Visionary film, The American Avant-Garde

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Chapitre 4, LE MAGE- Sitney Anger

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  • CHAPITR -I

    LE MAGE

    Kenneth Anger est n en Californie clu Surl en 1930 Selon ses dires' il a jou le

    ,o"'pti"i"?t f^"t dans-le iilm A Mitisrrrtttiru Nig/ti! Drznra (LeSonge d'unenuit d't) cle l4ax l(einhardt et a eu conme Partenaire Shirler TemPle l'cole deal"t" " ,f-lo"ti* fossloff Pour ltti, plus que Pour tout autre cinaste

    d'avant-

    i".J",H.ift*."a ".t

    la fois la matrice et liadr ersaire Dans son excellent article

    i.,t. fii"lt d'Angerl, Ton]' Ral ns reprend l'analogie ol)'mPienne tire dr'rflof f u,unnd f ni,uf ,,r. ."f 'Anger : " 11 i avait Vnus et Adonis sous le simPle

    nom de

    i"iii o"J.,i, i' avaiiPan appel charlie; il )' avait mme Ie vieux Bacchusno-rr.e fottl'-ot Vl.,f.ain l'estropi nomm Lon C'tait une illusion'une blague'unesupercherie; c'tait presque au55i amusallt clue la " religion amcienne " -sans

    sang

    ."ii"","i. V* f".ing r:iendrait'" Le mlange ambilalent de satire et d'homnageq,i .iu.t"ri." ." fit quilaut un exerclce de fascination caractristique de.iroo.r" .no." ;, fuq"elle Anger se consacrera Le scandale' le mal' la violence et le

    ;"rd;;;li;iir^voit, 'ont

    a'r centre de la fascination d'Anger et ses films{ont l 'e\prs-ion dc cette t, l.cind tiorr, iur le et Pen'ee. r:,_. r,\-^.,r r

    I l n'existe aucune descnptron ecnte des toui prerniers ti lnrs d'Angcr' La seule

    ,o".." ali*t ",i.n

    propos de Escnpc Episoiic est un passage de Lervis Jacobs-o.r, i.p"ri,u.,tr i,t t/rr FiLrr (L Exprimentation au cinma):

    Les films dc Kenreth Anger sot moins concerns Par la tornre cinmatograPhrque que Par

    r", i""iii,rl.,-.*tr.. rsr,rl,,:Efin ,1., (1916) cor."men.! po. .'n gu.on ei ne j.'"ne lille qur se

    ':;";;;i .';' i.:',.il"]"

    'rer. La ierrrre nrre qrrr

    -

    itoigne esr "oree

    p.'r une fcnrmc dn' rn crrt"drr

    dc Dltre. Le chtenrt .e re\ i le ct 'e urr renrple spi i t r ' ' l la t "mme un mdium et l- tdnrc dP l r

    ;"i:" "":;;;''in" "t

    i."t'"" r" 'i"

    i" ra fille alors q elle st ax dsesPoir' Finarment

    i' "Ir .*"* 'r"

    oun' u fille in\ itir le 8aron ;ru chteau 1'our coucher atPC ell Lr trrlte irtorne

    r". fo, " ' .0. i , , . "*"g" " t

    la ence de chi inrent ct i \ in L ' r t i l l i fusirr ie ' Plc ine d ' r rnertume'eciae de s'eniuir'

    Le fir cst d'tnre r'lunlit unnlue et lart Freu|e d'une trs grande sensibilit pourls rapPortso"*""""it. .af^i. a" L,t qu le:i Pnses,ls sentinrentset les ides du cin'iste

    sont suprreurs

    cmaitr i5edmdiu, lerstr t ta lestsour,entnl . rhdfoi t i incomP]et,a\ 'eccertdines}rart iesPIusintressntes que l'ensen1ltd'

    Les notes cl'Anger sur ses iilms sont soul cnt le neilieur mo]'en d'accder ceau'i ls ont de n1\'stlieur; eD tout cas,elles sont i l l tressantes Dans.le

    n'31 de

    i,, i"ii,,t., ri-t io fii.''togtnphi" s.'it ante de son u're a'ant Fi''di.r'.ks:

    t \ 'H(. H \ \ Bl l \ Rr { r r \L \ l ) D ' l \ \ rL ' ' \T lQuiab- i {en] ' rnr\ 'e ' Iq l l }t ..rirr. i

