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Virginie Laval La compréhension des promesses par les enfants de 3 à 9 ans In: Enfance. Tome 50 n°4, 1997. pp. 483-500. Citer ce document / Cite this document : Laval Virginie. La compréhension des promesses par les enfants de 3 à 9 ans. In: Enfance. Tome 50 n°4, 1997. pp. 483-500. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/enfan_0013-7545_1997_num_50_4_3080

Virginie Laval - La compréhension des promesses par les enfants de 3 à 9 ans

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Virginie Laval - La compréhension des promesses par les enfants de 3 à 9 ans

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  • Virginie Laval

    La comprhension des promesses par les enfants de 3 9 ansIn: Enfance. Tome 50 n4, 1997. pp. 483-500.

    Citer ce document / Cite this document :

    Laval Virginie. La comprhension des promesses par les enfants de 3 9 ans. In: Enfance. Tome 50 n4, 1997. pp. 483-500.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/enfan_0013-7545_1997_num_50_4_3080

  • RsumSearle (1969, 1979) dfinit une promesse comme un engagement de la part du locuteur raliser unacte futur. Une promesse est une situation de communication, constitue de caractristiques textuelles(par exemple, la forme linguistique de l'nonc) et de caractristiques contextuelles (par exemple, lacondition prparatoire ou l'enjeu social). L'objectif de cette recherche est d'tudier un aspect contextueljusqu' maintenant non explicit : l'enjeu social (social stakes). On a propos des enfants de 3 9 ansune preuve de compltement d'histoires ; aprs avoir complt chacune des histoires, l'enfant devaitexpliquer son choix. Deux variables sont mises en jeu dans une srie d'expriences : l'enjeu social(enjeu social fort, enjeu social faible) et la forme linguistique de l'nonc (promesse vs non-promesse).Les principaux rsultats peuvent tre rsums de la faon suivante : 1 / A tous les ge, l'enjeu socialjoue un rle important dans la comprhension des promesses par les enfants ; 2/ Les enfants de 3 anset 6 ans basent leur interprtation des promesses en priorit sur les caractristiques contextuelles de lasituation de communication ; partir de 6 ans, les enfants commencent prendre en compte la formelinguistique des promesses ; 3/ Les enfants de 9 ans basent leur interprtation des promesses sur lescaractristiques textuelles de l'nonc ; 4 / Les connaissances mtapragmatiques des enfantsdpendent des caractristiques de la situation de communication ; le contenu de ces connaissancesmtapragmatiques volue avec l'ge.

    AbstractSearle (1969) defines a promise as a commitment on the part of a speaker to accomplish a futureaction. A promise is a communication situation with textuals characteristics (for example, the linguisticform of the statement) and contextuels characteristics (for example, preparatory condition or socialstakes). The present study focuses on a contextual sight : the social stakes. One experiment wasdesigned to deter- mine how children 's comprehension of promises and their correspondingmetapragmatic knowledge is affected by the social stakes (strong vs weak), and by the linguistic form ofthe statement (promise vs. no promise). Children between the ages of 3 and 9 were asked to completecomic strip stories and justify their responses. The main results showed the following : 1 / The socialstakes is used by children to comprehend promises ; 2 / Between the age of 3 and 6, the linguistic formhas little effect ; the chidren used contextual characteristic to comprehend promises ; 3 / At the age of 9,the chidren used textual characteristic to comprehend promise ; 4 /The metapragmatic knowledgechildren express about promises depends on the characteristics of the communication situation andchanges with age. The results are interpreted in the light of the functionalist and inter actionist theoriesof development.

  • La comprhension des promesses par les enfants de 3 9 ans

    Virginie Laval1

    RSUM

    Searle (1969, 1979) dfinit une promesse comme un engagement de la part du locuteur raliser un acte futur. Une promesse est une situation de communication, constitue de caractristiques textuelles (par exemple, la forme linguistique de l'nonc) et de caractristiques contextuelles (par exemple, la condition prparatoire ou l'enjeu social). L'objectif de cette recherche est d'tudier un aspect contextuel jusqu' maintenant non explicit : l'enjeu social (social stakes). On a propos des enfants de 3 9 ans une preuve de compltement d'histoires ; aprs avoir complt chacune des histoires, l'enfant devait expliquer son choix. Deux variables sont mises en jeu dans une srie d'expriences : l'enjeu social (enjeu social fort, enjeu social faible) et la forme linguistique de l'nonc (promesse vs non-promesse). Les principaux rsultats peuvent tre rsums de la faon suivante : 1 / A tous les ge, l'enjeu social joue un rle important dans la comprhension des promesses par les enfants ; 2/ Les enfants de 3 ans et 6 ans basent leur interprtation des promesses en priorit sur les caractristiques contextuelles de la situation de communication ; partir de 6 ans, les enfants commencent prendre en compte la forme linguistique des promesses ; 3/ Les enfants de 9 ans basent leur interprtation des promesses sur les caractristiques textuelles de l'nonc ; 4 / Les connaissances mtapragmatiques des enfants dpendent des caractristiques de la situation de communication ; le contenu de ces connaissances mtapragmatiques volue avec l'ge.

