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GENRE, FEMINISMES ET MOUVEMENTS SOCIAUX EN AFRIQUE : DIFFERENCES ET SYNERGIES ENTRE LES APPROCHES FRANCOPHONE, ANGLOPHONE ET LUSOPHONE. Contributions des francophones au forum de l'AWID, projet soutenu par l'OIF et Genre en Action, 14-17 novembre 2008

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GENRE, FEMINISMES ET MOUVEMENTS SOCIAUX

EN AFRIQUE : DIFFERENCES ET SYNERGIES ENTRE LES

APPROCHES FRANCOPHONE, ANGLOPHONE ET LUSOPHONE.

Contributions des francophones au forum de l'AWID, projet soutenu par l'OIF et Genre en Action,

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LE PROJET La faible présence des francophones dans les rencontres internationales traitant des droits des femmes et/ou du « genre » est un problème récurrent, le reflet du décalage, et peut-être du retard, des acteur-trices francophones du développement sur la prise en compte du genre dans les politiques publiques et la reconnaissances des droits des femmes comme enjeux de développement à part entière. Si la situation n’est pas nouvelle, manifestement, elle persiste.

De quoi s’agit-il alors? Du manque d'information en français (ou d'accès à cette information), du morcellement des mouvements et du manque de synergie entre les ONG de femmes, les «  pro-genre » et les féministes ? Les mouvements sont-ils en mode d’« auto-défense » d'une spécificité francophone par rapport aux approches anglo-saxonnes ? Est-ce le manque de volonté politique des gouvernements et des bailleurs du monde francophones sur ce thème? Les réponses sont sans doute multiples. Reste que des solutions pour remédier à cette situation sont à trouver.

Le forum de l’AWID – l’association pour les droits de la femme et le développement  – n’est pas le seul rendez-vous international des femmes militantes et féministes. Il est cependant le seul espace sur ce thème à avoir une portée internationale, à s’adresser aux mouvements sociaux, à ne pas être organisé par les Nations Unies ou les Etats... et à survivre depuis 26 ans. Jusqu’à présent, 10 fora internationaux ont été organisés, le dernier en date (2005 à Bangkok, Thaïlande) regroupant plus de 1800 femmes (et quelques hommes) du monde entier. Actuellement, l’AWID est impliquée dans le plaidoyer visant à intégrer le genre dans la déclaration de Paris, mais les associations francophones de la société civile sont largement absentes de cette démarche. Un rapprochement entre le mouvement international que représente AWID et les associations militantes francophones était donc plus que nécessaire. En 2005, la liste des participant-es au 10e forum de l’AWID (Bangkok) comptait environ 80 noms de francophones (sur les plus de 2000 inscrit-es). Sur ces 80, la moitié à peine a assisté au forum. Sur la centaine de sessions-débats proposées pendant les quatre jours, pas plus de 8 sessions ont fait appel à des francophones et seules trois séances ont été proposées par des francophones (Sénégal, Rwanda et RDC). Aucun-e francophone représentant-e d’organisations n’est intervenu-e pendant les plénières.

La mobilisation des francophones autour des grands enjeux de développement et dans les rencontres internationales faisant partie des objectifs de l’Unité Genre de l’Organisation Internationale de la Francophonie et du réseau Genre en Action, ces deux partenaires ont donc proposé un partenariat à l’AWID afin de garantir une participation francophone de qualité pendant le Forum 2008.

Que propose ce projet au sein du Forum de AWID ?

La mutualisation des ressources de l’OIF, du réseau Genre en Action, à laquelle s’ajoute une participation financière de la Coopération Suisse et de AWID, a permis de financer la participation de 47 francophones du Sud (dont 44 femmes) et de 4 membres de l’équipe organisatrice du réseau genre en Action (France).

Elle a aussi permis l’organisation d’une session et de deux caucus au sein du Forum. Le but de ces rencontres est de se pencher à la fois sur les raisons et les solutions de la faible présence des francophones sur la scène internationale du genre, afin de dépasser l’idée que le manque de moyens et la prépondérance de l'Anglais dans ces rencontres sont seuls responsables de la situation. Le partenariat a surtout permis à

Finalement, ce travail a donné lieu à la mobilisation des associations de femmes dans différents pays afin de rendre possible une couverture média militante en français d’un événement international, permettant à tou-tes les francophones de participer aux différents débats, y compris de façon éloignée.

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PARTENAIRES DU PROJET

Organisation Internationale de la Francophonie (UGED/DPS)13 quai André Citroën75015 Paris France

L'Organisation internationale de la Francophonie regroupe 55 États et gouvernements membres et 13 observateurs répartis sur les cinq continents, rassemblés autour du partage d'une langue commune : le français. Parlé par 200 millions de personnes dans le monde, le français a statut de langue officielle, seul ou avec d'autres langues, dans 32 États et gouvernements membres de l'OIF. L'OIF mène une action politique en faveur de la paix, de la démocratie et des droits de l'Homme et anime dans tous les domaines une concertation entre ses membres. Elle apporte à ses États et gouvernements membres un appui dans l'élaboration ou la consolidation de leurs politiques sectorielles. L'OIF mène des actions de coopération multilatérale, conformément aux grandes missions tracées par le Sommet de la Francophonie.

Au sein de l’OIF, l’Unité Genre et développement de la direction de la Planification stratégique (UGED/DPS) a été mise en place en 2007. Outre le pilotage de l’aspect transversal, l’Unité de l’Égalité des genres pour le développement a également pour mandat de mettre en œuvre un programme visant l’élimination des principales entraves à la promotion des femmes. Il s’agit surtout de la lutte contre la violence et les discriminations fondées sur le sexe, de la mise à disposition de la documentation, la sensibilisation, le renforcement des capacités et les concertations sur le genre.

Réseau Genre en Actionhttp://[email protected], IEP de Bordeaux11 Allée Ausone33607 Pessac cedexFrance

Le réseau Genre en Action a été lancé en janvier 2003 à l'initiative du ministère des Affaires étrangères français. Il a pour ambition de permettre à toutes celles et ceux impliqué-es dans les questions de développement et de solidarité internationale de s'informer, de se former et d'échanger sur les enjeux et la pratique de l'approche « genre et développement ». L'objectif de cette mise en contact des acteur-trices, chercheur-es, décideur-es, militant-es et formateur-trices francophones, à travers le site www.genreenaction.net (pour nous rejoindre : les rubriques « Abonnez-vous » et « Membres du réseau »), des manifestations ponctuelles et quelques publications est de capitaliser et diffuser les ressources francophones sur le genre, de favoriser les échanges inter-disciplinaires Nord/Nord, Sud/Sud et Nord/Sud ; d'héberger des discussions/débats sur Internet et dans des groupes de travail ; de créer des synergies entre les acteurs-trices pour renforcer le plaidoyer en faveur de l'égalité femme/homme et d'être un lieude développement et d'échange d'outils pour la gestion des programmes/projets.

Le soutien de la Coopération Suisse a permis la participation de 10 candidates. http://www.ddc.admin.ch/ (Page genre : http://www.ddc.admin.ch/fr/Accueil/Themes/Genre). AWID a également contribué à la prise en charge partielle de 14 francophones. Nous leur adressons tous nos remerciements.

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EQUIPE DU PROJET

Géraldine Caplot, 27 ans, étudiante en deuxième année de Master à l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, travaille sur le rôle des femmes dans les conflits armés et sur les violences sexuelles en temps de guerre. Le sujet de son mémoire de fin d'études reste à préciser, mais tournera encore autour du vaste thème du rôle des femmes dans les conflits armés. Ancienne responsable de groupe pour Amnesty International France, elle s'est concentrée sur les travaux de la commission femmes de l'organisation. Membre du réseau Genre en Action depuis un an, elle est rédactrice pour le site Internet de l'Organisation Internationale de la Francophonie dédié au genre et à l'égalité des sexes. [email protected]

Elisabeth Hofmann est la coordinatrice du réseau Genre en Action depuis mars 2005. Economiste du développement de formation, elle a fait sa thèse sur l'évaluation de projets, tout en travaillant comme consultante, évaluatrice et formatrice, notamment dans différents pays africains. Depuis 10 ans elle est aussi enseignante-chercheure à temps partiel à l'université de Bordeaux. Elle a organisé et suivi les préparatifs pour le forum d'AWID de la part du réseau et cela surtout d'un point de vue administratif. [email protected]

Joëlle Palmieri, 49 ans, est experte en genre, conseil en presse et communication. Elle collabore régulièrement avec l’Organisation internationale de la Francophonie, sa branche Développement durable (IEPF), le CRDI (Centre de recherches pour le développement international, rattaché à la coopération canadienne), et avec des ONGs, telles que ENDA-Tiers Monde, sur des projets de recherche en genre sur et via le droit à l’information et à la communication et à l’économique. Elle est par ailleurs doctorante à l’IEP de Bordeaux, Laboratoire de recherche du CEAN (Centre d’études d’Afrique noire). Sa thèse porte sur « Genre et Internet : Effets politiques des usages d’Internet par des femmes sur deux types de domination (dominations masculine et Nord/Sud) : les cas de l’Afrique du Sud et du Sénégal ». Elle coordonne une couverture media en français pendant le forum de AWID. [email protected]

Fadia Nassif est d’origine libanaise, installée à Paris depuis 1986. Après des études en sociologie et anthropologie à l’Université de la Sorbonne (Paris V) elle obtient un doctorat en sociologie en 1993. Sa thèse, portant sur l’analyse des rumeurs dans la guerre du Liban, a fait l’objet d’une publication aux éditions du CNRS en 1998, sous le titre : Les rumeurs dans la guerre du Liban. Les mots de la violence. Après dix ans passés à la Délégation permanente du Liban auprès de l’UNESCO, où elle a suivi les dossiers de la Francophonie et les travaux du secteur des Sciences sociales et humaines de l’UNESCO, elle intègre en 2002 l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en qualité de responsable du projet « Femmes et développement ». Depuis 2007, elle est Cheffe de l’Unité de l’égalité des genres pour le développement, placée à la Direction de la planification stratégique de l’OIF. Elle a supervisé la préparation du projet pour l’OIF. [email protected]

Claudy Vouhé a 18 ans d’expérience dans le domaine de l’intégration du genre, notamment dans l'élaboration d’orientations stratégiques, l'audit organisationnel, la création d'outils méthodologiques, la formation, la recherche-action et l'évaluation. Elle a travaillé sur des programmes de promotion des femmes (Namibie/Unicef), a fait de la recherche-enseignement (DPU, Gender policy and planning programme, Londres). En tant que consultante, elle intervient sur la thématique du genre pour des agences internationales et nationales ainsi que des ONG. Elle est actuellement coordinatrice d'un projet de e-formation sur Genre et Développement avec l'Université de Genève (The Graduate Institute). Militante de l'égalité, elle est membre du conseil d'orientation de Genre en Action dont elle a été co-fondatrice et première coordinatrice, elle est aussi membre de la plateforme interministérielle pour l’intégration du genre du Ministère français des affaires étrangères, du comité international de Bridge (GB) et du conseil d’orientation « genre » de l'[email protected]

Nous remercions Magnan Sy Kouanda, Isabelle Ba et Dilek Elveren de l’OIF ainsi que Lucia Direnberger du réseau Genre en Action pour leur soutien efficace pendant la préparation de cette rencontre. Nous remercions aussi vivement tous les membres de AWID pour leur disponibilité et soutien.

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LA SESSION

L’hypothèse de départ, à vérifier, est que les mouvements de femmes en Afrique sont différents selon qu’ils opèrent dans des milieux francophones, anglophones ou lusophones et que, par conséquent, leur rapport avec les mouvements sociaux sont également différents. La session propose de confronter les différentes approches et stratégies utilisées par les mouvements de femmes et féministes issus de pays d’Afrique francophone, anglophone et lusophone afin d’identifier les différences et les similitudes dans les liens que les mouvements de femmes et féministes entretiennent avec les mouvements sociaux.

Pour des raisons liées principalement à l’histoire coloniale de l’Afrique, les mouvements sociaux de femmes ont suivi des voies différentes selon qu’ils se sont développés dans les milieux francophones, anglophones ou lusophones. Alors qu’un féminisme à l’Africaine continue à être défendu dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest, l’évolution du concept genre et son application a surtout touché les pays anglophones sous l’influence des agences internationales et des bilatérales pionnières sur le genre. Les pays francophones ont été confrontés au genre beaucoup plus tard et de façon moins structurée. Les financements pour travailler sur « le genre » ont été moins importants en Francophonie, malgré des efforts dans ce sens depuis plusieurs années. Dans les pays lusophones, à l’exception du Mozambique qui a fait l’objet de très nombreux projets d’aides au développement de la part d’agences de tous les pays, la question du genre commence juste à poindre.

Dans un premier temps, la session s’interrogera sur la façon dont, dans ces différentes « zones linguistiques », le féminisme est perçu par les mouvements des femmes et les mouvements sociaux? Selon les zones linguistiques, comment se comportent les mouvements des femmes : où sont-ils plus efficaces, moins marginaux, mieux financés, et pourquoi ?

Dans un deuxième temps, la session se penchera sur les liens entre les mouvements des femmes et les mouvements sociaux. En quoi les fondements (conceptuels, idéologiques et politiques) sur lesquels reposent les définitions du « genre » et du « féminisme » dans les différentes zones influencent-ils les rapports entre les mouvements des femmes et d’autres mouvements sociaux ? Dans ces différentes zones, comment s’articulent les revendications et les actions des femmes avec celles des mouvements sociaux ? Est-ce et comment le genre est intégré dans les mouvements sociaux ?

La question finale sera : que pouvons-nous apprendre des approches dans les différentes zones ? Comment travailler ensemble au-delà de nos différences pour construire des alliances durables et efficaces entre les mouvements des femmes et les autres mouvements sociaux, notamment en Francophonie ?

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PREMIERE PARTIE

Contributions des intervenantes

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Vonifanja ANDRIANAONITSOAMadagascar

Réseau Genre et ONG Lalana

Comparer les approches francophone et anglophone, relever leurs différences et leurs synergies, est une réflexion qui ne met pas vraiment en évidence l’expérience de Madagascar en matière de Genre, féminisme, et mouvements sociaux.

En effet, historiquement, du fait de son passé colonial, Madagascar est un pays francophone. Les institutions, l’organisation administrative, le système juridique, le Droit positif, les règles et les pratiques appliquées dans le secteur privé…sont fortement marqués par l’influence française. Pendant longtemps, la langue de travail et d’enseignement était uniquement le Français.

D’un autre côté, Madagascar a aussi gardé une empreinte du passage – même relativement bref - des Anglais dans son histoire. Cette empreinte est perceptible surtout dans le domaine culturel (par exemple, dans la religion chrétienne, la langue) et on constate actuellement que l’influence anglo-saxonne est particulièrement présente en ce qui concerne les approches de développement.

Par rapport au thème de la présente session, que peut-on alors dire de Madagascar : l’approche Genre que le pays a adoptée est-elle francophone ou anglophone ? Les réflexions qui suivent ne répondront pas directement à cette question, elles présenteront les expériences vécues des Malgaches à partir des années 60 jusqu’à nos jours, en matière de promotion de la femme, des Droits de la femme, et du Genre, ou celles qui y sont liées.

Cet historique permettra alors de révéler, soit l’ignorance des deux approches précitées, soit leur « cohabitation », ou encore leur application successive, à travers les mesures prises par l’Etat, les interventions des organismes d’appui technique et financier, des associations et organisations non gouvernementales, des projets et programmes de développement, bref, de tous ceux qui sont actifs et opérationnels dans le développement social à Madagascar.

Ainsi, du temps de la 1ère République, c’est-à-dire dans les années 60-70, un Secrétariat d’Etat était chargé de la Condition féminine, et à sa tête se trouvait l’unique membre féminin du Gouvernement de l’époque. La présence féminine dans la politique et au niveau politique était quasi-nulle.

Dans le domaine du développement social, le temps était aux activités caritatives, aux distributions de vivres et de vêtements pour les populations défavorisées, en majorité constituées des femmes et des enfants.

Pour ce qui est des besoins et des intérêts des femmes, à côté des écoles ménagères réservées aux jeunes filles si celles-ci voulaient suivre un enseignement technique, et où on leur apprenait à devenir de « bonnes maîtresses de maison », il y avait les centres sociaux mis en place par les missions catholique ou protestante, dans lesquels les mères de famille bénéficiaient de formations en puériculture, hygiène, coupe, couture et broderie. En résumé, les filles et les femmes recevaient une éducation qui les confinait à / renforçait leur rôle reproductif, et ne leur permettait ni d’avoir un métier, ni de devenir autonomes sur le plan financier.

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Concernant le mouvement associatif, la participation des femmes se limitait à adhérer à des associations exclusivement féminines, engagées dans la cause humanitaire (Croix Rouge) ou sociale (Equipe féminine d’éducation nutritionnelle).

Enfin, pour les Droits de la femme, ils n’étaient pas abordés de manière spécifique dans les différents textes de lois qui se mettaient progressivement en place, en s’inspirant de très près du modèle français. Certaines dispositions légales mettaient même la femme malgache dans une position nettement inférieure par rapport à l’homme : par exemple, la loi sur le mariage, le régime matrimonial…

Mais même si globalement, les textes de lois ne faisaient pas de discrimination entre l’homme et la femme, ou prônaient une égalité de droit entre ceux-ci (par exemple, la Constitution, les droits fondamentaux), leur portée était très limitée, du fait d’une application insuffisante. En effet, la majorité de la population accordait plus d’importance aux règles coutumières souvent défavorables à la fille / à la femme, et les observait beaucoup plus que ces dispositions légales égalitaires. Cependant, en dépit de cette « culture francophone » du développement en général, le mouvement féministe français n’a pas pu percer à Madagascar. Les raisons de cette non intégration du féminisme ont été développées dans un autre document (cf. article de Noro RAVAOZANANY), mais on peut y ajouter le motif suivant : la résistance des Malgaches au féminisme peut aussi s’expliquer par un des fondements de la culture malgache, qui est la recherche quasi - systématique du consensus, c’est-à-dire la préservation des relations sociales en évitant les rapports de force ou conflictuels, ou encore l’affrontement. La notion de « pouvoir » liée au féminisme faisait peur aux Malgaches - hommes et femmes, et partager le pouvoir qui revient traditionnellement et de droit à l’homme, était tout simplement inimaginable !

Durant la période socialiste, entre 1975 et 1990, l’accent a été beaucoup plus mis sur la lutte des classes et les inégalités sociales, à savoir les inégalités entre les « riches » et les « pauvres ». Théoriquement, l’égalité entre l’homme et la femme était un acquis qui n’était plus à discuter, et le développement était « asexué ». Ce principe ne pouvait cependant pas cacher la réalité ou la perpétuation des inégalités de Genre, entretenues par des stéréotypes négatifs sur la femme, et fortement ancrés dans la culture malgache.

Quelques associations féminines caritatives de l’époque ont évolué vers l’approche « Femmes et Développement », du moins dans leur appellation, car leurs préoccupations restaient axées sur l’atténuation des conditions de vie déplorables des femmes malgaches.

Sur le plan institutionnel, la condition féminine ne faisait plus l’objet d’un Secrétariat d’Etat à part entière, elle s’est retrouvée intégrée dans un ministère, au rang de Direction de la femme et de l’enfance.

En politique, une section féminine a été créée au sein du parti politique au pouvoir, et celle-ci jouissait d’une visibilité plus grande que ladite direction ministérielle, en termes de participation féminine à la politique ou au niveau politique. Néanmoins, cette participation féminine n’était qu’une façade, car la sphère de décision restait inaccessible pour la femme malgache.

En Droit positif, on peut quand même relever, sous l’impulsion de cette section féminine du parti unique, l’abrogation en 1990 de la règle de 1/3 pour la femme et 2/3 pour l’homme, en cas de divorce et de partage des biens communs, et l’adoption du partage égal entre les époux.

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Il est à remarquer que, pour être « politiquement correct » vis-à-vis de la communauté internationale, Madagascar n’a pas manqué, au cours de cette période, de ratifier les différents instruments internationaux relatifs aux Droits de la femme, pour ne citer que la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples en 1986, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) en 1989, et de marquer par quelques actions la Décennie de la femme (1976-1985).

En fin de compte, c’était la Conférence de Beijing en 1995 qui a été l’élément déclencheur d’une prise de conscience des intervenants du développement sur l’acuité des problèmes de Genre à Madagascar, et la nécessité de les résoudre, en vue d’un développement plus efficace. A partir de cette année, c’était grâce à l’engagement de la société civile, des associations et des organisations non gouvernementales, des équipes de projets / programmes de développement, et au soutien conséquent des organismes d’appui technique et financier – bilatéraux et multilatéraux - que la promotion du Genre a pris véritablement son envol à Madagascar.

Il n’est peut être pas approprié de qualifier cette promotion du Genre de « mouvement social », parce qu’elle ne prenait pas sa source au niveau des communautés de base, elle émanait essentiellement des acteurs du niveau intermédiaire.

Toutefois, elle a pris une envergure telle qu’elle a incité l’Etat malgache à élaborer une Politique Nationale de Promotion de la Femme (PNPF) en 2000, traduite en Plan d’Actions National Genre et Développement (PANAGED) pour la période 2004-2008, ce dernier ayant été décliné en plans d’actions régionaux (PARGED). De même, une Direction de la Promotion du Genre a vu le jour dans un ministère, à la place de la Direction de la femme et de l’enfance.

Des associations et des réseaux se sont constitués pour rendre plus visibles et plus efficaces leurs efforts en faveur du Genre. Des partenaires techniques et financiers ont manifesté leur soutien à la promotion du Genre, en exigeant la prise en compte de la dimension Genre dans la conception, la planification et la mise en œuvre des interventions de développement, en allouant des ressources financières à des activités spécifiques d’intégration du Genre, ou pour le mainstreaming de Genre, ou encore en finançant des formations en Genre.

Peut-être en raison du nombre important d’acteurs de développement engagés dans cette promotion du Genre, ou sous l’influence de diverses tendances en matière d’approche Genre – et c’est là que l’on peut évoquer les approches francophone et anglophone – on a assisté à un « phénomène d’activisme » pour le Genre, tel que des discordances sont très vite apparues.

En fait, la compréhension du concept Genre, le langage tenu et les messages véhiculés pour le promouvoir, les applications et les pratiques pour mettre en œuvre l’approche…ont connu des divergences entre les promoteurs. Jusqu’au milieu des années 2000, des « guerres d’écoles » ont divisé ces promoteurs du Genre, au détriment de sa diffusion et de son appropriation par le plus grand nombre, de l’opérationnalisation de l’approche Genre, et de la concrétisation de la réduction des inégalités de Genre.

On ne pouvait pas, à proprement parler, distinguer laquelle des deux approches - francophone et anglophone – était la plus utilisée, ou la mieux intégrée à Madagascar. On était dans la situation où chaque intervenant, projet ou programme de développement, organisme (presque) avait sa propre définition de ce qu’est le Genre, et en quoi consiste l’intégration du Genre

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dans ses activités, en fonction de la formation en Genre qu’il a reçue, ou du formateur qui l’a appuyé.

Le sommet de Beijing +10 semble avoir eu une influence positive pour résoudre ce problème de « cacophonie », puisque des efforts pour l’harmonisation du langage, une définition plus claire du concept Genre, l’adoption de stratégies plus synergiques, et l’opérationnalisation de l’approche Genre et Développement par le biais des outils « classiques » d’analyse de Genre ont été réalisés. Ces efforts ont porté leurs fruits, car on peut dire que ces dernières années, Madagascar connaît des avancées plus importantes en matière de Genre.

Si l’on revient à la question initiale d’approche francophone et anglophone du Genre, le parcours de Madagascar présenté ci-dessus se révèle « atypique ». Effectivement, les efforts sus mentionnés peuvent être classés simultanément dans les deux approches, sans que l’on puisse en tirer une conclusion sur la caractéristique malgache.

En effet, d’une part, le « militantisme » pour la cause féminine a pu faire aboutir des actions comme la révision du Droit de la Famille, notamment la loi sur le mariage et le régime matrimonial, l’augmentation des candidatures féminines aux postes électifs, l’accroissement de la présence féminine dans les instances de décision nationales, l’affirmation de la volonté de l’Etat malgache de s’engager dans la promotion du Genre (Engagement 8 – Défi N° 5 du Madagascar Action Plan voulant « promouvoir l’égalité de Genre et l’autonomisation des femmes », la signature du Protocole Genre de la SADC), l’engagement des Parlementaires à assurer un meilleur suivi de l’application des conventions internationales et de la législation nationale en matière de Droits de la femme et de Promotion du Genre, et à appuyer l’intégration de la dimension Genre dans les différents secteurs d’intervention de l’Etat.

Et d’autre part, la mise en œuvre effective de l’approche Genre par les intervenants / acteurs du développement a permis d’intégrer cette dimension dans les projets et programmes de développement, même dans des secteurs réputés « hard » comme les programmes d’infrastructures ou le transport, de mener des activités concrètes qui cherchent à réduire les inégalités de Genre, ou au moins à conscientiser sur la problématique du Genre, d’obtenir des résultats et des effets positifs concrets sur la situation de désavantage des femmes malgaches, bref, d’améliorer la qualité des interventions de développement, en termes de pertinence, d’efficacité et de pérennité.

En définitive, pour Madagascar, la combinaison des approches francophone et anglophone a été (est) une stratégie payante. Il ne s’agissait pas de buter sur les différences de théories et de terminologies, ni d’avoir une position tranchée en faveur de l’une ou de l’autre approche, encore moins d’être « enfermés » dans des méthodes ou des outils Genre spécifiques. Le plus important était de chercher à changer les choses, d’avoir un impact positif réel sur les inégalités de Genre existantes. Quand les promoteurs du Genre ont pris conscience de cette vérité, la compréhension mutuelle et l’appropriation du but commun de réduire les inégalités de Genre ont été les forces pour réaliser les efforts, et les atouts pour obtenir des résultats.

Il reste à dire que des progrès ont été ainsi constatés, mais le travail qui reste à faire est encore immense, qu’il s’agisse de Droits de la femme ou de promotion du Genre à Madagascar. Vonifanja Andrianaonitsoa (Madagascar) est membre actif du Réseau Genre constitué en 1997 par des professionnels du développement pour initier la promotion du Genre dans les activités des programmes et projets de développement à Madagascar. Il regroupe 50 membres : institutions publiques, organismes publics et privés, projets de développement et consultants indépendants.

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Vonja siège actuellement dans différentes commissions (formation, genre et media, mise en place de l’Observatoire du Genre). Elle est chargée de l’animation principale du Réseau Genre pour 2008. Elle est aussi membre du Consortium de Consultants indépendants. En tant qu’experte genre au sein de l’ONG malgache Lalana, elle veille à l’intégration effective du genre et de programme d’actions sociales dans les Programmes Routiers 8ème et 9ème FED de l’Union Européenne.

[email protected]

Idalina Freire GonçalvesOMCV- Organisation des femmes du Cap Vert

[email protected]

Contribution du Cap Vert au Forum AWID 2008

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La perspective du Genre au Développement (GAD) se structure à partir du principe des rapports d’inégalités de pouvoir entre hommes et femmes, alors que la Femme dans le Processus de Développement (WID), centralise son action sur la composante femme même qu’il est de reconnaître l’inégalité entre les deux sexes. Cependant, toutes ces deux situations partent du principe qu’il existe à la base, un déséquilibre en termes d’égalité des opportunités entre hommes et femmes au niveau de toutes les tranches de la société, notamment une entrave décisive dans le processus de développement des peuples.

Il existe une diversité de projets, bien comme des politiques publiques mises en oeuvre qui “incorporent la vision de genre”. Des interprétations attribuées à ce terme sont multiples et varient d’un endroit à un autre et même dans une situation identique en fonction du temps. La politisation du débat sur les inégalités du genre tout comme le dialogue comme mouvement féministe s’exprimera avec plus ou moins d’intensité selon l’interlocution possible qui devrait être construite en fonction de chaque contexte culturel. De même, la traduction de ce débat en actions, projets et politiques a déployé une complexité et une diversité d’agents sociaux responsables pour les changements que l’on prétendait mettre en pratique dans le sens d’un processus de développement qui visait réduire les inégalités entre hommes et femmes.

Dans une perspective de promouvoir la participation effective de la femme dans le processus de développement au Cap Vert, tout juste après l’indépendance en 1975 a commencé à surgir dans le pays avec une forte incidence d’un mouvement de femmes luttant pour leurs droits et pour la conquête de l’espace à travers une défit qui se faisait sentir dans le contexte d’un pays récemment né.

La femme capverdienne, jusqu’au moment de l’indépendance vivait dans une situation de totale dépendance para rapport à son partenaire homme. La femme était économique, sociale et culturellement dépendante. L’analphabétisme était très accentué dans la couche féminine car, plus de 75% des femmes capverdiennes ne savaient ni lire, ni écrire. Conscientes qu’il était, dans ces conditions, difficile de développer le pays sans la participation de toute la société et, consciente également de la situation que la femme traversait au Cap Vert, les autorités donnèrent tout l’appui nécessaire pour la création d’une structure autour de laquelle la femme pouvait, de façon organisée, lutter pour la garantie de son émancipation et le pouvoir d’exercer son rôle dans la société en pleine égalité avec l’homme son partenaire.

Ainsi, en 1981, fut créée officiellement l’OMCV (Organisation des Femmes du Cap Vert - Organização das Mulheres de Cabo Verde) á l’époque, l’unique organisation de promotion de la femme dans le pays. Avec le concours total de l’engagement des autorités politiques, l’organisation a su s’imposer au niveau de tout le territoire national. L’adhésion des femmes autour de cette organisation fut grande et grâce aux efforts déployés, l’organisation a réussi à développer une grande campagne de sensibilisation de la femme pour son émancipation et surtout, sensibiliser la femme sur l’importance de sa participation effective dans la reconstruction du pays indépendant. Si au niveau politique, il y avait un engagement autour de la lutte de la femme pour son émancipation, au niveau social, la femme capverdienne, devrait faire face pour une lutte sérieuse afin de convaincre les hommes qu’il était nécessaire pour un changement d’attitudes par rapport à la femme et son rôle dans la société.

Les années après l’indépendance du cap vert, les défis étaient énormes pour le pays et pour la femme en particulier. Près de 75% de la population était analphabète, l’alphabétisation de la population était établie comme priorité pour les autorités gouvernementales. Pour l’OMCV, il était fondamental de miser sur l’alphabétisation et la formation professionnelle de la femme. Il n’était pas d’envisager la participation active de la femme dans le processus de

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développement du pays dans une situation d’analphabétisme accentué. Ainsi, avec l’appui des entités nationales et internationales, l’OMCV avait lancé, comme priorité, une forte campagne d’alphabétisation au sein des femmes, sensibilisant, à cet effet, les jeunes et les adultes qui, volontairement adhérèrent à la campagne. Le résultat de cette campagne, à la fin des années 80, montra que le Cap Vert avait réduit l’analphabétisme à moins de 30% et, il y avait un certain équilibre au niveau de l’alphabétisation et l’éducation entre hommes et femmes. Plusieurs autres activités en faveurs des femmes ont été entamées pour l’OMCV

Dans les années 90, avec l’ouverture du pays au multipartisme, d’autres organisations de promotion de la femme surgirent au Cap vert et grâce au travail effectué, aujourd’hui, l’on peut être fières de dire que la femme capverdienne a atteint un niveau considérable de maturité tant au niveau social, politique et culturel et, joue un rôle important dans la société capverdienne. Malgré les avancés obtenues, il reste encore un long chemin à parcourir. La violence domestique, le chômage, la pauvreté et l’exclusion sociale continuent de constituer certaines des préoccupations. Créer un mécanisme de “empowerment” de la femme comme forme de lutter contre la pauvreté, l’exclusion sociale et toutes les formes de discrimination constitue un défit. Plusieurs projets et programmes en vue d’améliorer les conditions de vie de la femme sont en cours et, la perspective est de créer un mécanisme qui donne une certaine garantie de «empowerment» de la femme capverdienne.

Idalina Gonçalves (Cape Vert) est présidente de l’Organisation des Femmes du Cap Vert (OMCV) dont l’objectif est de contribuer à la défense des intérêts spécifiques des femmes capverdiennes afin d’assurer leur promotion sociale, culturelle, politique, économique et leur pleine intégration pleine dans le développement du pays. OMCV a des activités dans le domaine de la défense et de la promotion des droits des femmes ; la formation et l’insertion professionnelle des femmes ; le genre politique et développement ; le micro crédit; la santé; l’environnement et la sécurité alimentaire, dans tout le pays. [email protected] ou [email protected]

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SCHOLASTIQUE COMPAOREMARCHE MONDIALE DES FEMMES

BURKINA [email protected]

Pour respecter l’ordre d’apparition de ces concepts dans notre vocabulaire et nos pratiques du développement, le thème ne devrait il pas plutôt être : Mouvements sociaux, féminisme et genre en Afrique ? Il est vrai qu’on pourrait aussi penser que le féminisme était déjà d’actualité à la fin du 19ième et comme nous allons le voir, est présente dans toute analyse et critique du développement.

L’objectif final de la session étant de renforcer les liens pour construire des solidarités efficaces et durables entre les mouvements de femmes, les mouvements féministes et d’autres mouvements sociaux, nous allons voir si nos différences si elles existent vraiment, peuvent être dépassées et constituer des forces pour l’atteinte de cet objectif ? Comment faire de nos différences et diversités des forces ?J ai eu l’occasion de côtoyer et de travailler de façon concertée, avec des africaines anglophones et lusophone, dans la coalition internationale qu’est la Marche Mondiale des Femmes, mais, même si nous avons la même définition du féminisme, et que les actions à mener sont décidées d’un commun accord lors des rencontres internationales, je ne peux me targuer de connaître comment cela est traduit en activités dans leurs réalités quotidiennes car chaque membre est libre et autonome dans sa façon de fonctionner et de conduire ses activités. Pour présenter la session, j’ai revisité vos contributions et questionnements en ligne et en m’appuyant sur mes expériences et vécu personnels je lance quelques idées pour favoriser les échanges et les débats. APPROCHE HISTORIQUE

Au tout début des indépendances face à tant de dénuement et de pauvreté, on a pensé qu’il suffisait de moyens techniques et financiers pour enclencher le processus d’un développement bénéfique pour tous. Mais il a fallu vite déchanté. Non seulement nos moyens ne nous permettaient pas de nous doter d’infrastructures et de moyens nécessaires mais pis, les populations avaient très peu accès aux possibilités d’amélioration de leurs conditions d’existence et de travail (eau, structures et soins de santé, écoles, technologies de production performantes). On a donc entrepris de parer au plus pressé avec la contribution des premiers mouvements sociaux, d’origine surtout religieuse et caritative pour aider à résoudre des problèmes ponctuels comme creuser un puits, distribuer des vivres, participer à des campagne de vaccination etc. Les premières interventions en faveur des femmes visaient à les aider à mieux jouer leurs rôles d’épouse et de mère. Presque rien n’était fait en ce qui concerne leurs rôles de productrices convaincus qu’on était alors que la production est l’apanage des hommes la part des femmes dans la production les n’étant que d’appoint pensait-on. Ce partage de rôles et de tâches selon le sexe était considéré comme naturel, et consacré par la tradition et la religion, la norme sous tous les cieux. On était en outre convaincu qu il suffisait de donner à l’homme pour que cela profite à toute la famille sensée tout partager : les ressources, les biens, l’information et le savoir. Il ne venait à l’esprit de personne de le contester. Ce n’est que dans les années 70 que les premières études sérieuses dont celles d’Esther Boserup, ont révélé que la situation et le rôle effectifs des femmes dans le développement sont différents et montré par la même occasion que contrairement aux idées reçues, les femmes n’ont pas les mêmes droits que les hommes que la discrimination est généralement en faveur des hommes. Par exemple, dans beaucoup de pays, les femmes n’ont pas droit à la propriété, ne jouissent

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pas d’une réelle indépendance économique, car dépendantes du bon vouloir de l’homme pour accéder aux biens et moyens de production. Elles ont par ailleurs moins accès que les hommes à l’éducation et à la formation. Leur contribution au développement, quoique importante est occultée et invisible dans les statistiques nationales ou comptabilisé au titre des apports de l’homme dont elles ne constitue que le complément. En Afrique, on commence à comprendre que pour tout un tas de raisons, dont la polygamie, la femme et ses enfants ne profitent pas au même titre que les hommes, des bénéfices du développement. Pour corriger cette situation et pour un développement plus efficace, on parle désormais d’Intégration des Femmes au Développement

INTEGRATION DES FEMMES AU DEVELOPPEMENT. Cette approche du développement lutte pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes et pour que cesse les discriminations et dévalorisations de toutes sortes dont les femmes sont victimes. Des dispositions sont proclamées dans ce sens par les Nations Unies et légalisées par la plus part des pays le proclament aux Nations Unies : l’égalité des salaires et le droit à des congés de maternité et la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discriminations à l’Egard des Femmes. Des partenaires techniques et financiers décident de ne financer que les projets qui ont pour le moins un volet femmes. Et les pays en développement ne s’y conforment pas toujours par conviction mais surtout pour ne pas perdre des financements des gros projets dont le volet femme ne constitue qu’un appendice. Des organisations de la société civile actives sur le terrain, commencent à se rendre compte que les projets et programme de développement qui considèrent les femmes comme une entité à part et les isolent dans des volets ou composantes femmes ou même des projets pour les femmes, sont contreproductifs et ne favorisent pas un développement harmonieux et efficace. Des évaluations des interventions fondées sur cette approche révèlent même que dans certains projets augmentent les rôles et responsabilités des femmes, mais qu’elles ont peu accès aux bénéfices et ressources assujetties qu’elles sont, au bon vouloir du mari pour en récolter quelques miettes. Des organisations sociales se démarquent quelque peu de cette vision de la femme dans le développement et s’inscrivent dans une nouvelle approche du développement : l’approche genre et développement. Les Organisations des Nations Unies comme le PNUD et la FAO ont développé ce concept et produit les outils pour en faciliter la compréhension et l’utilisation dans les programmes de développement axés sur l’équité et l’égalité hommes femmes et la participation de tous à tout le processus de développement.

