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Les secondes 1 du lycée N.D.des missions à Charenton

VENISEen textes et en images

MAQUETTE VENISE 01/06/2007 8:38 Page couv1

« On ne nous avait certainement pas assez vantéla beauté du ciel et les délices des nuits de Venise.La lagune est si calme dans les beaux soirsque les étoiles n’y tremblent pas. »

George Sand, Lettres d’un voyageur

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MAQUETTE VENISE 01/06/2007 8:38 Page 1

• Philippe Vella, directeur de Notre Dame des Missions,qui nous a accordé toute sa confiance pour mener à bien ce projet.

• Patrice Favaro, écrivain voyageur, qui nous a fait bénéficierde son expérience de l’écriture et de sa connaissance de Venise.

• La société Avenance, pour son partenariat financier.

• L’espace Art et liberté de Charenton-le-Pontqui accueillera l’exposition en septembre 2007.

• Le conseil régional Île de France, pour la subvention permettant la réalisationde ce livre dans le cadre du « Projet lycée-innovation éducative ».

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Remerciements à ceux qui ont permis la réalisation de ce livre :


VENISEen textes et en images

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Les lycéens de 2nd 1N.D.M. CHARENTON


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Le projet

Venise, ville mythique, parcourue depuis des siècles par les artistes, les écrivains et les touristes…Comment s’approprier Venise quand on a l’impression que tout et son contraire ont déjà été dits? S’immerger dans la ville par la lecturedes textes et des chefs-d’œuvre artistiques, mais aussi partir se perdre dans les dédales des canaux avec crayon, papier et appareil photoen poche.

Ouvrir tous ses sens pour saisir l’insaisissable : la lumière, les couleurs, les bruits, les odeurs, donner à chacun la possibilité de construireson regard sur la ville « en textes et en images » et de le communiquer aux autres.Cette expérience plastique et littéraire a sollicité les ressources créatives de chacun et a permis de comprendre de l’intérieur que lephotographe et l’écrivain nous transmettent leur vision du monde par un travail rigoureux et exigeant. Cette aventure a donné aux lycéensde 2nde 1 la possibilité de devenir le temps d’un livre des écrivains voyageurs. C’est en duo qu’ils nous font partager « leur Venise ».

Carole Ménard, professeur de lettres

Martine Ménard-Rozé, professeur d’arts plastiques.

René Werneer,professeur de musique.

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Souvenirs

Ce matin, le ciel était couvert après une longue nuit pluvieuse. Les nuages commençaient à laisser place aux premiers rayons de lumière,éclairant la lagune et se reflétant sur l’eau grisâtre. Il y avait toujours une brise malgré la diminution du vent et quelques vagues battaientles quais de la rive. L’humidité sur les bâtiments était présente. L’eau s’écoulait des rues vers les canaux.Un volet claqua, un homme âgé ouvrit ses fenêtres et s’installa sur sa terrasse pour prendre une tasse de café. Ensuite il sortit de chez lui etse dirigea vers la station du vaporetto. De crainte d’une nouvelle averse, Les gondeliers avaient préféré s’abriter dans le Grand Canal. Letemps s’étant amélioré l’après-midi, ils reprirent leur activité habituelle : transporter les touristes. L’eau des canaux était calme, comparéeà celle de la lagune. Le ciel était azur et la lumière éblouissante : la couleur dominante était le bleu mis en valeur par la forte luminosité.Le marché attirait les Vénitiens qui se bousculaient. Les conversations des marchands et les odeurs des oranges et des citrons se propagè-rent sur le Grand Canal. Les couleurs vives des fruits et des légumes étaient tempérées par les derniers rayons du soleil de cette journée.Les gondoles avaient été recouvertes de leurs bâches bleues, en prévision d’une nouvelle averse qui viendrait assombrir le ciel.

