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1 M2 CIAHPD Coopération Internationale, Action Humanitaire et Politiques de Développement Université Paris I, Panthéon-Sorbonne Année Universitaire 2012-2013 Villes intelligentes : enjeux pour la coopération et le développement Etude de cas : YACHAY, cité de la connaissance en Equateur Mlle OCHOA GUAYASAMIN Sahira Sous la direction de Mme BERTRAND Monique Novembre 2013

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M2 CIAHPD

Coopération Internationale, Action Humanitaire et Politiques de Développement

Université Paris I, Panthéon-Sorbonne

Année Universitaire 2012-2013

Villes intelligentes : enjeux pour la coopération et le développement

Etude de cas : YACHAY, cité de la connaissance en Equateur

Mlle OCHOA GUAYASAMIN Sahira

Sous la direction de Mme BERTRAND Monique

Novembre 2013

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AVERTISSEMENT

« L'Université Paris I n'entend donner aucune approbation aux opinions émises dans les

mémoires. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteurs ».

REMERCIEMENTS

Mes remerciements s’adressent d’abord à Mme. Monique Bertrand pour avoir déposé sa

confiance en moi, en ayant accepté la direction de ma mémoire de stage et avoir encadré mon

travail pendant ce temps.

Ensuite, je veux remercier à l’équipe de l’entreprise Yachay E.P pour m’avoir accueilli

pendant quatre mois, dans lesquels j’ai découvert un nouveau concept du développement et de

l’urbanisme, concepts qui ont enrichi ma formation académique et professionnelle.

Je remercie aussi, du fond de mon cœur, à ma famille qui depuis l’Equateur m’envoyait

des énergies, surtout à mes parents qui ont toujours eu confiance en moi et ils ont fait tout le

possible pour que je puisse venir en France pour étudier ce master.

Finalement, je remercie a une personne très spéciale pour moi, à mon grand ami Marcel

Filbig qui a pris son temps pour relire ma mémoire et qui, malgré tout, a été toujours avec moi,

spécialement pendant les jours de stress pour me soutenir et m’encourager.

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SYNTHESE

Ce mémoire s’intéresse à la notion de ville intelligente et son rôle comme un levier de

développement économique et social des sociétés modernes. Le contexte de son apparition et

son application dans le monde et en particulier dans les pays émergents de l’Amérique latine est

étudié. Différents cas sont analysés dans le but de déterminer des ressemblances et différences

dans l’application du concept. Le cas de l’Equateur est traité plus en détail à travers l’étude de

cas de Yachay, Cité de la connaissance. Les objectifs que le gouvernement équatorien cherche à

accomplir par ce projet, ainsi que les vrais facteurs qui motivent sa conception et exécution sont

analysés. Enfin, l’étude aboutit sur la conclusion que la construction de villes intelligentes est le

résultat d’une économie et société développés plutôt qu’un moyen efficace de les atteindre.

Mots clés : Innovation, développement, développement durable, gouvernement, ville

intelligente, TIC, éducation, mode de vie, infrastructure, environnement, connaissance,

recherche, coopération, ville durable, urbanisme, économie, population.

ABSTRACT

This document focuses on the concept of Smart City and the part it plays as a potential

instrument to boost economic and social development. The origin of the concept and its

application throughout the world are studied, in particular in Latin American emerging

economies,. Different examples of smart cities are identified as a mean to establish similarities

and differences in the application of the concept. The case of Ecuador and its newest ambition,

the construction of the smart city Yachay, city of knowledge, is studied in detail. Of particular

interest to this essay are the objectives the Ecuadorian government seeks to accomplish by this

project, as well as the real motivations that originated its conception and execution. Finally, the

study results in the conclusion that the construction of a smart city is primarily a consequence of

a developed economy and society rather than an effective instrument to obtain the latter.

Keywords : Innovation, development, sustainable development, government, smart city,

ICT, education, lifestyle, infrastructure, environment, knowledge, research, cooperation,

sustainable city, city planning, economy, population.

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TABLE DE MATIERES

REMERCIEMENTS ..................................................................................................................... 2 

SYNTHESE .................................................................................................................................. 3 

LISTE DES ACRONYMES ......................................................................................................... 5 

INTRODUCTION ......................................................................................................................... 6 

METHODOLOGIE ....................................................................................................................... 9 

PARTIE I.  Les villes intelligentes et leur rôle dans le développement durable .................... 10 

A.  L’émergence des villes intelligentes ................................................................... 10 

1.  Un nouveau concept de développement durable ............................................. 10 

2.  Un concept globalement répandu .................................................................... 18 

B.  L’introduction de la notion de ville intelligente en Amérique Latine ................. 27 

1.  Une initiative en plein essor en Amérique latine ............................................. 28 

2.  Quelques exemples remarquables dans la région ............................................ 29 

PARTIE II.  Le cas de l’Equateur : YACHAY, cité de la connaissance ................................. 34 

A.  La genèse du projet ............................................................................................. 34 

1.  Antécédents ..................................................................................................... 34 

2.  Présentation du projet ...................................................................................... 46 

B.  YACHAY : Besoin économique ou volonté politique ? ..................................... 56 

1.  Besoin économique ......................................................................................... 56 

2.  Volonté politique : Acteurs et régimes politiques ........................................... 61 

C.  L’importance des partenariats pour le projet ....................................................... 67 

1.  Coopération internationale traditionnelle peu visible. ..................................... 67 

2.  Partenariat public – privé essentiel pour le développement du projet ............. 69 

CONCLUSION ........................................................................................................................... 72 

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................... 75 

ANNEXES .................................................................................................................................. 84 

LISTE DES FIGURES ................................................................................................................ 90 

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LISTE DES ACRONYMES

TIC : Technologies de l’information et de la communication

INEC : Institut Nationale de Statistiques et Recensement de l’Equateur1

SENESCYT : Secrétariat Nationale d’Enseignement Supérieure, Sciences, Technologie et

Innovation de l’Equateur2

SENPLADES : Secrétariat Nationale de Planification et Développement de l’Equateur3

YACHAY E.P : Entreprise publique Yachay

IBD : Quartier internationale des affaires4

LOES : Loi organique de l’enseignement supérieur5

IFEZ : Zone Economique Franche d'Incheon6

UNASUR : Union de Nations Sud-américaines7

USAID : Agence des États-Unis pour le développement international8

AECID : Agence espagnole de coopération internationale pour le développement9

KICF : Fondation Coréenne d’Innovation et Cluster10

ENFARMA : Entreprise publique de médicaments11

CONEA : Conseil national d’évaluation et accréditation de l’éducation supérieure de

l’Equateur12

1 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Instituto Nacional de Estadísticas y Censos 2 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Secretaria Nacional de Educación Superior, Ciencia, Tecnología e Innovación 3 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Secretaria Nacional de Planificación y Desarrollo 4 Sigles dérivées du nom original en anglais: International Business District 5 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Ley orgánica de educación superior 6 Sigles dérivées du nom original en anglais: Incheon Free Economic Zone 7 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Union des Naciones Sudamericanas 8 Sigles dérivées du nom original en anglais: United States Agency for International Development 9 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Agencia española de cooperación internacional para el desarrollo 10 Sigles dérivées du nom original en anglais: Korean Innovation Cluster Foundation 11 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Empresa pública de fármacos 12 Sigles derives du nom original en espagnol: Consejo nacional de evaluación y acreditación de la educación superior del Ecuador

6

INTRODUCTION

A l’heure actuelle, les villes sont devenues indispensables pour le développement des

pays puisqu’elles sont le centre des interactions entre les individus, ainsi que le lieu d’échanges

commerciaux. Elles sont le moteur économique et politique de chaque nation. Cependant, elles

doivent répondre aux besoins d’une société moderne et faire face à nombreux défis actuels. La

croissance rapide de la population dans la planète et l’exode rural sont des problèmes auxquels

les autorités nationales et internationales doivent se concentrer pour chercher des solutions et

assurer un développement économique et social tout en respectant l’environnement et les

besoins futurs des prochaines générations.

Les sociétés contemporaines sont de plus en plus urbaines. D’après les Nations Unies, en

2010, 50% de la population habitait déjà en villes et il est prévu que pour l’année 2050, ce

pourcentage augmente à 69% ; c’est-à-dire, 6,3 milliards d’habitants seront des citadins13.

Dans le cas spécifique de l’Amérique latine, le processus d’urbanisation peut se décrire

comme un processus rapide, mais aussi problématique. Effectivement, en 1900, la pluparts des

latino-américains habitaient dans la campagne et seulement trois villes de la région avaient plus

de 500 000 habitants. Cependant, cette réalité va changer à partir des années 1930, lorsque

l’industrialisation et les modes de production capitalistes vont être adoptés dans la région. Les

villes latino-américaines vont être considérées à cette époque comme les villes de l’espoir pour

les paysans qui sortaient des villages rurales pour chercher un travail et améliorer leur condition

de vie.14

Dans les années suivantes, l’Amérique latine va se transformer ; sa population urbaine va

augmenter considérablement. Actuellement, il y a à peu près quarante villes avec une population

de plus d’un million d’habitants.15

De même, d’après l’Un-Habitat, l’Amérique latine est la zone la plus urbanisée du

monde. Au début du XXIè siècle, à peu près trois quarts de sa population habitait déjà dans les

villes. L’exode rural est un véritable problème pour cette région du monde, pour laquelle sa

population urbaine augmentera à environ 85% pour l’année 2030. 16

13 Organisation des Nations Unies, Department of Economic and Social Affairs, Urban Population, Development and the Environment 2011, New York, 2011. 14 Dennis, RODGERS, Jo BEALL, Ravi KANBUR, “Re-thinking the Latin American city”, in Dennis, Rodgers, Jo Beall, eds, Latin American Urban Development into the 21st Century: Towards a Renewed Perspective on the City, Nex York, Palgrave Macmillan, 2012, pp. 270. 15 ibid. 16 ibid.

7

L’Equateur n’est pas l’exception à ces transformations, au contraire elle en est un des

acteurs principaux. En effet, le taux d’augmentation de la population urbaine en Equateur est de

2,1%, un taux plus important que la moyenne sud-américaine de 1,6%17. La population urbaine

équatorienne grandisse donc plus vite que la moyenne régionale. Ceci lui attribue la 4e position

en termes de vitesse d’urbanisation de la population, après seulement la Guyane française, le

Paraguay et la Bolivie.18 En Equateur, l’exode rural a lieu envers les collectivités urbaines de

chaque province, mais en particulier envers les pôles urbains traditionnels représentés par les

villes de Quito et Guayaquil. La croissance de ces villes se fait de façon désordonnée, sans

suivre aucun plan d’urbanisme quiconque, résultant en graves problèmes de ségrégation sociale,

manque de services de base publics, insécurité, trafique de terres, entre autres.

La migration rurale vers les villes, caractérisée surtout par une population jeune, a pour

objectif d’améliorer la situation économique, ainsi que la qualité de vie19 des paysans, mais

aussi génère des problèmes sociaux causés par une surpopulation de villes, une dégradation de

l’environnement (production intensive de déchets, bruit, trafic…) ; consommation excessive de

ressources naturelles et d’énergie ; ainsi que des problèmes de dotation de services publics aux

citadins tels que la limitation des espaces résidentiels et la marginalisation d’une partie de la

population urbaine la plus pauvre.

Ce panorama du monde actuel a fait que les acteurs politiques, les organismes

internationaux, surtout l’Organisation des Nations Unies, et la société civile s’introduisent dans

les logiques d’urbanisme pour trouver des solutions efficaces et durables qui permettent aux

villes de répondre aux besoins de leur population et s’adapter aux changements

démographiques. D’où la nécessité de créer un nouveau modèle de ville, mais aussi la nécessité

de changer le mode de vie des citadins.20 Une nouvelle vague du développement urbain va

apparaître, on parle alors de la « ville intelligente ».

Ce nouveau concept globalement répandue va être aussi utilisé dans des pays en

développement comme un instrument pour atteindre le développement économique, social et

durable.

Dans la région latino-américaine, plusieurs initiatives se développent à présent, mais

comment cette notion de ville intelligente va se traduire dans cette région du monde ? Dans

quelle mesure les différents exemples de projets de villes intelligentes en Amérique latine

veulent mettre en places des leviers de compétitivités ?

17 Organisation des Nations Unies, Department of Economic and Social Affairs, Urban Population, Development and the Environment 2011, op. cit. 18 ibid. 19 Jacques VERON, L’urbanisation du monde, Paris, La Découverte « Repères », 2006, pp. 122. 20 ibid.

8

Pour répondre à ces problématiques, dans un premier temps, le concept de ville

intelligente et son application dans le monde est analysé. Plusieurs exemples de villes

intelligentes dans la région latino-américaine sont ensuite identifiés, dans le but de déterminer

des similarités et différences dans la façon de s’approprier du concept dans le contexte d’une

économie émergente. La deuxième partie de ce mémoire plonge sur l’étude de cas de Yachay,

Cité de la connaissance, qui représente l’ambition de l’Equateur de construire sa propre ville

intelligente. Finalement sont analysés les objectifs que l’Etat équatorien poursuit avec ce projet,

les vraies motivations qui sont à l’origine de celui-ci ainsi que les enjeux qui en dérivent de sa

mise en œuvre.

9

METHODOLOGIE

Ce travail étant un mémoire de stage, il est important de préciser dans un premier temps

le lieu et les objectifs du stage réalisé, pour ensuite décrire la provenance des documents et

informations utilisés pour rédiger ce travail de fin d’études.

Le stage a été réalisé en Equateur, dans le département de coopération internationale de

l’entreprise publique Yachay E.P. Cette entreprise, créée en mars 2013, est la responsable de

l’administration, gestion et développement du projet Yachay, cité de la connaissance.

Dans cette entreprise, j’ai eu l’opportunité d’avoir un CDD comme analyste de

coopération internationale. J’étais la responsable de gérer la coopération internationale non

remboursable provenant des pays, organismes et entreprises européennes. Les tâches qui m’ont

été assignées étaient les suivantes :

• Construire un schéma de la coopération internationale présente dans le projet ;

• Identifier les pays, organismes et entreprises stratégiques pour l’entreprise et avec

lesquelles l’entreprise pourrait signer des conventions et accords de coopération ;

• Rédiger des rapports de la situation de la coopération ;

• Organiser l’agenda international des autorités de l’entreprise ;

• Présenter le projet aux bailleurs internationaux ;

Lors de la réalisation de mon stage j’ai eu accès à des documents officiels du

gouvernement et de l’entreprise Yachay E.P. comme le décret exécutif de création de

l’entreprise, les conventions et accords souscrits, entre autres. Certains documents avaient le

statut de confidentiels comme c’est le cas du cahier de charges du Projet Yachay (Plan générale

du projet). De plus, la participation dans des réunions internes et interinstitutionnelles,

considérées comme stratégiques pour l’entreprise, a été une source profitable pour récupérer de

l’information, la même qui a servi de support pour rédiger ce mémoire.

Ce travail est la synthèse d’une part, de l’analyse de l’information récupérée et des

problématiques repérées pendant la réalisation de mon stage ; d’autre part d’une recherche

personnelle élargie sur le sujet des villes intelligentes ; puis finalement de mon expérience

professionnelle précédente et en particulier au sein de l’entreprise publique Yachay E.P.

10

PARTIE I. Les villes intelligentes et leur rôle dans le

développement durable

A. L’émergence des villes intelligentes

Afin de comprendre le rôle des villes intelligentes dans le développement durable des

nations, il est nécessaire dans un premier temps d’étudier le contexte d’apparition de ce concept,

ainsi que d’analyser sa définition.

1. Un nouveau concept de développement durable

L’augmentation progressive de la population urbaine et le mode de vie consommateur des

villes pendant le XXème siècle font le centre de préoccupations de la communauté

internationale ; laquelle, en 1987, s’adresse pour la première fois au concept de développement

durable.

La Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement de l’Organisation

des Nations Unies ; à travers le Rapport Brundtland, introduit le concept de développement

durable comme une réponse aux problèmes environnementaux qui ont surgit depuis quelques

années.

Le rapport Brundltland définit le développement durable comme un développement « qui

répond aux besoins du présents sans compromettre la capacité des générations futures de

répondre à leurs »21, c’est-à-dire c’est un développement qui assure la qualité de vie élevée et

qui ne détruit pas l’environnement pour les prochaines générations.

Le développement durable encadre trois aspects importants pour le développement d’une

société : l’environnement, l’économie et le social.

Dans le champ environnemental, le développement durable a pour objectif éviter les

gaspillages de ressources naturelles et conserver l’environnement à travers de politiques et

actions qui stimulent le recyclage de ressources.

« Reproduction au long terme des ressources renouvelables, maintien de la capacité

de charge des écosystèmes, limiter l’usage des ressources ‘critiques’ ».22

21 Florence RUDOLF, dir., « Le développement durable entre programme d'action et applications», Ecologie & politique, N°29, 2004, p. 37. 22 Antonio DA CUNHA, « Régime d’urbanisation, écologie urbaine et développement urbain durable : vers un nouvel urbanisme », in Peter KNOEPFEL, et alii, Enjeux du développement urbain durable,

11

En ce qui concerne le secteur économique il cherche à assurer une stabilité économique

pour la population, c’est-à-dire que toute la population active reçoit un revenu décent qui lui

permet de vivre sans être dans une situation de pauvreté extrême. De même, il prétend aussi

améliorer les infrastructures au service de la communauté à travers le renforcement de

l’investissement. 23

Finalement, dans le secteur social, le développement durable poursuit une participation

active de la société.

Le concept de développement durable sera vitement popularisé, introduisant avec lui de

nouvelles notions tels quel le développement urbain durable et la ville durable, surtout dans le

secteur de l’urbanisme.

C’est ainsi qu’à partir des années 1990, ces deux nouveaux concepts prennent force dans

le contexte mondiale pour faire face aux problèmes causés par une urbanisation excessive et non

planifiée.

Finalement, pendant le sommet de Rio, en 1992, les notions de développement urbain

durable et ville durable sont reconnus. 24

Le développement urbain durable

Le terme de développement urbain durable est une conséquence de l’écologie urbaine qui

a pour objectifs : « la réduction de la consommation d’espace, la limitation des déplacements

inutiles des hommes et des marchandises, la maitrise de la consommation énergétique et de

pollutions, ainsi que l’amélioration de la qualité urbaine. »25

Pour quelques chercheurs comme Antonio Da Cunha et Jean-Philippe Leresche, le

développement urbain est considéré comme un concept d’innovation qui fusionne le

développement économique et social avec le respect de l’environnement.

Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance, Lausanne, Presses polytechnique et universitaires romandes, 2005. p. 15. 23 ibid. 24 Yves GUERMOND, « L'introuvable ville durable », in Nicole Mathieu, dir., La ville durable, du politique au scientifique, Paris, Editions Quæ, 2005 pp. 47-56. 25 Antonio DA CUNHA, « Développement durable, transformations urbaines et projet : enjeux et défis », in Peter KNOEPFEL, et alii, Enjeux du développement urbain durable, Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance, Lausanne, Presses polytechnique et universitaires romandes, 2005. p. 9.

12

« Le développement urbain est une éthique du changement, un concept intégrateur et un

principe d’action qui a pour ambition de promouvoir un projet collectif visant à rendre

compatibles, à long terme, les exigences de l’environnement et du développement

économique et social »26.

Cette nouvelle idée du développement urbain inclut une innovante et nouvelle modélisation de

la ville, une ville jolie et sans contamination ; on parle donc de la ville durable.

«Plusieurs défis, majeurs, sont donc à relever. Un nouveau modèle de ville pour l’avenir

est à inventer. Il doit dans le même temps être réaliste. Les modes de vie des habitants des villes

doivent aussi profondément évoluer si l’on veut donner un contenu en quelque sorte pratique au

concept de développement durable. »27

La ville durable

Le concept de ville durable est présenté comme une alternative à la ville de l’époque, une

ville « étalée née du déploiement du régime métropolitain »28.