    '"".

    xs. rf.,"t Film Santa \l;nica' Cilitorrrie Gtr'k '

    irlrrt : contr' drriS' film ei

  • LE CIN\IA YISION\IRE

    nont par Kenneth Ang('r. Dislrr{'rl litr : une douzaine de prrst)lrncs rccrute5 ljans lc \ oisinge.slnofsis: un mont.r te d 'enfants amric. l ins pn trin dc iouea \ ,entraimint et rrant, le c lerniert a\'nt Pearl Hdrborrr Des Il.lshes d'chr.rlit \Llr l'h(jlocuste interr!)mpent leur rrerie. Labrume enlahit le ten.rjn de jeu; Ies enfants tonltrani Ln :1 un conrme cie. niochts Fortr iormerun ensemble flou dc rveurs.

    .

    Tr\sEL TREE (LArbre de No1,19{1-.12)3 min- 16 mm. NB_ Pcint l main. l \ lui . Fi tm S.rnra \ lonic. G. i rL ' , r , i rk, : conLr, d i r ig,

    film et mont par KennL'th Anger Ar-rcr, : un nrlrre do \ot. ,r/Dr,pjij: tL, ritucl consi\Lrr fairepuis dtruire l 'arb.e de \o1. Cros plans suf les brarthes char.ges de b. l t r io les, dr . rpes cteguir l . lncles,pleines d cl inquant. PLln dr corr f ,e sLrr I 'arbre ctpoLr i l l ct atan( lonn, jet a\t ]mmcs (peinture ln main or-car late) pour ne l issef qu,ur1 sctL,c lL, ic ca, Lrr)nisrr .

    PRIsoriIR oF M.\Rs (Prisonnier dc lviars.19]:)l1 min. 16 mm. NB. \ luet Fi lm Snr i \L,)r ica. C. ik i iqxir : con+r,dir i8, f i t r r l et mLrnre par

    Kenneth Angcr Assistant opratelr . : Char le: \ ' reelanr l . Dcors, lnodi tea rciui i \ et coshrmesdessins et excuts par Kenneth Anger. ..t./. !r: Ke neth Anger (Le carr-Etu venant cle laTrre). Svrol ls is: interyrtat ion d sciencc,f ic l ion du nr\ thc c lu \ l inoi iurc. t jn doleicer l t . lututur, . chois i , ' , est propuls sur Mars o i l \c rcvert t drns Un t . r l . \ f l r l ihe, couchr. Drmi les osde ses anctres. Ut i l jsat ion formel le de l ' 'stht iqLre ctLr

    - terr i l letor. , .nn,n1"n.n

    " i . " , " rn, ,n"

    d.ns une situation fchcuse.

    THE N'-Esr (Le Njd,19.1- i )20 min. 16 mm. NB. I {uet . Fi lm Sinr. \ tonic,1\( ,st \ood ! , t Ber l \ Hi l ts. C.r , r , ,9!r , r .

    Conu, dirig, film et mont par Kenneth Anljei Disril,lllr,? j Bob Iones ,e Frre), Jo \\'hittker(LS(Eur), Darc Harr is connu ensui tesous le no clc lohn Derek Hol l ( \ \oo. t -

    (L! ,Copain).Slropsis: un frre et une scEur se regardent d.us tur miroir L,t chaL-i d,eLL\ u boui d l troisimefois perd I'quilibre, tous les deux tombent dan! L1 \'iotcnce. Les alrturions ct le! actions (on\rshnt s'habilleret se mquillr sont clbres comnlc des rite! m.rgique!. Lc charne nvcugLmr Lle lasGur-sorcire

    st repouss pr le frre qui r'loicne

    Esc,\l,E ErrsoDE (La Dliv rance, 19.14)35 nin. 16 mm. NB. \ [ ret . Fi lm Sanl l \ tonjcd. Gr i r , t ;4rk, : con!, d i r i t, f i ]nr ei mont par

    KennethAnger. Dtr ib| t io, , : Mari lvn cranas (La Jeune Fi e) ; Bob Jones (Le Garon); NLral\'.1tson (Lil Gardienne). Svnopsis: interprt.rtic)n Iilrrc du nrvihe d,An