L’APPROCHE GENRE ET DEVELOPPEMENT :

Les Organisations des Nations Unies comme le PNUD et la FAO ont développé cette approche et produit les outils pour en faciliter la compréhension et l’utilisation dans les programmes de développement axés sur l’équité et l’égalité hommes femmes et la participation de tous à tout le processus de développement. Estime que le développement doit concerner les hommes et les femmes, et que lorsqu’on parle de d’intégration il ne s’agit pas de saupoudrage pour calmer les revendications des femmes, mais d’une prise en compte effective des besoins essentiels et stratégiques de l’homme comme de la femme, dans tout le processus de développement : depuis la définition des politiques, programmes et projets de développement, en passant par leur mise en œuvre, suivi et évaluation de façon systématique. En un mot cette approche se focalise sur la recherche de l’équité et de l’égalité entre hommes et femmes. Des organisations sociales adhèrent à cette approche mais y ajoutent d’autres dimensions et s’inscrivent dans une lutte un peu plus radicale et centrée sur la la prise de conscience par la femme de la situation et de sa capacité à l’améliorer.

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LE FEMINISME. Les féministes estiment que l’oppression de la femme par l’homme demeure réelle et que par conséquent, la lutte doit être centrée sur la femme, pour renforcer ses capacités et pouvoirs et son accès et contrôle des ressources et des biens qu’elles génèrent ou contribuent à créer ainsi que sa participation à la gestion de la chose publique. La lutte à leur avis devrait concernée l’accès de la femme à tous les droits humains et singulièrement à ceux qui augmentent son indépendance économique, son accès et contrôle des ressources et biens qu’elle produit et sa participation à la gestion de la chose publique. Et pour y parvenir, elle prône une internationale de la lutte et la coalition entre les femmes du Sud et du Nord et entre les mouvements de femmes à l’intérieur d’un même pays. Il y a des féminismes Il n’y a pas qu un seul féminisme. Au départ, on luttait pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes. Droit à la propriété, l’accès à l’éducation et le droit à une indépendance économique et le droit de vote. Chaque groupe ou pays s’est focalisé à défendre un droit, avec la conviction que cela fera tâche d’huile, en ce sens que cela facilitera l’accès aux autres droits. Deuxième vague dénonce l’oppression des femmes par le système patriarcale et lutte pour les libérer des rôles et fonctions attentes imposés par les relations de genre : droits sexuels et reproductifs et la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse luttes contres les institutions sexiste a apporté des changements notamment en politique et dans d’autres domaines scientifiques  psychologie, le droit la sociologie, la biologie. 3ième vague, est en cours elle se veut une internationale de la solidarité

C’est cette solidarité que la Marche Mondiale des Femmes entreprend d’établir pour faire avancer la lutte des femmes.

MARCHE MONDIALE DES FEMMES : SOLIDARITE ET SYNERGIES

« Le féminisme selon la Marche Mondiale des femmes est une pensée, un projet de société, une alternative, une autre façon de voir le monde. Il vise à défaire les systèmes qui perpétuent la peur et la haine de la différence et justifient la violence ; à dénoncer les systèmes qui engendrent l’exclusion et accroissent la domination. » Tout en nous inscrivant dans cette mouvance, les femmes du Burkina Faso, militantes de la Marche Mondiale des Femmes, savent qu’elles doivent réinterpréter le féminisme selon leur propre contexte pour espérer obtenir les résultats escomptés dans les luttes multiformes qu’elles mènent pour l’égalité avec les hommes. Compte tenu de la place très réduite des femmes dans les instances de décision et pour grignoter un peu de pouvoir, nous devons donc opérer des choix raisonnés et stratégiques pour ne pas nous aliéner les hommes, et risquer encore plus d’exclusion et de discrimination mais en faire plutôt des alliés de la part des hommes détenteurs du pouvoir. C’est ce qui nous permet, malgré tout d’enregistrer des succès. La Marche Mondiale des Femmes est née en 1995, à Beijing à l’inspiration de la Fédération des Femmes du Québec. Ce mouvement s’engage à entreprendre des actions concrètes et à interpeller les gouvernements et les institutions internationales sur deux axes du plan de Beijing : les violences faites aux femmes et la féminisation de la pauvreté. Cette option a très vite obtenu l’adhésion de nombreuses organisations féminines. Le mouvement est implanté dans plus de 150 pays à travers le monde dont le Burkina Faso.

Le premier acte posé par le mouvement a été d’organiser une marche des femmes de tous les continents sur Washington et New York pour interpeller les institutions de Brettons Wood et dénoncer l’iniquité et l’injustice érigées en outils de gestion du monde. L’ONU a été aussi interpellé sur le silence qu’elle observe au regard du non respect de leurs engagements par les nations, membres de l’organisation. Cette détermination des femmes a fortement ébranlé les

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autorités de ces institutions. Au Burkina Faso, où il est estimé que beaucoup de femmes subissent des violences de la part des hommes et que 46% des populations majoritairement des femmes, vivent en dessous du seuil de pauvreté une marche qui réunissait plus de 10 000 mille participants a le 06 Mai 2000 donné l’occasion aux femmes de soumettre leurs revendications au Président du Faso qui leur a prêté une oreille attentive. L’organisation au Burkina Faso regroupe une cinquantaine d’organisations de femmes. Des collectifs de femmes sont des sympathisants ou des partenaires pour des actions ponctuelles.Elle est membre de la MMF/Internationale dont le Comité International est chargé du suivi des recommandations de la Rencontre Internationale, instance suprême de prise de décisions du mouvement appuyé par des groupes thématiques sous régionaux.

Objectif global de la MMF/ANBFRechercher une solidarité durable et une unité d’action entre les organisations membres pour la réduction de la pauvreté féminine et l’élimination des violences faites aux femmes au Burkina Faso et à travers le monde.

Objectifs spécifiquesCes objectifs sont identiques à la plupart de ceux retenus par les autres pays membres. Maintenir et renforcer un vaste mouvement de solidarité des groupes de femmes de la basePromouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes du Burkina Faso et entre les peuples ;Entreprendre un vaste processus d’éducation populaire où toutes les femmes peuvent analyser par elles-mêmes les causes de leur oppression et les alternatives possibles;Exercer des pressions politiques sur les gouvernements et les institutions publiques multinationales comme l’ONU pour qu’ils effectuent les changements qui s’imposent pour améliorer les conditions de vie des femmes du Burkina Faso et du monde et qu’ils poursuivent une politique de désarmement et de résolution des conflits ;Amener les populations et les mouvements sociaux en général à soutenir et à effectuer les changements qui s’imposent pour améliorer les conditions et la qualité de vie des femmes du Burkina Faso et du monde. Pour atteindre ces objectifs, la Marche Mondiale a élaboré et mis en œuvre un premier plan stratégique couvrant la période de 2000 à 2005. Les évaluations, ont montré que, malgré les difficultés rencontrées, les acquis du premier plan stratégique sont nombreux : Des formations en leadership, en plaidoyer, GED, techniques de recherche d’emploi, ont renforcé les capacités et compétences des facilitatrices, des personnes ressources, des femmes leaders, des responsables des comités provinciaux, des membres de la coordination nationale.

Un Centre Cyberjeunes Info a été installé dans les locaux de la MMF. La centaine de jeunes (garçons et filles) qui le fréquentent ont été formés entre autre en techniques de recherche d’emplois, en GED et s’impliquent de plus en plus dans les activités de la MMF, préparant ainsi la relève.

Une caravane, organisée du 06 mai au 08 juin 2005 a parcouru les chefs lieux des treize régions et certaines autres villes a permis de toucher les populations majoritairement les femmes, mais aussi les autorités administratives, coutumières, et religieuses. Par des conférences, le théâtre forum des chants, les caravanières et caravaniers ont échangé avec cet auditoire et l’ont sensibilisé sur les thèmes suivants :La Marche Mondiale des femmes, et les cinq valeurs de la Charte Mondiale des femmes pour l’humanité : Solidarité, Justice, paix, égalité, liberté

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Les nouveaux enjeux nationaux et internationaux comme le NEPAD, la dette du Burkina Faso, le rôle des organisations de la société civile, le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, la bonne gouvernance, le harcèlement sexuel en milieu de travail, les stéréotypes à l’égard des femmes, etc.Les méfaits et inconvénients du mariage forcé et ou précoce.

Les études sur les stéréotypes dans le langage et les comportements à l’égard des femmes ; sur l’Impôt Unique sur les Traitements et Salaires (IUTS) ; sur le harcèlement sexuel en milieu de travail qui a aussi révélé que des femmes harcelaient des hommes ont permis de mettre à nu les faits et comportements néfastes à l’épanouissement des femmes. Les résultats des études ont été diffusés à travers le pays et hors du pays à l’occasion des grandes rencontres où la MMF/ANBF était représentée.

L’accueil de l’ancrage final de la marche à relais a focalisé l’attention du monde sur l’antenne du Burkina Faso et sur le pays.

Un plan média efficace a été élaboré pour chacune des activités menées. Cela a beaucoup contribué à la visibilité du mouvement tant au plan national qu’international.

La diversité des actions et du public ciblé, la pertinence des sujets abordés dans les formations et sensibilisation/éducation, un lobbying participatif efficace, ont contribué à renforcer les compétences de certains membres (surtout des chefs lieux de régions et des provinces) ; ils ont contribué à une meilleure information et une réelle prise de conscience par les populations et les autorités des problèmes réels que rencontrent les femmes dans leur volonté de se prendre en charge et de faire respecter leurs droits. Les idées développées durant ces formations sont entrain d’être vulgarisées par des femmes, des jeunes et des hommes qui en ont bénéficié.

Les avancées et changements au plan national et internationalAu plan national, et en rapport avec les revendications de Boromo, il faut saluer les efforts de l’Etat à travailler à l’éradication des violences faites aux femmes et aux filles. A ce propos, de nombreux textes de lois ont été votés par l’Assemblée Nationale comme par exemple la criminalisation du mariage forcé et de l’excision ainsi que la transmission volontaire du VIH/SIDA dans le couple. Le code des personnes et de la famille constitue également un outil efficace pour la protection notamment de la femme et de la famille.Des efforts sont déployés pour assurer la participation des OSC et singulièrement les organisations féminines aux débats sur les politiques et programmes de développement tant au niveau national qu’international. Il convient aussi de noter une volonté marquée des partenaires techniques et financiers et la prise de conscience grandissante des OSC à unir leurs efforts dans des actions concertées. La MMF contribuera à rendre cette nouvelle vision plus effective et travaillera à capitaliser les activités en réseau en son sein et en coalition avec d’autres OSC pour défendre des causes communes. La MMF/ANBF assure ainsi la coordination de 6 collectifs de femmes oeuvrant dans les 16 jours d’activisme, pour intensifier la lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles, du 25 Novembre au 10 Décembre.

On constate quelques avancées dans les changements de comportements au sein de certaines familles quant à la répartition des tâches au sein du ménage et l’accès aux opportunités et avantages du développement. Les femmes participent de plus en plus dans les discussions portant sur la vie et la gestion de la communauté. Elles osent se présenter comme candidates

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et sont élues et siègent dans les structures décentralisées et les structures politiques (partis politiques, Assemblée Nationale, ministères)

Pour les prochaines années nous comptons réaliser les actions suivantes : Traduire les résumés des études sur les stéréotypes et les préjugés à l’égard des femmes et celle sur le harcèlement sexuel en milieu de travail n’ont pas connu les diffusions espérées dans les trois langues nationales les plus parlées au Burkina pour une appropriation plus effective et durable de leur contenu. Des formations en cascades dans l’approche genre très demandée. Selon cette approche en matière de formation, un premier groupe formé devait restituer ces formations à d’autres groupes en langues du terroir. Les difficultés financières, organisationnelles et matérielles n’ont pas permis l’atteinte effective de ces résultats. Faire aboutir la loi sanctionnant les comportements dénoncés dans les études qui demeure au niveau du Ministère de la Promotion des Droits Humains. Aider à dépasser les querelles permanentes de leadership pour faciliter mise en place d’une structure faîtière des OSC de femmes au niveau national à même de renforcer les impacts des actions de plaidoyer. Réaliser le programme d’alphabétisation fonctionnelle portant sur le genre. Au cours de la dernière AG, il a été retenu que la MMF ne doit pas se substituer aux associations de base qui font de l’alphabétisation, mais doit surtout les aider à apporter des appuis aux femmes déjà alphabétisées pour valoriser leurs capacités et connaissances et en tirer profit pour mieux défendre leurs droits et mieux lutter contre la pauvreté. Aider à faire aboutir la revendication de 30% des postes des partis politiques et structures gouvernementales et étatiques. Ce qui a permis à la MMF/ANBF d’obtenir ces résultats, c’est que, tout en s’ inscrivant dans la mouvance du féminisme tel que définit par les organes internationaux du mouvement, les femmes du Burkina Faso, ont dû réinterpréter le féminisme selon leur propre contexte pour espérer obtenir les résultats escomptés dans les luttes multiformes qu’elles mènent pour l’égalité avec les hommes du Burkina Faso. Compte tenu de la place très réduite des femmes dans les instances de décision et pour grignoter un peu de pouvoir, nous avons donc opéré des choix raisonnés et stratégiques pour faire des hommes des alliés plutôt que de nous les aliéner, et risquer encore plus d’exclusion et de discrimination. Si c’est des choix de ce genre qui sont taxés de féminisme à l’africaine, nous le revendiquons car nous n’aurions pu obtenir les résultats ci dessus si nous n’avions ménagé les susceptibilités des hommes qui contrôlent tous les pouvoirs. C’est ce qui nous permet, malgré tout d’enregistrer des succès et de coopérer sans complexe avec toutes sortes d’organisations y compris les organisations mixtes ou même celles dirigées par les hommes dans des forums où nous discutons d’égal à égal avec les hommes et refusons de nous laisser confiner dans les postes d’ordinaire dévolus aux femmes comme, pour ne citer qu’un, Secrétaire Générale aux Affaires féminines pour ne pas simplement dire chargée de l’accueil et de la restauration. Quelque fois mettre de l’avant ses convictions féministes peut être contreproductif car vite assimilées homosexualité, refus de faire des enfants licence, et j’en passe. Alors que l’approche femmes et développement participatif, et durable peut aider à développer à la base des femmes capables de revendiquer et faire respecter leurs droits. Dans les années 70, j’ai dirigé un projet financé par le PNUD et exécuté conjointement par l’UNESCO et le gouvernement dénommé projet Haute Volta UNESCO d’Egalité d’Accès des Femmes et des Jeunes Filles à l’Education, une expérience de dix ans dont devaient s’inspirer d’autres pays africains. Il s’agissait d’introduire de nouvelles technologies libératrices de temps et d’énergie susceptibles d’être réinvestis dans d’autres activités comme l’accès de l’école à un plus grand nombre de filles, des formations techniques, l’alphabétisation et des activités génératrices de revenus pour les femmes. L’approche aux problèmes des femmes était systémique et visait à

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améliorer les conditions d’existence et de travail des femmes. Trente ans après, nous sommes retournées Dr. Brenda Mcsweeney en charge du projet au PNUD à l’époque et moi-même alors Coordinatrice Nationale, pour apprécier les héritages de ce projet. Nous avons été très heureuses de constater que trouver des énergies de substitution pour remplacer l’énergie humaine des femmes, dans l’exécution de leurs tâches restait à l’ordre du jour avec des technologies plus performantes comme les plates-formes multifonctionnelles qui bientôt fonctionneront à l’huile de jatropha produit sur place et pouvant remplacer le gasoil. Nous nous sommes d’ailleurs demandé si l’appât du gain dans la production et la commercialisation de cette plante qui pousse bien au Burkina Faso, ne vont pas menacer à terme notre sécurité alimentaire. 62 000 paysans s’organisent pour sa production. Combien de femmes vont pouvoir entrer dans cette activité lucrative ? Lors de notre passage, toutes les filles des villages visités vont à l’école leur nombre surpassant celui des garçons dans certains endroits. Les femmes alphabétisées ou qui s’alphabétisent sont plus nombreuses qu’ailleurs. Nous avons vu des femmes tenir la dragée haute à certains hommes dans des discussions abordant toutes sortes de sujets, alors qu’au démarrage du projet, elles se seraient contentées d’écouter les hommes, sans oser ouvrir la bouche. Nous avons produit un article sur ce sujet, ainsi qu’un autre article sur les plates-formes multifonctionnelles. Tous deux publiés dans le portail web de l’UNESCO. Nous restons engagées dans notre contribution à la lutte des femmes dans un jumelage patronné par l’UNESCO entre la section genre et développement de l’université de Boston des universités en Inde et la Marche Mondiale. Nous attendons beaucoup de ce jumelage pour des échanges d’idées et de pratiques du développement.

L’exemple de la Marche Mondiale des Femmes, montre que les synergies sud /nord, permettent d’atteindre de meilleurs résultats et donne de la visibilité aux actions. Mais cela suppose l’utilisation des NTIC auxquelles tout le monde n’a pas accès et beaucoup de femmes ne sont pas formées à leur utilisation. Afin de ne pas créer des discriminations, il faut par conséquent multiplier les rencontres pour mettre au point les stratégies de cette solidarité. Mais qui va financer ? Les appuis financiers deviennent de plus en plus rares. Je n’en veux pour preuve que les difficultés rencontrées pour assurer les prises en charge des délégués à ce forum. La Rencontre Internationale de la Marche Mondiale des Femmes, qui s’est tenue à Vigo en Espagne, a connu les mêmes difficultés. Le contexte international et national marqué par la crise financière et des menaces de récession économique, semble peu favorable aux ONG surtout celles s’occupant de changer les politiques et stratégies de développement. On se demande si les Organisations de la société civile du Nord sur lesquelles comptaient ceux du Sud, ne sont pas sur le point de rompre les liens de solidarités à ce niveau. En s’alignant sur la déclaration de Paris, Nos partenaires du Nord, mettent leurs financements dans un fonds commun mis à la disposition du gouvernement pour financer Ses ONG. Comment s’assurer qu’il n’y a pas des laissés pour compte qui ont une réelle présence sur le terrain avec des résultats tangibles, au profit de nouveaux venus pas performants ? Certains anciens responsables d’ONG du sud ne sont ils pas aussi à incriminer également pour l’effritement de la confiance et de la collaboration entre ONG du Nord et du sud ? on a énoncé le cumul de fonctions, les enrichissements, le manque d’alternance qui fait qu’ils sont à la tête du mouvement à vie, le fait d’avoir renoncer à leur rôle d’interface entre la société civile et le pouvoir en place, en briguant des postes de responsabilité politique, ou en utilisant leurs ouailles pour créer des parties politiques. Les organisations du nord disposent de texte réglementant leurs modalités de fonctionnement qui minimisent les indélicatesses et autre mauvaise gestion alors qu’il est rare de trouver des manuels de procédure de gestion administrative et financière auprès des ONG du sud. ON semble naviguer seulement à vue.

Malgré les difficultés des thèmes fédérateurs ne manquent pas pour de nombreuses synergies. Brenda Mcsweeney dans la conférence qu’elle a récemment donnée à l’occasion de sa

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décoration de l’ordre du mérite par le gouvernement allemand, pour son rôle de pionnier dans l’acceptation de déménager le Programme des Volontaires des Nations Unies à Bonn, dans des locaux libérés par le déménagement du gouvernement allemand à Berlin, quand elle en était la Coordonnatrice Exécutive souligne ceci, je cite : « Au niveau mondial, les femmes sont propriétaires de seulement 1% des terres, 10% des revenus, et 17% des sièges dans les parlements. » il y a donc du pain sur la planche et à faire pour tous. Elle renvoie également à Craig Murphy, historien du PNUD qui, évaluant les performances du PNUD, estime que les résultats de cette institution sont positifs dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, la bonne gouvernance et un environnement durable, mais Murphy et son équipe pensent que, en ce qui concerne le genre, on a adopté une approche fracturée : le travail se fait ou bien au niveau des politiques ou à travers des programmes d’action. Il plaide pour une approche qui prend en compte les deux éléments à la fois ; c'est-à-dire à la fois au niveau des politiques et des programmes d’action, pour effectivement une approche intégrant le genre dans tout ce que fait le PNUD. Il me semble que cette dichotomie caractérise aussi nos organisations ce qui n’est pas un mal en soi. Nous devons donc travailler à nous compléter sur le terrain, pour que les actions des uns servent à faire avancer celles des autres et vis versa. Les unes réalisant des actions volontaristes pour hausser les femmes vers plus d’égalité avec les hommes, les autres scrutant les politiques, les programmes, les stratégies et actions à travers les lentilles genre. Ces synergies ne doivent pas se créer seulement entre mouvements sociaux, mais aussi avec tous ceux qui interviennent dans le développement, c'est-à-dire le gouvernement, et les partenaires techniques et financiers.

Scholastique Kompaore (Burkina Faso) est présidente de la marche mondiale des femmes (Burkina Faso). La mission de la Marche Mondiale des Femmes au Burkina est de stimuler un vaste mouvement des femmes afin que la Marche soit un geste d’affirmation dont l’impact se traduira par une solidarité durable pour une unité d’action et la réduction de la pauvreté féminine et des violences faites aux femmes au Burkina Faso et à travers le monde. Le but de la MMF/ANBF est de contribuer aux luttes pour l’éradication de la pauvreté féminine et les violences faites aux femmes à travers des campagnes d’IEC/CCC, des études et recherches actions, des formations, les plaidoyers d’ici à 2008 à 2010. [email protected]

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Jamila SOUSSICentre droits des gens

Maroc

Le Maroc est comme la plupart des pays en voie de développement, après son indépendance politique a connu un cycle d'échecs économiques. Ces conditions ont eu des effets dévastateurs pour la majorité des marocains, elles n’affectent pas les femmes et les hommes de la même manière, les effets de la pauvreté et l’injustice sociale et économique empêche les femmes de participer pleinement au développement et d’en bénéficier équitablement.

Aujourd'hui au Maroc, malgré les efforts accomplis dans tous les domaines les disparités entre les sexes sont manifestes .Or il est impossible d'être impliqué dans la pratique du développement sans tenir compte des rapports de genre. Favoriser la participation des femmes à participer davantage au développement est essentiel, non seulement pour réaliser la justice sociale mais aussi pour réduire la pauvreté.

Les différents indicateurs sociaux montrent que le Maroc a « beaucoup d’efforts » à faire pour les améliorer. Nous en citons le classement du Maroc selon l’Indice de Développement Humain du PNUD, les indicateurs des Objectifs du Millénaires pour le Développement et l’Indice d’Equité du Genre.

La question de l’égalité des genres et malgré les quelques acquis législatifs reste posé avec acuité. La femme demeure loin d’avoir la même chance d’accès aux droits que les hommes et l’application du nouveau code de la famille sont loin d’être acquise notamment en matière de polygamie, le divorce unilatéral et de la tutelle de la mère sur les enfants. Il est donc nécessaire d’instaurer un mécanisme institutionnel de suivi des avancés des droits des femmes et des entraves qui s’y dressent.

Ces constats et diagnostics ont ainsi fait l’objet de nombreux rapports, rapports parallèles et études par les organisations de la société civile et en particulier le mouvement féministe.

Le féminisme marocain peut être identifié comme un mouvement social de l'élite féminine qui s'exprime dans deux espaces privilégiés, l'université et l'association sachant qu'il a commencé à s'ouvrir sur les femmes ordinaires par leur intégration dans la directions des associations féministes afin de donner une assise sociale plus large s'éloignant de fonctionnement du bureau d'études et abordant de plus le travail de terrain et de proximité. Cependant le féminisme au Maroc s'éloigne de sa définition extrémiste qui refuse que l'homme soit un ennemi principal.

Dynamiser le féminisme, signifie donc créer les bases pour incrémenter la sensibilité et l'initiative civique des différents secteurs de population elles seront plus favorables à l'approche genre en les aidant a mieux visualiser l'enrichissement efficace de leurs sociétés.

Adopter l'approche genre c'est distinguer entre ce qui est naturel et inné et ce qui est socialement et culturellement construit en vue de renégocier les frontières entre le naturel qui est relativement inflexible et le social qui est transformable. Celle-ci se base sur les différences physiologiques, procède à l'instauration de l'organisation sociale en spécifiant les activités, les statuts et les caractéristiques psychologiques des hommes et des femmes.

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L'intégration de l'approche genre dans les politiques publiques, les organisations et les pratiques de développement sont un sujet de grande importance. Dans leurs discours, la grande majorité des acteurs de développement se déclarent favorables à plus d'égalités entre femmes et hommes or la réalité est plus nuancée d’où la nécessité d'exercer plus d'efforts. Cette approche appliquée de plus en plus fréquemment dans les programmes et projets de développement des institutions internationales, Etat et mouvement sociaux permet d'inscrire pleinement les femmes dans le processus d'action. Le concept genre représente une étape fondamentale dans la pensée féministe qui s'efforce d'en faire un outil théorique et pratique d'analyse et de planification, permettant aux politiques de développement d'être plus efficace.

Le plan d'action national pour l'intégration de la femme au développement a introduit pour la première fois le concept genre vers la fin des années 90, celui-ci été conçu et élaboré par le gouvernement d'alternance en collaboration avec la société civile. En 2006, le Maroc se dote d'un cadre d'orientation générale : " stratégie nationale pour l'équité et l'égalité entre les sexes" par l'intégration de cette approche dans les politiques et les programmes de développement.

Après la marche mondiale contre la violence et la pauvreté en 2000 ou le mouvement féminin marocain, appuyé par tous les mouvements féminins marocains à l’étranger, et la réforme de code de la famille en 2004 et tous les codes en relation dont le code de la nationalité.

Sans oublier la première expérience au Monde en ce qui concerne la réalisation d'une étude genre et violations des droits Humains pendant les années de plomb, dont l'auteur l'instance équité et réconciliation en 2005. L'instance équité et réconciliation a accordé aussi une place particulière à la réparation communautaire au faveur des régions qui a souffert collectivement de manière directe et indirecte des séquelles de crises de violence politique et des violations qui s'en sont suivies, elle a ainsi préconisé l'adoption et le soutien de programmes de développement socioéconomique et culturel, en adoptant de l'approche genre dans ces programme de réparation en prenant en considération la situation des femmes ayant subi des violations graves et cela avec l'implication des mouvements sociaux et féministe en particulier.

Le rapport Genre du Maroc 2006 réalisé par le ministère des finances et de la privatisation du Maroc lui aussi a l'ambition de devenir l'outil privilégié de l'évaluation des politiques sensible au genre et de démontrer que la dimension est contournable en tant qu'objectif de développement et critère d'évaluation de la performance des politiques publiques ,tant sur les plans d'efficacité que d'équité : Il présente l'Etat des lieux ,réalisé en partenariat avec quelques départements ministériels engagés dans le processus de gendarisation du budget en vue d'établir la situation de référence et de prendre la mesure de ce qui doit être accompli pour une intervention budgétaire qui vise l'égalité et l'efficacité selon le genre. C'est pour la première fois le budget national marocain comprend une annexe spéciale sur la manière d'aborder les priorités en matière d'équité de genre, c'est un processus de réforme du management public orienté vers la gestion axée aux résultats.

Comme les efforts consentis par le gouvernement pour améliorer la condition des femmes marocaines sont toujours modestes pour espérer voir apparaître un changement concret dans leur vie quotidienne, on s’organise en réseaux associations féministes et des droits humains et syndicats en faisant de plaidoyer sur les revendications des femmes nous luttons contre toutes les lois discriminatoires et contre toute violation des droits des femmes pour exiger le gouvernement à mettre en œuvre des politiques et des mécanismes claires pour favoriser la participation équitable des femmes au développement .En effet, ces associations ne sont pas

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des remplacements de l’Etat mais se sont des groupes des pressions qui apportent des alternatives qui aboutit au respect des droits fondamentaux de tous les citoyens avec l’intégration totale de la femme dans toutes les phases de développement . Les mouvements féminins en collaboration avec les planificateurs d'Etat doivent identifier les besoins, valoriser la participation des femmes aux activités économiques et promouvoir l'approche genre.

Des efforts considérables sont déployés pour développer des politiques, des programmes et des projets qui ciblent à réduire les écarts sociaux économiques entre les femmes et les hommes en prenant compte la dimension genre. Si le succès de ces mouvements leur a permis de devenir des acteurs de développement incontournables, ils deviennent aussi partenaires de l'Etat que ce soit par des buts communs ou en complémentarité stratégique.

Afin d’aider les femmes à subvenir à leurs besoins matériels et à sentir utile socialement et les aider à s’intégrer dans la société et à l’activité économique qui est perçue comme un espace ou le sentiment de liberté s’exprime sans contrainte sociale, le mouvement féminin marocain intervient à plusieurs axes auprès des femmes et auprès des acteurs locaux et nationaux - La création des centres pour l’intégration socio-économiques des femmes surtout dans les quartiers marginalisés et dans le monde rural- Des formations professionnelles ou des soutiens susceptibles sont offertes pour permettre aux femmes de devenir économiquement indépendant.- Formation des femmes sur la gestion des coopératives et leur encouragement à monter des coopératives et les aider d’accéder au marché pour commercialiser leur produits et organisés des expositions des produits réalisés par les femmes ou par les coopératives.- Offre des cours d’éducation (alphabétisation juridique) pour contribuer à renforcer les capacités des femmes à devenir autonomes dans les actes de leur vie et le renforcement de leur identité personnelle et avoir les moyens d’appréhender les mécanismes et les politique mise en œuvre.- Sensibilisation des femmes pour la conquête de leur droit, leur défense et la revendication de leurs consolidations.- Convaincre les femmes de la valorisation de leur travail et la sensibilisation de la société à valoriser le travail féminin.- Sensibilisation des acteurs locaux (les maires et les ONGs…) à élaborer des projets pour renforcer les capacités économiques des femmes et améliorer leur savoir-faire.- Agir avec tous les acteurs de la société civile pour la transformation des mentalités.- Encouragement des femmes à se regrouper dans les structures syndicales " le taux de syndicalisation des femmes est très faible" pour se défendre et revendiquer la jouissance de leurs droits et de meilleures conditions de travail.- L’organisation des forums sur la question des droits économiques et sociaux des femmes et autres droits.- Participation avec d’autres mouvements des femmes à l’échelle nationale à élaborer des chartes revendicatives communes et l’élaboration des actions communes pour les réaliser ainsi que la réalisation des rapports parallèles aux rapports de gouvernement.

Dans ce cadre s'inscrit la mission de mon organisation " centre de droits des gens CDG " dans la matière genre, elle s'accentue sur deux axes:

- Sensibilisation à l'importance de l'intégration du genre dans les pratiques organisationnelles comme levier d'action pour le développement démocratique, la lutte contre la pauvreté et contre la discrimination liées au genre dans les domaines économique et social.- Institutionnalisation de l'approche genre dans les pratiques organisationnelles de CDG.

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Je citerai alors quelques grandes activités :

- Organisation de l'université d'été annuelle en matière d'égalité entre les sexes au profit des experts et expertes.- Elaboration d'un guide pratique sur : « le code de la famille et l’éducation sur l’égalité entre les sexes » élaboré par l’appui de l’ACDI en 2008.- Elaboration d'un guide unifié au niveau national sur " Réalisation des cours d’Alphabétisation juridique " élaboré par l'appuie à l'UNESCO et le ministère de l'éducation nationale, département d'alphabétisation.- La réalisation des sessions de formations dans le même domaine en faveur de : société civile, syndicalistes, gardiens pénitenciers, cadres des maisons des jeunes, journalistes, cadres des centres de rééducation des jeunes délinquants, Directeurs(rices) des établissements préscolaires et scolaires, clubs de formation professionnelle féminins, avocats(es).- Participation dans les campagnes nationales de lutte contre la violence à l’égard des femmes.- Participation effective dans tous les discussions, rencontres et mouvements nationaux dans le domaine du genre.

Les associations de développement et mouvement féministe peuvent être considérées comme un phénomène marquant de l'évolution des intervenants dans les domaines économiques et social elles appartiennent à la nouvelle génération d'associations marocaines marquées par le franchissement de nouveaux espaces, elles sont intégrées dans des mouvements sociaux nationaux régionaux, continentaux et internationaux (les forums sociaux.). La création des forums sociaux africains et maghrébins" francophones" qui aborde dans une partie le genre a une énorme répercussion internationale par exemple.

Le féminisme et les mouvements sociaux en Afrique qui participent par leurs actions à la reconnaissance de l'approche genre demeurent segmentés par les frontières nationales et par le fossé des conditions économiques et sociales. Et pour les pays islamistes de la région, le mouvement islamiste prenant de plus en plus de l'ampleur, pourrait canaliser les forces traditionalistes et conservatrices.

Alors que le mouvement féminin africain à l'étranger doit accorder une importance centrale dans leurs préoccupations à la relation avec ceux de pays d'origine, leurs capacités à mobiliser des partenariats et à construire des réseaux de solidarité et d'action communes. A signaler que les femmes immigrantes africaines soient francophones, anglophone et lusophone subissent de discrimination s'agissant de formalisation des contrats ou de leur situation du travail exercé (travail traditionnels féminin: auxiliaires domestiques, surveiller des enfants, les âgées et malades). D’où le développement la coordination et solidarité entre féministes et mouvements sociaux en Afrique en veillant notamment à garantir les conditions d'un processus participatif dans la préparation et instauration des alliances durables et efficaces dans notre région africaine afin de garantir la réussite de leurs impacts politiques ,économiques et sociales et appeler à la réalisation d'une lecture et d'une évaluation de cette coopération dans l'objectif d'une meilleure articulation entre ses composantes, intégrée dans une vision globale dont la diversité culturelle se mue en un affluent parmi ceux constituant la différence et la richesse culturelle donc attirer l'attention sur le rôle que doit jouer ces mouvements et acteurs féministes dans le processus de développement et rehausser le degré de son influence sur leurs contenu et sur les voies qu'il sera amené à suivre et ceux à travers l'assurance d'une plus grande vision sur les initiatives locales et ces modes d'intervention. Cependant pour influencer, provoquer le changement souhaité pour infléchir les orientations des décideurs dans le sens de l'égalité la coordination devient incontournable. Elle ne doit pas être occasionnelle et engendrée par les

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événements mais programmée à l'avance c’est à dire une coordination basée sur une action stratégique.

