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1 Validation d’un questionnaire d’évaluation de l’acceptation de l’informatique par les seniors Mémoire réalisé en vue de l’obtention du Master MALTT Master of Science in Learning and Teaching Technologies Par Abdoulaye Bademba BAH Directeur de mémoire Nicolas SZILAS, TECFA, FPSE, Université de Genève Jury Nicolas SZILAS, TECFA, FPSE, Université de Genève Mireille BETRANCOURT, TECFA, FPSE, Université de Genève Julien VENNI, TECFA, FPSE, Université de Genève Genève, août 2019 Université de Genève Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation Unité TECFA

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Validation d’un questionnaire d’évaluation de l’acceptation

de l’informatique par les seniors

Mémoire réalisé en vue de l’obtention du Master MALTT

Master of Science in Learning and Teaching Technologies

Par Abdoulaye Bademba BAH

Directeur de mémoire Nicolas SZILAS, TECFA, FPSE, Université de Genève

Jury Nicolas SZILAS, TECFA, FPSE, Université de Genève

Mireille BETRANCOURT, TECFA, FPSE, Université de Genève

Julien VENNI, TECFA, FPSE, Université de Genève

Genève, août 2019

Université de Genève

Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation

Unité TECFA

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1 Résumé

Objectif - La question des freins à l’utilisation des technologies numériques revêt une importance particulière dans le contexte de vieillissement de la population (Niehaves & Plattfaut, 2014). En effet, plusieurs théories ont élaboré des instruments d’évaluation de l’acceptation des Technologie de l’Information et de la Communication (TIC). Monfort et al., (2018) ont élaboré le premier outil standardisé pour évaluer l’acceptation des TIC par les seniors, le questionnaire USE-Age. Ce travail s’inscrit dans la continuité du travail de Monfort et al., (2018). L’objectif principal de cette étude est d’effectuer la validation du questionnaire USE-Age.

Méthode- Ce travail de validation a été effectué en deux parties avec une population âgée de 65 ans ou plus, dans la 1ère partie nous avons sollicité 30 participant(e)s pour évaluer la clarté des items. La 2ème partie de l’étude consistait à faire une expérience en ligne, elle nous a permis de recueillir des données auprès de 79 participant(e)s pour étudier les propriétés psychométriques du questionnaire.

Résultats- Les résultats montrent une bonne compréhension des items, avec un score moyen de compréhension de 6,03 sur une échelle de Lickert de 7 points. Le questionnaire montre aussi une cohérence interne excellente, avec un coefficient alpha Cronbach de .98. Il semble être bien accepté par les séniors. Quant à la preuve de la validité de structure, elle a été attestée par la vérification de plusieurs hypothèses. Toutes nos prédictions sont cohérentes avec les corrélations observées et, constituent une preuve de la validité de construit du questionnaire.

Conclusion- Le questionnaire USE-Age présente des propriétés psychométriques satisfaisantes. L’accumulation d’autres preuves de validité et, l’ajout d’items permettant de mesurer les aspects hédoniques de l’interaction sont toutefois préconisés.

Mots-clés : vieillissement, seniors, acceptation technologie, questionnaire, validité, fiabilité.

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DÉCLARATION SUR L’HONNEUR Je déclare que les conditions de réalisation de ce travail de mémoire respectent la charte d’éthique et de déontologie de l’Université de Genève. Je suis bien l’auteur de ce texte et atteste que toute affirmation qu’il contient et qui n’est pas le fruit de ma réflexion personnelle est attribuée à sa source ; tout passage recopié d’une autre source est en outre placé entre guillemets.

Genève, 21 août 2019 Abdoulaye Bademba BAH Signature :

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Remerciements La réalisation de ce mémoire n’aurait pas pu avoir lieu sans la contribution de plusieurs personnes, que je tiens sincèrement à remercier. Dans un premier temps, je remercie mon directeur de mémoire Mr Nicolas Szilas pour sa patience, son aide et, les connaissances qu’il a su me transmettre durant le MALTT. Je remercie également Mme Mireille Betrancourt et Mr Julien Venni pour leurs disponibilités et, leurs précieux conseils indispensables à la conduite de cette recherche. J’adresse toute ma gratitude à l’ensemble des enseignant(e)s et des assistant(e)s de TECFA pour m’avoir transmis leur savoir et leur passion. Merci à mes parents, à Nênê, à mes sœurs Rougui et Diaraye qui m’ont aidé et encouragé durant la réalisation de ce mémoire de fin d’études. J’adresse mes remerciements à ma tendre épouse, qui malgré la grossesse m’a apporté tout son soutien moral et a su être compréhensive face à mes nuits blanches de travail. Merci à ma marraine Maria pour son soutien inestimable pendant toutes ces années du MALTT. J’exprime ma profonde reconnaissance aux collaborateurs de la cité seniors, au mouvement des ainés de Vaud et aux participant(e)s de cette étude, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont contribué à la diffusion de notre enquête. Je termine par remercier mes ami(e)s de la voilée Wall-e pour ces années de partage de connaissance et, d’expérience durant la réalisation de plusieurs projets.

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SOMMAIRE 1 Résumé ........................................................................................................................... 3

2 Introduction .................................................................................................................... 9

2.1 Contexte ........................................................................................................................................... 9

2.2 Problématique ................................................................................................................................ 10

2.3 Objectif et Question de recherche ............................................................................................... 11

2.4 Plan du Mémoire ........................................................................................................................... 12

3 Vieillissement et technologie numérique ................................................................. 13

3.1 Vieillissement ................................................................................................................................. 13

3.1.1 Définition .............................................................................................................................. 13

3.1.2 Quelques chiffres sur les seniors ......................................................................................... 13

3.1.3 Les approches du vieillissement .......................................................................................... 14

3.1.4 Les effets du vieillissement sur la vie des seniors ............................................................... 14

3.2 TIC, Internet et seniors ................................................................................................................. 16

3.2.1 Croissance du nombre d’internautes seniors ...................................................................... 16

3.2.2 Fracture numérique .............................................................................................................. 17

3.2.3 Séniors et usage d’internet ................................................................................................... 18

3.2.4 Les capacités impliquées pour l’utilisation d’internet ........................................................ 19

3.2.5 Les obstacles rencontrés par les seniors ............................................................................. 20

3.2.6 Le potentiel d’internet pour les seniors............................................................................... 21

3.3 Les critères d’évaluation des TIC ................................................................................................. 22

3.3.1 Utilité ..................................................................................................................................... 22

3.3.2 Utilisabilité ............................................................................................................................. 23

3.3.3 Expérience utilisateur ........................................................................................................... 25

3.3.4 Acceptation des technologies .............................................................................................. 26

3.3.5 Acceptation et acceptabilité ................................................................................................. 27

3.3.6 Les modèles d’acceptation ................................................................................................... 27

3.4 Méthodes de Validation d’un questionnaire ................................................................................ 33

3.4.1 Validation quantitative.......................................................................................................... 33

4 Résumé de la problématique ..................................................................................... 35

4.1 Questions principales .................................................................................................................... 36

4.2 Questions secondaires ................................................................................................................... 36

5 Méthodologie ................................................................................................................ 38

5.1 Recrutement et Participant(e)s ..................................................................................................... 38

5.2 Validation 1ère Partie ...................................................................................................................... 39

5.2.1 Matériels ................................................................................................................................ 39

5.2.2 Procédure .............................................................................................................................. 39

5.3 Validation 2ème partie ..................................................................................................................... 41

5.3.1 Matériels ................................................................................................................................ 41

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5.3.2 Variables ................................................................................................................................ 42

5.3.3 Procédure .............................................................................................................................. 43

5.4 Traitements et Analyses des données .......................................................................................... 46

5.4.1 Évaluation de la validité apparente ...................................................................................... 46

5.4.2 Évaluation de la fiabilité ....................................................................................................... 46

5.4.3 Évaluation de la validité ....................................................................................................... 46

5.4.4 Évaluation de l’acceptabilité ................................................................................................ 46

5.5 Hypothèses opérationnelles .......................................................................................................... 46

6 Résultats ....................................................................................................................... 48

6.1 Validation Quantitative 1ère partie ................................................................................................ 48

6.2 Validation Quantitative 2ème Partie ............................................................................................... 49

6.2.1 Analyse de la fiabilité ............................................................................................................ 49

6.2.2 Analyse de l’acceptabilité ...................................................................................................... 51

6.2.3 Analyse de la validité ............................................................................................................ 52

6.3 Résumé des résultats ..................................................................................................................... 54

7 Discussion et Limites .................................................................................................. 54

7.1 Validité apparente .......................................................................................................................... 54

7.2 Validation Quantitative 2ème partie ............................................................................................... 55

7.2.1 Analyse de la fiabilité ............................................................................................................ 55

7.2.2 Analyse de la validité ............................................................................................................ 56

7.2.3 Analyse de l’acceptabilité ...................................................................................................... 58

7.3 Limites ............................................................................................................................................ 58

8 Conclusion .................................................................................................................... 59

9 Références .................................................................................................................... 60

10 Annexes ..................................................................................................................... 63

10.1 Annexe 1 : Formulaire de consentement validation 1ère partie .................................................. 63

10.2 Annexe 2 : Questionnaire d’évaluation de la compréhension des items ................................... 65

10.3 Annexe 3 : Détails résultats score de compréhension des items (Validation 1ère partie) ......... 66

10.4 Annexe 4 : Formulaire de consentement validation 2ème partie ................................................. 67

10.5 Annexe 5 : Détails expérience en ligne ........................................................................................ 69

10.6 Annexe 6 : Illustrations tâches à effectuer................................................................................... 70

10.6.1 Recherche vidéo .................................................................................................................... 70

10.6.2 Recherche information ......................................................................................................... 70

10.6.3 Exploration libre ................................................................................................................... 70

10.7 Annexe 7 : QUESTIONNAIRE SOUMIS AUX PARTICIPANT(E)S ................................. 71

10.8 Annexe 8 : Résultats statistiques descriptives des items du questionnaire USE-Age (Monfort et al., 2018), (validation 2ème partie) ........................................................................................................... 75

10.9 Annexe 9 : Résultats statistiques descriptives des items du questionnaire SEP-TIC (Faurie & Van de Leemput, 2007) - validation 2ème partie ........................................................................................ 76

10.10 Annexe 10 : Résultats statistiques descriptives des items du questionnaire CF (Venkatesh et al., 2012) - validation 2ème partie ................................................................................................................ 76

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LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Usage d’internet par les seniors. Tiré de : (Seifert & Schelling, 2015) ...................................... 19 Figure 2 : Le modèle d’acceptation technologique TAM : Tiré de (Davis, 1989). ................................... 28 Figure 3 : Modèle UTAUT : Tiré de Venkatesh et al. (2003) .................................................................... 29 Figure 4: Computer self-efficacity-theory : Tiré de (Faurie & Van de Leemput, 2007) .......................... 30 Figure 5 : Modèle UTAUT adapté à notre étude. ....................................................................................... 32 Figure 6 : Schéma conceptuel du travail de validation ............................................................................... 38 Figure 7: Pourcentage Participant-e-s .......................................................................................................... 39 Figure 8 : Schéma du processus de la validation apparente. ...................................................................... 40 Figure 9 : Schéma du processus de validation quantitative (partie 2). ...................................................... 44 Figure 10 : Illustration iframe Tâche 1......................................................................................................... 45 Figure 11 : Page d’accueil Expérience en ligne ............................................................................................ 45 Figure 12 : Modèle de l’étude et hypothèses. .............................................................................................. 47

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Moyenne et écart-type de compréhensibilité des items du questionnaire ............................. 48 Tableau 2 : Statistique de fiabilité ................................................................................................................ 49 Tableau 3 : Matrice de corrélation Inter-items USE-Age .......................................................................... 50 Tableau 4 : Statistique totale des 20 éléments (=items) ............................................................................. 50 Tableau 5 : Cohérence interne Échelle USE-Age ...................................................................................... 51 Tableau 6 : Corrélation inter-items Intention d'usage................................................................................ 51 Tableau 7 : Statistique acceptabilité ............................................................................................................. 51 Tableau 8 : Effet SEP-TIC ........................................................................................................................... 52 Tableau 9 : Influence conditions facilitatrices ............................................................................................ 52 Tableau 10 : Effet SEP-TIC ......................................................................................................................... 53 Tableau 11 : Influence conditions facilitatrices ........................................................................................... 53 Tableau 12 : Effet Facilité d’apprentissage TIC.......................................................................................... 53 Tableau 13 : Récapitulatifs des résultats ...................................................................................................... 54

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2 Introduction

2.1 Contexte

La Suisse connaît une population âgée de 65 ans ou plus qui ne cesse d’augmenter. Cette tendance s’accentuera les prochaines décennies en Suisse et dans d’autres pays du Nord. D’après les projections de l’Office Fédérale de la Statistique (OFS, 2015), entre 2015 et 2030 la population âgée de 65 ans ou plus passe de 1,2 million à 2,2 millions. Sur la base du scénario d’Eurostat, le rapport de l’OFS prédit un vieillissement plus prononcé dans l’Union Européenne (UE) qu’en Suisse, ce scénario compte 53 % de personne de 65 ans ou plus dans l’UE en 2045 contre 45,7 % en Suisse (OFS, 2015). L’augmentation de l’espérance de vie n’est pas sans conséquence sur la vie des seniors. Les seniors peuvent se retrouver isolées et sont exposés à une grande diversité de pathologies et des troubles qui peuvent limiter leur mobilité, leur capacité visuelle et auditive, ainsi que leurs capacités cognitives et intellectuelle. En même temps nous enregistrons ces dernières années des progrès technologiques en constante évolution. L’utilisation des ordinateurs, des tablettes, des smartphones et d’internet ne cesse d’augmenter. Cette numérisation touche tous les domaines de la vie et, nous impose peu importe l’âge de s’adapter à cette évolution et de développer de nouvelles compétences (Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009; Quillion-Dupré, Monfort, & Rialle, 2016; Seifert, A., & Schelling, H. R, 2015). En effet, les seniors ont de plus en plus recours à internet pour trouver une information, communiquer, et nous avons plusieurs services publics et privés qui sont offerts en ligne (achat en ligne, e-vote, consulter les horaires des transports, ou réserver un vol/hôtel, se former, etc.) Internet permet aux seniors d’accéder à toutes ces offres et à des ressources en ligne qui contribuent au maintien de leur santé et à leur indépendance (Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009; Czaja, S. J., & Lee, C. C. 2001; Seifert, A., & Schelling, H. R, 2015). Par exemple, les ainé(e)s à mobilité réduite peuvent faire des achats en ligne et se faire livrer à domicile ou apprendre des recettes de cuisine sur leur tablette. Internet est de nos jours l’un des moyens de communication les plus prisés, il nous permet de rester en contact sur de grande distance avec des proches (Alava & Moktar, 2012; Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009; Quillion-Dupré et al., 2016). Force est de constater que face à ces progrès technologiques nous ne sommes pas tous égaux dans l’utilisation et l’adoption d’internet ainsi que des appareils techniques. Malheureusement l’utilisation des nouvelles technologies reste encore de nos jours un véritable défi à relever pour certains seniors. D’une part en raison des troubles liés à l’âge évoqué ci-dessus ou en raison de la non maitrise des TIC par les ainé(e)s qui rendent difficile l’utilisation de ces nouveaux outils en ligne, et d’autre part parce que certains systèmes ne répondent pas aux critères ergonomiques (Bastien & Scapin, 1993) , ni aux modèles d’acceptation des technologies de l’information et de la communication (TIC). Selon l’étude de Seifert et Schelling (2015) par rapport à l’utilisation des TIC et internet auprès de 1037 participant(e)s âgées de 65 ans et plus, on constate que l’utilisation d’internet en Suisse par les seniors a augmenté de 47% entre 2009 et 2015. Bien que l’utilisation d’internet se développe chez les seniors, cette étude nous montre l’écart numérique entre la population âgée de 14 ans et plus par rapport aux seniors. Ce « fossé numérique » est une cause potentielle d’exclusion sociale (cf Latzer 2013 ; Höpflinger & Vann Wezemael, 2014 cité par Seifert & Schelling, 2015, p. 8). Cet écart reflète la tendance internationale mais de manière un peu plus accentuée selon les pays. Selon Brangier (2006) « S’il facilite la vie de certains, le développement technologique est également un facteur d’exclusion pour d’autres. En effet, les systèmes techniques ne sont pas toujours faciles à utiliser, simples à comprendre, adaptés aux personnes âgées » (p. 1).

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Les risques pour les seniors qui ont des difficultés à adopter les nouvelles technologies c’est de ne pas avoir accès à des informations officielles, ni aux programmes de promotion de la santé et de prévention à destination des ainé(e)s ou de perdre le contact avec certains proches (Alava & Moktar, 2012; Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009). Et il semble aussi avéré que limiter les difficultés rencontrées par les personnes âgées permettrait d’augmenter la qualité de vie et de prolonger l’autonomie des usagers (Czaja & Lee, 2007). Dans ce contexte plusieurs théories ont élaboré des instruments d’évaluation de l’acceptation des TIC. Comme le confirme Monfort et al. (2018), « Depuis Morris et Venkatesh (2000), de nombreux facteurs ont ainsi été étudiés pour mieux comprendre les difficultés d’acceptation des technologies numériques par les aînés. Il n’existe pourtant pas à ce jour d’outil standardisé d’évaluation de ces facteurs, notamment validé auprès d’une population de personnes âgées » (Monfort, Quillion-Dupré, Jouanneaux, & Deschaintre, 2018, p. 1). En effet, il existe plusieurs moyens pour collecter des données afin d’évaluer l’acceptation des TIC parmi lesquels nous avons les interviews individuelles ou par groupes, les enquêtes par le biais de questionnaires, les observations avec ou sans enregistrements vidéo ou la combinaison de ces techniques. Les questionnaires sont des outils de recueil d'informations essentiels et souvent incontournables pour comprendre les facteurs qui expliquent l’utilisation durable ou le rejet d’une technologie. Les questionnaires sont largement utilisés par les chercheurs et les professionnels pour évaluer l’acceptation des TIC ou pour réaliser les tests d’utilisabilités dans le domaine de l’interaction homme-machine (IHM). Ils sont administrés aux utilisateurs dans des situations réelles d’interactions. Ils sont pratiques car d’une part ils permettent d’obtenir des informations sur l’expérience des utilisateurs, leurs intérêts, leurs comportements, leurs usages, leurs besoins, leur degré de satisfaction et d’acceptation du système. Et d’autre part, ils peuvent être administrés par papier ou en ligne à un très large échantillon de participant(e)s, il est aussi possible de recevoir et traiter les réponses rapidement. De plus, les questionnaires permettent de recueillir non seulement des données qualitatives mais également des données quantitatives (Lallemand & Gronier, 2015). Au regard de ce qui précède et des progrès technologies qui évoluent sans cesse, il est donc essentiel de doter les professionnels et chercheurs d’un questionnaire d’évaluation de l’acceptation des TIC standardisé et validé par les seniors.

2.2 Problématique Dans ce contexte de vieillissement de la population une attention toute particulière a été portée à la question des freins à l’utilisation des technologies numériques (Niehaves & Plattfaut, 2014 cité par Monfort et al., 2018). Il a ainsi été observé depuis plus d’une dizaine d’années que les ainé(e)s peuvent rencontrer des difficultés à bénéficier des avantages qui peuvent être apportés par ces technologies (Kvasny & Keil, 2006 cité par Monfort et al., 2018). Pour comprendre les facteurs qui expliquent l’adoption ou le rejet d’une technologie le questionnaire reste un moyen pondérant pour collecter des données fiables sur l’acceptation des TIC. À notre connaissance, il n’existe aucun outil francophone standardisé d’évaluation de ces facteurs, qui a été validé auprès des seniors, une lacune que cette étude essaye de combler. L’acceptation des TIC par les ainé(e)s comme nous l’avons souligné présente des avantages considérables dans la vie des seniors. Par ailleurs, force est de reconnaitre que le critère d’utilisabilité est une condition nécessaire mais pas suffisante pour garantir l’utilisation d’une technologie. En effet pour déterminer les facteurs qui expliquent l’usage ou non d’une technologie, il faut pouvoir évaluer l’acceptation des TIC par les seniors avec un instrument standardisé et qui respectent les critères de validation scientifique. Un questionnaire doit suivre un processus rigoureux visant à leur assurer de bonne qualité psychométrique.

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Comme le souligne Lallemand & Gronier (2015) « la garantie qualité de l’instrument renforce la crédibilité de l’évaluation. Au niveau scientifique, seuls les questionnaires standardisés permettent de généraliser à une population plus large, sous certaines conditions, des résultats obtenus sur un échantillon représentatif. » (p. 369). La problématique principale de ce travail c’est la validation du questionnaire USE-Age.

