31
Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma Province du Bandundu République Démocratique du Congo Financée par Novembre 2009

Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Évaluation de la sécurité alimentaire

Zone de Santé de Djuma

Province du Bandundu République Démocratique du Congo

Financée par

Novembre 2009

Page 2: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 2/31

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS .................................................................................................... 2

RESUME INTRODUCTIF ............................................................................................. 3

1. INTRODUCTION .................................................................................................. 8

2. METHODOLOGIE ................................................................................................. 9 2.1. Méthodologie ............................................................................................... 9 2.2. Étude de marché ......................................................................................... 10 2.3. Contraintes ................................................................................................ 10

3. RESULTATS PAR COMPOSANTE ............................................................................. 10 3.1. Contexte et typologie des ménages ................................................................... 10

3.1.1. Contexte général ................................................................................... 10 3.1.2. Typologie des ménages ............................................................................ 11

3.2. Problématique ............................................................................................ 12 3.3. Production et disponibilité alimentaire .............................................................. 14

3.3.1. Agriculture ........................................................................................... 14 3.3.2. Élevage ............................................................................................... 16 3.3.3. Chasse ................................................................................................ 16 3.3.4. Pêche et pisciculture .............................................................................. 17 3.3.5. Dynamique du marché ............................................................................. 17

3.4. Revenus et dépenses .................................................................................... 19 3.4.1. Revenus .............................................................................................. 19 3.4.2. Dépenses ............................................................................................. 19

3.5. Disponibilité, accessibilité et utilisation de la nourriture ......................................... 20 3.6. Situation sanitaire ....................................................................................... 21

3.6.1 Santé .................................................................................................. 21 3.6.2. Eau et assainissement ............................................................................. 22

3.7. Mécanismes de survie ................................................................................... 23

4. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ..................................................................... 24 4.1. Conclusion ................................................................................................. 24 4.2. Recommandations ........................................................................................ 25

4.2.1. Ciblage prioritaire .................................................................................. 25 4.2.2. Recommandations d’intervention................................................................ 26

ANNEXES ........................................................................................................... 29 Enquête et rapport réalisé par : Gustave MWAMBA KIDIYA, Superviseur – Evaluateur Sécurité Alimentaire, ACF

REMERCIEMENTS

Les résultats de l’enquête présentés dans ce rapport sont le fruit d’une fructueuse collaboration. Aussi, l’équipe ACF exprime sa gratitude à toutes les personnes qui ont bien voulu échanger leurs connaissances et expériences en sécurité alimentaire dans le district sanitaire de Kwilu, plus précisément dans la zone de santé de Djuma, dans la Province du Bandundu. Il s’agit du point focal de la FAO Kikwit, du chef de projet PAB-ISCO, du chef d’antenne de la Banque Africaine de Développement, du médecin chef de zone. Nos remerciements s’adressent également aux autorités et populations villageoises qui ont montré un réel intérêt pour notre mission d’évaluation.

Page 3: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 3/31

RESUME INTRODUCTIF

Données démographiques

- La taille moyenne des ménages enquêtés est de 6 personnes, - Le statut matrimonial des chefs des ménages enquêtés se présente de la manière ci- dessous :

marié(e) : 76,7% ; veuf(ve) : 13,3% ; divorcé(e) et séparé(e) : 10%. - La répartition par âge des populations enquêtées se présente de la manière suivante: 0-6 ans :

26,7% ; 7-15 ans : 30,4% ; 16-55 ans : 31,7% et plus de 55 ans : 11,2%. - 91,8% des enfants âgés de 7 à 15 ans sont scolarisés, dont 59,2% de sexe masculin et 40,8% de

sexe féminin. - 13,3% des ménages enquêtés comptent un ou plusieurs membres soufrant d’un handicap

physique contre 86,7% qui n’en ont pas. - 16,7% des ménages enquêtés possèdent une ou plusieurs personnes dépendantes à leur charge

contre 83,3% qui n’en ont pas.

Productions

- 100% des ménages enquêtés pratiquent l’agriculture dont 30% font du maraîchage ;

- Les autres activités de production et génératrices de revenu pratiquées par les enquêtés par ordre d’importance sont : l’élevage familial (86,7%), la chasse (13,3%) et la pêche (6,7%) ;

- Le nombre moyen d’actifs agricoles par ménage est de 2 personnes. Il s’agit généralement du chef de ménage et de son conjoint pour les familles biparentales ;

- 100% des ménages agricoles ont chacun au moins une houe et une machette et 20% ont au moins une hache ;

- Le manioc, le maïs et l’arachide sont les principales spéculations cultivées par 100% des ménages enquêtés, et les autres spéculations telles que la courge, le sésame, le soja et le niébé sont cultivées respectivement par 56,7% ; 20% ; 13,3% ; 11,2% et 8,6% des ménages enquêtés ;

- Les superficies moyennes cultivées annuellement par ménage et par spéculation sont de l’ordre de 36,8 ares pour le manioc ; 24,3 ares pour le maïs; 20,4 ares pour l’arachide ; 12,1 ares pour la courge ; 9,7 ares pour le sésame et 5,2 ares pour le soja;

- Quant aux semences maraîchères, l’amarante est cultivée par 88,9% des ménages maraîchers enquêtés, la tomate par 77,8%, le piment par 33,3% et le choux par 22,2% des ménages maraîchers enquêtés ;

- Sur l’ensemble des ménages enquêtés pratiquant l’élevage du type familial, 70,4% possèdent de la volaille, 39,3% des chèvres, 27,9% des canards, 20,6% des moutons et 11,8% des porcs ;

- 79,2% des ménages éleveurs déclarent avoir fait face à une baisse du nombre de leurs animaux dans les trois derniers mois pour les raisons suivantes : les épizooties citées par 84,2% des ménages enquêtés notamment le pseudo peste aviaire et la peste porcine ; la divagation et les conflits liés à la divagation des animaux (78,9%), le vol pour 53,7% et la vente des bêtes citée par 21,1% des ménages ;

- Les contraintes liées aux activités agricoles évoquées par ordre d’importance par les ménages enquêtés sont : le manque de semences de qualité cité par 87,5% des ménages enquêtés, le manque d’outils de qualité et diversifiés cité par 69,6%, le vol cité par 32,7% et les problèmes d’infertilité du sol due aux feux de brousse répétés cités par 34,7% des ménages enquêtés ;

- Par rapport aux contraintes relatives aux activités maraîchères, le manque d’outils aratoires et de semences de bonne qualité est évoqué par 100% des maraîchers enquêtés ; le manque de produits phytosanitaires est repris par 76,2% et le manque de connaissances par 46,5% ;

- Les contraintes aux activités de pêche sont la rareté des poissons (100%), le manque d’intrants (filets, hameçons etc.) pour 58,4% et l’ignorance des bonnes techniques de pêche (42,9%) tandis que celles relatives aux activités piscicoles sont le manque d’outils et d’alevins (100%), la pénibilité des travaux (73,8%) ;

Page 4: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31

- Les ménages de chasseurs enquêtés signalent la rareté du gibier (100%) et le manque d’intrants (cartouches, fusils) 52,7% ;

- Quant à l’utilisation des produits agricoles par spéculation, le manioc et le voandzou sont consommés respectivement à des proportions de 53,2% et 52,7, et vendu à des proportions de 30,4% et 47,3% respectivement. La part restante de manioc est écoulée sous forme de troc (16,4%) ;

- Les autres produits vivriers tels que le maïs, le sésame, l’arachide, le riz et la courge sont plus vendus respectivement à des proportions de 91,6% ; 87,1% ; 82,3%, 57,2% et 54,6%, ils sont consommé respectivement à des proportions de 8,4% ; 12,9% ; 17,7%, 42,8% et 45,4%. Aucune part n’est réservée aux stocks, aux semences, au troc, aux remboursements, aux dons, aux éventuelles pertes pour toutes ces spéculations ;

- Les ménages maraîchers enquêtés déclarent que 63,7% de leurs productions sont consommés tandis que 36,3% sont vendus ;

- Quant à la production halieutique, 68,8% des poissons sont vendus et 31,2% consommés ;

- Quant à la chasse, 84,6% des gibiers sont vendus et 15,4% sont consommés.

Revenus

- Le revenu moyen quotidien des ménages enquêtés est 515 FC, soit 3605 FC hebdomadairement avec un écart type de 242 FC (soit 1694 FC par semaine), pourtant la distribution de revenu quotidien s’étale de 200 FC à 1400 FC soit 1400 FC et 9800 FC hebdomadairement.

- Les principaux postes de dépenses des ménages enquêtés se repartissent en moyenne de la manière suivante : éducation (39,3%), alimentation (28,7%), santé (25,7%) et obligations sociales (6,83%).

Consommation et diversité alimentaire

- Les mécanismes de survie développés en période de difficultés alimentaires sont par ordre

d’importance : la modification des habitudes alimentaires (36,9%), la réduction du nombre des repas (32,3%), l’emprunt (12,3%), les travaux journaliers non agricoles (7,7%), les dons (6,2%) et le petit commerce (4,6%);

- Généralement, les ménages enquêtés prennent en moyenne 1 repas par jour en période difficile contre 2 en période normale. Toutefois, 78,4% d’enquêtés interrogés déclarent avoir accès à un repas par jour contre 21,6% qui affirment prendre 2 repas par jour en période de difficulté alimentaire. Par ailleurs, en période dite normale, 8,5% d’entre eux ont accès à 1 repas par jour, 73,1% à 2 repas par jour et 18,4% à 3 repas par jour ;

- En période normale, les principaux aliments qui entrent dans la composition du repas du ménage par ordre d’importance sont le manioc pris sous toutes ces formes, les feuilles de manioc et l’huile de palme, consommés par 100% des ménages enquêtés tandis que les protéines animales sont consommées à 36,7%. Les autres groupes d’aliments entrent très faiblement dans la composition des repas ;

- En période dite difficile, les principaux aliments qui entrent dans la composition du repas du ménage par ordre d’importance sont le manioc pris sous toutes ces formes (fufu, chikwange, etc.), les feuilles de manioc et l’huile de palme consommés dans tous les ménages enquêtés (100%) ; les légumes (fougères sauvages : mfumbwa, bandindi) par 64,4% des ménages, et enfin les protéines animales par 22,8% ;

- En période normale, les ménages ont plusieurs sources de provenance de la nourriture. 83,2% des nourritures proviennent des stocks au champ ou à la maison ; 10,7% des achats au marché local et 6,1% de la nourriture proviennent des dons qui se font selon les liens de solidarité développés dans la communauté.

- Les sources de provenance de la nourriture des ménages enquêtés en période difficile sont : 64,2% des nourritures proviennent des stocks au champ ou à la maison, 22,4% des emprunts auprès des membres de la famille et du village et 13,4% des achats au marché local ;

- Le taux de diversité alimentaire hebdomadaire moyen des ménages enquêtés est de 28,2%. Le rappel de la fréquence hebdomadaire moyenne de la prise alimentaire se présente de la manière ci-dessous : 6 fois pour des plats à base de tubercules ou de racines, 4 fois pour les

Page 5: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 5/31

légumes et l’huile de palme, 2 fois pour les plats à base de maïs, les fruits, le poisson (frais, salé, fumé), du sucre et des aliments comme des épices, du thé et du café, 1 fois pour la viande, les protéines végétales (haricot, petits pois, et soja) et moins d’une fois pour les œufs et les produits laitiers.

