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ORGANES Nos astuces pour les garder P. 17 SION 2026 A vos marques, prêts, rien ! P. 10 PROTELL L’imbécile armada P. 6 JURA Porcs aux culs noirs harcelés P. 4 JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA Vendredi 27 octobre 2017 // N o 338 // 8 e année CHF 4.– // Abonnement annuel CHF 160.– // www.vigousse.ch

Vendredi 27 octobre 2017 // No 338 // 8e JURA PROTELL ...da’ gacer Joan Studer : « Il est très mili - tant devant les micros, mais quand il sa’ git de chausser des bottes et

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ORGANESNos astuces pour les garder P. 17

SION 2026A vos marques,prêts, rien ! P. 10

PROTELLL’imbécilearmada P. 6

JURAPorcs aux culsnoirs harcelés P. 4

JAA – 1001 Lausanne P.P./Journal – Poste CH SA

Vendredi 27 octobre 2017 // No 338 // 8e année CHF 4.– // Abonnement annuel CHF 160.– // www.vigousse.ch

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Vigousse vendredi 27 octobre 2017 Vigousse vendredi 27 octobre 2017

La redevableSebastian Dieguez

Si vous avez acheté ce numéro de Vigousse, ou pire, si vous êtes abonné à notre journal, c’est parce que, comme nous, vous êtes des gros ringards. Sérieusement, où avez-vous la tête ? En gaspillant ainsi votre pognon, non seulement

vous nous encouragez à continuer nos conneries, mais en plus, vous n’y gagnez strictement rien ! Tandis que si vous faisiez comme désormais 41 % de vos compatriotes qui s’informent quasiment exclusivement sur les réseaux sociaux, d’abord vous ne dépenseriez pas un rond, mais surtout vous pourriez personnaliser vos nouvelles !« Où je veux, ce que je veux, quand je veux, et gratos », c’est la tendance. Effectivement, pourquoi payer encore une redevance et des journaux quand l’information est gratuite ? Et encore, personne ne vous oblige à acheter Vigousse ! Mais cette maudite redevance… Franchement, quand on voit où passe notre pognon ! Un envoyé spécial, deux caméras, et 30 minutes d’antenne pour un Thoune-Soleure qui s’est achevé sur un splendide 0-0, six heures ininterrompues de putain de Formule 1 comme si le dimanche n’était déjà pas le pire jour du monde, des débats stupides animés par des sociopathes incompétents, des magazines culturels qui réussissent l’exploit d’allier la prétention à l’amateurisme, des jeux et des divertissements qui donnent une assez bonne idée de ce que doit être le suicide par suffocation lente, et évidemment une hiérarchie byzantine peuplée d’arrivistes en triple échec scolaire et de sous-fifres opportunistes prêts à toutes les humiliations pour tirer leur misérable épingle du jeu… Votre service public, quoi !Eh bien justement, c’est pour cela qu’il faut le défendre. Taper sur la RTS, déplorer sa nullité intersidérale, désespérer de son nanisme congénital, huer ses pathétiques tentatives de rattraper un coche qu’elle n’a jamais vu passer, c’est à peu près la seule chose qui nous unisse encore.Sans ça, c’est chacun dans sa bulle d’idioties personnalisées, et surtout géolocalisables et monétisables à merci par les crétins encore plus nuls qui prétendent dessiner notre « futur ». Mais on s’en fout de votre futur de larves algorithmiques, nous on veut juste hurler contre Esther Mamarbachi ! Nous lui devons tant que ce n’est pas la redevance que nous devrions l’appeler, c’est la redevable : merci et vive Esther ! Vive la RTS !Et vive Vigousse, toujours sur du papier, et même du mauvais papier !

A F F A I R E S E N C O U R TC ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Q U E L L E S E M A I N E ! 32

LE CHIFFRE

200En francs, ce sera le prix à payer pour qui urinera ou déféquera dans l’espace public lausannois dès le 1er novembre. La liste

des méfaits et des sanctions était connue depuis plus d’une année : un crachat vaut 100 balles, une crotte de chien oubliée

150. Idée curieuse du législateur : se faire accompagner de son animal domestique

dans un cimetière coûtera 70 francs. La Municipalité prévoit « une modeste hausse des recettes ». Une suggestion pour remplir plus conséquemment les caisses de la ville :

mettre discrètement des laxatifs dans la nourriture aux Fêtes de la Cité.

Autogoal et autocritiqueSepp Blatter, retraité non volontaire, prépare un livre de révélations « salées » sur les coulisses de la FIFA. On se demande comment il va réaliser le tour de force d’évoquer les magouilles de l’institution corrompue sans s’incriminer lui-même. C’est un peu comme si Al Capone promettait de « tout dire sur ces ordures du crime organisé » ...

Du même tonneauLa NZZ (24.10) s’est procuré la liste des participations des membres du Conseil fédéral dans des associations. L’un défend un funiculaire à Neuchâtel, l’autre la Confrérie fribourgeoise de la Poire à Botzi. L’UDC Ueli Maurer est quant à lui membre de sociétés d’officiers, des Brigands du Jorat (en tant que ministre des finances, probablement) ainsi que de la Confrérie du Guillon. Sans doute pour avoir, avec le Gripen, bu la coupe jusqu’à la lie.

Incinération expressUne brillante idée pour Lausanne : utiliser le tunnel d’évacuation des déchets Tridel pour faire un nouveau métro ! La proposition très sérieuse envisage un M4 allant de l’EPFL à l’usine d’incinération de la Sallaz. Avantage : on saura enfin quoi faire de tous ces futurs diplômés au chômage…

UDC vauriensDepuis les déboires homériques de Fabienne Despot et Claude-Alain Voiblet, l’UDC Vaud fait plutôt profil bas. Or on apprend dans La Liberté (19.10) que le parti est à feu et à sang depuis au moins le mois de juin : démissions, évictions, humiliations, intimidations, rivalités, haines, incompétence, chantage, favoritisme, suspicion… Et tout ça très soigneusement à l’abri des médias. Quel gâchis !

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Vigousse vendredi 27 octobre 2017 Vigousse vendredi 27 octobre 2017

Joana et Joan Studer possèdent envi-ron 90 porcs basques, ou dit autre-ment, des culs noirs du Pays basque, une race rustique en voie de dispari-tion. Depuis 2011, le couple d’agri-culteurs de Mont-Lucelle, dans le Jura suisse mais sur la frontière française, élève ses cochons au pâtu-rage. Pour empêcher que l’animal ne retourne la terre, Joan Studer avait posé une boucle nasale dans le groin d’un tiers de ses culs noirs.« On repère ceux qui, à 6 mois, ont tendance à labourer les sols », raconte l’agriculteur. Problème : cette pra-tique est interdite en Suisse depuis 2008 alors qu’elle est courante dans l’élevage extensif, comme en Espagne avec le fameux pata negra , « un cochon élevé aux glands, pour préserver les prairies desquelles il retire plus de 70 % de son alimenta-tion », indique Joan Studer.

C’est d’ailleurs pour faire des jam-bons crus de grande qualité qu’il a choisi les porcs basques. Eux qui vivent 18 mois en liberté, consom-mant de l’herbe fraîche, des glands, des faines, des pommes, des poires, des prunes… Ils vivent heureux et sont nourris sans soja ni huile de palme ou additifs chimiques. Ils ne connaissent pas les antibiotiques, si utilisés dans l’industrie porcine.

Chacun de ses porcs dispose d’un terrain de jeu allant de 250 à 1000 m2 alors qu’actuellement, la loi suisse impose un « minimum vital » de 0,65 m2 par bête en bâtiment. Certes, cette norme passera à 0,9 m2 dès 2018, mais il reste de la marge.Au début de l’année, lors d’un contrôle annoncé du Service vété-rinaire jurassien (Scav), on lui reproche les boucles nasales. « Ils

GROIN A MOUDRE Des porcs basques s’éclatent dans les pâturages jurassiens. Mais le règlement c’est le règlement et un agriculteur devra certainement renoncer à son élevage.