Recommandations

- Stimuler la réflexion collective au sein des mouvements sociaux autour des questions liées à la justice sociale, développement et genre.- Améliorer les circonstances de mouvements sociaux et identifier les facteurs de risque.- Le renforcement de différents mouvements féministes et mouvements sociaux, l'amélioration de capacité organisationnel et leurs stratégies d'action, développement les formules d'appuie réciproque et coopération entre elles.- Création de réseaux y structures de coopération, coordination et inter échange des expériences.- Améliorer les structures renforcer les pouvoirs et permettre aux femmes l'accès aux ressources et leurs contrôles et participer ainsi pleinement au processus de développement.- Amener les cadres associatifs de la région à formuler des pistes d'actions pour l'intégration de l'approche genre dans toutes les politiques.- Amener des audits organisationnels selon le genre au sein des mouvements sociaux: Il s'agit de connaître dans quelle mesure fondateur de l'égalité est introduit dans son fonctionnement, ses prestations, son programme, projets d'activités. Le but de cet audit est :- Disposer d'outils objectifs de suivi et évaluation du processus de l'intégration de la dimension genre dans la structure et activité de chaque organisation.- Disposer de rapports périodiques sur les tendances d'évolution du processus d'intégration de la dimension genre.- La nécessité de mise en place d'une stratégie de communication qui permette d'ouvrir l'accès à ces mouvements à l'information et l'inter- échange entre elles.- Inciter les mouvements sociaux africains (francophones, anglophones ou lusophones) à l'étranger de promouvoir l'intégration sociale des immigrées et la conscience collective d'appartenir à une société avec un grand potentiel créatif dû à leurs diversités culturelles.

Conclusion

Le Maroc a connu ces dernières années un certain nombre de réformes et d’initiatives dans le domaine des droits humains. Le travail et les recommandations de l’instance équité et réconciliation ont suscité un grand intérêt à l'intégration de l'approche genre en matière d’égalité entre les genres (réforme du code de la famille). Cependant, les observations sur le terrain et les indicateurs socio-économiques mettent en lumière un retard important dans pratiquement tous les secteurs.

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Devant le déficit qui persiste en matière d’accès aux droits économiques et sociaux de la femme le mouvement féministe est donc appelé à mener une réflexion profonde sur les questions du suivi et sur les mécanismes de production de la norme, mais aussi sur les mécanismes de gestion des services publics, l’information et la communication ainsi que l’analyse des obstacles psychologiques et culturels.

Jamila Soussi (Maroc) est présidente de la section de l’association Centre pour le Droits des Gens de la province de Kenitra, du bureau exécutif national du Centre, du groupe du Maroc pour la mise en œuvre des recommandations des conventions de droits de l’Homme et de la Direction de la femme au sein de l’ONG. Le centre Droits des Genre intervient dans tout le territoire marocain à travers ses 92 sections dans le but de réaliser l’écoute, l’orientation, l’aide psychologique et juridique au profit des femmes victimes de violence, des femmes travailleuses, des enfants en situation difficile, etc.

Son action consiste à former dans le domaine de l’éducation aux concepts des droits humains/droits de la femme. L’association a aussi pour but de participer à la réforme des lois pour qu’elles soient en conformité avec les pactes internationaux des Droits Humains. [email protected]

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DEUXIEME PARTIE

CONTRIBUTIONS DES PARTICIPANT-ES AU FORUM

« COMMENT DÉVELOPPER DES LIENS ENTRE LES MOUVEMENTS FÉMININS,

FÉMINISTES, LE GENRE ET LES MOUVEMENTS SOCIAUX » ?

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Amina AHMEDFAWE Madagascar

Sous Antenne [email protected]

Poids des associations des femmes en matière de droits humains à Madagascar.

Le thème sur les « Liens entre les mouvements féminins, féministes, le genre et les mouvements sociaux », soulève en moi d’autres interrogations. Quel est le poids des associations des femmes en matière de promotion des droits humains à Madagascar ? Dans quelle mesure le concept de genre a-t-il amélioré le pouvoir de ces associations pour les questions qui touchent spécifiquement les femmes, en l’occurrence, l’avortement ? Telles sont les questions qui orienteront mes réflexions.

L’historique du « mouvement féminin » malgache renvoie à l’examen de la trajectoire des associations de femmes dans le pays. Globalement, cette trajectoire ne se démarque pas de celle des autres pays francophones. Tous les régimes politiques qui se sont succédés ont suscité la création d’associations de femmes orientées vers les besoins pratiques de celles-ci mais servant les intérêts des politiciens. Toutefois, à l’instar des autres pays, des personnalités féminines ont émergé de ces associations. Certaines d’entre elles ont par la suite initié des partis politiques ou des associations encore en action de nos jours.

Actuellement, la majorité des associations de femmes malgaches axent plus leurs activités dans le domaine de l’autonomisation économique des femmes que dans l’amélioration des droits humains étant donné le contexte de pauvreté qui prévaut à Madagascar. De ce fait, il se trouve que les questions spécifiques aux femmes ne font pas véritablement partie de leur agenda. Cela, pour ne pas dire qu’elles en sont tout simplement exclues.

Par ailleurs, le financement de leurs associations dépend, directement ou indirectement, la plupart du temps, du pouvoir en place. Par conséquent, leur marge de manœuvre s’en trouve restreinte. La question de l’avortement, qui est un sujet très actuel à Madagascar, est l’exemple le plus concret pour illustrer ce genre de dépendance ou de manque de mobilisation des associations féminines.

Par rapport à l’avortement, le courant officiel dominant est l’opposition à la dépénalisation de l’avortement. Ceci a fait l’objet de déclaration officielle de la plus haute sphère de l’Etat d’une part, et de l’opposition formelle des institutions religieuses les plus puissantes, en l’occurrence l’Eglise catholique, de l’autre. Un tel lobbying a abouti à l’émission de réserves par l’Etat malgache avant la signature du Protocole sur le genre de la SADC dernièrement. En effet, la version originale dudit Protocole avait demandé aux pays ayant encore une loi très restrictive sur l’avortement de l’élargir au moins aux femmes victimes de viol et/ou d’inceste.

Un tel « patriarcat » affiché par le pouvoir et par le mouvement social, que constituent les institutions religieuses, a pour conséquence de faire régner une ambiance délétère dans toutes initiatives ou formations des différents mouvements féminins ou sociaux ayant comme objectif de soulever des questions de telle envergure. Aucune réaction visible de la part des associations de femmes œuvrant dans le genre n’a été relevée par la suite. Du moins aucune déclaration officielle n’a été émise afin de faire évoluer le débat.

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Face, effectivement, à la déferlante du courant dominant, une certaine intimidation émane des associations de femmes. Ces dernières se sentent désarmées. Ainsi, elles s’autolimitent elles-mêmes dans leurs activités et actions. De ce fait, les quelques personnes très convaincues et voulant réagir dans les associations entrent en conflits avec leurs pairs et sont alors taxées de « féministes », dans le sens négatif du terme.

En conséquence, la promotion des droits humains dans le concept du genre se heurte d’un côté, comme nous avons pu le constater précédemment, à la domination d’une opposition inébranlable et bien organisée, mais en plus, elle se solde par un manque de visibilité des combats ou actions féministes. Ceci est notamment dû à une timidité, à une organisation maladroite ou simplement à un manque de leadership charismatique dans la formation des mouvements, se soldant par une impuissance à relever les défis exigés par la promotion des droits humains. Or, ceci est interprété par les différentes instances observatrices de l’extérieur comme une inexistence de mobilisation pouvant faire bouger les choses.

En outre, il est communément admis qu’avoir un poste de décision pour une femme n’est pas suffisant pour faire « bouger les choses » ou appliquer une politique féministe et défendre par la même occasion les droits des femmes. En effet, certaines femmes ayant des postes stratégiques, par absence de conscience collective, ont peur d’afficher des convictions pouvant aller à l’encontre du courant dominant. Il se trouve que du fait de la persistance des stéréotypes, les femmes (surtout celles qui ont un peu de pouvoir) sont plus conservatrices que leurs homologues masculins. Comment, dès lors, sensibiliser la grande majorité pour que celle-ci soit acquise aux causes féministes ou de genre ?

Impulser un changement dans le sens des combats féministes, a mon avis, nécessite un renouvellement des dirigeant(e)s des luttes féministes. Les actions concrètes que je pense recommander afin d’y parvenir sont les suivantes :

- La création, l’organisation, l’intégration de plusieurs associations de petite envergure qui sont plus facile à atteindre quand on veut faire passer des messages ;- La création de réseaux sensibles au genre par la participation active à différentes manifestations axées sur différentes causes ;- L’organisation de sensibilisations sur le thème de l’égalité de genre auprès des membres de différentes associations ;- L’identification des causes les plus urgentes à défendre telle que l’avortement afin de ne pas se disperser;- L’initiative de recherches sur le sujet en partenariat avec les universitaires afin d’identifier les axes stratégiques les plus appropriées à chaque cause à l’instar de l’avortement ;- L’utilisation du canal des mass media en relatant des récits de vie, des témoignages issus de vécu réel, ceci afin de faire le plus de bruit possible sur le sujet et de sensibiliser sur la nécessité de faire bouger les choses.

En définitive, beaucoup reste à faire, surtout à Madagascar, pour la promotion de l’égalité des sexes. Il ne faudrait pas oublier que pour que le combat de l’avortement puisse avancer, la lutte pour sa dépénalisation devrait concerner aussi bien les femmes que les hommes. Rallier des hommes proféministes serait alors un atout majeur à ne pas négliger. Tel sera le défi qui attend la relève dont je fais moi-même partie.

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Zamba Akpe AMEYOHORIZON DEVELOPPEMENT (H.D.)

[email protected]

Introduction

Notre pays le Togo, s’est engagé depuis le début des années 1990 dans un processus de démocratisation marqué par l’adoption d’une nouvelle constitution et d’une loi sur la décentralisation. Les réformes opérées ont instauré le pluralisme politique, la libération de la vie associative et la reconnaissance de droits et de libertés individuelles, parmi lesquels le droit des citoyens de participer à la gestion de la chose publique, l’égalité entre hommes et femmes.

Le Togo a également ratifié un certain nombre d’instruments internationaux et régionaux qui interdisent la discrimination à l’égard des femmes, et reconnaissent à ces dernières un certain nombre de droits dont celui de participer au même titre que les hommes, aux prises de décisions.

Force est de constater cependant que, malgré les diverses actions menées par divers acteurs de la vie publique y compris des organisations de femmes, ces dernières demeurent sous représentées dans les instances de prise de décision à tous les niveaux. Il en résulte qu’elles ne participent pas aux prises de décisions qui ont un impact sur leur vie. Malgré les engagements pris par les Etats, les besoins, intérêts des femmes ne sont pas toujours pris en compte par les décideurs. Elles vivent dans une situation de pauvreté croissante parce qu’elles subissent dans divers domaines des discriminations qui les empêchent de jouir au même titre que les hommes des droits civils, politiques, économiques et sociaux qui leur sont reconnus.

Seule une mobilisation des femmes elles-mêmes est susceptible d’obtenir un changement réel.C’est dans cette foulée que des mouvements féminins, féministes et mouvements sociaux se créent et/ou s’organisent partout où besoin y est afin de palier à ces insuffisances.Ces différents mouvements pour la plupart sont mis en place soit pour :- Rendre effective la jouissance des droits humains des femmes.- Ou tout simplement pour promouvoir principalement l’utilisation efficace par les femmes en général d’une variété de stratégies incluant la loi pour l’auto développement des communautés à la base.

Et tout ceci dans le souci :- D’Influencer tous les processus décisionnels susceptibles d’avoir un impact sur notre condition de vie et celle des populations.- D’être plus présentes dans les instances au sein desquelles les décisions sont prises.

I. Liens entre les mouvements féminins et féministes

Avec ma conviction que les femmes doivent se faire entendre en ces moments critiques où cette classe de la société est rejetée, elle a le devoir de revendiquer tout simplement que lui soit reconnue au sein de la Société la place de citoyenne à part entière qui lui revient. Loin de réclamer un développement séparé de la femme par une amélioration exclusive de sa condition ou obtenir quelque privilège que ce soit au détriment de la composante masculine

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de la société. C’est un impératif que les femmes doivent se partager les informations sur ce qu’elles doivent attendre de ce dernier. Tout ceci a motivé ma structure à adhérer aux réseau et coalition des organisations œuvrant pour la promotion et la protection des droits humains des femmes dont : WILDAF-TOGO (Femmes, Droits et Développement en Afrique) qui, en Afrique comme au Togo, maintient une présence institutionnelle aux sessions des principales institutions nationales, régionales et internationales traitant des droits humains des femmes. Il fait la surveillance et des plaidoyers au sujet des questions qui préoccupent les femmes en Afrique et est prêt à répondre à des appels urgents pour des actions de solidarité et de protection auxquelles je suis étroitement et activement impliquée.

1.1 Bonnes expériences

Notre association est partenaire privilégié de l’AFARD-TOGO (Association des Femmes Africaines pour la Recherche et le Développement, Section Togo) grâce à laquelle j’ai pu prendre une part active à plusieurs ateliers de formation et séances d’informations qui, aujourd’hui me donnent l’opportunité de participer à ce 11e Forum triennal de l’AWID par le truchement de ce lien qui existe entre nous.

Notre structure est également membre actif du ROFAF (Réseau des Organisations Féminines d’Afrique Francophone) présidé par Madame Massan d’ALMEIDA à qui j’exprime ici mes sentiments de profonde et sincère gratitudes. Elle collabore avec plusieurs ONG et Associations de défense des droits humains en général et en particulier féminins notamment:

- GF2D (Groupe de réflexion, Femmes, Droits et Démocratie)- WILDAF-TOGO (Women in Law and Development in Africa)- HCDH-TOGO (Haut Commissariat des Nations-Unies aux Droit de l’Homme, Bureau du Togo) etc.

Actuellement, je suis membre de la Commission Education des Jeunes Filles mise sur pied dans le cadre du Projet « Bonne Gouvernance et Participation des Femmes dans Sept (07) pays de l’Afrique de l’Ouest » initié par le Bureau Sous Régional de WILDAF et financé par l’Union Européenne qui négocie présentement avec le Gouvernement et l’Assemblée Nationale à travers des activités de lobbying et de plaidoyer en vue d’obtenir la gratuité de l’école primaire dans notre pays.

C’est dire que l’élément le plus important de ces liens reste la communication ouverte et franche qui permettra que personne ne se sentira exclue. Il faut aussi mettre l’accent sur l’engagement à la cause et l’adhésion à la mission par les femmes elles-mêmes. Ces liens favorisent l’échange et le partage des expériences, la consolidation des relations de partenariat entre divers acteurs de développement d’une part, puis le renforcement des capacités et compétences de ces derniers d’autre part.

1.2 Mauvaises expériences

S’il y a des organisations qui jouent un franc jeu, il y a par contre d’autres qui s’adonnent à l’hypocrisie, faisant de l’information et de la communication une chasse gardée, alors que celles-ci représentent un outil précieux de développement.Ce qui fait que beaucoup de nouvelles sur les mouvements sociaux sont très peu connues des actrices et acteurs que nous sommes. Les informations sont souvent retenues au niveau de

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ceux ou celles qui en principe sont censés les mettre à la disposition de tous, sans exception aucune.

On se contente seulement de vous impliquer aux activités sur le plan national. Cependant, pour des voyages d’échanges à l’extérieur du pays, seul, les responsables se taillent une place de choix, or chacun ou chacune de nous dispose des potentialités à faire valoir et des connaissances à partager avec les autres lors de ces rencontres internationales.

II – Le genre et les mouvements sociaux

L’intégration du genre et de l’égalité des hommes et des femmes en Afrique constitue un défi majeur pour la prise en compte des questions sexospécifiques dans différentes problématiques multisectorielles se rapportant au développement.L’égalité des sexes fait aussi avancer le développement et réduit sans aucun doute la pauvreté.D’ailleurs, notre association tient toujours compte de la parité homme/femme dans le choix de ses membres pour participer à toute rencontre ou séance et même dans la négociation des financements pour tous nos projets.

Au Togo, le Gouvernement a inscrit parmi les priorités du développement national, des actions en vue de faire de la femme, une actrice pleine et entière du développement.Malgré tous les efforts déployés, le pays se trouve confronté à de nombreuses difficultés pour promouvoir le statut de la femme et surtout intégrer de façon systématique le genre dans le processus de planification et de programmation du développement.Au-delà de ces difficultés, l’environnement international devient de plus en plus exigent pour la mise en œuvre d’actions convergentes visant la réduction des inégalités de genre.C’est justement pour trouver des solutions à ces manquements et renforcer les acquis que notre Gouvernement avec l’appui technique et financier de l’UNFPA (Fonds des Nations-Unies pour la Population) a organisé la semaine passée un atelier de validation du Document National en matière de genre.

III – Actions concrètes pour une meilleure intégration du genre et des droits des femmes dans les mouvements sociaux

Historiquement, les femmes ont joué et continuent de jouer un rôle crucial dans l’intégration du genre et de l’égalité entre hommes et femmes à tous les niveaux. L’intégration du genre doit occuper une place centrale dans les mouvements sociaux. Et pour cela, les femmes doivent se mettre au cœur de toutes les actions.

Comme actions concrètes pouvant être menées pour une meilleure intégration du genre et des droits des femmes dans les mouvements sociaux, il faut :

- Que les femmes reconnaissent leurs droits et sachent qu’elles sont tenues de penser et d’agir autrement pour leur émancipation pleine et effective.- Cultiver et renforcer sans distinction aucune la solidarité entre tous les acteurs des organisations de tous horizons.- Créer et soutenir des alliances et des réseaux stratégiques afin qu’ils soient des porte-parole de la majorité silencieuse et des partenaires privilégiés des Gouvernements.- Créer un Yahoo-groupe de manière à maintenir le contact entre les participants et à accroître les impacts après chaque rencontre.

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- Communiquer efficacement afin d’élargir le champ de nos actions en vue d’influencer les décideurs.- Instaurer une synergie entre tous les mouvements sociaux.- Renforcer les capacités des organisations féminines.- Stimuler et/ou favoriser la participation des femmes à toutes les rencontres sur le plan national, régional et international.- Exiger de tous les participantes et participants à une quelconque rencontre, la restitution afin de favoriser le partage des informations avec la base qui n’a pas eu la chance d’être présente aux assises.- Suivre rigoureusement et régulièrement les actes de tout séminaire, atelier, colloque, forum afin de sauvegarder leurs acquis.- Evaluer périodiquement, les actions dans le but d’apporter éventuellement au besoin, des mesures correctrices qui s’imposeront.

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Khadijetou CHEICK OUEDRAOGOSOS défis - droits des femmes et développement durable

[email protected]

I. Le parcours

1. La République Islamique de Mauritanie appartient à la fois au monde arabe et negro africain. Cette double appartenance confère au pays un héritage culturel et historique riche et diversifié. Cette identité arabo-africaine et l’islam influencent le statut et la position des hommes et des femmes au sein de la société mauritanienne.

2. Certains repères historiques montrent l’évolution des mouvements féminins, féministes dans le domaine des relations du Genre. Dès les années 1960 à l’indépendance de la Mauritanie, il est noté la naissance de l’Union des Femmes Mauritaniennes dont les préoccupations étaient :

- L’amélioration du niveau culturel des femmes mauritaniennes sans distinction de race ou de religion.- La scolarisation de toutes les filles. -  La protection de la femme par la lutte contre le divorce anarchique.- La défense des droits de la femme mauritanienne dans tous les domaines sociopolitiques jusqu’à ce que son niveau intellectuel et matériel lui permette d’être l’égale de la femme dans le monde. - La lutte contre l’ignorance et les mauvaises habitudes. - L’éducation des enfants selon la pédagogie moderne sans négliger l’éducation islamique(2). - La contribution à la construction d’une société musulmane moderne et juste dans notre état indépendant. - La promotion du niveau de la femme mauritanienne jusqu’à la naissance d’un mouvement ou d’un groupe de femmes capable de participer activement au service du pays.

Pour la Mauritanie de 1960, fortement ancrée dans les traditions séculaires, cette plate forme apparaît comme révolutionnaire, avec un accent spécifique qui est porté sur l’éducation avec une retenue sur l’égalité. Cette dernière étant vue comme une perspective découlant d’un certain « niveau intellectuel et matériel » que seule l’éducation peut autoriser. Toujours au cours de la décennie 1960, il a été crée la Ligue Féminine, les Femmes du parti du Peuple et le Conseil Supérieur des Femmes. (Mint Meiloud, 2001)

3. En 1978, L’intrusion des militaires au sommet de l’Etat, va mettre en veilleuse le mouvement des femmes ; toutes activités associatives et politiques étant interdites.

4. Au cours des décennies 1980- 2000, il est noté la mise en place d’un Secréterait d’Etat à la Condition Féminine dans l’attelage gouvernemental ; et dans le même temps un mouvement des ONG féminines va prendre de l’ampleur. Ce mouvement qui est exceptionnel en Mauritanie va permettre une mise en relation des femmes mauritaniennes avec l’international. La société civile mauritanienne se caractérise par la forte présence féminine : 80% des ONG/ associations sont dirigées par des femmes. Le Genre constitue une préoccupation certaine des ONG et associations.(Banque Mondiale, 2006).

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II. Les droits

5. Au niveau de la protection des droits des femmes, la Mauritanie est partie prenante de la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discriminations à l’Egard des Femmes (CEFD) à la Charte Africaine, à la Convention sur les Droits de l’Enfant (CDE).

6. Le statut socio juridique des femmes a été renforcé en 2001 avec le Code du Statut Personnel (CSP) qui a permis de combler l’absence du code de la famille. L’adoption de ce code constitue une véritable réforme sociale. Par exemple, le code précise les bases juridiques du mariage et protège les femmes. Il leur accorde des droits supplémentaires au moment du mariage (conditions dans le contrat de mariage). Deux dispositions renforcent le statut socio juridique des femmes : la disposition qui porte à 18 ans l’âge de référence au mariage pour les hommes et les femmes et celle qui stipule que le consentement de la femme majeure est obligatoire. Ces dispositions permettent de lutter contre les mariages précoces ou arbitraires. Il est observé une faible application de ce code et une méconnaissance du texte par la majorité des femmes.

7. En matière de participation et de prise de décision, En la faveur des changements intervenus en 2005, en Mauritanie, des élections ont été organisées et un quota de 20% a été obtenu par les femmes sur les listes électorales. Ce quota a été obtenu grâce à un plaidoyer qui a été matérialisée par la constitution d’un groupe de femmes appelé : « Groupe de Plaidoyer pour l’implication des Femmes dans les Sphères de décision ». De plus, toutes les OSC féminines et les Partenaires techniques et financiers de la Mauritanie se sont joints à ce plaidoyer en direction des: Autorités publiques, leaders religieux, médias, femmes leaders et partis politiques.

8. A l’issue des élections de 2007, 27 parlementaires femmes ont été élues dont 17 députés et 10 sénateurs. La législature précédente comptait 6 femmes (3 députés et 3 sénateurs). En plus de ce bond quantitatif, le fait à souligner est que ces élues appartiennent à plusieurs familles politiques et certaines sont indépendantes. Elles sont issues de plusieurs milieux socio professionnels et ont une expérience limitée dans le domaine de la représentativité. Compte tenu de la compétence générale du parlement, les femmes élues devraient pourvoir influencer tout le processus législatif et jouer un rôle de veille permanente sur la problématique Genre pour son intégration dans les lois, en particulier dans la loi des finances (allocation des ressources).

IV. Les contraintes

9. La mobilisation des femmes et leur engagement politique ne cesse de croître mais il faut reconnaître qu’un un certain nombre de contraintes et de pesanteurs freinent encore leur accès aux sphères de décisions. Ces contraintes sont de deux types :

- Les contraintes directement liées à la situation des femmes: le faible accès à l’information, l’analphabétisme élevé (53%), le poids de la pauvreté, le statut socio culturel des femmes et la méconnaissance de leurs droits fondamentaux.

- Les contraintes indirectes, d’ordre institutionnel et juridique : faibles capacités des institutions en terme de coordination, de mise en œuvre et de suivi, faibles capacités de la société civile, insuffisance et manque d’application de la législation et une culture politique discriminatoire.

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10. Une autre contrainte des femmes est l’accès aux ressources (Terre, financement, formation, etc.). Dans ce domaine, La Mauritanie se caractérise par une forte féminisation de la pauvreté. Mais les femmes s’organisent et luttent avec des succès parfois étonnants. C’est le cas de plusieurs Associations et Union des coopératives qui enregistrent un franc succès. Elles font face à une crise de croissance sous l’influence d’une forte demande d’adhésions des autres coopérations, alors même que les ressources ne suivent pas. Dans l’un ou l’autre cas, outre l’accès à des ressources, la question de l’expertise locale se pose avec acuité, de même que les questions de gouvernance locale.

V. Actions concrètes : Moyens et Instruments de Promotion de l’Equité entre hommes et femmes

11. Le défi à relever par la Mauritanie est d’assurer une réelle articulation de sa Stratégie Nationale de Promotion du Genre avec l’ensemble des stratégies et des politiques développées par l’état mauritanien.

12. Promouvoir l’équité entre les hommes et les femmes est un processus global, complet et multidimensionnel de caractère public et politique, mais aussi personnel. Ce processus doit avoir pour objectif de :

- Réduire les inégalités entre sexes qui existeraient dans tous les secteurs du développement.- Encourager hommes et femmes à participer aux activités du développement, faire en sorte que leurs besoins spécifiques soient satisfaits, qu’ils bénéficient des projets et que ceux-ci aient un impact favorable sur leur vie. - Créer les conditions d’un accès équitable des hommes et des femmes aux ressources allouées au développement et aux avantages qu’il apporte.- Créer les conditions d’une participation équitable à l’exécution des projets de développement et aux processus de décision.

13. Pour atteindre ses objectifs en matière d’équité entre les sexes, La Mauritanie doit faire en sorte :

- Engager un plaidoyer national pour que la loi des finances soit sensible au genre. En effet, le budget d’un pays est l’expression financière des engagements politiques des gouvernements.- Engager un plaidoyer pour la mise en place de cliniques juridiques en vue de faciliter l’accès des femmes à la justice.- Plaider pour la généralisation du quota au niveau du gouvernement et de la haute fonction publique.- Que la stratégie genre soit en réelle articulation avec les stratégies de tous les secteurs afin que le « Gender mainstriming » devienne une réalité en Mauritanie.- Que hommes et femmes soient conscients de la pertinence de la problématique genre.- Que les programmes comportent des méthodes qui facilitent la participation des hommes et des femmes.- Que le système de suivi et d’évaluation comporte des méthodes quantitatives et qualitatives de prise en compte des statistiques désagrégées par sexes.- Que des ressources humaines et financières suffisantes soient disponibles.- Nécessité de garantir la représentation des femmes dans les organes dirigeants- Amélioration de la loi sur les quotas.- Renforcement des capacités des élues : formation, ouverture de bureaux d’information et documentation.- Continuer le plaidoyer sur la nécessité de la représentation féminine en toute circonstance

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- Amener les femmes, surtout les cadres, à s’intéresser davantage à la politique.- Nécessité de créer un mouvement national de femmes pour mener les revendications politiques.

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Le féminisme au MaghrebCHALBI-DRISSI Hassania

The International Gender and Trade NetworkTunisie/[email protected]

I – Introduction :

Il est légitime de se demander si le fait féminin dans les pays arabo-musulmans est un enjeu aussi important et pourquoi les élites féminines, malgré les efforts consentis n’arrivent pas à le maitriser ? En effet, il a soulevé tellement de questionnements voire de polémiques que sa prise en charge par les élites est difficile. Pourquoi?

C’est que pendant des siècles, le patriarcat en a verrouillé l’organisation au point de restreindre la citoyenneté de la femme de façon dramatique  si bien qu’actuellement, il est difficile d’envisager des solutions immédiates.

II - Raisons de l’émergence du féminisme :

A –Les Codes de Statut personnel (CSP) :

Les CSP régissent ce qui relève de la sphère privée ( le mariage, le divorce, les pensions alimentaires, la garde des enfants et l’héritage…). Ils réglementent également la vie publique des femmes, agissant comme puissant moyen de contrôle de leurs activités économiques, politiques, sociales, civiques, culturelles et surtout religieuses. Ainsi, l’idée de tutelle sur les femmes est omniprésente dans ces codes ; les femmes doivent vivre sous la tutelle légale de leurs maris, de leurs pères, ou d’un tout autre membre masculin de la famille. Citons quelques exemples.

- conformément aux CSP, une femme n’a pas le pouvoir de contracter mariage, pas plus qu’elle ne peut être tutrice lors du mariage d’une autre femme,- Une femme ne peut non plus juridiquement divorcer, elle doit obtenir une autorisation du juge dans des conditions très strictes, alors que les maris ont la possibilité de répudier leurs épouses sans même avoir à justifier leur décision. - Quant aux dispositions des CSP relatives à l’héritage, elles ne permettent aux femmes d’hériter que la moitié de la part des hommes.

B - Les autres lois :

Les lois pénalesPar exemple au Maroc, une autorisation préalable des tribunaux est exigée pour qu’une femme victime d’abus par son époux puisse se porter partie civile.

Les lois sur la nationalitéL’enfant d’une femme mariée à un étranger ne peut obtenir automatiquementla nationalité de sa mère, même s’il est né et vit dans son pays. Le Maroc a remédié dernièrement à cette injustice. Cependant, les femmes ne sont toujours pas autorisées à transmettre leur nationalité à leur époux étranger. Or, ces mêmes restrictions ne s’appliquent pas aux hommes mariés à des femmes étrangères, ni à leurs enfants.

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La liberté de mouvementAu Maroc et au Liban, le mari peut forcer de façon unilatérale sa femme à réintégrer le domicile conjugal.

L’éducation et l’emploi :- Le taux d’analphabétisme des femmes reste très élevé avec une moyenne de 42% contre 20% pour les hommes.- Le taux de travail féminin ne reflète pas nécessairement leur contribution à la croissance économique ; leur travail reste invisible.

La représentation politique- Le taux de participation des femmes au processus de prise de décision politique dans la région est l’un des plus bas au monde.

La violence à l’encontre des femmes- La violence contre les femmes dans la région est légalisée et institutionnalisée dans le cadre des relations maritales et familiales.

III -Emergence des mouvements de femmes

D’après certains penseurs, le féminisme existe depuis longtemps, mais il a fallu des siècles de débats, d’échange d’idées et d’expériences, voire de controverses et de luttes pour affirmer enfin avec M. French que le féminisme en général est la seule philosophie sérieuse, cohérente et universelle qui présente une solution de rechange à la pensée et aux structures patriarcales.De même que tout mouvement de libération est étroitement contingent à la conjoncture dans laquelle il émerge, les mouvements féministes arabo-musulmans en général et maghrébins en particulier ont été plus ou moins influencés par la pensée dominante de chaque époque: - renouveau de la pensée arabo-musulmane, - Nahda (Renaissance arabe) - laïcisme de la gauche, - féminisme moderne etc…Ces mouvements ont connu des fluctuations idéologiques conséquentes. Les idéologies étant en effet à chaque fois conformes à la pensée dominante. Cependant, une scission entre les différents mouvements s’opéra clairement au moment de l’apparition de la pensée fondamentaliste.

A – Les expériences maghrébines 1 - La Nahda ou la Renaissance arabe 

On peut situer cette période entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Pendant cette période, ce sont essentiellement des hommes qui ont le plus contribué à l’amélioration du statut de la femme arabo-musulmane.

a – les réformateurs arabes :La fin du XIXème siècle et le début du XXème se caractérisèrent en effet par un climat propice à une ébullition d’idées et de révolutions des structures patriarcales: ce fut l’annonce de la période de la Renaissance. Dans le monde arabe, c’est l’Egypte qui fut en tête du mouvement d’émancipation de la femme. Ainsi, dès le début du XXème siècle, un statut « égalitaire » de la femme arabo-musulmane a été revendiqué par le mouvement réformiste de la Nahda, ce mouvement était composé essentiellement d’hommes.

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Depuis, les concepts « d’égalité » et de « citoyenneté » ont constitué la teneur même de la problématique de la condition féminine et font partie actuellement du discours pratique le plus commun.

- Dès 1899, Qasim Amin a beaucoup écrit sur les femmes et on peut voir en lui le père du féminisme en Orient et dans le monde arabe.- Le tunisien Tahar Haddad (1899-1935) fut entre autre un ardent féministe.- Sans revendiquer l’égalité des sexes, le militant marocain Allal El Fassi, a dit que sans s’éloigner des textes du Coran, on peut interdire la polygamie, limiter la répudiation.- Le libanais Jurgï Baz, fonda en 1909 fonda la première revue féministe en Syrie et au Liban. Cette revue « El Hasna » parut pendant trois ans.

b –L’élite féminine de la Renaissance 

Il est admis que tout mouvement renvoie à la nature des transformations sociales et au pouvoir de l’engagement des militants que ce mouvement autorise. Parmi les manifestations les plus caractéristiques de cette Renaissance arabo - musulmane, fut l’apparition d’éminentes féministes arabes qui ne voulaient pas rester en marge de ce mouvement d’idées et du riche contexte international. Si ces élites ont pris conscience de leurs rôles révolutionnaires, elles le doivent également à des idées et des actions conçues au départ par des hommes. Ces élites engagèrent d’abord un combat contre le voile; symbole d’une conception archaïque de la vie sociale. Elles participèrent à un mouvement généralisé dans la presse, à l’organisation de l’enseignement, à l’activité littéraire et à la culture; s’imposant au sein de la Nahda ou Renaissance arabe. Ces élites ne voulaient pas que la femme s’assimile à la société telle qu’elle était, mais qu’elles la changent. Nous sommes dans une période (fin du XIXème siècle et début du XXème) qui voit s’écrouler des idées anciennes et poindre une première prise de conscience du fait féminin .Ce fut le début de l’ébranlement du patriarcat.

Cet ébranlement fut, de notre point de vue, entamé par une égyptienne de l’envergure de la féministe occidentale Flora Tristan sur le plan de l’histoire du féminisme. Elle fut la première féministe arabe et l’une des plus grandes de son époque. Elle est née en Egypte en 1879 et a joué un rôle de premier plan dans les domaines économique, politique et social de son pays et du monde arabe. Très tôt, elle s’adonna à un féminisme pragmatique A la première guerre mondiale, elle incita à la révolte contre les anglais et fit défiler 300 femmes voilées ou le visage découvert le 16mars 1919. Ces femmes devinrent même émeutières et certaines tombèrent sous les bales des anglais. Elle créa en 1923 « l’Union Féministe Egyptienne » .Quand elle revendiqua la réforme du Code du Statut Personnel en 1926, la réaction des Oulama d’Al Azha fut violente et seules quelques petites mesures furent décidées par le gouvernement. En 1935, elle arriva à faire consacrer une semaine entière à la femme. Premier événement du genre. Mais en l’absence de théorie sur les méthodes et les modalités des changements sociaux à accomplir, la « théorie sur le fait féminin » avancée par les élites de l’époque était quelque peu contestée par les masses parce qu’elle paraissait révolutionnaire. La grande masse était fort peu habituée à « la spécificité » du combat de la femme. Des percées décisives à partir d’idées libératrices et d’écrits de nature revendicative ont cependant permis de soulever progressivement des problèmes réels de leur société et d’engager des actions audacieuses. Des militantes se sont comportées en élites même si elles étaient incapables à l’époque d’apporter des réponses exhaustives à beaucoup de questions fort complexes pour ne pas heurter leur société. Cette remarque s’applique aussi bien à leur théorie qu’à leurs pratiques.

c – L’élite silencieuse 

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Pour compléter, il s’agit de rendre hommage à d’autres militantes, silencieuses qui étaient présentes et contribuaient de façon anonyme certes, mais effective. Ces élites silencieuses ont combattu dans l’anonymat et leur participation à la libération de femme est méconnue. Il s’agit de ces femmes « autres » qui ont participé au combat et que l’histoire n’a pas oubliées tant leur contribution était prestigieuse voire efficace par rapport à la construction de théorie féministe et à l’ébranlement du phénomène du patriarcat. Sans parler de ces élites d’exception qu’étaient ces femmes dans les Harem, de ces « Sultanes oubliées » dont les exploits ont été décrits par F. Mernissi dans ses livres « Le Harem et les cousins » ou « Sultanes oubliées ». On peut évoquer les remarquables actions dues à d’autres élites, plus ou moins connues qui, souvent dans l’ombre, se sont sacrifiées pour améliorer le sort de la femme maghrébine. Elles sortaient de cette «passivité ancestrale des femmes » sans pour autant défier ouvertement les systèmes en place: un autre aspect du militantisme ; un autre aspect du féminisme. Est-ce celui qui perturbe le moins nos sociétés tout en faisant avancer la cause des femmes? La question reste posée et la réflexion reste à approfondir. Citons quelques unes parmi elles :

o Fatima El Fihri à Fès est fondatrice de l’Université de la Karaouine; la plus vieille Université du monde,

o Aziza Othmana en Tunisie, femme charitable, a légué une œuvre encore actuellement célèbre « l’Hôpital Aziza Othmana»,

o la Kahéna en Algérie; reine qui laisse le souvenir d’une souveraine intrépide…

On peut évoquer également ces femmes qui ont vécu l’occupation coloniale dans leur chair, ces femmes qui ont résisté à toutes les formes de pression, souvent cruelles, pour vire en tant qu’elles-mêmes. Enfin, il y a actuellement, des « élites » qui résistent à la domination patriarcale et capitaliste de façon anonyme. Il s’agit d’en tenir compte. Elles ont un style qui se caractérise par une volonté de ménager des espaces de pluralité de pensées par réaction à l’unité de l’ordre.

