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RENTRÉE Les meilleurs profs de philo P. 17 MÉDIAS Schneiter à manne P. 16 VOTATIONS Verts et revers P. 6 VERBIER Vol en formation P. 4 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA Vendredi 2 septembre 2016 // N o 287 // 7 e année CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

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RENTRÉELes meilleurs profs de philo P. 17

MÉDIASSchneiter à manne P. 16

VOTATIONSVerts et reversP. 6

VERBIERVol en formationP. 4

JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA

Vendredi 2 septembre 2016 // No 287 // 7e année CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

Vigousse vendredi 2 septembre 2016 Vigousse vendredi 2 septembre 2016

Une fois n’est pas coutume, empruntons un

slogan à un parti politique : « Ceux qui veulent

nous faire travailler jusqu’à 70 ans sont aussi

ceux qui n’engagent personne de plus de 50 ans,

n’est-ce pas ? » Dans les gares, cette phrase du

Parti socialiste frappe. Tant de sagesse sur une affiche

enchante et montre que l’initiative des syndicats AVSplus

nous ramène à un classique combat gauche-droite.

Soumise au peuple le 25 septembre, l’initiative propose

d’augmenter les rentes de l’assurance vieillesse et

survivants de 10 %. Evidemment, ce projet déplaît aux

milieux économiques et à l’ensemble de la droite. Tous

ces prophètes ont hurlé les chiffres divers et variés,

mais en milliards, des fonds « perdus » par l’AVS en cas

d’acceptation. Les patrons devraient augmenter leur

participation au fonds de 0,4 %, tout comme les salariés.

Actuellement, les cotisations paritaires se montent à 8,4 %.

Ce qui apparaît pourtant comme raisonnable.

L’Union syndicale suisse le martèle dans sa brochure,

ce système est génial. Il répartit la richesse de haut en

bas de manière solidaire depuis près de 70 ans. Il faut

donc le renforcer. A l’inverse du deuxième pilier – soit les

fonds de pension gérés par les banques et les assurances

– soumis aux aléas boursiers. Régulièrement, banques,

assurances et partis bourgeois crient à la faillite imminente

du système. Or, grâce à une forte augmentation de la

productivité notamment, ce n’est pas le cas. On peint le

diable sur la muraille : « On ne pourra jamais financer »

est le mot d’ordre depuis la naissance de l’AVS en 1948.

Mais comme le dit un philosophe, premier pilier de bistrot :

« Avec l’AVS on fonce dans le mur depuis toujours, faudrait

peut-être enlever le mur. »

Le 10 septembre, jour de manifestation nationale pour

AVSplus, il ne faudra pas tout mélanger. Parce que la

prévoyance sociale est l’objet de tant de débats que l’on

s’y perd. La confusion est grande avec le paquet Berset,

qui vise un relèvement de l’âge de la retraite des femmes

à 65 ans. La commission du Conseil national, elle, imagine

67 ans pour tous.

Rendons donc son slogan au PS, tout en le gardant en

mémoire pour les discussions d’après le 25 septembre.

Il pourra encore servir.

A F F A I R E S E N C O U R TC ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Q U E L L E S E M A I N E ! 32

LE CHIFFRE

183 817C’est le nombre de pièces de 5 centimes disparues

de la « piscine à argent » de l’exposition argovienne Geld, dans laquelle pouvaient se « baigner » les visiteurs (Le Matin Dimanche du 28.8). Apparemment les piécettes

avaient une fâcheuse tendance à se glisser,

involontairement bien sûr, dans les habits lors de ces

plongées flouze-marines. On comprend mieux pourquoi l’oncle Picsou ne portait

jamais de pantalon.

Rentes savonneusesJean-Luc Wenger

Rosse des sablesMike Horn, toujours friand des défis les plus fous, a accepté un trek de six jours en autarcie dans le désert namibien en compagnie de Michaël Youn. Une traversée du désert en compagnie de Michaël Youn, n’est-ce pas ce qu’on appelle une mise en abyme ?

Si ça peut les consolerLe Nouvelliste (30.8) nous apprenait que les détenus valaisans sont fâchés : ils réclament des consoles plus récentes que les Xbox et Playstation de deuxième génération qui sont actuellement autorisées dans les cellules. Les sociologues ne savent toujours pas avec certitude si les jeux vidéo mènent à la violence. Ce qui est désormais sûr, c’est que la violence mène aux jeux vidéo.

Tech de nœudLe Contrôle fédéral des

finances tape à nouveau

sur les doigts de l’EPFL

et de sa direction :

en cause (entre autres),

le Swisstech Convention

Center, centre de

congrès onéreux,

moche, prétentieux

et pas rentable, caprice

du président Patrick

Aebischer. L’occasion d’y

organiser un symposium

sur la mégalomanie ?

Cache-cache au Palais fédéralDans Le Matin Dimanche (28.8), Guy Parmelin, interrogé sur ses relations avec ses collègues, indique que c’est avec le ministre des Affaires étrangères qu’il a le moins d’affinités. Pas parce qu’il ne l’aime pas, hein, juste parce qu’il ne le voit pas souvent car Burkhalter est tout le temps en voyage… On n’ose imaginer ce que le chef de la Défense aurait répondu si on lui avait demandé ce qu’il pensait de l’invisible Schneider-Ammann… « Qui ça ? »

Vigousse vendredi 2 septembre 2016 Vigousse vendredi 2 septembre 2016

BRAINXIT La « neuro-éducation » a le vent en poupe. Entre lavage de cerveau et bourrage de crâne, de quoi se mettre la tronche à l’envers.

Le cerveau a bon dos

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S4

La Swiss School of Economics (SSE) de Verbier, autoproclamée fondation d’intérêt public, a du plomb dans l’aile. Et du lourd. A la lecture de Vigousse (19.8), un créancier fâché nous a écrit. Prévu par l’école comme l’un des éventuels partenaires de la SSE, il raconte : « J’avais été contacté pour organiser l’événement de lance-ment de la SSE à Verbier. J’ai signé un contrat avec le directeur géné-ral, un certain Eric « Lee » Jaquier. J’ai ensuite préparé un plan via mon réseau en Valais. »Patatras, huit jours avant la pré-sentation, on lui retire le mandat. « J’ai envoyé ma facture pour les premiers frais et on m’a dit que le

directeur Jaquier n’avait pas le droit de signer… », se souvient l’entrepre-neur. Il laisse tomber l’affaire, mais quand il lit l’article du Nouvelliste

relatant l’inauguration de l’école, en grande pompe et selon ses proposi-tions, il envoie sa facture.Sans réponse, il décide alors de la mettre aux poursuites. Il est évident, pour lui, que l’objectif de la SSE était de remplir les hôtels durant la basse saison. Soit de septembre à

COURS TOUJOURS La Swiss School of Economics de Verbier a connu des problèmes au démarrage. Pour sa deuxième rentrée, elle hoquette mais se tait.

L’école pose une colle

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S 5

Tandis que les écoliers retrouvent leurs camarades de classe et découvrent avec horreur les nouveaux professeurs qui les tourmenteront toute l’année (et vice versa), une question lancinante se pose : les méthodes d’enseigne-ment sont-elles adaptées ? En d’autres termes, faut-il (encore) une réforme scolaire ?Question éternelle en fait, puisque tout dépend de ce qu’on entend par « adaptées ». Adaptées à quoi ? A la société ? A l’époque ? Au monde de l’entreprise du futur de demain ? Aux lubies des parents ? Aux théories des pédagogues ? Au niveau mental des politiques du moment ? Au bien-être des pauvres petits choux ? Pas éton-nant qu’on patauge. Heureusement, une nouvelle tendance est promise à résoudre toutes ces tensions : il faut adapter l’enseignement au… cerveau des élèves !Ben oui, ça semble parfaitement logique. Si le cerveau est biologi-quement hermétique à certaines méthodes, celles-ci reviennent alors

à vouloir enfoncer un cylindre dans un trou triangulaire. Or les cylindres ne rentrent pas dans les trous trian-gulaires, chaque éducateur passé par la Haute Ecole de Pédagogie le sait bien. L’idée qu’il faut adapter l’ensei-gnement aux derniers triomphes des sciences du cerveau porte même un nom : la neuro-éducation (ou neuro-pédagogie). Cette discipline récente a désormais ses promoteurs convaincus, ses propres journaux scientifiques, et s’affiche dans quantité de livres et lors de nombreux congrès.