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Venise, musée vivant

Dix heures du matin, je descends du vaporetto et commence à déambuler dans les rues de Venise. Je ne sais où regarder tellement toutresplendit. Je m’arrête, je suis perdu. Il faut que je trouve mon hôtel. Je sors mon plan et essaie de me repérer… Le silence me surprendet envahit la ruelle. Personne. Pas de bruit d’automobile ni de travaux, rien… Le silence est maître des lieux. Je m’apprête à repartir lorsquej’entends un bruit : c’est ma valise, le vacarme de ses roulettes fait plus de bruit que la ville toute entière, j’ai honte. Je regarde autour de moiet mes yeux tombent sur un superbe palais. Une douce musique sort de l’une des fenêtres ouvertes. Sa mélodie m’attire et me transporte,comme dans un rêve, à l’intérieur de la demeure. Je m’imagine dans un long couloir lugubre. La musique me guide vers la porte, au fonddu corridor. Elle s’ouvre et un éclatant halo de lumière m’englobe tout entier. J’aperçois l’intérieur de la pièce : c’est un véritable musée.Au mur, je reconnais des tableaux du Titien et du Tintoret, mais aussi d’autres peintres qui me sont inconnus. De vraies merveilles! Leplafond doré me stupéfait, digne de San Rocco. Au sol, un carrelage de marbre rose et blanc typique des églises vénitiennes. Près de lafenêtre, une femme joue du piano, un piano à queue, ancien et majestueux. Je ne pense plus à rien, j’admire… Soudain la femme se lèveet se retourne... La musique s’est arrêtée, je reviens à la réalité et reprends ma route. Mon voyage ne fait que commencer...

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Campo San Boldo

Assis sur le pont San Boldo, j’écris ces quelques phrases en regardant l’onde et les reflets de l’eau. Le soleil me tape dans le dos,c’est plutôt agréable, j’ai l’impression d’être parti dans une contrée lointaine. Je lève les yeux : du bleu a perte de vue. Un vieil hommebarbu fume à son balcon, du linge blanc pend à sa fenêtre. Une légère brise souffle faisant onduler les draps. Les reflets et la lumièredonnent l’impression qu’une deuxième ville vit sous l’eau : celle sur laquelle le temps n’a aucune emprise, calme reposante et rassurante,la Venise que j’imaginais. En revanche à la surface, la sérénissime est bruyante, oppressante, presque effrayante : les Vénitiens qui mebousculent me font tourner la tête. Au loin, la classe s’active, écrit, dessine, tous sont occupés. Deux chiens qui aboient me ramènentà la réalité. J’entends des chants derrière les murs qui m’entourent. L’homme retire le linge de son balcon. Ses yeux croisent alors lesmiens, juste quelques secondes, et un lien se crée entre nous. Voyant la classe s’éloigner, je détourne le regard. Une cloche sonne…

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La douce évasion

Mon œil, plongé dans cette ville, est bercé par la beauté de ces nombreuses ruelles. Ma pensée se perd dans son charme et mon corpsvagabonde avec l'envie de découvrir d'autres lieux mystérieux. Soudain, un canal retient mon attention, sombre il m'attire. Le lieu estvide et silencieux, mélangeant la nuit et le jour pour m'offrir un spectacle dont je suis le seul bénéficiaire. Après quelques minutes decontemplation je me décide à explorer ce lieu qui m'intrigue et m'effraie. Je m'approche de l'eau : une barque vide. Je suis excité à l'idéed'y monter. J'essaie de trouver mon équilibre et pars à l'aventure. Les secondes s'écoulent et mon esprit s'enfonce dans ce rideau noir.Seul le bruit singulier de la rame caressant l'eau parvient à mon oreille. Tout à coup, un jet de lumière me surprend et fait apparaîtreun pont magique. Autour, le silence lourd, pesant. Je suis perdu dans mes pensées, mon regard est vide, endormi. Le courant me portedélicatement quand une silhouette vient me réveiller. Un homme âgé, aux cheveux blancs, au sourire éclatant me tend la main et m'aideà remonter. « Tutto va bene? » Tout simplement.