    SUMMARY

    Searle (1969) defines a promise as a commitment on the part of a speaker to accomplish a future action. A promise is a communication situation with textuals characteristics (for example, the linguistic form of the statement) and contextuels characteristics (for example, preparatory condition or social stakes). The present study focuses on a contextual sight : the social stakes. One experiment was designed to deter-

    1. Virginie Laval est ater l'Universit Ren-Descartes - Paris V. Elle effectue sa recherche au laboratoire psydee (ura cnrs 1353) ; Universit de Paris 5 (laboratoire psydee, ura cnrs 1353), 46, rue Saint- Jacques, 75005 Paris, France. ENFANCE, n 4/1997, p. 483 500

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    mine how children 's comprehension of promises and their corresponding metapragmatic knowledge is affected by the social stakes (strong vs weak), and by the linguistic form of the statement (promise vs. no promise). Children between the ages of 3 and 9 were asked to complete comic strip stories and justify their responses. The main results showed the following : 1 / The social stakes is used by children to comprehend promises ; 2 / Between the age of 3 and 6, the linguistic form has little effect ; the chidren used contextual characteristic to comprehend promises ; 3 / At the age of 9, the chidren used textual characteristic to comprehend promise ; 4 /The metapragmatic knowledge children express about promises depends on the characteristics of the communication situation and changes with age. The results are interpreted in the light of the functionalist and inter actionist theories of development.

    La promesse est un acte de langage peu tudi et cependant trs important dans les interactions quotidiennes. Comment les enfants comprennent-ils les noncs exprimant une promesse ? Comment cette comprhension volue avec l'ge ?

    Pour rpondre ces deux questions, il est ncessaire de dterminer sur quels indices les enfants basent leur interprtation des noncs de promesse : des indices textuels comme par exemple, la forme linguistique de l'nonc ou encore les marques temporelles de l'nonc, ou bien sur des indices contextuels comme par exemple, le dsir de l'auditeur concernant la ralisation de l'action ou encore l'enjeu social de la promesse. Le but de la recherche prsente ici est d'tudier le rle d'un aspect du contexte, l'enjeu social (social stakes), c'est--dire les consquences que pourrait avoir la non-ralisation du contenu propositionnel de l'nonc pour un interlocuteur, dans la comprhension des promesses par les enfants de 3 9 ans.

    Dans la perspective de la thorie des actes de langage (Searle, 1969, 1979; Searle et Vanderveken, 1985 ; Vanderveken, 1990a, 19906, 1992), une promesse est un acte illocutoire de la catgorie des promissifs. C'est un engagement de la part du locuteur raliser un acte futur. Du point de vue de son contenu, une promesse ne correspond pas uniquement un nonc solennel (ex. je te promets fidlit dans le cadre d'un mariage); effectivement une promesse correspond frquemment un nonc ordinaire dans le cadre de scnes de la vie quotidienne (ex. je te promets de ranger ma chambre). Du point de vue de sa forme linguistique, il n'est pas ncessaire d'utiliser explicitement l'expression je promets pour exprimer une promesse : il existe d'autres formes linguistiques susceptibles d'exprimer une promesse (ex. je vais laver ma chambre; je laverai ma chambre). Cette dfinition de la promesse est assortie de quatre conditions de ralisation :

    1 / Une condition de contenu propositionnel : l'nonc dit quelque chose d'un acte futur ralis par le locuteur (dans l'exemple cit ci-dessus, le locuteur dit qu'il va ranger sa chambre) ;

  • LA COMPRHENSION DES PROMESSES 485

    2 / Une condition prparatoire : l'auditeur prfre l'accomplissement de l'acte futur par le locuteur son non-accomplissement (l'auditeur dsire que le locuteur range sa chambre) ;

    3 / Une condition de sincrit : le locuteur a l'intention d'effectuer l'acte futur (le locuteur a l'intention de ranger sa chambre) ;

    4 / Une condition essentielle : le locuteur contracte l'obligation d'effectuer l'acte futur (le locuteur est oblig de ranger sa chambre).

    Du point de vue du dveloppement, l'tude de la promesse conduit considrer l'acquisition du langage dans la perspective de son utilisation et de l'acquisition d'un systme de communication. L'accent est mis sur les aspects fonctionnels du langage (Beaudichon, 1982; Bernicot, 1992a; Caron, 1983; Deleau, 1990; Trognon, 1996). Cette perspective a conduit souligner l'importance chez les jeunes enfants des formats ou des routines d'interaction, c'est--dire l'importance d'exemplaires prototypiques de relations sociales (cf. par exemple Beaudichon, Marcos et Bernicot, 1992 ; Bernicot, 1994 ; Bernicot et Marcos, 1993 ; Bruner, 1991 ; Garvey, 1974; Nadel, 1986 ; Nadel et Camaioni, 1993 ; Shatz et Watson O'Reilly, 1990).

