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Réc. N°023/RDOP/F35/SAAJP Année 2 - N°016 Du 26 nov. au 09 déc. 2012 Tél: 33 10 61 11 [email protected] www.villesetcommunes.info Directeur de la publication : Kamdem Souop Edition internationale La vitrine des municipalités Prix : 1 000 Fcfa Partenariat Pndp et Feicom d’accord pour aider les Ctd DEVHOPE Dalal ak jàmm Dalal ak jàmm ci Ndakaaru* ci Ndakaaru* Cette publication est réalisée avec le concours de FORMATION - ACCOMPAGNEMENT - CONSEIL AUX COMMUNES Siège: 1er étage Immeuble Face Camtel Biyem-Assi -Yaoundé Décentralisation - Gouvernance locale - Budgétisation - Transparence - ICT 4 Open Budget Tél: 00237 99 99 70 93 Mél: [email protected] *Bienvenue à Dakar, en wolof Dans cette édition spéciale, Jean Pierre Elong Mbassi, Daby Diagne, Ousmane Sy, Abraham Okoko-Esseau, François Menguelé, Bachir Kanouté, Maurice Engueleguelé, Pape Mor Ndiaye et d’autres experts de l’Afrique locale ouvrent le débat sur un certain nombre de questions qui seront débattus lors de la 6e édition d’Africités qui s’ouvre le 4 décembre. Les communes appelées à lever des fonds sans s’endetter Lire P. 6 "Il est préférable d'allumer une bougie que de maudire l'obscurité" Proverbe d'Asie SOS Melvin Tchamba 587 JOURS DÉJÀ Le Programme national de développement participatif et le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale ont signé le 01 novembre dernier une convention de partenariat. P.8 Nécrologie Théophile Abéga rend son écharpe Le maire de Yaoundé IV s’est éteint le 15 novembre 2012 à Yaoundé des suites de maladie. P.12 Africités 2012

V&c 16 spécial africités

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Dans cette édition spéciale, Villes & Communes donne le la des débats de la 6e édition d'Africités en faisant parler plusieurs experts de l'Afrique locale. Document à conserver.

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Page 1: V&c 16 spécial africités

Réc. N°023/RDOP/F35/SAAJP

Année 2 - N°016

Du 26 nov. au 09 déc. 2012

Tél: 33 10 61 11

[email protected]

www.villesetcommunes.info

Directeur de la publication : Kamdem Souop

Edition internationale

La vitrine des municipalitésPrix : 1 000 Fcfa

PartenariatPndp et Feicomd’accord pouraider les Ctd

DEVHOPE

Dalal ak jàmmDalal ak jàmmci Ndakaaru*ci Ndakaaru*

Cette publication est réalisée avec le concours deFORMATION - ACCOMPAGNEMENT - CONSEIL AUX COMMUNES

Siège: 1er étage Immeuble Face Camtel Biyem-Assi -Yaoundé

Décentralisation - Gouvernance locale - Budgétisation - Transparence - ICT 4 Open Budget

Tél: 00237 99 99 70 93 Mél: [email protected]

*Bienvenue à Dakar, en wolof

Dans cette édition spéciale, Jean Pierre Elong Mbassi, Daby

Diagne, Ousmane Sy, Abraham Okoko-Esseau, François Menguelé,

Bachir Kanouté, Maurice Engueleguelé, Pape Mor Ndiaye et

d’autres experts de l’Afrique locale ouvrent le débat sur un

certain nombre de questions qui seront débattus lors de la 6e

édition d’Africités qui s’ouvre le 4 décembre.

Les communesappelées àlever des fonds sans s’endetter Lire P. 6

" I l e s t p r é f é r a b l e d ' a l l ume r u n e b o u g i e q u e d e maud i r e l ' o b s c u r i t é " Proverbe d'Asie

SOS Melvin Tchamba

587

JOU

RS

DÉJ

À

Le Programme national dedéveloppement participatif et leFonds spécial d’équipement etd’intervention intercommunaleont signé le 01 novembre dernierune convention de partenariat.

P.8

NécrologieThéophile Abégarend son écharpe

Le maire de Yaoundé IV s’estéteint le 15 novembre 2012 àYaoundé des suites de maladie.

P.12

Africités 2012

Page 2: V&c 16 spécial africités

N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 20122

Ce n’est certainement pasle cessez-le-feu décrété le21 novembre dernierentre Israël et le Hamasqui fera oublier l’essen-tiel. Il se passe quelque

chose au Proche-Orient qui est toutsimplement inadmissible. Un peuplerendu apatride par la reconstructionde l’Etat d’Israël en 1948 s’exprime detous les moyens possibles pour obtenirson droit d’exister et à jouir de la terre.La terre? Les «territoires occupés».Ony est. La Palestine, enjeu majeur des reli-gions révélées et qui a valu à l’humani-té sa ration de sang (les enfants massa-crés par Hérode, le Christ, les victimesdes croisades, quelques Israéliens vic-times de bombes et roquettes... beau-coup plus de Palestiniens victimes dela puissante armée israélienne) est ditesainte. Sans doute. Mais ce n’est pas cequi s’y passe actuellement au plus hautdegré de l’injustice qui la sanctifieradavantage.Voici que qu’écrivait Alain Gresh, le 27janvier 2006 dans Le Monde diploma-tique : «La victoire sans appel du Hamasaux élections législatives du 25 janvier2006 a suscité bien des commentaires etdes mises en garde indignées des Etats-Unis et de l’Union européenne, Francecomprise. [...] Le scrutin, tenu sous occu-pation étrangère, a suscité une très fortemobilisation de la population palesti-nienne. Plus des trois-quarts des élec-teurs se sont rendus dans les bureaux devote. C’est incontestablement une victoirepour la démocratie et la preuve que lesPalestiniens y sont attachés. Et lesquelque 900 observateurs internationauxont témoigné de la régularité du scrutin.Les électeurs ont exprimé leur rejet de lapolitique suivie par l’Autorité palesti-nienne et le Fatah sur [...] une condam-nation de leur incapacité à créer des ins-titutions solides, à éradiquer la corrup-tion, à améliorer la vie quotidienne. Toutle monde en Palestine est conscient descontraintes permanentes d’une occupa-tion qui se poursuit depuis bientôt qua-rante ans, mais, même en tenant comptede ces conditions, le bilan de l’Autoritéapparaît négatif. Il l’est aussi dans ledomaine des négociations avec Israël

depuis les accords d’Oslo de 1993. Tout lepari de M. Mahmoud Abbas, élu prési-dent de l’Autorité en janvier 2005, étaitqu’une position « modérée » de sa partrelancerait le « processus de paix » ; iln’en a rien été. M. Ariel Sharon, qui avaitlongtemps affirmé que Yasser Arafat étaitl’obstacle à la paix, n’a rien offert à sonnouvel interlocuteur : le retrait unilaté-ral de Gaza s’est accompagné – c’étaittout le but de la manœuvre - de l’accélé-ration de la colonisation et de laconstruction du mur de l’apartheid –malgré la condamnation du Tribunalinternational de La Haye».Comme quoi, il y a des situations où ladémocratie ne suffit pas. Et les vieuxdémons refont surface. Mars 2007 : leFatah et Hammas forment un gouver-nement d'unité mais il est traversé devives tensions. Juin 2007 : le Hamasprend le contrôle de la bande de Gaza(plus de 100 morts dans les combats) etchasse le Fatah. Les États-Unis,L'Union européenne et Israël organi-sent le blocus de Gaza. Décembre 2008:

Opération "plomb durci". Offensivedévastatrice sans précédent de l'arméeisraélienne sur Gaza. Plus de 1.400morts Palestiniens majoritairementcivils (13 soldats israéliens tués) sanscompter les ruines. 31 mai 2010 : descommandos israéliens attaquent la flot-tille pour Gaza faisant 9 morts parmiles passagers. Octobre 2012 : électionsmunicipales en Jordanie boycottéespar le Hamas. Novembre 2012 : A partirdu 14 novembre, assaut militaire israé-lien contre Gaza (plus de 140 mortsPalestiniens).La communauté internationale siprompte à commenter les processusdémocratiques en Afrique se découvreune subite et durable aphonie, avec lacomplicité des grands médias.On parle bien d’êtres humains qui ontle droit de se réfugier derrière laCharte du Mandé (ancêtre de laDéclaration universelle des droits del’Homme) pour espérer du monde unecompassion qu’on leur dénie au nomd’une souffrance éprouvée par lepeuple hébreux et qui lui vaut finale-ment absolution de tous ses forfaits enPalestine.C’est à la faveur d’Africités qu’il meprend l’envie de faire le lien entre levécu palestinien et l’un des débats quiaura cours à Dakar. Peut-on développerun territoire quand quelques principesuniversels sont bafoués: autonomie etdémocratie, pour ne citer que ceux-là?L’Afrique aurait tord de ne pas s’ex-primer sur ces questions. Certainspeuvent croire que ces choses n’arri-vent qu’aux autres, mais quand on voitce qui s’est passé au Zimbabwé, enLibye ou en Côte d’Ivoire, on com-prend que changer de statut, pour lesindividus, les territoires, les Etats etmême les régions, dépend de si peu dechose. La voix de l’Afrique a besoind’être entendue, sur elle-même et surle monde. Car sans ouverture, noussommes condamnés à disparaître.L’occasion d’Africités est trop belle. «Quand la maison de ton voisin prendfeu, verse de l’eau sur la tienne», ditune sagesse africaine.Bonne lecture et qu’on entende lavoix de l’Afrique des territoires.

La voix de l’Afrique locale

Publié avec lesoutien de

Directeur de publication /Rédacteur en chef Kamdem Souop (+237 77 71 68 86)RédactionAlain Biyong, MarcelinAngounou, MadeleineAssen, HonorineNgangue, Martial Nepoue

A collaboré à cette éditionNgu Peter, StéphanieDongmo ConsultantsCharlie Martial Ngounou(Finances locales - Gouvernance)Emeran Atangana Eteme(Décentralisation)

Conseil en communicationCreativa Commercial 98 21 56 06ImprimerieJv-Graf - YaoundéDistributionCameroun: MessapresseAfricités: CGLUA

Par Kamdem Souop

La voix de l’Afrique abesoin d’être entenduesur elle-même et sur lemonde. Car sans ouvertu-re, nous sommes condam-nés à disparaître.

EN BREF

éditor ia l

COOPERATION

L’UE à Meiganga

Jean Vincent Tchienehom est le

président du tout nouvel

Observatoire de la couverture

médiatique des élections au

Cameroun. C’est ce qui ressort

de l’atelier organisé le 16

novembre 2012 à Douala par

Journalistes en Afrique pour le

développement (Jade) et l’Union

européenne. Le but que se fixe

cet Observatoire est de contri-

buer à une couverture équitable

des élections et des activités des

partis politiques.

La tenue de ces travaux qui ont

regroupé les journalistes et mili-

tants des droits de l’Homme

s’inscrivait dans le cadre du pro-

gramme d’appui aux processus

électoraux au Cameroun (Pape)

et précisément dans le cadre du

projet relatif à la Mobilisation

citoyenne pour les élections cré-

dibles (Mocec).

Selon Florence Lemoine-Minery

du Gret, l’observatoire aura pour

rôle de « sensibiliser, informerlargement les citoyens sur lesprogrammes des candidats etpartis, relayer la voix descitoyens, susciter le débatcontradictoire pour aider à unchoix éclairé des citoyens, sur-veiller le déroulement du proces-sus électoral et observer les par-tis politiques, candidats et orga-nisations de la société civile».En

plus des médias, la structure

devra aussi observer le déploie-

ment du régulateur en période

électorale. Ici, il sera question de

«définir les règles du débat

démocratique dans les médias,organiser le débat public dansles médias de service public, pro-poser des formations, séancesd’information pour les journa-listes, mettre en place une veilleet en faire le bilan, rappeler àl’ordre si besoin, et veiller àl’équilibre des tendances expri-mées dans les médias privés».

Les différents éléments recueillis

par l’observatoire, seront conte-

nus dans des rapports qui seront

publiés avant, pendant et après

les élections.

Source: journalducameroun.com

L’Union Européenne vient d’affecter près

de 220 millions de Fcfa, pour le finan-

cement des projets de développement de 22

villages riverains des régions de l’Adamaoua

et de l’Est. Ce financement du 10ème Fonds

européen de développement (Fed) agit pour

l’amélioration des conditions de vies des

populations riveraines, vivant le long de la

nouvelle route Garoua Boulai-Nandéké en

chantier, branche du corridor transnational

reliant le Tchad-Rca-Cameroun.

La construction de cette route est certes une

ouverture pour le développement de ces vil-

lages et communautés, mais elle entraine

aussi des conséquences parfois graves sur le

quotidien des riverains: sécurité routière,

Ist/Vih-Sida, problèmes environnementaux,

etc.

Elaboré par le consortium des Ong/associa-

tions Synergies-Développement (Sydev)

basé dans la région de l’Adamaoua et chargé

de piloter ce projet avec ses partenaires, le

projet vise dans ses actions, le secteur du

transport, de la santé, de l’éducation, de l’en-

vironnement et du développement. Il

consacre à cet effet, la construction de salles

de classe, des forages, des magasins de stoc-

kage, des lits d’hospitalisation et des moulins

à écraser le maïs, entre autres.

Source: Camnews

ELECTIONS 2013

La presse a unobservatoire

FEICOM

Motif de satisfactionen 2012Le Centre Jean XXIII de Mvolyé a accueilli

les 19 et 20 novembre 2012 les travaux de

la conférence des services centraux et exté-

rieurs, du Fonds spécial d’équipement et d’in-

tervention intercommunale.

Au cours des travaux qui ont révélé que la

«Banque des communes» avait pour le comp-

te de l’année 2012 atteint ses objectifs à 69%,

Philippe Camille Akoa, le Directeur général,

est revenu sur le prix UN-Habitat Scroll of

Honour, attribué au Feicom en septembre der-

nier à Naples par Onu-Habitat. C’était, a fait

savoir le jury, «en reconnaissance de l’action

de l’organisme pour l’atteinte des Objectifs du

millénaires pour le développement, notam-

ment dans le domaine des établissements

urbains».

Le travail d’équipe qui a permis d’atteindre

ces objectifs et gagné ce prix avait été salué

par le conseil d’administration du Fonds réuni

en session extraordinaire le 16 novembre. Ce

qui n’a pas empêché M. Akoa de demander

aux personnels de s’appliquer d’avantage pour

l’atteinte des objectifs de 2013, année au

cours de laquelle une nouvelle formule d’éva-

luation entrera en vigueur au Feicom.

Le bâtiment R+2 abritant désormais les ser-

vices de la commune d’arrondissement de

Yaoundé II a été inauguré le 15 novembre

2012. Situé face au Palais des Congrès, au

quartier Tsinga, iI a été financé par le Fonds

spécial d’équipement et d’intervention inter-

communale, la Communauté urbaine de

Yaoundé et la commune dirigée par Luc

Assamba, l’ouvrage a coûté 743 millions de

Fcfa.

La cérémonie d’inauguration qui vient mettre

un terme à un bail de plus de deux décennies a

connu la participation ministres René

Emmanuel Sadi, (Administration territoriale et

décentralisation) Pierre Moukoko Mbonjo

(Relations extérieures) et Grégoire Owona

(Travail et sécurité sociale).

A l’occasion de cette cérémonie, certains per-

sonnels de la commune ont reçu des médailles

des mains de Grégoire Owona et de Jean

Claude Tsila, le préfet du Mfoundi.

YAOUNDE II 

Des locaux neufs

Page 3: V&c 16 spécial africités

Spécia l Afr ic ités 2012 3N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

L’Etat au coeur du développement participatifL’Afrique et ses territoiresL’Afrique et ses territoires

Bon à savoir

Local government on the Africancontinent is faced with an untenable

situation characterized by the existenceof two bodies. One is based in Rabat,Morocco and the other in Tshwane,South Africa, both purporting to be theUnited Cities and Local Governments inAfrica (UCLGA) and as a consequencethe legitimate voice of local authoritiesand cities.Representatives of these two bodies haveconvene in Johannesburg to pursue talksto unify the UCLGA. The South AfricanLocal Government Association (SALGA)has been identified to play a constructiverole in mediating the conflict betweenthe parties.As a result, the Chairperson of SALGA,Cllr Thabo Manyoni has invited theExecutive Committees of both parties toa facilitated meeting to be held from 9 –10 November 2012. The aim of the mee-ting is to develop a roadmap towards there-unification of local governments inAfrica as it is preparing to convene theElective Congress of the UCLGA inDecember 2012.Acknowledging that earlier mediationattempts at resolving the impasse engul-fing the organisation have failed, bothbodies have expressed a desire to forgeunity within the UCLGA and committedthemselves to participating in a processthat is aimed at uniting the organisationto put an end to the current divisions andseparate leadership structures

UCLGA to hold unitydiscussions

Le gouverneur de la Banque des Etatsde l’Afrique centrale (Beac), Lucas

Abaga Nchama, a indiqué dans un entre-tien le 15 novembre 2012 avec la Pana àParis que l’Association des banques cen-trales africaines (Abca) travaille pour lacréation d’une banque centrale panafri-caine unique à l’horizon 2025.«Nous travaillons dans le cadre del’Association des banques centrales africaines(Abca) et récemment nous avons eu uneréunion à Alger pour la création d’unebanque centrale panafricaine. Ce projet estpiloté par l’Union africaine. C’est très impor-tant pour accroître les échanges inter-afri-cains que cette banque voie le jour et noustravaillons vraiment pour cela», a affirméLuca Abaga Nchama.«Le mois passé (octobre), nous avions décidéqu’à l’horizon 2025, cette banque centralepourrait voir le jour et pourquoi pas unemonnaie commune, pas nécessairement unemonnaie unique, mais une monnaie commu-ne puisqu’on pourrait garder les monnaiesnationales pendant un temps», a ajouté legouverneur de la BEAC.Au-delà des difficultés techniques inhé-rentes à ce type de projet, M. Nchama aestimé que les travaux avancent trèsbien, tout en rappelant que lesEuropéens ont mis 50 ans pour avoir unemonnaie unique.«Nous pensons par contre qu’il y a beaucoupd’avancées depuis la conférence de Lagos en1982 où l’intégration était devenue une prio-rité pour les Africains. On connait déjà plusou moins là où sera le siège et nous y tra-vaillons pour que tous les Etats puissent yadhérer», a-t-il conclu.

Source: Pana

Une banque centralepanafricaine en 2025

La participation des popu-lations locales aux déci-sions qui influent sur leur

existence est essentielle au ren-forcement de l’efficacité dudéveloppement et peut trans-former le rôle des pauvres enmatière de développement enleur donnant la possibilité de sefaire entendre et d’exercer uneinfluence. Toutefois, il n’est pasfacile d’introduire l’engage-ment citoyen dans les activitésde développement, comme l’in-dique un nouveau rapport de laBanque mondiale portant surles projets de décentralisationet de développement commu-nautaire appuyés par l’institu-tion et d’autres bailleurs defonds.Le nouveau rapport, consacré àl’analyse des activités de déve-loppement participatif, montreque les projets de ce genre netiennent souvent pas compte dela complexité des situationslocales — en ce qui concernenotamment les réalités sociales,politiques, historiques et géo-graphiques — et laissent à dési-rer du point de vue des méca-nismes de suivi-évaluation, cequi entrave l’acquisition desconnaissances. À l’aide de nom-breux exemples, les auteursdémontrent que les projets par-ticipatifs ne peuvent se substi-tuer aux États fragiles et queleur réussite exige au contraireun soutien solide au niveaucentral.Sur la base d’éléments concrets,le rapport décrit les enseigne-ments tirés des difficultés aux-quelles sont confrontés lesorganismes donateurs soucieuxde promouvoir la participation— notamment la nécessité detraiter avec un État réceptif etde bien connaître la situationlocale — et recommande plu-sieurs mesures, dont un enga-gement souple et durable et unsuivi participatif, pour per-mettre aux bailleurs de fondsde soutenir efficacement lesprojets.«Pour promouvoir véritablementla participation citoyenne, il estnécessaire de prendre des engage-ments à long terme et de bien com-prendre les forces sociales et poli-tiques qui s’exercent à tous lesniveaux de la société», déclareGhazala Mansuri, économisteprincipale dans le GroupeRéduction de la pauvreté etéquité de la Banque mondiale,co-auteur du livre avecVijayendra Rao, économisteprincipal dans le Groupe derecherche sur le développe-ment de la Banque.«Il est rare que l’on prenne sérieu-

sement en compte le fait qu’il n’estpas facile d’organiser efficacementdes groupes d’individus pour pal-lier les défaillances du marché et del’État», déclare M. Rao. «En fait,cette démarche se heurte à de nom-breuses difficultés, telles que lemanque de coordination, les inéga-lités, le manque de transparence, lacorruption, les comportementsopportunistes et le manque demoyens. La meilleure façon deprocéder en la matière est depromouvoir une participationpartant de la base, étayée parune supervision partant dusommet ».La Banque ayant investi 85 mil-liards de dollars dans des pro-jets participatifs locaux aucours des dix dernières années,tandis que d’autres bailleurs defonds apportaient des milliardsde dollars supplémentaires,Mme Mansuri et M. Rao dispo-saient de données abondantespour déterminer les cas où lesprojets participatifs donnent ounon de bons résultats. Ils sontarrivés à la conclusion que laparticipation communautaire apermis d’améliorer quelquepeu les résultats en matière desanté et d’éducation, maisqu’elle a moins réussi à rédui-re la pauvreté ou à renforcerles capacités nécessaires à uneaction collective.

L’Etat incontournableIl existe des points communsentre les programmes commu-nautaires qui sont parvenus àtoucher les pauvres et à amélio-rer les services. L’un d’entreeux est la forte participation del’État, comme dans le cas del’initiative brésiliennePrograma Saude da Famılia,qui fournit des services de santégratuits et qui est gérée par lescollectivités locales sous lasupervision du ministère brési-lien de la Santé. Les évaluationsde ce programme indiquentqu’il a eu des effets substantielsen matière de santé, notam-ment au profit des nouveau-néset des jeunes enfants. De plus,le programme présente un bonrapport efficacité/coût puis-qu’il coûte environ 30 dollarspar personne. Une autre clé dela réussite consiste à engagerd’importants efforts pour ren-forcer les capacités au niveaulocal, comme le montre le projetghanéen de santé communau-taire et de planning familial. Enoutre, il est crucial d’accorderbeaucoup d’attention aucontexte et d’investir sérieuse-ment dans des systèmes desuivi transparents, ainsi que leconfirme le programme dedéveloppement indonésien desKecamatan.Selon le rapport, trois enseigne-ments majeurs se dégagent del’analyse des observations etdes défis plus généraux liés à lapromotion de la participation :1) Les interventions participa-tives sont plus efficaces lors-

qu’elles sont appuyées par despouvoirs publics réactifs. Iln’est pas nécessaire que l’Étatsoit démocratique, même si celacontribue grandement au suc-cès de la démarche. Enrevanche, là où l’interventionest mise en œuvre — au plancommunautaire ou à l’échelledu quartier —, il est crucial quel’État soit sensible aux besoinsde la collectivité.2) Le contexte, local et national,est très important. Les résultatsdes interventions varient énor-mément d’une collectivité àl’autre ; l’histoire, la géographieet les inégalités locales, la natu-re des relations sociales, lesréseaux et les systèmes poli-tiques exercent une forteinfluence. Les différences desituation sont parfois telles etleurs effets sont si imprévisiblesque les projets performantssont ceux qui intègrent desolides mécanismes d’appren-tissage et une grande sensibilitéet adaptabilité à l’évolution ducontexte.3) Une participation citoyenneefficace ne se développe pas defaçon prévisible. Il est plus pro-bable qu’elle progresse par à-coups, au rythme d’une alter-nance de périodes d’apparentetranquillité suivies de change-ments intenses et souventtumultueux. Les projets partici-patifs pilotés par les bailleursde fonds suivent généralementune trajectoire moins houleuse.Soumis à des impératifsbureaucratiques, ils promettentsouvent la réalisation de résul-tats précis, mesurables et géné-ralement optimistes dans undélai déterminé. Le risque estque ces projets déçoivent nonpas en raison des résultatsobtenus sur le terrain mais dufait des attentes irréalistesqu’ils suscitent.