Du pur porc saigné par la loi

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S4

365 francs : tel est le nouveau tarif de la redevance radio-TV qui entrera en vigueur en 2019. Du moins, si la redevance radio-TV n’est pas supprimée le 4 mars 2018, date du vote sur l’initiative No Billag.Pour établir ce futur tarif, le gou-vernement a misé sur le bon sens des citoyens. Si tout fonctionne comme prévu, la seule évocation de ce nombre d’or enclenchera chez eux le raisonnement que voici : « 365 francs par année, ça fait 1 franc par jour. Ça veut dire que je paie un petit franc quoti-dien pour avoir une information fiable, locale et de qualité, tout en préservant le poste de dizaines de milliers de gens travaillant de près ou de loin pour la RTS et les médias régionaux : c’est une bonne affaire. Sans compter que les années bissex-tiles, je gagne un jour de diffusion gratuit ! Je vote donc non à l’initia-tive ‹ Oui à la suppression des rede-vances radio et télévision ›. » C’est malin comme tout.

Sauf que dans une société en voie d’ultralibéralisation, où la réclame règne et où la prétendue « gra-tuité » de l’information devient la norme, le consommateur lambda pourrait être enclin à penser :

« 365 francs, c’est plus que zéro : le calcul est vite fait. »Pour Philippe Zahno, président de l’association RRR (Radios régio-nales romandes), il existe un autre calcul qui est vite fait. Si l’initiative l’emporte, ce sont 19 télévisions et radios de Romandie qui mettront la clé sous la porte au lendemain du 4 mars. Outre les six chaînes du service public financées à 75 % par la redevance, soit RTS1, RTS2, La 1ère, Espace 2, Couleur 3 et Option Musique, pas moins de 13 chaînes régionales et locales (entre 25 et 50 % de ressources issues de la redevance) passeraient à la trappe : La Télé, TeleBielingue, Léman Bleu, Canal Alpha et Canal 9 pour les chaînes de télé, et Radio Cha-blais, Radio Cité Genève, Radio Fr (Fribourg), Rhône FM (Valais), RJB (Jura bernois), RTN (Neuchâ-tel), RFJ (Jura) et Canal 3. Seules quelques grosses radios privées comme Lausanne FM, Radio Lac, Rouge FM ou One FM, suffisam-ment fortes économiquement, seraient à même de surnager. Autrement dit, une extinction massive qui reviendrait à couper le son et l’image à des régions entières, qui n’auraient plus accès à l’information nationale que par ce qui restera de la presse écrite en

QUE SAIS-JE ? Quelle valeur accordons-nous à l’information ? Quelle place celle-ci tient-elle dans une démocratie ? Au fond, souhaitons-nous être informés ou divertis ? Autant de questions qu’on ferait bien de se poser. Avant la votation No Billag du 4 mars, par exemple.

Crash info

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n’ont pourtant constaté aucune souf-france animale », se défend Joan Studer. Depuis qu’il ne peut plus poser ses boucles, tous les porcs ont pris l’habitude de labourer. Ses pâturages sont ravagés, avec les pro-

blèmes d’érosion qui y sont liés.« Nous avons demandé des études sur ce sujet à l’Office fédéral de la sécu-rité alimentaire et des affaires vétéri-naires », explique Joan. Après deux mois d’attente, il a reçu des études anglo-saxonnes et danoises, disant qu’il était « sans doute mieux de ne pas porter de boucle ». Les conclu-sions de ces études utilisent systé-matiquement le conditionnel. Une étude britannique indique même qu’elle n’a pas fait d’évaluation de la douleur au moment de la pose de la boucle. Mais, à l’écoute des cris, « on peut supposer » que le mam-mifère souffre. Ce dont se doutait un peu l’agriculteur, lui qui a toujours anesthésié la bête au moment de la pose, comme il le pratique pour les taureaux.Avec la Chambre jurassienne d’agri-culture, Joan Studer a tenté de prendre contact avec Hans-Ulrich (dit Hansuli) Huber, directeur de la Protection suisse des animaux (PSA). Ledit Hansuli a prétendu s’être déjà déplacé sur l’exploitation. Curieusement, personne n’a aperçu

de membres de la PSA ou Monsieur Huber lui-même auprès des culs noirs. Lorsque la Chambre d’agri-culture lui a demandé des explica-tions sur sa visite fantôme, Hansuli n’a plus jamais répondu. Pourtant, il

aime les médias, puisque le 3 octobre dernier il donnait une conférence de presse pour affirmer que la PSA allait « exer-cer à l’avenir une pression

pour l’élevage en plein air et au pâtu-rage ». Une affirmation qui a le don d’agacer Joan Studer : « Il est très mili-tant devant les micros, mais quand il s’agit de chausser des bottes et de trou-ver des solutions, il est aux abonnés absents. On hésite entre hurler de rire et pleurer de désespoir. »

Joan Studer aurait souhaité poser cette question simple à Hansuli : « N’est-il pas envisageable qu’un porc ait un bien-être général supérieur en vivant sur de grands pâturages avec une boucle nasale, plutôt qu’en bâti-ment sans boucle nasale ? » Là aussi, Hansuli tient sa langue.Joan Studer avait fait recours contre la première décision du Scav, mais renonce à faire opposition, craignant un long et coûteux combat juri-dique. « Je n’en fais pas un enjeu per-sonnel. En famille, nous mangerons toujours des cochons sains, jamais du porc de l’agroalimentaire. »On verra quel verrat vivra !

Jean-Luc Wenger

Suisse romande en mars prochain.Heureusement, et c’est l’un des arguments des détracteurs de Bil-lag, les Romands auront toujours Internet et continueront de per-cevoir les chaînes étrangères. Des chaînes étrangères qui traitent bien évidemment de la Suisse, au prorata de la taille du pays et de son importance sur l’échiquier mondial. Tour d’horizon.

Le 20 octobre sur TF1, un sujet était consacré au candidat suisse de Koh Lanta, un certain Fabian. On apprenait que ce dernier, « ambassadeur des Jaunes », « était venu avec une stratégie très claire », faire en sorte que Marguerite accepte de sacrifier un certain Sébastien, « jamais tendre avec la doyenne des Jaunes ». Ça, Darius n’avait pas jugé bon de le dire, par exemple.Sur la très sérieuse chaîne française BFMTV, un reportage de fond daté du 14 octobre intitulé « Affaire El-Khelaïfi : la justice suisse mène l’enquête », nous apprenait que la justice suisse mène l’enquête sur

l’affaire El-Khelaïfi. Oui, c’est à peu près tout.Le 18 octobre sur M6, dans le 12 h 45 français, un sujet de 17 secondes était consacré à un franco-suisse violeur récidiviste soupçonné d’avoir tué une psy-chothérapeute. C’est triste, mais c’est chez nous ! Cocorico.Sur la chaîne nationale belge RTBF, quelle joie d’apprendre que « Gilles le Suisse » (un type avec un drapeau à croix blanche dépas-sant de son sac à dos, à en croire les images) a pris part à la marche Sainte-Rolende, « un rituel reli-gieux empreint de folklore ». Et on termine ce réjouissant tour d’ho-rizon avec un sujet vraisemblable-ment consacré au congé paternité sur la chaîne espagnole Antena 3 : « Suiza rechaza una propuesta ciu-dadana para que los hombres ten-gan baja por paternidad ». Certes, on ne comprend rien mais notre intuition est confirmée : l’actualité suisse par les médias étrangers, c’est possible. Vivement 2018.

Séverine André

Le strip de Vincent

Cochon qui s’en déditEn alertant les médias, Joan Studer espère pouvoir créer un collectif ou une association. Il y a urgence, car si en 2012 on trouvait encore 3800 porcs élevés en plein air en Suisse, ce chiffre chute à 1800 en 2016.

