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Le Numéro : 20 Centimes, Samedi 7 Novembre 1908. 1. Première Année. VILLE DE R A N C BliïLIOTIIf.QliE Novembre 1918 NOS EDILES M. Ludovic BEAUCHET, Maire de Nancy Professeur à la Faculté de Droit

VILLE DE R A N C BliïLIOTIIf.QliE N° 1. — Première … · Le Cri de Nancy est en vente chez tous les Libraires, dans les Dépo centraux de journaux, dans les Bureaux de Tabacs,

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Le Numéro : 20 Centimes,

Samedi 7 Novembre 1908.

N° 1. — Première Année.

VILLE DE R A N C

BliïLIOTIIf.QliE

Novembre 1918

NOS EDILES

M. Ludovic BEAUCHET, Maire de Nancy

Professeur à la Faculté de Droit

lui-même ne lit plus que le Cri de Nancy.

Le Cri de NaqcyGazette bi-mensuelle illustrée, Humoristique et Littéraire,

absolument indépendante.

Paraissant lés 1" et 3' Samedis de chaque Mois

Rédaction et Administration :

Bureaux de l'Imprimerie A. CRÉPIN-LEBLOND, Passage' du Casino, Nancy

Abonnements

Nancy, Départements et Paris ..... 24 Numéros

Etranger et Colonies —

Tt francs

9 francs

Rédaction. — Les Correspondants sont priés d'adresser leurs

communications à M. le Rédacteur en chef du Cri de Nancy, imprimerie

A. CRÉPIN-LEBLOND, Passsage du Casino, à Nancy.

Administration. — Les abonnés sont priés d'envoyer les man-

dats-poste ou espèces, montant de leur abonnement, à M. Ch. MAIRE,

Gérant du Cri de Nancy, même adresse.

Service de la Publicité. — Les Maisons désireuses de faire

appel ù l'excellente publicité du Cri de. Nancy, sont invitées à exprimer

le désir de recevoir 1G visite d'un des administrateurs, qui se mettra

immédiatement en relation avec: elles.

l T n spécimen gratuit est envoyé sur demande.

Le Cri de Nancy est en vente chez tous les Libraires, dans les Dépo

centraux de journaux, dans les Bureaux de Tabacs, dans les Kiosques,

dans les Bibliothèques de la Gare et sera crié dans les rues par un

vendeur spécial, vêtu de rouge et coiffé de la casquette jaune et rouge

du Cri de Nancy.

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de la région de l'Est

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MOT ut FHOCRAMMNOTRE PREMIER CRI

L'Erçterçte Frarçco FrançaiseDes l'apparition de ses affiches. Le Cri de

Nancy a été accueilli avec beaucoup de bienveil-

lance par ses confrères de la Pressé Nancéienne

el leur adresse ses bien vifs remerciements.

Il est bon, il est normal que les jeunes aient

le désir de voler de leurs propres ailes., mais il

faut qu'ils fassent souvent appel aux concours

de leurs aînés.

Le Cri de Nancy a déclaré sur ses affiches

rouges et jaunes qu'il saurait tout et dirait pres-

que tout : c'est plutôt une ironique outrecui-

dance qu'une épée de Damoclès perfide et les

simples d'esprit qui s'affolaient peuvent dormir

sur leurs deux oreilles.

Le Cri de Nancy veut uniquement prendre

une part réelle à la vie de Nancy, critiquer les

pouvoirs publics, les initiatives officielles sou-

vent malhabiles et paresseuses, défendre les

citoyens isolés, les individus.

Le Cri de Nancy estime que Nancy peut être

fiére de ses personnalités artistiques, littéraires,

scientifiques, économiques, de son barreau, de

sa digne aristocratie, de sa bourgeoisie intelli-

gente.

Mais Le Cri regrette que les pouvoirs publics,

quels qu'ils soient, tous originaires de ces classes

dirigeantes, ignorent encore trop ces activités

indispensables de la vie moderne française : les

commerçants de toutes sortes, patrons ou

employés, les détaillants, les boutiquiers. Ces

tailleurs, ces bottiers, ces bouchers, ces cafetiers,

ces épiciers un peu négligés par une société

(souvent fille ou petite-fille elle-même de boni

quiers), se modernisent, s'instruisent de plus e

plus, acquièrent une culture, prennent désoi

mais conscience de leurs droits et de leur-

devoirs dans la Cité.

Le Cri de Nancy -s'efforcera de concilier ces

deux tendances contradictoires en apparence

la culture intellectuelle et le sens pratique <

ouvrira ses colonnes aux plus délicates création

des poètes et aux chroniques les plus . « terre-â

terre ».

Le Cri de Nancy, avec ses idées jeunes,

neuves, dégagées du réseau des préjugés, hé

peut entendre, sans un sourire, parler sans ces?

de l'Alliance Franco-Russe, de l'Entente Cordial*

Franco-Anglaise,, du rapprochement Franco-

Espagnol : nous avons d'abord besoin en France

d'une Entente Franco-Française.

A Nancy, dans notre Lorraine riche et féconde,

ouverte à toutes les énergies, province d'avenh

nous devrions mieux comprendre la sottise de

nos divisions, les mesquineries denospolém

, ques, l'odieux de nos haines.

Républicains, roj'alistes, radicaux, bona-

partistes, socialistes, tout en n'abdiquant" au-

cune de leurs idées, pourraient voisiner davai

tage, chercher des points de contact et contr:

hueraient ainsi à fortifier cette Trêve , i

établir cette Entente Franco - Française i

nécessaire chez un peuple, pauvre en nais-

sances, exposé aux appétits extérieurs.

Nos lecteurs, après ces considérations philoso

phiques, vont maintenant nous dire : « Tout

cela est bien, mais c'est peu divertissant ».

C'est précisément pour tempérer cette atmes-

Le Cri de Nancy

phère un peu lourde que Le Cri de Nancy veut

laisser libre cours aux ondes rafraîchissantes

des ironies, des anecdotes gaies et donner par ses

caricatures et ses charges une image 'exacte des

grands et menus faits nancéiens, des divers

milieux.

L'Exposition de Nancy de 1909, qui sera l'une

îles plus belles manifestations de la vitalité lor-

raine, nous procurera, cet été, de curieux arti-

cles et de fort intéressants clichés.

Le Cri de Nancy, courtois humoriste, amusera

sans blesser personne et fait, dés aujourd'hui,

appel à la collaboration précieuse, par la plume

et le pinceau, de tous ses concitoyens.

LE CRI DE NANCY.

NOS GRAVURES

M. Eugène WeissDirecteur de la Compagnie des Chemins de fer

de l'Est.

