuncoursàdomicilepourfairesaprièredevantsonélève.Lamèredecederniervousaappelépours’enplaindre.

Quefaites-vous?

Situation n° 2 : vousêtesresponsableduservicedescimetièresdansunemairie.Unhommeseprésenteàvous.Samèrevientdedécéderetilsouhaitelafaireinhumerlejourmême,«commeleveutlatraditionmusulmane».Vousluiprécisezquelaloiimposeundélaiminimumdevingt-quatreheuresavantd’enterrerundéfunt.Ilinsiste,enajoutantqu’ilconnaîtpersonnellementunélumunicipal.Peuaprès,l’éluenquestionvousappellepourvouspresserdefairelenécessaireafinqueladéfuntesoitinhuméelejourmême.

Quefaites-vous?

Situation n° 3 : vousêtesencadrant-etechniqueàSaveursdeTerroirs,unrestaurantd’insertion.Parmilessalariésquevousencadrezencuisine,unejeunefemmeaffichedeplusenplusouvertementsafoijuivedepuisqu’ellearejointuneassociationloubavitch(mouvementprônantleretourdesjuifsàlapratiquereligieuse).Elleportedésormaisuneperruque,conformémentàlatraditionjuiveorthodoxe,etsemontredégoûtéechaquefoisqu’elledoitmanipulerdelaviandedeporcoudel’alcool.Unjour,ellevousditqu’elleneveutplusêtreencontactaveccesingrédientsetvousdemandeàneplustravaillerlesamedi,jourduShabbat.Or,c’estlejouroùvousservezleplusderepas.

Quefaites-vous?

Situation n° 4 :vousêtesanimateur-tricederestaurationscolaire,c’est-à-direquevousencadrezlesélèvesd’écoleprimairependantlapauseméridienne.Lamairiequivousemploievientdemettreenplacedesmenusvégétariens,toutenmaintenantlesmenusclassiques.Unparentd’élèvequiachoisipoursafillelemenuvégétarienvientseplaindredufaitquecelle-ciamangédelaviandecarunecamaradeluiafaitgoûtersonsteak.Ilesttrèscontrariécarilveutfairedesafille« une bonne musulmane ».Aussi,ilvousdemandedeluigarantirquecelanesereproduiseplusàl’avenir.

Quefaites-vous?

Situation n° 5 :vousêtesdirecteur-triced’uncentresocialassociatif.Àl’accueil,unpanneaud’affichagerelaielesinitiativeslocales.Uneassociationdequartieryapunaiséuneafficheannonçantl’organisationprochained’un«cochongrillé»(repasouvertàtous,avecparticipationauxfrais).Desusagersducentreontperçucetteinitiativecommeuneprovocation,carlequartiercompteuneimportantecommunautémusulmane.Unhommeamêmemenacédeporterplaintepourdiscrimination.Vousavezdoncdécidéderetirerl’affichemaisunepartiedessalariésducentresocials’yoppose,aumotifqu’ilnefautpascéderau«communautarisme».

Quefaites-vous?

Situation n° 6 : vousêtesenseignant-ed’histoire-géographieencollègeetchargé,àcetitre,del’enseignementmoraletcivique.Suiteàdesproposhomophobestenusparcertainsdevosélèves,vousavezinvitéuneassociationagrééeàanimeruneinterventionsurlaluttecontrel’homophobieetenavezinformévosélèves.Lepèredel’und’euxvientvousdemanderdedispensersonfilsd’yassister« par respect pour ses convictions religieuses ».Pourlui,l’homosexualitéestun« péché ».Ilproposequesonfilsailleensalledepermanencependantl’interventiondel’association.

Quefaites-vous? w

stag

iair

eSé

quen

ce

7

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION68

Fichestagiaireressourcen° 4Étudesdecas

Situation n° 7 : vousêteséducateur-tricedeviequotidiennedansuncentreéducatiffermé.Marco,unrésident,vousademandédeluiprocurerunexemplairedelabible,cequivoussurprendcariln’avaitjamaisjusqu’icimanifestélemoindresignedereligiosité.Toutefois,vousavezremarquéqu’ilasympathiséavecTrésor,unautrerésident,quinecachepassonappartenanceàuneÉgliseévangélique.Certainsdevoscollèguesestimentqu’ilnefautpasfournirdebibleàMarcoparceque « le CEF est un établissement laïque »etquecelarisquedefavoriserleprosélytisme.

Quefaites-vous?

Situation n° 8 :vousêtesresponsableduservicedupatrimoinedansunemairie.Uneassociationévangéliquesollicitelamiseàdispositiongracieused’unesallemunicipalepourlamiseenplaced’uncoursdegospel.Or,cetteassociationestconnuepourêtreparticulièrementprosélyte.Deplus,voussavezquelasalleprivéeoùelleorganisesesofficesreligieuxnesuffitplusàaccueillirtoussesfidèles,deplusenplusnombreux.Vouscraignezquececoursdegospelneservedefaçadeàdescélébrationsreligieuses.

Quefaites-vous?

w

stag

iair

e

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 69

20 mind’exercice,40mindedébriefing

Fichestagiairecorrigéen° 4Étudesdecas

CAS N° 1 PRIÈRE PENDANT UN COURS À DOMICILE Contexte : associationDomaine : éducationNotions associées :neutralité.Situation : vousêtesdirecteur-triced’uneassociationd’accompagnementàlascolaritéconventionnéeavecl’Éducationnationale.Vousaccueillezdenombreuxvolontairesenservicecivique.Hier,l’undevosvolontairesainterrompuuncoursàdomicilepourfairesaprièredevantsonélève.Lamèredecederniervousaappelépours’enplaindre.Quefaites-vous?Décryptage

Selontoutevraisemblance,votreassociationestunorganismededroitprivéexerçantunemissiond’intérêtgénéral,etnonunservicepublic(bienqu’ellesoitconventionnéeavecl’Éducationnationale).Vosintervenants,quelquesoitleurstatut(salarié,servicecivique1,stagiaire,bénévole),ne sont donc pas a priori soumis au devoir de neutralitéaumêmetitrequelesfonctionnaires.Pourautant,ilssonttenusd’adopteruncomportementappropriélorsqu’ilsinterviennentdanslesétablissementsscolairesouàdomicile,cequisupposenotammentdes’enteniràleurmission

TABLE DES MATIÈRESCas n° 1 : prière pendant un cours à domicile.................69Cas n° 2 : demande urgente d’inhumation..........................69Cas n° 3 : une loubavitch en cuisine.................................................70Cas n° 4 : menu végétarien à la cantine......................................71Cas n° 5 : le cochon grillé de la discorde.......................................71 Cas n° 6 : demande de dispense d’enseignement................................................................................................................72Cas n° 7 : demande d’une bible par un mineur en situation d’enfermement.......................................................................73Cas n° 8 : cours de gospel dans une salle municipale................................................................................................................................73

éducative.Àcetégard,lecomportementdecevolontaireestproblématique,d’abordparcequ’ilainterrompusoncourssansraisonvalable.Ensuite,parcequesongesteestsusceptibled’avoirdesconséquencesproblématiquesauregarddesamissionetsurl’imagedel’association.Entantque«professeurparticulier»,ildétientunepositiond’autoritésurlejeune,quipeutvoirenluiuneformedemodèle.Enpriantdevantsonélève,levolontaireexercedoncpotentiellementuneinfluencereligieusesurlui.Ilpourraitenoutrelaisserpenserquel’associationquil’accueilleauncaractèreconfessionnel,cequin’estpaslecas.Pistes d’action

•Recadrerlevolontaireourompresoncontratsivousestimezqu’ilacommisunefautegrave.

•Clarifier,sinécessaire,dansvosdocumentsinternes(charte,statuts,fichesdeposte…)lecomportementquevousattendezdevosintervenants,notammentenmatièred’expressiondesconvictionsreligieuses.

•Expliquercesrèglesenamontauxcandidats(bénévoles,serviceciviqueousalariés)etlesrappeleràtoutevotreéquipe.

•Rassurerlesparentsdel’élèvesurlefaitquecetincidentnesereproduiraplus.

w

stag

iair

eSé

quen

ce

7

1.«Lapersonnevolontaireestsoumiseauxrèglesdesservicesdelapersonnemoraleagrééeauprèsdelaquelleelleaccomplitsonservicecivique.»Codeduservicenational,L.120-15.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION70

CAS N° 2 DEMANDE URGENTE D’INHUMATION Contexte :mairieDomaine :policedesfunéraillesNotion associée :primautédelaloirépublicainesurlaloireligieuseSituation : vousêtesresponsableduservicedescimetièresdansunemairie.Unhommeseprésenteàvous.Samèrevientdedécéderetilsouhaitelafaireinhumerlejourmême,« comme le veut la tradition musulmane ».Vousluiprécisezquelaloiimposeundélaiminimumdevingt-quatreheuresavantd’enterrerundéfunt.Ilinsiste,enajoutantqu’ilconnaîtpersonnellementunélumunicipal.Peuaprès,l’éluenquestionvousappellepourvouspresserdefairelenécessaireafinqueladéfuntesoitinhuméelejourmême.Quefaites-vous?Décryptage

Cettesituationmetenscèneunconflitentreuneloireligieuseetlaloirépublicaine.Pourdesraisonsmédico-légales,laloiinterditd’inhumerundéfuntmoinsdevingt-quatreheuresaprèssondécès.Iln’estpaspossiblededérogeràcetteobligationpourunmotifreligieuxcarlaloirépublicaineprimetoujourslaloireligieuse.Leprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pours’affranchir des règles communes régissant les relations entre les collectivités publiques et les particuliers2. »Silamairieacceptaitlademandedecemonsieur,elleencourraitunecondamnation.

Devantvotrerefus,l’usagertentedefairepressionsurvouseninvoquantunéluqu’ilconnaît,puisendemandantàcedernierd’intercéder.Or,cetélun’estpasfondéàvousdonnerdesordres,puisqu’iln’estpasvotresupérieurhiérarchique.Deplus, vous ne pourriez exécuter un ordre illégal.Eneffet,selonlaloiLePors:«Toutfonctionnaire,quelquesoitsonrangdanslahiérarchie,estresponsabledel’exécutiondestâchesquiluisontconfiées.Ildoitseconformerauxinstructionsdesonsupérieur

hiérarchique,saufdanslecasoùl’ordredonnéestmanifestementillégaletdenatureàcompromettregravementunintérêtpublic3. »Pistes d’action

•Rappeleràl’éluqu’enacceptantd’autoriserl’inhumationavantledélailégaldevingt-quatreheures,lamairiesemetenporte-à-fauxaveclaloi.

•S’ilinsiste,l’inviteràformulersademandeparécrit,enmettantencopievotresupérieurhiérarchiqueetlemaire(quisignelesautorisationsd’inhumationetdevradoncassumerlaresponsabilitéd’uneéventuelledérogation).

CAS N° 3 UNE LOUBAVITCH EN CUISINEContexte :entreprised’insertionDomaine :insertionNotion associée :libertédereligionSituation :vousêtesencadrant-etechniqueàSaveursdeTerroirs,unrestaurantd’insertion.Parmilessalariésquevousencadrezencuisine,unejeunefemmeaffichedeplusenplusouvertementsafoijuivedepuisqu’ellearejointuneassociationloubavitch(mouvementprônantleretourdesjuifsàlapratiquereligieuse).Elleportedésormaisuneperruque,conformémentàlatraditionjuiveorthodoxe,etsemontredégoûtéechaquefoisqu’elledoitmanipulerdelaviandedeporcoudel’alcool.Unjour,ellevousditqu’elleneveutplusêtreencontactaveccesingrédientsetvousdemandeàneplustravaillerlesamedi,jourduShabbat.Or,c’estlejouroùvousservezleplusderepas.Quefaites-vous?Décryptage

Lesentreprisesd’insertion(EI)sontdesopérateursquiemploientdespersonnesendifficulté,toutenleurproposantdesprestations(formation,accompagnementsocial…)visantàfaciliterleurinsertionsurlemarchédutravail.LesEIpeuventprendredifférentesformesjuridiques(association,SARL…)etbénéficientgénéralementdesubventions

Fichestagiairecorrigéen° 4Étudesdecas

w

stag

iair

e

2.Conseilconstitutionnel,19novembre2004.3.Loin°83-634du13juillet1983portantdroitsetobligationsdesfonctionnaires,article26.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 71

publiques.Ellesexercentunemission d’intérêt général etnonunemissiondeservicepublic.Leurssalariésnesontdoncpassoumisaudevoirdeneutralitéetpeuventaprioriexercerleurlibertédereligion,àconditionquecelle-cin’entrave pas la réalisation de leur mission.

Ici,lasalariéenesouhaiteplus,pourdesraisonsreligieuses,préparerdeplatsàbasedeporcoud’alcool,nitravaillerlesamedi.Elle refuse donc d’exécuter une partie de la missionpourlaquelleelleaétéembauchée.Dansunrestaurantspécialisédanslacuisinedeterroir,onpeutsupposerquel’usageduporcetdel’alcoolestrelativementfréquent.Demême,lesamediestlejouroùl’affluenceestlaplusforte,cequinécessitelaprésencedetoutlepersonnel.Lesexigencesdecettesalariéenesontdoncpas compatibles avec le bon fonctionnement du restaurant etpourraientjustifierunerupture du contrat de travail. Dansuncassimilaire,laCourdecassationaeneffetvalidélelicenciementd’unboucherdemusulmanquirefusaitd’êtreencontactavecdelaviandedeporc4.

Toutefois,uneentreprised’insertionnepeutgérersonpersonneluniquementenfonctiond’impératifs productifs. Elleestcenséeaccompagnerchaquesalariédanssonparcoursd’insertion,enétantattentive à ses besoins et à ses progrès.Ici,lajeunefemmerécemmentconvertieagagnéenassurance,cequiestunpointpositif.Enrevanche,elleexprimedesexigencesquisontincompatiblesavecl’organisationdutravailauseindurestaurantetpourronts’avérerrédhibitoirespourdefutursemployeurs,siellesouhaitepersévérerdanslesecteurdelarestauration.Pistes d’action

•Engagerunediscussionaveclasalariée,ensefocalisantnonsurlareligionmaissurletravail.Ilnes’agitpasdeporterunjugementsurlesconvictionsdecettesalariéemaisdel’ameneràprendreconsciencequesesnouvellesexigences

sontincompatibles avec l’organisation du travailauseindurestaurantetpourronts’avérer rédhibitoires pour de futurs employeurs,siellesouhaitepersévérerdanslesecteurdelarestauration.

•Inviterlasalariéeàproposerunesolutiondecompromis(parexempleutiliserdesgantsdecuisine)ouàenvisageruneréorientation.

•Siaucunesolutionn’estenvisageableauseindel’entreprise,mettrefinàsoncontratdetravailenmotivantprécisémentcettedécision.

CAS N° 4 MENU VÉGÉTARIEN À LA CANTINEContexte :mairieDomaine : restaurationscolaireNotion associée :neutralitéduservicepublic

Situation :vousêtesanimateur-tricederestaurationscolaire,c’est-à-direquevousencadrezlesélèvesd’écoleprimairependantlapauseméridienne.Lamairiequivousemploievientdemettreenplacedesmenusvégétariens,toutenmaintenantlesmenusclassiques.Unparentd’élèvequiachoisipoursafillelemenuvégétarienvientseplaindredufaitquecelle-ciamangédelaviandecarunecamaradeluiafaitgoûtersonsteak.Ilesttrèscontrariécarilveutfairedesafille« une bonne musulmane. »Aussi,ilvousdemandedeluigarantirquecelanesereproduiseplusàl’avenir.Quefaites-vous?Décryptage

Lescantinesscolairesdesécolesprimairessontgéréesparlesmunicipalités.Cesontellesquidéfinissentlesmenusenfonctiondecritèresnutritionnelsmaisaussi,souvent,entenantcomptedescoutumesdeleursusagers,bienquelaloinelesyobligepas5.Ainsi,nombredemairiesontmisenplacedesmenussansporcouvégétariens,pouvantêtrechoisisparlesfamillespourdesraisonsreligieuses,éthiquesoudiététiques.Ces menus ne se substituent pas aux menus classiques mais s’y ajoutent,desorteque w

stag

iair

eSé

quen

ce

7

4.Courdecassation,Chambresociale,24mars1998,n°95-44.738.

5.« Le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitue ni un droit pour les usagers ni un devoir pour les collectivités. » Circulairen°2011-216du2décembre2011.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION72 VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION72

desenfantsayantdifférentsmenuspeuventseretrouverassisàlamêmetable.Dèslors,ilpeutarriverqu’ilss’échangentdelanourriture.

Sileservicemunicipalderestaurationdoitrespecterleschoixdesparentsenservantàchaqueenfantletypedemenupourlequelilaétéinscrit,ilnepeutempêcherlesenfantsdes’échangerdelanourriture.Comptetenududevoirdeneutralitéquis’imposeàlui,unagentpublicnesauraitêtregarantdel’observanced’uneprescriptionreligieuse.Enrevanche,s’ilvoitunenfantmangerdelaviandeouduporcalorsqu’ilestinscritenmenuvégétarienousansporc,ilpeutluirappelerlechoixquesesparentsontfaitpourlui.