  • Le i ihr ( lc tLrn.r p ' \ , :hod fnm i iquc:d \ la!n Dcref L l . rn\

    ^; t r r r l , r L.r , , t t , ' ! ' l , r ' .1

    1.. Kenncth AngL,r rl ans It, :r.,rrl::.c . Stan Brukh,rsc, t k i latnrr t du: I . , rt .11

    d un Sr i l le-pi in d.rns Fl( . i l r , f \ t r r ' / ] i , / { .d. \ \ ; l tcr \e\ conrb en nS.r t i f danr t r r .

    li ft / f(r Srr ; r,,ir r;.!!,1"r dc sian Bf.rkhasc.

    LE \ IACE

    brusquement ct, au plan suivarlt, cadre un grouPe de nrarins- Ils se raPProchentde lui,dans la hrmire puis dans l 'ombre et l lumire nouveau. La canra suitleurs ombres. I ls se prcipitent stu lui, arms de chaines.

    La scne sui\ .ante, d'une violence oriasmique, est construite aLltour de grosplans sur fond noir du corps du r\'e(r et clc plans des marins accomPlissant desactes r.iolents hors champ. Film cl'en haut,on Yoit des doiSts s'introduire dans lesnarines du r\ 'eur et le sarrg jai l l i r de son nez et de sa bouche. Un marin luimaint ient les Irrains derr ire le clos pendant qu' i l l rr tr le cle doulerr. Une boutei l let l 'un l iquide L-lanc est jete par ter;e et se fracasse en mil le molceaux. I 'ai .{ed'1rn tessolr de lroutei l le sa poitr ine est fenclrre en deux; des ]ains cartent lachair molle d'oir sort un manomtre qui fait off ice de c(eru. Le menton est c.rdren I 'as de l 'cran noir colfre une vague arrte. Du ] iquide blanc,\ 'ersl i Pr enhaut, lui cotr le desstts iusquc dans la borrclre. Le l iquiclc lai teux nettoie son t isageen sang; puis se rpand sur sa poitr ine. Plan sur dcs toi lettes pour hommes viclesLa porte marque cE\Ts (Hommes) s'ouYre, mis il n'\' a Pe'rsonne delrire. Puisle marin dn clbut apparat; la camra se raPProche de son visage en unmoul ement inYerse celui dr.r dL.ut. Au plan suivant,il dlroutonne sa braguetteet, faisant off ice t le phal lus, al lume une chandelle rom.l ine qui j .r i l l i t et brle enfaisant des t incel les.

    Le feu de la clrandelle romaine devient la f lamme d'une bougic de cire en hautd'un arbre de r,\ol

  • LE CI\EI\1A \TISIO\ NAIRF

    Le grand panneau Gg,\. 'rs; le manomtre la place du cceur; les changementssoudains et rpts de l ieux, d'une salle de bar au coin d'une chemine. d,un WC une chambre, sont des classiques du r.ocabulaire cinmatographique pourvoquer le rve. Enfin,la substitution du pnis par une chandelle romaine, quidonne son titre au fi lm, suggte da\,antage que nous sommes entrs dans lespenses du r\'eur plutt que le rr.eil du dormeur dans Ie monde causal.

    De manire significative, une photographie occupe une place centrale etparadoxale dans le fi lm la fois comme source et rsidu du rr,e. Sj 1e passagedu dbut o le protagoniste est aid par le marin, suil i du mme protagonistes'veillant, suggre que la premire action tait son rr e,la photographie au borddu lit, identique celle du rr'gsemblc tre Ia source de sa iantaisie mashtrbatoirenocturne qui s'est

    " anime

    " en rr'c. Ceperrdant, alors que lc jour se lr,e, le

    mimtisme prend cles ccents irol-l i . lues: une allumette est remplace par rrnepoigne de brindilles enflammes; un cceur par un nlanonltre; un pnis par unechandelle romaine,le sperme par du licluide laiietrx. Ce qui achr,e le rve et nouspermet de voir le personnage endormi autrement qu' tfat,ers sa propreimagination est la photo qui brle scmblant tre l'origine clu r\'e. Ici l'espace etle temps du rve coihcident avec la dure de l.r photogr.aphie con.rme objet fticheoccupant l'espace flou entre une e\prience cluiYoque d'authenticit et Ic r\,eilcomplet, continuellement rcport.