Pour lui, « le système actuel profite aux lobbies : celui des médicaments, celui des vétérinaires et les grands groupes de l’agroalimentaire, bien sûr ». Dans son cas, il demande une dérogation dans l’attente d’une étude sérieuse en Suisse, puisqu’il n’en existe aucune. Il ouvre volontiers son domaine à tout chercheur intéressé. Le Scav se doit d’appliquer la loi, mais les fonctionnaires cantonaux lui ont quand même glissé : « Battez-vous ! »

#BALANCETONPATANEGRA

Vigoups !Un gentil lecteur nous signale que dans notre article « Décrochez les étoiles ! » de Vigousse 336, consacré à toutes ces étoiles antisémites dont le MCG devrait demander l’interdiction, nous avons erronément parlé de la « commune » de Bussigny-sur-Oron. Or il s’agit d’une localité rattachée à la commune d’Oron. Nous présentons donc nos plus plates excuses, tout en nous demandant si une telle maniaquerie du détail n’indique pas un brin d’antisémitisme…

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Vigousse vendredi 27 octobre 2017 Vigousse vendredi 27 octobre 2017

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S6

Fameuse pour avoir enregistré coup sur coup la prestigieuse adhésion puis la piteuse démission d’Ignazio Cassis, la société ProTELL, « pour un droit libéral sur les armes », tient une assemblée générale extraordinaire ce samedi à Berne. Hormis le cou-rant d’air provoqué par la girouette Cassis, elle sort d’une période agitée : en juin, son comité fut victime d’un putsch ourdi par les adeptes d’une ligne dure, viscéralement rétifs au contrôle renforcé des armes. Jugé mollasson, ledit comité fut renversé au cours d’une assemblée en forme de pantalonnade, avec coups de Jarnac et noms d’oiseaux. Meneur de la fronde, l’UDC valaisan Jean-Luc Addor fut bombardé vice-président, la pré-sidence revenant au Saint-Gallois Hans-Peter Wüthrich, ancien briga-dier de l’armée (voir encadré).

Les choses étant ainsi bétonnées (au béton armé, naturellement), ProTELL sort l’artillerie lourde contre le projet de réglementation que le Conseil fédéral vient de mettre en consultation. Découlant d’une direc-tive européenne qui vise à contrarier les terroristes en contrôlant mieux les armes dans l’espace Schengen (donc en Suisse aussi), ce projet a été adapté aux particularités helvètes au prix de longs conciliabules. Ainsi les flin-gues militaires et les fusils de chasse ne sont-ils aucunement concernés. En revanche, l’achat et la détention d’armes semi-automatiques et auto-matiques seraient désormais soumis à autorisation : il faudrait montrer qu’on n’est pas psychopathe, qu’on est collectionneur ou qu’on pratique le tir sportif. Des règles atroces que ProTELL ne saurait tolérer : recen-ser et contrôler les armes de guerre privées sur territoire suisse, comme on le fait déjà pour les vaches ou les vélomoteurs ? Et quoi encore ? Pas question !L’invitation à l’assemblée de samedi ne l’envoie pas dire : « Toute évolu-tion de la loi actuelle sur les armes qui

prendrait prétexte de cette directive européenne pour nous imposer un dur-cissement sera combattue. Nous n’hé-siterons pas à lancer un référendum, même si cela risque d’entraîner une sortie de la Suisse de Schengen. » Na.

Pour ProTELL, le droit de posséder son petit arsenal relève des valeurs sacrées. Car « toucher aux armes, c’est toucher à la liberté de notre pays. » Pire, c’est persécuter « des centaines de milliers de citoyens honnêtes, res-pectueux des lois. » Les dirigeants de ProTELL le serinent d’ailleurs tous azimuts : « Nous sommes d’honnêtes citoyens, nous respectons la loi, et nos casiers judiciaires sont vierges. » Polis, ils omettent de rappeler qu’en août dernier le vice-président Addor a été condamné en justice pour discrimi-nation raciale ; mais passons.Cette noble société se proclame « politiquement neutre ». C’est dire si elle est respectable, modérée, mue par le seul enjeu citoyen. Or quelques clics suffisent à révéler de fortes accointances avec l’UDC et l’Action pour une Suisse indé-pendante et neutre, sans oublier la fachosphère. Sur la page Facebook de ProTELL ou sur des forums, des membres donnent élégamment le ton : l’un défèque en termes fleuris sur l’Europe, un autre crache sur « la traîtresse Sommaruga », un troisième ânonne « Heil Blocher. EU n›ont rien a dire en Suisse. » Untel vomit « les ven-dus de première, traitres à la Patrie, à fusiller sauf Parmelin car il tient pour nos valeurs. » D’honnêtes citoyens, donc.

Certains, par ailleurs friands de sites d’extrême-droite, dévoilent un complot : « Ils veulent nous désarmer, pour que les migrants puissent violer nos femmes et nos enfants en toutes impunités comme chez les boches… » ; « moi je pense que le plan de l Europe est simple on organise l invasion avec les migrants on places des secondos en politique on désarme on ruine les pays on met des lois anti racistes mais on abat les valeurs les religions qui on fait nos pays… et le monde seras Islamisé et nous des esclaves.. Alors Je garde mes armes et j en rachète même. » D’autres

JOUETS GUERRIERS Les amateurs d’armes à feu de la société ProTELL sont des citoyens honnêtes, responsables et respectueux des lois, mais il ne faut pas les chercher.

De tir en pire

sont moins analytiques : « De quoi je me mêle qui s’occupe de leur m…. ces cons », ou « on leur pisse au Q. »

A ces subtils arguments s’ajoutent les rodomontades. Membre dis-tingué de ProTELL, le survivaliste Piero San Giorgio, naguère consul-tant pour l’Etat du Valais grâce à Oskar Freysinger, bat le rappel : « II FAUT adhérer, acheter des armes, créer des lobbys. » D’autres appuient : « Vous manquez d’idée quoi acheter ? Quelques exemples de ce qui risque d’être dans le collimateur de la nou-velle directive : armes d’épaules com-pactes à crosse pliable (APC9, Uzi, VZ61, etc) ». Côté accessoires, ajou-tez des « magasins haute capacité, en gros tout ce qui dépasse 10 coups pour une arme d’épaule ou 20 pour une arme de poing (en plus leur achat est actuellement libre et non enregis-tré :)) » Conseil futé, « n’oubliez pas

non plus les munitions. » Héroïque, la résistance s’organise : « La seule chose a faire est d acheter des armes pendant qu il est encore temps et surtout de la mune avant que le regime Sommaruga et son orchestre nous vendent au rabais a la dictature mondiale avec l appui de ses milliers de guerriers deguises en refugies. » Il s’agit d’exi-ger « la démission de notre gouverne-ment et ce même s›il faut y parvenir par la force. » On sent bien l’amour des valeurs démocratiques suisses. Jurant que jamais ils ne rendront leurs armes, nombre de ces paisibles citoyens menacent : « Qu’ils essaient de venir me les prendre ! » C’est vrai, quoi : être respectueux des lois, ça va un moment.Ce fatras d’imbécillités ne semble pas troubler le comité de ProTELL : on peut avoir la gachette rapide mais être lent à la détente. Laurent Flutsch

Q U O I D E N E U F , D O C ? 7

Prenons une population quel-conque, par exemple la Suisse. On y trouve 100 % d’individus, ce qui est déjà énorme ! Certes, mais si vous êtes comme tout le monde, vous voulez des détails. Combien de sympathisants PLR, combien de gauchers, d’homosexuels, de gros porcs à dénoncer, de djihadistes en puissance, d’infâmes criminels, de lecteurs de Vigousse ? Vous voulez des chiffres et c’est bien compré-hensible. Les chiffres permettent de prendre des décisions éclairées, de briller sur le plateau d’Infrarouge, et donnent à Darius Rochebin l’oppor-tunité de lancer ses sujets avec un joli graphique.

Les chiffres sont d’autant plus utiles que les gens ont une fâcheuse tendance à les inventer. C’est là une trouvaille des sociologues et autres politologues qu’on appelle « démographie subjective » : lors-qu’on demande à un panel de son-dés d’estimer la proportion de telles ou telles minorités et le pourcentage de certains faits sociaux, on obtient de grossières divergences par rap-port aux vrais chiffres. Ainsi, une fameuse étude Ipsos Mori effectuée sur 14 pays (mais pas la Suisse) révé-lait que l’estimation moyenne de la proportion perçue de musulmans était de 16 %, alors que le pourcen-tage réel n’atteint pas les 3 %. Et c’est pareil pour l’insécurité : on surestime largement le taux de criminalité, à tel point qu’on distingue désormais l’insécurité « ressentie » de l’insécu-rité objective.L’explication ? Simple : ces sures-timations sont le reflet de l’igno-rance et des préjugés. On surestime le nombre de musulmans parce qu’on en a peur et que les médias en parlent sans arrêt. De même pour

la criminalité, l’homosexualité, le nombre d’avortements et quantité d’autres variables qui foutent les jetons aux braves citoyens. Ah, si seulement les gens connaissaient les vrais chiffres, ils seraient beau-coup plus tolérants et rationnels ! C’est à peu près en ces termes que nombre d’études en sciences sociales exploitent ces sondages.Sauf qu’il y a un petit problème, essentiellement lié au fait que les sociologues et autres politologues se fichent comme d’une guigne d’une

TRÈS SURESTIMÉ Les sondages indiquent que nous surestimons ce qui nous fait peur. Mais c’est très exagéré.