Ilenvadifféremmentdes prescriptions médicales.Sipourdesraisonsdesanté(allergie,pathologie…),unenfantestastreintàunrégimealimentaireparticulier,sesparentspeuventdemanderlamiseenplaced’unprojetd’accueilindividualisé(PAI).Dèslors,lepersonnelderestaurational’obligationdegarantirquel’enfantn’ingèrepasd’alimentsquiseraientpréjudiciablesàsasanté6.Pistes d’action

•Expliqueràcemonsieurquelepersonnelderestaurations’engageàserviràsafillelemenuvégétarienpourlequelelleaétéinscritemaisquevousnepouvezgarantirqu’ellenemangerapasdeviandedansl’assiettedesescamarades,carunservicepublicnepeutveilleràl’observanced’unerèglereligieuse.

•L’inviteràresponsabilisersafilledesortequ’ellen’acceptepluslaviandeproposéeparsescamarades.

CAS N° 5 LE COCHON GRILLÉ DE LA DISCORDEContexte : associationDomaine :restaurationNotions associées :libertéd’association,discrimination,ordrepublic.

Situation : vousêtesdirecteur-triced’uncentresocialassociatif.Àl’accueil,unpanneaud’affichagerelaielesinitiativeslocales.Uneassociationdequartieryapunaiséuneafficheannonçantl’organisationprochained’un«cochongrillé»(repasouvertàtous,avecparticipationauxfrais).Desusagersducentreontperçucetteinitiativecommeuneprovocation,carlequartiercompteuneimportantecommunautémusulmane.Unhommeamêmemenacédeporterplaintepourdiscrimination.Vousavezdoncdécidéderetirerl’affichemaisunepartiedessalariésducentresocials’yoppose,aumotifqu’ilnefautpascéderau«communautarisme».Quefaites-vous?Décryptage

L’organisationdecerepasrelèvedel’initiative d’une association,quiestdonclibred’enchoisirlemenu.Riennel’obligeàtenircomptedufaitquecemenuexclutdefaitlesmusulmansetjuifspratiquants,ouencorelesvégétariens.Ilestpossiblequecetteassociationaitchoisicemenuprécisémentpourenexclurelesmusulmans(àlamanièredes«apérossaucisson-pinard»oudes«soupespopulairesaulard»organiséspardesmouvementsd’extrêmedroite)maissoninitiativenepeutenaucuncasêtreattaquéepour discrimination.Enrevanche,ellepourraitéventuellementfairel’objetd’uneinterdictionpourrisque de trouble à l’ordre public7.

Ilnevousrevientpasd’autoriserounoncerepasmaisdedécidersivousvoulezounonenfairelapublicitédansvotrestructure.D’uncôté,votrecentresocialavocationàrelayerlesinitiativesdesassociationslocales.Del’autre,cerepasexclutdefaitunegrandepartiedelapopulationduquartier,cequivaàl’encontredesvaleurs de vivre-ensemblepromuesparlescentressociaux.Enretirantl’affiche,vousrisquezdefâcherunepartiedevossalariés.Enlalaissant,vousrisquezdevouscouperd’unepartiedevosusagers.

Fichestagiairecorrigéen° 4Étudesdecas

w

stag

iair

e

6.Nepaslefaireconstitueraitunmanquementàuneobligationdeprudenceoudesécurité,passibledepoursuites.Cf.ArticleL2123-34duCodegénéraldescollectivitésterritoriales.

7.Ainsi,en2010,laPréfecturedepolicedeParisainterditun«apérosaucisson-pinard»queplusieursgroupesidentitairesentendaientorganiserdanslequartierdelaGoutted’Or,àl’endroitmêmeoùsedéroulenthabituellementdesprièresderue.LePréfetaestiméquecetévénement,quiétaitprévuunvendredi(jourdeprièrepourlesmusulmans)etenmêmetempsqu’unmatchdefootballAngleterre-Algérie,était«créateurderisquesgravesdetroublesàl’ordrepublic.»

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 73KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 73

Pistes d’action•Quellequesoitvotredécision,l’expliqueraux

intéressés(organisateursdurepas,usagersetsalariésducentre).

•Sivouspensezquecerepasestsusceptibledeprovoquerdestroublesàl’ordrepublic,eninformerlesorganisateursetlamairie(quipourra,siellel’estimenécessaire,interdirecerepaspararrêtémunicipal).

CAS N° 6 DEMANDE DE DISPENSE D’ENSEIGNEMENTContexte : collègeDomaine :éducationNotion associée :luttecontrelesdiscriminations.

Situation :vousêtesenseignant-ed’histoire-géographieencollègeetchargé,àcetitre,del’enseignementmoraletcivique.Suiteàdesproposhomophobestenusparcertainsdevosélèves,vousavezinvitéuneassociationagrééeàanimeruneinterventionsurlaluttecontrel’homophobieetenavezinformévosélèves.Lepèredel’und’euxvientvousdemanderdedispensersonfilsd’yassister« par respect pour ses convictions religieuses ».Pourlui,l’homosexualitéestun« péché ».Ilproposequesonfilsailleensalledepermanencependantl’interventiondel’association.Quefaites-vous?Décryptage

L’enseignementmoraletcivique(EMC)aétécrééparlaloidu8juillet2013d’orientationetdeprogrammationpourlarefondationdel’ÉcoledelaRépublique.Ilviseàfaire« acquérir aux élèvesle respect de la personne, de ses origines et de ses différences, de l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que de la laïcité. » L’EMCestmisenœuvredel’écoleaulycéeàpartirdelarentrée2015.Cetenseignementestconfiéauxprofesseursd’histoire-géographiepourlecollège,etàl’ensembledesenseignantspourlelycée.Ilssont

chargésdeledispenser,ensuivantlesorientationsetlesthématiquesdéfiniesparl’Éducationnationale.Mêmesilaluttecontrel’homophobien’estpasexplicitementcitéedanslesthématiquespouvantêtreabordéesdanscecadre,ellerépondàl’objectifgénérald’inculquer« le respect de la personne […] et de ses différences »ets’inscritdansd’autresthématiquestellesque la liberté d’expression, les droits de l’homme et la lutte contre les discriminations.

Votreinitiative,préalablementvalidéeparlechefd’établissement,estdonctoutàfaitconformeàl’espritdel’EMC.Celui-ciétantunenseignementcommelesautres,ilestobligatoireetne saurait faire l’objet d’une dispense pour un motif religieux.LaChartedelalaïcitéàl’écolerappelleque« aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme8. »Accordercettedispensepourraitlaisserpenserquel’homophobieestacceptablesielleestfondéesurdesargumentsreligieux.Or,laloifrançaiseinterditlesproposetlesacteshomophobes,ainsiquelesdiscriminationsfondéessurl’orientationsexuelle.Sensibiliserlescollégiensàcettequestionestd’autantplusimportantquandonsaitquel’homophobieestl’unedespremièrescausesdesuicideschezlesadolescents9.Pistes d’action

•Expliquerauparentd’élèvequececoursn’estpasfacultatifetquevousnepouvezdoncdispensersonfilsd’yassister.Citersinécessairela«Chartedelalaïcitéàl’école.»

•Insistersurlefaitquecettesensibilisationnevisepasà«promouvoirl’homosexualité»(commel’affirmentcertainsgroupeshostilesàcegenred’interventionsenmilieuscolaire)maisàéduqueraurespectdetouteslespersonnes,quellesquesoientleursdifférences(orientationsexuelle,origine,religion…).

w

stag

iair

eSé

quen

ce

7

8.Ministèredel’Éducationnationale,Chartedelalaïcitéàl’école,article12.9. ÉricVerdieretJean-MarieFirdion,Homosexualités et suicide. Études, témoignages et analyse, H&Oéditions,2003.gieuxdanslechampdel’interventionsociale»,inD.Verba,F.Guelamine(dir.),Interventions sociales et fait religieux,op.cit.,p.134.L’auteurerapporteicilesproposd’unéducateur.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION74

CAS N° 7 DEMANDE D’UNE BIBLE PAR UN MINEUR EN SITUATION D’ENFERMEMENTContexte :centreéducatiffermé(CEF)Domaine :préventionspécialiséeNotion associée : libertédereligiondansleslieuxdeprivationdeliberté,prosélytisme.

Situation10 : vousêteséducateur-tricedeviequotidiennedansuncentreéducatiffermé11.Marco,unrésidentvousademandédeluiprocurerunexemplairedelabible,cequivoussurprendcariln’avaitjamaisjusqu’icimanifestélemoindresignedereligiosité.Toutefois,vousavezremarquéqu’ilasympathiséavecTrésor,unautrerésident,quinecachepassonappartenanceàuneÉgliseévangéliste.Certainsdevoscollèguesestimentqu’ilnefautpasfournirdebibleàMarcoparceque« le CEF est un établissement laïque »etquecelarisquedefavoriserleprosélytisme.Quefaites-vous?Décryptage

LesCEFsontdesétablissementspublicsouassociatifsquidépendent,directementouindirectement,duministèredelaJustice.Àcetitre,ilsconstituentdesservices publicsdontlespersonnelssontsoumisaudevoirdeneutralité.Celan’impliquepasquecesderniersdoiventempêcherlesrésidentsd’exercerleurlibertédeculte,aucontraire.Les résidents étant privés de leur liberté de mouvement, ils ne peuvent exercer leur liberté de culte sans l’aide de l’institution.

Selonlecontrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,« de la même manière que “les personnes détenues sont autorisées à recevoir ou à conserver en leur possession les objets de pratique religieuse et les livres nécessaires à leur vie spirituelle” (article R. 57-9-7 du code de procédure pénale), il doit en aller ainsi de toutes les personnes privées de liberté durablement, quel que soit le lieu de cette privation12. »Deplus,lesCEFsont,entantqu’établissementssociaux,soumisaucodedel’actionsocialeetdesfamilles,doncàlachartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie,quiinclueledroit à la pratique religieuse13.Parailleurs,laluttecontreleprosélytismeetlaradicalisationnedoitpasconduireàassimilertouteformedespiritualitécommeunemanifestationdecesphénomènes.Etpriver les individus de leur liberté de culte n’est sûrement pas de nature à les endiguer, bienaucontraire.

Enfin,l’intérêtqueMarcomanifestepourlaspiritualitépeutdonnerlieuàunéchangeconstructifaveclui.« Dans cette logique, permettre l’accès à un texte religieux ne contrarie pas les objectifs de l’éducateur, si cette initiative repose sur un temps de dialogue, dans le cadre d’une “relation clairement éducative14”. »

Fichestagiairecorrigéen° 4Étudesdecas

w

stag

iair

e

10.Cecasestinspiréd’unesituationdécriteparFaïzaGuelaminedansDanielVerba,FaïzaGuelamine(dir.),Interventions sociales et fait religieux. Les paradoxes des logiques identitaires,Rennes,Pressesdel’EHPSP,2014.11.LesCEFsontdesstructuresalternativesàl’incarcérationaccueillantpourunepériodedesixmoisdixàdouzemineursmultirécidivistesoumultiréitérantsfaisantl’objetd’unemesuredecontrôlejudiciaireoudesursisavecmiseàl’épreuve.Ilsvisentàcontenirlesjeunesdansuncadrestrict,toutenconstruisantaveceuxunprojetd’insertion.Cesontdesétablissementspublicsoudesétablissementsdusecteurassociatifhabilité.

12.Contrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,Avisdu24mars2011relatifàl’exerciceducultedansleslieuxdeprivationdeliberté,Journal officiel,17avril2011.13.«Lesconditionsdelapratiquereligieuse,ycomprislavisitedereprésentantsdesdifférentesconfessions,doiventêtrefacilitées,sansquecelles-cipuissentfaireobstacleauxmissionsdesétablissementsouservices.Lespersonnelsetlesbénéficiairess’obligentàunrespectmutueldescroyances,convictionsetopinions.Cedroitàlapratiquereligieuses’exercedanslerespectdelalibertéd’autruietsousréservequesonexercicenetroublepaslefonctionnementnormaldesétablissementsetservices.»Arrêtédu8septembre2003relatifàlaChartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie,mentionnéeàl’articleL.311-4duCodedel’actionsocialeetdesfamilles,article11.14.FaïzaGuelamine,«L’inscriptiondufaitreligieuxdanslechampdel’interventionsociale»,inD.Verba,F.Guelamine(dir.),Interventions sociales et fait religieux,op.cit.,p.134.L’auteurerapporteicilesproposd’unéducateur.

75

stag

iair

eSé

quen

ce

7

Pistes d’action•FourniràMarcounexemplairedelabible,commeil

ledemande,enluiexpliquantqu’ilexerceainsisondroitàlapratiquereligieuse,garantiparlaloi.

•Rappeleràtoutel’équipeéducativeledroitàlapratiquereligieusedontjouissentlesrésidents.

•Afficher(sicelan’apasencoreétéfait)lachartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie,defaçonàcequ’ellepuisseêtrelueparlessalariésetlesrésidents.

•EngagerladiscussionavecMarcosursonintérêtpourlaspiritualité.L’enjeudecetéchangen’estpasdel’encouragerdanscettevoieoudel’endissuadermaisdecomprendrecequesongesteditdesonétatintérieuretdesesaspirations.

CAS N° 8 COURS DE GOSPEL DANS UNE SALLE MUNICIPALEContexte :mairieDomaine : relationauxassociationsNotions associées :subventionauculte,prosélytisme,associationconfessionnelle/cultuelle.Situation : vousêtesresponsableduservicedupatrimoinedansunemairie.Uneassociationévangéliquesollicitelamiseàdispositiongracieused’unesallemunicipalepourlamiseenplaced’uncoursdegospel.Or,cetteassociationestconnuepourêtreparticulièrementprosélyte.Deplus,voussavezquelasalleprivéeoùelleorganisesesofficesreligieuxnesuffitplusàaccueillirtoussesfidèles,deplusenplusnombreux.Vouscraignezquececoursdegospelneservedefaçadeàdescélébrationsreligieuses.Quefaites-vous?Décryptage

Unecommunepeutsubventionneruneassociationconfessionnellepouruneactivitésociale,éducativeouculturelle,àconditionquelasubventionsoitexclusivementaffectéeàcetteactivitéetnonàl’exerciceduculte.Apriori,uncoursdegospelconstitueuneactivité culturelle,mêmes’il

s’appuiesurdeschantsreligieux.Enrevanche,sicecoursdegospelsertdesupport à une démarche prosélyteoudeparaventàdes célébrations religieuses,lamiseàdispositiond’unesallemunicipalenepeutsefaireàtitregracieuxniàuntarifavantageux(cequiseraitunesubventionindirecteàunculte,interditeparlaloide1905).Elledoits’effectuerauxconditions du marché,c’est-à-direparuncontratdelocationauprixdumarché.Ici,cequevoussavezdel’associationdemandeusevouslaissepenserquececoursdegospelpourraitrecouvrirunedimensioncultuellemaiscommeiln’apasencorecommencé,vousnepouvezpasvérifiercepressentiment.Pistes d’action

•Rencontrerledirigeantdel’associationafind’ensavoirplussurceprojetdecoursdegospel.

•L’informerquececoursnedoitpasservirdesupportàdesactivitéscultuellesetquecetteconditionseraspécifiéedanslaconventionquiserasignéeentrelaVilleetl’association,encasd’acceptationdelademandeparleconseilmunicipal.LuidireégalementquelaVilleseréserveraledroitd’annulercetteconventionsielleconstatequecetteconditionn’estpasrespectée.

•Siledirigeantdel’associationfaitétatdesesdifficultésàtrouverunnouveaulieudeculte,l’informerqu’ilpeutsolliciterlalocationd’unesallemunicipale,moyennantunloyercorrespondantauxprixdumarchéimmobilierlocal.

FICHES ASSOCIÉES•Fichesdesynthèsen°9et10

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 75

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION76

Cettefichefournitdesargumentspouvantêtreutilisésparlesprofessionnelspourexpliquerlalaïcitéàleurscollèguesouàdesusagers,enréponseàdesidéesreçues.

« LA FRANCE EST UN PAYS LAÏQUE. ON DOIT LAISSER SA RELIGION CHEZ SOI. »

LaFranceesteffectivementunÉtatlaïque(etnonunpayslaïque),cequisignifiequ’il n’y a pas de religion officielleetquelesinstitutionspubliquessontindépendantesdetouteconceptionreligieuse.Maiscelan’impliquenullementqu’ilfaudrait«laisserlareligionchezsoi».Lalaïcitégarantitlalibertédeconscience,quiinclutledroitdemanifestersareligionenpublic.Uneloiinterdisantleportdesignesreligieuxdansl’espacepublicseraitanticonstitutionnelleet antidémocratique.

