Fiche annexe 1 : Un tournant social, politique et culturel, la France de 1974 à 1988.

Travail différencié des groupes d’experts.

Exemple : de 1974 à 1988, la composition ethnique de l’immigration française se modifie peu à peu et les lois françaises permettent d’accueillir des catégories sociales différentes de ces populations. Le regard sur ces populations change peu à peu.

Consigne 1 : groupe travaillant en totale autonomie sans aucun corpus documentaire d’appui.

Il ne bénéficie que de la seule consigne.

Consigne 2 : groupe travaillant avec un corpus documentaire limité. Voir des documents de manuels.

Exemple de documents qui peuvent servir de base au travail.

Document n°1 : Témoignage de Nouredine Hagoug, né en 1963 à Marseille

Avec un de ses cousins, mon père a été le premier à débarquer ici, à Marseille, en 1953 (il avait 17 ans). [...] Fin 1961, il est retourné en Algérie pour se marier et ramener ma mère. [...] De ses premières années en France, [...] il nous a fait comprendre, simplement, que la vie avait été dure. [...] Il a travaillé à Lyon comme livreur de charbon. Et puis il a réussi à revenir sur Marseille, pour travailler dans le bâtiment, un peu comme tout le monde à l'époque. Il a commencé comme manœuvre et il était chef de chantier quand il a pris sa retraite. [...][Ma maman] s'est retrouvée dans un bidonville sans eau courante, dans une immense solitude. [...] Sa première victoire [...], c'est d'avoir obtenu un HLM. [...] On s'est installé dans du dur en 1965, dans une cité qui s'appelait La Sauvagère. J'ai eu une enfance vraiment heureuse, avec notre famille autour, les cousins, les copains de la cité, l'école. [...] A La Sauvagère, on était des gosses d'origine algérienne, italienne, espagnole, ce qu'on veut, mais surtout des enfants d'immigrés. Juifs, musulmans ou cathos, on ne se posait pas de questions métaphysiques sur nos différences. [...]En 1977, j'ai été admis en 2de scientifique au lycée Thiers. [...] Chez moi, on devait être 70 % de gens d'origine maghrébine. Ici, sur 2 000 élèves, on se comptait sur les doigts d'une seule main. [...] Le message implicite que j'entendais, [...] c'était qu'on m'autorisait à faire ma place ici, à condition que je renie tout ou partie de ce que j'étais [...]. C'est aussi moment [...] où, avec le début de la crise économique, les tensions sont apparues au grand jour. Parce qu'on n'était plus des gens de passage, venus construire des routes et des HLM et destinés à repartir, mais des membres de la communauté nationale.

Cite nationale de l'histoire de l'immigration, http://portraits.histoire-immigration.fr/, atelier du Bruit/CNHI, 2004-2007.

Document n°2 : Immigrés d'hier et d'aujourd'hui, le témoignage d'un historien

Tout au long des Trente Glorieuses, qui furent l’apogée de la société industrielle, l’immigration fut avant tout une immigration de main-d’œuvre, fonction des besoins de l’économie nationale. (...) L’immigré, jusque dans les années 1970, était avant tout un travailleur, généralement venu seul, hébergé dans un foyer ou surexploité par un marchand de sommeil1 localisé à proximité de l’emploi, figure ouvrière définie par une position inférieure - la plus basse - dans les rapports de production. Vinrent ensuite, et notamment pour les Maghrébins, puis pour les Turcs et les Africains, la sédentarisation, le regroupement familial, en même temps que la crise économique et, plus profondément, le déclin de la société industrielle. L’immigration est devenue une composante renouvelée et stable de la population, introduisant des problèmes inédits et de nouvelles images se sont imposées, d’abord dans l’extrême droite et le discours du Front national puis, de plus en plus largement, dans l’ensemble de l’opinion publique. L’immigré aujourd’hui n’est plus perçu dans les catégories de la société industrielle, identifié à l’exploitation dans le travail et à la surexploitation dans le logement, il est de plus en plus défini comme un problème, une source d’in-quiétude. Michel Wievorka, La France raciste, éd. du Seuil, 1993.1. Marchand de sommeil : hôtelier qui loue des chambres peu salubres pour des sommes abusives.

Document n°3 : Affiche du Front national de novembre 1980.

Document n°4 : Badge symbole de l’association SOS-Racisme

Document n°5 : Les étrangers et les naturalisés en France.

Document n°6 : L’origine de la population immigrée ou étrangère en France.

Consigne 3 : groupe qui bénéficie du texte donnant les idées principales et d’un corpus documentaire qui permet d’approfondir la réflexion (le corpus documentaire peut-être le même ou différent que le groupe précédent).

Exemple de texte de synthèse.

Dans les années 1970, les Européens (Portugais, Espagnols, Italiens) ne sont plus majoritaires dans la population immigrée en France : Maghrébins, Africains subsahariens ou Asiatiques deviennent de plus en plus nombreux. La majorité des immigrés occupent des emplois peu qualifiés et pénibles, surtout dans le secteur de la construction ou dans les emplois de service peu qualifiés.Avec la crise économique, la politique de l’Etat change : il met fin à la migration de travail en 1974 mais maintient le regroupement familial et l’asile politique. De fait, les populations immigrées sont composées essentiellement dans les années 1970-1980 de femmes et d’enfants sous condition de ressources, de logement et de santé). De fait, les populations s’installent de manière définitive (il n’y a plus de migration dite de retour dans le pays d’origine). Elles vivent le plus souvent dans les grands ensembles aux loyers modérés dits HLM.Le reste de la population prend conscience progressivement de ce changement dans les années 1980.Cela devient un enjeu médiatique et politiqueLes réactions sont alors diverses mais se regroupent en deux tendances majeures :- la volonté de stopper toute immigration et limiter la diversité culturelle : le mouvement politique Front National se fait le représentant de cette tendance en reprenant des slogans politiques des années 1930,- des mouvements défendent la diversité culturelle de la France comme SOS-Racisme en faisant appel aux idées universalistes et en refusant les mesures répressives de l’Etat envers les immigrés clandestins, etc. ou en protestant contre les difficultés d’intégration scolaire ou professionnelle des enfants d’immigrés.