Toutes proportions gonflées

variable un peu encombrante : le cerveau humain. Or, il se trouve que la manière dont celui-ci estime les proportions et les probabilités est très particulière, et permet lar-gement d’expliquer ces surestima-tions démographiques. Dans une étude dévastatrice, des psycholo-gues des universités de l’Indiana et de Duke viennent de le démontrer. Il se trouve qu’eux ont connaissance de plus de 30 ans de recherches sur la psychologie des estimations, dont l’un des résultats le plus solide tient

en une formule : nous surestimons ce qui est rare et nous sous-estimons ce qui est fréquent. Pourquoi ? Parce que notre cerveau, dans l’incerti-tude, tend à réduire ses observa-tions vers la moyenne. C’est en réa-lité tout simple, quand on y pense : s’il y a objectivement 2 % de musul-mans dans la population, alors on aura beaucoup plus de chances de surestimer cette proportion que de la sous-estimer, puisque la seule manière de la sous-estimer est de répondre 0 % ou 1 %. Et c’est évidem-ment pareil pour n’importe quelle proportion de 2 %.

On peut même modéliser mathé-matiquement ce biais psycholo-gique, et quand on le fait, surprise, on s’aperçoit qu’en réalité les effets de « démographie subjective » sont parfaitement prévisibles. En d’autres termes, ils sont uniquement liés à une tendance naturelle de l’esprit, qui n’a rien à voir avec le racisme, l’islamo-phobie, l’insécurité, l’influence des médias ou ce qu’on voudra dans ce genre.

Mine de rien, ça fait juste à peu près 20 ans d’analyses qui passent ainsi directement à la poubelle. Ce qui devrait, en toute logique, faire l’ef-fet d’une bombe. Mais les bombes, c’est bien connu, c’est précisément le genre de choses qu’on tend à sures-timer… Sebastian Dieguez

« Bias and ignorance in demographic perception », D. Landy et al., Psychonomic Bulletin and Review, à paraître.

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CHIFFRES EN FRICHE

RAFALES VERBALES

Fusil à deux coûtsUn ancien brigadier à la tête de ProTELL, ça en jette. Las, il y a comme une épaufrure à la statue du commandeur Hans-Peter Wüthrich, qui avait défrayé la chronique en 2010 : alors en congé de préretraite, il touchait l’intégralité de son salaire de galonné (200 000 francs par an) tout en travaillant comme consultant privé facturé 1000 francs par jour. Et mandaté par qui ? Par l’armée. Alors dirigé par Ueli Maurer, le Département fédéral de la Défense payait donc Wüthrich deux fois, aux frais du contribuable. Félicitations. Voilà qui donne du sel à un slogan très en vogue chez proTELL : « Sans fusil, un citoyen n’est rien de plus qu’un contribuable. »

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La semaine passée, la communauté financière internationale s’est remé-morée avec humilité et interroga-tions le trentième anniversaire de la chute boursière la plus impor-tante de l’Histoire. Le 19 octobre 1987, le Dow Jones, qui est le plus vieil indice boursier du monde, s’est écrasé de 22,6 %, ce qui n’était jamais arrivé. A titre de comparai-son, le 28 octobre 1929, il n’avait perdu « que » 12,8 %. Aujourd’hui, on se pose encore la question de ce qui a pu créer une telle dégringo-lade. Il semblerait qu’elle soit due en majeure partie à une introduction d’algorithmes imparfaitement pré-parée, ce qui a conduit à des effets domino vers le bas. A cela, il faut ajouter qu’à ce moment, les « titres poubelle » (« junk bonds ») se négo-cient comme des petits pains, que les traders se croient les maîtres de l’univers puisque la bourse n’a cessé de grimper depuis cinq ans de plus de 170 % (3635 points). Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Soudain, patatras, tout s’écroule. Ça dégringole du côté boursier mais pas dans l’économie réelle puisque ce faux pas ne mène pas à une dépression généralisée grâce à l’intervention de la Banque cen-trale américaine, qui injecte des liquidités dans le système. Il est quelquefois plus facile de connaître les causes d’un crash aérien que de savoir exactement ce qui s’est passé en ce jour de krach boursier. On a le sentiment que plus personne ne contrôlait l’usine à gaz financière. C’est ce qui est préoccupant.

Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

En observant les cycles des mou-vements boursiers retranscrits pas le Dow Jones, on remarque que lors de la Grande Dépression de 1929, l’indice a perdu en deux ans et demi 83 % de sa valeur et qu’il a fallu environ 27 ans pour revenir au niveau d’avant la chute. Puis, lors des crises successives, les temps de baisse de l’indice ont été très variables, oscillant entre trois mois et seize ans. L’ampleur des chutes étant de 26 % à 71 % et les temps de récupération de quatre ans à vingt-neuf ans. Comme quoi on ne peut aucunement prédire un quelconque avenir boursier sur la base de ces chiffres historiques.

Il faut juste se souvenir que la bourse n’est pas qu’un casino pour les nantis : nos caisses de retraites y sont investies en partie en actions et on ne voudrait pas que, en plus de la baisse du taux de conversion, le capital lui-même s’évapore. Le danger est imminent puisque le Dow Jones a progressé depuis 2013 de 40 % (6570 points) pour arriver à un sommet jamais atteint de 23 000 points. Aussi, bien que l’on n’ait pas pu expli-quer la chute d’il y a trente ans, on ne peut expliquer l’embellie miro-bolante actuelle.Le système capitaliste est comme une vieille guimbarde qui avance cahin-caha à la poursuite de son chemin sans savoir ni où il va ni comment il fonctionne.

André Draguignan*

*chef d’entreprise connu de la rédaction

Un chiffre qui fait moucheToutes espèces confondues, les trois quarts des insectes volants ont disparu en 25 ans, d’après une étude allemande menée dans des zones pourtant protégées. C’est donc encore pire que pour les vertébrés (58 % de moins en 47 ans). Et l’ennui, c’est que ça ne concerne pas que les moustiques : toutes sortes de pollinisateurs sont décimés, et par ailleurs les oiseaux insectivores battent de l’aile. Les causes de l’hécatombe sont difficiles à déterminer à ce stade, mais l’agriculture et ses poisons chimiques pourraient bien y être pour beaucoup. Sans vouloir chercher la petite bête.

Objet volant identifiéLes panneaux de signalisation suisses sont souvent standards, parfois sur mesure. C’est le choix de la commune de Lutry (VD) qui a décoré les abords de son skatepark avec deux signaux de danger fort explicites. Par chance, il semble qu’il n’y ait à craindre que des chutes de planches à roulettes, mais pas des propriétaires des engins eux-mêmes.

La guerre des crayonsLe Matin du 21 octobre rapporte l’immense polémique suscitée par la publication sur les réseaux sociaux d’une carte réalisée par un linguiste indiquant sous quels termes on désigne un crayon en francophonie. Et à la surprise générale, il y a de fortes variations inexpliquées. Suivant où on habite, on dira plutôt « crayon de papier », « crayon à papier », « crayon papier », « crayon de bois », « crayon gris » ou encore « crayon mine ». Et les internautes se déchirent pour faire admettre que leur façon de dire est logique alors que tous les autres ont tort. On en tirera deux morales : 1) il est possible de trouver des raisons de se taper dessus avec virtuellement n’importe quel sujet ; 2) on dit « crayon de papier » et ceux qui pensent autrement sont tous des cons.

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Vigousse vendredi 27 octobre 2017 Vigousse vendredi 27 octobre 2017

B I E N P R O F O N D D A N S L ’ A C T U

Plus haut, plus loin, moins cherLES BUDGETS SPORT DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : j’explique comment réaliser des JO 2026 en Valais pour une bouchée de pain et sans impact écologique.