« L’ÉTAT LAÏQUE IGNORE LES RELIGIONS. »

Selonlaloide1905,« la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte »maiscelanesignifiepasqu’ellelesignore.Lespouvoirspublicsdialoguentquotidiennementaveclesautoritésreligieuses,tantauniveauétatiquequ’auniveaulocal.Rattachéauministèredel’Intérieur,leBureaucentraldescultesestchargédesrelationsaveclesreprésentantsdescultesetveilleaurespectdesdispositionsdelaloide1905,parmilesquelleslapolicedescultes.Ilestparexempleinterditauxministresdescultes(prêtres,pasteurs,rabbins,imams…)detenirdesdiscoursincitantlesfidèlesàdésobéirauxlois.

Aunomdel’ordrepublic, l’État encadre donc l’exercice du culte mais dans le même temps il le protège ensanctionnant,parexemple,lefaitd’empêcheroud’interrompreunecérémoniereligieuse.Auniveaulocal,lemairedialogueaveclesautoritésreligieuses,notammentpourtoutcequiconcernelaconstructionoul’entretiendeslieuxdecultes.

Fichedesynthèsen° 9 Lalaïcitéexpliquéeàmescollègues/auxusagers

« LA LAÏCITÉ INTERDIT AUX POUVOIRS PUBLICS DE PRENDRE EN COMPTE TOUTE DEMANDE RELIGIEUSE. »

Lalaïcitéimpliquelaneutralité confessionnelle desinstitutionspubliques.L’Étatoulescollectivitésterritorialesnepeuventsubventionnerd’activitésreligieuses,nifairelapromotiondetelleoutelleoptionreligieuse.Enrevanche,danslesétablissements publics fermés(internats,hôpitaux,casernes,prisons…),l’Étatdoit,danslamesuredupossible,permettrel’exerciceduculte,enfinançantdesaumôneriesouenproposantdesmenusconfessionnelsauxpersonnesquienfontlademande,sicelan’entravepaslebonfonctionnementduservice.Danslescantinesscolaires,lesmairiesn’ontaucuneobligationdefairedemêmemaisriennelesempêchedeproposer,parexemple,desmenussansporcousansviande.LaChartedelalaïcitédanslesservicespublicsindiqued’ailleursque« le service s’efforce de prendre en considération les convictions  de ses usagers dans le respect des règles auquel il est soumis et de son bon fonctionnement. »

Cettenotiondebonfonctionnementestungarde-fou.Lorsqu’unedemandeouuncomportementseprésentantcommereligieuxviolelesrèglescommunes,iln’estnulbesoind’invoquerlalaïcitépourréagir.Parexemple,siunélèvecracheparterreparcequ’ilaffirmenepasavoirledroitd’avalersasalivependantleramadan,cen’estpasaunomdelalaïcitéqu’ilfautlesanctionnermaisaunomdurèglementintérieur.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 77KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ

w

Séqu

ence

7

« LA LAÏCITÉ SERT DE PRÉTEXTE POUR DISCRIMINER LES MUSULMANS. »

La laïcité n’est pas une arme de guerre contre l’islam, niaucunereligionenparticulier.Aucontraire,elleaétéconçueparsesfondateurs(AristideBriandetFerdinandBuisson,notamment)commeuninstrument de paix civile,unefaçondegarantirquelareligionnesoitplusunfacteurdeconflitetdedivisiondanslasociétéfrançaise.Laloide1905garantitl’indépendancedesorganisationsreligieuses,protègelalibertédeconscienceetdeculte,etinterditladiscriminationreligieuse.Les musulmans bénéficient de ces droits et libertéaumêmetitrequetouslescroyants.Cependant,ilestarrivéquedesindividusinvoquentàtortlalaïcitépourjustifier des actes discriminatoires,commelefaitderefuseràunefemmevoiléedelouerunechambred’hôtel.Maiscelarésulted’unemauvaise compréhensionoud’unemanipulation de la laïcité.

« LA LAÏCITÉ EST ANTIRELIGIEUSE ET ANTICLÉRICALE. »

Leprocessusdelaïcisationdesinstitutionsfrançaises,quis’estétendude1880à1905,apermisàlaiiieRépubliquedes’émanciper de l’influence considérable qu’exerçait alors l’Église catholiquesurlaviepolitiqueetsociale,dansuncontexteoùl’ÉglisecombattaitlaRépubliqueetprônaitunretouràunemonarchiededroitdivin.Siles

républicainslesplusanticléricauxconcevaientlalaïcitécommeunmoyend’anéantirl’Églisecatholique,cen’estpascettetendancequil’aemporté.Laloide1905aétél’œuvredespartisansducompromisavecl’Égliseetd’uneprotectiondelalibertédereligion.Lalaïcitén’estdoncpasensoianticléricale(hostileauxinstitutionsreligieuses)ouantireligieuse(hostileàlareligion).L’État ne s’immisce pas dans le dogme ni dans l’organisation des communautés religieuses,ilveilleseulementquecelles-cirespectentlaloirépublicaine.Parexemple,ilnedemandepasàl’Églisecatholiqued’accepterl’avortementoulemariagehomosexuelmaisdenepasinciterlesfidèlesàempêcherdesavortementsoudescélébrationsdemariageshomosexuels.

« MON ENTREPRISE EST LAÏQUE. JE NE VEUX PAS DE SIGNES RELIGIEUX. »

La laïcité concerne les institutions publiques, pas les entreprises.Celles-cinepeuventdoncseprévaloirdelalaïcitépourinterdireàleurssalariésouàleursclientsdeporterdessignesreligieux.Lalibertédemanifestersareligionpeuttoutefoisêtrerestreintepourdesimpératifsd’hygiène,desécuritéousisonexerciceempêchelebondéroulementdel’activitédel’entreprise.Touterestrictionnonjustifiéedecettelibertéconstitueunediscrimination fondéesurlareligion.

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION78

Fichedesynthèsen° 10 Laïcité:lesdixmessagesclés

1 L’histoiredesreligionsenFranceestjalonnéedeguerresciviles,depersécutionsetdeviolentes

controverses.Lalaïcitéaétéconçuecommeuninstrument de paix civile,unefaçondegarantirquelareligionnesoitplusunfacteurdedivisiondanslasociétéfrançaise.

2Lapierreangulairedurégimefrançaisdelaïcitéestlaloidu9 décembre 1905deséparation

desÉglisesetdel’État,quimitfinauConcordat.Danscesystème,ilexistaitquatrecultesofficielsquiétaientàlafoissubventionnésetcontrôlésparl’État.

3Lalaïcitéestdéfiniepar:-laprotectiondelalibertédeconscience

etlagarantiedelalibertédeculte;-l’égalitédetraitemententretouslescitoyens;-laneutralitédel’Étatetlagarantiedupluralisme

religieux.

4Lalaïcitéestmoinsunevaleurenelle-mêmequ’unprincipe juridico-politique au service

des valeursrépublicaines(liberté,égalité,fraternité).

5Lalaïciténes’assimilepasàl’athéisme.Ellen’estpasunecroyanceouuneoptionphilosophique

parmid’autresmaisleprincipequirendpossiblelacoexistence de toutes les croyances.

6Lalaïcitédoitêtredistinguéedelasécularisation,quidésigneleprocessusdeperted’influence

delareligiondansunesociété.Lalaïcisationestunprocessuspolitique,lasécularisationunprocessussocial.

7 Lalaïciténecantonnepaslareligionàlasphèreprivée.Ellegarantitaucontrairelalibertéde

religion,ycomprisenmettantàdispositiondesoutilsjuridiquespermettantl’organisationdescultesetprotègele droit de manifester sa religion en public.

8L’Étatpeutrestreindrecedroitpourdesraisonsliéesaurespectdupluralismereligieux,

àlaprotectiondesdroitsetlibertésd’autrui,auximpératifsd’ordrepublicetaumaintiendelapaixcivile.Demême,unemployeur privé peutimposeràsessalariésdesrestrictionsdecettelibertépourdesraisonsliéesàlasécurité,l’hygièneoul’exécutionleursmissions.

9Le devoir de neutralité(interdictiondeporterdessignesreligieux)s’appliqueauxagentsdestrois

fonctionspubliques,ainsiqu’auxsalariésdestructuresdedroitprivéexerçantunemissiondeservicepublic.Ils’imposeégalementauxélèvesdesécoles,collègesetlycéespublics.

10Lesusagersdesservicespublicsnepeuventseprévaloirdeleursconvictionsreligieuses

pours’affranchir des règles communes.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 79

Séquence8Posture et communication

890 min

Séqu

ence

8

P. 80 Fiche formateur n°9

Matin

Jour2

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION80

MISE EN CONTEXTEL’objectifpourlesparticipantsestdeprendre

consciencequelesdébatsautourdesquestionsdelaïcitésontsouventlefruitdelaconfrontationdecadresderéférencedifférentsetnond’uneremiseencauseduprincipedelaïcité.L’écoute,l’empathieetl’ouverturedeviennentalorsdesqualitésàmobiliserpourmaintenirlarelation,lemessageétantportétantparlediscoursqueparlapostureetl’attitude.Lequestionnement,l’explicationetl’argumentationsontalorsauservicedelaconstructiondudialoguefavorisantl’émergenced’uneissuepositive.Cesconditionssontpropicesàlapédagogieautourdelaquestiondelalaïcité.

SITUATIONEnrepartantdessituationsquiaurontétéanalysées

lorsdelaséquence4,vousmettezenplacedesjeuxderôlesquipermettrontdemettreenmouvementlesargumentairesquiavaientétéidentifiés.

Pourchaquesituation,vousdemandezunvolontairepourjouerlerôleduprofessionnel(agentduservicepublic,salariéd’uneassociation…)etunautrepourinterpréterlerôledesoninterlocuteur.Ilsprendrontuntempsrapidepourseremémorerlasituationetimaginerlafaçondelafairevivredanslecadredecettesimulation.

Avantdecommencerlasimulation,vousénoncezlesrèglesdujeu:attitudeconstructiveetbienveillantedetouslesparticipants,ladiscrétionrequisedesobservateurslorsdelasimulation,lesmodalitésdudébrief.Lorsdelasimulationquisedérouleenplénière,lesautresparticipantsoccupentunefonctiond’observateur;àcetitre,ilsdoiventrestersilencieuxetnepasintervenirpendantlasimulation.

Lesobservateursdoiventrepérerlesbonnespratiquesàréinvestiretlespointsd’améliorationet/

90 mind’exerciceetdedébriefing

Ficheformateurn°9Postureàadopter

ouvigilancesurlesplansdudiscours(vocabulaire,expressionorale,arguments),du comportement (regard,posture,voix)etdela gestion de la relation(reformulation,écouteactive,participation).

Lorsquelasimulationestterminée,le débrief s’organise en trois temps :

•pointdevuedel’agentduservicepublicsursaperceptiondelafaçondonts’estdérouléelasimulation(ressenti,cequiluiasembléfacileoudifficile,interrogationsquecelaasoulevées…);

•pointdevuedel’interlocuteur(ressenti,attitudedesoninterlocuteur…);

•pointdevuedesobservateurs.

Àl’issuedeséchanges,vousprésentezvotrepointdevueetapporterezdesélémentsdecadragesurlafaçondegérerlasituation.

Éléments de cadrage sur les situations de tension et de conflit

•Leconflitestunesituationdanslaquelledeuxouplusieursacteursauxintérêtsopposésentrentenconfrontation,enoppositionetentreprennentdesactionsantagonistes.

•Leregard(construitsurlabasedesonhistoirepersonnelle,desesvaleurs,desapersonnalité,desaculture…)eststructurantetconditionnelaperceptiondessituations.

•Lapréventiond’unconflitrequiertdegérerlesmalentendus,lesdifférencesculturelles,lesincompréhensions.

•Larésolutiond’unconflitpasseinévitablementparuneanalyseprécisedelasituation.

•Lasortied’unconflitnécessited’objectiverdesimpressionsetdesperceptions;àpartirdequestionnementsetdereformulations,ils’agitdetransformerdessentimentsetdesopinionsenfaitstangibles.

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 81

Éléments de cadrage sur la posture à adopter Adopterlesposturesfavorablesàlacréationd’unespaced’échangevéritableetconstructif:

•lacréationd’unclimatdeconfiancepasseparlerecoursàdestechniques(observation,écouteactive,reformulation,questionnement)etàdesattitudespositives(bienveillance,respect,tolérance,authenticité);

•lanécessitédelaisserunespacedeparolesuffisantàl’interlocuteur(écouterplusqueparler)etl’encourageràs’exprimerenposantdesquestionsouvertes,enstructurantetenrecherchantl’enchaînementdesidées,enreformulant;

•l’espritpositifdel’échangereposesurlavolontédejouergagnant-gagnantetdenepasinstaurerunrapportdeforce;

•lanécessitédesemettredansunétatd’espritpositifetdesemontrersoupledanssonattitudeetsespropos.

Éléments de cadrage sur les techniques de communicationComprendrelesleviersdelacommunicationpourinstaurerunclimatdeconfianceetcréerunespacedeparoleouvertetconstructifpourlesdeuxinterlocuteurs:

•lamiseenœuvred’unecommunicationouverteetconstructivenesedécrètepasetilestnécessairedecréerdesconditionsfavorables;

•l’écouteactiveestunfacteurprépondérantdelabonneconduitedel’échange.C’estprendreunepartactiveàl’échangetoutengardantlesilenceetensemettantdansunétatderéceptivité;C’estécouteravecattentionetempathie,engardantlecontact,enobservantlesattitudesdel’interlocuteur,ensemettantàsaplace;

•lesconditionsd’écoutesontparfoisdifficilesàréunir.Lorsqu’uninterlocuteurparle,unetendancefréquenteestd’intervenirimmédiatementdanssondiscours.L’interventionestencoreplusrapide

etfortesicequ’ilditsurprend,choqueougêne.Cetteréactionprécipitéeconstitueunobstacleàunebonneécouteetdoncàladynamiquedelacommunicationinterpersonnelle;

•lareformulationconsisteàrestituerdemanièresynthétiquecequel’interlocuteuradit,demanièreàcequ’ilretrouvelesentimentqu’ilaexpriméetlesinformationssignificativesqu’ilaapportées;

•lareformulationconfirmeàl’interlocuteurqu’ilestbienécoutéetcompris;ellepermetderésumeruneinterventionpourdégagerl’essentiel,demieuxsituerleproblème,devérifiersacompréhensiondel’exposé,dedédramatiserlasituationlorsqu’ilyaunemanifestationd’agressivité.Cefaisant,elleaideàclarifierlasituationouàdébroussaillerunproblème;

•lequestionnementestutilepourrecueillirdesinformations,demanderdesexplications,desprécisions,ouencorecontrôler/vérifierlabonneréceptiond’unmessage;

•lequestionnementpeutreposersur:–desquestionsferméesquiamènentdesréponses

courtesdetype«oui»ou«non»etquivisentàfairepréciserlesfaits,àobteniruneinformationpréciseetàvaliderunedécision;

–desquestionsouvertesquilaissentàlapersonneinterrogéelalibertéd’exprimersaréponsecommeellel’entendetquipermettentd’explorerunsujet,delancerladiscussion,dedonnerl’initiativeetd’aideràêtreobjectif;

–desquestionsinductivesquiseprésententcommedesquestionsferméesévoquantdéjàlaréponseattendue;

–lesquestionsetlesreformulationscontribuentàcréerledialogueetàsefaireuneopinion.

FICHE ASSOCIÉE :•Fichedesynthèsen°10:Laïcité,les10messagesclés

Séqu

ence

8

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION82

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 83

Séquence9

945 min

8Sé

quen

ce

9

P. 84 Fiche formateur n° 10 P. 85 Fiche stagiaire ressource n° 5 : quizP. 86 Fiche stagiaire corrigée n° 5 : quizP. 89 Fiche de synthèse n° 11 : laïcité

et usage des espaces publics

P. 95 Fiche formateur n° 11P. 96 Fiche stagiaire ressource n° 6 : quizP. 97 Fiche stagiaire corrigée n° 6 : quiz P. 101 Fiche de synthèse n° 12 : laïcité et

relation socio-éducative

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics » Cadrelégaldel’usagedesespacespublics

Cadre légal applicable au contexte d’exercice professionnel

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative » Cadrelégaldelarelationsocio-éducative

Jour2Après-midi

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION84

MISE EN CONTEXTECetteséquenceouvreladernièredemi-journée

deformationetviseàapporterunéclairagespécifiquesurlecadrejuridiqueapplicableàl’usagedesespacespublics.Cetteséquencedoitpermettreauxparticipantsdemobiliserlesélémentsjuridiquesrelatifsàleurcontexted’exerciceprofessionneletdesavoircequirelèvedesdroitsetobligationsdescollectivitésetdespublics.Elleseprésentesouslaformed’uneidentificationdelavéracitéounondecertainesaffirmationssurlagestiondel’espacepublicetsurlevisionnagedevidéospédagogiques.

SITUATIONLaséquencedébuteparlaremised’unquizà

compléterindividuellement.Cequestionnairerecensedifférentesaffirmationssurlagestiondel’espacepublic;pourchacuned’entreelles,ils’agitd’indiquersil’affirmationestvraieoufausse.