« La ville durable peut être définie comme un discours entre le développement urbain

durable des Agendas 2129 locaux impliquant de nouvelles formes de planifications urbaines

intégrées et la vision économiste libérale qui réduit la ville durable à la ville économe, surtout

en investissements publics. »30

Pour comprendre mieux, la ville durable est en définitif une ville compacte, citoyenne,

solidaire et recyclable.31

Cette notion partage les objectifs du développement durable. En effet, la ville durable

cherche à éviter le gaspillage d’espace, de temps et d’investissement, ce qui lui caractérise

comme une ville compacte.32 Aussi, ce modèle de ville est conçu comme une ville économe et

autogérée33 qui diminue l’utilisation des ressources naturelles, d’électricité et qui stimule à une

26 Antonio DA CUNHA, Enjeux du développement urbain durable, Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance, op. cit., p. 15. 27 Jacques VERON, L’urbanisation du monde, op. cit., p. 93. 28 Antonio DA CUNHA, Enjeux du développement urbain durable, Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance, op. cit., p. 16. 29 L’Agenda 21 est le programme d’action mondial adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (CNUED), réalisé à Rio de Janeiro en 1992. Organisation des Nations Unies, Sommet de Johannesbourg, 2002 http://www.un.org/french/events/wssd/pages/cnued.html., consulté le 10 octobre 2013. 30 Yves GUERMOND, La ville durable, du politique au scientifique, op. cit., p. 93. Paris, Editions Quæ, 2005 p 47. 31 ibid., 47. 32 ibid. 33 Jacques VERON, L’urbanisation du monde, op. cit., pp. 122.

13

réutilisation des choses. Lorsqu’on parle d’une ville durable, on parle aussi d’une ville mixte où

il n’existe plus le « zoning de la ville ségréguée»34.

La participation active de la collectivité locale est aussi un aspect important de cette

ville et avec celle-ci la gouvernance urbaine.

D’après François Asher, l’intégration des citadins aux projets de la ville, et à la prise des

décisions est un facteur important pour atteindre une ville durable qui assure les besoins de la

population urbaine. 35

« La gouvernance urbaine, précise encore François Ascher, ne traduit pas un simple

gouvernement de la ville; elle s’applique à un «système de relations entre des institutions,

des organisations et des individus, qui assure les choix collectifs et leur mise en œuvre». La

gouvernance urbaine suppose ainsi une concertation entre les multiples acteurs impliqués

dans le devenir des villes. Elle traduit l’idée d’une participation citoyenne de tous les

acteurs de laville lors de la formulation et de l’adoption d’un projet de ville. L’idée d’une

plus grande «flexibilité» dans les relations entre les municipalités et leurs administrés est

aussi présente dans la gouvernance urbaine» 36

On constate que les acteurs politiques et la communauté locale depuis les années 90

commencent à s’interroger sur les effets négatifs qui ont causé l’urbanisation massive non

planifiée et la culture consommatrice des ressources naturelles. Si bien les notions de

développement durable, développement urbain durable et ville durable sont des vieux concepts ;

ils continuent à être présents dans l’urbanisme actuel. Et on pourrait comme même oser à dire

qu’ils prennent force avec la banalisation des TIC créant un ‘nouveau’ modèle de ville : la ville

intelligente.

Mais comment peut-on définir une ville intelligente ? En quoi elle consiste ? Quelle est

son influence dans le monde actuel ? Ce sont des questions qu’on va répondre au cours de cette

première partie du chapitre.

De nos jours, la technologie joue un rôle important dans nos sociétés ; les outils

numériques comme l’internet, les logiciels et les smartphones font partie de la vie citadine

actuelle. Par conséquent, les sociétés utiliseront les nouvelles technologies comme des outils

efficaces pour résoudre les problèmes actuels des villes.

34 Yves GUERMOND, La ville durable, du politique au scientifique, op. cit., p. 93. Paris, Editions Quæ, 2005 p 47. 35 Jacques VERON, L’urbanisation du monde, op. cit., p. 93. 36 ibid., p. 93.

14

«(…) les facteurs technologiques ont toujours été considérés comme des leviers puissants

des mutations urbaines. A l’heure actuelle, on sonde les voies et moyens pour mettre la

technologie au service d’une ville durable, figure vertueuse et amiable de la planète,

économe en énergie comme consommation d’espace».37

Il n’existe pas une seule définition ni un seul nom pour s’adresser à la notion de ville

intelligente. En effet, ville digitale, ville numérique, ville interactive, cibercity ou

hypermétropolis, sont tous des synonymes de ce nouveau terme qui aujourd’hui est en plein

essor.38

Jean Bouinot définit la ville intelligente comme un centre de connaissance qui intègre des

citadins formés :

« La ville intelligente sera celle qui offre, en grande partie grâce à ses efforts, un

pôle de savoirs et de compétences professionnelles soit un bassin de main d’œuvre

hautement qualifiée et des infrastructures de recherche »39

D’autre part, Serge Wachter, voit la ville interactive comme une ville « amiable avec

l’environnement »40 qui utilise les numériques pour résoudre les problèmes de la ville, mais

aussi pour la planifiée.41

De sa part, la firme internationale International Data Corporation (IDC) précise qu’une

ville intelligente est une ville qu’utilise les technologies de l’information et la communication

(TIC) pour améliorer la qualité de vie des citadins et garantir un développement économique

durable.42

En effet, la ville intelligente est une ville qui à travers l’usage responsable des TIC

enchaîne l’économie, les citadins, la gouvernance, la mobilité et l’environnement de manière

efficace pour atteindre l’amélioration de la qualité de vie de leur population, en augmentant

l’accès aux services publics (santé, éducation, transport, loisirs…) et en diminuant les impacts

environnementaux. 43

37 Serge WACHTER, La ville interactive : l’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de l’écologie, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 7. 38 ibid. 39 Jean BOUINOT, La ville intelligente, Paris, Librairie générale de Droit et de jurisprudence, 2003. p. 15. 40 Serge WACHTER, La ville interactive : l’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de l’écologie, op. cit., p. 30. 41 ibid. 42 International Data Corportion, Análisis de las Ciudades Inteligentes en España, Madrid, 2011. 43 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer, consulté le 10 septembre 2013.

15

C’est ainsi que Rudolf Giffingerl44 fait allusion aux six critères principaux qu’une ville

intelligente doit posséder: une économie intelligente, une mobilité intelligente, un

environnement intelligent, des citadins intelligents, un mode de vie intelligent et une

administration intelligente.45

Economie intelligente :

D’après Giffingerl, une ville a une économie intelligente si elle possède un taux élevé de

productivité, de flexibilité de travail du marché et un haut esprit innovateur.46 Aux critères

mentionnés on doit ajouter l’attraction d’investissement étranger et la présence d’une industrie

hautement qualifiée (produits avec une haute valeur ajoutée).

Effectivement, si une ville a un niveau de production élevé, sa population aura plus

d’opportunité de trouver un travail dans la ville sans se déplacer ailleurs, ce qui va les garantir

une meilleure qualité de vie et plus de temps libre pour le dépenser avec sa famille.

Mobilité intelligente :

En ce qui concerne le transport dans les villes, il a été traditionnellement associé avec les

émissions de gaz et la pollution dans notre environnement. Avec l’augmentation de la

population urbaine, augmente aussi la présence des voitures dans la ville ce qui contribue à

l’embouteillement, à des accidents automobilistiques et à des problèmes de santé. Grâce à la

technologie, ces problèmes peuvent être résolus à travers la création des « différents modes de

transport dans un système qui est à la fois efficace, facilement accessible, abordable, sûr et

écologique ».47

Une mobilité intelligente permet aux citadins d’optimiser son temps, éviter des

déplacements inutiles, accéder à l’information de transports publics (itinéraires) et diminuer la

contamination.48

44 Dr. Rudolf Giffinger est un expert dans la recherche analytique de développement urbain et régional. Il est professeur de l’Université de Technologie de Vienne. 45 European smart cities http://www.smart-cities.eu/model.html., consulté le 12 septembre 2013. 46 Centre of Regional Science, Vienna UT, Smart cities Ranking of European medium-sized cities, Vienna, 2007. pp. 28. 47 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer, consulté le 10 septembre 2013. 48 Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Commissariat Général au développement durable, Etudes et Documents, La ville Intelligente : état de lieux et perspectives en France, novembre 2012. pp. 60.

16

Un exemple de cette mobilité intelligente sont : les voitures électriques, le co-voiturage,

la construction d’un réseau transport public massive (métro), les capteurs de trafic intelligents,

transport multimodal interconnecté entre autres.

Un environnement intelligent :

Lorsqu’on parle d’environnement intelligent, on s’adresse principalement à deux

domaines : les déchets et l’énergie.

Une ville intelligente est aussi une ville verte dans laquelle la gestion et la valorisation

des déchets sont très importantes. Un environnement intelligent veut dire une réduction de la

production de déchets et la création des systèmes qui permettent leur recyclage (récupération) et

donc l’élaboration de produits avec matériaux provenant du tri.49

Concernant l’énergie, la ville intelligente met en place des politiques et actions qui

contribuent à l’augmentation de l’efficacité énergétique comme par exemple : des éclairages

avec senseurs pour ne pas gaspiller l’électricité, des panneaux solaires ; ainsi que la création

d’infrastructure pour produire de l’énergie à partir des ressources renouvelables.

Des habitants et mode de vie intelligents :

Pour atteindre ce modèle de ville, il est impératif que les citadins de cette ville soient des

habitants formés avec une haute responsabilité environnementale ; ainsi qu’un mode de vie

durable. Une ville intelligente a une population hautement qualifiées, innovatrice et participative

dans les espaces politique.50

Les infrastructures deviennent aussi des acteurs fondamentaux de la ville intelligente. La

présence des infrastructures communicantes comme des bâtiments intelligentes avec haute

technologie permet aux citadins de contrôler les services depuis n’importe qu’elle que soit sa

localisation géographique ; ce qui permet la diminution de consommation d’énergie. De plus,

une ville intelligente assure à sa population l’accès aux services et à des infrastructures

collectives en bonne état comme des bibliothèques, des écoles et des centres de loisirs. Comme

on l’a déjà vu, le confort et la qualité de vie de la population est un des facteurs les plus

importants dans ce prototype de ville.

49 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer, consulté le 10 septembre 2013. 50 Centre of Regional Science, Vienna UT, Smart cities Ranking of European medium-sized cities, op. cit.

17

Gouvernement et administration intelligent:

L’expression gouvernement intelligent est en rapport avec le rôle que jouent d’une part

les autorités locales et centrales, et d’autre part la société civil.

En effet, le rôle des autorités locales et central est important pour concevoir une ville de

ce type, puisqu’ils sont les responsable d’élaborer des lois et mettre en place des politiques qui,

dans ce contexte permettront atteindre un développement durable. Un exemple des politiques ce

sont les politiques de protection de l’environnement ; des politiques économiques et sociales qui

incitent à la population l’usage de la technologie ; des subventions ou programmes d’aide pour

que la population ait accès aux ressources numériques à la technologie et à l’internet ; ainsi que

des programmes d’éducation pour la population.

Le gouvernement doit aussi administrer de manière intelligente la ville, c’est-à-dire

planifier la gestion de la même pour assurer une ville économe. La transparence gouvernemental

est autre un aspect de la ville intelligente. Le gouvernement a l’obligation d’informer aux

citadins les décisions prises pour qu’ils puissent y participer dans les décisions politiques et

actions collectives. L’intégration de la société civile à des programmes et action en faveur de la

ville est aussi une caractéristique d’une gouvernance intelligente.

La technologie, à travers les technologies de l’information et la communication, est un

axe transversal est le plus important de la ville intelligente car elle permet d’optimiser les

services urbains (énergie, eau, transport, santé, assainissement, réseaux de communication,

infrastructure etc.) et les rendre plus performants.51

Selon Wachter, « Les TIC sont un outil précieux pour mesurer, quantifier et vérifier les

progrès accomplis ; ainsi qu’un facteur important pour faire face au défi énergétique et

climatique actuel»52. La présence des TIC est dans ce type de ville est « omniprésents ».53

En resumé, une ville intelligente est une ville qui utilise les TIC pour se développer et

assurer une qualité de vie a sa population tout en respectant l’environnement et en optimisant

son budget pour éviter toute sorte de gaspillage innécesaire soit économique ou

environnemental (espaces, électricité…). Une ville intelligente est aussi un lieu d’intéraction

constant entre ses habitants dans laquelle ses usagers et le gouvenement peuvent faire un

51 Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Commissariat Général au développement durable, Etudes et Documents, La ville Intelligente : état de lieux et perspectives en France, op. cit. 52 Serge WACHTER, La ville interactive : l’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de l’écologie, op. cit., p. 23. 53 ibid., p. 11.

18

pilotage en temps réel de sa situation (pronostiques des catastrophes naturelles, itinéraires des

transport, traffic etc.) grâce à la technologie.

Finalement, le concept de ville intelligente est un « concept confus qui est souvent utilisé

comme une label» 54 par les gouvernements et les entreprises internationales tel que IMB,

uniquement pour faire du « marketing ». En effet, la notion de ville intelligente apparait comme

une solution pour reconstruire la ville, la rendre une ville plus jolie, plus attirant pour la

population, mais aussi pour les entreprises nationales et internationales et pour l’investissement

étranger :

« La ville doit apparaître comme innovante, excitante, créative, et comme une place

sûre à habiter ou à visiter, où l’on peut jouer ou consommer ».55

On constate que le nom de ‘ville intelligente’ est nouveau, mais son objectif et sa

définition non puisqu’il s’agit d’un concept qui est apparu depuis les années 1980 et a pris force

dans les années 1990 près le sommet de Rio. Dans l’actualité, il s’agit d’un concept de

marketing territorial fondé sur la thèse de David Harvey sur le passage du managérialisme

urbain à l’entrepreneurialisme urbain où les « politiques urbaines antérieurement focalisées sur

la production de services urbains en direction des habitants (le « managérialisme » des années

1960) se transforment dans des politiques orientées vers une stratégie de développement

économique endogène ».56

Dans cette partie de l’étude on a pu constater que l’apparition de ville intelligente, n’est

pas une nouveauté, c’est simplement la réutilisation et adaptation des concepts déjà utilisés dans

les années 1980-1990 et dont leur but est atteindre un développement économique-durable, tout

en respectant l’environnement. Actuellement, grâce à la banalisation des TIC ce nouveau

modèle de ville est de plus en plus utilisé comme prototype de villes.

2. Un concept globalement répandu

La notion de ville intelligente est actuellement un concept populaire et répandu autour du

monde. L’initiative de transformer une ville dans une ville digitale est une réponse aux défis

environnementaux comme le changement climatique, mais aussi défis sociaux.

54 Taewoo NAM, Theresa A. PARDO, « Conceptualizing Smart City with Dimensions of Technology, People, and Institutions », The Proceedings of the 12th Annual International Conference on Digital Government Research, pp. 282-291. 55 Harvey DAVID, « From managerialism to entrepreneurialism: the transformation in urban governance in late capitalism », Geografiska Annaler. Series B, Human Geography, Vol. 71, n°1, 1989, pp. 3-17., in Christelle Morel Journel et Valérie Sala Pala, « Le peuplement, catégorie montante des politiques urbaines néolibérales ? », Métropoles (En ligne), 2011, p. 4 http://metropoles.revues.org/4536., article publié en octobre 2011, consulté le 18 octobre 2013. 56 ibid., p. 4.

19

Les sociétés actuelles ont intégré les réseaux de communication, surtout l’internet à son

mode de vie et donc la ville doit s’adapter aux changements de la modernité.

Au niveau mondial, il existe déjà quelques quartiers et villes considérées comme

intelligentes, d’autres projets sont encore en phase de construction.

L’investissement qu’implique la construction d’une ville de ce type est énorme, raison

pour laquelle sont peu les projets ou villes qui intègrent tous les critères du concept d’une ville

numérique (économie intelligente, habitants intelligents, mode de vie intelligente, mobilité

intelligente, environnement intelligent et gouvernance intelligente).

A continuation, on détaillera quelques exemples des villes et quartiers qui ont incorporé

la technologie à son territoire pour rendre un meilleur service à sa population. Du fait qu’il

n’existe pas un organisme officiel qui analyse et classifie les villes intelligentes, la sélection de

ces exemples c’est fait à partir de modèles de référence du projet Yachay en Equateur et d’une

recherche étendue à travers l’internet des meilleurs pratiques des villes intelligentes.

Un quartier solaire à Linz

Solarcity, en français ville solaire, est un projet pilote de la municipalité de la ville de

Linz, en Autriche. Ce projet a été conceptualisé en 1992 par Roland Rainer, mais sa

construction s’est réalisée en 1999 jusqu’à 2005. Solarcity, comme son nom l’indique est un

quartier écologique qui utilise seulement de l’énergie solaire et un quartier compact (32

hectares). Le gouvernement local a subventionné l’achat des panneaux solaires, de façon que

1294 maisons du quartier aient des panneaux photovoltaïques (3 500 mètres2 est la superficie

des panneaux en totale)57, il faut aussi mentionner que ces maisons ont été construites avec des

matériaux qui contribuent à la réduction de l’usage d’électricité :

« Chaque immeuble consomme moins de 37 kilowattheures par mètre carré par an, alors que la

moyenne nationale est de 65 kilowattheures »58

Actuellement, 50% de l’eau chaude du quartier, provient de l’énergie solaire produite par

les panneaux. La ville a été planifiée de manière que les routes destinées aux voitures sont

inexistantes. En effet, elles ne sont pas nécessaires puisqu’il existe un système de transport

57 Bienvenue à «Solar City» http://www.lesaffaires.com/strategie-d-entreprise/innovation/bienvenue-a-solar-city/508197#.UnFLERBpv84, article apparu le 28 décembre 2009, consulté le 19 octobre 2013. 58ibid.

20

performant et des rues piétonniers.59 Solarcity a un système de recyclage des eaux de pluie

lesquels sont utilisés dans l’arrosage.

La population qui habite dans cet éco-quartier est de 3000 habitants et le coût total du

projet a été de 300 millions de dollars, lesquels ont été financé d’une part par l’Union

Européenne et d’autre part par le gouvernement de Haute- Autriche.

Amsterdam Smart City

Autre exemple clair de la mise en place des initiatives écologiques pour atteindre une

ville intelligente est la ville d’Amsterdam. Dans cette ville européenne, le gouvernement local

utilise les TIC pour faire face aux problèmes liés à la contamination de l’environnement à cause

de l’émission du CO2. Ainsi, que le citadins de sa part, ils ont un mode de vie respectueux avec

l’environnement.60 En effet, cette ville se caractérise par une mobilité intelligente dans laquelle

la plupart de sa population se déplace en vélo, à pied ou en tramway.

Une étude réalisé en 2004, montre que dans l’année 2000 le pourcentage de la population

d’Amsterdam qui se mobilisait en voiture n’était que de 31% contre 69% qui se mobilisait en

vélo (24%), transport public (23%) et à pied (22%).61

Continuant avec la volonté écologique et atteindre ses objectifs climatiques de diminuer

ses émissions de CO2 de 40% pour l’année 202062; la municipalité d’Amsterdam avec le

support du secteur privés, la société civil et instituts de recherche, en 2009 a lancé le programme

nommé Amsterdam Smart City.63 Ce programme est focalisé principalement en cinq thèmes :

loyer, mobilité, travail, espaces publics et information et il cherche a transformé toute la zone

métropolitaine d’Amsterdam dans une ville intelligente et non polluante.

En ce qui concerne les loyers, il existe plusieurs projets dans la ville qui cherchent à

contrôler l’usage de l’énergie et de cette façon éviter un gaspillage de la même. Par exemple,

des lecteurs intelligents ont été installés dans quelques maisons de la ville et ils permettent aux

propriétaires des maisons connaître leur vrai consommation d’énergie, en temps réel, et prendre

59 Municipalité de Linz http://www.linz.at/english/life/3239.asp, consulté le 25 octobre 2013. 60 Amsterdam Smart City http://www.ecointeligencia.com/2011/11/amsterdam-smartcity/, publié le 11 novembre 2011, consulté le 28 octobre 2013. 61 Pomonti VANNINA, « Politiques urbaines et mobilité durable : analyse comparée d'Athènes et Amsterdam », Ecologie & politique, N°29, 2004 p. 53-68. 62 Ámsterdam, la ciudad inteligente y colaborativa. http://www.sostenible.cat/sostenible/web/noticies/sos_noticies_web.php?cod_idioma=2&seccio=3&num_noticia=438957. Publié le 24 septembre 2012, consulté le 28 octobre 2013. 63 Amsterdam smart city http://amsterdamsmartcity.com/?lang=en, consulté le 26 octobre 2013.

21

des décisions. Autre exemple de ce genre est le projet pareil qui a été mise en place dans le

quartier de Haarlem. Ce projet consistait à installer, dans 140 maisons du quartier, un système

qui permettait d’identifier la consommation d’énergie de chaque électroménager de la maison.

Les résultats de ce projet pilote ont été positifs puisque la plupart des foyers participants ont pu

réduire leur consommation d’environ 25%, grâce à une adéquate utilisation des

électroménagers.64

D’autre côté, le projet «Amsterdam Free Wifi » dans le quartier d’IJburg65, lequel a pour

objectif, assurer l’accès à l’internet wifi de manière gratuite à tous les citadins de cette zone de

la ville.66

Finalement, le projet Smart Work Centers est un des projets les plus innovants de la ville.

