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VERS VERS VERS VERS MEDINE MEDINE MEDINE MEDINE OU OU OU OU LHISTOIRE HISTOIRE HISTOIRE HISTOIRE DE DE DE DE L’EXILE DU EXILE DU EXILE DU EXILE DU PROPHETE ROPHETE ROPHETE ROPHETE () D’après le livre d’Abu-Alhassan an-Nadawi et d’autres sources Imam ABDALLAH www.imam-abdallah.over-blog.com

VERS MEDINE - imamabdallah.free.frimamabdallah.free.fr/Documents/VersMdine.pdf · quittant la Mecque, il exprima ce tendre sentiment lorsqu’il dit : « Quelle belle cité tu es

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D’après le livre d’Abu-Alhassan an-Nadawi et d’autres sources

Imam ABDALLAH www.imam-abdallah.over-blog.com

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LA PERMISSION D’ÉMIGRER À MÉDINELA PERMISSION D’ÉMIGRER À MÉDINELA PERMISSION D’ÉMIGRER À MÉDINELA PERMISSION D’ÉMIGRER À MÉDINE Grâce à la fidélité et au soutien offerts par les Ansar (habitants de Médine), les musulmans avaient trouvé un nouvel asile. Le Messager (�) ordonna aux musulmans restés à la Mecque de rejoindre leurs frères en islam, les Ansar, à Médine. Il dit à ses compagnons : «Allah vous a donné des frères et des maisons où vous pourrez vivre en toute sécurité.» Alors les musulmans quittèrent la Mecque par petits groupes à destination de Yathrib. Le Prophète (�), lui, resta à la Mecque où il attendit l’ordre d’Allah de quitter la ville.

Mais il n’était pas aisé d’émigrer, car les gens de Qouraish avaient décidé d’appliquer des mesures rigoureuses contre eux. Ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour mettre un frein à l’exode. Par exemple, ils installèrent plusieurs obstacles sur les routes pour freiner l’avancée des émigrants, mais les musulmans étaient tout aussi déterminés à aller de l’avant. Résolus à quitter la Mecque à tout prix, certains, comme Abou Salama, quittèrent seuls, laissant femmes et enfants derrière eux, alors que d’autres, comme Souhayb, renoncèrent à leurs biens et à leurs économies de toute une vie et partirent sans se retourner.

Oumm Salama raconte : Une fois décidé à partir pour Médine, Abou Salama sella son chameau et m’y fit monter avec mon fils, Salama. Puis, saisissant le licou du chameau, il se mit en marche. Lorsque des hommes appartenant à Bani al-Moughari le virent, ils s’approchèrent de nous et dirent : «En ce qui te concerne, tu peux passer sans problème ; mais comment pouvons-nous permettre à ta femme de t’accompagner?» Ils prirent la bride du chameau de ses mains et m’amenèrent avec eux. À ce moment critique, Banou ‘Abdoul Asad, les hommes du clan d’Abou Salama, se mirent en colère. Ils dirent : «Par Allah, vous l’avez arrachée à notre frère, mais nous ne vous laisserons pas emporter notre fils avec elle !»

Une rixe s’engagea entre eux. Ils se disputèrent l’enfant tant et si bien qu’ils finirent par lui disloquer un bras, ce sur quoi les hommes de Bani Asad l’emportèrent avec eux, me laissant aux mains de Bani al-Moughira alors que mon mari, de son côté, poursuivait son chemin vers Médine. C’est ainsi que mon mari, mon fils et moi nous retrouvâmes tous séparés les uns des autres. J’allais chaque matin à Abtah, où je pleurais jusqu’à la tombée de la nuit. Toute une année se passa ainsi. Puis un jour, un de mes cousins appartenant à Bani al-Moughira eut pitié de moi et dit aux membres de sa tribu : « Pourquoi ne laissez-vous pas cette pauvre femme partir? Vous l’avez séparée de son mari et de son enfant.» Alors ils me dirent : «Tu peux aller rejoindre ton mari si tu le souhaites.» Avec l’aide de Banou Asad, mon fils et moi fûmes réunis. Je sellai mon chameau et, prenant mon enfant avec moi, partis pour Médine,

toute seule, à la recherche de mon mari. Lorsque j’arrivai à Tan’im, je trouvai sur mon chemin ‘Outhman bin Talha, de Bani ‘Abdoul-Dar, qui me demanda où j’allais. Je lui répondis que j’allais rejoindre mon mari à Médine. Il me demanda si quelqu’un m’accompagnait, ce à quoi je répondis : « Personne à part cet enfant et Allah.»