Lacorrectionsefaitenplénièreetchaqueréponseestl’occasionpourleformateurd’apporterdesélémentsdecadragejuridique(endéroulantlediaporamaaufuretàmesuredesquestionstraitées).Ledébriefingpeuts’appuyersurlevisionnagedecourtesvidéossurlesprincipesdesaidespubliquesauxcultes,lagestiondupatrimoinecultuel,lagestiondesdemandesdenon-mixitéetlesprincipesdelagestiondescimetières.Lorsduvisionnage,lesparticipantssontinvitésàprendredesnotessurlesdroitsetdevoirsdescollectivitésetdesusagers.

Lesapportsdecetteséquencedoiventsefaireenarticulationaveclesélémentsévoquésauxséquences4et7(rappels,compléments);lechoixdesphotosduparcoursmulti-épisodiqueetdesétudesdecasdoitsefaireenfonctionduprofildesparticipantsetdespointsabordésdanslaprésenteséquence.

FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°5etfichestagiaire

corrigéen°5:quizespacepublic•Fichedesynthèsen°11:laïcitéetusagedesespaces

publics

VIDÉOSvideo.cnfpt.fr/laicité•Entretiensavecl’Observatoiredelalaïcité•Entretiensavecleministèredel’Intérieur

10mind’exercice,35mindedébriefetd’échangesenplénière

Ficheformateurn° 10Cadrelégaldel’usagedesespacespublicsPrincipesjuridiques

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

85

Fichestagiaireressourcen° 5Quizusagedesespacespublics

stag

iair

e

10mind’exercice

CONTENU

VRAI FAUX

1 Uncinéma,uncommerceouunétablissementbancairesontconsidéréscommedesespacespublics

2 Toutfonctionnaireestsoumisaudevoirdeneutralité,qu’ilsoitounonencontactdirectaveclepublic

3Unemanifestationreligieuse(prière,procession…)organiséesurl’espacepublicpeutêtreinterditeaunomdelalaïcité

4 Ilestinterditd’apposerunsignereligieuxsurunmonumentpublic

5 Toutcitoyenaledroitd’êtreinhumédansuncarréconfessionnelcorrespondantàsareligion

6Unmairepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondantsurdesconsidérationsreligieuses

7 L’interdictiondedissimulationduvisagedansl’espacepublicdécouleduprincipedelaïcité

8Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieux

9 Lamixitéfemmes-hommesconstitueunprincipeconstitutionnel

10 Deslocauxmunicipauxpeuventêtrelouésàdesassociationscultuelles

8Sé

quen

ce

9

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION86

35 mindedébriefingetd’échangesenplénière

Fichestagiairecorrigéen° 5Quizusagedesespacespublics

stag

iair

e

CONTENUVRAI FAUX

1 Uncinéma,uncommerceouunétablissementbancairesontconsidéréscommedesespacespublics

2 Toutfonctionnaireestsoumisaudevoirdeneutralité,qu’ilsoitounonencontactdirectaveclepublic

3Unemanifestationreligieuse(prière,procession…)organiséesurl’espacepublicpeutêtreinterditeaunomdelalaïcité

4 Ilestinterditd’apposerunsignereligieuxsurunmonumentpublic

5 Toutcitoyenaledroitd’êtreinhumédansuncarréconfessionnelcorrespondantàsareligion

6Unmairepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondantsurdesconsidérationsreligieuses

7 L’interdictiondedissimulationduvisagedansl’espacepublicdécouleduprincipedelaïcité

8Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieux

9 Lamixitéfemmes-hommesconstitueunprincipeconstitutionnel

10 Deslocauxmunicipauxpeuventêtrelouésàdesassociationscultuelles

1D’aprèslaloide2010,« l’espace public est constitué des voies publiques ainsi que des lieux ouverts

au public ou affectés à un service public ». Lacirculaired’applicationdecetteloienapporteunedéfinitionencoreplusprécise:« Constituent des lieux ouverts au public les lieux dont l’accès est libre (plages, jardins publics, promenades publiques...) ainsi que les lieux dont l’accès est possible, même sous condition, dans la mesure où toute personne qui le souhaite peut remplir cette condition (paiement d’une place de cinéma ou de théâtre par exemple). Les commerces (cafés, restaurants,

magasins), les établissements bancaires, les gares, les aéroports et les différents modes de transport en commun sont ainsi des espaces publics. Les lieux affectés à un service public désignent les implantations de l’ensemble des institutions, juridictions et administrations publiques ainsi que des organismes chargés d’une mission de service public. Sont notamment concernés les diverses administrations et établissements publics de l’État, les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les mairies, les tribunaux, les préfectures, les hôpitaux, les bureaux

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 87

de poste, les établissements d’enseignement (écoles, collèges, lycées et universités), les caisses d’allocations familiales, les caisses primaires d’assurance maladie, les services de Pôle emploi, les musées et les bibliothèques. »

2Ledroitdemanifestersareligionenpublicnepeutêtreexercéparlesagentsdesservicespublics

lorsqu’ilssontdansl’exercicedeleursfonctions,enraisondudevoirdeneutralitéauquelilssontsoumis.L’exigencedeneutralitéestlamême,quel’agentsoitounonencontactaveclepublic.

3Uneprocession,commetoutrassemblementsurl’espacepublic,nepeutpasêtreinterdite(par

arrêtémunicipaloupréfectoral)aunomdelalaïcité,maispeutl’êtreaunomdelapréservationdel’ordrepublic.L’article27delaloidu9décembre1905rendpossiblelesmanifestationsreligieusessurlavoiepubliqueetdéfinitlesconditionsdeleurréalisationafind’assurerleurbonordre,lasûreté,lasécuritéetlasalubritépublics.Cesmotifspeuventêtreavancés,enétantjustifiéesdemanièreobjective,pouréventuellementinterdireunemanifestation.Lemairepeutégalementimposerunitinéraireouunespacepourcesmanifestationsreligieusesdèslorsqueseposentdesquestionsdesécuritéoudebondéroulementdelacirculation.

4Leprincipedeneutralitédel’États’appliquenonseulementauxagentsmaisauxbâtiments

publics.Laloide1905disposeeneffetqu’« il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions ».

5S’ilestenprincipeinterditd’établiruneséparationdanslescimetièrescommunauxàraisondela

différencedescultes(loidu14novembre1881),l’Étatarégulièrementincitélesmaires,pardiversescirculaires,àaménagerdesespacesregroupantlesdéfuntsdemêmeconfession.Cesregroupementspeuventêtredécidésmaispasimposésparlemaire.Danssonrapportde2004,«Unsiècledelaïcité»,leConseild’Étatinsisteaussisurl’ambivalencequiprévautsurcethème:« L’institution de carrés confessionnels dans les cimetières n’est pas possible en droit. Toutefois, en pratique, ils sont admis et même encouragés par les pouvoirs publics afin de répondre aux demandes des familles [...] ».

6Unmairenepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondant

surdesconsidérationsreligieuses.Casdejurisprudence:desparentssouhaitaientfaireinhumerleurfilsdanslecarréisraéliteducimetièrecommunaldeGrenoble.Defaçoninformelle,lamairiegéraitcecarréenconcertationavecuneassociationjuivedelaville.Or,auxyeuxdecelle-ci,l’enfantdéfuntn’étaitpasjuif,puisqueseulsonpèreétaitjuifetquesamèrenel’étaitpas.LemairedeGrenobleadoncrefusélademandedesparents,quiontfaitannulercettedécisionparletribunaladministratif.L’arrêtprécisequepourrefuserlademandedesparents,« le maire pouvait tenir compte de toutes considérations d’intérêt général et notamment celles tirées des nécessités d’ordre public, mais qu’il ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs, écarter ladite demande en se fondant exclusivement sur la circonstance que des autorités religieuses déniaient l’appartenance de la personne décidée à la confession israélite. »

7Laloidu11octobre2010interditladissimulationduvisagedansl’espacepublic.Danslacirculaire

d’application,cetteinterdictionestprésentéecommeunefaçonde« réaffirmer solennellement les valeurs de la République et les exigences du vivre ensemble ».Enrevanche,leprincipedelaïcitén’estévoquénidanslaloi,nidanslacirculaire.Laloiinterdit«leportdecagoules,devoilesintégraux(burqa,niqab...),demasquesoudetoutautreaccessoireouvêtementayantpoureffet,prisisolémentouassociéavecd’autres, w

stag

iair

e

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ

8Sé

quen

ce

9

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION88

Fichestagiairecorrigéen° 5Quizusagedesespacespublics

stag

iair

e

dedissimulerlevisage»,souspeined’uneamendede150euroset/oud’unstagedecitoyenneté.Elleinterditégalementlefaitd’imposeràquelqu’undedissimulersonvisageenraisondesonsexe,délitpassibled’unandeprisonetde30000eurosd’amende.Toutefois,l’interdictionnes’appliquepas« si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions législatives ou réglementaires »(portducasquepourlesconducteursdedeux-rouesàmoteurs)ousielle«estjustifiéepardesraisonsdesantéoudesmotifsprofessionnels,ousielles’inscritdanslecadredepratiquessportives,defêtesoudemanifestationsartistiquesoutraditionnelles.»Enfin,l’interdictionnes’appliquepasauxlieuxdeculteouvertsaupublic(conformémentàlaréserveduConseilconstitutionnel).

8Lechefdeserviceestresponsabledel’applicationdelaloi.Illuiappartientdel’expliqueràses

agents,d’eninformerlepublic(affiche,dépliants…)etd’actualiserlerèglementintérieur.« La dissimulation du visage fait obstacle à la délivrance des prestations du service public. »Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieuxmaisnepeutenaucuncaslaforceràlefaire.Faceàunrefusd’obtempérer,l’agentousonresponsabledoitfaireappelauxforcesdepoliceoudegendarmerienationalequiseulespeuventdresserleprocès-verbaletvérifierl’identitédelapersonne.LaCoureuropéennedesdroitsdel’Hommeavalidécetteloietsoulignéquelapréservationdesconditionsdu«vivreensemble»étaitunobjectiflégitimeàlarestrictionàlalibertédeporterunsignereligieux.

9Aucuntexteconstitutionneloulégislatifnefixed’obligationdemixité.L’objectifdemixitésedéduit

desprincipessuivants:leprinciped’égalitéentrelessexes,intégréàlaConstitutionde1946;leprincipedenon-discrimination,définipardenombreuseslois(notammentcelledu16novembre2001);leprinciped’égalitédesusagersdevantleservicepublic.Laloigarantittoutefoisledroitàlanon-mixitédanscertainscas.Ainsi,sontautoriséesles« discriminations fondées, en matière d’accès aux biens et services, sur le sexe lorsque cette discrimination est justifiée par la protection des victimes de violences à caractère sexuel, des

considérations liées au respect de la vie privée et de la décence, la promotion de l’égalité des sexes ou des intérêts des hommes ou des femmes, la liberté d’association ou l’organisation d’activités sportives. »

10L’articleL.2144-3duCodegénéraldescollectivités(CGCT)permetauxmairies

demettredeslocauxcommunauxàdisposition« d’associations, de syndicats ou de partis politiques qui en font la demande ».Ilappartientaumairede« déterminer les conditions dans lesquelles ces locaux peuvent être utilisés, compte tenu des nécessités de l’administration des propriétés communales, du fonctionnement des services et du maintien de l’ordre public. »Uneassociationcultuelle(loi1905)peutbénéficierdelamiseàdispositiondelocauxcommunauxpourunusagecultuel(exclusifounon)sousréservequecettemiseàdispositionnesoitpasconsentieàtitregratuitoudansdesconditionspréférentiellesoupouruneduréeindéterminée.Ils’agitd’éviterqu’ellenesoitassimiléeàuneaideinterditeparl’article2delaloidu9décembre1905(« La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte1 »).Lesmêmesdispositionss’appliquentpourlesassociationsloi1901,ycompriscellesayantuneactivitécultuellenonexclusive2.S’ils’agitd’unlocalappartenantaudomaineprivédelacollectivité(casdelatotalitédeslocauxprêtésparlaVilleauxassociations),sonutilisationousonoccupationreposegénéralementsuruncontratdelocationdedroitprivé.

FICHES ASSOCIÉES :•Fichedesynthèsen°11:laïcitéetespacepublic

1.CeprincipeaétérappelétrèsrécemmentparunedécisionduConseild’État(CE,19juillet2011,CNEdeMontpellier,n°313518)etparlacirculaireduministèredel’Intérieurdu29juillet2011.2.CE9octobre1992,CNESaint-Louisc/AssociationShivaSoupramaniendeSaint-Louis.

w

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 89

Selonuneidéereçuetenace,lalaïcitécantonneraitlareligionàl’espace(oula«sphère»)privéetcommanderait,parconséquent,denepasl’exprimerdansl’espacepublic.Cetteconceptionabsolutistedelalaïcité,quin’estpasnouvelle,n’aaucunfondementjuridique.Cependant,laloide2010surladissimulationduvisagedansl’espacepublicoulesdébatsrécurrentssurlesprièresderueontpucréerunecertaineconfusiondanslesesprits.Queditledroitsurlaplacedelareligiondansl’espacepublic?

TABLE DES MATIÈRESQu’est-ce que l’espace public ?.................................................................89Le droit de manifester sa religion en public.....................90La neutralité des bâtiments publics..............................................90Cimetières..................................................................................................................................91Édifices cultuels................................................................................................................91Les différents types de voile islamique.....................................92Dissimulation du visage....................................................................................93Mixité dans l’espace public...........................................................................93Pour aller plus loin : genre et espace public..................... 94

QU’EST-CE QUE L’ESPACE PUBLIC ?D’aprèslaloide2010,« l’espace public est constitué

des voies publiques ainsi que des lieux ouverts au public ou affectés à un service public1. »Lacirculaired’applicationdecetteloienapporteunedéfinitionencoreplusprécise:

«Constituentdeslieux ouverts au publicleslieuxdontl’accèsestlibre(plages,jardinspublics,promenadespubliques...)ainsiqueles lieux dont l’accès est possible, même sous condition, danslamesureoùtoutepersonnequilesouhaitepeutremplircettecondition(paiementd’uneplacedecinémaoudethéâtreparexemple).Lescommerces(cafés,restaurants,magasins),lesétablissementsbancaires,lesgares,lesaéroportsetlesdifférentsmodesdetransport en communsontainsidesespacespublics.

«Leslieuxaffectésàunservicepublicdésignentlesimplantationsdel’ensemble des institutions,juridictions et administrations publiques ainsiquedesorganismeschargésd’unemissiondeservicepublic.Sontnotammentconcernéslesdiversesadministrationsetétablissementspublicsdel’État,lescollectivitésterritorialesetleursétablissementspublics,lesmairies,lestribunaux,lespréfectures,leshôpitaux,lesbureauxdeposte,lesétablissementsd’enseignement(écoles,collèges,lycéesetuniversités),lescaissesd’allocationsfamiliales,lescaissesprimairesd’assurancemaladie,lesservicesdePôleemploi,lesmuséesetlesbibliothèques2.»

Fichedesynthèsen° 11 Laïcitéetusagedesespacespublics

w

8Sé

quen

ce

9

1.Loidu11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic,article2.2.Circulairedu2mars2011relativeàlamiseenœuvredelaloin°2010-1192du11octobre2010interdisantladissimulationduvisagedansl’espacepublic.

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION90

LE DROIT DE MANIFESTER SA RELIGION EN PUBLIC

Envertududroitfrançais,européenetinternational,toutepersonnealedroit de manifester sa religion en public, enportantunsignereligieuxouenparticipantàunévénementreligieux.Cependant,cedroitcomportecertaineslimites.

•Toutd’abord,ilnepeutêtreexercéparlesagents des services publics lorsqu’ilssontdansl’exercicedeleursfonctions,enraisondudevoirdeneutralitéauquelilssontsoumis.Précisonsquel’exigencedeneutralitéestlamême,que l’agent soit ou non en contact avec le public.

•Lalibertédemanifestersareligionenpublicpeutêtrelimitéeparl’autoritépubliquepourdesraisonsliées«à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui.3»

Laquestiondel’expressionreligieusedansl’espacepublics’estposéelorsdelapolémique de 2011sur les prières de rue,déclenchéeparlesproposdeMarineLePenquicomparaitcesprièresàune«occupation»,enréférenceàlaSecondeGuerremondiale.Enréalité,ledébatn’estpasnouveau.En1905,lorsdesdébatspréparatoiresàlaloideséparationdesÉglisesetdel’État,certainsdéputésradicaux-socialistesvoulaientinterdireauxprêtresleport de la soutane dans la rue4maisleurpropositionn’apasétéretenuedanslaloidu9décembre1905.Plustard,desmairesontprisdesarrêtésmunicipauxpourinterdireles processions, les cortèges funèbres ou les sonneries de cloches dansleurcommune,maisleConseild’Étatasystématiquementcensurécesinitiatives5.Siuneprièrederue,commetoutrassemblementsurl’espacepublic,peutêtreinterdit(pararrêtémunicipaloupréfectoral),cen’estpasaunomdelalaïcitémaisdelapréservation de l’ordre public,parexemplesiellecréeuntroubledelacirculation.

