valois noel (1880) guillaume d'auvergne, évêque de paris (1228-1249) sa vie et ses ouvrages 1

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GUILLAUME

D'AUVERGNE

GUILLAUME DAUVERGNE VQUE DE PARIS (iaa8-fa49) SA VIE ET SES OUVRAGES

PAR

Nol VALOIS

DOCTEl'R k* LITTRAS, LiClIfClB EX DROIT ARCHIVISTE-PALOGHAPHI

PARIS LIBRAIRIE D'ALPHONSE PICARD BUE DOMAPARTB, 8a l80

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PREMIERE PARTIE

VIE

DE GUILLAUME D'AUVERGNE

CHAPITRE PREMIER

^OMIJNATIOx^ DE GUILLAUME A l'VGH DE PARIS

Un prlat, fort oubli de nos jours, Guillaume d'Auvergne, appel aussi Guillaume de Paris, occupait, au Ireizime sicle, une place importante parmi les conseillers du roi de France : rang, faveur, mrite scientifique, renomme d'orateur et d'crivain, saintet mme, tout contribuait fixer sur lui les regards de ses contemporains; aucun des vnements de sa vie ne semblait devoir chappera l'histoire. Soit cependant que le prudent vque et gard le silence sur lui-mme, soit que l'indiffrence du public, ou que le caprice du hasard en ft la cause, la naissance et la famille de Guillaume sont demeures inconnues. Un nuage enveloppe ses premires annes, drobe nos yeux les faits les plus propres dterminer son caractre, rendre raison de ses habitudes et de ses gots. Les historiens se livrent des conjectures, malheureusement contradictoires, tantt ravalant Guillaume au rang de mendiant, tantt vantant sa noblesse et dcri-

vant son blason. A la vrit, le surnom d' Auvergnat qu'on lui

4 NOMINATION DE GUILLAUME appliquait gnralement \ ne donne pas l'ide d'une naissance aristocratique. Il conviendrait mieux au pauvre enfant affam dont les Anecdotes d'Etienne de Bourbon nous ont conserv le souvenir *. Guillaume d'Auvergne mendiait^ raconte ce dominicain : une femme du peuple lui fit l'aumne, en lui disant : C'est condition que tu ne deviendras point vque. A ces mots, Tenfant eut comme un pressentiment de sa destine future : il refusa. Ce rcit lgendaire ne mrite pas grande crance; ramass dans la rue, colport de bouche en bouche, accueilli avec faveur parles pauvres clercs, dont il flattait les ambitieuses vises, il peut bien, chemin faisant, avoir subi quelque altration; suivant une autre version, accrdite par Vincent deBeauvais', l'vque Maurice de Sully en serait le hros vritable. Faut-il donc ajouter foi aux renseignements d'une tout autre nature fournis par un auteur du dix-septime sicle, le P. Dominique de Jsus *? Doit-on, sur la foi de cet historien, dont l'autorit est contestable, croire l'existence

1. c( Maglster Guillelmiis l'Auvernatz , dit Honorius III, dans une bulle du 22 nov. 1224. Bibl. Nat.; collect, Moreau, ms. n 1183, f 45. Lesprlats de race noble, tels qu^tienncde Nemours, Gilles Cornut, Guillaume de Beaumont, conservaient dWdinaire leur nom patronymique. 2. Us, de Tours, n 468, f 73. V. un article de M. Lccoy de la Marche dans la Revue des Questions historiques^ anne 1877, p. 478. 3. Spiculumhistoriale, XXIX, 21. 4. Histoire parntique des trois saints protecteurs du Haut Auvergtie, Paris^ 1635, p. 781. A celui-ci nous pouvons ajouster Guillaume, 75* vque de Paris, qu'on appelle ordinairement Guilelmus de Alvernia ou Alpernensi^y non pas pour en avoir est cvque, mais pour estre n de la maison des barons d'Aurillac comme lui-mesme la laisse par * Il et III.