Dans sa version la plus simple, la neuro-éducation propose que les enseignants doivent à tout prix avoir des connaissances de base sur le cer-veau, puisque c’est sur cet organe qu’ils sont censés agir. Dans sa ver-sion plus forte, elle affirme qu’il faut remodeler complètement les systèmes d’enseignement, histoire qu’ils pro-fitent pleinement des découvertes des neurosciences.Sur le papier, c’est tellement logique, cool et moderne que presque personne ne s’est demandé si cette approche avait du sens. De fait, l’enthousiasme et les promesses générés par tout ce qui touche au cerveau laissent générale-ment peu de place au questionnement critique, ou quand c’est le cas, c’est le fait d’ennemis radicaux de tout ce qui

novembre et de mars à juin. Le reste de l’année, l’étudiant est censé se trouver en stage.Sur le site internet de la « haute école », on lit : « Pierre Kohler est un membre de grande valeur de notre Advisory Board. Il a acquit une grande expérience internationale dans le secteur publique, dans le domaine de l’environnement, de l’énergie et des transports, et il nous support grâce a ses connaissances de droit » (sic, fautes d’orthographe comprises). Ledit Kohler, qui souhaite ouvrir une antenne de la SSE à Porrentruy, a répondu à nos questions en une seule phrase : « Pour l’école je sens que ça sera à nouveau du dénigrement,

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pourrait suggérer une composante même vaguement biologique au com-portement humain. Ce qu’il faudrait, c’est un vieux grincheux qui connaît parfaitement son sujet. Ça tombe, bien, Jeffrey Bowers, de l’Université de Bristol, remplit parfaitement ce pro-fil. Grand spécialiste du cerveau, du langage et de la mémoire, il se montre particulièrement sceptique envers tout ce qui tente de récupérer sa discipline. Dans une critique acerbe sur le point d’être publiée, il règle son compte à cette neuro-éducation de bazar qu’on nous présente comme l’avenir. Premièrement, où sont les preuves que les neurosciences peuvent contribuer en quoi que ce soit à la manière dont on enseigne ? Il n’y en a pas, tout ce qu’on trouve ce sont des suppositions ou des « pistes » douteuses. Les édu-cateurs n’ont pas attendu les neuro-sciences pour savoir que le cerveau est très plastique pendant l’enfance, que le stress nuit à l’apprentissage, que le sommeil et l’alimentation sont importants pour la mémorisation, etc. Au mieux, les neurosciences viennent simplement confirmer ce qu’on savait déjà, mais sans contribution originale. Au pire, les neurosciences s’avancent sur un terrain qui n’est pas le leur : on se doute bien que quelque chose change dans la tête des élèves quand ils apprennent, mais ce qui compte

c’est qu’ils apprennent, pas que leurs connexions neuronales aient changé. On entend aussi que les éducateurs devraient mieux connaître le cerveau pour éviter des mythes ou des absur-dités du genre qu’il y a des gens qui sont plutôt « hémisphère gauche » et d’autres « hémisphère droit », qu’il y a des « styles d’apprentissages » audi-tif ou visuel, qu’il existe des « intelli-gences multiples », qu’on n’utilise que « 10 % du cerveau »… Peut-être, mais c’est du coup reconnaître que le terrain en question est plus foireux qu’autre chose.

Au final, la neuro-éducation n’est donc rien d’autre qu’un effet de mode : on se figure que la science high-tech et la biologie vont régler tous les pro-blèmes, et on fait croire que l’éduca-tion devrait suivre la voie d’une sorte de management rationaliste et perfor-mant, basé sur une science qui est de toute façon totalement prématurée. Comme les élèves, c’est le moment que les neuro-éducateurs retournent à leurs cahiers. Sebastian Dieguez

« The practical and principled problems with educational neuroscience », J. Bowers, Psychological Review, à paraître.

alors que nous proposons une for-mule très intéressante pour les élèves et une vraie possibilité de développe-ment pour une région périphérique comme le Jura. »On aurait voulu connaître les espoirs de l’ancien conseiller d’Etat jurassien Philippe Receveur, président du conseil d’administration de la com-pagnie financière Metis, mais il n’a pas répondu. Parce que Metis c’est la SSE, ou presque. Fitim Dalipi, son directeur, avait longuement expliqué au journal Le Temps (27.7) que « les deux entités ne sont pas liées ». Mais l’enquête du quotidien indique au contraire que tout se confond entre la SSE et Metis Finance. A commen-cer par les titulaires des fonctions de « conseil » à la SSE ou à Metis. Fitim Dalipi, malgré de nombreuses solli-citations, n’a pas souhaité répondre, ni sur le commandement de payer et encore moins sur l’avenir de la SSE.

A ce jour, ce qui devait être un « atout académique supplémentaire » pour le Valais se révèle être un coquille vide. Et l’on attend toujours les « hauts cadres bancaires étrangers » promis dans la commune de Bagnes.

L’école affirmait vouloir « suivre scrupuleusement les règles de l’Etat et obtenir au plus vite son accrédita-tion universitaire suisse ». Raté ! Le Conseil suisse d’accréditation rap-pelle que les exigences pour se pré-tendre « haute école spécialisée » ou « université » sont les mêmes pour un établissement public ou privé. Et que ces deux appellations sont proté-gées par la loi. Pour la rentrée 2016, la seule loi qui régit la Swiss School of Economics, c’est la loi du silence.

Jean-Luc Wenger

L’EFFET SWISS SCHOOL

Vigousse vendredi 2 septembre 2016 Vigousse vendredi 2 septembre 2016

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S 76

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F A I T S D I V E R S E T V A R I É S

Prise de detteDepuis le 8 août dernier, l’Humanité vit à crédit : ayant épuisé les ressources natu-relles annuellement renouvelables de la planète, elle tape dans les réserves de façon irréversible. Calculé par l’ONG états-unienne Global Footprint Network, à qui l’on doit la notion d’empreinte écologique, le « jour du dépassement de la Terre » tombe toujours plus tôt : le 1er novembre en 2000, le 20 octobre en 2005, le 21 août en 2010, et donc le 8 août en 2016. Autrement dit, il faudrait plus d’une planète et demie pour supporter l’actuel train de vie humain.Et encore, c’est bien parce qu’il reste en ce monde des foules de traîne-misère peu voraces en ressources : si tout le monde vivait comme les Suisses, qui quant à eux ont atteint la limite le 18 avril déjà, il faudrait 3,3 planètes.

En cause, les gaspillages liés à une consommation frénétique, à une alimen-tation déraisonnable, à des habitats trop énergivores et à une mobilité trop individuellement motorisée. Et derrière le tout, une combustion massive de carburants fossiles, facteur essentiel de l’empreinte écologique.Qu’on se rassure, en décembre dernier à la Conférence de Paris sur le climat, la Suisse s’est engagée à prendre des mesures. Mais avec de la mesure. A condition que les milieux économiques (et donc la droite politique) veuillent bien. Que l’UDC, si elle met à exécution sa menace d’initiative contre une Stratégie énergé-tique 2050 déjà trop molle, soit battue dans les urnes. C’est qu’il ne faudrait pas affecter la très sainte croissance, tout de même. Et après nous le déluge d’emmer-dements. D’ici là, tapons dans le capital naturel au profit du capital tout court.