Dynamique du marché local

- Au moment de l’évaluation, 72,6% des ménages enquêtés ont observé une augmentation des prix des denrées alimentaires sur le marché local contre 27,4% qui ont dit le contraire; 68,9% ont observé une absence de certains produits contre 31,1% des ménages qui ont émis un avis contraire et enfin 100% ont signalé la baisse des activités sur le marché ;

- Les produits ayant augmenté de prix sont la viande et le poisson ;

- Les produits absents sur le marché sont les produits vivriers tels que l’arachide, le maïs, etc.

Santé et accès aux soins

- L’enquête nutritionnelle anthropométrique réalisée par ACF sur la zone en octobre a montré les résultats suivants : MAG 19,8% [16,0% - 23,6%] et MAS 4,1% [2,6% - 5,6%]1 ;

- Au cours du mois précédent, les ménages ont connu les épisodes de maladie suivants : 74,8% des ménages ont souffert de fièvre, 67,3% ont souffert de diarrhée simple et sanglante et 53,5% ont souffert de la malaria ;

- En cas de maladie, la première option des ménages est l’automédication (36,2%). C’est en second lieu que les ménages pensent à se faire soigner dans un centre ou poste de santé (32,5%). Si les moyens ne le permettent pas, ils utilisent des produits locaux ou des plantes connus dans la pharmacopée locale (21,7%) et le cas échéant, ils consultent un médecin traditionnel (9,6%) ;

- Les raisons évoquées de ne pas visiter un centre de santé sont les prix élevés des consultations et soins évoqués par 77,4% des ménages enquêtés et l’éloignement des centres de santé ou postes de santé cité par 22,6% des ménages.

Eau et assainissement

- L’approvisionnement en eau potable se fait à la rivière (82,6%), à un puits ou une source non aménagée (71,2%) et à une source ou puits aménagé (14,8%) ;

- Les ménages utilisent comme les récipients des bidons de 20 litres (65,3%) et 25 litres (34,7%) et les ménages font en moyenne 4 courses par jour pour réunir la quantité d’eau nécessaire ;

- 100% des ménages ne font pas bouillir l’eau de boisson.

- Les ménages ont des latrines individuelles dans leur parcelle (81,7%), mais certains font leurs besoins en brousse (16,3%).

Problèmes

Causes de la crise observée dans la zone

• Une importante baisse de la production agricole durant plus d’une décennie selon les

informations recueillies auprès de la FAO Kikwit, des partenaires œuvrant dans le territoire de Bulungu (ISCO, projet PARSAR financé par la Banque Africaine de Développement ainsi que les associations locales). La baisse de la production agricole serait due essentiellement :

- A la réduction rapide de la fertilité des sols suite à la dévastation des forêts, le raccourcissement de la durée des jachères et les feux de brousses répétés d’année en année ;

- Aux perturbations climatiques marquées par des pluies tardives depuis 2000 ayant comme conséquence l’inadaptation aux nouvelles conditions par les agriculteurs conservateurs de leur calendrier agricole ;

1 Référence NCHS, Z score, résultats exprimés avec un intervalle de confiance à 95%

Page 6: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 6/31

- A la marginalisation des activités agricoles au profit du petit commerce ambulant par les jeunes ;

- L’exode rural qui eu pour conséquence la diminution de la main potentielle (jeune) ;

- Aux faibles superficies emblavées ;

- A la dégénérescence des semences vivrières par manque de banques de semences et de lieux sûrs d’approvisionnement ;

- Au manque d’outils de qualité. • Le problème d’évacuation des produits agricoles dans la zone se pose avec acuité et est aussi

l’une des causes de la baisse de la production. Les contraintes d’évacuation des produits agricoles se situent à plusieurs niveaux, à savoir :

- L’inaccessibilité et l’isolement de certains sites dus à la dégradation avancée des routes et pistes de dessertes agricoles ;

- Le manque de preneurs au niveau des villages suite à l’inaccessibilité des zones de production et aux difficultés d’évacuation ;

- L’insuffisance et la mauvaise structuration du système de collecte et de stockage (manque de hangars de stockage au niveau des ports et parkings : les preneurs attendent l’arrivée des bateaux pour commencer à faire descendre les produits). Des pertes énormes sont enregistrées dans les entrepôts mal couverts (infiltrations et mauvais conditionnement) ;

- Le déséquilibre des échanges commerciaux en défaveur des producteurs : le système de troc et la vente précoce des produits de la récolte est à l’origine de la précarité de revenu des producteurs ;

- Les tracasseries administratives et policières, vols et autres obstacles entravant toute initiative visant à améliorer les conditions d’échange.

• Les maladies phytosanitaires (mosaïque du manioc, chromolaena odorata2, etc.) ; • Les épizooties cycliques (la peste porcine d’origine africaine, la pseudo peste aviaire) qui

ravagent le petit élevage ainsi que la dégénérescence des géniteurs ; • Les prises alimentaires déséquilibrées et peu diversifiées sur le plan nutritionnel ; • Les problèmes liés à la santé (manque d’eau potable, mauvaises conditions d’hygiène) à

l’origine des maladies hydriques; • Les mauvaises habitudes alimentaires (repas monotones : fufu aux feuilles de manioc, de

courge, etc.) ; • Le manque d’encadrement technique des producteurs en faveur de l’augmentation de la

production agricole, de la transformation, de la valorisation et de la commercialisation des produits agricoles.

Conséquences de la crise

• Disponibilité limitée de la nourriture au niveau de la zone : Vraisemblablement, l’insécurité

alimentaire observée dans la zone de santé de Djuma s’explique par la pénurie des denrées alimentaires et la précarité des revenus des ménages. La pénurie des denrées alimentaires est due à la baisse de la production agricole tandis que la précarité des revenus des ménages est due essentiellement aux contraintes liées à l’écoulement des produits de la récolte doublées du déséquilibre des échanges commerciaux en défaveur des producteurs.

• Accessibilité limitée à la nourriture au niveau du ménage : la disponibilité limitée de la nourriture dans la zone à des répercutions sur les prix de celle-ci. La flambée des prix des denrées alimentaires de base et la médiocrité des revenus moyens expliquent l’insécurité alimentaire au niveau des ménages. Les indicateurs les plus pertinents de l’accessibilité limitée à la nourriture observée en période difficile sont la réduction du nombre des repas journaliers (de 2 à 1 repas par jour), la variation de la composition du repas, etc.

• Utilisation inadéquate de la nourriture : les mauvaises habitudes alimentaires, le régime alimentaire déséquilibré sur le plan nutritionnel, les interdits et quelques restrictions dans la

2 Chromolaena odorata : le contact de cette plante avec les tubercules de manioc fait pourrir ces dernières. Pourtant, arrachée, elle s’avère un excellent fertilisant pour les cultures céréalières et légumineuses.

Page 7: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 7/31

prise de quelques aliments riches en protéines, semblent aussi être une des causes des cas de malnutrition observés sur la zone chez les enfants âgés de 6 à 59 mois et les femmes enceintes et allaitantes, tous vulnérables au problème de malnutrition.

Typologies des ménages vulnérables

• Les ménages vulnérables ou pauvres retenus après compilation des données sur le critère des richesses sont : ménages de paysans agriculteurs sans intrants agricoles de qualité et diversifiés (outils aratoires et semences) et ménages ayant un champ de moins de 25 ares. Cette catégorie représente 71% des ménages (soit 21 181 ménages), au sein desquels 36% (soit 7 625 ménages) sont plus vulnérables, notamment : les ménages ayant un ou plusieurs enfants mal nourris, les ménages reconnus agriculteurs mais ne disposant pas d’un outillage de qualité et diversifié ; les familles monoparentales dont la femme est chef de ménage.

• Les ménages à revenu moyen : Selon les critères de richesse, ce sont ceux les ménages d’agriculteurs exploitant des champs de plus de 25 ares et associant une à deux autres activités génératrices de revenu. Cette catégorie représente 25% des ménages enquêtés (soit 7 458 ménages).

• Les ménages riches au sein de la population sont ceux possédant plus d’un champ de 25 ares, les ménages ayant des petites activités commerciales, une maison en matériaux durables, les ménages possédant des biens de valeur tels que moto, radio, groupe électrogène, moulin, etc. Ils ne représentent que 4% des ménages enquêtés (soit 1 194 ménages).

Recommandations

Court terme

- Distribution d’intrants agricoles aux populations vulnérables de la zone ;

- Distribution de kits maraîchers aux déchargés de l’UNTI et des UNTA ;

- Distribution d’intrants piscicoles (outillages et alevins) aux associations ;

- Formation des bénéficiaires et partenaires en techniques agricoles et piscicoles;

- Sensibilisation et formation des bénéficiaires sur l’utilisation adéquate de la nourriture chez les nourrissons, les enfants âgés de 6 à 59 mois, les femmes enceintes et allaitantes ;

- Multiplication des semences d’arachide et des boutures saines de manioc ;

- Relance de la dynamique organisationnelle (groupement de producteurs agricoles et piscicoles) ;

- Mise en place de jardins de démonstration dans les UNT ;

- Mise en place, à titre pilote, d’un grenier semencier communautaire (céréales et légumineuses) gérer par une association de femmes ;

- Sensibilisation et formation sur les techniques agroforesteries (protection des sols, limitation des brûlis systématiques) en collaboration avec les autorités locales déjà engagées dans la délimitation de zones forestières protégées.

Moyen terme - Désenclavement de la zone (réhabilitation des pistes de desserte agricole) ;

- Renforcement des capacités techniques des producteurs locaux (agriculteurs, pisciculteurs) ;

- Organisation et renforcement des circuits de commercialisation des produits agricoles ;

- Mise en place de banques de semences à travers des coopératives / groupements villageois de producteurs ;

- Construction d’hangars portuaires pour le stockage et la conservation des produits agricoles avant leur évacuation ;

- Mise en place d’activités génératrices de revenu (AGR) et d’unités de transformation (râpeuse, moulin), valorisation des productions agricoles ;

- Relance du petit élevage familial.

Page 8: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 8/31

- Renforcement de la dynamique organisationnelle communautaire à travers la formation et la sensibilisation

- Relance de l’arboriculture (pépinières de palmiers à huile) et de l’activité de transformation d’huile de palme dans le cadre d’une pilote d’un parc communautaire agroforestier.

Long terme

- Renforcement de la dynamique communautaire ;

- Développement de l’initiative d’entreprise agricole familiale (fermes agricoles familiales) ;

- Diversification et renforcement des capacités de transformation des produits agricoles et des filières commerciales au départ (produits agricoles bruts/transformés) et à destination (produits de première nécessité et équipements productifs divers) des communautés bénéficiaires.

1. INTRODUCTION

La zone de santé de Djuma est parmi les zones de santé du district sanitaire d’extrême vulnérabilité sur le plan nutritionnel et alimentaire. L’enquête nutritionnelle anthropométrique réalisée par ACF dans la zone de santé de Djuma en octobre 2009 a fait état d’une prévalence élevée de la malnutrition aigue chez les enfants de moins de 5 ans, soit MAG : 19,8% [16,0% - 23,6%] et MAS : 4,1% [2,6% - 5,6%]3. Ces taux sont très supérieurs au seuil d’urgence (MAG 10% en RDC) et aux taux enregistrés un an plus tôt dans la même zone : MAG : 9,6% [7,8% - 11,5%] et MAS : 1,5% [0,8% - 2,2%].