    Le rve filmique constitue pour Anger, comme il l'tait pour Deren, trne versiondu modle de vision qui est la base de la plupart des fi lms subjectifs de l 'avant-garde amdcaine dans les annes qua.ante. Quand ce moLllc est l ' .Lrvre, unepolarit subiectif-objectif est tablie tlans laquelle 1e rapport de l.r cantcr.r (r sonchamp de vision reflte les fonctions d'rrn esprit rceptjl ux objets de s perc(,ption.La mtaphore du rve permet Ie geste d'arto-rflcxion en duplicluant la prt.s..nct,du cinaste (sujet) ou de son mdiateur devant comme derrirc l.r carrcra.Lintroduction de photographies ou d'atres icnes reprsentatjves conrnrc ol)i(,tsdu regard camra aioute simplement au modle ur) autre niveau dc rtrflcrion r.rrrspouf autant le modifier. Ainsi, lo tlt.t 's Dntt postul unc conscicncc {rr x,rn rs(.r,emptre dans quelque variante nostalgique. Pareil lement,l 'ananrorphosc tlt,sfi lms de Peterson renvoie une perspectiYe Llforrne,cnr.rcin(r('dnn\ un trr,f ic t ionnel qui ,dans chaque f i lm,rassemble les tcnsionc psvch{) loqiqur, \ f lintellectuelles.

    Le svmbolisme hvperbolique de Fircarrks proYo(lue un effet \.r l\ r iLlUL,r)Lrcomique, comme cians Ia plupart des fi lms cl 'Anger Les racines d(] l 'esthtiqued'Anger sont chercher dans la priocle de clcadence clu rolantismc en France, la fin du XIX" sicle. Comme ses prdcesseurs, Angcr se pronona en aveurd'un art qui s'autocrit ique. Pourtant, i l [ 'r ' a chez Iui aircune indcision ; i l fait sesfi lms la iois en s'entageant intensment dans son suiet tout en crit iquant avecr.irulence leurs l imites. Ce qui distirELre le grand art romantiqe est son asp!,ct la fois prophtique et satv que. Dc nos jours,l ' l ichec cle la .rit ique classique vientdu fait qu'elle reste aveugle au sens cle I 'humour et cle la rlrision propres au\romantiques, drision qu'i ls applicluaicnt eLrx,mnres. La diffrence cruci,rlt,,bien entendu,est que la satire romnntirlrrc prenrl la mesure cles lirnites de ses hr-1ros

    LE \ lAGE

    d.rns leul qute cl 'une l ibert a[Tsohe alols que le Eofi t classique considre lemoindre mou!ernent dans ce sens co1me grotesque.

    Dans Fin'a' irrs, l ' i ronie potigue occupe considrablement moins de place quedans les filnrs suivamts d'Anger. Elle atieirlt son apoge clans Sclr1llo Risirrg,comrneie le montremi. Fl[?u,*s est peut-tre le plus fort des filnrs cle transe. C'est Yraimerlttonnant de la prt d'n cinaste de di\-sept ans d'aYcrir fait une analvse.russi| i rulente de lui mme une poque oi l to[te a] lusion l 'homosexrlal i t taittaboue dans le cinna anric.1in. Mais ce qui est encore phls tonnant, c 'estl 'humour cri t ique qui transparat dans son f i l travers la fausse rection,lecLEur manonra'tre, le pnis ptafd et l 'arbre cle Nol nri tr{] . En 19.17, Anger n'ayaitpas encore compltement mis au point l 'opposit ion des colrtraircs ou l 'ambilalencecomplte comll le principe structurel au cininra, l t l . r is son scns de l ' i ror l i r ' avaitcorllmenc se lanifesiel.