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Instants d’enfance

Ça y est, j’ai retrouvé ma ville natale, Venise. Cette ville décrite par tant d’auteurs et qui pourtant me paraît si différente de messouvenirs.

Je marche à présent dans les rues étroites de Venise traînant ma valise avec difficulté sur ses pavés inégaux. Le bruit de la valise merappelle celui de la poussette dans laquelle ma mère me promenait. Nous allions bien souvent rendre visite à ma grand-mère, passantpar le ghetto, aux maisons colorées.

Me dirigeant vers le Danieli, je passe sous des arcades qui me protégent du soleil qui tape de plus en plus fort. Je vois que la ville a vieilli,les bâtiments sont rougis, et les barrières ont rouillé.

J’emprunte un pont et levant les yeux, j’aperçois du linge suspendu aux fenêtres. Des souvenirs d’enfance me reviennent. Je me vois confierà ma mère le récit de mes journées d’école, elle m’écoutait attentivement tout en étendant le linge.

Quand je reviens à la réalité, je me rends compte qu’une heure est passée, je vais être en retard à mon rendez-vous. J’arrive enfin auDanieli, j’aperçois ma mère à une table, buvant son café. Je m’assois en face d’elle, malgré son âge avancé, je retrouve cette vivacitédans ses yeux ainsi que sa douceur naturelle.

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Il palazzo sconosciuto

L'embarcation se dirigeait vers le marché. J'étais perdue et un marchand me proposa de m'y emmener. Le bateau était chargé : les fruitset les légumes produisaient un arc-en-ciel de couleurs pétillantes sous les rayons du soleil brûlant. Peu de temps après je débarquais. Jecherchai la pension Giorgamo située à proximité de la place du marché. Les marchands criaient, les gens paraissaient décontractés. Moij'étouffais, je me faufilais entre eux lorsque tout à coup j'entendis une musique envoûtante provenant d'une fenêtre aux volets verts. J'étaislà, figée en plein milieu de la foule. J'observai ce bâtiment de couleur verte, mystérieux, dont la façade était moisie. Cet édifice avait toutpour me repousser! Mon regard se tourna vers le palais d'à côté, dont trois fenêtres seulement étaient visibles : une bâche rouge vif cachaitle reste. Celui-ci me semblait resplendissant, il était peint d'un rose magnifique et possédait de belles fenêtres de style byzantin pur.Commeattirée, je m'approchai de la porte d'entrée, j'étais intriguée, hésitante. Devais-je entrer? Et puis tant pis! J'étais trop curieuse, je poussaisla porte déjà entrouverte. Je passais d'une lumière éclatante à une obscurité totale. Et soudain je sentis une main sur mon épaule, jesursautais : « Scusatemi non è permesso di restare qui! E un eddificio privato volete uscire fuori signorina! » Sa voix était agressive! J'avaiscompris malgré ma faible maîtrise de l'italien! Ce monsieur me demandait de partir, je sortis lentement, déçue de ne pas être restée pluslongtemps. Et moi qui pensais que Venise était accueillante…

