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VERSAILLES-SAUVAGES # Amélie Blachot # VILLA LE NOTRE

VERSAILLES-SAUVAGES # Amélie Blachot # VILLA …€¦ · Echelle : 1/750. ème . Alors qu’il y a, et très visiblement, une non-symétrie, les tracés et grand canal ont des dispositions

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VERSAILLES-SAUVAGES # Amélie Blachot # VILLA LE NOTRE

BIOGRAPHIE ET ANALYSE GLOBALE DE VERSAILLES :

Née en 1985, Amélie Blachot est artiste et paysagiste DPLG.

Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage de Versailles en 2011, elle développe un champ nouveau où les arts plastiques sont employés pour révéler les fondamentaux de paysage naturels et anthropiques d’un lieu. Tout en révélant la beauté du territoire étudié, son travail de représentation du territoire ouvre aux questionnements quant à sa transformation.

A chacune de ses études de territoire, qu’Amélie Blachot mène de manières unique et entière, correspond une œuvre intrinsèque à ce site. Autrement dit, le lieu devient le médium.

Suite à une étape immersive et à des recherches cartographiques et historiques lui apportant des éléments concrets et des ressentis de paysage, elle définit champs, techniques, formes, couleurs, outils et supports. Les différentes pièces artistiques de chacune des œuvres (où "œuvre" est l’ensemble de la production dédiée à un territoire), sont pensées tant de manière individuelle que globale. La finalité de «l’œuvre territoire» réside dans l’installation de la totalité des pièces artistiques, mais chaque production peut être lue et regardée de façon singulière tout en renvoyant à l’analyse globale du territoire étudié.

A Versailles, dans le cadre de la Villa Le Nôtre, ses productions prennent la mesure des tracés de la ville et de la surface de l’ancien grand parc et naissent de son analyse personnelle de Versailles.

Amélie Blachot renverse les propos usités "d’hyper-symétrie", de "régularité imposée allant à l’encontre du site" et de "torture des végétaux", pour émettre l’hypothèse que l’extrême rigueur du cadre et la linéarité des tracés permettent, par contraste, une émanation des éléments de vie.

Ainsi est né ce terme de "Sauvages", représentant les éléments et mouvements de nature et du vivant.

Quand ‘Versailles’ renvoie à régulier et ‘Sauvages’ à mouvements, la liaison de 'Versailles' et de 'Sauvages' représente l'opposition entre l’émanation des éléments de paysage et de la vie, et "l'hypergéométrie" de la ville. Proportionnellement, et par contraste à la démesure des tracés et au cadre «d’apparence rigoriste»* de la ville, ces éléments : Le vent, l’eau, la brume, les houppiers, les nuages, l’ouverture au ciel en deviennent encore plus manifestes et magnifiés, ici, à Versailles. * «d’apparence rigoriste»* en effet, puisque André Le Nôtre, en faisant sortir le jardin dans l’espace public et donnant ainsi naissance au paysage, aurait bien, selon Amélie Blachot, "fait avec le site", car force est de constater que rien n’est parfaitement symétrique à Versailles (Versailles, Vinci, Vitruve)

En ramenant le véritable sens du terme baroque à Versailles et en donnant à voir les «folies» de sa structure, Amélie Blachot nous détourne de la vision réduite de Versailles à la galerie des glaces et aux parterres de broderie…. ; elle replace la ville dans ses tracés et sa forme globale et nous invite, via une vaste installation visuelle et sonore, à une immersion dans les "Sauvages" de Versailles.

Dans son œuvre sur Versailles, la liberté d’expression et le souci du détail artistique sont de la même envergure que la rigueur avec laquelle elle a, entre autres, relevé un à un l’intégralité des arbres de la pièce d’eau des Suisses. Ces gestes forts face à la tenue des détails démontrent ainsi son engagement et relèvent autant d’une pratique d’artiste que d’un projet de paysage.