Les conditions d’existence de la population du territoire de Bulungu en général et de la zone de santé de Djuma en particulier se détériorent depuis plus d’une vingtaine d’années. Jadis, l´économie de ce territoire s’articulait essentiellement autour de quelques huileries (Ex Domaine de la Bakali, Luano CKE, CDR, etc.). La mauvaise gestion ainsi que la destruction de l’outil de production due aux pillages et aux guerres ont augmenté le nombre de chômeurs, ce qui a entraîné une crise sociale qui est visible dans la zone.

La réduction rapide de la fertilité des sols est une grave menace sur la sécurité alimentaire. La dévastation des forêts, le raccourcissement de la durée des jachères et les feux de brousse répétés d’année en année diminuent constamment la fertilité des sols de la zone. La diminution de la production due aux causes ci haut mentionnées doublée de l’impraticabilité des routes de desserte agricole a des répercutions sur le petit commerce qui était jadis florissant et a plongé actuellement la population dans une situation de précarité et de vulnérabilité absolue sur le plan nutritionnel et alimentaire.

Sur le plan sanitaire, le paludisme, les infections respiratoires aigues (IRA), l’anémie, la malnutrition et les maladies diarrhéiques sont les pathologies les plus courantes dans la zone, selon les autorités sanitaires.

Sur le plan nutritionnel, le PUNC d’ACF (Pool Urgence Nutrition Congo) intervient depuis fin octobre dans la zone. Pendant les deux premières semaines de son intervention sur la zone, quatre Unités Nutritionnelles Thérapeutiques Ambulatoires (UNTA) et deux UNTI (Intensives) ont été ouvertes et plus de 600 cas de malnutrition aigue sévère ont déjà été admis.

Par et à travers toutes ces considérations, Action Contre la Faim a pris l’option d’effectuer une évaluation en sécurité alimentaire (et une évaluation en eau et assainissement4) afin d’améliorer la connaissance de la vulnérabilité et des causes de la malnutrition dans la zone.

Cette évaluation a été réalisée dans la Zone de Santé de Djuma, district sanitaire de Kwilu, territoire de Bulungu, province du Bandundu, du 15 au 23 octobre 2009. Cette mission d’évaluation avait quatre objectifs:

Décrire et analyser les caractéristiques des moyens d’existence des ménages. Identifier les principales contraintes affectant les différents aspects relatifs à la

sécurité alimentaire des ménages ainsi que les conséquences qui en découlent. 3 Référence NCHS, Z score, résultats exprimés avec un intervalle de confiance à 95% 4 ACF Évaluation eau, assainissement et hygiène, ZS de Djuma, Province de Bandundu, Novembre 2009

Page 9: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 9/31

Effectuer une typologie des ménages selon une échelle de vulnérabilité construite localement.

Dégager les déterminants de l’insécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables et proposer les types d’intervention appropriés.

Le présent rapport s’articule autour des points ci-dessous :

le premier point présente la méthodologie utilisée pour cette évaluation ; le deuxième point, présente les résultats par composante définie dans le questionnaire

y compris le contexte géographique, socio-économique et humanitaire de la zone d’étude ;

Enfin, une conclusion et quelques recommandations marqueront le terme de ce présent rapport.

2. METHODOLOGIE

2.1. Méthodologie La méthodologie de la présente étude s’articule autour des points ci-dessous :

- L’exploitation des données secondaires et les rencontres avec des personnes ressources et des partenaires ;

- L’organisation de 4 focus groupes (à Djuma, Kimbata, Luzubi et Dwe) ; - La réalisation de 150 enquêtes ménages.

Les outils de collecte des données utilisés sur le terrain sont le questionnaire semi structuré pour les focus groupes, l’entretien avec les personnes ressources et le questionnaire structuré pour les entretiens ménages (copies en annexe). Pour les enquêtes ménages, l’échantillonnage a été effectué de concert avec l’équipe eau et assainissement. En se servant des données de l’enquête nutritionnelle anthropométrique d’ACF d’octobre, les évaluations sécurité alimentaire et eau et assainissement n’ont touché que 15 aires de santé ayant une prévalence élevée de malnutrition aigue sévère sur les 28 qui constituent la zone de santé. Au premier degré, après constitution d’une base de sondage pour chacune des aires de santé (liste exhaustive des villages ou quartiers de chaque aire de santé ou quartier), un seul village a été sélectionné dans chacune d’entre elles. Au deuxième degré, c’est par la méthode du crayon lancé, pour choisir d’abord la direction, puis les ménages, que dix ménages ont été sélectionnés dans chaque grappe. Les grappes retenues ont été regroupées en 4 axes selon les critères d’accessibilité:

Axes Aires de Santé Sites d’enquête (Villages/Quartiers)

Distance par rapport au

BCZ Axe Dwe (Nord et le Nord-Est)

Dwe Nganga Mandundu 50 km Lareme Nsalwo 50 km

Axe centre Luzubi Kimpa 27 km Djuma Kibwadi 2 km

Axe Busala (Est) Busala Busala 57 km Miah Nganga 105 km

Axe Moaka (Sud et Sud-Est

Longama Mibili 133 km Ngunu Ngunu 121 km Kimpini Tshampere 1 125 km Kimbangula Kibiti 30 km Mayoko Mayoko 88 km Mubolo Mubolo 3 112 km Moaka Moaka 67 km Muyene Kimputu 75 KM Eto Mubini 126 km

Page 10: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 10/31

2.2. Étude de marché Dans le but d’évaluer la disponibilité locale des denrées alimentaires entrant dans la composition du panier de la ménagère, une étude de marché a été faite sur l’étendue de la zone de santé de Djuma. Les prix relevés sur le marché sont présentés dans la partie consacrée aux résultats de l’étude.

2.3. Contraintes Les contraintes rencontrées ont été de plusieurs ordres :

• Climatiques : pluies abondantes et régulières, limitant ainsi la mobilité ; • Logistiques : zone enclavée par la forte dégradation des routes ; • Large échantillonnage.

3. RESULTATS PAR COMPOSANTE

3.1. Contexte et typologie des ménages

3.1.1. Contexte général La zone de santé de Djuma est située dans le territoire de Bulungu, district sanitaire de Kwilu, à 215 km de Kikwit, dans la province de Bandundu. Elle est limitée :

• Au Nord par la zone de santé de Sia ; • A l’Est par les zones de santé de Mokala et de Bulungu, • A l’Ouest par les zones de santé de Yasa Bonga et de Bagata, • Au Sud par la zone de santé de Vanga ;

La zone de santé a une superficie de 4.000 km² avec une population estimée à 178.996 habitants. Sa densité est de 45 habitants au km². Le climat est du type tropical avec 2 saisons : une saison sèche de mi-mai à mi-août, et une saison des pluies de mi-août à mi-mai intercalée par une petite saison sèche irregulière de plus ou moins un mois entre janvier et février. Le relief est constitué de plaines, collines et vallées sur un sol argilo sablonneux. La végétation est constituée de savane boisée et quelques forêts galeries le long de la rivière Kwilu. Sur le plan hydrographique, la zone est traversée par la rivière Kwilu et quelques petits ruisseaux (rivière louis, Lubidi, etc.).

Les principales ethnies de la zone de santé de Djuma sont les Yanzi (70%) majoritaires, les Mbala (20%), les Ngongo (5%), les Ungana et les Umbu (5%) minoritaires. Les Yanzi occupent tous les trois secteurs administratifs de la zone (Mikwi, Kwilu-Kimbata et Dwe), les Mbala, les Ngongo et les Ungana occupent les deux secteurs de Mikwi et Kwilu-Kimbata et enfin les Umbu ne sont implantés que dans le secteur de Mikwi. Ces différentes ethnies parlent chacune une langue portant le même nom que l’ethnie. Quelques soient cette diversité linguistique observée, la langue vernaculaire parlée et entendue par tous est le Kikongo ya.

Par rapport à l’organisation du pouvoir, il y a coexistence des pouvoirs coutumier et administratif. Le territoire de Bulungu auquel appartient la zone de santé de Djuma compte 10 secteurs dont 3 sont inclus dans la zone de santé de Djuma, à savoir : le secteur Kwilu Kimbata, le secteur Mikwi et le secteur Dwe dirigé chacun par un chef de secteur, et chaque secteur est subdivisé en groupement dirigé chacun par un chef de groupement investi à la fois d’un pouvoir coutumier et administratif. Les acteurs répertoriés dans la zone de santé de Djuma, sont les suivants :

1. CECID-USAID : 2000 - 2007 : Il est intervenu dans la distribution aux agriculteurs d’outils agricoles, de semences vivrières (arachide), de semences maraîchères (choux, amarante et tomate) et dans la relance agricole par la multiplication des boutures saines de manioc ;

2. UNOPS : 2007 - 2008 ; est intervenu dans la distribution de semences vivrières (maïs, arachide) et d’outils aratoires (houe, machette et hache) aux agriculteurs ;

Page 11: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 11/31

3. FAO : 2009 : elle a distribué des kits maraîchers composés d’outils aratoires (houe, machette, râteau, fourche, arrosoir) et de semences de tomate, gombo, amarante, ciboule, choux pommé, oseille et épinard. La FAO a également distribué des semences vivrières (arachide : variété GL 24 et maïs : variété Kasaï 1).

4. D’autres intervenants en sécurité alimentaire à travers des programmes de développement (ISCO financé par l’Union Européenne, projet PARSAR financé par la Banque Africaine de Développement ainsi que les associations locales).

Ces interventions n’ont pas pu couvrir les grands besoins d’intervention, nécessaires à l’amélioration de la situation nutritionnelle et alimentaire des ménages de la zone de Santé de Djuma, toujours vulnérables. Aussi, de nouvelles interventions immédiates, impact plus rapide et mises en œuvre dans une approche plus adaptée aux réalités environnementales, dont celles édaphiques, climatiques et aux contraintes logistiques soulignées (enclavement) plus haut, s’imposent.

3.1.2. Typologie des ménages Le ménage agricole constitue l’unité économique de base pour l’organisation et la conduite des travaux agricoles. Par rapport à l’organisation au sein de cette entité, il existe une division de travail en fonction du sexe. Le plus grand nombre d’opérations est réalisé par la femme. Généralement l’homme se charge du déboisement, du défrichement et du déserbage. Les opérations qui suivent le brûlis reviennent à la femme, en particulier, le labour, le semis, les sarclages, la récolte et les autres opérations de traitement (égrenage, décorticage, rouissage, séchage, mouture, etc.). Si les jeunes filles participent largement aux travaux agricoles, il n’en est pas de même des jeunes garçons. Le transport des lourd fardeaux (bois, panier de manioc, etc.) est l’apanage de la femme et des jeunes filles. Par rapport à l’organisation sociale au sein des communautés, les réseaux de solidarité sont très forts au sein de la population et coexistent entre différents niveaux : famille élargie, clan, organisation paysanne, village, etc. Cette solidarité se manifeste de plusieurs manières :

- Facilitation de l’accès aux moyens de production (équipement de pêche et de chasse, outillage agricole, semences) par le prêt ou le don ;

- Assistance à un membre de la communauté frappé soit par un deuil, soit par une maladie le rendant improductif ;

- Travaux collectifs de champ (mutualités ou associations). Il s’agit du défrichage, de l’abattage des arbres, de l’incinération et même des semis.