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Permesso

« Permesso » : un jeune Italien me bouscule. Je lui lance un sourire. Non pas parce qu’il s’est excusé, mais par fierté, parce que j’ai com-pris. Je me perds dans les rues. Malheureusement mon niveau d’italien ne me permet pas de demander la direction du marché. Je devineque je m’en rapproche aux bruits qui augmentent, aux éclats de voix des marchands. Les enfants crient et courent dans tous les sens…Le soleil se reflète dans l’eau et éclaire un étalage d’oranges. Le vendeur me parle « Buongiornochepossofare? » Je n’entends qu’unebouillie de mots, je lui souris et change vite de coin avant qu’il n’entame la conversation. En passant, je saisis quelques mots d’unediscussion entre deux grands-mères : « Non ce la faccio più!! ». Les Italiennes ne sont pas très différentes des Françaises. Les sujets deconversation des octogénaires restent les mêmes : elles se plaignent. Ce marché ressemble à une fourmilière, des clients y grouillent.Ce n’est pas un endroit calme, comme l’idée que je m’en faisais. Les anciens propriétaires de ce palais abritant le marché avaient-ilsimaginé que celui-ci viendrait prendre place dans leurs murs? A présent les époques s’y mélangent : des colonnes d’époque byzantinesont recouvertes de tags, tous plus colorés les uns que les autres. Des bâches rouge vif cachent les ornements de cet ancien palais. Je restebéate, essayant de capter tous les bruits, regardant les moindres détails comme une enfant découvrant le monde. Un jeune garçon profitede mon inattention pour passer discrètement sa main dans ma poche arrière et prendre avec délicatesse mon porte-monnaie. L’effleurementde sa main me sort de ma rêverie, et je porte instinctivement la main à ma poche. Je me retourne et croise le regard de mon voleur.Il comprend que je l‘ai surpris. Résigné, il me tend mon porte-monnaie, arborant un sourire charmeur. « Permesso »… Je reconnais celuiqui m’a bousculée auparavant.

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Exploration

10:30Temps agréable, contrairement aux gens. Tout le monde se bouscule.Les marchands se font concurrence, renchérissent.Des centaines de bruits me parviennent, tels des bourdonnements.Différentes langues et différentes conversations.Tout grouille, tout s'agite, j'aime admirer ce spectacle.

10:33Une profusion de couleurs et d'odeurs me parvient.Des couleurs vives, chaleureuses et des odeurs sucrées qui rappellent l'été.Au-dessus de moi : une toile aux reflets verts, telle une voile de bateau, qui s'agite au mouvement du vent.

10:38Un petit garçon vêtu du maillot italien joue avec son ballon rouge.La balle roule, l’enfant court et bouscule les passants, qui se mettent à râler.Son père, un marchand de fruits et légumes, le réprimande et le rappelle auprès de lui.Il se remet à vanter ses produits et à attirer les clients.

Bon, enfin, je crois avoir assez de notes pour écrire mon texte et de toute manière, l’inspiration me manque et ces Italiens qui crient sanscesse me déconcentrent! Je vais rentrer, le reste du groupe m'attend!

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Un labyrinthe d’eau

Je marche sur la place San Marco, perdue dans mes pensées, écoutant les différents bruits de cette ville d'eau.

J’entends le roucoulement incessant de nombreux pigeons, ainsi que le cri des enfants qui leur courent après. M’engageant dans une ruellelongée par un canal, le vent me fouette le visage, les gondoles soulèvent un clapotis à la surface de l’eau. Le pas des passants résonnedans ma tête. D’un coup un bruit retentissant m’arrête, le clocher vient de sonner quatorze heures, le temps passe si vite dans cette ville!Etant donné l’absence de circulation, je prête plus attention aux bruits quotidiens, un volet qui claque contre le mur, une jeune femme quirit. A Paris, ces sons me semblent insignifiants.

Repartant dans cet immense labyrinthe, je tombe sur une grande maison. Elle est rose, en quelques endroits la façade semble délavée.J'imagine que l'eau en est la cause, un canal se trouve en effet face à cette demeure. Ses couleurs sont surprenantes, allant d'un rosepastel à un rose soutenu. Les rayons du soleil se reflètent sur la façade, le linge multicolore suspendu contraste avec la fenêtre d’un noirprofond. A cet endroit, l’eau est tout simplement exceptionnelle, la lumière révèle le bleu-vert de la lagune. Une odeur de vase en émaneet m'effleure les narines. Je continue ma promenade, bousculant certains passants. Je me sens bien. Je suis à Venise.

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Je ne reviens pas seul

J’étais anxieux. J’appréhendais la réaction de mes parents face à l’annonce de cette nouvelle, et surtout, je ne savais pas s’ils accepteraientAngelica dans notre famille.