    Les recherches dj ralises sur la promesse sont peu nombreuses : un premier groupe, situ dans le courant thorique de la philosophie du langage et concernant des locuteurs de langue maternelle anglo-saxonne (Astington, 1988, 1990 ; Gibbs et Delaney, 1987), permet de confirmer la validit psychologique du modle de Searle (1969, 1979), du point de vue de la condition prparatoire et de la condition de contenu propositionnel. Outre la validit psychologique du modle de Searle (1969, 1979), un deuxime groupe de recherche (Bernicot et Laval, 1996a; Bernicot et Laval, 19966; Laval, 1996; Laval et Bernicot, 1996) a abord l'tude de la promesse sous l'angle de la situation de communication. Ces recherches rcentes utilisent les concepts fondamentaux de la thorie des actes du langage (Searle, 1969, 1979) et ceux des thories interactionnistes du dveloppement (Vygotski, 1985 ; Bruner, 1983). Dans cette perspective, la promesse est dfinie comme une situation de communication part entire, constitue de caractristiques textuelles et contextuelles spcifiques. Ainsi, ces recherches ont pour objectif de dterminer prcisment le rle des caractristiques textuelles et/ou contextuelles de la situation de communication dans la comprhension d'un nonc de promesse par les enfants de 3 10 ans. Bernicot et Laval (1996a) et Laval (1996) ont montr l'importance de la condition prparatoire (caractristique contextuelle spcifique de la promesse) chez les enfants : jusqu' 6 ans, les enfants basent en priorit leur interprtation des promesses sur les caractristiques contextuelles de la situation de communication. Autrement dit, jusqu' 6 ans, les enfants utilisent l'information pragmatique spcifique de la promesse ds lors qu'elle apparat dans la situation de communication, et quelles que soient les caractristiques textuelles de l'nonc. Bernicot et Laval (19966) et Laval (1996) ont montr l'importance des caractristiques textuelles de la situation de communication : en l'absence d'informations pragmatiques sp-

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    cifiques de la promesse, les enfants, partir de 6 ans, prennent en compte certaines caractristiques textuelles de l'nonc (le futur priphrastique). A partir de 9 ans, l'interprtation des enfants est systmatiquement base sur les caractristiques textuelles de l'nonc.

    L'un des buts essentiels de notre recherche est d'tudier le rle d'un paramtre contextuel jusqu' maintenant non explicit : l'enjeu social relatif au contenu propositionnel de l'nonc. Qu'est-ce que l'enjeu social? On entend par enjeu social les consquences que pourrait avoir la non-ralisation du contenu propositionnel de l'nonc pour un interlocuteur. Par exemple, si je promets une personne qui n'a pas de voiture de passer la prendre pour qu'elle puisse se prsenter un examen, le non-respect de mon engagement entranerait de graves consquences sur le plan social du point de vue de l'auditeur. Ce paramtre contextuel n'est pas prvu par le modle de Searle (1969, 1979) en tant que tel, mais il dcoule, notre avis, directement de la condition de contenu propositionnel de l'nonc (Searle, 1969, 1979) et de la dfinition de la promesse en termes de relation tablie entre un locuteur et un auditeur (Grant, 1947). Nous proposons de considrer l'enjeu social fort (le contenu propositionnel de l'nonc implique une relation forte entre le locuteur et l'auditeur, dans laquelle l'auditeur attend beaucoup du locuteur) et l'enjeu social faible (le contenu propositionnel de l'nonc implique une relation faible entre le locuteur et l'auditeur, dans laquelle l'auditeur n'attend rien du locuteur).

    Cette recherche poursuit donc trois objectifs principaux : 1 / Cerner avec prcision le rle de l'enjeu social dans la comprhension

    des promesses. Les indications fournies par les recherches d'Astington (1988 ; 1990), de Bernicot et Laval (1996a) et de Laval (1996) propos de l'importance de la condition prparatoire, lment contextuel spcifique de la promesse, permettent de faire l'hypothse du rle fondamental de l'enjeu social dans la comprhension des promesses par les enfants. De plus, la mise en vidence de l'importance des formats d'interaction (Bruner, 1991 ; Bernicot, \992a; Laval, 1996) permet de prdire l'importance de l'enjeu social dans la comprhension des promesses par les enfants les plus jeunes.

    2 / tudier le rle des caractristiques textuelles en opposant des noncs promesse (ex. je vais te donner la pelle ) des noncs non-promesse de type assertion (ex. les voitures de course sont belles ). Les indications fournies par les recherches de Bernicot et Laval (1996e) et de Laval (1996) concernant la capacit des enfants de 6 ans et 9 ans traiter les marques temporelles du futur priphrastique permettent de faire l'hypothse selon laquelle les noncs promesse devraient tre mieux compris que les noncs non- promesse .

    3 / Faire apparatre les connaissances mtapragmatiques qui correspondent des noncs de promesse compris. Il existe des recherches concernant les connaissances mtapragmatiques relatives la demande (Axia et Baroni, 1985; Baroni et Axia, 1989; Bates, 1976; Sinclair, 1986; Wilkinson, Wilkinson, Spinelli et Chiang, 1984) qui ont conduit Bernicot (1991)