Enpratique,cesontmoinslesprièresderuesurl’espacepublicquifontl’objetd’interdictionsqueles rassemblements organisés contre ces prières et«l’islamisation»engénéral.Ainsi,en2010,laPréfecturedepolicedeParisainterditun«apérosaucisson-pinard»queplusieursgroupesidentitairesentendaientorganiserdanslequartierdelaGoutte d’Or,surlelieumêmedesprièresderuedénoncéesparMarineLePen.LePréfetaestiméquecetévénement,quiétaitprévuunvendredi(jourdeprièrepourlesmusulmans)etenmêmetempsqu’unmatchdefootballAngleterre-Algérie,était«créateurderisquesgravesdetroublesàl’ordrepublic.»Pourlamêmeraison,lePréfetduMorbihanainterditen2015unrassemblement«contrel’islamisationdel’Europe»danslesruesdeVannes.

LA NEUTRALITÉ DES BÂTIMENTS PUBLICS

Leprincipedeneutralitédel’États’appliquenonseulementauxagentsmaisauxbâtimentspublics.Laloide1905disposeeneffetqu’«ilestinterdit,àl’avenir,d’éleveroud’apposeraucunsigneouemblèmereligieuxsurlesmonuments publicsouenquelqueemplacementpublicquecesoit,àl’exceptiondes édifices servant au culte,desterrainsdesépulturedanslescimetières,desmonumentsfunéraires,ainsiquedesmuséesouexpositions6.»

Laquestiondelaneutralitédesbâtimentspublicsestdepuisquelquesannéesaucentredecontentieuxausujetdecrèches de Noëlinstalléespardescollectivitésterritorialesdansleurslocaux.Lespremiersjugementsintervenusauniveaudescoursadministrativesd’appelmontrentquelajurisprudenceestloind’êtrefixée.

•En2010,leconseilmunicipaldeMoutiers(Oise)s’estvuobligéderetirerlacrèchequ’ilavaitfaitinstallersurlaplaceduvillage7.

Fichedesynthèsen°11Laïcitéetusagedesespacespublics

w

3.Conventiondesauvegardedesdroitsdel’Hommeetdeslibertésfondamentales(adoptéele4novembre1950etratifiéeparlaFrancele3mai1974),art.9.4.JeanBauberot,La laïcité falsifiée,LaDécouverte,2014.5.Voirparexemplel’arrêtduConseild’Étatdu19février1909annulantunarrêtémunicipaldelacommunedeSensquiinterdisait«lesprocessions,cortègesettoutesmanifestationsoucérémoniesextérieuresserapportantàunecroyanceouàunculte.»

6.Loidu9décembre1905deséparationdesÉglisesetdel’État,article28.7.Tribunaladministratifd’Amiens,16novembre2010.

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 91

•En2014,lacrècheinstalléeparleconseilgénéraldeVendéedanslehalldel’hôteldudépartementaconnulemêmesort8,avantd’êtreautoriséeparlacouradministratived’appeldeNantes9.Lejugeaconsidéréquecettecrèche« s’inscrivait dans le cadre d’une tradition relative à la préparation de la fête familiale de Noël et ne revêtait pas la nature d’un “signe ou emblème religieux” »,comptetenunotamment«desafaibletaille,desasituationnonostentatoireetdel’absencedetoutautreélémentreligieux».

•Àl’inverse,lacrècheinstalléedansl’hôteldevilledeMelunaétéautorisée10puisinterditeparlacourd’appeldeParis11,quiaestiméqu’« une crèche de Noël, dont l’objet est de représenter la naissance de Jésus, doit être regardée comme ayant le caractère d’un emblème religieux, et non comme une simple décoration traditionnelle ».

•Enfin,dansuneautreaffairetrèsmédiatisée,letribunaladministratifdeMontpellier,saisienréféré,arejetéle19décembre2014lademanded’enlèvementdelacrèchedelamairiedeBéziers,considérantqu’iln’yavaitpaslieudestatuerenurgence:lejugementserarendudansplusieursmois.

CIMETIÈRESS’ilestenprincipeinterditd’établiruneséparation

danslescimetièrescommunauxàraisondeladifférencedescultes(loidu14novembre1881),l’Étatarégulièrementincitélesmaires,pardiversescirculaires,àaménagerdesespacesregroupantlesdéfuntsdemêmeconfession.Danssonrapportde2004,«Unsiècledelaïcité»,leConseild’Étataussiinsistesurl’ambivalencequiprévautsurcethème:« L’institution de carrés confessionnels dans les cimetières n’est pas possible en droit.Toutefois, en pratique, ils sont admis et même encouragés par les pouvoirs publics afin de répondre aux demandes des familles [...]. La création de regroupements de fait dans les cimetières ne règle

cependant pas toutes les questions liées auxprescriptions rituelles en matière d’inhumation, qui peuvent se heurter aux règles applicables : les règles de sécurité sanitaire ne permettent pas de respecter les préceptes islamiques selon lesquels le corps doit reposer en pleine terre, etc.12»

L’existenced’uncarréconfessionnelposeégalementlaquestiondescritères d’admissiondanscecarré.Ainsi,unmairenepeutrefuserl’inhumationd’undéfuntdansuncarréconfessionnelensefondantsurdesconsidérations religieuses.

•Exemple réel : les époux Darmon souhaitaient faire inhumer leur fils dans le carré israélite du cimetière communal de Grenoble. De façon informelle, la mairie gérait ce carré en concertation avec une association juive de la ville. Or, aux yeux de celle-ci, l’enfant Darmon n’était pas juif, puisque seul son père était juif et que sa mère ne l’était pas. Le maire de Grenoble a donc refusé la demande des époux Darmon, qui ont fait annuler cette décision par le tribunal administratif. L’arrêt précise que pour refuser la demande des époux Darmon, « le maire pouvait tenir compte de toutes considérations d’intérêt général et notamment celles tirées des nécessités d’ordre public, mais qu’il ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs, écarter ladite demande en se fondant exclusivement sur la circonstance que des autorités religieuses déniaient l’appartenance de la personne décidée à la confession israélite13. »

ÉDIFICES CULTUELSLesédificescultuels(églises,temples,synagogues,

mosquées…)separtagententroiscatégories:•Ceux qui ont été nationalisés en 1789restentla

propriétédel’État,desdépartementsoudescommunes.Ils’agitpresqueexclusivementd’édificescatholiques.

w

8Sé

quen

ce

9

8.TribunaladministratifdeNantes,14novembre2014.9.Couradministratived’appeldeNantes,13octobre2015.10.TribunaladministratifdeMelun,22décembre2014.11.Courd’appeldeParis,17septembre2015.

12.Iln’estpasnonpluspossiblededérogeraudélailégald’inhumation(24heuresaumoinset6joursouvrablesauplusaprèsledécès)pourdesraisonsreligieuses.13.TribunaladministratifdeGrenoble,5juillet1993,ÉpouxDarmon.

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION92

•Ceux qui ont été construits pendant le Concordat (1801-1905)appartiennentsoitauxcommunes(s’ilsontétébâtissurdesterrainscommunaux),soitauxassociationscultuellesquiontsuccédéen1905auxétablissementspublicsduculte(pourlesédificesprotestantsetisraélites).Enrevanche,

l’Églisecatholiquearefusélaconstitutiond’associationscultuelles.LesédificescatholiquesconstruitspendantleConcordatsontdoncdevenusen1907lapropriétédescommunes.

•Ceux qui sont postérieurs à la loi de 1905appartiennentauxpersonnesprivéesquilesont

Fichedesynthèsen°11Laïcitéetusagedesespacespublics

LES DIFFÉRENTS TYPES DE VOILES ISLAMIQUES

Hijab :voile«simple»,couvrantlescheveuxetlecoumaislaissantlevisagedécouvert.

Niqab :tenuenoirerecouvranttoutlecorps,ycomprislevisage,enlaissantseulementunefentepourlesyeux.Ilestportéparlesmusulmanesrigoristes,notammentlessalafistes.

Tchador :nomdonnéenIranàunepiècedetissusansmanchesquirecouvretoutlecorpsmaislaisselevisagedécouvert.EnFrance,cetermeestsouventutiliséàtortpourdésignerunhijabouunniqab.

Burqa :tenuefaited’unepiècedetissu(leplussouventbleue)recouvranttoutlecorps,ycomprislevisagederrièreuntissuàmailles.D’origineafghane,ellen’estquetrèspeuportéeendehorsduPakistanetdel’Afghanistan.EnFrance,letermeburqaestsouventemployéimproprementpourdésignerleniqab.

Jilbab ou jilbeb :tenuegénéralementforméededeuxpiècesetcouvranttoutlecorpsmaislaissantlevisagedécouvert.D’originesaoudienne,ilsedéveloppeenFrancedepuisquelquesannées.

w

Cate

lMul

ler

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 93

faitconstruire,généralementdesassociationscultuellesoudiocésaines(catholiques).

L’entretien des édifices cultuels est à la charge des propriétaires, qu’ils’agissedel’État,desdépartements,descommunes,desassociationscultuellesoudiocésaines.Lapuissancepubliquepeuttoutefoisparticiperauxfraisd’entretiend’unédificeappartenantàuneassociation,àconditionquel’aideneportequesurlestravaux de conservation(miseensécurité).Lestravauxderéparationouderestaurationdesédifices classés au titre des monuments historiques peuventégalementêtrefinancésparl’Étatet/oulescollectivitésterritoriales14.

DISSIMULATION DU VISAGELaquestionduvoileintégralapparaîtdansledébat

publicen2009lorsqu’André Gérin,députécommunisteduRhôneetmairedeVénissieux,demandelacréationd’unecommissionparlementairesurlesujet.Malgréle faible nombre de cas alors recensés enFrance(environ2000selonlegouvernementdel’époque),uneMissiond’informationsurlapratiqueduportduvoileintégralsurleterritoirenationalestcrééele23juin2009.Elleaboutitauvotedelaloidu 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Danslacirculaire d’applicationcetteinterdictionestprésentéecommeunefaçonde«réaffirmersolennellementlesvaleursdelaRépubliqueetlesexigences du vivre-ensemble15 ».Enrevanche,leprincipe de laïcité n’est évoqué ni dans la loi, ni dans la circulaire.Laloiinterdit« le port de cagoules, de voiles intégraux (burqa, niqab…), de masques ou de tout autre accessoire ou vêtement ayant pour effet, pris isolément ou associé avec d’autres, de dissimuler le visage16 »,souspeined’uneamendede150euroset/oud’unstagedecitoyenneté.Elleinterditégalementle fait d’imposer à quelqu’un de dissimuler son visageenraisondesonsexe,délitpassibled’unandeprisonetde30000eurosd’amende17.

Toutefois,l’interdictionnes’appliquepas« si la tenue est prescrite ou autorisée par des dispositions législatives ou réglementaires18»(portducasquepourlesconducteursdedeux-rouesàmoteurs)ousielle« est justifiée par des raisons de santéou des motifs professionnels,ou si elle s’inscrit dans le cadre depratiques sportives, de fêtes ou  de manifestations artistiques ou traditionnelles19.»Enfin,l’interdictionnes’appliquepasauxlieux de culte ouverts au public (conformémentàlaréserveduConseilconstitutionnel).

Lacirculairedéfinitenoutrelaconduite à tenir dans les services publics.Lechefdeserviceestresponsabledel’applicationdelaloi.Illuiappartientdel’expliqueràsesagents,d’eninformerlepublic(affiche,dépliants…)etd’actualiserlerèglementintérieur.« La dissimulation du visage fait obstacle à la délivrance des prestations du service public20. »Siunepersonneauvisagecouvertseprésentedansunservicepublic,l’agentdoitluidemanderdesedécouvriroudequitterleslieuxmaisnepeutenaucuncaslaforceràlefaire.Faceàunrefus d’obtempérer,l’agentousonresponsabledoitfaireappelauxforces de police ou de gendarmerienationale,quiseulespeuventdresserleprocès-verbaletvérifierl’identitédelapersonne.

LaCoureuropéennedesdroitsdel’hommeavalidécetteloietsoulignéquelapréservationdesconditionsdu«vivreensemble»étaitunobjectiflégitimeàlarestrictionàlalibertédeporterunsignereligieux21.

MIXITÉ DANS L’ESPACE PUBLICDepuisplusieursannées,nombreuxsontceuxqui

dénoncentunedégradationdelaconditionfémininedanslesquartierspopulaires,dontl’undessymptômesseraitl’invisibilité des femmes dans l’espace publicetladifficultégrandissanteàorganiserdesactivitésmixtesavecleshabitants.D’aucunsexpliquentcephénomèneparl’influencecroissantedel’islamdanscesquartierseten

w

8Sé

quen

ce

9

14.Ministèredel’Intérieur,circulairedu29juillet2011.15.Circulairedu2mars2011,op.cit.16.Ibid.17.Lasanctionestélevéeàdeuxansdeprisonet60000eurosd’amendesilavictimeestmineure(article4delaloi).

18.Loidu11décembre2010,op.cit.19.Ibid.20.Circulairedu2mars2011,op.cit.21.CEDH,1erjuillet2014,S.A.S.c.France.

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION94

déduisentqueceproblèmeconstitueun« défi pour la laïcité ».S’ilnefaitaucundoutequ’ilexisteunlienentrelaprégnancedel’islametlaplacedesfemmesdanscesquartiers,ilestmoinssûrquelalaïcitéconstitueuneréponsepertinenteàceproblème.

Historiquement,la laïcité s’est très bien accommodée de l’inégalité entre les sexes et de la non-mixité. LaRépubliquelaïquen’aaccordéledroitdevoteauxfemmesqu’en1944etl’écolelaïquen’estdevenuemixtequedanslesannées1960.Rappelonsaussiquelesfemmescontinuentàsubirsexisme,discriminationsetviolencespartoutetpasseulementdanslesquartierspopulaires22.Dureste,la« géographie du genre23 »montrequel’utilisationdel’espacepublicparlesfemmesestfortementcontrainteparlesentimentd’insécurité,quilesamèneàadopterdesstratégiesded’évitement.Quantàlamixité de genre,s’ilfautdéplorersonabsence,cen’estpasseulementdanslesquartierspopulairesmaisdanstoutelasociété,àcommencerparlemondedutravail,quicomptetrèspeudesecteursréellementmixtes24.

La non-mixité et le sexisme dans l’espace public sont de réels problèmes mais ils ne sont pas propres aux quartiers populaires et n’ont pas pour seule cause l’islam. Enfaireunequestionreligieusecontribueàessentialiseretàstigmatiserlesmusulmans25,sanspourautantrésoudreleproblème.Lesexismedanslesquartiersn’estpasseulementlefaitdel’islammaisaussidelaconditiondespopulationsquiyvivent.Laprécaritésocialeetl’expérienceduracismeconduisentàunreplisurlesrôlestraditionnelsdegenreetàune exacerbation de la virilité quifontlelitpatriarcatetdusexisme26.

Fichedesynthèsen°11Laïcitéetusagedesespacespublics

w

25.Parunprocessusde«racialisationdusexisme».Cf.ChristelHAMEL,«Delaracialisationdusexismeausexismeidentitaire»,inMigrations Société :Femmesdanslamigration,vol.17,99-100,2005.-p.91-10426.DidierLapeyronnie,Ghettourbain.Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui,RobertLaffont,coll.«Lemondecommeilva»,2008(lireenparticulierledernierchapitre:«Laracedeshommes,lesexedesfemmes»).. 27.Codepénal,225-3

22.Selonuneenquêterécente,100%desfemmesontdéjàsubiuneagressionsexuelleouduharcèlementsexistedanslestransportsencommun.Cf.HautConseilàl’égalitéentrelesfemmesetleshommes,Avissurleharcèlementsexisteetlesviolencessexuellesdanslestransportsencommun,16avril2015.23.Cf.bibliographie.24.Selonuneétuderécente,ilfaudraitqu’environunepersonnesurdeuxchangedepostepouratteindrelaparitédesfonctions.«Larépartitiondeshommesetdesfemmesparmétiers»,DARESAnalyses,n°79,décembre2013.

Surleplanjuridique,rappelonsqu’aucun texte législatif ne fixe d’obligation de mixité.L’objectifdemixitésedéduitdesprincipessuivants:

•leprinciped’égalitéentrelessexes,intégréàlaConstitutionde1946;

•leprincipedenon-discrimination,définipardenombreuseslois(notammentcelledu16novembre2001);

•leprinciped’égalitédesusagersdevantleservicepublic.

Laloigarantietoutefoisledroit à la non-mixitédanscertainscas.Ainsi,sontautoriséesles«discriminationsfondées,enmatièred’accèsauxbiensetservices,surlesexelorsquecettediscriminationestjustifiéeparlaprotectiondesvictimesdeviolencesàcaractèresexuel,desconsidérationsliéesaurespectdelavieprivéeetdeladécence,lapromotiondel’égalitédessexesoudesintérêtsdeshommesoudesfemmes,lalibertéd’associationoul’organisationd’activitéssportives27.»

Pour aller plus loinGenre et espace public•MarylèneLieber, Genre, violences et espaces publics.

La vulnérabilité des femmes en question, PressesdeSciencesPo,2008.