    Plus tard Arlger crivi t : "Cttr pel loche est tout cc ( lue j 'ai r l i lc srrr lo fait

    d avoir dix-sePt ans,la marine clt 's Elnts- Unis, k' \ol .mric.r ir1 et le - l jui l let. "

    Avant d' .rborder son prochnin [ i lnr, j ' . r i rrcrais.rt i i rcr l 'ttention slrr certai] ' \esproprits de te\tures dc Fift'rr!r

  • I t t i 'L 'Lnt iot t Lt i i \ l t t l ) r l r r ) ] l I l l ) l r r r 'nr . r f ( l r r t ' , r r rs ' t r r r r r I r . r r r r , r , r r I , , r I | , l r l r . . l r , l ( r . l L| l tPcrtect ionnenrtr l t ( i t r ronrrnl isn)( ' ( i i \ r r i : ( r . I ) ' r r r r f0 i l ( l r , \ 1r( , ' l \ l r \ l r ( t t r ( , ( r ' t r Inrassure Ie Passage Ll 'Ltrre fornte fcrntr i , , i , r r r t tL.* | l1,rr l i ( ' r s l r l | l r \ , ; r r r r r r ' lLr |nt t . l . lusouvette. Les termcs clc

    " fornrt ' ier r r r r i ' r ' l ( i ( , lorr) l ( ou\ ( r l ( n( ' s()nt prs

    prendre la lettre. Les premiers f ihns r l ' , \ng( 'r ( sp( ' .k 'r1l po r lr plup.rrt t( 's unttasclassiques de temps et d'espace et ()nt Lrn da' lr !r t , ol tc i in et un r lr 'cloppcmentclairement dfinis. NIises part les tr.rnsit ior ls onir iqLrcr,, i - i r ' . i . ' {rrks est cotlstruitsur lrne narrat ion simple. Les imagcs d'Enux I nrf i . f icc suirent galemcnt uneprotression temporel le simple dans un seul dcor. L.1 \ 'ersion originaled' ln0uguratiLttl of tlit P/r'nslr c Dorrre a, elle aussi, utle cohsiol1 spatiale et temporellestr icte. L 'ut i l isat ion de la sur impression ct par-dessus tot l 'a jout de s igrreshermtiques donnent 1a forme une climensiorl plus oulcrtc, mais ces lnentstrangers gardent,malgr toutune rclatil direcic et littrale avec l'action cerltrale.Mme dans Scorpio Risirrg,les diffrcrrts lments de collage ionctiomtent comnedes notes sr les dif frerrts pisodt 's i i ]ms par Anger t t leul nlontage \rrtgrel ' i l lusion d'une cor-rt inuit spatiale et tenlporel le. (Le Christ qui regarde le motarcltortur, Puck encourageant les motards dans leurs courses la mort). DansLt.,ocit io o.f My Dfion Br-ol lrcr; Anger ut i l ise nouveau le regard hors champcomme 6gure formelle; on peut aussi Y Llceler trne introclucticrn et unc conclusion.Nanmoins, ce f i lm marque une a\ ' . tnce radicale dans la cl irect ion d'une formeouverte dans laquelle le rrontage ne ctpencl plus de f illtrsiotr ou de la suggestionde rapports spatiaux et temporels entre les plans. Le l l tont,rge cles irage's dansCosr, ic Ray de Bruce Conner peut servit d'excnple une tbrme our'erte. On Yoitune fenrme nue' qui danse, un chef indiell tir d'un lVestcnt. un airicain jouant drrl .rmboLrt l t ' r , l rapeau dplov Iu'o Jinr.t , plusieurs plans d'. trnres, de corps dcItrr i l , clcs crplosions, ut1 dessin anirn cle Mickel i et une amorce oprateur Lesr h.rni l( 'n)cnts dc plarls rpondent ulte losiquc de rythne. ' t cle contraste.

    l.t's tlonni't's intellechrellej responsables de ce chaneenrenLsont pls subtiles. J'aitlttji parl

  • LE CINEIIA VISIO\)iAIRELe centre d'attention se dplace progrcssivement d porteur de Baguette vers

    une fte o Ie Diacre et la Diaconesse tument du haschich arec un ami. Soudain, la fin de cet pisode, comme si la fume at ait drarn.tt iquement tendu sonpouvoir,le Mage, Anger lui-mme en costume de clieu gYptien, apparat ensurimpression sur des images rougeo\.antes de l,enfer (tires nout,eau du filmDnnte's lttfurko, rappclant I 'apparit ion spectaculaire tle Kali d.tns l, inlEltrafloI ofl lte Plcosure Dont). Puis, on le voit se prcipiter sur une scne brandissant unebaguette, r'ersant des potions, accomplissant son rituel de 1,quinore d,Automne:fitm la plupart clu temps en acclere et en \Lrrintpression. Le cineaste Ben VanN4eter a film cette squence pour Allgcr la nuit de son accomplissement rituelau Straight Theater. Dans les premiereJ etape\ d u rituel a u centie clu fi lnt. Anqerinsre des plans de lrri-mme lisant le l ivre de sorcellerie, Mooric/ri lr l de Crorr.t,,et ensite des tatLluages en forme cl'arachnids et d,arignes._