Il faut noter que l’exécution en commun de certains travaux agricoles, par exemple le défrichage en forêt, n’est qu’une forme d’entraide et non une forme directe ou indirecte de collectivisation ; l’exploitation reste individuelle ou micro familiale. Par rapport à l’accès à la terre, il faut signaler que la plupart des terres sont des terres coutumières. Les droits fonciers sont détenus et exercés par le clan ou la collectivité à laquelle appartiennent des individus qui y ont des droits et devoirs. Au sein du terroir de son village, l’individu ou plus précisément le ménage peut librement choisir l’emplacement de ses champs dans la mesure où il n’empiète pas sur les droits des autres individus, et peut exploiter toute la surface qu’il désire sans limitation. Il garde la jouissance de son champ aussi longtemps qu’il le met en valeur. Les produits de son champ lui appartiennent en propre. Toutefois, les chefs des villages et les notables gèrent rationnellement les terres selon le système cultural mis en place. Ils veillent sur les terres mises en jachère et sur quelques espaces forestiers destinés à la chasse et au grappillage. Par contre, les chefs des terres, des villages et des groupements ont seulement le droit à une redevance pour les produits de la chasse issus des espaces protégés. Dans le cas des étrangers établis dans la communauté et ayant reçu une portion de terre, ils ne possèdent sur cette dernière qu’un simple droit d’usage accordé par le propriétaire terrien, moyennant parfois une valeur symbolique. Le bénéficiaire ne peut prétendre à aucun droit de propriété. La jouissance est souvent de courte durée. Par ailleurs, le matriarcat constitue le mode d’héritage en vigueur jusqu’à ce jour au sein des communautés ethniques de la zone et la succession du pouvoir suit également les mêmes prescriptions. Par rapport à la pratique de mariage reconnue, la polygamie est la forme acceptée

Page 12: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 12/31

et reconnue par la tradition des communautés. Ce système est plus renforcé chez les Yanzi à cause du système «kintwidi»5. La typologie des ménages découlant des entretiens avec les communautés se présente comme suit :

• Les ménages vulnérables ou pauvres retenus après compilation des données sur le critère des richesses sont : ménages de paysans agriculteurs sans intrants agricoles de qualité et diversifiés (outils aratoires et semences) et ménages ayant un champ de moins de 25 ares. Cette catégorie représente 71% des ménages (soit 21 181 ménages), au sein desquels 36% (soit 7 625 ménages) sont plus vulnérables, notamment : les ménages ayant un ou plusieurs enfants mal nourris, les ménages reconnus agriculteurs mais ne disposant pas d’un outillage de qualité et diversifié ; les familles monoparentales dont la femme est chef de ménage.

• Les ménages à revenu moyen : Selon les critères de richesse, ce sont ceux les ménages d’agriculteurs exploitant des champs de plus de 25 ares et associant une à deux autres activités génératrices de revenu. Cette catégorie représente 25% des ménages enquêtés (soit 7 458 ménages).

• Les ménages riches au sein de la population sont ceux possédant plus d’un champ de 25 ares, les ménages ayant des petites activités commerciales, une maison en matériaux durables, les ménages possédant des biens de valeur tels que moto, radio, groupe électrogène, moulin, etc. Ils ne représentent que 4% des ménages enquêtés (soit 1 194 ménages).

3.2. Problématique

La zone de santé de Djuma se situe dans une zone de transition entre la partie Nord de la province de Bandundu dominée par des forêts ombrophiles, des terres marécageuses et la zone des steppes dans la partie Sud.

Cependant, enclavé par l’inexistence d’un réseau routier efficace et par la faible navigabilité de ses cours d’eau, le territoire de Bulungu en général et la zone de santé de Djuma en particulier rencontrent de nombreuses contraintes dans l’écoulement de leurs surplus agricoles. Cette situation conduit à une dépréciation progressive des activités agricoles par les agriculteurs qui se tournent vers l’exode rural à destination des centres urbains et/ou des sites miniers à la quête d’un complément à leurs déficits financiers, consécutifs à la mévente des productions agricoles.

Les conséquences de la mévente des productions agricoles se traduisent par une faible capacité pour les populations rurales à satisfaire leurs besoins sociaux et un faible accès aux produits de première nécessité. Ces conséquences sont d’autant plus éprouvantes que les ménages agricoles tirent, pour l’essentiel, une importante partie de leurs ressources de la vente de leur production agricole.

L’enquête sécurité alimentaire ACF a mis en exergue les contraintes ci-dessous des ménages agricoles et dont les conséquences se manifestent au niveau de la zone, du ménage et de l’individu.

Une importante baisse de la production agricole durant plus d’une décennie selon les informations recueillies auprès de la FAO Kikwit, des partenaires œuvrant dans le territoire de Bulungu (ISCO, projet PARSAR financé par la Banque Africaine de Développement ainsi que les associations locales). La baisse de la production agricole serait due essentiellement :

- A la réduction rapide de la fertilité des sols suite à la dévastation des forêts, au raccourcissement de la durée des jachères et aux feux de brousses répétés d’année en année ;

- Aux perturbations climatiques marquées par des pluies tardives depuis 2000. Les agriculteurs conservateurs de leur calendrier agricole ont du mal à s’adapter aux nouvelles conditions climatiques;

- A la marginalisation des activités agricoles au profit du petit commerce ambulant par les jeunes ;

- L’exode rural qui a eu pour conséquence, la diminution de la main d’œuvre potentielle (les jeunes) ;

- Aux faibles superficies emblavées ;

5 Kintwidi : unions conjugales incestueuses entre oncles et nièces maternelles.

Page 13: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 13/31

- A la dégénérescence des semences vivrières (arachide, paddy, maïs, etc.) par manque de banques de semences et de lieux sûrs d’approvisionnement ;

- Au manque d’outils de qualité.

Le problème d’évacuation des produits agricoles dans la zone se pose avec acuité et est aussi l’une des causes de la baisse de la production. Les contraintes d’évacuation des produits agricoles se situent à plusieurs niveaux, à savoir :

- L’inaccessibilité et l’isolement de certains sites dû à la dégradation avancée des routes et pistes de desserte agricole. Le mauvais état des routes de desserte agricoles freine largement les possibilités d’évacuation des produits agricoles. Les transporteurs routiers perdent beaucoup de temps pour atteindre les zones de production (zone de santé de Djuma) et en perdent davantage pour rejoindre Kinshasa avec leurs lourdes cargaisons. Les difficultés à accéder aux zones de production concernent aussi la navigation fluviale. Le manque d’entretien (dragage, nettoyage) de la voie fluviale réduit sa navigabilité surtout durant la courte saison sèche ;

- Le manque de preneurs au niveau des villages suite à l’inaccessibilité des zones de production et aux difficultés d’évacuation : l’inaccessibilité des zones de production limite énormément l’activité des preneurs qui réduisent et même parfois arrêtent tout simplement leur activité commerciale car les prix qui leur sont proposés par les transporteurs n’offre aucune viabilité à leur commerce. Par moment, les récoltes d’une saison agricole viennent encore s’ajouter au stock précédant, ce qui ne manque pas d’empirer les contraintes de stockage.

- L’insuffisance et la mauvaise structuration du système de collecte et de stockage (manque de hangars de stockage au niveau des ports et parkings). Au-delà des contraintes infrastructurelles, Djuma connaît un réel problème structurel qui est l’inexistence d’un réseau dynamique de producteurs à même de mettre en place et d’organiser un système de collecte et de stockage des produits agricoles en vue de leur écoulement. les preneurs attendent l’arrivée des bateaux pour commencer à faire descendre les produits. Des pertes énormes sont enregistrées dans les entrepôts mal couverts (infiltrations et mauvais conditionnement) ;

- Le déséquilibre des échanges commerciaux en défaveur des producteurs : le système de troc et la vente précoce des produits de la récolte sont à l’origine de la précarité de revenu des producteurs. La faible circulation de devises et le nombre limité de preneurs ont finit par créer un déséquilibre profond dans les échanges commerciaux largement défavorables aux producteurs. En effet, les rares preneurs qui s’aventurent encore dans la zone reprennent les produits agricoles aux paysans à des tarifs misérables. Faute de pouvoir écouler leurs productions, les paysans en arrivent à les céder au premier venu afin d’obtenir un peu d’argent pour satisfaire leurs besoins sociaux (éducation des enfants, santé, etc.).

- Les tracasseries administratives et policières, vols et autres obstacles entravent toute initiative visant à améliorer les conditions d’échange. Cette contrainte, qui n’est pas la moindre, touche les transporteurs qui sont interceptés tout au long de leur trajet au niveau de nombreux postes de police pour la plupart illégaux. En effet, mal ou pas du tout payés, les policiers rançonnent les transporteurs en leur exigeant des taxes et frais « imaginaires ».

Les maladies phytosanitaires (mosaïque du manioc, chromolaena odorata, etc.) ;

Les épizooties cycliques (la peste porcine d’origine africaine, la pseudo peste aviaire) qui ravagent le petit élevage ainsi que la dégénérescence des géniteurs ;

Les prises alimentaires déséquilibrées et peu diversifiées sur le plan nutritionnel ;

Les problèmes liés à la santé (manque d’eau potable, mauvaises conditions d’hygiène) à l’origine des maladies hydriques;

Les mauvaises habitudes alimentaires (repas monotone, etc.) ;

Le manque d’encadrement technique des producteurs en faveur de l’augmentation de la production agricole, de la transformation, de la valorisation et de la commercialisation des produits agricoles.

Page 14: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 14/31

3.3. Production et disponibilité alimentaire

3.3.1. Agriculture Les principales activités productives et génératrices de revenus révélées par l’enquête sont l’agriculture, l’élevage, la chasse, la pêche et la pisciculture. La consommation de la nourriture est saisonnière tant dans sa composition que dans sa fréquence quotidienne. L’analyse du statut nutritionnel des ménages au cours de l’année indique une variation selon les saisons : Période de crise (de mi-février à mai et de mi-août à mi-novembre) : Ces périodes de crise coïncident avec la fin des stocks des produits agricoles cultivés en saisons B et A, le début des travaux de semi et d’entretien pour les deux saisons agricoles mobilisant toutes les énergies. La carence en denrées alimentaires s’explique par le manque de stock des denrées alimentaires issues de la récolte, par la modicité des revenus des ménages. Ceci étant, la période est caractérisée par une prévalence importante de la malnutrition aigue observée chez les enfants de 6 à 59 mois. D’une manière générale, les ménages enquêtés prennent en moyenne 1 repas par jour. Toutefois, les résultats de l’évaluation ont montré que 78,4% de ménages enquêtés interrogés déclarent avoir accès à un repas par jour contre 21,6% qui affirment prendre 2 repas par jour en période de difficulté alimentaire. Les principaux aliments qui entrent dans la composition du repas du ménage par ordre d’importance décroissant sont le manioc, pris sous toutes ses formes (fufu, chikwange, etc.), les feuilles de manioc et l’huile de palme consommés dans tous les ménages enquêtés (100%) ; les légumes (fougères sauvages : mfumbwa, bandindi) par 64,4% des ménages, et enfin les protéines animales par 22,8%. Les sources d’aliments des ménages enquêtés en période difficile sont : 64,2% des stocks au champ ou à la maison, 22,4% des emprunts auprès des membres de la famille et du village et 13,4% des achats au marché local. Période normale (de juin à mi-août et de mi-novembre à mi-février) : la situation nutritionnelle des ménages devient stable. La reprise des pluies avec l’apport des produits de cueillette : chenilles, champignons, légumes sauvages qui poussent (bandindi, mfumbwa, etc.), repousses de manioc, fait que les ménages ont accès à une diversité d’aliments. Les cultures à croissance rapide (amarante, feuilles de courge, feuilles de patate douce, arachide, voandzou et niébé) viennent s’ajouter à la diète alimentaire des ménages. D’une manière générale, les ménages ont accès à 2 repas par jour durant cette période normale. Les résultats de l’enquête ACF montrent que 8,5% des ménages ont accès à 1 seul repas par jour ; 73,1% à 2 repas par jour et 18,4% des ménages ont accès à 3 repas par jour. Les principaux aliments qui entrent dans la composition du repas du ménage par ordre d’importance décroissant sont le manioc pris sous toutes ses formes (fufu, chikwange, etc.), les feuilles de manioc et l’huile de palme consommés par 100% des ménages enquêtés tandis que les protéines animales sont consommées par 36,7% d’entre eux. Les autres groupes d’aliments entrent très faiblement dans la composition du repas. L’agriculture est à la fois une activité de production, une source de revenu et de nourriture. Elle est pratiquée par 100% des ménages enquêtés. Le manioc, l’arachide, le maïs, la courge, le sésame, le soja, le riz et le niébé sont les principales spéculations. Les trois premières spéculations (manioc, arachide et maïs) sont cultivées par 100% des ménages enquêtés tandis que les autres sont cultivées respectivement par 56,7% ; 20% ; 13,3% ; 11,2% et 8,6% des ménages enquêtés. Parmi les agriculteurs, 30% associent les activités maraîchères aux activités principales de productions vivrières. Le manioc et le voandzou constituent la base alimentaire des ménages, tandis que le maïs, l’arachide sont des cultures de rente. L’accès aux outils se fait par l’achat. Pendant l’évaluation, on a noté que la plupart des agriculteurs recourent aux outils fabriqués par les forgerons locaux. Cette stratégie est développée suite au faible pouvoir d’achat qui limite l’accès aux outils de qualité vendus dans les marchés locaux. La cité de Dwe est réputée pour la production d’outils agricoles locaux. Les forgerons utilisent des mitrailles des tôles des anciens véhicules. Les principales cultures, en termes de superficie sont représentées dans les figures ci-dessous.