•GuyDiMeo,«Élémentsderéflexionpourunegéographiesocialedugenre:lecasdesfemmesdanslaville»,L’Information géographique 2/2012(Vol.76),p.72-94.www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2012-2-page-72.htm

•Marie-ChristineBernard-Hohm&YvesRaibaud,«Lesespacespublicsbordelaisàl’épreuvedugenre»,Métropolitiques,5décembre2012.http://www.metropolitiques.eu/Les-espaces-publics-bordelais-a-l.html

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 95

MISE EN CONTEXTECetteséquenceouvreladernièredemi-journée

deformationrelativeàlaspécialisationsurlarelationauxenfantsetauxjeunes.Elleviseàapporterunéclairagespécifiquesurlecadrejuridiqueapplicabledansuncontextesocio-éducatif.

Cetteséquencedoitpermettreauxparticipantsdemobiliserlesélémentsjuridiquesrelatifsàleurcontexted’exerciceprofessionneletdesavoircequirelèvedesdroitsetobligationsdespublics.Elleseprésentesouslaformed’uneidentificationducaractèrelégalounondecertainessituationsdansuncontextesocio-éducatif.

SITUATIONLaséquences’organiseautourd’unquizrecensant

différentessituationstypesdusecteursocio-éducatif.Lesquestionssontposéesenplénière.Afind’éviterl’éventuellecraintedejugementencasdemauvaiseréponse,vousapportezquelquesprécisions:

•indicationquetouslessujetsn’ontpasencoreétéabordésetqu’ilestdoncnormaldenepasconnaîtretouteslesréponses,l’exerciceajustementpourobjectifd’explorercessituationsspécifiques;

•principedebienveillance.

Lesconsignesdonnées,lesparticipantsdoiventindiquersilarequêtedel’usageroudel’institutionévoquéedanslesdifférentessituationsrelèved’undroitounon;ilsexprimentleurpointdevueenlevantlecartonrouge(«non»)ouvert(«oui»).

Lacorrectionsefaitaufuretàmesureetchaqueréponseestl’occasionpourleformateurd’apporterdesélémentsdecadragejuridique(endéroulantlediaporamaaufuretàmesuredesquestionstraitées).

Lesapportsdecetteséquencedoiventsefaireenarticulationaveclesélémentsévoquésauxséquences3et6(rappels,compléments);lechoixdesphotosduparcoursmulti-épisodiqueetdesétudesdecasdoitsefaireenfonctionduprofildesparticipantsetdespointsabordésdanslaprésenteséquence.

FICHES ASSOCIÉES•Fichestagiaireressourcen°6etfichestagiaire

corrigéen°6:quizrelationéducative•Fichedesynthèsen°12:laïcitéetrelationéducative.

45mind’exerciceetd’échangesenplénière

Ficheformateurn° 11Cadrelégaldelarelationsocio-éducative

8Sé

quen

ce

9

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION96

Fichestagiaireressourcen° 6Quizrelationsocio-éducative

stag

iair

e

LÉGALITÉ DE LA REQUÊTE

ILLÉGALITÉ DE LA REQUÊTE

1 Desadolescentesrefusentd’êtreencadréesparunanimateursportif«parcequec’estunhomme»

2

Unecommunedemandeàuneagenteterritorialespécialiséedesécolesmaternelles(Atsem)degardersacroixchrétienneenpendentifsoussonvêtementpendantsonservice

3

Uneassociationd’accompagnementàlascolaritéaccueillantdesjeunesenserviceciviqueleurdemandederetirertoutsignereligieuxlorsqu’ilsinterviennentdansdesétablissementsscolaires

4Uneanimatricerefused’accompagnerlesenfantsdanslapiscinecarelleneveutpassemettreenmaillotdebaineninvoquantdesraisonsreligieuses

5

UneMaisondesjeunesetdelaculture(MJC)inscritdanssonrèglementintérieurqueleportdesignesreligieuxestinterditensonsein,tantpourlessalariésquepourlesusagers

6

Uncentredevacancesorganiseuncampsportifquisedéroulerapendantlapériodeduramadan.Lorsdesinscriptions,lesorganisateursavertissentlesfamillesmusulmanesque,pourdesraisonsdesécurité,ellesnepourrontinscrireleurenfants’iljeûne

7 Lorsd’unvoyagescolaire,unélèverefusedevisiterunecathédraleauprétextequ’ilestjuif

8

Uncollègeinviteuneassociationagrééeàanimeruneséancedesensibilisationàlaluttecontrel’homophobie.Unélèverefused’yassistercarilconsidèrel’homosexualitécommeun«péché»

9Unélèvedécidedecracherparterreenclasse,prétextantquel’islamluiinterditd’avalersasalivependantleramadan

10 Desélèvesdemandentlanon-mixitédansuncoursd’éducationphysiqueetsportive(EPS)

45mind’exerciceetd’échangesenplénière

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 97

Fichestagiairecorrigéen° 6Quizrelationsocio-éducative

LÉGALITÉ DE LA REQUÊTE

ILLÉGALITÉ DE LA REQUÊTE

1 Desadolescentesrefusentd’êtreencadréesparunanimateursportif«parcequec’estunhomme»

2

Unecommunedemandeàuneagenteterritorialespécialiséedesécolesmaternelles(Atsem)degardersacroixchrétienneenpendentifsoussonvêtementpendantsonservice

3

Uneassociationd’accompagnementàlascolaritéaccueillantdesjeunesenserviceciviqueleurdemandederetirertoutsignereligieuxlorsqu’ilsinterviennentdansdesétablissementsscolaires

4Uneanimatricerefused’accompagnerlesenfantsdanslapiscinecarelleneveutpassemettreenmaillotdebaineninvoquantdesraisonsreligieuses

5

UneMaisondesjeunesetdelaculture(MJC)inscritdanssonrèglementintérieurqueleportdesignesreligieuxestinterditensonsein,tantpourlessalariésquepourlesusagers

6

Uncentredevacancesorganiseuncampsportifquisedéroulerapendantlapériodeduramadan.Lorsdesinscriptions,lesorganisateursavertissentlesfamillesmusulmanesque,pourdesraisonsdesécurité,ellesnepourrontinscrireleurenfants’iljeûne

7 Lorsd’unvoyagescolaire,unélèverefusedevisiterunecathédraleauprétextequ’ilestjuif

8

Uncollègeinviteuneassociationagrééeàanimeruneséancedesensibilisationàlaluttecontrel’homophobie.Unélèverefused’yassistercarilconsidèrel’homosexualitécommeun«péché»

9Unélèvedécidedecracherparterreenclasse,prétextantquel’islamluiinterditd’avalersasalivependantleramadan

10 Desélèvesdemandentlanon-mixitédansuncoursd’éducationphysiqueetsportive(EPS)

45mind’exerciceetd’échangesenplénière

stag

iair

e

w

8Sé

quen

ce

9

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION98

stag

iair

e Fichestagiairecorrigéen° 6:Quizrelationsocio-éducative

w1Cette étude de cas est issue de « Laïcité, égalité : guide à l’usage des professionnels » de Dounia

Bouzar (Communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole). Dansdessituationsdepriseencharged’éducationparlesport,oùlecorpsest«misenscène»defaçonplusoumoinsintime(piscine),certainesjeunesfillesrefusentd’avoirunanimateurdesexemasculin.

Legenreduprofessionnelestévoquépour«refuser»qu’ilexercesafonction.Ils’agitdoncderéfléchiràcommentle«désexualiser»defaçonàcequ’ilsoitbienappréhendéetlégitiméautraversdesonidentitéprofessionnelle.Autrementdit,quelleapprocheéducativeenvisagerpourquel’animateursportifsoitbienperçucommeunprofessionneletnonpascommeun«homme»?Unepriseenchargeglobaledujeune,plutôtqu’unerencontreponctuelleaumomentdel’activité,favorisel’établissementd’une«confianceprofessionnelle».Eneffet,desretoursdeterrainmontrentqu’ungroupedefillesacceptedesemettreenmaillotdebaindevantlemaître-nageurquiamisenplaceunaccompagnementsurlepoidsetl’alimentation,alorsquecemêmegrouperefusedesedéshabillerdevantunmaître-nageurrencontréuniquementaumomentdesséancesdepiscines.

Danslemêmeregistre,uneéquipedefootfémininefermelesportesdugymnaseàtousleshommes,«saufleuréducateur»,dontlafonctiontranscendel’appartenancesexuelle.D’autresprofessionnelsinsistentpourdireauxjeunesque«s’ilsontunproblème»,ilssontàleurdisposition.Cesexemplestendentàmontrerquetravaillerlarelationenamontou«enannexe»aideàfaireprévaloirlafonctionduprofessionnelsurlegenre,enrenforçantlarelationdeconfiance.

L’activitésportiveestconçuecommeunsupportpourl’éducation.Larelationdeconfiancedoitaussis’établiraveclafamilledujeune;lecontactaveclesparents,etlareconnaissancedecesderniersenverslesprofessionnelssemblepeserauxyeuxdesjeunes.Silesparentsreconnaissentlesprofessionnels,leursenfantssontprisdanscettereconnaissance.Celapeutsedéclinerdefaçonsdifférentes:lesanimateurspeuventorganiserdesmanifestationsaveclesparentsdanslequartier,desvisites,dessorties,pourleurpermettredevoirdequellemanièreilssontprofessionnels.

2Lalibertédeconscienceinclutledroitàmanifestersareligion,ycomprisautravail,danscertaines

limites.Danslafonctionpublique,touslesagentssontsoumisàunstrictdevoirdeneutralité,c’est-à-direqu’ilsnepeuventmanifesterleursconvictionsreligieusesoupolitiquesparleurtenue,leursproposouleurattitude.Cedevoirdeneutralitéconcernetouslesservicespublics,ycomprislorsqu’ilssontexercéspardesorganismesdedroitprivé.

3Danslesstructuresdedroitprivé(associationouentreprise),l’employeurpeutapporter

desrestrictionsàlalibertédereligionseulementsiellessont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir » et« proportionnées au but recherché ».Ellenepeuts’appliqueràtouslessalariés,sansdistinctiondefonctionoudemission.Danslecasprésent,larestrictiondelalibertédereligionestcirconscriteets’inscritdanslerespectdelaneutralitédel’enseignementpublic.

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 99

stag

iair

e

4Danslesstructuresdedroitprivé(associationouentreprise),l’employeurpeutapporter

desrestrictionsàlalibertédereligionseulementsiellessont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir »et« proportionnées au but recherché ».C’estparexemplelecassil’exercicedelalibertédereligionparlesalariéentravelaréalisationdesamissionouposedesproblèmesd’hygièneoudesécurité.Danslaprésentesituation,l’accompagnatricecommetunefauteprofessionnellecarellerefused’exécuterunemissionprévuedanssoncontratdetravailetmetlesenfantsendanger.

5Danslesstructuressocio-éducatives(centressociaux,centresdevacancesetdeloisirs,MJC…),

lesusagersbénéficientdelalibertédereligion.L’article11delaChartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillieprévueparlaloidu2janvier2002,reconnaîtàchacunledroitàlapratiquereligieusedanslamesureoùcelle-ci« ne trouble pas le fonctionnement normal des établissements et des services »et« ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui ».Parailleurs,unrèglementintérieurnepeutcontenirderestrictioninjustifiéed’unelibertéfondamentale,nidedispositiondiscriminatoire.Ilnepeutégalementinterdire« les discussions politiques ou religieuses et, d’une manière générale, toute conversation étrangère au service »,unprosélytismeexcessifétanttoutefoisproscrit.Danslaprésentesituation,c’estunediscriminationcarlaMJCn’étantpasunservicepublic,ellenepeutimposerlaneutralitéàsessalariésetencoremoinsàsesusagers.

6Touterestrictionnonjustifiéedudroitàlapratiquereligieuseoutoutedifférence

detraitementfondéesurlareligionestassimilableàunediscrimination.Unestructurenepeut,parexemple,écarterunusagerd’uneactivitéenraisondesareligionréelleousupposée,enanticipationd’éventuellesdifficultésquel’exercicedecettereligionpourraitentraîner.Silesoucidesécuritéestlégitime,ilnepeutsetraduireparuneexclusionaprioridetouslesusagersd’unecertainereligion.Enrevanche,lesorganisateurspeuventinformertouteslesfamillescandidatessurlescapacitésd’endurancerequisespourparticiperaucamp,exigeruncertificatmédicald’aptitudeetleurfairesignerunedéchargeprévoyantlerapatriementdeleurenfantencasd’incapacitéàpoursuivrelecamp.

7et 8Lalibertédereligiontrouveicisalimite.

Eneffet,leprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les collectivités publiques et les particuliers ».Demême,laChartedelalaïcitéàl’écolerappellequ’« aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme ».Lesélèvesrécalcitrantsnesauraientêtredispensésdecertainesactivitésscolairespourdesmotifsreligieux.Ilenvademêmedanslesstructuressocio-éducatives,mêmesiellesnerelèventpasdel’obligationscolaire.Dèslorsqu’unepersonnes’inscritàuneactivité,elleenacceptelesrèglesetleprogramme.Lafermetédoitêtredemiselorsquelareligionestinvoquéepourjustifierdesincivilités,voiredescomportementsviolents. w

8Sé

quen

ce

9

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION100

stag

iair

e

9Cen’estpasaunomdelalaïcitéqu’ilfautrefuseretsanctionnercescomportements,maisaunom

durespectdurèglementintérieurdel’établissementetdelaloi.Invoquericilalaïcitéreviendraitàtraitercesactesd’indisciplinecommedespratiquesreligieuses.

10Mêmesilamixitéestparfoisinterrogée,ycomprislorsdesséancesdesportducollège,

ellenepeutêtreremiseencausedufaitqu’ellefaitpartieduprogrammed’enseignementetdufaitdel’autoritédel’enseignantappartenantàl’institution.Ilyalanotiond’obligationcarl’éducationphysiqueetsportive(EPS)estunematièrecommelesautres.Cecadrenormaliselamixité,ausensoùcettedernière,étantposéecomme«nonnégociable»,peutdevenir«naturelle»auxyeuxdesjeunes.Lerespectdelamixitédoitaussiconcernerlacompositiondeséquipes,alorsquecertainessontconstituéesde100%deprofessionnelsmasculinsouféminins.Celasupposeuneactiontrèsenamontdesrecrutements(maisfavoriseruncandidatenraisondesonsexerevientàdiscriminer).

FICHE ASSOCIÉEFichesynthèsen°12:laïcitéetrelationsocio-

éducative.

Fichestagiairecorrigén° 6:Quizrelationsocio-éducative

w

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 101

Historiquement, la laïcité est intimement liée à l’Écoleetàl’éducationausenslarge.Danslesannées1880,c’estparl’ÉcolequelaiiieRépubliqueentameleprocessusdelaïcisationdesinstitutionsquiaboutiraàlaloideséparationdesÉglisesetdel’État.Parlasuite,c’est presque toujours par l’École que la laïcité reviendra dans le débat public.

Silespolémiquessesontlongtempscristalliséesautourdustatutdel’enseignementprivé1,c’estlaquestiondel’islamquidéchaîneaujourd’huilespassions,depuislapremière«affairedufoulard»dansuncollègedeCreilen1989.Plusrécemment,l’affairedelacrècheBaby-Loup,lacirculaireChatelouledébatsurlesmenusdesubstitutiondanslescantinesscolairesontconfirméquelalaïcitédanslesstructureséducativesoud’accueildesenfantsresteunequestionsensible.Danscecontexte,lesprofessionnelsduchampéducatiféprouventsouventuncertainmalaiselorsqu’ilsfontfaceàdessituationsayanttraitaufaitreligieux.Cettefichesynthétiselesgrandsprincipes,notammentjuridiques,susceptiblesdeguiderleuraction.

TABLE DES MATIÈRESDu côté des professionnels..........................................................................101Embauche.................................................................................................................................101Lalibertédereligionetseslimites...................................................102Règlementintérieur................................................................................................102 Prosélytisme........................................................................................................................103Du côté des usagers.................................................................................................103Portdesignesreligieux......................................................................................103Prescriptionsalimentairesreligieuses...................................... 104Refusdesrèglesaunomdelareligion.......................................105 Pédagogiedelalaïcité..........................................................................................105Pour aller plus loin..................................................................................................106Laïcitédanslechampéducatif...............................................................106

DU CÔTÉ DES PROFESSIONNELS2 Embauche « Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances3». Ceprincipes’appliquedèsl’embauche.« L’employeur choisit librement ses collaborateurs4»etdisposed’unegrande« liberté pour déterminer ses méthodes de recrutement, tant qu’il respecte la protection des droits fondamentaux du candidat5. »Ilnepeut,parexemple,interroger un candidat sur sa religion.Eneffet,lesinformationsdemandéesdanslecadred’unrecrutement« doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l’emploi proposé ou avec l’évaluation des aptitudes professionnelles6. »• Exemple réel : en 2007, à l’oral du concours d’officier

de police nationale, le jury a demandé à un candidat portant un nom à consonance maghrébine s’il était musulman et si son épouse portait le voile. Noté 4/20, le candidat a porté plainte et fait annuler la décision du jury par le Conseil d’État7.