Après avoir réussi dans tous les domaines, je considérais mon mariage comme un aboutissement. Mon bateau amarré au quai, je prisAngelica par la main et vis dans son regard une appréhension grandissante. Je levai la tête vers la façade de l’immeuble qui me rappelaitmes journées d’enfance passées à jouer à l’ombre de ces murs fissurés par le temps et l’humidité. Une légère brise faisait onduler les drapspendus aux fenêtres de mes parents. Les volets verts de Mme Ripoli étaient grand ouverts et, appuyée sur le bord de sa fenêtre, elle tiraitsur sa cigarette tout en me faisant signe. On pouvait distinguer dans son regard un éclat de bonheur. Les volets de ma chambre, quant àeux, restaient fermés, comme si personne ne les avait touchés depuis mon départ et que l’on m’avait oublié. Angelica me regarda avecun léger sourire. Je voyais en elle une âme d’enfant. Je la conduisis jusqu’à la porte et frappai, rempli d’un immense doute…

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A chaque instant son histoire

Je suis là, assis au bord de l’eau, en retrait, sous une arcade, à l’abri de tout regard. Je fais le vide autour de moi, je me repose dansl’ombre et la fraîcheur, portant attention aux moindres petits bruits : le mouvement de l’eau, le saut d’un poisson, les roucoulements d’unpigeon… Tout à coup, mes sens s’éveillent davantage : j’entends le bruit d’une fenêtre puis des volets qui s’ouvrent. Un mégot tombedu ciel et vient se perdre dans l’eau. Voulant savoir s’il vient de la fenêtre, je me rapproche du canal et lève la tête. Une dame est là,penchée. Elle commence à parler avec une personne. Bien sûr je ne comprends pas, c’est du vénitien ! Je commence alors à imaginerleur discussion : se disputent-ils? Non je ne pense pas, le ton est trop calme… Ils doivent sûrement parler de leurs vies. Ou peut être deleurs amours, j’ai cru comprendre : « amore ».

Soudain, au loin, la cloche de Santa Maria Formosa retentit. Puis celle de San Lorenzo. Etrangement, le son d’un klaxon vient perturberle doux son mélodieux des carillons. Je reviens à la réalité. Est-ce le klaxon d’une voiture? Nous sommes à Venise… Puis un son attire monattention : je tourne la tête, mais ne vois rien. Je regarde plus bas et découvre un petit bateau. Un enfant s’amuse avec celui-ci en lefaisant tourner à distance autour des « vrais ». Il manie avec agilité son bateau blanc. Le clapotis des vagues l’encercle tandis que desflashs crépitent de mille feux : des touristes s’approchent et sont, tout comme moi, émerveillés par la scène. Je reste là un bon moment àcontempler ce merveilleux coin de paradis...

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Piège de cristal

Venise: ça discute, ça crie, ça s’agite. J’entends les commerçants vanter les mérites de leurs produits : « Buoni frutti di mare, pesce buono ! ».Le marché est au sommet de son animation. Clients, vendeurs et gondoliers se saluent, se chamaillent, rient et s’amusent sous un soleil chaud etardent.

Je m’éloigne doucement comme une ombre sur un mur qui glisse et disparaît. J’arrive au Campo dei Miracoli, un îlot de calme, refugede tranquillité serein qui semble exister en dehors du temps et de l’espace. Je m’assois au bord de l’eau sombre et trouble du canal quitraverse le campo. Dans l’eau, des reflets d’habitations rouges et ocres. Venise est comme prisonnière de ce liquide tels les paysages dansles boules à neige. Je m’approche de plus en plus près jusqu’à ce que le bout de mon nez effleure la surface de l’eau.