    Plus on avance dans le rituel,plrrs celrri-ci est interronrpu p.rf d,arrtres plans.On voit un ceil derrire un bocal poissot puis apparat la ptemire d,une sriede surimpressions senrblables un jeu cle c.lrtes - une il11age est surilnpresstonneesur elle-mme, tte l'envers, si bien tlue les im.rger resseL.lent aur figures d,unjeu de carte. La premire de ces inl.rtcs ontre un hommc torse rru irgitant clemultiples bras comme l' iconographie tie Kali en Inde. La ,rogression u rituels'accompagne cl 'un ltombre croissnt.l 'nnamorphose\ et diimJges abstraites.

    Au milier.r de ce bombardement Lle surimpressions et el inrages abstraites,apparat un homme barbu avec des corr)e( de diable, peronn.rge qui la fin clurituel se_fondra dans le Mage en un molltage rapide des testes dir col ps et duYisage. C'est son Frre Dmoniaque. I\4ais juste avant l,apoge de cette cremonie,une porte sur laquelle est dessin n squelette s,ouvre et Sa Majest Sataniqueentre et pose solennellement un crne srrr le sol. Le N{age Lrrle trn document,PUIS Un Cnat.

    Au moment o le chat brle,le plan d'un groupe d,Hcll,s Angels flnant envestes de cuir vient en surimpressioD \Llr. I ' inragc de: f lanrnre*. Cette combinaisond'images reflte assez bien I ' intcrpntration des nileaux de r1it djmentionns. L opposition des textures filmiques renforce encore cette imprcssinquand les images surimpressionnes et clairsemes du rituel, plutt sombres,semblent sur le point de se fondre d.rns I ' im.rge riche et cn\ol;i l lc des Hell,sAngels en blousotls de cuir noir clorts arlent. Mais cette image ne dure qu,L|linstant. Le Mage se transforme en Frrc Dmon. puis, i1 brar]dit la croix eammeNazie sur la scne et l 'on \.oit ensuite un autre garcotl torsc nu alec uilc imagede croix gamme projete sur lui. La scne change nouYeau, de contemr et detexture,et l 'on \.oit plusieurs dansetrrs en e'.t.rse rlanc le pLrblrc d Lrn fcstival rock.La force vient prcisment du plan tles Hell 's Ange1, qr,ri arr.rche sorrdain le fi lmau domaine du rituel et des signes cabalistiques pour le transporter dans ndomaine plus familier. D'une manire complmentaire nlais oppose, nouspercevons simultanment les Hell 's Arrgels et le festt\.rl de rock inrme deuxaspects diffrents d'u mme sr.ste occulte.

    Plus trd, avec moins cle brio que l'enire du \ Iage, Lucifer apparat bri\,ementsous la forme d'un beau jeune homnre er1 haut rle-fclrme noir et ailes c-lores. Tuste

    LE \IAC]E

    aprs,le Diacfe, l Diaconesse et les ioriet lrs de jazz' Peut-tre u' le douzrne ctepersonnes au total, descendent un escalicr en colimaoll Lucifer surgit nouveau,cette fois en surinlpression aYec l'image d'une carte de jeu surmonte d'ttn haut-de-forme. NIick Jageet sa inanifestation terricnne, mollte sur la scne d'un festival

    Le f i lm touche sa f in au r] ]oment oir une srje de Plans vierrt interromPref image plrrsieurs fois rpte d'un totse nu d'homnle str i Par r ' lne Proi l 'ct iot llumineuse. Or-r toit le Mage une dernire fois snr scne, Puis un dernier plan de