Un meilleur suivi/évaluationLa Banque mondiale et lesautres bailleurs de fonds doi-vent prendre plusieurs mesurespour veiller à appuyer des pro-jets présentant les caractéris-tiques suivantes :

(i) La structure des projets doitchanger pour encourager uneparticipation souple et durable.La patience est une vertu.(ii) La conception des projets etles études d’impact doiventreposer sur des analyses poli-tiques et sociales en plus desanalyses économiques.(iii) Le travail de suivi-évalua-tion doit être pris beaucoupplus au sérieux et peut êtreénormément facilité par lerecours à de nouveaux outilsbasés sur les technologies del’information et de la communi-cation et présentant un meilleurrapport coût/efficacité.Il est nécessaire de créer desmécanismes clairement définisde retour d’information ainsique des systèmes participatifsde suivi et de recours.Surtout, il est nécessaire decréer la possibilité de retoursd’information honnêtes pourfaciliter l’acquisition desconnaissances plutôt que de selaisser aller à des jugementsprécipités, conjugués à la peurde l’échec. Du fait de sa com-plexité, le développement par-ticipatif exige que l’on soit prêtà tolérer l’échec et que les res-ponsables de projets soient clai-rement incités à en rendrecompte. Les revers sont parfoisla meilleure façon de découvrirce qui fonctionne vraiment.C’est uniquement dans unenvironnement où l’échec esttoléré qu’il est possible d’in-nover et de prendre des déci-sions stratégiques basées surdes données probantes.Le présent rapport est le der-nier d’une série de Rapportsconsacrés à la recherche sur lespolitiques (Prr) préparés par leDépartement de la recherche dela Banque mondiale. Les Prrvisent à alimenter le débat surles politiques publiques pro-pices aux économies en déve-loppement. Le rapport de cetteannée, basé sur l’examenapprofondi d’environ 500études, définit le cadre concep-tuel et le socle théorique dudéveloppement participatif.

Un communiqué de laBanque mondiale rendupublic le 14 novembre 2012fournit des extraits d’unrapport sur les résultatsdes projets de développe-ment.

L’Etat appelé à faire de la foule un acteur mobilisé et réfléchi

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Spécia l Afr ic ités 2012N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 20124

Les institutions de l’Afrique localeLes institutions de l’Afrique locale

Quand Daby Diagne que les autresappellent affectueusement «doyen»parle des premiers pas de regroupe-

ments des acteurs de l’Afrique locale, il y aune pointe d’amusement sur les obstaclesqu’il a fallu surmonter, mais aussi et surtoutla célébration d’une formidable amitié qui lelie à Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétairegénéral de Cités et gouvernements locauxunis d’Afrique, celui avec qui de belles vic-toires ont été acquises. Ce qui démontre àsuffisance que les clichés sur l’impossibilitédes Africains d’horizons et de natioanlitésdifférentes à s’unir pour faire rayonner lecontinent sont révolus. Et au bout, il y a dessatisfactions légitimes à vanter. La premièreporte sur la naissance de Cités et gouverne-ments locaux, où l’Afrique a joué un rôlemajeur, les luttes géopolitiques ayant laissédes traces auparavant, rendant illusoire laréunification des instances d’élus locauxfrancophones, anglophones et lusophones[cf. Interview de Daby Diagne, pp10-11]. Ce n’est donc que naturellementr la repré-sentation Afrique de cette organisationverra le jour. Cglua est née de la fusion destrois associations de collectivités locales pré-existantes, à savoir l'Union africaine desautorités locales (Aula), l'Union des villesafricaines (Uva) et le chapitre africain de

l’organisation lusophone des autoritéslocales, Ciudades Unao Capitaes y LusofonoAfricana, Americanay Asiatica (Uccla).Cglua, dont le siège est à Rabat au Maroc,rassemble 40 associations nationales de col-lectivités locales de toutes les régionsd’Afrique, ainsi que 2000 villes comptantplus de 100 000 habitants. Cglua représentepas moins de 350 millions de citoyens afri-cains.Elle jouit d’un statut diplomatique en tantqu’organisation internationale panafricaine.

Siéger à l’Union africaineSi avec Africités, l’Afrique locale a réussi às’insérer dans un agenda événementielappelé à marquer les esprits et les pratiques,il n’en demeure pas moins que les éluslocaux africains visent plus loin, être repré-sentés au sein des instances dirigeantes del’Union. Et l’onction qu’ils ont reçue de l’ac-tuel Chef d’Etat sénégalais, Macky Sall n’estpas pour leur déplaire. En effet, il a fait partà ses pairs en juillet 2012, lors du 19e som-met des Chefs d’Etats en Ethiopie, de sonvoeu de voir les collectivités locales repré-sentées au sein de l’Union africaine.

Cglua: Le Haut conseil en point de mire

C’est en 2000 à Windhoek (Namibie)lors de la deuxième éditiond’Africités, événement phare de

Cités et gouvernements locaux unisd’Afrique (Cglua), que l’idée de créer uncadre formel de concertation et d’échangesd’expériences entre ministres africains encharge des collectivités territoriales décen-tralisées a pris corps. Cette volonté a étéréitérée lorsque les ministres se sont rencon-trés une nouvelle fois dans le cadre d’uneAssemblée constitutive en marge duSommet «Africités III» à Yaoundé auCameroun en 2003. Mandat fut alors donnéau Cameroun de présider aux destinées dela Conférence africaine de la décentralisa-tion et du développement local (Caddel),mais aussi et surtout d’initier le processusd’arrimage de l’institution aux structures del’Union africaine (Ua).C’est ainsi qu’après la signature de laDéclaration de Yaoundé, qui rappelle lesobjectifs et engagements des Ministres afri-cains de la Décentralisation, la Caddel estdevenue, en 2007, un Comité technique spé-cialisé (Cts) de l’Union africaine pour lesquestions de décentralisation et de gouver-nance locale. En 2008, lors de la 1ère Conférence ordinai-re, une première mouture des statuts de lal’institution sera adoptée. Ces statuts serontrévisés en 2010 à l’occasion de la 1èreConférence Extraordinaire, et à cette occasionsept importantes résolutions visant à consoli-der le cadre institutionnel et à définir desorientations stratégiques de la Conférenceseront adoptées. L’Accord de Siège qui serasigné en juillet 2011 entre le gouvernementde la République du Cameroun et la Caddeldonnera une assise institutionnelle définitiveavant le passage de témoin entre leCameroun et le Mozambique en Août 2011, àl’occasion de la 2ème Conférence ordinaire àMaputo. Rencontre qui a tracé les grandeslignes du plan d’action stratégique 2011-2026et entériné la désignation d’un Secrétaire exé-cutif permenant.Ce changement à la tête de la Conférencemarquera également le début de la mise enoeuvre des orientations stratégiques arrê-tées en 2010. Par ailleurs, en sa qualité de Cts, la Caddel aprésenté son rapport d’activités au 18ème

Sommet des Chefs d’Etats de l’Union afri-caine tenu du 23 au 30 janvier 2012 à AddisAbeba. A l’issue de ce Sommet, l’Union afri-caine a entériné par voie de DécisionEX.CL.Dec 677 (XX) quatre décisions de la2ème Session ordinaire de la Caddel portantnotamment sur l’élaboration d’une charteafricaine sur les valeurs et principes de ladécentralisation et de la gouvernance locale;la célébration d’une journée africaine de ladécentralisation et de la gouvernance localele 10 Août de chaque année; l’élaborationd’un rapport triennal sur l’Etat de la décen-tralisation à l’échelle panafricaine et le lan-cement d’un prix de l’excellence en matièrede décentralisation et de gouvernance locale.Le 10 mai 2012, le Bureau exécutif de laCaddel composé du Mozambique, del’Angola, de l’Algérie, du Sénégal, deDjibouti et du Cameroun, a tenu sa premiè-re réunion ordinaire à Yaoundé.

Matrice d’échanges d’expériencesFrançois Menguelé, Coordonnateur duProgramme d’appui de la coopération alle-mande à la Caddel et à Cglua (Giz-Caddel/Cglua) donne une idée de l’appuidont bénéficient les Etats et les élus locauxpour qu’ils maitrisent et s’approprient lesinstruments adéquats dans la mise enœuvre de la décentralisation. «Dans l´accom-pagnement que nous apportons à la Caddel auxassociations des collectivités, nous avonsquelques chantiers en cours tels que la documen-tation des expériences et meilleures pratiques surles méthodes usitées par les différents pays envue de fixer le taux de ressources à affecter auxcollectivités, nous accompagnons certains paysdans la recherche de solutions relatives à la miseen place d´une fonction publique territorialepour renforcer le dispositif en ressourceshumaines des collectivités. L´idéal, c´est que les

municipalités puissent recruter des ingénieurs etdes planificateurs comme cela se fait déjà danscertains pays comme l´Afrique du Sud», affir-me-t-il. A l’écouter, il s’agit de ne pas seulementencourager le transfert des compétences etdes ressources financières. «Il faut que lesvilles et les communes puissent se pourvoir encompétences en recrutant des cadres. Il est inté-ressant de constater que certains pays précur-seurs en matière de décentralisation ont mis enplace un dispositif d´accompagnement tel que lesfonds d´équipement communaux ou alors descentres de perfectionnement des cadres commu-naux, mais force est de constater que le déploie-ment des ressources humaines ou leur affectationaux collectivités ne bénéficie pas encore du mêmedegré d´attention. Un tel dispositif est pourtantfondamental si l´on veut faire bouger les lignesen matière de développement local». Mais c’est assurément comme vecteur de«mutualisation des expériences» que la Caddela gagné ses premiers lauriers. Cela s’ex-plique par le fait que l’appui qu’elle reçoitde la Giz depuis 2009 lui permet de pré-tendre oeuvrer comme une matriced’échanges d’expériences et de bonnes pra-tiques pour les maires, les gestionnaires desaffaires municipales et les ministres. Ce quis’ajoute à un travail spécifique lié auconcept de «pays-frontières» «Nous fournis-sons par ailleurs un appui technique et institu-tionnel aux collectivités situées en zone fronta-lière à coopérer avec les collectivités voisinesdans la mise en œuvre des mesures d´intégrationsous-régionale afin que les «zones de rupture»soient transformées en «zones de suture». Bref,nous travaillons à ce que les options mises enœuvre et dont l´efficacité est avérée dans certainspays fassent tâche d’huile en matièred’échanges», conclut-il.

Caddel: Les experts au travailL’histoire de cette institution estétroitement liée à Africités, l’événe-ment phare des Cités et gouverne-ments locaux unis d’Afrique.

Par Martial Nepoue

Les acteurs de l’Afrique localesavent que leur reconnaissanceultime par l’Union Africaine seraitla création d’un Haut conseil descollectivités locales.

Par Madeleine Assen

Bon à savoir

La Caddel entend soumettre troisoutils à l’appréciation desministres en charge de la décen-tralisation présents à Dakar.

Actuellement plus connu sous sonacronyme en anglais, ALGOT, le

projet qui sera dévoilé en décembre pro-chain lors de la sixième édition du som-met Africités porte sur les Trajectoiresde la gouvernance locale en Afrique.Pour faire simple, il s’agit de mettreentre les mains des différents acteurs duterritoire et principalement des déci-deurs des informations retraçant les dif-férentes expérimentations de gouver-nance identifiées sur le continent noirdepuis l’antiquité. Le but ici est d’assis-ter les ministres en charge de la décen-tralisation et du développement localdu continent pour en faire, dans leursgouvernements respectifs, les locomo-tives des wagons d’idées qui sourdentau niveau local et qui ne demandentqu’à être structurées, appuyées, finan-cées, suivies et évaluées. Sans oublier lanécessité de renforcer continuellementles structures et infrastructures localesde manière à transformer les territoiresen économies locales stables et compéti-tives.La Conférence africaine de la décentrali-sation et du développement local, avecl’appui de la coopération allemande ainitié un projet devant conduire à laproduction de trois supports: une bro-chure d’environ 75 pages, un poster A0et un Dvd mulimédia.Si les deux premiers supports ontdavantage trait au passé de la gouver-nance locale en Afrique, le Dvd sertquant à lui de transition entre le présentet l’avenir pour donner son sens à l’in-terpellation des décideurs. En effet, ilest prévu de donner à voir l’Afriquelocale à travers des reportages tout endonnant la parole à divers acteurs duterritoire: élus locaux, chercheurs,diplomates, écrivains, artistes, organisa-tions de la société civile.

Clin d’oeil: ALGOTvivifie l’histoire de lagouvernance locale

. Inclusion et contrôle citoyen

. Respect et prise en compte de la diversitéculturelle. Promotion de l’intégration par leniveau local. Respect de l’Etat de droit. Participation de la base à la gouver-nance. Libre administration des collectivitéslocales. Redevabilité et reddition des comptes. Transparence. Equité et égalité des genres. Respect des Droits de l’Homme et despeuples. Valorisation des savoirs traditionnels.Partage et bonne gestion des ressources. Respect de l’environnement. Décentralisation, outil de développe-ment local.

Les valeurs partagéesde la Caddel

Une des retraites techniques de la Caddel

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Spécia l Afr ic ités 2012 5N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

Les acteurs de l’Afrique localeLes acteurs de l’Afrique locale“ L’Afrique a besoin de villes globales ”Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de CGLUA

Vous êtes l’un des acteursmajeurs de l’Afrique localedepuis des décennies. Si onvous demandait de jeter unregard sur le chemin parcouru,que diriez-vous ?Je pense que la quête des popula-tions pour une plus grande prisede responsabilité dans la gestionde leurs propres affaires a beau-coup progressé sur le continent.Il y a encore des hésitations danscertains Etats. Mais pratiquementtous les Etats qui sont en situa-tion de paix civile ont adopté deslois de décentralisation qu’il fautmaintenant mettre en œuvre.Bien entendu, il y a lieu de ne pasperdre de vue qu’il existe des dif-ficultés liées à une longue pra-tique d’une administration forte-ment centralisée ainsi que l’épi-sode des partis uniques qui nesont pas en faveur de la pluralitédans l’expression et témoignentd’une certaine ignorance de l’or-ganisation traditionnelle despouvoirs. Conséquence : le systè-me majoritaire a été interprétécomme un système exclusif oùcelui qui a la majorité emportetout. Or, ce n’est pas la cultureafricaine.

L’Afrique s’urbanise de plus enplus. On parle de 52 villes deplus d’un million d’habitants àce jour et plus de la moitié de lapopulation d’ici 2025 vivra enville. Quel regard le spécialisteque vous êtes pose sur le déve-loppement urbain de nos cités ?C’est probablement l’une desmutations majeures de notrecontinent. Et cette mutation a étérelativement mal gérée, parceque la ville a longtemps eu mau-vaise presse. L’on a, dans un pre-mier temps, estimé que l’urbani-sation était le signe de l’échec des

politiques de développement. Cen’est que très récemment, à lafaveur de la publication d’unrapport de la banque mondiale,que les Etats ont compris quel’avenir de leur économie natio-nale est étroitement lié à la solidi-té de leur économie locale. Ils ontaussi compris le rôle des villesdans le développement. A l’heure actuelle, la mutationqui consiste à passer d’uneAfrique essentiellement rurale ily a 30 ans à une Afrique essen-tiellement urbaine dans 30 ansest une trajectoire très difficile àgérer parce qu’il faut d’abordtransformer les mentalités.Notamment celles qui prônaientun certain romantisme dumonde rural. Un romantismequ’on retrouve d’ailleurs dans lesdiscours des dirigeants, puisqueplusieurs d’entre eux continuentà présenter l’Afrique comme uncontinent agricole et n’appréhen-dent son progrès et son deveniréconomique que sous le prismedu développement de l’agricul-ture.Cela fait qu’on voit des villescomme des lieux qui ne répon-dent pas tout à fait aux aspira-tions des Africains puisqu’onleur impute même le fait quel’Afrique ne se nourrit pas par sespropres productions. Il y a aussiune confusion entre niveau depopulation rurale et niveau deproduction agricole. Faut-il rap-peler que les Etats-Unis ont unniveau de population rurale del’ordre de quatre pour cent etqu’ils nourrissent pratiquementla planète entière ? Il n’y a pasd’homothétie entre la populationrurale et la production agricole.Or, beaucoup de gens continuentà le croire.Le futur de l’Afrique se bâtitaussi dans ses villes. Ces villesdoivent jouer leur rôle pourstructurer les marchés locaux, demanière à sentir l’importancedes relations entre les villes etleurs hinterlands. C’est pour celaque tout ce qui concerne lespistes rurales, les marchésruraux, l’évacuation, les lieux destockage des produits et tout cequi concerne la circulation doit

être une des plus grandes res-ponsabilités des autorités locales.Or la manière dont la décentrali-sation a été conçue dans la plu-part des pays a distingué d’uncoté les communes rurales et del’autre les communes urbaines.

C’est quelque chose qu’on auraitdû éviter. Heureusement, il y aquelques pays, comme le Bénin,qui ont communalisé de manièretotale leur territoire et chaquecommune possède une partieurbaine et une partie rurale ; cequi permet de gérer les relationsurbano-rurales de manière plusharmonieuse et plus responsable.Je crois que c’est une des trèsgrandes mutations à laquelle lespays africains ne sont pas trèsbien préparés jusqu’ici. L’autre mutation, c’est tout ce quiconcerne la relation à l’économieinternationale. Jusqu’ici,l’Afrique s’inscrit comme unerégion qui produit les matièrespremières et qui achète les pro-duits finis. Il n’est pas possible decontinuer avec une telle formule.Il faut que l’Afrique augmentedans la chaîne des valeurs desproduits. Il y a toutes les raisonspour que ça marche : les res-sources humaines commencent àêtre disponibles, les mines et tousles produits naturels sont à pro-fusion sur ce continent. Ce qu’ilfaut, c’est organiser les échangesà l’intérieur de l’Afrique. Or ceséchanges représentent moins decinq pour cent des échanges detous les pays africains. C’est doncun énorme chantier que deconstruire le marché national, lemarché régional et le marchécontinental. Et ce marché doits’appuyer sur des pôles urbainsqui animent cette mise en rela-tion. Et chaque région doit faireémerger ces pôles. Parce que lemonde de demain et la mondiali-

sation seront gérés par des villesglobales. Si vous n’êtes pas uneville globale ou si vous n’êtes pasen relation avec une ville globale,vous êtes les perdants de la mon-dialisation. Il faut que l’Afriquefasse émerger ses villes globales.Johannesburg est incontestable-ment la ville globale de l’Afriqueaustrale. Pour l’Afrique de l’Est,est-ce Nairobi ou Addis-Abeba ?Il faudra que les autorités régio-nales de cette région fassent cechoix difficile. Pour l’Afrique duNord, est-ce Alexandrie, Le Caireou alors Casablanca ou Rabat ?C’est une discussion à avoir. Çapeut être deux pôles qui se parta-gent la responsabilité. Pourl’Afrique de l’Ouest, manifeste-ment c’est Lagos. Pour l’Afriquecentrale, Kinshasa a suffisam-ment de poids mais le pays estdans une telle situation que lepays ne joue pas pleinement sonrôle. Ça aurait pu être Douala,c’est la même chose. Ça aurait puêtre Luanda, c’est la même chose.L’Afrique centrale est donc leventre mou de ce pôle globalpour structurer l’Afrique. Cetteréflexion doit être conduite parl’union africaine si on veut quel’Afrique s’articule de manièreharmonieuse à la mondialisation.

Ne pensez-vous qu’avec ce dis-cours, vous donnez quandmême du grain à moudre à ceuxqui pensent que les enjeuxcomme ceux que vous mettez enlumière rappellent à quel pointles ressources humaines auniveau local manquent de quali-té, que ce soit les managersmunicipaux, le personnel com-munal, le personnel politique,les services déconcentrés del’Etat ?Il ne faut pas confondre le pou-voir et la capacité à l’exercer. Leroi des Belges avait dit auxCongolais qu’il est prêt à donnerl’indépendance au Congo le jouroù le personnel congolais serasuffisamment compétent pourpouvoir l’exercer. Or c’est unfaux problème, parce que le pou-voir n’est pas une question tech-nique mais une question poli-tique. Donc, le pouvoir on l’a ouon ne l’a pas. Dès qu’on l’a, onsait comment l’exercer ou, à toutle moins, on doit trouver lemoyen de l’exercer de tellemanière que l’efficacité de cetexercice donne les résultats qu’onattend. Je pense que la question des res-sources humaines des collectivi-tés locales est une question qui ne

doit pas se poser en dehors de lacompréhension de l’impérieusenécessité de reconnaitre au pou-voir local la plénitude de sa fonc-tion et de ses missions. Ensuite, sion reconnait cette plénitude, ilfaut lui donner les moyens del’exercer, et c’est une affaire quiconcerne tout le monde. L’Etatcentral, qui est en situation d’ap-prentissage, puisque même sesservices déconcentrés ne saventpas comment accompagner ladécentralisation, apprend à sedélester de certains de ses préro-gatives à des niveaux de pouvoirpériphériques. On est donc dansun cycle d’apprentissage et per-sonne n’est donneur de leçonsdans ce cas-là. On doit doncencourager un minimum demodestie qui consiste à dire«nous apprenons tous, essayonsde nous donner la main pourapprendre le mieux possible lesuns les autres». Cette philosophieest loin de cette arrogance sou-vent affichée par les fonction-naires de l’Etat disant que,comme par hasard, les élus sontcompétents quand ils sont augouvernement comme ministreset tout d’un coup comme mairessont incompétents et les seuls quisoient compétents sont les fonc-tionnaires de l’Etat. Vous savezqu’ils disent qu’il ne faut surtoutpas donner des ressources auxcollectivités locales, parcequ’elles seraient gaspillées ; legaspillage africain étant essen-tiellement dû aux fonctionnairesdes collectivités locales quin’existaient pas il y a dix ans.Je crois qu’il faut savoir raisongarder et rester tout à fait modes-te sur cette question. Il faut com-prendre que si le pouvoir est lais-sé aux collectivités territoriales etsi les possibilités leur sont recon-nues de l’exercer au service deleurs populations sans trop d’en-traves de la part des niveauxsupérieurs - comme on dit dansnos pays - il y a de fortes chancesque la vie des populations de nosvilles et nos campagnes soit net-tement meilleure que ce qu’elle aété jusqu’ici. Evidemment, çadonne la mesure des responsabi-lités qui doivent être exercées parles autorités locales pour quecette capacité à répondre auxbesoins des populations ne soitpas altérée par des prétextes quine valent pas la peine d’être sou-levés comme réserves. Tout lemonde a intérêt à se donner lamain pour que la décentralisa-tion marche, parce que les popu-lations sont avides de participer.Ce serait idiot de ne pas profiterde cette offre des populations deprendre leur part à leur propredéveloppement, ou encore decontraindre ladite offre. De cepoint de vue, la décentralisationest une voie incontournable, oupour faire simple, la seule quinous reste.

Propos recueillis par K.S.

Il a été de toutes lesbatailles visant à faireentendre la voix des collec-tivités locales africainesdans les instances conti-nentales mondiales. Passépar la Coordination desvilles, le Partenariat pourle développement munici-pal en Afrique de l’Ouest etdu Centre, il est avec DabyDiagne la mémoire du mou-vement municipal enAfrique.

“Les villes doiventstructurer les mar-

chés locaux, demanière à sentir

l’importance de leurshinterlands”

“ Le pouvoir n’estpas une question

technique mais poli-tique. On l’a ou on

ne l’a pas ”

“Si vous n’êtes pasune ville globale ouen relation avec uneville globale, vous

êtes perdants dans lamondialisation”

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Spécia l Afr ic ités 2012N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 20126

PORTRAIT

Le Cameroun lance DevHopeFinancementFinancement

Inventer est un métier dont on peut vivre.

Jean Emmanuel Foumbi, Camerounais de

France dit en être une preuve. La recherche et

développement est au coeur de ses journées, à

lui et son équipe de Hope Services. Et cela sup-

pose pour reprendre ses mots: « des râtés, deséchecs, des crashs, des projets jetés à la pou-belle». On peut croire sur parole celui qui est à

la fois aérodynamicien, financier et chef d’en-

treprise.

Mais si devHope constitue un aboutissement

heureux aujourd’hui, tel n’a pas toujours été le

cas. Un concept original d’assurance-maladie

dédiée à l’Afrique a tourné court en Belgique.

Toutefois, en juin 2005 déjà, lors du 46ème

Salon international de l’aéronautique et de l’es-

pace du Bourget à Paris, M. Foumbi avait pré-

senté, à côté des «stars» de l’aviation civile

qu’étaient alors l’A380 de Airbus et le 777-240

LR de Boeing, un module du JCR-001 de JCR

Technology. Il s’agissait d’un avion construit

sur la base d’une innovation technologique, à

savoir des ailes battantes. L’on devait cette

trouvaille à deux Camerounais, Emmanuel

Foumbi et Appolos Chokoté (physicien et

médecin), au sortir d’une dizaine d’années de

travail de recherche. L’Organisation mondiale

de la propriété intellectuelle l’a enregistrée le

08 juin 2005 sous le numéro DM/067643 avec

les précisions suivantes: «1. véhicule à propul-

sion à ailes battantes double; 2. véhicule à pro-

pulsion à ailes battantes multiple». Cette inven-

tion, inspirée du vol ramé de la libellule, a été

récompensé en 2006 au Salon international des

inventions de genève (Suisse).