Tout à coup je tangue, on me tire! Le reflet m’absorbe entièrement dans son univers envoûtant. Les battements de mon cœur s’accélèrent.Je me retrouve dans une ruelle. Vide. Aux alentours, pas un bruit, ni aucune forme de vie apparente. Il règne un silence digne des villesfantômes des vieux westerns. Je m’y aventure, rassemblant tout mon courage et oubliant les messages d’alertes que me lance moncerveau. Sous la neige, je marche jusqu’à l’Arsenal. J’ai froid, je m’arrête. Par terre quelque chose brille. Une amulette de cristal en formede lion, animal fort et courageux, symbole de Venise. Je la prends dans ma main et au contact du cristal sur ma peau, un souffle dechaleur envahit mon corps. Ma vision se brouille, mes jambes plient sous l’action d’un poids immense qui semblait m’écraser le dos. Etpuis, lentement, tout s’apaise et je sombre dans un profond sommeil.

J’ouvre les yeux : plus de neige, je retrouve le soleil brûlant qui caresse mon visage et m’éblouit. Je suis à nouveau au Campo dei Miracoli,allongée au bord du canal. Dans l’eau, toujours ces reflets envoûtants. Peu à peu je reprends mes esprits. Que s’est-il passé? Que m’est-il arrivé? Ai-je rêvé? Certainement. J’ai sûrement dû m’assoupir un instant. Je me rassure à haute voix : calme-toi Elena, ce n’était qu’unrêve. Oui, rien d’autre qu’un rêve.

Soulagée, je me relève rapidement, glisse ma main dans ma poche. Dedans une amulette de cristal en forme de lion.

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Masques

J’étais parti tôt ce matin-là, dans l’espoir d‘éviter l’agitation du carnaval. En effet, le calme habituel de la ville avait été interrompu par lafête de ces derniers jours. Le clapotis des vagues s’effaçait sous les pas des danseurs, le son des cloches laissait place à la musique dessaltimbanques. Déjà, on croisait les premiers participants, cachés sous leurs capes et leurs mystérieux masques…

Maisons après maisons, ponts après ponts, je m’éloignais peu à peu du centre ville et une autre facette de Venise se dévoilait désormaisà moi. Je marchais depuis une petite heure, lorsque j’aperçus la vitrine chamarrée d’une petite échoppe, coincée entre deux hautesfaçades. Elle m’invitait au voyage à travers l’originalité et la diversité de ses masques. Une débauche de couleurs et de formes qui retenaitégalement l’attention des Vénitiens, pourtant habitués à ce genre de fantaisies. Je m’approchai, les yeux rivés sur la devanture. Je medélectais de cette explosion de couleurs, ce qui m’incita à pousser la porte. À l’intérieur, une farandole de loups et autres accoutrementsm’entouraient. Emerveillé par tant de beauté et de richesse, je me laissai envahir par l’excitation du carnaval. Pris au jeu, je décidai deme dissimuler à mon tour parmi cette foule de festivaliers que je redoutais pourtant, en achetant un masque blanc aux sublimes refletsnacrés orné de plumes. Le marchand, un petit homme bedonnant, s’approcha de moi. Il avait sûrement flairé le touriste que j’étais, car ilme dirigea de suite vers les plus chers. Mais j’insistais, je voulais celui-là! Je repartis donc avec mon acquisition sous le bras, finalementconvaincu de découvrir un autre aspect de la Sérénissime.

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Le sommeil de Venise

J’étais venu au marché du Rialto grâce à un vaporetto. Ce moyen de transport, unique à Venise, faisait de moi en quelque sorte un pirateà la recherche de ce trésor : la Sérénissime. En effet, quand j’étais sur un vaporetto, le sentiment d’aventure, était omniprésent. Je descendisdu bateau. Le marché, théâtre bouillonnant de vie où les vendeurs étaient des acteurs et les passants des spectateurs, était animé par lescris des marchands. Grâce à la magie de leur parole, ils transformaient une simple sardine en une véritable baleine.