La Société Industrielle de l'Est, ce puissant

organisme économique de notre région, vient

d'avoir l'heureuse idée d'offrir la présidence de

sa Distribution solennelle de récompenses aux

travailleurs du commerce et de l'industrie à

l'éminent directeur de la Compagnie des Che-

mins de fer de l'Est, M. Eugène Weiss.

M. Eugène Weiss, frère du sympathique pro-

fesseur à la Faculté de Médecine de Nancy, M. le

docteur Th. Weiss, fit ses études à Strasbourg

et, après avoir été brillant polytechnicien devint

ingénieur des Ponts-et-Chaussées.

M. Eugène Weiss restapeu de temps dans cette

administration : il fut appelé à la Compagnie des

Chemins de fer de -l'Est comme ingénieur, fut

ensuite nommé sous-directeur et à la mort dé

M. Barabant obtint le haut poste de Directeur.

Officier de la Légion d'honneur depuis quel-

ques années, M. Eugène Weiss a merveilleuse-

ment compris le double rôle dé la Compagnie de

l'Est : développer le trafic intense dans nos riches

régions minières, maintenir rigoureusement et

améliorer notre réseau de lignes de mobilisation

dans l'Est, cuirasse de la patrie.

M. Eugène Weiss, grand, d'une sveltesse ner-

veuse, possède les qualités alsaciennes, de sang-

froid et de bon sens qui manquent parfois à nos

administrateurs parisiens : c'est un directeur

énergique, infiniment juste, une sorte de général

des Chemins de fer, alliant à l'ampleur des

concepts la décision dans l'exécution.

C'est enfin un grand travailleur modeste, qui

saura parler, comme il convient, aux dignes

collaborateurs de lTndustrie lorraine.

M. K.

NOS CHARGES

Qod save our gracious Ludovicum

Beauchet!« Dieu sauve notre gracieux Ludovic Beau-

chet ! « Telle est la prière que feront désormais

les membres du Conseil municipal de Nancy,

quand ils auront aperçu leur gracieux souverain

en costume de Lord-Mayor.

Nancy recevra en 1909 le Lord-Mayor de

Londres, et différents majrors d'autres villes

anglaises, de Cantorbery, d'Oxford, etc.

Il fallait à notre premier magistrat urbain

un uniforme digne deNancyet.de ses illustres

visiteurs. Le Conseil municipal tint alors une

réunion secrète : Me Georges Boulay, arbitre

des élégances (comme le diten latin le distingué

M. A. Collignon), M. Octave Elie, M. le comte

RobertO'Gorman eLM« Robert Grante,convoqués

spécialement pour défendre la motion, furent

successivement entendus et approuvèrent tous

le projet.

M. Louis Marin, le sympathique député de

Nancy, venu pour combattre la motion, essaya

de proposer l 'adoption par le maire d'un complet

bleu marin, au veston très court avec haute fente

Le Cri de Nancy 5

médiane et d'un chapeau de paille forme cano-

tier. (Références : 6 A 2.450, 1901).

La moitié du Conseil municipal, formé de gens

simples et peu dépensiers, admit avec joie la

proposition Marin, quand, l'arrivée violente de

l'élégant secrétaire particulier de M. Marin,

M c Georges Dinago, changea la face des

choses.

Me Dinago, après avoir consulté l'heure à sa

montre-bracelet et lissé coquettement ses mèches

calamistrées, célébra la splendeur du costume

de Lord-Mayor et, retirant ses deux lourdes

bagues, les jeta dans le plateau de la balance.

Les partisans de la motion Marin, ahuris par

la vive opposition faite au dévoué, mais trop

démocrate député par son propre secrétaire,

firent, comme Joseph avec Madame Putiphar et

se laissèrent arracher le Manteau de Gala.

Nancy peut être fière, car son maire a désor-

mais une pourpre municipalice.

SHERLOCK HOLMES.

NOS GRAVURES

La Boi}T)e Besogrje

Française à l'Etranger.

Louis MADELIN

Docteur ès lettres, Agrégé de l'Université.

En septembre dernier, notre concitoyen le dé-

voué vice-président du comité de l'Alliance fran-

çaise de Nancy, L. Lespine, nos amis Ch. Sa-

doul, rédacteur en chef du Pays Lorrain, Pierre

Braun et Léon Bernardin, délégué de l'Alliance

française d'Epinal faisaient acclamer la Lorraine

au Congrès francophile d'Arlon, en Belgique et

à Luxembourg,tandis que le Comité Franco-Bri-

tannique de Lorraine, sur l'initiative de son

secrétaire général Marcel Knecht, accomplis-

sait à Londres de l'excellente besogne française,

et y conduisaient en trois excursions successives

mille Nancéiens et Lorrains, accompagnés de

MM. Beauchet, Vilgrain, Laffitte et de leurs

corps municipaux et commerciaux. Presque si-

multanément notre concitoyen M. Adrien-Didion,

et notre ami Désiré Ferry maintenaient avec

Prague et lès Tchèques les bonnes relations.

•L'Université de Nancy» sous l'impulsion de

M. Ch. Adam, recteur, accueillait avec empresse-

ment en 1907 le professeur Archibald Cary

Coolidge, en 1908 le professeur Baker, venus

pour prendre contact avec la Lorraine et nous

parler des Etats-Unis.

Il faut que la France et que notre Lorraine,

l'une de ses belles provinces rayonnent de plus

en plus dans les pays anglo-saxons, slaves, la-

tins, et préparent les ententes fécondes en résul-

tats moraux et matériels.

Aussi le Cri de Nancy félicite très sincè-

rement Y Union Règionaliste Lorraine, ce

groupement nécessaire, fondé avec intelligence

par notre ami Charles Berlet, son secrétaire gé-

néral, d'avoir demandé à réminent écrivain et

historien lorrain Louis Madelin de faire à Nancy,

le samedi 11 novembre, à cinq heures dans les

salons de l'Hôtel de Ville, une conférence sur

ses IMPRESSIONS D'AMÉRIQUE.

Louis Madelin, ancien élève de l'Université de

Nancy, des Krantz, des Pfister, des Diehl, des

Auerbach, professeur agrégé des lettres, auteur

d'un beau livre sur Fouché, des Croquis lorrains,

etc., revient d'une tournée de conférences en

Amérique, organisée par lapuiss-ànte Fédération

de l'Alliance française aux .Etats-Unis était

Canada, fondée par le grand ami de la France^

le spirituel et séduisant Mécène, James II. Hyde.

Le Cri de Nancy invite tout particulièrement

ses lecteurs et lectrices à assister à cette confé-

rence et au banquet qui sera offert à L. Madelin

par l'Union Règionaliste et le Couarail, A cadé-

mie Lorraine à 7 heures du soir, chez Walter.

