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ÉPOQUE REPORTAGE 28 VSD N° 1700 DU 24 AU 30 MARS 2010 VSD N° 1700 DU 24 AU 30 MARS 2010 29 D jibouti. Six Européens montent à bord d’un ancien chaland de débarquement suédois. Dans le port, un gendarme leur a remis – comme la loi l’exige – leurs armes automatiques pour leur mission de sept jours dans les mers Rouge, d’Aden et d’Arabie, jus- qu’au sultanat d’Oman. Malmenée par les vagues, la barcasse rouillée de 22 mètres met le cap en pleine nuit sur son « client », un ba- teau atelier battant pavillon britannique qu’il faut protéger. Ne dépassant pas les 7 nœuds, le traînard au franc-bord très bas est une proie facile pour les pirates somaliens qui qua- drillent le golfe d’Aden. Il est en effet rapide- ment distancé par les frégates, pétroliers ou vraquiers filant 10 ou 15 nœuds, qui, eux, sont sous la garde des bâtiments de guerre de la coalition internationale de lutte antipirates. En liaison radio avec le bateau qu’ils assistent, les anges gardiens sont tous, à part Roy, un ancien sauveteur en mer féru de CROISIÈRE ANTIPIRATES EN MER D’ADEN AU LARGE DE DJIBOUTI, AU CÔTÉ DE LA FORCE MILITAIRE INTERNATIONALE, DES COMPAGNIES PRIVÉES ASSURENT LA SÉCURITÉ DES NAVIRES. Par Antoine de Tournemire. Photos : Emmanuel Donfut/Balao AVEC UN COMMANDO D’ « ANGES GARDIENS » tir sportif, des anciens des forces spéciales britanniques et françaises. Ces solides quadras ont quelques heures pour s’approprier l’em- barcation à fond plat, les armes et les procédu- res de défense. Après avoir vidé un chargeur chacun, casqués et engoncés dans des gilets pare-balles, ils se relaient par quart pour bar- rer et surveiller la mer. Rien ne ressemble plus à une barque de pirates qu’une barque de pêcheurs. « Mais les barques remplies qui ne pêchent pas, ça sent le pirate », résume-t-on à bord. Qu’un ou plusieurs skiffs s’approchent et, selon un strict protocole, ils peuvent user de la légitime défense. Crescendo. « Si les agresseurs potentiels ne répondent pas aux messages radio, on se montre. Puis on sort nos armes, explique Pierre, 40 ans, un “ancien” de la guerre du Golfe. En cas de menace, nous balançons des fusées pour aler- ter la coalition et, s’ils sont armés, le sniper [tireur d’élite, NDLR] vise les moteurs. Si on distingue dans nos jumelles un RPG-7 [lance- roquettes], on a le feu vert pour tirer dessus. » Un luxe de précautions puisque, selon ce Français, « les marines chinoise et indienne, dès qu’elles aperçoivent un skiff, ont ordre de le couler sans sommation. » DISSUASIF En cas d’approche suspecte, les six anciens militaires ont consigne de s’abriter, casqués, derrière des sacs de sable et de sor- tir leurs armes. SUSPECTS Repérées au large depuis le bateau de surveillance, ces barques, sans filet, peuvent trahir la présence de pirates. RUSTIQUE MAIS EFFICACE Positionné entre l’agresseur et son « client » (à droite sur la photo), ce chaland de débar- quement accueille six hommes armés. SYSTÈME D Visage en carton, chalumeau pour simuler un fusil et corps en combinai- son de plongée, de faux tireurs, postés sur le navire, dis- suadent les pirates d’approcher. VSD101700_PIRATES.indd 28-29 VSD101700_PIRATES.indd 28-29 19/03/10 11:10:53 19/03/10 11:10:53

VSD Croisière antipirate en mer d'Aden

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AU LARGE DE DJIBOUTI, AU CÔTÉ DE LA FORCE MILITAIRE INTERNATIONALE, DES COMPAGNIES PRIVÉES ASSURENT LA SÉCURITÉ DES NAVIRES. Par Antoine de Tournemire. Photos : Emmanuel Donfut/Balao SUSPECTS Repérées au large depuis le bateau de surveillance, ces barques, sans fi let, peuvent trahir la présence de pirates. RUSTIQUE MAIS EFFICACE Positionné entre l’agresseur et son « client » (à droite sur la photo), ce chaland de débar- quement accueille six hommes armés. 29 28 ¼¼¼

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Page 1: VSD Croisière antipirate en mer d'Aden

