Vie et œuvre de Charles Dickens

C. Dickens entouré de ses personnages (J. R. Brown 1889-90).

Issu d’une famille peu fortunée, C. Dickens est né à Landport, faubourg de Portsmouth (G-B), le 7/XI/1812. Son père emprisonné pour dettes, C. Dickens doit à 12 ans quitter l’école et travailler dans une fabrique de cirage où il colle des étiquettes sur des pots. Cette triste expérience le marque et se retrouve dans certains de ses romans. Il fréquente ensuite une école privée et devient clerc d’avoué, reporter-sténographe dans des cours de justice puis reporter parlementaire.

C. Dickens peint par S. Laurence en 1848

En 1833 il écrit des histoires, plus tard réunies sous le titre Sketches by Boz, publiées dans des journaux ou magazines et à partir de 1836 paraissent Les Aventures de M. Pickwick et Oliver Twist sous forme de feuilletons mensuels où se mêlent passages comiques, descriptions de la vie quotidienne et condamnation de la misère et de l’exploitation des ouvriers. Ses personnages inoubliables, ses évocations animées et souvent critiques de la société du XIX° s. l’ont rendu célèbre dans le monde. Ses œuvres sont fréquemment adaptées au cinéma et à la télévision. C’est un homme qui se bat pour que le sort des pauvres soit amélioré : il donne de l’argent, aide à fonder et administrer des foyers, défend les « ragged schools » (écoles pour miséreux).

En 1836 il épouse la fille du rédacteur en chef de l’Evening chronicle Catherine Hogarth qui lui donne 10 enfants et qu’il quitte en 1858.

Gad’s Hill Place la maison de C. Dickens à Higham (Kent)

Continuant la publication de romans dans des revues mensuelles, il visite l’Amérique en 1842 et édite ses observations dès son retour dans American notes. Le premier de ses « livres de Noël » Un Chant de Noël paraît en 1843 avec succès. En 1846 il crée le quotidien The Daily news. Puis ce fut en 1849-1850 David Copperfield qui retrace certains événements de sa vie. De nombreuses œuvres suivent dont Les grandes espérances (1860-1861) considérées comme son chef-d’œuvre. Son autre plaisir est de lire des passages de ses écrits en public, il donne plus de 400 séances en Grande-Bretagne et aux États Unis où grâce à son talent l’auditoire rit, pleure.

C. Dickens lisant une de ses œuvres

Mais tout cela l’épuise et il meurt à 58 ans d’une apoplexie cérébrale (arrêt des fonctions cérébrales). Les obsèques à l’abbaye de Westminster pour le plus grand auteur anglais du XIX° s. sont grandioses. Il repose là, au « coin des poètes ».

Le « coin des poètes » dans l’abbaye de Westminster

Un Chant de Noël A Christmas carol (1843)

Ce conte est disponible dans l’édition : Livre de Poche (n° 31589). Il peut être lu en ligne sur le site http://fr.wikisource.org/wiki/Conte_de_Noël ou entendu (durée : 4h10 !) sur le site http://victoria-aufildeslectures.blogspot.com/2009/12/charles-dickens-cantique-de-noel-en.html

� Le titre Le titre anglais A Christmas carol signifie « Un Chant de Noël ». « Carol » désigne un chant célébrant la naissance du Christ chanté à l’occasion de la fête de Noël. � Création du conte Ce conte est né en 1843 d’un besoin d’argent de la famille Dickens qui attendait son 5° enfant, avait hypothéqué sa maison du Devonshire et ne pouvait compter sur les ventes irrégulières de Martin Chuzzlewit. C. Dickens finança l’édition d’Un Chant de Noël et fixa le prix à 5 shillings afin qu’il soit accessible au plus grand nombre. Cette œuvre publiée pendant la semaine précédant Noël eut un succès immédiat mais à cause du coût de production et des éditions pirates que l’auteur combattit en vain, les lois sur les droits d’auteur étant peu appliquées en Angleterre, les gains furent insuffisants.

� Résumé C’est la veille de Noël, les rues sont animées et chacun prépare joyeusement le réveillon. Scrooge, vieil avare égoïste et solitaire, refuse l’invitation de son neveu et décide de rester seul chez lui. Mais les Esprits de Noël en ont décidé autrement … � Thèmes principaux Par le biais de thèmes attrayants comme Noël et les fantômes, C. Dickens porte un regard critique sur la société du XIX° s. en particulier sur la condition des enfants pauvres. a – Noël Au début du règne de Victoria (1833-1901), la fête de Noël connaît en Grande Bretagne un certain regain. Son époux le Prince Albert, d’origine allemande, introduit la coutume de décorer les sapins ; les cartes de vœux apparaissent vers 1840 et les chants retentissent de nouveau. Les contes de Noël de C. Dickens ont largement participé à cette renaissance en valorisant l’aspect festif : messes, vœux, cadeaux, repas, chants, bals, … et en présentant l’homme de façon idéale, le foyer familial comme un lieu chaleureux, protecteur. « Noël [est] un beau jour, un jour de bienveillance, de pardon, de charité, de plaisir, le seul, dans le long calendrier de l’année, où je sache que tous, hommes et femmes, semblent, par un consentement unanime, ouvrir librement les secrets de leurs cœurs et voir, dans les gens au-dessous d’eux, de vrais compagnons de voyage sur le chemin du tombeau, et non pas une autre race de créatures marchant vers un autre but. » (p.14).

b – Les fantômes Les personnages merveilleux du conte divertissent le lecteur et ont une fonction morale. � Ainsi lorsque le fantôme de Jacob Marley, l’associé de Scrooge mort depuis 7 ans, témoigne de sa longue et éprouvante errance, punition de son égoïste vie passée « avoir oublié que l’immensité de nos regrets ne pourra pas compenser les occasions manquées dans notre vie » (p.36), il prévient Scrooge des conséquences de son caractère, mode de vie, rapport aux autres, tous condamnables et l’incite à changer.