2 - Le réveil était venu également de l’Occident  a - Les idées libératrices

Avec l’introduction d’idées émancipatrices nouvelles: abolition de l’esclavage et du concubinage, suffrage universel, égalité des sexes etc…, l’Occident renforça précisément le courant d’idées libératrices qui fusionnaient à l’époque. Il est vrai qu’à cette époque, des échanges et des liens étaient déjà établis entre certaines militantes arabes et occidentales. Si bien qu’un désir intense de tentative de modernisation gagna les pays arabo-musulmans. Les penseurs, les réformateurs, les progressistes et l’ensemble des féministes arabes; hommes et femmes, ont été les véritables catalyseurs du changement de la condition féminine dans les pays concernés parce qu’une évolution réelle globale a eu lieu. Par exemple, les idées de Marx et d’Engels sur l’émancipation de la femme, inséparables de l’ensemble de leur théorie; découlaient de l’expérience particulière du capitalisme du XIXe siècle et de ses effets immédiats sur les femmes de toutes les classes. Appartenant eux-mêmes à la bourgeoisie, leur manière de voir se ressentait inévitablement de leur appartenance de classe et de sexe.

A la même époque, le féminisme en France était caractérisé par l’activisme. Il n’a jamais réussi à devenir un mouvement de masse et ce, malgré certaines apparences. L’activité de ses militantes et leur détermination n’ont pas réussi à compenser une certaine incohérence due à une absence d’analyse théorique. Sur le plan théorique précisément, Simone de Beauvoir affirmait que la domination de la femme par l’homme a toujours et partout existé et que « Je ne crois pas que lorsque les femmes auront conquis l’égalité, se développeront des valeurs spécifiquement féminines …je pense que la femme libérée serait aussi créatrice que

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l’homme. Mais qu’elle n’apporterait pas de valeurs neuves. Croire le contraire c’est croire à une nature féminine, ce que j’ai toujours nié ».

b-L’approche de la théorie féministe par ses élites à partir des années70

Depuis le début des années 70 que des femmes, de sensibilités diverses, ont pris l’initiative de se regrouper pour réfléchir à des alternatives à la société patriarcale. Certaines élites ont estimé que la question de la spécificité de leur condition n'était pas suffisamment prise en compte.Leurs revendications s’exprimaient essentiellement aux niveaux de leurs écrits qui suivaient une ligne sans cesse ascendante; l’asservissement de la femme était partout dénoncé ( 1ère Décennie des Nations Unies sur la Femme : Mexico -1975). La condition de la femme était décrite comme intolérable, mais il n’était pas encore question dans les écrits des féministes de la manière dont les femmes en tant que groupe pourraient agir. Des expériences pratiques étaient décrites (travail de la femme rurale, travail de la femme dans les usines, problèmes liés au Planning familial…), mais des solutions n’étaient pas encore proposées. Donc il n’y avait encore aucune théorie sur les méthodes et les modalités de changements sociaux à accomplir. Le concept de plaidoyer par exemple n’était pas encore utilisé. Des formations pour l’adhésion et l’utilisation de ce concept ont été faite essentiellement par des ONG plus tard pour donner la possibilité à certains groupements et organisations de faire entendre et admettre leurs revendications!

De plus, les revendications n’avaient pas encore un contenu politique ; c’étaient plus des thèmes de réflexion et des constats par des intellectuels qui préparaient consciemment ou inconsciemment une force de contestation. Rien n’autorisait à trouver chez ces petits groupes qui se sont constitués pour réfléchir le ferment d’un mouvement de contestation dépassant le cadre d’une petite élite. Ces regroupements des femmes avaient de plus contribué à expliquer l’importance que leur mouvement accorde à la promotion de « leurs propres valeurs » comme fondant une démarche collective dans la perspective d’une amélioration de leur condition. Remarquons que dans tous les pays, les élites féminines concernés par cette alternative à l’époque étaient plus proches des idéologies de la gauche.

A partir des années 80, ces petits groupes d’élites islamo progressistes, avaient commencé à poser de véritables questions qui les avaient orientés vers une thématique de contestation de l’ordre capitaliste et libéral. Leur pensée, socialiste islamiste, n’était portée que par une petite minorité et ne pouvait de ce fait constituer un relais décisif dans la progression des idées. Actuellement, parmi les thèmes ouverts aux débats des élites des mouvements féministes concernent les sujets suivants:

- Comment conjuguer les diverses luttes et intégrer les femmes non représentées dans le discours dominants ?- Comment orienter les analyses théoriques sur les rapports sociaux des sexes au Maghreb ?- Comment articuler le politique et le religieux ? En effet, pour les élites, l’émancipation de la « umma » (communauté) dans un environnement international défavorable doit répondre aux revendications suivantes :

- sur le plan culturel, une nécessaire réorientation des politiques scolaires et universitaires,- sur le plan religieux: C’est à propos des réformes des Codes de Statut de la famille et surtout celui de la femme qu’il y a des polémiques. A ce niveau, c’est tout le problème du droit qui se trouve posé entre le point de vue de ceux qui prônent le retour à la loi musulmane et l’attitude des autonomistes qui revendiquent un effort

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d’interprétation du Texte Sacré pour dépasser les inégalités entre l’homme et la femme - (nous femmes lisons le Coran)- sur le plan économique, les thématiques des fondamentalistes sont plus radicales dans la condamnation de l’économie de type libéral.- sur le plan social : dénonciation des liens abusifs entre le système politique et la «société civile», des pratiques clientélistes, de la privatisation du service public, des liens avec les Multinationales…

Il a été constaté que toute action volontariste venant de la part des élites du mouvement féministe autonome favorise des réactions de protection au sein de la société qui sont facilement récupérables par les mouvements fondamentalistes. Ce qui révèle la faible latitude des élites féminines des mouvements autonomes dans la conduite de leur stratégie.

c - stratégie des élites

La capacité de pénétration de la pensée de l’élite du mouvement autonome est tout naturellement moindre dans la mesure où elle utilise la modernisation pour déposséder les élites fondamentalistes de leurs prérogatives religieuses et de leur influence sociale. Cette situation a contribué à disperser les différentes élites au lieu de les unir. A ce stade, le féminisme correspond encore aux aspirations et aux idées d’un petit groupe de femmes ; d’une élite. Mais s’il est certes encore incapable de déclencher un mouvement, même si les bases d’une offensive future sont lancées. Elles sont étroitement liées aux valeurs associées au capitalisme: exaltation de l’activité, idée de responsabilité individuelle en tant que moteur de l’action politique, remise en question de l’Autorité établie. Au delà de ces tendances générales, l’attention du militant voire de l’intellectuel (pour une analyse scientifique du phénomène), doit se porter sur les facteurs déterminant l’apparition de ces mouvements et leurs formes, sur les conditions de leur suivi et par voie de conséquence, sur l’émergence de leurs élites 

3 - Une période transitoire: L’option dite « moderne »

a- Les mouvements féministes modernes au Maghreb: quel projet ?

La résistance féminine a toujours existé, elle a connu plusieurs formes historiques et a révélé un dynamisme et une philosophie de libération. De plus, cette résistance a souvent été une contribution à la lutte pour la justice et au rétablissement de la dignité de la femme. Des résultats ont été enregistrés dans ce domaine certes, mais il est légitime de se demander si les élites dites modernes sont-elles réellement porteuses d’un projet spécifique?

Actuellement, la force du modernisme est établie sur la stricte équivalence des sexes et l’égalité des hommes et des femmes est devenue inéluctable alors que la femme au Maghreb est encore et toujours au centre du débat religieux et du débat culturel. Donc il s’agit d’analyser le type de projet que le mouvement féministe au Maghreb propose à travers son petit groupe d’élites et de connaître les courants idéologiques et politiques qui traversent ce féminisme voulu par les maghrébines et qui se voudrait spécifique. Les mouvements féministes, celles des lendemains des Indépendances portent la marque d’une élite féminine privilégiée et qu’un radicalisme permet de prendre conscience de sa condition. Or les conditions actuelles ne permettent l’action que dans une étroite limite : de petits groupes de femmes réclamant l’égalité des droits sur une base plutôt radicale comme cela a été le cas lors de la préparation de la 4ème Conférence mondiale des Femmes (Beijing: 1995).

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Dans ces conditions, est-ce- que les élites féminines peuvent assumer un rôle aussi lourd au sein de leur société ? Rôle qui mène réellement les masses vers le « modernisme » et la stricte égalité des sexes.

- Avec quelle force ? - Pour quels choix ?- Et quels freins ?

Questions légitimes, car les masses n’iront au modernisme et n’accéderont au pouvoir que par l’instruction, le travail… bref, par l’ensemble des besoins fondamentaux de l’homme qui restent à satisfaire et du déficit démocratique qui reste à combler au niveau de nos sociétés.Peut-on mener ce multiple combat ? Il est vrai que le modernisme entendu au sens strict du terme est une aspiration légitime des élites féministes actuelles au Maghreb, hormis les « aspects négatifs » mis en reliefs par certains de ses opposants, il permet à une femme, sur le plan juridique et philosophique, d’œuvrer pour cette équivalence des droits (et des devoirs) avec l’homme. Et puis, le modernisme est devenu inévitable si on veut s’élever au rang de nos consœurs occidentales pour une convergence des luttes. Ce modernisme serait également un moyen efficace et une d’idéologie suffisamment forte pour contrebalancer le modèle de promotion du statut de la femme qui est actuellement caractérisé par la léthargie. Il n’y a plus ces flambées de militantisme dues aux idéologies comme le nationalisme et le Tiers-mondisme qui ont permis de lutter auparavant contre des inégalités socio-économiques, la marginalité, l’acculturation et surtout contre le phénomène d’auto-entretien. Donc le choix pour un projet basé sur la modernité se justifie par sa propre légitimité.

IV – imaginer des ruptures ou continuer des tendances 

La prise de conscience de la spécificité de la condition et du rôle de la femme, est due en grande partie aux idées, aux actions et au combat que les élites féminines ont mené depuis. Ce sont déjà des acquis pour l’ensemble des maghrébines. L’application de ces acquis, plus ou moins effective d’ailleurs, a-t-elle engendré une attitude différente de la part des pouvoirs politiques et religieux à l’égard du féminisme ? Les institutions féminines qui ont émergé dans les différents Etats maghrébins depuis les différentes Conférences des Nations Unies sur les femmes, loin de servir la cause féminine, constituent des mécanismes permanents de régulation des femmes et de leurs organisations (Ministères, points focaux femmes dans les différentes organisations …). C’est de cette façon que les Etats peuvent et continuent à canaliser le dynamisme des femmes et à émousser quelque peu leur puissance de libéralisation.

- A côté du féminisme du Président Bourguiba qui est un féminisme progressiste, existent encore des sociétés qui enferment leurs femmes par des lois leur interdisant de voyager seules, non accompagnées de leurs pères ou de leurs maris: c’est encore l’usage en Irak par exemple.- Le retour à la ségrégation à travers le port du voile est encore un acte politique officiel.- Quand certains dirigeants indiquent ou décrètent un changement relatif au Code de la famille, un tollé scandalisé des doctes (Oulémas) d’El Azhar, de la Karaouine etc. … accueille la mesure prise en faveur des femmes.

D’ailleurs, dernièrement en Egypte, ce sont ces mêmes oulémas qui sont décréter très tardivement malheureusement que l’excision est contraire aux préceptes islamiques et ont fini par l’interdire. Mais il a fallu qu’un nombre considérable de petites filles fassent les frais d’une telle pratique qui a duré pendant des siècles.

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- En Arabie Saoudite, certaines femmes sont particulièrement nanties et l’existence d’une Bourse féminine dans ce pays n’a jamais servi à les libérer. Le fait qu’elles ne conduisent pas un véhicule ne leur a conféré aucun statut de « musulmane supérieure »- Par ailleurs, la faiblesse de certains Partis politiques et la réticence d’autres pour accorder une place de pouvoir aux femmes au sein de leur organisation ont bloqué le potentiel démocratique en faveur des femmes qui avait commencé à se définir.

V - Conclusion Ainsi, les conditions dans lesquelles différents mouvements féministes arabes émergent et évoluent sont déterminées par des faits géographiques, financiers, religieux et surtout politiques; en cause plusieurs déficits de toute sorte sciemment entretenus dont le plus dangereux de tous, celui de l’articulation du discours lié au sexe et à la pratique.

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Ghabri ep Jaziri DALILAAlliance de développement des femmes rurales

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La Dimension Genre : Axe désormais fondamental de tout changement social : Le cas tunisien

Problématique

Les problèmes vitaux des sociétés humaines ,des plus anciens aux plus récents et concernant l’histoire, la société, la culture, l’identité sociale locale, demeurent refoulés, minimisés ,ignorés ,éparpillés et fragmentés, tandis que s’amplifient les «bavardages »  soit sur les grandeurs méconnues et les richesses défigurées du patrimoine de telle ou telle religion, de telle ou telle innovation en matière technologique, scientifique, esthétique ou autres.

Cela me conduit à poser, pour réflexions, le problème de l’homme et de la femme, en tant qu’individu dans ces sociétés humaines, les relations liant cet homme et cette femme à sa société, les relations liant les hommes et les femmes avec la société et entre eux …. Et surtout de la dynamique de l’évolution de ces types de relations … ? Les facteurs permettant la production et la reproduction de ces relations et aussi les facteurs opposés qui les amplifient pour enfin provoquer le changement de ces relations vers un autre système relationnel de ces types de liens. Ce n’est ni le lieu ni l’objet de notre intervention, pour analyser l’articulation de ces questions fondamentales, cependant je vais essayer de présenter les principes de base véhiculant les relations : changement /inertie du système relationnel, traitant l’expérience de l’évolution de la situation des femmes tunisiennes.

Les lois : motrices de l’inertieDès l’indépendance 20mars 1956, et avant même la déclaration de la république (25juillet 1957), changement du régime politique du pays et avant l’acquisition des terres agricoles tunisiennes et l’expatriation de la base navale de Bizerte 15 octobre 1963, La Tunisie a promulgué LE CODE DU STATUT PERSONNEL, LE 13 AOUT 1956.Ce qui a constitué une rupture avec le passé c’est le statut de la Femme, et plus particulièrement l’institution de nouvelles lois concernant le mariage, c’est çà dire la définition de nouveaux liens épouse/époux au sein de la famille. Deux points essentiels sont ainsi changés :1- L’interdiction par la loi de la polygamie.2- Le mariage et le divorce sont désormais des actes juridiques, et se font suite à un procès

juridique (et non d’une façon unilatérale, surtout pour le divorce par l’époux).Pour nous, Tunisiennes actuelles, ceci paraît va de soi, et des plus évidents liens devant régir la relation époux /épouse, mais les choses n’étaient pas ainsi en cette Tunisie du 1956, et d’autant plus qu’en ce temps, plus que 90% des tunisiens, étaient musulmans et pratiquaient une loi traditionnelle, se référant à la jurisprudence islamique, cette loi autorisait la polygamie et permettait à l’époux de déclarer le divorce de sa femme d’une façon unilatérale et sans aucune justification et sans aucun procès, il suffisait qu’il le déclare chez le notaire du coin, et le divorce est prononcé. Et en ce temps, la femme ne

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pouvait qu’être informée de sa nouvelle situation qu’elle acceptait comme un destin, une fatalité, elle est divorcée ….

Les contraintes étaient majeures, comment cette société tunisienne patriarcale, illettrée en sa majorité, musulmane et ayant conquis à l’instant son indépendance ,grâce à son attachement et la défense des valeurs de sa religion islamique ,contre cet occupant non croyant, (Kéfir, Roumi) peut contredire ses lois ancestrales divines islamiques, justes !? Et plus encore comment cet Etat tunisien , embryonnaire ose-t-il défier la religion, le sacré de la société tunisienne, que l’occupant malgré sa puissance, sa non croyance, sa haine manifeste de l’islam et des musulmans n’a osé de le faire ? C’est le choc, le chaos ? C’est à en devenir fou ? Et pourtant à l’intérieur de chacun, de chaque individu ,( homme ou femme) la loi est bénéfique à la société et aussi à lui .Elle est acceptée et même applaudie .Ce qui est encore étonnant c’est que cette jeune équipe politique du nouveau Etat tunisien , est elle-même qui a provoqué et dirigé et orienté le peuple tunisien contre l’occupant ,lors d’un petit incident « les affaires du djelaz :  puisque les parents d’un tunisien décédé ayant la nationalité française , ont voulu l’enterrer à la cimetière de djelaz , ce que les autorités de la cimetière ont refusé ( il n’est pas possible d’enterrer un chrétien dans la cimetière des musulmans ? mais ce mort était –t-il chrétien ? il portait la nationalité française ;tourn ; dialecte tunisien qui veut dire , qu’il s’est tourné de sa religion ) et c’est la projection ou l’identification de l’étranger par la nationalité qui a glissé pour signifier étranger par la religion . Cette attitude défendue par le mouvement de libération nationale signifiait pour les tunisiens la défense de l’Islam ? L’autorité coloniale a voulu défendre son point de vue pour permettre l’enterrement de l’homme au lieu désiré par ses parents, et elle basait son raisonnement qu’être français ne signifie pas automatiquement non musulman et donc l’homme étant musulman peut être enterré dans un cimetière musulman .ET c’est cette équipe de la libération qui a modifié le statut de la femme en 1956 qui a donné sa contre épreuve dans un texte du coran : بينهم شجر فيما يحكموك حتى يؤمنوا لن والله

« Ils ne deviennent vraiment croyants (en toi et en ton dieu) que s’ils se soumettent à ton jugement pour statuer de leur litige. »

Interprétant ce texte par son corollaire applicable au cas en question, puisque cet homme a la nationalité française, donc il est soumis aux lois françaises, c’est-à-dire non islamiques et par conséquent cet homme est non musulman, puisque s’il l’était vraiment il se serait soumis aux lois musulmanes, ce qui n’est pas le cas. Où est –ce cet homme a été enfin enterré, ce n’est pas l’important, mais la moralité que l’incident de tout les jours des plus banals a été l’affaire des élites de la société et toute la jurisprudence islamique a été mobilisé pour cela. Et c’est la même démarche qui a été suivie en 1956, comment oser seulement après 143 jours de la déclaration de l’indépendance promulguer une loi (dans le code du Statut Personnel Tunisien.) ……or la promulgation de cette loi a du passer par des institutions de concertations et d’adoptions qui auraient nécessiter des préparatifs etc. donc ce gouvernement n’avait –t-il pas d’autres choses plus importantes à faire que cela, si ce n’est qu’effectivement ce gouvernement considère qu’il n’a pas de plus important pour la société ,que ce qui est important aux individus et donc le code du statut personnel est des plus importantes affaires du gouvernement tunisien dès le premier jour de l’indépendance.

Changement des mentalités

L’acceptation des différents besoins, rôles et des relations genres, qui devrait prendre des générations fut atteinte en une seule génération. Cette génération des années cinquante, née,

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sous le respect du statut personnel homme et femme sont égaux devant la loi, la garantie de la scolarité, l’égalité des salaires, droit au travail…. ; par l’effet de cette loi nous tunisiennes et tunisiens nous ne pouvons pas nous voire autrement (même les islamistes les plus radicaux d’entre nous, respectent beaucoup de jalons du statut personnel) que des êtres égaux devant la loi.

En conclusion, les lois peuvent précéder la conscientisation des hommes et des femmes et peuvent faire gagner beaucoup de temps à propos du changement des mentalités. Pour faire évoluer les conditions féminines il est possible de cibler les législateurs et les décideurs tout d’abord, quitte à rendre les concernés mêmes, momentanément mécontents. Je crois ainsi que notre expérience mérite d’avoir une meilleure expansion et beaucoup plus d’appui de la part des mouvements féministes et du genre car quoique les problèmes du genre sont encore là dans le monde, il faut reconnaitre qu’ils sont très enracinés dans le monde arabo musulman qui interprète la religion une interprétation pas seulement patriarcale mais disons-le, ils en font une lecture carrément masculine.

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Fatma ELKORY OUMRANENTIC ET CITOYENNETE

[email protected]

I. Contexte

L’ong mauritanienne NTIC ET CITOYENNETE (www.maurifemme.mr/Ong/NTIC.html) trouve que l’internet peut constituer un moyen de développement des liens entres les mouvements féminins, féministes, le Genre et les mouvements sociaux.

En effet, cette technologie qui a fait son apparition, dans les pays du Sud à la fin des années 90, offre beaucoup de perspectives notamment aux femmes et à leurs mouvements. Parmi ces opportunités, ont peut citer, entre autres :

- L’accès à l’information militante (autour des différentes réflexions/revendications féminines/féministes à travers le monde, …d’où avènement de réseaux qui ignorent toutes les frontières et influent les politiques et décisions, les attitudes/comportements/mentalités et les cultures/civilisations).- La visibilité de leurs actions/contributions selon leurs contextes respectifs (qui répondent/expriment leurs réalités, leurs aspirations, …). - La communication et l’ouverture vers le national, le régional et l’international (pour s’informer, se connaitre, se concerter, s’organiser, …).

Notre ONG a ainsi, contribué à l’appropriation de l’internet par les femmes en Mauritanie ainsi que leurs organisations et cela à travers le site web Maurifemme (www.maurifemme.mr) et son forum virtuel du même nom (http://fr.groups.yahoo.com/group/maurifemme/).

II. Expériences tirées de notre initiative

2.1 A travers le site web « MAURIFEMME » 

Assurer la dimension « Genre » de la présence mauritanienne sur le net et des femmes de manière générale;Faire connaître la femme mauritanienne dans sa singularité et sa diversité entre le monde arabo-musulman et le monde négro-africain (statut social, religieux, économiques,…..divorce, polygamie, voile, analphabétisme, entreprenariat, etc.…) ;Donner de la visibilité à l’action/activité des femmes mauritaniennes (artisanat, associations, sphères de la décision,…. nominations, campagnes, initiatives, .…) ;Désenclaver/Connecter les femmes et leurs organisations au monde (appels à participation, à contributions, à formations,… annonces diverses, sources de financements, opportunités de partenariats, documentation utile, etc.….mises en relations, etc…) ;Etc..

2.2 A travers le forum virtuel « MAURIFEMME » :

Créé en avril 2004, il compte une centaine de membres (personnes physiques) et une dizaines de réseaux. C’est un espace libre d’échanges et de diffusion (participation, santé, développement, droits, TIC, gouvernance, actualité, conférences, ....) sans aucune contrainte de temps ou de contribution.

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Il regroupe des hommes et des femmes, des mauritaniens de Mauritanie et de la diaspora ainsi que d'autres nationalités (Sénégal, Burkina, Mali, France, Tunisie, Maroc,...). Il a permis un échange de plus de 900 messages, annonces…à travers la veille électronique et les réseaux auxquels notre ong appartient.

Parmi ses résultats, on peut citer :

- La création d’une plate-forme virtuelle « Genre » (hommes et femme, nationaux et étrangers) et qui est elle-même composée d’une masse-ressource de mauritaniennes internautes qui encouragent d’autres femmes à s’approprier internet à adhérer au forum pour ce qu’elles peuvent en tirer. - Un large réseau qui permet de communiquer/diffuser de l’information au plus grand nombre de femmes possible (dans un premier temps, surtout celles d’un certain niveau d’instruction).- Une plus grande implication/participation des femmes mauritaniennes dans les réseaux, les concertations/rencontres régionales et internationales mais aussi de profiter des appels/propositions/annonces de ce niveau.- Démystification de l’Internet et preuve que c’est un outil de développement qui ne requiert pas d’« expertise » ou de « niveau intellectuel » mais surtout la volonté et l’apprentissage. -Montrer qu’il peut aider à combler la fracture sociale à beaucoup de niveaux.- Promotion des réseaux et vulgariser de leur approche pour une meilleure promotion féminine et une plus grande intégration du concept « Genre » (promotion de l’autoformation, de la recherche de l’information, de la solidarité et du lobbying, etc..).- Réalisation de la première étude-enquête sur la fracture numérique de Genre en Mauritanie (dans le cadre d’une l’étude régionale initiée par Enda en 2004 et intitulée « La fracture numérique de Genre en Afrique de l’ouest francophone : une inquiétante réalité ».- Connexion des femmes et de leurs organisations avec l’extérieur (mise en relations diverses et partenariats à travers/grâce à « Maurifemme »/informations sur l’actualité et les grands événements associatifs et sociaux/ etc…).

III. Reconnaissance

- « Maurifemme » a été consacré « une des meilleures pratiques de TIC pour l’Egalité de Genre dans le monde arabe », en février 2007 par CAWTAR (centre of Arab Women for Training and Researchs) basé à Tunis, ce qui lui a valu l’obtention d’un montant de 2.000$ US.- Cette initiative a été l’objet d’articles, d’interviews et de citations dans beaucoup d’études nationales, régionales et internationales dont :

- ApcWomen (http://www.apcwomen.org/node/505);- Dans Afrik.Net (http://forum.lixium.fr/cgi-bin/v.eur?5017826)- Thot (http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=16435)- Dans AgenceTropiques (http://www.agencetropiques.ch/archives/croyan.html)- SitesMedia et PANOS ( http://www.sites-media.org/article_benin.php3?id_article=238)- TIC & DEVELOPPEMENT (http://www.tic.ird.fr/article.php?id_article=141)- TerreMauritanie (http://www.terremauritanie.com/it/maurifemme/article-article-107_maurifemme.php)

IV. Impacts pouvant servir les mouvements sociaux

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Le principal impact étant la construction de réseaux en word wide web fruits de connexions croisées et plurielles qui permettent aux mouvements sociaux, entre autres de :

- Se faire connaitre, acquérir plus d’adhérents, sympathisants, partenaires, etc…constituer de vrais espaces « porte-voix » , de lobbying et de solidarité..- Répandre leurs idées, leurs campagnes, leurs revendications, leurs stratégies…s’élargir, s’informer, se redéfinir/réadapter, se renforcer… s’améliorer continuellement grâce à d’autres apports…- Accroitre leurs impacts sur les politiques/stratégies nationales, régionales et même internationales (dans le domaine des conflits, de la crise alimentaire, de l’environnement, de la dette, de la lutte contre la sida, de la prise en compte du Genre, de la lutte contre la corruption/mauvaise gouvernance, le terrorisme, le racisme, la violence contre les femmes, contre les enfants, etc…).

V. Perspectives de notre ONG

- Renforcer l’appropriation de l’internet par toutes les femmes (rurales comme urbaines, handicapées, jeunes, cadres, prisonnières, ….).- Développer les programmes d’initiation/formation aux outils internet (insertion des jeunes en difficultés, initiation des femmes leaders et militantes, vulgarisation auprès des femmes rurales, …).- Trouver le financement de son projet de « CyberWomen » : centre spécifique aux femmes où elles peuvent accéder à l’internet et autres outils multimédia, concevoir leurs documents (excel/powerpoint/films,…,) , trouver l’information citoyenne et militante dans la partie « documentation » en toute sécurité et avec les commodités qui leur permettent de mieux profiter de cet espace (garderie d’enfants, espaces d’échanges, infirmerie, salle de formation/initiation, souplesse d’horaires, etc…).- Réaliser les versions arabe et anglaise du site web « Maurifemme ».- Continuer le plaidoyer/lobbying pour un meilleur accès/accessibilité communautaire à l’internet mais aussi pour un plus grand accès des filles aux filières techniques/scientifiques notamment dans le domaine de l’enseignement supérieur, technique et professionnel.

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Gisèle KapingaLigne des femmes pour la justice

[email protected]

COMMENT DEVELOPPER DES LIENS ENTRE LES MOUVEMENTS FEMININS, FEMINISTES, LE GENRE ET LES MOUVEMENTS SOCIAUX ?

I.INTRODUCTION

Avant de répondre à la question, j’aimerais souligner en me référant aux définitions des ces différents concepts que tous ont comme finalité la promotion des droits de la femme.En effet le « féminisme », qui se veut actuellement une véritable internationale de solidarité, fait partie du mouvement social, qui est un ensemble des réseaux informels (des organisations et des acteurs isolés) construit sur des valeurs partagées et de la solidarité et qui se mobilise au sujet d’enjeux conflictuels en ayants recours à des différentes sortes des protestations.Le Genre quant à lui,met en évidence le fait que les rôles féminins et masculins ne sont pas définis par le sexe mais évoluent différemment suivant les situations sociales,culturelles et économiques.( voir les essentielles du genre p.7 monde selon les femmes).Tous ces mouvements qui luttent pour la promotion des droits de la femme et ses intérêts connaissent des sérieux problèmes qui font que les femmes pour qui ils luttent ne bénéficient pas en définitive des résultats de leurs efforts. .II DIFFICULTES

Ces mouvements connaissent de nombreuses difficultés telles :Les divisions internes, les contradictions d’intérêts, manques des moyens financiers, les acteurs ne sont pas suffisamment formés.

Outre ces problèmes, il y a les détournements des fonds destinés à soutenir ces mouvements et aussi l’accomplissement de travail de terrain par ceux qui sont censés soutenir et aider les différents mouvements des femmes.

Il y ‘a aussi un problème majeur en Afrique, la non implication des états dans le travail des mouvements des femmes et par conséquent l’absence des subsides de la part de ces états.L’adhésion des femmes à ces mouvements pose aussi problème et ce, à cause de la méfiance que beaucoup éprouvent vis-à-vis de leurs consoeurs, à cause des us et coutumes qui n’autorisent pas la femme à fréquenter et à parler en public ; il y a aussi le poids de la vie, beaucoup des femmes doivent subvenir aux besoins de leurs familles d’où le désintéressement aux problèmes de la communauté.

Le rôle de la religion.Le taux d’analphabétisme élevé chez les femmes constitue un frein majeur à l’engagement de celles = ci dans divers mouvements pour faire entendre leurs problèmes.La plupart des ces mouvements ne prennent pas en compte le genre, au niveau de leurs structures et organisations.Les plaidoyers sur le genre ne sont pas assez fait ou sont mal fait.Les rares conférences, rencontres et séminaires qui sont organisés, le sont à l’intention d’une catégorie des acteurs et à des endroits inaccessibles à la majorité des femmes.

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Les études sur le genre ne sont pas organisées dans la plupart des pays africains.L’existence des lois discriminations à l’égard des femmes.III COMMENT DEVELLOPPER LES LIENS ENTRE LES MOUVEMENTS FEMININS, FEMINISTES, LE GENRE ET LES MOUVEMENTS SOCIAUX. Les difficultés énumérées ci haut, constituent un véritable frein au développement des liens entre les mouvements des femmes.Les mouvements existants doivent faire un état des lieux de tous les problèmes et tenter d’y mettre fin.Ce n’est qu’après qu’on peut penser aux voies et moyens pour consolider les liens entre ces mouvements par :1. La création des réseaux des associations des femmes du sud et du nord2. La multiplication des rencontres, des conférences aux cours des quelles il y aura échanges et partage d’expériences, la formation réelle des femmes avec des outils pédagogiques appropriés.3 Bannir les oppositions entre les acteurs ou mouvements4 .Définir les problèmes qui se posent à eux et voir comment les endiguer en montant des stratégies ensemble5. Etre sensible aux questions de genre.6. Bannir les discriminations fondées sur la race, la couleur de la peau et autres.7. Développer une réelle solidarité entre eux.8. Eviter de créer les associations et mouvements sociaux dans le seul but de s’enrichir.9. Créer des activités génératrices des revenus pour beaucoup plus d’autonomie

IV. CONCLUSIONLes mouvements sociaux, féminins et autres ne peuvent resserrer leurs liens que si en leurs seins existent des femmes capables de comprendre que la lutte qu’elles mènent a pour finalité l’amélioration du statut de la femme. L’union faisant la force, elles doivent s’associer ou associer les autres pour mener à bien leur combat.

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Aissé KeitaONG GNOGONDEME

[email protected]

Dans les conditions africaines les femmes ont toujours occupé une place importante dans les prises de décisions, la preuve lors des réunions de prises de décisions dans les villages les sages demandent de reporter au lendemain car la nuit porte conseil (c’est pendant la nuit que les femmes aident leurs maris à prendre les bonnes décisions) ; ou encore l’adage : derrière chaque grand homme se cache une femme. La femme projetée dans la scène publique pour exprimer haut et fort ses idées, c’est un combat de tous les jours dans un milieu où traditionnellement elle doit être derrière l’homme et dans l’ombre. Il nous faut développer des stratégies pour faire passer nos messages et avoir notre place dans les décisions importantes. Les femmes doivent faire valoir leurs droits en s’unissant à travers les associations et organisations féminines. Le combat primordial est surtout l’alphabétisation qui est capital (en tout cas pour les femmes du Mali où le taux d’analphabétisme est élevé) qui constituât l’un des objectifs principaux de mon ONG (ONG GONGONDEME).

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Mama Adama KEITA,Le Néré pour l'alimentation et la nutrition

GUINEE [email protected]

La situation de la femme ne peut être apprécié que par son savoir faire et son savoir être, un savoir faire qui s’acquiert par la connaissance de son environnement immédiat qu’est son entité sociale. Le savoir être de la femme, se butte généralement à la dimension genre, le genre qui par sa définition touche l’homme dans toute sa dimension culturelle, sociale et économique, la femme se trouve frappée de plein fouet par ces différents aspects. Analphabète, la femme l’est.

Selon les estimations de l’UNESCO, le nombre d’analphabète s’élève à travers le monde à 800millions de personnes et les femmes représentent les trois quarts de ce chiffre. En Afrique sub - saharienne , le taux d’alphabétisation est inférieur à 50 pour cent contre 95 pour cent dans les pays arabes , les disparités les plus fortes sont observées en Afrique du nord avec 100 pour cent le même constant est marqué en Asie en Europe centrale et de l’Est .

Dans plusieurs pays en développement les femmes subsistent difficilement n’ayant pas accès au même titre que leurs frères à l’éducation, aux soins de santé à un logement décent, elles vivent dans l’insécurité avec de maigres revenus. En Guinée, le taux d’analphabétisme est de 62 à 79 pour cent chez les femmes. Ce taux est parmi les plus élevé de la sous région et se reflète de façon négative sur la vie économique, politique, sociale et culturelle.

En effet, les femmes qui constituent la majorité numérique de la population guinéenne (53 %) contribuent dans toutes les activités socio-économiques culturelles du pays. Malheureusement elles subissent ou souffrent de l’analphabétisme et vivent confinées dans des tâches domestiques, routinières et des traditions ancestrales. L’analphabétisme les condamne à l’ignorance, à l’obscurantisme et diminue leurs potentialités et leurs possibilités de participation à la vie de la nation dans le sens du progrès et du développement. Nombreuses sont celles qui manquent d’informations même en langues maternelles qui pourraient les aider à préserver leur santé et celle des enfants, à se préserver de maternités trop rapprochées, à accéder aux crédits et au bien être familial et enfin à jouir pleinement de leurs droits.