Energie de fossilesCréée le 23 août dernier, l’association « Aînées pour le climat » réunit 150 femmes d’âge respectable, toutes fermement décidées à botter le train du Conseil fédéral. Plaisante dans l’absolu, la démarche vise en l’occurrence à pousser le Gouvernement à revoir à la hausse les objectifs énoncés lors de la Conférence de Paris sur le climat (COP21). A l’instar de l’Union européenne, la Suisse s’est en effet engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport à leur taux de 1990, d’ici 2020. Puis à les réduire de 50 % d’ici 2030. Or selon un groupe d’experts, de telles mesures ne suffiront pas à atteindre l’objectif ultime, soit limiter le réchauffement global à 2 degrés en 2100. D’autant qu’un seul des Etats les plus riches, la France, a daigné jusqu’ici ratifier le Traité de Paris sur le climat. Or il en faudrait 55 pour obtenir un vague espoir de résultat concret. C’est mal barré, quoi.Soutenue par l’avocat vert et vaudois Luc Recordon, l’association des aînées a choisi l’arme juridique : elle déposera donc, pas plus tard que ce mois de septembre, une plainte pénale contre la Suisse pour son manque d’implication écologique.

Si cette courageuse action doit profiter à tous, il faut tout de même relever sa dimension un brin intéressée : l’ancienne conseillère nationale Anne Mahrer (Verts/GE), coprésidente de l’association, explique en effet que si les femmes d’un certain âge se mobilisent aujourd’hui, c’est qu’elles meurent davantage en cas de canicule.Qu’à cela ne tienne : après tout, s’ils étaient un peu mieux organisés, les ours blancs porteraient plainte eux aussi.

SUR LA RÉSERVE Tout le monde le sait depuis longtemps, l’espèce humaine commet des dégâts irréparables en salopant l’environnement et en épuisant les ressources. Il serait urgent d’agir, à ceci près que ça supposerait des actes. Séverine André & Laurent Flutsch

Sauve qui veut !

Des Verts et des pas mûrs

L’initiative pour une économie verte, de son vrai nom « pour une économie durable fondée sur une gestion efficiente des ressources », sera soumise au vote populaire le 25 septembre. Le texte stipule notamment qu’il s’agit de « veiller à ce que l’activité économique n’épuise pas les ressources naturelles ni, dans toute la mesure du possible, ne menace l’envi-ronnement ou lui cause des dommages ». Une évi-dence pour d’aucuns, une hérésie pour d’autres.Selon un sondage, au début août, 61 % des Suisses se disaient plutôt favorables à cette initiative. Elle semblerait donc avoir quelques chances de passer,

quand bien même le Conseil fédéral, les deux Chambres, Economiesuisse, l’Union profession-nelle suisse de la viande, le PBD, le PDC, le PLR et l’UDC sont farouchement contre.

Car pour tous ces braves gens, qui bien sûr s’affir-ment sincèrement soucieux de préserver la nature, l’initiative va trop loin, trop vite. Elle est utopique et irréaliste. Bref, elle n’est pas raisonnable. Il est vrai qu’il est bien plus raisonnable de prôner une crois-sance à l’infini dans un monde fini, et de continuer tranquillement à foncer vers le mur.

Peur ou torpeurNotoirement obsédés par l’insécurité, réelle ou non, effrayés par la dèche matérielle, la maladie ou le terrorisme, les Terriens des pays riches sont volontiers panicards, voire paranoïaques. Prêts à tout pour se prémunir, ils se ruinent en assurances multiples, développent les forces de l’ordre, tri-ment par crainte de l’échec social. Précaution et prévention tous azimuts : ils adoptent des mesures draconiennes contre la tabagie ou les accidents de vélo. Ils consacrent chaque année 1500 milliards de dollars à la défense militaire. Ce sont des péto-chards. Or bizarrement, face au péril objectif, glo-bal et cataclysmique du dérèglement climatique et de l’épuisement des ressources, l’insouciance et l’inertie règnent. Pourquoi diable ?Les explications foisonnent. La menace est trop floue, trop multiforme, trop lointaine. Les phé-nomènes planétaires sont trop vastes pour une Humanité cloisonnée en tribus nationales,

ethniques, sociales ou culturelles. Les échelles de temps ne concordent pas : en démocratie, les dirigeants politiques pensent à trop court terme, au rythme des priorités électorales. Les décideurs économiques privilégient les profits à court terme. Les premiers sont asservis aux seconds.Englué dans les conceptions préhistoriques de ses grandes religions, l’être humain se perçoit encore comme une créature à part, à l’image de Dieu, habilité par lui à croître et multiplier, à exploiter la Terre et les espèces vivantes à sa guise. Par ail-leurs, la croyance est parfois aveuglante : pour une certaine droite, et pas seulement états-unienne, l’activité humaine ne saurait affecter le climat, domaine exclusif de Dieu. Et puis de toute manière le Seigneur pourvoira, c’est même indiqué sur les pièces de 5 francs. Pourquoi s’alarmer ?Autre variété de foi : pour bien des gens, l’incom-parable génie humain trouvera toujours une

solution à tout problème. La science est pourtant inattaquable : Homo sapiens est un mammifère vertébré de l’ordre des primates. En admettant enfin qu’il n’est qu’une espèce animale parmi tant d’autres, il pourrait envisager qu’il n’est pas plus que les autres à l’abri du danger d’extinction et agir en conséquence. Sauf que justement, l’animal humain est comme les autres : même si son cer-veau lui permet d’anticiper, son instinct de conser-vation ne s’active que devant une menace immi-nente sur sa survie individuelle. Pour les dangers moins immédiats, la frousse est inopérante.

Sans compter qu’il a d’autres soucis plus pres-sants, comme obéir au dressage consumériste, accumuler des biens, suivre la mode, dénicher des Pokémon et, globalement, vivre sa trop courte vie le plus confortablement possible. Surtout s’il est de toute façon trop tard pour éviter la catastrophe !

Contre les mesures environnementales, les libé-raux et les conservateurs sont comme les dahus nés avec les pattes courtes à gauche : ils tournent en rond à droite.

Dans les années 1970, les premiers écolos qui s’élevaient contre la pollution industrielle, le nucléaire ou les gaspillages consuméristes étaient systématiquement taxés de crypto-com-munistes. « Allez voir à Moscou si c’est mieux ! » leur lançaient les dignes gardiens du dogme éco-nomique, qui serinaient l’éternel refrain de la compétitivité et de l’emploi. Des normes impo-sées aux usines sur les fumées toxiques ou les rejets dans les rivières ? Renoncer à la centrale atomique de Kaiseraugst ? A la place d’armes de Rothenturm ? « Irresponsable, mauvais pour la Suisse, nuisible à la vitalité des entreprises, retour à la bougie, dictature étatique, pertes d’emplois en

vue ! » clamaient en substance les élus de droite. Pour ces défenseurs autoproclamés de la rai-son réaliste, les Verts étaient des Rouges. Ou des doux rêveurs plus ou moins hippies. Ou les deux à la fois.Aujourd’hui, les Verts ont leurs portefeuilles ministériels, les partis bourgeois tartinent ver-tueusement leurs programmes de préoccupa-tions écologiques, les conférences mondiales s’égrènent contre les émissions d’oxyde de car-bone, des traités internationaux réglementent la pêche, des lois protègent les espèces et les bio-topes menacés, les énergies propres ont le vent en poupe, et malgré l’absence de tout réacteur à Kaiseraugst, les Suisses ne s’éclairent pas à la chandelle. En résumé, les écolos avaient tout juste. Et comme pour tant d’autres (r)évolu-tions, des congés payés au suffrage féminin, ce qui était jugé farfelu, irréaliste et dangereux est devenu parfaitement évident.

