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Societe de l'Histoire de France
VARIÉTÉS: Jeanne d'Arc et Guillaume de FlavySource: Bulletin de la Société de l'histoire de France, 2 Série, T. 3 (Jan. 1861-Dec. 1862), pp.173-176Published by: Editions de Boccard on behalf of Societe de l'Histoire de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/23397082 .
Accessed: 13/05/2014 16:17
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DE L'HISTOIRE DE FRANGE. 173
somme sera fait dans les conditions indiquées. M. le Vice-Président
en fonctions en donnera un reçu régulier à M. Deullin, au nom de
la Société.
La séance est levée à quatre heures et demie.
II.
variétés.
Jeanne (VArc et Guillaume de Flavy.
Nous recevons de M. G. du Fresne de Beaucourt la note suivante
sur la question de savoir si Jeanne d'Arc, à Conipiègne, fut trahie.
M. Yallet de Viriville, en signalant les relations intimes de Guillaume
de Flavy avec les ennemis de Jeanne à la cour de France, Georges de
la Trémouille et le chancelier Regnault de Chartres, a déjà fait entre
voir la trahison comme très-probable. C'est dans une lecture faite à
l'Académie des inscriptions, et dont l'analyse a été imprimée dans le
Journal de l'instruction publique du 29 mai 1861, que M. Vallet a ex
posé ses conjectures à ce sujet. La découverte du nouveau document,
plus précis encore, que M. du Fresne de Beaucourt y ajoute aujour d'hui fortifie considérablement les soupçons élevés contre Guillaume de
Flavy. On ne connaissait pas encore les différents textes que ces cher
cheurs clairvoyants mettent ainsi successivement au jour, lorsque
M. J. Quicherat publia les Procès de la Pucelle. Il est probable que le
savant éditeur eût vu les choses sous un autre jour s'il eût su les ami
tiés secrètes du gouverneur de Compiègne et les dires de l'avocat Ra
piout, que M. de Beaucourt nous révèle en ces termes :
α: II est un point qui a fixé l'attention de tous les historiens de la
Pucelle, un problème qu'une critique assidue et savante a tenté de ré
soudre : Jeanne d'Arc a-t-elle été trahie devant Compiègne? — M. Qui
cherat, qui a étudié si profondément tout ce qui se rattache à la Pu
celle, a traité cette question dans ses Aperçus nouveaux sur l'histoire de
Jeanne d'Arc et l'a tranchée par la négative, au moins en ce qui con
cerne Guillaume de Flavy. Selon lui, ce n'est qu'à mesure que les évé
nements s'éloignaient que ces bruits de trahison ont pris quelque
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consistance; les auteurs tle la première moitié du quinzième siècle
sont muets; après 1480, on voit apparaître de vagues accusations; ce
n'est que sous Louis XII que le nom de Guillaume de Flavy est pro noncé pour la première fois.
« Je me persuade, dit M. Quiclierat, que la justice populaire fut
aussi mal éclairée que celle du parlement (qui condamna Flavy en 1500
pour un assassinat dont il avait obtenu rémission en 1441)lorsque, par un
arrêt également posthume, elle déclara le même Flavy coupable d'avoir
vendu la Pucclle.... Il résulte des faits que Flavy voulait aussi sin
cèrement que la Pucelle la délivrance de Compiègne ; qu'en s'y em
ployant tous deux comme ils le firent, ils froissèrent les mêmes amours
propres et encoururent la même indignation; qu'enfin, à supposer
Flavy jaloux de son alliée, il ne l'eût pas sacrifiée dès le début de leur
commune entreprise, au risque de décourager la population de Com
piègne, sur qui reposait tout l'espoir de la résistance. » (P. 81 et S i.) Et
M. Quiclierat conclut que « le récit des auteurs les plus exacts, inter
prété d'après l'étude des lieux, n'autorise pas à voir dans la prise de
la Pucelle autre cîiose que l'un des funestes hasards de la guerre. »
(P. 83.)
Jene suivrai pus plus loin l'historien clans son argumentation. Je n'ai
pas à m'inquiéter ici de la Tréraouille et de ses complots plus ou moins
réels; je m'en tiens à Guillaume de Flavy. Je n'ai nullement l'intention de combattre les conclusions de
M. Quiclierat ; je veux seulement apporter dans le débat un document
qui n'y a point encore figuré et qui a son importance. Le savant éditeur des Procès de la Pucclle a publié parmi les pièces
du tome V un mémoire a consulter sur Guillaume de Flavy, d'après l?ori
ginal dans la collection d'Hozier au cabinet des titres. On y trouve de
curieux détails sur Compiègne en 1429 et 1-130, et un résumé aussi
imparfait qu'incomplet de la procédure contre Flavy qui aboutit à
l'arrêt du 9 septembre 1509. M. Quicherat exprime le regret de n'a
voir pu retrouver aux archives aucun acte se rattachant à cette procé
dure; il a pourtant découvert une pièce importante : la rémission
obtenue en 1-441 par Flavy au sujêt de la séquestration du maréchal
de Rieux. En poursuivant le cours de mes recherches sur le quinzième
siècle, j'ai rencontré dans les registres du Parlement, procès criminels
(X, 88o7), un procès a entre messire Francoys, seigneur de Rieux et
de Rochefort, chevalier, nepveu et héritier de feu messire Pierre de
Rieux, en son vixant mar."5chai de France, demandeur en cas d'ex
cès, d'une part; et Guillaume de Flavy, escuier, défendeur èsdis
d'autre part. »
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DE L'HISTOIRE DE FRANCE. 175
C'est ce procès que je vais analyser et reproduire ici en partie.