A L'EVCH DE PARIS 7 traiter moins rigoureusement*. Aprs avoir fait dans les auteurs une ample moisson d'ides et d'arguments, il donne lui-mme carrire son esprit inventif : la plupart de ses ouvrages paraissent remonter cette priode studieuse de sa vie*. S'attendrait-on voir un docteur aussi vers dans la langue de Cicron et de Boce, condescendre prcher devant le plus liumhle des auditoires? Certes, les syllogismes, les enthymmes dont sa mmoire tait arme, ne pouvaient que lui tre d'une faible utilit, quand il s'adressait des folles femmes. Tel tait cependant l'ascendant de sa parole que, de ce milieu vulgaire et corrompu, il faisait surgir des saintes. Celles que son loc uence avait touches changeaient le nom de filles de joie contre celui de Filles-Dieu, et, dans le nouvel asile qu'il leur faisait btir, au milieu de la paroisse de Saint-I^urent, donnaient l'exemple d'une vertu, aussi profitable leur ordre, que glorieuse pour leur fondateur*. Ces pieux travaux occuprent la vie de Guillaume jusqu'en 1227, poque laquelle un vnement imprvu vint tout coup, en modifiant sa condition, ouvrir un champ plus vaste son activit.

1. On trouvera plus loin la liste complte des auteurs consultas par Guillaume d'Auvergne. 2. L'un d'eux, la Somme fies vertus et des vices, fut certainement postrieur 1217; car Guillaume y parle de Jean de Montmirail comme d'un homme qui n'tait plus de ce monde. {Cjnp, I, p. 245.) Un ms. d'Oxford (JLincoln Collge, ms, n 11, f 147 v) place en 1234 la rdaction du De Sacramentis ; mais ce renseignement, donn par un copiste du xv* sicle, ne repose videmment sur aucun fondement. Tout porte croire qu'aprs son lvation Ppiscopat, Guillaume n'eut plus le loisir de composer des ouvrages.

3. Albric. (Peru. XXIII, p. 97.) Cf. une lettre du prieur de Saint-iMartin desChamps,d'avr. 1226. (D. Flibien, hit,de Paris, Pr.part.III, p.602.)

8 NOMINATION DE GUILLAUME Le 20 octobre, Barthlmy, vque de Paris, mourut*. Ctait au chapitre qu'il appartenait de lui dsigner un successeur, et il pouvait user de l'un ou de l'autre des trois modes canoniques : scrutin, inspiration, compromis. Ce dernier procd consistait lire un certain nombre d'ecclsiastiques qui dsignaient le nouveau pasteur. Le chapitre y recourut d'abord, mais choua contre l'obstination d'arbitres qui refusrent de s'accorder. Il fallut essayer de l'inspiration. c< Nommons le chantre ! , s'cria un chanoine, dont la voix fut aussitt couverte par des acclamations tumultueuses. On rclama, le silence se rtablit, et le doyen put aller de l'un l'autre pour recueillir publiquement les voix. L'opration termine, on reconnut que le candidat n'avait point runi la totaUt des suffrages, circonstance suffisante pour entacher de nullit une semblable lection *. Le doyen ne s'en hta pas moins de proclamer le chantre lu, l'entrana Notre-Dame, y fit entonner le Te DeniUy puis le ramena triomphalement au chapitre, o l'attendait un adversaire redoutable '. Guillaume d'Auvergne, qui n'avait voulu prendre

1. CartuL de Notre-Dame de Paris, IV, p. 170. C'est peut-tre durant cette vacance, que le chancelier, Philippe de Grve pronona le sermon qu^on lit au foi. 11 r du ms. latin 12^16 del BibL A'at. Il porte celte imbrique : c In Adventu Domini^ vacante Sede, > a LVglise de Paris est veuve de son pasteur, dit le chancelier, niaib qui songe la consoler? On blme les veuves qui se remarient trop tt, et qui, se haunt d'oublier IVpoux dfunt, mlent la joie des noces la douleur des funrailles. Le mme reproche ne peut tre fait une glise qui cherche renouer les liens briss par la mort. 2. CartuL de Notre-Dame de Paris, III, p. 379. 3. Bulle du 10 avril 1228. ^Notices et extraits, xxi, p. 206.) Le chantre s'appelait Nicolas. (V. Cartul, de Notre-Dame de Paris, II, p. 71, 73,90, 91).