A l’horizon, le coucher de soleil adoucissait Venise. Le silence s’installa. Les bateaux avaient cessé de fonctionner et les quelques passantss’empressaient de rentrer chez eux. Je continuai à marcher : sur ma droite une maison, à ma gauche une ruelle. Ces ruelles me donnaientun véritable vertige. C’est mystérieux et fascinant de se perdre à Venise. Chaque recoin apparaît comme un îlot de solitude. Je décidaide m’y engouffrer. Après quelques minutes de marche, j’aperçus la lumière au bout du tunnel.

Et soudain, je me trouvai face à trois fenêtres. Celles-ci étaient d’une couleur anis si prononcée que j’en ressentais l’odeur. Elles étaientencadrées par de magnifiques colonnes byzantines. Dans les vitres se reflétait le bâtiment d’en face. On aurait cru que les deux immeublescommuniquaient, en une conversation inaudible, secrète. Ces fenêtres étaient fascinantes, elles ressemblaient à des yeux. On pouvait lire leurregard, deviner des pensées. Je continuai ma promenade, troublé par ce lieu superbe. La nuit tombait, la place Saint-Marc était déserte,les seuls résidents étaient les pigeons. Le silence régnait, aucun bruit ne venait troubler le repos de la piazza. Aucun passant ne s’aventurait,redoutant d’interrompre ce silence féerique. A cause du calme qui régnait en ce lieu, je finis par m’assoupir. A mon réveil, le soleilcommençait à se lever. Les volets des maisons s’ouvraient un à un. L’effervescence revenait peu à peu. Marins, marchands et travailleurss’agitaient. La vie réapparaissait.

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Drôle de rencontre

Mince! Mes lacets sont défaits. Je me baisse afin de les renouer. Soudain, j'aperçois entre les balustres du pont où je me suis arrêté, unpigeon. A sa patte, une ficelle rouge, ça m'intrigue. Il semble vouloir me conduire quelque part. Il s'arrête sur le bord d'une fenêtre. Jem'approche, il s'envole. Quelques minutes plus tard, après l'avoir poursuivi en vain, je le vois qui longe le canal. Je me retrouve coincé.Heureusement, il y a le vaporetto. Je me dépêche pour le prendre puis m'installe. Je me tourne vers le hublot et j'aperçois des rues désertes.J'ai une nouvelle vision de Venise. Je croyais qu'en cette ville régnait en permanence la fête. En progressant dans le canal, j'observequelques façades d'immeubles rouge brique, fenêtres de styles byzantin et gothique. Arrivé à la station Santa Nuove, je me retrouve dansun lieu qui m'était inconnu. Je décide alors de m'asseoir à la terrasse d'un café. Après avoir passé près d'une heure à guetter l'éventuelpassage de l'oiseau, je suis las et je décide de rentrer. Mais je ne sais plus trop où je suis. Je demande alors mon chemin et un hommem'indique le nord. Brusquement le volatile passe devant moi et je le suis. Il s'est posé un peu plus loin sur le toit d'un immeuble. Je repèrel'entrée, m'engage dans l'escalier qui m'amène sur la terrasse, je suis stupéfait par la vue. De là, je domine tout Venise et vois cette immensedédale de toits oranges qui me font penser à des écailles de poisson. Enfin le pigeon s'envole et longe le canal laissant derrière lui laficelle rouge.