En février 2008, lors des Trophées Africagora,

événement créé par Dogad Dogoui et patronné

par plusieurs ministres français, JEF reçoit le

2e prix récompensant une institution de micro-

finance dédiée au co-développement.

Quand on croit le déstabiliser en lui rappelant

qu’il n’a pas fait aéronautique dans un cas,

finances dans l’autre, ou pour ce qui fait l’ac-

tualité informatique, JEF rétorque: «ClémentAder et les frères Wright qui sont respective-ment les pères de l’aéronautique française etaméricaine ont été l’un à 12 ans aux cheminsde fer et que les frères Wright étaient des mar-chands de bicyclette. Vous voyez, par rapport àeux on semble être de vrais savants puisqu’ona fait des études. C’est juste pour souligner lefait que le domaine de l’invention et de l’inno-vation ne correspond pas aux mêmes principesde rationalité que le formatage que nous avonsau sortir de nos grandes écoles».

Quant à la réactions des gens devant ses trou-

vailles, il répond: «La curiosité, des questions,beaucoup de questions et, tout d’un coup, lacrédulité. Car en matière scientifique lacontradiction a ceci de beau qu’elle permetd’étaler la finesse d’une théorie. Il se trouvequ’en l’occurrence nous ne sommes même plusau stade d’une simple et hypothétique théoriemais au stade d’un fait scientifique puisquenous avons déjà fait des tests réussis».

R&D

Jean EmmanuelKamdem Foumbi,un inventeur

La plateforme informatique intégrée demobilisation de ressources non généra-trices d’endettement (PII) a été officiel-

lement lancée le 22 novembre 2012 à l’hôtelMont Febé par Emmanuel NganouDjoumessi. C’était en présence d’un parterrede personnalités, parmi lesquelles des maires.La plateforme entend mettre en relation lesporteurs de projets que sont les ministères,les collectivités locales et les organisationsde la société civile agréées avec les bailleursqui peuvent être les bailleurs classiques biou multilatéraux, les . Il s’agit de «répondre àun problème de crédibilité du Cameroun enreconquérant la confiance des bailleurs», assureJean Emmanuel Kamdem Foumbi, le Pdg deHope Services.La «valeur ajoutée» de concept de finance-ment est la réconciliation des intérêts desbailleurs et des bénéficiaires. En lieu et placede l’argent, il y a un «transfert de services». Lebénéficiaire a le projet qu’il désirait financer.Le bailleur a exactement financé le projetpour lequel il a été sollicité. Une particulari-té saute aux yeux: c’est le «don affecté». PourM. Foumbi, le «C’est la possibilité d’affecterchirurgicalement ce que je veux donner à unethématique, un bien ou service d’un projet que jeveux soutenir dans tel endroit du Cameroun, etd’en suivre interactivement cet argent dumoment où je l’ai donné à la réalisation finale duprojet».

Les valeurs chères aux bailleursLa PII entend garantir «l’enchassement desvaleurs chères aux bailleurs»: la «traçabilité»avec le devis estimatif détaillé d’un projet, la«transparence» avec la publication de l’agré-gat des financements effectués, la «participa-tivité» avec la publication des participantsaux délibérations, «l’ancrage légal» permet-tant de bien identifier que le projet dont lefinancement est enclenché est bel et bienretenu dans le document de planification

communal (Pcd) ou central (Dsce), la «garan-tie des prix» avec la publication des prix dumarché des biens et services.Les principales phases d’un projet devantêtre absolument respectées: la sélection desprojets, le financement, le suivi. Ce à quoiHope Services a ajouté «la mesure d’impact ».Des fonctionalités ont donc été intégréesdans la PII pour y répondre de manièresatisfaisante. Ainsi, assure M. KamdemFoumbi, «le suivi scrupuleux du financementd’un projet se vit à quelque endroit du monde oùon se trouve. On peut voir quel niveau de finan-cement le projet a atteint et le reste à pourvoir». Le donateur peut donc procéder de deuxmanières: financer une proportion du projet,ou affecter son argent à un bien ou un servi-ce particulier du projet dont el détail definancement est consultable en ligne. Pour cefaire, il peut utiliser Paypal, Visa ou CHSpour effectuer son don. Pour cette troisièmeformule qui nécessite des cartes, le Pdg deHope services assure qu’il va y avoir créa-tion d’emplois et de richesses sans que celaaffecte le don en lui-même: «Si vous donnez100 Fcfa, c’est 100 Fcfa qui iront au projet. Parcontre, des frais des cartes et transactions ban-caires seront supportées par les entreprises soli-daires».

GratuitéL’Etat a pris sur lui de supporter tous lescoûts de la plateforme pour que les inter-nautes l’utilisent gratuitement. Ainsi, lesministères, les collectivités locales et lesorganisations de la société civile ont l’occa-sion de vendre leurs projets gratuitement enmême temps que les entreprises qui le dési-

rent peuvent gratuitement y faire leur pro-motion. Chaque utilisateur dispose d’unMyHope propre. Il s’agit d’une sorte de pla-teforme miniature personnalisée danslaquelle l’internaute mettrait toutes sortesd’informations audio, vidéo, textes en plusde disposer d’un compte de messagerie etd’un espace de promotion personnelle.

PromotionUn comité de suivi présidé par M. Tamba,Conseiller technique n°2 du Minepat a étécréé le 14 août dernier pour assurer le relaisde l’étape de lancement de la PII. Il s’agitprécisément de tout ce qui touche à la pro-motion de cet outil qui valorise auprès despotentiels bailleurs les projets du niveaulocal issus des plans communaux de déve-loppement, et ceux du niveau central avecles projets sectoriels et surtout les projetsstructurants qui manquent cruellement definancements.Reste à savoir si la vulgarisation de la PIIattirera les Camerounais de l’intérieur et dela diaspora vers ce «réseau social» et permet-tra d’aguicher les différents bailleurs ciblés.Mais déjà, l’on apprend que le Minepatentend en faire la promotion dans des capi-tales occidentales: Paris, Londres, Bruxelleset Washington. Entre temps, la Chambre decommerce, d’industrie, des mines et de l’ar-tisanat (Ccima) a dit son engagement àaccompagner la promotion de cet outilauprès des petites et moyennes entreprisesdes dix régions du pays, engagement quis’ajoute à celui des Communes et villesunies du Cameroun (Cvuc) de mobiliser sesdifférents membres.

Le ministre de l’Economie, de laplanification et de l’aménagementdu territoire (Minepat) a procédéau lancement officiel d’une plate-forme qui vend le Cameroun.

Par Honorine Ngangue

DevHope est un réseau social que vousavons développé au sein de Hope pour

assurer la promotion de la destinationfinancière Cameroun.

Le maître d’ouvrage de ce marché est leministère de l’Economie, de la planificationet de l’aménagement du territoire, pour lecompte de l’Etat du Cameroun. Il en a délé-gué la maîtrise d’ouvrage au Programmenational de développement participatif.Pour compenser le fait que le don s’appuiesur la générosité et que celle-ci reste émi-nemment précaire, nous avons développé àcôté des dons, le principe de don d’achatcontributif. Nous entendons par là l’équa-tion de la solidarité. Toutes les entreprisesqui viennent vendre des biens et servicessur DevHope.com sont invitées à être soli-daires. En plus de leur chiffres d’affaires,nous leur demanderons de donner unequote part de leurs recettes en cashback aux

cartes Hope Services, mais surtout unequote part au financement d’un projetqu’elles auront elles-mêmes choisi de sou-tenir dans une localité du pays dans lecadre de leur responsabilité sociale. Ellesferont de la communication sans avoir àmobiliser un budget supplémentaire.La conséquence de cette image d’entreprisesolidaire pourrait être que des internautesdu Cameroun ou de la diaspora décided’acheter les biens et services de ces entre-prises juste parce qu’ils sauront qu’en y fai-sant leurs emplettes, une part de leurargent va avoir une seconde vie et finance-ra le développement d’une partie duCameroun.

Il s’agit du Résau social de développe-ment solidaire et citoyen.

Il a coûté à l’Etat du Cameroun 965 277 182Fcfa.

Son référencement est élevé sur Google (75premières pages) et est transmissible à sesutilisateurs.

Il met à la disposition des utilisateurs 160fonctionnalités. Parmi les plus usuelles:

messagerie, mur MyHope, actualités,médiathèque, lien avec les réseaux sociauxcélèbres, suivi de financement de projets.

Tout internaute peut avoir une pagecomme sur Facebook qu’il peut administrercomme bon lui semble.

Il facilite le «crowdfunding», pour que lesfinanceurs individuels donnent spécifique-ment à un projet le financement dont il abesoin.

Il facilite le suivi des projets à ses diffé-rentes étapes: sélection, financement, suivi,mesure d’impact.

Les entreprises auront une occasion dedévelopper leur «responsabilité sociale» àtravers le parc de leurs ouvres sociales. Surchaque transaction, les entreprises sontinvitées à verser une quote-part à un projetqu’elles auront choisi de soutenir dans unecollectivité locale du pays.

« Un puissant concentré de technologies web 2.0 »Jean Emmanuel Kamdem Foumbi, Pdg de Hope Services

Propos recueillis par Alain Biyong

DevHope en bref... Le modèle de l’avion JCR-001

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Spécia l Afr ic ités 2012 7N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

Quel regard portez-vous sur lefinancement des collectivitéslocales au Sénégal?Au Sénégal nous avons quelquesinstruments pour financer ledéveloppement local en dehorsdes mécanismes de transferts decompétences au niveau de l’Etat :le Pendel et l’Adel. Le Pendel,c’est le Programme national dedéveloppement local. Il s’occupede l’accompagnement techniqueet financier, et de la maîtrise d’ou-vrage déléguée pour les collectivi-tés locales rurales. Il s’agit en grosde ce qu’on appelle communé-ment les communautés rurales,mais aussi des communes qui ontplus d’aspects de ruralité qued’urbanité. Quant à l’Adel,Agence de développement local,elle travaille à l’accompagnementet au suivi des réalisations rela-tives aux transferts financiers,comme le Fonds d’équipementdes collectivités locales. L’Adelmodernise aussi un peu la capaci-té d’exécution des collectivitéslocales. Il y a aussi l’Agence dedéveloppement municipal quiaccompagne les communes envéritable bailleur de fonds. A côté de ces instruments, l’Etat amis en œuvre des mécanismes telsque la décentralisation du Budgetconsolidé des investissementsdans les domaines de la santé etde l’éducation. Ici, on transfèreaux collectivités à partir du bud-get de l’Etat les montants devantprendre en charge les infrastruc-tures sanitaires ou scolaires duterritoire. L’idée étant que les col-lectivités locales soient les maîtresd’œuvre. Voilà globalement pré-senté ce que le Sénégal expéri-mente comme dispositifs de finan-cement du développement local.

Votre pays a la réputation d’avoirprocédé à un véritable transfertde compétences. Mais est-ce quecela a été suivi d’un développe-ment des localités ? Si oui pour-quoi ? Sinon qu’est ce qui s’estqui passé ?Oui depuis 1996, nous avonstransféré neuf domaines de com-pétences qui ont pris en charge leschamps de l’action sociale et del’environnement pour boosterl’offre de services au niveau local.Cependant force est de constaterque les premiers transferts decompétences devaient être suivisen 2001 par une deuxième généra-tion de transferts de compétencespour compléter le dispositif,notamment en ce qui concerne lesservices aux personnels au niveaudes collectivités locales. Mais lamachine s’est grippée et l’on estresté aux neuf domaines de com-pétences transférées, qui d’ailleurs

sont très difficilement exécutéespar les collectivités locales. Et cecipour trois raisons. La premièreraison, c’est que les collectivitéslocales ne bénéficient pas d’untransfert concomitant de res-sources financières relatives auxdomaines de compétences transfé-rées. La deuxième raison est que,même en ce qui concerne lestransferts de compétences quis’accompagnent de transfert deressources, il n’y a que deux àtrois compétences qui reçoivent letransfert des ressources finan-cières compensatoires. Tous lesautres domaines transférés nereçoivent rien du tout.Troisièmement, il y a un déficit deressources humaines de qualitépour prendre en charge le renfor-cement des capacités, prendre encharge certains domaines dehaute technicité comme la planifi-cation, comme l’aménagement duterritoire. Ces difficultés fontqu’actuellement on ne ressent pasl’action des collectivités locales. Etcelles-ci sont obligées de s’ap-puyer sur les services de l’Etat. Nous avons été obligés de mettreen place un mécanisme pourrésorber un peu ce déficit-là etfaciliter l’utilisation des servicesextérieurs de l’Etat. Par ce biais,les collectivités locales peuventsigner certaines conventions avecle service régional, départementalou local pour lui demander d’ef-fectuer certaines tâches. Et ce tra-vail est payé directement parl’Etat, et non par la commune.Mais même ce dispositif n’est pasopérant, parce que pour beaucoupde collectivités locales, les délaisde signature de conventions sontlimités par la loi. Par exemple, siune collectivité locale n’a passigné de convention en janvier,elle ne peut plus le faire au coursde l’année. Cela pose des pro-blèmes parce qu’en janvier, beau-coup de collectivités n’ont pasencore voté leur budget. Surtoutque dans le dispositif budgétaire,le législateur a accordé aux collec-tivités locales jusqu’en mars pourle vote du budget. Dans ces condi-tions, l’exception est devenue larègle et au lieu de voter leur bud-get en décembre, les collectivitésse battent simplement pour ne pasdépasser la date du 31 mars.

Au vu de tout cela, il n’y a pas laproduction de services au niveaulocal, l’offre de service de qualitén’existe pas. L’accès aux servicesdépend des projets et pro-grammes qui sont mis en œuvres,et pas du tout de l’action directedes collectivités locales. En consé-quence, le transfert de compé-tences n’a pas donné lieu à ceregain d’activité qu’on attendaitau niveau local, notamment pourprendre en charge certainsbesoins des populations par elles-mêmes.

Quel est le dispositif opération-nel qui a été mis en place pourcapitaliser la participation desautres acteurs du territoire ?Il existe plusieurs cadres deconcertation. Au niveau de larégion il y a ce qu’on appelle laconférence d’harmonisation. Ellerassemble l’ensemble des acteursqui opèrent sur le territoire de larégion : la société civile, les collec-tivités locales, l’Etat, les parte-naires financiers, les porteursd’enjeux, les associations fémi-nines, etc. Lors de ces réunionspréparées techniquement parl’Agence de développementrégional, on fait le point surchaque action, sous la responsabi-lité du gouverneur de région. Cesréunions d’harmonisationessaient de faire le point sur l’ac-tion du développement local duterritoire de la région concernéeet de proposer des solutions auxproblèmes soulevés. Sans cetteconférence d’harmonisation, il estdifficile de coordonner les actionssur le terrain. Il y a aussi des cadres de concerta-tion créés par les collectivitéslocales pour assurer la coordina-tion des actions à l’échelle de leurterritoire, en concertation avec lasociété civile et les porteurs d’en-jeux. Mais ça ne marche pas tout letemps et sa convocation dépenddu maire, car il n’y a pas unepériodicité arrêtée. Il y a donc lieud’en formaliser la périodicité, letype de rapport et de propositionscensés en découler, y compris jus-qu’au niveau infra communal.Certes, on permet aux comités dequartier de s’organiser entrecitoyens et de participer à la ges-tion de la collectivité locale ; mais

n’est pas encore formalisé dans lecode des collectivités locales duSénégal.

Avez-vous suffisamment tenucompte des influences négativesou positives que vous pouvaientavoir les réalités sociales dans lamise en œuvre de la décentralisa-tion ?Tout à fait, parce qu’aujourd’huicette décentralisation administra-tive dans laquelle le Sénégal étaitdemeuré depuis plusieurs décen-nies est aujourd’hui combattuepar les élus locaux eux-mêmes. Ilsveulent qu’on aille vers unedécentralisation de développe-ment qui prenne en charge lesbesoin sociaux. Elles revendiquentaussi des dispositifs, qui sont misen œuvre, pour que la planifica-tion parte de la base vers le som-met, et non plus le contraire. Or, ilfaut dire que la qualité de larevendication des collectivitéss’est nettement améliorée avecl’arrivée dans l’arène municipaled’intellectuels, d’universitaires,de cadres administratifs qui sontdevenus des élus locaux et quicomprennent mieux les enjeuxque les équipes précédentes.Le local est le niveau le plus perti-nent aujourd’hui pour mesurer ledegré de satisfaction de la décen-tralisation. Les mesures d’impactvisent systématiquement cela.Une Ong dénommée Le forumcivil est entrain de faire la certifi-cation citoyenne. Il s’agit d’undispositif de redevabilité quiimpose aux collectivités locales dese soumettre à une certificationpar les citoyens qui mesurent lesbesoins atteints, ceux qui ne lesont pas et les difficultés. Cesenquêtes se terminent par uncompte rendu populaire et desrapports. Je souligne qu’on labelli-se aussi le résultat, et la communequi a réussi à faire grand-chose estlabellisée et reçoit des insignesque portent son maire et son pré-sident du conseil municipal. Ilsont un dispositif à l’entrée de lamairie qui permet de savoir quecette commune est labellisée. Il y asur le papier entête communal, unsigne qui indique que cette com-mune est labellisée. Bref, il y a toutun dispositif qui confère à unecommune pendant deux ans lestatut de « commune de qualité ».Mais il s’agit d’un dispositif initiépar la société civile pour mesurerla satisfaction des besoins despopulations.

N’est-on pas en route vers unedéfinition du profil de l’élu quifavorise les intellectuels? Si je mesure le chemin parcouru,j’ai des raisons d’être satisfait.Même moi qui vous parle, je suisconseiller régional et président de

la commission des finances de marégion. D’autres le sont commemoi, notamment mon ministre ;d’anciens ministres et universi-taires sont des maires. Or, autre-fois, les intellectuels ne manifes-taient aucun intérêt pour le niveaulocal. Donc on a vraiment une ren-tabilisation véritable dans les res-sources humaines. Car les gensont compris que tout développe-ment se fait au niveau local, etc’est à partir du local qu’on peutdévelopper le terroir. C’estd’ailleurs une tendance qui sevérifie à l’échelle du continent.

Est-ce que cette satisfaction seprolonge jusqu’au niveau du per-sonnel communal ?Le personnel communal pose pro-blème. Au Sénégal nous avonsdéjà voté une loi sur la fonctionpublique locale, il reste le décretd’application. Le personnel com-munal est un personnel qui est làavec un emploi garanti, ayant étérecruté sur la base où la perfor-mance n’est pas obligatoire, oùl’incompétence ne bloque pasl’avancement et ne donne pas lieuà un licenciement. Ce personnelsurvit au maire qui l’a recruté.Vous avez ainsi des pléthores depersonnels indéboulonnables,souvent bons à rien, sans forma-tion mais porteurs d’enjeux poli-tiques, recrutés par des généra-tions de maires.Mais dès qu’il y aura les textesd’application de la loi sur la fonc-tion publique locale, nous verronscomment faire de toute cettemasse de personnes : comment lespendre en charge, comment signerdes accords de départ volontairepour certains, comment réorgani-ser les métiers de la décentralisa-tion, comment les former dans nosuniversités et instituts aux métiersde la décentralisation : secrétairesgénéraux, agents d’état civil,cadres des services financiers descommunes, etc. Pour un manage-ment de qualité, il faut une res-source humaine de qualité.

Ya-t-il des collectivités qui peu-vent être citées en exemple pouravoir su tirer de cette situationfinancière précaire ?Bien sûr. Vous avez la région deSaint Louis, la ville de Dakar etcertaines villes de l’intérieur dupays qui compensent ce déficitpar des retombées d’accords decoopération décentralisée. Mais jesuis de ceux qui pensent qu’ondoit auditer ces fonds de cettecoopération décentralisée, voir siles priorités ont été définies par lepartenaire ou par la collectivitélocale, en rapport avec la planifi-cation opérée en amont. Car jepense qu’on peut atteindre unemeilleure performance en matièrede développement. Dakar a eurécemment à bénéficier d’ungrand emprunt financier en procé-dant à un montage financier. Aujourd’hui les élus locaux se bat-tent pour trouver des mesures alter-natives leur permettant de répondreaux besoins des populations.

Propos recueillis par K.S.

Il a été Directeur de ladécentralisation au minis-tère sénégalais del’Aménagement du territoi-re. Aujourd’hui il en estConseiller technique.

L’expérience du SénégalL’expérience du Sénégal“ Aller à une décentralisation de développement ”Pape Mor Ndiaye, Conseiller Technique à l’Aménagement du Territoire (Sénégal)

“ Le local est leniveau pertinentpour mesurer le

degré de satisfactionde la décentralisation ”

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Spécia l Afr ic ités 2012N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 20128

EN BREF

On l’attendait depuis un moment,c’est finalement arrivé. Le renou-vellement de la convention de par-

tenariat entre le Programme national dedéveloppement participatif (Pndp) et leFonds spécial d’équipement et d’interven-tion intercommunale (Feicom). La cérémo-nie a eu lieu le 01 novembre 2012 à l’hôtelMont Febé de Yaoundé.La première convention signée le 26 avril2006 fixait déjà le socle d’une collaborationdans la durée de ces instruments de l’Etatdu Cameroun visant la promotion du déve-loppement local, de la gouvernance locale etde la réduction de la pauvreté, par «un appuiaux communes dans le but d'améliorer l'accèsdes populations aux services sociaux de base».Pour cette deuxième convention, les deuxparties s'engagent spécifiquement à collabo-rer notamment dans la promotion de l'inter-communalité, le renforcement des capacitésopérationnelles des communes, le finance-ment des projets communaux et intercom-munaux, mais aussi le suivi et le contrôledes projets cofinancés par les parties.

La question de la maîtrise d’ouvrageS’il y a bien un point qu’attendaient les ana-lystes désireux de voir régler l’existenced’une espèce de doublon sur le terrain,c’était la définition de la partie appelée à

gérer ou appuyer la «maîtrise d’ouvragecommunale». La question est résolue à l’ar-ticle 5(4): «Le Pndp s'engage également àcontribuer à la formation et au renforcement descapacités opérationnelles des communes notam-ment dans les domaines de l'appui à la maîtrised'ouvrage et de la gestion communale». Ce quis’ajoute à l’appui à l’élaboration des planscommunaux de développement (Pcd), lamise «à disposition sa contribution à la réalisa-tion des projets retenus dans le cadre du Pcd» etfinancement des projets avec un apportvariant de 85% pour les infrastructures etéquipements marchands à 100% pour «cer-taines infrastructures socio-collectives».Le Feicom, quant à lui, «en fonction des com-pétences et des ressources disponibles, consent àla demande du Pndp, à contribuer à la forma-tion et au renforcement des capacités opération-

nelles des communes». De même, Le Feicomfinancera «la contribution des Communesbénéficiaires» sans perdre de vue que «cetappui financier est versé sous forme d'avance detrésorerie au titre de la contribution propre de lacommune concemée, pour la réalisation des pro-jets financés par le Pndp». Cet accord ne remet pas en question lesactivités habituelles des parties, notam-ment de la «Banque des communes quidecidera «du montant de son concours finan-cier pour tout projet initié par la commune avecl'appui du Pndp, au financement duquel il sou-haite participer».Un comité ad hoc de suivi de ladite conven-tion a été mis sur pied pour «toute la duréede la deuxième phase du Pndp», laquelle prendfin en 2013, même si une troisième est envoie d’être obtenue auprès des bailleurs.

Pndp et Feicom s’accordent

CamerounCameroun

Les témoins de la signature de la convention Pndp-Feicom

Les deux parties se sont accordéesle 01 novembre 2012 sur une syner-gie dans le financement des collec-tivités locales camerounaises.

Par Marcelin Angounou

Le Programme national de développe-ment participatif (Pndp) dont la mis-sion est d’assister le gouvernement

du Cameroun à établir et mettre en œuvreun mécanisme de financement décentralisépermettant d’assurer un développementdécentralisé participatif en milieu rural, aorganisé le 23 novembre 2012 au siège de laCoordination nationale à Yaoundé, la céré-monie de remise d’une seconde vague de44 motos AG 100 aux communes des dixrégions du Cameroun, après la premièrevague en août 2011. Ont honoré de leurprésence un parterre de personnalités dontEmmanuel Nganou Djoumessi, le Ministrede l’Economie, de la planification et del’aménagement du territoire (Minepat),Bruno Gain, Ambassadeur de France auCameroun, Gregor Binkert, Directeur desopérations de la Banque mondiale auCameroun et Gilles Chausse, le Directeurde l’Agence française de développement(Afd) au Cameroun.