A L'VCH DE PARIS 9 pari ni la procession, ni l'action de grces, fit valoir, dans un discours savant et adroit, que, plusieurs chanoines ayant protest contre l'lection du chantre, elle se trouvait, par l mme irrvocablement annule ; il soutint, en s'appuyant sur un canon du quatrime Concile de Latran, que le chapitre qui avait viol les rgles de l'lection, perdait pour une fois son droit d'lire, et, laissant entendre que le Pape seul pouvait dsormais

pourvoir au sige vaciint, il en appela au SouverainPontife. Parmi les membres du chapitre, le plus intress repousser les arguments de Guillaume fut celui-l mme qui couta ses avis avec le plus de docilit. Le chantre, lu bien involontaire, s'inclina devant un raisonnement qui lui semblait rigoureux, et dclara renoncer tous ses droits. Son exemple ne put malheureusement empcher vingt et un de ses partisans les plus obstins de procder une lection nouvelle, et d'lire sa place le doyen. Quand, du fond de quelque diocse franais, une voix, mme inconnue, s'levait pour rclamer l'intervention du Saint-Sige, son appel, ft-il timide, et sans clat, ne manquait point d'tre entendu. 11 avait suffi que Guillaume pronont dans le chapitre de Paris le nom du Pape, pour que Rome s'empart aussitt de celte affaire : le cardinal de Sainte-Sabine avait t charg de l'enqute; les rapports succdaient aux interrogatoires, et bientt, conformment aux prvisions de notre chanoine, l'lection du doyen fut casse *. 1. Bulle du 10 avril 1228, ioco cit.

10 NOMINATION DE GUILLAUME Consquence invitable, Grgoire IX entendait se rserver la nomination de l'vque de Paris ; tel tait en effet son droit, en vertu du 24" canon du concile dj cit. Le chapitre ne se faisait point d'illusion cel gard ; il suffit de lire, pour s^en convaincre, un sermon prononc, vers, ce moment par le chancelier Philippe de Grve, sermon,^ dont le got douteux n'a rien qui puisse surprendre cette poque *. Afin de mieux caractriser la retraite du chantre et l'lection du doyen, l'orateur imaginait de rappeler les circonstances tranges de l'enfantement des (ils de Thamar : Comme elle fut sur le point d'accoucher, dit la Gense (XXXVIU, 27), il parut qu'il y avait deux jumeaux dans son sein ; et lorsque ces enfants taient prs de sortir, l'un des deux passa la main, laquelle la sage-femme lia un ruban d'carlate, en disant : Celui-ci sortira le premier . Mais cet enfant avant retir sa main, l'autre sortit. Zara figurait le chantre, et Phares, le doyen. La conclusion de ce discours alambiqu tait qu'ion vque institu par une autorit suprieure devait occuper la place laisse vide par deux candidats irrgulirement lus *. En effet, on reut bientt Paris une bulle expdie du Vatican, le 10 avril 1228. Aprs le rcit dtaill de 1. c Srrmo in electioDe prelati, quomodo electo prelati partu B. Virginit debeat comparari, et d impedimentis electionum. Bihl, Kat,^ ms. imiim no 124 16, f. 60 i. Nat. eolUct. Moreau, ms. n 1187, fw 62 ro et 306 r. RODEZ. B. du 12 dcembre 1246, ibid., ms. no 1196, P 75 r 293 VERDUN. B. du 21 aot 1245, bld, ms. n 1195, f 24. GLANDVE. B. du 20 sept. 1246, Ibid. ms, n 1196, f 28. AUXERRE. B. du 9 fvrier 1247, ibid,, ms, n* 1196, f- 103. CAMBRAI. GaUia CfwUtiana, u III, col. 37.