LE CItï DE PARIS

Notre grand confrère parisien, .Le Cri de Paris,continue à être l'un des journaux les plus déli-cieusement rosses de France: ses x^chos, écritsdans un style nerveux, relatent avec une simpli-cité spirituelle, lés dessous des cours et desmilieux sociaux.

Sa parfaite tenue littéraire, sa documentationoriginale donnent au Cri de Paris une allurefinement parisienne.

Le Cri de Paris paraît tous les samedis.

Le Cri de Nancy

BUCOLIQUES

M. Albert Papelier

Ancien Député, Président de la Société Centrale

d'Agriculture et de la Fédération des Sociétés

Agricoles du Nord-Est, Membre de la Chambre

de Commerce de Nancy .

Quand il naquit, on l'appela Albert : il eut été

peut être un autre Prince Albert, si son répu-

blicanisme eût été moins sincère.

Admissible à Saint-Gyr en 1865, il eut certai-

nement embrassé la carrière des armes et serait

■probablement général de corps d'armée ou mi-

nistre de la guerre, si une maladie très grave ne

l'avait porté vers les études de droit. Il entra

i insuite dans les affaires : excellent négociant en

légumes secs, il créa la fameuse chanson :

(i Ah ! les P'tits Pois ! les P'tits Pois ! les

P'tits Pois ! » et, à la fois par sa gaîtô et par

ses compétences économiques, entra dans la

houle électorale.

Quand Gabriel était député boulangiste, le

républicain de gouvernement Albert Papelier

Ht campagne contre lui et. dans une réunion

publique à Pont-Saint-Vincent, attaqua le socia-

lisme dictatorial de Gabriel en disant aux

ouvriers : « Travailleurs, repoussez les utopies

socialistes et cherchez le bien-être, le confor-

table dans vos habitations : ayez un jardin, des

lapins et surtout des cochons. »

Le lendemain, la presse boulangiste de Nancy

publiait sur les placards de ses crieurs, la men-

tion : Le Cochon Papelier !

La phrase était dure, mais drôle et obtint un

certain succès.

Trois jours plus tard, le Directeur d'une des

plus importantes industries chimiques de notre

département offrait à ses ouvriers de faire

construire gratuitement un réduit à porcs pour

tous ceux qui en feraient l'élevage et de leur

acheter la viande pour sa Coopérative.

300 ouvriers acceptèrent immédiatement. Le

« Cochon Papelier » devenait ainsi populaire et

entrait alors à la Chambre des députés, où il

défendait avec succès lapolitique protectionniste

et les intérêts agricoles.

\ la Société Centrale d'Agriculture, dont il fui

contre le maïs américain, le manioc mulâtre et

la redoutable fièvre aphteuse, Membre de la

Chambre de Commerce de Nancy et du Comité

consultatif des Chemins de fer, M. Fapelier s'oc-

cupe avec fruit de nombreuses questions doua-

nières et commerciales et fonda la Pvévoyanfe

Nancéienne, société d'étroite mutualité.

Les grues, les canaux silhouettés par notre

caricaturiste rappellent son activité et son intérêt

pour les Docks, entrepôts et transports par eau.

Orateur familier, cédant parfois à la magie

perfide des mots énergiques, M. Papelier lit

une première fois, du joli village d'ilaroué le

lieu d'un assaut de canne et boxe et une seconde

fois, cette année, une boîte aux lettres pour cartes

de visites échangées, et procès-verbal de ren-

contre.

Vive Mossieu Papéliy !

VIRGILE.

Paysages industriels W

Clartés lorraines.

Lorraine au sol puissant, pays des forges rouges,

Poudrant d'ors fabuleux les palais ou tes bouges,

Tu resplendis, lueur d'un gigantesque enfer,

Dont la pourpre arrondit les nuages de l'air.

L'enclume, le marteau, le rabot et la gouge

Tirent leur dur métal de ce flamboiement clair.

Une eau longe le pied des fours chargés d'éclairs,

Et la flamme qui danse a des reflets qui bougent...

...Plus loin, vers les coteaux où le vignoble dort

S'estompe, presque noir, sous cet horizon d'or

Le tapis onduleux dos paisibles verdures.

, Lorraine, ton symbole est dansée feu d'enfer :

Garde fidèlement la noblesse du fer

Pour ta défense, avec l'or des nuits pour parure !

RENÉ D'AVRIL.

(1) Ce sonnet est le premier d'une série de piècesde vers que notre distingué collaborateur se propose deconsacrer aux beautés pittoresques que les industries lor-raines : la sidérurgie, la verrerie, la meunerie, les salines,les tissages, etc.. sont susceptibles d'évoquer dans les âmesmodernes.

La nouveauté de celte conception ne peut manquer deséduire nos lecteurs, heureux de pouvoir suivre dans Le Cri

de Nancy, le panorama des Paysages industriels qui doiventy paraître intégralement.

Le talent reconnu d'écrivain du Directeur du Couarail etle don, qu'il a, de fixer les sensations les plus fuyantes par

des images précises, nous est d'ailleurs un sur garant dusuccès de ses poèmes.

N. D. L. R.

Un vif merci du Cri de Nancy à notre excel-

lent ami et confrère Ed. Equoy, Rédacteur en

chef de Y Echo de Nancy, qui a bien voulu nous

I er certains clichés.

Le Cri de Nancy

Après les affaires sérieuses, la Chambre de Commerce et son invité le Préfet, M. Bonnet,

riaient le 2 juin 1908, à Auboué et à Mont-St-Martin.

On ne dira plus : « triste comme un bonnet de nuit ! ».

Cliché Bellieni.

A LA CHAMBRE DE COMMERCE DE NANCY

Les petits cadeaux entretiennent l'amitié.

La Chambre de Commerce de Nancy, qui fut

fêtée à Londres, lors de la brillante Grande

Semaine Lorraine, par le Lord-Mayor et par la

Chambre de Commerce Française, va faire deux

jolis gestes de souvenir, en envoyant à la Cham-

bre de Commerce de Londres un beau Gallé et

au Lord-Mayor un Daum exquis, tous deux évo-

quant l'heureuse entente anglo-lorraine.

Les Nancéiens seront heureux d'admirer pro-

chainement ces deux œuvres d'art chez Couïeru-

Dannreuther et chez Majorelle.

Les W.-C. et la Révolution Jeune-Turque.

Près du hall harmonieux de la Bourse du'

Commerce, apparaissent dans l'ombre les indis-

pensables W.-C. construits sans sièges, d'une

simplicité démocratique.