Promesses d’appuis renforcésMadame Marie Madeleine Nga,Coordonnateur national du Pndp, s’estréjouie, pendant son allocution, d’accueillirpour la première fois sa tutelle, le Minepatet toutes les personnalités qui l’accompa-gnent. Elle a mis en exergue les activités duProgramme dans les dix régions du pays,lesquelles s’appuient sur la feuille de routequi lui a été prescrite. Les investissementssont de l’ordre de 30 milliards de Fcfa. Pouratteindre ses objectifs, le Pndp s’appuie sur

un effectif de 157 personnes dont 20 cadreset 30 agents d’appui à la Cellule nationalede coordination nationale (Cnc). En rappe-lant que les locaux qui abritent la Cncdepuis 2004 sont provisoires, Mme Nga aformulé le voeu de voir sa hiérarchie doterle Programme d’un immeuble-siège.Dans son propos, Gregor Binkert a salué lapolitique de développement participatifmise en œuvre par le Cameroun. «Cesmotos, a-t-il souligné, facilitent les déplace-ments des personnels communaux dans l’hin-terland, et donne aussi une application facile duprocessus de la décentralisation». Si aujour-d’hui les motos octroyées à cette occasionsont au nombre 44, il en a promis 150 àl’avenir tout en exhortant les communesbénéficiaires à en faire bon usage.Quant à Bruno Gain, Ambassadeur deFrance au Cameroun, il a tenu à féliciter leProgramme, car a-t-il dit « C’est un grandprojet qui joue un role central dans la décentra-lisation, surtout l’accroissement du finance-ment des projets inscrits dans le cadre duDocumen de stratégie pour la croissance etl’emploi, et dans sa démarche participative

concernant l’adoption du plan communal dedéveloppement». Cet avis prend tout sonsens si l’on prend en compte que le diplo-mate vient d’effectuer une mission de ter-rain dans le septentrion, prenant la mesuredes réalisations du Pndp auprès des bénéfi-ciaires. Enthousiasmé par les résultatsatteints à ce jour, il a promis un triplementde l’appui de la France au Pndp, soit 37,8milliards de Fcfa pour la deuxième phase.Clôturant les interventions, EmmanuelNganou Djoumessi a exprimé la reconnais-sance du gouvernement camerounais à sespartenaires qui l’accompagnent dans lamise en oeuvre effective du processus dedécentralisation, de manière à combler lesattentes des populations. Lesquelles atten-dent des infrastructures de base qui néces-sitent des investissements importants, pourlesquels la pleine participation des bénéfi-ciaires est souhaitée. Il a dit être attentif àl’exécution effective des projets issus desplans communaux de développement, outilpar excellence de planification et d’orienta-tion de tous les investissements danschaque municipalité.

Pndp: Des motos pour les communes

Remise des motos aux maires bénéficiaires

Des communes des 10 régions duCameroun, dont Ndom, Awae,Gazaw et Tibati présentes à lacérémonie, ont reçu un don d’unmontant de 132 millions le 23novembre 2012 à Yaoundé.

Par Alain Biyong

La cérémonie de signature des conventions

de financements de projets de développe-

ment s’est tenue le 21 novembre à Garoua.

L’actualisation des Plans communaux de déve-

loppement (Pcd), et le financement à hauteur de

60% des coûts des micro-projets de développe-

ment. Ce sont là les deux cadres des douze

conventions signées le 8 novembre dernier

entre le Programme national de développement

participatif via sa cellule de coordination du

Nord, et 10 communes de la région.

La cérémonie présidée par le Gouverneur de la

région du Nord, marque ainsi la première étape

de la mise en œuvre de la deuxième phase du

Programme, dont la région du Nord devrait

bénéficier à hauteur de près de 2 milliards de

Fcfa. En effet, ainsi que le relèvera le

Coordonnateur régional du Pndp, la deuxième

phase du Contrat de désendettement-dévelop-

pement (C2d) a dégagé une enveloppe de 1,1

milliard de Fcfa au profit des communes du

Nord, laquelle viendra s’ajouter aux 697 mil-

lions de Fcfa mobilisés à travers les 12 conven-

tions signées. Ces derniers se déclinant en 7

avenants et conventions pour le financement

des Pcd, pour les communes de Bibémi,

Dembo, Poli, Mandingring, Guider, Mayo

Oulo, et Touboro. Et des financements de pro-

jets de développement pour les Communes de

Garoua I et II, Bibémi et Gaschiga. 23 projets

sont concernés, dans les domaines de l’hydrau-

lique ou encore les équipements marchands.

Source: Cameroon Tribune

PLANIFICATION

Le Pndp finance 10communes du Nord

FORMATION

SIM_ba expliquédans les mairies

La phase pilote du projet lancé le 01 octobre2012 sur la modernisation des finances

publiques dans 50 communes du Cameroun sepoursuit sans encombres. Le projet, placé sousl'égide et le financement du Programme natio-nal de développement participatif (Pndp),emporte la fourniture d'un package de servicesdevant permettre aux collectivités localescamerounaises d'accroître le ratio de redditiondes comptes publics, la qualité des servicesrendus aux citoyens, la qualité de la dépensepublique et l'amélioration de la mobilisationdes recettes propres des communes.Ce package de service inclut les travaux dediagnostic dans chacune des 50 communes,l'implémentation d'une connexion réseau entreles ordinateurs, l'installation des outils desécurité, l'installation de SIM_ba, la formationdes utilisateurs, le démarrage des rattrapagesdes opérations budgétaires et comptables del'exercice 2012, et l'accompagnement des uti-lisateurs, entre autres. Il s'agit donc de mettre en oeuvre une infra-structure organisationnelle et technique àmême d'aider les décideurs locaux à prendreles meilleurs décisions, pour donner au pro-cessus de décentralisation en cours auCameroun, toutes les garanties et chances deréussite. Ce projet prend appui sur l'expérien-ce acquise par l'Association internationale desmaires francophones (Aimf) en matière degouvernance financière locale dans les collec-tivités territoriales camerounaises et afri-caines, avec ses outils structurant commeSIM_ba, le progiciel de gestion budgétaire etcomptables des communes, ainsi que sur sesexperts locaux reconnus en matière d'implé-mentation de ce type de projet.

Session de formation sur SIM_ba à Mbalmayo

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Spécia l Afr ic ités 2012 9N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

Quelle place accordez-vous auxacteurs non-étatiques dans lamise en place de la décentralisa-tion au Cameroun ?L´expérience de plusieurs paysafricains est variée sur cette ques-tion. Selon qu´on conçoit la décen-tralisation comme une simpleréforme de l´Etat, ou alors commeune réforme de société le rôle desacteurs non-étatiques varie.Perçue comme réforme de l´Etat,la décentralisation aura tendanceà être assimilée à un processus ausein duquel les acteurs non-éta-tiques sont appelés á jouer un rôleplutôt périphérique. Une telleinterprétation court souvent lerisque de perpétuer les réflexesd´un Etat pourvoyeur qui veuttout faire, au risque de reléguer lecitoyen au rang de consomma-teur-revendicateur. Cette concep-tion est susceptible d´augmenterla pression sur l´Etat qui,aujourd´hui, ne peut plus toutfaire dans un environnement ou lacroissance démographique,l´urbanisation galopante et lasophistication de la demande deservices dictent le rythme deschoses. En revanche, là où ladécentralisation est vécue commeune réforme de société, les acteursnon-étatiques y trouvent uneopportunité de jouer un rôle deco-responsabilité dans la mise enœuvre du processus. C´est à partirde cette interprétation plus éman-cipatoire pour les acteurs non-éta-tiques que peut se tisser un parte-nariat durable entre l´Etat et lasociété civile.Au Cameroun, la décentralisationa été impulsée par le Constituantet le législateur, ouvrant ainsi lapossibilité à toutes les couchessociales de jouer un rôle dans lefaçonnement du processus et samise en œuvre dans unedémarche partenariale avec l´Etatet les collectivités territorialesdécentralisées. L´adhésion desacteurs non-étatiques suit soncours dans un environnementboosté par une liberté d´opinion,d´expression et d´association qui avu naître quelques innovationscamerounaises qui démontrent àquel point les acteurs non-éta-tiques se mobilisent pour négocierchacun une niche d´appropriationet de co-responsabilité dans leprocessus. Il faut ajouter à cela,l´ingénuité des populations quiquotidiennement prend del´ampleur au fur et á mesure quecelles-ci découvrent timidementles parcelles et marges demanœuvre d´action que leurconfère le processus pour donnerune expression plus citoyenne àcette réforme de société. En fait, le rythme d´appropriationdu processus de décentralisationau niveau des acteurs non-éta-tiques est tel qu´on a l´impression

de passer d´un débat d´initiés oùjadis administrateurs, experts etdécideurs entretenaient un mono-pole d´opinion vers une émergen-ce d´initiatives et d´actions spon-tanées au sein de la société civile.En effet, les populations camerou-naises sont suffisamment avan-cées sur cette trajectoire. Les asso-ciations de commerçants, les orga-nisations des femmes et de jeunesdans les quartiers ou celles desadultes s’impliquent au maxi-mum dans les questions de déve-loppement local. Le degré de par-ticipation collective est suffisam-ment prononcé. Les bénéficiairesexpriment leurs besoins et partici-pent à l’élaboration des décisionsvisant à résoudre leurs problèmes.Les autorités traditionnelles nesont pas en reste. La décentralisa-tion conforte leur légitimité de lea-der social. Faut-il préciser que ladémocratie locale ne se limite passeulement au choix des conseillersmunicipaux à travers le vote.Cette réalité doit se vivre au quo-tidien. Les citoyens doivent s’or-ganiser pour proposer les optionsde décision et contrôler l’exécu-tion desdites décisions. L’Etat a ouvert le chantier.Maintenant, il fait le travail decoordination. La décentralisationa déclenché une dynamiqued´alphabétisation au développe-ment local qui prend les alluresd´une école de la citoyenneté. Lecitoyen a abandonné le rôle despectateur de l´action publiquepour en devenir co-producteur.

Est-ce à dire que l’agencementdudit concept obéit-il à des spéci-ficités en Afrique ? Plus concrète-ment, les réalités socialesinfluent-elles en faveur de ladécentralisation ? Dans plusieurs institutions tradi-tionnelles africaines, le pouvoirexercé par l’autorité suprêmerépondait à trois grandes typolo-gies : le pouvoir hyper-centralisécomme cela a été la cas enAbyssinie, au Rwanda, et chez lesSwazi ; le pouvoir centralisé mais

doté de contre-pouvoirs tel quechez les Nupe, Buganda, Zulu,Yoruba, Haussa, Ashanti Busoga(Ouganda) Lesotho, Tshwana et lepouvoir décentralisé tel que prati-qué chez les Oromo, Kikuyu,Masai, Ibo, Berbères, pour ne citerque ces exemples là. Pour la gran-de majorité donc, il existait plu-sieurs démembrements du pou-voir central dans divers quartierset villages. La participation despopulations au processus déci-sionnel en matière de développe-ment de proximité était constante.On comprend alors mieuxl´engouement populaire qui com-mence à prendre corps au sein dela société civile en Afrique parrapport á la décentralisation. Elleporte en elle des relents de rémi-niscence qui font du mode d´orga-nisation sociale et territorialedécentralisé un processus vecteurde valeurs partagées africaines.C´est dans cet ancrage social auniveau local qu´il faut situer larefondation de l´Etat moderne quise forge de part et d´autre sur lecontinent. L´Etat unitaire maisdécentralisé se révèle donc pourcertains pays qui en ont fait lechoix comme un renouement avecdes continuités historiques pourenraciner la démocratie localedans les sociétés africaines où lepouvoir traditionnel reste effectif.De par son caractère émancipatoi-re pour la citoyenneté locale, ladécentralisation bouillonne etprend des allures irréversibles enAfrique. La société civile doit sereconfigurer pour réussir le paride la décentralisation.

La dotation globale de la décen-tralisation telle qu’inscrite dansle budget de l’Etat tout commeles montants alloués aux com-munes par les départementsministériels relativement auxtransferts des compétences à cejour sont jugés insuffisants parcertains acteurs, y compris ausein de l’appareil gouvernemen-tal. Quelle est votre appréciationsur la question ?Il y a une ouverture politiqueindéniable au Cameroun sur bonnombre de paramètres utilisés enAfrique pour jauger la volontépolitique d´impulser le dévelop-pement local par une décentralisa-tion effective. L´un des para-mètres les plus souvent utilisés,c´est le pourcentage du budget del´Etat affecté aux collectivités ter-ritoriales décentralisées pour rem-

plir les missions de développe-ment local qui leur sont dévolues.A titre d´exemple, le Ghana seretrouve à 7,5%, l´Afrique du Sudà environ 8,8% la Tanzanie à envi-ron 25%, le Mozambique et leCongo Brazza à environ 1%, tan-dis que le Kenya aspire à 15%. Les travaux sont déjà amorcés auCameroun tandis que dans cer-tains autres pays, ce débat n´estpas encore à l´ordre du jour àcause de plusieurs facteurs qui ontjalonné le parcours de ces pays.C´est là que la diversité del´Afrique tire toute sa valeur.Même en Tanzanie, pays qui faitfigure de meneur de peloton autitre des exemples ci-dessus, lesmoyens sont parfois jugés insuffi-sants par les collectivités territo-riales décentralisées. Voila pour-quoi il est important de souventjeter un coup d´œil chez le voisinpour comprendre avec quel paysil convient de se comparer oud´échanger. Toutefois, en compa-rant l´ampleur des compétencestransférées avec les moyens dispo-nibles il ne faut pas se leurrer,c´est clair, comme le remarquait leministre de l´Administration terri-toriale et de la décentralisation enmarge de la célébration de laJournée africaine de la décentrali-sation, que beaucoup reste à faire.

Au delà de la question financiè-re, où situez-vous le Camerounpar rapport à d’autres paysd’Afrique dans la conduite duprocessus de décentralisation ? Comme je l´ai dit toute à l´heure,lorsqu´on aborde la question decomparaison entre pays, il fautéviter de percevoir la décentralisa-tion comme étant une course devitesse. Une telle interprétation luienlèverait son caractère essentiel:son ancrage dans une société et uncontexte de gouvernance spéci-fiques. Nonobstant cetteremarque, la Caddel a observéque la plupart des préoccupationsdes pays tournent autour de huitgrands paramètres thématiques,notamment i) l´ancrage constitu-tionnel des réformes, ii) les poli-tiques nationales de décentralisa-tion, iii) les stratégies et calen-driers de mise en œuvre desréformes, iv) le transfert de com-pétences et ressources, v) ledéploiement des ressourceshumaines et l´émergence d´unefonction publique territoriale, vi)la maîtrise d´ouvrage locale etfourniture de services, vii) lesuivi-évaluation des réformes, etenfin viii) le genre et la gouver-nance locale. En prenant le tout premier para-mètre, on se rend compte que laTanzanie envisage maintenantune réforme constitutionnellepour y inscrire la décentralisationet la libre administration commemode d´organisation de l´Etat. LeCameroun est passé par cetteétape en 1996 ! En revanche, lamême Tanzanie affecte déjà envi-

ron 25% du budget de l´Etat auxcollectivités territoriales décentra-lisées depuis plusieurs années,tandis que les études sont bou-clées au Cameroun pour alimen-ter les consultations en cours! Un autre exemple relatif au trans-fert des compétences et res-sources: Le Mali dont le record dedécentralisation n´était pas desmoindres en Afrique avant la criseactuelle avait transféré trois com-pétences en huit ans, tandis que leCameroun en a transféré partielle-ment neuf au titre de l´exercice2010-2011. Par ailleurs, le fait quele Cameroun ait déjà pensé ámettre en place dès 1974 un fondsd´investissement communal, enl´occurrence le Feicom, lui vautune certaine admiration parmicertains pairs africains qui lui ontemboité le pas pendant les dixdernières années. La mêmeremarque est valable en ce quiconcerne le rôle précurseur duCameroun dans la mise en placejadis du Centre de formation etd´administration municipale(Cefam) pour perfectionner le per-sonnel des collectivités territo-riales qui, de plus en plus,accueille des ressortissants depays voisins parmi ses étudiants. Les exemples ci-dessus illustrentla nécessité qu´il y a à pousser lacuriosité plus loin pour mieuxcomprendre quelles sont les évo-lutions qui ont poussé tel pays àfaire un pas en avant sur tel para-mètre et non pas sur l´autre. C´estdonc dire que les vitesses dedécentralisation sont diversesselon que l´on considère un para-mètre donné dans un pays quel-conque. Le Cameroun en tout cas faitbonne figure devant ses pairs afri-cains en ce qu´il a boosté son pro-cessus de décentralisation sur tousles fronts au terme des trois der-nières années. Bien avant 2010,l´action de l´Etat était centréeessentiellement sur la préparationde l´arsenal légal et réglementaire.Aujourd´hui, on ne parle plus dedécentralisation seulement entermes de préparation des lois etdécrets d´application. D´autreschantiers ont été ouverts tels quele transfert concomitant des com-pétences et ressources, la vulgari-sation des guides méthodolo-giques pour la planification locale,l´expérimentation des contrats-plans entre l´Etat et la commune,la formation des élus locaux etdémembrements de l´Etat auxnouveaux modes de gouvernance,l´assistance-conseil, les contrôlesde gouvernance et les accompa-gnements multiformes vis-à-visdes élus, pour ne citer que cela.Bref, le processus est entré dansune phase d´opérationnalisationmultidimensionnelle.Par ailleurs des études sont envi-sagées par la Caddel pour collec-ter les données sur l´ensemble desparamètres. Ceci permettra depositionner chaque pays sur unetrajectoire comparative suscep-tible d´impulser le dialogue poli-tique et la mutualisation des expé-riences entre les Etats.

Entretien mené Guy Modeste Dzudieet Moustapha Abdouraman

* L’intégralité de cette interview a étépubliée dans l’édition 14 du 01/10/12

Les acteurs de l’Afrique localeLes acteurs de l’Afrique locale“ Le citoyen est co-producteur de l’action ”François Menguelé, Coordonnateur Programme d’appui Giz-Caddel/Cglua

“ Le processus estentré dans une

phase d’opération-nalisation multidi-

mensionnelle ”

“ La société civiledoit se reconfigu-rer pour réussir le

pari de la décentra-lisation ”

Il est le visage de l’appuiqu’apporte la Coopérationallemande au processus demise en place du bras tech-nique de la Conférence afri-caine de la décentralisationet du développement local(Caddel).

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Spécia l Afr ic ités 201210 N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

Pour la postérité, pourriez-vousnous raconter comment est né leconcept Africités ? C’était au lendemain de la confé-rence d’Istanbul en 1996.Conférence au cours de laquellel’on avait observé une espèce debond en somme au niveau mon-dial sur l’évaluation des ques-tions urbaines, et où pour la pre-mière fois les maires étaient invi-tés à participer. C’est ainsi ques’est tenue la première assembléemondiale des maires que j’ai eul’honneur de présider. Mbassiétait déjà secrétaire général de cequ’on avait appelé à l’époque laCoordination des villes et quideviendra plus tard Cités etGouvernements locaux unis(Cglu). Lui et moi étions donc à New-York dans le cadre des NationsUnies et nous échangions commecela était la coutume dans lecadre de cette mission que nousnous étions donnés de promou-voir le local. Nous sommes par-venus à la conclusion qu’il fallaitune plateforme africaine seréunissant de façon périodiquepour évaluer la décentralisation,faciliter les échanges d’expé-riences, promouvoir les idées surla décentralisation, en multipliantle nombre d’acteurs devant inter-venir. C’est ainsi qu’est né leconcept Africités. Nous l’avonsensuite cadré de manière à cequ’il tienne en trois temps : lepremier, c’est l’ouverture officiel-le, une table ronde où nous invi-tons des gens ayant pratiqué lagouvernance à un haut niveau:experts ou anciens chefs d’Etat.C’est une activité généralementouverte par le Président du payshôte.C’est ensuite suivi d’un niveauoù il y a un thème général qui estdiscuté lors des sessions théma-tiques. Cette année, à Dakar, lethème général est « Construirel’Afrique à partir des territoires ».Lors des éditions précédentes,nous avons inventorié tous lesthèmes transversaux de la décen-tralisation et qui en constituent lefondement : la fiscalité, les res-

sources humaines, les services debase, la planification, etc. Cedébat sur une thématique donnéeest mené avec différents interve-nants : chercheurs, acteurs muni-cipaux, institutions, etc.Il y a un troisième niveau où lesjeunes, les syndicats, le secteurprivé ou les universités intervien-nent sur le thème, enrichissent ledébat, puis produisent des orien-tations pour les conclusions de laconférence. Il y a enfin, toujoursdans la thématique, un exposésur les programmes Cglua en tantqu’organisation panafricaine eton essaie de nouer des réseauxautour d’un certain nombre deprogrammes, de réseaux, d’insti-tutions, de partenaires.A côté des réflexions sur la thé-matique, il y a ce qu’on appelleles journées politiques. Nous yinvitons les ministres de ladécentralisation pour qu’ils tien-nent aussi leur réunion. C’est cequi se vérifie avec la Caddel[Conférence africaine de ladécentralisation et du développe-ment local, ndlr]. Il faut d’ailleurspréciser que la Caddel est née enNamibie lors de la deuxième édi-tion d’Africités. Depuis l’éditioninaugurale de 1998 à Abidjan enCôte d’Ivoire, nous avions prisl’habitude d’inviter les ministresen charge des collectivités locales.Entre temps, nous avons estiméque ce dialogue devait êtreconsolidé et nous avons beau-coup débattu sur l’idée d’unréseau de ministres chargés dusecteur, sachant qu’ils ne sevoyaient pas avant, ne se par-laient pas, n’échangeaient pas surleurs expériences. Il fallait doncque si les maires se mettentensemble dans le cadre de l’inté-gration africaine, qu’eux aussiaient une relation directe aveccette conférence de ministres,voire aller de l’avant et vérifierqu’effectivement les hypothèses

de travail étaient dans le sens del’orientation de l’unité africaine.Depuis sa naissance, la Caddel seréunit dans le cadre d’Africités.Dans le même temps, les mairessont aussi invités à tenir leurassemblée générale pour renou-veler leurs instances au niveaupanafricain. Les bailleurs aussisont invités. Ensuite, on essaie dedialoguer, ministres, maires,bailleurs. Cette année, nousavons aussi convié les organisa-tions régionales. Par ailleurs, l’une des particulari-tés de Dakar 2012, c’est que nousallons organiser un dialogueentre les maires chinois et afri-cains, un autre avec les mairesbrésiliens, et un troisième avecles maires turcs. Ceci dans le butd’élargir un tant soit peu lechamp de vision des pratiques etdes échanges entre les continentssur la décentralisation. Africités, c’est donc beaucoup demonde, beaucoup de débats,beaucoup de regards croisésvenant d’horizons différents. Etnous pensons que chaque fois, çaa permis aux maires africains deprendre la dimension de leursmissions, de profiter des expé-riences vécues ailleurs et de faireavancer l’agenda de la décentrali-sation en Afrique.