14 N03iINATI0N DB GUILLAUME

brai et de Senlis^ pour conseiller le chapitre de Reims, aprs la mort de l'archevque Henri de Dreui. En 1240, Gr^oire IX ordonna au chapitre de I^ausanne de consulter^ pour le choix d'un vque^ l'archevque de Besanon et Tvque de Langres'. En 12*28^ il avait enjoint aux deux chapitres de Besanon de prendre l'avis de trois religieux choisis par lui*^ et il a\^it dfendu tous les chapitres de Provence d'lire des prlats^ sans consulter le cardinal de Saint-Ange ' Il appliqua la mme mesure^ en 1238, aux provinces du Languedoc et de l'Albigeois^ dont les chapitres durent se conformer aux avis du l^t^ Jacques de Prneste*. Dsireux quelquefois de mettre un terme la vacance prolonge d'une Eglise, le Pape menaait le chapitre^ s'il tardait davantage^ de faire nommer un vque par ses dlgus. Bellay', Besanon, Lausanne*, reurent, sous Grgoire IX et Innocent IV, de semblables avertissements, d'autant plus remarquables, qu'aux termes des Canons, lorsqu'un vch vaquait depuis plus de trois mois, le droit d'lire tait dvolu, non pas au Pape, mais Tarchevque \ Souvent enfin, on ne saurait trop le rpter, le Pape remplissait le sige vacant, de sa propre autorit, de 1. Bulle du 10 juill. 12^. Bibi, Nat.collect. Moreau^ ms. n 1193, 0 73 f. 2. Les ahhs de Saint-^B^nigne de Dijon et de Morimond et le preur des l'reres prcheurs de Besanon, Bulle du S3 avril 1228. Ihid,^ ms. n 1184. f9l39 r. Z.lbid.,ms, n llSd, fol93r. 4. Bulle du 18 mai 1238. Ibid.^ ms. n 1192, f62. 5 Bulle du 25 mars 1244. Ibid,, ms. n 1194, P 237. 6. Bulle du 23avril 1228 et du 10 juill. 1240. Ibid.^ ms, n 1184, f 139 rprobation des matres, rvolts alors contre l'auloril royale et diocsaine? En se plaant la distance qui nous spare aujourd'hui des vnements de 1229, tout juge quitable, ftil chaud partisan de IXniversit, pardonnera facilement Guillaume sa complaisance en faveur des Dominicains. A tout prendre, celui qui, en ouvrant aux tudiants les portes du couvent de la rue Saint- Jacques, fit connatre les trsors de science enfouis dans cette cole de prdication, celui qui enrla sous le drapeau universitaire la jeune milice de Saint-Dominique, celui qui pra-

L'UINIVERSIT DE PARIS 87 tiqua la brche par laquelle entrrent, peu de temps aprs, Albert le Grand et Thomas d'Aquin, celui-l doit tre compt plutt parmi les bienfaiteurs que parmi les ennemis de l'cole. Si Ton se reporte, au contraire, au temps de la querelle, et que l'on cherche se reprsenter les sentiments divers que dut veiller la nouvelle d'un tel coup d'tat, dans l'me d'un matre exil, on reconnatra que la colre, la jalousie, le dpit devaient l'emporter sur toute autre considration d'un ordre plus lev. Avoir quitt ses lves, ses habitudes, son foyer, s'tre transport, au prix de quelles dpenses et de quelles fatigues, on ne le saura jamais, dans un pays lointain, avoir tout sacrifi, en un mot, au dsir (Je la vengeance, et maintenant ne pas avoir mme la satisfaction de penser, que son absence laisse un vide, que sa chaire est