1444, 2o juin, Rapiout, avocat de Rieux, expose les faits.
Luillïer répond pour Flavy que s'il peut venir en personne se justi
fier, il viendra.
On renvoie à huitaine pour entendre les gens du roi et le défendeur.
2 juillet. Luillier requiert un délai. Renvoi à quinzaine. 21 juillet. Le défendeur viendra défendre lundi prochain 27.
13 août. Réplique de Luillier.
Luillier récite la demande du demandeur, défend, et dit que « Flavy est bien nobles bonis et de noble généracion, et sont ses père et mère
issuz seigneurs. De paT son père, il est de ceulx de Vaucourt et d'au
tres grans seigneurs, et de par sa dicte mère, il est d'autres grans sei
gneurs, et n'y a gaires en Picardie nobles homs que ne lui appartiengne de lignage. Et tient pluseurs places, et estoient sept filz où service du
Roy, dont les deux moururent où service du Roy. Et en demoura en
core cinq : Jehan, Charles et Guillaume de Flavy, qui a de belles sei
gneuries, et Hector de Flavy, qui fut fait chevalier en la terre sainte, et
durant les divisions mist gaige Hector devant le duc de Bourgongne et fut acompaigné delx à iiij" gentilzhommes et y avo[it] quarante et
cinq bannières. Dit qu'il ont ung autre frère ainsné très vaillant. Dit
que Guillaume de Flavy et ses frères sont descendra de ceulx de Mon
tauban et portent la fleur de lis entière. Ledit Guillaume fut escoliier à
Paris et y fut gradué ne scet de quel degrece (sic). Mais inessire Re
gnault de Chartres, chanceliier de France, le print de l'escolle et le
mist en sa compaignie; et fut à Rome avec lui par deux foiz, et devers
le duc de Savoye, en Angleterre et en autres voyages. Dit que ledit
défendeur et autres se logèrent au mont de Rouen. Guillaume de Flavy,
qui en estoit îe chief, se bouta dedans le chastel de Rouen, et là fut son
commencement. Et firent tant que la ville fut réduite au Roy et après fut ordonné aler à Corbueil, etc.... — Meaulx prins par le Roy d'An
gleterre et par ce moien Compeigne et tout le pais par delà, Guillaume
de Flavy, qui avait ses terres et parens en Picardie, laissa tout et voult
plus tost mandier et abandonner tout que estre contre le Roy.... (Flavy à Beaumont ; il vient au sacre avec trois ou quatre cents chevaliers.) Et quant le Royala à Senliz, Flavy fist tant que Compeigne fut réduit
au Roy ; et y ala le Roy qui lui donna la capitainerie, et le fist jurer le
Roy que ne la baillerait à personne si non que le Roy le lui dist de sa
bouche.... Après le sacre, on voult traictier de la paix cuire le Roy et
le duc de Bourgongne, et vouloit avoir ledit duc de Bourgogne la ville
de Coinpiengne. Et après, le Roy manda unes lettres à Flavy que bailla st
Compiengne à Longueval et qu'il en [l'en) deschargoit. Flavy sceutque estoit ficcion et refusa de labaillier. Et cuidantle Roy qui ne le fist pour
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mal, fut mal content. Mais il ayma plus refuser que faulser son sere
ment. Et lui fut offert trente mil escuz et rail livres de rente afin que baillast ladicte ville de Compiengne. Et durant le siège, Flavy parti
quatre foiz de Compiengne pour aler devers le Eoy à grant misère ; et
le iije foiz ot lettres du Roy comment le quictoit de sa foy. Et voiant
Flavy que Compiengne feust perdu et toutes les autres villes feussent
perdues, il bailla tout le sien aux gens d'armes pour les entretenir et
fist ung grant service au Roy et à tout le pais de Champaigne.Et onc
ques du Roy n'ot remuneracion ; bien ot des mandemens, mais point
d'argent. Et, à cause de ses labeurs, est elieu en grant maladie et a
perdu ung des piez, mais toujours veult servy le Roy..., » (Suit le récit
du démêlé de Flavy avec le maréchal de Rieux.)
Harbin, pour le roi, conclut contre Flavy. Remise pour la réplique du demandeur.
1445, 11 février. Réplique de Rapiout. — L'avocat réfute ce qui a
été avancé à l'honneur de Guillaume de Flavy. « A ce que a longuement tenu et gardé la ville de Compiengne sans
la vouloir baillier au duc de Bourgongne combien que lui offrist or,
argent et rentes, etc. : dis que de ce ne doit pretendre louange, car
faisoit ce qu'il devoit. Ne scets'il en fist aucunes saillies contre eeubc
qui tenoient le siège ; et n'est à croire que en refusast xxx"> escus, feu
qu'il ferme les portes à Jehanne la Puce/le par ψιογ fut prise, et dit-on que.
pour fermer lesdictes portes il ot pluseurs lut gaz d'or. )> — Je ne poursuis
pas l'analyse de la procédure qui n'offre plus aucun détail intéressant.
On la trouvera dans le registre cité à l'année 144b, 11 février, 5 avril
et 23 juillet. « On voit par ce document que du vivant même de Flavy, en présence
de son avocat, l'allégation était hautement et nettement formulée. Ce
n'est donc pas, comme l'a pensé M. Quicherat, une accusation pos thume et produite seulement au temps de Louis XII. Pour qu'en plein
Parlement, moins de quinze ans après l'événement, Rapiout ait pu affirmer que Flavy était l'auteur de la prise de la Pucelle, il fallait
que cette croyance eût dès lors quelque consistance. Encore une fois
je ne prétends pas qu'elle fût fondée. Il [me suffit d'avoir signalé le
fait. D'autres en apprécieront la portée. »
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