Il s’agit de la création des « centres de télétravail à proximité des zones d’habitat »67. Le but de

ce projet est réduire la mobilité des citadins et avec cela diminuer les émissions de CO2 produits

par le voitures et le transport public ; ainsi que facilité la vie des salariés en leur permettant

dépenser moins de temps pour aller au travail et avoir plus de temps libre pour eux et leur

famille.68

Shanghai

Dès 2006, le gouvernement local de la ville avait déjà établit un ensemble d’indicateurs

qui traduisaient la transformation de celle-ci en une ville intelligente : augmenter

considérablement la contribution du secteur des services dans la croissance économique ;

augmenter à 2,8% du produit interne de la ville l’investissement en recherche et développement;

assurer une main d’œuvre avec au moins 14,5 ans d’éducation :augmenter le taux de diffusion

de l’internet ; assurer une bonne qualité d’air, augmenter le taux d’eau résiduelles traitées et

augmenter l’espérance de vie des citoyens à plus de 80 ans, entre autres.69 Déjà en 2010, et à

64 Ámsterdam, la ciudad inteligente y colaborativa. http://www.sostenible.cat/sostenible/web/noticies/sos_noticies_web.php?cod_idioma=2&seccio=3&num_noticia=438957. Publié le 24 septembre 2012, consulté le 28 octobre 2013. 65 IJburg est un quartier de la ville d’Amsterdam, construit sur plusieurs îles artificielles vers la fin des années 1990. 66Amsterdam Free Wifi http://amsterdamsmartcity.com/projects/detail/id/63/slug/amsterdam-free-wifi, consulté le 16 octobre 2013. 67 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente. http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer., consulté le 10 septembre 2013. 68 Avec les Smart Work Centers, la ville d’Amsterdam veut réduire la surface de ses bureaux de moitié http://www.innovcity.fr/2011/04/26/smart-work-centers-ville-amsterdam-reduire-surface-de-ses-bureaux-de-moitie/., publié le 26 avril 2011, consulté le 16 octobre 2013. 69 Building an Innovative City: The Macro Perspective http://www.oecd.org/innovation/buildinganinnovativecitythemacroperspective.htm, consulté le 26 septembre 2013.

22

l’occasion de l’exposition universelle au sujet « Meilleure ville, meilleure vie »70 dont Shanghai

était le siège, la ville fut capable de montrer des résultats qui ont surpris le monde, avec un

développement remarquable des infrastructures et des indicateurs sociaux qui se rapprochaient à

ceux des pays développés.

Plus récemment, la municipalité de la ville de Shanghai a développé un plan de 5 ans

(2011 – 2013) dénommé « Plan pour la construction de Smart City » ce qui montre son

compromis envers la continuation des efforts dans la ligne du modèle de ville intelligente et son

importance pour l’amélioration de la qualité de vie des citoyens mais aussi comme un levier de

transformation de l’économie vers une économie fondée sur l’innovation.71

Le plan établit des objectifs ambitieux dans plusieurs axes, tous fondés sur le

développement des technologies de l’information. Notamment, on peut souligner : 72

Développement intégrale de l’accès à l’internet haut débit, internet sans fil et

communications mobiles, accompagné par le développement de nouvelles technologies

dans ce domaine, notamment le développement des réseaux 4G pour les

communications mobiles ;

Amélioration des services de santé par la numérisation des histoires cliniques de tous les

habitants ;

Renforcement du secteur des TIC, accompagné par l’implantation de projets spécifiques

dans les domaines de l’informatique en nuage et d’infrastructure comme super

ordinateurs, centre de données, entre autres;

Construction d’une nouvelle génération de bâtiments innovants et fonctionnels, à niveau

domestique et commerciale, de façon à jouer un rôle principale dans ce domaine à

niveau mondiale ;

Mise en place de systèmes numérique pour améliorer la sécurité et l’administration de la

ville, notamment dans les domaines de de la sécurité alimentaire et la prévention de

désastres naturelles ;

Informatisation des services de transport public locaux et régionaux comme outil pour

atteindre une amélioration profonde de l’intégralité des modes de transports offerts aux

habitants de la ville ;

70 Sujet original en anglais de l’exposition universelle de 2010: « Better city, better life » 71 Action Plan 2011-2013 of Shanghai Municipality for Building Smart City http://www.shanghai.gov.cn/shanghai/node27118/node27973/u22ai70898.html., consulté le 30septembre 2013. 72 ibid.

23

Développement de l’ « e-gouvernement » comme moyen d’offrir des services publics

plus convenables mais aussi comme moyen de réduire brèche numérique entre les

citoyens, à travers la numérisation des procédures administratives, la réduction de

papiers, l’augmentation du nombre de procédures « en ligne », entre autres .

La ville intelligente de Masdar

L’émergence de villes intelligentes et des initiatives durables faces aux défis actuels n’est

pas uniquement présente dans les pays européens et asiatiques ; ces idées sont aussi dans le

monde arabe.

La ville intelligente de Masdar est un projet de construction d’une ville ex nihilo, laquelle

sera localisée au milieu du désert, près de la ville de de Abu Dabi et elle aura une extension de

7km2.73 Cette ville est planifiée pour avoir une population de 50 000 habitants et une capacité

pour recevoir jusqu’à 1500 entreprises. Le coût total du projet sera environ de plus de 20 000

millions de dollars.74 La logique de fonctionnement de ce district sera celle d’une ville

intelligente qui veut atteindre un développement économique à travers l’attraction

d’investissement étranger, mais aussi atteindre un développement sociale et durable. En effet, ce

projet cherche à construire la première ville libre d’émissions de CO2 et de déchets dans le

monde ; ainsi que d’être une ville autogérée. L’initiative est courageuse, mais pour l’instant le

projet est en construction et on estime que pour l’année 2025 sera fini.75

Songdo Quartier internationale des affaires76

Près de la ville d’Incheon, au Corée du Sud, se construit la ville considérée comme la plus

intelligente du monde, dénommée Songdo Quartier internationale des affaires (IBD). La

construction de ce district a commencé en 2004 et il sera fini pour l’année 2017.77 En 2009, la

première phase du projet a été finie, ce qui représente le un tiers du projet final. Cette ville qui

commence à être habitée a une extension de 53km2 dans lequel se conjuguent une zone

résidentielle, une zone commerciale, une zone industrielle et une zone destinée aux loisirs.

L’IBD se caractérise par être une ville compacte qui évite le gaspillage d’espace, de temps et

73 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente. http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer., consulté le 10 septembre 2013. 74 Ciudad Masdar, ejemplo de smart city http://www.ayecertificaciones.com/blog/ciudad-de-masdar-ejemplo-de-smart-city/., publié le 21 décembre 2012, consulté le 02 octobre 2013. 75 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente, op. cit. 76 Songdo International Business District, est le nom original de la ville. 77 Songdo International Business District, Incheon, South Korea http://www.designbuild-network.com/projects/songdo-international-business-district-incheon/, consulté le 18 septembre 2013.

24

des ressources ; une ville intelligente et une ville verte puisque les espaces verts représentent

40%78 du territoire totale de l’IBD.79 Son objectif est de devenir une zone de développement

économique, un des centres d’affaires les plus importants d’Asie en liant les villes proches de

Shangai et Tokyo,8081 tout en préservant l’environnement et la qualité de vie des citadins. En

effet, l’IBD cherche à devenir un rival économique pour la ville de Seul.

La ville intelligente de Songdo est une ville interconnectée et ubiquité, c’est-à-dire qu’il y

a internet wifi dans tout le territoire et la technologie est incorporée dans tous l’infrastructure de

la ville :

« (…) panneaux de commande permettant le contrôle de l’ensemble des fonctions de

l’habitat (lumières, température, volets, musique, etc.), surveillance à distance des enfants et,

d’autre part, au sein des espaces publics : suivi, contrôle et optimisation du trafic routier grâce

à des véhicules équipés de puces RFID, gestion dynamique et intelligente de la signalisation

(message de prévention routière, alertes climatiques, etc.), gestion des flux de personnes et

adaptation en conséquence du niveau d’éclairage public ». 82

En ce qui concerne la conservation de l’environnement ; cette ville a investi beaucoup

dans des systèmes et technologie destinées au traitement des eaux, de déchets et à la récollection

des eaux de la pluie. C’est ainsi qu’elle a instauré la technologie pour que « les ordures, soient

aspirées et acheminées par des tuyaux sous-terrains »83 et elle possède un centre automatisé de

tri. Avec les déchets, cette ville produit de l’énergie renouvelable.

Dans cette ville, le concept de mobilité intelligente est aussi présent, grâce aux TIC les

citadins ont accès par exemple accès à l’information du transport public (itinéraire) ; il y a des

voitures électriques ; ainsi qu’un espace destiné aux piétons :

« (…) la ville est constitué d’espaces verts et le réseau de pistes cyclables est long de

25 km».84 

78 Songdo, la ciudad más inteligente del mundo http://www.lanacion.com.ar/1616937-songdo-la-ciudad-mas-inteligente-del-mundo., publié le 05 de septembre 2013, consulté le 10 octobre 2013. 79 Kwon Hyung LEE, “Building a New Smart City in Asia: Songdo International City in Incheon, S. Korea”, Incheon Development Institute, 2011. pp. 66. 80 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente, op. cit. 81 Very Smart Cities http://www.forbes.com/2009/09/03/korea-gale-meixi-technology-21-century-cities-09-songdo.html., publié le 09 mars 2009, consulté le 12 octobre 2013. 82 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente, op. cit. 83 Séoul porte le futur sur Songdo, Eva John http://www.liberation.fr/economie/2012/12/02/seoul-porte-le-futur-sur-songdo_864602., publié le 02 décembre 2012, consulté le 10 octobre 2013. 84 ibid.

25

Cependant tous les efforts faits par le gouvernement d’Incheon et la technologie

incorporée à cette ville pour la rendre plus attractive ; Songdo n’a pas eu le succès attendu, la

ville reste vide. Actuellement, l’espace occupé qui était destiné au commerce représente moins

du 20 %85 prévu, ce qui nous montre que les résultats attendus arrivent plus lentement de ce qui

était espéré. Le coû total du projet est de 35 milliards de dollars.86

Lyon Smart Community

La ville de Lyon est aussi considérée comme une ville intelligente. En effet, plusieurs

programmes et projets se sont développés pour maitriser la consommation de l’énergie et

transformer cette espace dans un lieu d’innovation et de « l’expérimentation Smart City ».87

Le projet urbain le plus remarquable du Grands Lyon date du début du XXIème siècle

lorsque le maire de la ville, Raymond Barre, lance l’initiative d’urbaniser 150 hectares88 de la

ville de Lyon en construisant un quartier écologique, moderne et durable. Il s’agit du quartier

dénommé Lyon Confluence.8990 La construction de cet éco-quartier a été planifiée pour

accueillir à 25 000 habitants.

Ce projet cherchait à construire :

« Un morceau de ville dans laquelle chacun aimerait vivre, travailler et se détendre,

organiser une vie urbaine en harmonie avec le patrimoine fluvial et paysager, étendre la

centralité lyonnaise historique à toute la presqu’île (…) ainsi que toutes les communes du sud-

ouest, intégrer ce nouveau morceau de ville dans l’agglomération, notamment avec des

évolutions sensibles du réseau routier, ferroviaire et de transports en commun ». 91

Aujourd’hui, grâce à son succès, Lyon Confluence est le protagoniste principal de

plusieurs initiatives innovantes qui ont pour but atteindre le modèle de ville intelligente.

Pour cela, plusieurs politiques et projets sont mise en place dans le quartier pour réduire

la pollution. La protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie de sa

85 Existen ciudades inteligentes? http://www.muyinteresante.com.mx/preguntas-y-respuestas/638965/songdo-corea-del-sur-ciudad-del-futuro-inteligente/., publié le 04 septembre 2013, consulté le 10 octobre 2013. 86 World's Largest Projects: Songdo IBD http://construction.about.com/od/Future-Projects/a/Worlds-Largest-Projects-Songdo-Ibd.htm., consulté le 12 octobre 2013. 87 Lyon Smart Community http://www.grandlyon.com/Lyon-Smart-Community.5518.0.html, consulté le 15 octobre 2013. 88 SPLA Lyon Confluence, La Confluence : Lyon 1er quartier durable WWF, Lyon, 2011. 89 1600 Pandas et 660 nouveaux logements dans le quartier durable Lyon Confluence http://www.wwf.fr/s-informer/actualites/1600-pandas-et-660-nouveaux-logements-dans-le-quartier-durable-lyon-confluence., publié le 17 octobre 2010, consulté le 15 octobre 2013. 90 Lyon Confluence, Historique du projet Lyon Confluence, Lyon, 2005. 91 ibid., p. 2.

26

population et un principe essentiel du quartier. Les résultats de ses projets ont été jusqu’à

positifs.

Le quartier de Lyon Confluence a été le premier quartier « durable labellisé WWF de

France »92. En effet, en 2010, le Grand Lyon et l’Organisation Mondiale de Protection de la

Nature (WWF) ont signé une convention, laquelle a pour finalité construire en commun un Plan

d’Action Durabilité (PAD) pour Lyon Confluence ; ainsi que développer des programmes en

commun pour atteindre les dix principes de ce plan :

1. Zéro carbone : optimiser l’utilisation de l’énergie et produire de l’énergie

renouvelable.

2. Zéro déchets : réussir à recycler 70% des déchets du quartier.

3. Mobilité durable : réduction l’usage des voiture et améliorer le service de

transport public.

4. Matériaux locaux et durables : stimuler l’utilisation des matériaux recyclés qui

ont un faible impact dans l’environnement et qu’ils soient de production locale.

5. Alimentation locale et durable : stimuler a consommation d’aliments bio et de

production locale.

6. Gestion durable de l’eau

7. Habitats naturels et biodiversité : conserver l’environnement et la nature.

8. Culture et patrimoine local : valorisation de l’héritage culturel

9. Equité et développement économique : promouvoir le développement

économique local

10. Qualité de vie et bien-être : améliorer la santé et le bien-être des usagers.93

D’autre part, l’utilisation des TIC dans cet éco-quartier est aussi un aspect positif pour

atteindre le control de la consommation de l’énergie dans le quartier :

« 50% des besoins en eau chaude sont assurés par les bois et les 50% restants par des

capteurs solaires (…) installation de 1000m2 de panneaux photovoltaïques en toiture pour

réduire encore les charges ».94

La ville de Lyon participe aussi dans le programme Concerto, de la Commission

Européenne, à travers le projet Concerto-Renaissance du Grand Lyon. Ce projet a pour objectif

92 SPLA Lyon Confluence, La Confluence : Lyon 1er quartier durable WWF, op. cit., 11. 93 ibid. 94 Grand Lyon Communauté urbaine, Projet urbain durable "éco-quartier : le projet urbain Lyon Confluence, Lyon, sans date. http://www.economie.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/fichiers/site_eco/200805_gl_immobilier_durable_lyon_confluence_fr.pdf., consulté le 13 octobre 2013.

27

construire des bâtiments qui favoriseront à l'efficacité énergétique et à l’utilisation des énergies

renouvelables. Dans le quartier Lyon Confluence, le gouvernement local cherche à construire

« 620 logements, 14 000 m2 de bureaux et 4 300 m2 de commerces et activités en pied

d’immeuble » 95 avec le financement de la Commission Européenne.

Autre aspect qui caractérise à de Lyon comme une ville intelligente est le fait qu’il a une

mobilité intelligente. En effet, la ville de Lyon et Lyon Confluence possèdent un service

efficace de transport public (tramway, métro, bus et vélo’v) qui contribue à la diminution de la

pollution.

Finalement, autre projet innovant qui est en phase de développement à Lyon est le projet

Lyon Smart Community, un projet pilote qui sera développé par le Grand Lyon en partenariat

avec l’Organisation pour le Développement de Nouvelle Industrie et Industrie Technologique

du Gouvernement du Japon (NEDO). La finalité de ce projet sera : la construction d’un

« bâtiment à énergie positive »96, la dotation des voitures électriques et l'installation « d'energy-

boxes »97 pour permettre à leur population avoir un control de la consommation d’énergie dans

leurs foyers.

Si bien on a pu constater grâce aux exemples précédents de villes intelligentes que les

pays développés utilisent ce nouveau modèle de ville pour répondre aux défis

environnementales, il serait intéressant aussi d’analyser comment la notion de ville intelligente

est mise en œuvre dans les pays émergeants comme c’est le cas de la région latino-américaine.

B. L’introduction de la notion de ville intelligente en Amérique

Latine

L’apparition des initiatives qui cherche à transformer les villes en villes intelligentes

prennent force en Amérique latine ces dernières années.

95 Grand Lyon Communauté urbaine, Programme Concerto / Renaissance : L’habitat durable au cœur de Lyon Confluence, Lyon, sans date. http://www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/Pdf/territoire/Grands_Projets/Confluence/Plaket_pres_Concerto_Renaissance.pdf 96 Lyon Confluence : signature d'une convention d'engagement entre le Grand Lyon et NEDO pour la mise en oeuvre d'un démonstrateur "smart community" d'ici à 2015 http://www.economie.grandlyon.com/actualite-economie-actu-lyon.194+M5237e8b4b85.0.html., consulté le 15 octobre 2013. 97 ibid.

28

1. Une initiative en plein essor en Amérique latine

Actuellement, l’Amérique latine est la région du monde avec la plus grande croissance

économique, malgré la crise économique mondiale. En 2012, le PIB de la région latino-

américaine a augmenté de 3,1%, pendant que le PIB mondial a grandi seulement de 2,2%.98

En ce qui concerne sa démographie, en 2012, l’Amérique latine a eu une population de

597 526 000 d’habitants99, parmi laquelle 29,4% est pauvre.100 La population urbaine de

l’Amérique latine représente le 80% de sa population totale.101

Concernant le taux de chômage urbain de la région, celui-ci s’est réduit discrètement. En

2011, il était de 6,7% tandis que dans l’année suivante ce taux est baissé à 6,4%.102

Si bien, cette région du monde à une croissance économique, cette croissance n’est pas

repartie équitablement à l’intérieur des pays :

« D’après les dernières données, le 10% de la population plus riche de l’Amérique latine

reçoit 32% de revenus totales de la région, tandis que la population la plus pauvre (40%),

reçoit uniquement 15% de revenus de la région. » 103

Lorsqu’il s’agit de l’accès à l’internet, cette région est encore en retard si on la compare

avec les pays développés dans lesquels 80% de la population à accès à ce service, tandis ce taux

pour les pays latino-américains est uniquement de 40%.104

En 2012, le numéro d’utilisateurs d’internet fut de 2.400 millions, parmi ce pourcentage

la population latino-américaine représentait uniquement le 10,6%105

98 Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Balance preliminar de las economías de América latina y el caribe, Santiago de Chile, 2012.  99 Banco Mundial, América Latina y el Caribe http://datos.bancomundial.org/pais/LAC., consulté le 05 octobre 2013. 100 Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Panorama Social de América Latina, Santiago de Chile, 2012. 101 La urbanización presenta oportunidades y desafíos para avanzar hacia el desarrollo sostenible http://www.eclac.cl/notas/73/Titulares2.html., publié en août 2012, consulté le 05 octobre 2013. 102 Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Balance preliminar de las economías de América latina y el caribe, op. cit. 103 « Las últimas estadísticas disponibles para 18 países indican que en promedio el 10% más rico de la

población latinoamericana recibe 32% de los ingresos totales, mientras que el 40% más pobre recibe

solo 15% ». Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Panorama Social

de América Latina, op. cit. 55. 104 Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Estado de la banda ancha en América latina y el Caribe: Informe del Observatorio Regional de Banda Ancha, Santiago de Chile, 2012. http://www.eclac.org/publicaciones/xml/9/48449/EstadobandaAnchaenAMLC.pdf 105 América Latina pisa cada vez más fuerte en internet http://www.bbc.co.uk/mundo/noticias/2013/01/130117_tecnologia_internet_2012_aa.shtml., publié le 18 janvier 2013, consulté le 14 octobre 2013.