C’est par une action concertée que, tous les acteurs se mobilisent et agissent ensemble pour l’élimination de l’ignorance et de la pauvreté dans tous les milieux en vue d’inverser cette tendance négative, d’où l’engagement de l’UNESCO a appuyer les pays exemple ; la Guinée, le Burkina Faso ou un centre international pour l’éducation des filles et des femmes en Afrique a vu le jour « CIEFFA » en abrégé. Au pays des hommes intègres le développement du CIEFFA a été possible grâce au soutien des autorités burkinabés et de l’organisation.

Elle a notamment apporté son appui au projet intitulé « Formation scientifique et technologique des jeunes filles en Afrique » en Guinée. Ce projet a permis la réalisation de la campagne de sensibilisation prévue dans 3 préfectures du pays, Conakry, Dubréka et Coyah et l’installation de dix clubs scientifiques. Un projet de formation à distance des enseignants du primaire en français et en mathématiques a également été mis en œuvre, dans le cadre du programme de l’Education pour tous en Guinée.

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La coopération entre le pays et l’Organisation se manifeste aussi dans la gestion des océans et des zones côtières un environnement dont les principales activités sont menées par les femmes, voila des exemples de synergie dans ces deux pays francophones. Depuis, l’on assiste à l’émergence de nombreuses organisations regroupant exclusivement des femmes avec quelques intellectuelles pour orienter et défendre la cause des autres n’ayant pas bénéficié des enseignements modernes leur permettant d’accéder à des avantages pour garantir et préserver leur survie.

En raison de ce qui précède et conscient du fait que, savoir lire et écrire contribuent non seulement à améliorer la situation économique de la famille, mais aussi, l’état d’éducation et de santé de chacun de ses membres, le rendement scolaire des enfants, ainsi que la capacité de gérer efficacement les ressources naturelles, que la 4ème conférence mondiale en faveur de la femme tenue à Beijing en 1995, a considéré l’analphabétisme féminin comme l’un des problèmes graves auxquels l’humanité est confrontée, et son élimination, l’un des principaux défis que la communauté mondiale doit relever à l’aube de ce troisième millénaire.

AWID , une des plus grandes et vieille organisation planétaire doit faire de la réduction du nombre de femmes analphabètes une de ses priorités à travers des échanges mais aussi l’appui a apporter aux mouvements de femmes pour bouter l’obscurantisme . A cet effet, la conférence de Beijing a fait des recommandations aux Etats, aux organisations internationales et aux Organisations de la Société civile allant dans le sens de l’éradication contre l’analphabétisme. Depuis, cette date, les Femmes s’organisent de plus en plus à travers les associations selon, leur centre d’intérêt afin d’améliorer leur condition de vie qui se trouve affectée.

Dans le secteur de la pêche par exemple, il existe en Guinée la confédération nationale des professionnels de la pêche appelée (CONAPEG) une structure au sein de laquelle se trouve représenté des petites cellules de femmes toutes analphabètes. Des femmes qui interviennent sur toute la chaîne après capture dans la commercialisation du produit frais, la transformation des invendus pour éviter des pertes après capture autrement dit le reste des stocks seraient simplement pourris et jeter, ce qui représenterait des pertes énormes pour les hommes pêcheurs et la rareté du poisson sur le marché avec pour première conséquence la flambée de prix des produits halieutiques sur le marché national.

De nombreuses années se sont écoulées, les femmes constatent que, leurs conditions de vie de société ne fait que s’empirer ; elles sont les plus touchées par la pauvreté, les maladies épidémiques, et surtout le manque de scolarisation de leurs enfants notamment des filles qui leur emboîtent le pas. Des enfants exposés au banditisme, à la délinquance, aux grossesses précoces.

Prenant conscience de la dégradation de leur état, ces femmes mareyeuses, transformatrices et fumeuses ont intégré et suivi les différents programmes d’alphabétisation fonctionnelle en vue de gérer leurs petits commerces, assurer la scolarisation des enfants dont les Pères sont en général des retraités ou des chômeurs, elles tiennent désormais leur propre comptabilité sans aucune intervention extérieure. La deuxième étape fut la création de leur union, histoire de se prendre désormais en charge sans pour autant quitter la confédération.

Ces femmes représentent également une frange importante dans les activités politiques des partis, elles sont récupérées pour des campagnes permanentes et informelles, même n’étant dans aucune structure à la base comme l’indique les textes.

Ces femmes à cause de leur nombre impressionnant et des agissements dont elles sont capables, parviennent souvent à influencer certaines décisions économiques prises au plus haut sommet de l’ÉTAT .

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Le dernier cas en date aura été la levée de l’interdiction de sortie vers l’étranger des produits de grande consommation dont les produits de la pêche, des échanges avec l’extérieur qui leur permettent de posséder un minimum vital. Se sentant menacées elles se sont levées et leur démarche a abouti à l’annulation pure et simple de cette décision prise lors d’autres mouvements sociaux, pendant la première grande grève jamais observée en Guinée, c’était les mois de janvier et février 2006. Cette fois sans descendre dans la rue, les femmes sont parvenues à leur fin tout en préservant la paix sociale. 

Auparavant, un peu avant l’indépendance de la Guinée en 1958, les cheminots avaient déclenché parait-il, une grève de 3 mois soutenue par les femmes avec à la tête hadja Mafori Bangoura, leader féminin et féministe analphabète de surcroît elle fût ministre ou une grande responsables dans les années de la révolution Elle tenait des meetings dans les marchés de la capitale demandant à toutes ses soeurs de vendre du piment, du sel, du poisson etc, afin de donner à manger à leurs maris et frères.

L’aboutissement de ce mouvement fut positif avec en toile de l’augmentation de salaires des travailleurs des chemins de fer de Guinée.

Ce sont ces dynamiques des mouvements sociaux de femmes, sous tendu par la prise en compte du genre et du féminisme, parce que, des idées émises, mis en œuvre et suivi par les femmes analphabètes au départ que les organisations comme AWID doivent appuyer, et promouvoir pour la durabilité de leur synergie.

N’ayant pas accès aux institutions financières les femmes mareyeuses ont jugé opportun de créer une mutuelle de crédit. Un montant de commun accord a été fixé pour doter la caisse d’un fond de roulement sous le contrôle de la banque centrale de Guinée, le CECIDE et l’appui de l’expertise d’une coopérante Canadienne.

Les premiers crédits ont été octroyés et les femmes s’en félicitent.

Les mouvements sociaux féminins en Guinée se distinguent aussi dans la lutte contre l’excision, l’abandon scolaire de la jeune fille, sa non scolarisation, le mariage précoce, la mutilation génitale, l’excision, la lutte contre le sida bref , ces mouvements luttent contre la précarité absolue. Une précarité dont sont souvent victimes les femmes quelque soient leur position géographique.

Ainsi depuis la déclaration du millénaire adoptée par les Nations – Unies en 2000 et les dix ans du programme d’action de Beijing en 1995 qu’il a été démontré la pauvreté grandissante des femmes malgré de sensibles améliorations constatées la diminution du fossé entre filles et garçons au niveau de l’enseignement primaire et secondaire demeure. Selon L’Organisation des Nations Unies en 2005 ; nombreuses femmes en Afrique participent à la vie socio – politique et économique même de façon informelle dans leurs pays respectifs.

Leur présence dans les parlements au plan mondial est en moyenne 16 pour cent selon le rapport 2005 de l’ONU. C’est conscient de cette faible représentativité qu’est née en Guinée le réseau des femmes ministres et parlementaires en fonction ou ancienne avec pour objectif la poursuite de la promotion féminine dans toutes ses facettes. Heureusement, en Guinée, il existe un cadre juridique dans lequel s’exercent les droits civils, économiques et sociaux et les lois nationales touchant aux droits des femmes

Les aspects positifs de la Loi Fondamentale de 1990 révisée en 2001 sont : cette Loi Fondamentale dispose dans son préambule que : « Le Peuple de Guinée proclame l’égalité et la solidarité de tous les nationaux sans distinction de race, d’ethnie, de sexe, d’origine, de religion et d’opinion ». Dans son article 8, elle précise que : « Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes ont les mêmes droits ». Selon son article 18, le

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droit au travail est reconnu à tous. L’État crée les conditions nécessaires à l’exercice de ce droit. Nul ne peut être lésé dans son travail en raison de son sexe

Cependant, le recul de la pauvreté généralisé chez les femmes masque des différences entre les régions. Si en Asie l’extrême pauvreté a reculé suivi de l’Amérique Latine, la pauvreté persiste en Afrique.

En dépit de cet engagement de la guinéenne la prise en compte de la dimension genre, les dispositions juridiques souffrent réellement dans leur application à cause dit on des pesanteurs sociaux tels, les obligations de mariages qui contraient la femme à se mettre au second rang pour le souci de préserver son ménage ; parce que dans nos pays le plus souvent une femme sans foyer est entourée de tous les préjugés.

En plus d’assurer la formation des femmes, la connaissance de leurs droits et devoirs s’avère indispensable, leurs accès aux crédits et les facilités de remboursement, leur intégration dans des projets et programmes de développement depuis la conception jusqu’a la mise en œuvre contribueront certainement à un meilleur cadre de vie de la femme quelque soit l’environnement dans lequel elle s’y trouve.

Comme solutions envisageables AWID, en partenariat avec les pays et leaders féminins, même pas intellectuels pourrait faciliter les échanges d’expériences avec leurs consœurs au niveau national, africain et international en effectuant des voyages d’études.

Je mets l’accent sur la participation des femmes de la frange non intellectuelle aux rencontres de AWID à cause surtout de leurs expériences que personnes ne peut en parler mieux qu’elles a gérer les problèmes souvent crées par les classes intellectuelles.

La réduction des disparités en matière d’éducation entre les zones et entre les sexes.

Le renforcement des capacités de pilotage et de gestion du système éducatif entre autres.

    L’alphabétisation des femmes dans les structures organisées extrascolaires (groupements, coopératives, associations, etc.) AWID, pourrait envisager si ce n’est déjà fait, assister les groupements ou les leaders féminins à d’avantage identifier les problèmes et les appuyer dans la recherche de solutions durables.

La traduction dans les langues nationales des pays du contenu des différents codes, leur réactualisation. L’information et la sensibilisation des décideurs, les leaders religieux et les associations de tout genre. 

L’implication des hommes de médias pour la vulgarisation des informations sur les droits et devoirs de la femme.

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Habibou KOANDA ZONGOAssociation KEBAYINA DES FEMMES DU BURKINA (AKFB)

BURKINA [email protected]

Le thème du forum nous a interpellés sur l’histoire de la lutte des femmes dans notre pays et sur ce qu’on en dit couramment. Nous n’avons pas mené des investigations sur la question pour le moment, il existe quelques documents que je tenterai d’exploiter d’ici le forum mais voici ce que je retiens avant d’aborder par la suite le thème lui-même.

I. Un peu d’histoire

1.1 Avant la colonisation

Que nous restent-ils dans la mémoire collective par rapport aux actes et faits marquants des femmes dans l’histoire de nos peuples ?Les griots célèbrent généralement deux grandes figures mythiques au Burkina Faso Yennega et Guimbi Ouattra.En dehors de ses deux valeureuses femmes, on évoque de temps en temps des femmes à travers leurs fils qui ont été des grands dirigeants ou en tout cas des hommes ayant marqué l’histoire.Comment les femmes ont elles pu se mobiliser et contribuer à la vie des sociétés ou pour acquérir des droits ou des avancées dans leurs conditions de vie ?C’est un champ à couvrir mais quand était il pendant la colonisation ?

1.2 Pendant la colonisation

Il nous ait revenu que les femmes ont contribué à la lutte anticoloniale sous diverses formes en accompagnant comme d’ habitude leurs compagnons dans la limite de ce qui leur était autorisés ou imposées mais notre histoire ne mentionnent nulle part des hauts faits marquants des femmes ayant agit de manière autonome et organisée pour braver l’ordre coloniale. Nous avons lu, il y’ a quelques années un document sur la lutte des femmes du RDA et noté comment elles ont osé braver les autorités coloniales pour manifester à Bassam pour réclamer la libération de leur maris pratiquement tous arrêtés ; mais dans ma culture générale limité je n’ai pas souvent rencontré des récits et des allusions aux positionnements des femmes vis avis des grands moments forts de l’histoire coloniale.Tout laisse entrevoir qu’elles n’ont jamais ouvertement revendiqué de manière spécifique quoi que ce soit. Comme d’habitude, elles sont restés les éternelles anonymes qui souffrent et pleurent en silence, certainement qu’elles ont dû résister à l’oppression coloniale mais avec des armes toujours invisibles. Mais n’exagérons pas car les femmes de la métropole non plus n’avaient pas pignon sur rue.Comment pouvait-il en être autrement si à la métropole les femmes n’avaient pas non plu les mêmes droits que les hommes.

1.3 Depuis les indépendancesLes femmes ont donc sauté de pleins pieds dans une nouvelle ère ou à priori tous les droits reconnus officiellement étaient aussi les leurs.

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Cependant, les réalités vécues démontrent le traitement inégalitaire vis-à-vis des femmes. En plus des inégalités issues de la tradition, il y’a celles héritées du système colonial ou moderne. Dans tous les cas l’urgence était ailleurs, il faut développer ces nouveaux états nations et tous y gagnerons. Point n’est besoin de spécifier les choses. Toute la société se met au travail chacun à sa place avec son potentiel et ses handicaps.Chemin faisant on se rend compte, qu’il faut tenir compte des spécificités car tous ne suivent pas le rythme, il faut un traitement spécifique pour les femmes. Pour le faire on doit les organiser, c’est la naissance des premières organisations féminines, Parallèlement les premières femmes qui ont pu bénéficier de l’instruction ou qui se retrouvent dans les milieux urbains sentent aussi la nécessité de se mettre ensemble en créant des associations exemple l’Entraide Féminine Voltaïque (EFV). C’est donc le début du mouvement féminin, qui va évoluer aux grés des vicissitudes politiques de la Haute Volta devenue BURKINA FASO.Alors quels liens y’a-t-il entre mouvements féminins, féministes, mouvements sociaux et genre ?

II. A propos du thème   : Quels liens   ?

Les mouvements féminins sont nés de la prise conscience qu’il faut traiter spécifiquement les femmes dans le cadre des processus de développements.Les mouvements féministes apparaissent dans notre contexte comme des relais politiques des mouvements féminins car ce sont les mouvements féministes qui adressent les enjeux de pouvoir sur les quelles sont bâties les inégalités et qui élaborent des stratégies pour les réduire ou les supprimer. Le mouvement féministe constitue la partie la plus consciente et la plus stratégique du mouvement féminin.

Alors quels est le lien entre le mouvement social et ces deux types de mouvements ?

Au Burkina Faso les événements sociaux marquants qui ont entrainés des mobilisations populaires ont vu effectivement la participation des hommes et des femmes mais le plus souvent avec un leadership masculin. Des mouvements sociaux spécifiquement féminins et autonomes sont rares, notre mémoire collective ne retient pas grands choses. Sous réserves d’investigation plus poussées les manifestations sociales spécifiquement féminines depuis la révolution de Thomas Sankara en 1983 se résument aux manifestations du 8mars, à la mobilisation des femmes pour la Marche Mondiale en 200 0, à une marche des femmes dans le cadre de l’assassinat de Norbert Zongo en 2000. Pourtant le BURKINA Faso regorge de centaines d’associations féminines et de milliers de groupements féminins qui emmaillent l’ensemble des 8000villages. Sans risque se tromper, on peut dire qu’il n’existe aucun village sans groupement féminin ou bien les femmes sont dans le seul groupement qui doit exister et qu’on appellera groupement mixte.

Le combat que mènent les femmes au Burkina revêt plusieurs formes mais ne débouchent pas sur des mouvements sociaux autonomes, féministes, leurs combats s’inscrivent dans celui pour le développement, celui tracé par les instituions nationales et internationales. Pour le moment il ne sort pas du cadre des politiques et stratégies publiques. C’est aussi là que résident le lien entre ses mouvements féminins, féministes et le genre.

III. Les mouvements féminins, féministes et le genre

En effet, le genre est une approche de développement qui accompagne les stratégies des acteurs en vue d’un développement équitable et durable.

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Cette approche qui vise la promotion de l’égalité des sexes est portée par beaucoup d’organisations féminines au Burkina Faso qui tentent de se l’approprier et de la mettre en œuvre. Dans le sillage des moments forts du mouvement féministe international et des décisions importantes sur les droits des femmes dans le monde, une partie des organisations féminines s’est faite le porte- drapeau de ses revendications. C’est le cas de la fédération des Femmes voltaïques dans les années 70 qui a prôné l’émancipation de la femme avec un point culminant, l’année internationale de la femme.

A partir de 1983, les revendications pour les droits de la femme ont fait irruption au devant de la scène avec l’avènement du régime de Thomas Sankara qui en a fait un axe important de son combat pour la justice sociale en faveur des plus opprimés. Son expérience fut long feu mais aura marqué de manière importante et irréversible la société burkinabé qui a vu propulser des femmes dans l’arène politique. Les droits des femmes acquis à cette époque ne sont pas du tout liés aux actions des mouvements féminins ou féministes burkinabé.

Après cette période, l’on a assisté à la naissance d’une profusion d’organisations de femmes et un développement de mouvements féministe dont les actions fortes ont été la préparation et la participation à la conférence de Beijing. Depuis cette période, le mouvement féminin et féministe burkinabé est à la recherche de stratégies pour faire progresser le droit des femmes. En effet, les années 80- 90 ont été des années d’acquisition et de reconnaissance officielle des droits des femmes mais la jouissance de ses droits demeurent une gageure tant la résistance sociale es t forte.

Le Burkina fait partie des pays qui ont ratifié tous les textes et instruments internationaux en faveur des femmes. Le challenge pour les féministes et le mouvement féminin burkinabé s’est comment faire pour que toutes les femmes puissent réellement jouir de ses droits ? Comment amener les hommes et les femmes à comprendre et accepter de jouir de ses droits ? C’est là que nous voyons un lien fort entre les mouvements féminins, féministes et le genre, en effet cette approche, nous permet de questionner les réalités sociales pour en déceler les contraintes et les atouts pour une égalité effective des sexes. Elle permet de savoir d’où viennent les résistances à la jouissance effective des droits des femmes et comment élaborer des stratégies pour y remédier.

Conclusion

Voici, brièvement introduit la perception que nous avons du thème au prisme des réalités du Burkina. Nous allons continuer nos investigations pour affiner cette analyse et le présenter au cours du forum. Mais nous ne pourrons terminer sans faire une allusion à l’actualité sociale avec les questions de sécurité alimentaire et de cherté de la vie qui se posent avec acuité cette année. Comment s’est positionné le mouvement féminin et féministe burkinabé ?On peut ainsi noter les manifestations contre la vie chère en 2008 au Burkina et qui ont vu une grande mobilisation féminine à travers une coalition de syndicats et d’organisations de la société civile dont quelques unes de femmes. Mais quels ont été les enjeux spécifiquement féminins portés par ces organisations ? Je tenterai d’y répondre au forum en novembre.

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Marguerite KOFIOOrganisation des Femmes Centrafricaines

République [email protected]

Le problème posé est la recherche des points communs permettant une synergie d’action en faveur de la femme. La féministe :« prône le développement séparé en quelque sorte ségrégationniste, revendicatif radicale et révolutionnaire ». Tel mouvement (à ceci de positif) a connu tel succès qu’il a provoqué surtout en occident un éveil de la conscience des femmes en réponse à des pratiques « machistes » qui ne considèrent la femme que comme objet de satisfaction du désir de l’homme. Cette prise de conscience a favorisé la création des structures organisées en tant qu’instruments d’actions, ce qui faisait défaut autrefois. Il a développé des attitudes, des comportements, des conduites aux fins d’agir conformément à une idéologie. Cette dynamique a ceci de positif qu’elle est mobilisatrice. Des lourdeurs, des penseurs socioculturels empêchent les femmes, surtout les femmes africaines, de se mobiliser. Il faut alors des arguments forts, convaincants, structurés selon des formules idéologiques au sens premier du terme pour organiser le schéma de mobilisation de la femme.

De là beaucoup de question peuvent surgir : quels agents ? Quels facteurs ? Quelles conditions pour rendre cette mobilisation effective et efficace. L’une de lourdeurs constatées dans mon pays le République Centrafricaine au fort taux d’ analphabétisation et à la  misère criante parmi la population féminine. 

Le féminisme, sans exclure l’homme, considère qu’il y a des domaines de sensibilité spécifique où la femme doit s’affirmer, se déterminer pour renverser les considérations culturelles et traditionnelles selon lesquelles seule la femme est incapable de s’affirmer. Les actions d’autopromotions économiques initiées par les femmes sont un facteur positif stratégiquement ou peut les améliorer par les femmes pour les femmes  et avec les femmes sans s’opposer systématiquement  à l’homme.

L’approche genre est développementale en ce qu’elle s’intéresse à la mobilisation optimale des toutes les ressources aux fins de générer un état durable de développement de l’humain. Dans ce cadre le traitement du déficit qu’accuse les femmes s’inscrit d’une part dans une problématique des droits de l’homme, c’est-à-dire de tout être humain et de développement de l’ensemble des capacités en terme de moyens à rassembler, à mobiliser par souci d’efficacité dans un contexte de ressources particulièrement rare.  En République Centrafricaine, en ce qui concerne l’implantation du mouvement féministe, on peut dire avec toute franchise qu’il n’en existe nulle part dans notre pays, et du coup il n’y a pas d’adeptes, sinon des milieux truffés des femmes ayant flirté avec l’occident. 

Le féminisme n’est pas idéologisé. Il s’agit plutôt de regroupement spontanés autour et sur base de coordination d’aptitude spécifiquement sexuelle des apprentissages au sein des communautés et des ménages qui les composent. Quant au terme, il va falloir prévoir un axe stratégique majeur dans l’intérêt de tous et de toutes. 

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Eugénie KONAN ADJOUAWILDAF

Côte d’ivoire« Maison Akwaba » ou Approche intégrée de la lutte contre la violence

[email protected]

Introduction

La société ivoirienne est marquée par la violence qui fait beaucoup de victimes, surtout parmi les femmes et les enfants, les plus vulnérables. WILDAF Côte d’Ivoire, dans son combat pour le mieux-être de la femme, a ouvert un centre d’accueil des victimes de la violence dénommé « Maison Akwaba », comme maillon de sa stratégie globale d’intervention. Située dans la commune de Treichville, avenue 3, rue 17 « Maison Akwaba » occupe une villa duplex de 6 pièces. L’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a financé la rénovation du bâtiment et UNFPA en a assuré l’équipement informatique et bureautique.

Inaugurée officiellement le 26 août 2008, soit un an environ après sa mise en service, « Maison Akwaba » a pour mission d’aider les personnes survivantes de violence à mettre en place des solutions adaptées à leur situation et à entreprendre les démarches nécessaires pour le recouvrement de leur autonomie personnelle, sociale et économique. C’est un centre d’écoute, de soins, de conseil, d’hébergement d’urgence et de réinsertion des femmes victimes de violence, avec ou sans enfants et d’appui au développement de la femme ivoirienne en général.

I. Services

« Maison Akwaba » offre des services promotionnels, préventifs et curatifs, gratuits, confidentiels selon le cas, dans une approche holistique. Ces services se déclinent en

- Ecoute et soutien.- Suivi et reconstruction psychologiques.- Information sur les droits et la procédure judiciaire. - Appui matériel, technique et financier. - Assistance juridique et judiciaire.- Sensibilisation et formation.

II. Organisation

Placée sous l’autorité d’un Conseil d’Administration coiffé par une Présidente, « Maison Akwaba » est gérée par une Directrice et dispose de personnel administratif et technique qualifié, composé d’économistes, juristes, sociologues, psychologues et des agents de santé.

III. Public cible

Fidèle à sa vocation, «Maison Akwaba », mot akan signifiant »Bienvenue », accueille les victimes de toutes les couches sociales, ainsi que les femmes désireuses de connaître leurs droits et en jouir pleinement. Sa situation géographique permet surtout aux femmes des couches défavorisées, les plus nombreuses, d’avoir à leur disposition et à proximité, un

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ensemble de services répondant à leurs besoins psychologiques, sociaux et économiques.

IV. Fonctionnement

« Maison Akwaba » est ouverte chaque jour ouvrable, de 8h à 17h. Une permanence téléphonique est assurée pour tout besoin urgent d’aide ou d’orientation. Chaque spécialiste tient un registre de consultation contenant un maximum d’informations sur la victime, la nature de la violence subie, ses conséquences, la prescription, les démarches, l’orientation. Partant, un suivi juridique, médical, social, psychologique et économique est aussi organisé, selon le cas. Tout le processus vise à reconstruire la confiance en soi de la personne et favoriser le développement de son autonomie sous le triple angle psychologique, économique et social.

V. Résultats

S’il est trop tôt pour parler de résultats, l’on peut affirmer sans risque de se tromper que « Maison Akwaba » mérite bien son nom, lieu d’accueil, de soulagement, de ressourcement pour prendre un nouveau départ. En moins d’un an, elle a accueilli plus de 450 personnes, soit une moyenne d’environ 45 personnes par mois. L’impact de ses actions de sensibilisation et de formation au grand public reste indéniable.

Conclusion et perspectives

« Maison Akwaba » est le maillon qui manquait à notre chaîne d’actions dans la lutte contre la violence. Le caractère holistique de ses interventions (préventives, promotionnelles et curatives) nous permet de construire une base de données et d’informations fiables touchant dont la violence dont les femmes sont victimes et dont nous pourrons nous servir en matière de plaidoyer. « Maison Akwaba » nous offre également l’occasion de comprendre les mécanismes de construction, de fonctionnement et de reproduction de la violence au sein de la société ivoirienne, surtout à Abidjan, à travers les cas pratiques traités. Ainsi WILDAF Côte d’Ivoire saura mieux cibler ses actions et définir de meilleures stratégies dans son combat contre la violence.

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Mambo Kadidja DantéSongEsNiger

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Introduction

Si nous partons du fait que les mouvements sociaux sont définis comme étant un « ensemble d’acteurs avec des buts et des solidarités en commun, liés au-delà des frontières et ayant une capacité de générer une mobilisation sociale continue et coordonnée dans plus d’un pays », nous dirons qu’au Niger, l’émergence des mouvements sociaux est assez récente. En effet, la plupart des mouvements sociaux découlent du processus de démocratisation engagé dans les années 90. Mais bien avant cette date, certains mouvements sociaux existaient et essayer de faire entendre leur voix même s’ils ne le font que sur le plan national.

Pour aborder le thème du « lien entre les mouvements féminins, féministes, le genre et les mouvements sociaux »  au Niger, nous allons dans un premier temps ressortir les types de mouvements sociaux qui existent et concernent les femmes nigériennes : leurs objectifs, comment ils fonctionnement et leurs difficultés et une proposition de stratégies et actions pour une meilleure intégration du genre et des droits femmes dans les mouvements sociaux.

Les différents types de mouvements dans lesquels sont impliquées les femmes

Au Niger, de manière générale, on ne peut parler véritablement de vie politique normale qu’avec les premières mesures de libéralisation de 1946. Avant cette date, l’administration coloniale s’est acharnée à réprimer toutes manifestations à caractère politico social. En effet, le système colonial étant un régime d’exception, le regroupement des Africains en association dans les colonies était limité, voire même interdit. Ce rappel historique est d’importance car il permet d’analyser la psychologie politique de l’oppression de classe qui est la sujétion dans laquelle étaient maintenues les femmes.

Les premier mouvements des femmes au Niger (si nous pouvons les appeler ainsi), sont les mobilisations traditionnelles des femmes qui revêtent un caractère typiquement social et/ ou économique ; ce sont les filets sociaux de sécurité qui sont des regroupements de femmes qui ont pour objectif la solidarité, le soutien psycho social, le soutien économique. Selon la région et selon l’âge les femmes se regroupent dans le but de s’entraider et d’apporter leur appui à la communauté. Ces genres de regroupements n’ont rien de politique mais ils sont toutefois reconnus et respectés par la société. Il arrive qu’elles militent auprès des autorités coutumières pour une cause commune ou individuelle, mais leurs actions restent au niveau communautaire.

Le premier mouvement féminin formel au Niger a été l’Union des Femmes du Niger (UFN) , crée par en 1962 par le gouvernement en place. Cette organisation va devenir l’Association des Femmes du Niger (AFN), avec l’avènement au pouvoir des Forces Armes Nationales. Pour ce gouvernement la création de cette association permettra d’élever le niveau de vie des femmes nigériennes.

Mais avec l’émergence de la démocratie, les mouvements féminins se sont multipliés avec notamment la floraison d’organisations féminines et de groupements féminins de production.

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Ces associations féminines ont très vite compris la nécessité de se regrouper en Unions. En effet, deux collectifs ont été créés :

- la CONGAFEN ou Collectif des ONG et associations féminines nigériennes,- le Kassaï regroupant également des associations féminines

L’un des exploits les plus remarquables des femmes nigériennes dans la lutte pour participer aux affaires politiques de la nation est la marche du 13 mai 1991 pour exiger une représentation significative des femmes aux travaux de la Commission Nationale Préparatoire de la Conférence Nationale. En effet, les associations féminines se sont vues refuser, par l’opposition, toute participation aux dits travaux, au motif qu’elles sont inféodées au pouvoir. Cette exclusion provoqua, pour la première fois au Niger, une descente des femmes dans la rue et l’interruption des travaux préparatoires de la Conférence Nationale. La commission préparatoire a été alors contrainte d’accepter l’entrée de six femmes en son sein. Parce qu’il s’agit là d’un événement tout à fait nouveau, la date du 13 mai a été instituée « Journée Nationale de la Femme Nigérienne ».

Au Niger, mouvements féminins et féministes sont confondus ; les femmes militent pour l’amélioration et l’extension de leur rôle et de leurs droits aussi bien dans les associations féminines que les associations mixtes. Et aujourd’hui la lutte des femmes nigériennes se fait à tous les niveaux de la vie : économique, social, religieux, politique…..

Les obstacles qui freinent le développement des mouvements féminins et rendent difficile l’intégration du genre

Les difficultés de fonctionnement des mouvements sociaux féminins résultent même des difficultés liées à la perception des rôles féminins et masculins. Si les textes (juridiques et religieux) en faveur des femmes existent, les pratiques coutumières et traditionnelles ne sont pas toujours favorables à la promotion de la femme nigérienne. En effet, selon la culture (haoussa, peul, zarma), la famille est fondée sur la filiation paternelle ; avant la conversion à l’islam, les hommes de ces communautés avaient la possibilité de prendre autant de femmes, l’islam limite à quatre le nombre de s femmes. L’homme a le droit de répudier sa femme et quelque soit la cause du divorce, les enfants sont confiés au père après l’âge de 7 ans. En matière de succession, la femme du défunt reçoit 1/8ème des biens de son mari. Si celui-ci avait plusieurs femmes, ce 1/8ème est partagé entre elles. Le reste est divisé entre les enfants, la part du garçon étant le double de celle de la fille.

Le phénomène de claustration est également une pratique qui a longtemps et qui continue encore à réduire la femme dans un statut d’infériorité. Dans les zones où ce phénomène n’existe pas, c’est la surcharge de travail (18 heures de travail en moyenne par jour). Par ailleurs, au plan communautaire, l’essentiel des rôles à jouer et des décisions à prendre (fonction de chef de village, de chef religieux, de juge…) revient aux hommes.Cette situation exprime, au fond, l’échec de la tentative de recréer, dans une société d’aujourd’hui, un statut de la femme adapté à la société du passé. Le drame de la femme, dans la société nigérienne moderne, c’est qu’elle n’ a pas encore réussi à remplacer son rôle traditionnel pour un autre rôle qui lui procure les mêmes satisfactions dans un monde différent.

Stratégie pour une meilleure prise en charge des questions de genre et une promotion des mouvements des femmes

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Que, peut-on faire ou du moins que doit on faire pour renforcer les mouvements féminins et promouvoir le genre au Niger ?

De manière générale, nous pensons qu’un certain nombre d’actions visant à réduire les inégalités de genre, doivent être renforcées afin de réduire les obstacles à la promotion de la femme au Niger. Il s’agit entre autres :

- d’une action sur les comportements des dirigeants politiques, coutumiers et religieux,- de l’amélioration des conditions d’éducation et de formation de la fille et de la femme,- de la promotion de la santé de la mère et de l’enfant,- de la reconnaissance du potentiel économique des femmes en renforçant leurs

capacités,- de la création d’emplois rémunérés pour les femmes,- de l’élimination des pratiques sociales qui tendent à minimiser la femme.

Pour cela, il faut que les femmes soient les actrices principales de ce changement ; et qu’elles puissent militer ensemble pour acquérir et défendre leurs droits. Il s’agira alors de valoriser les compétences des organisations féminines et de celles qui oeuvrent pour la promotion de la femme. Ces organisations cherchent à agir collectivement dans les domaines où l’action unilatérale n’est pas efficace. La stratégie consistera donc à :

- La création de partenariats efficaces entre organismes internationaux, autorités publiques locales, ONG, syndicats et associations féminines nationales.

- L’intégration de l’expérience des acteurs privés dans le cadre d’une politique nationale de promotion de la femme. Cette interaction des actions peut être de la plus haute importance pour attirer l’attention du public sur les inégalités entre hommes et femmes.

- L’organisation de campagnes d’éducation, d’information et de formation politique des femmes de tous les niveaux

- La promotion des organisations communautaires de base des femmes et surtout leur formation et le renforcement de leur capacité.

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Jivka MARINOVAAssociation recherche et technologie pour le genre - GERT

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Le mouvement féminin apparut en Bulgarie parallèlement à la lutte pour l’égalité formelle a la fin du 19 siècle et après la création de l’Union Bulgare des femmes. Malgré les contradictions et la division du mouvement et malgré les tentatives des forces politiques de l’utiliser à des fins purement politiques, le mouvement des femmes contribua à la promotion des droits des femmes pendant la période avant la 2eme guerre mondiale.

Peu après l’établissement du régime communiste la monopolisation et le contrôle total sur la vie politique et publique menèrent à la perte de l’indépendance du mouvement féministe proclamant l’égalité formelle tout en gardant les stéréotypes patriarcaux et le langage démagogique de l’égalitarisme. Pourtant les femmes n’ont jamais arrêté à s’associer et à chercher la voie vers l’égalité.

Il faut admettre que le régime communiste a donné une grande chance aux femmes d’avoir une bonne éducation aux mêmes conditions que les hommes et elles en ont largement profité, ce qui a créé une couche assez importante de femmes bien qualifiées et prêtes a lancer les défis aux système tout entier et aux hommes aussi.

Les changements politiques en 1989 ont été précédés par un mouvement écologiste avec une importante participation féminine. Les femmes étaient les premières à perdre le travail à organiser des protestes et à s’organiser pour surmonter la crise économique du début des années 1990.

Pourtant la vraie renaissance du mouvement des femmes en Bulgarie eut lieu après 1995, après la Conférence de Pékin. Dans les années après 1995 un large mouvement féminin s’est organisé autour de la cause de combattre les violences faites aux femmes au sein de la famille aussi bien que de combattre la discrimination sur la place de travail.

Ce furent les années de la création des premières organisations non-gouvernementales purement féminines et indépendantes qui s’organisaient pour assurer les premiers refuges pour femmes battues, les premiers centres de consultations psychologiques et juridiques bénévoles, les premiers groupes de recherches indépendantes sur la situation des femmes. Pendant ces années les femmes s’organisèrent a combattre les violences familiales, la traite interne et externe de jeunes filles, et les fausses notions d’égalité imposées par les forces politiques.

La cause était la, bien forte, unifiant des organisations sociales, des syndicats et des ONGs purement féminines. Bien sur, le mouvement était largement supporté par les réseaux féministes internationaux et par les expériences Européennes et Américaines. Aussi les liens entre les organisations de femmes des pays des Balkans étaient très forts. Les guerres dans la Yougoslavie de la fin de la décennie avaient un effet catalytique et unifiant sur le mouvement féministe aussi.

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La première revue de l’acquis après la conférence de Pékin en 2000 a montré un bilan plutôt positif pour les femmes bulgares bien que la situation politique n’avait pas changé. Les femmes étaient toujours une minorité la, ou les décisions politiques étaient prises. La nouvelle situation économique a fait d’elles une minorité dans la force de travail aussi. Le taux de chômage féminin des années de la dernière décennie du 20e siècle a donné une nouvelle impulsion au mouvement social féministe. Parallèlement au travail mené par les ONGs pour pousser l’adoption d’une loi pour la protection contre les violences familiales, les femmes se sont organisées pour promouvoir la participation politique aussi.