Ces W.-C. Spartiates sont intitulés;,. nous achu-.

choté une éminente personnalité de la Chambre,

de W.-C. « à la Turque ».

C'est à douter des progrès de la civilisation

jeune-turque !

M0

A la F. C. N.

Les visites officielles.

La vigoureuse Fédération des Commerçants

de Nancy s'organise déjà pour développer

encore son influence utile.

Le Cri de Nancy engage instamment la

F. C. N. à commencer d'urgence une campagne

incessante en faveur du rétablissement des

visites officielles, que l'excuse insuffisante des

divisions politiques supprime chaque année.

La F. C. N. doit faire tant et si bien qu'elle

obtienne gain de cause.

Le Cri de Nancy lui ouvre volontiers ses

coloni . l il ï

rge du

ii

8. Le Cri de Nancy

ECHOS & POTINS

La langue de M. Niessen fourcha à Noisseville.

A l'inauguration du beau monument de Nois-

seville, M. Niessen, le dévoué et débordant

secrétaire général du « Souvenir Français », prit

amplement la parole, et, après avoir détaillé

consciencieusement les mâchoires fracassées, les

jambes tranchées, les bustes fauchés des morts

de 187Ô, s'écria à peu près en ces termes : « Ren-

dons ici un suprême hommage à ce noble prélat

patriote qui aima porter secours à nos soldats, à

Mgr Dupanloup, vénéré évêque de Metz »

La langue éloquente de M. Niessen venait,

hélas ! de fourcher : Mgr Dupanloup se substi-

tuait insidieusement à Mgr Dupont des Loges.

Le comte Zeppelin, cet habile diplomate,

chargé par son impérial maître de sonder les

reins français à Noisseville et d'en extraire les

moindres pierres de revanche au cri de : Vive

la France ! adressa à M. Niessen un sourire béat

et reconnaissant.

M. Niessen venait de faire une politesse au

comte Zeppelin en évoquant Mgr Dupanloup. Le

plus petit pioupiou de France sait la chanson

de route : L'Père Dupanloup monte en ballon.

ELnous savons tous que le sémillant Comte Zep-

pelin (de Metz) est [parent de l'Autre, du- trou-

veur de dirigeables.

S. H.

Les Escargots de M. Brisson

Directeur des Postes.

Les lycéens élèvent des vers à soie, M. Cle-

menceau élève des paons hautains, M . Brisson,

notre aimable Directeur des Postes, élève des

escargots. 11 les reçoit tout jeunes des coteaux

de Bourgogne et les élève avec amour dans une

pièce spéciale de~son Hôtel : il les initie aux dou-

ceurs du bridge et, quand ce jeu les lasse, les

fait cuire et les mange avec appétit.

Ces escargots ne sont autres que les modestes

et humbles réformes postales, que les Nancéiens

réclament instamment, que M. Brisson promet

et souhaite avec ardeur et que l'A-d-m-i-nis-tra-

tion Parisienne retarde toujours.

Malgré les efforts louables du receveur du

Bureau de Poste de la Gare et de ses actifs

collaborateurs, le public trouve ce bureau de

plus en plus exigu, encombré, absolument insuf-

fisant.

Voici que la Banque de la Société Nancéienne,

la Banque Renauld installent leurs hôtels près de

la Gare et se préparent à envoyer fréquemment

leurs encaisseurs au Bureau de la Gare. Voici

que la fièvre des travaux de l'Exposition amène

déjà à Nancy, autour de la place Thiers un Ilot

incessant de gens d'affaires, qui gémissent sur

la petitesse ridicule de ce Bureau.

Et, pendant que les Nancéiens et les étrangers

s'impatientent devant les guichets assiégés, le

lourd véhicule des Postes attelé d'un, cheval

fatigué fait lentement la navette entre la Grande

Poste et la Gare.

La boîte aux lettres du bureau de tabac du

Point-Central continue à être presque invisible

au ras du sol, tandis que les boîtes spéciales aux

imprimés et aux papiers d'affaires se font encore

attendre dans les quartiers principaux.

De grâce, M. Brisson, n'acceptez plus de Paris

un tel élevage d'escargots: occupez-vous plutôt

de zèbres et de sloughis : ces animaux filent

comme le vent d'hiver et feraient bien mieux

notre affaire.

S. H.

Le Cri d<

A LIIOTEL-DE-VÏLLE

Water-Closets, Latrines et Commo-dités.

Après une longue enquête surplace, la Com-

mission d'Hygiène du « Cri de Nancy » a décou-

vert qu'il existait à l'Hôtel de Ville -de Nancy

trois sortes de.... commodités : 1° au premier

étage un water-closet utilisé par les seuls Maire

et Adjoints ; 2° dans le grand salon deux water-

closets ; 3° dans un bâtiment annexe de la cour

un urinoir et quatre cabinets.

Passons sous silence le W.-C. officiel que nous

supposons orné des emblèmes lorrains et sur-

monté de l'inscription : Qui s'y frotte s'y pique.

Les deux vvater-closets du grand salon sont

destinés aux sexes faible et fort à l'occasion des

fêtes de gala ou des bals : en toute logique et

surtout en toute politesse, il est inadmissible que

pendant ces soirées de fortes cohues, des hommes

bien élevés se permettent de faire intrusion dans

ces buen-retiros. Les habits noirs en sont triste-

ment réduits à descendre le grand escalier,

souvent glacial, à sortir à droite dans la cour et

à la traverser, trempés de pluie ou gelés, pour

atteindre les quatre cabinets malodorants et

misérables, éclairés par un clignotant bec de

gaz. Ce réduit, sombre même en plein jour,

communique avec la cour par une porte indes-

criptible I Ce sont ces cabinets, qui sont le pri-

vilège, non seulement des joyeux valseurs des

Bals 'de Bienfaisance, mais encore de nos dé-

voués et si laborieux employés municipaux des

divers bureaux.

Beaucoup d'entre eux, interrogés par notre

Commission d'enquête, avouent pouvoir, grâce à

un long et douloureux entraînement, boycotter

totalement pendant des demi-j ournées complètes,

ce foyer d'épidémies, de grippes et de fluxions

de poitrine.

Nancy la Belle, Nancy la Coquette, ne songe

qu'à recevoir de hauts personnages dans les

somptueux salons de son Palais Municipal. C'est

parfait ! Mais le Lord-Mayor ne viendra pas, si

vous n'avez pas de vrater-closets à l'anglaise,

Messieurs les Ediles ! S. H.

Toute personne soucieuse de ses intérêts nedoit contracter aucune assurance sur la Vie,aucune assurance Dotale, aucune Rente Viagère,sans consulter les tarifs de la Norioich-Union,fondée en 1808, la plus ancienne, la plus impor-tante Compagnie anglaise d' vc Assurances sur laVie ». Fonds de garantie pour : Assurances,163 millions; Rentes Viagères, 22^millions.

