Variations Saisonnières de l’infestation Par Fasciola Hepatica

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  • 8/14/2019 Variations Saisonnires de linfestation Par Fasciola Hepatica

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    Article original

    Variations saisonnires de linfestation

    par Fasciola hepatica chez la chvredans la rgion du Haouz (Maroc)

    K Khallaayoune M El Hari

    Institut agronomique et vtrinaire Hassan Il, dpartement de parasitologie etmaladies parasitaires, BP 6202, Rabat-Instituts, Maroc

    (Reu le 23 octobre 1990; accept le 29 janvier 1991)

    Rsum - La prvalence et le degr dinfestation par Fasciola hepatica ont t dter-mins, tous les mois durant une anne, sur des chvres abattues dans la rgion duHaouz, en corrlation avec la dynamique des populations de Lymnaea truncatula. Letaux dinfestation a atteint des valeurs leves en hiver (23,8 % en janvier) et en t(17,1 % en aot), et tait relativement rduit au printemps et en dbut dt. Les animauxinfests avaient une charge parasitaire de 1 48 douves. Une moyenne de 13 douves

    par chvre a t enregistre en juillet. Les populations de limnes ont t observesau niveau de leur gte au cours de toute lanne, mais leur densit tait plus levependant les mois chauds de lt (juillet et aot). Les mollusques infests par F hepaticaont t rencontrs aux mois de fvrier, juin, juillet et aot; leur taux dinfestation nedpassait pas 3 %. Toutes ces donnes ont permis dadmettre que les principales p-riodes de transmission de la fasciolose taient le printemps et lautomne; nanmoinsles possibilits dinfestation en dehors de ces priodes taient probables. Par ailleurs,la rceptivit des caprins linfestation par F hepatica serait similaire celle des ovins.

    Fasciola 1 Lymnaea 1 pidmiologie / chvre / Maroc

    Summary - Seasonal variations of Fasciola hepatica infection in goats in theHaouz area (Morocco). The prevalence and level of infection with Fasciola hepaticawere assessed monthly over a 12-month period in goats slaughtered in the Haouz area,in correlation with the dynamics of Lymnaea truncatula populations. The infection ratewas high in winter (23.8 %) in January), and summer (17.1l inAugust), and relativelylow in spring and at the beginning of autumn. The infected animals had a fluke burdenrange of 1-48; a mean of 13 was recorded in July. Lymnaeid snails were observed intheir habitat throughout the year, but were more abundant during the hot months (JulyandAugust). Snails infected with F hepatica were found in February, June, July and

    August; their infection rate did not exceed 3 %. These data enabled us to hypothesizethat the main periods for transmission of fascioliasis were spring and fall; however,potential infections during other periods of the year were possible. The susceptibility ofgoats to infection with F hepatica appears to be similar to that reported in sheep.

    Fasciola / Lymnaea / epidemiology / goat / Morocco

    *

    Correspondance et tirs part

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    INTRODUCTION

    Fasciola hepatica estun

    trmatodeparasite du foie des mammifresherbivores et quelquefois delhomme. Le dveloppement de ceparasite ncessite le passage parun mollusque pulmon deau douce,Lymnaea truncatula, dont les capa-cits dadaptation au milieu dans le-quel il vit sont diverses (Ollerenshaw,1959; Euzeby, 1971; Morel-Vareille,1973).

    La fasciolose due F hepaticaest trs rpandue dans la quasi-to-talit du monde, chez les bovins (Bo-ray, 1969), les ovins (Ross, 1967;Reid et al, 1970) et les quins (Pan-dey, 1983). Les caprins, non plus,nchappent pas linfestation par F

    hepatica (Leathers et al, 1982). L-pidmiologie de la fasciolose est in-

    timement lieau

    mode dlevage etaux conditions climatiques de cha-que pays. La rceptivit de la chvre linfestation par F hepatica na faitlobjet que de quelques tudes som-maires et parses (Reddington et al,1986; Swarup et al, 1986; Foreyt,1988).Aussi, nous ne disposons pasde donnes sur limportance de lamaladie chez la chvre leve enzone mditerranenne. Au Maroc,

    llevage caprin est concentr sur-tout dans les rgions montagneuseset arides o lextension du rseau

    dirrigation a cr des foyers mala-cologiques favorables la transmis-sion de la fasciolose.