ÉPOQUE REPORTAGE

28 VSD N° 1700 DU 24 AU 30 MARS 2010 VSD N° 1700 DU 24 AU 30 MARS 2010 29

Djibouti. Six Européens montent à bord d’un ancien chaland de débarquement suédois. Dans le port, un gendarme leur a remis – comme la loi l’exige – leurs armes automatiques pour leur mission de sept jours dans les mers Rouge, d’Aden et d’Arabie, jus-qu’au sultanat d’Oman. Malmenée par les vagues, la barcasse rouillée de 22 mètres met le cap en pleine nuit sur son « client », un ba-teau atelier battant pavillon britannique qu’il faut protéger. Ne dépassant pas les 7 nœuds, le traînard au franc-bord très bas est une proie facile pour les pirates somaliens qui qua-drillent le golfe d’Aden. Il est en effet rapide-ment distancé par les frégates, pétroliers ou vraquiers fi lant 10 ou 15 nœuds, qui, eux, sont sous la garde des bâtiments de guerre de la coalition internationale de lutte antipirates.

En liaison radio avec le bateau qu’ils assistent, les anges gardiens sont tous, à part Roy, un ancien sauveteur en mer féru de

CROISIÈRE ANTIPIRATES EN MER D’ADENAU LARGE DE DJIBOUTI, AU CÔTÉ DE LA FORCE MILITAIRE INTERNATIONALE, DES COMPAGNIES PRIVÉES ASSURENT LA SÉCURITÉ DES NAVIRES. Par Antoine de Tournemire. Photos : Emmanuel Donfut/Balao

AVEC UN COMMANDO D’ « ANGES GARDIENS »

tir sportif, des anciens des forces spéciales britanniques et françaises. Ces solides quadras ont quelques heures pour s’approprier l’em-barcation à fond plat, les armes et les procédu-res de défense. Après avoir vidé un chargeur chacun, casqués et engoncés dans des gilets pare-balles, ils se relaient par quart pour bar-rer et surveiller la mer. Rien ne ressemble plus à une barque de pirates qu’une barque de pêcheurs. « Mais les barques remplies qui ne pêchent pas, ça sent le pirate », résume-t-on à bord. Qu’un ou plusieurs skiffs s’approchent et, selon un strict protocole, ils peuvent user de la légitime défense. Crescendo. « Si les agresseurs potentiels ne répondent pas aux messages radio, on se montre. Puis on sort nos armes, explique Pierre, 40 ans, un “ancien” de la guerre du Golfe. En cas de menace, nous balançons des fusées pour aler-ter la coalition et, s’ils sont armés, le sniper [tireur d’élite, NDLR] vise les moteurs. Si on distingue dans nos jumelles un RPG-7 [lance-roquettes], on a le feu vert pour tirer dessus. » Un luxe de précautions puisque, selon ce Français, « les marines chinoise et indienne, dès qu’elles aperçoivent un skiff, ont ordre de le couler sans sommation. » ���

DISSUASIF En cas d’approche suspecte, les six anciens militaires ont consigne de s’abriter, casqués, derrière des sacs de sable et de sor-tir leurs armes.

SUSPECTS Repérées au large depuis le bateau de surveillance, ces barques, sans fi let, peuvent trahir la présence de pirates.

RUSTIQUE MAIS EFFICACE Positionné entre l’agresseur et son « client » (à droite sur la photo), ce chaland de débar-quement accueille six hommes armés.

SYSTÈME D Visage en carton, chalumeau pour simuler un fusil et corps en combinai-son de plongée, de faux tireurs, postés sur le navire, dis-suadent les pirates d’approcher.

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Les accusations d’une « ex-employée » de Mme Liliane

Bettencourt, publiées sous couvert d’anonymat dans le numéro 1686 de VSD du 16 décembre 2009,justifi ent que soient portées à la connaissance de vos lecteurs les informations suivantes :

J’ai connu M. et Mme Betten-court en 1969 et j’ai entretenu de-puis lors avec eux une relation d’amitié qui ne s’est jamais démentie ainsi qu’en témoignent les milliers de lettres échangées, pour certaines communiquées à la justice, et les discours publics que M. Bettencourt a prononcés en mon honneur à l’occasion de dif-férentes expositions de mes pho-tographies notamment en Alle-magne à la Fondation Ludwig. Je trouve donc odieux que votre