L’année 2001 a vu un nombre sans précédant de femmes entrer au parlement national – 26%. Mais se fut aussi la grande déception des organisations féminines qui s’attendaient à un support plus important de la part des femmes au pouvoir. Il n’en fut rien. Les femmes au pouvoir n’étaient pas assez matures pour assumer les attentes de celles qui les avaient élues. Un projet de loi pour l’égalité des chances des femmes et des hommes a été élaboré sur la base d’un large consensus d’ONGs, différentes organisations sociales, syndicales et politiques. Le projet a entré le parlement mais a été rejeté pour la première fois par la coalition politique avec le plus grand nombre de femmes. Cette loi n’a jamais été vote depuis.

La grande victoire du mouvement féminin bulgare fut la loi contre les violences familiales qui entra en force en 2005. Ce fut une loi élaborée et poussée par la société civile. Son application fut possible uniquement grâce aux organisations des femmes qui avaient créé des structures et des services nécessaires pour les femmes.

L’année 2005 a vu la célébration de Pékin+10 qui s’est dissipée dans l’attente de l’accession a l’Union Européenne.

Le mouvement a perdu une partie de sa force. Le discours politique est devenue de nouveau démagogique au sujet de l’égalité des genres prétendant que l’égalité est présente par l’acquis communautaire, que les femmes ont assez de droits et que si elles n’en jouissent c’est leur faute. La Bulgarie étant déjà membre de l’UE le gouvernement n’est plus motivé a poursuivre les efforts pour une législation plus juste intégrant les questions de l’égalité des femmes et des hommes. L’harmonisation avec l’acquis communautaire une fois atteinte, il a décidé que tous ces engagements ont été réalisés. L’égalité est laissée largement à l’initiative de la société civile notamment aux organisations de femmes. Mais dans cette situation elles ont même plus de difficultés que pendant les années précédentes car les ressources ont diminué et les causes qui les unifiaient semblent ne plus exister. Le mouvement est en train de disparaitre bercé par des déclarations et de promesses qui n’aboutissent pas. Il y a aussi la fatigue et la déception et le manque de jeunes femmes actives. La génération née pendant la grande crise économique n’est pas encore prête à prendre le relais et à formuler ses attentes.

Et c’est la le rôle important des activistes du mouvement féministe des 10 dernières années : la sensibilisation continuelle, le suivi de toutes les décisions prises au niveau international et national et la formation de jeunes femmes qui auraient repris les causes de l’égalité réelle.

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Théodore MBAINAISSEMAPEDAC

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Introduction

Les inégalités sociales font partie des problèmes les plus récurrents que connaît le monde et principalement l’Afrique plus précisément l’Afrique subsaharienne. Malgré la formation de plusieurs mouvements sociaux en Afrique subsaharienne, les fossés continuent par se creuser entre les différentes couches sociales. Les inégalités les plus constatées regardent plus le rapport hommes/femmes dans les actions de développement. Dans les pays du Sud et en Afrique précisément, les droits des femmes ne sont pas toujours respectés. Malgré les différentes résolutions ratifiées par les différents Etats africains, l’intégration du genre dans les questions les plus sensibles reste loin d’une réalité. Il y a bien des progrès remarquables observés au cours de cette dernière décennie dans certains domaines comme la prise de décision, la responsabilisation des femmes à des hautes fonctions, la formation mais beaucoup reste encore à faire.

L’Afrique vit encore sous le poids des pesanteurs socioculturelles qui l’empêche de bien cheminer sur la voie de l’égalité des sexes. Beaucoup de sociétés africaines ploient encore sous le poids de la tradition. Qui dit autorité traditionnelle dit privation de la femme de ces droits. Il y a aussi la religion. Certaines religions constituent un frein pour l’évolution positive des droits de la femme en Afrique. A cela s’ajoute aussi l’obscurantisme qui est un grand mal à éradiquer pour faire avancer les droits de la femme en Afrique.

Avec toutes ces barrières érigées tout autour des femmes en Afrique, comment peut on parler de l’égalité des sexes. L’égalité des sexes en Afrique est une question certes difficiles mais pas impossible à concrétiser. Il suffit de s’y mettre sérieusement en réfléchissant sur le rôle que doivent jouer les mouvements sociaux sur l’intégration du genre, le rôle réel des femmes dans les mouvements sociaux et l’impact que produire les mouvements sociaux sur l’égalité de genre. Nous tenterons d’apporter des clarifications à ces points en nous basant sur l’exemple de notre pays le Tchad.

I. Les Mouvements sociaux en Afrique

Les mouvements sociaux sont à la base de plusieurs changements positifs dans le monde en ce qui concerne les droits humains. Du changement politique au changement social et économique, le pouvoir des mouvements sociaux reste incontesté. En Afrique subsaharienne, l’importance des mouvements sociaux dans la lutte contre les inégalités sociales s’est faite remarquée dans plusieurs pays avec l’avènement de la démocratie. De la lutte syndicale à la lutte associative et au prix des vies humaines, les mouvements sociaux ont pu résister aux pressions intempestives des gouvernements africains basés sur les dictatures les plus sanglants. Les exemples les plus palpant sont : la répression des femmes tchadiennes manifestant contre le trucage des élections présidentielles de l’année 2002 devant l’ambassade de la France, la répression sanglante des syndicalistes Guinéens luttant contre les meilleures condition de vie. Bref même dans les pays dits démocratiques, les mouvements sociaux ont été toujours combattus. Des dirigeants brutalisés, emprisonnés ou tout simplement exilés. Partout dans le monde, celles et ceux qui cherchent à changer la face du monde pour le bien

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être social ne sont pas souvent bien vus. En dehors des répressions, des menaces et des radiations du travail, les gouvernements africains cherchent à désorienter les leaders des mouvements sociaux les plus coriaces en leur attribuant des postes de responsabilités importants au gouvernement ou en les mettant à la tête des directions les plus convoitées pour les faire taire définitivement. Mixtes ou pas, les mouvements sociaux doivent partir aux combats soudés en évitant toute idée de discrimination. Chose difficile le plus souvent en Afrique.

Bien que les mouvements sociaux poursuivent les mêmes buts, changer la face de l’Afrique en proie à plusieurs maux qui le plonge dans la misère et la désolation, les mouvements sociaux sont minés par des le virus de discrimination qui entraîne souvent les mésententes voire la dislocation.

II. Les causes du disfonctionnement et de la discrimination au sein des mouvements sociaux en Afrique

On constate actuellement de plus en plus de discrimination au sein des mouvements sociaux. Bien que poursuivant les buts et les mêmes causes, il y a eu souvent des disfonctionnement au sein des mouvements sociaux en Afrique. Certains cas remarqués au Tchad en sont des exemples. Beaucoup de mouvements sociaux ne sont pas soudés au Tchad à cause de certaines discriminations qui les rongent. Les leaders des mouvements sociaux ont tendance à gérer l’organisation comme une entreprise privée. Ils sont prêts à radier un membre qui n’épouse pas leurs idées. Ils sont prêts à accepter les postes politiques en échange du silence de l’organisation à faire volt face en détournant l’organisation de ses principes. En mot, la corruption domine les leaders des mouvements sociaux en Afrique. Certains mouvements sociaux ne sont que des mouvements satellites à la solde du gouvernement prêts à faire le contre poids aux autres mouvements au moment des négociations en cas de soulèvements. Ces sont des cas qu’on rencontre souvent au Tchad (il y a eu des syndicats des enseignants créés et appuyés par le gouvernement tchadien pour dérouter les autres vrais syndicats).

III. La discrimination au sein des mouvements sociaux

En Afrique, la discrimination est présente au sein des mouvements sociaux. Les discriminations se manifestent sous différentes formes.

Le poids des religions

Le poids de la religion constitue un défi majeur au sein des mouvements sociaux en Afrique. Bien que les mouvements sociaux poursuivent les mêmes buts, les actions à concrétiser ne font pas souvent l’unanimité parce que certaines décisions vont à l’encontre des préceptes de l’islam ou du christianisme. Même si la décision serait salutaire pour influencer la politique du gouvernement.

La discrimination en vers les femmes

Les femmes sont les plus perdantes au sein des mouvements sociaux. Actives et dynamiques mais souvent écartées au moment de la prise des décisions. Moins responsabilisées, le plus souvent elles ne constituent que le faire valoir pour appâter les bailleurs. Quand on lutte pour les mêmes causes, tous ces manquements observés doivent être combattus. Avec l’avènement de la démocratie en Afrique subsaharienne, les femmes militent de plus en plus dans les mouvements sociaux. Cette présence massive des femmes dans les mouvements sociaux

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s’explique par le fait qu’elles sont les plus impliquées et les plus touchées par les inégalités socioéconomiques. La plupart des femmes gèrent l’économie familiale et avec la pauvreté grandissante en Afrique, elles ne se retrouvent plus dans la gestion. La plupart des femmes sont aussi chefs de familles et comme on dit souvent qu’en Afrique, la pauvreté est féminisée, elles ont jugé utiles de s’intégrer massivement au sein des mouvements espérant obtenir gain de cause mais elles se heurtent de plus en plus à des obstacles. Compte tenu du grand rôle que jouent les femmes au sein des mouvements sociaux, il serait préférable que le genre soit pris dans toute sa dimension pour donner de la valeur aux femmes qui luttent au sein des mouvements sociaux. Comment y parvenir ? Deux questions se posent : comment prendre en compte le genre dans les mouvements sociaux ? Quel rôle doivent jouer les femmes au sein des mouvements sociaux ? Ce sont certes là deux questions pas faciles à répondre.

III. L’intégration du genre au sein des mouvements sociaux

Le plus souvent exigé par les bailleurs comme condition sine qua non, le genre fait figure de favori pour tout projet à mettre en œuvre. Après la conférence de Beijing en 1995, gouvernement et sociétés civiles en font leur cheval de bataille. Est-il réellement pris en compte dans toute sa dimension ? Au Tchad, on remarque plus de femmes dans les mouvements sociaux actuellement. On constate que c’est un bon signe pour l’amélioration des droits de la femme dans une société dominée par le poids de la tradition et les religions comme le Tchad. La prise en compte du genre dans les mouvements sociaux est la seule possibilité d’aider les femmes à s’extirper de cette toile tissée tout autour d’elles afin que leurs droits soient respectés.

Il n’y a pas de domination ni de discrimination dans les mouvements sociaux. Tout le monde lutte pour la même cause alors tous les points de vue qui peuvent émaner d’une femme ou d’un homme doivent être pris en compte. Le genre doit être bien ancrée dans les mouvements sociaux. C’est l’unique chance offerte à la femme de se faire valoir et de gagner les points dans tout combat qu’elle mène pour ses droits. Une chose est à savoir. Pour changer une société, tout le monde doit se lever comme une seule personne. Les mouvements sociaux ne doivent pas être l’apanage d’une catégorie ou d’une classe donnée"les intellectuelles". Il faut embarquer les femmes rurales dans les mouvements sociaux. C’est dans le monde rural ou la femme est prisonnière en Afrique. Elle est exploitée à tout moment. Elle travaille sans relâche mais ne gagne rien comme fruit de son labeur. Elle courbe l’échine pour produire tout ce qu’on s’en gave dans les villes mais peut elle seulement disposer de cet argent que rapporte la vente de ses produits ? C’est l’homme qui s’en accapare et en fait ce qu’il veut. Non content d’exploiter sa femme, il peut encore épargner pour aller prendre une troisième ou quatrième femme. C’est la femme rurale qui incontestablement à la base du développement mais personne ne songe à l’aider à améliorer sa condition de vie. C’est parce qu’on la considère comme non instruite et brute. Pourtant les belles chemises, les beaux pagnes qu’on porte ne seraient possibles sans la contribution de la femme rurale.

Au Tchad, la population est 80% rurale dont les femmes sont majoritaires. Je conseille fortement que nos sœurs intellectuelles très impliquées dans les mouvements sociaux et mêmes celles qui sont dans les hautes instances de l’état regardent vers le coté de leurs consœurs rurales. Elles méritent d’être sensibilisées et organisées pour faire valoir leurs droits et les sortir de cette exploitation dont elles en sont victimes. Dans le monde rural, l’obscurantisme est présent et toutes les règles mises en place par les pouvoirs traditionnels ne concourent qu’à la domination de la femme. La vie chère, l’augmentation des prix des denrées alimentaires ne concerne pas seulement la ville mais aussi bien la campagne.

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La femme rurale africaine attend toujours d’être instruite, d’être ouverte sur le monde et de profiter de tout ce que son pays produit. Nos sœurs politiciennes au lieu de payer du savon, du sucre et d’autres gadgets pour aller dans les campagnes afin de s’attirer l’électorat alors qu’on ne les voit jamais apparaître au moment des dures épreuves, doivent éviter d’aller applaudir au parlement dans le seul but de garder leur place. Elles doivent utiliser leurs capacités et leurs pouvoirs à influencer sur l’intégration réelle du genre dans la politique nationale de leur pays. C’est n’est pas souvent le cas. Que ce soit au sein des mouvements sociaux ou des décideurs politiques, les femmes se retournent contre elles mêmes. Un penseur disait que « l’homme est un loup pour l’homme » mais je dirais plutôt : «  la femme est une louve pour la femme ». Les femmes doivent être sur la première ligne pour stimuler les autres à s’investir à fond au sein des mouvements sociaux afin que l’intégration du genre soit une réalité et non du bluff. A ce titre, les femmes africaines et surtout les femmes tchadiennes doivent tout faire pour figurer en nombre au sein de l’instance des décisions. Ainsi, elles auront une belle carte à jouer.

IV. Le rôle de la femme dans les mouvements sociaux

En Afrique et principalement au Tchad, la victime marginalisée sur tous les plans sociaux est la femme. Elles sont moins scolarisées, ne profitent pas des retombées des biens qu’elles produisent, elles sont écartées à la prise des décisions ou simplement leur avis n’est pas pris en compte. Elles ne profitent pas des ressources naturelles, elles n’ont pas accès aux soins de premières nécessites à cause de leur pauvreté. Pourtant la femme est présente sur tous les axes de développement. Les mouvements sociaux représentent l’opportunité tremplin pour la femme et une occasion de changer sa condition. C’est pourquoi la femme doit être présente sur tous les fronts, surtout dans les mouvements sociaux. Elle doit jouer le rôle de figure de proue puisque le social est plus entre les mains des femmes que des hommes.

Au Tchad par exemple, les femmes sont très nombreuses dans les mouvements sociaux mais combien sont celles qui jouent un rôle important au sein de ces mouvements ? La voix de la femme doit être prépondérante au sein des mouvements sociaux.

- La femme doit jouer le rôle mobilisateur partout ou elle est. Elles doivent marquer leur présence non par les querelles et les rivalités malsaines le plus souvent remarquées au sein des mouvements sociaux où elles sont présentes. Au moment des élections pour les postes de leadership à la tête des mouvements sociaux.- Elles doivent se sensibiliser et proposer une candidate pour un poste influent. Le plus souvent, les rivalités entre les femmes les empêchent d’obtenir un bon poste de leadership au sein des mouvements sociaux. - Pour que les femmes deviennent incontournables dans les mouvements sociaux, elles doivent être soudées et éviter des querelles stériles. - Elles doivent se faire respecter et faire en sorte que leurs voix porte au loin. - Elles ne doivent être au sein des mouvements sociaux pour applaudir mais plutôt de se faire applaudir. - Elles ne doivent pas être là pour donner leurs voix pour les autres mais d’acquérir des voix pour être placées sur l’échiquier le plus élevés. - La femme doit jouer le rôle de porte flambeau au sein des mouvements sociaux car c’est sur elle que se repose la base du social

Aucune société n’a été transformée dans le monde sans une lutte. Aussi longtemps que le monde puis exister, il y aura toujours des faibles et des forts, des riches et des pauvres, des

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privilèges et des laissés pour compte. Alors pour que l’impact des mouvements sociaux sur l’égalité des sexes soit réel, certain point méritent d’être prise en compte.

- La notion de l’égalité des sexes doit être homogène dans tous les mouvements qui luttent pour les droits humains. - Le bannissement des stéréotypes qui régissent certaines sociétés et qui transcendent les mouvements sociaux. - L’implication réelle des femmes dans la prise de décision et les questions de parités aux postes de responsabilités au sein des mouvements sociaux. - Le fossé de l’intellectualisme entre les scolarisées et les déscolarisées.

V. Impact des mouvements sociaux sur l’égalité de genre  

Pour qu’il y ait un impact positif des mouvements sociaux sur l’égalité du genre, la question de la parité doit être respectée des le début de la création des mouvements sociaux. Elle doit apparaître clairement sur les statuts juridiques des mouvements au début de la création. C’est la seule manière de donner du poids à la femme au sein des mouvements sociaux. En Afrique, les règles érigées de tout cote pour empêcher la femme d’évoluer (les pouvoirs traditionnels, les règles religieuses etc.) doivent être écartées au sein des mouvements sociaux. Les femmes doivent se sentir libres pour mieux s’engager dans les mouvements sociaux. Les responsabilités doivent être partagées et les décisions prises en compte sans discrimination. On suppose qu’au sein des mouvements sociaux, l’égalité du genre doit régner.

La bonne école de l’égalité de genre devrait normalement commencer au sein des mouvements sociaux. Du moment où la question de l’égalité de genre n’est pas prise en compte au sein des mouvements sociaux, les autres institutions la fouleront toujours aux pieds. Les ennemis de l’égalité de genre doivent purement être bannis. On ne peut pas se dire défenseur des droits humains et en même temps jouer à l’opposant. Les mouvements sociaux ont cette possibilité d’influencer sur les politiques les plus coriaces, les dictatures les plus sanglantes pourquoi ne peuvent-ils pas avoir d’impact sur l’égalité de genre ? C’est une question de volonté. Cette volonté doit gagner toute celles et ceux qui s’engagent dans les mouvements sociaux. L’égalité de genre doit être leur profession de foi.

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Marie Hélène MOTTINENDASénégal

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Les mouvements féminins, féministes relèvent du domaine politique, collectif, se préoccupant du bien public, citoyen, tout en se préoccupant d'en renouveler/subvertir l'appréhension. Globalement, il constitue un courant de pensée qui a sans conteste marqué le tournant de la modernité, le passage de l'apogée industrielle à l'entrée dans la crise de civilisation induite par la perception de la finitude de la mondialisation. Il a été lancé à l'initiative des femmes des pays leaders du monde (l'Occident) qui ont initié, partagé, diffusé, avec cœur, parfois de manière égocentrique et dans le désordre, une analyse, des propositions, des visions, des perspectives qui ne peuvent laisser personne indifférent : séduction, espoir, peur, antipathie, refus, réfutation…

Le mouvement politique multiforme centré autour des femmes a ouvert de multiples portes vers l'action, les idées, l'idéal. Il est basé sur l'analyse des relations de pouvoir, de domination, la revendication de la liberté, et pourtant il ne s'est jamais transformé en parti politique, il n'a jamais réussi, paradoxalement alors que les femmes représentent la moitié de l'humanité, à s'organiser formellement en structure de masse. Ce qui mérite questionnement. En fait, le terme de mouvance correspondrait peut être tout autant que celui de mouvement, en ce qu'il prend en compte les notions d'influence, de changement, d'instabilité. Le mouvement des femmes n'est pas unifié, ni uniforme, au contraire, il est marqué par la diversité. Ses idées, ses écoles, ses obédiences, ses manifestations, ses objets sont multiples, multiformes, et parfois antagonistes. Il a assez bien fonctionné sous la bannière de l'injonction ou de la peur ("il "faut" être féministe" versus "je ne suis pas féministe, mais …").

Pourquoi le mouvement des femmes n'a-t-il pas su convaincre la masse des femmes et encore moins les hommes ?

Comme toute innovation sociale (comme on a pu l'observer, par exemple, au moment de l'apparition du SIDA, des TIC), il a servi de tremplin, d'inspiration, d'outil, de légitimation pour nombre de personnes (hommes et femmes - dans leur vie personnelle, individuelle, privée, publique, civile, professionnelle, sociale) et pour nombre d'organisations (ONG, institutions, services publics, et même secteur privé). Ce qui fait que ses détracteurs ont beau jeu d'accuser celles/ceux qui s'en réclament de "miser sur le cheval à la mode" pour en profiter.

Sur un autre plan, il faut reconnaître que le mouvement des femmes, en particulier dans ses formes les plus radicales, a quasi constamment diabolisé l'homme en l'identifiant à "l'autre" : l'ennemi, le violent, l'agresseur, l'exploiteur, se refusant à considérer l'autre (l'homme) comme il prétendait vouloir se considérer, considérer la femme/les femmes : comme une catégorie (un genre) multiforme, elle aussi sujette à domination, objet de violences de genre, de marquage de genre, soumise à des rôles de genre, ayant des besoins de genre, invisibilisé en termes de contribution de genre, ayant lui aussi sa/une place dans la sphère privée, ouvert au changement…

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Par rapport aux femmes, le mouvement des femmes est resté élitiste, urbain, intellectuel… Non que ce soit une tare en soi que de viser vers le haut, mais en ne donnant pas justice à l'expression de la visibilité endogène des discours, visions, opinions, analyses et stratégies des femmes "de la masse", du peuple, du monde rural, des banlieues, des bidonvilles, des jeunes filles et des vieilles femmes. Dans notre pratique d'organisation de femmes active au sein d'organisation de développement populaire (en Afrique francophone de l'Ouest), nous avons pu constater la tartuferie du mouvement des femmes qui évite d'aborder les sujets qui fâchent (les hommes, d'une part, les femmes entre elles, d'autre part, et les femmes avec les hommes et réciproquement) d'aborder les questions de la polygamie, de l'avortement, des pratiques néfastes (traditionnelles et modernes), les responsabilités parentales, l'anticonstitutionnalité des lois discriminantes en termes de genre… Pour parler comme les anti-féministes primaires, être féministes, dans nos contextes, c'est déjà "n'avoir pas d'autres problèmes", ce qui n'est pas donné à tout le monde.

A l'extérieur de lui même, le mouvement des femmes n'a pas su convaincre toutes les femmes et a ignoré et stigmatisé les hommes. Mais en interne, au titre de ce qu'il a su faire, que pouvons nous compter, et qu'en penser ? C'est la qu'il est important de rappeler que le mouvement des femmes est multiple. Ce sont les féministes qui ont vraiment apporté du neuf, alors que les mouvements de femmes ont plutôt apporté du "mieux".

Le mouvement féministe a principalement su critiquer, décortiquer, décomposer, déconstruire, apporter, stimuler, pointer du doigt, rendre visible, et s'organiser en réseaux, émettre des idées, des propositions. Mais il a aussi installé le diktat qui veut que la femmes/les femmes soi(en)t nécessairement dans la condition à la fois sociale "et" inéluctable (quel paradoxe, pour une théorie de genre basée sur comme une construction historique et socioculturelle !) de victime, dominée, passive, donnante face à "les hommes/le patriarcat" exploiteur, violent, prenant. Ce qui a figé et donc interdit l'évolution/la transformation des inégalités de relations de pouvoir que les femmes dénoncent.

Quelles perspectives ? Une partie du mouvement des femmes (cette appellation la, même, ne serait elle pas à dépasser ?) s'accorde maintenant a dépasser cette catégorie parfois maintenant enfermante, pour aller au delà du genre.

On a bien compris que le genre – comme du reste la race, l'age, la classe, la localisation, le niveau d'instruction… - c'est la mise en évidence des disparités, les relations inégales de pouvoir, la diversité… mais cela implique qu'en amont de ces différences, il y a un élément unifiant, commun, partagé. En l'occurrence, c'est la notion de la personne, de l'être, du vivant, du soi, de l'esprit, du corps… Les femmes trouveraient-elles un bon prétexte, en s'engluant dans leur obsession pour la reconnaissance de leur inégalité (inégalité d'avec qui ? finalement, ce n'est pas très clair), pour s'exonérer du nécessaire travail qu'elles ont a faire sur elles-mêmes et avec les autres, à un niveau moins contingent que celui de leur genre ?

Le fait que les théoriciennes du mouvement des femmes se passionnent, maintenant que la mondialisation fait des ravages, pour les droits économiques des femmes (en additions aux droits politiques, sociaux et culturels maintenant relativement reconnus) et n'abordent pas les questions du droit des personnes (soient elles femmes ou hommes, jeunes ou âgées, …) à la vie personnelle, spirituelles, au bien-être des corps et des esprits, est un symptôme – à mon sens – du risque de mise sur voie de garage du mouvement des femmes. Le mouvement des femmes est un mouvement politique ? Certes, en ce que la politique est le collectif, le public, et doit le rester. Mais la dimension non publique, tout aussi politique,

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d’ailleurs, que sont les dimensions personnelle, privée, spirituelle et corporelle sont des champs que le mouvement des femmes devrait et pourrait avantageusement explorer. Cela permettrait au genre-femme (et, pourquoi pas, au genre-homme) de développer une meilleure connaissance de soi par rapport à soi (mise en évidence de la spécificité) plutôt que par rapport à la comparaison (mise en évidence des inégalités). C'est d'autant plus important dans le contexte actuel de crise sociale mondiale multiforme, pour deux raisons : quand on ne sait plus ou l'on va, dit la sagesse. Et, malgré le stéréotype très courant, notamment en Afrique, on peut difficilement "faire le bien" quand soi-même on n'est pas bien.

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Jacqueline MUSUGANIInitiatives des Femmes en Situation Difficile pour le Développement Intégré

IFESIDIRDC

musujac@ yahoo.fr

ETAT DE LIEU DE MOUVEMENT SOCIAUX DANS LE SUD KIVU

I. L’Origine des mouvements en République Démocratique du Congo

Historique

La naissance des mouvements sociaux en République Démocratique du Congo coïncide avec la naissance des premières organisations syndicales. Celle-ci s’explique par le déroulement des événements importants qui sont : la fin de la première guerre mondiale, le début de la 2eme

guerre mondiale et la dévaluation successive de la monnaie enregistrées entre 1919 et 1920 ; qui ont fait perdre le pouvoir d’achat des salaires payés à l’époque et le renchérissement de la vie qui s’en suivit.

C’est ainsi que plusieurs syndicats pour Européens du Congo Belge avaient vu le jour dans ces circonstances.Tandis que les syndicats des Nationaux Zaïrois de l’époque n’ont vu le jour qu’au lendemain de la première guerre mondiale, c'est-à-dire en 1920.

A cette époque, les travailleurs Zaïrois de l’ex-Union Minière revendiquaient. Collectivement une augmentation de salaires par suite de l’accroissement des prix des biens de consommation, consécutif à la guerre. On enregistra à cette époque, des mouvements de grèves, des manifestations des travailleurs, entraînant même des tueries.Ces mouvements syndicaux furent à l’origine de l’UNTZA, Union Nationale des Travailleurs Zaïrois, l’actuelle UNTC ou Union Nationale des Travailleurs Congolais

1. Qu’est-ce que l’Union Nationale de Travailleurs Zairios ; UNTZA ? 1

D’une manière brève, l’UNTZA est un syndicat des travailleurs et des paysans. En Afrique et à travers le monde, elle figure parmi les organisations ouvrières et paysannes les mieux structurées et les plus puissantes.L’UNTZA se définit par son objet et ses buts, sa doctrine, ses membres, ses moyens matériels, sa structure et son action.2

a. Buts

L’Union Nationale des Travailleurs Zaïrois, la RD Congo de l’époque a pour objet de grouper en un syndicat interprofessionnel national tous les travailleurs, intellectuels et manuels, ouvriers et paysans sans distinction de sexe ni de nationalité.

1 DEPARTEMENT ETUDES ET DOCUMENTATION B.P. 8814-KINSHASA, U.N.T.Za Son rôle et ses réalisations pp 7 et 102 Cfr. Charte de l’UNTZa adoptée le 23 juin 1967 et amendée le 23 Août 1973 et dont des larges extraits son repris (texte entre guillemets).

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Son but est de : - Défendre et sauvegarder les intérêts des travailleurs Zaïrois pour une amélioration

constante de leurs conditions de travail et de standing de vie ;- Rechercher les conditions propices à l’instauration d’un ordre équitable basé sur la

justice et le respect des travailleurs ;- L’éducation permanente des masses laborieuses et paysannes par l’acquisition des

nouvelles méthodes de travail plus rentable et moins fatigantes et pour l’utilisation plus rationnelle des loisirs dans des buts culturels et sportifs.

b. Doctrine de base

La doctrine de base du syndicat était définie par le manifeste de la N’Sele et la charte de l’UNTZa à l’époque du règne de Mobutu.

- Au point de vue social La juste répartition du produit National de syndicat milite ici en faveur d’un système de répartition juste et équitable des richesses au niveau national et combat les inégalités économiques et sociales.

- Au point de vue économique : Planification et gestion aux forces de travail A cet effet, le syndicat prône une « planification intégrale » « du développement » à la quelle seront associées toutes les forces vives de la Nation » et déclare qu’elle s’attachera à amener la création des organismes dont le but final doit être de donner aux forces de travail ; la gestion de l’économie ;transformée les forces de travail la gestion au bénéfice de la collectivité. D’où il faudrait que les travailleurs participent directement dans la gestion de grandes entreprises nationales.

- Au point de vue politique Démocratie, soutien au MPR et liberté de conscience Le syndicat est pour le « maintien et le renforcement de la démocratie. Mais une démocratie qui soit à la fois politique, économique et sociale. Une démocratie qui Hélas n’avait jamais était mise en Application lors du règne de Mobutu, un règne caractérisé par un régime totalitaire et autocratique et dictatorial sous la bénédiction d’un parti unique, le MPR de l’époque. Tout ce système aboutit vers les débuts des années 1990 à une crise économique et sociale, qui était à la base de la convocation de la conférence Nationale Souveraine (CNS). Il s’est avéré nécessaire que la partie civile soit représentée à cette conférence Nationale Souveraine (CNS) pour examiner les voies et moyens de faire sortir le Zaïre de l’époque de l’impasse. C’est ainsi qu’ici au Sud Kivu ; les différentes associations et corporations syndicales vont s’organiser en un mouvement pour être présent à la CNS. Les associations des femmes, des jeunes, les associations scientifiques, philanthropiques (humanitaire ou de charité,…), sportives, associations à intérêt économiques comme la F .E.C. (Fédération des Entreprises du Congo), les associations des confessions religieuses, les syndicats comme la UNTC, les regroupements et autres plates-formes comme le CRONGD,… , les associations artistiques (Média,…), Comité antibwaki, syndicats de développement des milieux ruraux,… se réunirent ensemble et s’organisèrent un mouvement qui est la société Civile Sud/Kivu afin d’être présents à la CNS.II. Histoire de la société Civile au S/Kivu (1988-2003)

1.1 Définition

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Les Mouvements sociaux étant tous regroupes au sein de la société civile ; on ne peut étendre sur eux sans parler de celles-ci. Ces deux structures sont interdépendantes car les organisations non gouvernementales constituent la base même de la Société Civile. Par définition, la Société civile est un contrepoids du pouvoir pour le développement du mieux être de la population. Elle est le résultat de la mauvaise gouvernance du régime Mobutu.

- Née vers 1980 suite à la recrudescence des ONG dans le pays.- Il est un tremplin à l’exercice du pouvoir politique,- C’est un monstre sans tête ni queue, sans identité concrète, elle est une

superposition des associations à intérêts contradictoires.- Son impact est lié aux actions qu’elle mène pour l’établissement d’un Etat de droit

et de la bonne gouvernance en RD Congo.

La création de la province du Sud Kivu et du CRONGD ou Conseil Régional des Organisations non Gouvernementales de Développement Sud Kivu, vers 1988 ont été à la base de la création de la société civile au Sud Kivu.En 2003, on assiste à la participation de la société civile dans l’exercice du pouvoir politique au niveau de la transition en RDC.Les raisons de la naissance de la société civile réside aussi dans la complexité des problèmes politiques du Zaïre de l’époque ; aux prises avec les influences étrangères entre autre le déséquilibre, la tension,  les insuffisances, les frustrations qu’elle entraîne et qui exige une action collective pour y remédier3 .Le non respect des droits humains, la régression économique et les tensions ethniques vécues dans les différentes provinces du pays ne sont-ils pas de retombées du système mobutisme avilissant contre lequel se levaient des opposants internes et externes ?

1.2 La question des droits de l’homme

Les droits de l’homme sont une marque empruntée à la civilisation occidentale où tout se conçoit sur base de l’individu dans la société. Le droit désigne d’une manière générale l’ensemble des règles et des lois qui gouvernent les activités humaines dans la société. Chaque homme y joue un rôle différent, suivant le milieu où il vit, la condition qu’il y occupe, l’autorité qu’il y exerce, les fonctions qu’il y remplit.4

1.3 Les 1ères ONG au Sud/Kivu a. Le Bureau Diocésain de Développement (BDD) créé dès le début des années

1980.Ses projets : - Centre Olame pour la promotion de la famille- Le Likembe, pour le programme d’artisanat- Le Centre de recherche pour la jeunesse désoeuvrée - Bureau des œuvres médicales,- La Caritas diocésaine- Commission Justice et Paix

b. Dès 1970 ; on assiste à la création du Bureau Protestant (B.P.), qui était une ONG protestante de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), qui avait le souci de s’impliquer dans le développement des fidèles.

3 REZSOHAZY, R, Pour comprendre l’action et le changement politiques¸Duculot, Louvain-la –Neuve, 1996, P14 MARQUISET.J., Les droits naturels Q.S.T., Paris 1965, p5.

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c. Dès 1962, dans l’Eglise Kimbanguiste, voit le jour le Département social du Développement de l’Eglise Kimbanguiste (DSDK).

A celles-ci, s’ajoutèrent le jaillissement d’autres ONGS : Solidarité Paysanne, Comité Antibwaki, Sykash, l’ADI-Kivu, le GTER, le BDP,… réunies toutes au sein d’un Conseil Régional des Organisations Non Gouvernementales du Kivu, CRONG/Kivu, le 20/07/1988. Celui-ci était divisé plus tard en CRONG/Maniema, CRONG/Nord Kivu, CRONG/Sud Kivu.

1.4 Difficultés de la société civile au Sud Kivu

Ces difficultés sont d’ordre structurels et financier..Structurel : La plupart des membres des mouvements sociaux se désolidarisent de la société civile..Financier : Les interventions financières mensuelles sont interrompues.

En outre, la faiblesse d’implantation des sièges des mouvements dans les milieux les plus reculés. Par exemple, en 1996, 81 associations, soit 52% étaient basées à Bukavu, tandis que dans les Territoires comme Idjwi, il a été créé une seule association ; Sur 480,5 hab/Km², à Shabunda, le Territoire le plus vaste du Sud-Kivu, il n’y en avait que 4.Les problèmes liés à l’absence de la communication, à l’absence des routes pour atteindre la base des ONG éloignés des grands centres ou villes ; la recherche des intérêts personnels et l’existence des ONG antimulti-génération sont à la base de la fragilisation et de la fragmentation des mouvements sociaux au Sud-Kivu.

1.5 Caractéristique de la société civile du Sud-Kivu

a. Diversité des structures La structure organisationnelle de la société civile du Sud-Kivu paraît à première vue, comme un tout insaisissable à cause de sa diversité, sa pluralité excessive.

b. Absence des statuts En tant que philosophie, une approche qui cherche l’intégration ou la mobilisation de la population civile Sud-Kivutienne autour d’un enjeu bien déterminé. Elle n’a pas de statuts qui définissent son rôle, ses fonctions, ses attributions et les limites de sa mission. D’où l’anarchie et l’arbitraire qui a élu domicile à la société civile Sud-Kivu.

c. L’existence d’un continuum Organisationnel - Caractérisée par un continuum organisationnel qui va des relations sociales les

plus relâchées et des relations occasionnelles ou éphémères aux institutions les plus formelles, et les plus durables.5

1.6 Schéma organisationnel de la société civile Sud-Kivu

Ce schéma tente de localiser la dynamique de la société civile sud-kivu dans l’ensemble de la société nationale.