Page 15: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 15/31

Figure 1: Part moyenne de chaque spéculation dans la superficie moyenne cultivée par ménage

Part moyenne de chaque spéculation dans la superficie (en are) cultivée par ménage

Sésame; 9,7

Courge; 12,1

Arachide; 20,4

Maïs; 24,3

Manioc; 36,8

Soja; 5,2

Au regard des résultats des évaluations ACF, le nombre moyen d’actifs agricoles par ménage est de 2 personnes. Il s’agit généralement du chef de ménage et de son conjoint pour les familles biparentales et tous les ménages agricoles ont chacun au moins une houe et une machette et 20% détiennent en plus au moins une hache. Les contraintes liées aux activités agricoles identifiées par les ménages enquêtés au cours de l’enquête sont les suivantes par ordre d’importance :

- Le manque des semences de qualité cité par 87,5% des ménages enquêtés ;

- le manque d’outils de qualité et diversifiés cité par 69,6% ;

- le vol cité par 51,8% ;

- le problème d’infertilité du sol due aux feux de brousse répétés cité par 34,7%. Quant aux contraintes liées aux activités maraîchères, les évaluations ont montré ce qui suit :

- Le manque d’outils aratoires et de semences de bonne qualité cité par tous les maraîchers (100%) ;

- Le manque de produits phytosanitaires évoqués par 76,2% ;

- Le manque de connaissances cité par 46,5%. Le calendrier agricole de Djuma se présente comme indiqué dans les tableaux suivants. La saison agricole A s’étale de mi-août à mi-janvier. La petite saison agricole B s’étale de mi-février à mi-juillet. Tableau 1 : Calendrier cultural de la zone de santé Djuma

Opérations culturales J F M A M J Jt A S O N D Préparation des champs Semis Entretien des cultures Récolte Légende :

Saison A Saison B

Page 16: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 16/31

Tableau 2 : Calendrier cultural des principales cultures de la zone de santé de Djuma Spéculations J F M A M J Jt A S O N D

Arachide Maïs Sésame Riz (paddy) Courge (mbika) Voandzou Manioc Légende : Semis Entretien des cultures Récolte

Systèmes de cultures L’association des cultures est une pratique culturale très développée par les agricultures de la zone de santé de Djuma. Elle offre l’avantage de gain de temps dans la mesure où les travaux d’entretien se font au même moment pour toutes les cultures installées sur la parcelle. Elle permet également l’utilisation rationnelle des éléments minéraux se trouvant dans la couche arable du sol. Il n’existe pas en soit une rotation des cultures sur un même terrain suite à l’infertilité du sol constaté depuis plus d’une décennie. Le terrain est exploité pendant une seule saison agricole, mais en polyculture avant de le mettre en jachère (2 à 3 ans). 1ère année : Saison A : Soit on y met le manioc, l’arachide, le voandzou, la courge, etc. Soit on y met le manioc, le maïs, le voandzou, la courge, etc. Saison B : On laisse évoluer le manioc seul avant de le mettre en jachère et on travaille sur un nouveau terrain. NB : Les agriculteurs préfèrent séparer la culture de l’arachide de celle du maïs. La récolte de manioc intervient après 12 mois de culture. Considéré comme culture de fin d’assolement, le manioc est placé juste avant la jachère. Ceci est surtout vrai pour les systèmes traditionnels de cultures en raison de l’épuisement du sol, de la plasticité et la rusticité du manioc.

3.3.2. Élevage L’élevage développé par la population est du type familial. Il s’agit de l’élevage de la volaille, des petits ruminants et des porcins. Les évaluations ACF ont montré que 86,7% des ménages enquêtés possèdent chacun quelques têtes de bétail : volaille (70,4%), caprin (39,3%), canard (27,9%), ovin (20,6%) et porcin (11,8%). Cependant, il faut noter qu’il n’existe plus de fermes et les autres espèces animales (gros bétail) ont été pillées pendant la guerre. 79,2% des ménages d’éleveurs enquêtés déclarent avoir fait face à une baisse du nombre de leurs animaux au cours des trois derniers mois pour les raisons suivantes : les épizooties citées par 84,2% des ménages enquêtés, notamment la pseudo peste aviaire qui sévit dans la zone lors du passage des saisons froides aux saisons chaudes (août à septembre), la grippe aviaire qui a décimé des centaines de volailles et la peste porcine d’origine africaine ; la divagation et les conflits liés à la divagation des animaux (78,9%), le vol 53,7% et la vente des bêtes citée par 21,1% des ménages.

3.3.3. Chasse Il s’agit de la chasse ordinaire non réglementée. Elle est l’apanage des hommes qui capturent leur gibier à l’aide de pièges fabriqués avec des câbles ou à l’aide de fusils de chasse. La chasse est devenue à ce jour une activité presque « de rente » dans la mesure où elle est pratiquée par 13,3% des enquêtés selon les évaluations ACF et que le produit est plus destinée à la vente (84,6%) qu’à la consommation (15,4%).

Page 17: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 17/31

Les contraintes liées aux activités de chasse sont la rareté du gibier, due essentiellement aux fréquents feux de brousse et à la déforestation pour l’agriculture (100%), et le manque d’outils de chasse, notamment les cartouches de calibre 12 qui coûtent cher (52,7%). Par rapport au calendrier des activités, du fait que la chasse ordinaire n’est pas réglementée, elle se fait sur toute l’année tandis que celle qui utilise la technique de feux de brousse n’est pratiquée que pendant la saison sèche (juin à août).

3.3.4. Pêche et pisciculture La pêche n’est pas très développée dans la zone de santé de Djuma par manque de rivières poissonneuses. Elle est artisanale et non productive, car personne ne peut prétendre gagner un certain revenu à travers la production halieutique issue de la rivière Kwilu et de ses affluents. Quant à l’utilisation de la production halieutique, 68,8% sont destinés à la vente et 31,2% à la consommation.

Il existe quelques étangs piscicoles à travers la zone dont la production est loin de satisfaire les besoins de la population. Cependant, pour palier au déficit des captures de pêche dans les trois secteurs de Kwilu Kimbata, Mikwi et Dwe, la pisciculture est devenue une activité prioritaire et le rendement est encourageant.

Les pisciculteurs sont organisés en association. Le réseau de solidarité s’observe dans le système de ristourne pour l’excavation des étangs piscicoles. Par rapport à l’utilisation de la production piscicole, l’évaluation ACF n’a pas pu quantifier les différents usages de la récolte des étangs. Néanmoins, une bonne partie est destinée à la consommation par les membres de l’association et une autre partie à la vente pour l’autofinancement des activités et équipements de l’association.

Ces activités rencontrent de nombreuses difficultés pour leur réalisation, notamment :

Par rapport à la pêche, il s’agit de :

- La rareté des poissons (100%) ;

- Le manque d’intrants (filets, hameçons etc.) 58,4% ;

- L’ignorance des bonnes techniques de pêche (42,9%). Par rapport à la pisciculture, il s’agit :

- Du manque d’outils (100%) à savoir les brouettes, les bêches, les machettes et les coupe-coupe, ainsi que le manque d’alevins. Dans la zone de santé de Djuma, il n’y a aucun centre d’alevinage. Quelques particuliers et associations, propriétaires d’étangs piscicoles, vendent occasionnellement les alevins.

- La pénibilité des travaux (73,8%).

3.3.5. Dynamique du marché Les questions fondamentales de la dynamique du marché local reposent sur les facteurs relatifs à l’augmentation des prix des produits alimentaires, à la diminution ou encore à l’absence de certains produits et enfin à la baisse de l’activité sur le marché. S’agissant de l’augmentation des prix des denrées alimentaires sur le marché local, les évaluations ACF ont montré que 72,6% des ménages enquêtés ont observé une augmentation des prix des denrées alimentaires sur le marché local, notamment pour la viande et le poisson. Quant à l’absence ou à la rareté de certains produits alimentaires observés sur le marché, les évaluations ACF ont montré qu’au moment de l’enquête, 68,9% des ménages ont observé une absence de certains produits. Les produits agricoles vivriers sont les plus absents sur le marché pour la simple raison que la récolte n’avait pas encore eu lieu. La baisse de l’activité sur le marché, constatée par la totalité des enquêtés, découle du fait que les échanges commerciaux sont largement tributaires des produits agricoles, et qu’il faut attendre la période de la récolte pour assister au dynamisme des échanges commerciaux sur les marchés locaux. Néanmoins, à Djuma cité, le marché est organisé deux fois par semaine (mercredi et samedi), tandis que les autres jours de la semaine, un commerce ambulant des produits de première nécessité se fait de maison en maison.

Page 18: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 18/31

Par indisponibilité de données de référence, nous nous sommes contentés des données collectées au moment des évaluations pour deux périodes distinctes, à savoir la période normale (mois de février) et la période de crise (mois de décembre) Tableau 3 : Étude des marchés

Juin 2009 : 850 FC = 1dollar USA et Novembre 2009 : 900 FC) = 1dollar USA.