Le fantôme de Jacob Marley

Les trois « Esprits de Noël » ont de louables intentions : ils veulent le « bonheur » (p.47) de Scrooge, possible par sa « conversion » (p.48). Celle-ci passe par une indispensable prise de conscience de ses défauts et actions répréhensibles. � Le « premier Esprit » l’entraîne alors vers ses Noëls passés afin qu’il mesure l’importance de cette fête. Scrooge se revoit enfant seul et triste dans un pensionnat, puis apprenti participant au joyeux bal donné par son patron M. Fezziwig, ensuite jeune adulte en compagnie de sa fiancée qui lui reproche le changement de son caractère, enfin il découvre avec amertume le foyer qu’elle a fondé. Il revit les émotions d’autrefois et perçoit son évolution négative qui l’a conduit à la solitude.

le bal de M. Fezziwig

� L’ « Esprit du Noël présent » emmène Scrooge dans une rue commerçante de Londres, chez son neveu puis chez son commis Bob Cratchit, chez une famille de mineurs, parmi des marins et dans divers pays apprécier la célébration de Noël. Le vieil avare se rend compte des bienfaits de cette fête qui crée joie, espérance, générosité, fait oublier quelques instants les difficultés quotidiennes. Il réalise ce qu’il manque en y participant pas.

le second des trois Esprits.

A la fin de cette aventure, la rencontre avec « deux créatures misérables, abjectes […] les enfants des hommes : l’Ignorance et la Misère » (p.115) cachées sous le vêtement de l’Esprit permet à C. Dickens de s’exprimer sur le sort des enfants pauvres, nombreux au XIX° s. à qui l’absence d’éducation ne donnait pas la possibilité de changer de statut social et laissait dans la misère, qui mouraient des suites de maladies dues à la malnutrition, au manque d’hygiène.

L’Ignorance et l’Indigence.

� « L’Esprit des Noëls futurs » fait vivre à Scrooge sa propre mort et ses conséquences sur son entourage. A la Bourse des négociants parmi ses connaissances ne manifestent aucune émotion devant son décès qu’ils évoquent en même temps que des considérations sur la rigueur hivernale. Puis la servante de Scrooge vend sans vergogne les biens qu’elle a volés au défunt « auprès duquel personne ne pleurait, personne ne veillait » (p.131). Enfin, sa mort apporte le soulagement à son neveu et son épouse qui pourront rembourser leurs dettes grâce à l’héritage. Ainsi Scrooge comprend que « l’avarice, la dureté de l’amour, l’âpreté du gain » (p.132) l’ont rendu détestable, contrairement à l’aimable petit Tim Cratchit dont la disparition affecte la famille.

le dernier des Esprits

Ces trois « leçons » (p.144) ont généré un repentir sincère et la promesse de « changer de vie [...] d’honorer Noël […] d’entretenir le culte toute l’année » (p.144) que le dernier chapitre illustre par des exemples édifiants.

Illustrations de John Leech tirées de l’édition originale (1843).

Quelles œuvres lire ?

Oliver Twist (1836)

. Malgré l’interdiction, Oliver demande davantage de nourriture (illustration de G. Cruikshank 1837).

Orphelin Oliver connaît la dureté des orphelinats de l’Angleterre victorienne avant de travailler chez Mr. Sowerberry, fabricant de cercueils et croque-mort qui l’exploite. Lors d’une provocation, il se bat contre un apprenti puis s’enfuit vers Londres où épuisé il est recueilli par une bande de jeunes voleurs employés par le vieux Fagin. De nouvelles aventures lui feront risquer sa vie et retrouver sa famille.

Artful Dodger présente Oliver Twist à Fagin (illustration de G. Cruikshank 1837).

Ce roman peut être lu dans l’édition Livre de Poche ou en ligne http://fr.wikisource.org/wiki/Oliver_Twist ou entendu (durée : 18h28 !) http://litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/dickens-charles-oliver-twist.html

David Copperfield (1849-1850)

Enfui de la fabrique, David retrouve sa tante qui le prend en charge (illustration de Hablot Knight Browne « Phiz », 1849).

Ce roman à caractère autobiographique retrace le parcours d’un jeune garçon. Mal aimé par son beau-père, celui-ci l’envoie travailler dans une fabrique d’où David s’échappe et trouve refuge auprès de sa tante. A force de travail, il gravit l’échelle sociale et devient écrivain. Ce roman peut être lu dans l’édition Livre de Poche ou en ligne pour le 1° tome : http://www.ebooksgratuits.com/html/dickens_david_copperfield_1.html et pour le 2° tome : http://www.ebooksgratuits.com/html/dickens_david_copperfield_2.html ou entendu http://victoria-aufildeslectures.blogspot.com/2010/01/charles-dickens-david-copperfield-tome.html (actuellement seul le 1° tome est enregistré ; durée: 21h !)