29

Malgré une économie dynamique, les sociétés latino-américaines en encore des difficultés

pour répondre aux besoins de sa population qui est de plus en plus urbaine. Les problèmes

urbains sont plusieurs : un taux élevé de pauvreté, un taux élevé de travail informel, précarité

concernant les logements (occupation illégale des territoires), une faible dotation de services

publics (transport public de mauvaise qualité et pas effective, pas accès à l’eau potable,

éducation gratuit etc…) et problèmes environnementaux. Les problèmes de sécurité sont aussi

un défi pour l’Amérique latine, en 2008 le taux d’homicide dans la région est de 26 par mil

habitants.106

A présent, la mondialisation a permis aux pays latino-américains de reprendre les

tendances apparues dans les pays développés et d’essayer de leur mettre en place dans leur

propre réalité. D’où, la notion de ville intelligente est actuellement un concept en plein essor

dans la région latino-américaine qui est de plus en plus mise en pratique dans les pays de cette

région du monde.

A continuation, on étudiera quelques exemples de projets et programmes développés ou

en face de développement dans l’Amérique latine.

2. Quelques exemples remarquables dans la région

Curitiba, Brésil

La ville de Curitiba, au Brésil, est un type assez particulier de ville intelligente. Depuis la

deuxième moitié du XX siècle, elle suit rigoureusement un plan d’urbanisme réalisé initialement

en 1940 par Alfred Lagache et la société française d’études urbaines qui prenait en compte

principalement le schéma des voies de communication et les systèmes d’assainissement ; ce

plan fut ensuite raffiné en 1968 par le maire de Curitiba, Jaime Lerner. Le plan de Lerner était

caractérisé par focaliser les efforts sur une multiplicité de projets modérés qui répondaient à des

besoins précis des citoyens avec un regard futuriste de durabilité et inclusion sociale, plutôt que

juste sur quelques projets de grande échelle107.

Entre les projets dérivés de ce deuxième plan d’urbanisme de la ville, on peut remarquer

les suivants :

Transport public efficace : A travers la mise en place d’un système de bus rapide,

confortable et efficace, la ville a réussi à doubler sa population depuis 1974, mais en même

106 Inter-american Dialogue, La situación de la seguridad ciudadana en América Latina, Perú, 2012. 107 A. SOLTANI, and E. SHARIFI, “A Case Study of Sustainable Urban Planning Principles in Curitiba (Brazil) and Their Applicability in Shiraz (Iran)”, International Journal of Development and Sustainability, Vol. 1 No. 2, 2012, pp. 120–134.

30

temps, voir le trafic se réduire de 30%108, tout en réduisant la consommation de 30% par

habitant de fuel et profitant une des meilleures qualité d’air de toutes les villes du pays109.

Actuellement ce même système de transport public mobilise au moins 85% des habitants de

Curitiba110.

Le développement des espaces verts et d’une responsabilité citoyenne écologique, à

travers la sélection d’industries non polluantes et la massification d’espaces verts, ce qui lui

attribue actuellement le surnom de la capitale écologique du Brésil111.

Système moderne de gestion de déchets qu’actuellement permet un taux de recyclage de

70% des déchets produits par ses habitants, accompagné de plusieurs programmes de support

aux gestes de tri ciblés surtout pour la population de faibles revenus112.

La construction depuis les années 1980 de multiples « phares du savoir 113», des

véritables centres d’éducation gratuits et complets qui incluent des bibliothèques, de l’accès à

internet, bureaux pour la promotion de l’emploi, entre autres, ciblés envers la population la plus

désavantagée114.

Enfin, les politique suivies par la ville de Curitiba lui ont permis de devenir la 7e ville la

plus grande, mais aussi la 4e plus riche du Brésil. Elle détient à elle seule un produit interne de

17 milliards de dollars américains115.

Monterrey, Mexique

La ville de Monterrey, capitale de l’état de Nuevo Léon, au Mexique, est un référent

national voire régional de développement économique fondé sur la transformation des capacités

productives d’une ville, détenant plus de 50 parcs industriels occupés par des sociétés

spécialisés dans des industries très variées dont la pharmaceutique, des TIC, logistique, entre

autres qui se sont implantés dans cette ville de 3,5 millions d’habitants depuis une dizaine

d’années.116 En 2009, le produit interne par habitant de la région doublait déjà la moyenne

108 ibid.. 109 Joseph Goodman, Melissa Laube, and Judith Schwenk, Curitiba’s Bus System is Model for Rapid Transit, race, poverty & the environment http://urbanhabitat.org/node/344., consulté le 16 octobre 2013. 110 A. SOLTANI, and E. SHARIFI, “A Case Study of Sustainable Urban Planning Principles in Curitiba (Brazil) and Their Applicability in Shiraz (Iran)”, op. cit. 111 ibid. 112 ibid. 113 Nom original : Faróis de Saber 114 A. SOLTANI, and E. SHARIFI, “A Case Study of Sustainable Urban Planning Principles in Curitiba (Brazil) and Their Applicability in Shiraz (Iran)”, op. cit. 115 Tim DIXON, “Sustainable Urban Development to 2050: Complex Transitions in the Built Environment of Cities”, Oxford Institute for Sustainable Development, Oxford Brookes University, 2011. 116 The World's Smartest Cities

31

nationale et détenait un écosystème académique vibrant avec plus de 80 institutions d’éducation

supérieure dont l’Institut Technologique de Monterrey117 qui est considérée entre les meilleures

du pays.118

Dans le cadre d’un projet réalisé en partenariat par l’Institut Technologique de Monterrey

et les sociétés industrielles privées de la région, la construction d’une ville intelligente est prévu

démarrer prochainement. Cette ville intelligente devrait offrir à ses citadins tous les bénéfices

que la technologie plus moderne peut offrir peut apporter, notamment « l’approvisionnement

des foyers en énergie solaire et d’outils électroménagers intelligents pour un bilan écologique et

un usage de l’énergie plus performant ; les institutions de la santé sont numérisées et efficaces ;

les voitures sont électriques et les services de transports publics se paient avec le portable, entre

autres. » 119

Guatemala City

La ville de Guatemala120 en Amérique centrale a obtenu le prix à l’initiative la plus

innovatrice lors de l’édition 2012 du Smart Cities Expo World Congress qui eut lieu à

Barcelona. 121 L’initiative qui a été récompensée est celle de la mise en place de 1400 panneaux

solaires pour alimenter l’éclairage publique de la ville, ainsi que pour alimenter en électricité

« bon marché » à 400 foyers dans des quartiers pauvres de la ville. Le mécanisme de

financement de cette infrastructure énergétique est aussi innovateur : un partenariat public –

privé à travers lequel plusieurs quartiers aisés de la ville sont munis des premiers 1000

panneaux solaires ce qui leur permet d’obtenir une réduction de 20% sur sa facture

d’électricité ; en échange ces foyers financent la totalité de l’investissement requis, ce qui

http://www.forbes.com/2009/12/03/infrastructure-economy-urban-opinions-columnists-smart-cities-09-joel-kotkin.html., publié le 1 mars 2009, consulté le 15 septembre 2013. 117 Nom originale : Instituto Tecnológico de Monterrey. 118 Deuxième dans le classement nationale d’universités selon le magazine mexicaine d’affaires América Economia, Las mejores universidades de México http://rankings.americaeconomia.com/2012/ranking-universidades-mexico/ranking.php., consulté le 15 septembre 2013. 119 Texte original : « where homes are solar-powered and equipped with intelligent household appliances, provided hospitals with high technology and where electric cars to circulate and operate payment systems of public transport through cell phone, among other things”. Source: Mexico will develop “Smart City” http://www.mexicanbusinessweb.mx/eng/2012/mexico-will-develop-smart-city/., publié le 06 décembre 2012, consulté le 17 septembre 2013. 120 Ciudad Guatemala est la capital de Guatemala et son nom officiel est : Nueva Guatemala de la Asunción. 121 World Smart Cities Awards 2012 http://www.smartcityexpo.com/premios-2012., consulté le 17 septembre 2013.

32

permet que les derniers 400 panneaux solaires soient installés dans les quartiers les plus pauvres

de la ville.122

San Luis, Argentine

La ville de San Luis en Argentine est la pionnière dans ce pays en ce qui concerne des

programmes et projets de ville intelligente.

San Luis a réussi à devenir un pôle technologique grâce à la mise en place de politiques

focalisées sur l’inclusion digitale. Ces politiques ont la finalité d’inciter l’usage de technologies

aux citadins et l’attraction d’investissement étrangers, à travers l’implémentation des entreprises

de TIC. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement local a mis en place plusieurs programmes

entre eux, un programme qui finance le 50% du prix total d’un ordinateur. Aujourd’hui les

résultats de ces politiques sont très satisfaisants ; toute la population de San Luis a accès gratuit

à l’internet ; ainsi que 80% de la même possède un ordinateur.123

De même, San Luis dispose d’un centre de contrôle de la ville, lequel avec l’aide de 70

caméras installées dans toute la ville permet de répondre à la police et ambulance rapidement

aux accidents de transports, mais aussi identifier aux délinquants.

D’autre part, dans cette ville il existe aussi le projet dénommé « Mon prochain bus »124,

lequel permet aux citadins d’accéder à l’information de itinéraires des bus (temps d’attend et

routes) ; de même que contrôler la vitesse à laquelle le bus roule et voir si le chauffeur respect

les limites de vitesse. Si ils dépassent les limitent de vitesse permis, un système notifie

immédiatement aux autorités et le chauffeur peut être sanctionné, c’est un moyen efface pour

diminuer les accidents de transport.125

Dans le domaine écologique, San Luis a des programmes de recyclage de déchets. En

effet, le tri dans cette ville permet de valoriser les déchets et donc fabriquer des cahiers, agendas

entre autres.

Pour le futur, San Luis développera un système qui permettra d’enregistrer l’historial

clinique de sa population.

En résume, la notion de ville intelligente est actuellement vue comme un modèle de ville

qui permet aux citadins et aux gouvernement locaux développer leur ville, atteindre un

122 ibid. 123 Ciudad inteligente surge en Argentina http://www.eluniversal.com.mx/articulos/66816.html., publié le 11octobre 2011, consulté le 20 octobre 2013 124 “Mi próximo colectivo” en espagnol. 125 Ciudad inteligente surge en Argentina, op. cit.

33

développement économique, mais aussi respecter l’environnement, tout en assurant le futur pour

les générations futures.

Dans le monde entier, plusieurs projets et programmes prenant en compte au moins un

aspect de la ville intelligente se sont développés pendant ces dernières années. L’Amérique

latine n’est pas une exception à ce mouvement. La partie suivante de ce document analyse le cas

spécifique de l’Equateur, pays andin qui envisage la construction d’une ville intelligente, la

même qui aura pour but de contribuer au développement économique et social du pays : il s’agit

de Yachay, cité de la connaissance.

34

PARTIE II. Le cas de l’Equateur : YACHAY, cité de la

connaissance

"La notion d’économie de la connaissance est devenue un cadre de réflexion obligé pour

la plupart des économies développées mais aussi pour de nombreux pays en développement".126

L’Equateur fait partie des pays qui croient que l’investissement humain est le seul moteur

pour le fonctionnement de l’économie, le développement de la nation et la libération de la

dépendance des matières premières comme source principale de revenus. C’est ainsi que le

projet Yachay nait pour changer le modèle traditionnel productif du pays et améliorer la qualité

de vie de la population équatorienne.

A. La genèse du projet

1. Antécédents

1.1. Contexte économique et social

L’Equateur est un pays de l’Amérique du Sud qui limite au nord avec la Colombie et à

l’est comme au sud avec le Pérou (voir figure 1). Son territoire de 283 561 km2 est occupé par

une population d’environ 15 839,799 habitants.127 Il est composé par 24 provinces et sa capitale

est la ville de Quito.

L’Equateur possède quatre zones climatiques : les Andes, la Côte, l’Amazonie et les Iles

Galápagos, lesquelles sont situées à 1000 km de la cote du pays dans l’océan Pacifique ; c’est le

pays avec la plus grande concentration de fleuves par kilomètre carré du monde, ainsi que le

pays avec la plus grande biodiversité par kilomètre carré du monde, portant plusieurs espèces

animales et végétales uniques sur la planète. Le pays s’inscrit dans la liste des 17 nations avec la

plus grande biodiversité au monde.128

Cette petite nation sud-américaine possède un territoire riche en ressources naturelles,

notamment des importantes réserves minières et pétrolières. En effet, d’après une étude réalisée

126 Haudeville BERNARD et alii, « Quelles articulations entre économie de la connaissance et développement ? », Mondes en développement, 2009/3 n° 147, 2009, p. 2. 127 Censo poblacion del Ecuador http://www.inec.gob.ec/estadisticas/., consulté le 29 septembre 2013. 128 17 países megadiversos del mundo http://www.rpp.com.pe/2012-09-08-17-paises-megadiversos-del-mundo-noticia_520498.html., publié le 08 septembre 2012, consulté le 09 septembre 2013.

35

par l’organisation latino-américaine d’énergie (OLADE), l’Equateur est le quatrième pays avec

plus de pétrole dans la région latino-américaine (3%) après le Venezuela (85%), le Brésil (5%)

et le Mexique (4%).129 Ainsi, ce pays est un important exportateur de pétrole brut dans la région,

le principal exportateur de bananes dans le monde et un des principaux exportateurs de fleurs,

cacao et crevettes.

Quant à la composition du produit interne brut, les revenus du pays proviennent

principalement de l’extraction du pétrole (40%), suivi de l’agriculture (6%), de la pèche et de

l’industrie minière.130 Le secteur des services est aussi un secteur important pour le pays

puisqu’il représente 54% du PIB.131

Figure 1. Situation géographique de l’Equateur Source : Google Maps 2013

Le début du XXIe siècle fut particulièrement difficile économiquement pour la population

équatorienne à cause de la crise économique qui eut lieu dès 1999, date à laquelle le

gouvernement de Jamil Mahuad, entre autres mesures très polémiques, décide d’arrêter la

129 Organisation Latinoamericaine d’énergie http://www.olade.org/ecuador., consulté le 29 septembre 2013. 130 Ecuador en cifras http://www.ecuadorencifras.com/cifras-inec/pib.html#tpi=1., consulté le 30 septembre 2013. 131 Banque Central de l’Equateur 2012. http://www.bce.fin.ec/indicador.php?tbl=pib. Consulté le 30 septembre 2013.

36

circulation de la monnaie nationale, le « sucre », pour adopter le dollar américain et tenter ainsi

de stabiliser l’économie nationale. Malgré tout, aujourd’hui, l’Equateur est la huitième

économie latino-américaine avec un PIB de 84 039 856 000 USD.132 Selon le Centre

d’Information des Nations Unies à Panama, l’Equateur est le troisième pays avec la plus grande

croissance économique de la région.133 En effet, la croissance économique de l’Equateur entre

2007 et 2011, a augmenté en moyenne de 4,3%, tandis que celle de l’Amérique latine a

augmenté que de 3,5% dans la même période.134

Par rapport à l’aspect démographique, l’Equateur est le pays avec la plus grande densité

de population par Km2 dans la région sud-américaine (environ 54 habitants par Km2) ;

actuellement le pays est détenteur d’un des plus bas taux de chômage de l’Amérique.135 Les

citadins représentent la majorité de la population équatorienne avec 60,4% des habitants du

territoire national qui habitent dans des collectivités urbaines. Environ 50% de la population

équatorienne habite dans la Côte, 45% dans la « Sierra » (zone montagneuse), 5% dans

l’Amazonie et de 0,2% sur les Iles Galápagos. 136 Le 71,9% de la population est considérée

comme métis (ou d'origine mixte), 6,1% blancs, 6,8% indigènes, 7,2% afro-équatoriennes, et

7,4% « montubios ».137138

132 Banque Mondiale http://www.bancomundial.org/es/country/ecuador., consulté le 30 septembre 2013. 133 Ecuador: Tercero con mayor crecimiento regional 2011 y 2012 http://www.cinup.org/noticias/noticias-del-mundo/1120-ecuador-tercero-con-mayor-crecimiento-regional-2011-y-2012., publié le 04 janvier 2012, consulté le 02 octobre 2013. 134 Secrétariat Nationale de Planification et développement, Système National d’Information, http://app.sni.gob.ec/web/sni., consulté le 18 septembre 2013. 135 Mapa Comparativo de Países, Densidad de población, Sudamérica http://www.indexmundi.com/map/?v=21000&r=sa&l=es., consulté le 19 septembre 2013. 136 Profil Equateur http://www.paho.org/saludenlasamericas/index.php?id=40&option=com_content., publié le 11 avril 2013, consulté le 19 septembre 2013. 137 Censo poblacion del Ecuador. op. cit. 138 Censo revela que los ecuatorianos aceptan sus orígenes étnicos http://www.telegrafo.com.ec/sociedad/item/censo-revela-que-los-ecuatorianos-aceptan-sus-origenes-etnicos.html., publié le 12 octobre 2011, consulté le 18 septembre 2013.

37

Figure 2. Répartition par origine ethnique de la population équatorienne Source : réalisation personnelle basée sur les données d’INEC 2013

La distribution de la population n’est pas homogène, la plupart de la population

équatorienne est concentrée dans les pôles de développement économique du pays, c’est-à-dire

dans les provinces de Pichincha et Guayas.

Quito est le siège du gouvernement et des institutions publiques et politiques du pays.

Elle détente une population de 2 239 191 habitants. Elle est la deuxième ville la plus peuplée de

l’Equateur après Guayaquil. Guayaquil à son tour, est localisée dans la Côte du pays, elle est le

principal port commercial du pays, presque le 70% des exportations et importations du pays

sont commercialisé à travers cette ville, d’où le surnom de « capitale économique » du pays.

Guayaquil est la ville la plus peuplé de l’Equateur avec une population de 2 350 915

habitants139.

Si bien l’Equateur est un pays riche en ressources naturelles, avec des paysages naturels

et une biodiversité unique au monde, la réalité sociale ne reflète pas cette richesse. Le pays n’a

pas encore réussi à réduire considérablement l’inégalité économique entre la population la plus

riche et la plus pauvre. Aussi, ils existent encore des énormes inégalités régionales. Malgré les

efforts du gouvernement actuel à travers l’exécution de plusieurs politiques économiques et

sociales de gauche, le taux de pauvreté reste élevé et on constate toujours une inégalité en ce qui

concerne le développement économique et urbain du pays. La concentration des activités

économiques dans les villes de Quito, Guayaquil et Cuenca a eu comme conséquence un

développement économique et urbain polarisé autour de celles-ci. La plupart des villes de petite

139 Censo poblacion del Ecuador. op. cit.

38

ou moyenne taille ont échappé à ce développement, surtout dans les régions nord, centre et dans

la région de l’Amazonie ; dans ces régions l’accès à l’éducation, la santé et aux services publics

de base reste limité et de mauvaise qualité, ainsi que la diffusion des technologies d’information

et communication reste discrète.

D’après, l’Institut Nationale de Recensement de l’Equateur (INEC) en 2012, 25,3% de la

population équatorienne était pauvre et 9,4% de la population était dans l’extrême pauvreté. La

pauvreté est présente dans tout le pays, mais on constate qu’il y a de zones qui sont exclues de

cette catégorisation : il s’agit des deux pôles économiques du pays où ils se trouvent les villes de

Quito et Guayaquil. 140 Le centre du pays est la région avec le taux de pauvreté plus élevé (entre

50% et 57%), suivi du nord, de l’est (Amazonie) et du sud-ouest du pays, régions pour

lesquelles le taux de pauvreté se trouve entre 30% et 50%. En contraste, pour les provinces de

Pichincha (dont la capitale est Quito) et de Guayas (dont la capitale est Guayaquil) ainsi que

pour quelques provinces voisines à celles-ci, le taux de pauvreté s’établit de 14% à 30% (voir la

figure 3 ci-dessous).

Figure 3. Taux de pauvreté par province Source : INEC 2012

140 Ultimos datos de pobreza en Ecuador, INEC, http://www.inec.gob.ec/estadisticas/index.php?option=com_remository&Itemid=&func=startdown&id=1509&lang=es&TB_iframe=true&height=250&width=800, consulté le 14 septembre 2013.

39

L’inégalité économique régionale observée est une conséquence de la concentration de la

richesse uniquement dans les grandes villes du pays. En effet, si on compare les taux de

pauvreté de Quito, Guayaquil et Cuenca avec celui du pays, on constate qu’ils sont loin de la

réalité nationale. Le taux de pauvreté de Quito pour l’année 2011 était 10,3%, celui de

Guayaquil 19,2% et celui de Cuenca 12,4%141, tandis que celui du pays est de 25,3%.

