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Bon pédaleur sans être crosseur, agile dégringoleur sans posséder l’arsenal du gros descendeur, le W-29 brille avant tout par sa polyvalence qui en fait une arme fatale pour les longues virées. Et de préférence, très accidentées. TEXTE > JULIEN NAYENER & PHOTOS > TOM ZANIROLI

En octobre dernier, en se baladant dans

les allées du Roc d’Azur, on a de nouveau

entendu l’inénarrable accent québécois.

Accompagné de Benoît Bex, distributeur dans nos

contrées, Hugo Bardou, le boss d’Xprezo, a en effet

pris l’habitude de revenir en visite en France chaque

début d’automne. Et, entre deux rendez-vous, de

montrer de quoi il est capable sur le vélo. Crois-

nous, ça dépote... Ce n’est pas si fréquent de voir un

patron de marque rouler ainsi, mais ça en dit long sur

Xprezo. Ici, on est loin du «bike business» et on reste

avant tout mû par la passion !

Découverte par Vélo Vert il y a déjà une paire d’années

lors d’une visite au Québec, la petite firme installée à

Bromont, ex-haut lieu du circuit de la Coupe du Monde,

ne se départit pas de sa philosophie, tout en élargissant

peu à peu sa gamme aux «nouveaux» standards. Si

un 27,5 pouces d’Enduro est actuellement dans les

tuyaux, elle a également sorti l’année passée deux vélos

en 29’’, l’un semi-rigide (T-29) et l’autre tout-suspendu

avec lequel on va faire connaissance tout de suite. Le

W-29 - c’est son nom - reprend la «base idéologique»

des tout-suspendus chez Xprezo : le triangle avant est

invariablement en aluminium et le triangle arrière en

acier. C’est autant un choix philosophique qu’un choix

technique. La marque québécoise mise sur des maté-

riaux durables et recyclables, en même temps qu’elle

croit dur comme fer aux propriétés mécaniques de ces

matériaux, combinant rigidité, élasticité, confort et

résistance. Mélange de modernité et de tradition, le

cadre sacrifie à quelques-uns des standards actuels

avec en particulier douille conique et dérailleur avant

Directmount, cependant que la finesse des tubes du

bras arrière nous replonge dans une autre époque.

Savoureux mix... Avec ses courbes fluides et agressives,

l’ensemble est en tout cas un régal pour la rétine. La

parure noire mate du W-29 est à la fois sobre et classe,

mais sache au passage que toute une palette de cou-

leurs est disponible. Suffit de demander... C’est aussi

l’un des atouts d’une petite marque qui peut coller

plus près aux aspirations de ses clients. Benoît Bex, le

distributeur français d’Xprezo, a greffé un équipement

aux petits oignons sur notre cadre d’essai, doté d’un

amorto Fox RP23 Boostvalve et commercialisé comme

tel. Le «must» du montage proposé : les roues Astérion

Cross-Country 29 (voir encadré par ailleurs).

Nous voilà donc à l’aube d’un test d’une bonne tren-

taine d’heures sur le W-29, sur des terrains, des reliefs

et des sols variés. La prise en main est un peu surpre-

nante, du moins on ne s’attendait pas forcément à cela

sur ce type de vélo : la douille courte (100 mm) et le

jeu de direction intégré entraînent un poste de pilotage

«nez dans le guidon», qui n’est pas pour déplaire aux

crosseurs purs et durs. Ceux qui préfèrent être plus

haut perchés en seront quitte pour l’ajout de quelques

bagues...

XprezoW-29

Passe-partoutquébécois

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› Le W-29 est un 29 pouces comme son nom l’indique et développe 100 mm de débat-tement à l’avant et 90 mm à l’arrière. La polyvalence est sa meilleure arme. 

ESSAI

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2 499 €kit cadre

11,780 Kgvélo complet avec pé-dales shimano M-520

› Triangle avant en alu et bras arrière en acier, c’est le cocktail gouleyant offert par le W-29, dont les lignes agressives nous ont séduits.

bluffés. Les roues épousent les aspérités du sol et,

bien calé au creux de la selle, on grimpe sans se battre

avec le vélo qui reste parfaitement équilibré. Le W-29

ne cabre pas non plus dans les raidards, efficacité

garantie !