Le Conseil fédéral a décidé de sou-tenir les Jeux olympiques en Valais, mais uniquement jusqu’à hauteur d’un milliard de francs. N’en déplaise aux grincheux qui craignent des JO au rabais, il faut combattre le gigan-tisme de ce genre de manifestations, et rien de mieux qu’un petit budget pour y arriver.Comme l’ont si bien montré les Jeux récents, à l’instar de Sotchi ou Rio, les promoteurs et bétonneurs sont les seuls à s’en mettre plein les poches. Pour les Etats, il n’y a que du déficit. Et inutile de parler d’investissements puisque les installations construites à grands frais sont ensuite laissées à l’abandon. Si l’on veut que les JO 2026 en Valais marquent les esprits, il est nécessaire qu’ils soient organisés uni-quement avec ce qui existe déjà. La Suisse regorge de pistes de ski et de patinoires, alors pourquoi construire quoi que ce soit en plus ?

On nous rétorquera que le CIO impose des normes bien précises pour que chaque installation soit

Pitc

h

homologuée. Et puis quoi encore ? Pour faire du ski, il faut une pente, de la neige et des spatules, c’est tout. Et si les rapaces du CIO ne sont pas contents, ils n’ont qu’à aller voir ail-leurs ! C’est la Suisse qui invite, alors elle organise comme elle veut ! Il n’y a que les malpolis de la pire espèce qui se plaignent que la tasse dans laquelle on leur sert le café n’est pas assez jolie quand ils sont en visite chez quelqu’un.Les adeptes du bob objecteront encore qu’il faut une piste glacée spé-ciale pour leur discipline. N’importe quoi ! Les enfants n’ont pas besoin de ça pour s’amuser en bob ou en luge, alors les sportifs ne vont pas faire les difficiles. Ils se croient mieux que des enfants ceux-là, ou quoi ? L’important, c’est de descendre une pente le plus vite possible. On peut concourir n’importe où. Pour simpli-fier, on pourrait utiliser la même piste que pour le ski.Et puis pourquoi est-ce qu’il faut que ce cirque dure deux semaines ? Avec des milliers de personnes à loger et à

nourrir, et des problèmes logistiques et de transport sans fin. Il suffit de prendre tous les athlètes, quel que soit leur sport, de les amener en haut d’une pente, et de donner le signal du départ. Et ensuite ils descendent tous ensemble une bonne fois pour toute et le premier en bas est déclaré grand vainqueur des JO et puis c’est marre.

Certes, quelques disciplines n’im-pliquent pas d’être le premier en bas d’une pente pour gagner, comme le curling, le ski de fond, le biath-lon, le hockey ou le saut à skis. Tout d’abord, c’est un détail. Ensuite personne n’oblige tous ces types à venir pratiquer leur sport en Suisse, et si on décide que chez nous c’est comme ça, ils se plient à nos règles ou ils dégagent. Et je ne pense pas que la compétition serait forcément inégale. Il est fort possible qu’une équipe de curling, si elle se place dans une boule de neige géante pour dévaler la piste, arrive en bas avant un skieur de descente.

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Le 8Le 8ee conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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3Ben, voilà, chef.

C’est fini. Je m’en vais.

Vous êtes qui déjà ?

Mais… Je suis

Didier, chef.

Didier ? Et rappelez-moi ce que vous faites ?

Enfin, je suis votre ministre des

Affaires étrangères.

Ah oui… Et vous voulez quoi ?

Eh bien je m’en vais. Je vous dis au revoir.

On n’est pas à l’école enfantine. Pas besoin de me demander la permission pour aller aux toilettes.

Oui, mais je m’en vais pour de bon.

Pour toujours.

Mmh… Oui… Et alors ?

Je sais que j’ai répété dans la presse qu’il faut servir et

disparaître, mais je m’attendais quand même à ce que vous disiez quelques

mots pour mon départ…

Du genre ?

Ben je sais pas. Une chose

gentille.

Au fait : vous avez pensé à redonner votre badge à la sécurité ?

Et vous avez vidé la poubelle de votre bureau ?

C’est toujours le souk quand il y a une rotation de sous-fifres, et je déteste ça.

Avec une telle mise en place, en deux jours c’est réglé. On tire une fusée du 1er Août de la Migros pour la cérémo-nie d’ouverture, on sert une raclette offerte par l’Office du tourisme valai-san, les athlètes dorment dans un abri PC, ils montent au sommet de la pente à pied, ils font leur course, on donne une bricole au gagnant genre une vieille médaille militaire ou un écu en chocolat (comme ça ce débile pourra croquer dans sa médaille pour une bonne raison), on craque deux ou trois allumettes Bengale pour la clôture, et basta. Budget : zéro franc. On pourrait même demander une contribution financière aux partici-pants, qui ont quand même le privi-lège de voir nos belles montagnes.

Quant aux abrutis qui pensent que les JO servent au prestige, qu’ils réflé-chissent deux secondes : en devenant le premier pays à gagner de l’argent avec les Jeux, la Suisse jouirait d’un prestige inégalé dans le monde entier.

Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

Dans un passionnant article du « Matin Dimanche » intitulé « Ça me fait plaisir quand on me com-plimente sur mon chapeau », vous expliquez que vous êtes devenu le nouvel ambassadeur de Hugo Boss. Tout ce que vous portez, « du cale-çon au jean », vient de chez eux. Pour vous, le sponsoring n’est pas un vilain mot. Vous avez déjà été la mascotte de La Poste, d’Omega ou de Cardinal.A ce sujet, vous partagez cette anecdote fameuse : « Pour Cardinal, ça tombait bien. Ils avaient envie de communiquer sur l’amitié, et j’étais justement en train de com-poser une chanson sur mes potes. » Si vous aviez été en train de bos-ser sur un morceau dénonçant la société de consommation ou abor-dant le problème de l’alcoolisme, c’est vrai ça n’aurait pas fonc-tionné aussi bien.Vous prenez bien garde de ne pas vous compromettre avec un annon-ceur qui ne collerait pas avec vous. « Ce qui compte dans ma musique, dans qui je suis, c’est l’authenticité. » Et on ne peut pas vous donner tort. Vous êtes authentique comme une poire à Botzi AOP ou une longeole IGP. Vous êtes un bon produit, et c’est donc normal que d’autres produits fassent appel à vous, en l’occur-rence ici pour faire découvrir la marque Hugo Boss dans des pays de « l’Europe émergente où les jeunes découvrent l’attrait du haut de gamme ».Au fait, on aurait aimé vous com-plimenter sur votre chapeau, mais la pub, pardon, l’article était illustré avec une photo où vous n’en portez pas. Quel dommage !

Stéphane Babey

A Bastian BakerProduit authentique

LE COURRIER DU CHIEUR

Voyage au bout de l’ennui

ÉCRIVAINS ZINZINS Depuis qu’Amazon propose à tout un chacun de s’autopublier, Internet déborde d’ouvrages délirants qui n’auraient pas pu voir le jour chez un éditeur classique. Cette semaine, penchons-nous sur Olivier Jeanpierre, auteur d’un monumental Ma vie, mon œuvre, et qui a oublié qu’il vaut mieux avoir une existence intéressante avant de la raconter.

En dehors d’un manuel technique et d’une fiction lambda sur les elfes écrit en anglais de cuisine, Olivier Jeanpierre est surtout l’au-teur d’un monument : Ma vie, mon œuvre : le cheminement vers ma carrière professionnelle. Jeanpierre a juste oublié deux ou trois petites choses : mieux vaut éviter d’écrire soi-même ce genre d’ouvrage car ça sonne un peu pompeux ; il est préférable d’avoir créé une œuvre avant d’en parler ; et enfin, si l’on veut raconter son existence, il est prudent de se demander avant si elle présente un quelconque intérêt.Olivier Jeanpierre raconte dans le détail sa courte vie (il a dans la trentaine) avec un instinct surna-turel pour débusquer tout ce qui est incroyablement ennuyeux. De son enfance, on retiendra ceci : « J’adorais les constructions et je faisais quelques réalisations en LEGO remarquables. » Plus tard : « Lors de mon entrée au collège, j’ai pu choisir de rester dans al* même ville que mes parents, ce qui me per-mettait d’avoir de l’autonomie dans le fait que je pouvais aller à pied au collège et revenir à pied du collège. »