En ce qui concerne l’indice de GINI, l’inégalité économique de l’Equateur s’est réduite

de 0,54 à 0,45 entre les années 2006 et 2011.142 De même, une évaluation réalisée par le Conseil

Nationale de Planification du pays, en décembre 2010, montre que les groupes le plus pauvres

sont les indigènes (65,2%) suivi des « montubios » (47,9%) et des afro-équatoriens (37,8%)143,

tandis que celui des métis (28,1%) et des “blancs” (20,6%) est considérablement plus bas.144

12,3%

25,6%

11,0%

9,5%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

25,0%

30,0%

2007 2008 2009 2010 2011 2012

Ambato

Quito

Guayaquil

Machala

Cuenca

Figure 4. Evolution historique du taux de pauvreté dans quelques grandes villes de l’Equateur Source : réalisation personnelle basée sur l’Enquête Nationale d’emploi, chômage et sous-

emploi, INEC 2012

A partir de l’année 2006, sous le gouvernement du président Correa, on constate un

accroissement de l’investissement dans le social (éducation et sécurité sociale). En 2006, le

secteur social représenté uniquement 6,7 % du PIB, tandis qu’en 2010 ce taux augmente jusqu’à

9,2%.145 Si bien les efforts investis sont importants, l'Equateur est toujours confronté à un long

141 ibid. 142 Banque Centrale de l’Equateur, op. cit. 143 Indicador registra que se redujo la desigualdad económica en el Ecuador http://andes.info.ec/2009-2011.php/?p=132299, publié le 17 janvier 2012, consulté le 20 septembre 2013. 144 ibid. 145 Ecuador en breve

40

chemin de la lutte contre la pauvreté et l'inégalité. Les taux de pauvreté plus élevés on les

retrouve dans les zones rurales (49,1%), les populations indigène et afro-équatorienne sont

encore marginalisées du progrès ; l’accès aux services publics élémentaires (éducation, santé,

eau potable, électricité, etc.) restent limités dans les régions déjà précisées.

En matière d’éducation, les inégalités sont d’autant plus visibles. Si bien le taux moyen

d’illettrisme en Equateur dans l’année 2010 était de 6,8%146, des différences existent entre le

secteur rural et le secteur urbain. En effet, 3,8% de la population urbaine est analphabète, tandis

que pour le secteur rural ce taux augmente énormément à 16,5%.147 En outre, ce taux moyen de

3,8% d’analphabétisme ne reflète pas la réalité car toute la population des zones urbaines ne

possède pas les mêmes conditions et garanties pour accéder à une éducation publique gratuite de

qualité.

Dans le domaine de la santé, le gouvernement de Correa a entrepris la construction de

nouveaux hôpitaux, le remodelage de bâtiments existants et l’équipement des institutions de la

santé publique afin de garantir l’accès de la population à un service de bonne qualité. Seulement

l’année dernière (2012), le gouvernement à investit 1,6 milliards de dollars dans le secteur de

santé.148 Actuellement, dans tout le pays, il y a 167 hôpitaux généraux et 22 hôpitaux

spécialisés, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour que toute la population

équatorienne ait accès à la santé publique.149

Le retard pris par quelques régions du pays est visible aussi par rapport à l’usage des

technologies d’information et communication (TIC). Si bien, lors du dernier recensement en

2010, 75,5% de la population équatorienne possède un portable, lorsqu’il s’agit d’avoir un

ordinateur ce pourcentage ce réduit à 27% des foyers. Ce chiffre diminue considérablement si

on regarde les statistiques au niveau rural, où uniquement 8% de la population possède un

ordinateur.150 De même, l’accès à l’internet n’est pas encore un service assuré pour toute la

population (voir l’annexe 1). En 2010, le taux moyen d’accès à l’internet est de 16,7% pour la

population urbaine et de 1,3% pour la population rurale et de 11,8% au national. Si bien ce

http://www.fondodelagua.aecid.es/es/fcas/donde-trabaja/paises/ecuador.html., consulté le 17 septembre 2013. 146 Ministère d’éducation de l’Equateur, Indicateurs éducativeshttp://educacion.gob.ec/wp-content/uploads/downloads/2013/03/Analfabetismo.pdf 147 Ministère d’éducation de l’Equateur, Indicateurs éducatives, Quito, 2012. 148 Gobierno ecuatoriano proyecta invertir $ 6.600 millones en sector social en 2013 http://www.eluniverso.com/noticias/2013/06/14/nota/1026806/gobierno-ecuatoriano-proyecta-invertir-6600-millones-sector-social., publié le 14 juin 2013, consulté le 01 octobre 2013. 149 Ecuador prevé consolidar un presupuesto de USD 5.651 millones en salud hasta el 2017, http://www.andes.info.ec/es/sociedad/ecuador-preve-consolidar-presupuesto-usd-5651-millones-salud-hasta-2017.html., publié le 10 janvier 2013, consulté le 10 octobre 2013. 150 Ministerio de Telecomunicaciones (MINTEL) y de la Sociedad de la Información e Instituto Nacional de Estadística y Censo (INEC), Reporte anual de estadísticas sobre tecnologías de la información y comunicaciones TIC’s, Quito, 2010.

41

chiffre a augmenté de plus de 50% entre 2008 et 2010, l’accès à l’internet reste un privilège

pour une petite fraction de la population urbaine, la population rurale restant presque totalement

isolée151. En outre, concernant l’usage courant de l’internet parmi les équatoriens qui en ont

accès, seulement 51,7% d’entre eux l’utilisent au moins une fois par jour, ce qui reflète que

l’internet n’est pas un instrument de travail pour presque la moitié de ceux-ci.152 Ces chiffres

montrent que l’usage des TIC comme instrument pour le développement reste encore très limité

ou inexistant pour la plupart des équatoriens.

Avec le gouvernement de Correa depuis l’année 2006, l’Equateur a connu quelques

progrès économiques et sociaux. Cependant, ces progrès sont encore insuffisants et le

gouvernement cherche à améliorer la qualité de vie de la population équatorienne à travers la

mise en œuvre de politiques sociales et de projets de développement économique plus ambitieux

comme c’est le cas de la construction de la première ville intelligente du pays.

1.2. Contexte politique

En ce qui concerne le régime politique, la République de l’Equateur est un pays

démocratique depuis sa création en 1829, en exceptant une période de dictature militaire entre

les années 1972 et 1979. A partir de 1980 se succèdent une série de gouvernements élus par voie

démocratique mais sans une vraie stabilité politique, particulièrement entre les années 1996 et

2006, période pendant laquelle le pays connut dix Chefs d’Etat différents (entre présidents élus

et vice-présidents qui les succédaient en leur absence), entre eux Rosalia Arteaga, la première

femme vice-présidente du pays, qui ne restât que deux jours au pouvoir, et le colonel retraité

Lucio Gutierrez qui restât deux ans au pouvoir et fut le prédécesseur de Correa.

En 2006, un nouveau parti politique de gauche sous la devise de « révolution

citoyenne»153 gagne les scrutins présidentiels et Rafael Correa devient le Chef d’Etat numéro

soixante-dix septe de l’Equateur avec une majorité des scrutins sans précédent dans l’histoire du

pays. Il sera réélu en février 2013.

Depuis son ascension au pouvoir en 2006, l’économiste de formation M. Rafael Correa

annonce mener une politique socialiste souveraine, renforcer l'intégration régionale, notamment

151 ibid. 152 Los usuarios de teléfonos inteligentes (Smartphone) se incrementaron en un 60% http://www.inec.gob.ec/inec/index.php?option=com_content&view=article&id=573%3Alos-usuarios-de-telefonos-inteligentes-smartphone-se-incrementaron-en-un-60&catid=68%3Aboletines&Itemid=51&lang=es., publié le 02 avril 2013, consulté le 05 octobre 2013. 153 En espagnol : Revolución Ciudadana

42

avec les autres gouvernements « Bolivariens »154 et accroître l'investissement social et décide de

créer une nouvelle Constitution pour valider avec la population son projet politique. En

septembre 2007, se rédigé cette nouvelle Constitution (la 20e constitution du pays) qui est

adoptée par référendum populaire le 30 Septembre 2008 avec une majorité éclatante. Cette

nouvelle constitution de la République de l’Equateur prend en compte un nouveau concept, le

« bien-être » de la population, lequel est présent tout au long des plus de 400 articles composant

la constitution :

« Nous avons décidé de construire une nouvelle forme de coexistence citoyenne, en

diversité et en harmonie avec la nature, pour atteindre le bien être, le».155

Le “sumak kawsay”156, plus qu’une originalité de la nouvelle Constitution équatorienne,

fait partie du nouveau modèle de vie des acteurs sociaux proposé par les gouvernements

socialistes, notamment en Amérique latine, dans le cadre de leurs revendications contre le

modèle économique néolibéral, répandu pendant les années 90, qui a échoué à réduire la

pauvreté et à diminuer les écarts dans la distribution de la richesse dans les sociétés latino-

américaines du XXIe siècle. Dans le cas de l’Équateur, ces revendications ont été reconnues et

intégrés dans la Constitution, devenant ainsi les principes et lignes directrices du nouveau

« pacte social ».157

Dans la nouvelle Constitution, le « sumak kawsay» cherche à 158:

améliorer la qualité de vie et l’espérance de vie de la population ;

développer leur capacités et potentialités ;

stimuler la participation effective de la citoyenneté dans tous les domaines

d’intérêt public ;

établir une coexistence harmonique avec l’environnement;

garantir la souveraineté nationale, promouvoir l’intégration latino-américaine et

protéger et promouvoir la diversité culturelle.

154 En espagnol : Bolivariano. Gouvernements latino-américains de gauche, dont leur but est de construire « Le grand pays latino-américain », suivant la volonté de Simon Bolivar, libérateur des colonies espagnoles de l’Amérique latine. 155 « Decidimos construir una nueva forma de convivencia ciudadana, en diversidad y armonía con la naturaleza, para alcanzar el buen vivir, el “sumak kawsay” ». Source: Asamblea del Ecuador, Constitution de la République de l’Equateur de 2008, Quito, 2008. p. 15. 156 «Le Bien – être » : expression quichua, langue autochtone de certaines populations indigènes de l’Equateur et de la région des Andes, utilisé aussi en référence aux politiques du gouvernement actuel. 157 El Buen Vivir en la Constitución del Ecuador http://plan.senplades.gob.ec/3.3-el-buen-vivir-en-la-constitucion-del-ecuador., consulté le 18 septembre 2013. 158 Asamblea del Ecuador, Constitution de la République de l’Equateur de 2008, op. cit., 135.

43

Les politiques du gouvernement de Correa sont dirigés à la production et distribution des

biens et services, à la préservation de l’environnement, au développement de la culture, de la

technologie, à la construction d’une souveraineté alimentaire et énergétique, et aux différentes

formes de production et distribution, inclus les formes locales et plus traditionnelles de

production. 159

Le gouvernement cherche à promouvoir une nouvelle vision économique dans laquelle le

centre du développement est l’individu et l’objectif final est atteindre le « bien-être » de celui-ci,

le « sumak kawsay ».

Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement a travaillé dans l’élaboration d’un « Plan

Nationale pour le Bien-Etre » : un plan de développement qui relie et organise les politiques, la

gestion et l'investissement public dans qui en même temps renforce le caractère plurinational et

interculturel de l'Etat. Ce plan cherche à promouvoir un modèle économique inclusive, c’est à

dire un modèle qui réussit à incorporer aux procès d’accumulation et de redistribution aux

acteurs historiquement exclus de la logique du marché capitaliste : indigènes et afro-équatoriens

principalement. Aussi cherche-t-il à promouvoir les formes de production qui se basent sur des

principes différents à telle logique du marché. 160

Autre axe directeur de ce plan : garantir, à travers l’intervention de l’état, les droits de la

population équatorienne à l’accès universel de services sociaux de qualité. Cette vision est

diamétralement opposée au modèle néolibéral qui conçoit les services de base comme

l’éducation, la santé et la sécurité sociale comme des marchandises payantes soumises aux

règles du marché. 161

Le gouvernement est conscient que l’investissement qu’il doit faire est énorme et que les

ressources naturelles qui actuellement sont le moteur de l’économie équatorienne ne sont pas

infinies. Le gouvernement a donc mis en place des politiques économiques qui cherchent à

développer des nouvelles formes de production pour le pays, transformant une économie

d’extraction de matières premières (pétrole, produits agricoles) en une économie productrice de

biens et de services de grande valeur ajoutée (par exemple : dérivés du pétrole et pétrochimie,

technologies de l’information, électronique, médicaments et bio technologies) dans le but

d’augmenter la productivité interne et de diversifier et augmenter les exportations, ce qui devrait

avoir un impact positif sur la balance macroéconomique du pays. 162

159 El Buen Vivir en la Constitución del Ecuador, op. cit. 160 ibid. 161 ibid. 162 ibid.

44

Cette stratégie vise à renforcer le processus de transformation du modèle de

l'économie, afin de surmonter le mode d'accumulation extractive-primaire-exportateur et

inverser les externalités négatives qu'il génère pour la qualité de vie, individuelle et collective de

la population équatorienne.

En Equateur, la concentration de la production qui est exportée provient directement du

secteur primaire, notamment du brut de pétrole et de quelques autres produits traditionnels

depuis l’époque coloniale. Le manque de diversité des produits d’exportation et la concentration

du pouvoir économique et politique dans les pôles de développement limitent les possibilités

d’atteindre le bien-être car ils contribuent à l’inégalité régionale du pays, à l’exploitation

irrationnelle des ressources naturelles et enfin à la dégradation du territoire et du patrimoine

naturel des équatoriens. 163

L’augmentation de la productivité réelle, la diversification productive et la transformation

des exportations sont des instruments essentiels de cette stratégie car il permettront améliorer

l’économie du pays, à travers le développement du marché interne, la réduction de la

dépendance externe du pays et la diminution de la vulnérabilité de l’économie face aux crises

externes, en ce qui concerne la demande externe des produits nationaux, et la volatilité des prix

dans les marchés globaux de matières premières comme le pétrole, les bananes et les roses,

entre autres produits d’exportation traditionnels du pays. 164

Le gouvernement de Correa cherche avec cette stratégie laisser de côté la conception

traditionnelle de compétitivité, utilisée largement dans le commerce internationale, et impulser

plutôt une coopération entre les Etats latino-américains pour atteindre un développement

conjoint de la région. Cette vision devrait contribuer ainsi à surmonter les problèmes récurrents

des pays émergents ou sous-développés, comme l’endettement excessif, des salaires faibles,

chômage à cause de la rigidité de la main d’œuvre non qualifiée vers des taches plus

spécialisées.165

En synthèse, d’après le gouvernement de Rafael Correa, le concept traditionnel du

marché voit à l’individu et à l’environnement comme des ressources exploitables, c’est

pourquoi il propose un changement de vision dans lequel, les individus et l’environnement sont

considérés comme des sujets de droits et dans laquelle la production du pays permet de répondre

aux besoins humains sans surexploiter les individus ou l’environnement. Plus exactement, il

s’agit d’une productivité au service de la vie et non pas au détriment de celle-ci. Cette nouvelle

163 ibid. 164 ibid. 165 ibid.

45

vision est mise en place pour transformer le modèle économique à travers la substitution

sélective des importations.

Les politiques qui vont délimiter les actions du gouvernement dans l’Etat équatorien ont

été incorporées dans le « Plan Nationale pour le Bien-Etre » 166:

Stimuler l'économie interne à travers l’usage de technologies moins polluantes

et plus efficaces ;

Améliorer la qualité de l’éducation et l’accès de la population à celle-ci, ainsi

que promouvoir le développement des conditions favorables pour la création

d’une main d’œuvre spécialisée qui habilite la population à obtenir une

meilleure rémunération et améliorer leur cadre de vie ;

Contrôle de l’exploitation ouvrière ;

Transformer l’économie, à travers la production de biens et services exportables

à importante valeur ajoutée, diminuant ainsi la dépendance économique des

ressources naturelles, et stimulant la création de nouveaux emplois ;

Construire des zones industrielles modernes ;

Développer et construire l’infrastructure qui permet la production des biens et

services non traditionnels à importante valeur ajoutée (parcs technologiques et

industriels) ;

Promouvoir le développement de nouvelles industries pour renforcer le nouveau

modèle de spécialisation de l'économie sur les secteurs secondaire et tertiaire ;

Renforcer la main-d'œuvre qualifiée dans le développement de technologies et

des capacités humaines.

L’adoption de ces politiques a comme conséquences des transformations profondes du

pays et de la société équatorienne et pour cela il faut mettre en place des projets qui stimulent le

développement économique, social et technologique de l’Equateur. Dans ce contexte, le

gouvernement de Rafael Correa a décidé d’entreprendre la construction d’une ville destinée à

piloter l’innovation ainsi que le développement technologique et économique du pays : il s’agit

de Yachay, cité de la connaissance.

166 Construyendo un Estado Plurinacional e Intercultural http://plan.senplades.gob.ec/3.4-los-derechos-como-pilares-del-buen-vivir, consulté le 19 septembre 2013.

46

2. Présentation du projet

2.1. Yachay, Cité de la Connaissance

Yachay sera une ville intelligente dans laquelle le gouvernement de l’Equateur intégrera

le savoir, la technique et les technologies plus modernes avec l’innovation, l’industrie et le

principe de développement durable.

Yachay a été conçue comme la première ville planifiée du pays dans laquelle l’université,

l’innovation technologique et des sociétés privées dans quelques industries priorisées seraient

les moteurs principaux de la dynamique de cette ville. Yachay sera fondée sur l’industrie de la

connaissance. Pour cela, le gouvernement cherche à regrouper les meilleures idées, les meilleurs

professionnels (étudiants, chercheurs, cadres et main d’œuvre qualifiée) et la meilleure

infrastructure de la région pour générer un développement scientifique, économique et social

qui permettra à la population du pays, mais aussi de l’Amérique latine, d’atteindre le « Bien-

Etre ».

Le projet Yachay est profondément inspiré du concept de la triple hélice167, qui est créé à

partir du développement du savoir et l'interaction proche entre les universités, l'industrie et le

gouvernement afin de faire face aux problèmes sociaux.168

Avec le projet Yachay, le gouvernement cherche à construire une ville intelligente dans

laquelle les ressources naturelles seront utilisés d’une façon plus responsable et surtout durable.

Il y aura une réduction de la génération de déchets et une gestion moderne de ceux-ci qui

favorise le tri, recyclage et valorisation en matière ou énergie de ceux-ci ; la production de

l’énergie à partir de sources renouvelables et non polluantes ainsi qu’un usage plus efficace de

l’énergie produite ; une rénovation et protection de l’environnement local ; ainsi que des

services publics plus performants.

167 « La triple hélice est un concept pour modéliser les transformations dans les relations entre université, industries et gouvernance. Dans la triple Hélice III, les sphères institutionnelles de l’université, de l’industrie et de la décision politique en plus d’activer leur fonctions traditionnelles, assument chacune le rôle des autres sphères, les universités participant à création d’une atmosphère industrielle, ou jouant le rôle d’un quasi-gouvernement pour organiser la recherche au niveau régional ou local». Source : Martino NIEDDU, Modèle de la triple hélice et régulation du changement régional : une étude de cas, Reims, UFR Sciences Economiques et de Gestion, 2001, p. 1 168 Shinn TERRY, « Nouvelle Production du Savoir et Triple Hélice », Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 141-142, 2002, pp. 21-30.

47

Figure 5. Représentation graphique de la triple hélice Source : Université Tusur169

Yachay est conçue pas seulement comme une ville intelligente et écologique, mais aussi

comme une ville « ubiquiste », c’est-à-dire qu’à travers le développement d’un réseau urbain

informatique et de communications de pointe, ses habitants pourront être connectés entre eux,

les services publiques et les entreprises, favorisant de cette façon le libre échange d’idées,

l’innovation, l’esprit d’entreprise et une meilleure gestion de la ville.

En effet, sa construction implique la création d'une ville à partir de zéro, mais aussi la

consolidation d'une zone économique de développement spécial (zone franche) qui permettra la

génération de nouveau savoir-faire autour de nouvelles technologies. Pour atteindre son

objectif, Yachay sera définie comme un territoire douanier qui stimule l’implantation de

sociétés nationales ou internationales à travers la suppression de certains impôts pour

l’importation d’équipements envisagés pour être utilisés dans les processus de transfert de

technologie et d’innovation et dans les opérations qui contribuent à la diversification industrielle

et au développement des services logistiques.

La Cité de la Connaissance se construit en quatre phases, à un coût total estimé de 2,3

milliards de dollars américains, qui seront répartis au cours de vingt ans, temps estimé pour la

construction complète du projet de ville. On espère que la population atteint les 200 000

habitants en cinquante ans.

169 Participation de TUSUR dans le modèle «Triple hélice», http://www.tusur.ru/fr/enterprise/triple-helice/., consulté le 14 octobre 2013.

48

Yachay est un projet emblématique du gouvernement de Rafael Correa puisque, au-delà

d’être un des projets le plus grands en termes d’investissement financier, il est sans doute le plus

ambitieux en termes d’objectifs à atteindre.