2.3 Objectif et Question de recherche

À la suite de cette problématique, plusieurs théories ont permis d’élaborer des instruments d’évaluation de l’acceptation des TIC. Monfort et al 2018 ont élaboré le premier outil standardisé pour évaluer l’acceptation des TIC par les ainé(e)s, le questionnaire USE-Age. Ce présent mémoire s’inscrit dans la continuité du travail de Monfort et al (2018) et il vise à effectuer la validation du questionnaire USE-Age auprès des seniors. Il prévoit de conduire une validation quantitative du questionnaire. Comme nous l’avons déjà mentionné, il ressort de plusieurs travaux (Alava & Moktar, 2012; Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009; Quillion-Dupré et al., 2016) que les TIC et internet constituent des outils de soutien qui peuvent contribuer à améliorer le confort et la qualité de vie des seniors. Mais il est important de souligner que l’utilisation des systèmes en ligne par les ainé(e)s suscite une série d’interrogations relatives à leur acceptation. De plus, il est important de préciser que les critères liés à l'utilisabilité et à l'utilité, bien que nécessaires, semblent devenir insuffisants à eux seuls pour rendre compte de l'adoption d'une technologie (Brangier & Bastien, 2010). Pour évaluer une technologie il faut tenir compte d’un troisième critère qui est l’acceptation. Ces trois critères d’évaluation sont étroitement liés à savoir, l’utilisabilité, l’utilité et l’acceptation. D’où l’intérêt de disposer d’un instrument d’évaluation de l’acceptation des TIC validés par les seniors. Nous avons questionné le fait de procéder à une validation quantitative du questionnaire USE-Age, c’est-à-dire l’exploration des qualités métrologiques d’un questionnaire à savoir : sa fiabilité, sa validité et sa sensibilité au changement (Bouletreau, Chouanière, Wild, & Fontana, 1999), ainsi que son acceptabilité. Dans la littérature la plupart des questionnaires utilisés dans les travaux de recherche pour la conception ou l’évaluation d’une technologie sont validés scientifiquement donc elles répondent au moins à deux critères essentiels présentés par Lallemand et Gronier (2015) qui sont : La fiabilité (ou fidélité), elle correspond à la stabilité de la mesure c’est-à-dire on parle de la fiabilité d’un questionnaire lorsque ses résultats sont comparables à des situations comparables. Pour les chercheurs le concept de fiabilité représente la « précision » et il est compris dans celui de « dispersion » statistique. Le 2ème critère la validité d’un questionnaire, elle permet de bien mesurer ce qu’il est supposé mesurer. Selon Imane et al. (2016) « En psychométrie, la définition la plus connue du terme validité est sans doute celle qui la décrit comme le degré avec lequel un test mesure ce qu’il prétend mesurer. » (Raji, Mohssine, & Chaouch, 2016, p. 316). Afin de valider ce questionnaire ce mémoire s’articulera alors autour des questions suivantes : Est-ce que le questionnaire USE-Age est-un outil d’évaluation valide pour les seniors ? Est-ce qu’il présente une validité d’apparence ? Est-ce qu’il respecte les qualités métrologiques pouvant lui conférer une validité ? Ces questions sont à l’origine du présent travail, il vise à étudier les propriétés psychométriques du questionnaire USE-Age. Nous nous sommes basés principalement sur le modèle UTAUT (Théorie Unifiée de l’Acceptabilité des Technologie) de (Venkatesh, Morris, Davis, & Davis, 2003) et, le modèle du sentiment d’efficacité personnelle face aux TIC (Compeau & Higgins,

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1995). Ces modèles tentent d’expliquer les comportements des utilisateurs face à une technologie. Comme nous l’avons mentionné cette étude a pour finalité de doter les chercheurs et professionnels d’un instrument d’évaluation valide permettant de recueillir des données et d’acquérir une meilleure compréhension des facteurs déterminants de l’acceptation des TIC par les seniors. Plus spécifiquement, cette étude revêt un double objectif, d’une part sur le plan scientifique, valider un questionnaire en respectant les critères scientifiques pouvant lui conférer une validité. D’autre part sur le plan pratique la validation du questionnaire permettra aux chercheurs et aux professionnels d’identifier les facteurs qui expliquent l’utilisation durable ou les freins à l’usage d’une technologie par les seniors, et de faire des propositions permettant d’offrir aux seniors des outils technologiques optimisés et qui peuvent être facilement adoptés par les ainé(e)s.

2.4 Plan du Mémoire

La première partie de ce mémoire portera sur le vieillissement, nous y présenterons les données démographiques sur les seniors et les approches du vieillissement, ainsi que la description des spécificités de cette population. Ensuite sur la base d’une revue de la littérature ce mémoire exposera le contexte d’utilisation d’internet par les seniors, les obstacles auxquelles ils sont confrontés, et le potentiel qu’offre internet. Puis il sera question de décrire les critères d’évaluation des TIC c’est-à-dire l’utilité, l’utilisabilité, l’expérience utilisateur et, nous procèderons à la distinction entre l’acceptabilité et l’acceptation, après nous parlerons plus en détails de la notion d’acceptation et les principaux modèles théoriques d’acceptation. Ce survol de la littérature se clôturera par une présentation des différentes méthodes de validation d’un questionnaire. La deuxième partie développe la méthodologie mise en place notamment les différentes étapes qui structureront la validation du questionnaire. La dernière partie portera sur la discussion des résultats et nous soulignerons les limites de ce travail de mémoire.

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3 Vieillissement et technologie numérique

3.1 Vieillissement

Dans cette partie nous nous intéressons aux vieillissements nous essayerons d’apporter une définition, puis nous présenterons quelques chiffres sur les seniors et certaines approches du vieillissement, ainsi que les effets du vieillissement sur la vie des seniors.

3.1.1 Définition Selon l’approche dans laquelle on veut se placer, il existe différentes définitions du « vieillissement ». Nous retiendrons la définition de L’OMS qui définit de vieillissement à partir de 60 ans, et fait une distinction entre le troisième et quatrième âge c’est-à-dire le 3ème âge concerne des personnes âgées de 65 à 89 ans et le 4ème âge les plus de 90 ans. Ce mémoire s’intéressera plus précisément aux personnes du 3ème et 4ème âge. Le vieillissement se traduit généralement par un déclin des capacités cognitives et sensorimotrices. L’affaiblissement de ses capacités est un processus complexe, lent et progressif. Il s’accompagne chez les ainé(e)s par une lenteur dans la réalisation de la plupart des gestes et des tâches de la vie quotidienne et un isolement au lieu de résidence (Jeandel, 2008). Dans la plupart des pays, on parle de vieillissement de la population lorsque la population âgée de plus de 60 ans connaît une croissance et une faible natalité. C’est un critère pour les institutions internationales et nationales pour déterminer l’évolution de la population et de savoir si la population est « jeune » ou si nous sommes dans une « société vieillissante ». Nous nous intéresserons à la croissance des seniors dans la partie suivante.

3.1.2 Quelques chiffres sur les seniors En Suisse selon les projections de (OFS, 2015), la Suisse connaîtra un vieillissement prononcé, la population de plus de 65 ans passe de 1,5 million en 2015 à 2,7 millions en 2045. En Europe le pourcentage des personnes âgées de plus de 65 ans est passé de 7,5% à 12,5% entre 1950 et 2000 et selon les prévisions ce pourcentage pourrait atteindre jusqu’à 30% en 2050. En France, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), on estime que les plus de 65 ans devraient passer à 20,1% de la population en 2020 soit environ 13 millions et à plus de 26% en 2050 soit plus de 18 millions (Brun, Michel, & Brangier, 2012),. Le vieillissement de la population en Suisse et dans les pays occidentaux s’explique par l’allongement de l’espérance de vie grâce aux progrès enregistrés en médecine et d’autre part nous avons une baisse de la natalité dans la plupart de ces pays qui fait que nous avons de moins en moins de population jeune (De Jaeger, 2002 ; Robert-Bollée, 2007 cités par (Alava & Moktar, 2012, p2). L’OMS ajoute que les progrès technologiques peuvent expliquer cette croissance des seniors car ils ont permis d’offrir aux seniors différentes possibilités d’optimiser leur capacité. Les données à Genève confirment cette tendance dans les pays occidentaux, selon l’office cantonal de la statique (OCF, 2018)1 la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus a connu une augmentation durant la période 1880- 2018, elle est passée de 5,1 % à 16,5 %.

1 OFC Informations Statiques Août 2018

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Le vieillissement démographique aura d’importantes conséquences sur les conditions de vie des seniors avec notamment l’augmentation du nombre de maladies chroniques et dégénératives liées à la vieillesse telle que par exemple les démences et des troubles (visuelles, auditives, cognitives, etc). Il est alors important de comprendre les différentes approches du vieillissement ainsi que les effets du vieillissement sur la vie des personnes âgées afin de mettre en place une série de mesures d’accompagnement pour garantir aux seniors une meilleure qualité de vie.

3.1.3 Les approches du vieillissement Selon Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu (2009), la question du vieillissement doit être traitée comme un phénomène développemental et différentiel. D’après ces auteurs le vieillissement est sous l’influence des facteurs biologiques et environnementaux, sociaux et individuels. Ses différents facteurs définissent les profils de vieillissement qui peut être variable d’une personne à une autre (Jeandel & Bonnel, 2004 cités par Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009, p. 278). Ils font référence à (Fontaine & Pennequin, 1997 ; Charlot & Guffens, 2007) pour nous présenter quatre formes de vieillissement :

• Le vieillissement normal : c’est le processus de senescence qui entraine une lente dégradation de l’organisme mais également le maintien de certaines facultés humaines.

• Le vieillissement pathologique : c’est lorsque les conséquences de la sénescence sont aggravées en raison des maladies comme Alzheimer ou un accident.

• Le vieillissement optimal : c’est lorsque les seniors ont les mêmes facultés et performances que les jeunes voire même des résultats supérieurs aux jeunes. Une étude empirique du Munich Center for Economis of Aging (MEA) démontre que les performances réelles des seniors étaient parfois sous-estimées. Les chercheurs du MEA ont recueilli des données sur environ 4000 ouvriers d’une usine de fabrication de Camions Mercedes et ils ont comparé les performances de différents groupes d’âge. Il ressort de cette étude que la productivité des seniors est supérieure aux jeunes. Les raisons évoquées sont la forte capacité des seniors à gérer le stress avec les années d’expériences et, le nombre d’erreur grave qui est relativement faible chez les seniors par rapport aux jeunes (Börsch-Supan & Weiss, 2016).

• Le vieillissement réussi : c’est lorsque l’ainé(e) accepte sa situation en faisant preuve d’une forte capacité d’adaptation du point du vue psychologique face aux changements.

D’après Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu (2009) au vu de ses différentes formes de vieillissement, on peut retenir que les seniors ne sont pas confrontés à une dégradation de toutes leurs fonctions humaines ce qui renvoie à un « vieillissement optimal », de plus le vieillissement n’est pas mal vécu dans toutes les situations, on peut parler alors de « vieillissement réussi ». Enfin ils soulignent que les ainé(e)s peuvent connaître plusieurs formes de vieillissement durant leur vie.

3.1.4 Les effets du vieillissement sur la vie des seniors Le vieillissement s’accompagne par l’accumulation d’un certains nombres d’handicaps chez les seniors et un isolement. Nous parlerons d’une part des différents handicaps qui peuvent toucher les seniors et d’autre part de leurs conséquences sur leurs vies sociales.

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3.1.4.1 Vieillissement et handicap Plus les seniors avancent en âge plus on voit qu’ils développent des pathologies et des handicaps (Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009). Ils nous présentent les types de déficiences auxquelles sont exposés les seniors qui peuvent être temporaire ou définitive :

• Les déficiences perceptives : elles sont liées à une dégradation des capacités auditives comme la presbyacousie ou visuelles par exemple la cataracte.

• Les déficiences anatomiques : elles sont liées à la réduction des fonctions motrices au niveau des membres inférieurs et supérieurs.

• Les déficiences psychologiques : c’est lorsque le senior est plus vulnérable au niveau psychologique. Il ressent un sentiment d’inutilité ou d’être une charge pour les autres.

Toutes ces déficiences sont à l’origine des incapacités qui limitent les seniors dans l’accomplissement de certaines tâches ou activités de la vie quotidienne.

3.1.4.2 Vieillissement et vie sociale Dans nos sociétés vieillissantes, les seniors se retrouvent isolées, leurs vies se limitent la plupart à leur domicile ce qui contribue à fragiliser les liens sociaux et familiaux. Ils font partie d’une partie de la population qui présente plus de difficultés à se déplacer donc ceci les empêche de participer à des rencontres de famille ou à des activités de leurs lieux de résidence. L’étude menée par (David & Starzec 1996 cité par Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009, p. 274) concorde avec nos propos, elle révèle que 65% des personnes âgées de « 75 ans et plus » vivent isolées. Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu nous expliquent que cet isolement est soit « naturel » ou « provoqué », ils se basent sur la théorie du désengagement de Cumming et Henri (1961) selon laquelle le vieillissement s’accompagne d’un isolement « naturel » des seniors avec une diminution de leurs réseaux sociaux. Ces auteurs parlent alors d’un désengagement qui serait intrinsèque au sujet, progressif, universel et nécessaire. Tandis que la « théorie du rôle » de Rosow (1974) postule que plus les seniors avancent en âge plus ils sont moins intégrés dans la vie sociale. Ils sont moins sollicités par les structures sociales donc ils perdent des rôles et des responsabilités ce qui entraine des conséquences sur leur morale et le sentiment de satisfaction et d’utilité. Dans ce contexte le désengagement serait donc subi et extrinsèque au sujet. Comme cette revue de littérature nous le montre, on constate une dégradation du confort et de la qualité de vie des seniors en raison de l’accumulation d’une série de handicaps lié à l’âge, et ils deviennent fragiles donc plus exposés aux maladies. Le vieillissement a également des conséquences sur la vie sociale des seniors, les ainé(e)s sont souvent isolées en raison de leurs incapacités à participer à des activités sociales. Par ailleurs, le vieillissement ne doit pas être perçu comme une perte « irréversible » des capacités et des fonctions humaines mais on doit plutôt considérer le vieillissement comme une période de la vie des seniors marquée par des ruptures et des reprises. Cette approche nous pousse à investir sur les nouvelles technologies pour servir d’outils de soutien et de stimulation des capacités des seniors, ainsi qu’un moyen qui leur permet de maintenir des liens familiaux et sociaux (Bobilllier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009). Nous verrons plus en détails dans la partie portant sur les TIC, Internet et seniors l’utilisation de ces outils par les seniors, les obstacles auxquelles ils sont confrontés et le potentiel que représente internet.

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3.2 TIC, Internet et seniors Les TIC font partie de notre quotidien comme nous l’avons souligné précédemment. Parmi les TIC, internet envahi toutes les sphères de la vie quotidienne et, ceci nous impose de nous adapter quel que soit notre âge et de développer de nouvelles compétences par exemple on a recours à internet pour trouver une information, pour réaliser des démarches administratives, etc. Selon (Chevalier, Dommes, & Marquié, 2008) « Les TIC désignent l’ensemble des technologies qui permettent de traiter et de transmettre des informations, et regroupent principalement l'informatique, Internet et les télécommunications. Parmi ces technologies, on observe un essor particulier d’Internet et des sites web » (p. 225). En même temps que certains se réjouissent de l’essor d’internet et arrivent à profiter des différents services en ligne, pour d’autres cette numérisation est une source d’exclusion. Dans les lignes qui suivent nous allons expliquer les raisons de cette croissance, ensuite nous présenterons des données statistiques et nous aborderons le concept de fracture numérique, enfin nous exposerons les obstacles auxquels font face les seniors et le potentiel d’internet.

3.2.1 Croissance du nombre d’internautes seniors Actuellement la croissance du nombre d’internautes seniors s’explique par l’arrivée de nouveaux appareils comme les smartphones et les tablettes qui permettent d’avoir accès à internet plus facilement. Ces appareils sont avec nous et nous accompagnent dans les activités quotidiennes de la journée, contrairement à l’ordinateur dont l’utilisation se limitait dans un bureau ou à domicile. En plus, le fonctionnement de ces nouveaux appareils n’est pas difficile à apprendre comme un ordinateur, et les claviers tactiles paraissent plus simples pour les seniors. L’écran tactile paraît pouvoir présenter pour les aîné(e)s l’avantage d’une simplicité d’utilisation, comparativement à l’ordinateur (Quillion-Dupré et al., 2016 ; Seifert & Schelling, 2015). Dorénavant il n’est pas nécessaire de maitriser le fonctionnement d’un ordinateur pour avoir accès aux services en ligne. On peut également expliquer cette croissance par la mise en place d’une série de mesures par les pouvoirs publics pour faciliter l’accès des nouvelles technologies aux ainé(e)s. Par exemple en Suisse nous avons SeniorWeb qui offre des ateliers de formations sur l’utilisation d’internet, en France on peut citer le plan « e-seniors » et « internet accompagné », les journées seniors en ligne à Saint-Germain-laye (Guérin, 2000). L’offre croissante de service en ligne destinée aux ainé(e)s contribue aussi à la croissance des internautes seniors. Par exemple, des sites webs destinés aux seniors comme par exemple seniorplanet aux USA, Connect-seniors.ch et seniorweb.ch en Suisse (Guérin, 2000). Tous ces facteurs ci-dessus ont contribué à la forte croissance des internautes seniors. En Suisse l’étude de Seifert et Schelling (2015), révèle une forte hausse du nombre d’internautes seniors de 47 % entre 2009 et 2015. L’étude montre également les différences qui existent entre les groupes de seniors, les personnes âgé(e)s entre 65 et 75 ans utilisent davantage internet par rapport aux personnes âgées de 80 ans et plus. Cette différence pourrait s’expliquer selon ces auteurs par le fait qu’en Suisse quoique 85% des ménages disposent d’un ordinateur, plus on avance en âge plus les ménages sont moins équipés et par conséquent ils sont moins présents sur la toile. Cette étude est en accord avec les travaux de Quillion-Dupré et al. (2016), ils constatent que la fréquence d’utilisation d’internet diminue toutefois avec l’âge. Plus de 50 % des personnes âgées de 65 à74 ans utilisent Internet, contre 10 % des plus de 90 ans.

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Cette forte augmentation du nombre des internautes seniors est confirmée par plusieurs études, selon Chevalier et al. (2008) : fin 2006, les retraités français sont 47% de plus à naviguer sur Internet par rapport à 2005). Par ailleurs, plusieurs auteurs sont d’accord sur le fait que les ainé(e)s sont près d’adopter les technologies numériques (Chevalier et al., 2008 ; Guérin, 2000 ; Czaja & Lee, 2000). Les résultats de l’enquête de Seifert et Schelling (2015) nous révèlent également que les seniors Suisses sont à 60% favorables à l’évolution du progrès technique. Plusieurs auteurs s’accordent sur ce point, selon Monfort (2016) « Les aîné(e)s sont ainsi prêts à les accepter aussi longtemps qu’elles montrent leur utilité et qu’elles ne sont pas source de frustration. » (p.1). Il ressort aussi de l’étude de Seifert et Schelling (2015), les interventions sur les facteurs subjectifs pourraient avoir des effets bénéfiques sur l’utilisation d’internet par les non-internautes, par exemple en mettant en évidence « l’utilité d’internet ». Plus les internautes seniors percevront l’utilité d’internet plus ils se connecteront davantage, ainsi que des actions entreprises pour rendre les sites faciles à utiliser et intuitifs, ou des solutions pour remédier aux obstacles auxquels sont confrontés les seniors dans l’utilisation des sites web. D’après Guérin (2000), la présence d'un contenu de qualité et d'une offre diversifiée est essentielle pour attirer de nouveaux seniors sur le Net. Mais au-delà du contenu comme nous l’avons indiqué il est important de prendre en compte les spécificités de cette population pour lui proposer une expérience utilisateur optimale. En définitive tous ces travaux nous montrent que les seniors sont ouvert à l’utilisation d’Internet, c’est pourquoi il est important de réfléchir à comment leur proposer du contenu de qualité, des systèmes en ligne qui ne sont pas complexes et des outils d’évaluation de ces systèmes validés par les seniors. Nous traiterons cette question plus loin dans la partie sur les critères d'évaluation des TIC car il est primordial de développer des technologies adaptées aux seniors sous peine de développer de nouvelles formes de discriminations. Actuellement la notion de la « fracture numérique » désigne parfaitement ces nouvelles formes d’exclusion auxquelles peuvent être exposées les seniors.

3.2.2 Fracture numérique Toutefois malgré la forte croissance des internautes seniors, comme indiqué ci-dessus nous ne sommes pas tous égaux dans l’utilisation des sites web et plusieurs études le confirment. En effet, malgré la hausse du nombre d’internautes seniors, l’étude Suisse (2015) sur l’utilisation des TIC par les seniors nous montre l’écart numérique entre la population âgée de 14 ans et plus par rapport aux seniors. Ce « fossé numérique » est une cause potentielle d’exclusion sociale (cf Latzer 2013 ; Höpflinger & Vann Wezemael, 2014 cité par Seifert & Schelling, 2015, p. 8). Cet écart reflète la tendance internationale mais de manière un peu plus accentuée selon les pays, par exemple en France le rapport « France numérique 2012 » nous attire l’attention au fait que « l’accroissement très important du nombre de seniors connectés ne doit pas cacher l’existence d’une fracture numérique chez les seniors et nombre d’entre eux sont des “e-exclus”, encore aujourd’hui en France » (Alava & Moktar, 2012). Cette notion de « fracture numérique » désigne les inégalités dans l’usage et l’accès aux TIC, ainsi qu’internet. D’après la définition de Eli Michel (2001), elle se traduit par une inégalité face aux possibilités d’accéder et de contribuer aux contenus en ligne, ainsi que de pouvoir bénéficier pleinement des TIC notamment les services d’internet. Ce qui permet à une partie de la population qui peut utiliser et accéder à internet de pouvoir s’informer, de communiquer, de recourir au commerce en ligne pour faire des économies.