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Douceurs vespérales

Passant sous le pont du Rialto, la petite embarcation dépassa les grands vaporetti qui transportaient les travailleurs silencieux. Les vaguesformées par le va-et-vient des gondoles caressaient les façades abîmées des palais qui révélaient toute leur beauté passée à la lueur desderniers rayons. Les dégradés des couleurs ternies par le temps et les intempéries des saisons précédentes se reflétaient dans l'eau troublede la lagune. Comme chaque jour, le vieil homme s'émerveillait de la splendeur de la Cité des Doges. Dans sa barque, il transportaittoujours les mêmes objets : masques et autres souvenirs. Un vent doux marquait la fin d'une belle journée ensoleillée. Le calme des quartiersdéjà endormis et les odeurs des étalages de poissons à peine déchargés faisaient partie du quotidien du marchand. Il s'enfonça dans lelabyrinthe silencieux des canaux, et les longea. Il aimait le bruit de l'eau qui battait la coque de sa barque. Quelquefois, une mammarompait la monotonie de son voyage en lui criant un « buongiorno! » joyeux. Il accosta à la petite place du Campo San Boldo. Longéepar le grand canal, une volée d'escaliers glissants menait au campo sur lequel se trouvait un puits usé par les siècles d'utilisation. Ildescendit de bateau, et fouillant dans ses cartons prit un de ses masques. Il se cacha le visage avec et s'engouffrant dans une ruellesombre, il se dirigea vers une lourde porte en bois que cachait un grand rideau de velours rouge balafré de l'inscription : « la Befana ».

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Les coulisses…

Non!! Ce n’est pas vrai! Comment? Il n’est pas descendu du vaporetto? Où est-il?

Le silence très pesant m’a fait me sentir seul parfois…

Des montées, des descentes, des ponts, des ruelles, le silence, les Vénitiens et… les lourdes valises…

La glace Italienne stracciatella nocciola mmm!!

San Rocco se résume en un seul mot : somptueux.

Le premier soir, on s’est tous rassemblés autour d’Ohane au piano. On redoutait l’approche du couvre feu.

Mais la montée de ce clocher ne finira donc jamais!

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A Venise, on se plaît à déambuler dans les rues étroites, loin de toute agitation, à admirer tous les petits détails d’un palais, d’un bateau,d’une boutique, l’eau… On veut prendre en photo tout ce qui nous paraît surprenant.

On n’a pas le temps, mais on le prend quand même!

Revivre ce voyage encore une fois… Malheureusement seuls nos rêves nous le permettent… Mais qui ne veut pas s’évader en pensée verscette ville mystérieuse?

Menu de la semaine : pâtes, pizzas, gnocchis, glaces et lasagnes!100% italien, 100% calories!

Venise… Seules cette petite brise légère et cette eau verdâtre se baladent sans se perdre…

Quand j’étais perdu, je demandais mon chemin pour continuer à me perdre.

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SOMMAIRE

Photographie de couverture Ohane Dourian - Alexandre Vlahakis

Remerciements 2

Le projet 5

Souvenirs Rémi Cruchet - Alexandre Flamant 6-7

Venise, musée vivant Albert Té - Nicolas Servely 8-9

Campo San Boldo Maxime Bérenguier - Pascal Proux 10-11

La douce évasion David Trinh - Clément Desmichel 12-13

Instants d’enfance Julie Chaduc - Jennifer Callé 14-15

Il palazzo sconosciuto Lauralie Guidez - Karina Sassi 16-17

Permesso Juliette Alazraki - Bénédicte Raynard 18-19

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Exploration Juliette Lavagna - Mia Sandström 20-21

Un labyrinthe d’eau Sarah Delannoy - Jeanne Meesemaecker 22-23

Je ne reviens pas seul Paul-Marie Chapuy - Hugo Pétrier 24-25

A chaque instant son histoire Victor Teilhet - Pierre Kalmes 26-27

Piège de cristal Olivia Tessema - Alexandra Fauvage 28-29

Masques Marilyne Monié - Gaëlle Pain 30-31

Le sommeil de Venise Ohane Dourian - Alexandre Vlahakis 32-33

Drôle de rencontre Thomas Kau - Joseph Bernard 34-35

Douceurs vespérales Margaux Klein - Sarah Steiner 36-37

Photographies de Victor Teilhet - Pierre Kalmes 38-40-44

Photographies de Olivia Tessema - Alexandra Fauvage 42

Les coulisses 39-41

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Achevé d’imprimé parl’imprimerie KPI 19, rue Gabriel Périà Charenton-le-PontLe Juin 2007150 exemplaires numérotés

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N.D.M. VENISE 2007


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