    Lobjet du prsent travail a t d-valuer lincidence saisonnire de lafasciolose chez la chvre en corrla-

    tion avec la dynamique des popula-tions de limnes et les variations duclimat.

    MATRIEL ET MTHODES

    Rgion dtude

    Cette tude a t conduite de janvier dcembre de lanne 1988, dans la rgiondu Haouz 80 km au nord-est de la villede Marrakech. Cest une plaine, voca-tion agricole, qui est pourvue dun grandrseau dirrigation moderne compos decanaux ciments ouverts.

    Les donnes mtorologiques de la r-gion ont t fournies par le Centre na-tional de mtorologie de Casablanca. Leclimat a t marqu par un t chaud etsec et un hiver doux et relativement hu-mide. Le mois le plus chaud de lannetait aot avec une temprature maximalede 45 C et le mois le plus froid tait jan-vier avec une temprature minimale de5 C. Nanmoins, au cours de lanne, lestempratures moyennesjournalires fluc-tuaient entre 10 et 30 C. La pluviomtrieannuelle tait de 400 mm.

    Le souk hebdomadaire du village dElAttaouia a t choisi parcequil est dotdun

    petitabattoir rural

    quine

    reoit quedes animaux levs dans la rgion duHaouz.

    Animaux

    Un total de 802 foies de chvres origin-aires de la rgion a t examin. Trois quatre fois par mois, pendant une anne,tous les foies de chvres abattues ont tminutieusement examins, puis inciss

    longitudinalement pour mettre en vi-dence des lsions de cholangite et/ou demigration de jeunes douves. Les foiessaisis pour fasciolose ont t inciss le

    long des canaux biliaires puis dcoupsen petites tranches pour la recherche desdouves qui auraient chapp au premierexamen.

    Des prlvements de matires fcalesont t effectus sur chaque chvre des-tine labattage. Les animaux ont tidentifis laide dun numro plac auto-ur de la nuque et maintenu jusqu vis-cration. Aprs inspection des foies,seules les fces issues danimaux infestsont t retenues.

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    Coproscopie

    Deux grammes de fces ont t triturs

    dans un mortier en prsence de 30 mldune solution de dtergent 0,5 %. Lecontenu a t filtr travers un tamis maille de 150 pm, puis laiss sdimenter3 min dans des tubes essai. Le surna-

    geant a t limin par aspiration et lesdiment relav avec la solution de dter-

    gent puis laiss dcanter comme prc-demment dcrit. Cette opration a trpte 2 fois avec la solution de dter-gent puis une dernire fois avec leau durobinet. Le sdiment a t color avec 1-2

    gouttes de bleu de mthylne 0,1 % et

    examin au microscope. Les oeufs de Fhepatica apparaissaient jaunes sur unfond bleu. Llimination des oaufs dedouve a t exprime en nombre dceufspar g de fces (OPG).

    Estimation de la densit deslimnes

    Ltude de lactivit saisonnire des lim-nes a t entreprise dans un gte situ 2 km environ du village dElAttaouia la jonction de 2 grandes superficies agri-coles. Cet habitat reoit leau dirrigationtoute lanne et sert de pturage pour lesanimaux de la rgion. Il a t dcouppralablement en 4 sites de superficiegale (4x10m!) dont chacun faisaitlobjet dune seule visite une fois tous les4 mois afin dviter un puisement ventu-el de la population des mollusques.

    La densit des limnes a t estime

    selon la mthode dcrite par Malone etai (1984) avec quelques modifications. Uncadre de 0,1 ma t plac au niveau de4 endroits du site choisis au hasard. Toutela surface du sol dlimite par le cadre at prleve avec toutes les plantes quisy trouvaient jusqu une profondeur de10 cm de sol. Les limnes ont t dnom-bres et mesures, et ont subi ensuite letest dmission cercarienne. Les grappesdoeufs rcoltes dans chaque prlve-ment ont t incubes 24 C et identi-fies aprs closion. Le nombre demollusques dnombrs dans les 4 pr-lvements a t ramen une valeur

    moyenne pour une surface de 1 m2. Le

    dnombrement na port que sur L trun-catula.