Avez-vous reçu des coups depouce, notamment de certainschefs d’Etat, ou alors a-t-il fallusurmonter un certain nombre deréticences ?Il faut dire qu’il y a eu un précé-dent à Africités avec leProgramme pour le développe-

ment municipal (Pdm) enAfrique. Jean pierre [ElongMbassi, ndlr] en était encore lecoordonnateur et moi, en tempsque maire, j’en étais le président àla faveur d’une réunion tenue àAbidjan en 1992. Là c’était un peule début du dialogue sur l’agendamunicipal, parce que tous lespays d’Afrique n’étaient pas aumême point. A l’époque, il y avaitune association des maires auSénégal, une autre en Mauritanieet c’était tout. On commençait déjà à parler dela décentralisation en perspecti-ve. J’avais à ce moment déjà jouéun rôle au niveau mondial en tantque maire dans les organisationset réseaux internationaux tels queCités Unies qui viendra plus tardse joindre à Ula, l’organisationanglophone et lusophone pourconstituer Cglu dont le siège est àBarcelone et dont le pendant afri-cain est Cglu-Afrique. Et cetteexpérience nous avait permis desentir qu’il y avait un mouve-ment municipal qui était en trainde naître dans le monde. Et laBanque mondiale aidant, Mbassiqui était déjà en position d’expertet moi à Abidjan en plus d’unmaire du Tchad (comme c’estcurieux !) et un certain nombred’experts, nous avons discuté decet agenda municipal en Afrique. Nous avons commencé par créerun programme, le Programme dedéveloppement municipal. Pourêtre juste, il faut dire que c’étaitun peu incité par la Banque mon-diale. Nous n’étions pas venuspour prendre l’initiative en main,car c’est la banque qui avait eu enprojet de créer un programmeavec ses experts. Mais au bout detrois-quatre premiers jours dediscussions, ils se sont aperçuqu’ils parlaient à des gens quiétaient aussi préoccupés dumême sujet. Ils se donc tournévers Mbassi et moi et nous ont

demandé si on voulait le prendreen charge. Nous avons accepté,mais avec conditions : nous tra-vaillerions selon nos vues et sansla tutelle de la banque. Et nousavons fait référence à notrecontribution à cette réunion,notamment les idées que nousavons développées. C’est commecela que nait le Programme dedéveloppement municipal enAfrique de l’Ouest.

Mais il fallait déjà un débat depolitique et de stratégie dans tousles pays d’Afrique de l’Ouest.Nous avons invité les maires àdiscuter de l’agenda municipalen quelque sorte : ressourceshumaines, fiscalité, administra-tion, etc. C’était donc le but debase de la gouvernance munici-pale. Et de fil en aiguille, nousavons finalement construit unagenda et incité les maires à semettre en réseau. Voilà commentles associations de maires ontcommencé à fleurir. Le Pdmaussi, sous la conduite de Mbassiet moi comme président duconseil d’administration, a étéinvité par plusieurs pays pourparticiper à l’élaboration de la loiportant décentralisation. C’estainsi que petit à petit, d’autresbailleurs ont soutenu des pro-grammes sur la décentralisation. L’on peut donc dire que leProgramme de développementmunicipal a été le premier outilqui a permis une espèce d’accélé-ration du mouvement municipalen Afrique. Parallèlement, leschoses évoluaient aussi au niveaumondial. J’étais Président de laFédération mondiale des citésunies, après avoir été le numéro 2de Pierre Mauroy, l’ancien pre-mier ministre français qui a étéremplacé par l’ancien présidentde la République du Portugal,Jorge San Paio. Moi, j’ai pris lesrênes après. Mais, nous lesAfricains, on nous disait que çane nous intéressait pas de venirnous couler dans des réseauxinternationaux où les obédiencesétaient plus ou moins de conti-nuer la tradition d’influences desuns des autres. Or nous voulionsl’unité et vraiment parler de lacause du développement munici-pal en Afrique. A ce niveau-là,j’ai eu l’honneur de conduire lecomité qui a négocié en sommel’unification au niveau mondial.Sur le terrain en Afrique à partirdu Pdm, nous avons commencé àréfléchir aussi sur la question dela panafricaine des maires quideviendra la composante conti-nentale de Cglu. Voilà commentest né Cglua.

Conseiller spécial de Cglua,il est, avec Jean PierreElong Mbassi, l’un despères fondateurs du conceptAfricités. Cette année, lemaire de Dakar lui ademandé de mettre sonexpérience au service de laréussite de l’événement enterre sénégalaise.

Les acteurs de l’Afrique localeLes acteurs de l’Afrique locale“ Je suis contre la fonction publique locale ”Daby Diagne, Coordonnateur Africités 2012 (Sénégal)

“ Nous avons débattude l’idée d’un réseaude ministres chargésdu secteur. Ils ne sevoyaient pas, ne se

parlaient pas ”

“ Nous avons oeuvréà l’unité du mouve-

ment municipalmondial ”

“ Le Programme dedéveloppement muni-cipal a été le premier

outil d’accélération dumouvement munici-

pal en Afrique ”

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Spécia l Afr ic ités 2012 11N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

Plus tard, j’ai quitté mon poste demaire. Par la suite, j’ai été prési-dent de région, consultant.Compte tenu du parcours, et par-tout où je suis passé, Cglua m’aretenu comme personne ressour-ce, avec soit la casquette deconsultant, soit celle deconseiller.

Quelles leçons donneriez-vousaux jeunes qui entrent en poli-tique, notamment au niveaulocal ?Le premier conseil, c’est d’êtrehonnête. Parce que parfois, lescombinaisons politiques, lesalliances ne facilitent pas le tra-vail quotidien. Or en politique,1+1 ne font pas forcément 2; maisce qui reste, c’est la compétenceet la performance. Vous devrezdonc démontrer que vous n’en-trez pas dans les combines, quevous faites votre travail avec desréalisations tangibles. Mais avantcela, on peut vous atteindre poli-tiquement, on peut vous dévier,vous pousser à vous allier à desincompétences parce que vousêtes du même clan, vous inciter àremplir la mairie avec des petitscopains ou la famille.Deuxièmement, il faut admettreque le citoyen n’est pas forcé-ment client, c’est davantage celuiqui vous jugera sur votre perfor-mance. Troisièmement, on n’estpas un bon maire si on n’est pasgénéreux. Il faut donc avoir degrands projets et en réaliserquelques-uns tout en espérant enréaliser d’autres. Cette générositéest le catalyseur qui fait avancer.

Quel est votre regard sur la qua-lité des ressources humaines auniveau local? Une mairie doit avoir des équipesqui en veulent et qui ont du ren-dement. Je considère que c’est lapremière priorité d’un maire.Mais je suis contre la fonctionpublique locale. Parce que toutesles erreurs vues au niveau centralavec le faible rendement dans letravail, les difficultés pour obte-nir la bonne ressource de façonstable, l’absence d’audit, vont sereporter au niveau local. Ceci dit,il y a d’excellents fonctionnairesqui travaillent, mais qui sont sipeu nombreux. Or, vous êtesélus, selon les pays, pour 4 à 6

ans, et vous êtes jugés sur la per-formance. Je crois donc qu’ildevrait y avoir une certaine flexi-bilité accordée aux maires dans lasélection des moyens humainsque l’Etat met à leur disposition.J’ai tendance à dire que l’Etatdevrait se contenter de définir lesprofils et l’organigramme.

Les collectivités locales afri-caines ont-elles les moyens deleurs ambitions face à trois défisque pose la construction del’Afrique à partir des territoires:la planification, le financementet la réalisation ?Il faut bien comprendre que cethème propose une nouvelle per-ception de la stratégie de déve-loppement. L’Etat central ne peutpas tout faire, parce que les pro-blèmes se sont complexifiés, il y aune pression urbaine jamaisatteinte dans l’histoire del’Afrique, il y a une démographiegalopante, il y a une concentra-tion urbaine très grande parceque les villes se sont faites dans lapauvreté. Ailleurs, cela n’a pasété le cas. La concentration enville a plutôt été générée parl’offre de travail. Ce sont lesusines, le développement ducommerce et de l’industrie quiattiraient les gens vers la ville. Ici,c’est le phénomène inverse. Dansplusieurs pays, on a plus à faire àce qu’on appelle le rêve urbain,les gens qui quittent leur terroirparce qu’ils ne peuvent pas faireautrement.Le type de croissance quel’Afrique dans son ensemble achoisi est basé sur l’exportation etle marché extérieur, en comptantaussi sur les investissementsdirects. Tout ceci en enjambantles territoires. A terme, nouspensons que ce n’est pas unebonne stratégie. Il faudra la cor-riger sérieusement avec le terri-toire comme principal théâtredes opérations. La deuxièmechose, c’est qu’il y a une citoyen-neté qui émerge des territoires.On le remarque d’ailleurs dansles conflits qui naissent quandles gens réclament la part de leurterritoire sur les richessesminières et naturelles qui y sontexploitées. Ils questionnent lamise en valeur de leur territoirelorsqu’ils prennent consciencede la mise en valeur des res-sources qui s’y trouvent. Il y adonc une émergence de revendi-cations citoyennes, et de ce pointde vue le territoire émerge. La troisième raison est qu’on acru que l’émigration était la for-mule, or ce n’est pas le cas. C’estvrai que ça été un paramètreimportant dans l’histoire des

hommes. Ça a même été un para-mètre d’ajustement pourl’Europe et les Etats-Unis. LesEuropéens qui sont venus enAfrique et qui ont trouvé làmatière à commerce, matière àprendre des ressources pour allerdévelopper leur continent, matiè-re à emplois sur place. Mais dansnotre cas, on voit bien qu’on com-mence à être essoufflés et ceci dufait d’une crise mondiale. LesOccidentaux ont tendance à serefermer dans un protectionnis-me qui est expliqué par la crisequ’ils subissent. Ils ont été long-temps leader du monde et il y adu changement avec la Chine quiest en passe de régner à leurplace. Il y a d’importantes pertesd’emplois, car la concurrencemondiale est très dure. Bref,toutes les illusions sur l’émigra-tion sont en train d’être décou-vertes par nos populations quiavaient émigré, et il y a mêmeune tendance au retour. Elles serendent compte que pour plu-sieurs raisons il faut revenir auterritoire. Surtout qu’il y a unproverbe bien de chez nous quidit « Si tu ne sais plus où tu vas,retourne d’où tu viens ». Ce quifait une nouvelle fois émerger leterritoire.C’est pour cela que la questionque vous posez sur les moyens,les pratiques, les ressources relè-vent davantage de politique et destratégie. Si on les change, onpeut améliorer les choses.Pour finir avec l’argument demasse, c’est qu’on ne peut pasdévelopper nos pays sans déve-lopper les mentalités des gens.On ne peut pas laisser continuerce clientélisme qui veut que l’Etatpeut tout faire. Il faut qu’ilscroient en leurs régions, à leurrapport avec l’environnement, aupotentiel qu’ils ont d’agir etd’avancer. Il faut qu’ils aient lesentiment qu’ils sont ceux quipeuvent développer les terri-toires et personne d’autre. A cemoment-là, on pourra envisager

d’autres stratégies, pratiques ouressources pour que le dévelop-pement se déclenche par la base.Ceci n’exclut pas que l’Etat fasseson travail. Mais la croissanceactuelle est extravertie. Parce quesi vous prenez trois ou quatreusines dans les pays où les nou-velles technologies sont trèsbonnes, vous prenez la sociétémère de téléphonie, vous y ajou-tez la société d’électricité etquelques autres, vous noterezque ce sont elles qui font la crois-sance, avec quelques banquesétrangères. Et les impacts sur legrand nombre ont tendance à s’yfaire. Il y a plusieurs niveaux de res-ponsabilités qu’il faut question-ner. Quand on sera au niveau de labase pour la direction d’écoles,pour faire des arbitrages en pro-vinces dans une région, pourmieux auditer le leadershipmunicipal ou régional, brefquand les gens commenceront às’occuper de leurs affaires, leschoses iront mieux.

L’une des pistes explorées parles élus locaux, c’est la coopéra-tion décentralisée. Mais est-ceque les reproches faits à lacoopération interétatique nevont pas être transposés demanière cruelle au niveau local ?Là aussi, il ne faut pas se fairetrop d’illusions. La coopérationdécentralisée est peut-être unezone potentielle de transferts desavoir et de savoir-faire, quandceux-ci sont adaptés à nos pays, à

nos cultures et à notre environne-ment. Mais que les gens n’aillentpas s’imaginer que la petite villede province ou même la grandeville de l’Occident va transférerdes ressources pour développernos territoires. Par contre, c’est àla fois une source de bon échangede connaissances, de savoir-faireet d’expériences ; c’est aussi unesource de fraternisation et debonne connaissance des hommeset des cultures, ce qui n’est pasrien dans le développement.C’est aussi une source qui fructi-fie la paix, parce que quand lesgens se fréquentent, ils seconnaissent mieux. C’est enfinune occasion de découvrirqu’avec des moyens modestes onpeut faire de grandes choses, àl’échelle des villages ou de cer-taines villes. C’est du point àtemps pour faire avancer cer-taines choses, mais ça, ce n’estpas le développement. Bien sûr, ilfaut la pratiquer. Mais il faut sur-tout que les maires qui s’y met-tent comparent ce qu’ils y met-tent comme moyens aux résultatsqu’ils engrangent. C’est unchamp qui peut être intéressantmais qui a ses limites. De plus, ce n’est pas juste dedemander à un conseil municipalextérieur qui a les mêmes pro-blèmes que nos conseils munici-paux ici de transférer en Afriqueles moyens qui leur auraient per-mis de répondre à leurs proprespréoccupations. Je dois cepen-dant dire qu’il y a des expé-riences qui sont intéressantesdans la mesure où des gens quiont de l’expérience, qui sont enretraite et qui veulent découvrird’autres pays, peuvent venir prê-ter main forte dans beaucoup dedirections dans le cadre de lacoopération décentralisée et amé-liorer certaines situations. Maisencore une fois, ce n’est pas lasolution miracle.

Propos recueillis par K.S.

Les acteurs de l’Afrique localeLes acteurs de l’Afrique locale“ Un bon maire doit être généreux ”

“ La qualité de laressource humaine

est la premièrepriorité d’un maire,car après son man-dat, il sera jugé sur

la performance ”

“ Que les mairescomparent les

moyens mis dans lacoopération

décentralisée et les résultats ”

“ On ne peut pasdévelopper nos

pays sans dévelop-per les mentalités

des gens ”

“ La générositéd’un maire est son

catalyseur ”

Page 12: V&c 16 spécial africités

Spécia l Afr ic ités 201212 N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

EN BREF

L’Uemoa a un Conseil des CTAfrique de l’OuestAfrique de l’Ouest

La 24e session du Conseil des ministres de la

Communauté économique et monétaire

d’Afrique centrale (Cemac) qui s’est tenue le

03 novembre à bangui a dégagé un objectif pré-

cis pour 2017: le renforcement de l’intégration.

Mais déjà pour 2013, le budget de la

Commission s’élève à 58 milliards de Fcfa.

Pour Pierre Moussa, le président de la

Commision, « Les résultats obtenus dans leprocessus d’intégration de la Cemac ne sont nisuffisamment perceptibles dans le vécu quoti-dien des populations de l’Afrique centrale, ni àla hauteur des attentes de celles-ci». D’où la

nécessité « de changements de comportementprogrammés dans le cadre de la réforme enta-mée et visant à doter la Cemac des structureset des hommes et femmes fort capables de latirer vers l’avant. Les règles du jeu sont ame-nées à évoluer et les institutions à vocation decontrôle doivent être dotées des moyens adé-quats pour l’accomplissement de leur mission», a souligné madame Rosario Mbasogo, la

vice-présidente de l’institution, en ouverture

des travaux.

Source: journalducameroun.com

CEMAC

Un agenda pourl’intégration

S’il est admis qu’il n’existe pas demodèle de décentralisation à impo-ser aux autres pays et régions du

continent, il est cependant à noter que lesexpériences vécues par les Africains duNord au Sud, de l’Est à l’Ouest ou duCentre peuvent fertiliser l’imaginaire desautres et susciter le débat ici et là.En Afrique de l’Ouest, c’est depuis lemilieu des années 1980 que la décentralisa-tion a été adoptée comme processus visantà réformer l’Etat hérité de l’époque colonia-le. Ce choix a abouti à la mise en place d’au-torités locales élues et responsables de lagestion du développement territorial. La principale conséquence de cette réformeest le renforcement du rôle des élus locaux,chargés, entre autres, de prendre en charge

de manière effective les problèmes d’amé-nagement, de gestion de leur territoire,d’accès des populations aux services debase, ainsi que la promotion du développe-ment économique local. C’est dire s’il afallu que les collectivités locales appren-nent à trouver des réponses efficaces auplan institutionnel et financier et à renfor-cer «les capacités des autorités en tant quemaître d’ouvrage, pilote et coordonnateur dudéveloppement territorial, sur la base d’uneapproche reposant sur des principes de concerta-tion, participation, inclusion, cohérence et com-plémentarité, permettant de fédérer l’ensembledes acteurs et potentialités d’un territoire».C’est ce qui est ressorti d’une présentationd’Aminata Sy, du département del’Aménagement du territoire communau-taire, des transports et du tourisme del’Union économique et monétaire ouestafricaine (Uemoa). A en croire Mme Sy, l’initiative est partiedu bas vers le haut : les collectivités territo-riales ont engagé des initiatives pour semettre en réseau, puis elles ont sollicitél’appui de la Commission de l’Uemoa pouraccompagner cette dynamique et promou-

voir une plus grande coopération entre laCommission, les Etats membres et les col-lectivités territoriales. La démarche a abou-ti à la création du Conseil des collectivitésterritoriales (Cct) de l’Uemoa dont il com-plète le dispositif institutionnel tout enayant un rôle consultatif. Le Cct consacre la reconnaissance du «rôlemoteur des collectivités territoriales dans lesprocessus de développement territorial». D’oùla nécessité «de promouvoir un cadre de dia-logue politique permanent et durable» entre lesparties. «Les crises sociales survenues dans certainspays membres de l’UEMOA mettent en lumiè-re la nécessité de favoriser davantage les liens decoopération et d’échanges, qui peuvent per-mettre de mieux rapprocher les communautés,renforcer la cohésion sociale, favoriser la réalisa-tion de projets de développement et gérer effica-cement la prévention des conflits» a concluMme Sy. De ce point de vue, le Cct, qui regroupe lesdécideurs municipaux de la sous-région,premiers témoins et acteurs des sites decrises, entend jouer un rôle capital. Sil’Uemoa n’y trouve rien à redire.

Le Conseil des Collectivités terri-toriales décentralisées de l’Afriquede l’Ouest peut susciter des émulessur le continent.

Par Martial Nepoue

NECROLOGIE

Théophile Abegarend son écharpe

Théophile Abéga, qui était jusqu’à son

décès le 15 novembre 2012, le maire de la

commune d’arrondissement de Yaoundé IV a

succombé à l’hôpital général de Yaoundé à un

arrêt cardiaque consécutif à un diabète, alors

que le pays célébrait un jour plus tôt la jour-

née mondiale de lutte contre cette maladie.

Plus connu pour ses performances de joueur

de football que de maire, Théophile Abéga,

surnommé au temps de sa splendeur de

«dobra» («docteur» en Ewondo, la langue

parlée à Nkomo d’où le défunt est originaire)

du football, du fait de son élégance et sa vista,

ses dribbles chaloupés et son sens du but,

avait été capitaine des Lions indomptables

lors du premier succès continental de l’équipe

fanion du Cameroun en Côte d’Ivoire en

1984.

Depuis son retour d’un voyage de deux

semaines aux Etats-Unis, il avait été hospitali-

sé le 09 novembre et à en croire un proche « il

semblait déjà aller beaucoup mieux et l’on son-

geait même déjà à programmer sa sortie d’hô-

pital » quand la terrible nouvelle est tombée.

La fédération camerounaise de football, par la

voix de son président Iya Mohamed, a prévu

d’organiser des funérailles à la mesure de ce

que Théophile Abéga a apporté au football

camerounais en tant que joueur (1973-1989),

mais aussi président de club, lui qui a dirigé le

club de son coeur, le Canon sportif de

Yaoundé pendant une dizaine d’années.

A 58 ans, «M. le maire» comme on l’appelait

depuis 2007 rend son écharpe de magistrat

municipal sans avoir procédé au déménage-

ment des services de la mairie de Kondengui

pour l’imposant ouvrage qu’il a fait construi-

re à Ekounou.

La dernière sortie publique de l’homme qui

jouait sans baisser la tête a eu lieu le 11

octobre dernier, lorsque huit anciennes

gloires du football camerounais avaient rendu

visite aux Lions indomptables 72 heures

avant le match retour contre le Cap Vert qui

éliminera finalement le Cameroun de la pro-

chaine Coupe d’Afrique des Nations en

Afrique du Sud.

Lors de sa dernière intervention publique

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Spécia l Afr ic ités 2012 13N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

Gouvernance localeGouvernance locale“ Gouverner, c’est gérer les cohérences ”Ousmane Sy, Ancien Ministre des Collectivités locales (Mali)

Monsieur le ministre, votre position privi-légiée vous permet d’avoir un regardtransversal sur les processus de décentrali-sation en Afrique. Pouvez-vous faire unecomparaison entre les modèles franco-phones et anglophones ?

Le système anglophone est complètementdifférent du sytème francophone. Le sys-tème anglophone, c’est vraiment une res-ponsabilité directe des pouvoirs locauxqui ne sont pas sous l’autorité d’adminis-trations déconcentrées. L’héritage institu-tionnel français met en place un systèmede décentralisation accompagné d’un sys-tème de déconcentration de l’Etat central.Ça fait deux systèmes administratifssuperposés. Or, le système anglophone estun système administratif avec deux com-posantes qui se parlent. C’est la différencefondamentale. En termes de décentralisation réelle, jepense que le système anglophone est pluspropice pour nos pays que le systèmefrancophone.

Et si on revient à la réalité de votre pays.Au moment où vous quittiez vos fonc-tions de ministre, quel était le niveaud’appropriation du processus par lespopulations?Pas suffisant, parce que ça demande beau-

coup de temps. L’administration centrali-sée a été installée pendant plus d’un siècledans nos pays. Dix ans ne suffisent pas pourinverser la tendance. Ça demande beau-coup plus de temps. Mais ce qu’on constatedéjà, c’est le rapprochement des décideurspublics des populations. Comme je l’ai ditdans un rapport, on a donné un visage etune langue à la démocratie. Le visage de ladémocratie pour les populations, c’est l’élulocal qu’ils ont choisi eux-mêmes, qui trèssouvent parle leur langue. Je crois que toutceci constitue des processus de rapproche-ment, de responsabilisation, qui font bou-ger les choses.Ce qu’on a constaté, c’est que les popula-

tions vont plus facilement voir leur éluspour discuter de leurs problèmes qu’unreprésentant de l’Etat. C’est quelque chosequi est en place, mais les processus pren-dront du temps pour s’inverser et que leniveau local soit vraiment le niveau d’initia-tive. Cela suppose que le niveau local aitplus de ressources financières et humaines.C’est ce que je suis en train d’expérimenteraujourd’hui. Après des responsabilitésnationales, je suis allé pour des responsabi-lités locales. Ça crée des dynamiques nou-velles. Je crois que c’est ça qui permetd’équilibrer même et de donner plus deconsidération aux pouvoirs locaux par rap-port au pouvoir national.

Un certain nombre d’analystes pensentqu’avec les responsabilités croissantestransférées aux collectivités locales, il fautabsolument définir le profil des maires.Quel est votre avis là dessus?Je ne crois pas que ça doit être décrété. Ilfaut que ça soit construit. Petit à petit, lesresponsabilités au niveau local devenir suf-fisamment attrayantes et valorisantes pourque les gens mieux formés les investissent.Si on veut le décréter, on va contre les prin-cipes démocratiques qui se font sur la based’élections. Dans le cadre d’élections, on nepeut pas dire qu’un citoyen vaut mieuxqu’un autre à partir du moment où, quelque soit son niveau, il a la confiance despopulations. Avec les évolutions, on se rend compte auMali que de plus en plus de gens compé-tents, intéressés à s’impliquer dans la ges-tion, acceptent de partir au niveau localfaire le sacrifice. C’est cette dynamique quiva se poursuivre.

Quel est le rôle que vous attribuerez auxélites et aux autorités traditionnelles pour

le succès du processus de décentralisa-tion?

Je crois que c’est un rôle de régulation.Quand vous regardez la plupart des crisesqui agitent nos pays, ce sont des instabilitésqui sont dues au fait que les mécanismes derégulation ne fonctionnent pas. J’entendspar régulation un dispositif qui est là pourprévenir les crises ou pour les gérer lors-qu’elles surviennent. Les mécanismes qu’onappelle traditionnels sont ignorés ou ontcessé de fonctionner, et on n’a pas encoreune bonne maîtrise des mécanismesmodernes de régulation. C’est là-dessusqu’il faut qu’on travaille sérieusement. Caron a besoin de stabilité pour se développer. Tout système évolue par des crises. Ce n’estpas la crise qui est grave, mais plutôt qu’onne puisse pas réguler la crise. Nous devonsdonc revoir nos mécanismes de régulation.C’est une question qui fait l’objet d’atten-tion de ma part. Chaque fois qu’il y a rupture de cohérence,il y a crise de gouvernance. La définitionque je donne de la gouvernance, c’est com-ment gérer les cohérences. C’est une défini-tion simple, mais ça touche la question defond. Partout où il y a crise de gouvernance,il y a une crise de cohérence, donc une crisede régulation.