  • LA COMPRHENSION DES PROMESSES 487

    proposer que seules les explications verbales suivant un comportement tmoignant d'une comprhension de la demande soient prises en compte. Pour la promesse, conformment cette proposition, l'analyse des donnes reposera sur le fait que la connaissance des rgles sociales par l'enfant volue avec l'ge. Les rponses portant sur les caractristiques de l'nonc et/ou sur les caractristiques contextuelles de la situation de communication et en particulier sur le respect de l'une des conditions de ralisation de la promesse seront considres comme mtapragmatiques qu'elles correspondent ou non au systme adulte. Les recherches de Bernicot et Laval (1996a) et Laval (1996) ralises avec des sujets de langue maternelle franaise montrent que pour la promesse les enfants de 3 ans ont des connaissances mtapragmatiques, que le rpertoire de ces connaissances augmente avec l'ge et que l'expression de ces connaissances est lie aux caractristiques textuelles et/ou contextuelles de la situation de communication. Les recherches dj ralises d'une part sur la demande (Bernicot, 1991) et d'autre part sur la promesse (Astington, 1988, 1990; Bernicot et Laval, 1996a; Laval, 1996) permettent de faire l'hypothse que les connaissances mtapragmatiques varient en fonction des caractristiques textuelles de l'nonc et des caractristiques contextuelles de la situation de communication et que leur contenu volue avec l'ge.

    Deux preuves ont t ralises: une preuve de comprhension clairement distingue de l'preuve concernant les connaissances mtapragmatiques. La comprhension est teste sur la base de comportements non verbaux raliss par l'enfant, les connaissances mtapragmatiques sont testes sur la base des explications verbales qu'il fournit propos de son comportement.

    1. MTHODE

    Sujets

    Trente-six enfants1, de langue maternelle franaise, ont particip l'exprience (21 filles et 15 garons). Ils ont t rpartis en trois groupes de 12 sujets ayant respectivement pour ge moyen: 3 ans 9 mois (cart: 3 ans 2 mois - 4 ans 3 mois), 6 ans 8 mois (cart : 6 ans 5 mois - 7 ans 3 mois), 9 ans 7 mois (cart : 9 ans 4 mois - 10 ans 2 mois). Dans la suite du texte, ces trois groupes seront respectivement dsigns comme le groupe des 3 ans, le groupe des 6 ans et le groupe des 9 ans.

    1. Nous remercions les professeurs et les enfants des coles maternelle et primaire de Dis- say dans la Vienne.

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    Matriel

    Seize histoires racontant les aventures d'un hros ont t construites : toutes font intervenir comme locuteur un personnage de Walt Disney (Mickey) qui s'adresse toujours deux autres personnages (Dingo ou Minnie). Chaque histoire est compose de quatre images et d'un texte court correspondant chacune d'entre elles. Les images, en intgrant au contexte linguistique un contexte situationnel, permettent de prsenter aux sujets des situations proches de la ralit et faisant partie de leur exprience quotidienne. De plus, elles focalisent l'attention des sujets sur la tche. Des exemples d'histoires sont prsents dans le tableau 1 .

    La construction de toutes les histoires est ralise selon le schma en trois parties dcrit ci-dessous.

    Premire partie : l'enjeu social de la promesse. L'image prsente les deux personnages, c'est--dire le locuteur et l'auditeur, dans le contexte des lments de l'histoire: l'auditeur dans une situation d'urgence ou de non- urgence, et le locuteur dans une autre activit. Le texte permet de manipuler le type de contexte (enjeu social fort, enjeu social faible). On appelle enjeu social fort un contexte dans lequel l'auditeur est plac dans une situation d'urgence (par exemple, un toit cass dans une situation d'orage, ou encore un rendez-vous trs important dans une situation de voiture en panne). Dans un tel contexte, l'enjeu social relatif au contenu propositionnel de l'nonc est fort: la ncessit de raliser l'action correspondant au contenu propositionnel de l'nonc est clairement explicite. On appelle enjeu social faible un contexte dans lequel l'auditeur est plac dans une situation de non-urgence (par exemple, un gteau confectionner par une excellente cuisinire dans une situation d'absence de livre de cuisine ou encore nager sous l'eau quand on est un excellent nageur dans une situation d'absence de masque de plonge). Dans un tel contexte, l'enjeu social relatif au contenu propositionnel de l'nonc est faible : la non-ncessit de raliser l'action correspondant au contenu propositionnel de l'nonc est clairement explicite.

    Deuxime partie : l'nonc. L'image montre en gros plan le locuteur (Mickey) s'adressant l'auditeur (Dingo ou Minnie). Le texte fait apparatre l'nonc effectivement produit par le locuteur (Mickey). Deux types d'nonc peuvent tre produits.

    Les noncs promesse : ce sont des noncs au futur priphrastique (ex. je vais rparer le toit).

    Les noncs non-promesse de type assertion : ce sont des assertions l'indicatif prsent (ex. les voitures de course sont belles) ; elles sont toutes de la forme sujet-verbe-attribut. Leur contenu propositionnel garde un rapport trs gnral avec le contexte gnral de l'histoire, mais ne constitue en aucun cas un engagement de la part du locuteur dans une action future.

  • LA COMPRHENSION DES PROMESSES 489

    Tableau 1. Principe de construction des histoires

    Exemple 1 - Contexte "Enjeu Social Fort, nonc "Promesse" et Ralisation de l'action.

    Contexte de Production nonc effectivement Fentre vide de l'nonc produit par le locuteur complter

    Un violent orage vient d'clater. La foudre est tombe sur le toit de la maison de Minnie et elle a fait de trs gros dgts : une partie du toit est compltement casse. Pendant ce temps, Mickey profite de la pluie qui vient de tomber pour nettoyer le devant de sa maison. Si personne ne rpare le toit de la maison de Minnie, c'est trs grave car la mto annonce de la pluie pour ce soir et Minnie a peur que l'eau fasse de gros dgts.