EXPLICITATION DES 8 ŒUVRES REALISES A LA VILLA LE NOTRE :

Paysages avec Arbres absents 2016, Impressions découpées et collées sur canson blanc 125 grs, 150 X 2000 cm (2 séries de 1000cm), Echelle : 1/10ème 2 séries de 11 arbres chacune issues de deux étoiles symétrique du petit parc de Versailles : étoile des Closeaux et étoile «sans nom», symétriques par rapport à l’axe Est-Ouest du grand canal, situées à l’extrémité Ouest du Grand canal CF PLAN DES ETOILES au 1/1000ème

Ces paysages panoramiques avec arbres absents sont issus de la juxtaposition des tilleuls (Tilia platyphyllos) situés sur le pourtour de deux étoiles du parc de Versailles : l’Etoile des Closeaux et sa «symétrique» par rapport à l’axe du grand canal, l’Etoile ‘sans nom’ (cf plan). Les étoiles sont les points de convergence (carrefours) des chemins ou tracés dans les forêts des parcs historiques comme celui de Versailles. Les étoiles en deviennent des lieux forts en sens, où

tous les chemins sont possibles. En formant une clairière, elles sont ouvertes vers le ciel ; comme le sont les arbres qui relient la terre et le ciel. Les absences ou vides des arbres les rendent d’avantages présents. Branche à branche, ils sont côte à côte, à travers l’espace et à travers le temps.

Les platanes de la pièce d’eau 2016, bombe noire sur canson blanc 125 grs, 150 X 4000 cm (4 séries de 150 cm X 1000cm) Echelle : 1/10ème CF PLAN DE LA PIECE D’EAU au 1/1500ème

En recréant un rectangle, l’installation des Platanes de la pièce d’eau renvoie directement à l’espace de la pièce d’eau et des tapis verts qui l’encadrent. En étant non ceinturée par des grilles et fermée la nuit, la pièce d’eau est le seule espace ‘libre’ de cette dimension (16 ha) à Versailles. Les quatre séries de 11 platanes chacune représentent 44 arbres existants disposés sur les 4 extrémités intérieures des alignements (cf plan). De manière plus précise, les deux premières séries sont les deux lignes courbes qui amènent de l’extrémité nord de la pièce d’eau aux deux volets des 100 marches de l’orangerie ; les séries 3 et 4 nous amènent à la copie de la statue de Louis XIV par le Bernin, point culminant et «final» de l’espace libre nous invitant alors à nous retourner pour regarder le château. La disposition des troncs tous les 1 m, nous renvoie au systématisme de la série en ‘réel’, systématisme qui permettrait, selon l’analyse, de révéler le mouvement et la liberté des houppiers. Les Platanes de la pièce d’eau montrent l’unicité de chaque sujet au profit de la répétition d’une même essence.

Par sa liberté et sa dimension, par la planéité de son plan d’eau et la verticalité des platanes dont les houppiers se meuvent constamment, il est le lieu de naissance, de compréhension et le plus manifeste de Versailles est ses Sauvages. La pièce d’eau nous replace, par sa dimension et son ouverture, dans notre condition d’être humain, face à la magnificence du paysage, et en devenons suspendus, ouverts et tirés entre ciel et terre. Si Versailles Grand Parc m’était conté 2016, cercle acier XC75 5mm de 2,20m de diamètre, organza (tissu), support fer à béton –rectangle d’or 53cm X 85cm- et pavés de Versailles, plumes blanches de producteurs des Yvelines, compresseur et électrovanne temporisée

Cette création renvoie au système animal qui a pris naissance à l'intérieur du grand parc de Versailles, aux périodes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. En effet, c'est un véritable système grégaire et par conséquence agraire (en vue d'alimenter le gibier) qui s'est mis en place à l'intérieur des murs hauts de 4m du grand parc afin qu'un nombre conséquent et permanent d'animaux soient dévolus aux chasses très fréquentes des rois, quasiment journalières concernant Louis XVI. Que cela soit chasse à courre ou chasse à tirs, le cercle et disque renvoient aux 44 km de murs entourant le grand parc et à la surface d’origine de 8000 hectares du grand parc, le jet d'air à la chasse et l'ensemble de l'installation renvoie au "système" animal.