Unemployeurnepeutpasnonplusécarterlescandidatsd’unereligionparticulièreenanticipation des éventuelles difficultésposéesparl’exercicedeleurlibertédereligion.• Exemple réel : lors d’un entretien de recrutement

pour un poste d’animateur en classe de mer, la recruteuse interroge le candidat sur les interdits alimentaires religieux et lui demande s’il consommera de la viande pendant les repas avec les enfants. Le candidat répond qu’il mange de la viande halal. Sa candidature n’est pas retenue, alors qu’il présentait toutes les aptitudes requises pour le poste. Interrogée par la HALDE, l’association a répondu que les animateurs devaient « partager les repas avec les enfants dans des conditions strictement identiques à ces derniers. » Or, si l’employeur est fondé à exiger des animateurs qu’ils prennent les repas avec les enfants, il ne saurait leur imposer le même régime alimentaire qu’eux. Ici, l’animateur aurait tout à fait pu prendre part aux repas sans manger de viande8.

Fichedesynthèsen° 12 Laïcitéetrelationsocio-éducative

w

8Sé

quen

ce

9

1.Cf.Fichedesynthèsen°2:histoiredelalaïcitéenFrance.

2.Cf.Fichesdesynthèsen°5,6,7et8.3.PréambuledelaConstitutionde1946.4.Conseilconstitutionnel,21juillet1988.5.Op.cit.6.Codedutravail,L.1221-6.7.Conseild’État,10avril2009,M.E.H.8.Halde,délibérationn°2008-10du14janvier2008.

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION102

Fichedesynthèsen°12Laïcitéetrelationsocio-éducative

L’employeurnepeutpasnonplusinvoquerleséventuels préjugés des salariés ou de ses usagers pourrefuserd’embaucher uncandidatenraisondesareligioncar« la volonté de répondre à la préférence discriminatoire des clients ou d’autres travailleurs ne peut pas être acceptée comme objectif légitime9. »• Exemple fictif : la directrice d’un centre social

associatif refuse d’embaucher une candidate voilée comme agent d’accueil au motif que sa présence risquerait de dissuader une partie des habitants de venir au centre.

La liberté de religion et ses limitesLalibertédeconscienceinclutledroit à manifester

sa religion,ycomprisautravail,danscertaineslimites.Danslafonctionpublique,touslesagentssontsoumisàunstrict devoir de neutralité, c’est-à-direqu’ilsnepeuventmanifesterleursconvictionsreligieusesoupolitiquesparleurtenue,leursproposouleurattitude.•Exemple fictif : une agente territoriale spécialisée

des écoles maternelles (Atsem) ne peut porter une croix chrétienne en pendentif car en tant qu’employée de la municipalité, elle est soumise au devoir de neutralité.

Cedevoirdeneutralitéconcernetouslesservicespublics,ycomprislorsqu’ilssontexercéspardesorganismes de droit privé10,commeparexemplelaCaissed’allocationsfamiliales(Caf).• Exemple :un centre social géré par la Caf est soumis au

devoir de neutralité mais pas un centre social associatif.Danslesorganismes de droit privé(associationouentreprise)n’exerçantpasunemissiondeservicepublic,l’employeurpeutapporterdesrestrictions à la liberté de religion seulementsiellessont« justifiées par la nature de la tâche à accomplir »et« proportionnées au but recherché11.»C’estparexemplelecassil’exercicedelalibertédereligionparlesalariéentravelaréalisationdesamissionouposedesproblèmes d’hygiène ou de sécurité.Toutefois,larestrictiondelaliberté

dereligiondoitêtrecirconscrite.Ellenepeuts’appliqueràtouslessalariés,sansdistinctiondefonctionoudemission.

•Exemples fictifs : –une animatrice n’accompagne pas les enfants

dans la piscine car elle refuse de se mettre en maillot de bain en invoquant des raisons religieuses. C’est une faute professionnelle car elle refuse d’exécuter une mission prévue dans son contrat de travail et met les enfants en danger ;

– une association d’accompagnement à la scolarité accueillant des jeunes en service civique leur demande de retirer tout signe religieux lorsqu’ils interviennent dans des établissements scolaires, afin de respecter la neutralité de l’enseignement public. Dans ce cas, la liberté de religion est circonscrite et s’inscrit dans le respect de la neutralité de l’enseignement public.

Ladistinction entre mission de service public et mission d’intérêt générals’apprécieaucasparcas,selonlelienquelastructureentretientaveclapuissancepublique12.Lefaitpourunorganismedepercevoirdessubventions publiquesneconstitueenrienuneconditionsuffisantepourêtreconsidérécommeunservicepublic.Ainsi,unecrècheassociativepeutêtreunservicepublicdansunecommune(etimposerlaneutralitéreligieuseàsessalariés)etnepasl’êtredanslacommunevoisine.Ilenvademêmeaveclesassistantes maternelles. Cellesquisontemployéesparlescollectivitésterritoriales(conseilsdépartementaux)ouleursétablissements(CCAS)sontsoumisesaudevoirdeneutralité,contrairementàcellesquirelèventdudroitprivé.

Règlement intérieurUnrèglement intérieurnepeutcontenirderestrictioninjustifiéed’unelibertéfondamentale,nidedispositiondiscriminatoire13.•Exemple fictif :une maison des jeunes et de la culture

(MJC) inscrit dans son règlement intérieur que le port

w

9.Coureuropéennedesdroitsdel’homme,SmithetGradyc.Royaume-Uni,25juillet2000.10.Courdecassation,Chambresociale,19mars2013,CPAMdeSeine-Saint-Denis.11.Codedutravail,L.1121-1.

12.Surcepoint,sereporteràlafichen°5:laïcitédanslesservicespublics.13.Codetravail,L.1321-3.

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 103

de signes religieux est interdit en son sein, tant pour les salariés que pour les usagers. C’est une discrimination car la MJC n’étant pas un service public, elle ne peut imposer la neutralité à ses salariés et encore moins à ses usagers.

Ilestégalementillégald’interdiredanslerèglementintérieur« les discussions politiques ou religieuses et, d’une manière générale, toute conversation étrangère au service14.»Prosélytisme

Leprosélytismedésignelaferveur,lezèlequel’onmetàconvaincredefutursadeptes,àgagneràsacausedenouvellespersonnes.Lessalariésontledroitdeparlerde(leur)religionautravailavecleurscollègues,àconditiondenepasverserdansunprosélytisme abusif,cequiimpliquel’exerciced’unecontraintesurleurscollèguesoulesusagers.

Exemples réels : •Un animateur d’un centre de loisirs laïque a été

licencié pour avoir lu la Bible aux enfants et leur avoir distribué des prospectus des Témoins de Jéhovah dans le cadre de son activité15.

•Un enseignant à l’université du temps libre a été licencié car il profitait de ses cours pour inciter ses élèves à participer à d’autres cours qu’il donnait dans une association d’inspiration raëlienne dont il était le président16.Rappelonstoutefoisqueleport d’un signe religieux

neconstituepas,ensoi,uneformedeprosélytisme.Seuluncomportementpeutêtrequalifiécommetel.

DU CÔTÉ DES USAGERSPort de signes religieuxLesusagersdesservicespublicsjouissentdelaliberté de religion,danscertaineslimitesdéfiniespardestextesoudesconsidérationsliéesaubonfonctionnementduservicepublic.L’exempleleplusemblématiqueestl’interdictionfaiteauxélèves des écoles, collèges et lycées publicsdeporterdessignes religieux ostensibles17.Cetteinterdictions’appliqueàl’ensembledesélèvesdecesétablissements,y

comprisceuxquisontinscritsdansdes formations post-baccalauréat(classespréparatoiresauxgrandesécoles,sectionsdetechniciensupérieur).Enrevanche,ellenes’appliquepasauxcandidats à un examen ou un concourssedéroulantdansleslocauxd’unétablissementpublicd’enseignement,niauxstagiaires de la formation continuedispenséeparlesgroupementsd’établissement(GRETA) auseindesétablissementsscolairespublics18.Les parents d’élèves ontledroitdeporterdessignesreligieuxdansl’enceintedesétablissements,ycompriss’ilssontélus aux instances représentativesdecesétablissements.Lecasdesparentsaccompagnant les sorties scolairesestplusdélicat.SuiteàlapolémiquedéclenchéeparcirculaireChatel19,leConseild’Étatarendule23décembre2013unavissurleportdesignesreligieuxparlesparentsaccompagnantlessortiesscolaires.Cesderniersn’étantniagents,nicollaborateursduservicepublic,ilsnesontpas concernéspar« les exigences de neutralité religieuse. »Toutefois,aucasparcas,« les exigences liées au bon fonctionnement du service public de l’éducation peuvent conduire l’autorité compétente, s’agissant des parents qui participent à des déplacements ou des activités scolaires, à recommander de s’abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses. »Laministredel’Éducationnationaleadéclarédevantl’Observatoiredelalaïcitéennovembre2014qu’il ne saurait y avoir d’interdiction absolue carcelaentraveraitl’exerciced’unelibertéfondamentale.L’interdictionestlaisséeàl’appréciationduchefd’établissement,enraisondecirconstancesparticulières(ordrepublicparexemple)etrestedoncl’exception.•Exemple réel :le tribunal administratif de Nice

(9 juin 2015) a annulé la décision d’une école primaire interdisant à une mère voilée d’accompagner la sortie scolaire, en arguant que « les parents d’élèves autorisés à accompagner une sortie scolaire à laquelle participe leur enfant doivent être regardés, comme

w

8Sé

quen

ce

9

14.Conseild’État,25janvier1989.15.Courd’appeldeToulouse,9juin1997.16.Conseildeprud’hommesdeGap,3décembre2001.17.Codedel’éducation,L.141-15-1.Cetteinterdictionneconcernepaslesétudiantsdel’enseignementsupérieur.

18.TribunaladministratifdeParis,5novembre2010.19.Circulairedu27mars2012quirecommandaitauxétablissementsd’imposerlaneutralitéreligieuseauxparentsaccompagnantlessortiesscolaires.

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION104

Fichedesynthèsen°12Laïcitéetrelationsocio-éducative

les élèves, comme des usagers du service public de l’éducation. (...) Par suite, les restrictions à la liberté de manifester leurs opinions religieuses ne peuvent résulter que de textes particuliers ou de considérations liées à l’ordre public ou au bon fonctionnement du service. »

Dansleslieux de privation ou de restriction de liberté (casernes,hôpitaux,prisons,centreséducatifsfermésourenforcés…),lapuissancepubliquedoitgarantirlelibre exercice des cultes,enpermettantauxusagersquilesouhaitentderencontrerunaumônierdeleurconfession,derespecterleursinterditsalimentairesoud’accomplirleursrites20.Cetteobligationneconcernepaslescentres de vacances,quinesontpasàproprementparlerdeslieuxdeprivationdelibertépuisquelesusagerss’yrendentdeleurpleingréouàlademandedeleursparents.Toutefois,danslesstructuressocio-éducatives(centressociaux,centresdevacancesetdeloisirs,MJC…),lesusagersbénéficientégalementdelalibertédereligion.L’article11dela«chartedesdroitsetlibertésdelapersonneaccueillie»,prévueparlaloidu2janvier200221,reconnaîtàchacunledroit à la pratique religieuse,danslamesureoùcelle-ci« ne trouble pas le fonctionnement normal des établissements et des services »et« ne porte pas atteinte à la liberté d’autrui. »

Touterestrictionnonjustifiéedecedroitoutoutedifférencedetraitementfondéesurlareligionestassimilableàunediscrimination.Unestructurenepeut,parexemple,écarterunusagerd’uneactivitéenraisondesareligionréelleousupposée,enanticipationd’éventuellesdifficultésquel’exercicedecettereligionpourraitd’entraîner.•Exemple fictif : un centre de vacances organise un

camp sportif qui se déroulera pendant la période du ramadan. Lors des inscriptions, les organisateurs avertissent les familles musulmanes qu’elles ne pourront inscrire leur enfant s’il jeûne, pour des

raisons de sécurité. Si le souci de sécurité est légitime, il ne peut se traduire par une exclusion a priori de tous les usagers d’une certaine religion. En revanche, les organisateurs peuvent informer toutes les familles candidates sur les capacités d’endurance requises pour participer au camp, exiger un certificat médical d’aptitude et leur faire signer une décharge prévoyant le rapatriement de leur enfant en cas d’incapacité à poursuivre le camp.

Prescriptions alimentaires religieusesLarestauration scolaireestunservicepublicfacultatifquirelèvedelacompétencedesmairies(pourlesécoles),desdépartements(pourlescollèges)etdesrégions(pourleslycées).« Les collectivités locales disposent d’une grande liberté dans l’établissement des menus et le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitueni un droit pour les usagers ni un devoir pour les collectivités22. »Àcetitre,l’absencedemenudesubstitutionneconstituepasunediscrimination23.Danslesfaits,denombreusescantinesscolairesproposentdupoissonlevendredi.Parailleurs,ellesproposentgénéralementdesrepassansviandeousansporc,permettantainsiauxélèvesdemangerensemble.

Lescantinesscolairesnepeuvent,enrevanche,proposerdesmenus halal ou casher,pourdeuxraisons.D’unepart,certainsorganismescertificateursversentuneredevanceàdesinstitutionsreligieuses(consistoireisraélite,mosquéesagréées…).Acheterdelavianderitualiséeavecdel’argentpublicreviendraitdoncàverserune subvention indirecteà un culte,cequiestinterditparlaloide1905.D’autrepart,iln’existepasdeconsensussurcequ’estuneviandehalal.Enchoisissantunfournisseurplutôtqu’unautre,lespouvoirspublicsprendraientdoncpositiondansundébatthéologiqueetsortiraientdoncdeleurneutralité.• Exemple fictif :une municipalité possède une base

w

20.Danslesfaits,cesdispositionsnesontpastoujoursrespectées.Cf.Contrôleurgénéraldeslieuxdeprivationdeliberté,Avisdu24mars2011relatifàl’exerciceducultedansleslieuxdeprivationdeliberté,Journal officiel.21.Loidu2janvier2002rénovantl’actionsocialeetl’actionmédico-sociale.

22.Circulairen°2011-216du2décembre2011.23.Conseild’État25octobre2002,inéditaurecueilLebon.

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 105

de plein air dont elle délègue la gestion à une association. Cette base accueille chaque été des classes de mer. Depuis que certaines familles ont demandé que leurs enfants puissent y manger halal, le cuisinier de la base n’achète plus que de la viande halal. Or, l’association gestionnaire n’a pas le droit d’acheter de la viande ritualisée car elle est délégataire d’une mission de service public.

Cetteinterdictionnes’appliquepasauxlieux de privation ou de restriction de liberté (hôpitaux,casernes,prisons…),oùlapuissancepubliquedoitgarantirlelibreexercicedescultes.LedroitpourlesdétenusdepouvoirsenourrirselonlespréceptesdesareligionarécemmentétéreconnuparlaCoureuropéennedesDroitsdel’Homme24.EnFrance,aucuneloinel’imposemaislaplupartdeslieuxdeprivationdelibertérendentpossiblel’observancedesprescriptionsreligieuses.L’administration pénitentiairelefaitindirectementenproposantdesmenussansporcet/ousansviandeetenpermettantauxdétenusdeseprocurerdelanourritureritualisée,vialecantinageouparl’intermédiaired’aumôniers25.Leshôpitaux publicsoffrentégalementunediversitédechoixalimentaires,«danslamesuredupossible26.»

Lamêmelogiquepeuts’appliquerauxstructures associatives. Mêmesilaloineleurinterditpasdeservirdelanourritureritualiséedanslesévénementscollectifsqu’ellesorganisent(repasdequartier…),ilestrecommandéd’opterpourunealternativelaïque(menusansporcousansviande)toutengardantunmenu«standard»,afind’éviter qu’une norme ne s’impose à tous.Lesrepasdoiventeneffetresterdesmomentsderencontreetdeconvivialitéetnonfavoriserl’entre-soi.

Refus des règles au nom de la religionLesprofessionnelsduchampéducatifsontparfoisdéstabiliséslorsquedesjeunesmettentenavantleurreligionpourrefuser une règle, un enseignement ou une activité.Lalibertédereligiontrouveicisalimite.Eneffet,leprincipedelaïcitéinterdit« à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre les collectivités publiques et les particuliers27. »Demême,laChartedelalaïcitéàl’écolerappellequ’« aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme28. »-Exemple fictif :lors d’un voyage scolaire, un élève

refuse de visiter une cathédrale au prétexte qu’il est musulman.Lesélèvesrécalcitrantsnesauraientêtredispensés

decertainesactivitésscolairespourdesmotifsreligieux.Ilenvademêmedanslesstructuressocio-éducatives,mêmesiellesnerelèventpasdel’obligationscolaire.Dèslorsqu’unepersonnes’inscritàuneactivité,elleenacceptelesrèglesetleprogramme.Lafermetédoitêtredemiselorsquela religion, la politique ou autre est invoquée pour justifier des incivilités, voire des comportements violents.