    Image 2

    Mickey dit Minnie : "Je vais rparer le toit"

    Image 3.1

    Mickey rpare le toit de la maison de

    Minnie.

    Image 3.2

    Mickey continue nettoyer le devant de

    sa maison

    Exemple 2 - Contexte "Enjeu Social Faible, nonc "Non Promesse" et Non Ralisation de l'action.

    Contexte de Production de l'nonc

    nonc effectivement Fentre vide produit par le locuteur complter

    C'est l't et il fait trs chaud. Dingo a dcid d'aller se baigner dans un grand lac : il veut faire de la plonge pour approcher les poissons de plus prs. Mickey est dans son garage : il fabrique un cerf- volant. Si personne ne prte de masque de plonge Dingo, ce n'est pas grave car Dingo n'a pas peur d'ouvrir les yeux sous l'eau.

    Mickey dit Dingo : "Les masques de plonge sont noir".

    Image 3.1

    Mickey apporte un masque de

    plonge Dingo.

    Image 3.2

    Mickey continue fabriquer

    un cerf-volant.

  • 490 VIRGINIE LAVAL

    Troisime partie : la fin de l'histoire. Deux images 3 correspondent deux fins possibles de l'histoire. Sur l'une des images, le locuteur est en train de raliser l'action critique. Sur l'autre image, le locuteur continue l'action qu'il avait entrepris, et par consquent ne ralise pas l'action critique. Ces deux fins de l'histoire se situent au niveau de l'action raliser.

    Procdure

    On propose aux enfants une preuve individuelle de compltement d'histoires. L'exprimentateur raconte le dbut de l'histoire partir des deux premires images; l'enfant doit finir l'histoire en choisissant une image parmi deux possibles. L'exprimentateur lui demande alors de justifier son choix. Les rponses cette question permettront de dterminer sur quels critres exploitables verbalement est bas le choix des enfants.

    Au total, 16 histoires sont proposes chaque enfant. L'ordre de prsentation des histoires varie de faon alatoire d'un enfant l'autre. L'ordre de prsentation des deux choix possibles varie de faon alatoire d'une histoire l'autre.

    Plan exprimental

    Le plan exprimental comporte deux variables indpendantes : 1 / l'ge des sujets - 3 ans, 6 ans et 9 ans - (variable intergroupe) ; le contexte de production de l'nonc - contexte enjeu social fort, contexte enjeu social faible - (variable intragroupe) ; la forme linguistique de l'nonc - nonc promesse , nonc non-promesse - (variable intragroupe).

    2. CODAGE DES RSULTATS

    Codage des rponses

    Les rponses des sujets ont t codes en se plaant du point de vue de la forme linguistique de l'nonc (promesse/non-promesse). Ont t codes comme bonnes rponses (br) tout choix des sujets portant sur la ralisation de l'action quand l'nonc est une promesse (dans l'exemple 1 du tableau 1, la bonne rponse correspond l'image 3. 1) et tout choix portant sur la non-ralisation de l'action quand l'nonc est une non-promesse (dans l'exemple 2 du tableau 1, la bonne rponse correspond l'image 3.2). Ont t codes comme mauvaises rponses (mr) tout choix portant sur la non-ralisation de l'action quand l'nonc est une promesse (dans l'exemple 1 du tableau 1, la mauvaise rponse correspond l'image 3.2) et tout choix des sujets portant sur la ralisation de l'action quand l'nonc est une non-promesse (dans l'exemple 2 du tableau 1, la mauvaise rponse correspond l'image 3. 1).

  • LA COMPRHENSION DES PROMESSES 491

    Codage des explications des bonnes rponses

    La tche des enfants tait non seulement de complter l'histoire, mais aussi de justifier leur choix. Les enfants ont donn six catgories d'explications : les non-rponses, les explications lies au contexte gnral de l'histoire, celles lies aux relations entre les interlocuteurs ou aux caractristiques du locuteur, celles lies la recherche d'une cohrence de l'histoire, celles lies l'enjeu social, et enfin les explications lies l'existence de l'nonc. Des exemples types d'explications sont prsents dans le tableau 2 pour chaque catgorie.

    Tableau 2. Exemples types d'explications donnes par les enfants pour chaque catgorie

    Exemple D'histoire Un violent orage vient d'clater. La foudre est tombe sur le toit de la maison de Minnie et elle a fait de trs gros dgts : une partie du toit est compltement casse. Pendant ce temps, Mickey profite de la pluie qui vient de tomber pour nettoyer le devant de sa maison. Si personne ne rpare le toit de la maison de Minnie, c'est trs grave, car la mto annonce de la pluie pour ce soir et Minnie a peur que l'eau fasse de gros dgts.

    Mickey dit Minnie : "je vais rparer le toit".

    Choix 3.1 : Mickey rpare le toit. Choix 3.2 : Mickey continue nettoyer le devant de sa maison.