Certains analystes estiment qu’au regardde la compréhension qu’ont les organisa-tions de la société civile des enjeux de ladécentralisation, il y a un risque qu’il y aitune espèce de rééquilibrage des rapportsde force mais au détriment des popula-tions. Qu’en pensez-vous?Les populations sont actrices dans les pro-cessus de gouvernance qui sont enconstruction. A travers les systèmes dedémocratisation, ce sont elles qui vont déci-der par leurs choix, par leurs décisions, parleurs votes.Les rééquilibrages se feront progressive-ment à travers la prise de conscience que levote, c’est l’occasion pour que le citoyenaffirme son pouvoir sur les institutionspubliques. Eviter de vendre le vote, éviterde le bazarder, éviter de le transformer;mais en faire un moment et un instrumentd’exercice de sa volonté. Je crois que c’est çaaussi qui permettra de mettre en place unsystème de gouvernance.

“ Tout système évoluepar des crises. Ce n’est

pas la crise qui est grave,mais plutôt qu’on nepuisse pas réguler la

crise ”

“ Chaque fois qu’il y arupture de cohérence,

il y a crise de gouvernance ”

“ Petit à petit, les res-ponsabilités au niveau

local vont devenir suffi-samment attrayantes etvalorisantes pour queles gens mieux formés

les investissent ”

“ Les rééquilibrages seferont progressivement à

travers la prise deconscience que le vote,

c’est l’occasion pour quele citoyen affirme sonpouvoir sur les institu-

tions publiques ”

“ On a donné un visageet une langue à la démo-

cratie. La démocratiepour les populations,

c’est l’élu local qui parleleur langue ”

Ousmane Sy est né le 25 mai 1949 àBandiagara. En 2000, cet agroécono-miste, docteur en développementéconomique et social, est nomméministre de l’Administration terri-toriale et des Collectivités localespar Alpha Oumar Konaré, aprèsavoir été expert au Programme desNations unies pour le développe-ment (Pnud), puis chef de la missionde décentralisation et des réformesinstitutionnelles du Mali. Il est lepromoteur du Centre d'expertisespolitiques et institutionnelles enAfrique (Cepia) qu’il dirige depuisjanvier 2004. Il est aussiCoordinateur régional de l'Alliancepour Refonder la Gouvernance enAfrique et vice-président del'Institut de recherche et débat sur lagouvernance.En décembre 2004, il est récompensépar le prix international RoiBaudouin pour le développement «pour la force de sa vision et le cou-rage de ses idées au sujet de la gou-vernance en Afrique, et pour l'origi-nalité de ses actions au Mali où, parun processus participatif de décen-tralisation et l'organisation d'élec-tions transparentes, il est parvenu àcréer un cadre stimulant unemeilleure gestion publique et unestabilité renforcée; deux conditionsessentielles au développement ».Il a écrit en 2009 un ouvrage intituléReconstruire l’Afrique, vers unenouvelle gouvernance fondée sur lesdynamiques locales, éditionsCharles Léopold Mayer, novembre2009, 222 p.Aujourd’hui élu local de Bandiagaraet accessoirement expert de l’Unionafricaine sur les questions de décen-tralisation, il a, à la faveur de lapremière réunion du bureau de laCaddel à Yaoundé, rendu une courtevisite à l’Igac où nous l’avons ren-contré le 10 mai 2012.

Propos recueillis par KS

Page 14: V&c 16 spécial africités

Spécia l Afr ic ités 201214 N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

Approach experienced in SADC’Southern AfricaSouthern Africa

Although established in early 2008,and officially inaugurated inNovember 2009, the Southern

Africa Regional Office of United Cities andLocal Governments of Africa (UCLGA-SARO) became operational in February2012 with support of the ARIALprogramme. The ARIAL programme is aproject contracted by the ACP Secretariatand funded by the European Union, forsupporting and strengthening LocalGovernment Associations at ACP nationaland regional levels.The UCLGA-SARO members are LocalGovernement Associations of Botswana(BALA), Lesotho (MASERU), Malawi(MALGA), Mauritius (ADCM, AUAM),Namibia (ALAN), South Africa (SALGA),Swaziland (SWALGA), Zambia (LGAZ),Zimbabwe (ARDCZ, UCAZ). But only onecountry has a constitutional recognition.According to Samuel Kaninda, a Seniorofficer of this organisation, UCLGA-SAROis the «umbrella organisation of LocalGovernment in Southern Africa» and itsvision is to «strengthen, integrate and organi-se Local Government Associations in SADC’»while its mission is to «To become the recogni-sed, representative voice for organised localgovernment in SADC and provide a platformfor capacity building and networking». «In Southern Africa, local government is adop-ted as a tier/ sphere of government in its ownright, although decentralisation yet to be effecti-ve in some countries», M. Kaninda said.Advocacy and lobbying role, CapacityBuilding and Resource mobilisation ofLGAs, Knowledge Sharing between LGAsand Profiling of LGAs are key mandates ofUCLGA-SARO.

LG Ministers ForumEstablished in 1999 with a view to promotethe role of local government within the

SADC program of action, the SADC LocalGovernment Ministers Forum currentlyconsists of fourteen member states. And itsrole is to promote local self-government,develop and serve as a source of data onexisting as well as the latest internationalpolicy developments regarding localgovernment, coordinate disaster manage-ment by local authorities in the SADCregion, render advice with regard to trai-ning of local government councillors andofficials of member states, coordinate pro-motion of local economic development intowns and cities of member states to facili-

tate job creation, facilitate the formation oforganised local government structures inthe SADC region and deepen the relation-ship between SADC countries regarding alllocal government matters. The platform provided by the annual com-memoration of the Africa Day ofDecentralisation and Local Developmentcan also be used by UCLGA-SARO tostrengthen relations with the SADC LocalGovernment Ministers Forum andAMCOD, and contribute meaningfully tofinding lasting solutions to the develop-ment challenges facing the continent.

By Ngu Peter

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BULLETIN D’ABONNEMENT

EN BREF

MUSIQUE

Le Cameroun auxKora 2012

La 12e édition des «Kora Music Awards»

sera organisée le 29 décembre 2012 à

Abidjan en Côte d’Ivoire. Des artistes came-

rounais espèrent y faire flotter le drapeau tri-

colore. Il s’agit de Lady Ponce nominée dans

la catégorie «meilleure artiste féminine

d’Afrique centrale» avec son titre “secouer

secouer”. Elle sera, entre autres, en lice avec

sa compatriote Charlotte Dipanda et son titre

“coucou”. X-Maleya son titre “tchokolo” sont

en compétition dans la catégorie «meilleur

groupe africain» tandis que N’Lauretta espère

décrocher le graal dans la catégorie «meilleu-

re artiste féminine musique religieuse» avec

son titre «Hommage à Jésus».

Au total, 144 artistes de 41 pays seront dépar-

tagés sur la base de la qualité des vidéo-

grammes, l’importance de la représentativité

des cinq régions du continent ainsi que celle

du rajeunissement de la musique africaine.

Pour rappel, les titres doivent avoir été mis

sur le marché entre le 1er mai 2010 et le 10

octobre 2012.

Page 15: V&c 16 spécial africités

Spécia l Afr ic ités 2012 15N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

Est-il nécessaire d’améliorer l’ar-senal législatif et règlementairepour rendre la décentralisationplus effective dans votre pays ?Je commencerai un tout petit peupar le commencement. La décen-tralisation a été instituée enRépublique de Djibouti en 1999.Mais c’est à partir de 2000 quenous avons entamé réellement lamise en place du processus. Al’instar de nombreux pays qui ontentrepris cette réforme visant àimpliquer les populations à labase dans la gestion des affairespubliques au niveau local à lasuite de certaines revendicationspopulaires, à Djibouti il y a eu unpetit conflit armé. Celui-ci adébouché sur une conférence deréconciliation qui a largement plé-biscité la décentralisation. Le gou-vernement s’est alors engagé àmettre en place une forme dedécentralisation pour, d’une part,essayer de désamorcer la crise,mais également dans un objectifde développement du pays. C’estdonc en ce sens que l’arsenal juri-dique de Djibouti s’est doté dedeux lois : la loi 174 qui porte surla décentralisation et le statut desrégions, et une autre loi portantsur le statut particulier de la villede Djibouti. La ville de Djiboutiest dotée d’un statut particulier àl’instar de la ville de Bamako. Jene vous cache pas que nous noussommes largement inspirés de cequi se faisait au Mali. En 2003, jus-tement, j’ai fait partie d’une mis-sion de reconnaissance au Mali.Mission conduite par le Ministrede l’Intérieur et de la décentralisa-tion et durant laquelle nous avonspris des contacts avec les autoritésmaliennes qui ont favorisé deséchanges d’expériences ayantconduit à l’élaboration du projetde loi sur le statut particulier de lacapitale de Djibouti.Pour revenir à votre question, jeconfirme que quelques annéesaprès, il y a effectivement lieu derevisiter certaines dispositions del’arsenal législatif et réglementai-re. Il y avait, c’est le cas de le dire,une urgence à résoudre qui peut,avec le recul, laisser croire à unecertaine précipitation. Car cer-taines dispositions fixées par la loise sont révélées être au-dessus denos moyens. Douze ans après, cer-

taines dispositions n’ont pas étéappliquées, parce qu’elles ont ététrouvées difficiles à mettre enplace, notamment en ce quiconcerne la fiscalité locale. Demême, en matière de transfert decompétences, un certain nombrede transferts ont eu lieu, maisforce est de constater que d’autrescompétences qui normalementdevaient être dévolues aux collec-tivités territoriales n’ont pas ététransférées. Les différents décretsd’application de la loi quidevaient fixer les modalités demise en place de la fiscalité locale,préciser les modalités de transfertdes compétences et d’autresdécrets devant préciser certainsaspects de la conduite du proces-sus de décentralisation n’ont passuivi.Il y a deux ans, nous avons faitappel à des experts internationauxdans le cadre d’un projet duProgramme des Nations uniespour le développement. Le but,c’était de toiletter et renforcer l’ar-senal juridique afin de l’adapterau contexte social, politique, éco-nomique et social de mon pays.Ce travail a été fait, mais il resteencore quelques points à amélio-rer. La décentralisation est un pro-cessus continu, on ne l’achèvejamais. Mais à Djibouti, noussommes engagés à la revisiter, laréorganiser, la remettre au goûtdu jour.

Jusqu’à quel point votre gouver-nement a-t-il pris en compte lesinfluences positives ou négativesdes réalités sociales auxquellesvous êtes confrontés au quoti-dien dans la mise en œuvre de ceprocessus ?On peut voir la déclinaison de ladécentralisation à trois niveaux :la décentralisation politique, ladécentralisation administrative etla décentralisation fiscale. Pour lepremier cas, il s’agit de la dévolu-tion d’un certain nombre de pou-voirs et de compétences de l’Etatcentral à des entités décentraliséesqui s’administrent librement. La

décentralisation administrativerenvoie davantage à ce qu’onappelle la déconcentration ; ici lesservices sont déconcentrés àl’échelon régional, mais toujoursavec la prise de décision quidépend de l’Etat central. Avec ladécentralisation fiscale qui estpour moi le summum de la décen-tralisation, on donne l’opportuni-té aux collectivités locales de pré-lever des taxes et impôts auniveau local. C’est là la véritableautonomie pour les régions et lescommunes.Plus globalement, la décentralisa-tion doit viser un objectif : offriraux populations ses servicessociaux de base. Le reste, c’est dela cosmétique institutionnelle.Quand je parle de services sociauxde base, c’est plus précis qued’évoquer le simple fait d’amélio-rer le niveau de vie des popula-tions. Car il s’agit de servicesfaciles à gérer, ne réclamant pasbeaucoup de technicité, ni desmoyens techniques et financiersimportants. Prenons desexemples: la gestion des écolesprimaires ou la gestion des can-tines et dortoirs peut être facile-ment transférée aux collectivitéslocales. C’est pareil en matière desanté : la gestion des dispensairesou la gestion de la chaîne de four-niture de médicaments. Il s’agit decompétences dont l’Etat doit sedessaisir. Un deuxième palier decompétences à transférer concernela gestion de l’accès à l’eaupotable avec des puits ou desforages, les infrastructures rou-tières avec notamment les routessecondaires.Ce partage des tâches entre lepouvoir central et les collectivitéslocales déchargera l’Etat pourqu’il se consacre à ses missionsrégaliennes, tandis que les éluslocaux qui sont auprès des réalitésvécues par leurs électeurs pour-ront identifier les problèmes quise posent et y trouver réponseavec la participation des bénéfi-ciaires que sont les populations.

A combien de collectivitéslocales le découpage administra-tif de Djibouti a-t-il donné lieu ?Je dois rappeler que Djibouti estun petit pays avec une superficiede 23 700 km² et à peu près800 000 habitants. Mais ceci nenous a pas empêché d’adopter leprocessus de décentralisation del’Etat. D’ailleurs, certains nous ontsouvent rappelé que nous avionsun tout petit pays et qu’il n’étaitpas nécessaire de mettre en placela décentralisation. Ce à quoi nousavons souvent répondu que ladécentralisation n’est pas liée à lataille du pays. La décentralisation

est une nouvelle forme d’adminis-tration. C’est pourquoi le prési-dent de la République de Djiboutia insisté pour que la décentralisa-tion soit effective dans notre pays.Pour répondre à votre question, jedirais que le pays a été découpé encinq collectivités que nous appe-lons les régions : Obok,Tadjourah, ‘Ali Sabieh, Dikhil etArta. Nous n’avons pas voulu, sivous le permettez, surcharger lesdifférents échelons administratifsen mettant en place les com-munes. La loi les prévoit certes,mais nous avons laissé les com-munes pour une mise en placeultérieure. Nous avons favoriséles régions, car elles ont l’avantaged’être l’échelon idéal pour la pla-nification.

Quelle place est accordée auxacteurs non étatiques dans lastructuration opérationnelle de ladécentralisation à Djibouti ?Il existe un certain nombre d’orga-nisations de la société civile quitravaillent au quotidien avec lesélus locaux. Quand elles ont unprojet, elles le soumettent auconseil régional qui les examinepour s’assurer que les projets pré-sentés correspondent aux réalitésou aux besoins des populations. Sic’est le cas, la collectivité consent àles soutenir. Mais ce soutien n’estpas financier, car les collectivitésmanquent cruellement de moyensfinanciers. Elles n’ont pas vérita-blement de budget, il y a juste unedotation annuelle de l’Etat pourleur fonctionnement. Conséquence,les collectivités apportent auxassociations dont le projet arépondu aux critères d’évaluationun soutien technique. Vous avezdes élus qui prêtent une mainforte à ces associations pour mon-ter le projet suivant les canons deprojets bancables qui peuvent êtresoumis à des partenaires au déve-loppement.Pour parler des partenaires audéveloppement, je ne sais com-ment cela se passe dans d’autrespays, mais je vais abandonner lepolitiquement correct pour dire lavérité : certains d’entre eux nejouent pas véritablement leur rôleà Djibouti. Ceux que je décrie onttendance à travailler davantageavec les ministères ; ils privilé-gient le niveau central au niveaulocal. Ils cherchent pour principalinterlocuteur le ministère, lesdirecteurs. J’en suis un d’ailleurset cette situation n’est pas plaisan-te, car elle est inadaptée aux objec-tifs à atteindre. Or, nous aurionspréféré qu’ils travaillent davanta-ge avec les élus locaux et la socié-té civile. Or ils préfèrent la situa-

tion actuelle où ils travaillentdavantage avec les ministères sec-toriels, parce que cela les arrangedu fait d’intérêts et agendascachés. Or les ministères sectorielsutilisent ces fonds, mais pas aubénéfice des collectivités. Tout cetargent n’arrive pas à destination.Pour vous prendre un exemple,vous avez un bailleur qui crée desstructures qui font doublon avecdes structures existantes. Ilscréent une unité de gestion desprojets (Ugp) pour lequel ilsrecrutent des personnes locale-ment mais aussi et surtout desconsultants internationaux quicoûtent une fortune.Conséquence: une bonne partie del’argent mobilisé pour un projetest perdu pour les bénéficiaires.Or s’ils font davantage confianceaux élus, car il y en a de compé-tents et qui savent s’entourer, il yaura un meilleur bénéfice pour lescollectivités et pour l’Etat.

Quelle est la portion du budgetde l’Etat qui est affectée aux col-lectivités locales pour leur fonc-tionnement ?C’est dans l’ordre de 1 à 2% dubudget de l’Etat. Pas plus. Il s’agitessentiellement des frais de fonc-tionnement qui paient les indem-nités des élus locaux, les matièreset fournitures de bureau ainsi quel’entretien des locaux. Mais il n’y aabsolument rien de prévu pourfinancer l’investissement. L’Etatreconnait que c’est quelque chosequ’il va falloir corriger. Il y ad’ailleurs un rapport qui a été pro-duit dans ce sens et qui apporteun certain nombre de correctionsaux manquements observés. Onespère que le budget 2013 prendraen compte ce genre d’amende-ments.

Certains analystes estimentqu’avec la décentralisation il y aune espèce de redistribution descartes de pouvoirs au niveaulocal au détriment des popula-tions. Quel est votre avis là-des-sus ?J’aimerais d’abord faire uneréflexion. La décentralisation estaujourd’hui présentée comme unepanacée. Mais il ne faut pas nonplus tomber dans la tyrannie dulocal. La décentralisation ne peutpas tout résoudre, il n’est pas sou-haitable de vider l’Etat centralpour le niveau local. Je rappelleque l’élection ne confère pas unesainteté qu’on ne retrouve pas auniveau central. La corruption, leclientélisme et autres défauts duniveau central se retrouvent aussiau niveau local. Un peu de nuanceserait souhaitable.La décentralisation favorise le tra-vail en synergie de quatre acteurs:les élus locaux, la société civile, lesecteur privé et les populations àla base. C’est un processus inclu-sif. Si chaque acteur s’organise, lepartage du pouvoir se fera plusaisément.

Propos recueillis par K.S.

L’expérience de DjiboutiL’expérience de Djibouti“ La décentralisation fiscale est le summum ”Sirag Omar Abdoulkader, Directeur de la Décentralisation (Djibouti)

“ La décentralisa-tion n’est pas liée àla taille du pays ”

“ Nous avons optépour les régions etnon les communes,

car la région estl’échelon idéal pour

la planification ”

“ La formule actuel-le de financement

de certainsbailleurs avanta-

gent le niveau cen-tral et non le

niveau local ”

Page 16: V&c 16 spécial africités

Spécia l Afr ic ités 201216 N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

FOCUS

An overview of the EAC realityEastern AfricaEastern Africa

La ville de Dschang a abrité du 20 au 24

novembre 2012 la 2ème rencontre quadri-

partite des partenaires du Conseil général du

Nord. Les acteurs viennent du Sénégal (4 com-

munes), de la Guinée Conakry (3 communes),

du Conseil général du nord, et de Dschang (les

6 Communes de la Menoua), soit au total plus

d’une douzaine de collectivités territoriales

africaines liées au Conseil général du Nord par

une convention de partenariat quadripartite.

Ce partenariat a été initié et facilité par

Ensemble pour l’Action Nord-Sud (Elans) dont

le pendant au Cameroun est Tockem. Le

Conseil général du Nord, pièce maîtresse dudit

sommet, assiste ses partenaires dans les

domaines de la santé en milieu rural, de la ges-

tion des déchets, du renforcement des capacités

institutionnelles et de l’appui à l’éducation.

Au cours de la rencontre de Dschang, la

deuxième du genre après celle de 2009 à

Dagana au Sénégal, les parties ont évalué le

chemin parcouru afin de se fixer de nouveaux

objectifs. La rencontre s’est tenue en présence

de Philippe Léty, Vice-président du Conseil

général du Nord chargé des Relations interna-

tionales et des Affaires européennes.

Le Conseil général du Nord comprend le

département de Lille et ses différents arrondis-

sements et cantons. Il comprend 79 conseillers

généraux qui définissent « les principaux axes

de la politique du Département ».

Source : www.sinotables.com

Une session extraordinaire du conseil

consacrée au vote et à l’adoption des

comptes administratifs 2009, 2010 et 2011

s’est tenue ce 16 novembre 2012, en présence

du préfet du Wouri.

Les comptes administratifs de la Communauté

urbaine de Douala (Cud), au titre des exercices

budgétaires 2009, 2010 et 2011 ont été conso-

lidés. Jusqu’alors, les grands conseillers

avaient refusé de les valider au motif de cer-

taines incohérences constatées.

Avant de présenter les documents aux membres

du conseil de la Cud, Fritz Ntone Ntone,le

délégué du gouvernement auprès de la Cud et

son staff ont abattu un long travail de régulari-

sation des écritures, qui leur a permis d’aboutir

à des équilibres recherchés. On apprend qu’en

2010, neuf opérations de régularisation ont eu

lieu dans le chapitre consacré aux recettes,

contre quatre pour les dépenses. En 2011, il y a

eu une opération concernant les recettes et 7

dans les dépenses, entre autres.

2009 «est un exercice qui a connu trois rece-veurs municipaux, une situation qui n’était pasde nature à amener la Cud à assurer avec quié-tude les opérations de concordance des chiffresà la fin de l’exercice », justifie Fritz Ntoné

Ntoné, en brandissant le problème de l’em-

prunt obligataire Cud Finance et les opérations

d’Hysacam. « Les comptes ont été régulière-ment votés, mais en l’absence de la conformitéqui voudrait qu’il y ait concordance, ils n’ontpas été approuvés par la tutelle. Nous avonssaisi le Minfi et le Minadt pour régularisercette situation, d’où l’équipe mixte de contrôle», ajoute le médecin. Le conseil du 16

novembre dernier consacre donc la fin de cette

procédure de régularisation. « A partir del’exercice 2012, il n’y aura plus de problèmed’écart entre le poste comptable et les écrituresde l’ordonnateur », parie Fritz Ntoné Ntoné,

qui peut désormais dormir tranquille.

Source: La Nouvelle Expression

COOPERATION

7 maires africainsà Dschang

GOUVERNANCE

Les comptes deDouala à jour

During the technical retreat at Kribi(Cameroon), last 6th to 8thSeptember, Winston Khamula of

Giz-Amcod presented the «Inclusion of LocalGovernance Agenda in the Regional IntegrationProgress. An Overview of the East AfricanCommunity (EAC)».The East African Community (EAC) is theregional co-operation that comprises theRepublic of Tanzania, Kenya, Uganda,Burundi and Rwanda. The Protocol on theEstablishment of EAC Common Marketentered into force on 1 July 2010 with theobjectives to develop policies and pro-grammes to widening and deepeningcooperation among the Partner States inpolitical, economic, social and culturalfield, research and technology, defence,security and legal and judicial affairs, fortheir mutual benefit; and establish aCustoms Union, a Common Market, andsubsequently a Monetary Union and ulti-mately a Political Federation amongstthemselves.The EAC Common Market will be an areawithout internal frontiers in which freemovement of goods, persons, labor, ser-vices and capital is ensured (4 freedoms). Itwill serve 532 LGs with a total populationof about 133 million people. Therefore, LGsas service providers on local level will haveto be prepared for the Common Market.The actors involved are the EAC organs,such as the Summit, Council of Ministers,Coordination Committee, SectoralCommitees, East Africa Court of Justice,East Africa Legislative Assembly, TheSecretariat - housed in the ArushaInternational Conference Centre. There arealso EAC institutions including LakeVictoria Basin Commission, Civil Aviation

&Security Oversight Agency(CASSOA),Lake Victoria Fisheries Organisation, Inter-University Council for East Africa, EastAfrican Development Bank.The East Africa Local GovernmentAssociation (EALGA) is the umbrella orga-nization acting as the voice of the localgovernment associations in East AfricanCommunity. At national level, membersare Association of Local Authorities ofTanzania (ALAT), Association of LocalGovernment Authorities of Kenya(ALGAK), Association Burundaise des Elus

Locaux (ABELO), Uganda LocalGovernments Association (ULGA) andRwandese Association of Local govern-ment Authorities (RALGA).EALGA is housed within the EACSecretariat premises and is granted anobserver status. It receives the support ofGIZ-AMCOD, concerning strengthening ofEALGA itself or LG associations to influen-ce institutionalisation of decentralisationand local governance in regional integra-tion processes, in collaboration with bilate-ral programs.