•Exemples fictifs : - un élève crache par terre en classe. Il prétend

que l’islam lui interdit d’avaler sa salive pendant le ramadan ; - une élève frappe une de ses camarades parce

que cette dernière a dit qu’elle ne croyait pas en Dieu.

Ce n’est pas au nom de la laïcité qu’il faut refuser et sanctionner ces comportementsmaisaunomdurespectdurèglementintérieurdel’établissementetdelaloi.Invoquericilalaïcitéreviendraitàtraitercesactesd’indisciplinecommedespratiquesreligieuses.

w

8Sé

quen

ce

9

24.CEDH,7décembre2010,Jakóbskic/Pologne.25. Lacouradministratived’appeldeLyonaannuléle22juillet2014unjugementdutribunaladministratifdeGrenobleenjoignantaudirecteurducentrepénitentiairedeSaint-Quentin-Fallavier(Isère)deservirdesrepascomprenantdelaviandehalalauxdétenusmusulmans.LeConseild’États’étaitégalementprononcécontreunetellemesure,quiaurait« en raison de son coût financier et organisationnel élevé, des conséquences difficilement réversibles ».26.ChartedupatienthospitaliséannexéeàlacirculaireDGS/DHn°22du6mai1995relativeauxdroitsdespatientshospitalisés.

27.Conseilconstitutionnel,19novembre2004.28.Ministèredel’Éducationnationale,Chartedelalaïcitéàl’école,article12.

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION106

Fichedesynthèsen°12Laïcitéetrelationsocio-éducative

Pédagogie de la laïcitéLanécessairefermetéfaceàcescomportementsnedoitpasdispenserlesprofessionnelsd’expliquer leursdécisionsetderesterbienveillants vis-à-visdesjeunesplacéssousleurautorité.L’enfanceetl’adolescencesontdespériodesd’apprentissageetdeconstruction de leur identité,oùl’affirmationdesoisefaitparfoisenoppositionàl’autorité.Lesdemandesoucomportementsquiseprésententcommereligieuxexprimentsouventunbesoin de reconnaissance ouunmalaise.Aussi,lesprofessionnelsdoiventgarderàl’espritque« la façon dont un usager met en avant sa religion reflète son état intérieur et n’est pas uniquement “le produit de sa religion”, même s’il le présente ainsi29. »

Laquestiondufaitreligieuxnedoitpasêtreéludéeourenvoyéesystématiquementàla« sphère privée. » Ellepeutêtreunexcellentsujetdediscussion,àconditionquel’onneseplacepas sur le terrain théologiquemais sur celui de la connaissance et des valeurs.Ilnes’agitpasd’expliquercequeditounontelleoutellereligionmaisd’éduquer les jeunes au pluralisme. Toutenrestantimpartiaux,lesprofessionnelspeuventsoulignerquetouteslesreligionscomportentplusieurscourants,correspondantàdifférentesinterprétationsdudogme.Danscettemultitudedecroyances,lalaïcitéconstitueuncadrepermettantqu’aucunevisiondumondenes’imposesurlesautres.• Exemple fictif :Lors d’un séjour de vacances, un jeune

demande que l’on n’écoute plus de musique au motif que « l’islam l’interdit. » L’animateur ne doit pas chercheràleconvaincrequel’islamneditpascelamais que dans un espace de vie collective, personne ne peut imposer ses désirs aux autres.

La laïcité ne doit pas être invoquée uniquement pour interdire,sansquoiellerisqued’êtreperçuecommeuninstrumentd’oppressiondesreligionsoudecertainesreligions.Ilfautaucontraire insister

w sur ce qu’elle permet (libertédeconscienceetdeculte,impartialitédel’État,coexistencepacifiquedetouteslescroyances,respectmutuel…).

Pour aller plus loinLaïcité dans le champ éducatif•Observatoiredelalaïcité,Laïcitéetgestiondufait

religieuxdanslesstructuressocio-éducatives,2015:http://www.gouvernement.fr/documents-de-l-observatoire-de-la-laicite

•DouniaetLyliaBouzar, Laïcité et égalité : pour une posture professionnelle non discriminatoire. Synthèsedelaformation-actionàl’intentiondesintervenantssocio-éducatifs,ProfessionBanlieue,TrajectoireRessourcesetRésOVilles,mars2015:http://reseau-lcd-ecole.ens-lyon.fr/spip.php?article143

•NombreusesressourcessurlesiteEduscol(Éducationnationale):http://eduscol.education.fr/pid23591/laicite-principe-et-pedagogie.html

•AbdennourBidar,Pour une pédagogie de la laïcité,Documentationfrançaise,2012,142p.http://archives.hci.gouv.fr/Pour-une-pedagogie-de-la-laicite-a.html

•AbdennourBidar,«Quellepédagogiedelalaïcitéàl’école»,inEsprit,octobre2004,pp.48-63.www.esprit.presse.fr/archive/review/rt_download.php?code=38110

•DéfenseurdesDroits, L’égal accès des enfants à la cantine de l’école primaire, 2013,61p.http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/134000207.pdf

29. DouniaetLyliaBouzar,Laïcité et égalité : pour une posture professionnelle non discriminatoire. Cf.bibliographie.

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 107

9

Séquence10Jeux de rôles

10105 min

P. 108 Fiche formateur n° 12 P. 110 Fiche formateur n° 13

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

Jour2Après-midi

Séqu

ence

10

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION108

MISE EN CONTEXTEL’objectifdelaséquenceestd’ancrerlesacquisde

laformationentermesdeconnaissancesjuridiques,relationnellesetcomportementalesetdelesreplacerdanslessituationsprofessionnellesconcrètesdesparticipants.Ils’agitd’apporterunfocussurlaspécificitédel’usagedesespacespublicsetdebienencomprendrelesressortsafind’adopterunepostureprofessionnelleentouttemps.Laséquenceviseégalementàidentifierlecadrederéférencedesoninterlocuteurafindefairepreuved’empathieetdeparlerlemêmelangagepourportersondiscours.Lesparticipantsserontainsiplusàmêmesd’analyserlasituationetderecourirauxargumentslesplusadaptéspourpromouvoirlesvaleursdelaRépubliqueetlesrèglesdevieencommun.

SITUATIONLaséquences’appuiesurlessituationsrencontrées

parlesparticipantsdansuncontextedegestiondel’espacepublic;silesparticipantsn’ontpasdesituationsàproposer,vouspourrezvousappuyersurlesétudesdecasquevousn’aurezpasencoreutilisées.

Lessituationssurlesquellessouhaitenttravaillerlesparticipantssontprésentéessuccinctementparleurporteur.

Vousdemandezensuitedesvolontairespourlesmettreenscènedanslecadredejeuxderôles;desbinômessontalorsconstitués:l’uninterprétantlerôleduprofessionnel,l’autreceluidesoninterlocuteur.Chaquebinômeprendunrapidetempsdepréparationafind’imaginerlafaçondefairevivrelasituation(arguments,posture…).Aubesoin,vouspouvezdonnerdesconsignesauparticipantinterprétantlerôledel’interlocuteursurlesargumentsàinvoquer,lecomportementàadopter…

Silesparticipantssonthésitantsàinterpréterlesjeuxderôlesenraisondeladifficultédelasituationàtraiter,vouspouvezvousmontrerrassurantensoulignantlefaitquel’intérêtdececasestjustementsacomplexitéetsadélicatesseàgérer,quetoussontconscientsdecelaetquelaformationestl’occasiondel’aborderdansuncadresécuriséetd’identifierdemanièrecollectivelafaçondegéreraumieuxlarelationavecl’interlocuteur.

105mind’exerciceetdedébriefing

Ficheformateurn° 12UsagedesespacespublicsJeuxderôles

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 109

10

Avantdecommencerlasimulation,vousénoncezlesrèglesdujeu:attitudeconstructiveetbienveillantedetouslesparticipants,ladiscrétionrequisedesobservateurslorsdelasimulation,lesmodalitésdudébrief.Lorsdelasimulationquisedérouleenplénière,lesautresparticipantsoccupentunefonctiond’observateur;àcetitre,ilsdoiventrestersilencieuxetnepasintervenirpendantlasimulation.

Lesobservateursdoiventrepérerlesbonnespratiquesàréinvestiretlespointsdevigilancesurlesplansdudiscours(vocabulaire,expressionorale,arguments),ducomportement(regard,posture,voix)etdelagestiondelarelation(reformulation,écouteactive,participation).

Lorsquelasimulationestterminée,ledébriefing

s’organiseentroistemps.•Point de vue du professionnelsursaperception

delafaçondonts’estdérouléelasimulation(ressenti,cequiluiasembléfacileoudifficile,interrogationsquecelaasoulevées…).

•Point de vue de l’interlocuteur(ressenti,attitudedesoninterlocuteur…).

•Point de vue des observateurs.

Àl’issuedeséchanges,vousprésentezvotrepointdevueetapportezdesélémentsdecadragesurlafaçondegérerlasituation.Vousmettezégalementenévidencelanaturedesargumentsquiontétéutilisés(réglementation,rappeldesrôlesetmissionsdechacun,valeursrépublicaines…).

Autermedessimulationsvouslistezaupaperboardlesbonnespratiquesetlespointsdevigilanceàprendreenconsidérationdanslagestiondel’espacepublic.

FICHE ASSOCIÉE•Fichesynthèsen°11:laïcitéetespacepublic.

Spécialisation « Laïcité et usage des espaces publics »

Séqu

ence

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION110

MISE EN CONTEXTEL’objectifdelaséquenceestd’ancrerlesacquisde

laformationentermesdeconnaissancesjuridiques,relationnellesetcomportementalesetdelesreplacerdanslessituationsprofessionnellesconcrètesdesparticipants.Ils’agitd’apporterunfocussurlaspécificitédesrelationssocio-éducativesetdebienencomprendrelesressortsafind’adopterunepostureprofessionnelleentouttemps.Laséquenceviseégalementàidentifierlecadrederéférencedesoninterlocuteurafindefairepreuved’empathieetdeparlerlemêmelangagepourportersondiscours.Lesparticipantsserontainsiplusàmêmesd’analyserlasituationetderecourirauxargumentslesplusadaptés(respectdurèglementintérieur…)pourpromouvoirlesvaleursdelaRépubliqueetlesrèglesdevieencommun.

SITUATIONLaséquences’appuiesurlessituationsrencontrées

parlesparticipantsdansuncontextesocio-éducatif.Silesparticipantsn’ontpasdesituationsàproposer,vouspourrezvousappuyersurlesétudesdecasquevousn’aurezpasencoreutilisées.

Lessituationssurlesquellessouhaitenttravaillerlesparticipantssontprésentéessuccinctementparleurporteur.

Vousdemandezensuitedesvolontairespourlesmettreenscènedanslecadredejeuxderôles;desbinômessontalorsconstitués:l’uninterprétantlerôleduprofessionnel,l’autreceluidesoninterlocuteur.Chaquebinômeprendunrapidetempsdepréparationafind’imaginerlafaçondefairevivrelasituation(arguments,posture…).Aubesoin,vouspouvezdonnerdesconsignesauparticipantinterprétantlerôledel’interlocuteursurlesargumentsàinvoquer,lecomportementàadopter…

Silesparticipantssonthésitantsàinterpréterlesjeuxderôlesenraisondeladifficultédelasituationàtraiter,vouspouvezvousmontrerrassurantensoulignantlefaitquel’intérêtdececasestjustementsacomplexitéetsadélicatesseàgérer,quetoussontconscientsdecelaetquelaformationestl’occasiondel’aborderdansuncadresécuriséetd’identifierdemanièrecollectivelafaçondegéreraumieuxlarelationavecl’interlocuteur.

105mind’exerciceetdedébriefing

Ficheformateurn° 13Gestiondelarelationsocio-éducativeJeuxderôles

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 111

Avantdecommencerlasimulation,vousénoncezlesrèglesdujeu:attitudeconstructiveetbienveillantedetouslesparticipants,ladiscrétionrequisedesobservateurslorsdelasimulation,lesmodalitésdudébrief.Lorsdelasimulationquisedérouleenplénière,lesautresparticipantsoccupentunefonctiond’observateur;àcetitre,ilsdoiventrestersilencieuxetnepasintervenirpendantlasimulation.

Lesobservateursdoiventrepérerlesbonnespratiquesàréinvestiretlespointsdevigilancesurlesplansdudiscours(vocabulaire,expressionorale,arguments),ducomportement (regard,posture,voix)etdelagestion delarelation(reformulation,écouteactive,participation).

Lorsquelasimulationestterminée,ledébrief

s’organiseentroistemps:•Point de vue du professionnelsursaperception

delafaçondonts’estdérouléelasimulation(ressenti,cequiluiasembléfacileoudifficile,interrogationsquecelaasoulevées…).

•Point de vue de l’interlocuteur(ressenti,attitudedesoninterlocuteur…).

•Point de vue des observateurs.Àl’issuedeséchanges,vousprésentezvotrepoint

devueetapportezdesélémentsdecadragesurlafaçondegérerlasituation.Vousmettezégalementenévidencelanaturedesargumentsquiontétéutilisés(réglementation,rappeldesrôlesetmissionsdechacun,valeursrépublicaines…).

Autermedessimulationsvouslistezaupaperboardlesbonnespratiquesetlespointsdevigilanceàprendreenconsidérationdansunerelationsocio-éducative.

FICHE ASSOCIÉE•Fichesynthèsen°12:laïcitéetrelationsocio-

éducative.

Spécialisation« Laïcité et relation socio-éducative »

10

Séqu

ence

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION112

KIT DE FORMATION – VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ 113

Séquence11Clôture de la formation

1130 min

P. 114 Fiche formateur n° 14

Séqu

ence

11

Jour2Après-midi

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ – KIT DE FORMATION114

MISE EN CONTEXTECetteséquencevientclôturerlasessionetvise

àprendredureculparrapportauxdifférentsaspectsabordésdurantlaformation.L’objectifestdesynthétiserlespointsàretenirsurlaquestiondelalaïcitéetd’identifiercequiaétéimportantpourlesparticipants.Laséquencedoitamenerchacunàseprojeterdanssonenvironnementprofessionnelenfaisantlelienentrelesélémentsvusdefaçonthéoriqueetsapratiqueprofessionnelle.Réfléchirauxélémentsréinvestissablessursonpostedetravailpermetauxparticipantsdeseprojeterafindecapitaliserlesacquisdelaformationetdefaciliterleurappropriation.

SITUATIONEnplénière,vousinterrogezlesparticipantssurce

qu’ilsontretenudelaformation,cequileurasembléparticulièrementintéressant(pointsspécifiquessurl’historique,laclarificationdelaterminologie,lecadreréglementaire,lesgrillesdelecture,lesélémentscommunicationnelsetrelationnels…),cequ’ilspensentpouvoirréutiliserdansleurpratiqueprofessionnelleetcequileursembledifficiledemettreenapplication.Vouspouvezénoncerdespistespourleverlesdifficultéset/ouvousappuyersurlesconseilsdesautresparticipants,maisvotrerôleestsurtoutdefairecirculerlaparole.

Au-delàdesélémentsréinvestissables,vousquestionnezlesparticipantssurlespointsquileursemblentencoreobscurs,cecivousdonnel’occasiond’apporterlesdernièresexplicationsetprécisionssurlesconceptsoupratiquesquin’auraientpasétéparfaitementassimilées.

Vouslesinterrogezégalementsurleurregardsurlaquestiondelalaïcitéafindesavoirenquoiilapuévoluerdurantcesdeuxjours.Vousinvitezlesparticipantsàressortirlespost-itsurlesquelsilsontinscritlestermesquileursemblaientcaractériserlalaïcité.Sansdemanderàchacuncequ’ilavaitpersonnellementécrit,vousleurdemandezs’ilsécriraientlesmêmesmots,etsinon,quelssontlesmotsqu’ilsinscriraientàprésent.Vousanimerezledébatenrecourantàdesquestionssemi-ouvertesetàdesquestionsorientées.Cecivouspermetd’estimerl’évolutiondurapportdesparticipantsàlalaïcité,d’apporteraubesoindeséclairagescomplémentairesetd’insistersurlesmessagesclés.

Àl’issuedecettephaseconclusive,vouslaissezlaplaceàl’évaluationàchaud.

FICHES ASSOCIÉES•Ensembledesfichesdesynthèse

30 mind’échangesenplénière

Ficheformateurn° 14Prisedereculsurlaformation

Séqu

ence

11

Cet ouvrage pédagogique est édité par le CGET5, rue Pleyel 93283 Saint-Denis Cedex.

Contact : pôle animation territoriale de la direction de la Ville et de la Cohésion urbaine [email protected]

Conception réalisation : Impression : Baudelaire.Date de parution : avril 2016.

Kit pédagogique de formation

VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LAÏCITÉ

MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR

MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, DE

L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE

LA RECHERCHE

MINISTÈRE DES AFFAIRES

SOCIALES ET DE LA SANTÉ

MINISTÈRE DES FAMILLES, DE L’ENFANCE ET DES DROITS

DES FEMMES

MINISTÈRE DE LA FONCTION

PUBLIQUE