M. PETITCOLLOT, inspecteur 'général pourMeurthe-et-Moselle et Vosges, 51, rue de Stras-bourg, Nancy. — Téléphone 5.99.

Nancy 9

NOTRE FEUILLETON

Le roi Stanislas à l'Exposition

de Nancy.

Las d'ainsi tendre le doigt index vers son royal

gendre et d'appuyer sa gauche sur la poignée de

de son grand sabre de bronze, le bon roi Stanislas

s'avisa, l'autre jour, de descendre de son lourd

piédestal de la Place Royale de Nancy et de

reprendre, sur le sol de grève, son ex-position

familière.

Qui était telle : le bon roi avait coutume de se

pourmener, la canne à la main, le tricorne sous

le bras, vêtu d'une culotte de soie jaune et d'une

longue redingote recelant en ses basques la

pipe énorme du Polonais.

Et, comme sœur Anne, le roi Stanislas ne

voyait rien venir. Il apercevait, derrière ses

carreaux, le minois futé de Mam'selle Adolphine,

de chez Drioton : plus loin, le profil de la mère

Machine, concierge rébarbative du séquestre

épiscopal. . . mais c'était tout.

A l'Hôtel de Ville, Madame Emile astiquait

ses petits pots et les deux lampadaires poussié-

reux de Jean Lamour, au-dessous du balcon

central.

Soudain vint à passer — sans se hâter — une

Le Cri de Nancy

i trière d'homme, revêtu d'une singulière livrée,

au premier abord on eût pris pour l'unilorme

in soldat d'outre-Rhin. C'était le brave Alfred,

coursier de l'Exposition, célibataire endurci,

dessinateur à ses heures, théologue, philosophe

et grand amateur de causettes.

Stanislas interpella le passant à la manière

antique d'Aristote : « Quis, quid, ubi, cur, quo-

lo, quando, unde venis et quo vadis? »

bâsourdi — on le serait à moins — Alfred

aux boutons d'or s'écria :

< Sire Leszczinski, descendu de d'ià-haux. si

vous voulez venir avec moi à liïxposrtion de

Nancy, je répondrai à vos discours, et je vous

enseignerai bien des choses qui sont cachées

s puissants et connues des seuls humbles ! »

— « Il y a donc une Exposition à Nancy,

'exclama le bon roi. Qu'est-ce que c'est que

cela? » .

— « Que vous êtes bien 18° siècle, Majesté

>naise, dit Alfred... une .Exposition c'est

; une qui dirait une foire immense qui dure

mois, qui se tient en des palais somptueux,

développe les affaires et fleurit, bon an mal

an. au doux pays de France, une centaine de

tonnières, en mal de rouge, de vert ou de

violet. Voilà ce que c'est qu'une Exposition ! »

- «Eh! bien, dit Stanislas, allons voir ça!

on songé à me mettre là-dedans, au moins,

moi, mon époque, mes palais et tous mes bibe-

lots?»

- « Ah ! Sire, on m'a dit' que c'avait été le vœu

Jacquemin, le grand-père de l'Exposition,

s pour cela, il faut vous adresser à vos adora-

•s Badel et Sadoul, et peut-être aussi à votre

Pierre Boyé, le président des archéologues

•ains, quoiqu'il vous ait plutôt tarabusté, dans

■emps. »

hemin faisant, Stanislas, la canne à la main,

ordon bleu de Saint-Esprit en sautoir, était

— ardé comme une bête curieuse par les Nan-

tis, espèces de gens au naturel narquois, à

prit ironique et enclin à la censure.

es uns le trouvaient trop gros, les autres pas

assez grand ; des troisièmes l'auraient voulu

vêtu d'autre sorte, un quart passant assurait que

la Majesté polonaise manquait de base et d'as-

siette.

Pendant ce temps, le brave Alfred aux boutons

? pérorait à qui mieux mieux et sur ceci et

cela, et patati et patata, et la fois-cy, et la

fois-là !

« Figurez-vous, Sire, que nous avons un direc-

teur général de l'Exposition, M. Laffite, qui ne

rit guère, mais qui travaille trop... il cherche â

contenter tout le monde, ce qui n'est pas très

facile.. Peut-être regrette-t-il, M. Laffite, de

n'avoir plus Caillard, pour faire marcher sa dili-

gence et nous préparer, en 1909, un de ces

théâtres lorrains qui auraient pu être le Clou de

l'Exposition.

Quant à M. Sépulchre, son aller ego, c'est

l'homme d'affaires avant tout... les poètes et les

journalistes sont ses bêtes noires (il n'a pas tou-

jours tort) ; mais aussi, comme on l'a dit. quand

l'Kxposition sortira du sépulcre... ce sera une

glorieuse, une éblouissante apparition.

M. Hervé, l'aimable secrétaire, n'a nullement

l'air de l'autre... Hervé, celui dont on parle trop.

C'est un mélomane comme son aïeul, un anglo-

mane comme tous les jeunes Français et un par-

fait et trop discret secrétaire... le tombeau des

secrets de l'Exposition... et il en est beaucoup,

au dire toujours de ces fouineurs de journa-

listes.

Il y a aussi M. Fayolle, le grand ingénieur,

docile et doux dès sa plus tendre enfance — mais

un doux tenace et volontaire ; il est assisté de

M. Chauveau, pour qui la fée Electricité a de

grandes bontés.

Je vous introduirai, Sire, dans le bureau de la

Presse'expositionniste où vous retrouverez votre

grand ami, le bon barde lorrain Emile Badel, que

l'on bombarde ainsi secrétaire-général et qui,

pour vous, Sire, ne sera par chiche d'articles

dithyrambiques, ni l'ennemi d'une belle réclame

pour son amoureuse, votre Place Royale de

Nancy.

C'est dans son officine, du soir au matin et du

matin au soir, que se brassent d'habiles et pom-

peux communiqués, des articles fulminants

contre la laideur du nouveau Nancy, des phrases

melliflues pour chanter la Lorraine et ses sites.

Mais, Sire, nous approchons... Votre Majesté

Le Cri de Nancy 11

va pénétrer dans le sanctuaire. Permettez que je

La passe à Doré, l'autre huissier à verge noire,

aux boutons d'or luisants, venus des Réunis et

de chez Léon Pignot le, demi-lion Vaxelaire. »

LE NAIN BE STANISLAS.

(A suivre.)

Avant 1910.

On dit que les circonscriptions des députés de

Meurthe-et-Moselle suscitent déjà des candida-

tures.