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Tandis que ceux qui ne peuvent pas utiliser ses outils se sentent de plus en plus exclus. La « fracture numérique » est une notion vaste nous mettrons l’accent sur les inégalités dans l’utilisation d’internet. Cette notion permet d’expliquer l’exclusion de certaines personnes qui rencontrent des difficultés dans l’utilisation des nouvelles technologies en raison de leurs incapacités psychiques, perceptives et visuelle, cognitive ou de leurs situations économique et sociale. Les indicateurs tels que la fréquence d’utilisation d’internet et le nombre d’ordinateurs connectés par population permettent de déterminer l’existence ou l’évolution de cette fracture numérique. Pour lutter contre cette nouvelle forme d’exclusion d’après Brangier & Bastien (2010) il existe « une série de démarches, d’interventions, de recherches et d’actions regroupées sous le nom d’inclusion numérique ou e-inclusion où l’ergonomie occupe une place importante et complémentaire à d’autres disciplines » (p. 313). L’e-inclusion est défini comme l’ensemble des politiques et stratégies mises en œuvre pour faciliter à chacun l'accès aux TIC et de donner ainsi les mêmes chances à tous de bénéficier des avantages de la société de l'information. Ceci a conduit à la mise en place en Suisse et dans les pays d’Europe d’une série d’actions dans le but d’améliorer l’accès des seniors à la société d’information. Par exemple en Suisse des cours, ateliers et conférences sont offerts par la ville de Genève aux seniors pour qu’ils puissent utiliser internet et les nouvelles technologies et, en France également nous avons le plan « Internet pour tous ». La Suisse participe également au programme "Ambient Assisted Living" (AAL), un programme de recherche et de développement européen qui soutient des projets qui améliorent la santé, l'autonomie et la qualité de vie des seniors dans leur environnement personnel. L'AAL met un accent particulier sur les applications dans le domaine des TIC. Nous pouvons conclure que les progrès technologiques permettent de soutenir une partie de la population qui a adopté ces technologies très tôt dans leur vie quotidienne et, parallèlement ils contribuent à creuser l’écart entre les plus jeunes qui sont familiers à ces nouveaux outils et les seniors qui rencontrent des difficultés liées au vieillissement ou à la non maitrise des TIC, et au non-respect des recommandations ergonomiques de certains systèmes en ligne. Malgré toutes ces difficultés certains seniors continuent à utiliser internet pour différentes raisons ou motivations.

3.2.3 Séniors et usage d’internet Dans cette partie nous allons présenter les sites et applications les plus utilisés par les seniors. Nous nous appuierons principalement sur l’étude réalisée en Suisse par Seifert et Schelling (2015), elle concorde avec plusieurs travaux (Dupré et al., 2016 ; Monfort, 2016). Seifert et Schelling créent deux catégories d’utilisateurs : les utilisateurs d’internet appelé « internautes » et les personnes qui n’utilisent pas internet les « non-internautes » c’est-à-dire ceux qui n’ont pas utilisé internet les 6 derniers mois. Cette étude nous montre que parmi les sites et applications qui existent, ceux qui intéressent davantage les seniors nous avons :

• L’envoi et la réception d’e-mail, la navigation, la lecture en ligne de journaux ou

magazine

• Recherche d’informations en général, la consultation d’horaires et informations sur les

voyages, les informations sur les autorités et les administrations ainsi que les thèmes liés

à la santé

• Achats de marchandises ou ventes de marchandises, e-Banking

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• Téléphoner, le tchat, la radio et la vidéo en ligne, télévision numérique, les

téléchargements de musique et d’images, et l’utilisation des réseaux sociaux, la

participation au forum

Figure 1 : Usage d’internet par les seniors. Tiré de : (Seifert & Schelling, 2015)

On retiendra que les outils qui permettent de maintenir des liens avec les proches et la société font l’objet d’un plus grand intérêt chez les seniors comme la correspondance par E-mail pour rester en contact et communiquer avec des proches. La consultation des horaires aussi occupe une place importante on pourrait l’expliquer par la volonté des seniors de gérer de manière indépendante leurs activités quotidiennes, au niveau des informations recherchées ils sont intéressés principalement par thèmes liés à la santé. Les possibilités qu’offre internet sont variés mais pour profiter pleinement des services en ligne, les seniors doivent mobiliser plusieurs compétences.

3.2.4 Les capacités impliquées pour l’utilisation d’internet De nombreux auteurs sont d’accord sur le fait que l’utilisation d’internet exige des compétences cognitives et sensorimotrices. Selon (Backes & Clemens 2013 cité par Seifert & Schelling 2015, p. 10) les facteurs qui peuvent influencer la capacité des seniors à utiliser un site sont :

• La vue : c’est une faculté importante car elle permet à l’utilisateur de voir le contenu du

site, de regarder des vidéos, de lire le contenu.

• L’ouïe : elle est également nécessaire pour écouter du contenu audio ou suivre une

émission ou un tutoriel.

• La condition physique : c’est en lien avec la motricité, la capacité de l’utilisateur à

diriger la souris et à écrire grâce au clavier physique ou tactile.

• La condition cognitive : tout ce qui est en lien avec la mémoire de l’utilisateur sa

capacité à traiter, conserver, et traiter l’information, capacité d’inhibition, etc. Elle

permet de comprendre les pages consultées, ainsi que l’organisation des sites et la

navigation des pages du site.

• L’attitude personnelle à l’égard de l’utilisation et les appréhensions liées à la

personne : l’affinité avec les technologies, les réserves ou des appréhensions à l’égard

du numérique.

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On retiendra qu’utiliser internet pour les seniors peut être une activité complexe non seulement pour la compréhension du contenu mais aussi pour la réalisation d’une série d’actions comme sélectionner avec la souris ou saisir avec un clavier, tout ceci exige une forte mobilisation des capacités cognitives et sensorimotrices. La mobilisation de ses capacités dépendra des compétences et de l’intérêt des seniors dans l’utilisation des sites web, les difficultés liées au vieillissement, la complexité du site web, etc. Force est de constater que les seniors ne sont pas les seuls concernés par les problèmes liés à la mobilisation de ses différentes capacités. Mais nous sommes d’accord que plus on avance en âges plus elles peuvent être limitées comme nous l’avons évoqué dans la partie portant sur les effets du vieillissement. Donc pour concevoir un système destiné aux seniors comme nous l’avons indiqué précédemment il est important de prendre conscience des besoins spécifiques de cette population et des obstacles auxquels ils font face dans l’usage d’un système pour leur offrir une meilleure expérience utilisateur qui contribuera à l’adoption du système dans la durée.

3.2.5 Les obstacles rencontrés par les seniors Dans cette partie nous allons essayer d’identifier les difficultés que rencontrent les ainé(e)s dans l’utilisation des nouvelles technologies. Dans leurs enquêtes Seifert et Schelling (2015) ont interrogé les seniors sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans l’utilisation d’internet. Environ 41% des participants ont mentionné avoir du mal à se servir des TIC. Il ressort principalement de l’étude les difficultés suivantes : les craintes liées à la sécurité et aux problèmes techniques, les doutes sur la crédibilité des informations et la complexité des sites web, l’effort d’apprentissage, les difficultés sensorimotrices et la diminution des capacités cognitives dues à l’âge freine les ainé(e)s dans l’usage des TIC, le manque d’aide. Ils montrent aussi que les seniors non-internautes expriment plus de difficultés, de craintes et le manque d’aide dans l’utilisation d’internet par rapport aux internautes seniors. On peut ajouter l’apprentissage que demande l’utilisation d’internet peut-être plus difficile pour les seniors à cause de la difficulté à mobiliser les capacités cognitives. Quillion-Dupré et al. (2016) mentionnent également les difficultés d’utilisations des TIC par les seniors parmi lesquelles on retrouve les troubles auditifs et visuels, faiblesse physique, diminution des capacités cognitives, ils affirment que les difficultés liées au vieillissement peuvent avoir une influence sur l’utilisation des TIC et peut-être un frein à leur adoption. Ils soulignent aussi que le faible sentiment d’auto-efficacité ou une grande anxiété vis-à-vis des TIC prédit une utilisation moins fréquente des TIC. D’autres obstacles ont été relevés par (Czaja et Sharit 2013 cités par Quillion-Dupré et al., 2016, p. 307) qui sont identiques à ceux citer précédemment : le manque d’accès et de connaissance des bénéfices potentiels ; le manque de soutien technique ; le coût ; la crainte d’échouer ; la complexité des interfaces, ou des interfaces conçues sans tenir compte des besoins spécifiques des aînés comme par exemple la taille des polices. Chevalier et al., (2008) ajoutent à ces différents obstacles, les facteurs géographiques, démographiques et culturelles liés au niveau d’études et l’expérience professionnelle qui peuvent susciter une certaine curiosité ou non par rapport aux nouvelles technologies. Plus on est formé, plus on est ouvert aux TIC. De plus, il complète à ces variables la disponibilité du réseau d’internet ou d’un soutien logistique proche en cas de difficulté. Ce survol de la littérature nous montre que les auteurs ont un large consensus sur les difficultés auxquels sont confrontés les seniors dans l’utilisation d’internet. Chevalier et al. (2008) élargissent l’explication des obstacles auxquels font face les personnes âgées par la prise en considération des facteurs géographiques, démographiques et culturels. Même si ces difficultés ont plusieurs explications possibles car on a plusieurs utilisateurs avec des profils différents.

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Dans ces études les obstacles majeurs à la diffusion de ces technologies auprès des seniors proviennent de la complexité des systèmes en ligne. Les auteurs mettent en évidence les problèmes de conception des sites internet qui sont pourtant évitables et qui pourraient permettre de rendre les sites faciles à utiliser, ainsi ils auront le plus de chances d’être acceptés par les seniors (Brun et al., 2012 ; Quillion-Dupré et al., 2016). Force est de reconnaitre que malgré tous ces obstacles, les seniors s’investissent pour s’approprier des contenus et services en ligne. Ils prennent conscience du potentiel que représente internet dans les activités de la vie quotidienne.

3.2.6 Le potentiel d’internet pour les seniors Dans cette partie nous allons décrire les bénéfices qu’apporte internet dans la vie quotidienne des seniors. Il ressort de plusieurs travaux (Alava & Moktar, 2012; Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu, 2009; Guérin, 2000; Seifert & Schelling, 2015; Quillion-Dupré et al., 2016 ) qu’internet peut contribuer à améliorer la qualité de vie des seniors, leur prise en charge, à réduire l’évolution de certains symptômes et participe au maintien des liens sociaux. Nous allons présenter ses potentialités d’une part dans le maintien des liens familiaux et sociaux, l’indépendance et l’ouverture au monde, d’autre part comme outil de stimulation des capacités cognitives et sensorimotrices.

3.2.6.1 Maintien des liens familiaux et sociaux, indépendance et ouverture au monde

L’étude de Seifert et Schelling (2015) nous montre que 53% des internautes et 25 % des non-internautes estiment qu’internet « leur permet de rester plus autonomes » (p. 98). Ils considèrent les smartphone et l’internet mobile permettent une meilleure organisation de leur activité quotidienne et contribue à leur sécurité. Pour maintenir les liens familiaux et sociaux et pour réduire les risques d’isolement auxquels sont exposés les ainé(e)s, internet est un outil important pour les seniors comme le souligne Mollenkopf « de nouvelles technologies de l’information et de la communication offrent de nombreuses nouvelles possibilités pour éviter un isolement non souhaité et maintenir ou nouer des contacts même sur de grandes distances ou en cas de mobilité réduite » (Mollenkopf 2012 ; traduction libre, cité par Seifert & Schelling, 2015, p. 74). Internet permet d’être en contact avec la famille ou ces proches, grâce à des outils comme Skype on peut faire des appels vidéo avec ses proches peu importe où ils sont, les réseaux sociaux permettent aussi de retrouver des amis de longue date. En plus, à l’aide d’internet les seniors peuvent rejoindre des forums selon leurs centres d’intérêt et, participer régulièrement aux sujets que traitent ces communautés en ligne. Donc internet peut être un moyen pour les seniors de rester impliqués dans la société, de nouer de nouveaux contacts et réaliser des activités. Par ailleurs, pour les seniors à mobilité réduite depuis leur domicile ils peuvent également avoir accès à l’actualité internationale grâce à la télévision numérique ceci permet aux seniors d’être en contact avec le monde, ou de consulter l’actualité de leur commune ou ville, par exemple le site de la ville de Genève fournit régulièrement des informations sur l’actualité de la ville, les activités destinées aux seniors, etc. Ils peuvent aussi accéder aux services en ligne comme faire des achats de produits alimentaires en ligne et se faire livrer à domicile. Internet offre aux seniors plusieurs possibilités, ils peuvent planifier leurs déplacements en consultant en temps réel les horaires des transports ou organiser un voyage et réserver un vol depuis leur domicile sans effectuer aucun déplacement. C’est également un moyen d’être au courant des campagnes préventives pour certaines maladies.

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3.2.6.2 Stimulation des capacités cognitives et sensorimotrices Internet offre de nouvelles opportunités aux seniors leur permettant de conserver de bonnes qualités intellectuelles et physiques. Les internautes seniors peuvent trouver sur des sites web des jeux sérieux comme par exemple happyneuron qui permet de stimuler leur capacité cognitive et en particulier la mémoire pour rester actif sur le plan cognitif, ainsi que des programmes d’activités physiques interactifs. Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu (2009) affirment que « Les technologies peuvent aussi pallier la perte de certaines facultés » (p. 279). Ce tour d’horizon a permis de montrer les possibilités qu’offre internet comme outil de soutien pour les seniors dans les activités de la vie quotidienne et de stimulation des capacités des personnes âgées ainsi qu’un moyen de maintenir des liens familiaux et sociaux. Mais il faut également souligner malgré le potentiel d’internet qui fait l’objet d’un large consensus, les liens de causalité entre internet et autonomie restent à prouver. Par ailleurs, selon Guérin (2000) malgré les bénéfices d’Internet comme outil qui permet de communiquer avec instantanéité, il autorise aussi le décalage et la lenteur. Paradoxalement on observe en même temps qu’internet peut être un moyen de sortir de l’isolement, son utilisation abusive peut être une source de solitude donc un renfermement vers soi-même au lieu d’être un outil qui maintient les liens sociaux, certains seniors aptes à se déplacer et à faire des activités en dehors du domicile pourraient passer quasiment toutes leurs journées devant les écrans et développer une dépendance liée aux nouvelles technologies. Pour augmenter les chances que les TIC soient acceptées par les seniors il est indispensable de rendre plus visible l’utilité d’internet d’une part et d’autre part il est nécessaire de réfléchir à des systèmes en ligne adaptés aux différents utilisateurs(trices). Selon Seifert et Schelling (2015) une personne sera plus disposée à utiliser Internet si elle voit moins d’obstacles et de difficultés ou si elle se rend vite compte que ces entraves sont surmontables. Par conséquent un outil d’évaluation validé par les seniors qui permet de déterminer les facteurs d’acceptation ou les freins d’adoption des TIC, est un instrument important pour les professionnels et chercheurs car internet offre actuellement des outils, services et ressources qui sont en mesure d’améliorer le confort et la vie quotidienne des seniors. Dans les phrases qui suivent nous allons décrire les critères d’évaluation des TIC qui permettent de déterminer les facteurs d’acceptation des nouvelles technologies.

3.3 Les critères d’évaluation des TIC Pour l’évaluation des nouvelles technologies et des intentions d’usages des TIC, il est recommandé de prendre en compte trois dimensions pertinentes : l’utilité, l’utilisabilité et l’acceptabilité. Ces dimensions sont complémentaires et leurs évaluations permettent d’obtenir des résultats fiables (Dillon & Morris, 1996 ; Tricot et al., 2003 cités par Février, 2011). Nous présenterons dans cette partie les critères d’utilité, d’utilisabilité et l’expérience utilisateurs, puis nous nous concentrerons sur l’acceptation en distinguant acceptation et acceptabilité, puis nous détaillerons les principaux modèles d’acceptation des TIC.

3.3.1 Utilité Pour Bobillier Chaumon & Oprea Ciobanu (2009) « la notion d’utilité est une notion complexe car la construction de ce concept implique un jugement moral : tout le monde ne parle pas de la même façon de l’utilité, ne partage pas les mêmes valeurs, ni les mêmes besoins. Il serait donc erroné d’imaginer une utilité universelle » (pp. 279-280).

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Nous partageons cette perspective dans le sens où l’utilité d’une technologie n’est pas toujours perçue de la même manière par les différents utilisateurs selon leurs âges. Malgré la complexité de cette notion d’utilité, nous essayerons de la définir comme le degré auquel une personne croit que l’utilisation d’un système va lui servir à réaliser une activité ou à atteindre un but avec efficience et satisfaction. Sur le plan empirique, l’évaluation de l’utilité repose sur la comparaison de performance d’un groupe d’utilisateurs(trices) soumis(e)s à des tâches avant et après l’utilisation du système ou sans utilisation, ou sur deux versions. Quant à l’évaluation par inspection, elle se base sur les critères suivants : la précision et la présentation des objectifs, l’adéquation des contenus par rapport aux objectifs, la précision du scénario didactique, adéquation scénario par rapport aux objectifs et aux contenus, la mise en œuvre des processus cognitifs et méta cognitifs, la régulation et l’évaluation (Tricot et al., 2003).

3.3.2 Utilisabilité Les premières tentatives de définition de la notion d’utilisabilité datent des années 1980 (Shackel, 1981 ; Eason, 1984 cité Barcenilla & Bastien, 2009, p. 313). Le développement des nouvelles technologies a contribué à l’intérêt porté à cette notion d’utilisabilité ainsi qu’à son évolution, que ça soit pour trouver une information ou réserver un voyage l’utilisateur(trice) a un but précis à atteindre, et l’interaction avec l’interface est déterminante pour atteindre ce but. Selon Nogier & Leclerc (2016) « plus l’interface est facile plus elle sera appréciée des utilisateurs » (p. 1) ceci révèle l’importance de cette notion dans la conception d’un site système en ligne. Mais il est difficile de trouver un consensus autour de cette notion (Barcenilla & Bastien, 2009). Shackel (1991) définira l’utilisabilité d’un système comme « sa capacité, en termes fonctionnels humains, à permettre une utilisation facile et effective par une catégorie donnée d’utilisateurs, avec une formation et un support adapté, pour accomplir une catégorie donnée de tâches, à l’intérieur d’une catégorie spécifique de contextes » (Shackel, 1991 cité par Barcenilla & Bastien, 2009, p. 313). C’est sur la base de cette définition que les normes ISO s’appuieront pour une définition de l’utilisabilité plus ou moins standardisé. D’après la norme ISO 9241-11 : 2018 l’utilisabilité est « le degré auquel un système peut être utilisé, par des utilisateurs spécifiés, pour réaliser des objectifs spécifiés avec efficacité, efficience et satisfaction, dans un contexte d’utilisation spécifié ». À travers cette définition on peut retenir trois dimensions de l’utilisabilité :

• Efficacité : la performance avec laquelle la tâche est réalisée.

• Efficience : la facilité avec laquelle on réalise la tâche c’est-à-dire l’atteinte d’un but avec moins d’efforts et moins de temps possible

• Satisfaction : Le ressenti de l’utilisateur c’est-à-dire sa satisfaction par rapport aux systèmes.

On retrouve ces dimensions dans la définition de Nogier & Leclerc (2016), pour ces auteurs la notion d’utilisabilité intègre en même temps la facilité à utiliser un système, la satisfaction qu’elle nous offre, et l’efficacité avec laquelle on parvient à atteindre notre but sur l’interface du système. Nielsen (1993) tient compte de ces 3 dimensions mais il complète cette définition de la notion d’utilisabilité en proposant cinq critères d’utilisabilité :

• La facilité à apprendre : c’est la facilité avec laquelle l’utilisateur(trice) parvient à atteindre un but face à une nouvelle interface.

• L’efficience : c’est la capacité de l’utilisateur(trice) à atteindre un but avec moins d’efforts et avec le moins de temps possible.

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• La mémorisation : c’est la possibilité qu’offre l’interface d’un système aux utilisateurs(trices) de pouvoir le réutiliser sans difficulté après une longue période sans l’avoir utilisé c’est-à-dire le moyen de mémoriser le fonctionnement et l’organisation de l’interface.

• La prévention des erreurs : c’est la capacité du système d’une part de protéger l’utilisateur(trice) contre des erreurs ou à les réduire, et d’autre part à lui permettre de les corriger.

• Le sentiment de satisfaction : c’est la satisfaction ressentie par l’utilisateur(trice) lors de l’utilisation du système c’est-à-dire son ressenti global.

L’évaluation de l’utilisabilité d’une interface peut être réalisée principalement de deux manières : Nous avons une première méthode d’évaluation portant sur les caractéristiques des interfaces, ainsi que la conformité à des normes et des recommandations, elle est réalisée par des experts il s’agit de l’audit ergonomique ou l’évaluation experte qui n’engage pas l’utilisateur(trice). Pour réaliser une évaluation experte Bastien et Scapin (1993) proposent huit critères qui servent de guide pour l’organisation et l’évaluation de l’interface d’un système. Ces critères ergonomiques font l’objet d’une certaine unanimité dans le domaine de l’ergonomie des interfaces, les ergonomes considèrent généralement qu’une interface est adaptée à l’utilisateur(trice) lorsqu’elle répond à ces huit critères. Selon Nogier & Leclerc (2016) « les critères ergonomiques constituent une typologie des propriétés d’une interface homme-machine qui vont conditionner son utilisabilité » (p. 279). Les critères de Bastien et Scapin (1993) sont :

1. Compatibilité : ce critère insiste sur le fait qu’il est nécessaire d’assurer l’adéquation du système ou de l’interface avec son utilisateur(trice), donc la prise en compte des caractéristiques des utilisateurs est primordiale.

2. Guidage : ce critère regroupe l’ensemble des moyens mis en œuvre pour assister l’utilisateur(trice) dans l’utilisation de l’interface. Pour éviter que l’utilisateur(trice) ne soit perdu et abandonne. Il consiste à rendre les informations lisibles avec une bonne taille de police et de regrouper les mêmes informations avec un feedback immédiat sur les actions de l’utilisateur

3. Homogénéité : il consiste à créer un graphisme homogène et une cohérence générale de l’interface.

4. Flexibilité : ce critère concerne la capacité du système de réagir selon les besoins et les compétences de l’utilisateur(trice).

5. Contrôle explicite : ce critère fait référence à la capacité du système à répondre uniquement aux actions des utilisateurs(trices) sans ambiguïté.

6. Gestion des erreurs : il regroupe les moyens permettant d’une part de protéger l’utilisateur(trice) contre des erreurs ou à les réduire, et d’autre part à lui permettre de les corriger.