Il me dit : «Par Allah, il ne te sera pas facile d’arriver à destination.» Il prit la bride du chameau et

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entreprit de le guider. Par Allah, je n’avais jamais rencontré d’homme plus noble que lui. Chaque fois que nous devions faire halte, il faisait agenouiller le chameau et s’éloignait de nous. Puis une fois que j’étais descendue, il déchargeait le chameau, l’attachait à un arbre et se retirait sous un arbre où il se reposait. Dans la soirée, il sellait à nouveau le chameau et le chargeait, puis s’éloignait le temps que je le monte. Une fois installée, il reprenait le licou et se remettait en marche, guidant le chameau. Il m’escorta ainsi jusqu’à Médine. Lorsqu’il vit Qouba, où habitait Bani ‘Amr bin ‘Auf, il dit : «Ton mari est dans ce village. Va le rejoindre, avec la bénédiction d’Allah.» Il me fit ses adieux et repartit en direction de la Mecque.

Lorsque Souhayb tenta de quitter la Mecque pour Médine, les mécréants de Qouraish lui dirent : « Tu es venu à nous en mendiant et une fois parmi nous, tu es devenu riche. Et maintenant, tu t’imagines que tu peux partir en toute sécurité avec tes biens. Par Allah, ça ne se passera pas comme cela !» Souhayb demanda : «Me laisserez-vous partir si je vous donne tous mes biens?» Lorsqu’ils lui répondirent par l’affirmative, il leur dit : «Je vous donnerai tout.» Quand le Messager (�) apprit l’incident, il s’exclama : « Souhayb a fait un profit ! Souhayb a fait un profit !»

Les gens qui émigrèrent à Médine, à ce moment-là, étaient ‘Omar, Talha, Hamza, Zayd bin Haritha,’ Abdour Rahman bin Auf, Zoubayr bin al-Awwam, Abou Houdhayfa, ‘Outhman bin ‘Affan, ainsi que plusieurs autres compagnons du Prophète (�). Par la suite, les autres émigrants quittèrent par petits groupes. Les seuls qui restèrent à la Mecque, à part le Prophète (�), Abou Bakr et ‘Ali, furent ceux qui étaient retenus en captivité et ceux qui avaient succombé à leurs craintes ou à leurs désirs.

CONSPIRATION RATÉE CONTRE LE MESSAGERCONSPIRATION RATÉE CONTRE LE MESSAGERCONSPIRATION RATÉE CONTRE LE MESSAGERCONSPIRATION RATÉE CONTRE LE MESSAGER Devant la migration des musulmans à Médine, les Mecquois furent pris de panique et de peur. Car ayant réalisé que le Prophète (�) avait établi une base avec un grand nombre de fidèles en territoire étranger hors de leur portée, ils comprirent que s’il les rejoignait, ils seraient réduits à l’impuissance car dépourvus de toute autorité sur lui. Ils tinrent conseil à Dar al-Nadwa, où tous les chefs de Qouraish s’étaient réunis pour tenter de trouver une solution à ce problème majeur.

Ils discutèrent des différentes suggestions, considérèrent chacune avec attention et finalement, décidèrent à l’unanimité que chaque clan devait élire un de ses jeunes et courageux guerriers au sang noble afin qu’ils s’attaquent tous à la fois à Mohammed (�) et le tuent tous ensemble. Ainsi, la responsabilité d’avoir fait verser son sang serait partagé par chaque clan, de sorte que l’on ne pourrait accuser aucun clan en particulier. Et certainement, ‘Abdou Mounaf (une tribu apparentée au Prophète) n’oserait jamais faire tomber les têtes de tous en guise de représailles. Déterminés à tuer le Messager (�), les païens se dispersèrent afin de mettre à exécution leur plan machiavélique.