Yachay sera composée par :

une université spécialisée dans les formations scientifiques ;

des centres publics-privés de recherche fondamentale et appliquée;

des centres de transfert de technologie et savoir-faire ;

des entreprises de haute technologie et acteurs majeures nationaux ou

internationaux dans les industries priorisés par l’Etat ;

un parc industriel et technologique et

un comité national agricole et agroindustriel.

Yachay sera aussi une ville futuriste, référent national et régional pour le développement

économique et social, où l’intégration durable entre l’agglomération urbaine et l’environnement

de la zone est indispensable pour le succès du projet.

Les espaces verts seront priorisés dans cette ville, ainsi que l’usage de vélos sera incité

comme moyen principal de mobilisation des habitants. En plus, il est envisagé de construire

éventuellement un système de transport public de haute qualité et efficacité écologique. Tout

d’abord, un réseau piétonnier étendu sera construit, supporté par l’installation d’une

infrastructure informatique poussée qui permettra une meilleure gestion de la ville.

Le bien-être et la santé des habitants de cette ville est un facteur clé pour le succès du

projet. C’est pour cette raison que le design de la ville incitera le non-usage de la voiture comme

moyen de transport, mais plutôt l’utilisation de moyens plus écologiques et sains, comme la

marche et le vélo, qui participent à la prévention d’affectations cardiovasculaires,

psychologiques et respiratoires causés par l’obésité, le stress et la pollution de l’air. De plus, on

espère que les espaces verts, piétonniers et publiques stimuleront les flux économiques,

contribueront au développement d’une économie sociale et solidaire, et favoriseront

l’interaction des individus et l’échange des idées.

Yachay sera divisée en quatre secteurs ou « quartiers » :

1. Le secteur de la connaissance

2. Le secteur de la technologie et de l’industrie

3. Le secteur de l’Agriculture et des Biotechnologies

4. Le secteur du tourisme

49

La première phase de construction concerne le secteur de la connaissance. Ce secteur sera

le centre de l’innovation, la recherche et du savoir. Il rassemblera l’université, les centres de

recherche, des entreprises et des institutions éducatives (écoles primaire et secondaire), de santé

ainsi que d’autres services essentiels pour garantir le « bien – être » de ses habitants.

L’université de Yachay sera le moteur de la ville et le premier centre académique public

spécialisé en formations scientifiques de l’Equateur. Elle offrira des formations en sciences et

technologies, notamment dans cinq domaines :

sciences de la vie ;

technologies de l'information et des communications (TIC) ;

pétrole et pétrochimie ;

nanotechnologies ;

énergies renouvelables et changement climatique.

Les domaines des formations académiques de l’université de Yachay ont été déterminés à

partir d'études réalisés par le Secrétariat Nationale de Planification et Développement de

l’Equateur (SENPLADES) et ils répondent, d’après le gouvernement, aux besoins

fondamentaux de la société équatorienne. Ainsi, ces formations académiques devraient

contribuer au processus de transformation de l’économie et la société équatoriennes.

L’infrastructure de l’université est déjà en construction et le gouvernement estime que les

premiers cours auront lieu à partir du premier semestre de l’année 2014 (voir Annexe 2).

Le secteur de la connaissance de Yachay aura une superficie approximative de 660

hectares et une population estimée de 45 000 habitants. On envisage que pour l’année

académique 2014-2015 il y aura 25 enseignants munis d’un diplôme de doctorat (Ph.D), chargés

de donner les cours aux étudiants universitaires.

La création de l’université poursuit quatre objectifs principaux:

i. promouvoir la recherche scientifique, le développement de la technologie ;

ii. former les meilleurs professionnels avec des habilités et capacités pour générer

une recherche scientifique interdisciplinaires ;

iii. faire de la recherche conjointe entre l’université, les centres de recherche et les

sociétés industrielles privés ou publiques ;

iv. créer des réseaux de recherche au niveau nationale et régionale.

Des alliances stratégiques ont déjà été signées avec plusieurs universités reconnues

internationalement comme l’université de Stanford, l’université de Californie, l'Institut

supérieur coréen des sciences et technologies (KAIST), l’Institut de technologie de

50

Massachusetts et l’université de Yale, dont le but est de réaliser un transfert de connaissance à

travers l’échange des futurs étudiants et enseignants.

En ce qui concerne la recherche, les centres de recherche qui ont un rapport avec les axes

de développement économiques ou sociales priorisés par l’Etat équatorien seront déplacés à

Yachay pour qu’ils puissent travailler ensemble et entreprendre avec les sociétés privées

industrielles et l’université des recherches en commun, améliorant en même temps les relations

entre ses acteurs et l’Etat.

A priori, les instituts publics qui auront leur siège à Yachay sont :

l’Institut national d’hydrologie et météorologie

l’Institut national d’investigation géologique, minière et métallurgique

l’Institut national de l’efficacité énergétique et énergies renouvelables

l’Institut géographique militaire

l’Institut spatial Equatorien

l’Institut océanographique de l’armée

l’Institut antarctique Equatorien

l’Institut national de recherche en santé publique

l’Institut national de recherche agricole

l’Institut national de pêche

l’Institut national du patrimoine culturel

Dans le secteur industriel, on construira le parc industriel le plus moderne du pays, ainsi

que des pépinières de nouvelles entreprises. Cette zone sera connectée de manière stratégique

avec le secteur de la connaissance. Pour inciter les entreprises dans les industries de pointe à

s’implanter sur Yachay, le gouvernement équatorien offre plusieurs stimuli financiers et fiscaux:

des crédits d’investissement et création d’entreprises qui ont un rapport avec la

recherche, le développement et l’innovation dans les axes de développement

établis par l’Etat ;

des réductions d’impôts pour les sociétés privés dans le domaine technologique,

qui contribuent à une amélioration de la production nationale dans certaines

industries considérées comme prioritaires pour le pays ;

le co-financement pour la formation de professionnels des entreprises.

51

En ce qui concerne les pépinières, ils auront le rôle fondamental de donner du support aux

petits producteurs et aux nouvelles micro-entreprises pour améliorer leur efficacité et leur

rentabilité.

Le troisième secteur est destiné à l’agriculture et les biotechnologies. Cette zone aura plus

de 2 000 hectares consacrés à l’agriculture et à des projets innovants de recherche en

biotechnologie.

Lorsqu’on parle de biotechnologies, le gouvernement équatorien ne veut pas se limiter

uniquement au domaine agricole. Il cherche aussi à développer du savoir et du savoir-faire dans

d’autres domaines comme l’environnement, la production, et les bio-médicaments, entre autres,

qu’actuellement sont relativement inexistants en Equateur.

Domaines Actions

Biomédecine Développement de traitements innovants contre maladies;

Développement de médicaments et principes actifs ;

Application de la génétique pour la modification des organismes.

Production Production de plastiques biodégradables, huiles végétales et biocarburants ;

Production de nouveaux matériaux.

Environnement Traitement de l’environnement à travers la bio remédiation ;

Recyclage de matériaux et traitement de déchets solides ;

Traitement de sols pollués ;

Traitement des eaux résiduelles.

Agriculture Augmentation des rendements des cultures ;

Réduction des épidémies ;

Résistance aux facteurs environnementaux ;

Réduction de l’usage de pesticides ;

Production agricole dans des conditions défavorables. Figure 6. Dimensions du domaine des biotechnologies à Yachay, Cité de la Connaissance

Source : Plan Maestro, Yachay E.P., 2012

Le dernier et quatrième secteur est dénommé « de la distraction, la culture et le

tourisme ». En effet, Yachay serait construit dans une zone à intérêt touristique en ce qui

concerne les paysages naturels et la culture autochtone, de façon à offrir des services culturels et

52

des loisirs à la population active de Yachay, ce qui permet d’éviter les déplacements inutiles

dans les grandes villes tout en assurant l’attraction et rétention du facteur humain qualifié dans

la ville. En outre, ceci permet d’augmenter le taux de tourisme dans la région qui entoure

Yachay.

2.2. Localisation du projet : le village d’Urcuquí, le lieu idéal pour la construction de

Yachay

Depuis l'époque coloniale, le développement économique, social et urbain de l’Equateur a

été centré dans les trois provinces principales: Pichincha, Guayas et Azuay. Ces provinces ont

été bénéficiées par l'économie et par sa position géographique. Cependant, les autres provinces

du pays ont été ignorées et leur développement a été entravé à cause du faible support politique

et économique de l’Etat, d’une mauvaise infrastructure routière qui les isole du reste du pays et

du retard pris en infrastructure technologique et de télécommunications, facteurs évidemment

nécessaires pour devenir des centres compétitifs et acteurs importants de la croissance

économique du pays. Un autre objectif poursuivi par le gouvernement à travers la construction

de Yachay est de distribuer d’une manière plus équitable l’investissement publique à la totalité

de la population équatorienne, ainsi que d’offrir des nouvelles opportunités aux collectivités

locales marginées des pôles de développement historiques.

C’est ainsi que le projet de Yachay, Cité de la Connaissance, se construit dans le canton

de San Miguel de Urcuquí situé au nord-ouest de la province d’Imbabura, à 152 km de la ville

de Quito (voir figure 7). Dans cette zone du pays, le gouvernement de la «révolution citoyenne»

a identifié une importante concentration de pauvreté et sous-développement, malgré son niveau

élevé de production agricole. Cette zone a été qualifié comme stratégique pour l’exécution de

projets de développement économique et social. Avec la construction de la Cité de la

Connaissance à Urcuquí, le gouvernement équatorien cherche à réduire les inégalités existantes

dans la région par rapport aux pôles de développement historiques déjà cités, permettant de

développer de façon plus homogène le pays mais en focalisant les efforts sur les provinces

touchées par des niveaux extrêmes de pauvreté, chômage et sous-développement.

53

Figure 7. Localisation et définition de la zone d’intervention de Yachay Source : Entreprise Publique Yachay E.P, 2013

Par ailleurs, ceci est une exigence de la nouvelle Constitution de l’Equateur, qui établit la

construction d'un Etat économiquement et socialement égalitaire, qui garantit le développement

homogène du pays et l’accès aux services de base à l’intégralité de la population équatorienne,

ce qu’on peut apprécier dans l’extrait suivant :

«Une des fonctions primordiales de l’Etat est de promouvoir le développement homogène

et solidaire dans tout le territoire, à travers le renforcement du processus de décentralisation et

l'autonomie de chaque gouvernement locale.»170

Le canton San Miguel de Urcuquí est composé par une paroisse urbaine (Urcuquí) et six

paroisses rurales (Cahuasquí, San Blas, Tumbabiro, Pablo Arenas et la Merced de Buenos

Aires). Il a une superficie totale de 757 km2.171 Dans la zone d'intervention habitent aussi six

communautés rurales (Tapiapamba, San Vicente, San Antonio, Armas Tola, Las Mercedes et El

Puente). Un accord entre le gouvernement central et les élus de chaque communauté devrait être

170 « Son deberes primordiales del Estado: Promover el desarrollo equitativo y solidario de todo el territorio, mediante el fortalecimiento del proceso de autonomías y descentralización», Source: Asamblea del Ecuador, Constitution de la République de l’Equateur de 2008, op. cit., p. 17. 171 Présentation géographique du canton de Urcuquí, Municipalité de Urcuquí. http://www.municipiourcuqui.gob.ec/munurcuqui/index.php/2013-02-18-17-22-11/ubicacion-geografica., consulté le 11 octobre 2013.

54

signé en décembre 2013 et est sensé d’empêcher que la construction de la Cité de la

Connaissance affecte ces communautés déjà cités; au contraire elle devrait les bénéficier car le

gouvernement impulsera la création de plusieurs entreprises communautaires qui pourront

élaborer des produits agricoles à valeur ajoutée et d’excellente qualité grâce à la mise en place

de procès industriels équipés de nouvelle technologies, transformant les petits paysans

artisanales d’Urcuquí et ses communautés en des partenaires clés dans la poursuite des objectifs

du projet.

Des sept paroisses, Urcuquí est le lieu choisit pour la construction de Yachay. Cette

paroisse semi urbaine a un climat sec tempéré et une température moyenne de 17°C. Elle est

caractérisée par sa forêt sèche et montagneuse. Sa population est de 15 671 habitants, (7 846

femmes et 7 826 hommes) dont 42,61% correspond à une population jeune, âgée de moins de

19 ans, 46,97% à une population âgée entre 20 et 64 ans et 10,42% à une population âgée de

plus de 64 ans.

Urcuquí étant une région agricole, il est de l’intérêt de la zone de chercher à maximiser la

production en mettant en œuvre des techniques et outils de culture modernes issus de la

recherche et les processus d’innovation qui auront lieu à Yachay. D’autre part, le gouvernement,

à travers l’entreprise publique Yachay E.P. et la municipalité d’Urcuquí, travaillent dans

l’agencement des sites naturels à potentiel touristique de la zone, ainsi que les villages voisins

comme c’est le cas du village d’Otavalo.

2.3. Organisation administrative et opérative du projet

Pour la mise en place du projet Yachay, Cité de la connaissance, l’Etat équatorien a

besoin d’investir pas seulement dans le plan économique, mais aussi dans l’aspect institutionnel

de la nouvelle ville. Afin de garantir une adéquate gestion du projet, le président Rafael Correa,

à travers un décret exécutif, a décidé de créer l’entreprise publique Yachay E.P. qui est chargée

de la gestion intégrale du projet, de sa planification et construction à l’administration de la ville

(voir Annexe 3).

Le Conseil d’administration de cette entreprise publique est constitué par :

le Secrétaire national de l’enseignement supérieur, science, technologie et

innovation ;

le Secrétaire national de planification et développement ;

le Ministre du développement urbain et logement, qui représente le Président de

la République.

55

Le Secrétariat Nationale d’Enseignement Supérieure, Sciences, Technologie et

Innovation (SENESCYT) et l’entreprise publique YACHAY E.P., en partenariat avec

l’entreprise sud-coréenne Zone Economique Franche d'Incheon (IFEZ) sont les institutions

responsables de l’élaboration de la stratégie, de la planification urbaine de la ville et de

surveiller les travaux de construction.

M. Hector Rodriguez est le Directeur général de Yachay E.P. Il est un jeune sociologue

équatorien avec une expérience professionnelle remarquable dans le domaine de l’enseignement

supérieur.

Yachay E.P. est aussi responsable de la diffusion et promotion à niveau nationale et

internationale du projet, tout cela dans le but d’obtenir des alliances stratégiques de coopération

avec des organismes publics et privés (sociétés industrielles, universités, centres de recherche,

réseaux de chercheurs, entre autres) qui permettent le développement du projet. Ces alliances

sont donc de fondamentale importance pour le succès du projet. Enfin elle est ussi responsable,

en coopération avec le gouvernement local, d’assurer l’accès aux services de base à l’actuelle et

future population du canton d’Urcuquí. Yachay E.P. a aussi la responsabilité d’administrer la

zone économique de développement spéciale (zone franche), ainsi que la concession et location

des territoires destinés à cette zone industrielle.

L’organisation interne de Yachay E.P. se schématise en Annexe 4.

Yachay E.P. est une des institutions publiques de plus récente création en rapport avec la

transformation du modèle économique du pays basé sur l’industrie de la connaissance et

l’innovation. Parallèlement, presque 85% du personnel qui travaille à Yachay E.P. sont des

jeunes professionnels âgés entre 25 et 40 ans, commençant par le Directeur Général, M. Hector

Rodriguez, qui a uniquement 33ans. Plus de la moitié des professionnels travaillant à Yachay

E.P. (environ 60%), ont un diplôme universitaire équivalant à un Bac+5. En outre, la plupart des

employés ont fait ses études de master à l’étranger, principalement aux EE.UU., Espagne et

Argentine. Ceci reflète que l’entreprise est composée et dirigée par un facteur humain jeune et

bien formé. L’ambiance de travail à Yachay E.P. est décomplexée et dynamique. Cependant, la

charge de travail pour les cadres moyens et supérieurs est importante, c’est pourquoi ceux-ci

dépassent aisément les 40 heures de travail par semaine, ce qui lui fait ressembler plutôt à une

entreprise privée qu’à une institution publique.

Si bien Yachay, comme concept, est une réponse aux défis économiques et sociaux du

pays, certains acteurs nationaux s’interrogent sur la pertinence et faisabilité de ce projet. Le

prochain chapitre tente d’analyser les facteurs qui sont à l’origine de ce projet. Autrement dit,

56

est-ce que Yachay répond à un besoin nettement économique, ou plutôt à une volonté politique

pour devenir un référent régional d’action publique.

B. YACHAY : Besoin économique ou volonté politique ?

1. Besoin économique

En Equateur, deux importants obstacles empêchent l’amélioration de la qualité de vie de

la population et le développement économique du pays : la persistance d’un enseignement

supérieure de mauvaise qualité et une économie encore dépendante des activités extractives des

ressources naturelles, notamment le pétrole. En effet, en ce qui concerne l’enseignement

supérieur, il n’existe pas de programmes de formation technique et scientifique qui répondent

aux besoins économiques et sociaux du pays. 172

D’après le rapport « Évaluation de la performance institutionnelle des universités et des

écoles polytechniques de l'Equateur », fait par la Secrétariat Nationale de l’Enseignement

Supérieur, Science, Technologie et Innovation de l‘Equateur, l’état de lieu de l’éducation

supérieure du pays révèle que : 173

Il existe une faible qualité des systèmes d'enseignement supérieur dans les formations

techniques ;

La plupart des enseignants n’ont pas le niveau d’éducation ou d’expérience suffisants ;

quelques-uns n’ont même pas de diplômes universitaires reconnus par l’Etat et/ou n’ont

pas fini leurs études après le Bac ;

L’infrastructure physique des universités ou instituts n’est pas performante pour garantir

une éducation de qualité ;

L’offre académique est très limitée dans les domaines scientifiques, et d’innovation ;

Plusieurs universités voient l’enseignement supérieur plutôt comme une marchandise, se

focalisant à maximiser le nombre d’inscriptions et non pas à assurer les conditions

optimales pour offrir une éducation de qualité ;

L’existence de centres de recherche est très limitée voire nulle ;

Les recherches scientifiques et technologiques en cours manquent de focalisation ou

d’alignement stratégique ;

Il existe très peu de centres de transfert technologique.

172 SENESCYT, Plan général du projet Yachay (document confidentiel), Quito, 2012. 173 Consejo Nacional de Evaluación y Acreditación de la Educación Superior del Ecuador, Evaluación de desempeño institucional de las universidades y escuelas politécnicas del Ecuador, 2009.

57

Le système éducatif en Equateur a connu des forts changements structurels comme

conséquence de l’exécution du « Plan Nationale pour le Bien-Etre » et de la récente mise en

place de la loi organique d’éducation supérieure (LOES) 174. Avec ces deux instruments

politiques, le gouvernement cherche à créer les conditions qui garantissent l'accès universel à

l’enseignement supérieur, permettent d’améliorer la qualité de cet enseignement et favorisent la

création de nouveaux facteurs de production, tous éléments indispensables pour le

développement économique et social175.

D’autre part, le gouvernement est conscient que le modèle économique historique, centré

sur le secteur primaire de l’industrie pose des limites au développement : la dépendance face

aux marchés externes consommateurs des matières premières, la concentration sur l’exportation

de matières premières traditionnelles d'exportation, l’épuisement des ressources naturelles non

renouvelables et la déprédation d’autres ressources naturelles, l’absence d’utilisation de

technologies plus performantes, un faible transfert de connaissances, des inégalités sociales,

formation et spécialisation de la main-d'œuvre insuffisante et le découragement à la recherche et

à l’innovation. En définitive, une industrie primaire inefficace, couteuse, de faible productivité

et compétitivité et un faible investissement public dans les domaines de la recherche, le

développement et l’innovation ce qui limite l’accès de la population équatorienne à la science et

à la technologie176.

D’après le Réseau Ibéro-américain des Indicateurs de Science et Technologie, en 2006

l’Equateur avait investi à peine 0,14% de son PIB en recherche et développement. Ce taux était

très faible par rapport à l’investissement régional (Amérique latine et les Caraïbes) de 0,55%177.

Cependant, pendant l’ère Correa, ce taux avait déjà augmenté à 0,44% du PIB national pour

l’année 2009 (voir figure 8 ci-dessous).

174 Sigles en espagnol 175 En Equateur, cet appellatif fait référence aux formations Post-Bac 176 Secrétariat Nationale de l’Enseignement Supérieure, Science, Technologie et Innovation, Projet d’investissement : Yachay, Cité de la connaissance, Quito, 2012. 177 Réseau Ibéro-américain de Science et Technologie, Equateur http://db.ricyt.org/query/EC/1990,2010/calculados, consulté le 11 octobre 2013.