Pour autant, le même schéma se répète à chaque échéance. Et en avant l’amnésie ! Ainsi les milieux économiques et la droite attaquent-ils l’initiative des Verts en ressortant de la naph-taline leur prétendu réalisme responsable et en remâchant l’argumentaire habituel : mesures excessives et déraisonnables, carcan étatique, danger pour l’économie, menace sur l’emploi, patati patata.Coprésidente du comité contre l’initiative et députée PLR au Grand Conseil vaudois, Catherine Labouchère pousse jusqu’au bout la rumination des vieux réflexes : selon elle (Le Temps, 28.8), les partisans de l’économie verte préparent une Suisse « digne de la Corée du Nord ». Saluons tout de même une remar-quable capacité d’adaptation aux données géo-politiques modernes : avoir su remplacer « allez voir à Moscou » par « allez voir à Pyongyang ».

Arguments recyclésProgramme des réjouissances« Des conséquences dramatiques » : voilà ce que sait le citoyen moyen des risques liés au dérègle-ment climatique. Il faut dire qu’à l’œil nu, depuis nos latitudes et a fortiori depuis son salon, on ne perçoit pas grand-chose. Alors, dramatique comment ?

En ce moment, chaque mois :– 150 000 enfants meurent de maladies liées à la consommation d’eau insalubre.– 800 espèces animales s’éteignent.– 1 million d’hectares de forêt sont rasés.– 8 millions de mammifères et 80 000 oiseaux meurent de la pollution.– La calotte glaciaire fond de 20 milliards de tonnes.Entre autres. Et après ?– En 2025, 1,8 milliard de personnes vivront dans des régions victimes de pénuries absolues d’eau.– Vers 2050, le pétrole sera probablement épuisé. Ce qui est une bonne nouvelle. Pour peu qu’on ait su d’ici là développer des énergies alternatives.– Vers 2080, le café, le blé, la pomme de terre, le cacao, le maïs et les haricots, notamment, auront sans doute disparu. Avec de lourdes conséquences puisque 600 millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim.– En 2100, le glacier du Rhône aura disparu. Le lit du fleuve sera ponctuellement à sec en Valais central. Ailleurs dans le monde, des centaines de millions de personnes chassées des zones côtières par la montée des eaux migreront vers les régions épargnées.Entre autres.

Vigousse vendredi 2 septembre 2016 Vigousse vendredi 2 septembre 2016

E N C O U R T . . .Q U E L L E S E M A I N E ! 98 D U R D ’ O S E I L L E

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Une récente étude du grand cabi-net d’audit KPMG et de l’Université de Saint-Gall à propos des banques privées en Suisse laisse entrevoir des jours assez sombres pour celles-ci. Environ 30 % d’entre elles devraient disparaître dans un laps de temps de deux à trois ans, par liquidation, fusion-acquisition ou simplement en se retirant du marché. Leur nombre devrait ainsi passer de 130 établisse-ments à 100.

Dans le domaine de la banque, on calcule l’efficacité au nombre de collaborateurs par milliard sous gestion. Les banques performantes et rentables ont besoin de 15 colla-borateurs par milliard. Celles qui sont à la peine créent plus d’emploi en occupant 26 personnes par mil-liard. Ce sont pourtant ces dernières, sans doute plus sympathiques, plus proches de leurs clients, plus res-pectueuses de leur personnel, qui risquent de disparaître en premier

car leur rentabilité est trop faible. Onze personnes de plus pour gérer le même montant, ce n’est plus pos-sible. Pour survivre, une banque de gestion de fortune doit première-ment aller chercher de l’argent auprès des personnes qui ont quelques éco-nomies. La concurrence est grande et le choix est pléthorique pour les clients potentiels. Toutes les banques vantent évidemment leurs mérites qui n’ont d’égal que les plumes de la roue du paon.Une fois que l’argent est là, il faut le faire travailler, car s’il est unique-ment parqué là il ne rapporte rien à la banque. Il faut donc vendre des actions, des obligations et des pro-duits financiers pour créer des reve-nus de courtage, des droits de garde ou des commissions sur certains fonds d’investissement. Comme ces frais se négocient, les marges dimi-nuent et ce business model n’est plus aussi lucratif qu’autrefois.

En plus de cette baisse de leurs reve-nus, les banques doivent affronter chaque année de nouvelles disposi-tions légales qui coûtent bonbon à mettre en place. Il faut encore ajouter

les frais colossaux de l’optimisation permanente et indispensable des sys-tèmes informatiques pour se rendre compte que les coûts augmentent plus vite que les recettes.

Face à cette inéluctable réalité, la mort annoncée de ces 30 banques paraît bien certaine. Vu leur arro-gance à se croire invulnérables et à oublier qu’elles sont des entre-prises comme les autres, leur mise hors jeu est à considérer comme une bonne leçon donnée à de petits garnements. On regrettera simple-ment la perte des centaines d’em-plois qu’elles entraîneront dans leur chute. André Draguignan*

*chef d’entreprise connu de la rédaction

Pauvres banques

COMPTES EN BRANQUES

GESTION D’INFORTUNE Les banques privées traversent une sale période. Leur arrogance sera sanctionnée par de nombreuses disparitions.

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Stratégie de l’escargotLes ingénieurs ne sont pas que des techniciens ; ils sont aussi des observateurs du monde social. Face au constat de l’augmentation constante des divorces, des architectes néerlandais ont conçu une maison séparable en deux parties. Le coup de génie ne s’arrête pas là, puisque l’heureux détenteur d’une demi-maison pourra, s’il rencontre une personne dans le même cas que lui, accoler sa demi-demeure à celle de son nouveau partenaire. A condition que ce dernier ne soit pas l’heureux locataire d’un studio au 18e étage d’une HLM.

Comme Syrien n’étaitA Zoug, l’UDC s’inquiète que les plus petits perdent leur identité en apprenant l’allemand dès la maternelle, au détriment du suisse allemand. L’enjeu est d’autant plus intéressant qu’il concerne aussi les étrangers : « Les immigrés ne doivent pas apprendre seulement l’allemand, mais aussi notre dialecte, car c’est une partie importante de notre identité », estime en effet le conseiller national UDC zougois Thomas Aeschi. Rusé : s’ils sont sains d’esprit, les Syriens préféreront sans doute la décapitation.

Vigousse vendredi 2 septembre 2016 Vigousse vendredi 2 septembre 2016

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S B I E N P R O F O N D D A N S L ’ A C T U10

Cher Monsieur,Vous nous gratifiez d’un énième épisode dans le feuilleton de votre retraite politique qui n’en est pas exactement une. Sur votre page Facebook, vous encouragez vos fans à voter pour détermi-ner quel sera votre avenir parmi quatre possibilités : 1) création d’un nouveau parti politique ; 2) reprise en main du MCG par vos soins ; 3) vous continuez à siéger en indépendant ; 4) vous démissionnez.Comme votre goût pour la démocra-tie reste assez modéré (on rap-pelle que vous faites tout ce souk parce que vous n’avez pas été élu à la tête du parti que vous avez fondé), vous précisez d’emblée que vous écartez les propositions 3 et 4. Ben oui, on ne sait jamais, si des petits rigolos votaient massivement pour votre démission, vous seriez de nouveau obligé d’inventer des excuses pour ne pas suivre les règles du jeu que vous avez vous-même fixées…En fait, vous semblez tellement allergique à la volonté populaire qu’on se demande bien pourquoi vous prenez la peine de sonder les électeurs. Vous vous seriez singulièrement simplifié la vie si vous aviez soumis à l’approbation des internautes une seule possi-bilité, que l’on pourrait libel-ler comme suit : création d’un fan club d’Eric Stauffer, dont Eric Stauffer serait président à vie, et dont le but serait d’offrir une visibilité médiatique maximale à Eric Stauffer, de flatter l’ego d’Eric Stauffer et de permettre à Eric Stauffer d’être le chef de quelque chose.