    Test dmission cercarienne

    Chaque limne a t place individuelle-ment dans une cupule contenant leau derivire artificielle (FeCl3 : 0,125 mg/I;CaC12: 27,5 mg/I; MgS04: 25 mg/I;KzHPOa : 8,5 mg/I; pH 7,2) et expose la lumire 24 h. Quand lmission cerca-rienne na pas eu lieu, les limnes ont t

    dissques sous la loupe pour mettre envidence la prsence des formes larvairesde F hepatica.

    RSULTATS

    Les variations saisonnires du tauxdinfestation (prvalence) et du degrdinfestation des chvres ont t re-

    groupes sur la figure 1. Pendant la

    priode dt, le degr dinfestationa prsent des valeurs leves quiont atteint une moyenne de 13douves par animal en juillet. Les tauxdinfestation les plus levs ont tobservs en hiver (23,8 % en janvier)et en t (17,1 % en aot), et taientrelativement rduits au printemps eten dbut dautomne.

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    Sur les 802 foies de chvres exa-

    mins, 112 taient infests par F he-

    patica soit 13,9 %. La chargeparasitaire variait de 1 48 douvespar animal infest (tableau 1). Lexa-men coproscopique a montr que lenombre moyen doeufs limins taitde 10/g de fces pour les animauxqui hbergeaient un nombre rduitde douves (< 10), et ne dpassaitpas 65 pour ceux ayant entre 11 et48 douves par animal.

    Au niveau du gte prospect, leslimnes tronques ont t observesau cours de toute lanne, mais leurdensit a subi des fluctuations sai-sonnires (fig 2). En hiver, les popu-lations de limnes, reprsentant lagnration parentale, taient compo-

    ses dindividus de taille moyenne et

    grande. Bien que leur activit ait t

    maintenue, leur capacit de pontetait trs rduite et se limitait lmission de trs petites massesdoeufs renfermant une moyenne de6 oeufs. partir du mois de mars etpendant toute la priode de lt, denombreuses grappes doeufs de Ltruncatula ont t rcoltes, tmoi-gnant dune forte activit sexuelle.

    Au cours de lt et de lautomne,un

    taux de mortalit leva

    ten-

    registr chez les limnes adultes.Ds le dbut de lautomne, de nom-breuses jeunes limnes sont appa-rues parmi les mollusques de lanouvelle gnration (fig 2).

    Parmi un total de 4 488 L trunca-tula examin pour la prsence delarves de F hepatica, seules les lim-nes rcoltes aux mois de fvrier,

    juin, juillet et aot taient infestes.Le taux dinfestation le plus lev(3 %) a t observ au mois daot.

    DISCUSSION

    Dans les levages traditionnels duMaroc, les caprins, contrairementaux ovins, bnficient rarement detraitement anthelminthique. En cesens, la charge parasitaire des ani-

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    maux abattus constitue un bon rv-lateur du niveau dinfestation parasi-taire auquel les animaux seraient

    exposssur les

    pturages.Les rsultats obtenus dans cettetude ont montr que le taux et le

    degr dinfestation les plus levsont t observs en t et en hiver.Ceci dmontre que les principalespriodes de transmission de la fas-ciolose dans la rgion du Haouz se-raient le printemps et lautomne, cequi nexclut pas la possibilit dinfes-tations secondaires des animaux endehors de ces priodes. Des tudespidmiologiques dans la zone pas-torale du Moyen-Atlas, par utilisationde moutons traceurs, ont rvl desrsultats similaires (Khallaayoune etal, 1991). Dans certains pays dEu-rope, o les tempratures hivernalessont dfavorables au dveloppementdu parasite, linfestation des ptu-rages se situe la fin du printempset au dbut de lt (Euzeby, 1971;Ollerenshaw, 1971;Armour, 1975).Au Maroc, les animaux sont main-

    tenus sur le pturage pendant toutelanne et, par consquent, restentexposs de multiples infestationshelminthiques (Dakkak et Ouhelli,1988). Dans la rgion du Haouz, lesanimaux auraient t infests aucours de toute lanne, mais un de-

    gr plus lev au printemps et en au-tomne. En effet, bien que la chaleursoit ltale pour les mtacercaires etlimite leur viabilit (Oisen, 1947; 01-lerenshaw, 1959; Armour et al,1970), une partie aurait survcu auxchaleurs de lt dans les microcli-mats crs autour des canaux dirri-

    gation. Par ailleurs, pendant lespriodes sches de lt, les ani-maux en qute dherbe frache fr-quentent le pourtour des canaux