7. Charge mentale : L’objectif de ce critère est de réduire la charge de travail de l’utilisateur(trice). En effet réduire le nombre d’informations, et se limiter aux informations importantes pour l’utilisateur(trice). Et ils insistent sur la réduction du nombre d’actions pour exécuter une action.

8. Signifiance des codes et dénominations : il concerne de l’adéquation entre l’information affichée/entrée et l’utilisateur. Le choix des codes standard connus et utilisés, qui peuvent être facilement reconnu par les utilisateurs.

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La deuxième méthode d’évaluation qui demande la participation des utilisateurs(trices) c’est-à-dire les tests d’utilisabilités. C’est cette méthode qui est utilisée couramment, elle s’effectue dans un laboratoire ou dans un bureau on met l’utilisateur dans une situation d’utilisation réelle du système, on observe les difficultés et obstacles qu’ils rencontrent. Généralement l’évaluation experte est la 1ère étape à mettre en place avant de réaliser les tests d’utilisabilités. Il est important d’effectuer une évaluation à chaque étape de la conception. Ces différentes méthodes d’évaluation permettent d’identifier les obstacles liés à l’utilisation d’un système et d’apporter des améliorations ou de corriger certaines erreurs au fur à mesure qu’on avance dans la conception. Une fois que l’évaluation est terminée et l’optimisation du produit est validée par les différents tests, on réalise la version finale et on procède à l’implémentation. Force est de reconnaitre que cette notion d’utilisabilité a évolué car actuellement les utilisateurs(trices) ne cherchent pas à satisfaire uniquement les besoins d’efficacité et d’efficience dans l’utilisation des interfaces ils recherchent aussi une source de plaisir (Norman, 2004 cité par Brangien & Bastien 2010, p. 316). C’est pourquoi Brangien et Bastien (2010) affirment « l’ergonomie contemporaine n’approche plus seulement les utilisateurs en termes d’aptitudes physiques et cognitives, mais doit tenir compte, pour augmenter l’acceptabilité d’un produit, de la relation que l’utilisateur entretient avec celui-ci en fonction des valeurs, émotions, affects véhiculés et suscités par le produit. Cette approche va donner lieu à l’émergence d’un concept dénommé « expérience utilisateur » (p. 316).

3.3.3 Expérience utilisateur Nous assistons ces dernières années à l’émergence de cette notion d’expérience utilisateur qui complète le concept d’utilisabilité par la prise en compte des caractéristiques non instrumentales. Dorénavant on ne se limite pas à l’efficience et à l’efficacité d’une interface informatique, on s’intéresse également à l’apparence, l’esthétique, et aux émotions que peuvent susciter l’interaction homme-machine. D’après Barcenilla & Bastien (2009), le terme « expérience utilisateur » a été utilisé pour la première fois par Norman dans les années 1990 afin d’étendre le champ trop étroit de l’utilisabilité et couvrir tous les aspects de l’expérience d’une personne avec un système. Il est difficile de trouver un consensus pour définir ce concept « d’expérience utilisateur » comme le confirment (Barcenilla & Bastien 2009 ; Carine Lallemand, Gronier, & Koenig, 2013), nous avons différents points de vue disciplinaires et méthodologiques autour de ce concept. Dans leur revue de littérature Barcenilla & Bastien (2009) proposent un certain nombre de définitions : Pour Arhippainen et Tähti (2003 cité par Barcenilla & Bastien 2009, p. 324) l’expérience de l’utilisateur est le résultat de l’interaction de cinq catégories de facteurs : sociaux, culturels, ceux liés aux caractéristiques de l’utilisateur(trice), ceux liés au contexte et ceux liés aux caractéristiques du produit. D’après, Hassenzahl et Tractinsky (traduction des auteurs cité par Barcenilla & Bastien (2009), p. 324) définissent cette notion comme « la conséquence de l’état interne de l’utilisateur (prédispositions, attentes, besoins, motivations, humeur, etc.), des caractéristiques du système (par exemple. complexité, objectif, utilisabilité, fonctionnalité, etc.) et du contexte (ou environnement) dans lequel ont lieu les interactions ». Ce qu’on peut retenir de ces différentes définitions de l’expérience utilisateur c’est la prise en compte des qualités instrumentales et non instrumentales. La notion d’expérience utilisateur marque une évolution dans le domaine IHM. Cette évolution se traduit par la prise en compte des aspects liés à l’esthétique, à l’émotion. Elle intègre des mesures subjectives à savoir nos perceptions, nos émotions, contrairement à l’utilisabilité qui porte sur des mesures objectives c’est-à-dire l’efficacité, l’efficience et la satisfaction des utilisateurs.

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Il ne s’agit pas d’une rupture entre ces deux concepts, comme évoqué précédemment le concept d’expérience utilisateur complète le concept d’utilisabilité dans le but d’offrir aux utilisateurs(trices) des produits qui répondent à leurs attentes avec une expérience utilisateur optimale. Quant à la question de l’évaluation de l’UX, elle peut être réalisée grâce à différentes méthodes parmi lesquelles nous avons les tests d’utilisabilité, les échelles d’évaluation de l’UX, l’évaluation experte que nous avons décrite dans la partie utilisabilité, le test des 5 secondes (Lallemand & Gronier, 2015). Dans cette partie nous allons présenter d’une part une méthode d’évaluation quantitative de l’UX celle qui est la plus utilisée c’est-à-dire les échelles d’évaluation de l’UX et une méthode d’évaluation qualitative de l’UX appelé la complétion de phrases. Selon Lallemand et Gronier (2015) les échelles d’évaluation de l’UX sont des questionnaires standardisés qui permettent de recueillir le ressenti et l’expérience des utilisateurs(trices). Les utilisateurs répondent en présentiel ou à distance aux questionnaires auto-administrés sur papier ou en ligne après la passation du test utilisateur avec un produit déjà fonctionnel. Pour ces auteurs, les échelles UX permettent de savoir rapidement si le système répond aux besoins et attentes des utilisateurs. Ils ajoutent que la principale différence entre les échelles d’utilisabilités et échelles de mesure de l’UX, les échelles d’utilisabilités se concentrent sur les qualités instrumentales de l’interaction tandis que les échelles de mesure de l’UX mesurent les qualités pragmatiques et les qualités hédoniques de l’interaction. Les trois principales échelles d’évaluation UX sont : le questionnaire AttrakDiff 2 (Hassenzahl et al., 2003), Le Questionnaire meCUE (Minge & Riedel, 2013), UEQ (User Experience Questionnaire) (Laugwitz et al., 2008). Lallemand et Gronier (2015) présentent une seconde méthode d’évaluation de l’UX appelée « complétion de phrases » pour pallier les critiques des échelles UX, il s’agit d’une méthode d’évaluation qualitative de l’UX qui consiste à soumettre aux utilisateurs(trices) des débuts de phrases à compléter spontanément. Contrairement aux échelles UX cette méthode permet de dépasser les biais du questionnement direct et les participants peuvent s’exprimer plus librement. Ceci permet de recueillir plus facilement les avis non favorables par rapport au système primordial à son amélioration. Par ailleurs la principale limite de cette méthode c’est que la mise en œuvre exige un coût en temps considérable pour la création des phrases à compléter et le traitement des résultats.

3.3.4 Acceptation des technologies L’acceptation des TIC est un enjeu social et économique important, les TIC font partie des activités de la vie quotidienne et internet peut contribuer à améliorer la qualité de vie des seniors. Compte tenu des progrès technologies que nous enregistrons ces dernières années, il est alors nécessaire de comprendre les raisons qui peuvent emmener les seniors à adopter une technologie dans la durée. Comme nous l’avons souligné dans la partie introductive de ce travail nous nous intéressons principalement à la validation d’un questionnaire d’évaluation de l’acceptation des TIC par les seniors. Un instrument qui permettra de recueillir des données pertinentes pour les professionnels et les chercheurs afin de proposer des systèmes adaptés et acceptés par les seniors. Dans la partie suivante nous allons apporter quelques précisions à la notion d’acceptation et la notion d’acceptabilité, puis nous présenterons les principaux modèles d’acceptation des TIC. Sur cette base on proposera notre modèle d’étude.

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3.3.5 Acceptation et acceptabilité L’acceptation et l’acceptabilité sont des dimensions pertinentes des intentions d’usage, l’une fait référence à la perception à posteriori et l’autre à la perception à priori d’un individu de la valeur d’une technologie. Dans sa revue de littérature Février (2011) fait référence à certains auteurs (Bobillier-Chaumon & Dubois, 2009; Schlag, 2003), pour lesquels il est important de faire la différenciation entre acceptation et acceptabilité. Ainsi dans sa revue de littérature, l’acceptabilité renvoie aux représentations a priori des futurs utilisateurs(trices) à l’égard d’un système nouveau et à leurs volontés d’utiliser ou non le système, il est important de préciser que parfois ce système ne donne pas la possibilité d’être manipulé c’est-à-dire les chercheurs évaluent chez les futurs utilisateurs(trices) leurs intentions d’utiliser ou non un système donné sur la base d’un prototype ou d’une simple description des caractéristiques du futur système. Tandis que l’acceptation, elle concerne l’intention réelle d’utiliser ou de ne pas adopter un système déjà mis en place c’est-à-dire les chercheurs évaluent le comportement des utilisateurs(trices) dans des situations réelles d’interaction avec un système déjà implanté. Contrairement à l’acceptabilité qui évalue l’acceptation probable d’un futur système, l’acceptation porte principalement sur l’expérience d’interaction dans l’usage réel et effectif d’une technologie. Elle tente d’expliquer les comportements des utilisateurs(trices) face à une technologie (Février, 2011). On retiendra que l’acceptabilité nous permet de comprendre la perception qu’à un individu sur la valeur d’un système futur et ses intentions d’utiliser ou non le système. Quant à l’acceptation, elle nous permet de déterminer ce qui nous pousse à adopter une technologie implantée. Après la distinction entre ces deux notions, sur la base des propos de ses différents auteurs il n’est d’aucun doute que ce travail de mémoire relève de l’acceptation et non de l’acceptabilité parce que le questionnaire qu’on vise à valider est utilisé pour évaluer l’acceptation des TIC. Alors nous allons présenter les modèles d’acceptation des technologies.

3.3.6 Les modèles d’acceptation Plusieurs études ont été menées pour déterminer les facteurs qui nous poussent à adopter un système informatique dans la durée. Ses recherches ont emmené à développer un grand nombre de modèles théorique pour expliquer les intentions d’usage d’un système ou les attitudes des utilisateurs(trices) à l’égard des TIC, la satisfaction des utilisateurs, l’utilité perçue par les utilisateurs. En général les recherches sur l’acceptation et l’utilisation des TIC par les Seniors se basent sur le modèle d’acceptation technologique (TAM). Mais il existe de nombreux modèles qui tentent d’expliquer les intentions des utilisateurs(trices) dans l’adoption d’internet ou d’un système informatique, ces différents modèles se complètent et certains peuvent défendre des approches opposées. Nous nous focaliserons sur les modèles suivants : le TAM, la théorie unifiée de l'acceptation et de l'utilisation de la technologie (UTAUT), le modèle du sentiment d’efficacité personnelle face aux technologies.

3.3.6.1 Le modèle TAM Davis (1986) dans sa thèse de doctorat propose le modèle TAM (Techonology Acceptance Model) qui deviendra un des principaux modèles d’acceptation des TIC. Plusieurs études s’appuieront sur le TAM et essaieront de l’enrichir avec de nouvelles variables explicatives (Février, 2011 ; Venkatesh et al., 2003; Venkatesh & Davis, 2000) dans de nombreux domaines

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(Colvin & Goh, 2005; Hsu & Lu, 2004; Roberts & Henderson, 2000). Le modèle de Davis s’appuie sur la théorie de l’action raisonnée (Fishbein & Ajzen, 1975). Ce modèle postule que l’acceptation d’un système informatique dépend de deux facteurs, d’une part l’Utilité Perçue (UP) et d’autre part la Facilité d’Usage Perçue (FUP) du système testé. L’UP est définie comme étant le degré auquel une personne croit que l’utilisation d’un système améliora ses performances. Tandis que la FUP c’est le degré auquel une personne croit que l’utilisation d’un système demandera moins d’efforts et moins de temps possible. Selon Davis ces deux facteurs influencent les attitudes des utilisateurs(trices), les attitudes à leur tour influencent les intentions d’utiliser un système. Il ajoute que pour les utilisateurs(trices) plus une technologie est facile à utiliser, et plus elle semblera utile donc la FUP influencerait l’UP. Le modèle du TAM prend en compte aussi des variables externes comme les caractéristiques personnelles des différents utilisateurs(trices). De nombreuses études ont confirmé la validité des facteurs du TAM à savoir la FUP, l’UP et les intentions d’usage (IU). Pour ce modèle l’utilisation d’une technologie est déterminée par l’intention comportementale, laquelle est influencée par l’attitude de l’individu à l’égard de l’utilisation et de la perception de l’utilité.

Figure 2 : Le modèle d’acceptation technologique TAM : Tiré de (Davis, 1989).

3.3.6.2 Le modèle UTAUT Le modèle UTAUT a été proposé par Venkatesh et al. (2003) en examinant et synthétisant plusieurs modèles d’acceptation des technologies dans le but d’améliorer la compréhension des facteurs déterminants l’adoption des TIC, parmi lesquels nous avons : la théorie de l’action raisonnée (Fishbein & Ajzen, 1975), le TAM (Davis, 1989) et TAM2 (Venkatesh & Davis 2000), le modèle de motivation (Vallerand, 1997), la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1985), le TAM combiné et la théorie du comportement planifié (Taylor & Todd, 1995), le modèle d’utilisation des ordinateurs personnels (Thompson, Higgins, & Howell, 1991), la théorie de la diffusion de l'innovation (Rogers, 1995), et la théorie cognitive sociale (Bandura, 1986). Le modèle UTAUT postule que :

• la performance attendu et l’effort attendu sont directement tirés du Modèle TAM 2;

• d’une part l’influence sociale c’est-à-dire les normes, l’identification, les images…, et d’autre part les conditions facilitatrices portant sur l’infrastructure organisationnelle et la technique pour soutenir l’utilisation du système sont les deux tirées des théories de l’apprentissage social ;

• quatre variables sont ensuite considérées comme modérateurs sur l’intention de comportement : sexe, âge, expérience avec la technologie et utilisation volontaire. Le modèle UTAUT a pu ainsi expliquer 70 % de la variance dans l’intention d’utilisation.

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Figure 3 : Modèle UTAUT : Tiré de Venkatesh et al. (2003)

Ce modèle a identifié trois déterminants directs de l'intention d'utilisation à savoir la performance esperée, l’effort attendu et l’influence sociale, et deux déterminants directs du comportement d'usage dont les conditions propices et l’intention comportementale, enfin il a incorporé quatre modérateurs c’est-à-dire le sexe, l’âge, l’expérience et le caractère volontaire de l'utilisation. Pour la validation du questionnaire nous nous baserons principalement sur ce modèle en l’adaptant à notre étude. C’est pourquoi nous allons décrire en détails les différents déterminants mis en évidence dans ce modèle :

• La performance attendue également appelée l’utilité perçue (UP) peut être définie comme étant le degré auquel un individu croit que l’utilisation d’un système l’aidera à obtenir des gains de performance au travail (Venkatesh, et al., 2003). Elle peut être influencée par l’âge ou le sexe, comme nous l’avons évoqué les individus n’ont pas la même perception de l’utilité d’une technologie. Dans notre étude l’utilité perçue correspond au degré auquel les seniors croient que l’utilisation d’une technologie peut les permettre d’obtenir des gains en termes d’efficacité, de rapidité et de performance dans l’exécution de leurs différentes tâches ou la gestion de leurs activités. Comme nous l’avons mentionné la perception de l’utilité d’une technologie par les seniors pourraient favoriser son utilisation et son acceptation.

• L’effort attendu également appelé la facilité d’utilisation peut être défini comme étant le degré de facilité associé à l’utilisation d’un système (Venkatesh, et al., 2003). Dans notre étude l’effort attendu correspond à la facilité avec laquelle les seniors parviennent à atteindre un but face à une nouvelle interface ou le niveau d’effort à fournir pour la prise en main d’une technologie. Par ailleurs, l’effort attendu peut-être influencé par l’âge, le sexe et l’expérience (Venkatesh, Morris, & Ackerman, 2000). Comme nous l’avons déjà évoqué plus on avance en âge, plus la probabilité de rencontrer des difficultés dans l’utilisation des TIC est élevée, c’est pourquoi les attentes en termes de facilité d’utilisation occupent une place importante pour les seniors dans l’acceptation d’une technologie. On remarque également que les seniors ayant eu une expérience préalable avec les TIC par exemple dans le cadre de leur vie professionnelle éprouvent moins d’efforts dans l’usage des TIC contrairement aux seniors sans expérience. Alors les seniors pourraient utiliser et accepter une technologie si le processus d’appropriation et d’apprentissage est facile à comprendre et à utiliser.

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Dans le contexte de notre étude « l’effort attendu » regroupe la facilité d’usage, la flexibilité d’usage et la facilité d’apprentissage.

• L’influence sociale peut être définie comme le degré auquel un individu perçoit qu’il est important que d’autres croient qu’il ou elle utilise le nouveau système (Venkatesh et al., 2003). Elle peut être influencée par les quatre variables modératrices du modèle UTAUT. Dans le contexte de notre étude nous n’allons pas prendre en compte « l’influence sociale » pour les raisons évoquées dans notre modèle, même si elle représente le rôle des proches des ainé(e)s et le rôle du réseau social des seniors qui pourraient exercer une certaine influence sur leurs comportements dans l’usage d’une technologie. Par exemple, la valorisation des seniors dans l’utilisation des TIC par l’entourage pourrait avoir un effet positif sur l’acceptation d’une technologie.

• Les conditions facilitatrices peuvent être définies comme étant le degré auquel l’utilisateur(trice) pense que l’infrastructure organisationnelle et technique est nécessaire pour l’utilisation du système (Venkatesh, et al., 2003). Concernant les seniors elles portent sur les différents programmes que nous avons cités précédemment afin de rendre facilement accessible les TIC aux seniors. Il s’agit aussi de toutes les conditions ou soutiens pour favoriser l’utilisation et l’acceptation des TIC par les ainé(e)s.

• Enfin nous avons l’intention comportementale, il s’agit dans notre étude des perceptions et des représentations a priori des seniors à l’égard d’une technologie et à leurs volontés probables d’utiliser le système.

3.3.6.3 Le modèle du sentiment d’efficacité personnelle face aux technologies Dans leur revue de littérature (Faurie & Van de Leemput, 2007) nous explique que ce modèle s’appuie sur la théorie sociale cognitive de Bandura (Bandura, 1978), qui postule que le comportement d’un individu est déterminé, d’une part, par les perceptions d’une personne par rapport à ses capacités personnelles à effectuer le comportement, et d’autre part par les conséquences attendues du comportement envisagé. Compeau et Higgins(1995) ont appliqué ces présupposés théoriques au domaine des technologies. Ces auteurs définissent le sentiment d’efficacité personnelle face aux technologies (SEP) comme étant la perception d’un individu quant à ses capacités à utiliser un ordinateur. Un SEP face aux TIC élevés entraine une plus grande fréquence d’utilisation d’une technologie avec une moindre anxiété, alors qu’un SEP face aux TIC faible signifie qu’un individu qui ne pense pas être capable d’utiliser une technologie, il peut estimer qu’il ne réussira pas à utiliser avec succès la technologie et, il sera anxieux face à cet outil. Donc pour éviter cette anxiété, il évitera d’utiliser cette technologie. Le SEP influence l’engagement de l’utilisateur d’un outil informatique (Faurie & Van de Leemput, 2007).

Figure 4: Computer self-efficacity-theory : Tiré de (Faurie & Van de Leemput, 2007)

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Par ailleurs, le développement des TIC et l’essor en particulier d’internet ont emmené certains auteurs à introduire la distinction entre le SEP dans l’usage d’outil informatique et, le SEP dans l’utilisation des TIC et d’internet, avec l’élaboration d’une échelle spécifique intitulé « SEP-TIC ». Dans une étude menée auprès d’étudiant(e)s, il a pu être observé que le SEP spécifique aux TIC prédit mieux leur usage, d’où l’intérêt de les distinguer (Faurie & Van de Leemput, 2007). Pour résumer, on retiendra que même si parmi les modèles de l’acceptation des technologies, le TAM est sans doute le plus répandu, certains travaux ajoutent d’autres variables aux deux facteurs initiaux de Davis pour expliquer l’acceptation d’une technologie, comme par exemple le modèle UTAUT proposé par (Venkatesh et al., 2003). Le modèle du sentiment d’efficacité face aux technologies tient compte de nouvelles variables explicatives à savoir, les perceptions de soi et les attentes des individus dans l’usage des TIC. Ce modèle permet de dépasser certaines limites du TAM et d’expliquer les facteurs qui pourraient influencer l’acceptation de la technologie par les seniors. Quant à l’UTAUT, il unit plusieurs modèles comme le TAM, il est également largement accepté dans la recherche sur les systèmes d’information. Nous allons nous baser sur ce modèle pour notre étude et le compléter par le modèle du sentiment d’efficacité personnelle face aux

technologies. Notre choix se justifie par le fait que par rapport aux autres modèles d’acceptation des TIC, ce modèle a fait l’objet de plusieurs validations empirique, et plusieurs études ont été réalisées en s’appuyant sur ce modèle en raison de sa flexibilité et par sa facile compréhension. Comme le rapporte Kouakou (2014) « UTAUT a été testée et validée empiriquement par des études longitudinales et transversales sur l’adoption des technologies dans différents domaines (Anderson et Schwager, 2004 ; Lin, Chan et Jin, 2004 ; Rosen, 2005 ; Ouedraogo, 2011 ; Lassoued, 2010 ; Ibanescu, 2011) » (p. 56). Toutefois il est important de préciser que ce modèle fait l’objet de quelques critiques par rapport à « la complexité de l’UTAUT liée au nombre de variables modélisées rendant ainsi difficile son exploitation concrète » (Bagozzi 2007, cité par Kouakou, 2014, p. 57). En référence à Van Raaij & Schepers (2008), il ajoute que l’UTAUT ne permet pas d’avoir une base plus précise pour l’étude de l’intention d’usage, parce qu’elle est davantage concentrée sur les variables modératrices que sur les déterminants de l’intention. En définitive la principale raison du choix du modèle UTAUT s’explique par le fait qu’il dispose également d’un bon coefficient de détermination (R²) de l’intention du comportement et du comportement d’usage d’une technologie. Comme nous l’avons mentionné précédemment ce modèle décrit près de 70 % de la variance dans l’intention et 50 % de la variance dans l’usage (Venkatesh et al., 2003). Il montre une grande fiabilité et validité. Dans le modèle du sentiment d’efficacité face aux technologies, certains auteurs ont montré l’utilité de faire une distinction entre le SEP dans l’utilisation de l’informatique et le SEP dans l’utilisation des TIC et d’internet, avec l’élaboration d’une échelle spécifique intitulé « SEP-TIC ». Dans une étude menée auprès d’étudiant(e)s, il a pu être observé que le SEP spécifique aux TIC prédit mieux leur usage (Faurie & Van de Leemput, 2007). Ceci justifie notre choix de cette échelle spécifique aux TIC (SEP-TIC) pour mesurer l’effet du sentiment d’efficacité face aux TIC sur l’utilité perçue et la facilité d’usage d’une technologie par les ainé(e)s.