    Catgories d'explications

    Non-Rponse Explications lies au contexte gnral de l'histoire Explications lies aux relations entre les interlocuteurs ou aux caractristiques du locuteur Explications lies la recherche d'une cohrence de l'histoire Explications lies l'enjeu social

    Explications lies l'existence de l'nonc

    Exemples types "Je ne sais pas" "parce que..." La pluie tombe fort Mickey aime Minnie

    Mickey est menuisier Le toit est cass et la mto annonce de la pluie Mickey l'a dit Minnie

    Nous considrons qu'un nonc est dfini la fois par ses caractristiques textuelles et par les caractristiques contextuelles de la situation de communication. Dans cette perspective, la catgorie lie l'enjeu social et celle lie l'existence de l'nonc sont mtapragmatiques, dans la mesure o elles sont lies aux caractristiques textuelles ou contextuelles de la situation de communication.

  • 492 VIRGINIE LAVAL

    3. RSULTATS

    preuve relative la comprhension

    La variable dpendante nombre de bonnes rponses a t traite l'aide d'une analyse de variance trois facteurs : ge (3) X type de contexte (2) X forme linguistique (2). La figure 1 indique le pourcentage moyen de bonnes rponses par sujet en fonction de l'ge des enfants, du contexte de production et de la forme linguistique de l'nonc. Ce pourcentage a t calcul par rapport au nombre total de rponses possibles par case exprimentale. L'analyse met en vidence un effet significatif de l'ge (F(2,33)= 19,27; p

  • LA COMPRHENSION DES PROMESSES 493

    ENFANTS DE 3 ANS

    Pourcentage moyen de BR

    H Promesse I I Non Promesse

    Enjeu Social Fort Enjeu Social Faible

    ENFANTS DE 6 ANS

    Pourcentage moyen de BR

    100 80 60 40 20 0

    H Promesse LJ Non Promesse

    Enjeu Social Fort Enjeu Social Faible

    ENFANTS DE 9 ANS

    Pourcentage moyen de BR

    H Promesse EU Non Promesse

    Enjeu Social Fort Enjeu Social Faible

    Fig. 1 . Pourcentage moyen de bonnes rponses par sujet en fonction de l'ge des enfants (3 ans, 6 ans, 9 ans),

    du contexte de production (enjeu social fort, enjeu social faible) et de la forme linguistique de l'nonc (promesse, non-promesse)

  • 494 VIRGINIE LAVAL

    6 ans basent leur interprtation sur le contexte de production de l'nonc. En l'absence d'enjeu social fort , les enfants de 6 ans ne sont pas capables de baser leur interprtation sur les caractristiques textuelles de l'nonc.

    A 9 ans, les enfants donnent plus de bonnes rponses pour un nonc promesse (91,67%) que pour un nonc non-promesse (50%) et plus de bonnes rponses dans un contexte enjeu social faible (91,67%) que dans un contexte enjeu social fort (50%). L'absence de variation entre les noncs promesse (83,33 %) et les noncs non-promesse (100 %) dans un contexte enjeu social faible et l'absence de variation pour les noncs promesse entre les deux types de contexte montrent que les enfants de 9 ans basent leur interprtation sur les caractristiques textuelles de l'nonc.

    preuve relative aux connaissances mtapragmatiques

    L'analyse des explications des bonnes rponses prsente deux objectifs principaux : 1 / Tester les connaissances mtapragmatiques propos d'noncs rellement

    compris dans une situation de communication dtermine : concrtement, l'analyse portera uniquement sur les explications des bonnes rponses ;

    2 / Cerner les connaissances mtapragmatiques relatives un nonc de messe : l'analyse portera uniquement sur les explications des bonnes rponses donnes dans le cas d'un nonc promesse .

    Les rsultats ont t obtenus en calculant le nombre d'explications des bonnes rponses par catgorie et par case exprimentale pour les noncs promesse. Les variables dpendantes correspondant chacune des six catgories d'explications donnes par les enfants (non-rponses, lies au contexte gnral de l'histoire, lies aux relations entre les interlocuteurs, lies la recherche d'une cohrence de l'histoire, lies l'enjeu social, lies l'existence de l'nonc) ont t traites l'aide d'une analyse de variance deux facteurs : ge (3) X contexte (2). La figure 2 indique le nombre moyen d'explications des bonnes rponses par catgorie en fonction de l'ge des enfants. Pour les catgories d'explications en termes de non-rponse, lies l'enjeu social et lies l'existence de l'nonc, il apparat un effet significatif de l'ge : les explications en termes de non-rponse sont plus nombreuses pour les enfants de 3 ans (F(2,33) = 19,27 ; p < .0005). Les explications lies l'enjeu social caractrisent les enfants de 3 ans et 6 ans (F(2,33) = 17,94 ; p < .0005). Les explications lies l'existence de l'nonc sont caractristiques des enfants de 6 ans et 9 ans (F(2,33) = 33,22 ; p < .0005). Des comparaisons partielles ont permis pour chaque catgorie d'explication caractristique d'un groupe d'ge d'valuer l'effet du contexte de production de l'nonc. Le tableau 3 indique le nombre moyen d'explications des bonnes rponses par sujet et pour chaque catgorie d'explication en fonction de l'ge et du contexte de production de l'nonc.

