Wallon-enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2318

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  • 7/25/2019 Wallon-enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2318

    1/31

    Enfance

    Comment se dveloppe chez l'enfant la notion du corps propre

    Citer ce document Cite this document :

    Comment se dveloppe chez l'enfant la notion du corps propre. In: Enfance, tome 16, n1-2, 1963. Henri Wallon. Buts et

    mthodes de la psychologie. pp. 121-150.

    doi : 10.3406/enfan.1963.2318

    http://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2318

    Document gnr le 16/10/2015

    http://www.persee.fr/collection/enfanhttp://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2318http://dx.doi.org/10.3406/enfan.1963.2318http://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2318http://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2318http://dx.doi.org/10.3406/enfan.1963.2318http://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2318http://www.persee.fr/collection/enfanhttp://www.persee.fr/
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    1931

    omment

    se dveloppe

    chez

    Fenfant

    la notion du

    corps propre

    1)

    Etudier par quels degrs

    l'enfant

    parvient

    raliser une notion

    suffisamment cohrente et unifie

    de son tre physique, c'est, en mme temps

    que poser un problme particulier de psychogense, montrer la complexit

    relle

    d'une

    notion couramment

    utilise en

    psychologie et

    en

    psychopathologie comme

    une sorte

    d'lment primitif

    ou

    de

    facteur

    ultime, que

    l'analyse

    n'aurait

    pas

    dpasser et

    qui

    pourrait

    servir expliquer

    certaines

    variations

    de

    la

    conscience,

    simplement

    en

    lui

    supposant

    des

    variations

    correspondantes.

    La

    ncessit, gnralement inconteste,

    de reconnatre aux

    faits

    de la

    vie psychique

    des

    corrlations

    organiques fait souvent,

    en effet, donner

    comme

    substrat

    au sentiment

    de

    personnalit la

    sensibilit du

    corps

    propre,

    ou

    cnesthsie.

    Qu' deux

    moments

    ou

    deux priodes

    de son existence

    un

    individu

    ait peine se reconnatre comme le mme, c'est la

    cnesthsie qui

    a

    chang ;

    et

    cette explication commode a sans doute

    contribu

    pour beaucoup,

    nagure,

    accrditer,

    la suggestion

    aidant, les

    cas

    aujourd'hui

    introuvables

    de

    double

    ou triple

    personnalit.

    Dans les dlires d'influence, qui donnent

    au

    malade l'impression

    d'tre

    sans frontires

    vis--vis

    d'autrui,

    de

    telle sorte

    qu'il

    croit tour tour ses

    actes, ses

    paroles,

    ses

    penses

    perues ou imposes

    par

    d'autres, les formes

    de cette illusion

    qui

    sont usuellement

    regardes

    comme fondamentales,

    bien que les plus

    particulires

    et souvent les plus tard venues clinique-

    ment,

    sont

    celles qu'il

    parat

    possible d'attribuer, comme leur

    cause

    essentielle, des

    troubles

    cnesthiques et sensoriels. Voix dans le ventre, dans la

    poitrine, dans la tte,

    et

    d'aventure dans les oreilles. Soi-disant hallucinations

    cnesthsiques ou auditives.

    Alors qu'un

    trouble primitif

    de

    la

    sensibilit

    devrait avoir pour premier

    caractre une localisation, un

    sige, sinon

    toujours

    parfaitement

    circonscrit,

    du

    moins

    suffisamment constant,

    bien

    loin

    de

    l,

    il

    arrive que les mmes voix

    soient

    situes successivement dans le ventre

    ou dans

    la

    tte.

    Et,

    pour

    quelques malades qui affirment les

    avoir

    entendues,

    comme de juste,

    par

    les oreilles,

    tout

    clinicien

    connat

    les hsitations,

    rticences et contradictions de la plupart, s'il s'agit de leur faire

    vritablement assimiler

    ces voix des voix naturelles, de

    sige

    auriculaire

    et

    d'origine extrieure.

    Mais le

    besoin,

    qui

    parat si

    imprieux chez tous,

    de

    donner

    leur trouble une expression

    spatiale

    et

    de

    le situer, avec une russite

    d'ailleurs trs

    variable,

    dans

    leur

    corps ou dans le

    monde extrieur,

    est bien une

    (i)

    Article

    extrait

    du

    Journal

    de

    Psychologie,

    nov.-dc.

    193

    1.

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    122

    H.

    WALLON

    preuve

    que ces localisations

    et leur

    cortge

    sensoriel

    sont

    un

    aboutissement

    ou une

    simple rencontre,

    plutt qu'un point

    de dpart

    ou une

    cause. Ce

    que donne

    l'observation, dbarrasse

    du prjug

    sensualiste,

    c'est

    strictement, avec cette tendance

    localiser

    les

    tats

    de conscience

    quelque part,

    l'impuissance maintenir la distinction de l'actif

    et

    du passif, du

    moi et

    d'autrui. Des

    troubles,

    par consquent, qui

    sont bien

    en

    de du simple plan

    de

    la

    cnesthsie.

    C'est encore

    par une

    altration de la cnesthsie que sont

    communment

    expliques les

    ides

    de ngation corporelle,

    d'normit et

    d immortalit, sans

    qu'il y

    ait

    de

    cette altration d'autre

    preuve

    que ces ides elles-

    mmes. Est-il d'ailleurs possible d'imaginer

    une

    cnesthsie

    leur

    mesure