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3.3.6.4 Modèle de l’étude Dans la partie précédente, nous avons pu voir que plusieurs modèles d’acceptations ont été proposés pour prédire l’usage ou non d’une technologie, ainsi que mesurer la satisfaction des utilisateurs. Dans cette étude nous souhaitons valider un questionnaire (USE-Age), qui nous permettra d’acquérir une meilleure connaissance des facteurs déterminants l’acceptation de l’informatique par les personnes âgées. Pour ce faire, nous allons nous baser sur le modèle UTAUT et le modèle du sentiment d’efficacité personnelle face aux technologies. Le questionnaire USE-Age est organisé autour de 7 facteurs comportant chacune un certain nombre de questions : l’utilité perçue, la facilité d’usage, la flexibilité d’usage, la facilité d’apprentissage, la valeur d’usage, la satisfaction et l’intention d’usage. Notre modèle se présente comme suit :

Les sept facteurs mis en évidence dans le questionnaire USE-Age se présentent comme suit :

• L’utilité perçue nous l’avons définie comme étant le degré auquel un individu croit que l’utilisation d’un système l’aidera à obtenir des gains de performance au travail (Venkatesh, et al., 2003). Elle correspond à la performance attendue du modèle UTAUT.

• La facilité d’usage, la flexibilité d’usage et la facilité d’apprentissage correspondent à l’effort attendu dans le modèle UTAUT (Venkatesh, et al., 2003). Bien que l’effort attendu intègre la flexibilité d’usage, la facilité d’apprentissage mais dans le contexte de notre étude ces facteurs sont séparés. La flexibilité d’usage est relative à la convivialité et à la facilité avec laquelle on réalise la tâche c’est-à-dire l’atteinte d’un but avec moins d’efforts et moins de temps possible tandis que la facilité d’apprentissage c’est la possibilité qu’offre l’interface d’un système à ces utilisateurs(trices) de pouvoir le réutiliser sans difficulté après une longue période sans l’avoir utilisé c’est-à-dire le moyen de mémoriser le fonctionnement et l’organisation de l’interface.

• La valeur d’usage et la satisfaction, il s’agit de la satisfaction ressentie par l’utilisateur(trice) lors de l’utilisation du système c’est-à-dire son ressenti global et sa volonté à recommander le produit à un proche. Ces deux facteurs ne sont pas pris en compte dans l’UTAUT, nous avons décidé d’intégrer dans le modèle d’origine de l’UTAUT ces deux facteurs à savoir la « valeur d’usage » et la « satisfaction ».

• L’intention d’usage correspond à l’intention d’adoption d’une technologie de l’UTAUT.

Figure 5 : Modèle UTAUT adapté à notre étude.

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Dans notre modèle, nous n’avons pas introduit la variable « influence sociale » car aucun des facteurs mis en évidence dans le questionnaire USE-Age ne correspond à cette variable. Les variables modératrices « volonté », « âge », « expérience » et « genre » non plus n’ont pas été prises en compte, car dans le contexte de notre étude c’est très épineux par exemple de prédire une influence du sexe sur la capacité d’apprentissage, la facilité d’usage et sur la flexibilité d’usage même si par ailleurs, pour certains auteurs l’effort attendu peut être influencé par l’âge, le sexe et l’expérience (Venkatesh et al., 2000). Dans les lignes qui suivent nous allons développer les différentes étapes qui structureront la validation du questionnaire USE-Age qui fait l’objet de ce travail.

3.4 Méthodes de Validation d’un questionnaire Comme nous l’avons mentionné dans la partie introductive, les questionnaires sont des outils de recueils d'informations essentielles et souvent incontournables pour comprendre les facteurs qui expliquent l’adoption ou le rejet d’une technologie. Selon Agnès et al. (1999) la validation d’un questionnaire se caractérise par l’étude de ses propriétés psychométriques, les auteurs sont unanimes sur la nécessité d’évaluer la fiabilité, la validité et la sensibilité au changement du questionnaire. D’après ces auteurs avant d’utiliser un questionnaire pour une recherche, il faut vérifier trois de ses qualités fondamentales à savoir, que les mesures réalisées sont bien reproductibles, l'outil choisi mesure bien ce pour quoi il a été construit et, il permet de rendre compte d'une modification même minime du phénomène exploré, au sein d'un groupe ou chez un même individu. D’après ces auteurs, il n’existe pas de consensus sur le concept de validité et des méthodes statistiques pour l'explorer. Par ailleurs, parmi les propriétés psychométriques nous avons également l’analyse de l’acceptabilité du questionnaire (Tessier, Vuillemin, & Briançon, 2007).

3.4.1 Validation quantitative Il s’agit de l’exploration des qualités métrologiques d’un questionnaire à savoir sa fiabilité, sa validité et sa sensibilité au changement, ainsi que son acceptabilité. L’évaluation de ces qualités est un des critères essentiels pour justifier l’efficacité d’un questionnaire.

3.4.1.1 Fiabilité Pour ces auteurs (Agnès et al., 1999 ; Lallemand & Gronier, 2015), la fiabilité d’un questionnaire correspond au degré de précision et de constance de ses scores. Donc on considère qu’un test est fiable lorsqu’une personne obtient les mêmes scores en effectuant le test à plusieurs reprises. Pour les chercheurs le concept de fiabilité représente la « précision » et il est compris dans celui de « dispersion » statistique. Pour Imane et al. (2016) « évaluer la fiabilité d’un questionnaire ou sa capacité de mesurer un construit de manière cohérente et reproductible est réalisée par la mesure de la consistance interne des items constituant les dimensions » (p. 313). En d’autres mots, elle permet de déterminer à quel point les items d’un test mesurent la même dimension. La cohérence interne (consistance interne) des items d’un questionnaire peut être évaluée par le coefficient alpha de Cronbach. La valeur de alpha varie de 0 à 1 et elle doit être supérieur à 0,70 pour être acceptable, plus le score s’approche de 1 plus la cohérence interne est élevée. Il est important de préciser que la longueur du questionnaire peut affecter la consistance interne, si le nombre d’items est trop grand le coefficient de fidélité peut s’accroitre, donc on risque d’obtenir un résultat erroné.

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3.4.1.2 Validité On parle de la validité d’un questionnaire s’il permet de bien mesurer ce qu’il est supposé mesurer. Selon Imane et al. (2016) « En psychométrie, la définition la plus connue du terme validité est sans doute celle qui la décrit comme le degré avec lequel un test mesure ce qu’il prétend mesurer. » (p. 316).

3.4.1.3 La validité de contenu (Content Validity) Elle concerne le degré de concordance du questionnaire par rapport à l’objet de recherche. La validité de contenu évalue dans quelle mesure les items composant un test représentent de manière adéquate l’ensemble du domaine que le test prétend mesurer. Alors, elle aide à répondre aux questions suivantes selon Agnès et al. (1999) :

• le phénomène exploré par le questionnaire correspond-il bien à ce que l'on recherche ?

• tous les domaines composant le phénomène étudié sont-ils bien pris en compte dans questionnaire.

Par exemple dans le cadre d’un test d’évaluation de l’acceptation de l’informatique par les seniors, les items doivent être pertinents, et on doit pouvoir évaluer le degré d’acceptation d’une technologique par les participant-e-s, en plus le questionnaire doit être compréhensible par le public visé.

3.4.1.4 Validité d’apparence Elle permet de s’assurer de la bonne compréhension des items du questionnaire. Contrairement à la validité de contenu, pour la validation d’apparence les items ne sont pas présentés à des experts, mais au public cible. Elle permet de mettre en évidence les limites d’un questionnaire lors d’un 1er test, une version du questionnaire est soumise à un échantillon représentatif de la population cible. Comme le confirment Lallemand & Gronier (2015) l’objectif d’un prétest c’est de valider en situation réelle la compréhension de chaque item par le public. En référence aux recommandations de Van de Vijver & Hambleton (1996), Lallemand et al., (2015) ajoutent que les passations réalisées en présence des participants afin de recueillir leurs impressions et leurs explications ceci permet d’une part de minimiser les biais de méthodes liés à l’administration du questionnaire et d’autre part la passation face à face permet de vérifier l’interprétation des instructions et des items par les participants mais également la bonne compréhension de l’échelle de mesure (Lallemand, Koenig, Gronier, & Martin, 2015).

3.4.1.5 La validité de critère (Criterion Validity) Elle mesure la pertinence entre les résultats fournis par le questionnaire et ceux fournis par un instrument de mesure pris comme référence. Cet autre instrument appelé « gold standard » doit être une référence incontestable. Nous avons deux formes de validité de critère :

• Validité concomitante c’est quand les mesures se font parallèlement

• Validité prédictive c’est quand le critère de référence n’est pas directement évaluable.

3.4.1.6 Validité de structure (Construct Validity) La validité de construit également appelé validité théorique, nous permet de démontrer que le questionnaire mesure effectivement le construit ou la caractéristique qu’elle est censée mesurer.

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En l’absence de « gold standard », il est possible d’évaluer la validité de construit selon les méthodes suivantes : on étudie les corrélations avec une autre version du même instrument, ou les corrélations convergente et divergente avec d’autres instruments mesurant le même construit ou des construits similaires, une autre méthode c’est de procéder à des analyses factorielles, exploratoire ou confirmatoire. Par ailleurs, les corrélations convergente et divergente peuvent être aussi mesurées à l’intérieur d’un même instrument, sur la base du modèle théorique de l’instrument, on peut prédire les corrélations qui devraient exister entre certaines variables.

3.4.1.7 La sensibilité au changement Selon Agnès et al. (1999) on parle de sensibilité au changement d’un questionnaire, s’il permet d’évaluer des différences minimes entre participants ou chez un même participant dans la durée. Donc plus un questionnaire est sensible plus il est capable de mettre en évidence les changements même minimes.

3.4.1.8 L’acceptabilité L’acceptabilité permet de déterminer le taux de réponse au questionnaire. Un taux de réponse élevé ou un nombre de réponses manquantes faibles témoigne d’une bonne acceptabilité de l’instrument. Pour résumer, la validation d'un questionnaire demande une analyse statistique de l’ensemble des propriétés psychométriques d’un questionnaire. Mais dans les faits, explorer de manière complète les qualités métrologiques du questionnaire est très peu faisable en raison du coût en temps et de l’insuffisance des données (Agnès et al., 1999). Comme évoqué précédemment, d’après Lallemand et Gronier (2015), dans la littérature la plupart des questionnaires utilisés dans les travaux de recherche pour la conception ou l’évaluation d’une technologie sont validés scientifiquement donc elles répondent au moins à deux critères essentiels à savoir : La fiabilité (ou fidélité) et la validité. La fiabilité nous permet de déterminer le niveau de crédibilité du questionnaire et la validité nous indique si le questionnaire est efficace pour évaluer un phénomène donné. Par ailleurs, les différents types de validités que nous avons développées à savoir, la validité de contenu, la validité apparence, la validité de critère et la validité de construit se chevauchent et, selon le contexte elles ne sont pas toutes adaptées.

4 Résumé de la problématique Dans un contexte de numérisation de la société et des progrès technologiques sans cesse en évolution, la question du vieillissement soulève des questions sur les facteurs déterminants pouvant expliquer l’utilisation durable des TIC par les seniors. En effet, c’est une erreur de considérer qu’optimiser l’utilisabilité d’un système suffit pour simplifier la vie des ainé(e)s, il faut plutôt faire en sorte que les TIC soient utilisables durablement par les seniors (Seifert & Schelling, 2015). L’utilisabilité d’un système est une condition nécessaire mais pas suffisante pour prédire l’acceptation des TIC par les seniors, il faut tenir compte de trois critères : l’utilité, l’utilisabilité et l’acceptation. Alors comme nous l’avons évoqué un questionnaire d’évaluation de l’acceptation des TIC validé auprès des ainé(e)s, est un outil essentiel dans ce contexte car il permettra de recueillir des informations de qualité pour comprendre chez les ainé(e)s l’utilisation durable d’une technologie ou les freins à l’usage d’un système.

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De plus, ces données pourraient être exploitées par les professionnels et chercheurs, pour développer ou proposer des systèmes adaptés et facilement acceptables par les seniors. Sinon l’écart continuera à se creuser entre les jeunes et les seniors, et on risque de créer de nouvelles formes discriminations à l’égard des ainé(e)s. Ce travail de mémoire s’inscrit dans la quatrième étape de la traduction et l’adaptation du questionnaire USE-Age de Monfort et al (2018). Nous essayerons de valider le questionnaire USE-Age et, de mieux comprendre les facteurs déterminants de l’acceptation de l’informatique par les seniors, en définissant plusieurs questions auxquelles nous essayerons de répondre.

4.1 Questions principales Est-ce que le questionnaire USE-Age est-un outil d’évaluation valide pour les seniors ? Est-ce qu’il présente une validité d’apparence ? Est-ce qu’il respecte les qualités métrologiques pouvant le conférer une validité ? Dans un premier temps pour répondre à ces questions, nous n’émettrons pas d’hypothèse compte tenu du type d’étude réalisée, mais nous parlerons de préférence d’attentes concernant la validité apparente, la fiabilité et l’acceptabilité de ce questionnaire. Ces attentes se présentent comme suit :

• Un résultat de l’évaluation de la clarté des items acceptable qui traduit une bonne compréhension des items par les seniors.

• Nous attendons que ce questionnaire fasse preuve d’une bonne cohérence interne de ses items et, nous pensons que la cohérence interne doit être élevée c’est-à-dire obtenir un alpha de Cronbach au moins supérieur à 0.70.

• Une bonne acceptabilité du questionnaire avec un taux de réponse supérieur à 50%. Dans un second temps, il s’agit d’évaluer la validité de construit du questionnaire, pour ce faire nous allons vérifier les hypothèses que nous postulons par rapport à nos questions secondaires.

4.2 Questions secondaires

1- Le sentiment d’efficacité face aux TIC a-t-il un effet sur l’utilité perçue et, sur la facilité d’utilisation d’une technologie par les ainé(e)s ? 2- Les conditions facilitant l’usage d’une technologie influencent-elles l’utilité perçue et, la facilité d’utilisation des TIC par les seniors ? 3- La facilité d’utilisation d’une technologie a-t-elle un impact sur l’apprentissage de son fonctionnement par les ainé(é)s ? Pour répondre à ces questions, sur la base des présupposés théoriques présentés, nous formulons les hypothèses suivantes : Nous postulons qu’il existe une relation positive entre le sentiment d’efficacité face aux TIC et l’utilité perçue, ainsi que la facilité d’usage d’une technologie par les séniors. Comme évoqué précédemment, selon (Faurie & Van de Leemput, 2007), un SEP face aux TIC élevés entraine une plus grande fréquence d’utilisation d’une technologie avec une moindre anxiété, alors qu’un SEP face aux TIC faible signifie qu’un individu qui ne pense pas être

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capable d’utiliser une technologie, il peut estimer qu’il ne réussira pas à utiliser avec succès le système et, il sera anxieux face à cet outil. Donc pour éviter cette anxiété, il évitera d’utiliser cette technologie. Le SEP face aux TIC influence l’engagement de l’utilisateur d’un outil informatique, et contribue à déterminer l’utilité perçue d’un système (Faurie & Van de Leemput, 2007). Dès lors, nous pensons qu’il est probable qu’un niveau du SEP face aux TIC positifs chez les seniors peut entrainer des attentes de performance vis-à-vis d’une technologie et, les ainé(s)s qui se sentent capable d’utiliser internet auront plus de facilité à utiliser un système, car ils ne chercheront pas à éviter de l’utiliser, au contraire ils auront une plus grande fréquence d’utilisation qui leur permettra de s’approprier plus facilement le système. Nous essayerons de vérifier cette hypothèse grâce aux données recueillies. Nous prédisons que les ainé(e)s ayant les conditions qui leur facilitent l’usage d’une technologie auront une perception positive de l’utilité perçue, et ils auront plus de facilité à utiliser les TIC. D’après Venkatesh et al. (2013), les conditions facilitatrices sont l’ensemble des éléments pour soutenir l’utilisation et l’acceptation d’une technologie. Ils montrent que celles-ci sont un facteur explicatif du comportement d’usage des TIC. Nous partons du principe que les seniors ayant les conditions réunies pour leur faciliter l’usage des TIC, pourront avoir une perception positive de l’utilité perçue, et ils rencontreront moins de difficultés à utiliser les TIC. Car les ainé(s)s qui ont un soutien ou qui croient obtenir un soutien dans l’usage d’une technologie sont plus enclin à se connecter, donc il est probable qu’ils aient des attentes positives vis-à-vis des TIC et, une bonne maitrise des outils technologiques. Nous postulons que lorsque l’utilisation d’une technologie est simple, les seniors auront plus de facilité à apprendre comment elle fonctionne. En effet nous partons du principe, que la facilité d’usage et la facilité d’apprentissage d’une technologie sont liées. D’ailleurs certains auteurs ne séparent pas ces deux dimensions, (Venkatesh, et al., 2003) intègrent la facilité d’apprentissage dans l’effort attendu. Ces auteurs définissent l’effort attendu, comme étant le degré de facilité associé à l’utilisation d’un système. Quant à la facilité d’apprentissage, c’est la possibilité qu’offre l’interface d’un système à ces utilisateurs de pouvoir le réutiliser sans difficulté après une longue période sans l’avoir utilisé c’est-à-dire le moyen de mémoriser le fonctionnement et l’organisation de l’interface. C’est pourquoi, il est envisageable que lorsqu’une technologie est facile à utiliser, les seniors pourront apprendre plus facilement son fonctionnement.

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5 Méthodologie L’objectif de l’étude c’est la validation du Questionnaire USE-Age. Dans cette perspective les propriétés psychométriques du questionnaire ont été explorées : d’abord nous avons procédé à une évaluation de la compréhension des items, ensuite nous avons étudié les qualités métrologiques du questionnaire.

Figure 6 : Schéma conceptuel du travail de validation

5.1 Recrutement et Participant(e)s Notre étude porte sur une population âgée de 65 ans ou plus. Pour la 1ère partie de la validation quantitative, le recrutement s’est fait par contact direct et, par la publication d’annonce en ligne, selon une méthode d’échantillonnage volontaire, ceci nous a permis de recruter des seniors qui acceptent volontairement de participer à cette étude. Dans le souci d’éviter tout biais dû à la compréhension des items du questionnaire, le seul prérequis était d’être de langue maternelle française ou d’avoir une bonne connaissance de la langue. Au total 30 participant(e)s résidants dans le canton de Genève ont accepté de participer à la validation apparente, dont 36,67% d’hommes et 63,33% de femmes. L’âge moyen des participant(e)s est de 73 ans (écart-type= 4,75 ; âge minimum= 65 ans ; âge maximum= 85 ans). Notre échantillon avait l’avantage de regrouper différents niveaux sociaux. Quant à la 2ème partie de l’étude, elle porte également sur un public âgé de 65 ans ou plus, nous avons ajouté au prérequis lié à la maitrise du français, deux critères de participation supplémentaires à savoir : le 1er critère c’est d’être utilisateur(trice) d’ordinateur, tablette, ou téléphone mobile, et le second critère c’est d’avoir eu à se connecter à internet au cours des 6 derniers mois. Afin d’éviter tout risque lié à la désirabilité sociale lors de la passation de l’expérience, le recrutement a été effectué principalement en ligne. En effet, la passation de test sur l’expérience d’utilisation d’un site web peut être influencée par les facteurs contextuels donc une expérimentation en laboratoire risque de dénaturer l’expérience réelle vécue par les participant(e)s et, parallèlement nous pouvons avoir une forte augmentation des biais liée à la désirabilité sociale (Lallemand et al., 2015). Donc l’étude a été diffusée en ligne par e-mail, dans divers groupes sur les réseaux sociaux, sur le site uni3.ch, site generation-plus.ch, la newsletter du Mouvement des Aînés de Vaud, etc. Le lien d’accès à l’étude était accompagné d’un message expliquant l’objectif de notre recherche, les critères de participations, la durée et, nous avons précisé qu’elle était anonyme. Nous avons également emprunté quatre ordinateurs à l’université, car nous avons estimé que pour atteindre plus d’ainé(e)s, il fallait aller à leur contact directement, pour ce faire nous sommes allés à la cité seniors de Genève, à la bibliothèque municipale de la Servette, la bibliothèque de l’université de Genève, etc. Ceux qui répondaient aux critères de participation et acceptaient de nous consacrer leur temps, nous laissons l’ordinateur à leur disposition pour effectuer l’étude, une fois qu’ils terminent ils nous informaient pour nous le rendre et, nous les remercions. Nous n’avons pas été présents durant la passation pour éviter le risque de désirabilité social évoqué précédemment.