  • LA COMPRHENSION DES PROMESSES 495

    Enjeu Social Nombre moyen d'explications desBR 90 f 80 70 60 50 40 30 20 10 0

    / /

    / / y / /

    > __/

    Enjeu Social Existence de l'nonc

    c /-

    \

    1 Existence nonc

    / ' /

    /

    /

    /

    Y A

    _

    Existence de l'nonc Enjeu Social Recherche Cohrence Histoire Relations Interlocuteurs Contexte Gnral Histoire Non Rponses

    3 ans 6 ans 9 ans

    Fig. 2. Nombre moyen d'explications des bonnes rponses par catgorie pour les noncs promesse en fonction de l'ge des enfants (3 ans, 6 ans, 9 ans)

    Tableau 3. Nombre moyen d'explications des bonnes rponses par catgorie en fonction de l'ge des enfants

    et du contexte de production de l'nonc pour les noncs promesse

    3 ANS

    6 ANS

    9 ANS

    Non rponse Relations entre interlocuteurs Contexte gnral histoire Recherche cohrence histoire Enjeu social Existence de l'nonc Non rponse Relations entre interlocuteurs Contexte gnral histoire Recherche cohrence histoire Enjeu social Existence de l'nonc Non rponse Relations entre interlocuteurs Contexte gnral histoire Recherche cohrence histoire Enjeu social Existence de l'nonc

    Enjeu social fort

    18 0 3 0 26 0 0 0 0 0 21 27 0 0 0 0 9 39

    Enjeu social faible

    20 2 4 0 0 0 0 0 0 1 0 8 0 0 0 0 0 40

    TOTAL 38 2 7 0 26 0 0 0 0 1

    21 35 0 0 0 0 9 79

  • 496 VIRGINIE LAVAL

    Les explications lies l'enjeu social. L'effet du contexte de production de l'nonc est significatif (F(l,22) = 24,71 ; /?

  • LA COMPRHENSION DES PROMESSES 497

    La variable dpendante nombre d'explications des mauvaises rponses lies l'enjeu social pour un nonc "non-promesse" a t traite l'aide d'une analyse de variance deux facteurs : ge (3) X type de contexte (2). L'analyse de variance met en vidence un effet significatif de l'ge (F(l,33) = 6,47 ; p < .005), du contexte (F(l,33) = 361,34 ; p < .0005) et de l'interaction entre l'ge et le contexte (F(l,ll) = 6,47 ; p< .005). Les rsultats peuvent tre dcrits de la faon suivante.

    Les enfants de 3 ans donnent moins d'explications lies l'enjeu social (31) que ceux de 6 ans (48) et ceux de 9 ans (48). A tous les ges, les enfants donnent des explications lies l'enjeu social uniquement dans un contexte enjeu social fort (127).

    DISCUSSION

    Dans le domaine de la pragmatique, la promesse est un acte de langage moins tudi que la demande. Cependant, la promesse prsente certaines caractristiques qui justifient la centration des recherches sur cet usage particulier du langage. Le premier argument est celui de la possibilit d'opration- naliser la promesse par des critres externes, c'est--dire des critres objectifs permettant de cerner l'intention du locuteur. Le deuxime argument concerne le fait que les caractristiques textuelles de la promesse sont beaucoup plus spcifiques que celles de la demande ; en particulier, comprendre une promesse implique d'tre capable de traiter les marques temporelles du futur (Bernicot et Laval, 1996&). La prise en compte de ces deux arguments montre que la promesse est un acte de langage dont l'tude prsente un intrt trs fort dans le domaine de la pragmatique. Effectivement, les recherches ralises sur la demande (Bernicot, 1992) ont essentiellement centr leur intrt sur le rle du contexte dans la production et la comprhension des demandes par les enfants. La promesse permet d'tudier la comprhension non plus du seul point de vue du contexte, mais sous l'angle de la situation de communication, c'est--dire sous l'angle de l'agencement des caractristiques textuelles et contextuelles au sein de cette situation.

    Dans quelle mesure les enfants vont baser leur interprtation sur les caractristiques textuelles de l'nonc et/ou sur les caractristiques contextuelles de la situation de communication ?

    Globalement, tous les ges, dans une situation non prototypique de la promesse constitue d'indices pragmatiques spcifiques de la promesse et d'indices textuels non spcifiques de la promesse, les enfants basent leur interprtation sur les caractristiques contextuelles de la situation de communication (cf. Bernicot et Laval, 1996a). Autrement dit, les enfants reconstituent les lments de la situation de communication sur la base des informations pragmatiques. Les donnes concernant l'analyse des explications des mauvaises rponses sont trs cohrentes avec ce rsultat, montrant des explica-

  • 498 VIRGINIE LAVAL

    tions lies l'enjeu social uniquement dans une situation non prototypique de la promesse (enjeu social fort/non-promesse). Ce rsultat obtenu tous les ges montre trs clairement que l'enjeu social est un indice pris en compte par les enfants lors de l'interprtation des promesses.