On cite des noms, quelques démarches.

On reparle aussi beaucoup de la prochaine

création de deux nouveaux sièges de députés,

l'un dans Nord de Meurthe-et-Moselle, l'autre

à Lunéville, où de part et d'autre des noms de

grands industriels sont prononcés.

Monsieur LECOQ.

fflUÏÏM.

ACADÉMIE LORGNE

SILHOUETTE

M. René d'AvrilDirecteur du « Couarail ».

N'est-ce point là un nom idéal de poète puisque

la poésie est comme le printemps de la vie ?

Avril est le mois délicieux du renouveau où

l'éternel et, symbolique Adonis s'éveille, en sou-

riant à la splendeur des choses.

Avril est l'espérance, l'époque annonciatrice

des joies éclatantes de l'été.

René d'Avril, lui, n'est point seulement une

espérance, mais un très beau talent qui s'est

affirmé et ne cesse de s'affirmer encore.

Ce qui fait sa caractéristique, c'est sa grande

diversité. René d'Avril ne se renferme pas dans

la fameuse tour d'ivoire. Poète d'aspect subtil,

presque métaphysique il comprend cependant

toutes les manifestations de l 'existence et n'en

dédaigne aucune.

Rappelonsmous ses origines. Il est lorrain

de notre vigoureux Toulois.

Nous disions tout à l'heure que le talent de

René d'Avril était divers. Poète, il est de ceux

qui ont le mieux compris l'intense beauté de nos

paysages: prosateur, c 'est un styliste alerte et

aimable qui rappelle les écrivains du xviir5

siècle, les conteurs charmants de la belle époqu

insoucieuse.

Musicien, son âme s'est assouplie au charme

. des rythmes.

Critique d'art, il n'a ni méchanceté, ni même

de « rosserie. »

Car René d'Avril comprend mal l'ironie. ï

dans son cœur, sa sœur jumelle la pitié occup

une large place.

11 est indulgent aux mauvais poèmes, aux

musiques insuffisantes, et aux toiles dépourvues

d'habileté.

Il n'aime point les discussions violentes et il

n'a pas de sjmipathie pour les querelles bysan-

tines. Elles le lassent infiniment. Dès leur com -

mencement il prend volontiers un volum

d'images et laisse ses yeux errer sur les robes

rouges et blanches des petits enfants.

Au pli3T sique, René d'Avril ressemble à un

poète des jours héroïques. Longtemps il porta

de tendres favoris.

On se l'imaginerait volontiers avec un habil

bleu aux boutons d'or et le cou entouré de si:

mètres de délicate mousseline.

* *

René d'Avril est le directeur du Couarail,

cette Académie Lorraine qui vibre allôgremen

aux joies de l'existence et il est excellent dan

ses fonctions. On peut lui appliquer la phrasi

anglaise : The rightman in the right place

Parfois, en manière de douce plaisanterie, ses

amis du Couarail appellent René d'Avril

« Cher frère directeur ». En effet il exerce sui

eux une salutaire influence vaguement religieuse

et quelque peu mystique. Son talent leur apparaît

comme la rose du Saron dont parlent les saint-

livres.

Cette fleur de volupté va continuer à s'épa-

nouir au beau soleil de la littérature et de l'art.

HÉLIOGABALE.

12 Le Cri de Nancy

Séance solennelle d'ouverture

et Distribution des quatre Prix.

La séance solennelle de rentrée de la jeune et

si vivante Académie Lorraine aura lieu le

vendredi 27 novembre prochain, à 8 heures

et demie du soir, dans les grands salons Walter.

Au début de cette séance de gala, à laquelle

assisteront les membres d'honneur, les dix -sept

sociétaires, les correspondants et les adhérents,

ainsi que de nombreuses dames et jeunes filles,

le Bureau du Couarail et les Jurys remettront

solennellement les quatre prix de prose, de

poésie, de musique et de peinture.

Emile Nicolas,Vice-Directeur, a été chargé du

rapport sur le prix ,de peinture, attribué à

Mathias Schiff ; Lamy, chef de musique au 69°,

du rapport sur le prix de musique ; Léon Pireyre,

du rapport sur le prix de poésie et Charles Hen-

rion, secrétaire annuel. du rapport sur le prix de

prose.

La lecture de ces quatre rapports sera courte

et René d'Avril, Léon Tonnelier, Pierre Weiss,

Pierre Moreau diront ensuite plusieurs de leurs

poèmes.

Le Maître J.-G.uy Ropartz a bien voulu promet-

tre au Couarail, dont il est membre d'honneur,

d'accompagner au piano l'interprétatrice de

certaines de ses œuvres.

Louis Thirion, Fernand et René Pollain, Ch.

Monier, exécuteront ensuite un beau quatuor en

ré mineur de notre ami Pierre Bretagne.

Après « Rêves», nocturnes pour piano joués

par Louis Thirion, le Couarail offrira à ses

membres la première d'une ravissante et spiri-

tuelle comédie en vers, d'une fraîcheur joliment

poétique, œuvre de notre ami Georges Garnier,

le récent lauréat de l'Académie de Stanislas,

questeur du Couarail.

Cette comédie, intitulée :' En marge de

Schopenhauer, sera interprétée brillamment,

si nous pouvons en juger d'après les répétitions,

par Mme P. B*e*a*ne, Mlle G*r*i*n, MM. P.

Weiss et P. Moreau.

Au Grand Public.

Toutes les personnes s'intéressant simplement

au Couarail et désirant assister à la séance

d'ouverture et aux ' séances suivantes, peuvent

dès maintenant envoyer leurs demandes écrites

d'admission comme membres adhérents du Coua-

rail (cotisation annuelle : 5 francs), à M. Marcel

Knecht, secrétaire perpétuel, 16, rue de Serre,

Nancy.

Le Bureau statuera sur ces demandes et

répondra d'urgence aux intéressés, qui, en cas

d'admission, verseront alors leur cotisation à

M. Georges Garnier, questeur, rue Isabey,

8 bis, Nancy.

Le Couarail mobilise.

Les dix-sept sociétaires du Couarail et huit

membres correspondants viennent d'être invités,

par leur confrère-correspondant le sympathique

architecte, M. Lanternier, grand trouveur de

houille lorraine et d'eaux minérales nan-

céiennes, à déjeuner en son pittoresque hôtel

de Liverdun, le dimanche 15 novembre à midi.

Après la « quiche », vers la tarte aux mira-

belles, les orateurs célébreront la douce Moselle,

la falaise nerveuse de Liverdun et la brume des

fins de novembre.

Deubel (Robert).

Ancien Président de l'A. des Etudiants.

Fut de l'Association un zélé président,

Homme d'initiative, actif, intelligent.