By Ngu Peter

Ethiopian experience of decentralization

In the first part of the 20th CenturyEthiopia forged strong links withBritain, whose troops helped evict the

Italians in 1941 and put Emperor HaileSelassie back on his throne. From the 1960sBritish influence gave way to that of the US,which in turn was supplanted by the SovietUnion.The experts gathered in Kribi learnt fromM. Habtamu Nini Abino, the Head ofSecretariat of House of Federation of theFederal Republic of Ethiopia, that duringpast regimes, Ethiopia has been subject tounpleasant experiences because of a lack ofrespect and tolerance of ethnic and culturaldiversity, and a lack of good governanceand accountability. This disrespect causedthe ancient civilization of Ethiopia to fallinto war and poverty from which we arenow recovering and living a renaissance ofprevious strength and beyond.The past misperceptions and mistreatmentshave been fully addressed since the milita-ry dictatorship has been overthrown in1991. Since 1995 Ethiopia’s supreme law isa federal and democratic constitution gran-ting individual and group rightsUntil the system change in 1991, Ethiopiathroughout its long history has failed todevelop a system of governance thatembraces its diversity - one that helps it totransform its extraordinary diversity froman existential threat to a deep well ofstrength and dynamism. Indeed the non-

management of its diversity has for centu-ries constituted a primary challenge - achallenge that has massively contributed toits centuries long journey backwards fromthe frontline of world civilization to one ofthe poorest countries on earth.In 1991, with their country embarked onDemocratic Federalism, peoples of Ethiopiahave been empowered to manage theirlocal affairs autonomously and to mobilizeall their resources to improve their liveli-hoods and develop their communitieswhile at the same time becoming activeparticipants’ in common national affairs. Ithas allowed them to design their governan-ce system to fit the circumstances of eachlocality and thus serves the people betterwhile consolidating their common demo-cratic governance. «The other fundamental cause for a commonpolitical and economic community is the need toguarantee each nationality an equal opportuni-ty to development and a right to equally benefitfrom the fruits of the country’s development,with an equal right to self-administration. Itwas in cognizant of this fact that our constitu-tion grants each nationality the right to self-administer itself. The other key issue in assu-ring equal rights of people is to ensure that thedevelopment activities of the federal as well asregional governments are, as much as possible,benefitting the people equally. In this respect, anumber of provisions are provided in the consti-tution», M. Habtamu said. And he comple-ted: « From our experience we can state that themost important precondition for any kind ofdevelopment is ownership. To us, ownership is

far broader than the narrow concept a number ofinternational organizations are using. I am nottalking about private ownership of resources. Tous, ownership means that the nation seekingdevelopment, be it economic, democratic or anyother kind of development has to own this desi-re. The nation has to identify its own problemsand to find its own ways to solve these pro-blems.» In order to be successful and to obtainownership, policies must fit into the givenpolitical, economic, educational and cultu-ral context of our countries. In Ethiopia,they are making sure that the strategiesthey opt for are compatible with ourcontext and our objectives. To succeed indeveloping a country requires a very strongpolitical will, commitment and an extreme-ly high level of discipline of the leadershipand the population. It is the duty of the lea-dership in parliament and government todevelop all sectors affecting sustainabledevelopment. Therefore the country has tointegrate the sector policies and to designthem in a way they all contribute to deve-lopment. Examples here are infrastructure,education, health, environmental protec-tion, investment conditions, political stabi-lity and peace as well as a clear understan-ding on which kind of economic develop-ment is supposed to focus on. The various players have differing respon-sibilities and different accountability, andthey should work hand in hand in order toachieve sustainable development. Sharedresponsibility does not stop on the nationallevel.

By Ngu Peter

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Spécia l Afr ic ités 2012 17N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

Qu’est-ce que Enda Ecopop etcomment est-ce né ?Enda Ecopop est une organisationde la société civile, membre duréseau Enda Tiers-monde qui estun réseau international composéd’une multitude d’organisationsdu tiers monde et Ecopop que jedirige est un des membres de ceréseau. Ecopop travaille sur lesquestions de gouvernance, dedéveloppement local et de décen-tralisation, et est présent dans 9pays d’Afrique francophone et àdeux ou trois reprises nous avonsfait des incursions jusqu’en Haitipour accompagner le Ministère del’Intérieur et des Collectivités ter-ritoriales dans la formation desélus au leadership local. Maisnotre ancrage, c’est l’Afrique fran-cophone. Ecopop est «l’Espace decoproduction des offrespubliques» pour l’environnementet le développement en Afrique.

Pour vous le budget participatifn’est pas simplement un outil deprogrammation, mais aussi etsurtout un remède contre l’inci-visme fiscal. Pourquoi ?En Afrique, on est dans un cerclevicieux : les autorités locales ontdu mal à mobiliser l’impôt parceque les citoyens ne payent plusl’impôt ; et le citoyen de son côténe paie plus l’impôt parce qu’il nesait pas où va cet argent. Et nousavons pensé que le budget partici-patif est un des outils qui permetexactement de rompre ce cerclevicieux, en faisant en sorte que lespopulations contribuent au paie-ment de l’impôt, à la collecte desrecettes mais en même tempsqu’elles déterminent vers quoi

iront ces ressources mobilisées.C’est un remède parce que par lepassé ce n’était pas le cas. L’argentétait récupéré par les services del’Etat et finançait des investisse-ments qui n’étaient pas les priori-tés des populations. C’étaitnotamment des investissementsde prestige, des grands ouvrageset des grands équipements qui nerépondaient pas aux besoins etaux préoccupations des popula-tions. Alors le budget participatifparticipe à inverser l’ordre despriorités et faire en sorte que lespriorités des populations puissentêtre inscrites dans le budget quiest le financement concret desinvestissements allant dans lesens de la prise en charge desbesoins essentiels des populationspour leur résolution.

Dans vos différentes interven-tions et publications, la partici-pation est au cœur de la gouver-nance locale. Pourtant certainsobservateurs estiment qu’il y aune redistribution du pouvoir auniveau local davantage en faveurde la société civile plutôt qu’enfaveur des populations à la base.Que répondez-vous à cela ?Quand on dit population, peut-être il ne faudrait pas le mettre enantagonisme par rapport auxcitoyens et à la société civile. Lasociété civile est un réseau d’orga-nisations partant des populationset qui en sont l’émanation à tra-vers des groupements de femmesou des associations de jeunes. Cesont ces organisations de base quise fédèrent pour constituer lasociété civile. La société civile estpar conséquent une forme avan-cée d’organisation. Et quand cettesociété civile se bat, je pense quec’est essentiellement sur desenjeux qui partent des quartiers,qui partent des populations quivivent dans les zones les plus dif-ficiles. Je donne un exemple : il y a

une dizaine d’années, au Sénégal,des associations de jeunes se sontorganisées à partir de leurs quar-tiers pour conquérir la ville. Pardes graffitis, ils inscrivaient desslogans pour attirer l’attentiondes décideurs. Ces associations dejeunes sont devenues aujourd’huice qu’on appelle des organisa-tions de la société civile auSénégal et qui sont les porte-éten-dards des préoccupations, desdiscours des populations. Cesporte-étendards portent ces dis-cours au niveau des décideurspublics, les mettent sur la tablecomme base de discussion avecles décideurs pour faire avancerles choses. Là, on ne peut pas direqu’il y a antagonisme.

Vous êtes essentiellement unformateur. Ne pensez-vous pasqu’au lieu de former les éluslocaux en session de courte duréecomme cela est l’usage, il seraitplus avantageux de former lessecrétaires généraux et les rece-veurs municipaux moins enclinsà subir les foudres des électeurs ? Nos formations portent au moinsà trois niveaux : il y a les forma-tions de courte session pour lesélus ; il y a les formations de ceuxqu’on peut appeler les conseillersou facilitateurs en budgétisationparticipative qui sont des forma-tions de deux semaines ; il y aenfin la formation des décideurspublics, notamment les secrétairesgénéraux, les conseillers tech-niques des ministères, etc. quisont davantage des sessions d’in-formation pour qu’ils puissentcomprendre ce qui se fait enmatière de budgétisation partici-pative, surtout pour l’articuleravec les dispositifs étatiques enmatière d’élaboration et de vali-dation budgétaire. On a donc cestrois catégories de formation àl’échelle africaine.

Toujours comme formateur, vousavez eu une expérience auCameroun. Pouvez-vous nous enfaire l’économie ? Cette expérience sur le Cameroun,c’était un grand programme deformation des décideurs publicsen leadership local. Il avait été ini-tié grâce à l’appui du Programmedes Nations Unies pour lesEtablissements Humains (Onu-Habitat), du Programme desNations Unies pour leDéveloppement (Pnud), avec lesoutien du Fonds spéciald’Equipement et d’interventionintercommunale (Feicom), duCentre de formation en adminis-tration municipale (Cefam), sousle leadership du ministère del’Administration territoriale et dela décentralisation (Minatd) quiétait le maître d’œuvre. Ce pro-gramme partait du constat quen’importe qui peut être élu par lebiais des élections locales. Cet élun’est souvent pas doté des capaci-tés lui permettant d’impulser ledéveloppement local, de faire detravail de l’élu local tel qu’atten-du. Il y a des formations sur lestextes de lois. Mais cela ne suffitpas de maîtriser tous les textes,car il y a des notions de négocia-tion, de communication, d’anima-tion d’équipe, de managementqui sont attendues de l’élu local.S’il n’a pas appris, il ne pourra pasle faire. Cette formation en leader-ship local avait pour but derépondre à ces questions, et deformer tous les décideurs locaux,élus ou non, en leadership local.Ce programme a tenu pendanttrois ans et a donné des résultatsnotamment la production d’unmanuel de formation adapté aucontexte national, une trentainede formateurs des élus locaux quiavaient été mis à disposition duFeicom, du Cefam, de la Directiondes collectivités territorialesdécentralisées du Minatd, desCommunautés urbaines deDouala et Yaoundé. Même despréfets avaient été formés.Tous ces produits ont été mis à ladisposition du Cameroun et on acommencé la formation des éluslocaux sur huit provinces, je crois.Ce programme s’est malheureuse-ment arrêté il y a cinq ans. Ce queje déplore, car c’était un program-me porteur qui a donné des résul-tats et qui aurait dû se poursuivre.Cela est d’autant plus déplorableque tous les cinq ans il y a desélections locales, de nouveauxélus arrivent à la tête des collecti-vités locales. Il aurait fallu les ren-forcer pour qu’ils soient à la hau-teur des tâches qui les attendent.Je pense qu’avec les autoritéscamerounaises, il faudra discuterpour savoir où se trouve le bloca-

ge et comment relancer le pro-gramme. Au niveau de l’institu-tion d’ancrage, notamment leCefam qui assure la formation despersonnels communaux, l’onpourrait trouver une formule quipermette de poursuivre cette for-mation en leadership local. Ceserait dommage qu’après avoiratteint de tels résultats, ceux-ci nesoient pas perpétués.

Quel regard l’urbaniste que vousêtes porte-t-il sur l’usage quel’Afrique fait de ses urbanistes ?Je dois le constater pour le déplo-rer : malheureusement enAfrique, l’urbanisation a tropdevancé l’urbanisme. Regardez cequi se passe dans nos villes : onlaisse les populations s’installer ;et quand elles sont installées, onlaisse un an, deux ans, voire dixans avant de leur dire qu’il fautrestructurer. On ne mesure pas lecoût financier et surtout le coûtsocial de la restructuration, ledéplacement des populations, lesdédommagements, la dislocationdes liens sociaux, etc. Je le consta-te pour le déplorer. Je pense qu’enAfrique, malheureusement l’urba-nisme n’est pas encore bien inté-gré dans les politiques. Si lesurbanistes, de par leur formation,ont toutes les compétences pour lefaire, la volonté politique manqueencore au niveau des décideurs. Sila volonté politique existe, le cou-rage politique pour prendre lesdécisions et les faire appliquermanque. Et les coûts, on les per-çoit dans plusieurs villes afri-caines aujourd’hui. Quand vousallez à Ouagadougou ou à Dakar,avec les inondations les quartierssont engloutis sous l’eau, desquartiers qui sont localisés dansdes zones où il ne fallait pas habi-ter. Mais l’Etat avait laissé faire,les populations s’y sont installéeset l’hivernage revenant avec leschangements climatiques, aujour-d’hui ça fait des coûts financiers etsociaux extraordinaires.

Propos recueillis par K.S.

En plus d’être leCoordonnateur d’EndaEcopop, il est aussi le pointfocal de l’Observatoire dela démocratie participativeen Afrique qui est en trainde se mettre en place dansplusieurs pays du conti-nent.

La formation des RH territorialesLa formation des RH territoriales“ Les élus doivent être formés au leadership ”Bachir Mamadou Kanoute, Coordonnateur de Enda Ecopop (Sénégal)

“ En Afrique, l’urbanisme n’estmalheureusement

pas encore bienintégré dans les

politiques ”

“ Le budget parti-cipatif est un outilde programmation

qui remet lesbesoins essentielsdes populations aucoeur des priorités

de la collectivitélocale ”

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N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 201218 Spécia l Afr ic ités 2012

Cameroun : Zenü Network indique le cheminDécentralisation et Société civileDécentralisation et Société civile

Le processus de décentralisa-tion au Cameroun trouve sonfondement dans la loi no

96/06 du 18 janvier 1996 portantrévision de la constitution du 2 juin1972, plus précisément en son titre10 traitant des Collectivités territo-riales décentralisées. Cette disposi-tion a été complétée par la loid’orientation de la décentralisationno 2004/017 du 22 juillet 2004, quifixe les règles générales applicablesen matière de décentralisation terri-toriale, notamment une deuxièmecatégorie de collectivité territorialedécentralisée à savoir la région. Le Cameroun est une jeune démo-cratie dans laquelle l’Etat doitconstruire sa légitimité avec descitoyens mal informés sur leursdroits et devoirs. Les règles de gou-vernance, le système administratif etjuridique, les valeurs prônées parl’Etat sont très souvent en décalageavec la réalité et les aspirations de lapopulation et ne prennent que trèspeu en compte les initiatives debases qui sont pourtant des formesde contribution au service public.La décentralisation est l’une des plusimportantes innovations politiqueset institutionnelles intervenues auCameroun au cours de ces dernières

années. Elle représente potentielle-ment une rupture fondamentale vis-à-vis des pratiques du passé quigardaient la plupart des leviers dudéveloppement entre les mains del’Etat central. Elle vient consacrer unacteur, la commune, comme princi-pal artisan du développement local.Elle reconnaît que pour être efficace-ment relevés, les défis de développe-ment doivent être l’affaire de tousles acteurs qui dialoguent active-ment dans la perspective de mieuxgérer les affaires qui les concernent. Pourtant, à l’observation du proces-sus de décentralisation actuellementen cours au Cameroun, les acteurslocaux publics et privés, ne dispo-sent pas d’un niveau d’informationet d’outils suffisants leur permettantd’inscrire leur action dans un cadrecohérent et prévisible. Les outils deconception et de gestion des poli-tiques (appareil statistique, straté-gies globales et sectorielles, etc.) ontété conçus pour le seul niveau natio-nal ; une attention bien moindre estprêtée aux enjeux locaux et aux liensmultiples entre l’économie locale etl’économie nationale. Dans la mesu-re où la décentralisation a une mis-sion générale orientée vers le déve-loppement local, il est donc indis-pensable que les élus et acteurslocaux disposent des informationséconomiques et sociales localiséesainsi que des mécanismes de concer-tation leur permettant de prendredes décisions éclairées. C’est dans cette mouvance que ZenüNetwork, créé en 2006, s’est posi-tionné comme un acteur dans cenouveau chantier de la décentralisa-tion. En partenariat avec l’UnionEuropéenne, l’un des projets qu’il

pilote actuellement dans deuxrégions du Cameroun est le projet dePromotion de la gouvernance localeet renforcement des capacités poli-tiques des acteurs non étatiques(Ane) dans les régions de l’Ouest etdu Littoral (Pgl/Ol). Les communesde Mbouda et Bangangté à l’Ouest etla commune d’arrondissement deNkongsamba 1er dans le Littoralsont les communes pilotes duditprojet. Le dispositif opérationnel duprojet s’appuie sur des organisationsassociées. Il s’agit de Knowledge ForAll (Kfa) pour la commune deMbouda, de l’Association pour lapromotion des actions pour le déve-loppement endogène rural (Apader)pour Bangangté et Un MondeAvenir (1Ma) à Nkongsamba 1er.Par ailleurs, Enda Graf SahelSénégal est le partenaire technique.Sept secteurs ont été retenus dans ceprojet. Il s’agit de l’artisanat, la santé,l’éducation, jeunesse/emplois, lestransports, la décentralisation et lagouvernance. L’objectif global duprojet est de contribuer à une partici-pation crédible et efficace des Aneau processus de décision politiqueset au service public. Ce qui passe parle renforcement des capacités poli-tiques des acteurs de la société civilepour qu’ils s’impliquent et partici-pent à la construction des politiquespubliques au niveau local et natio-nal, notamment le partage de larégulation et de la gestion de l’actionpublique. Faible participation des acteurs dela société civileDes études de diagnostic ont été réa-lisées dans les trois communes citéesci-dessus et ont impliqué les servicesdéconcentrés de l’Etat, les organisa-

tions de la société civile, les chefs tra-ditionnels ainsi les bénéficiaires descompétences et ressources transfé-rées que sont les citoyens. Cesétudes ont mis en évidence la faibleparticipation des Ane dans la ges-tion des affaires publiques, de mêmeque leur faible capacité faireentendre et prévaloir leurs préoccu-pations. C’est pourquoi après les dif-férentes restitutions à travers lesJournées d’informations sur les poli-tiques publiques (Jipp), des sémi-naires de formation ou de renforce-ment de capacités des élus locaux,Sde et Ane ont été organisés. La miseen œuvre progressive du projet per-met à ce jour de relever que les Anecommencent déjà à s’intéresser à lagestion des affaires publiques et dia-loguent avec les élus locaux et lescitoyens. Grâce aux différentes for-mations, les Osc maitrisent mieux lecontexte de réalisation des poli-tiques publiques, comprennentmieux les enjeux et les outils quifacilitent l’expression des intérêtsdes populations. Elles peuvent

désormais identifier les acteurs péri-phériques et centraux et se position-ner comme partenaires de la commu-ne. Ainsi, elles gagnent en crédibilitésur le terrain, se structurent et sontde plus en plus sollicitées par lescommunes. Les Sde et les autoritésadministratives traînent encore lespieds pour les reconnaître commedes acteurs centraux dans le proces-sus de la gouvernance où lescitoyens doivent se prononcer surles états de services qui leurs sontrendus par les pouvoirs publics àtravers la commune dans le cadre dela décentralisation. C’est dans cettedynamique de collaboration entrecommune, Osc, Ane, Sde et lescitoyens qu’un système de participa-tion et de redevabilité est en traind’être institué dans les différentescommunes partenaires au projet.

Le projet en cours danstrois communes de l’Ouestet du Littoral, avec l’appuide l’Union Européenne,montre que la société civilea un rôle incontournabledans le processus de décen-tralisation.

Séance de travail des parties prenantes à Bafoussam

Par Flaubert Djateng*

* Coordonnateur de Zenü NeworkProjet Promotion de la Gouvernance

Locale, projet financé par l’UE ets’exécutant dans les régions de

l’Ouest et du Littoral (PGL/OL)www.zenu.org

L’Observatoire de la gouvernancelocale Les Observatoires sont des disposi-tifs de suivi et d’évaluationcitoyenne des performances du ser-vice public au niveau local.Composés des différents segmentsau niveau communal, les acteurslocaux à savoir les Ane, Osc, asso-ciations, secteur privé, groupesvulnérables, etc. formés suivent etévaluent de manière périodique lesCtd sur la base de quelques indica-teurs tels la qualité, l’équité, le res-pect des droits, le respect des règlesd’intégrité, la bonne gestion et ren-dent compte. L’observatoire est uninstrument de promotion de lagouvernance locale mis en place ausein des communes et reconnu parl’autorité communale.

Les dialogues citoyensCe sont des fora (d’aucuns diraientdes arènes) de discussion au coursdesquels les autorités publiques(maires, responsables d’une entitépublique comme les servicesdéconcentrés de l’Etat, députés…)font face à la population soit pourprésenter leurs programmes, soitpour rendre compte de leurs actes(compte administratif, plan de ges-tion). Ces initiatives permettent desusciter l’adhésion des citoyens auprocessus de décentralisation et

essaie de créer une culture d’éveilscitoyens au niveau des Ctd, confor-mément à l’esprit de la décentrali-sation. A chaque fois que des dia-logues citoyens ont été organisés,un pas important était franchi versplus de redevabilité (accountabili-ty) et de transparence dans la ges-tion des affaires publiques.

Les audiences publiquesCe sont des fora de consultationdes populations, d’information etde communication qui permettentde recueillir l’avis des citoyens oudes groupes spécifiques sur unepolitique donnée, un règlement, unprojet ou une question particulièred’intérêt commun. Ce sont des ins-truments qui facilitent la participa-tion à la prise de décision et peu-vent être initiées par un élu local,un exécutif communal, un comitéou une commission d’un conseilmunicipal selon l’objet. Elles per-mettent la prise en compte des pré-occupations des citoyens lors degrandes décisions. C’est un instru-ment qui permet aux élus et ceuxqui ont une responsabilitépublique, de rester connecté avecles citoyens, il est complété pard’autres dispositifs de participa-tion.

Le Budget participatif Le budget participatif (BP) est unmécanisme (ou un processus) parlequel les populations débattent etdécident de l’affectation de tout oupartie des ressources publiquesdisponibles ou sont associées auxdécisions relatives à cette affecta-tion et veillent sur leur mise en

œuvre. Il vise à assu-rer une participationdes citoyens et des

organisations de la société civiledans le processus de décision de lagestion des affaires locales, d’allo-cation des ressources et services.L’idée sous-jacente est la construc-tion d’une réponse collective à unequestion particulière. Le BP offreaussi une possibilité de mobiliserles ressources locales pour contri-buer à l’action publique, son suiviet la maintenance nécessaire.Malgré la volonté de l’Etat à accélé-rer le processus de la décentralisa-tion au Cameroun, les CTD fontcependant face à certaines pesan-teurs causées par certains servicesdéconcentrées de l’Etat qui ont dumal à accompagner le processus.En tout état de cause, on ne sauraitparler de décentralisation auCameroun en ignorant la placequ’occupe les organisations de lasociété civile qui ont un rôle deveille à jouer. Les instruments pro-mus par Zenü Network sont unecontribution à ce manquement,mais tardent à être reconnus par lesystème de gestion de la décentrali-sation au Cameroun.

Le projet PGL/OL a conçuet mis en place des outilsnovateurs qui ont été déve-loppés et testés efficace-ment. Par F.D.

Des outils (re)novateursGrâce aux instruments mis en place par

Zenü Network, à savoir les audiencespubliques et le budget participatif, les popula-tions sont directement impliquées dans lagestion des affaires locales et mettent à profitleur expertise dans le développement de leurlocalité. En impliquant tout le monde tel que

prescrit par le projet de promotion de la gouvernance locale (Pgl/Ol), onapprend beaucoup et de tous, notamment que les organisations de la sociétécivile sont un maillon essentiel du développement de nos contrées. Je suis satisfait et regrette en même temps que le projet arrive à son terme endécembre prochain. Le Pgl/Ol nous a permis d’obtenir des acquis à pérenni-ser dans les secteurs de l’agriculture et de la santé. Nous avons construit unhôpital qui attend d’être équipé et nous avons aménagé des pistes rurales enattendant de construire un pont qui les reliera aux plantattions dans les-quelles travaillent des centaines de personnes.Mon souhait est qu’une phase II du projet puisse être initiée afin que le pro-cessus se poursuive dans le même élan.

“ On apprend beaucoup ”El Hadj Oumarou Maire de Nkongsamba 1er

Pour moi, ce projet est très intéressant etpertinent dans le sens où il est complexe.

Complexe dans la mesure où il vise à mettreensemble autour d’une même table les auto-rités locales, les services déconcentrés de l’Etat et les organisations de lasociété civile. L’une des nombreuses réussites de ce projet est d’avoir réussi dans ses troiscommunes pilotes [Bangangté, Mbouda et Nkongsamba 1er, ndlr] à instau-rer les rencontres et le dialogue entre organisations de la société civile etautorités locales.Ce n’est pas l’Union Européenne qui va décider ou non de poursuivre sonappui à Zenü Network. La question est de savoir si Zenü Network va noussoumettre une proposition et quelle sera sa qualité par rapport aux autrespropositions. Toujours est-il que c’est avec plaisir que nous pourrions envi-sager de poursuivre ce partenariat.

“ Un projet intéressantet pertinent ”Maxime Montagnier Chargé des programmes Société

civile, Délégation UE, Yaoundé

Cette page est publiée avec le soutiende l’Union Européenne. Son contenurelève de la seule responsabilité deson auteur et ne peut en aucun casêtre considéré comme reflétant laposition de l’Union Européenne.