silencieuse ; bien plus, sentir que des rivaux, dsormais dtests, s'emparent de l'influence que l'on avait si pniblement conquise, profitent de cet loignemnt pour acqurir une dangereuse renomme : il y a l matire rflexions douloureuses. Les esprances qu'avait fait natre l'intronisation de Guillaume, devaient se changer en une indignation courrouce. Ainsi frapps par l'vque au point le plus sensible, les matres se retournrent du seul ct d'o pt leur venir le salut. T^ bienveillance qu'ils taient srs de rencontrer auprs du Pape, la confiance qu'ils ne manqurent pas de lui inspirer, leur servirent faire n'flchir, h leur tour, faire trembler peut-tre, ceux qu'ils accusaient de conspirer leur ruine. On vit alors Grgoire IX dpouiller, en apparence au moins, les sentiments de vive affection qu'il avait plusieurs fois tmoigns Guil-

58 L'UNIVERSIT DE PARIS laume. Il lui crivit sur un ton qui s'loignait fort de la tendresse avec laquelle, un an plus tt, il l'avait recommand au clerg de son diocse : Qu'il est loin, le temps o j'avais confiance en ta sagesse, et o je rpandais u l'huile sur la tte, en me flattant de mettre en de bonnes mains les intrts de TEglise de Paris! Puis, rappelant Guillaume, qu'il tait Sii crature : c* J*ai t bless, disait-il, par un ennemi que je ne souponnais pas; je suis forc de m'crier : Pnitet hune hominem nos fecisse ! Je me repens d'avoir fait cet homme ! c Quelle rougeur me monte au front, quand je pense au\ reproches que l'on va m'adresser! Voyez, diraw (on, l'homme dont vous avez fait le pasteur de l'Eglise de Paris. Loin de combattre les ennemis qui assigent (( la maison du Seigneur, loin de poursuivre les renards qui s'efforcent de saccager la vigne du Trs-Haut, il fait jeter dans la fosse aux lions Daniel, le destriiccc teurde Baal et le vainqueur du Dragon. Terminaiil alors par ce distique : Vulniis Acliilleio quiv. (]ii/. p. 85, 95, 97, 171, 122, 210 et 218. 2. Opp. 1, p. 108, 119, 120, 271, 294, 325, 835, 837 et 843, II, tuppl. p. 98 et 183. 3. M. Am. Jourdain, op, cit., p. 292. k. Opp. I, p. 280, 637, 640, 647, 693, 743, 781, 869, 916, 917,953, 955 et 1000; II, suppl. p. 80, 87, 119, 200 et 210. 5. Opp. I, p. 318, 329, 611, 680, 681,693, 831, 851 et 957; II, suppl p. 65, 66, 95, 196 et 202. 6. M. Am. Jourdain, op, cU,^ p. 213 et 291. 7. Opp, I, p. 996; II, suppl. p. 154. 8. Opp. I, p. 269 et 515. 9. Opp. I, p. 85, 616, 639 et 847, II, suppl., p. 78, U4- et 197. 10. Opp. I, p. 79, 607, 641 et 763; II suppl., p. 112. 11. Opp. I, p. 316, 319,, 336 et 937. 12. Opp. I, p. 911, II, suppl. p. 117. 13. Opp. I, p. 188.

PAR GUILLAUME 01 EUGLIDE \ JOSPHB '. Ptolme. Almageste et Ceniiloquium^ . Galibn. LXber de elementis et De melancholia *. Origne. Commentaires sur la Gense et les E pitres^. Alexaihdre d'Aphrodisie *. Porphyre \ Eusbe'. Thmistus. Commentaire des Analytiques d Aristote .