Validation Questionnnaire USE-Age

1ère Partie de la Validation

•Évaluation de la compréhension des items

2ème Partie de la Validation

•Évaluation de la fiabilité

•Évaluation de l'acceptabilité

•Évaluation de la validité

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Au total 79 participant(e)s ont répondu positivement au formulaire de consentement et ont effectué l’étude jusqu’à la fin, dont 34,44% d’hommes et 65,56% de femmes. L’âge moyen des participant(e)s est de 72 ans (écart-type= 4,13 ; âge minimum= 65 ans ; âge maximum= 81 ans). La participation aux deux parties de cette étude était sur une base volontaire et non rémunérée.

Figure 7: Pourcentage Participant-e-s

5.2 Validation 1ère Partie Nous présenterons dans cette partie la procédure utilisée pour collecter et analyser les données.

5.2.1 Matériels Pour évaluer la compréhension des items, nous avons utilisés les documents suivants : Formulaire de consentement Avant de commencer l’évaluation, les participant(e)s sont informé(e)s des enjeux de l’étude, les objectifs, les clauses de confidentialité, leur droit de participer ou d’interrompre à tout moment leur participation sans justification, ainsi que le processus de traitement des données, etc. Toutes ces informations sont rappelées point par point sur le formulaire de consentement (voir Annexe 1), que les participant(e)s et nous-mêmes signons. Les participant(e)s gardent une copie et la 2ème copie est conservée dans nos archives. Questionnaire d’évaluation et données démographiques Après la signature du formulaire de consentement, nous avons distribué aux partcipant(e)s un questionnaire (voir Annexe 2) sur lequel ils devaient évaluer sur une échelle de Likert de 7 points la compréhension de chaque item et, répondre à une question sur les données démographiques.

5.2.2 Procédure Les participant(e)s ont été accueilli(e)s dans les espaces de travail de la bibliothèque de l’Université de Genève, à la cité seniors, au centre d’animation des ainé(e)s, ou selon la volonté des participant(e)s au lieu de rendez-vous souhaité. L’évaluation de la compréhension des items a été réalisée en respectant l’ordre de présentation suivante.

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Phase 1 : Consentement des participant-e-s et Consigne En premier lieu, nous avons remercié nos participant(e)s de nous consacrer leur temps pour évaluer la compréhension du questionnaire. Après, nous leur avons expliqué le cadre dans lequel cette étude s’inscrit et notre objectif. Ensuite, nous leur avons invité à prendre connaissance du formulaire de consentement, et s’ils sont d’accord nous leur avons demandé de compléter et, signer deux copies du formulaire, l’une qu’il conserve et la seconde copie que nous archivons. Puis, nous leur avons présenté le déroulement du test et la consigne suivante : « À présent, donnez-nous votre niveau d’accord par rapport à la compréhension de chaque item(=élément) du questionnaire ». Dans la mesure du possible, nous vous demandons en même temps que vous évaluiez la compréhensibilité de chaque item, de penser à voix haute, c’est-à-dire de verbaliser ce que vous pensez. N’hésitez pas à poser vos questions. Si vous êtes prêt(e), nous pouvons commencer ». Phase 2 : Évaluation de la compréhension des items et Entretien Nous nous sommes appuyés principalement sur validation de l’AttrackDiff 2 réalisée par Lallemand et al., (2015) pour évaluer la compréhensibilité du questionnaire, avant de commencer nous nous sommes assurés que la consigne a été bien comprise par les participant(e)s. Nous n’avons pas rencontré de difficulté de la part des participant(e)s à comprendre la consigne et, le format de réponse, ils étaient déjà familiers avec les échelles de Likert. Durant l’évaluation, nous avons utilisé les techniques de relances “pourquoi-comment” pour amener les participant-e-s à verbaliser. Nous avons sollicité nos participant(e)s afin de vérifier si le questionnaire est bien compris ainsi que l’interprétation des différents items par le public cible. Comme le confirment Lallemand & Gronier (2015), l’objectif de ce 1er test est de valider en situation réelle la compréhension de chaque item par le public cible. Pour mettre nos participant(e)s dans un contexte réel d’utilisation, nous leur avons demandé d’évaluer leurs expériences du dernier système informatique utilisé. Puis, nous leur avons présenté les items de notre questionnaire accompagnés de la question suivante : « Cet item est-il compréhensible ? ». Ils étaient invité(e)s à répondre à la question sur une échelle de Likert de 7 points, de « pas du tout d’accord » qui correspond à 1 à « tout à fait d’accord » qui correspond à 7 (voir Annexe 2). Ensuite, des données démographiques étaient recueillies. Enfin, nous avons terminé le test par un debriefing et, en remerciant nos participant(e)s, en leur posant la question suivante : « Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous êtes confronté(e)s et vos impressions qu’elles soient positives ou négatives ? Nous vous remercions de votre participation ».

Figure 8 : Schéma du processus de la validation apparente.

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Les participant(e)s avaient aussi la possibilité de nous faire part des suggestions d’amélioration, c’est l’une des raisons pour laquelle la validation apparente du questionnaire s’est déroulée en présence des participant(e)s, pour échanger directement avec eux.

5.3 Validation 2ème partie

5.3.1 Matériels Site de l’expérience Nous avons commencé par la conception du site web pour réaliser l’expérience en ligne, nous nous sommes appuyés sur les critères de Bastien et Scapin (1993) et, de nos expériences dans le cadre du cours design centré utilisateur pour produire une interface avec un design épuré et facilement accessible. Nous avons fait attention de rendre les informations lisibles avec une bonne taille de police, des titres mis en évidence et, nous avons regroupé les mêmes informations dans une même partie avec un encadrement. La charge de travail a été réduite au maximum pour réduire les actions des utilisateurs(trices). Nous avons opté pour un graphisme homogène et une cohérence générale de l’interface. Nous avons utilisé des iframes pour intégrer les différentes tâches à réaliser sur une même page, afin d’éviter l’ouverture de plusieurs onglets qui peut être source de frustration voire d’abandon. Nous avons configuré le site de telle sorte que une fois le temps limité pour effectuer l’expérience atteint, les participant(e)s sont redirigé(e)s automatiquement vers Qualtrics, pour donner leur avis à l’aide du questionnaire USE-Age. Application de recueils de données et Questionnaire USE-Age Pour cette 2ème partie de l’étude, l’expérience se déroulait à distance, elle a été mise en place grâce au logiciel Qualtrics. Nous avons intégré dans Qualtrics le formulaire de consentement et, le site sur lequel l’expérience devait être effectuée, ainsi que le questionnaire Use-Age pour évaluer les 7 facteurs suivants : l’utilité perçue, la facilité d’usage, la flexibilité d’usage, la facilité d’apprentissage, la valeur d’usage, la satisfaction et l’intention d’usage. Les participant(e)s devaient donner leur niveau d’accord par rapport aux sous-échelles du questionnaire USE-Age sur une échelle de Likert de 7 points, allant de « pas du tout d’acccord » à « tout à fait d’accord ». Il est important de rappeler que l’objectif principal de notre recherche est la validation de ce questionnaire. Le questionnaire USE-Age a été repris de l’étude de Monfort et al., (2018). La limite mise en évidence par ces auteurs est le caractère redondant de certains items, la seconde version du questionnaire que nous avons reprise a déjà été administrée à 135 seniors et, elle a fait preuve d’une bonne fiabilité avec un coefficient alpha Cronbach excellent de .96. Comme nous l’avons évoqué selon Monfort et al., (2018), il n’existe pas à ce jour, un outil d’évaluation des facteurs de l’acceptation de l’informatique, validé par les ainé(e)s. Compte tenu de l’importance d’un tel instrument dans un contexte de vieillissement de la population, la validation du questionnaire USE-Age devient nécessaire. Notre étude s’inscrit dans la continuité des travaux de Monfort et al., (2018).

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5.3.2 Variables 1- Le sentiment d’efficacité face aux TIC a-t-il un effet sur l’utilité perçue et, sur la facilité d’utilisation d’une technologie par les ainé(e)s ? Pour cette question, nous avons utilisé la variable indépendante suivante :

▪ SEP_TIC : c’est le sentiment d’efficacité d’un individu par rapport à sa capacité à utiliser les TIC et internet, la mesure de cette variable est basée sur 4 items SEP_TIC du questionnaire de (Faurie & Van de Leemput, 2007). Nous avons choisi les 4 items les plus pertinents pour notre étude sur les 10 items SEP_TIC, pour ne pas rendre notre étude longue et augmenter le risque d’abandon. Par exemple un item sur la capacité à envoyer un fax, a été écarté. L’item sur la capacité à activer et utiliser un serveur ftp(file transfer protocol) n’a également pas été pris en compte, car il nous semblait difficilement compréhensible par les seniors. Les ainé(e)s étaient invité(e)s à repondre à la question « quel est mon sentiment par rapport à l’utilisation d’internet ? », en donnant leur degré d’accord pour chacune des affirmations ci-dessous, sur une échelle de likert de 5 points allant de « pas du tout d’accord » à « tout à fait d’accord ».

SEP_TIC1 : je me sens sûr(e) de moi pour télécharger sur internet les données (logiciels, vidéos, dossier, fichier, image, document…).

SEP_TIC5 : je me sens sûr(e) de moi pour configurer ma messagerie électronique (gmail, yahoo mail, bluewin) ou un logiciel électronique comme Outlook…

SEP_TIC8 : je me sens sûr(e) de moi pour mettre en ligne des documents.

SEP_TIC10 : je me sens sûr(e) de moi pour configurer et utiliser un logiciel de téléphonie via internet (de type Skype, Whatsapp, Messenger…).

Nous avons utilisé les variables dépendantes suivantes :

▪ Utilité Perçue : c’est le degré auquel un individu croit que l’utilisation d’un système l’aidera à obtenir des gains de performance, la mesure de cette variable est basée sur 4 items du questionnaire USE-Age (Monfort et al., 2018). Les ainé(e)s étaient invité(e)s à donner leur avis par rapport à cette affirmation « lorsque j’ai voulu chercher une information ou explorer le site», en donnant leur degré d’accord pour chacune des propositions ci-dessous, sur une échelle de likert de 7 points allant de « pas du tout d’accord » à « tout à fait d’accord ».

UP_I : le site me permet de faire facilement ce que je veux faire.

UP_II : le site me permet de mieux gérer mes activités de la vie quotidienne.

UP_III : le site m’aide à être plus efficace.

UP_IV : le site s’adapte à mes besoins.

▪ Facilité d’usage : c’est le degré de facilité associé à l’utilisation d’un système, la mesure de cette variable est également basée sur 3 items du questionnaire USE-Age (Monfort et al., 2018). Les ainé(e)s étaient invité(e)s à repondre à la question « quel est mon ressenti par rapport à l’utilisation du site ? », en donnant leur degré d’accord pour chacune des affirmations ci-dessous, sur une échelle de likert de 7 points allant de « pas de tout d’accord » à « tout à fait d’accord ».

UP_I : utiliser le site ne nécessite pas d’effort.

UP_II : je peux utiliser le site sans instruction écrite.

UP_III : le site est facile à utiliser.

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2- Les conditions facilitant l’usage d’une technologie influencent-elles l’utilité perçue et, la facilité d’utilisation des TIC par les seniors ? Pour cette question, Nous avons utilisé la variable indépendante suivante :

▪ Les conditions facilitatrices : c’est l’ensemble des éléments pour soutenir l’utilisation et l’acceptation d’une technologie, la mesure de cette variable est basée sur 4 items du questionnaire de (Venkatesh, Thong, & Xu, 2012). Les ainé(e)s étaient invité(e)s à repondre à la question « quelles sont les conditions qui me facilitent l’utilisation d’internet ? », en donnant leur degré d’accord pour chacune des affirmations ci-dessous, sur une échelle de likert de 5 points allant de « pas du tout d’accord » à « tout à fait d’accord ».

FC1 : j’ai les ressources nécessaires pour utiliser internet.

FC2 : j’ai les connaissances nécessaires pour utiliser internet

FC3 : internet est compatible avec les autres technologies que j’utilise.

FC4 : lorsque j’ai de la difficulté à utiliser internet, je peux obtenir de l’aide de la part d’autres personnes.

Nous avons utilisé les variables dépendantes suivantes :

▪ Utilité Perçue et Facilité d’usage : nous nous sommes basés sur les mêmes échelles que pour la question 1, voir la description des variables de la question 1 ci-dessus.

3- La facilité d’utilisation des TIC a-t-elle un impact sur l’apprentissage d’une technologie par les ainé(é)s ? Pour cette question, nous avons utilisé la variable indépendante suivante :

▪ Facilité d’usage : nous nous sommes également basés sur les mêmes échelles que pour la question 1, se référer à la description des variables de la question 1 ci-dessus.

Nous avons utilisé la variable dépendante suivante :

▪ Facilité d’apprentissage : c’est la possibilité qu’offre un système à ces utilisateurs de pouvoir le réutiliser sans difficulté après une longue période sans l’avoir utilisé, c’est-à-dire le moyen de mémoriser le fonctionnement et l’organisation de l’interface, la mesure de cette variable est également basée sur 3 items du questionnaire USE-Age (Monfort et al., 2018). Les ainé(e)s étaient invité(e)s à repondre à la question « quel est mon ressenti par rapport à l’utilisation du site ? », en donnant leur degré d’accord pour chacune des affirmations ci-dessous, sur une échelle de likert de 7 points allant de « pas du tout d’accord » à « tout à fait d’accord ».

FA_I : je suis rapidement devenu habile avec le site.

FA_II : j’ai facilement appris à utiliser le site.

FA_III : je me rappelle facilement comment utiliser le site.

5.3.3 Procédure La 2ème partie de la validation quantitative portait sur l’évaluation de l’expérience des participant(e)s sur un site web, qui traite différents thèmes comme la santé, la bio-diversité, la physique à l’intention du grand public. Il propose aussi des activités de loisirs et des conférences. Nous avons choisi un site abordant des thèmes qui pourraient intéresser les seniors et à caractère éducatif.

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Prétest Avant la diffusion de l’expérience en ligne, un prétest a été effectué auprès de trois personnes correspondant au public cible. L’objectif de ce prétest était de nous assurer de la bonne compréhension des consignes et des questions, ainsi que de l’utilisabilité du site de l’expérience. Les personnes étaient invitées à se mettre dans la peau d’un(e) participant(e) et, à effectuer toute l’étude en ligne. Nous avons évalué : la durée, la compréhension des consignes et des questions, et l’interface du site de l’expérience. Leurs commentaires nous ont permis de faire des modifications sur la formulation de certaines phrases, quant à l’utilisation du site de l’expérience aucune difficulté majeure n’a été observé. Sélection des participant(e)s Une fois que les participant(e)s cliquent sur le lien de l’étude que nous avons diffusé, ils accédaient à une page de recrutement et, nous les demandons de vérifier s’ils répondent aux critères de participation. Comme nous l’avons évoqué précédemment, cette partie porte également sur un public âgé de 65 ans ou plus, les conditions de participations étaient de maitriser le français, d’être utilisateur(trice) d’ordinateur, tablette, ou téléphone mobile, et d’avoir eu à se connecter à internet au cours des 6 derniers mois. Avant d’accéder à l’étude, les participant(e)s devaient répondre à un questionnaire sur les critères de participation ci-dessus, s’ils ne répondaient pas à l’un de ces critères, l’étude en ligne se clôturait automatiquement et nous les remercions. Déroulement de l’expérience L’expérience en ligne s’est déroulée en 5 étapes :

Figure 9 : Schéma du processus de validation quantitative (partie 2).

Étape 1 : Message d’accueil et consentements des participant-e-s Une fois que les participant(e)s confirment qu’ils répondent aux conditions de participation sur la page de recrutement. Ils accèdent à un message de bienvenue avec des informations sur les raisons et l’enjeu de l’étude, le déroulement, les objectifs, les clauses de confidentialité et le formulaire de consentement. Une signature électronique du formulaire de consentement était possible et, les participant(e)s pouvaient également l’imprimer. Les participant(e)s devaient donner leur consentement pour accéder à la suite du questionnaire, sinon l’étude se terminait et nous les remercions.

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Étape 2 : Données démographiques Dans un deuxième temps, comme dans la 1ère partie de la validation, nous avons collecté des données par rapport à leur âge et leur sexe afin de définir le profil de notre échantillon. Étape 3 : Questionnaire SEP-TIC et CF Avant d’effectuer l’expérience et de répondre au questionnaire USE-Age, nous avons demandé à nos participant(e)s de répondre à 4 questions sur le sentiment d’efficacité par rapport à l’utilisation des TIC (env. 1 min) et, 4 questions sur les conditions qui facilitent l’usage d’internet (env. 1min). Pour des détails sur ces questions se référer à la partie sur les variables ou annexe 7. Étape 4 : Expérience en ligne Lors de la 4ème étape les participants(e)s ont accès à l’expérience en ligne et, nous les avons présenté(e)s la consigne ci-dessous : « À présent, vous essayerez de trouver deux informations sur un site web, puis vous serez invit(é)s à explorer librement le site. SVP faites chaque étape en lisant d’abord son encadré, puis accédez au site internet grâce au bouton bleu en dessous. Un rappel de ce que nous vous demandons d'effectuer est disposé en haut de la page (en gris) et, un bouton rouge vous permet de quitter lorsque vous aurez terminé. Passez ensuite à l’étape suivante. Le but n’est pas de réussir à tout prix, mais de trouver l’information qui vous semble correcte. Cette expérience dure au maximum 10 minutes, une fois le temps écoulé, elle sera inaccessible. Que vous ayez fini ou pas, vous allez être redirigé(e) sur l’enquête pour nous donner votre avis sur votre expérience. » Voir Annexe 5 pour plus de détails. Étape 5 : Évaluation de l’expérience en ligne et remerciements Pour cette dernière étape, les participant(e)s devaient évaluer leur expérience en ligne à l’aide du questionnaire USE-Age (voir annexe 7). Puis un message de remerciements s’affichait une fois que l’évaluation est terminée.

Figure 11 : Page d’accueil Expérience en ligne Figure 10 : Illustration iframe Tâche 1

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5.4 Traitements et Analyses des données Nous avons utilisé la version 25 du logiciel de statistique SPSS (Statistical Package for the Social Sciences), pour le traitement des données recueillies. À présent, nous allons présenter comment la validation du questionnaire USE-Age a été effectué à partir des analyses statistiques.

5.4.1 Évaluation de la validité apparente

Sur la base de l’évaluation de la compréhension des items de l’AttrakDIff 2 (Lallemand et al., 2015), une analyse descriptive a été menée, pour évaluer la moyenne et l’écart-type du score de compréhension de chaque item du questionnaire USE-Age. Les items ayant atteint une moyenne de compréhensibilité de 4 ou plus, étaient considérés compréhensible.

5.4.2 Évaluation de la fiabilité Pour analyser la fiabilité du questionnaire USE-Age ou sa capacité de mesurer un construit de manière cohérente et reproductible, nous avons mesuré la cohérence interne de ces items. La cohérence interne du questionnaire a été évaluée par le coefficient alpha de Cronbach. Il varie de 0 à 1, la cohérence interne du questionnaire devait être supérieur à 0,70 pour être acceptable.

5.4.3 Évaluation de la validité La validité de construit a été évaluée par la vérification de trois hypothèses : concernant premièrement la relation positive entre le sentiment d’efficacité face aux TIC et l’utilité perçue, ainsi que la facilité d’usage d’une technologie par les ainé(e)s, deuxièmement l’hypothèse postulant que les seniors ayant les conditions qui leur facilitent l’usage d’une technologie auront une perception positive de l’utilité perçue, et ils auront plus de faciliter à utiliser les TIC, enfin troisièmement l’hypothèse prédisant que lorsque l’utilisation d’une technologie est simple, les seniors auront plus de facilité à apprendre son fonctionnement. Nous avons utilisé le test statistique de corrélation de Pearson pour vérifier nos hypothèses.

5.4.4 Évaluation de l’acceptabilité L’acceptabilité du questionnaire USE-Age a été évaluée, en calculant le taux de réponse au questionnaire.

5.5 Hypothèses opérationnelles

5.5.1.1 Utilité perçue H1-Effet du sentiment d’efficacité face aux TIC : l’utilité perçue d’un système est influencée positivement si le SEP-TIC des ainé(e)s est positif. H2-Influence des conditions facilitatrices : l’utilité perçue d’un système par les seniors est influencée positivement si les conditions facilitatrices sont positives.

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5.5.1.2 Facilité d’usage H3-Effet du sentiment d’efficacité face aux TIC : la facilité d’usage d’une technologie est plus importante si le SEP-TIC des ainé(e)s est élevé. H4-Influence des conditions facilitatrices : la facilité d’usage d’une technologie par les seniors est importante si les conditions facilitatrices sont élevées.

5.5.1.3 Facilité d’apprentissage H5-Effet de la facilité d’utilisation des TIC : la facilité d’apprentissage à utiliser une technologie par les ainé(e)s est plus importante si la facilité d’usage est élevée.

Figure 12 : Modèle UTAUT adapté à notre étude et les hypothèses.

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6 Résultats

6.1 Validation Quantitative 1ère partie Le premier objectif de cette étude, c’est de valider en situation réelle la compréhension de chaque item par le public cible. Les partcipant(e)s étaient invité(e)s à répondre à la question suivante : « Cet item est-il compréhensible ? » sur une échelle de Likert de 7 points, de « pas du tout d’accord » qui correspond à 1, à « tout à fait d’accord » qui correspond à 7. Les items ayant atteint une moyenne de compréhensibilité de 4 ou plus, étaient considérés compréhensible. Une analyse descriptive a été menée, le tableau ci-dessous résume les moyennes et l’écart type de chaque item du questionnaire, pour plus de détails voir annexe 3.