Cette maniaquerie du détail nul est sa marque de fabrique. Mais il est vrai qu’il aurait pu aller au collège à pied et en revenir en train, en jet-ski ou en fusée, donc la précision n’est pas inutile. C’est ensuite le lycée : « Je suis allé arrivé en classe de première économique et sociale sans trop de difficulté, n’ayant que des difficultés notoires qu’en mathématiques. » Niveau français, en revanche, ça baigne.Les épreuves du bac sont une aventure. « Je me suis donc retrouvé à aller lire un livre en philosophie histoire de pouvoir en discuter à l’oral devant les examinateurs. Allez hop, en avant la lecture, la prépara-tion à l’aide de guides de lecture… » Notre héros va-t-il parvenir à lire un livre ? Quel suspense ! « Mon exposé en philosophie a été assez bien entendu car j’ai su mettre l’ac-

cent sur l’apport de la phi-losophie dans le monde actuel et sur moi même également. Pensez donc, j’ai pu remonter ma note à 11 / 20 à ce moment là. »

Après son bac, Olivier Jeanpierre entame un marathon de formations complémentaires très diverses, tout en enchaî-nant les stages professionnels. Et ce qu’il découvre dans le monde du travail est incroyable : « Pendant toute la période où j’étais dans l’en-treprise, j’avais mon propre bureau, mes propres clés et également ma ligne téléphonique ce qui me per-mettait d’être autonome dans mes tâches. » Tout n’est pourtant pas idyllique : il doit faire face au fait que « le personnel ne voulait pas [qu’il utilise] la photocopieuse ». Les salauds !Mais c’est en découvrant la certifi-cation qualité que l’auteur atteint son plein potentiel de Mozart du chiant : « J’ai fait évoluer ce nouveau manuel selon la norme ISO 9001 V2000 et implémenté l’ensemble des nouvelles procédures obligatoires inexistantes à l’époque. » Ou encore : « J’ai choisi de me calquer sur la norme ISO 9004 qui me paraissait plus complète. J’ai également choisi de travailler l’ensemble de mes nou-velles procédures d’une manière plus graphique que celles qui étaient pré-sentes jusqu’alors. » Et : « J’ai choisi comme thème d’étudier l’impact que pouvait avoir la certification dans un établissement de soins de suite au travers des différentes montures de la certification HAS. » Délectable.Il se lance parallèlement dans le secourisme bénévole, ce qui lui vaut des péripéties trépidantes : « J’ai pu participer à une émission d’Intervilles sur le Pas de Calais, au tournage des Misérables sur Mon-treuil du Mer, et à la Stella Riders Cup. Pendant plusieurs années de suite, j’ai également participé à la rencontre internationale de cerfs –volants de Berck sur Mer. »

Le parcours chaotique de Jeanpierre l’oblige à voyager beaucoup. Heureusement, il est bien organisé : « Je me suis concentré sur ce que je devais faire avant mon départ pour Bordeaux. Je devais en effet savoir ce que je pouvais avoir besoin pendant toute l’année où j’allais être à

Bordeaux. »L’horizon morne de Jeanpierre ne s’arrête pas au travail, il sait aussi rendre ternes les sentiments, comme en témoigne sa rencontre avec Aurélie : « Nous avons passé une semaine formidable tous les 2, à se découvrir tant aussi bien mentalement que physiquement. » Le mariage est inévitable : « Nous devions préparer le reste des prépa-ratifs du mariage (…) Nous devions voir pour les décorations, les repas, les vêtements (…). Nous avions même profité du temps que j’étais chez mes parents pour regarder quelques décorations qui pourraient être sympas. » Les invités arrivent un jour avant : « Pour passer la soi-rée, nous nous sommes tous réunis pour passer une petite soirée sym-pathique tous ensemble. »

Et enfin, c’est le grand jour : « Le matin du mariage, il nous restait pas mal de petites choses à prépa-rer : se vêtir, se doucher… » Et là, alors qu’on n’y croyait plus, il se passe un truc : « Certaines histoires sont venues entacher cette journée qui devait être parfaite car en géné-ral nous n’avons qu’une fois de faire un mariage réussi. » Mais qu’est-il donc arrivé ? Nous ne le saurons pas. Jeanpierre avait sans doute peur de raconter une anecdote intéressante.Grâce à cette abnégation envers l’insignifiant, Ma vie, mon œuvre demeure un témoignage essentiel sur rien. Stéphane Babey

* toutes les fautes en citation sont de Jeanpierre

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Vigousse vendredi 27 octobre 2017 Vigousse vendredi 27 octobre 2017

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Fondation Jan Michalski pour l'écriture et la littératureMa-ve 14 h-18 h, sa-di 9 h-18 h1147 Montricher

Blaise Cendrars et Sonia Delaunay

La Prose

du Trans

sibérienDU 26 OCTOBRE

AU 30 DÉCEMBRE 2017

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C U L T U R EC U L T U R E

BROUILLON DE CULTUREDes védés

Bûches et embûches

Pour ceux qui n’ont peur de rien. Sortis des tranchées, ils tirent la tronche. Surtout Edouard Péricourt, dessinateur miné par sa gueule cas-sée. Quand à Albert Maillard, comp-table, il a en tête une solution qui pourrait leur permettre de faire leur trou dans cette drôle d’après-guerre. Nous sommes en novembre 1919 et les deux rescapés vont monter une arnaque aux monuments aux morts. Un plan en béton. Ou presque. Si Au revoir là-haut était une équipe de foot, ce serait l’Ajax Amsterdam du début des années 70. Ça, c’est du cinéma total ! Spectaculaire, caustique, pica-resque, drôle, romantique, politique et plus souvent qu’à son tour d’une rare émotion, l’adaptation par ce diable d’Albert Dupontel du roman de Pierre Lemaitre (prix Goncourt 2013) est d’une réjouissante liberté, d’une folie enthousiasmante. Avec Dupontel, Lemaitre est bien servi !

Pour ceux qui savent que rien n’est écrit à l’avance. La Ciotat, ville qui a perdu la bataille navale, symbole du naufrage du rêve ouvrier. Auteure de polars, Olivia est là pour animer un atelier d’écriture, suivi par une petite dizaine de jeunes en insertion. Parmi eux, Antoine apparaît vite comme un cas à part, à la fois fascinant et

inquiétant. Solitaire, provocateur, violent, extrême, n’est-il pas simple-ment perdu ? Naviguant entre thril-ler et film social, entre calme et tem-pête, Laurent Cantet (Entre les murs) prend une nouvelle fois comme sujet la jeunesse et signe avec L’Atelier une chronique subtile où la douleur s’écrit dans la marge.

Pour ceux qui pensent avoir raison. Tiens, voilà du Odin ! Et Thor d’en-foncer le clou. Flanqué de Hulk, le super-héros au marteau en voit des vertes et des pas mûres avant de contrecarrer les plans d’Hela, déesse

À VOUS DE VOIR Dupontel s’en paie une bonne tranchée (Au revoir là-haut), Cantet jette l’encre à La Ciotat (L’Atelier) et le super-héros nous rend marteau (Thor : Ragnarok).

des morts, dans le troisième film de la saga Thor. S’il y a un Dieu là- dedans, ce n’est pas le réalisateur et l’ennui, lui, est bien mortel…

Bertrand Lesarmes

Au revoir là-haut d’Albert Dupontel (1 h 57) ; L’Atelier de Laurent Cantet (1 h 53) ; Thor : Ragnarok de Taika Waititi (2 h 10). Tous en salles.

Des films

Entre les lignes ennemies

Des bouquins

Le capitalisme, mode d’emploi

12 13

- 4 au 12 novembre 17 -www.chocolatissimo.ch

www.chocolatissim

o.ch

ville

de neuchâtel

photographie : Benoît Jeannet

Il est assez rare qu’un film listé dans le top 100 des meilleures toiles jamais tournées ne soit de facto jamais sorti par chez nous. C’est le cas ici. Retraçant le déroulement du procès de Rouen de la fameuse pucelle, en 1431, le cinéaste danois Carl Dreyer suit en particulier les visages de personnages pris malgré eux dans un engrenage que l’Histoire retiendra comme l’une des plus grandes erreurs judiciaires jamais commises ou comme l’acte fondateur d’une nation (c’est selon).Entre basses manœuvres politiques, mysticisme et fanatisme religieux, votre cœur pourra balancer, mais il n’empêche que ces gens qui accusent et celle qui se défend dégagent un magnétisme d’une puissance indéniable. La différence entre bon film et chef-d’œuvre absolu se fait néanmoins ici par le biais de l’actrice principale : Renée Falconetti joue grosso modo dans un seul film (celui-ci), puis se retire du monde. Elle est inoubliable et tout était dit. Incontournable ! Michael Frei, Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne

La Passion de Jeanne d’Arc, Carl Theodor Dreyer, 1928, Gaumont, Muet, DVD et Blu-Ray, 93 min.