Sur le roulant, le pompage est minimal. Assis, ça ne

bronche pas, il n’y a que sur les relances sèches en dan-

seuse que l’on ressent parfois une légère oscillation. Il y

a certes plus rigide que l’Xprezo, mais on apprécie aussi

de sentir «vivre» le vélo, plutôt que de buter comme

parfois sur des cadres exigeants façon «bouts de bois».

En définitive, le W-29 est un rouleur plus qu’honnête.

Les crosseurs les plus radicaux pourront toutefois être

rebutés par son poids dépassant les 11,5 kg avec un

montage, qui n’est pourtant pas le plus bas de gamme

qui soit (voir fiche technique par ailleurs). Pour aller

grappiller des centaines de grammes, il faudra y mettre

le prix et ça risque de commencer à chiffrer. Au final,

le véritable registre de cet Xprezo se trouve sur des lon-

gues sorties sur terrain cassant, type raids, où sa poly-

valence fera merveille. Très honnête pédaleur, il par-

donnera bien des erreurs en descente ou permettra aux

pilotes les plus avertis d’envoyer la sauce. Sans oublier

son grand confort qui permettra de rentrer des plus

longues virées sans avoir les lombaires en compote. ❚

Xprezo a été créée il y a une petite dizaine d’années et existe aujourd’hui tou-jours autour d’une petite équipe de passionnés, ins-tallée à Bromont, au Québec. C’est là que sont des-sinés, soudés et assemblés tous les cadres de la marque, dont la production n’ex-cède pas quelques centaines par année. Cette production à très petite échelle est une garantie de qualité et d’authenticité. Xprezo, c’est aussi une philosophie particulière qui s’appuie sur des valeurs et une cer-taine conception du vélo, à l’opposé de la frénésie d’un milieu en renou-vellement perpé-tuel. La marque québécoise mise au contraire sur la durabilité et la fiabilité avec des cadres en acier et en alu, des maté-riaux recyclables, sans succomber aux sirènes du carbone. Quand on achète un Xprezo, on adhère aussi à un état d’esprit !

UNE PETITEENTREPRISE

1 › A l’instar de tous les Xprezo, le W-29 est soudé à la main par la petite équipe qui travaille dans les ateliers québécois de Bromont. 2 › La partie centrale du «pont» entre les haubans est aplatie pour accroître la rigidité. En conditions très boueuses, le dégagement peut toutefois s’avérer insuffisant et le W-29 se montrer sujet aux «bourrages».  3 et 4 › Vue sur les pattes arrières en 142x12 mm, mais qui sont également convertibles en axe «classique» de 9 mm.

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4

Il aime le chaos Les premières sorties au gui-

don de l’Xprezo effectuées dans les Pyrénées-Orientales

mettent en lumière un vélo particulièrement à l’aise

dans le cassant. Dans la pavasse, on peut se permettre

de lâcher généreusement les freins. Le W-29 maintient

le cap. Il y a l’effet «grandes roues», mais ce ne serait

rien sans une suspension efficace (90 mm à l’arrière

qui en paraîssent bien plus !) et un centre de gravité

relativement bas (garde au sol à 320 mm) qui confère

de la stabilité au spad. Il faut toutefois signaler un peu

de flou sur les très gros appuis. Comme si le bras arrière

se dérobait légèrement sur les impacts les plus violents.

Pourtant, nous avons roulé avec un axe de 142x12 mm

(on peut aussi passer le W-29 en axe «classique» via

des pattes convertibles). Au début, la sensation est un

peu déroutante, mais l’Xprezo n’en a pas pour autant

un comportement pervers. Pas de ruade intempestive,

c’est l’essentiel, il suffit de s’y habituer.

Cette élasticité rejaillit, totalement positivement cette

fois, dans les courbes où le vélo reste plaqué au sol

et taille parfaitement les trajectoires. La rigidité de la

proue du W-29 et du triangle avant dans son ensemble

apportent également ici la précision nécessaire.

Dans les montées techniques avec pierres ou racines -

ou les deux - la motricité de l’Xprezo nous a également

ESSAI

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+ polyvalence+ motricité+ originalité+ esthétique

- rigidité bras arrière

- dégagement boue

- pas de grande taille

5 ›La douille est courte et conique sur le W-29 et le cheminement des gaines se fait en interne. On remarque également le renfort situé en dessous du tube supérieur. 6 › Le triangle arrière est en acier Colombus Zona. Xprezo a opté pour des bases «moyennes» de 450 mm.

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