Nations, Lois, Règlements

5 CEDAC, la société civile, éd. CEDAC, Bukavu, avril 2004, P9.Contributions des francophones au forum de l'AWID,

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NIVEAU IV

NIVEAU III

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Institutions, Organisations ayant implanté leur légitimité dans leur environnement

Organisation ; associations, groupements collectifs et coopératives

Associations détachées, individus et collectifs, groupement de la société civile organisés ou non organisé 6

Ce schéma nous montre que la société civile Sud-kivu s’arrête aux trois premiers niveaux d’organisation, son point de départ avait été l’association des individus en une foule de groupements détachés les uns des autres et souvent mal ou non organisés ; ensuite ces groupements se sont organisés en des véritables associations, collectifs ou coopératives autour des visions communes. Enfin, suite aux actions posées en rapport avec leur objet social, certaines organisations se sont implantées légitimement dans leur champ d’action.

Les organisations créées par la population, sont la base de la structure de la société civile au Sud-Kivu. Celle-ci constituée des forces sociales qui ne s’identifient ni à l’Etat, ni aux partis politiques. Ces forces sociales sont nécessairement les organisations, les structures, les associations qui ont une base sociale (membres, fidèles, adhérent,…) qui peuvent être mobilisées pour un objectif. 7

II. Les organisations féminines et ou féministes dans les mouvements sociaux pour l’intégration du Genre.

Les associations qui luttent pour la promotion et l’intégration de la femme ne sont pas exclusivement pilotées et composées par les seules femmes. Au Sud-Kivu on ne peut dénombrer que très peu d’organisations purement féminines.

L’approche du genre est véhiculée ici dans toutes les associations par les mouvements féministes qui revendiquent entre autre l’égalité entre l’homme et la femme en droits comme en devoirs, la libération de la femme du joug des coutumes et sa promotion socio-économique pour ainsi l’intégrer valablement dans notre société qui ne cesse de l’avilir. C’est ainsi que beaucoup d’acteurs (trices) de la société civile Sud-kivu y voient la solution à la problématique de l’exclusion de la femme dans la partie homme-Femme. En effet, dans la mesure où la paix est un facteur indispensable de progrès, elle offre la possibilité à tous de participer pleinement à la vie politique du pays. Cette acceptation n’est pas toujours unanimement admise au Sud-kivu, où les traditions ne valorisent pas l’égalité entre les sexes, quelque soit le secteur de la société où les femmes doivent rester le plus souvent dans l’ombre de leurs maris.Ceux qui militent en faveur du Genre, soutiennent que le rôle fondamental des femmes dans le développement de leurs communautés doit être reflété par la consécration de l’égalité des droits dans les textes juridiques et dans la pratique quotidienne.8

Même si les réclamations des femmes et  ou féministes sont encore limitées, la mise en réseau des organisations des femmes au Sud-kivu, vise l’institutionnalisation de l’égalité entre hommes et femmes. Ces organisations dénoncent quotidiennement le droit à l’héritage, la

6 CEDAC, la société civile, éd. CEDAC, Bukavu, avril 2004, p9.7 PREFED, La société civile congolaise à un tournant, Développement et Paix, Janvier 2004, Kinshasa, p.198 VILLARREAL. M., « L’Afrique des Grands Lacs » in Di Mitra Bulletin N°9, Bruxelles, mars 2004, p1.

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NIVEAU I

NIVEAU II

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discrimination des femmes dans la dotation des droits contenus dans le code de la famille congolaise que subjuguent la femme à l’homme.

Parmi les organisations qui défendent la promotion socio-économique de la femme au Sud-kivu, citons en les plus dynamiques.- L’UWAKI-Coordination - L’UWAKI Plate-forme- Le groupe Apprenons à lire et à Ecrire (GALE)- IFESIDI, Initiatives des Femmes en Situations Difficiles pour le Développement Intégré- L’AFPVH (l’Association des Femmes pour la Promotion des Valeurs Humaines)- L’AFEDECO (l’Action Féminine pour leDéveloppement Communautaire)- Le Réseau des Femmes pour la Défense des droits et la Paix (RFDP),…Ces associations travaillent parfois en synergie pour dénoncer les viols et violences sexuelles faites aux femmes.

Signalons ici que la participation des femmes à la politique est encore très faible à cause des coutumes et traditions imposées à la femme dans le Sud-Kivu mais l’éveil du leadership social des femmes au Sud-kivu fait face aux barrières coutumières, religieuses et traditionnelles.

2.1 Difficultés d’émergence des mouvements féminins et ou féministes au Sud-Kivu.

Comme nous l’avons ci haut esquissé, les mouvements féminins et ou féministes au Sud Kivu se buttent à beaucoup de difficultés pour pouvoir émerger convenablement dans leurs actions. Plusieurs facteurs se dressent devant eux dans leurs missions : - Les mœurs et coutumes qui obligent toujours les femmes à vivre soit sous l’ombre ; soit leurs maris ou frères ou pères- La perception qu’a la société du Sud-kivu sur les femmes : la femme mariée perd sont statut et est attachée à la famille du mari, toutes ses actions ou activités sont orientées vers le mari.- L’opinion de son mari qui prime sur le sien. En ce sens que c’est ce qu’il pense que sa femme peut exécuter.- Les mouvements des femmes étant extérieurement mal vus, une femme mariée a des limites dans les mouvements sociaux par rapport à ses semblables célibataires, d’où manque d’autonomie d’action dans les mouvements, plus précisément l’autonomie financière ;- Le tribalisme dans la lutte pour la succession des dirigeants- La lutte pour les intérêts personnels ;- La politique de l’exclusion et d’isolement des jeunes associations émergentes aux détriments des anciennes qui ne veulent pas se voir bousculer par celles-ci- La naissance des plusieurs réseaux climatiques, et géographiques à cause de la concurrence qui existe entre eux.

2.2 Stratégies à mettre en œuvre pour le renforcement des mouvements sociaux féminins et ou féministes au Sud-Kivu

- Promotion et défense des droits de la femme- Formation scolaire et professionnelle - La vulgarisation de l’approche genre ;- L’alphabétisation des femmes et filles- L’initiation de la femme et fille à la Technologie de l’information et de la communication.- La récupération et l’encadrement de la femme et de la jeune fille en situation difficile,

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- La réintégration sociale de la fille mère, l’apprentissage des métiers, l’initiation aux activités génératrices des revenus ;- L’éducation civique et l’initiation politique

Ce sont là les défis majeures à relever par les mouvements sociaux féminins et ou féministes au Sud-kivu pour l’élévation de la capacité féminine dans le but de sa participation au développement à la base.Défit majeure à réaliser qui est la grande mission que s’assigne l’IFESIDI. En synergie avec les associations avec lesquelles elle travaille.

Pour y arriver :-Les femmes doivent toujours impliquer les hommes dans leurs revendications et leurs luttes. Par exemple pour arriver à éradiquer les violences sexuelles faites aux femmes ; les organisations féminines et ou féministes doivent inclure les hommes dans ces campagnes.- Le pouvoir en place doit se donner comme devoir d’augmenter les revenus des femmes : - Augmenter l’octroi des micros crédits - Leur donner des postes de responsabilités bien payant - Mettre à leur portée les activités génératrices des recettes- Leur donner les chances de participer à un nombre considérable des postes politiques - La solidarité entre les femmes membres du staff dirigeants des réseaux des associations féminines- En outre ; les mouvements sociaux féminins et ou féministes doivent également inclure dans leurs actions ;- Le combat contre le régionalisme, l’appartenance aux partis politiques ; les appartenances religieuses…

2.3 Les mouvements sociaux féminins et ou féministes face aux violences sexuelles faites aux femmes (1996-2000)

« Si réellement, la femme est l’une des parties de l’homme, pourquoi doit-elle être victime des atrocités de la part de celui-ci ? »9

Problématique

Entre 1996 et 2000, la présence des bandes armées étrangères sur le territoire congolais en général et le Sud-Kivu en particulier ou mieux, la militarisation croissante sont à la base des violences sexuelles faites à la femme, cheval de bataille des associations féminines et/ou féministes dans le Sud-kivu. Egalement, les guerres dites de libération de depuis 1996, ont causé beaucoup des dégâts observés ci et là entre autre : la destruction des infrastructures, le délabrement du tissu économique, la misère sociale ; Le phénomène enfants de la rue ou enfant abandonnées, la désorganisation des foyers, des personnes disparus, des enfants non désirés et sans identité, etc.

En 2000, les organisations humanitaires et de défenses des droits de l’homme ont beaucoup décrié et lancé un cris d’alarme au sujet des violences sexuelles à grande échelle faites aux femmes dans le Sud-Kivu.

9 MUNGA Mulangala DYNA de Marie, Guerres et violences au Sud-Kivu   : Cas des territoires de Walungu et de Kabare (1996-2004), ISP/BKV, 2003-2004.

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Les guerre à répétitions commencées depuis 1996 et la situation en ébullition depuis 1990 dans la Région des Grands Lacs, eurent comme conséquence, les pertes en vies humaines, la destruction de la faune, flore et des infrastructures,…10

On observe dès 1994, la percée de l’idée démocratique à travers le multipartiste, l’émergence de la société civile, des associations des droits de l’homme, la liberté de la presse et des associations, ainsi que des mouvements sociaux.

III.Phénomène violences sexuelles au Sud-Kivu

3.1 Définition

La Violence Sexuelle peut revêtir plusieurs définitions : La 1ère est issue de la « Déclaration sur l’élimination des toutes forme de violences à l’égard des femmes » de 1993 et adoptée par les Nations Unies comme étant : « Tous actes de violence dirigés entre le sexe féminin pouvant causer préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée »Le viol consiste à pénétrer de force le corps d’une personne ou sans consentement au moyen du pénis ou d’un objet comme une matraque, un bâton ou une bouteille 11

Les actes de violence sexuelle sont interdits tant pour le droit international relatif aux droits humains que le droit humanitaire international.La violence sexuelle peut constituer un élément de presque tous les crimes graves prohibés par le droit humanitaire International.La violence sexuelle peut être nommée d’une manière différente : on parlera par exemple, de torture ou de traitement cruel, inhumain ou dégradant.

De nombreuses formes de violence sexuelle et en particulier le viol, l’esclavage sexuel ou le mariage forcé peuvent constituer la torture.

La violence sexuelle peut également constituer un élément d’un crime contre l’humanité ou un crime de génocide.Lors d’un conflit armé, elle peut être considérée comme un crime de guerre, une violation des lois et coutumes de la guerre ou une grave infraction aux conventions de Genève.

3.2 Effets de la violence sexuelle

a) Sur la santé physique - Des graves répercussions sur la santé des victimes, - Les ISTS au VIH/Sida - Douleurs généralisées- Infertilité - Douleurs gastriques, nausées, fausses couches, - Effets morts nés, grossesses non désirées, etc.- Plus de souffrances des troubles secondaires au stress traumatique.

En outre, difficulté d’accessibilité aux soins médicaux, manque de bénéfice d’un traitement nécessaire, à cause de faute d’une existence du personnel adaptés à leurs besoins ou à cause

10 NDAYWELE, Histoire générale du Congo   : de l’héritage ancien à la République du Congo, Editions de CGRI d’Afrique Editions, de l’Agence de la Francophonie, de Boeck et Lercier, Bruxelle, 1998.11 Amnistie International, Une impunité criminelle, London, 2001, p. 59.

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de l’insensibilité du personnel médical, de lois interdisant l’avortement, l’absence de service de dépistage, des infections transmises sexuellement y compris le VIH.12

b) Contre coup immédiat

Dans 24 à 48 heures de durée après l’agression, plusieurs réactions émotionnelles sont enregistrées chez la victime :- Troux de mémoire fréquents- La peur d’avoir contracté une infection, le VIH/Sida, d’avoir conçu, d’où on peut classer les différents types de réactions en 2 grandes catégories : - L’extériorisation : le sentiment de peur, de colère, d’anxiété se manifestent par des pleurs, des rires, de l’agitation, une grande tension ;- L’intériorisation : Les émotions demeurent continues, l’affecté est calme, l’attitude posée ; la personne peut aussi se montrer apathique- L’intervention : lorsqu’on s’occupe d’une survivante en phase du choc, il est extrêmement important d’insister sur 3 éléments :

1) Elle vient de traverser 1 épreuve terrible .2) Elle n’est aucunement responsable de ce qui est arrivé ;3) Elle est maintenant en sécurité13

3.3 Causes de violences sexuelles dans le Sud-kivu- Guerres- Tentative d’humiliation des Femmes- Désir de la propagation du VIH/Sida- Cttmes pratiques traditionnelles discriminatoires envers les femmes dans le Sud-

Kivu- Croyances des combattants selon lesquelles le viol procure les puissances

magiques aux combattants

QUELQUES STATISTIQUES

a) STATISTIQUES DES VICTIMES SOIGNEES A L’HOPITAL GENERAL DE REFERENCE DE PANZI EN 2003

AGE Centre ville % Territoire % Total / âge0-4 ans 2 67 1 33 35-9 ans 5 50 5 50 1010-14 ans 15 30 35 70 5015-19 20 17 96 83 11620-24 ans 24 24 74 76 9825-29 9 9 102 91 11130-34 5 8 61 92 6635-39 6 6 87 94 9340-44 3 5 57 95 6045-49 8 16 43 84 5150-54 3 21 11 79 1455-59 2 12 15 88 1760-64 0 0 4 100 465-69 1 25 3 75 4Total 103 15 594 85 697

12 Calanard, A, La vi1olence sexuelle par25 les agents de l’Etat, 1999, Bruxelles, p. 7513 Calmard, A, Op Cit, P76.

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Commentaire   : Le tableau n°1 nous montre que dans la ville de Bukavu, 15% de femmes ont été violées en 2003, dont l’âge varie € 15 et 29 ans, 85% dans les périphéries de la ville.

b) STATISTIQUE DES VICTIMES SOIGNEES A PANZI EN 2004 Tableau N°2

AGE Centre ville % Territoire % Total / âge0-4 ans 4 80 1 20 165-9 ans 8 50 8 50 1610-14 ans 24 55 20 45 4415-19 68 54 58 46 12620-24 ans 48 44 62 56 11025-29 34 34 65 66 9930-34 34 39 52 60 8635-39 24 33 59 71 8340-44 26 34 50 66 7645-49 17 40 26 60 4350-54 14 31 31 69 4555-59 7 26 20 74 2760-64 5 38 8 62 1365-69 3 43 4 57 7Total 316 41 464 59 780

Commentaires : Le tableau n° 2 nous montre que en 2004, 41% des victimes ont été violée et cela concerne celles dont la tranche d’âge varie€ entre 15 et 24 ans.59%, dans la périphérie de la ville. Au total 780 victimes et soignées à l’hôpital de Panzi.

3.3 Les différents problèmes des victimes des violences sexuelles

- Sentiment de réinsertion sociale et familiale- Le sentiment d’Isolement malgré l’accueil chaleureux qui leur a été réservé lors de leur libération- Elles ont un sentiment d’affronter un monde étrange, hostile, où tout a changé de façon très brutale ;- La fuite de leurs anciens amis, maris et connaissances d’avant leur détention ;- Le sentiment de rupture avec l’entourage ;- La difficulté de communication avec l’entourage familial ;

1) Elles sont allergiques à tout ce qui bouge ou fait des bruit14

Les Remèdes possibles

- La nécessité d’une prise en charge thérapeutique des victimes pour faciliter leur réhabilitation et leur réinsertion sociale.- La nécessité de leur indemnisation morale et physique mensuelle ;- La tenue d’une séance de psychothérapie de groupe mensuelle- Les séances individuelles de psychothérapie de groupe mensuelle.- La prise de rendez-vous avec les différents spécialistes pour les soins des atteintes physiques ; - Le rendez-vous pour les examens complémentaires ;- La résolution du problème épineux des médicaux ;

14 Rapport de formation sur le cunseling organisé par International Rescue Committee (IRC) à Bukavu du 8 au 11 avril 2003, P.11

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- La nécessité d’indemniser la famille de la victime décédée, celle-ci ayant subi des conséquences physiques et psychologiques de sa disparition.

C’est pourquoi, les centres sociaux et les hôpitaux doivent accueillir ces victimes avec une assistance psychosociale, ces centres doivent avoir une animatrice psycho-scociale de la détraumatisation de ces victimes.

Cependant, elle doit avoir les qualités suivantes :

1. Naturelles : savoir écouter, patience, présenter l’empathie, non émotif ;2. Spirituels : croyance en Dieu ; reconnaître son propre état d’homme ;

Elle doit : s’approcher de la victime de la violence : la consoler ; s’entretenir avec lui ou elle ; l’aider à s’ouvrir au monde ; l’amener à se prendre en charge ; le mettre en contact avec d’autres sujets choqués dans un groupe ; le conduire vers Dieu et sa miséricorde le Seigneur Jésus ; l’apprentissage d’une activité lucrative.

3.6 Conséquences des viols et pillages sur leurs victimes et la communauté dans le Sud-Kivu

a) Sur les victimes- Choc psychologique difficile à surmonter - Réelle dégradation de la santé physique l’amaigrissement général à cause de manque d’accès aux soins appropriés.- Graves complications organiques chez la victime à cause des infections que celle-ci a contractées.- Membres du corps (bras, jambes) de la victime paralysé ; inaptitude à tout travail ;- Naissance non désirée , l’isolement des victimes par la société, plus de chance du mariage - Pertes du mariage par les victimes s’il s’agit des femmes mariées.- Mendicité forcée- Aggravation de la pauvreté.15

b) Sur leurs familles - Appauvrissement des familles des victilmes- Exode rurale à la recherche des endroits moins exposés aux raids des milices - Séparation des familles

c) Sur la communauté - Désolation, misère- Montée de prix, rareté des produits au marché- Déstabilisation de membres de la communauté, parce que les gardiens de foyers sont les -premières victimes à être attaquées- L’humiliation de voir le tableau de la communauté mis à la portée de tous et ridiculisé,…

Les organisations des femmes dans le sud Kivu font face à une panoplie de préoccupations dans leurs revendications pour l’amélioration des conditions de vie de la femme ;une femme qui vit dans un climat de traumatisme ; crée par les violences lui infligées par les groupes

15 Rapport sur les causes et différences des violences sexuelles faites aux femmes et filles au Sud-Kivu/de Réseau des Femmes pour la Défense des Droits et la Paix (RFDP) Bukavu, 2004, P2.

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armés qui utilisent le viol comme arme de guerre. Leurs actions sont très diversifiées en ces sens que les orientations de leurs luttes sont complexes dans une région post conflits.

Conclusion générale

Les mouvements sociaux féminins et ou féministes de la RDC en général et à l’Est du pays comme au Sud-Kivu et dans la Province Orientale a Kisangani et ses environs ;  ainsi que dans toutes les provinces du pays en général ;qui ont connu les attaques des hommes en arme ; font face à un fléau destructeur de la communauté qu’est les conflits armés qui n’en finit pas de faire des victimes d’assassinats ou des violences sexuelles faites aux femmes avec toutes leurs conséquences telles que nous les avons décrites ci haut.

Au lieu de revendiquer leurs droits dans la paix, ils revendiquent dans un contexte de conflits où il faudra à tout prix :-obtenir la paix dans la sous région-obtenir le vote de lois contre les violences sexuelles faites à la femme en République Démocratique du Congo pour dire non à l’impunité des auteurs de ce crime à qualifier de crime contre l’humanité ; - militer pour l’intégration de la notion de genre presque dans tous les secteurs de la vie- obtenir l’instruction de la fille ….

La tâche des mouvements sociaux féminins et ou féministes en RD Congo en général et à l’Est du pays, plus précisément au Sud-Kivu en particulier est très difficile dans une société qui continue jusque là à maintenir la femme sous le joug de l’homme et à soumettre celle-ci à des coutumes traditionnelles qui ne lui permettent pas tellement à la gestion de la chose publique, d’avoir le plein droit à un rythme normal de reproduction et à un acte de procréation épanouie,…

La lutte à méner est toujours très longue et elle sera longue afin que les femmes arrivent à arracher ce qu’elles attendent comme gain de cause dans leurs revendications.

Bibliographie1. DEPARTEMENT ETUDES ET DOCUMENTATION B.P. 8814-KINSHASA, U.N.T.Za Son rôle et ses réalisations

2 Charte de l’UNTZa adoptée le 23 juin 1967 et amendée le 23 Août 1973 et dont des larges extraits son repris (texte entre guillemets).

3 REZSOHAZY, R, Pour comprendre l’action et le changement politiques¸Duculot, Louvain-la –Neuve, 1996,

4 CEDAC, la société civile, éd. CEDAC, Bukavu, avril 2004,

5 PREFED, La société civile congolaise à un tournant, Développement et Paix, Janvier 2004, Kinshasa,

6 VILLARREAL. M., « L’Afrique des Grands Lacs » in Di Mitra Bulletin N°9, Bruxelles, mars 2004,

7 MUNGA Mulangala DYNA de Marie, Guerres et violences au Sud-Kivu   : Cas des territoires de Walungu et de Kabare (1996-2004), ISP/BKV, 2003-2004.

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8 NDAYWELE, Histoire générale du Congo   : de l’héritage ancien à la République du Congo, Editions de CGRI d’Afrique Editions, de l’Agence de la Francophonie, de Boeck et Lercier, Bruxelle, 1998.9 Calanard, A, La vi1olence sexuelle par25 les agents de l’Etat, 1999, Bruxelles,

10 Rapport de formation sur le cunseling organisé par International Rescue Committee (IRC) à Bukavu du 8 au 11 avril 2003,

11 Rapport sur les causes et différences des violences sexuelles faites aux femmes et filles au Sud-Kivu/de Réseau des Femmes pour la Défense des Droits et la Paix (RFDP) Bukavu, 2004,

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Pierrette OYANE NZUEObservatoire des Droits de la Femme et de la Parité

[email protected]

Le Gabon est un pays d’Afrique Centrale, peuplé d’environ deux millions d’habitants. A cause de ses nombreuses ressources naturelles, il est considéré comme un pays à revenus intermédiaires. Ainsi, il n’est pas éligible à la plupart des programmes d’aide au développement. C’est dans ce contexte que les mouvements sociaux en général et les mouvements féminins en particulier tentent d’œuvrer, sans appui extérieur.

La situation sociale des gabonais présente un véritable paradoxe, avec d’une part un produit intérieur brut (P.I.B.) qui s’établi au-delà de 3000 dollars US par habitant et d’autre part un indice de développement humain (I.D.H.) estimé à 0,648 et le classant au 122ème rang sur 177 pays. Il est donc clair que les populations gabonaises ne bénéficient pas des revenus pétroliers, miniers et forestiers produits par le pays.

Les problèmes d’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi, au logement, à l’eau, à l’électricité et aux infrastructures sociales et économiques sont les mêmes au Gabon que dans les autres pays africains. C’est pourquoi les organisations humanitaires y ont également leur place.

Avant l’avènement de la démocratie en 1990, il était difficile de créer une organisation non gouvernementale et de poser des revendications sociales. La plupart des organisations de la société civile ont donc vu le jour à partir des années 90. Les femmes en particulier ont constitué plusieurs associations de défense des droits des femmes et des enfants, de santé et de lutte contre la pauvreté, notamment. Les associations féminines sont d’ailleurs considérées comme les plus actives du pays.

Mais il est difficile dans le contexte gabonais de parler d’associations féministes. Au-delà de l’idéologie féministe, ces associations composées essentiellement de femmes privilégient des actions de solidarité et d’entraide entre les femmes, plutôt que des actions vindicatives. Avec l’arrivée du concept genre, elles se sentent plus à l’aise à aborder les questions des droits des femmes sous un angle considéré comme moins agressif que le militantisme féministe connu dans certains pays occidentaux.

Définition du féminisme

C’est un concept visant à promouvoir les droits des femmes et à améliorer leur statut social, économique et politique. Les féministes prônent l’égalité des hommes et des femmes devant la Loi, ainsi que la nécessité d’offrir aux garçons et aux filles les mêmes chances d’accès à l’éducation, à l’emploi et aux postes de prise de décisions. Les grandes luttes féministes à travers le monde ont souvent portées sur les droits politiques des femmes, les droits sexuels et de la reproduction, l’éducation des filles, l’autonomisation des femmes, notamment. Les activités menées par les mouvements féministes visent souvent à informer les femmes sur leurs droits et à les amener à les revendiquer. Il s’agit de les libérer des stéréotypes traditionnels, afin de prendre en main la gestion de leur propre corps et de leur propre vie en tant que personnes autonomes.

Définition du Genre

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Les relations entre les hommes et les femmes sont basées sur des caractéristiques biologiques, culturelles, sociales et psychologiques. Ainsi la société a souvent utilisé la différence biologique entre les sexes pour justifier un régime patriarcal, dans lequel les hommes dominent les femmes. Cette oppression s’exprime aussi bien en famille, à l’école, dans le monde professionnel que dans la rue.Le concept genre permet de redéfinir les relations entre les hommes et les femmes, afin qu’elles soient basées, non pas sur le sexe biologique, mais sur les fonctions sociales de chacun.L’égalité des genres signifie que les hommes et les femmes ont les mêmes droits et les mêmes potentialités pour contribuer équitablement au développement social, économique et politique de leurs pays. En cela il est moins réducteur que le féminisme et concerne la place et le rôle de chaque citoyen, homme et femme dans tous les domaines de la vie du pays.

Les mouvements féminins gabonais et le féminisme

Le Gabon n’a pas connu de grandes figures du féminisme africain comme dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest avant et après les indépendances. Les mouvements sociaux étant récents dans le pays, l’action des organisations féminines s’inscrit dans un contexte de redéfinition du combat des femmes au plan international. Leur visibilité se manifeste réellement à partir du processus national préparatoire à la Quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes, tenue à Beijing en 1995.Les contacts et les échanges avec les autres ONG féminines d’Afrique et du reste du monde ont créé l’émulation dans la société civile gabonaise. Beaucoup d’associations se sont affiliées à des réseaux internationaux, ce qui a favorisé leur accès aux rencontres internationales et à quelques financements dont le Gabon était jusque là exclu.

Sans être de grandes militantes féministes, les gabonaises ont initié plusieurs actions ayant amené les pouvoirs publics à prendre en compte les questions des droits des femmes : L’abrogation de la loi interdisant la contraception, la modification de la procédure d’acceptation de la polygamie, la prise en charge des filles mères et de leurs enfants, la protection de la veuve et de l’orphelin, etc.…Les associations féminines regroupées au sein de l’Observatoire des Droits de la Femme, mènent régulièrement des actions en direction du Gouvernement et du Parlement pour dénoncer certains textes discriminatoires à l’égard des femmes. Elles ont également relevé à plusieurs reprises la sous représentativité des femmes dans toutes les institutions du pays. Ses membres juristes assistent souvent les femmes dans leurs démarches juridiques et ont déjà formé une cinquantaine de para juristes qui mènent des activités d’information et de sensibilisation sur les droits des femmes et le concept genre.

Toutefois, l’on remarque un certain manque de solidarité entre les femmes occupant des postes de responsabilité et les autres femmes, même après avoir utilisé les mouvements féminins pour y accéder. Ainsi elles encouragent la mobilisation des femmes pour chanter, danser et élire des hommes politiques, sans les aider à se porter candidates aux élections. C’est cette attitude qui renforce la faible présence des femmes au Gouvernement et au Parlement, et même dans les administrations publiques et privées. De même un certain nombre de lois en désaccord flagrant avec les textes internationaux ratifiés par le Gabon, continuent d’être appliquées, parce que les femmes occupant des positions influentes ne sont pas intéressées par la modification de ces lois.Enfin l’élément déterminant dans l’efficacité des mouvements sociaux reste les moyens d’action, ce qui fait énormément défaut aux mouvements féminins du Gabon. La plupart des

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responsables de ces mouvements utilisent leurs propres moyens pour faire fonctionner leurs structures. Elles sont donc pour la plupart des bénévoles ayant une activité professionnelle à assumer parallèlement aux activités de l’ONG. Elles n’ont ni les moyens de payer un personnel permanent, ni les moyens de faire fonctionner un siège. Celles qui recherchent des financements locaux détenus par les personnalités politiques sont vite phagocytées par ces derniers et perdent leur indépendance.Sachant que le féminisme consiste surtout en la liberté de pensé et d’action des femmes, il leur est difficile de s’exprimées en étant financièrement et politiquement assujetties aux hommes. C’est là un des principaux obstacles des mouvements féminins et du féminisme en général au Gabon.

L’approche genre dans le contexte gabonais

Les détracteurs des mouvements féminins reprochent souvent à ceux-ci d’inciter les femmes à la rébellion, de briser des ménages, d’encourager la débauche, etc. De même, l’existence d’un département ministériel chargé de la promotion féminine est perçue par certains comme une diversion, une façon de distraire les femmes en leur permettant de se retrouver pour « papoter » ensemble sur des futilités, pendant que les vrais problèmes du pays se règlent ailleurs, où elles sont absentes. Les promoteurs du concept genre estiment qu’il n’y a plus besoin d’avoir un département ministériel spécifique aux femmes. Tous les départements ministériels et toutes les institutions du pays doivent intégrer les questions du genre dans leurs politiques et programmes. Les femmes ne doivent plus être considérées comme une entité fragile de la population dont il faut s’occuper spécialement. Leur place et leur rôle doivent être débattus dans toutes les arènes politiques et tous les secteurs économiques du pays. Il s’agit de prôner une complémentarité entre hommes et femmes dans la conduite des affaires, et non pas une promotion séparée des potentialités de chaque sexe.Les combats passés ont permis aux femmes d’obtenir des droits qui leur étaient confisqués. Le combat actuel consiste pour les femmes à postuler au même titre que les hommes à toute compétition et à prouver leurs compétences dans n’importe quel domaine. Mais il faut pour cela que l’environnement juridique et institutionnel soit assaini et que le pays fonctionne selon les règles universelles de Bonne Gouvernance.

Les mouvements féminins doivent à présent s’investir dans le plaidoyer pour la Bonne Gouvernance, tout en encourageant les filles et les femmes à l’esprit d’excellence et de compétitivité, aussi bien à l’école, dans le milieu professionnel, que dans les milieux politiques.En effet, on juge de plus en plus les gens selon leurs compétences et non pas selon leur sexe. Certaines femmes ayant bénéficié de « promotions canapés » en marchandant leurs atouts physiques sont de plus en plus isolées aussi bien par les hommes que par les femmes qui refusent de se faire représenter aussi mal. Beaucoup de femmes se distinguent aujourd’hui par leurs capacités intellectuelles et managériales. Il s’agit surtout de lutter pour qu’elles ne soient pas victimes de l’arbitraire et qu’elles ne subissent pas de pressions basées sur le sexe.Les mouvements féminins du Gabon ont déjà initié une série d’actions de promotion du concept genre. Il s’agit de l’intégrer totalement dans toutes les politiques et tous les programmes du pays.

Relations entre les mouvements féminins et les autres mouvements sociaux

Les associations féminines mènent des actions spécifiques concernant en particulier les femmes, ce qui donne l’impression que ces structures sont fermées aux hommes. Pourtant, en tant que pères, frères, fils et époux, les hommes sont également interpellés par la situation des

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femmes. Certains d’entre eux se mobilisent à certaines occasions pour soutenir les associations féminines, mais ne se considèrent pas comme des militants de la cause féministe.Le soutient des hommes est très souvent accompagné d’un intérêt politique, visant à obtenir les suffrages électoraux des femmes.

Pour amener le plus grand nombre d’hommes à adhérer aux idéaux de défense des droits des femmes, il faut que les organisations de femmes présentent leur combat comme une cause humanitaire liée au développement du pays. A cet effet, le concept genre constitue une approche plus globale intégrant aussi bien les droits humains, la Bonne Gouvernance et le développement. La question du genre doit être traitée par les hommes et les femmes dans des débats communs. C’est pourquoi les ONG féminines doivent associer plus d’hommes à leurs actions. Avec le soutien du PNUD et de l’Union Européenne, les ONG gabonaises ont été amenées à se regrouper au sein d’un collectif et des réseaux thématiques. Ce cadre d’action permet de développer des programmes concernant les deux sexes. C’est dans ce contexte que des séminaires sur le genre sont souvent organisés pour une meilleure connaissance par tous de ce concept. Les ONG féminines travaillent également en collaboration avec les autres ONG nationales dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA. Ces activités communes sont souvent l’occasion de débattre des responsabilités des hommes et des femmes dans la propagation de cette maladie.

Dans le contexte actuel où les hommes détiennent le pouvoir politique et économique, il est nécessaire qu’ils soient sensibilisés sur les questions de genre pour leur prise en compte dans les politiques nationales. Le plaidoyer des organisations féminines doit consister aujourd’hui à mettre à l’ordre du jour de tous les débats nationaux et internationaux, la question du genre. Il s’agit notamment d’avoir le maximum d’alliés hommes pour militer dans ce sens.

Quelques pistes de solution

Les organisations féministes doivent œuvrer pour l’adhésion d’un plus grand nombre d’hommes parmi leurs membres. Il faudrait tendre vers la mixité de toutes les ONG et ne plus enfermer les questions des droits des femmes dans des cercles uniquement féminins qui ne sauraient à eux seuls résoudre les problèmes des femmes. Au niveau institutionnel également, il ne devrait plus y avoir de département spécifique chargé de la promotion des femmes. Tous les départements ministériels doivent intégrer dans leur fonctionnement et leurs programmes, la dimension genre.En adoptant l’approche mixte, les questions du genre s’inscrivent dans l’optique d’une prise en compte globale des problèmes des droits humains et par conséquent des droits des femmes. Il s’agit d’en faire une culture qui devrait être inculquée aux enfants dans le cercle familial et à l’école, afin qu’adultes ils le pratique dans le monde professionnel.Les jeunes des deux sexes doivent être sensibilisés à la nécessité pour chaque citoyen, homme et femme, d’évoluer dans des conditions équitables pour donner la pleine mesure de leurs capacités en faveur du développement.Les jeunes des deux sexes doivent avoir les mêmes chances d’éducation, de formation et d’emploi pour adopter des comportements propices à une saine émulation et au respect mutuel, dépouillés des stéréotypes basés sur le sexe.Les filles en particulier doivent être encouragées à poursuivre leurs études et à croire en leurs capacités à accéder à tous les domaines d’activité et à tous les postes de responsabilité.Il faut que les organisations de femmes et le Ministère de la promotion de la femme cessent d’être considérées comme des cercles de causeries de « bonnes femmes » et que les femmes abordent leurs problèmes dans des cadres nationaux et internationaux de prise de décisions.

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Ainsi au-delà des activités spécifiques aux organisations féminines, les femmes doivent participer aux autres mouvements sociaux pour faire entendre leur voix.De même, au cours des rencontres nationales et internationales des organisations de la société civile, les femmes doivent s’imposer en grand nombre et ne pas simplement organiser des rencontres parallèles d’organisations féminines.

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Marcelline RAHAINGO-RAZAFIMBELO Mouvement pour l’ égalité de genre et le développement §

Comité d'animation du portail femmes de Médiaterre, [email protected]

« Mouvement de femmes et politique à Madagascar »

En 1997, dans un article écrit pour la revue canadienne « canadian Woman Studies = Les Cahiers de la femme », nous faisions référence à trois déclarations convergentes qui disaient en substance, pour les Nations Unies, qu’il faudrait attendre vers l’an 2490 avant que les femmes soient aussi nombreuses que les hommes à occuper des postes responsables dans le domaine politique ; pour le US Fund for Feminist Majority, que ce ne serait que vers l’an 2465 qu’il y aura autant de femmes que d’hommes aux postes décisionnels, enfin pour le Bureau international du Travail, « q u’au rythme actuel la parité dans les instances de décision politique et politique ne pourra être atteinte que dans cinq siècles ». Après une décennie, oserait-on encore tenir ces affirmations pour une certitude ? certes, non, mais la réalité est là pour nous rendre lucide que, d’une manière générale, dans le monde et particulièrement à Madagascar, peu de choses ont véritablement changé, en matière de participation effective des femmes à la prise de décision. Cette situation peut prendre sa source dans le fait que d’une part, l’homme, de quelque société que ce soit, trop souvent convaincu de détenir le modèle à suivre, a la fâcheuse tendance à sous-estimer la femme dans son altérité et ses capacités, d’autre part, la société malgache assigne encore à la femme, outre la soumission à l’home et son rôle de reproductrice, d’autres rôles dont ceux de parent, d’épouse, de domestique, de mère, d’aide communautaire, qui ne lui permettent pas toujours de se valoriser ou de s’affirmer et ainsi prendre sa véritable place.