    A 3 ans, dans une situation prototypique de la promesse (enjeu social fort/promesse), les enfants privilgient les indices qui dcoulent des caractristiques contextuelles de la situation de communication. L'absence d'informations pragmatiques spcifiques de la promesse perturbent l'interprtation des enfants de 3 ans dans 50 % des cas ; ce qui signifie, que la moiti des enfants de 3 ans comprennent plus facilement les formes linguistiques de la promesse que celles de la non-promesse (assertion). Pour un nonc promesse, la variation entre contexte spcifique et contexte non spcifique ne permet pas de conclure une interprtation base sur les caractristiques textuelles de l'nonc, mais renforce l'ide d'une interprtation contextuelle (cf. Astington, 1988, 1990; Bernicot et Laval, 1996a).

    A 6 ans, dans une situation prototypique de la promesse (enjeu social fort/promesse), les enfants basent leur interprtation sur les caractristiques contextuelles de la situation de communication (cf. Bernicot et Laval, 19966). En l'absence d'informations pragmatiques spcifiques de la promesse, les enfants de 6 ans ne sont pas capables de prendre en compte les caractristiques textuelles de l'nonc. Ces donnes suggrent qu' 6 ans, l'enjeu social est un paramtre extrmement important qui semble conditionner les rponses des enfants ; effectivement, dans le cadre de la procdure exprimentale utilise ici, l'absence de ce paramtre contextuel perturbe profondment l'interprtation des enfants de 6 ans, qui deviennent incapables de prendre en compte les caractristiques textuelles de l'nonc.

    A 9 ans, que la situation soit prototypique (enjeu social fort/promesse) ou non prototypique (enjeu social faible/promesse) de la promesse, les enfants basent leur interprtation sur les caractristiques textuelles de l'nonc. En l'absence d'informations contextuelles spcifiques de la promesse, les enfants de 9 ans reconstituent la situation de promesse partir des indices textuels.

    Cet ensemble de rsultats renforce l'ide d'un accs tardif la prise en compte des caractristiques textuelles de la promesse et d'une reconstitution prioritaire de la situation de communication partir des informations pragmatiques (cf. Bernicot et Laval, 1996).

    Les connaissances mtapragmatiques apparaissent partir de l'ge de 3 ans et sont d'abord lies aux caractristiques de la situation de communication (enjeu social). A l'ge de 6 ans commencent apparatre les connaissances mtapragmatiques lies aux caractristiques textuelles de l'nonc ; toutefois, les connaissances mtapragmatiques lies aux caractristiques de la situation de communication (enjeu social) restent dominantes. A l'ge de 9 ans, ces connaissances sont lies aux caractristiques textuelles de l'nonc.

    Le contenu de ces connaissances mtapragmatiques varie en fonction des caractristiques textuelles et contextuelles de la situation de communication. A

  • LA COMPRHENSION DES PROMESSES 499

    3 ans et 6 ans, c'est dans une situation de communication prototypique de la promesse (nonc promesse / enjeu social fort ), que les enfants expriment des connaissances mtapragmatiques lies aux caractristiques contextuelles de la situation de communication (enjeu social). Dans cette mme situation, o indices textuels et indices contextuels vont dans le mme sens, les enfants de 6 ans commencent exprimer des connaissances mtapragmatiques lies aux caractristiques textuelles de l'nonc. A 9 ans, les connaissances mtapragmatiques des enfants sont surtout lies aux caractristiques textuelles de l'nonc. Elles apparaissent quelle que soit la situation de communication.

    Cet ensemble de rsultats est cohrent avec ceux obtenus par Bernicot (1991) et Laval (1996) montrant que les enfants les plus jeunes se caractrisent par des connaissances mtapragmatiques lies aux caractristiques contextuelles de la situation de communication, alors que les enfants de 9 ans se caractrisent par des explications lies aux caractristiques textuelles de l'nonc.

    L'enjeu social apparat comme un aspect contextuel trs important dans la comprhension des promesses par les enfants. La comprhension d'un nonc de promesse par les enfants n'est pas uniquement lie l'ge, mais dpend des caractristiques textuelles et contextuelles de l'ensemble de la situation de communication.

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    InformationsAutres contributions de Virginie Laval

    Pagination483484485486487488489490491492493494495496497498499500

    Plan1. MthodeSujetsMatrielProcdurePlan exprimental

    2. Codage des rsultatsCodage des rponsesCodage des explications des bonnes rponses

    3. Rsultatspreuve relative la comprhensionpreuve relative aux connaissances mtapragmatiquesExplications des mauvaises rponses

    DiscussionBibliographie

    IllustrationsTableau 1. Principe de construction des histoiresTableau 2. Exemples types d'explications donnes par les enfants pour chaque catgorieFig. 1 . Pourcentage moyen de bonnes rponses par sujet en fonction de l'ge des enfants (3 ans, 6 ans, 9 ans), du contexte de production (enjeu social fort, enjeu social faible) et de la forme linguistique de l'nonc (promesse, non-promesse)Fig. 2. Nombre moyen d'explications des bonnes rponses par catgorie pour les noncs promesse en fonction de l'ge des enfants (3 ans, 6 ans, 9 ans)Tableau 3. Nombre moyen d'explications des bonnes rponses par catgorie en fonction de l'ge des enfants et du contexte de production de l'nonc pour les noncs promesse Fig. 3. Nombre moyen d'explications des mauvaises rponses par catgorie en fonction de l'ge des enfants (3 ans, 6 ans, 9 ans) pour les noncs non-promesse