témoin anonyme fasse parler un mort qui se serait plaint auprès de lui de mon prétendu comporte-ment alors que M. Bettencourt m’a toujours montré affection et confiance. Je trouve tout aussi odieux et insupportable de pré-tendre que j’aurais insulté M. Bet-tencourt en demandant à son per-sonnel « et lui, il en a pour combien de temps ? ». Votre témoin, qui dit avoir travaillé pour Mme Bettencourt un peu plus « d’une année » courant 2007, ne manque en outre d’aucune imagi-nation lorsqu’il prétend raconter, anonymement bien sûr, comment j’aurais « fait mon nid dans la mai-son et la vie de cette dame âgée » alors que je connais Mme Betten-court depuis 1969 ! Vos lecteurs apprécieront à sa juste valeur le

crédit qu’il convient d’accorder à un tel témoignage. De plus, si vous avez fait le choix de consacrer deux pages de votre magazine à un témoignage anonyme, vous auriez pu cependant rappeler à vos lecteurs que de très nombreu-ses autres personnes ont été en-tendues dans le cadre de l’enquête préliminaire diligentée par le par-quet de Nanterre à la suite de la plainte déposée par Mme Fran-çoise Meyers et qu’il résulte d’une dépêche de l’AFP du 22 septembre 2009 que le Parquet a expliqué qu’il n’y avait « pas suffi samment d’éléments pour apporter la preuve d’un abus de faiblesse » et que les témoignages « antinomi-ques » recueillis dans l’entourage de Liliane Bettencourt n’ont pas permis de caractériser une quel-

conque infraction ainsi que l’a récemment rappelé le tribunal de grande instance de Paris dans une ordonnance de référé rendue à mon profi t le 2 mars 2010. Enfi n, les allégations de votre témoin selon lesquelles j’aurais eu un comportement « malsain » avec Mme Bettencourt, en la touchant « sans arrêt », alors qu’elle était « nue » et que son personnel était « en train de l’habiller » ne sont une nouvelle fois que des purs ra-gots qu’aucun employé de Mme Bettencourt n’a osé – et pour cause – formuler dans le cadre de l’en-quête judiciaire que vous évoquez. Ces accusations sont tout simple-ment d’une incroyable bassesse et je ne puis que constater que votre témoin n’a pas eu le courage de les formuler à visage découvert. �

DROIT DE RÉPONSE DE FRANÇOIS-MARIE BANIER

Pour cette mis-sion à haut risque, les gardes privés auront touché environ 300 euros par jour. Une misère au regard des assurances, dont le montant a quadruplé dans la zone. Pour ce salaire, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Ainsi, lors d’une attaque durant laquelle ils avaient ré-clamé du renfort à la coalition internationale, ils n’ont vu un hélicoptère les survoler qu’au bout de quarante minutes. « Les pirates avaient disparu », déplore Pierre, le tireur d’élite.

Seule consolation, jusqu’à aujour- d’hui, aucun convoi escorté par des gar-des privés n’a essuyé d’assaut. Une réalité qui pourrait changer puisque, avec l’ar-gent des rançons, les 1 000 à 1500 pirates dénombrés par l’Otan réussissent à s’équi-per d’armements de plus en plus mena-çants à l’encontre des 20 000 bateaux qui empruntent cette route. Une de leurs mé-thodes consiste à tirer une roquette sur le pont du navire pour le forcer à arrêter les machines et pouvoir ainsi l’aborder grâce à des échelles d’assaut glanées dans les surplus militaires. En novembre 2008, dans l’océan Indien, seize minutes seule-ment se sont écoulées entre le moment où des agresseurs ont été repérés par le supertanker Sirius Star et leur assaut.

En effet, la zone devient de plus en plus dangereuse, prévient le Bureau mari-time international de Kuala Lumpur. Malgré le développement des escortes privées, le nombre d’attaques est passé de 293 à 406 entre 2008 et 2009. L’an passé, 153 bateaux ont été pris d’assaut, 49 dévalisés, et 120 ont été

victimes de coups de feu ou de roquet-tes. Et huit marins sont morts. Mais ce que craignent le plus les armateurs reste les prises d’otages. En 2009, 1052 ma-rins ont été enlevés – dont 867 rien qu’en Somalie ! Avec, à la clé, des ran-çons qui atteignent parfois plusieurs millions de dollars… �

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‘‘Les marines chinoise et indienne coulent les bateaux pirates sans sommation’’ Pierre, garde privé

SERVICES RENDUS Escorté lors d’une croisière, l’équipa-ge du voilier de luxe Star Clipper a dédicacé cette carte à ses anges gardiens en guise de remerciement.

À LA DURE Rachetée à la marine suédoise, cette vedette a été reconvertie pour recevoir six hommes. Dans un confort spartiate, il n’y a notamment pas de douche à bord.

300 EUROS PAR JOUR Engagé comme « consultant » d’après son contrat, Wayne, à l’instar de ses com-pagnons, est un militaire jeune retraité.

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