Produits Unités en Kg, Litres

Novembre 2009 Juin 2009

Origine Prix en FC

Disponibilit

é Prix en FC

Disponibilit

é Poisson séché (silure) 200g 1000 1000 Rivière Kasaï Poisson salé 1Kg 5000 5000 Rivière Kasaï Oseille 1 tas 100 100 Djuma Feuille de manioc 1 tas 50 50 Djuma Amarante 1 tas 100 100 Djuma Banane (Bitabe) 2 pièces 50 50 Djuma Farine de manioc 1 gobelet 50 50 Djuma Cossette de manioc 1 bassin 3000 3000 Djuma Maïs en grain 1 gobelet 200 150 Djuma Courge 1 verre 300 250 Djuma Haricot 1 gobelet 1500 1500 Kinshasa Sucre 1 verre 250 250 Djuma Thé 1 verre 800 800 Djuma Café 1 verre 150 150 Djuma Pain 1 pièce 100 100 Djuma Chenille 1 verre 250 250 Kikwit, Kahemba Huile de palme 1 bouteille 250 250 Djuma Huile végétale 250 ml 1000 1000 Kinshasa Aie 1 pièce 200 à 300 200 à 300 Kinshasa Oignon 1 pièce 200 à 300 200 à 300 Kinshasa Chikwange 1 pièce 100 100 Djuma Ananas 1 pièce 300 300 Djuma Arachide en graine 1 gobelet 200 150 Djuma Sel 1 verre 200 200 Kinshasa Légende :

Très bonne disponibilité Bonne disponibilité Denrée rare

Tableau 4 : Synthèse partielle sur la production

Secteurs d’activité Population active (%)

Utilisation de la production Vente Consommation Autres

Agriculture 100 64,4 33,3 2,3 Maraîchage 30 36,3 63,7 0 Élevage 86,7 - - - Chasse 13,3 84,6 15,4 0 Pêche et pisciculture 6,7 68,8 31,2 0

NB : Le cumul de la population active des secteurs de production ci-dessus présentés ne restitue pas 100%, car la question était ouverte avec réponses multiples. Pour l’agriculture, les proportions de la vente, consommation et autres utilisations des produits sont des moyennes de toutes les spéculations prises en compte.

Page 19: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 19/31

3.4. Revenus et dépenses

3.4.1. Revenus Hormis les activités de production et génératrices de revenu telles que l’agriculture, l’élevage, la chasse, la pêche et la pisciculture que nous avons détaillés ci haut, les autres activités génératrices de revenu sont le petit commerce, l’emploi salarié, la vente de force travail (manœuvre journalier) et l’artisanat.

• Le petit commerce Traditionnellement, les paysans vendent leurs produis agricoles dans les villages, pendant la période de récolte. Il s’agit essentiellement des épis de maïs frais, des cossettes de manioc, de l’arachide décortiqué ou non, du niébé, du voandzou, des courges et des tubercules de patate douce, etc. Par ailleurs, à Djuma, les ménages disposant de vélos ou de motos vendent les produits de première nécessité (sel, sucre, pétrole, etc.) qu’ils achètent à Kikwit, Bulungu et même à Kinshasa.

• Emploi salarié Les opportunités d’emploi salarié se limitent à la fonction publique. Une partie de la population est constituée d’agents de santé, d’enseignants, d’agents de la police et du projet PRIAC (Programme de Réhabilitation des Infrastructures et Construction). L’activité industrielle est inexistante dans la zone de santé de Djuma. Toutefois, il y a encore dans la zone la présence d’une huilerie dans le secteur Mikwi dénommée Mikwi-CKE (ex Domaine de la Bakali), groupement Mpata, village Mikwi au bord de la rivière Kwilu. Les autres huileries qui, jadis, employaient une bonne partie de la population locale ne sont plus operationnelles. Il s’agissait de Luano-CKE qui était dans le secteur Mikwi, groupement Nkwasa, village Luano, de CDR-Djuma (Centre de Développement Rural de Djuma) détenu par les religieux jésuites et enfin l’usine Fernandez à Kimputa (Aire de santé Muyene).

• Vente de force de travail L’appel à la main d’œuvre journalière se pratique essentiellement dans le secteur agricole. Il est fréquent pour l’ouverture d’un champ, le semi, le sarclage, la récolte ou le transport des produits agricoles. La rémunération se fait en espèce ou en nature (une partie de la récolte, un repas, etc.).

• Artisanat Les principaux métiers artisanaux rencontrés dans la zone sont :

- Poterie : fabrique de pots en argile, travail exclusivement féminin ; - Vannerie : fabrication de nattes, paniers, chaises, etc., apanage des jeunes

garçons et filles pour suppléer aux frais scolaires ; - Forgerons : fabrication d’outils agricoles (houe, machette, hache), activité très

florissante à Dwe ; - Menuiserie : fabrication des meubles - Exploitation forestière : charbon de bois ; - Maçonnerie : fabrique de briques cuites et construction d’habitations

Au regard des résultats des évaluations ACF, le revenu quotidien moyen par ménage enquêté est de 515 FC (0,57 dollar US), soit un revenu moyen hebdomadaire de 3605 FC (4 dollars US). S’agissant de la distribution du revenu des enquêtés, elle s’étale du revenu quotidien minimum de 200 FC (0,22 dollar US), soit un revenu hebdomadaire minimum de 1400 FC (1,55 dollars US) à un revenu quotidien maximum de 1400 FC (1,55 dollars US), soit un revenu hebdomadaire maximum de 9800 FC (10,85 dollars US), avec un écart type par rapport à la moyenne de 242 FC (0,27 dollar US) quotidiennement, soit 1694 FC (1,89 dollars US) hebdomadairement.

3.4.2. Dépenses Les principaux postes de dépenses des ménages enquêtés se repartissent en moyenne de la manière suivante : éducation (39,3%), alimentation (28,7%), santé (25,7%) et obligations sociales (6,83%) (Figure ci-dessous).

Page 20: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 20/31

Figure 2 : Postes de dépense

Principaux postes des depenses des ménages enquêtés de la zone de santé de Djuma

Santé; 25,7Education; 39,3

Produits alimentaires; 26,7

Obligations sociales; 8,3

• Éducation : Il ressort des résultats des évaluations ACF que le taux de scolarisation des

enfants de 7 à 15 ans est de 91,8% dont 59,2% de garçons et 40,8% de filles. Quel que soit le niveau de pauvreté observé dans la communauté, il est à noter que la scolarisation au Bandundu en général et dans la zone de santé de Djuma en particulier est une priorité pour les parents. La congrégation des jésuites, prêtres catholiques installés depuis la période coloniale, continue d’œuvrer dans l’enseignement primaire et secondaire. Les évaluations ont montré également que 39,3% du revenu moyen des ménages enquêtés sont affectés à l’éducation des enfants (frais de scolarité, fournitures et équipements scolaires, etc.).

• Alimentation : Le gros des dépenses alimentaires des ménages agricoles consiste dans un

premier temps à l’achat du manioc, des légumes (feuilles de manioc, matembele ou feuilles de patate douce, bandindi, mfumbwa, etc.), du poisson, du sel et de la viande. Les produits manufacturés de première nécessité (savon, ustensiles de cuisine, etc.) sont aussi prioritaires pour ces ménages agricoles. En moyenne 28,7% du revenu des ménages sont alloués à l’alimentation.

• Santé : La santé constitue un poste de dépense non négligeable et occupe 25,7% du revenu du

ménage, car se soigner coûte cher tant pour la consultation que pour l’achat des médicaments. Le ménage s’autorise des dépenses de santé surtout dans les cas graves et encore à condition qu’une infrastructure de santé soit proche.

• Obligations sociales : Il peut s’agir d’un mariage (constitution de la dote du futur époux), des

fêtes de fin d’année, d’un deuil, etc. Les personnes concernées ne sont pas les seules à supporter ces différentes dépenses. C’est l’ensemble du réseau de solidarité qui est mis à contribution (famille élargie, clan, communauté religieuse ou villageoise, etc.). Ces dépenses représentent 9,8% du revenu moyen du ménage.

3.5. Disponibilité, accessibilité et utilisation de la nourriture La problématique de la crise observée dans le territoire de Bulungu en général et dans la zone de santé de Djuma en particulier n’est pas en soit expliquée par un phénomène déclencheur immédiat. Il peut être résumé en ces termes :

- baisse de la production agricole et animale depuis plus d’une décennie; - difficulté d’écoulement des produits de la récolte due à l’enclavement ; - faiblesse des revenus des ménages découlant de la fermeture des huileries et de la

faiblesse des productions des cultures de rente ; - persistance des habitudes alimentaires en défaveur de la consommation des

aliments nutritifs (facteurs culturels et économiques (manque de moyens).

Page 21: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 21/31

Les éléments précédents mettent en lumière, non seulement l’amenuisement de la disponibilité de nourriture dans la zone, la faiblesse des revenus des ménages, mais aussi l’inadéquation des pratiques alimentaires locales ; tous facteurs défavorables à la sécurité alimentaire. • Disponibilité de la nourriture au niveau de la zone

L’insécurité alimentaire observée dans la zone de santé de Djuma s’explique par la pénurie des denrées alimentaires et la précarité des revenus des ménages. La pénurie des denrées alimentaires est due à la baisse de la production agricole tandis que la précarité des revenus des ménages est due essentiellement aux contraintes liées à l’écoulement des produits de la récolte, doublées du déséquilibre des échanges commerciaux en défaveur des producteurs. • Accessibilité à la nourriture au niveau du ménage

La disponibilité limitée de la nourriture dans la zone a des répercutions sur les prix de celle-ci. La flambée des prix des denrées alimentaires de base et la médiocrité des revenus moyens expliquent l’insécurité alimentaire au niveau des ménages. Les indicateurs les plus pertinents de l’accessibilité limitée à la nourriture observée en période difficile sont la réduction de nombre des repas journaliers (de 2 à 1 repas par jour), la variation de la composition du repas, etc. • Utilisation de la nourriture au niveau individuel

Les mauvaises habitudes alimentaires (régime alimentaire déséquilibré sur le plan nutritionnel, interdits et quelques restrictions dans la prise de certains aliments riches en protéines), semblent être, en partie, à la base des cas de malnutrition observés sur la zone chez les enfants âgés de 6 à 59 mois, les femmes enceintes et allaitantes, vulnérables au problème de malnutrition. Le tableau ci-dessous donne le calendrier de disponibilité alimentaire. Tableau 5 : Calendrier de disponibilité alimentaire

Opérations culturales

J F M A M J Jt A S O N D

Arachide Maïs Sésame Riz paddy Courge Voandzou Manioc Feuille de manioc Légume Viande Poisson Légende Très bonne disponibilité Bonne disponibilité Denrée rare

3.6. Situation sanitaire

3.6.1 Santé Sur le plan sanitaire, le paludisme, les infections respiratoires aiguës (IRA), l’anémie, la malnutrition et les maladies diarrhéiques sont les pathologies les plus courantes dans la zone, selon les autorités sanitaires.

Page 22: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 22/31

Tableau 6 : Données épidémiologiques, ZS de Djuma, 3ème trimestre 2009 Pathologies Nombre des cas Nombre des décès Paludisme 2774 5 IRA 1264 1 Malnutrition 794 3 Diarrhée simple 747 2 IST 538 0

Source : Bureau Central de la Zone de Santé de Djuma

L’enquête nutritionnelle anthropométrique réalisée par ACF dans la zone de santé de Djuma a fait état d’une prévalence très élevée de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de 5 ans, soit MAG : 19,8% [16,0% - 23,6%] et MAS : 4,1% [2,6% - 5,6%]6. Sur le plan nutritionnel, le PUNC d’ACF (Pool Urgence Nutrition Congo) intervient depuis fin octobre dans la zone. Pendant les deux premières semaines de son intervention sur la zone, quatre Unités Nutritionnelles Thérapeutiques Ambulatoires (UNTA) et deux UNTI (Intensives) ont été ouvertes et plus de 600 cas de malnutrition aigue sévère ont déjà été admis.