Mais le Messager (�) avait été informé de leur

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plan par Allah, l’Omniscient. Il demanda donc à ‘Ali de se coucher à sa place, dans son lit, et de s’envelopper dans son manteau. Enfin, il l’assura qu’aucun mal ne lui arriverait.

Prête à passer à l’attaque, la bande de guerriers se tenait à l’extérieur de la maison du Prophète (�), cimeterres à la main. Le Messager d’Allah (�) sortit, se pencha et prit une poignée de terre. Allah leur ravit immédiatement la vue et le Messager (�) passa entre eux, répandant de la terre sur leur tête tout en récitant Sourate Ya Sin – « Et Nous mettrons une barrière devant eux et une barrière derrière eux ; Nous les recouvrirons d’un voile, et voilà qu’ils ne pourront rien voir.» (Coran, 36:9). Il réussit donc à s’enfuir sans qu’aucun d’eux ne l’aperçoive.

Puis vint un homme qui leur demanda : «Qu’attendez-vous?» Lorsqu’ils lui dirent qu’ils attendaient que Mohammed sorte de chez lui, il leur dit : «Qu’Allah vous confonde ! Il est déjà parti !» Alors ils jetèrent un coup d’œil à travers la fente de la porte et virent ‘Ali qui dormait sur le lit, enveloppé du manteau du Messager (�). Ils s’imaginèrent qu’il s’agissait du Prophète (�) et décidèrent d’attendre jusqu’au matin. Lorsque, enfin, ‘Ali se leva et qu’ils le virent, ils furent envahis par la honte de la défaite.

LE PROPHÈTE ÉMIGRE À MÉDINELE PROPHÈTE ÉMIGRE À MÉDINELE PROPHÈTE ÉMIGRE À MÉDINELE PROPHÈTE ÉMIGRE À MÉDINE Après s’être sauvé de la bande de guerriers, le Prophète (�) vint voir Abou Bakr et lui dit qu’Allah venait de lui accorder la permission de quitter la Mecque. Abou Bakr s’exclama : « Ensemble, ô Messager d’Allah?» car il espérait grandement faire le trajet en sa compagnie. Puis il lui montra deux dromadaires qu’il avait gardés en réserve en vue du voyage, pour lequel il avait retenu les services d’Abdallah bin Ourayqit pour les guider.

L’ÉTRANGE INCOHÉRENCEL’ÉTRANGE INCOHÉRENCEL’ÉTRANGE INCOHÉRENCEL’ÉTRANGE INCOHÉRENCE Les mécréants de la Mecque en voulaient amèrement au Messager (�). Cependant, tout au fond d’eux, ils étaient absolument convaincus de sa véracité, de sa loyauté, de sa noblesse et de sa magnanimité. Si une personne, à la Mecque, appréhendait une perte ou un détournement de ses biens, il les confiait habituellement à Mohammed. Le Messager (�) était donc en possession d’un certain nombre de choses dont il avait la charge. Alors, avant de quitter la Mecque, il chargea ‘Ali de les rendre à leurs propriétaires. À vrai dire, un traitement aussi équitable à un moment aussi critique est un autre témoignage en faveur de la noblesse de caractère du Prophète (�) et contre l’insensibilité des mécréants. Par conséquent, Allah

dit : «Nous savons qu’en vérité, ce qu’ils disent te chagrine. Or, vraiment ils ne croient pas que tu es menteur, mais ce sont les versets (le Coran) d’Allah que les injustes renient.» (Coran, 6:33)

LA LEÇON MORALE LA LEÇON MORALE LA LEÇON MORALE LA LEÇON MORALE APPORTÉE PAR LA APPORTÉE PAR LA APPORTÉE PAR LA APPORTÉE PAR LA MIGRATIONMIGRATIONMIGRATIONMIGRATION La migration du Prophète (�) illustre le principe selon lequel toute chose, aussi précieuse soit-elle, devrait être sacrifiée pour pouvoir

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vivre sa foi ou son idéal. Les biens de ce monde, ou toute autre chose à laquelle l’homme est susceptible de s’attacher, ne peuvent jamais remplacer sa foi, pas plus que la foi ne peut être vendue en échange du monde et de tout ce qu’il contient.