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Spécia l Afr ic ités 2012 19N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 2012

En matière de gouvernance loca-le, il semble que la recherche soitplus avancée que l’action. Leconfirmez-vous ?Oui, c’est un fait que la rechercheest plus avancée que l’action. Je neparle pas de la recherche théo-rique mais plutôt de la rechercheopérationnelle. La recherche théo-rique essaie d’expliquer les phé-nomènes alors que la rechercheopérationnelle propose aux déci-deurs des options de possibles enmatière de décision. Et de ce pointde vue, il y a des travaux extrême-ment récents s’agissant de la gou-vernance locale qui, malheureuse-ment, ne sont pas encore traduitsdans les faits. Lors des échangesde la retraite technique de Lusaka[Zambie, 12 et 13 octobre 2012,ndlr], un des aspects de ces tra-vaux-là qu’on appelle la nouvellegouvernance publique en Afriquea été évoqué. Cette notion nait dela réflexion sur l’articulation entreconstruction d’un Etat « dévelop-pementiste » en Afrique et conci-liation avec la gouvernance locale.L’une des solutions opération-nelles proposée par certainsAfricains – pas africanistes, maisAfricains ! – et par certaines insti-tutions africaines, c’est bien que lagouvernance locale soit un cataly-seur de la construction des Etats«développementistes» et capablesen Afrique. Malheureusementcela ne s’’est pas encore traduitdans les faits. Mais nous espéronsque le prochain sommet Africitéscontribuera à la popularisation decette réflexion ; mais égalementque tout le travail qui est fait parla Caddel [Conférence africaine dela décentralisation et du dévelop-pement local, ndlr] avec leur par-tenaire la Giz contribuera à faireémerger cette réflexion opération-nelle et la concrétiser pour que lesdécideurs voient exactement àquoi ça correspond.

De nombreux programmes visentle renforcement des capacités desélus locaux. Est-ce pertinent demiser sur eux plutôt que sur lessecrétaires généraux et les rece-veurs municipaux qui eux sontmoins enclins à subir la sanctiondes électeurs ? De mon expérience personnelle, jevous dirai que le renforcement descapacités des deux catégoriesd’acteurs n’est pas inconciliablemais davantage nécessaire. Ilsn’ont pas les mêmes missions.Vous avez d’un côté les éluslocaux qui doivent traduire enplans d’actions concrets leur mis-sion vis-à-vis de leurs citoyens etqui en sont responsables. Et de

l’autre côté, vous avez les rece-veurs municipaux et les secré-taires généraux qui sont desagents d’exécution technique etqui ont aussi une redevabilité. Laresponsabilité des uns n’est pas lamême que celle des autres, mêmesi elles sont compatibles. Il fautsystématiser, à mon avis, le ren-forcement des capacités des deuxcatégories d’acteurs. Pour ce quiest de l’Institut africain de la gou-vernance, nous travaillons aussibien avec les élus qu’avec les fonc-tionnaires locaux.Le problème auquel on estconfronté dans la plupart des paysafricains, c’est qu’il n’existe pas defonction publique locale en soi.C’est un chantier qui doit êtreabordé dans le plan de travail quenous avons avec la Commissionde l’Union africaine pour l’annéeprochaine. Cette année, nousétions sur la Charte sur les valeurset les principes du service publicau niveau de l’administrationd’Etat. Nous allons essayer deréfléchir à comment tirer le filpour déboucher sur les lignesd’une fonction publique territoria-le en Afrique. Là aussi, je penseque la Caddel a toute sa place. Jesuis convaincu que ça va avancer,car il y a là une demande de rede-vabilité immédiate de la part descitoyens. Le fonctionnaire d’Etatqui se retrouve dans une positiond’action au niveau des collectivi-tés territoriales n’a pas la mêmeresponsabilité que le fonctionnairede la collectivité locale qui seraitoriginaire de la collectivité. C’esttrès important de distinguer lesdeux.

Faut-il envisager la décentralisa-tion comme une réforme de l’Etatou une réforme de société ? Dansl’un comme l’autre cas, sur quelsleviers faut-il s’appuyer pourréussir un tel projet ? Alors là c’est une question trèsintéressante, parce vous êtes aucœur du débat sur la nouvellegouvernance publique. Donc jecrois que vous avez lu les travaux.Je vous dirais pour ma part que je

considère que c’est un projet desociété, au-delà d’une modalité degestion de l’Etat, au-delà d’unetechnologie de gestion de la diver-sité en Afrique, au-delà d’un res-sort de gestion des difficultésmatérielles que peut avoir l’Etatcentral à un moment donné. Jecrois qu’il faut intégrer ça dans leprojet de construction des Etats«développementistes » et capablesen Afrique. Des Etats qui peuventrépondre de manière effective auxdemandes légitimes et immé-diates de leurs citoyens. Cetteréponse-là est censée être effectiveet efficiente si elle obéit à troisprincipes : la proximité, la partici-pation et la redevabilité à la base.C’est à partir de là qu’on construit,qu’on édifie le processus deconstruction de l’Etat «développe-mentiste ».Il y a une autre vision – il faut êtretrès clair. Notre ami Mkandawiresoutient plutôt la position de laconstruction d’un Etat « dévelop-pementiste » et capable à partird’un pouvoir central fort. Il nousreprend ici les travaux deconstruction de l’Etat japonais ausortir de la Deuxième guerre mon-diale. Cette une vision qui sedéfend. Nous allons en débattre àAfricités lors de notre session. Jesouligne qu’il se défend d’êtrejacobin - il est anglophone, soit diten passant.Il y a une deuxième vision quipropose de partir de la base. Et il ya une troisième alternative quipropose d’avoir un niveau inter-médiaire. Mais comment on peutl’opérationnaliser ? On a bien lesniveaux supérieur et inférieur,mais on a du mal à voir ce queserait le niveau intermédiaire. Ence qui me concerne, je vous aidonné ma position : la décentrali-sation est un projet de société plu-tôt qu’une modalité de gestion.

Avez-vous des exemples d’unecontribution significative del’université au développementd’un territoire ? Si oui, à quellesconditions la répliquer ailleurs ?Dans l’absolu, des exemples exis-tent. Des exemples de contribu-tions d’universitaires, il en existeen Afrique. Des exemples decontributions d’universités, ausens d’écoles de pensées, il y en a

aussi dans le monde. Je parlais del’exemple du Japon tout à l’heure.Quand nous parlons d’Etat «développementiste » et capable, ily a tous les travaux sur Singapour.Ce sont des travaux sur lesquelsnous n’arrêtons pas de revenir ence moment. Même tout à côté,nous avons au Ghana Gimpa –Ghana Institute of Managementand Public Administration – aveclequel nous travaillons. AuKenya, vous avez le School ofAdministration. Ces exemplesdoivent se dupliquer, mais à par-tir d’une distinction claire entrerecherche fondamentale etrecherche opérationnelle.Je crois que nous avons un problè-me, nous les francophones, et sin-gulièrement nous lesCamerounais : c’est que nousconfondons la recherche fonda-mentale et la recherche opération-nelle. On ne demande pas à ununiversitaire de proposer dessolutions, ce n’est pas son rôle.Son rôle, c’est d’expliquer les phé-nomènes. Après, un autre cher-cheur prendra les explicationsqu’il a données pour proposer dessolutions aux décideurs. Nousavons tendance à mélanger lesdeux. Cette confusion de rôles estmême souvent entretenue. Par qui? Je ne sais pas. Mais au final,l’université trouve mal sa placepar rapport à la construction del’Etat. Et l’Etat aussi a du mal àpercevoir ce qu’il peut tirer del’université par rapport auxenjeux et défis auxquels il estconfronté. C’est un débat très dif-ficile. J’ai enseigné longtemps,j’enseigne encore un peu, mais jevous avoue que je suis passé del’autre côté. Je ne fais plus derecherche fondamentale, maisj’écris encore. Maintenant, je faisde la recherche opérationnelle.Nous proposons aux décideursdes solutions. L’Université doit, de ce point devue, se réformer. Peut-être sedédoubler. Il y a eu des tentativesdans le monde. Je note qu’il y aaussi le développement de centresde recherches et de réflexion, lesThink tank, qui ne sont pasconcurrents de l’université maiscomplémentaires. J’admire beau-coup le développement de cesThink tank en Afrique centrale,parce que cela permet effective-ment de récupérer les résultats dela recherche fondamentale pourles opérationnaliser. D’ailleurs,vous avez parfois des universi-taires qui viennent « re-cuisiner »leurs recettes pour qu’elles soient

plus digestes pour les politiques. Certains observateurs estimentque la décentralisation génèreune redistribution des cartes dupouvoir à l’échelle locale, maisseulement celle-ci se fait au détri-ment des populations elles-mêmes. Quelle est votre appré-ciation de ce constat ?Il faut être modeste et admettreque toute modalité de réorganisa-tion du pouvoir à l’échelle d’unterritoire entraîne une redistribu-tion des positions de pouvoir àl’échelle de ce territoire.Maintenant on a deux optiques :soit on le déplore et on considèreque la décentralisation est un malqu’il faut annuler, soit on considè-re que c’est un processus normalqu’il faut canaliser. Là encore, je reprends ces travauxsur la nouvelle gouvernancepublique. L’idée est de voir enquoi l’accession aux positions depouvoir à partir du local est ungage de légitimité supplémentairepour les acteurs politiques. Je suisparticulièrement sensible à cetargument, parce que cela va nouséviter les hommes politiques pardécret. On ne sait pas si ce sontdes fonctionnaires avant, le décreten fait des pseudo-hommes poli-tiques. Et le jour où ils ne sont plusreprésentants de leur clan ou deleur fief, ils disparaissent à la foisde la fonction publique et de lapolitique. Si on faisait les chosesautrement, si la légitimité procé-dait d’un ancrage local réel quipermettait ensuite d’accéder auxpositions de pouvoir politique auniveau national, les jeux seraientinversés.Regardez au Kenya. Pour êtreministre, il faut être parlementai-re. Et il y a même des règles nonécrites qui veulent qu’on soit par-lementaire avec une certaineancienneté. Et au Kenya, on ne ditpas « Excellence, monsieur leministre », mais « Honorable, leministre », parce qu’il est parle-mentaire. Et les choses vont telle-ment loin que l’honorable parle-mentaire devenu ministre nereprésente pas seulement sa col-lectivité. Quand il s’exprime, il dit« Je suis parlementaire, élu de lanation. Quand je m’exprime, jeparle au nom de toute la nationdont ma collectivité fait partie. Sije fais mal à la nation, je fais mal àma collectivité». Vous voyez com-ment les choses basculent.Regardez aussi au Ghana.Je suis plutôt intéressé par ce pro-cessus-là. Je sais bien que ce seraplus difficile et les choses irontdifféremment en Afrique franco-phone. Tout le travail qui a été faitsur Algot [African LocalGovernance Timeline ouTrajectoires chronologiques de lagouvernance locale en Afrique,ndlr] démontre bien que les héri-tages coloniaux ont eu un impactsur les processus de constructionde la légitimité politique auniveau local et sa traduction auniveau national. Mais je suis sûrqu’on y arrivera, parce que lespeuples sont en attente.

Propos recueillis par K.S.

Ce chercheur en Sciencespolitiques a enseigné pen-dant une dizaine d’annéesen Afrique subsaharienne eten France avant de s’instal-ler au Sénégal où il coor-donne les programmes del’Institut africain de lagouvernance (IAG) .

L’université et les territoiresL’université et les territoires“ Nous proposons des solutions aux décideurs ”Maurice Engueleguelé, Coordonnateur des Programmes, IAG (Cameroun)

“ En matière degouvernance, lesThink tank per-mettent d’opéra-

tionnaliser lesrésultats de la

recherche fonda-mentale ”

“ La décentralisa-tion est un projet

de société ”

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Spécia l Afr ic ités 2012N° 016 - DU 26 NOVEMBRE AU 09 DECEMBRE 201220

Etat, diaspora et co-dévelopement auMali: la politique malienne de gestion dulien migratoire trans-étatique. C’est ainsique vous intituliez en 1996 la thèse quevous prépariez. L’avez-vous achevée?Hum! (Sourire). C’est une question trèsintéressante. Non seulement je ne l’ai pasachevée, mais j’ai dû ouvrir un nouveauprojet pour une raison toute simple: ayantquitté Paris pour rejoindre l’UnionAfricaine à Addis-Abeba, je n’étais plus enmesure de conduire des recherches au Mali.Et puis, les premières recherches que j’avaisfaites sur le terrain n’étaient pas suffisantes.j’ai donc dû ouvrir un autre projet sur laquestion des «Etats fragiles» dans la pers-pective de l’Union Africaine.

L’Union Africaine considère la diasporacomme la sixième région d’Afrique. Au-delà du symbole sur le plan politique,quelle signification peut être donnée à cegenre de décision?D’abord, à ma connaissance, il n’existe pasde décision clairement identifiée et référen-cée considérant la diaspora comme la sixiè-me région africaine en plus des cinq quenous connaissons. Mais tout le monde le vitcomme cela, même si ce n’est pas codifiédans une décision.La signification à déceler derrière cette per-ception, c’est la continuité entre le continentafricain et ses fils installés à l’extérieur; eten même temps une volonté de perpétuer lelien, parce que par ce lien, l’Afrique peut entirer profit. Mais aussi les citoyens installésdans la diaspora peuvent continuer à vivrede l’Afrique au point de vue symbolique ouaffectif.Je pense qu’il faut voir là la volonté del’Afrique de resserrer les liens de l’intégra-tion, et de bénéficier des apports de ses filsde l’extérieur pour se construire.

A votre avis, que doivent faire les éluslocaux pour mobiliser et capitaliser l’en-semble des ressources de la diaspora?Il faudrait d’abord les identifier. Les éluslocaux devraient pouvoir essayer de savoirquels sont les filles et les fils de leur territoi-re qui sont à l’extérieur, où ils sont, com-bien il sont et quelles sont leurs compé-tences. Cela permettrait de savoir commentles mobiliser pour le développement deleur territoire d’origine ou de départ.Cette mobilisation s’est avérée efficace danscertaines régions. On le voit à l’importancedes transferts de fonds des émigrés versleurs familles ou leurs villages; cela repré-sente des sommes faramineuses. Il y a aussiles transferts de biens et des transferts desavoirs. Car il y en a qui viennent rendredes services courts à certains moments del’année. C’est sans compter les réseaux queconstruisent les citoyens de la diasporaavec des forces et des institutions de leurspays d’accueil. Cela crée une espèce depont entre l’Afrique et l’extérieur, à traverslequel il y a des transferts divers qui peu-vent développer le continent.Il faudrait essayer de profiter de toutes cesressources et les orienter vers le développe-ment de nos territoires.Il est vrai que selon certaines régions, vousavez des transferts qui ne servent qu’à laconsommation des familles, même si au-delà de la question alimentaire ou de sur-vie, cet argent sert aussi à l’éducation quid’une certaine manière contribue au déve-loppement. Mais vous avez d’autresrégions où les transferts de ressources sefont en faveur des projets communautaires. Dans tous les cas, il faudrait que larecherche de l’équilibre entre la consomma-

tion des familles et le développement desterritoires s’adosse sur une réflexion desélus visant à mieux orienter ces resourcesde la diaspora.

Mais telles que vous présentez les actionsà mener: identification, recensement, capi-talisation. Ces activités nécessitent descompétences que les collectivités localesn’ont pas. N’est-ce pas davantage du res-sort de l’Etat?Je suis pour la conjugaison des efforts. Unélu local est intéressé parce qu’il est aussilié affectivement à ceux qui sont partis.Prenons un exemple. N’avez-vous pasremarqué que nos frères et soeurs qui décè-dent à l’extérieur aiment revenir sur la terrede leurs ancêtres? C’est un lien extrême-ment fort. Et dans les communautés, onconte l’histoire de ceux qui sont partis, lesfamilles qui ont des enfants à l’extérieuraiment à en parler, car cela fait partie d’uneespece de réussite. C’est dans la mêmelogique que dans les villages et terroirs l’onest fier de parler des cas de réussite en ville.C’est en prenant exemple sur ces cas pra-tiques que les élus devraient nouer et entre-tenir des contacts avec les citoyens de l’ex-térieur. Mais il va de soi que l’Etat devrait,à travers les consulats, tenir à jour lesregistres de recensement de ses ressortis-sants. Et les élus locaux s’appuiraient alorssur les moyens et le travail de l’Etat pouratteindre les objectifs qui sont les leurs.

Au niveau régional, les décideurs s’accor-dent à reconnaître l’importance de l’inté-gration. Mais que dit la réalité du terrainen matière de mobilité des hommes et desbiens? Et comment les collectivités sont-elles impliquées à ce niveau? L’Afrique affirme et fait déjà l’expériencede l’intégration, malgré quelques difficul-tés. La plupart de nos communautés écono-miques régionales affirment le principe del’intégration et essayent même de construi-re des institutions régionales pour affirmeret construire cette intégration. J’estime quel’un des problèmes que nous avons aujour-d’hui, lorsqu’on parle de cette intégration,nous la voyons davantage au niveau desstructures, des institutions. On essaie d’enparler au niveau des peuples et des per-sonnes, mais il y a des avancées et desreculs. Par exemple, au nom de l’intégra-tion, il y a eu le principe de la libre circula-tion des biens et des personnes, ainsi que lelibre établissement des personnes. Maisl’on voit que certaines régions mettent desfreins quand d’autres font des avancéesimportantes. Vous avez aussi dans unemême région des Etats avant-gardistes etd’autres qui se replient sur eux.Il faut cependant dire que l’intégration n’estpas une donnée nouvelle en Afrique. Moiqui ai fait des travaux sur les migrations, je

me suis intéressé à certains quartiers de nosvilles africaines. Pour prendre l’exemple deBrazzaville, en parcourant les archivescoloniales, vous voyez qu’en raison de l’Aef[Afrique équatoriale française, ndlr], vousaviez des citoyens d’autres Etats de l’Aefqui s’y étaient installés et sont restés sansque cela pose de problème. Vous avezmême des noms de rues qui sont des nomsdes ethnies venues de l’extérieur, ce quidonne l’impression que cette osmose s’étaitfaite sans problème et les gens vivaient enpaix. Il faut savoir que les réactions xéno-phobes sont nées avec les indépendances.Souvenez-vous des matches de footballentre le Congo et le Gabon qui ont provo-qué des expulsions des deux côtés dans lesannées 1960. On a vu plus tard dans lesannées 80 au Congo une communautéouest-africaine installée depuis un siècleêtre stigmatisée, accusée de faire partirtoutes les ressources à l’extérieur. Mais cesont des instrumentalisations politiquesregrettables.L’intégration est une nécessité pour lesEtats s’ils veulent être forts, et pour lespeuples s’ils veulent créer des sociétésexpérimentant la paix, la tolérance et laréussite. On le voit à Douala ou àBrazzaville, la présence des communautésouest-africaines dans le business n’est pasnégligeable et a un impact sur le vécu desgens.

L’Afrique est sujette a des conflits quiobligent les populations à se déplacer.Que peuvent apporter les réfugiés aux col-lectivités locales qui les accueillent, endehors des problèmes?J’ai été pendant 10 ans manager d’une orga-nisation catholique qui était partenaire opé-rationnelle du Haut commissariat desNations unies pour les réfugiés. J’ai aussiété directeur de la Commission catholiqueinternationale pour l’émigration dont l’undes mandats est d’accompagner les per-sonnes déracinées, en particulier les plusvulnérables que sont les réfugiés. Les réfu-giés sont souvent vécus comme un poids.Or, c’est aussi une chance, parce que ça par-ticipe d’enrichir les sociétés. Je prendrail’exemple des réfugiés Rwandais au CongoBrazzaville, dans des régions où les genstravaillaient peu, on a vu qu’on pouvaitavoir une agriculture performante grâceaux réfugiés venus avec leur savoir-faire.J’ai aussi toujours dit que lorsqu’on fait ledon de la terre à des réfugiés qui arriventdans un pays, ils devraient eux aussi com-prendre qu’ils ont des responsabilités vis-à-vis de leur pays d’accueil.D’autre part, c’est une chance de faire preu-ve de notre humanisme en les accueillant.

Propos recueillis par K.S.

“ L’intégration est une nécessité ”LIVRES

ROMAN

Viva lalivertadDans «Le temps des

m u t a t i o n s » ,Séraphin AssonguoSonwah raconte desjeunes qui mènent larévolution à leurmanière pour sortir leurvillage de la misère etle mettre sur le chemindu développement. Les espoirs de sa famille surses épaules, Olivier Noutsa, 20 ans, quitte sonlointain pays bamikélé pour s’aventurer dans laluxuriante forêt du sud à la recherche d’un emploisur le pipe-line Tchad-Cameroun. Il échoue àMalaba où il est adopté par une famille pauvre quil’inscrit néanmoins au lycée pour qu’il reprenne laTerminale. «Le temps des mutations» est la chro-nique des jours sans joie de ce village, queSéraphin Assonguo Sonwah décrit avec la préci-sion d’un chirurgien. L’histoire de Malaba est une litanie de maux : iln’y a pas d’électricité ni de centre de santé ; l’al-cool tue à petit feu; les jeunes abandonnent l’éco-le à la saison des pluies pour s’improviser… pous-seurs de véhicules embourbés. L’auteur met encause des dirigeants jouisseurs, l’élite fanfaronnequi préfère donner du poisson aux villageois aulieu de leur apprendre à pêcher. Le clergé non plusn’est pas épargné, lui dont les extravagances hypo-crites appauvrit davantage le village.Pour montrer le ridicule de la situation, le romanraconte comment, après des sermons sur la bois-son, Fada [le père] Jean-Pierre lui-même mange etboit. Extrait : « Il réclama un verre de vin depalme. Zogo lui en servit un. Quand le verre futplein, il s’exclama : Ca va ! Ca va ! Oh la la ! J’envoulais juste un peu.» Au deuxième verre, il décla-ra : «Je ne voulais plus boire, mais comme tuinsistes je bois.» Et il n’empêchait pas le catéchis-te de le servir encore et encore. Dans cette vie immobile et statique, où on répèteles mêmes gestes quotidiens, «l’habitude attend leréveil de la conscience». Ce réveil viendra sous lestraits d’Obama, homonyme du célèbre auteuraméricain de « Yes we can ». Etudiant venu de lacapitale, il explique aux jeunes du village que cen’est pas Dieu qui les a abandonnés mais l’Etat etque tous les rêves sont possibles pour inverser lecours des choses. Nourris de ces enseignements,Olivier Noutsa, bien de déconvenues après, vacomprendre que la révolution n’est pas l’apanagedu Maghreb et inciter les jeunes à organiser larévolution de Malaba. Cette initiative va payer,puisqu’elle réussira à mettre le village pauvre surle chemin de la modernité.

Un vrai régalCe roman décrit avec précision les personnages,les attitudes. Extrait : «Je n’avais jamais vu unhomme aussi concentré devant un plat (…)Chaque fois qu’il broyait un os, il levait la tête, lapenchait d’un côté, fermait les yeux et se concen-trait sur l’action qu’il accomplissait. D’un coupde langue aussi rapide qu’un essuie-glace deMercedes, il balayait de temps en temps ses lèvrespour ôter les miettes de nourriture qui y étaientrestées (…) Quand il avala la dernière bouchée, ilprécipita gloutonnement dans son ventre un gobe-let d’eau comme s’il éteignait un incendie.Ensuite, il rota plusieurs fois avant de s’adossersur son fauteuil ».Séraphin Assonguo Sonwah, Chargé d’étudesassistant au ministère des Enseignements secon-daires, couche sur du papier les souvenirs de sonenfance et de ses séjours à Makouré, Bipindi etNtui (où il a été enseignant de français). Il plongele lecteur dans des situations comiques. C’est lecas des passagers d’un car de transport amenés àpousser le véhicule dans la gadoue en prenant biensoin de mettre la calle à chaque avancée. C’estaussi le cas de ces gens qui frottent le savon surleur chevelure et, une fois au marigot, utilise lamousse pour se laver tout le corps, par soucisd’économie. Un vrai régal. L’auteur a opté pourdes phrases courtes qui facilitent la lecture etimprime une impression d’urgence au lecteur.Urgence du développement, mais surtout urgencedu changement des mentalités.

Stéphanie Dongmo Séraphin Assonguo SonwahLe temps des mutationsL’HarmattanParis, 2010

Flux migratoires et intégrationFlux migratoires et intégration

Abraham R. Okoko-Esseau, Expert, Union Africaine