Au cours du mois précédent, les ménages ont connu les épisodes de maladie suivants : 74,8% des ménages ont souffert de fièvre, 67,3% ont souffert de diarrhée simple et sanglante et 53,5% ont souffert de la malaria.

Par rapport à l’accès aux soins, en cas de maladie, la première option des ménages est l’automédication (36,2%). C’est en second lieu que les ménages pensent à se faire soigner dans un centre ou poste de santé (32,5%). Si les moyens ne le permettent pas, ils utilisent des produits locaux ou des plantes connus dans la pharmacopée locale (21,7%) et le cas échéant, ils consultent un médecin traditionnel (9,6%). Les raisons évoquées de ne pas visiter un centre de santé sont les prix élevés des consultations et soins évoqués par 77,4% ménages enquêtés et l’éloignement des centre de santé ou poste de santé cité par 22,6%.

3.6.2. Eau et assainissement L’accès à l’eau potable demeure une préoccupation majeure de santé publique dans l’ensemble de la zone où l’approvisionnement en eau potable se fait soit à la rivière (82,6%), soit à un puits ou à une source non aménagée (71,2%) et enfin soit à une source ou puits aménagé (14,8%). D’après le BCZS, la zone de santé totalise 241 sources dont 39 sont aménagées, 58 aménagées mais en mauvais état et 144 sources sont non aménagées. La couverture en eau potable dans la zone est de 26%. Pendant la saison sèche, la population habitant en bord de rivière (comme celle des AS Djuma, Kabala, Lubidi, Lareme et Lwano) s’approvisionne dans les rivières (Kwilu et Lubidi) et utilise même ces eaux de rivière pour la consommation. Les eaux des étangs sont utilisées pour l’usage domestique et la préparation des repas. Pendant la saison de pluie, la population de certains villages qui n’ont pas de sources aménagées consomme l’eau de pluie. Toutes ces pratiques conduisent à des taux élevés de maladies d’origine hydrique. La population habitant en bord de rivière a creusé des puits traditionnels (moins de 3 mètres) mais étant donné le niveau de l’eau par rapport aux villages, il est difficile de creuser des puits traditionnels dans les villages non proches des rivières puisqu’il faut aller à plus de 30m. Pour remédier à ce problème, certains acteurs comme SANRU I, II et III (2001-2004), MEMISA Belgique et une ONG locale PRIAC ont aménagé les ¾ des sources. Une semaine avant cette évaluation, une mission de la REGIDESO est passée pour évaluer la situation en eau dans zone. Actuellement, il y a une ONG locale MIDRILCO qui réalise un forage à 120m avec le financement de l’ONG VIVE AQUA via la congrégation des pères jésuites. Ce forage pourra desservir la population de Djuma mission et l’hôpital par gravitation. Outre le critère lié à la qualité intrinsèque de l’eau, la problématique de l’eau dans la zone touche également les aspects liés aux récipients utilisés et au nombre de tours à effectuer quotidiennement pour collecter la quantité d’eau nécessaire à l’utilisation du ménage en vue d’évaluer les corvées des femmes et des filles. Les évaluations ACF ont montré que les ménages

6 Référence NCHS, Z score, résultats exprimés avec un intervalle de confiance à 95%

Page 23: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 23/31

utilisent des bidons de 20 litres (65,3%) et 25 litres (34,7%) pour collecter l’eau et font en moyenne 4 courses par jour pour réunir la quantité d’eau nécessaire. Par rapport à l’hygiène et aux conditions d’assainissement, les ménages enquêtés ont déclaré avoir des latrines individuelles dans leur parcelle (81,7%), mais certains font leurs besoins en brousse (16,3%). Il est à noter que les responsables administratifs organisent régulièrement des opérations de salongo7 pour l’entretien des routes, pistes d’intérêt commun (pistes reliant la source d’eau au village) et des marchés.

3.7. Mécanismes de survie Les résultats des évaluations ACF montrent que les mécanismes de survie développés par les ménages en période de difficultés alimentaires sont en ordre d’importance décroissant : la modification des habitudes alimentaires (36,9%), la réduction du nombre des repas (32,3%), l’emprunt (12,3%), les travaux journaliers non agricoles (7,7%), les dons (6,2%) et le petit commerce (4,6%).

Modification des habitudes alimentaires La modification des habitudes alimentaires est le mécanisme d’adaptation à la crise utilisé par 36,9% des ménages enquêtés. Il s’agit de :

- La modification de la composition des repas où les enquêtés déclarent prendre le fufu (pâte obtenue à l’aide de la farine de manioc) ou la chikwange aux feuilles de manioc ou légumes seulement.

- La modification de la préparation des repas dans la mesure où les ingrédients des feuilles de manioc se réduisent au minimum en raison de leur rareté et de leur prix élevé.

Réduction des nombres de repas

32,3% des ménages enquêtés déclarent réduire le nombre des repas en période difficile comme mécanisme de survie et généralement, ils prennent un seul repas par jour autour de 17 à 18 heures. Cette réduction est très significative dans la mesure où le nombre de repas passe de 2 en période normale à 1 en période de crise.

Emprunt L’emprunt représente un mécanisme de survie développé par 12,3% des ménages enquêtés pour faire face à une crise alimentaire. Il peut s’agir de l’emprunt en nature (cossette de manioc, farine de manioc, poisson, viande boucanée, etc.) ou en espèce.

Travaux journaliers non agricoles Le travail non agricole est un mécanisme très fréquent dans la zone de santé de Djuma car il est utilisé d’une façon ponctuelle par 7,7% des ménages enquêtés. Il s’agit de la diversification des ressources monétaires à travers la fabrication des braises, la coupe de la paille ou du chaume, la coupe du bois de chauffage, etc.

Dons Les dons représentent un mécanisme de survie développé par 6,2% de ménages enquêtés pour faire face à une situation de crise alimentaire. Il se fait généralement suivant le réseau de solidarité existant (relation familiale, appartenance aux confessions religieuses, ou à un groupe social, voisinage, etc.).

Petit commerce Le petit commerce est un mécanisme de survie pratiqué par 4,6% des ménages enquêtés. Il s’agit du petit commerce à vélo et à pied pour les femmes qui transportent des charges sur la tête sur de longues distances.

7 Salongo : travaux communautaires visant l’assainissement immédiat du milieu.

Page 24: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 24/31

Figure 3: Mécanismes de survie développés par les ménages en période difficile

Proportion des mécanismes de survie adoptés par les ménages enquêtés en période de crise

Travaux non agricoles; 7,7

Dons; 6,2

Emprunt; 12,3

Réduction du nombre des repas;

32,3

Petit commerce; 4,6Modif ication des

habitudes alimentaires; 36,9

Tableau 7 : Synthèse sur les mécanismes de survie

Mécanismes de survie Proportions en %

Commentaires

Modification des habitudes alimentaires 36,9 Modification par rapport à la composition du repas

Réduction de nombre des repas 32,3 Passage de 2 repas par jour en période normale à 1 repas en période de crise

Emprunts 12,3 Selon le réseau de solidarité/entraide existant

Travaux non agricoles 7,7 Fait pour diversifier les ressources financières

Dons 6,2 Selon le réseau de solidarité/entraide existant

Petit commerce 4,6 Commerce des produits manufacturés de première nécessité

4. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

4.1. Conclusion La problématique de la crise observée dans la zone de santé de Djuma n’est pas en soit expliquée par un phénomène déclencheur immédiat. Les conditions d’existence de la population de la zone de santé de Djuma se dégradent depuis plus d’une vingtaine d’années. Jadis, l´économie de cette zone s’articulait essentiellement autour de quelques huileries. La mauvaise gestion ainsi que la destruction de l’outil de production due aux pillages et aux guerres a augmenté le nombre des chômeurs, ce qui a entraîné l’insécurité alimentaire dans les ménages. La zone de santé de Djuma est parmi les zones de santé du district sanitaire les plus vulnérables sur le plan nutritionnel et alimentaire. La crise sociale entraînée par la mauvaise gestion ainsi que la destruction de l’outil de production due aux pillages et aux guerres dans cette zone de santé est visible. La réduction rapide de la fertilité des sols est une grave menace pour la sécurité alimentaire. La dégradation des forêts, le raccourcissement de la durée des jachères et les feux de brousses répétés d’année en année diminuent constamment la fertilité des sols de la zone. La diminution de la production due aux causes ci-haut mentionnées doublée de l’impraticabilité des routes de desserte agricole a également des répercussions sur le petit commerce qui était jadis florissant, et a plongé actuellement la population dans une situation de précarité et de vulnérabilité absolues sur le plan nutritionnel et alimentaire.

Page 25: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 25/31

Ainsi, tous ces facteurs combinés ont pour conséquence la désarticulation du système productif, la décapitalisation du petit élevage, la dégradation de la situation nutritionnelle des populations locales et, in fine, la paupérisation de la population. Les conséquences des problèmes précédents se sont manifestés entre autres par :

- La dégénérescence des semences vivrières ;

- Le manque d’accès aux intrants agricoles de qualité (outils et semences) ;

- La baisse de la production agricole et animale;

- Les difficultés d’écoulement des produits de la récolte ;

- La faiblesse des revenus des ménages;

- La persistance de mauvaises habitudes alimentaires en défaveur de la consommation des aliments nutritifs.

- L’enclavement de certains sites ;

- Le manque d’encadrement technique des producteurs en faveur de l’augmentation de la production agricole, de la transformation, de la valorisation et de la commercialisation des produits agricoles;

- Les épizooties qui ravagent le petit élevage ;

- Les maladies phytosanitaires ;

- La faiblesse, voir l’inexistence d’une dynamique organisationnelle ;

- La propagation de la mosaïque du manioc et du Chromolaena odorata ;

- Les prises alimentaires déséquilibrées et peu diversifiées sur le plan nutritionnel ;

- L’exode rural. Depuis l’apparition de la crise, aucune action humanitaire de grande envergure n’a été entreprise dans la zone de santé de Djuma dans le domaine de la sécurité alimentaire. Les actions entreprises par la FAO ne suffiront pas pour couvrir tous les besoins des ménages vulnérables.

4.2. Recommandations

4.2.1. Ciblage prioritaire Les groupes cibles pour le futur programme devront être constitués des :

- Ménages ayant un ou plusieurs enfants mal nourris,

- Ménages reconnus agriculteurs, mais ne disposant pas de l’outillage agricole de qualité et diversifié ;

- Familles monoparentales dont la femme est chef de ménage. D’autres caractéristiques des groupes cibles pourront être complétées par les communautés lors de la phase de l’identification des bénéficiaires du programme. La pile proportionnelle réalisée dans les focus groups, dans l’optique d’obtenir une typologie de la population de la zone d’étude, a révélé que 71% des ménages (soit 21181 ménages) sont vulnérables, au sein desquels 36% (soit 7625 ménages) sont plus vulnérables.

Page 26: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 26/31

4.2.2. Recommandations d’intervention Tableau 8. Types d’activités

Secteurs d’activités

Types d’activités Populations cibles

Maraîchage

Distribution d’un Kit maraîcher/ménage comprenant : • 1 houe, • 1 machette, • 1 râteau, • 1 arrosoir et • 40g de semences maraîchères (amarante,

tomate, choux, aubergine)

1000 ménages dont : ménages ayant des enfants mal nourris.