La Mecque était le lieu de naissance du Prophète (�). En tant que terre natale du Messager d’Allah (�) et de ses compagnons, cet endroit devait certainement représenter beaucoup pour eux. C’est également là que se trouvait la Maison d’Allah, qu’ils aimaient et à laquelle ils tenaient comme à la prunelle de leurs yeux. En dépit de ces sentiments profonds, rien ne put les retenir de faire leurs adieux à leur patrie et à leurs familles. À regret, mais résolus, ils quittèrent la région parce que les païens de la Mecque leur refusaient le droit à la liberté de conscience et à la liberté de pratiquer leur religion.

Le Prophète (�) aimait la Mecque, mais il aimait aussi sa religion : le premier était un sentiment naturel d’affection, tandis que le second était une insatiable soif de l’âme. En quittant la Mecque, il exprima ce tendre sentiment lorsqu’il dit : « Quelle belle cité tu es et combien je t’aime ! Si mon peuple ne m’avait pas forcé à l’exil, je ne me serais jamais installé ailleurs qu’ici.».

En vérité, le Messager (�) n’eut d’autre choix que de quitter sa terre natale : il obéissait à un ordre divin.

«Ô Mes serviteurs qui croyez ! Ma terre est bien vaste. Adorez-Moi donc !» (Coran, 29:56)

VERS LA GROTTE DU MONT THAWRVERS LA GROTTE DU MONT THAWRVERS LA GROTTE DU MONT THAWRVERS LA GROTTE DU MONT THAWR À pas furtifs, le Messager (�) et Abou Bakr se dirigèrent vers la grotte du Mont Thawr. Abou Bakr avait ordonné à son fils, ‘Abdallah, de tenter de découvrir les plans et les conversations des Mecquois à leur sujet, pour ensuite les lui transmettre. Il avait également demandé à Amir bin Fouhayrah, son esclave, de nourrir ses troupeaux de vaches laitières durant le jour et de passer à côté de la grotte pour leur apporter du lait à boire à la tombée de la nuit. Asma, sa fille, leur apportait de la nourriture chaque soir.

L’AMOUR D’ABOU BAKR POUR LE L’AMOUR D’ABOU BAKR POUR LE L’AMOUR D’ABOU BAKR POUR LE L’AMOUR D’ABOU BAKR POUR LE PROPHÈTEPROPHÈTEPROPHÈTEPROPHÈTE La lumière du Paradis, lorsqu’elle illumine les cœurs, donne naissance à la flamme de l’amour. Depuis la création de ce monde, l’amour a constitué la passion la plus ardente du cœur humain, et il a souvent guidé l’homme sur la bonne voie lorsque ce dernier se retrouvait en situation de danger. C’est un sentiment semblable à l’inquiétude d’une personne avide de quelque chose, car l’instinct le plus profond d’une personne aimante est toujours aux aguets et capable de prévoir les dangers, même les

FIGURE 1 CHEMIN EMPRUNTE PAR LE PROPHETE

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moins probables, qui pourraient menacer l’objet tant aimé. Tels étaient les sentiments d’Abou Bakr envers le Messager d’Allah (�) au cours de ce trajet. On rapporte que lorsque le Prophète se mit en route vers la grotte du Mont Thawr, Abou Bakr, l’accompagnant, marchait parfois devant lui, parfois derrière, jusqu’à ce que le Prophète (�) remarque son agitation et lui demande : « Que se passe-t-il, Abou Bakr? Parfois tu marches devant moi, parfois tu marches derrière !» Abou Bakr répondit : «Ô Messager d’Allah ! Lorsque je pense à ceux qui te poursuivent, je marche derrière toi ; mais alors, j’appréhende une embuscade, alors je marche devant toi. »