Imbattable au piquet, très fort à la manille,

Déleste les alcools, boit de la camomille,

Adore le vélo, fait de la gymnastique,

Est un habitué de notre sport nautique ;

S'est révélé d'un coup un pécheur suporfin,

Dépeuplant en deux fois tout le ruisseau do Brin,

Intrépide marcheur, a gravides montagnes,

Traversé des forêts, parcouru des campagnes ;

Un des rares veinards, qui aient à Monaco,

Raflé quelques louis au maudit Casino.

Caustique, plein d'esprit railleur, pince-sans-rire,

Portant beau, souriant, il a tout pour séduire,

Et sa barbe surtout, barbe à la Boulanger,

A plus d'un frais minois fait courir un danger.

Un exemple entre tous : une très gente dame,

Dont on parla beaucoup, quelque peu monomane,

Pour lavoir de plus près, sans le moindre retard,

Courut le relancer au pays du brouillard.

Philosophe à l'excès, il n'est jamais morose,

Se moque de demain, voit l'existence en rose,

Au barreau très coté, on le dit éloquent,

Réserviste accompli il eût été content,

Ceci sous le secret, sur sa noble tunique,

De pouvoir accrocher la palme académique.

DiiEnBois.

Le Cri de Nancy

Conspuez Lanternier

M. Lanternier, très talon-rouge, invite aussi

à Liverdun, avec le Couarail, le Bureau de la

Société Générale des Etudiants, avec laquelle

il entretient, enfin, de bonnes relations. Cela vaut

mieux que les badigeonnages nocturnes subis,

il y a trois ans, par sa maison du faubourg

Stanislas.

CHOCOLAT LORRAIN

NOS AVOCATS

Mina

Chez Destrées, rue des Dominicains, nous

apprécions de jolies aquarelles signées Min

évoquant de fins types de jeunes filles nan

céiennes.Lu.

Notre ami et collaborateur Ludo expose chez

le luthier Martin-Haumouche, 49, rue des Domi-

nicains, trois charmantes toiles, évoquant les

rives mosellanes près de Liverdun.

M° Robert DEUBEL, Avocat à la Cour, Président honoraire de la Société Générale de* Etudiants,

14 Le Cri de Nancy

Ludo, délicat paysagiste, ne dédaigne pas le

pittoresque dessin à l'encre de Chine et profite

ingénieusement de son séjour chez un luthier

pour y faire revivre des orchestres chers aux

Nancéiens.

Les deux François.

C'est le sculpteur Finot, qui vienl d'être chargé

de faire la maquette du futur monumentà Fran-

çois de Neufcliàleau. M. Yillemin. le dévoué

secrétaire du Comité en formation, a trouvé

partout un excellent accueil et a été particu-

lièrement bien reçu par M. l'adjoint François,

secrètement flatté de voir statufier un homonyme.

LE GRAND BON MARCHÉ42, Rue des Dominicains

Suit toujours les Dernières MODES

Le retour des Journalistes.Les voilà revenus ! Bonjour !

Nancy, qui les sait de retour,

S'accoutume

De nouveau, sans mauvaise humeur,

Au ton badin, souvent moqueur

De leur plume.

On les revoit avec plaisir

Car ils sont pleins de souvenirs

Poétiques,

Cueillis au hasard des échos

De l'Exposition franco-

Britannique.

Ils ont vu des congrès fameux

Pacifiques et nébuleux,

Mais très tendres,

Où les journaux du continent

S'étaient rendus incontinent

Pour s'entendre.

Monsieur Goulette a vu Berlin,

Après avoir goûté le vin

De Bourbonne,

Il en revint, tout rajeuni,

Lorsque les bois furent jaunis

Par l'automne.

Pendant ce temps-là, d'un air sûr

Chailly-Bert a pédalé sur

Sa bécane,

Et Lenoble, à court de potins

A grelotté sous son pépin.

De profane.

Monsieur Mory, stoïque et fort

A l'heure, où l'humble bourgeois dort

Tout son somme,

Maintes fois, s'est creusé l'esprit...

« Halo inori quain fœdari »

Disait Rome

Surtout Lui (I) !... qu'on écoute avec

Emotion, parler en grec,

Qui dénie

Qu'en absence du directeur

Il a témoigné d'une ardeur

De génie ?

Les aventures au long cours

Ont tenté plus d'un troubadour,

— Chose étrange —

René d'Avril se recueillit

Pour chanter Monsieur Kiralfy

Et le Gange ! *

On voyagea par un temps clair,

Mais l'étincelle d'un Eclair

Dans la voile

Rivalisa d'esprit discret,

Avec l'astucieux reflet

D'une Etoile.

Et pendant que Monsieur Eouquet,

Près de Thiaucourt, évoquait

Les fantômes,

Monsieur Frinot fut enchanté

D'être, huit jours, l'enfant gâté

D'un royaume !

Les Lorrains se crurent au ciel

En débarquant à l'hôtel

Métropole,

Monsieur Boulay — c'est bien plus chic, —

Prit le surnom de Frédérick

Qui l'affole !

Monsieur Sordoillet, chez Paillard,

But à la santé d'Edouard,

Et morale

De cette histoire, l'on m'a dit,

Que Monsieur Hinzelin perdit

Une malle !

Les voilà revenus ! Bonjour !

Nancy, qui les sait de retour,

S'accoutume

Do nouveau, sans mauvaise humeur,

Au ton badin, souvent moqueur

De leur plume. P

Mlljllllîp. W.

Mlllllim

La Flûte d Ébène.Parmi les bonnes feuilles du très beau livre de

Léon Tonnelier, que va éditer prochainement

le « Couarail », nous cueillons l'exquise pièce

liminaire où le poète choisit son titre :

(1) Lui = Léon Pireyre, académicien et membre de la So-ciété Centrale d'Agriculture.

Le Cri de Nancy

J'aurais dû cueillir ma flûte fragile

Parmi la fraîcheur plaintive des eaux

Et, comme aux soirs d'or du divin Virgile,

Alanguir mon Ame en de longs roseaux.

Pour charmer l'ennui d'une route amère

Et rythmer le pas flâneur du piéton,

J'aurais dû tailler comme au temps d'Homère

La flûte du rêve au buis d'un bâton.

Laissant leur argile aux faiseurs d'amphores,

J'aurais dû tenter un art non moins pur

Et, raillant Pindare en ses métaphores,

Revêtir d'ivoire un souffle d'azur.

Mais n'étant point né d'un gardeur do chèvres,

Pasteur sans troupeau je m'en vais songeant...

Et porto une flûte obsdure à mes lèvres,

La flûte d'ébène aux trilles d'argent.