Stéphane Babey

A Eric StaufferSans opinion

LE COURRIER DU CHIEUR

Giroud en victime des médiasÉTHIQUE ET TOC L’émission « Temps Présent » consacrée à Dominique Giroud n’aurait été qu’un portrait à charge. Le marchand de vin valaisan a droit à l’oubli et les journalistes sont sommés d’oublier le passé.

Dominique Giroud n’a jamais été jugé coupable pour ses pratiques œnologiques. Mais il a en revanche été condamné pour fraude fiscale au paiement de 9,5 millions de francs. Or la RTS avait diffusé un reportage de « Temps Présent » inti-tulé Affaire Giroud, du vin en eaux troubles le 22 janvier 2015. Et voilà que le 25 août dernier, l’émission a été condamnée par l’Autorité indé-pendante d’examen des plaintes en matière de radio-télévision (AIEP) pour avoir sali Dominique Giroud.

Dans quelques mois, les considé-rants du jugement seront connus et un recours de la RTS au Tribunal fédéral est toujours possible. A ce jour, la télévision publique n’a pas pris position. En résumé, être tout proche d’Ecône – comme s’en van-tait publiquement Giroud en 2001 – et souhaiter que les homosexuels finissent en enfer n’a rien à voir avec le vin.Pour avoir voulu rappeler des faits documentés, « Temps Présent » s’est fait taper sur les doigts. Chut, n’utilisez aucune image d’archive, Dominique Giroud a droit à l’oubli, enjoint l’AIEP. Cette décision a été prise par 5 voix contre 4, un « score » inhabituellement serré.Là, c’est la liberté d’opinion, la liberté d’enquêter, de rechercher dans les traces du passé qu’on éborgne. « Cette émission est une injure au métier de journaliste. Je suis et je serai

toujours un ardent défenseur du jour-nalisme comme quatrième pouvoir », affirme pourtant Marc Comina, chargé de communication de Giroud et ancien journaliste.Le jugement de l’AIEP rejoint parfai-tement un article de la Weltwoche du 21 janvier 2016 qui détruisait l’en-quête de « Temps Présent » en accu-sant les journalistes d’avoir voulu anéantir un négociant en vins ultra-conservateur. « Une attitude qui ne correspond pas au journalisme de qualité dont la SSR se vante d’être la garante irremplaçable », concluait l’article dans un plaidoyer cher à l’UDC.

En presque 50 ans d’existence de « Temps Présent », il ne s’agirait que de la troisième condamnation. Les deux premières fois, la déci-sion a été invalidée par une autorité supérieure.Dans ce qui a été rendu public par l’AIEP, l’un des points touche au témoignage manquant du redou-table Marc Comina. « Le reportage aurait dû préciser que j’avais refusé parce que j’avais compris que cette émission avait pour seul objectif de salir Dominique Giroud », indique-t-il aujourd’hui. « Ils voulaient juste que je sois dans l’émission pour pou-voir dire que Giroud avait eu la parole. M’en étant aperçu, j’ai refusé de prê-ter mon concours à cette mascarade. »

Giroud n’a jamais mis de fendant dans son Saint-Saphorin, établissait

la justice vaudoise en avril 2016. Que ce soit clair. Pour Comina, le jugement de l’AIEP ne suffira pas à réhabiliter son client. « Le

phénomène est bien connu. Les médias s’empressent de répéter les accusations et les soupçons. Quand quelqu’un est innocenté, plus per-sonne n’en parle. » Mais Giroud va se battre. Il déposera prochainement une plainte en dommages et intérêts contre la SSR. Ce sera le volet civil.Au final, cette émission ne serait qu’une caricature de Giroud, selon Comina. Ce n’est pas Vigousse qui se lancerait dans ce genre de choses.

Jean-Luc Wenger

Le strip de Bénédicte

On aime les détesterLES ANALYSES POLITIQUES DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : nous vous présentons les candidats les plus prometteurs au prochain concours d’impopularité présidentielle. Ils reviennent tous de très loin.

Encore une fois, c’est une bien belle élection présidentielle qui s’annonce. Passons donc en revue les principaux candidats. Au niveau de leur cote d’impopularité, ils se tiennent dans un mouchoir de poche. Les électeurs auront du mal à faire leur choix.

Francis Pologne. Président sortant, il a été si maladroit qu’il a même réussi à monter son propre camp contre lui. En plus, il a joué de tellement de mal-chance que chacun de ses efforts pour remonter la pente s’est soldé par un échec retentissant. Les citoyens en on certainement marre de lui, ce qui est tout à son avantage, et en plus ils ne sont pas certains de retrouver de sitôt un politicien qui se fait humilier avec une telle constance.

Nicomède Suzuky. Président ayant précédé Francis Pologne, il avait au terme de son mandat catastrophique promis de se retirer de la vie politique. Le fait qu’il renie cet engagement en se

Pitc

h

lançant dans la course lui donne déjà un bel avantage. Et si on examine le nombre de casseroles qu’il traîne der-rière lui, on peut prédire qu’il a toutes ses chances.

Jean Shaqiraq. Prédécesseur de Nicomède Suzuky, il avait suscité la haine de la planète entière en pro-cédant à des essais nucléaires inu-tiles. Malheureusement pour lui, cette impopularité s’est avec le temps transformée en une forme d’affection nostalgique. Toutefois, le fait qu’il soit actuellement frappé de démence sénile plaide largement en sa faveur : il pour-rait sans même en avoir conscience édicter des lois particulièrement absurdes à même d’attiser un mécon-tentement record des citoyens.

Manuel Foxtrot. L’actuel Premier ministre a focalisé l’opprobre du peuple en faisant passer de force une loi controversée au Parlement. Son arrogance et son petit air hautain

particulièrement irritant plaident en sa faveur. Il manque cependant à son allure un petit quelque chose (mous-tache à la Fu Manchu ou casquette d’officier nazi) qui en ferait un génie du mal crédible.

Alain Robbé. Au bénéfice d’une condamnation pénale infamante, cet ancien Premier ministre cumule plus de 20 ans de ressentiment acquis de haute lutte dans divers postes de pou-voir. A son corps défendant, a revêtu avec le temps une image de vieux sage qui ne peut que le desservir, image qu’il tente de briser en ce moment en diffusant sur le web des films dans les-quels il maltraite des chatons.

Nathanaël Micron. La jeunesse inso-lente de cette tête à claques, éternel premier de classe qui n’hésite pas à se désolidariser lâchement de ses alliés au Gouvernement à la première occasion, en fait un solide prétendant. N’a tou-tefois pas passé assez de temps en tant

que ministre pour se mettre à dos tout le pays. C’est sans doute pour cette rai-son qu’il a promis de commettre un génocide s’il est élu.

Ernst Stavro Blofeld. Présent dans plusieurs aventures de James Bond, le chef du Spectre fait preuve d’une cruauté réjouissante qui pourrait bien lui valoir nombre de suffrages. Le fait que ses plans machiavéliques échouent toujours lamentablement est évidemment un atout supplémentaire.

Fritz Haarman. Le tueur en série, plus connu sous le pseudonyme de « Boucher de Hanovre », avec plu-sieurs dizaines de victimes à son actif, peut facilement prétendre à une place parmi les personnages les plus haïs-sables de l’histoire récente. Mais est-ce que cela lui suffira pour battre des hommes politiques aussi aguerris ?

Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

Vigousse vendredi 2 septembre 2016 Vigousse vendredi 2 septembre 2016

C U L T U R EC U L T U R E 1312

Pour ceux qui ont du temps à tuer. L’usine a fermé, la petite amie s’est barrée, l’argent s’est tari. Alors quand monsieur Gardot lui a demandé, gen-timent, de buter sa femme, coupable de s’être envoyée en l’air avec un pilote de ligne, Jacques a dit oui. Comme ça. Parce qu’il faut bien s’occuper et que dans le coin, une offre d’emploi – qui plus est à 20 000 euros – est aussi rare qu’un haltérophile biélorusse non dopé aux Jeux olympiques. S’en étant bien tiré, Jacques entame sa recon-version. L’homme de main prend son pied. Et fait quelques heures supplé-mentaires, règle des comptes person-nels. Rayon capitalisme sauvage, ce n’est pas lui qui a commencé ! Signé Pascal Chaumeil, décédé juste après avoir finalisé son quatrième et donc ultime long métrage, Un petit boulot, réjouissante comédie, doit beaucoup à Michel Blanc, prince de l’humour noir. Adaptant un roman original de l’Ecossais Iain Levison, il signe des dia-logues d’une grande précision qui font mouche. Du super boulot !

Pour ceux qui partent pour mieux se retrouver. Un père et passe, impair, impasse. Trentenaire français, Mathieu apprend par téléphone que son

géniteur, qu’il n’a pas connu, est mort noyé dans un lac canadien. Il prend alors un vol pour assister à l’enterrement et découvrir ce qu’il croit être une nouvelle famille. Avec Le fils de Jean, Philippe Lioret laisse affleurer l’émotion. Les gros sabots, c’est pas son truc.

Pour ceux qui savent que tous les goûts sont dans la nature. Ils sont dacryphile, somnophile ou harpaxo-phile. Des membres d’une étrange secte ? Non, juste des hommes et des

À VOUS DE VOIR Michel Blanc propose à un chômeur de devenir un tueur (Un petit boulot), un fils part au Canada sur les traces d’un père décédé (Le fils de Jean), mais il ne faudrait pas oublier la petite mort (Kiki – L’amour en fête) !

Des films

De but en Blanc

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Vigousse vous attend !C’est la rentrée et pour fêter cela votre petit satirique romand sera présent sur de nombreux fronts. Venez rencontrer ses journalistes et ses dessinateurs.

Vendredi 2, samedi 3 et dimanche 4 septembreLe Livre sur les quais, Morges (VD). Laurent Flutsch dédicacera Le fin mot de l’Histoire, volume II, tout fraîchement sorti de presse.

Samedi 3 septembreInauguration du magasin Rétro Magazine, Grand-Rue 10, Moudon (VD). Présence de Barrigue et de Stéphane Babey de 10 h 30 à 13 h.

Dimanche 4 septembreLe Livre sur les quais, Morges (VD). Remise des prix du concours de nouvelles conjointement organisé par Vigousse et La semaine du goût. Dans la tente principale, 11 h 30, en présence de Josef Zisyadis, Carlo Crisci, Laurent Flutsch et Roger Jaunin.

Vendredi 9 et samedi 10 septembreFoire du Livre, Le Locle (NE). Présentation du livre Sjöstedt. Les meilleurs dessins de Vigousse (Editions G d’Encre) en présence de l’auteur le vendredi et de Barrigue le samedi (10-18 h).

femmes qui sont excités par autre chose que la position du mission-naire… Film thématique et sympa-thique, Kiki – L’amour en fête traite avec tendresse ceux qui assument leur « bizarrerie » sexuelle. Aimez comme vous voulez ! Bertrand Lesarmes

Un petit boulot, de Pascal Chaumeil (1 h 37) ; Le fils de Jean, de Philippe Lioret (1 h 38) ; Kiki – L’amour en fête, de Paco León (1 h 42). Tous en salles.

Le marquis de La Fayette est certainement l’une des personnalités historiques françaises qui a eu une vie mieux remplie et plus mouvementée que d’autres. A 20 ans, il s’engage auprès du général Washington et lutte de manière décisive pour l’indépendance américaine. Puis il devient l’une des figures clés de la Révolution avant de faire cinq ans de taule, sans doute pour avoir dit un truc qu’il ne fallait pas. Il sera encore déterminant pendant toute la période de la Restauration, mais le fait qu’il ait traversé ces 50 ans d’histoire mondiale comme une météorite le rend peut-être peu crédible à nos yeux. Cela explique-t-il un oubli certain ? Tourné sans stars, excepté Orson Welles en mode automatique, le film se consacre aux années de jeunesse et livre un portrait vivant d’un jeune loup qui n’a pas vraiment froid aux yeux. Pour la véracité historique on repassera, mais, en tant que digne représentant du cape et d’épée français, La Fayette assure plutôt grave ! Michael Frei, Karloff,

films culte, rares et classiques, Lausanne

La Fayette, Henri Dréville, 1962, Gaumont, Vf, DVD, 134 min.

Des védés

La Fayette mais pas fayot !

Chaque année, le périodique La Distinction remet son célèbre « Grand Prix du Maire de Champignac ». L’occasion d’une bonne poilade aux dépens de nos malheureux people qui ont eu une phrase malheureuse, maladroite ou totalement débile. Cela demande un certain sens de la dérision et de l’ironie, ce dont ne manquent pas les rédacteurs du jour-nal satirique, notre seul concurrent local encore vivant.A part ces perles savoureuses, on trouve d’ailleurs dans La Distinction plein d’autres choses, comme des recensions de livres inexistants, des pastiches littéraires, des recensions de livres existants et des choses comme

Des livres

Pourquoi Flutsch est supérieur à ProustInfatigable arpenteur de la sapience, Laurent Flutsch publie un deuxième recueil de ses chroniques « Le fin mot de l’histoire » paraissant chaque semaine dans Vigousse. Que pour-rions-nous encore dire pour ajouter à la gloire déjà immortelle de Monsieur Flutsch, génie universel que la Terre entière nous envie ? C’est difficile, mais essayons tout de même.

Tout d’abord, précisons que Monsieur Flutsch écrit très bien en français, ce qui n’est pas souligné assez souvent. Prenons au hasard la phrase suivante, tirée de la page 120 : « Globalement déçu par sa propre création, il a décidé de tout reprendre à zéro. » En l’étudiant attentivement, on constate qu’elle est correcte au niveau orthographique et aussi grammatical, qu’elle a un sens et qu’on la comprend aisément. On ne peut pas en dire autant de tous les écrivains. Proust, par exemple, on n’y comprend rien du tout. Ensuite, il faut noter le fait que Monsieur Flutsch, bien

Trop distingué

ça. Les voici réunies dans un livre inti-tulé L’Atelier des contrefaçons. Alors attention, on n’y comprend absolu-ment rien. L’avertissement est très clair à cet égard, du reste : « Vous ne comprendrez rien à ce fatras dénué de toute cohérence, mais sachez juste que c’est drôle, ou que c’était drôle au moment où on avait écrit ces trucs. » Dont acte. Il convient, dès lors, de se plonger dans ces archives non sourcées

mais (probablement) caustiques pour le simple plaisir d’une langue qui vire-volte et s’émerveille de sa propre drô-lerie, page après page.

De notre Laurent Flutsch national à l’anthologie du néant de Laurent et Romero, en passant par des cour-riers de lecteurs et quelques discours choisis à l’occasion de la remise du Champignac (1991-1993, et 1996), quelle joie de tenter de suivre à rebours le cheminement perdu de traits d’esprit à jamais réservés aux esprits mordants qui les ont conçus jadis !L’humour paléontologique, il fallait y penser. Sebastian Dieguez

L’Atelier des contrefaçons, par L. Montadori, D. Suarez et J.-J. Marmier, Editions Le Marteau sans Maître, 208 pp.

qu’il soit ce qu’il est convenu d’appe-ler un intellectuel, ne se sent pas pour autant obligé de faire de longues phrases creuses et pédantes. Exemple toujours tiré de la page 120 : « Et les acariens ? » N’est-ce pas admirable de concision ? Et tout en étant d’une pro-fondeur qui n’a rien à envier aux écrits philosophiques les plus édifiants. A l’opposé, Proust pond des phrases de plusieurs pages qui n’ont ni queue ni tête et filent la migraine.