Le capitalisme à portée de main est une savoureuse supercherie et un bel objet. Censément réalisé par le mys-térieux think tank états-unien The Stealth Group (le groupe furtif), il est en fait l’œuvre du Belge William Henne, crédité comme simple tra-ducteur. Le livre se présente comme un guide de conseils pour devenir un parfait capitaliste. Chaque double page comprend du texte à gauche et une illustration à droite. Le dispo-sitif ne fait pas illusion longtemps :

le cynisme des texte et l’aspect cri-tique des images, proches du dessin de presse, en font un ouvrage dénon-çant les aberrations du système capi-taliste. Le livre est particulièrement

impressionnant du point de vue gra-phique, car l’auteur fantôme multi-plie les styles et les techniques avec brio. Du côté du texte, en revanche, on regrette un ton qui n’est pas constant, oscillant entre le premier et le deuxième degré, le libéralisme décomplexé et le militantisme. Il n’en reste pas moins que le sys-tème économique et financier actuel résumé et décortiqué par Henne fait froid dans le dos. Mais on se plaît à rêver de ce qu’auraient pu faire d’un tel sujet de grands maîtres de l’ab-surde comme Roger Price ou Robert Benchley. Stéphane Babey

Le capitalisme à portée de main, The Stealth Group, coédition La 5e Couche / Hélice Hélas, 208 pages.

TRAIN-TRAIN Blaise Cendrars et Sonia Delaunay : La prose du Transsibérien. L’exposition rend hommage à un livre d’artistes « fondateur de la modernité du XXe siècle » qui réunit, en 1913, une pionnière de l’abstraction et un poète alors méconnu. Cette « révolution plastique et graphique » est à découvrir à la Fondation Michalski, à Montricher. Jusqu’au 30 décembre, www.fondation-janmichalski.com

DE BONNE GUERRE Nazali Kinshasa – Je suis Kinshasa est une œuvre de théâtre documentaire célébrant la fraternité des habitants de cette ville de République Démocratique du Congo (Kinshasa, donc). Vivre dans un pays en guerre et en parler avec lucidité, ironie et humour, c’est « crier sur les toits qu’il existe un futur ». Le 2 novembre au théâtre de l’Echandole à Yverdon-les-Bains, www.echandole.ch

PARISIEN MAIS PRESQUE Saxophoniste et compositeur, Emile Parisien joue en quartet ce vendredi 27 octobre au Petit Paris à La Chaux-de-Fonds. Le caveau résonnera d’improvisations jazz sur fond de musique contemporaine. www.mursduson.ch et www.emileparisien.com

PAS SORCIER Quand l’Ensemble symphonique de Neuchâtel descend à la Case à Chocs c’est pour rencontrer les musiques électroniques et fêter halloween. Vendredi 27 octobre, le collectif Supermafia sublimera les musiciens classiques avec du VJing. www.esn-ne.ch et www.case-a-chocs.ch

BOUGEOTTE L’Atelier 20 à Vevey met en vedette un artiste qui le mérite bien : Georges Schwizgebel. Figure internationale du dessin animé, il s’est récemment mis en tête de donner vie au tableau de Paolo Uccello, La bataille de San Romano. Cette œuvre du XVe siècle, qui a obsédé Schwizgebel une bonne partie de sa vie, est à découvrir en version animée à partir du 29 octobre, www.atelier20.info

TREATLEMANIA Quatre musiciens, les Treatles, plus forts que les Beatles, présentent leur œuvre restée méconnue, sûrement parce que son titre est beaucoup trop long : Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Pascal Rinaldi, Laurent Poget, Luigi Gallati et Yves Z sont au Kremlin de Monthey samedi 28 octobre, www.lekremlin.ch

Un album

Rire tout haut2008-2017, faites le compte, ça fait bien 10 ans. De « rires près des étoiles » comme disent les Champérolains et comme nous les décline, sur quelque 160 pages, Olivier Burgener. C’est vrai qu’il s’en est passé des choses – et des pas tristes – cette dernière décennie sur les hauteurs de la station valaisanne. Et que cela valait bien un ouvrage, qui tient à la fois de la revue d’effec-tifs et de l’album de famille.Souvenirs, souvenirs… Vigousse

Maxi-Rires festival de Champéry, Olivier Burgener, Ed. Favre, 160 pages.

MAXI-RIRES FESTIVAL DE CHAMPÉRY

RIRE PRÈS DES ÉTOILES

OLIVIER BURGENER

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Sebastian DieguezMAGLE CAHIER DES SPORTS

R E B U T S D E P R E S S E14

Les archives secrètes révèlent que Kennedy était musulman.

LE FAIT ALTERNATIF

DE LA SEMAINE

RGANES : Le cerveau d’Yves Nidegger ne servira plus à rien à sa mort – SANCTION : Les concepteurs du jeu FIFA 18 ont décidé d’effacer Christian Consta

VOIX OFF

« Moi, tout ce que je voulais, c’était

un dialogue serein avec ces connards

de fachos. »

TEST

Vous êtes Roger Federer. Pouvez-vous gagner ?Tout le monde rêverait d’être Roger Federer. Grâce à ce jeu, c’est possible ! Vous êtes en effet Roger Federer et devez jouer un match de tennis, votre spécialité sportive. Vos choix détermineront l’issue de la rencontre. Allez-vous perdre, ou gagner ?

1. La balle arrive droit devant : que faites-vous ?a. Je l’envoie très fort dans un coin tout au fond, hors de portée de mon adversaire.b. Je tente de croiser, mais malheureusement la balle va dehors.c. Je demande l’avis du public.

2. Vous devez servir : comment vous y prenez-vous ?a. Je me concentre, je lance la balle en l’air, et je frappe sec : ace !b. Je rate complètement mon coup, à deux reprises en plus. Pfff, quelle guigne…c. Je repense à ce film dans l’avion : quel était son titre, déjà ?

3. Attention, l’adversaire va frapper très loin de vous ! Vite, une idée !a. Je cours à toute vitesse et parviens in extremis à renvoyer la balle. Ouf !b. Non c’est trop loin franchement, je renonce à y aller.c. Transformers 4 ! Ou 5 ? Bah, c’était vraiment nul de toute façon.

4. Mince alors, votre adversaire vous a lobé !a. Bon allez, rien à foutre, j’envoie un passing de malade entre les jambes : standing ovation !b. Ah le salaud ! Il m’a bien eu, franchement, rien à faire sur ce coup-là.c. Je me demande qui fabrique ces filets, en fait. Personne d’autre ne se pose la question ?

5. Balle de match ! Alors ?a. C’est bon, j’ai le mental. Je parviens à faire rebondir la balle de sorte à marquer le point. Victoire !b. Une crampe, maintenant ? Sérieusement ?c. Combien de ramasseurs de balles j’ai vu dans ma carrière ? Plein, je parie !

SolutionVous avez coché une majorité de a : wow, félicitations ! Vous avez fait des choix dignes de Roger Federer ! Vous êtes Roger Federer !Vous avez coché une majorité de b : pas de chance, vous n’étiez pas vraiment Roger Federer aujourd’hui, ou alors Roger Federer dans un mauvais jour.Vous avez coché une majorité de c : mais où aviez-vous la tête ? Non, décidément, vous n’êtes pas Roger Federer du tout . Retour à l’entraînement !

ÉMOTION

Un héros moderne : ce prêtre se tient spontanément éloigné des petits enfants « au cas où » !

Personne ne lui a rien demandé, et pourtant l’abbé Fenoul Delêtre, du diocèse de la Sainte-Vacuité d’Orient, a décidé de son plein gré d’éviter autant que possible la proximité avec des petits enfants. « C’est surtout pour donner un message positif à mes paroissiens et au-delà : non, nous ne sommes pas tous attirés sexuellement par les petits enfants innocents et mignons ! » C’est d’autant plus remarquable que l’homme de Dieu n’a personnellement rien à se reprocher sur le plan légal et même moral. « Je connais bien l’abbé Delêtre » explique ce proche et ancien enfant de chœur, « et je peux affirmer qu’il n’a jamais abusé de moi, ni même tenté de le faire ». Chapeau !

PAR TÉLEX

Progrès Erdogan ouvre une école de journalisme pour « attirer les nouveaux talents ».