Par ailleurs, pendant des décennies, on a, prioritairement, abordé la question des femmes et de leur rôle dans la société, sous l’angle économiques en axant les actions sur la promotion des activités génératrices de revenus, des micro-projets, des petites et moyennes entreprises. Ainsi, les cortèges de séminaires, colloques et autres ateliers sur la femme ont plutôt axé leurs réflexions et leurs travaux sur « la femme et le développement », très rarement, sinon jamais, sur son rôle politique, sur ses rapports avec le pouvoir, sur sa participation aux prises de décision. Cette approche qui a la vie dure, a pérennisé une situation devenue intolérable : 4 femmes sur 19 membres du Gouvernement dont aucune comme directrice de Cabinet ministériel, une seule femme comme Secrétaire Général e de ministère sur 19, 2 chefs de Région sur 22, 10 femmes sur 117 Chefs de districts, 5 sénatrices sur 33, 10 femmes sur 127 parlementaires, 450 sur 17, 500 chefs Fokontany, 70 Maires femmes sur 1 549. Aux autres postes de hautes fonctions de l’Etat, il n »y a que 8 femmes Directrices Générales, 46 sur 240 aux Directions centrales 80 sur 243 aux Directions régionales (Direction de la promotion du genre, Ministère de la Santé de la Planification familiale et de la Protection Sociale). La participation des femmes malgaches dans les processus décisionnel est donc très limitée, que ce soit au niveau des syndicats, du parlement, du gouvernement ou des partis politiques. Les causes sont multiples, en plus de ce qui ont été évoquées plus haut, mais essentiellement, la dimension politique et culturelle de la femme qui devrait être prise en compte. En effet, pour nous, le nœud du problème est réside encore et toujours, dans le le fait que le pouvoir est dans les mains d’une minorité. Minorité, non seulement formée d’hommes, mais de groupes de personnes qui se appropriés les mécanismes qui donnent accès au pouvoir et permettent de s’y maintenir. Cette situation perdure à cause donc des : conformismes socioculturels et

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politiques, inégalités devant l’accès aux ressources qui rendent pénibles les conditions de vie des femmes et qui briment leurs activités, combinées à une paupérisation croissante, exclusions pernicieuses des mécanismes de prise de décision et l’inexistence de culture démocratique, tant à l’échelle de la famille qu’à celle de la collectivité. Mais les comportements des femmes elles-mêmes, à l’égard de la chose politique sont également un frein de taille à leur participation. Elles manquent de confiance en elles et d’audace dans les affaires publiques, de capacités à s’organiser par elles-mêmes et de solidarité pour se soutenir et/ou défendre des causes qui leur sont communes.

Mais ce tableau quelque peu sombre ne doit pas occulter le changement qui est en cours depuis le début de ce siècle. La détermination de groupes de femmes qui ont pris conscience de la nécessité de prendre leur destin en main et que ceci passerait par un « mouvement de femmes » résolument « politique ». C’est par la conquête du pouvoir qu’elles seront à même de transformer la société malgache vers une société effectivement démocratique qui englobe et respecte l’ensemble de ses composantes.

Plusieurs évènements ont concouru à ce réveil / processus : l’adhésion de Madagascar à la SADC qui a mis en évidence que Madagascar se trouve à la treizième place sur quatorze pays en matière de participation de la femme au Parlement ; l’inscription dans l’engagement 8 du Madagascar Action Plan (MAP), de la promotion de l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes, notamment l’augmentation de 30% du nombre de celles-ci au Parlement ; enfin le soutien de l’ Electoral Institut of Southern Africa (EISA). De tout cela est né la création d’un mouvement de femmes appelé « Vondrona Miralenta ho an’ny Fampandrosoana » (VMLF). Dont l’objectif principal est de « contribuer à la lutte contre la pauvreté par la réduction des disparités de genre et l’autonomisation de la femme, notamment par l’épanouissement de la femme en politique ». Un plan d’action national quinquennal (2008-2013) est en cours d’élaboration et dont l’axe central est le plaidoyer, la mobilisation et le renforcement de capacité des femmes en politique.

En fait c’est la question même de la citoyenneté qui est posée par ce mouvement. Citoyenneté étant définie comme le fait d’être membre d’une collectivité, ayant la possibilité de participer sans entraves à la prise de décision au niveau social, économique, culturel et politique, le fait d’accéder équitablement aux ressources (terres, eaux…) et aux biens et services de base (éducation, santé…). Le défi à relever pour ce mouvement naissant, est de surmonter un certain nombre d’obstacles et de contraintes tels que le manque de solidarité sincère entre les femmes, le manque de confiance en soi, le manque de ressources, la faiblesse de capacité de lobbying et la prédisposition à la personnalisation du mouvement.Le Forum sur « le pouvoir des mouvements sociaux » arrive à point nommé pour Madagascar qui pourra ainsi profiter des expériences des autres pays.

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Mina Harivola RAKOTOARINDRASATAMouvement des jeunes pour l’égalité des sexes et le Développement

[email protected]

La promotion du Genre s’est principalement développée à Madagascar avec l’avènement des sommets mondiaux sur les femmes (Dakar, 1994 ; Beijing, 1995 ; Dakar + 5, 1999 ; Beijing + 5, 2000 ; Beijing+10, 2005). Ceci s’est notamment traduit par l’accroissement numérique des associations des femmes et des organisations non gouvernementales oeuvrant pour la promotion de la femme. Ces dernières constituent ce qu’on pourrait appeler : la « société civile ».

La société civile s’est activement impliquée dans la préparation desdits sommets, dans la mise en oeuvre des résolutions y afférentes et plus particulièrement dans la mise en oeuvre d’une Politique Nationale pour la Promotion de la Femme (PNPF).

D’ailleurs, la société civile est identifiée comme un « partenaire d’exécution » dans les plans nationaux et régionaux pour la promotion de la femme, notamment pour le plaidoyer dans l’intégration de la dimension genre dans les différents plans de développement du pays mais aussi dans la révision des textes législatifs afin de les mettre en cohérence avec les instruments internationaux ratifiés par Madagascar.

Ainsi, dans l’accomplissement de sa mission, la société civile a été aidée par différents facteurs dont le rôle d’organe facilitateur qui lui est attribué par l’Etat de par l’exigence des bailleurs de fonds qui voient en son endroit un partenaire d’exécution indispensable.

Autrement dit, la société civile s’est fortement impliquée dans l’exécution de l’agenda du pays sur le genre, même si cette implication reste marquée par son « caractère aléatoire et fluctuant ».

Pour illustrer ce rôle important joué par la société civile dans la défense de la cause féminine, quelques exemples de succès enregistrés dans son étroite collaboration avec l’Etat méritent d’être mentionnés.

Ainsi, la société civile a pris part activement à la mise en cohérence des textes nationaux avec les dispositions des Conventions internationales, particulièrement celles de la CEDEF sur les droits de la famille, ayant abouti à des réformes législatives, notamment sur : (i) la nationalité qui corrige l’inégalité des droits entre femmes et hommes ; en effet, la mère ne transmet sa nationalité à son enfant que si celui-ci est né d’un père qui n’a pas de nationalité ou dont la nationalité est inconnue ; (ii) la majorité matrimoniale ramenée à 18 ans pour les deux sexes si elle était de 14 ans pour les filles et de 17 ans pour les garçons ; (iii) l’administration des biens de la communauté où les époux ont désormais les mêmes droits et mêmes responsabilités si auparavant ceci relevait uniquement du mari.

Par ailleurs, un renforcement des capacités des organisations de la société civile a été initié afin de les appuyer dans la planification des campagnes de sensibilisation afin d’influencer à terme la politique gouvernementale en matière de droit juridique de la femme, en amont des révisions des textes mentionnées précédemment. Dans le cadre de cette initiative, elles ont été formées et outillées pour vulgariser la CEDEF auprès de leurs groupes cibles habituels.

Toujours sous l’impulsion de la société civile, notamment l’appui technique et financier octroyé par un ONG international, un bouleversement est en train de se faire actuellement dans la société malgache, plus particulièrement dans la sphère politique. En effet, le processus de

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décentralisation et de déconcentration amorcée par l’Etat, combiné avec les actions de sensibilisation pour une participation effective des femmes à la vie politique, ont permis d’augmenter le nombre de femmes se présentant aux différentes élections aux niveaux local, communal ou régional.

Pourtant, malgré ces différentes avancées enregistrées dans le domaine de la promotion de la femme à Madagascar, la bataille est loin d’être gagnée. On pourrait alors parler d’une évolution relative mais inachevée.

Dans le domaine des réformes législatives par exemple, beaucoup d’efforts restent à faire pour la mise en conformité des lois nationales avec les conventions internationales ratifiées par Madagascar. On peut mentionner notamment le cas de l’avortement qui reste interdit à Madagascar sans qu’aucune circonstance d’exception ne soit accordée. Face à ces restrictions légales, bon nombre d’avortements se pratiquent dans la clandestinité et dans des conditions qui présentent des risques évidents pour la santé des femmes.

Les autorités sanitaires et même politiques malgaches ne pouvaient plus fermer les yeux sur les conséquences graves de l’avortement. Ce qui pourrait d’ailleurs expliquer le fait que l’avortement provoqué est apparu plusieurs fois à la une des faits divers avec les questions de sa possible légalisation. Un sujet de débat qui n’a fait qu’émerger car ses précurseurs n’ont pas pu faire le poids face à une société malgache encore très puritaine et où les valeurs chrétiennes sont encore fortement ancrées. En effet, l’avortement est considéré, non seulement pénalement, mais moralement comme un crime par les Malgaches. Enfin, il faut noter que Madagascar a émis une réserve sur le droit à l’avortement dans le protocole de la SADEC sur le genre  et le développement.

Des contraintes limitent également la participation des femmes malgaches à la vie publique et politique, nota mment : (i) les normes et pratiques culturelles qui restent androcentrées, écartant les femmes des systèmes politiques ; (ii) les appréhensions des femmes vis-à-vis de la chose politique ; (iii) mais également les pratiques et culture politiques qui excluent de fait les femmes. Des cas de candidatures de femmes écartées par leur parti, obligeant les plus motivées à se présenter en tant qu’indépendantes, sont souvent rencontrés.

Dans le même ordre d’idée, l’égalité professionnelle se fait attendre. En effet, malgré le fait que de plus en plus de femmes deviennent actives, elles sont majoritairement représentées dans les professions dites « subalternes » et leurs salaires sont assez souvent inférieurs à ceux de leurs homologues masculins.

En outre, nous sommes assez souvent confrontés à des cas où des documents ou des statistiques de travail ne présentent pas de données désagrégées par sexe. Ce qui témoigne du manque de sensibilité de certains responsables par rapport aux questions de genre.

L’action de la société civile à Madagascar reste encore assez limitée. Elle se heurte notamment :

- au manque de coordination des activités et interventions dans le domaine  entraînant la dispersion des actions.- à l’absence d’un réel mouvement des femmes, amenant parfois la société civile à rester dans l’expectative et à ne pas assumer pleinement son rôle de partenaire d’exécution dans la mise en œuvre des politiques nationales pour la promotion de la femme.- à la non satisfaction des besoins en appuis techniques et financiers dans une politique plus large d’empowerment.- à l’absence d’un cadre organisationnel clair et concerté entre le Gouvernement et la société civile.

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La difficulté est immense parce que, justement, sur toutes ces questions, une mobilisation politique est indispensable car le combat féministe est un combat à la fois idéologique et social. Il est impossible de lui couper ses racines sociales. Il doit être intégré transversalement dans tous les domaines et toutes les questions devraient être abordées à travers la notion de genre. Pointer du doigt toutes les mesures sociales défavorables aux femmes est une bataille primordiale.

Le féminisme ne doit pas être l’affaire des mouvements féministes, ni des femmes uniquement. Le progrès serait effectif quand les hommes eux-mêmes oseront dire qu’ils sont aussi féministes.

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Noroarisoa S. RAVAOZANANY,Focus Development Association

[email protected]

Il n’existe pas de véritable mouvement féministe à Madagascar. A la place, on observe quatre caractéristiques des associations touchant aux intérêts des femmes. D’abord, il existe de nombreuses associations de femmes organisées autour d’activités génératrices de revenu, soit à partir des besoins immédiats auxquels les femmes sont confrontées : nourrir leur famille. Le contexte malgache est en effet, un contexte de pauvreté où la question de la survie se pose à une grande partie de la population. Ces groupements de femmes obéissent également à une structuration de type socioculturel. La séparation des hommes et des femmes en groupements distincts est en effet culturellement voulue. Les groupements mixtes, plus rares, existent, mais sont alors généralement dirigés par des hommes. Dans le cas des associations organisées autour des activités génératrices de revenu, le regroupement social des femmes s’organise autour d’une activité dite « féminine » soit, contribuer à assurer la subsistance de la famille. A ce niveau, le regroupement ne revêt aucun aspect « féministe » ou de genre. Il n’a qu’une dimension économique, ancrée dans le socioculturel. Les associations de ce type qui intègrent des questions de femmes, ne le font que sous l’action de formation, à l’instigation de projets ou programmes qui choisissent les activités génératrices de revenu comme « porte d’entrée » pour promouvoir un agenda de genre. Ce dernier est alors axé sur l’égalité des droits de la femme et de l’homme, conçu comme passant par une indépendance financière de la femme – indépendance toute relative puisque la femme doit le plus souvent en référer à l’homme pour l’utilisation des ressources du ménage, même si elles sont le fruit de son propre travail. Cette habitude qui est particulièrement marquée en zone rurale et dans les populations urbaines défavorisées demeure malheureusement présente dans toutes les couches sociales.

Ensuite, on trouve des associations axées sur l’égalité de genre, dont l’agenda est directement inspiré des conventions relatives aux droits humains. Ces associations sont le plus souvent composées de personnes extrêmement sensibilisées à la question de genre qui entretiennent des liens avec les universités où la réflexion sur les questions de genre existe, même si à l’état embryonnaire. Cette réflexion naissante dans les plus hautes sphères intellectuelles de la société malgache est ainsi une conséquence directe de ces mouvements. Ces associations ont également tendance à créer des liens avec les autres mouvements sociaux, tels les groupements professionnels ou les syndicats pour y intégrer leurs préoccupations, parce que conscientes du créneau que représentent ces mouvements pour l’application des droits humains. Ces associations forment, de par leur nombre, plusieurs réseaux organisés autour des questions de genre et droits humains. Mais ces réseaux restent limités en termes de couverture géographique et de pouvoir ou action, parce que se disputant le leadership. La conscience de groupe est en effet pour ainsi dire insuffisante chez la plupart des femmes. Celles-ci n’ont pas été socialisées en ce sens, et n’ont donc pas développé de conscience collective (versus individuelle) des droits des femmes. Cette absence de conscience collective est source, au sein même des associations censées promouvoir des droits collectifs, de rivalités, concurrence, conflits d’intérêts personnels et luttes d’influence. Cette conscience de groupe constitue pourtant un sine qua non pour la promotion des droits de la femme.

En outre, pour la majorité des associations, le genre renvoie à une catégorie sociale, celle des « pauvres » et des « riches  ou des « vieux » et des « jeunes » mais non des « hommes » et des « femmes ». C’est dire que la catégorie sociale des sexes est ôtée du concept de genre, reflétant un refus de reconnaître la réalité des questions de genre. Le genre est conçu comme

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un concept occidental, transposé à une culture où il ne s’applique pas. L’inégalité de genre à Madagascar est ainsi niée, pour une question de « valorisation » de la culture traditionnelle dès lors conçue comme « sans défaut ». La réalité à Madagascar est bien sûr très différente de celle des pays occidentaux. Mais la nature humaine est la même partout et les problèmes liés aux questions de genre se retrouvent malheureusement ici comme ailleurs. De plus, la mondialisation est une donne et la refuser serait une aberration. Partout dans le monde, elle est accompagnée de profonds changements sociaux en faveur d’une meilleure égalité entre femmes et hommes et Madagascar n’échappe pas à cette règle. Plutôt que de refuser cette réalité, il s’agit d’y faire face de façon judicieuse soit, appliquer les conventions relatives aux droits humains que le pays à librement ratifiées.

Enfin, à Madagascar, la grande majorité des associations se défendent d’être féministes. Le « féminisme » revêt en effet pour elles une connotation négative. Le concept est compris comme une lutte pour les intérêts des femmes mais « contre les hommes ». Pour ces associations, le concept de genre est alors un refuge : conscientes des inégalités de genre et désireuses de les corriger, elles refusent le « féminisme » qui, pour elles, s’identifie au sexisme, refusant davantage la terminologie que le concept. Le féminisme, parce que mal compris, est ainsi méprisé par des femmes comme par des hommes. Le genre qui inclut la dimension d’égalité entre homme et femme est mieux toléré. Cette réaction au féminisme est elle aussi directement liée à une réaction face à l’occident, censé importer des « luttes » entre les sexes dont le pays ne veut pas – il a déjà suffisamment de problèmes comme cela.

Face à ce bref constat, nous ne pouvons que recommander l’intégration des associations de femmes dans les structures leur offrant la possibilité de promouvoir leur agenda en formant un groupe d’influence. Il s’agit non plus de créer des liens mais d’intégrer les syndicats, les chambres des métiers, les chambres de commerce et de l’agriculture et des industries et les structures de développement économique, social et politique du niveau décentralisé. Cette intégration des associations de femmes à ces structures de développement ne peut que permettre une plus grande prise en compte des droits politiques, économiques et sociaux de la femme à des niveaux politiques, stratégiques, où elles ont peu accès. Ensuite, il s’agit également d’assurer l’intégration de l’ensemble des associations de femmes dans des réseaux opérationnels organisés autour d’une stratégie bien définie de promotion des droits des femmes à Madagascar. Car le plus grand défi qui reste à relever est la création d’un véritable mouvement de femmes et suffisamment fort qui puisse impulser des changements en rendant effective l’application des droits humains des femmes sur tout le territoire. Beaucoup reste sûrement à apprendre des expériences des autres pays.

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TROISIEME PARTIE

CONTRIBUTIONS RECUES SUR LE FORUM ELECTRONIQUE

www.genreenaction.net/spip.php?article6513

Attention !Ces contributions n’ont été ni revues ni corrigées. Nous les proposons ici telles qu’elles ont été postées sur le site.

Pelagie Yotchou (Cameroun)

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Quand je lis « pouvoir des mouvements sociaux », je pense directement à l’impact des activités menées par les organisations de la société civile (ONG, Clergé, Syndicats, Associations,...) sur les politiques d’un gouvernement ou d’une institution quelconque dans l’amélioration des conditions de vie d’un peuple donné face à une situation déplorée.

Pour l’Awid, je pense que ce thème implique une réflexion sur la participation et le rôle des femmes dans les mouvements sociaux pour revendiquer leurs intérêts et combattre pour une société plus juste dans laquelle la voix des femmes est prise en compte, dans laquelle la femme occupe des postes de responsabilité, dans laquelle la femmes n’est plus victime de discrimination, d’injustices sociales et toute autre forme de marginalisation.

Les femmes dans les mouvements sociaux doivent être très actives, elles doivent déjà prendre conscience qu’elles sont appelées désormais à prendre leur destin en main, à s’imposer dans la société. Le cadre des mouvements sociaux est idéal pour les femmes car c’est un univers où elle sont libres de s’exprimer et faire des revendications, des plaidoyers et des lobbying à travers les synergies et des réseaux d’associations mises en place par elles et dirigées par elles.

Les hommes ne laisseront jamais les femmes prendre le pouvoir, car ils sont orgueilleux. Les femmes doivent aller l’arracher avec conviction et vigueur dans le cadre des mouvements sociaux qui ont se pouvoir de faire entendre les voix des "sans voix".

1- Bien que représentant plus de 52% de la population mondiale, la participation des femmes est estimée à moins de 25% des adhérents des OSC. Et quand elles sont représentées, elles n’occupent que des postes sans importance. Or, on attendait que cette couche de la population puisse mieux contribuer à la mise sur pied d’une stratégie fiable pour l’édification de la société.

2- Les mouvements sociaux doivent œuvrer pour un meilleur équilibre dans l’égalité genre. Cette action ne peut avoir d’effet que si les femmes sont suffisamment représentées dans ces instances. Le nœud du problème est donc l’implication active des femmes dans l’éclosion des mouvements sociaux dans le but de mieux promouvoir les Droits et Devoirs de la femme.

3- Dans nos sociétés caractérisées par des taux de scolarisation très bas, il est évident de soulever la question du genre dans les mouvements sociaux car peu de femmes ont la faculté de participer ou d’accéder à certains cercles. A cela, il faut ajouter la mentalité qui prévaut dans ces sociétés. Il faut relever ici que la femme a toujours été considérée en Afrique comme un instrument de la procréation et dans cette optique, ses principales fonctions sont les travaux ménagers, d’où la réticence de certains hommes à laisser leurs femmes remplir les fonctions autres que les travaux ménagers quelque soit leur niveau d’étude. En dernier ressort, il est à noter que beaucoup de parents choisissent de manière arbitraire de laisser leurs enfants garçons aller à l’école pendant que les filles accompagnent leur maman dans les multiples travaux champêtres.

4- Aussi, beaucoup d’OSC sont masculines ou bien ne défend que les droits ou les intérêts de la couche masculine. Les OSC dirigés par les femmes ou œuvrant dans le secteur féminin ne représentant qu’une faible minorité de ses diversités d’OSC. A cela, il faut ajouter la mentalité des dirigeants, les uns et les coutumes spécifiques et propres à certaines régions, notamment : - La zone musulmane ou le sexe féminin ne peut pas subir le même traitement que le sexe masculin. Ici, le rôle de la femme est limité à la procréation, la scolarisation est limitée au strict minimum, les filles sont forcées d’aller au mariage à un âge très précoce.

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- Des hommes par souci d’orgueil refusant toutes postes de responsabilité ou de prise de décision chez la femme dans d’autres zones.

Génèse Empilo-Ngampio (Rép. du Congo - Brazzaville)

Les mouvements sociaux permettent :

- D’intégrer les questions liées au genre dans le processus de développement.  - De dépasser les simples aspirations de l’égalité des chances face au développement. - Favoriser une meilleure prise en compte des femmes dans les activités de développement.  - D’établir des indicateurs solides pour évaluer l’impact de l’équité homme-femme.- D’analyser le contexte dans lequel les femmes, les hommes et leurs organisations opèrent pour améliorer la prise en compte des aspects genre.- De mieux comprendre les conditions de vie des hommes, des femmes et de leurs organisations. - D’identifier les facteurs de vulnérabilité et de voir de quelle manière ils affectent leurs moyens d’existence.- Analyser les politiques, les institutions et processus qui ont le plus grand impact sur la vie des femmes et des hommes, ainsi que mettre en œuvre des stratégies pour y faire face.

Khadijetou Cheikh Ouedrago (Mauritanie)

Les définitions du genre et du féminisme et leurs différentes traductions en stratégies, approches et actions : exemples pris sur les projets de développement en Mauritanie et en Afrique Francophone de manière générale. J’ai choisi de faire cette application sur les projets de développement, parce qu’ils constituent une réponse matérielle aux revendications des mouvements associatifs.

La problématique genre traite des hommes et des femmes sans en être synonyme des uns ou des autres. Cette problématique vise à promouvoir l’équité entre les sexes dans le développement. La problématique genre, ne s’attache pas aux différences biologiques mais à la structure sociale et culturelle qui définit ce qu’un « homme » ou une « femme » sont dans une société donnée et un contexte déterminé. La définition de leurs rôles respectifs par une communauté se traduit par la division du travail fondée sur le sexe, c’est à dire sur les différences existant entre hommes et femmes sur le plan de leurs problèmes, besoins, priorités et solutions envisagées pour y répondre, de la participation et de l’accès aux ressources productives ainsi que des possibilités de développement.

La façon d’aborder la problématique hommes-femmes en Afrique francophone a suivi une évolution dans le temps. Au cours des années 90, il y a eu une évolution remarquable dans la conception et la stratégie des projets de manière générale. Au stade de l’exécution, les efforts de nombreux projets sont passés graduellement de « l’intégration des femmes dans le processus de développement » (FD) à l’optique « d’équité entre les sexes et développement (ED).

Alors que l’optique (FD) vise les femmes et est centrée sur des activités qui leur sont exclusivement destinées, les excluant ainsi des activités générales de développement (objectif

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principal des mouvements féministes), l’optique (ED) est plus complète et s’attaque aux relations entre hommes et femmes ainsi qu’à leurs différences, inégalités et similarités, et s’efforce d’offrir des solutions pour créer une société plus équitable. L’optique (ED) s’attache davantage aux relations sociales, économiques et politiques entre hommes et femmes, et s’efforce de corriger les inégalités éventuelles pour :

- Rendre ces relations plus équitables. - Améliorer l’accès des femmes aux possibilités de développement offertes par les projets.

L’optique (FD) quant à elle, cherche à associer les femmes aux activités de développement, mais oublie souvent d’étudier la façon dont elles participent déjà aux activités de reproduction et de production et aux travaux communautaires. Dans de nombreux projets, on a aussi abouti à créer de petites activités de production conçues expressément pour les femmes, au lieu de renforcer leur participation au processus principal de développement. Souvent, cette démarche a eu également pour effet d’accroître de façon démesurée leur charge de travail sans leur apporter en contrepartie des gains économiques et sociaux importants.

Vu au fil du temps et sous l’angle de l’intégration de la problématique hommes-femmes, les mouvements associatifs féminins peuvent se diviser en trois groupes :

  Les projets formulés dans les années 70 et 80, sans référence expresse aux hommes et aux femmes bénéficiaires ni stratégie pour répondre à leurs besoins différents. Les projets formulés dans les années 80 et au début des années 90, dans une optique FD et comprenant des ménages dirigés par une femme en tant que groupe distinct parmi le groupe cible. Les projets formulés dans les années 90 dans une optique ED. Outre la description du pays et de la zone du projet, ces projets contiennent des renseignements sur les inégalités existantes entre les sexes et s’efforcent d’inclure des éléments visant à y remédier dans les diverses composantes du projet.

Comme on l’a vu plus haut, les projets ont évolué dans leur démarche et leur stratégie pour prendre en compte la problématique hommes-femmes. Aujourd’hui, dans le portefeuille de la plupart des projets conçus dans une optique FD ont changé de perspective pour adopter une optique ED ou s’orientent dans cette voie.

Rebecca Fodop (Cameroun)

L’impact des mouvements sociaux sur l’égalité de genre pourrait se mesurer à deux niveaux positifs ou négatifs. La conférence de Beijing de 1995 qui a donné l’impulsion des mouvements sociaux avait pour but essentiel d’apporter un plus dans l’amélioration des conditions de vie des femmes au sein des mouvements sociaux, mais les préjugés des uns et des autres ont affaibli la volonté et la détermination des femmes d’évoluer au sein de ces mouvements dont on voyait une organisation de "débauche" pour les femmes en Afrique surtout.

Les mouvements sociaux ont permis à la femme d’avoir une confiance en soi d’abord, puis un épanouissement du fait de la complémentarité des idées, des attitudes et même des aptitudes. A cet effet, grâce aux mouvements sociaux, la femme est amenée à apprendre et comprendre tous les méandres du concept de l’inégalité de genre. Ex : la femme est mieux outillée sur la

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manière dont elle doit aborder le concept avec l’homme en privilégiant l’approche de complémentarité et non de conflit. Ainsi grâce à cette atmosphère, certains hommes se sont engagés à soutenir les femmes dans leurs actions de participation à la vie de la nation et à la vie familiale. Le fait d’appartenir à ces mouvements, pour la femme, lui a permis de bénéficier des avantages de la solidarité et de la mutualité à travers les tontines et les petits prêts au sein des réunions, soit directement à travers les ressources internes, soit par l’intermédiaire des mécanismes des micro-crédits, dont l’accès est favorisé par l’appartenance aux mouvements sociaux. A travers ces ressources, la femme peut au côté de l’homme participer à la gestion de la famille et de la société. Grâce aux mouvements et aux avantages liés à l’appartenance de la femme à ces mouvements, cette dernière a accès aux moyens lui permettant d’avoir des connaissances et des revenus stables durables et qui valorisent son statut de mère, d’épouse et de citoyenne à part entière.

Timack Charles Bertin (Cameroun)

Parlant du genre, du féminisme et des mouvements sociaux en Afrique, je dois dire qu’il y a une clarification conceptuelle à faire. Il convient non seulement de distinguer le genre du féminisme mais aussi et surtout décrire les mouvements sociaux sous le prisme du genre et du féminisme.

Sur ce, on peut construire une réflexion à un triple niveau.

1/ L’initiative et la conduite des mouvements sociaux prenant l’exemple sur quelques mouvements sociaux bien connus, on peu observer le rôle des femmes et leur niveau d’engagement.

2/ Le discours des mouvements sociaux quels sont les messages véhiculés par les mouvements sociaux et sur quoi portent-ils ?

3/ L’impact des mouvements sociaux sur les conditions de vie des femmes. Finalement, tel que les mouvements sociaux observés à partir des exemples concrets, on peut mesurer leur impact sur les conditions de vue des femmes ? Analyser et faire des suggestions.

Fodi Halima (Niger)

Je crois que les mouvements des femmes en Afrique ne sont pas différents selon qu’ils opèrent en milieu français, anglais ou lusophone. S’ils le sont c’est à quelques variantes près, même si je ne sais pas très bien comment cela se passe en milieu non francophone.

Je pense que ces mouvements sont plus influencés par l’histoire et la culture de la localité. En effet, ils s’attaquent à un ordre établi, alors les outils, les stratégies s’adaptent à l’adversaire qui est cet ordre qui empêche l’instauration de celui qui est nouvellement prôné.

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Par exemple, lorsque les populations disent que les droits de la femme à l’instruction sont contre la religion musulmane, nous formons des équipes en incluant un ou deux marabouts qui lisent des passages du Coran sur l’importance de l’éducation et explique durant la sensibilisation.

Mariam Liehoun (Burkina Faso)

Pour moi, les mouvements de femmes en Afrique présentent des similitudes mais également des différences. Similitudes parce qu’ils portent sur des revendications relatives à l’amélioration du statut de la femme sous tous ses aspects : politique, économique, socio-culturel, juridique, sanitaire, etc.

Différences parce qu’évoluant dans des environnements politique, économique, socioculturels différents. A ce niveau, les différences sont intra linguistiques et inter linguistiques.

Par exemple, au Bénin, les hommes font la cuisine alors qu’au Burkina il est inconcevable que l’homme fasse du tô, d’ailleurs l’homme a peur de la palette qui aurait un effet négatif sur sa sexualité. Le féminisme repose sur des fondements sexistes, catégoriels alors que le genre est essentiellement social prenant en compte des intérêts plus généraux. Ces fondements ont une influence sur les rapports avec d’autres mouvements sociaux du point de vue entre autres de :

 - la stratégie d’approche. - la définition et la prise en compte des priorités. - l’adhésion aux activités. - la définition des indicateurs. - l’implication dans les processus de politiques publiques.

Dora Sende (Cameroun)

Genre, féminisme, à mon avis constituent une même famille dans les mouvements sociaux, mais chacun évoluant dans son contexte selon les objectifs fixés et tous opérant selon le mode des règles et lois des pays concernés. Les problèmes liés aux femmes sont similaires quelle que soit la langue. Toutefois, il existe une différence dans la conception du militantisme de chaque groupe ; le féminisme est un terme spécifiquement lié au sexe, et l’on a toujours considéré le concept "féminisme" comme un élément de revendication radicale pour imposer un contexte obligatoire sur l’intégration de la femme dans le processus du développement. En réalité, la cause du féminisme est noble puisqu’aujourd’hui, il faut militer pour une durabilité sur les droits de la femme pour les générations futures. Le "genre" n’est pas synonyme du

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féminisme, le genre prône pour une égalité hommes-femmes dans tous les domaines des actes de la société et vise à la satisfaction de tous. Son objectif est axé surtout sur les problèmes de la participation et l’autonomisation des femmes. Le genre traite généralement des problèmes de considération, du respect, de l’élimination et de la discrimination à l’égard des femmes.

La base de tous ces groupements a un seul dénominateur commun : la protection, la défense des droits de la femme et l’amélioration des conditions de vie de celle-ci sur tous les aspects socio-économiques, politico-culturels.

Mama Adama Keita (Guinée)

Les femmes s’organisent de plus en plus pour la défense de leurs droits. Depuis la conférence de Beijing en Chine, plusieurs formes d’organisations de femmes sont nées. En Guinée, de plus en plus de femmes vivant en milieu rural ou urbain se regroupent en associations pour faire entendre leur voix. Tout cela se concrétise par l’adaptation ou la formulation de politique d’appui à l’aspect Genre et à la décentralisation. Même si la tradition pèse encore lourdement dans les coutumes, des évolutions positives sont notables dans la prise de conscience nationale (interdiction de l’excision, garde des enfants en cas de divorce, scolarisation soutenue de la jeune fille, etc).

Ndoya KANE (Sénégal)

Un mouvement social, nous pouvons le définir comme étant une mobilisation collective après une prise de conscience pour lutter pour un changement beaucoup plus profitable. Nous ne pouvons parler de « Mouvement Social » sans nous pencher un peu en arrière sur l’histoire.

En effet, la lutte des classes aura retenu notre attention en tant que mobilisation qui a amené des changements notables du point de vu social dans les conditions de travail des ouvriers. En mettant en rapport « Mouvement Social » et AWID, nous pensons automatiquement organisation des femmes, et le pouvoir, celle qui a proposé la réflexion a vu juste car le pouvoir, nous l’avons surtout si nous nous unissons ce que souligne Christiane Marty dans Altermondialisme et Féminisme du 25 juillet 08 « Un certain nombre d’expériences existent dans différents endroits, qui témoignent de la capacité d’organisations féministes d’une part à créer une prise de conscience collective des oppressions multiples (classe, genre,…), d’autre part à remettre en cause les mécanismes de pouvoir d’autre part à remettre en cause les mécanismes de pouvoir et les modes de décisions ».

Comme exemple, nous pouvons aussi citer : 1970 : Le Percy Amendement, qui fait obligation à l’USAID d’inclure les femmes dans les programmes d’aide au développement, le droit de vote des femmes, la Convention sur l’Elimination des Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF), l’accès des femmes au pouvoir de décision, sur le plan professionnel des acquis sociaux qui témoignent du rôle des femmes en tant que syndicalistes : Congé de maternité payé, la grossesse comme n’étant pas un obstacle à l’emploi et motif de licenciement, à travail égal, salaire égal, les mesures sur le harcèlements sexuel.

Aussi dans les pays du sud où la culture peut être un outil d’oppression, les femmes prennent conscience que leur corps est le lieu de perpétuation des cultures douloureuses, je veux parler

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des Mutilations Génitales Féminines, des mariages précoces qui continue de se faire toujours surtout dans la clandestinité, du tatouage du menton qui n’existe presque plus au Sénégal. Sur le plan juridique, des acquis importants sont aussi à noter : Modification de l’Art 277 du Code de la Famille au Sénégal qui substitut l’Autorité Parentale à la puissance paternelle qui permet à la femme salariée de prendre en charge son enfant ou son mari malade si ce dernier n’a pas les moyen de le faire, la loi adoptée récemment par l’Assemblée nationale sénégalaise sur l’alourdissement des peines de viol sur mineure ; le projet de loi sur la parité à l’Assemblée nationale sénégalaise, la Stratégie Nationale pour l’Equité et l’Egalité de Genre qui s’étale sur la période 2005-2015 qui a pris effet en janvier 2008 ; la loi d’orientation agro-sylvo pastorale de juin 2004, la loi sur le domaine national de 1964 qui ont été adoptées pour garantir l’égalité homme/femme en matière de tenure foncière. Toutes ces lois ou projets de loi sont des acquis pour les femmes même si elles demeurent timides dans leur mise en œuvre. Tous ces acquis montrent la puissance des organisations de femmes et beaucoup de choses restent à faire surtout dans nos pays du sud. Nous espérons que le forum AWID 2008 constituera un moteur important pour la propulsion d’autres projections pour d’autres acquis.

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