58

Année Pourcentage d’investissement par

rapport au PIB

2006 0,14%

2007 0,15%

2008 0,25%

2009* 0,44%

Figure 8. Evolution de l’investissement dans les domaines de recherche et développement (en pourcentage du PIB nationale)

Source: Réalisation personnelle sur la base de : (1) Réseau Ibéro-américain des Indicateurs de Science et Technologie, 2013 ; (2) Secrétariat Nationale de l’Enseignement Supérieur, Science,

Technologie et Innovation de l’Equateur

Concernant la compétitivité, le classement du Forum Economique Mondial pour la

période 2011-2012 situe l’Equateur dans la position 101 entre 142 pays. Cette étude prend en

compte l’innovation technologique des pays et leurs capacités pour innover ; la qualité des

institutions destinées à la recherche scientifique ; l’investissement des entreprises dans le

domaine de la recherche et le développement ; l’acquisition de nouvelle technologies ; la

disponibilité de scientifiques et ingénieurs et les conditions associées à la protection de la

propriété intellectuel.178

Il n’existe pas une statistique récente concernant le nombre de chercheurs en Equateur,

mais d’après le Réseau Ibéro-américain des Indicateurs de Science et Technologie, en 2008 il y

avait uniquement 53 Ph.D (docteurs)179 travaillant activement dans le domaine de la recherche

et le développement. Ce chiffre est déplorable par rapport à la situation dans d’autres pays de la

région. En Colombie, par exemple, à la même date, il y avait 98 docteurs, soit le double. Pour

mettre ces chiffres en perspective, en Espagne il y avait 7 302 docteurs180.

En conséquence, la capacité pour innover du pays est très faible, surtout dans le secteur

productif, et la performance des institutions dans le domaine de la recherche et le

développement reste insuffisante ; la création de nouvelles techniques et de savoir-faire est

presque nulle puisque la disponibilité de chercheurs dans le pays est très limitée. Aussi, on

178 World Economic Forum, The Global Competitiveness Report 2011-2012, Genève, 2011. 179 Diplôme équivalent à la réalisation d’une thèse de recherche, soit équivalent à un niveau de Bac + 8. 180 Réseau Ibéro-américain de Science et Technologie, http://db.ricyt.org/query/AR,BO,BR,CA,CL,CO,CR,CU,EC,ES,GT,HN,JM,MX,NI,PA,PE,PR,PT,PY,SV,TT,US,UY,VE,AL,IB/1990%2C2010/CDOCTORADO, consulté le 11 octobre 2013.

59

constate que la coopération entre les universités, les sociétés privés et l’état dans le cadre de

l’innovation est très rare, voire inexistante.

C’est pour ces raisons qu’en 2012, le Gouvernement de l’Equateur décide d’entreprendre

le projet de construction de la première ville intelligente du pays, laquelle s’inspire d’une vision

moderne de l’urbanisme, qui met à l’individu et le savoir comme des acteurs essentiels de la

ville.

D’après le gouvernement équatorien, le projet Yachay - Cité de la Connaissance,

permettra d’améliorer la qualité de l’enseignement supérieur et renforcer la formation de

chercheurs dans le pays, encouragés par des politiques sociales comme l’offre de bourses et la

création d’une nouvelle université avec des standards de qualité et d’admission exigeants. Ces

actions du gouvernement devraient contribuer à favoriser l’innovation et la modernisation des

secteurs productifs du pays, favorisant donc surtout le secteur secondaire (industries) et tertiaire

(services).

Le projet Yachay cherche donc à développer le domaine de l’innovation et la recherche,

stimulant la génération de nouveau savoir et de savoir-faire. Ces domaines n’ont pas été

développés à cause de l’insuffisance de main d’œuvre spécialisée dans les processus de

recherche, développement et investissement. D’après le gouvernement, Yachay devrait être un

instrument essentiel pour transformer l’économie du pays.

Yachay cherche à intégrer l’innovation, la recherche et la technologie avec les procès

productifs dans un seul lieu, dans lequel se construit la première, et pour le moment, la seule

université technologique, scientifique, expérimental de l’Equateur ; des centres de recherche

publics ; des acteurs internationaux clés (notamment des sociétés privés) dans les différentes

industries priorisées par l’état, attirées par des politiques publiques de subventions et d’offre de

main d’œuvre qualifiée ; dans le but d’établir les bases pour le développement d’une économie

centrée sur le savoir.

D’autre part, la décision de localiser le projet Yachay à Urcuquí suit, elle aussi, une

logique de développement économique de la zone d’intervention. En effet, le canton d’Urcuquí

a des problèmes graves de sous-développement : les services de base ne sont pas assez

développés ou de bonne qualité pour toute la population, surtout dans les zones rurales où il

n’existe pas un réseau d’assainissement. Le 97,82% de la population du canton a accès à

l'électricité mais seulement 29,11% accède au service de téléphonie fixe ; pendant que 75,13%

de la population possède un portable, seul le 2,23% de celle-ci a accès à internet. Quant à

l'approvisionnement d’eau potable, seule 87% de la population est desservie par un réseau de

60

distribution d’eau potable, le reste devant encore se servir d’eau provenant des cours d’eau

naturels du voisinage, de puits ou d’eau distribué par l’intermédiaire de camions citerne.

En ce qui concerne l’accès à la santé, la zone est insuffisamment équipée de centres de

santé et d’hôpitaux. En effet, d’après l’Institut Nationale de Statistiques et Recensement

(INEC), il existe uniquement trois centres de santé qui offrent des services médicaux de base à

la population du canton, soit environ un centre de santé pour 5 000 habitants ; pendant que

l'accès aux centres de santé spécialisés est inexistant, la population devant être déplacée à la

ville d'Ibarra, à une vingtaine de kilomètres, pour être soignée.181

Dans le domaine de l’éducation, le canton d’Urcuquí présente un taux d’analphabétisme

de 13,2%. Le nombre moyen d'années scolaires réussites par la population âgée de 10 ans et

plus est de 4,7 ans. Quant à la population urbaine, c’est-à-dire la population de la paroisse

d’Urcuquí, ce nombre est d’environ 5 ans (4,6 ans pour les femmes et 4,8 ans pour les hommes).

Seulement 50,19% de la population a fini l’école primaire et uniquement 3,78% de la

population détient un diplôme universitaire.182

Urcuquí est une région majoritairement agricole : 61% de sa population est engagée dans

des activités agricoles dont la culture de canne à sucre, haricots, maïs et élevage de bétail. Les

activités agricoles sont de petite échelle et mises en œuvre par des moyens très artisanales. Le

commerce représente uniquement 6% des activités économiques et la construction représente

4%. En ce qui concerne l’industrie et les services, ces activités représentent 4% des activités

économiques de la zone et il s’agit principalement de petits ateliers mécaniques (réparation de

voitures, camions, vélos, etc.) qui ne sont pas équipés avec d’outils techniques sophistiqués.

Yachay, est un des mégaprojets du gouvernement équatorien qui cherche à orienter le

développement du pays dans une économie de la connaissance et non seulement dans

l’exportation de matières premières comme les fleurs, le pétrole et les bananes.

La construction du projet devrait contribuer au développement de la zone puisque pour la

mise en place du projet il faut construire des réseaux de communications (routes, internet,

téléphonie, entre autres); il faut aussi améliorer l’accès et la qualité des services de base ; et

enfin construire l’infrastructure qui accueillera les chercheurs nationaux et internationaux qui

travailleront au sein de l'université et les instituts publics-privés de recherche et qui auront pour

objectif le développement de nouveaux biens et services avec une importante valeur ajoutée

dans les cinq domaines définis comme prioritaires par l’Etat équatorien : nanotechnologies,

TIC, pétrochimie, énergies renouvelables et changement climatique et sciences de la vie.

181 Information obtenue des documentations interne du Projet Yachay. 182 Recensement de la population en Equateur 2010, Institut Nationale de Statistique et Recensement de l’Equateur.

61

De plus, Urcuquí réuni tous les éléments nécessaires pour la construction de la Cité de la

Connaissance car ce canton possède une topographie régulière qui diminue les coûts de

construction. Le climat est l’idéal puisqu’il n’est pas trop humide et cela contribue à réduire les

coûts de maintenance des laboratoires de recherche et en générale de toute l’infrastructure

physique. Finalement, Urcuquí se situe relativement proche de la capitale et notamment de son

aéroport international.

2. Volonté politique : Acteurs et régimes politiques183

Transposition d’un projet sud-coréen

Au-delà de la communication officielle et les documents internes sur le projet, d’où

vient véritablement l’idée d’une telle ville intelligente en Equateur ? Est-ce qu’il s’agit d’une

conception originale du gouvernement de Correa ou d’une influence étrangère ?

En septembre 2010, le président Rafael Correa a réalisé une visite officielle à Corée du Sud

pour renforcer les liens diplomatiques et commerciales avec la Corée du Sud. Pendant cette

visite, le Chef d’Etat équatorien a profité pour visiter la ville d’Incheon, en particulier le projet

expérimental de la ville intelligente de Songdo. L’anecdote dit que ce projet a impressionné le

président Correa et son équipe de travail.

Après deux ans de négociations entre le gouvernement équatorien et IFEZ184, des études

économiques et techniques de viabilité furent produits, cependant ces mêmes documents restent

confidentiels et inaccessibles même au sein de Yachay E.P. Finalement, à travers la suscription

en 2012 d’un accord de coopération entre Yachay E.P. et IFEZ, la décision de construire

Yachay, utilisant comme modèle la ville compacte et intelligente de Songdo, est officialisée.

Si on compare Yachay avec la ville de Songdo, laquelle on a présenté dans la première

partie de ce travail, on constate que c’est une transposition exacte du projet coréen dans un

contexte complètement différent, dans une zone sous-développée de l’Equateur. Songdo est une

ville verte, compacte et intelligente, dans laquelle il existe presque tous les mêmes secteurs qu’il

y aura à Yachay, c’est-à dire, une zone commerciale, un centre d’affaires pour l’attraction

d’investissement étranger, une zone de technologie de pointe, une zone logistique (notamment

le port maritime qui se connecte aux routes de commerce internationales entres les villes de

Shanghai et Tokyo) et une zone de loisirs (voir figure 9).

183 Cette partie est basée sur mon expérience professionnelle au sein de l’entreprise publique. 184 Entreprise sud-coréenne Zone Economique Franche d'Incheon responsable de la construction de la ville intelligente de Songdo.

62

Figure 9. Conceptualisation d’une partie de la ville intelligente de Songdo Source : Gale International185

Cependant, après plus de 10 ans depuis sa conception, la ville intelligente de Songdo

n’est pas encore complétement construite, et encore les responsables de sa construction

admettent que les résultats obtenus sont modestes par rapport aux expectatives initialement

formulées. Par contre cette réalité n’a pas bouleversé la volonté du gouvernement équatorien

pour lequel ce projet est un impératif.

Yachay est une ville intelligente envisagée pour le développement de l’Equateur et qui

devrait prendre en compte la réalité de la zone et les nécessités de la population locale. Pour

assurer ceci, Yachay E.P. est la responsable de définir les paramètres à IFEZ qui à son tour est

responsable de l’élaboration du plan urbain de la ville. La réalité économique et sociale du

canton d’Urcuquí en Equateur est évidemment très différente à celle de la ville coréenne

d’Incheon. L’adaptation du projet à la réalité équatorienne est responsabilité de IFEZ, cependant

les critères d’adaptation utilisés son méconnus. En outre, le personnel d’IFEZ assigné au projet

de Yachay travaille depuis Incheon ou se situe le siège de celle-ci, sans un vrai contact de la

réalité de la zone.

La construction de la ville intelligente de Yachay est un projet politique qui compte

avec le support inconditionnel de la Présidence de la République, pas seulement dans l’aspect

185 Songdo International Business District Master Plan http://www.world-architects.com/en/projects/1067_songdo_international_business_district_master_plan, consulté le 02 novembre 2013.

63

logistique et politique, mais aussi dans le plan économique. Le président Correa plusieurs fois

dans des réunions internes avec les ministres d’Etat a annoncé que le projet Yachay est le seul

projet du pays qui n’a pas une limite financière et qui aura toujours son support. Le budget

n’est pas un problème pour la mise en place du projet : pendant l’année 2012, 300 millions de

dollars ont été investi sur Yachay.186 Finalement, le président Correa a déjà annoncé à la

population équatorienne que Yachay débutera ses opérations le premier trimestre 2014, dans un

premier temps avec l’ouverture de l’Université Yachay, et dans un deuxième temps avec les

trois autres phases (secteur industriel, agricole et touristique).

Par conséquent Yachay E.P. a une forte pression politique pour accomplir la première

phase du projet Yachay : les travaux de construction avancent à grand pas, les décisions

politiques au sein de Yachay E.P. se prennent rapidement et presque sans analyse pour assurer à

tout prix l’ouverture de l’Université de Yachay à la date prévue.

Le projet Yachay est présenté à la société civile comme le projet qui va changer le

modèle économique du pays. Des millions de dollars s’investissent en publicité nationale et

internationale du projet, et ces publicités présentent qu’en 2014 la construction de la première

phase sera finie.

La question de la participation de la collectivité locale par rapport au gouvernement

central.

Yachay est un projet qui a été conçu, élaboré et exécuté par des institutions du

gouvernement central. Cependant ce projet cherche à consolider et renforcer la participation des

gouvernements locaux, surtout celui de la province d’Imbabura, dans le développement du pays.

En effet, la Préfecture d’Imbabura et la Municipalité d’Urcuquí supportent aussi ce projet,

malgré une participation inexistante dans la prise des décisions par les élus locaux.

Le rapport de pouvoir entre le gouvernement central et le local est toujours présent : le

gouvernement central prend les décisions importantes et les élus locaux se limitent à faire

respecter cette décision. Par exemple, le gouvernement locaux ont été chargés de négocier avec

les propriétaires des terres l’expropriation des terrains pour la construction du projet. Ici on

remarque, que le pouvoir central organise et administre le projet, mais les actions les plus

polémiques et plus «dures », celles qui ont besoin d’une interaction active est constante avec la

population locale sont confiés à la Municipalité et à la Préfecture de la zone comme la

négociation de terres. On constate qu’il existe un double discours de la part du gouvernement

central qui, d’une part, annonce vouloir homogénéiser le développement du pays, mais d’autre

186 Yachay E.P., Rapport économique, Quito, 2012

64

part, centralise la prise des décisions qui peuvent avoir un impact non négligeable dans l’impact

de la vie des habitants de la zone.

La disponibilité foncière

Pour la construction de la ville intelligente de Yachay, le gouvernement a commencé un

processus d’achats des fonciers. La plupart des fonciers s’agit des terres sans construction et qui

avaient une activité économique faible, d’après le point de vue du gouvernement.

A peu près 80% des 4 489 hectares de construction de Yachay appartenait à neuf familles

riches de la région.187 Ces terres font partie de trois grandes fermes, dont les origines datent de

de 1920, et sont actuellement considérées comme patrimoine culturelle national: San Vicente

Flor, San José et San Eloy.

Si bien d’une part la construction de Yachay stimulera le développement économique;

actuellement la mise en place de ce projet a généré quelques malaises aux petits agriculteurs et

aux propriétaires des fonciers concernant le prix des fonciers et le chômage créer à cause des

expropriations.

En effet, les propriétaires des fonciers sont mécontents à cause des négociations des

fonciers. Ils dénoncent que le prix d’achat imposé par le gouvernement, n’est pas le réel

puisqu’il est beaucoup moins que la valeur commerciale attribué :

« D’après l’article 58 de la loi d’expropriations, un hectare coût environ

20 000 dollars, tandis que Inmobiliar, l’entreprise public chargée de ce procès,

offre seulement 8000 dollars. »188

L’autre problème occasionné est le chômage créé comme conséquence de ces

expropriations. La plupart des fonciers étaient destinés à l’agriculture, cela contribuait à la

création d’emploi pour la population pauvre de la zone. Néanmoins, il s’agissait d’un emploi

précaire qui n’assurait pas aux petits agriculteurs les bénéfices et les droits que la loi du travail

équatorienne impose à l’employeur. Dans cet aspect, l’équipe de Yachay E.P. travaille dans un

plan d’intégration pour la population du secteur qui est en chômage comme conséquence de

l’expropriation des fonciers. Cependant, le défi d’embaucher la population affectée reste encore

énorme ; jusqu’au 8 août 2013, seulement 19 personnes de quatre communautés (Armas Tola,

Tapiapamba, La Merced, San Vicente et El Puente) ont un contrat d’emploi avec Yachay E.P.

187 Information compilée durant mon stage a Yachay E.P 188 « Al amparo del Art. 58 de la Ley de Expropiaciones, una hectárea cuesta alrededor de 20 000 dólares, mientras Inmobiliar, la empresa estatal a cargo de este proceso, ofrece pagar 8000 »., source: Yachay: un ambicioso proyecto en Imbabura http://masbtl.com/criterios/yachay-un-ambicioso-proyecto-en-imbabura/., publié le 09 mars 2013, consulté le 04 octobre 2013.

65

De ces 19 personnes, tous sont des employés non qualifiés embauchés en particulier comme

ouvriers pour la construction de la ville. 189

Les difficultés internes

On constate que la construction de Yachay avance rapidement et que les institutions du

gouvernement central doivent faire tout l’impossible pour accomplir la mission du

gouvernement : finir la construction de la première phase de Yachay avant 2014. Cette pression

est visible au sein de l’entreprise publique Yachay E.P, lieu où le stage dont se base cette

mémoire a été réalisé.

En effet, Yachay E.P. est une institution nouvelle qui doit faire face aux problèmes que

génère la construction de la Cité de la Connaissance, mais aussi aux problèmes internes de

l’entreprise, surtout de la démarche de prise de décisions. A l’intérieur de l’entreprise on

observe qu’il y a un manque de sérieux lors de l’organisation des réunions, la continuité des

décisions, et le respect des processus internes et des accords. Yachay E.P étant l’institution

responsable du projet emblématique du président de la République, l’agenda du Directeur

Général est toujours rempli des réunions stratégiques avec des autorités nationales ou

internationales et des entretiens avec la presse. Ceci ne lui permet pas de bien travailler et

respecter un agenda interne de travaille. Une réunion peur être déplacée, annulée ou accordée

n’importe quel jour, à n’importe quelle heure, ce qui peut porter préjudice à la crédibilité de

l’entreprise, de son personnel et même de l’intégralité du projet.

Le travail de Yachay E.P est un travail plus réactif où tous les jours il faut résoudre des

problèmes, faire des rapports pour le président ou les ministres, et laisser de côté la

planification.

Le mode d’opération de Yachay n’est pas comme une institution publique où les horaires

d’entrée et sortie du personnel sont précises. Le temps libre du personnel n’est pas respecté. Le

personnel doit toujours être disponible au cas où une autorité du pays veut aller visiter le

campus de Yachay ou veut information sur le projet.

La pression politique est présente tous les jours dans l’Entreprise, plusieurs décisions sont

prises par le poids politique et non par des études techniques de faisabilité. Un exemple de cette

situation est le fait que les autorités équatoriennes veulent signer des accords de coopération

avec des pays considérés comme stratégiques dans le domaine politique, mais qui n’ont pas

toujours une expertise remarquable dans le domaine scientifique.

189 Yachay tema central del Gabinete Provincial de Imbabura http://www.yachay.gob.ec/yachay-tema-central-del-gabinete-provincial-de-imbabura/., publié le 08 août 2013, consulté le 05 octobre 2013.

66

Finalement, le projet Yachay n’est pas conçu seulement comme un projet pour le

développement du pays. Effectivement, le gouvernement équatorien a le désir de positionner à

Yachay comme un lieu de création de technologie de pointe pour toute la région sud-

américaine.

En mai 2013, pendant la première réunion de ministres d’Etat du Conseil Sud-Américain

de Science, Technologie et Innovation de UNASUR190, le ministre équatorien a socialisé le

projet et a demandé l’appui politique de la région pour la construction du projet. Face à cette

demande et respectant la logique de création de l’UNASUR, les pays participants dans cette

réunion ont manifesté leur intérêt pour promouvoir le développement, accès et utilisation des

TIC pour le développement économique et social de la région. Un des accords de la réunion a

été que les pays augmenteront l’investissement public pour la promotion des activités de

science, technologie et innovation et coopéreront avec le projet Yachay à travers l’envoie

d’experts scientifiques et chercheurs une fois que Yachay sera en fonctionnement.191

Le gouvernement équatorien avec Yachay cherche à encourager l'insertion stratégique et

souveraine du pays dans le monde, ainsi qu’une intégration latino-américaine. 192 C’est-à-dire

qu’ avec ce projet le gouvernement de la révolution citoyenne cherche a acquérir une présence

internationale et surtout régionale à partir de sa propre identité.