Drame Il met son beau manteau sur une flaque d’eau, mais elle décide de passer à côté à cause du féminisme.

Party ! Maître Bonnant et Bernard Nicod reportent leur prochain « bunga-bunga » d’une semaine, « en attendant que tout ça se tasse un peu ».

Innovation Une intelligence artificielle a battu Maurice 48 fois de suite au Tactilo.

SOCIÉTÉ

Une victoire pour l’égalité : cet homme blanc a obtenu le droit d’être un plat à tajine« C’est un signe très fort envoyé à notre société oppressive et discriminante ! » Ernesto del Foira savoure sa victoire : il vient d’obtenir gain de cause dans le conflit qui l’opposait à la justice depuis des années et sera désormais légalement considéré comme un plat à tajine. « D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été un plat à tajine à l’intérieur, même si mon apparence extérieure est celle d’un être humain mâle de couleur blanche. » Mais les oppositions restent encore vives sur ce sujet de société. « Un plat à tajine… On aura vraiment tout vu », se lamente ainsi cet élu de droite.

Retard à l’allumageLa Torche 2.0 se veut « un nouveau média satirique numérique sous forme d’application smartphone. Dès qu’un journaliste ou un dessinateur a terminé son travail, il l’envoie instantanément aux abonnés ». Lancée cette semaine, La Torche peine pourtant à s’enflammer : les applications Apple et Android ne fonctionnant pas, l’équipe jurassienne propose de se rabattre sur le site internet www.latorche.ch.

Pour les étrangers au canton du Jura, voire pour les moins de quarante ans, rappelons que ce média révolutionnaire se réfère à la chronique « La Torche d’Apollodore » de Jacques Houriet dans le Quotidien Jurassien. Une chronique qui a cessé de paraître en l’an 2000 : elle gênait visiblement le landernau politique et économique. 17 ans plus tard, il est temps de remettre de l’huile sur le feu. Si les journalistes avancent masqués, les dessinateurs Pigr et Pitch, bien connus du média satirique traditionnel Vigousse, y contribuent avec talent, zèle et application. Même sans application. J.-L. W.

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L’air finJean-Paul Humair est médecin adjoint aux HUG et Directeur de CIPRET-Genève/Carrefour addiction. Interrogé par Le Matin Dimanche (22.10) à propos de l’interdiction de fumer sur les terrasses et sur les aires de jeux (entre autres), il relève qu’en Suisse « trois personnes sur quatre ne fument pas. Il est légitime que les non-fumeurs puissent avoir du plaisir à boire un café sans être incommodés. » Et de le dire ouvertement : « Si on fume à côté de moi sur une terrasse, ça me gêne. Je change de table, je proteste ou je m’en vais ». Humair, ça ne s’écrirait pas plutôt en deux mots ? R. J.

Non-assistance au suicideL’agence télégraphique suisse (ATS) se doit d’écarter toute ambiguïté dans sa diffusion de l’information. Ainsi, dans l’une des dépêches mises en ligne le 23 octobre, on apprenait que le corps d’une femme âgée avait été découvert dans un molok à Nendaz, ledit corps soigneusement emballé dans un sac poubelle (réglementaire, le sac ?). Reprenant les affirmations du Ministère public, l’ATS croyait utile de préciser : il s’agit d’un homicide. En toute hypothèse il pourrait même, si ça se trouve, être imputé à une tierce personne. J.-L. W.

HARCELERProducteurs, acteurs, hommes politiques, PDG ou chefaillons : si on en croit la déferlante de ce qu’il est désormais convenu de nommer « l’affaire Weinstein », tous les hommes sont soupçonnables de profiter de leur pouvoir pour harceler les femmes. « Des porcs ! » qu’elles disent, sans le moindre égard à l’endroit de ces adorables mammifères qui n’y peuvent mais. Et dont, révèlent les études les plus sérieuses, le pouvoir d’empathie dépasse de beaucoup celui de la majorité des humains. Allez comprendre…

Le fait est pourtant que si la liste des présumés adeptes des discours graveleux et autres coupables d’attouchements, voire de viols, s’allonge chaque jour davantage, aucun sportif de renom n’y figure. Cela peut surprendre et c’est sans doute que Tiger Woods n’a toujours pas rechuté, que Mike Tyson se tient à carreau et que nombre de rugbymen ont renoncé à organiser des « tournantes » en lieu et place de leurs traditionnelles troisièmes mi-temps.

Avouez, Mesdames, qu’en ce qui concerne ces redoutables prédateurs, vous voici soulagées. Vous le serez d’autant plus qu’à ceux-ci viendront s’ajouter tous ceux qui, bien que souvent montés sur la plus haute marche du podium, doivent se satisfaire de vous contempler non pas de loin, mais d’en bas. On pense là tout particulièrement aux pilotes de F1, à leurs homologues motards et aux jockeys. Attention, ce n’est pas dire que ces rase-mottes et autres homoncules soient insensibles à l’ensemble de vos charmes, ou qu’encore ils s’interdisent de vous rêver leurs. C’est juste, Mesdames, qu’ils se savent parfaitement incapables de se hisser ne serait-ce qu’à la hauteur de vos chevilles.

La nature est parfois bien cruelle.

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Page 9: Vendredi 27 octobre 2017 // No 338 // 8e JURA PROTELL ...da’ gacer Joan Studer : « Il est très mili - tant devant les micros, mais quand il sa’ git de chausser des bottes et

Vigousse vendredi 27 octobre 2017

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« Le congé paternité ? On n’aurait jamais

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C. Darbellay, père et conseiller d’Etat

Il a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)

Il y a trop d’humoristes ! Franchement, on commence à s’y perdre, surtout qu’ils se ressemblent tous et font exactement les mêmes blagues. C’est déjà pénible dans nos contrées mais en France, c’est devenu l’enfer ! Internet, radio, scène, télévision, journaux : ils sont partout, c’est la déconne industrielle et permanente, la poilade imposée, l’hilarité de rigueur, le taylorisme de la gaudriole, la vanne à flux tendu ! Pas étonnant, dans ces conditions, que ce qui devait arriver finisse par arriver…

C’est sur Tomer Sisley que c’est tombé. Vous connaissez ? Mouais, méfiez-vous quand même hein, on le confond parfois vaguement avec Titoff, Kev Adams ou n’importe lequel de ces bruns ébouriffés à l’œil pétillant de malice qui fait aussi l’acteur au cinéma. Lui c’est Largo Winch, qu’on confond également parfois avec Ric Hochet ou Michel Vaillant, enfin, un

de ces trucs nuls dessinés exactement pareil, adapté en film naze, qu’on risque aussi de mélanger avec une quantité invraisemblable d’autres mauvais films d’action français.Bref, que lui est-il arrivé, à ce malheureux Tomer Sisley ? Un internaute malicieux a publié une vidéo qui démontre que le malotru s’est copieusement servi en punchlines chez des comédiens états-uniens. Comme Tomer est polyglotte, contrairement à la quasi-totalité de ses compatriotes français, il s’est sans doute figuré que personne ne remarquerait l’arnaque. Du coup il s’est vraiment lâché, le Tomer. Non seulement il recopie les gags à la virgule près, mais il en pique également toute la gestuelle. Pas bien !

Ben oui, mais il y a désormais plus d’humoristes que de gags possibles, alors évidemment, ça devait arriver.

Quand Jean-Marie Bigard faisait le sketch du scrabble, que Coluche imitait les Noirs, que Pierre Palmade nous délectait de sa chauve-souris et que Michel Leeb mettait sa salopette et son nez rouge, c’était le bon temps ! Tous les gags n’avaient pas encore été faits ! Et Thierry Le Luron n’avait même pas besoin d’en faire, c’est dire ! Aujourd’hui, c’est moins simple. A la rigueur, il faudrait presque féliciter Tomer Sisley pour sa trouvaille : recycler et traduire les vannes des autres, c’est un concept très prometteur ! Jusqu’ici, en effet, nos amuseurs professionnels ne faisaient que réchauffer leurs propres blagues, mais ce procédé est stupidement limité !La preuve : il y a vraiment bien longtemps qu’un humoriste ne nous avait pas fait autant rire.

Sebastian Dieguez

Tomer à poil sur YoutubeGAG PLAGIAT Aïe ! Pris la main dans le sac de gags d’autres humoristes ! Pour la profession, Tomer Sisley a commis l’irréparable : se foutre de la gueule des comiques.

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