Enfin, dans le but d’aider à la compré-hension des plus fragiles du ciboulot, Monsieur Flutsch adjoint à chacun de ses textes une gravure didactique. Autre avantage : avec les images, il y a moins de texte à lire pour ceux qui n’aiment pas trop ça. En page 120, on trouve par exemple un très beau dessin de lama. Qu’il est d’ailleurs possible de colorier pour ceux que ça amuserait. A contrario, on cherchera en vain dans les œuvres de Proust le moindre petit dessin explicatif.

En résumé, l’œuvre de Monsieur Flutsch est largement supérieure à celle de Proust. Le seul point où l’on concé-dera qu’ils se ressemblent, c’est au niveau onomastique : tous deux sont en effet affublés de noms de famille ridicules, l’un évoquant une chasse d’eau et l’autre des flatulences. Mais d’un pur point de vue littéraire, il n’y a pas photo. Stéphane Babey

Le fin mot de l’histoire II, Laurent Flutsch, Editions Infolio, 272 pages

De tous les dessinateurs et illustra-teurs de talent – et Dieu sait qu’il en fut et qu’il en existe encore – qui se sont exprimés dans les quotidiens de ce coin de pays, Pierre-Alain Bertola (1956-2012) est sans doute l’un des plus mal connus. C’est certainement qu’artiste plasticien avant tout mais aussi graphiste, affichiste, auteur de bandes dessinées à succès et scéno-graphe, cet architecte de formation n’a cessé de passer d’un mode d’expres-sion à un autre, refusant par là toute forme d’« étiquette » qu’on aurait pu être tenté de lui coller.

L’exposition que propose aujourd’hui la Maison du dessin de presse de Morges, la troisième réalisée de manière posthume sur une partie de son œuvre, se limite – si l’on ose – à ce que cet artiste a produit, en une ving-taine d’années, pour et dans la presse romande. A l’image d’un Martial Leiter, Pierre-Alain Bertola s’est toujours employé, et quel que soit le support sur lequel il s’exprimait, à privilégier l’aspect « illustratif » de son travail. En cela il a fait œuvre de pionnier, et c’est à ce titre que l’hommage qui lui est ici rendu se doit d’être vu. Roger Jaunin Pierre-Alain Bertola, Dessins de presse. A la Maison du dessin de presse, Morges (VD). Du 2 septembre au 30 octobre 2016. www.maisondudessindepresse.ch

Une expo

Bertola, pionnier

Vigousse vendredi 2 septembre 2016 Vigousse vendredi 2 septembre 2016

LE CAHIER DES SPORTS

14 R E B U T S D E P R E S S E 15

Sebastian DieguezMAG

YCHOSE : Un homme aurait découpé trois salamis dans un train – LITTÉRATURE : Dix écrivains déjà en lice pour ne recevoir aucun prix prestigieux cette an

VOIX OFF

« C’est comme pour le baseball, on va dire que je suis champion

du monde ! »

INSOLITE

Steven Seagal voit défiler tous ses films lors d’une cascade ratéeC’était vraiment moins une. Steven Seagal, le célèbre acteur de films d’action, a eu très chaud samedi passé sur le tournage de Sept minutes de dialogues. Lors d’une scène de bagarre, il s’est en effet pris les pieds dans un tapis et a chuté malencontreusement sur le poing d’un Asiatique qui jouait un méchant. « Tout a tourné, puis j’ai vu un tunnel, et après, c’était comme si j’étais au cinéma, j’ai vu tous mes films défiler ! » Désigné pour mourir, Justice sauvage, Piège en haute mer, Piège à grande vitesse, Piège à haut risque, Piège au soleil levant, Piège en eaux profondes, toute sa filmographie y passe ! « Le plus étonnant, c’est qu’il y avait Piège en station de ski, qui à ma connaissance n’existe pas, et plus bizarre encore, je crois qu’il y avait un film de Jean-Claude Van Damme dans le tas. » Les experts sont divisés sur l’explication de ce phénomène, mais tous s’accordent à dire que les méchants terroristes ont dû passer un sale quart d’heure, après quelques péripéties sans intérêt pour planter le décor.

RÉVÉLATIONS

« Il est complètement zinzin » : l’expertise psychiatrique de Claude D. dévoiléeC’est un document accablant que nous nous sommes procuré jeudi passé. Les experts psychiatres n’y vont pas de main morte sur le profil psychologique du meurtrier Claude D. « Waow, il va pas bien ce type », écrit ainsi en préambule du rapport le professeur Etienne Gravos, grand spécialiste des disjonctés et autres maboules. Grâce à une analyse pointue et scientifique, la psychiatrie peut en effet aujourd’hui percer les mystères de l’âme humaine, y compris chez les cas les plus extrêmes, ainsi que le démontre cette expertise détaillée : « Débloque sérieusement du ciboulot », « Carrément chtarbé celui-là », « Non mais ça va aller ou bien ? », les symptômes aggravants pleuvent ainsi ligne après ligne, sous la plume rigoureuse et dépassionnée des Drs Jack Selim et Philippe Rienffé. Ayant tout compris de l’esprit humain grâce à des méthodes tenues secrètes, ces experts psychiatres ont abouti à la conclusion que « franchement, y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez Claude D., y a qu’à voir ». Autant de découvertes qui auront un impact certain sur l’avenir de la psychiatrie pénitentiaire, dès lors que la justice aura fourni sa propre opinion experte et totalement objective à elle.

L’astuce est aussi simple que redoutable : le malfrat repère sa victime, se dirige vers elle et lui demande son argent. « Je n’ai rien vu venir », reconnaît Sybille, une des nombreuses victimes de l’arnaque dite du « donne-moi ton argent, crétin ». Elle a ainsi donné tout son argent à un jeune homme qui le lui demandait : « Il avait l’air normal et honnête, il m’a demandé mon argent, alors je lui ai donné mon argent. » Comment se prémunir contre ce nouveau fléau ? « Ce sont des bandes organisées et très expérimentées dans cette arnaque particulière, il faut être extrêmement méfiant », prévient le lieutenant Frank Dupertuis, de la Brigade Contre la Fauche de Rue. « Le conseil officiel des autorités, poursuit-il, c’est de réfléchir deux secondes avant de donner tout son argent comme des crétins. » A noter que ces criminels d’un nouveau genre s’adaptent rapidement à leur milieu, il semblerait ainsi que certains soient déjà passés à l’astuce du « tu mets ton pognon dans ma poche ? »

DE PLUS

Economie Après des années de recherche, les analystes découvrent la conjoncture socio-économique dans un puits au fond d’un jardin.

Innovation Les élèves seraient mal préparés aux lubies du moment des entreprises de dans 20 ans.

Alimentation Pour s’adapter aux nouvelles tendances, l’industrie agro-alimentaire fabriquera des légumes moches et difformes transgéniques.

Audace L’incubateur de start-up sera déplacé au bistrot : « On y trouve des nappes de table où écrire nos idées, pour la légende plus tard », explique Jérémy Alfonzi, ingénieur fraîchement diplômé.