Léon TONNELIER.

Les Bouquins.

Nous publierons dans notre prochain Cri une

note bibliographique du libraire Victor Berger,

rue Saint-Georges.

Les Pauvres Honteux

Il est grand temps d'ouvrir dans un journal

nancéien une rubrique spéciale consacrée à la

Mode masculine. Nancy est certainement l'une

des villes de France, où les hommes sont le plus

mal habillés. Des puritains diront que c'est un

signe de mentalité sérieuse et de moralité.

Préface.

Voici l'ouverture des théâtres, des concerts du

Conservatoire, des réunions musicales et litté-

raires, des dîners et des soirées.

La Mode féminine s'affirme de plus en plus

à Nancy, où la femme a le goût sobre et affiné.

Il importe que nos Nancéiennes se préparent

à recevoir nos visiteurs illustres de l'Exposition

de 1909, les étrangers, les Parisiens et donnent

à tous l'impression d'élégance française dési-

rable.

Les pouvoirs publics doivent donner l'exem-

ple : les officiels évitent trop souvent de donner

la moindre soirée et pourtant l'on dit justement :

« A tout seigneur, tout honneur ! »

Notre collaboratrice qui signera Nancy -

Femina, renseignera nos lectrices sur les der-

niers caprices de la Mode, rendra compte des

mariages et des soirées mondaines et décrira

même discrètement certaines toilettes aperçues

en visite ou au bal.

C'est une erreur grossière : le Cri de Nancy

n'a pas l'excessive prétention de demander ;',

chaque Nancéien d'être un petit-maître, un

dandy, un gommeux !

Nous voudrions tout simplement que les

classes masculines aisées et surtout nos diverses-

personnalités soient plus correctement « repré-

sentatives », aient en un mot une garde- rob(

plus complète.

De tous côtés, les gens riches supplient

qu'on leur fasse un Nancy plus élégant, plus

grandiose : à eux de donner l'exemple, en met-

tant de côté les vêtements déformés, les cha-

peaux gras et les chaussures menées.

Les Nancéiennes, si gracieuses, éprises de

toilettes élégantes, n'hésitent pas à se permettre

des dépenses somptuaires élevées, mais ne son-

gent pas à rappeler à leurs époux, fils ou frères

qu'ils pourraient eux aussi s'ouvrir un petit

crédit.

Et, dans les visites du Nouvel-An, derrière les

fourrures cle prix, les chapeaux chics, les robes

stylish des clames, on voit de tristes redingotes,

des jaquettes antiques et de gros gants sang-de-

bœuf étreignant le tube d'il y a cinq ans.

Mesdames, songez davantage à ceux qui vous

accompagnent en visite et dans la vie.

SWELL.

16- Le Cri de Nancy

Vieux meubles.

L'abondance des matières de notre premier

numéro ne nous permet, pas de parler longue-

ment cette fois de notre nouveau directeur

M. Chabance et de sa troupe, que le public a

déjà beaucoup applaudie.

Mais le Cri de Nancy s'étonne de la banalité

mesquine et pauvre de l'ameublement : qu'en

pense M. Weillor. tapissier duThéâtre ?

Le Théâtre pendant l'Exposition.

Le Cri de Nancy espère bien que la Munici-

palité fera continuer les représentations théâ-

trales de la Salle -Poirel pendant la durée de

l'Exposition et s'efforcera même d'obtenir du

distingué Directeur une interprétation par-

faite.

Les Ex p< isit ions de Paris et de Londres faisaient

de grosses recettes, les théâtres de Paris et de

Londres faisaient de même et les visiteurs étaient

enchantés.

Pourquoi ne le seraient-ils pas à Nancy ?

Brasseries, Cabarets, Coneerts

Au pays des tziganes.

I J i propre du tziga ne est d'avoir pour patrie u n

établissement où se consomment des bières va-

riées. Tel est italien et dirige à la « Rotonde » un

excellent et fougueux orchestre, qui semblera,

s'il se vêt de rouge, venir de Buda-Pesth, comme

un cjmbalum (le cymbalum bondit, écrivait

Bonaventure Despériers). C'est le milieu qui veut

cela.

« Lu Rotonde» est un délicieux coin de Nancy,

caché derrière la pleurante fontaine de Neptune,

abrité sous une coupole où l'on croirait entendre

un acte fameux deParsifal. C'est aussi, dirait-on,

la chapelle ronde des Lorrains qui ne sont pas

encore morts.

On y discuta longtemps le cours des blés. La

fumée des pipes et des cigares — et non point

les wagnériennes voix d 'enfants — flottaient

alors « à mi-hauteur de la coupole ».

Le théâtre proche incendié, le nalais delà

Bourse de Commerce bâti, les tziganes parurent

à la Rotonde. Gomme tous les tziganes qui se

respectent, ils ont leur violon solo. Jamais,

croyons-nous, celui-ci ne vil les (lots du Danube

autrement qu'à la clef de sol — étranger néan-

moins, irlandais d'origine peut-être, belge d 'édu-

cation musicale, à coup si\r, et belge dès meil-

leurs, sans vouloir offenser Ysaye ni l 'un de nos

plus talentueux compatriotes, ex-chargé de cours

dans la capitale de Léopold.

Le jeu est vibrant, de sonorité pleine, ronde,

emplissant largement la salle. La façon do désar-

ticuler les danses de Brahms sur un Amati jaune,

réconcilie avec le froid auteur du Requiem.

Le physique est peu commun : un profil fin

d'oiseau-chanteur : un de ces oiseaux qui écou-

tent leurs roulades en penchant un peu la tête.

Un torse mince, élégant, qui apparaît de l'ace,

aux passages expressifs (joués avec un archet

qui semble planer sur les cordes immobiles), et

se découpe en arête , vive, énergique, dans les

variations enlevées à toute allure, les cheveux

longs, rejetés en arrière.

... Et l'ivresse de lapossession musicale passée,

le sourire amer de ceux que l'art a déjà fait

beaucoup souffrir.

ALTO -FALOT.

Nos charges prochaines.

Le Cri de Nancy fera paraître dans son nu-

méro du 21 novembre, la charge du dévoué Pré-

sident des Syndicats de l'Alimentation M. Fran-

çois, Adjoint au Maire de Nancy, conseiller

général.

L'Exposition Culinaire.

On parle beaucoup dans les milieux de l'Ali-

mentation de la prochaine organisation à Nancy

d'une Exposition Culinaire, assurée d'avance de

succès.

Le Gérant : CH . MAIUE.

3Vïa.is»oxi des

Son TEA-ROOM

Officier de l'Ordre de Léopold, Ancien Député de Meurthe-et-Moselle