Saint Basile*^. Saint Jean Chrysostome". Faux Deais. Hirarchie^^. Saint Jean Damascne^\ Methodius. Guillaume parle longuement dans le De Legibus de

1. Opp. I, p. 608 et 918. 2. Opp, I, p. 49, et Oxford^ Blliol coll. y ms, n^ 287, f** 43 r. 3. Opp. I, p. 245, 274, 640, 654, 658, 662, 799, 803, 928 et 1016. 4. Opp. I, p. 180, 267, 769 et 1054, II, suppL p. 114 et 235. 5. Opp. I, p. 217 et 584 et ras. de Chartres n 39 ret tempore limitatam et meusuratam, sed etiam unumquoelqae principium et unaquaeque propositio ejusdem. Omnes enim artes Tel icientiac, eum aggregatae sunt insimul ex necessitate, requirunt tempus infinitom in iMcquifitionibus suis, cum manifestum sit non esse Tenim numerum pro|M>*itionum ipsarum. Quot enim inventa sint circa lineas et quot possibile

Mt crca easelem invenire, similiter et circa superficies omnes, circa trianguUj^ et uiiamritiaiiique speciem ipsorum ; eodem modo et circa circulos et ;in:^ figuras inscribentes eos Tel inscriptas ab eisdem? Quis cogitare sufEciat ^A et quanta esset aviris exercitatis in talibusinveniri? Similiter se habel 4[ UMumeri generaliter scientiis, de quibus, si diligenter attendent, nTenies yt'fcul dubio infinitas et inscrutabiles m De nima^ cap. VI, p. III.

PHILOSOPHIE 235 Cependant^ parmi les sciences, il en est dont il faisait peu de cas^ par exemple les mathmatiques : Quel en est le fruit, disait-il^ si ce n'est une vrit arme de a preuves, mais une vrit nue, sche et froide, morte, pour mieux dire, une lumire nocturne, c'est--dire (( glace? O est la clart bnie, o est le fruit salutaire qu'elle apporte aux mes ? Sait-elle les meubler, les orner, les porter Dieu, crer en elles des vertus divines? Non. Elle les maintient froides, loin de la (c chaleur vitale et vivifiante, qui est l'amour de Dieu ; ce traitant de matires abstraites, elle abstrait l'me de ses adeptes de toute uvre, de toute pense sainte, pieuse ou salutaire. ^ La philosophie ne prsentait pas les mmes dfauts ; loin d'abaisser les mes, elle les conduisait Dieu * : Guillaume s'y livra passionnment. Longtemps avant le treizime sicle, la Scolastique avait eu le mrite de poser les problmes fondamentaux de toute philosophie et s'tait vertue les rsoudre. Les docteurs qui s'taient succd dans les coles n'avaient manqu ni de perspicacit, ni de hardiesse, jusqu'au moment o, las de recommencer sans cesse l'ternelle

1. Opp,j II, suppl.y p. 142. 2. Ce sont les penses qu^il exprime dans le De Paupertate spirituali, (Oxford, Balliol collge^ ms. n. 287, f kl r.) Guillaume n*est pas le seul philosophe de cette poque qui ait dfendu les droits de la raison : il ne fait qu'exprimer les sentiments de ses plus illustres contemporains. Voir sur ce sujet rintressant ouvrage de M. Salvatore Talamo : V aristotiume de la^ teolastique dans C histoire de la philosophie^ Paris, Vives, 1876, in-12, p. 114 et suiv.

236 PHILOSOPHIE dispute des ralistes et des nominaux^ ils avaient mis bas les armes et donn tte baisse dans le mysticisme d'Hugues de Saint- Victor ou dans le scepticisme de Jean de Salisbury. Ce dcouragement s'tait produit vers la fin du douzime sicle. Presque au mme moment, la Physique et la Mtaphysique d'Arislote, traduites en latin