Lorsqu’ils arrivèrent à la grotte, Abou Bakr demanda au Prophète (�) d’attendre jusqu’à ce qu’il l’ait explorée et nettoyée. Alors il entra à l’intérieur, l’explora et en ressortit après l’avoir nettoyée. Puis il permit au Prophète (�) d’y entrer ; il était maintenant rassuré car il savait que la grotte n’abritait pas de bêtes sauvages ni de reptiles.

UN MOMENT CRITIQUE DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉUN MOMENT CRITIQUE DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉUN MOMENT CRITIQUE DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉUN MOMENT CRITIQUE DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ Le moment le plus critique de toute cette histoire survint lorsque les cavaliers de Qouraish, galopant à travers le désert à la recherche des deux fugitifs, s’arrêtèrent tout près de la grotte où le Prophète (�) et Abou Bakr s’étaient retirés. Le suspense était à son comble : un futur sombre et désastreux pour l’humanité était-il entrain de se préparer ? Ou allait-il au contraire connaître l’issue la plus favorable ? Les poursuivants, qui discutaient tout en se tenant près de l’entrée de la grotte, décidèrent qu’il n’y avait probablement personne à l’intérieur.

Ce fut, réellement, un événement miraculeux ; c’est ainsi qu’Allah aida Son Messager : « Allah fit alors descendre sur lui Sa sérénité et le soutint de soldats (Anges) que vous ne voyiez pas.» (Coran, 9:40)

«ALLAH EST AVEC NOUS»«ALLAH EST AVEC NOUS»«ALLAH EST AVEC NOUS»«ALLAH EST AVEC NOUS» Tandis que les guerriers de Qouraish se tenaient toujours à l’entrée de la grotte, Abou Bakr, les apercevant, avait dit à son compagnon, le cœur tremblant : « Ô Messager d’Allah, ils vont nous voir si l’un d’entre eux s’avance. » «Quelles craintes as-tu », répondit le Prophète « au sujet de deux personnes dont le troisième compagnon est Allah ? »

SOURAQA SUIT LE MESSAGERSOURAQA SUIT LE MESSAGERSOURAQA SUIT LE MESSAGERSOURAQA SUIT LE MESSAGER Les gens de Qouraish offrirent une récompense de cent chameaux à quiconque ramènerait le Messager (�), mort ou vif. De son côté, ce dernier passa trois nuits dans la grotte puis, guidé par Amir bin Fouhayrah, poursuivit sa route en empruntant la côte. Souraqa bin Malik bin Jou’shoum entendit parler de la récompense offerte par Qouraish ; il sauta sur sa jument et partit à la poursuite des fugitifs en tentant de retrouver leurs empreintes de pas. Mais, comme il se rapprochait dangereusement des fugitifs, sa jument trébucha soudain et il fut jeté à terre. Il se releva, reprit ses esprits, remonta sa jument et la laissa avancer à son gré. Une fois de plus, la jument trébucha et il fut de nouveau jeté à terre. Mais acharné qu’il était, il la remonta et poursuivit sa course. Tout à coup, elle trébucha pour la troisième fois, tomba à genoux, tandis qu’il était de nouveau jeté à terre. Puis il vit du sable commencer à se soulever de terre comme si une tempête de sable se préparait.

« Quand ils étaient tous deux dans la grotte et qu’il disait à son compagnon : «Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous » (Coran, 9:40)

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Souraqa fut alors convaincu que le Messager (�) était protégé contre lui et qu’il n’arriverait jamais à triompher de lui. Comme ils étaient devant lui, il leur cria qu’il était Souraqa bin Jou’shoum et qu’il n’avait nulle intention de leur faire du mal. Le Prophète (�) dit à Abou Bakr d’aller lui demander ce qu’il voulait d’eux. Souraqa répondit : «Rédigez-moi un sauf-conduit.» Alors le Messager (�) dit à Amir bin Fouhayrah de rédiger le sauf-conduit, ce qui fut fait sur un morceau de cuir tanné ou d’os. Souraqa conserva ce document en souvenir de nombreuses années durant.