Agriculture de subsistance

• Distribution d’intrants (outils et semences) : 1 houe, 1 machette, 1 hache, 1 lime, 1 coupon de 30$ pour achat de semences de céréales (maïs et riz), 5kg de légumineuses (arachide, niébé, haricot).

• Multiplication des semences vivrières pour 20 associations de 20 ménages chacune associées pour un champ de 1 hectare par association. Outils par association : 6 houes, 6 machettes et semences : 30Kg d’arachide,

• Multiplication des boutures saines de manioc pour 20 associations de 20 ménages associés pour un champ de 1 hectare par association. Outils par association : 6 houes, 6 machettes et boutures : 2500 mètres linéaires, soit 1 mètre linéaire pour 8 à 10 boutures à planter.

• Formation des partenaires et bénéficiaires en techniques agricoles, c'est-à-dire renforcement des capacités sur les opérations culturales (75% des bénéficiaires)

• Mise en place de 4 jardins de démonstration (2 UNTA et 2 UNTI : Djuma et Dwe) : outils pour un jardin : 2 arrosoirs, 2 bêches, 2 râteaux, 2 binettes et 1 brouette et semences maraîchères : 80g.

30000 ménages dont : ménages reconnus agriculteurs mais ne disposant pas de l’outillage agricole de qualité et diversifié et familles monoparentales dont la femme est chef de ménage. 800 ménages regroupés en 40 associations (dont 6 de femmes) de 20 ménages chacune.

Pisciculture

Distribution des équipements pour la pisciculture : • Distribution d’un kit outils piscicoles par

association: 5 brouettes, 10 bêches, 10 pèles, 15 houes, 15 machettes et 15 coupe-coupe,

• Distribution des alevins • Sensibilisation et organisation des ateliers

d’échange d’expériences dans les sites de piscicole.

4 associations piscicoles de 20 membres chacune sont mises en place

Transformation

• Installation de 2 unités de transformation (moulin à céréales)

• Formation sur la gestion des unités de transformation (sur le plan technique et sur le plan financier)

2 associations de femmes de 20 membres chacune

Formation des bénéficiaires

• Formation technique pour chacune des activités précédente

• Formation des bénéficiaires sur la composition des repas pour les femmes enceintes, femmes allaitantes, nourrissons, enfants âgés de 6 à 59 mois, ainsi que les principes nutritifs des aliments.

75% des bénéficiaires.

Page 27: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 27/31

A court terme

- Distribution d’intrants agricoles aux populations vulnérables de la zone ;

- Distribution de kits maraîchers aux déchargés de l’UNTI et des UNTA ;

- Distribution d’intrants piscicoles (outillages et alevins) aux associations ;

- Formation des bénéficiaires et partenaires en techniques agricoles et piscicoles;

- Sensibilisation et formation des bénéficiaires sur l’utilisation adéquate de la nourriture chez les nourrissons, les enfants âgés de 6 à 59 mois, les femmes enceintes et allaitantes ;

- Multiplication des semences d’arachide et des boutures saines de manioc ;

- Relance de la dynamique organisationnelle (groupement de producteurs agricoles et piscicoles) ;

- Mise en place de jardins de démonstration dans les UNT ;

- Mise en place, à titre pilote, d’un grenier semencier communautaire (céréales et légumineuses) gérer par une association de femmes ;

- Sensibilisation et formation sur les techniques agroforesteries (protection des sols, limitation des brûlis systématiques) en collaboration avec les autorités locales déjà engagées dans la délimitation de zones forestières protégées.

A moyen terme

- Désenclavement de la zone (réhabilitation des pistes de desserte agricole) ;

- Renforcement des capacités techniques des producteurs locaux (agriculteurs, pisciculteurs) ;

- Organisation et renforcement des circuits de commercialisation des produits agricoles ;

- Mise en place de banques de semences à travers des coopératives / groupements villageois de producteurs ;

- Construction d’hangars portuaires pour le stockage et la conservation des produits agricoles avant leur évacuation ;

- Mise en place d’activités génératrices de revenu (AGR) et d’unités de transformation (râpeuse, moulin), valorisation des productions agricoles ;

- Relance du petit élevage familial.

- Renforcement de la dynamique organisationnelle communautaire à travers la formation et la sensibilisation

- Relance de l’arboriculture (pépinières de palmiers à huile) et de l’activité de transformation d’huile de palme dans le cadre d’une pilote d’un parc communautaire agroforestier.

A long terme

- Renforcement de la dynamique communautaire ;

- Développement de l’initiative d’entreprise agricole familiale (fermes agricoles familiales) ;

- Diversification et renforcement des capacités de transformation des produits agricoles et des filières commerciales au départ (produits agricoles bruts/transformés) et à destination (produits de première nécessité et équipements productifs divers) des communautés bénéficiaires.

Calendrier d’intervention Dans l’optique de distribuer les intrants agricoles en conformité avec le calendrier culturale local, nous proposons le calendrier d’activités ci-dessous

Page 28: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 28/31

Tableau 9. Calendrier d’intervention Activité J F M A M J Jt A S O N D

1. Recrutement et formation de l’équipe de terrain

2. Ciblage des zones d’intervention

3. Identification des bénéficiaires et partenaires

4. Distribution des Kits

5. Formation des bénéficiaires

6. Monitoring

7. Jardins de démonstration

Page 29: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 29/31

ANNEXES

Termes de Référence de la Mission Évaluation dans la zone de santé de Djuma, Territoire de

Bulungu, District sanitaire de Kwilu, Province du Bandundu * Novembre 2009 1. Identification de la situation normale C'est-à-dire Avant les événements (depuis 1997 mais aussi événements récents)

- Ressources alimentaires et revenus : agricultures, élevage, pêche, chasse, petit commerce, pêche, chasse, activités saisonnières : ramassage des chenilles, champignons et fougères), etc.…avec détail (quels intrants, quelles productions, quelles utilisations de la production, etc.) ;

- Disponibilité dans les ménages des biens de valeur autres que les intrants - Consommation alimentaire des ménages - Activités génératrices de revenus. - Calendrier saisonnier des activités et des disponibilités alimentaires / des revenus.

2. Conséquences des événements : identification de la situation actuelle.

- Immédiates : la zone de santé de Djuma fait partie des zones à forte prévalence de la malnutrition dans le district sanitaire du Kwilu selon les rapports du district sanitaire et l’antenne PRONANUT Kikwit (c’est à dire par exemple ménages ayant des enfants malnutris, ménages exposés au risque d’insécurité alimentaire : disponibilité, accessibilité limitée et utilisation inadéquate de la nourriture), situation confirmée par la récente enquête anthropométrique ACF.

- Secondaires : en termes de conditions de vie, de sécurité alimentaire des ménages, de moyen de subsistance et situation économique, de mécanisme de survie en période difficile, de situation nutritionnelle et sanitaire, de source de revenus et de dépenses, et autres problèmes prioritaires etc.

Caractériser la situation :

- Par une classification socio économique des ménages : Riche, Pauvre, Ni riche, ni pauvre. Perspective dans 6 mois ,12 mois (coté agricole et sécurité alimentaire- scénario suivant le niveau de sécurité / insécurité). 3. Analyse

- Niveau de la situation actuelle : comprendre la situation des communautés en matière de sécurité alimentaire et déterminer si elles ont besoin d’une assistance extérieure. Dans l’affirmative, quelle forme d’assistance? (Comparaison entre situation avant et actuelle)

4. Recommandations

- Proposer des interventions, au besoin différenciées selon le niveau de vulnérabilité observé des ménages et le secteur d’activités, en fonction des conclusions de l’analyse dans la partie précédente mais aussi en prenant en compte les perspectives à court et moyen termes = sécurité, mouvement de population, projets d’autres ONGS, agences UN, etc.

Exemples :

- Distribution d’intrants : quoi, combien, à qui, où ? - Distribution de non- Food items : quoi, combien, à qui, où ? - Etc. - (Voir aucune intervention)

5. Durée de l’explo : 13 jours Prise de décision s’il faut ou pas lancer les démarches auprès des bailleurs :

- Situation sécu : est-il possible de faire quelque chose ? - Problèmes / Besoins - Objectifs à atteindre - Activités à mettre en œuvre : quoi, combien, quand.

Page 30: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 30/31

6. Consignes à prendre en compte avant la descente sur terrain :

- Contacts : Autorités militaires, ANR, Autorités politico administratives, Responsables de la santé, Services de l’agriculture, pêche et élevage et/ou du développement rural, environnement, etc.

- Observation à faire : Conditions d’accessibilité dans la zone (état des routes, état des ponts, présence d’une piste d’atterrissage – longueur et largeur de piste, etc. Existence ou non des points de vente.

7. Disponibilité locale en Ressources humaines Recueillir des informations auprès des personnes ressources (par exemple inspecteurs agricoles, Administrateurs de territoires) sur la disponibilité locale en RH notamment, les agronomes et/ou les techniciens en développement rural. Fiche d’enquête ménage Guide d’entretien Historique de la zone

Evénements politiques, économiques, naturels, démographiques…sur les 10 à 20 dernières années sur la zone/ le village.

Dynamique spatio-temporelle des activités de production et de valorisation (transformation/vente/consommation) des produits locaux

Caractéristiques naturelles du village

Localisation, végétation Accès/le village

Caractéristiques démographiques et ethnoculturelles

Nombre de familles dans le village/ Nombre moyen de personnes par famille/ Composition des familles

Ethnies, langages, religions Origines des familles : résidents/ déplacés/réfugiés, mouvement de population ? Localisation/répartition spatiale des différents groupes

Activités

Principales activités industrielles/ commerciales/ agricoles/ artisanales/etc. Calendrier des activités saisonnières Opportunités d’emploi

Organisation du village

Administrative Traditionnelle Religieuse Sociale

• Relation au sein de la population (domination, réseau de solidarité/entraide, crédit/prêt/usure, banque des semences).

• Utilisation et accès aux ressources (à la terre, aux espaces aquatiques, à la forêt,…) • Pratique d’héritage, de mariage,…condition des veuves ? • Identification des partenaires potentiels

Infrastructures

Ecoles Dispensaire Château d’eau Centrale électrique / hydroélectrique

Typologie des populations (Cf. annexe 2)

Page 31: Évaluation de la sécurité alimentaire Zone de Santé de Djuma … · 2019. 12. 16. · Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 4/31-Les

Action Contre la Faim / Zone de santé de Djuma / Bandundu / Sécurité Alimentaire 31/31

Une classification socio-économique des ménages est-elle possible ? Comment reconnaît-on un pauvre, un riche, une personne qui n’est ni pauvre ni riche ? Pourquoi est –on pauvre ? riche ? moyen = ni pauvre ni riche ?

Etat sanitaire et nutritionnel

Y a-t-il déjà eu des enquêtes/ évaluations nutritionnelles ? Méthodologie, résultats Variation du statut nutritionnel selon les saisons ? Y a-t-il déjà eu des enquêtes de mortalité ? résultat ? Principales causes de décès ? Données de centres de santé, centres nutritionnels ? Principales maladies sur la zone au cours des 3 derniers mois ? Fluctuation selon les

saisons ? Données de morbidité ? Présence de maladies à potentiel épidémique ? Données de couverture vaccinale ? Y a-t-il apparition de nouvelles maladies depuis la crise ? pourquoi ? Structures du système de santé ? Structures sanitaires : présence, distance, accessibilité,

prix, disponibilité en médicaments Présence humanitaire

Qui, quoi, comment, où, depuis quand, avec quel bailleur ? Nombre de bénéficiaires