Vitruve Vinci Versailles 2016, bombe deep gold sur canson blanc 125 grs, 250,5 X 249,5 cm en deux parties Echelle : 1/750ème

Alors qu’il y a, et très visiblement, une non-symétrie, les tracés et grand canal ont des dispositions et formes qui se rapprocheraient des tracés de Vitruve et du dessin de Léonard de Vinci. Selon Michel Corajoud, le Nombre d’Or a régi la construction du parc : Etude de Michel Corajoud, Jacques Coulon et Marie-Hélène Loze, «Versailles : lecture d’un jardin», 1982, étude qui aborde le parc sous un angle unique (celui du plan), permet entre autres de replacer André Le Nôtre comme un paysagiste qui a "fait avec le site" et non comme un "brutaliste". Encore une fois, la rigueur de la forme et de la construction permettent une plus grande liberté et des «folies» en passant par, voire pour, une adaptation au site. Sceau et Ciel 2016, Suspension en tissu de soie jaune, sur cercle de 2,20m de diamètre Echelle : 1/750 ème

Cette pièce est une représentation d’une image, d’une lecture possible de la naissance du paysage ; celle d’un sceau apposé sur un «paysage canopée». Le grand canal devient seule et unique, gravé, comme une marque au fer rouge, sur un paysage de soie, gonflé par gravité. Image créée à l’inverse, ce miroir du sceau nous renvoie ainsi directement au ciel ; à ce ciel ou infini vers lequel André Le Nôtre semblait vouloir nous amener. Sceau ou empreinte, à jamais, sa couleur jaune renvoie également à un élément de paysage très particulier à Versailles : sa lumière jaune crue, lumière soleil, qui sort du ciel comme si il eut été éventré et se déverse comme une matière, très fine et décidée, sur tous les plans horizontaux, les lignes de construction de la ville, les alignements de façades, les troncs verticaux des arbres. Versailles Sauvages Sonore Collaboration : Nicolas Gimbert 2016, 58min36sec, Post-mastering : Valéry Poulet Montage réalisé à partir de + de 80 pistes enregistrées à même le territoire et la ville de Versailles. La plupart de ces «points sonores» sont localisés sur un plan d’ensemble de la ville CF PLAN DES POINTS SONORES SUR PLAN ABBE DE LA GRIVE au 1/3500ème Un extrait du Paysage Sonore et le Paysage Sonore en entier sont disponibles sur Soundcloud :

https://soundcloud.com/user-663712395 A la naissance de cette pièce sonore, un postulat : celui qu’étant placé face à certaines perspectives, dans certains lieux de Versailles, nous pourrions être encore en 1780. Quel est l'élément qui nous ramène en 2016 ? : Le son ; Les voitures, motos, scooter, les avions, les sons numériques, les débroussailleuses, épareuses… La pièce sonore, d'une durée d'1 heure environ, est ainsi montée en deux parties : La première partie renvoie à des sons qui pouvaient exister potentiellement au 18e siècle (chevaux, oiseaux, chiens, cloches, porte de la cathédrale Saint-Louis, trompes de chasse, orgue, tirs de pistolet...) et la deuxième mêle des sons qui pouvaient déjà exister avec les sons de notre époque (oiseaux et moteur, orgue et avions...). Cette construction en deux parties est autant chronologique que due à l'intention de montrer que les sons actuels peuvent être autant "sauvages" que ceux de l'époque. On passe de chevaux, aux moteurs, aux avions, où l’espace sonore devient très saturé, et arrive parfois à une forme d'eutrophisation. Enfin, cette pièce sonore a pour but de spatialiser Versailles d'une autre manière qu'un plan (par exemple, les planeurs nous emmènent à Saint-Cyr, les sons de rails à la gare des Chantiers, les hélicoptères à au camp de Satory…), mais surtout de replacer la ville dans son entier et dans son territoire.

Versailles : lecture d’un territoire 2016, bombe noir sur canson 125 grs, 435cm X 300cm, en deux parties Echelle : 1/7500ème

Car l’image de Versailles de par le monde est trop souvent arrêtée à la galerie des glaces et au hameau de la reine, car l’analyse des ‘détails’ des parterres de broderie et de topiaires prennent une place dépassant souvent l’analyse de site globale, il a été choisi cette échelle, amenant à une peinture en diptyque des courbes de niveau à l’échelle du 1/7500ème. Les courbes nous dépassent et nous forcent à reculer pour revoir et retrouver Versailles dans l’ensemble de son territoire. Soirs d’Hiver 2016, bombe jaune souffre sur canson blanc 125 grs, 150 X 100 cm X 4 arbres, Echelle : 1/10è

Lumière jaune crue, lumière ‘matière’, la lumière de Versailles s’appose sur les troncs, sur toute la structure des arbres en hiver, faisant irradier leurs contours, transformant troncs et branches en raies de lumière et irradiation ramenant l’élément feu à la pièce d’eau, ainsi en phase avec ses quatre éléments.