Tableau 1 : Moyenne et écart-type de compréhensibilité des items du questionnaire

Codes Items

Items Score de compréhensibilités

Moyenne Écart-type

UP_I Il me permet de faire facilement ce que je veux faire. 6,13 1,07

UP_II Il me permet de mieux gérer mes activités de la vie quotidienne.

6,26 0,98

UP_III Il m’aide à être plus efficace.

6,30 0,79

UP_IV Il s’adapte à mes besoins.

5,93 1,08

FU_I L’utiliser ne nécessite pas d’effort.

5,83 1,44

FU_II Je peux l’utiliser sans instruction écrite.

6,03 1,24

FU_III Il est facile à utiliser.

6,40 0,89

FLU_I Il me permet de faire ce que je veux en peu d’étapes. 5.76 1,47

FLU_II Il est convivial.

5,53 1,81

FA_I Je suis rapidement devenu habile avec lui.

5,56 1,59

FA_ II J’ai facilement appris à l’utiliser.

6,26 1,01

FA_III Je me rappelle facilement comment l’utiliser.

6,13 1,04

VU_I Je peux toujours l’utiliser avec succès.

5,83 1,36

VU_II Il fonctionne comme je le souhaite.

6,20 1,21

VU_III Il fait tout ce que je veux qu’il fasse.

5,83 1,46

SAT_I Il est amusant à utiliser.

6,23 1,04

SAT_II Il est agréable à utiliser.

6,16 1,17

SAT_III Je le recommanderais à un ami.

6,20 1,18

IU_I Il convient à la fois aux utilisateurs réguliers comme aux utilisateurs occasionnels.

6,36 0,92

IU_II J’ai l’impression que j’ai besoin d’en avoir un. 6,73 1,41

Total 6,03 1,14

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Les résultats obtenus, nous montrent que l’ensemble des items du questionnaire ont obtenu le score attendu. La moyenne de compréhensibilité générale est de 6,03 (ET=1,14). Mais il est important de souligner, même si les tous les items dépassent le score de compréhension attendu, avec une moyenne supérieure ou égale à 5,53, il existe une différence significative entre les écarts-types de certains items. Quelques-uns ont des écarts-types élevés (ET= 1,59 pour FA_I ou ET= 1,81 pour FLU_II). Il ressort de nos entretiens lors du test, le caractère répétitif de certains items par exemple « FA_II et FA_III ». Malgré les bons scores de compréhension des items, dans le souci de les rendre davantage compréhensible, nous avons également eu des suggestions de reformulation de quelques items, qui sont revenus plus souvent à savoir :

• UI_I : cet item est considéré par certain(e)s participant(e)s comme étant long, ils proposent cette formulation « il convient aussi bien aux utilisateurs occasionnels » au lieu de, « il convient à la fois aux utilisateurs réguliers comme aux utilisateurs occasionnels. »

• VU_I : certain(e)s participant(e)s recommandent de remplacer « je peux toujours l’utiliser avec succès » par, « je peux toujours l’utiliser efficacement »

• UI_II : quelques-uns des participant(e)s nous ont suggéré les formulations suivantes pour cet item à savoir, « il me paraît nécessaire d’en avoir un », ou « il est actuellement nécessaire d’en avoir un » au lieu de, « j’ai l’impression que j’ai besoin d’en avoir un. »

• FLU_I : certains nous ont conseillé de reformuler l’item, « il me permet de faire ce que je veux faire en peu d’étapes » par l’une des deux propositions suivantes : « il me permet de faire ce que je veux facilement », ou « il me permet de faire ce que je veux rapidement »

• FA_I et FLU_II : concernant ces deux items, certains participant(e)s ont souligné que dans leur interaction avec les systèmes informatique parler d’habilité et de convivialité n’avaient pas de sens, ils pensent que la convivialité est plus appropriée dans les relations humaines.

6.2 Validation Quantitative 2ème Partie Nous avons mené des analyses statistiques avec SPSS pour évaluer la fiabilité, la validité et l’acceptabilité du questionnaire USE-Age. Nous exposerons dans cette partie les résultats obtenus.

6.2.1 Analyse de la fiabilité Le tableau ci-dessous montre le résultat de l’analyse de la cohérence interne des items du questionnaire USE-Age, pour rappel nous avons estimé la cohérence interne par le calcul du coefficient alpha de Cronbach. Pour les résultats des statistiques descriptives du questionnaire USE-Age, voir annexe 8.

Tableau 2 : Statistique de fiabilité

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Tableau 3 : Matrice de corrélation Inter-items USE-Age

La cohérence interne du questionnaire est excellente, avec un score total du coefficient alpha de Cronbach de .98. Elle est nettement supérieure à la valeur acceptable de .70 attendue, et semble indiquer que les items du questionnaire mesurent le même construit. De plus, les observations de la matrice de corrélation inter items ci-dessous, sont cohérentes avec le résultat du tableau précédent, effectivement on constate que tous les items sont corrélés (r>0,4) pour qu’on puisse considérer qu’ils mesurent le même construit. Les corrélations entre les items sont parfois moyennes et, dans certains cas elles sont presque parfaites. Un autre résultat de cette analyse de la validité interne est fourni au moyen du calcul du coefficient Cronbach en cas de suppression d’un élément du questionnaire.

Tableau 4 : Statistique totale des 20 éléments (=items)

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Dans le tableau précédent, nous pouvons observer les statistiques descriptives, les corrélations et la valeur de alpha lorsqu’un élément est supprimé, il nous montre que pour tous les items le coefficient alpha Cronbach est excellent et, il se situe au tour de .98. Nous pouvons constater également qu’il existe un lien très fort entre la plupart des items, seuls les items UP_II et IU_II ont une corrélation inférieure à sept. Au vu des résultats, on constate que la valeur de alpha lorsqu’un item est retiré ne change pas considérablement et, il semble avoir une forte homogénéité entre les items.

Tableau 5 : Cohérence interne Échelle USE-Age

Échelle USE-Age

Coefficient alpha Cronbach

Utilité Perçue (UP) .88 Facilité d’Usage (FU) .97 Flexibilité d’Usage (FLU) .82 Facilité d’Apprentissage (FA) .97 Valeur d’Usage (VU) .93 Satisfaction (SAT) .88 Intention d’Usage (IU) .64

Nous constatons que trois composantes du questionnaire USE-Age présentent cohérence interne excellente respectivement, la facilité d’usage, la facilité d’apprentissage et la valeur d’usage. Quant à l’utilité perçue, la flexibilité d’usage et la satisfaction leur cohérence interne est bonne. Seul l’intention d’usage démontre une cohérence interne modérée de .64. Alors nous allons observer de plus près la corrélation inter-items de cette composante.

Tableau 6 : Corrélation inter-items Intention d'usage

En procédant à une analyse corrélationnelle, on constate que les items IU_I et IU_II semblent être rattachés au facteur intention d’usage (r>4). Ce tableau suggère une cohérence interne moyenne des deux items de cette dimension.

6.2.2 Analyse de l’acceptabilité Nous avons estimé l’acceptabilité du questionnaire par le calcul du taux de réponse au questionnaire, le rapport entre le nombre de personnes ayant fini l’étude et, le nombre total de participants qui ont répondu positivement au formulaire de consentement.

Tableau 7 : Statistique acceptabilité

Nombre de personnes ayant fini l’étude

79

Total participant(e)s

88

Acceptabilité USE-Age (%) 89 %

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Les résultats nous montrent une bonne acceptabilité du questionnaire USE-Age par les ainé(e)s, 89 % des participant(e)s ont répondu de manière complète au questionnaire.

6.2.3 Analyse de la validité Pour étudier la validité de construit ou la validité de structure, nous avons suivi une démarche exploratoire en essayant de répondre à certaines questions à travers différentes variables. Des analyses corrélationnelles ont été effectuées afin de vérifier les hypothèses postulées, nous avons mené des analyses bi-variés de type coefficient de corrélation de Pearson.

6.2.3.1 Utilité perçue H1-Effet du sentiment d’efficacité face aux TIC (SEP-TIC) Les résultats obtenus montrent une relation positive entre le SEP-TIC et l’utilité perçue (r= .56 ; p< .001). Un SEP-TIC élevé pourrait donc entrainer des attentes positives et un interêt pour les TIC. On pourrait s’attendre à ce que, plus le sentiment d’efficacité face aux TIC des ainé(e)s est élevé, plus l’utilité perçue d’une technologie est élevée. Pour les résultats des statistiques descriptives du questionnaire SEP-TIC, voir annexe 9.

Tableau 8 : Effet SEP-TIC

- H2-Influence des conditions facilitatrices (CF) : Les résultats montrent une relation positive moyenne entre les conditions facilitatrices et l’utilité perçue (r= .46 ; p< .001). Les conditions facilitatrices positives pourraient donc amener les ainé(e)s à avoir un intérêt pour les TIC. Nous pouvons constater que les conditions facilitatrices influencent positivement l’utilité perçue d’une technologie par les seniors. Mais au vu des résultats l’influence qu’elles pourraient exercer sera moyenne. Pour les résultats des statistiques descriptives du questionnaire CF, voir annexe 10.

Tableau 9 : Influence conditions facilitatrices

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6.2.3.2 Facilité d’usage H3-Effet du sentiment d’efficacité face aux TIC : Il existe une corrélation positive et très élevée entre le SEP-TIC et la facilité d’usage (r= .74 ; p< .001). Ce résultat signifie que, plus les ainé(s)s se sentent capables d’utiliser internet, plus ils auront de la facilité à utiliser un système. Il existe un lien fort entre SEP-TIC et la facilité d’utilisation d’une technologie par les seniors.

Tableau 10 : Effet SEP-TIC

H4-Influence des conditions facilitatrices : Les analyses effectuées montrent une relation positive et significative entre les conditions facilitatrices et la facilité d’usage (r= .58 ; p< .001). On constate que les conditions facilitatrices influencent positivement la facilité d’une technologie par les seniors, et cette influence est significative.

Tableau 11 : Influence conditions facilitatrices

6.2.3.3 Facilité d’apprentissage H5-Effet de la facilité d’utilisation des TIC : Les résultats semblent confirmer que la dimension facilitée d’apprentissage du questionnaire est prédite par la dimension facilité d’usage (r= .96 ; p< .001). Nous avons une corrélation presque parfaite entre la facilité d’usage et la facilité d’apprentissage à utiliser une technologie. Ce résultat montre le lien très fort qui existe entre ces deux dimensions, on pourrait constater que plus une technologie est facile à utiliser, plus il sera facile d’apprendre son fonctionnement.

Tableau 12 : Effet Facilité d’apprentissage TIC

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6.3 Résumé des résultats

Tableau 13 : Récapitulatifs des résultats

Propriétés psychométriques USE-Age

Résultats Statistiques

Validité apparente

Bonne Moyenne score de Compréhension des items= 6,03

Fiabilité

Excellente Score total Coefficient alpha Cronbach= .98

Acceptabilité

Bonne Taux de réponse USE-Age= 89%

Validité Bonne H1+(r= .56 ; p< .001), H2+(r= .46 ; p< .001), H3+(r= .74 ; p< .001), H4+(r= .58 ; p< .001),

H5+(r= .96 ; p< .001)

7 Discussion et Limites L’objectif principal de cette étude est de valider le questionnaire USE-Age. Dans cette perspective les propriétés psychométriques du questionnaire ont été étudiées : d’abord nous avons procédé à une vérification de la clarté des items, ensuite nous avons analysé sa fidélité, sa validité et, son acceptabilité. Une passation face à face a été menée lors de l’évaluation de la compréhension des items, ainsi qu’une expérience en ligne à distance, nous ont permis de recueillir des données pour répondre à notre question principale : Est-ce que le questionnaire USE-Age est-un outil d’évaluation valide pour les seniors ? Est-ce qu’il présente une validité d’apparence ? Est-ce qu’il respecte les qualités métrologiques pouvant le conférer une validité ? La discussion s’articulera autour des quatre évaluations que nous avons effectuées :

7.1 Validité apparente Nous nous sommes inspirés de la validation de l’Attrakdiff2 (Lallemand et al., 2015), pour réaliser évaluer la clarté des items du questionnaire USE-Age. Selon ces auteurs, l’objectif de ce 1er test c’est de nous permettre de vérifier si le questionnaire est bien compris par notre publique cible. En référence aux recommandations de Van de Vijver & Hambleton (1996), ils ajoutent que les passations réalisées en présence des participant(e)s afin de recueillir leurs impressions et, leurs explications permettent d’une part de minimiser les biais de méthodes liés à l’administration du questionnaire. D’autre part, la passation face à face permet de vérifier l’interprétation des instructions et des items par les participant(e)s, mais également la bonne compréhension de l’échelle de mesure. À travers le questionnaire d’évaluation de la clarté des items, nous avons d’abord essayé de vérifier si les items étaient compréhensibles ainsi que leur interprétation par nos participant(e)s. L’ensemble des items ont atteint le seuil attendu de 4, la moyenne globale des items correspond à 6,03. Les résultats confirment une bonne compréhension des items.

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Le score moyen des items du questionnaire USE-Age s’est montré légèrement supérieur à la moyenne de compréhensibilité globale des items de l’AttrakDiff 2 (Lallemand et al., 2015), qui correspond à 5,64. D’après Vallerand (1989), pour déterminer si les items d’un questionnaire sont clairs, et ce dans un langage qui s’apparente bien à celui du public cible, le score de compréhension de chaque item doit avoir une moyenne supérieure à 4, ou ils doivent être reformulés pour les rendre plus compréhensible. L’ensemble des items du questionnaire USE-Age ont obtenu un score moyen plus élevé que 4 et, sont conformes au résultat attendu à l’étape 3 du processus de validation proposés par Vallerand (1989). Par ailleurs, même si les participant(e)s n’ont pas rencontré des difficultés majeures dans la compréhension des items, il est important de préciser que les écarts-types (ET) élevés sur certains items montrent une certaine variabilité dans la compréhension de ces items (ET= 1,59 pour FA_I ou ET= 1,81 pour FLU_II). Cette variabilité pourrait s’expliquer par le fait que certains participant(e)s ne trouvaient pas pertinents de parler de « convivialité » et d’« habileté » dans leurs interactions avec les systèmes informatiques. Ils estiment que la « convivialité » est plus adaptée à être employée dans les rapports humains, dans le domaine de l’informatique cela n’a pas effectivement de sens pour eux. En définitive, comme nous l’avons mentionné précédemment, la moyenne de compréhension globale de 6,03 confirme une bonne compréhension des items du questionnaire. Ce 1er test a été une étape nécessaire pour conférer au questionnaire USE-Age une validité apparente.

7.2 Validation Quantitative 2ème partie

7.2.1 Analyse de la fiabilité Au moyen du calcul du coefficient alpha Cronbach, nous avons essayé de déterminer la fiabilité du questionnaire, les résultats nous montrent, que le questionnaire USE-Age présente une excellente cohérence interne, avec une valeur de alpha de .98. Ce résultat témoigne d’une très bonne fiabilité du questionnaire c’est-à-dire que les items du USE-Age sont liés entre eux et, mesurent le même construit. Nos résultats vont dans le même sens que les résultats de l’étude réalisée par (Monfort et al., 2018), ils ont aussi obtenu une cohérence interne excellente avec une valeur de alpha de .96. Même si pour de nombreux auteurs, plus la valeur de l’alpha se rapproche de 1, plus la cohérence interne de l’instrument est élevée. Il est important de souligner qu’une forte valeur de alpha supérieure à .90 même si elle est parfois souhaitable et elle est interprétée positivement, elle peut également traduire un signe d’une redondance dans les items (Midy, 2017; Vallerand, 1989). À travers la matrice de corrélation inter-items, nous avons pu observer que l’ensemble des items étaient corrélés (r>0,4) pour qu’on puisse considérer qu’ils mesurent le même construit. Elle nous a permis de la confirmer consistance interne déjà établie par le coefficient alpha Cronbach. Mais il est important de souligner de rappeler que les corrélations entre les items sont parfois moyennes et, dans certains cas elles sont presque parfaites. Une autre preuve de la validité interne du questionnaire a pu être effectuée au moyen du calcul du coefficient alpha Cronbach en retirant un item du questionnaire, les corrélations totales de l’ensemble des items sont élevées et, les valeurs d’alpha pour chaque item sont excellentes, elles se situent autour de .98. Donc la suppression d’un élément du questionnaire n’aura pas une incidence considérable sur sa cohérence interne

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Par ailleurs, nous avons pu constater que tous les facteurs du questionnaire ont obtenu un alpha Cronbach bon ou excellent, excepté la dimension « intention d’usage » avec une valeur de alpha discutable 0.64. Par contre, cette échelle montre une corrélation positive entre ces items. On pourrait expliquer cette valeur modérée d’alpha, d’une part en raison de la corrélation moyenne entre ces items, et nous avons pu aussi constater que dans la version d’origine du questionnaire USE (Lund, 2001), l’item IU_I faisait partie de l’échelle facilité d’usage et IU_II appartenait à l’échelle satisfaction, donc ceci pourrait expliquer leur plus forte corrélation avec des items de ces deux échelles. D’autre part, le nombre d’items faibles, deux énoncés pour l’intention d’usage. Comme nous l’avons souligné l’une des critiques du coefficient alpha Cronbach, c’est plus le nombre d’items est élevé, plus la valeur pourrait être importante. Suite à ces critiques certains auteurs proposent un seuil en fonction du nombre d’items, pour les énoncés supérieurs à 10 la valeur d’alpha doit être >.70. Tandis que pour les échelles de 4 items on doit s’attendre à un coefficient de .50. (Achille, Giannelloni, & Cova, 2013). Sur cette base, nous pourrons considérer que l’échelle intention d’usage a un niveau de fidélité satisfaisant, avec un coefficient alpha Cronbach de .64. De plus, ces deux items sont corrélés.

7.2.2 Analyse de la validité À défaut de l’existence d’un étalon-or, il a été envisagé d’analyser la validité de construit de l’instrument. La validité de construit a été évaluée par la vérification des hypothèses concernant l’évaluation d’une expérience en ligne. Pour rappel, nos hypothèses sont :

• premièrement l’hypothèse prédisant la relation positive entre le sentiment d’efficacité face aux TIC et l’utilité perçue, ainsi que la facilité d’usage d’une technologie par les ainé(e)s,

• deuxièmement l’hypothèse postulant que les seniors ayant les conditions qui leur facilitent l’usage d’une technologie auront une perception positive de l’utilité perçue, et ils auront plus de la faciliter à utiliser les TIC,

• enfin troisièmement l’hypothèse prédisant que lorsque l’utilisation d’une technologie est simple, les seniors auront plus de facilité à apprendre son fonctionnement. Nous avons utilisé le test statistique de corrélation de Pearson pour vérifier nos hypothèses.

7.2.2.1 Utilité perçue H1-Effet du sentiment d’efficacité face aux TIC : notre 1ère hypothèse postulait que l’utilité perçue d’un système est influencée positivement si le SEP-TIC des ainé(e)s est positif. Nous avons essayé de vérifier cette hypothèse au moyen de 4 items SEP-TIC du questionnaire de (Faurie & Van de Leemput, 2007), les participant(e)s devaient répondre aux items SEP-TIC avant de répondre aux items « utilité perçue » du questionnaire USE-Age (Monfort et al., 2018). Les résultats montrent une relation positive entre le SEP-TIC et l’utilité perçue (r= .56 ; p<

.001). Ceci confirme notre hypothèse et, concorde avec la relation positive observé entre l’utilité perçue et SEP-TIC dans l’étude de (Faurie & Van de Leemput, 2007), mais le lien observé dans cette étude entre l’attente de performance et le SEP-TIC est modéré par rapport à notre étude. Cette différence pourrait s’expliquer par le fait que nous n’avons pas utilisé l’ensemble des items SEP-TIC, six items ont été écartés pour éviter de rendre le questionnaire long et augmenter le risque d’abandon, par exemple les items sur les capacités à créer une page web ou à activer et à utiliser un serveur ftp n’ont pas été pris en compte. Toutefois nos résultats nous amènent à penser tout comme (Faurie & Van de Leemput, 2007), qu’un SEP-TIC élevé peut entrainer des attentes positives et un intérêt pour les TIC. En somme le sentiment d’efficacité face aux TIC des ainé(e)s a un effet sur l’utilité perçue d’une technologie.

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H2-Influence des conditions facilitatrices : notre 2ème hypothèse postulait que, l’utilité perçue d’un système par les seniors est influencée positivement si les conditions facilitatrices sont positives. Nous avons essayé de vérifier cette hypothèse au moyen de 4 items CF du questionnaire de (Venkatesh et al., 2012), les participant(e)s devaient répondre aux items CF avant de répondre aux items « utilité perçue » du questionnaire USE-Age (Monfort et al.,2018). Les résultats montrent une relation positive moyenne entre les conditions facilitatrices et l’utilité perçue (r= .46 ; p< .001). Conformément à notre hypothèse ces résultats nous laissent penser, que les conditions facilitatrices positives pourraient emmener les ainé(e)s à avoir un intérêt pour les TIC. Nous pouvons retenir que les conditions facilitatrices influencent positivement l’utilité perçue d’une technologie par les seniors. Certes l’effet sur l’utilité perçue est positive mais il est moyen.