    Jagger en concert. Pour i inir, une peti te rnomie (cle style Sud-Amricain Plt l ttqu'gvptien) dr'ale l 'escal ier l ide tot l te vitesse dans un nage de fume avecl ' inscript ior l " \ ' lan l , tu es enceinte. C'esf dc la sorcel lerie. '

    f'ai rencontr Anger, pt'u aprs qu'il ait ache\' Lr.D.dtiorl of l)Ill DcJr](\t Brcfhct ,sur un bateau (lui faisait le trajL't Angletene '/ Pavs Bas. ll venait juste d'nigrcr destats-Unis- Daus ttotre bl\'e corl\'ersatiorl, il s'interrogeait sur le fait de clisi brierses f i lns norleau. I i n'tait Pas content du matriau de Lrase du cinrna Eng pte,apr's aloir fait rr film la vertic.rle, l'inverse de l'horizontalit ordirire'j l i ;avait truit en le Projetar 'r t alec le Projectertr incl in sur le ct Lhui le quidgotr l inait r lu projecteur brir la le f i lm l l disait prfrer "projetcr directemPnt lesimi6ies clarrs la tte des gens., C'est l laiment ce quoi asPire l t t i ' ()cntio" ()t' l .VDr'rrorr Brotirr'r: dpasser les limites du cila et .ltteilldre directenent le cerveauLe curieux ressage exprim Par la momie nous invite faire de la nragiedirectement paI lc cinma. Darls son cxcellente hlde sur Anger, Ra\'ns conmencepar une dcl. lrat ion dtt cinaste:

    J ai kmjc)Lrf\ Pct qtrc les films t't.rient di.lboliques, l! iour oir le cinn'r a tt3 invenh! est unic' trr sc-mbie rrcrr I 'espri t hrInain Dcs \ i. les .1vnt la PhobgrPhic e\ isLri t 1 tal isnr 'rn qtr i enfai i , anticipe ies PhotogrPhies, car les tei l1tLrres qui tnient ui i l iss, erl dieitnant ln lunl ire'hi(saient;es\ort ir le moii f sLLr ]e t i lsu ordinaife Un tal isln.tn tnit un attraPe olrchc gluantr'( r c.rphrrer lc5 e5pots nsitrcreu.lll]ent \ou' iml-rimcz clessrr' "une Phokrgr'rPhie- drr dthonq*.

    'o,. ' . .r . , .optutcr. Lr Phot,, trPhie est une tent. l t i !e f l r ! !r .rnte de !oler l" imc Lcco'Ps

    astral est juste sL,us jacent chcr unc porsonne,et Lur Phototr.lPhc 'rtt(ieu\ et dou Fcut Prcndrcune imiqc du cof asiral. T(rui .or1! istc 'e Parer de l ' imagc cle qtrelqu'rrn pour lc t ' t i r sous.(),rriir'. Si vr)Lrs t!'s tou d'ann)Lrr !. Pcut se comPrcndre ii'rt crim Peut troLrYer ilrstiti'inn1 aunom de l 'Anlott i En eiTet ' ce n'est 1me Ps Lrr l " cr ime ": /r)rr1 Pcut trouler iust i i icat ion au noln

    ! 'es f i lmr sont cl ir l 'ord strr 1.1 sc\ul i t des 8es I ld \-olont dc f i lmer n"r r ien n\.oir n\ c le-cinm, comme iel; c'en l'\fnce un Prte\tc Pour caPiurer lcs 8crs,I 'ltti\'ler1t de qlr'lndondi tquc[ lu 'un,- \ lL) t le lo i r rncsgr i lurL 's C'est ur l Pctr confus maintenant lc mt '.onsidre moi-mnre comne tr\ ni l l int lc \Ll l , ' lans un mcliLrnr nralf ique_- -

    Dans ses fihrs,Anger aPPft touiours en N'[age, j.rmais en cinaste l] PerPtueainsi la trdit ion de Jearr Cocteatr, cinaste qui lui est chet( lui clans Lc 5d'rS dirxroah'a lgit im la qrrte esthti t lue conlnle Lrr l des sjets Possibles du cinma'Cocteau a ut i l is le cinma Pollr examiner les roasies de la Posie, et non Paspour faire rtn f i l tn sr le cinma. Anger et d'autres cin.stes d'aYant-garcieamricains ot etrprunt Coctcau la fois sa fascimiiorr pour lcs arts traditionnels- por iic, rusi(lLle, sctllphlre - en oPPositil nu cinn.r 1ni-n1nlc,et sa qute d'uncfr ision t le l 'e:thi iclue et cle l 'rot i(pe Nous avorrs dj r 'rr comnrent Siclrrev