ALERTE

L’arnaque au « donne-moi ton argent, crétin » en forte recrudescence

BROUILLON DE CULTURECHARLES EST GRAND La Bibliothèque sonore romande fête ses 40 ans à Morges où elle propose de multiples rendez-vous. Dont une plongée dans des chansons que Charles Ferdinand Ramuz avait adaptées en français de l’œuvre de Stravinsky. Avec la voix du baryton Sergio Belluz et les notes de la pianiste Ioana Primus. Morges, samedi 3 septembre, La Paillote. www.bibliothequesonore.ch

RE-VOLVER Pauline Lugon (chanteuse) et Aude Follonier (pianiste) formaient le duo Nomade. Avec leur nouveau projet Volver, elles s’associent à quatre musiciens pour un jazz francophone teinté de rythmes latinos.Vernissage de la galette du 8 au 11 septembre au Théâtre Interface à Sion. www.music-volver.com

E-NORMALITÉ L’artiste Anthony Bannwart montre ses images de « haïkus tatoués à même la peau grâce à des tampons en bronze ». Il nous invite ainsi à réfléchir aux signes et au sens de la norme. Un thème mis en mots par la linguiste Stéphanie Pahud le même jeudi 8 septembre au Club 44 de La Chaux-de-Fonds. www.club-44.ch

L’HONNEUR À VIF Du 6 au 25 septembre au Pulloff, la pièce tragi-comique La volupté de l’honneur interroge la notion d’honnêteté au travers de six destinées qui se croisent. Honnêtement, il faut y aller. Lausanne, www.pulloff.ch

BIEN BÂTIE La 40e édition du Festival de La Bâtie débute le vendredi 2 septembre et ne s’achèvera pas avant le 17 du même mois. Seize jours de fête et autant de bonnes raisons de se pencher sur une programmation aussi riche qu’hétéroclite. www.batie.ch

ACHETERMercredi soir 31 août dernier, minuit tapant, a pris fin ce qu’en matière de football on appelle pudiquement la période des transferts. Rien de bien neuf, sinon que ladite période bruisse jour après jour de mille rumeurs, fait les délices des gazettes et tient en haleine tout ce que le petit monde du ballon rond compte de supporters, ou de présumés tels. Qui ira où, qui achètera qui, à quel prix, qui réalisera la meilleure affaire, qui parviendra à dépouiller qui ? Dans ce véritable souk, les millions valsent par centaines, ceux qui passent d’un club à l’autre embrassent leurs maillots tout fraîchement floqués, jurent fidélité éternelle à leurs nouvelles couleurs en affirmant haut et fort qu’ils avaient « toujours rêvé » d’endosser telle ou telle tunique. Foutaises !

Cette année, c’est le club de Manchester United qui s’est offert le luxe de réaliser « le transfert le plus cher de toute l’histoire » en allant faire ses courses du côté de Turin et en arrachant un certain Paul Pogba à la Juventus, pour la modique somme de 105 millions d’euros. Bonus non compris, mais bon, on va pas chipoter pour quelques millions de plus…

N’empêche quand même qu’à ce prix-là, au beau temps où l’on vendait des hommes (et des femmes) sur les marchés de Delos, d’Alexandrie, de Rome ou du Nouveau Monde, c’est toute une armée, des milliers et des milliers de bras et de jambes que l’on aurait pu s’offrir.

Alors quoi ? Quelle conclusion tirer d’une telle ineptie ? D’abord que les Anglais on eu beau inventer le football, la livre sterling et tout dernièrement le Brexit, ces gens-là calculent toujours comme des pieds. Et qu’ensuite, de nos jours, même s’il convient de leur offrir des cages dorées, il faut être vraiment très riche pour s’offrir des esclaves.

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

De rire en pireCommentaire hilarant de Blandine Levite sur RTS La 1ère (30.8) à propos de la disparition de l’immense Gene Wilder : l’homme est « resté fidèle au genre de la comédie, alors qu’il aurait pu prétendre à des rôles plus dramatiques », juge la journaliste. On ignore si un acteur dramatique aurait pu prétendre égaler le génie comique d’un Gene Wilder ou d’un Louis de Funès. Mais on sait déjà, depuis Pierre Desproges, que ce genre d’échelle de valeur artistique relève d’un préjugé snob assez dramatique pour être comique. L. F.

Big data et péchéDans Le Temps (24.8),

le compte rendu de la

journée sur les médias

et l’innovation organisée

par Le Temps à l’EPFL

est exhaustif. On y relève

cette perle de Ralph

Büchi, délégué du conseil

d’administration de Ringier

Axel Springer, éditeur du

Temps : « Le péché originel

des groupes de presse

est d’avoir commencé à

distribuer des nouvelles

gratuitement. » Précisons

que les tiroirs de Ringier

débordaient de projets de

journaux gratuits avant

de se faire souffler la

primeur par un concurrent.

Heureusement, le lancement

du Blick am Abend a permis

à Ringier de revenir au

péché originel. J.-L. W.

Matin du soir, bonsoir !Le Matin va lancer à l’automne une édition électronique payante qui sera disponible en fin de journée. Cette nouvelle mouture sera nommée Le Matin du soir… Il se murmure dans les couloirs du quotidien que les patrons alémaniques de Tamedia ont imposé cette appellation sans en saisir l’aspect fondamentalement débile. Sinon, il y avait aussi Soir-Matin, Du Matin au soir, La Nuit approche, Bientôt nuit, Superlongue grasse Matinée, ou encore Il est 18 heures, Le Matin s’éveille. S. Ba.

Jamais trop prudentLu dans Marianne (26.8) que Laurent Dassault, fils de Serge, venait d’investir quelques millions dans un groupe suisse spécialisé dans la fabrication de bracelets électroniques. Et l’hebdomadaire français d’en conclure que tout porte « à croire qu’il est très inquiet pour l’avenir judiciaire de son père », 91 ans, une fortune estimée à quelque 13 milliards d’euros et hautement soupçonné de fraude fiscale par les gabelous de Bercy. R. J.

Vigousse vendredi 2 septembre 2016

L A S U I T E A U P R O C H A I N N U M É R O16

C’est une histoire vieille comme le monde. Petit scarabée est pris en main par vieux senseï, lequel, dans son infinie sagesse, lui transmet toutes les ficelles de l’art, et dès que la bestiole a pris son envol, pouf, plus un mot, rien, pas un coup de fil. Ingratitude de la jeunesse !Ainsi, Jonas Schneiter, dont le pied frêle et décharné fut mis à l’étrier dans le présent journal, vogue désor-mais sur son propre rafiot. Croyez-vous qu’il nous afficherait la moindre marque de reconnaissance ? Que dalle : monsieur fait le joli cœur à la radio, bientôt à la télé, se figure sau-ver le monde en prêtant sa silhouette dégingandée à des « actions huma-nitaires », et avec tout le pognon qu’il ramasse, jamais il n’a envoyé le moindre centime au miséreux sati-rique auquel il doit tout.

Bon c’est vrai, son ascension n’a pas été de tout repos. Survivre succes-sivement à la décontraction factice des radios privées, puis au déca-lage figé des amuseurs placardisés

de Couleur 3, ce n’était pas donné à tout le monde ! Sans parler des innombrables ménages consentis à Lausanne Cités et Média Planet, des concours et laborieuses inepties dif-fusés à La Télé, et de tout le reste qu’on a Dieu merci pris la peine de soigneusement ignorer…

L’enfer absolu ! Mais Jonas n’est manifestement pas du genre à recu-ler face aux ténèbres. Il animera ainsi, dès la semaine prochaine et tous les soirs, un jeu intitulé « C’est ma question » sur RTS Un. Nul doute qu’à ce stade, son passage à Vigousse ne soit même plus de l’his-toire ancienne, mais une sorte d’âge d’or remisé au bahut des rêves brisés. C’est rare, mais des fois l’amnésie a

une explication toute simple.

Allez, Jonas ! Appelle-nous ! Ecris-nous ! Finance-nous ! Tu le dis toi-même : « Je ne

sers à rien, c’est ça qui est génial ! » C’est quand même bien chez nous

que tu as appris à ne servir à rien, non ? Et nous devrions

assister impassiblement à ta jean-marc-richardisa-tion ? Reviens, il nous reste une place de stage !

Sebastian Dieguez

Jonas Schneiter namasté mousse

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« Jusqu’à preuve du contraire, je reste la plus apte à endosser le rôle

d’Anne-Catherine Lyon. »

Anne-Catherine Lyon, candidate au Conseil

d’Etat vaudois.

Elle a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)

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