Mise en question de la pertinence du projet

La question de l’efficacité du projet est toujours douteuse. L’investissement public

nécessaire pour la création d’une ville depuis zéro est énorme, tandis que les besoins actuelles

de la société équatorienne ne peuvent pas attendre à être résolus.

Au lieu de construire un méga projet dans une seule zone du pays, le gouvernement

pourrait opter pour investir ces mêmes ressources dans l’éducation primaire et dans les

universités dans l’intégralité du territoire. Au lieu de construire une nouvelle infrastructure, une

autre alternative est toujours d’utiliser et développer l’existante. Autrement, donner du support

aux universités publiques déjà crées et les appuyer économiquement dans leurs recherches

190 Union Sud-Américaine des Nations. Proyecto ecuatoriano Yachay será expuesto en el Cuzco ante la Unasur http://www.elcomercio.com/sociedad/Yachay-conocimiento-Cuzco-Unasur-tecnologia_0_919708159.html., publié le 15 mai 2013, consulté le 06 octobre 2013. 191 Ecuador posiciona a “Yachay” como proyecto de la Unasur http://elciudadano.gob.ec/index.php?option=com_content&view=article&id=42108:ecuador-posiciona-a-yachay-como-proyecto-de-la-unasur&catid=40:actualidad&Itemid=63., publié le 17 mai 2013, consulté le 17 septembre 2013. 192 Identification du siège pour le projet Yachay, Cité de la connaissance. Novembre 2011, SENESCYT.

67

scientifiques. Pourquoi ne pas implanter plusieurs centres de transfert technologique dans des

régions du pays où il existe déjà une culture d’entreprise comme c’est le cas de Pelileo.193

Yachay sera construit dans une zone du pays où il n’y a aucune entreprise ni aucune

culture d’entreprise. Il faut beaucoup travailler avec les communautés les familiariser avec la

notion d’entreprise et les aider pour la construction des entreprises communautaires. Tandis que

du côté des grandes entreprises, il faut bien vendre le projet pour réussir à attirer un

investissement étranger considérable pour le développement de la région.

Le siège du projet est éloigné de presque toutes les zones productives du pays : Quito est

à 3 heures d’Urcuquí et Guayaquil à 7 heures. De plus, dans le secteur il n’existe pas un

aéroport, ni accès à cours d’eau navigables, laissant comme unique moyen d’accès le routier.

Avant de lancer à l’Equateur vers une production « High Tech », il serait nécessaire de

résoudre les problèmes existant dans la production agricole et industrielle, secteurs qu’à présent

emploient la plupart des équatoriens. 194

Si bien, le projet Yachay a le support politique du gouvernement actuel, il est aussi le

sujet principal des critiques à cause de l’ambition du gouvernement face à ce projet considéré

pour quelques-uns comme utopique. D’autre part, Yachay est un projet qui cherche le

développement du pays, mais aussi il cherche une reconnaissance à niveau régionale, d’où la

volonté politique de poursuivre la réalisation de ce projet. Finalement, le projet Yachay ne fait

que renforcer les hypothèses d’une possible personnalisation du système politique dans le pays.

Du fait que le leader de la ‘Révolution Citoyenne’ veut à tout prix que Yachay soit construit,

laissant de côté quelques facteurs qui pourraient être préjudiciables pour le succès de projet.

C. L’importance des partenariats pour le projet

1. Coopération internationale traditionnelle peu visible.

La coopération internationale dans l’Equateur a été caractérisée par être une coopération

traditionnelle, c’est-à-dire une coopération entre l’Etat équatorien et les gouvernements, agences

de coopération ou ONG pour le financement ou mis en place des projets. La coopération entre

Etat et bailleurs privés comme universités ou entreprises, est une nouveauté pour la coopération

dans le pays.

193 Ville du pays où il existe une grande industrie de fabrication textile. 194 Julio José PRADO, Yachay : Elefante blanco o joya de la corona ?, (en ligne), 2013,

http://fr.slideshare.net/pradojj/yachay-elefante-blanco-o-joya-de-la-corona-v1.

68

En effet, pendant la période 2007 – 2012, les principaux bailleurs du pays pour le

financement des projets étaient : l’Union Européenne (18%), l'Agence des États-Unis pour le

développement international –USAID- (6%), l’Agence Espagnol pour le Développement –

AECID- (5%) et la GTZ (4%). (Secrétariat Techniqe de Coopération Internationale de

l'Equateur , 2010). (voir Figure)

PROVENANCE  DESTINATION 

SOURCE OFFICIELLE:  

BILATÉRALE  USD 568,7 M MULTILATÉRALE  USD 528,4 M TRIANGULAIRE  USD 0,04 M 

SOURCE NON OFFICIELLE:  

ONG  USD 262,6 M DECENTRALISE  2,96 M 

USD 1137,4 M 

USD 265,5 M 

USD 1362,6 M 

USD 799,3 M 

SECTEUR PUBLIQUE:  

GVT CENTRAL  USD 675,4 M GVT AUTONOMES DECENTRALISES  USD 123,9 M 

INTERNATIONAL  

ORGANISMES INTERNATIONAUX USD 127,2 M 

SECTEUR PRIVE:  

ONG  INTERNATIONALE  USD 276,6 M ONG LOCALE  USD 70,4 M SOCIETE CIVILE  USD 68,4 M SECTEUR PRIVE  USD 20,72 M 

USD 127,2 M 

USD 436,2 M 

Figure 10. Schéma de la coopération non-remboursable en Equateur Source : SETECI195

Dans le cas spécifique du projet de Yachay, Cité de la Connaissance, le financement de la

construction ce fait avec des ressources publiques. Cependant, comme il s’agit d’un projet

emblématique pour l’Etat, le gouvernement à travers Yachay E.P fait connaître ce projet à

l’étranger dont le but de recevoir coopération internationale soit à travers d’assistance technique

comme l’échange des experts, scientifiques ou professeurs, soit économique. L’identification

des pays ou institutions qui ont un haut niveau de performance dans le secteur de la science, la

technologie et l’innovation est une des stratégies de l’entreprise publique pour initier une

195 Secrétariat Technique de Coopération Internationale, Flux de coopération internationale de l’Equateur http://app.seteci.gob.ec/mapa/., consulté le 19 septembre 2013.

69

relation de partenariat avec les bailleurs internationales. Yachay E.P. cherche reprendre le

savoir-faire et les meilleures pratiques des pays développés pour les répliquer en Equateur.

Dans cet aspect, plusieurs pays ont montré son intérêt pour coopérer avec l’Equateur dans

l’étape initiale du fonctionnement de Yachay, mais ces intérêts ne sont pas encore bien définis et

ils restent encore dans l’air à cause des procédures trop bureaucratiques à l’interne de

l’institution public.

En outre, le manque d’information et des documents limite considérablement le travail de

l’équipe du département de coopération internationale de Yachay E.P. puisqu’au lieu d’avancer

avec les négociations déjà initiée, il faut d’abord faire un travail d’investigation pour obtenir

l’information nécessaire pour bien définir les intérêts du projet et de l’entreprise.

Lorsqu’on parle de coopération internationale dans le projet Yachay, elle est presque

inexistante, surtout si elle s’agit d’une coopération de pays à pays. La pluparts des accords de

coopération internationale signés par Yachay ont été avec des institutions public-privé

(universités et instituts de recherches) en rapport avec le secteur de la science et la technologie.

Actuellement, l’entité publique Yachay E.P a signé uniquement deux instruments de

coopération internationale. Le premier, il s’agit d’un mémorandum d’entente avec le parc

scientifique des Pays-Bas Leiden Bio Science Park, lequel a pour objectif l’identification des

sujets d’intérêt commun dans le domaine académique, technologique, scientifique et

d’innovation pour promouvoir des projets conjoints. Et le deuxième document signé, c’est un

accord de coopération entre Yachay E.P et la Fondation française Sophia Antipolis. Cet accord a

pour but la promotion et développement des activités bilatérales pour la construction conjointe

de “clusters” et assistance technique pour l’administration et gestion du parc technologique à

travers l’échange d’information, d’expériences et des experts.196

2. Partenariat public – privé essentiel pour le développement du projet

Yachay est considéré comme un projet socio-économique puisqu’il cherche le

développement de la zone en assurant les services de base et une éducation de qualité à sa

population. Mais aussi c’est un projet où l’attraction des investissements et des professionnels

hautement qualifiés sont des bases fondamentales pour assurer le succès du projet. Comme

conséquence l’entreprise Yachay E.P a signés des lettres d’intention avec des entreprises et

196 Ecuador suscribe Acuerdo de Cooperación entre Yachay E.P. y Fundación francesa http://www.yachay.gob.ec/ecuador-suscribe-acuerdo-de-cooperacion-entre-yachay-e-p-y-fundacion-francesa/., publié le 06 septembre 2013, consulté le 16 septembre 2013. 

70

institutions reconnus mondialement comme Microsoft, MIT Media Lab197, l’Université de

Cambridge, Qinetiq Space entre autres.

En effet, le gouvernement a assuré que dans la première phase d’ouverture de l’Université

de Yachay, les étudiants auront l’opportunité de recevoir des cours dictés par des professionnels

étrangers provenant des universités américaines comme le MIT198 et l’Université de Boston.

Le transfert de connaissances et du savoir-faire des institutions reconnues

internationalement est important pour le développement du projet puisqu’il permet à l’Equateur

d’apprendre des meilleurs du monde et ne pas commettre des erreurs.

Avoir le support des universités prestigieuses comme l’Université de Cambridge

contribuera à une formation de qualité pour la population équatorienne.

Autre institution avec laquelle Yachay E.P a signé un accord est la Fondation Coréenne

d’Innovation et Cluster (KICF).199 Cette institution est la responsable de développer le model

académique de l’Université de Yachay lequel sera articulé au système d’investigation et

innovation de l’Equateur.200

Yachay E.P a souscrit aussi un accord avec l’entreprise belge Qinetiq Space, lequel a

pour objet le transfert de connaissance dans le domaine aéronautique-spatial ; ainsi qu’un travail

et investigation conjointe pour la génération de technologie aérospatial pour l’Equateur dans les

installations de Yachay.

Le partenariat public-privé pour le développement du projet ce fait plutôt avec des

entreprises internationales. Effectivement, la relation avec les entreprises privées nationales

reste encore faible. Pour l’instant Yachay E.P est toujours en négociations avec les entreprises

locale et seulement il y a deux entreprises avec lesquelles Yachay E.P a signé des accords ; il

s’agit de l’entreprise publique de télécommunication et l’entreprise publique ENFARMA,

entreprise crée récemment pour la commercialisation et production des médicaments génériques

dans le pays.

Le fait que l’Equateur ne soit pas un pays pionnier dans le domaine technologique ni

scientifique limite beaucoup la participation des entreprises nationales dans la phase d’initiation

197 Le MIT Media Lab est un laboratoire dans l’Ecole d’Architecture et Planification de l’Institut de Technologie de Massachusetts. Il est destiné à des projets de recherche qui fusionne le design, la multimédia et la technologie. Le MIT Media Lab a été largement popularisé dans les années 1990 grâce à des inventions pratique concernant les réseaux sans fil et les navigateurs web. Plus récemment, il a mis l'accent sur la conception et la création de technologies qui répondent à des causes sociales. 198 l’Institut de Technologie de Massachusetts. 199 KICF est le principal pôle d’innovation scientifique de la Corée du Sud. Actuellement il produit 60% des patentes dans ces domaines de spécialisation (TIC, biotechnologie, nanotechnologie, aérospatial et technologie nucléaire) et il regroupe les instituts d’investigation plus importants du pays.

71

du projet Yachay. C’est une politique de l’entreprise publique avoir des partenaires avec une

bonne expérience dans les domaines d’intervention du projet ainsi qu’une présence reconnu

internationalement. Cependant, cette politique est uniquement pour la coopération, car si on

parle de production, les entreprises nationales sont bien ou devraient être bien prises en compte.

72

CONCLUSION

Il n’existe pas une vrai et seule définition pour qualifier à une ville comme intelligente.

Cependant, c’est sure que pour qu’une ville soit intelligente ; elle a besoin d’avoir une

économie, une mobilité, un environnement, un gouvernement, une administration, une

population et un mode de vie des citadins intelligents.

Dans une ville intelligente, l’incorporation et utilisation des TIC dans leurs

infrastructures, services et mode de vie des citadins est un impératif pour répondre aux besoins

de sa population, mais aussi pour améliorer la qualité de vie de la même ; ainsi que d’atteindre

une croissance économique des pays basée sur l’innovation tout en respectant l’environnement.

Le concept de ville intelligente n’est qu’une évolution et adaptation du développement

urbain durable à la réalité de nos sociétés actuelles, dans laquelle les critères de ville compacte,

ville citoyenne et ville recyclable sont présents, mais aussi la dimension de ville innovante

comme moteur de développement économique des pays. Si bien cette notion est de plus en plus

utilisée par les urbanistes, aussi on peut la qualifier comme un label de marketing utilisé par les

grandes entreprises internationales qui ont la capacité technologique et économique d’offrir et

mettre en place des couteux projets dans les villes pour les rendre plus efficaces, plus sécurisées,

plus attirantes et plus « intelligentes ». Le renforcement du partenariat public-privé est aussi

important dans ce type de projet.

Ce « nouveau » modèle de ville est répandu dans le monde entier. Les pays développés de

l’Europe comme les Pays-Bas, la France entre autres, ont mise en place des initiatives urbaines

pour rendre leur ville intelligente depuis il y a une dizaine des années et le recourt à ce modèle

de ville n’est qu’un résultat de son développement économique et social; tandis que, pour les

pays en voie de développement, qui sont récemment en train d’intégrer ce concept à leur

planification urbaine ; cette notion est vue comme un levier pour atteindre le développement

économique. On peut donc faire allusion à la thèse de David Harvey, « d’un passage du

managérialisme à l’entrepreneurialisme »201 laquelle annonce une transformation des politiques

urbaines centrées sur l’assurance des services aux habitants à des politiques dirigées à un

développement économique.

Dans le cas de l’Amérique latine, il existe plusieurs initiatives de villes intelligentes ;

quelques-unes s’approprient de ce concept par la mise en place de projets discrets pour répondre

à des besoins spécifiques ; tandis que d’autres initiatives se centrent sur la construction de

projets très ambitieux comme c’est le cas de la construction ex nihilo de Yachay, Cité de la

Connaissance, en Equateur.

201 Organisation de Coopération et de Développement Économiques, Villes et compétitivité : un nouveau paradigme entrepreneurial pour l’aménagement du territoire, Paris, 2007. p. 21.  

73

La création d’une ville intelligente dans une des zones les plus pauvres du pays a pour

objectif atteindre le développement économique et social de la région d’Imbabura, mais aussi

celui du pays ; à travers le développement d’un nouveau modèle économique basé sur

l’innovation et production de biens et de services exportables avec une valeur ajoutée élevée ;

ainsi que sur une économie de la connaissance . Les aspects positifs de ce projet sont plusieurs :

le désir d’attirer et former des professionnels hautement qualifiés ; stimuler la recherche

scientifique dans le pays et la rattacher aux sociétés privées et publiques productrices de biens et

services ; finalement la volonté d’accroître l’investissement dans des domaines oubliés et peu

développés tels que la recherche, le développement et l’innovation. Autre aspect positif du

projet est la création d’emplois et la mobilisation de ressources lors de la construction et

fonctionnement de la ville ce qui favorisera le développement économique de la zone

d’implémentation du projet. Dans ce sens, la stimulation du tourisme dans la zone grâce à la

construction de la ville est aussi un aspect à souligner.

Néanmoins, la construction d’un projet de cette proportion et niveau de complexité a

aussi des défis économiques et académiques qui peuvent freiner son développement et son

succès. Malgré, la disponibilité de ressources économiques publiques et la volonté politique de

construire cette ville ; il pourrait être nécessaire d’attendre plusieurs années pour voir les

premiers résultats positifs de ce projet, et encore plus de temps, voire plusieurs décennies, pour

atteindre des profits économiques par rapport à l’investissement réalisé. Autre obstacle potentiel

pour le succès de Yachay est le fait que tout le financement destiné à la recherche, innovation et

développement provient essentiellement du gouvernement, alors que l’expérience d’autres pays

qui ont eu du succès dans ce type de projet montre plutôt que ce sont les sociétés privé les

moteurs de ce processus, l’Etat se limitant à procurer des conditions macroéconomique et des

politiques publics favorables à supporter ce processus.202 Concernent les défis académiques, une

université récemment créée comme c’est le cas de l’université de Yachay est très difficile

qu’elle soit attirante pour des chercheurs mondialement reconnus car le bénéfice économique

offert par l’université de Yachay devrait être supérieur au bénéfice de statut que ces chercheurs

perçoivent actuellement dans des universités de prestige. De plus, pour réussir à positionner à

l’université de Yachay comme un modèle dans la région latino-américaine c’est nécessaire

plusieurs années de fonctionnement pendant lesquelles des publications, des recherches et

d’autres reconnaissances soient obtenues.

202 OECD, Territorial Reviews: Competitive Cities in the Global Economy. http://www.oecd.org/gov/regional-policy/oecdterritorialreviewscompetitivecitiesintheglobaleconomy.htm, consulté le 22 septembre 2013.

74

Si bien la construction de Yachay est une réponse aux nécessités économiques du pays, ce

projet répond aussi à une volonté politique du gouvernement équatorien, une volonté qui n’a pas

de limites économiques et doit s’accomplir indépendamment si c’est fiable ou non le projet.

Pour conclure, actuellement la population hautement qualifiée, les entreprises reconnues

mondialement et les centres de recherché, d’innovation et de développement sont attirés par les

villes à succès dans lesquelles leur besoins technologiques et économiques sont bien prise en

compte. Dans ce sens, on peut affirmer que les villes intelligentes pourraient devenir de pôles de

développement des pays.203

Cependant, elles peuvent aussi devenir de zones qui génèrent des inégalités à l’interne de

chaque nation puisqu’elles peuvent concentrer la recherche et le développement empêchant le

développement du reste du pays. 204

203 OCDE, Building an Innovative City: The Macro Perspective http://www.oecd.org/innovation/buildinganinnovativecitythemacroperspective.htm., consulté le 13 octobre 2013. 204 OCDE Territorial Reviews: Competitive Cities in the Global Economy http://www.oecd.org/gov/regional-policy/oecdterritorialreviewscompetitivecitiesintheglobaleconomy.htm., consulté le 13 octobre 2013.

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84

ANNEXES

ANNEXE 1. Utilisation des TIC en Equateur

Source : Ministerio de Telecomunicaciones (MINTEL) y de la Sociedad de la Información e Instituto Nacional de Estadística y Censo (INEC), Reporte anual de estadísticas sobre tecnologías de la información y comunicaciones TIC’s, Quito, 2010.

85

ANNEXE 2. Salles de classe Université Yachay

86

ANNEXE 3. Décret exécutive pour la création de Yachay E.P.

87

88

89

ANNEXE 4. Organisation interne de Yachay E.P.

90

TABLE DES FIGURES

Figure 1.  Situation géographique de l’Equateur ..................................................................... 35 

Figure 2.  Répartition par origine ethnique de la population équatorienne ............................. 37 

Figure 3.  Taux de pauvreté par province ................................................................................ 38 

Figure 4.       Evolution historique du taux de pauvreté dans quelques grandes villes de

l’Equateur .................................................................................................................................... 39 

Figure 5.  Représentation graphique de la triple hélice ........................................................... 47 

Figure 6.  Dimensions du domaine des biotechnologies à Yachay, Cité de la Connaissance . 51 

Figure 7.  Localisation et définition de la zone d’intervention de Yachay .............................. 53 

Figure 8.  Evolution de l’investissement dans les domaines de recherche et développement (en

pourcentage du PIB nationale) .................................................................................................... 58 

Figure 9.  Conceptualisation d’une partie de la ville intelligente de Songdo .......................... 62 

Figure 10.  Schéma de la coopération non-remboursable en Equateur ...................................... 68 

TABLE DES ANNEXES

ANNEXE 1.  Utilisation des TIC en Equateur ...................................................................... 84 

ANNEXE 2.  Salles de classe Université Yachay ................................................................. 85 

ANNEXE 3.  Décret exécutive pour la création de Yachay E.P. .......................................... 86 

ANNEXE 4.  Organisation interne de Yachay E.P. ............................................................... 89