  • LE CINE\I, \ \ ' I5IO\\AIRE

    Peterson la fois rlans I/tL' Cngc et Mr: fr tlr)f. tliti lhc illiofillr a\-ait pem.tue cettetradit ion. Deren galement, de manifc irrdirecte, a r . ,r i t r lf ir1r t I 'eo cn termes defusion de l 'rot ique et de l 'esthtique, r. t [ou5 rrfron\ bientot . iu, i fert r tr de nrmechez Markoponlos, clui, l'inverse r.les .rutres, Irtet le cinaste ;u centre Lles arts.

    Pour Angel le projet esthtique rclr 'e de la nagie. Sorl inlage de l ,ego estpart icul irement complexe parce qu'el le suppose arrtant cle niYeaux dif frentsque de clegrs pour le mage. Comnre dans lrari .q umti()n oi t l t t plensurc Dotne,lar ' is ion de I 'ego dans Ir. ,o.df io,t trou\.c ses [ol ldernents dans l , ide ronralt t iqued'un homme unique,clont la persoruralit cst clnrpose de diffrentes inclit.iclualitesqui s'opposent. Mais le maee d'Ini,d.rr l i (r , est d'un otdre suprieur Shila clansItlnuguratiou,ell'tendue du film est l.t fois plus large et prolixe. L actiorr centraledu film est dcrite dans le titre,mais le ccrtexte cinnatogrphique clans Jeqrrel cet\'nement s'inscrit est une mditation tur l'art rl'Anger ct s.r place dans le nlonde.La Premire p,rrt je dc / rr. r /cl Risir;-1 dt r ait s nffelc; pi,rrr .11,. rdi.1. qLti ne mesont pas encore toutes connues,. La l \ ' laisor-r clrr magicien d,Oz,_ D.lns le r i tuel,le document brl p.lr le Mage est un te\te de Crol lev dont le premielntot, (O2,,est tout ce qu'on peut l i re sur l 'cr.n. Ce qtr i renvoic .rrrssi :rui l ivres de L. FrankBaum, qu'Anger a dit \'nrer. Les scnes cle hasc-hisch ct la tlcscente cies marchesd'escalier sont des scnes qui se situent probablerlent dans

    " la nlaison du n;rlarcren

    dOz.lntocotion of Mv Dttito Btothrr csl une tu|-le de la qute esthtique a rravels

    la rhtorique occulte. La nouvelle ut i l i5i t t ion paI le cinastt cle son.rrt cormeinstrument de dcoLrvcrte tend ce [ i1nr encore plus di i i ic i le que les prcctents.Le f j lnr e-st ur le t rar , r i l de l ' im.rgin.r i re et , i r r ( l i rectcn,e, l t . r r r le prrr u i r qrrepossde l 'art d'y parvenir. Le montagc met cn rapport la rrusique extat ique _l'orchestre de jazz,Jagger et son pr.lblic un festilal rcck - et I,ertase par la clgre- fumer du haschisch - avec la possession al l le - les scnes cl,hi icoptre lesuicide - le torse saturnien - et l se\ual i t - les garcons r lus qui se battetcomme dvnamiques d'une initiation imaginaire. Les app,rr.itions finales de Lucifersont les premiers a\ 'ant-gots de son .tch\.enlcnt.

    En dcrivant la cinmatographie d'1rr,u.dfirr,/ comme irrstfrrment de dcouverte,on attr ibue Anger le principe modefniste ! lLr i corlsiste mettre au centre del'artifice le processus de fabrication clrr filIn_ En rega(1ant ce film,on a le sentimentque jusqu'au bout le cinaste ne conn.r i \ \ . t i t p.r; le rsLLlt.r f t ini l l . Bien entendrr,l 'lment de dcou\.erte est inhrel1t tout f ihr et la ral is.rt ion c1e tout otr ietrt ist ique. 1\, lais i l y a un ntoment pour l 'art iste o I r\.lat ion c1e!ient I .rspect leplus inportant de son travai l . Al lgcr.rt tejnt ce nlol l lel l t elans irrrocni iLr ' of MuD, ttL)tt Btot l t.