UNE PRÉDICTIONUNE PRÉDICTIONUNE PRÉDICTIONUNE PRÉDICTION Le Messager d’Allah (�) venait d’être chassé de chez lui et il était poursuivi par ses ennemis, mais dans son esprit, il voyait déjà le jour où ses fidèles allaient fouler aux pieds les royaumes de César et de Chosroes. Dans ces circonstances défavorables, durant les heures les plus sombres de sa vie, il fit la prédiction de jours glorieux à venir. Il dit à Souraqa : « Souraqa, comment te sentirais-tu si tu mettais à tes bras les bracelets de Chosroes ? ».

En effet, Allah a promis secours, victoire et prospérité à Son Messager (�), ainsi que l’ascension triomphale de Sa religion de Vérité.

« C’est Lui qui a envoyé Son Messager avec la bonne direction et la religion de vérité, afin qu’elle triomphe sur toute autre religion, quelque répulsion qu’en aient les associateurs. » (Coran, 9:33)

Ceux qui sont incapables de voir au-delà de l’action matérielle de cause à effet hausseront les épaules en apprenant cette prédiction. C’est ce que fit Qouraish, qui rejeta la prédiction du Messager (�), la considérant inconcevable. Mais ce présage allait se réaliser dans le futur, car : « Allah ne manque jamais à Sa promesse.» (Coran, 13:31)

Et les événements se produisirent exactement comme l’avait prédit le Messager (�) à Souraqa. Lorsque la Perse fut conquise et qu’on apporta à ‘Omar la tiare, la robe et les bracelets de Chosroes, il envoya chercher Souraqa et lui demanda d’enfiler la robe royale.

Donc Souraqa prit le sauf-conduit car il était maintenant convaincu de la victoire imminente du Prophète (�). Il lui offrit quelques provisions et ustensiles, mais le Messager n’accepta rien de lui. Il lui dit simplement : «Garde notre position et nos déplacements secrets.»

UN HÔTE PROVIDENTIELUN HÔTE PROVIDENTIELUN HÔTE PROVIDENTIELUN HÔTE PROVIDENTIEL Poursuivant leur chemin, Abou Bakr et le Messager (�) passèrent près de la tente de Oumm M’abad, une femme de Khouza’a qui possédait une vache laitière dont les mamelles s’étaient taries à cause de la sécheresse. Le Messager d’Allah (�) passa sa main sur son pis en mentionnant le nom d’Allah, le Très-Haut, et en L’invoquant pour que la vache de Oumm M’abad lui soit une bénédiction. C’est alors que le lait jaillit du pis. Il donna du lait d’abord à Oumm M’abad, puis à tous ceux qui étaient présents jusqu’à

ce que chacun soit satisfait. Enfin, il but à son tour lorsque tout le monde eut terminé. Tout de suite après, il entreprit de la traire une autre fois et, quand le seau fut totalement rempli, il le laissa à Oumm M’abad. Lorsque le mari de cette dernière revint chez lui, sa femme lui

FIGURE 2 MOSQUEE QUOBA ACTUELLEMENT

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raconta l’événement prodigieux et lui parla de « l’étranger angélique ». Il remarqua alors : « Par Allah, il semble qu’il s’agisse de l’homme de Qouraish à la poursuite duquel ils sont tous. »

Ils poursuivirent leur trajet, toujours accompagnés de leur guide, jusqu’à ce qu’ils atteignent Qouba, dans les environs de Médine. C’était un lundi, le 12e jour du mois de Rabi oul-Awwal. C’était également le début d’une nouvelle ère, car c’est à partir de ce moment que le calendrier islamique de l’Hégire fut établi.