7.2.2.2 Facilité d’usage H3-Effet du sentiment d’efficacité face aux TIC : notre 3ème hypothèse postulait que, la facilité d’usage d’une technologie est plus importante si le SEP-TIC des ainé(e)s est élevé. Nous avons essayé de vérifier cette hypothèse aussi au moyen de 4 items SEP-TIC du questionnaire de (Faurie & Van de Leemput, 2007), les participant(e)s devaient répondre aux items SEP-TIC avant de répondre aux items de la « facilité d’usage » du questionnaire USE-Age (Monfort et al.,2018). Les résultats montrent une corrélation positive et très élevée entre le SEP-TIC et la facilité d’usage (r= .74 ; p< .001). La corrélation observée est cohérente avec notre hypothèse. Ce résultat signifie que, plus les ainé(s)s se sentent capables d’utiliser internet plus ils auront de la facilité à utiliser un système. Comme le montre l’étude de (Faurie & Van de Leemput, 2007), avec un SEP-TIC élevé, les seniors ne chercheront pas à éviter d’utiliser une technologie, au contraire ils auront une plus grande fréquence d’utilisation, ceci leur permettra ainsi de s’approprier plus facilement le système. Nous retiendrons qu’il existe un lien fort entre SEP-TIC et la facilité d’utilisation d’une technologie par les seniors. H4-Influence des conditions facilitatrices : notre 4ème hypothèse postulait que la facilité d’usage d’une technologie par les seniors est plus importante si les conditions facilitatrices sont élevées. Nous avons tenté de vérifier cette hypothèse également au moyen de 4 items CF du questionnaire de (Venkatesh et al., 2012), les participant(e)s devaient répondre aux items CF avant de répondre aux items « facilité d’usage » du questionnaire USE-Age (Monfort et al.,2018). Les résultats montrent une relation positive et significative entre les conditions facilitatrices et la facilité d’usage (r= .58 ; p< .001). Conformément à notre hypothèse, ces résultats nous laissent penser, que les seniors ayant les conditions réunies pour leur faciliter l’usage des TIC, pourraient rencontrer moins de difficultés à utiliser les TIC, car ils peuvent bénéficier d’un soutien dans l’usage d’un système, ceci peut rendre l’utilisation d’une technologie plus facile. Pour résumer, les conditions facilitatrices influencent positivement la facilité d’une technologie par les seniors, et cette influence est significative.

7.2.2.3 Facilité d’apprentissage H5-Effet de la facilité d’utilisation des TIC : notre 5ème hypothèse prédisait que la facilité d’apprentissage à utiliser une technologie par les ainé(e)s est plus importante si la facilité d’usage est élevée.

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Nous avons essayé de vérifier cette hypothèse au moyen des items du questionnaire USE-Age (Monfort et al.,2018). Les résultats confirment notre hypothèse, la dimension facilitée d’apprentissage du questionnaire est prédite par la dimension facilité d’usage (r= .96 ; p< .001). Nous avons une corrélation presque parfaite entre la facilité d’usage et la facilité d’apprentissage à utiliser une technologie. Nous retiendrons que cette hypothèse nous a permis de vérifier les prédictions sur les corrélations qui peuvent être observées entre les échelles du questionnaire USE-Age. Ce résultat montre le lien fort qui existe entre ces deux dimensions, dès lors nous pouvons penser que plus une technologie est facile à utiliser, plus les seniors pourront apprendre plus facilement son fonctionnement et l’adoptée dans la durée. Pour compléter les liens postulés entre les dimensions du questionnaire USE et d’autres construits, d’après (Monfort et al., 2018), l’acceptation de l’informatique s’est montrée inversement corrélée à l’anxiété vis-à-vis de l’informatique évaluée au moyen de quatre items de la traduction (Senecal, 2003), r= - .56 ; p < .001. Le questionnaire USE-Age s’est aussi montrée inversement corrélée à l’anxiété vis-à-vis de l’informatique évaluée au moyen de la version Française de la Computer Anxiety Trait Scale : r= -.23 ; p < .01. Nos résultats et, en plus ceux de Monfort et al., (2018) soutiennent les relations postulées entre les dimensions du questionnaire USE-Age et, d’autres concepts de différentes échelles, donc le questionnaire permet de mesurer effectivement le construit ou la caractéristique qu’elle est censée mesurer et, constitue ainsi une preuve de la validité de construit du questionnaire USE-Age.

7.2.3 Analyse de l’acceptabilité À travers le calcul du taux de réponse, nous avons essayé de déterminer l’acceptabilité du questionnaire USE-Age. Les résultats révèlent une bonne acceptabilité du questionnaire. Sur 88 participant(e)s ayant répondu positivement au formulaire de consentement, 79 participant(e)s ont répondu entièrement au questionnaire. Le nombre de réponses partielles est faible environ 11%, ceci nous montre que le questionnaire pourrait être administré dans des futures études pour recueillir des données sans causer beaucoup de difficultés ou de résistances. Le taux réponse obtenu montre que le questionnaire semble être bien accepté par les ainé(e)s.

7.3 Limites Cette étude de validation présente principalement comme limite le nombre un peu moins élevé de l’échantillon pour la 2ème partie de la validation, nous n’avons pas pu atteindre les 100 participant(e)s visés. De plus, les données que nous avons recueillies ne nous permettaient pas d’effectuer une analyse factorielle valide. Il est recommandé d’avoir 100 participant(e)s minimum pour la validation d’une échelle par analyse factorielle (Grimm & Yarnold, 1995). Le temps restreint pour le recrutement des participant(e)s, de plus en période de vacances et d’activités creuses dans les centres fréquentés par les ainé(e), la plupart des lieux pour recruter des seniors étaient fermés, tous ces facteurs peuvent expliquer le nombre un peu faible de participant(e)s. Une preuve de validité de construit par une analyse factorielle valide aurait pu être obtenue pour consolider les preuves de validité du questionnaire USE-Age. La contrainte de temps pour valider le questionnaire ne nous permettait pas non plus d’évaluer la sensibilité au changement du questionnaire. Une autre limite de cette étude est d’avoir utilisé 4 items pour mesurer la variable SEP-TIC au lieu de l’ensemble des 10 items SEP-TIC.

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Comme le souligne (Agnès et al., 1999), nous nous sommes rendu compte, que dans les faits, explorer de manière complète les qualités métrologiques du questionnaire est très peu faisable en raison du coût en temps et de l’insuffisance des données. Malgré cette contrainte de temps et la période estivale, les 79 participant(e)s nous ont permis d’attester plusieurs preuves de validité du questionnaire USE-Age.

8 Conclusion L’objectif principal de cette étude était de valider le questionnaire USE-Age auprès des ain(é)s. Plus précisément, d’analyser la validité apparente, la fiabilité, l’acceptabilité et, la validité du questionnaire. Ce travail de validation a été effectuée en deux parties, nous avons sollicité dans la première partie 30 participant(e)s représentatif du public cible pour évaluer la clarté des items et, qu’ils sont rédigés sans ambiguïté. La deuxième partie de l’étude consistait à faire une expérience en ligne, elle nous a permis de recueillir des données auprès de 79 participant(e)s pour étudier les qualités métrologiques du questionnaire. Les résultats de cette recherche montrent de bonnes propriétés psychométriques du questionnaire USE-Age. L’évaluation de la clarté des items par le public cible, avec une bonne moyenne de compréhension de 6,03, nous a permis de conférer au questionnaire une validité apparente. Elle vient s’ajouter à la preuve de validité de contenu qui a déjà été attestée à l’étape 2 de l’étude réalisée par (Monfort et al., 2018). D’autres preuves de validités ont été obtenues, concernant l’analyse de la fiabilité du questionnaire, elle a été établie au moyen du calcul du coefficient alpha Cronbach, le questionnaire montre une cohérence interne excellente de .98. Quant à la preuve de la validité de construit, elle a été attestée par la vérification de plusieurs hypothèses par des analyses corrélationnelles de type coefficient de Pearson bi-variée. Toutes nos prédictions sont cohérentes avec les corrélations observées et, constituent une preuve de la validité de construit du questionnaire USE-Age. À l’issue du processus de validation menée dans le cadre de cette étude, nous pouvons dire que le questionnaire USE-Age atteste de plusieurs preuves de validité. Comme le questionnaire présente des propriétés psychométriques satisfaisantes, son utilisation dans des futures recherches pourrait permettre aux chercheurs et professionnels de recueillir des données et, contribuer à une meilleure compréhension des facteurs déterminants de l’acceptation de l’informatique par les ainé(e)s. Cependant, la confirmation de la validité d’un instrument passe par une accumulation de preuves. Des études futures sur un échantillon plus large pourraient envisager une analyse factorielle confirmatoire pour renforcer la validité du questionnaire USE-Age. Par ailleurs, même si le questionnaire USE-Age comprend une échelle « satisfaction » qui pourrait être considérée comme une mesure des aspects hédoniques de l’interaction avec une technologie. Une autre piste de recherche pourrait être celle qui permettrait, l’ajout de nouveaux items liés à l’expérience utilisateur au questionnaire, permettant ainsi d’évaluer les qualités non instrumentales des systèmes informatiques. Comme nous l’avons déjà évoqué, actuellement les utilisateurs(trices) ne cherchent pas à satisfaire uniquement les besoins d’efficacité et d’efficience dans l’utilisation d’une technologie, ils recherchent aussi une source de plaisir donc il est important de prendre en compte cette dimension subjective, pour évaluer l’acceptation d’un système.

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utilisabilité, acceptabilité : interpréter les relations entre trois dimensions de l’évaluation des EIAH. Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain (EIAH) 2003.

Vallerand, R. J. (1989). Vers une méthodologie de validation trans-culturelle de questionnaires

psychologiques: Implications pour la recherche en langue française. Canadian Psychology/Psychologie canadienne. https://doi.org/10.1037/h0079856

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Venkatesh, V., Thong, J. Y. L., & Xu, X. (2012). Consumer acceptance and use of information

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10 Annexes

10.1 Annexe 1 : Formulaire de consentement validation 1ère partie

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65

10.2 Annexe 2 : Questionnaire d’évaluation de la compréhension des items

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10.3 Annexe 3 : Détails résultats score de compréhension des items (Validation 1ère partie)

CODES ET SCORES ITEMS

L’étendu des scores de chacun des items varie de 1 à 7, où 1 signifie « pas du tout d’accord » avec la compréhension de l’item et, 7 « tout à fait d’accord ». 1=Pas du tout d’accord ; 2=Pas d’accord ; 3=Plutôt pas d’accord ; 4=Ni d’accord, Ni en désaccord ; 5= Plutôt d’accord ; 6=D’accord ; 7=Tout à fait d’accord

UP_I

UP_II UP_III UP_IV FU_I FU_II FU_III FLU_I FLU_II FA_I FA_II FA_III VU_I VU_II VU_III SAT_I SAT_II SAT_III IU_I IU_II

P1 6 7 6 6 7 5 5 7 4 6 6 6 5 6 6 5 5 7 6 7

P2 5 6 6 5 6 5 6 5 2 5 6 5 6 7 3 6 3 3 7 4

P3 6 6 6 6 6 6 6 5 6 5 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6

P4 2 3 5 5 5 7 5 1 6 5 6 6 6 6 5 6 7 7 7 6

P5 7 7 7 4 5 3 7 5 3 4 3 4 3 2 2 7 6 5 5 6

P6 6 7 6 6 6 7 7 6 6 3 7 7 6 6 6 3 7 6 6 3

P7 6 6 6 6 3 3 5 5 5 5 5 6 5 5 5 5 6 6 6 6

P8 6 6 5 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P9 6 5 6 6 5 4 5 4 4 4 5 5 4 5 6 5 6 6 7 6

P10 6 6 6 5 6 6 6 6 7 7 6 5 6 7 5 6 6 7 6 7

P11 7 6 6 6 5 6 7 6 3 4 4 4 3 7 7 7 4 7 6 6

P12 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P13 6 6 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 3

P14 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P15 5 7 7 5 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P16 7 7 7 7 7 6 7 3 7 3 7 7 7 7 7 7 7 7 7 3

P17 7 7 7 7 6 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P18 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P19 5 4 4 4 3 5 5 5 4 5 5 5 4 4 5 4 5 5 5 4

P20 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P21 7 7 7 7 7 7 7 7 4 7 7 7 3 7 7 7 7 4 3 4

P22 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P23 7 7 7 4 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P24 6 6 6 6 2 4 4 6 2 5 6 6 6 5 5 5 5 5 5 5

P25 6 6 6 6 4 6 6 6 6 6 6 6 7 6 6 6 6 6 6 6

P26 5 5 5 4 4 6 7 6 4 6 7 7 6 6 6 6 6 6 6 6

P27 6 6 6 5 5 6 7 4 7 1 6 6 5 6 3 6 6 6 6 6

P28 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7

P29 5 6 6 5 6 5 6 5 2 5 6 5 6 7 3 6 3 3 7 4

P30 7 7 7 7 7 7 7 4 7 4 7 4 4 4 5 7 7 7 7 6

P1= Participant(e) 1

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67

10.4 Annexe 4 : Formulaire de consentement validation 2ème partie

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69

10.5 Annexe 5 : Détails expérience en ligne

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10.6 Annexe 6 : Illustrations tâches à effectuer

10.6.1 Recherche vidéo

10.6.2 Recherche information

10.6.3 Exploration libre

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10.7 Annexe 7 : QUESTIONNAIRE SOUMIS AUX PARTICIPANT(E)S DONNÉES DÉMOGRAPHIQUES Q1 À présent, merci de bien vouloir renseigner vos données démographiques pour nous permettre de définir notre public cible. Vous êtes :

o Une Femme

o Un homme

Q2 Veuillez indiquer votre année de naissance dans le champ ci-dessous (Par exemple 1950) : ________________________________________________________________ QUESTIONNAIRE SEP-TIC tiré de (Faurie & Van de Leemput, 2007), Items: SEP_TIC1; SEP-TIC5; SEP_TIC8; SEP_TIC10. Q3 Quel est mon sentiment par rapport à l'utilisation d'internet ? (Pour chacune des affirmations suivantes, veuillez cocher la case qui reflète le mieux votre avis)

Pas du tout

d'accord Pas d'accord

Ni d'accord, Ni en désaccord

D'accord Tout à fait d'accord

SEP_TIC1- Je me sens sûr(e) de moi pour télécharger sur internet les données (logiciels, vidéo, dossier, fichier, image, document...).

o o o o o

SEP_TIC5- Je me sens sûr(e) de moi pour configurer ma messagerie électronique (gmail, yahoo mail, bluewin) ou un logiciel électronique comme Outlook ...

o o o o o

SEP_TIC8- Je me sens sûr(e) de moi pour mettre en ligne (sur internet) des fichiers, des documents.

o o o o o

SEP_TIC10- Je me sens sûr(e) de moi pour configurer et utiliser un logiciel de téléphonie via internet (de type Skype, Whatsapp, Messenger...)

o o o o o

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QUESTIONNAIRE CONDITIONS FACILITATRICES tiré de (Venkatesh et al., 2012), Items: CF1; CF2; CF3; CF4.

Q4 Quelles sont les conditions qui me facilitent l'utilisation d'internet ? (Pour chacune des affirmations suivantes, veuillez cocher la case qui reflète le mieux votre avis)

Pas du tout

d'accord Pas d'accord

Ni d'accord, ni en

désaccord D'accord

Tout à fait d'accord

CF1- J'ai les ressources nécessaires pour utiliser Internet. o o o o o CF2- J'ai les connaissances nécessaires pour utiliser Internet. o o o o o CF3- Internet est compatible avec les autres technologies que j'utilise. o o o o o CF4- Lorsque j'ai de la difficulté à utiliser Internet, je peux obtenir de l'aide de la part d'autres personnes.

o o o o o

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QUESTIONNAIRE USE-AGE (Monfort et al., 2018) Q5 Lorsque j'ai voulu chercher une information ou explorer le site sciencesnaturelles.ch : (Pour chacune des affirmations suivantes, veuillez cocher la case qui reflète le mieux votre avis)

Pas du tout

d'accord

Plutôt pas

d'accord

Pas d'accord

Ni d'accord Ni en

désaccord

Plutôt d'accord

D'accord Tout à fait d'accord

UP_I-Le site me permet de faire facilement ce que je veux faire.

o o o o o o o

UP_II-Le site me permet de mieux gérer mes activités de la vie quotidienne.

o o o o o o o

UP_III-Le site m'aide à être plus efficace. o o o o o o o UP_IV-Le site s'adapte à mes besoins. o o o o o o o FLU_I-Le site me permet de faire ce que je veux en peu d'étapes.

o o o o o o o

FLU_II-Le site est convivial. o o o o o o o

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Q6 Quel est mon ressenti par rapport à l'utilisation du site sciencesnaturelles.ch ? (Pour chacune des affirmations suivantes, veuillez cocher la case qui reflète le mieux votre avis)

Pas du

tout d'accord

Plutôt pas

d'accord

Pas d'accord

Ni d'accord Ni en

désaccord

Plutôt d'accord

D'accord Tout à fait d'accord

FU_I-Utiliser le site ne nécessite pas d'effort. o o o o o o o FU_II-Je peux utiliser le site sans instruction écrite. o o o o o o o FU_III- Le site est facile à utiliser. o o o o o o o SAT_I-Le site est amusant à utiliser. o o o o o o o VU_I- Je peux toujours utiliser le site avec succès. o o o o o o o FA_II- J’ai facilement appris à utiliser le site. o o o o o o o IU_I-Le site convient à la fois aux utilisateurs réguliers comme aux utilisateurs occasionnels.

o o o o o o o

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Q7 Quel est mon ressenti par rapport à l'utilisation du site sciencesnaturelles.ch? (Pour chacune des affirmations suivantes, veuillez cocher la case qui reflète le mieux votre avis)

Pas du

tout d'accord

Plutôt pas

d'accord

Pas d'accord

Ni d'accord Ni en

désaccord

Plutôt d'accord

D'accord Tout à fait d'accord

FA_I-Je suis rapidement devenu habile avec le site. o o o o o o o FA_III-Je me rappelle facilement comment utiliser le site. o o o o o o o VU_II-Le site fonctionne comme je le souhaite. o o o o o o o IU_II-J'ai l'impression que j'ai besoin d'explorer le site. o o o o o o o SAT_III-Je recommanderais le site à un(e) ami(e). o o o o o o o VU_III-Le site fait tout ce que je veux qu'il fasse o o o o o o o SAT_II-Le site est agréable à utiliser. o o o o o o o

10.8 Annexe 8 : Résultats statistiques descriptives des items du questionnaire USE-Age (Monfort et al., 2018), (validation 2ème partie)

Items n Minimum Maximum Moyenne Écart-type

UP_I--Le site me permet de faire facilement ce que je veux faire. 79 1 7 5,39 1,436

UP_II--Le site me permet de mieux gérer mes activités de la vie quotidienne.

79 1 6 3,51 1,466

UP_III--Le site m’aide à être plus efficace. 79 1 7 4,77 1,467

UP_IV--Le site s’adapte à mes besoins. 79 1 7 4,87 1,580

FU_I--Utiliser le site ne nécessite pas d’effort. 79 1 7 4,80 1,917

FU_II--Je peux utiliser le site sans instruction écrite. 79 1 7 5,28 1,717

FU_III--Le site est facile à utiliser. 79 1 7 5,32 1,714

FLU_I--Le site me permet de faire ce que je veux en peu d’étapes. 79 1 7 5,29 1,610

FLU_II--Le site est convivial. 79 1 7 4,66 1,701

FA_I--Je suis rapidement devenu habile avec le site. 79 1 7 5,18 1,685

FA_II--J’ai facilement appris à utiliser le site. 79 1 7 5,27 1,692

FA_III--Je me rappelle facilement comment utiliser le site. 79 1 7 5,27 1,662

VU_I--Je peux toujours utiliser le site avec succès. 79 1 7 5,01 1,728

VU_II--Le site fonctionne comme je le souhaite. 79 1 7 5,03 1,519

VU_III--Le site fait tout ce que je veux qu’il fasse. 79 1 7 4,78 1,550

SAT_I--Le site est amusant à utiliser. 79 1 7 4,30 1,552

SAT_II--Le site est agréable à utiliser. 79 1 7 4,51 1,475

SAT_III--Je recommanderais le site à un(e) ami(e). 79 1 7 4,95 1,358

IU_I--Le site convient à la fois aux utilisateurs réguliers comme aux utilisateurs occasionnels.

79 1 7 4,16 1,613

IU_II--J’ai l’impression que j’ai besoin d’explorer le site. 79 1 7 4,92 1,375

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76

10.9 Annexe 9 : Résultats statistiques descriptives des items du questionnaire SEP-TIC (Faurie & Van de Leemput, 2007) - validation 2ème partie

10.10 Annexe 10 : Résultats statistiques descriptives des items du questionnaire CF (Venkatesh et al., 2012) - validation 2ème partie

Items n Minimum Maximum Moyenne Écart-type

SEP_TIC1-Q1- Je me sens sûr(e) de moi pour télécharger sur internet les données (logiciels, vidéo, dossier, fichier, image, document...).

79 1 5 3.65 1,251

SEP_TIC5- Q2- Je me sens sûr(e) de moi pour configurer ma messagerie électronique (gmail, yahoo mail, bluewin) ou un logiciel électronique comme Outlook ...

79 1 5 3,47 1,259

SEP_TIC8- Q3- Je me sens sûr(e) de moi pour mettre en ligne (sur internet) des fichiers, des documents.

79 1 5 3,76 1,157

SEP_TIC10- Q4- Je me sens sûr(e) de moi pour configurer et utiliser un logiciel de téléphonie via internet (de type Skype, Whatsapp, Messenger...)

79 1 5 3,56 1,238

Items n Minimum Maximum Moyenne Écart-type

CF1-- J'ai les ressources nécessaires pour utiliser Internet. 79 2 5 4,30 0,686

CF2-- J'ai les connaissances nécessaires pour utiliser Internet. 79 2 5 3,99 0,967

CF3-- Internet est compatible avec les autres technologies que j'utilise. 79 2 5 3,90 0,942

CF4-- Lorsque j'ai de la difficulté à utiliser Internet, je peux obtenir de l'aide de la part d'autres personnes.

79 1 5 3,73 1,327