et escortes d'innombrables commentaires arabes, firent irruption dans la littrature de l'Occident : ce fut une surprise gnrale. Possder, dans un texte authentique, les solutions que l'auteur de XOrganon^ le matre des philosophes, avait donnes aux plus hauts problmes de la science, c'tait un rve que tout docteur, si hardi qu'il ft, considrait comme irralisable : on lut avec avidit les livres nouveaux, on n'eut point plus tt fini les traits du Slagyrite, qu'on en chercha lexphcation dans Al-Farabi, Avicenne, Avicbron et Averros : la parole ne fut plus qu' ces nouveaux matres, et, au milieu de l'agitation produite par leurs doctrines audacieuses, la voix des anciens chefs d'cole, saint Anselme et Guillaume de Champeaux, parut singulirement monotone. Il y avait en effet lieu d'tre surpris. Malgr leur obscurit invitable, les sentences d'Aristote semblaient bien contredire, en plus d'un point, les principes reus et enseigns dans l'cole ; elles prtaient surtout des interprtations si tranges, si inattendues, que les professeurs se crurent transports dans un monde nouveau. Ici ils entendaient affirmer que tous les phnomnes du monde sensible taient rgis par les corps clestes * ; l, que cliaque individu tait une partie de la matire uni1. AJkiuli.

PHILOSOPHIE 37 verselle. On leur disait qu'un nombre infini de sphres procdant les unes des autres vont du premier moteur ternel et immuable jusqu'au dernier degr de l'tre*, que tout tre est un compos de matire et de forme *; dans l'me humaine, on distinguait une intelligence passive, individuelle, et un intellect actif, unique pour tous les hommes'. Au milieu de ces thses bizarres, mais proposes sous le couvert du grand nom d'Aristote, les docteurs cherchaient vainement se reconnatre, tandis que des esprits plus tmraires donnaient avec enthousiasme dans tous les carts du pripattisme. Il tait loin, le temps oii l'attention des philosophes tait concentre sur les dogmes chrtiens, et o le plus tmraire des novateurs, Ablard, n'tait coupable que d'avoir mal interprt le mystre de la sainte Trinit. A ce calme, avait succd la tourmente; les thses qui circulaient dans le monde des coles ne respiraient rien moins que l'orthodoxie. Panthisme, unit de substance, doctrine de l'ternit du monde, tels taient les systmes produits au grand jour, jusque dans cette Universit de Paris, sanctuaire de toute philosophie chrtienne. Lorsqu'enfin Talarme fut donne, le clerg de la province de Sens montra l'horreur que lui inspiraient ces hrsies, en faisant exhumer le corps d'Amaury de Bne et en conduisant au bcher quelques-uns de ses obscurs disciples (1209). Le lgat Robert de Couron

mit au ban de l'cole la Physique et la Mtaphysique

1. Aviceniie. 2. Avicbron 3. TeiTos.

238 PHILOSOPHIE d*Arislote (1215) : mais il ne put extirper des esprits de la jeune gnration les germes d*impit qu'y avait sems la lecture des livres nouveaux. Cesl alors que parut Guillaume. Il est le premier docleor du treizime sicle qui ait laiss une rputation intacte. Non seulement en effet il prcda Albert le Grand, mats il enseigna en public et crivit probablement ses cavrages avant Alexandre de Hals, que les historiens de h philosophie placent d'ordinaire le premier ^ Atcc un sang-froid qu'on ne saurait trop louer, il envisagea les nouvelles doctrines et dmla le vrai du faux. Plein de respect et d'admiration pour Aristote, il sut pourtant le rfuter sur bien des points et soumit une critique svre, mais non malveillante, les crits des commentateurs arabes. A le voir se tourner, tantt contre le Stagyrite, tantt contre Porphyre, Avicenne ou Averros tantt contre Platon, qu'il connat surtout par les citations de ses adversaires, bien qu'il reproduise son ii^su ses doctrines, on est tent de le plaindre : il lutte ssant le dtail de ses doctrines, nous aurons lieu |Uus d'une fois de montrer son indpendance ' : \ \W\^w\t*^ mourut, il est vrai, avant Guillaume ; mais il composa ses s^xf^t MMUt \t pontificat d*Innocent IV, tandis que Guillaume avait crit lv *M^ pn^bli^ment avant 1228. ^, |.A AiMl^ lie c