    dirrigation et des rivires o, sou-

    vent, toutes les conditions favorables la transmission du parasite sontrunies. En hiver, la survie des m-tacercaires issues de

    linfestationdes limnes en automne peut, parconsquent, tre responsable de lin-festation des animaux ds le dbutdu printemps. Des tudes enGrande-Bretagne et enAustralie (01-lerenshaw, 1959;Armour et al, 1970;Meek et Morris, 1979) ont dmontrquune grande proportion de mta-cercaires restait infestante surlherbe aprs lhiver, mais ne survi-

    vait que quelques semaines en t.Parmi les chvres qui hber-

    geaient une charge parasitaire le-ve, certaines taient ges de6 ans et plus. La rsistance des ani-maux gs a t bien tablie pourplusieurs infestations helminthiques(Stewart et Gordon, 1953; Herlich,1960; Brunsdson, 1962; Gibson et

    Parfitt, 1972; Gallie, 1973), mais

    dans le cas de la fasciolose, le mou-ton, contrairement au bovin (Ross,1967; Doyle, 1971; Doy et Hughes,1984), est incapable de rsister auxrinfestations par F hepatica (Sin-clair, 1967, 1971; Rushton, 1977;Knight, 1980). Il est trs probableque la chvre, aussi, soit incapablede dvelopper avec lge, une rsis-tance aux rinfestations par F hepa-tica.

    Linfluence de la race sur la rcep-tivit des animaux linfestation parla douve du foie a t largement tu-die chez plusieurs espces ani-males (Castelino et Prenton, 1979;Boyce et al, 1989; Courtney, 1986).Il est certain que chez la chvre, il

    y aurait galement des races plusrsistantes que dautres. En dpit decette possibilit, les risques dinfe-stations massives sont souvent plusfaibles que chez le mouton, du fait

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    que la chvre, contrairement au mou-ton et au bovin, est leve dans deszones arides ou montagneuses. De

    plus,son

    comportementalimentaire

    est slectif pour les broussailles etles feuilles darbres, ce qui lexpose-rait moins linfestation par F hepa-tica.

    La cintique dvolution de L trun-catula, hte intermdiaire de F hepa-tica, a montr que les limnestaient actives pendant toute lan-ne. Les populations de limnes dela nouvelle

    gnrationconnaissaient

    leur plein dveloppement au coursdes mois chauds de lt aprs les-quels un petit effectif seulement sur-vivra lhiver pour constituer lafuture gnration parentale au prin-temps prochain. Parmi celle-ci figu-rera galement une gnrationsupplmentaire apparue en automneet qui serait le produit de la pontede la nouvelle gnration.

    Les pics dactivit maximale de Ltruncatula ont t rencontrs princi-palement en t. Cette particularitserait due au fait quen t la cou-verture vgtale et labondance eneau dirrigation au niveau des gtesa cr un microclimat trs favorable

    pour la reproduction des limnes etla survie des formes libres et intra-

    mollusques de F hepatica. Nan-moins, les conditions climatiquesfavorables la transmission du pa-rasite nont t rencontres quauprintemps et en automne.

    tant donn que les temp-ratures moyennes journalires taientcomprises entre 10 C et 30 C pen-dant toute lanne, de nombreuseslimnes sont restes actives, et trs

    peurentraient en estivation ou en hi-

    bernation. Kendall (1949) a rapportque chez les limnes en activit

    continue, la dure de vie ne dpas-sait pas une anne. Ceci expliqueraitla forte mortalit enregistre chez la

    gnration parentaledont une

    grande proportion serait morte de s-nilit en t et en automne.

    Ltude des variations saison-nires de lactivit des limnes dansla rgion du Haouz a dmontr quelpidmiologie de la fasciolose danscette rgion prsente des caractris-tiques particulires. La tempraturerelativement leve et la prsencedeau en permanence constituent le

    principal facteur qui dtermine la sur-vie du parasite et le dveloppementde L truncatula.

    REMERCIEMENTS

    Les auteurs expriment leurs remercie-ments la direction de llevage et auxservices vtrinaires de la rgion dEl At-taouia pour les facilits mises leur dis-position lors du droulement de cettetude.

    Ce travail a t ralis grce unebourse de recherche (B/1106-1) de laFondation internationale pour la science,Sude.

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