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1 Vieillir ensemble mieux et autrement 2 ème rencontre nationale 28 mars 2015 à Vaulx-en-Velin Les coopératives d’habitants : espoirs, freins, réalités Organisée par les associations BOBOYAKA Communauté urbaine de Bordeaux CHAMAREL Vaulx-en-Velin 2 ème rencontre Vieillir ensemble mieux et autrement

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Vieillir ensemble mieux  et autrement

2ème rencontre nationale 28 mars 2015 à Vaulx-en-Velin

Les coopératives d’habitants : espoirs, freins, réalités

Organisée par les associations

BOBOYAKACommunauté urbaine de Bordeaux

CHAMARELVaulx-en-Velin

www.habicoop.fr

Avec le soutien de la ville de

2ème rencontre Vieillir ensemble mieux et autrement

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Ouverture de la journée à 9h45 par Chantal NAY de Chamarel

En présence des représentants de la mairie de Vaulx-en-Velin, Stéphane Gomez et Muriel Lecerf, des deux grands témoins chargés d'éclairer cette rencontre grâce à leur expérience : Colette Eynard et Pierre-Marie Chapon. Sont également présentés au public (80 personnes) les représentants de l'association Boboyaka (Bordeaux Métropole) et les membres de l'association Chamarel, co-organisateurs de ces Rencontres, ainsi que Jean Paul Sauzède administrateur d’Habicoop.

La journée a lieu sous le regard du Slameur, « Bastien Mots Paumés » pour une relecture poético-humoristico-décalée des débats et ateliers. Cette précieuse intervention a été filmée par Emilie Souillot et est visible sur le site http://cooperativechamarel.wordpress.com/

Une équipe de FR3 Rhône Alpes était présente. Le reportage est visible sur notre site Sont excusés :Hélène Geoffroy députée maire de Vaulx-en-VelinMarie Noëlle NOVELLI, conseillère régionaleArmand CREUS, conseiller régional, Bernard FILAIRE, maire de Belleville/Saône, président de la communauté de communes Saint Jean BellevilleMaurice CHARRIER, Maire honoraire de Vaulx-en-VelinSéverine BERNARD, directrice du service des retraités de Vaulx-en-VelinNadine Olive (Carsat)

Intervention de Stéphane Gomez, représentant de la mairie de Vaulx-en-Velin, délégué à la politique de la Ville, au renouvellement urbain, aux Equipements publics, et à la Valorisation du Patrimoine « Rappelons que l’espace Frachon, lieu de la rencontre  « Vieillir ensemble mieux et autrement », est une ancienne résidence de personnes âgées située dans un quartier de Vaulx-en-Velin en pleine rénovation où la nouvelle municipalité a le souci de réinventer la présence publique. Je suis heureux d’y accueillir l'association Chamarel dont la dynamique du « vivre ensemble » est une belle image pour ce quartier même si ce n’est pas celui où sera implantée votre coopérative d’habitants. La démarche de Chamarel qui anticipe le vieillissement avec le souci de rester actif dans la société fait écho aux objectifs visés par la municipalité : reconstituer le vivre ensemble, porter la diversification des populations et des habitats, créer du lien social dans les quartiers.La démarche coopérative, qui interroge, a été trop oubliée en France mais elle a toute sa place dans la diversité.La nouvelle équipe municipale n’a jamais confondu une coopérative d’habitants avec les grands groupes immobiliers. Nous espérons pouvoir signer très rapidement le permis de construire de l’immeuble de votre coopérative des Barges. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir et aucune raison pour que ce projet n’aboutisse pas. »

Présentation de Colette Eynard, consultante en gérontologie, Colette Eynard travaille dans le domaine de la gérontologie sociale depuis les années 80 et s'intéresse particulièrement à l'habitat et à la maltraitance Elle a notamment monté trois projets de domiciles collectifs dans les années 90 à Villeurbanne (69)« Ce fut long à mettre en place, 10 ans, mais c’est la durée qui permet de faire évoluer les projets. , alors avec vos coopératives vous êtes dans les temps.Mais de cette lenteur découle la difficulté à faire participer les usagers, notamment dans les maisons de retraite, car les changements sont si longs à élaborer que les résidents ne sont plus toujours là pour les voir »Elle est l'auteure de « Architecture et gérontologie: peut-on habiter une maison de retraite ? » en collaboration avec Didier Salon, architecte. Ed. L'Harmattan)2ème rencontre Vieillir ensemble mieux et autrement

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Présentation de Pierre-Marie ChaponGéographe, enseignant-chercheur à l'Université Lyon3. Référent pour la France, des Villes Amies des Ainés (40 villes aujourd’hui) sous l'égide de l'Organisation Mondiale de la Santé Ces villes sont appelées à mettre en œuvre des initiatives répondant aux besoins des personnes âgées – lien social, culture, accessibilité, mobilité, transport ou habitat.« L'image des personnes âgées est aujourd'hui trop négative Il faut lutter contre l'âgisme, ce racisme anti-vieux , troisième cause de discrimination en France. Il est temps de changer les politiques basées essentiellement sur une approche médico-sociale de la vieillesse, il faut une vision plus transversale qui prenne en compte les domaines de l’urbanisme,de l’habitat, des transports….. Je suis convaincu que vous êtes des pionniers et que votre combat pour les coopératives d’habitants a du sens même si c'est lent et difficile, les choses bougent.Nous aurons gagné quand cela paraitra évident ».

Présentation de l'association BoboyakaThérèse Fruchet commente un diaporama retraçant l'histoire du groupe qui a créé l'association :  

- Au départ un groupe d'amis lance le pari du pourquoi ne pas vieillir ensemble ?  Nous sommes en 2007, surgissent alors mille interrogations que nous confrontons dans des débats souvent passionnés: "qu'est-ce que vieillir?"  Et qu'est-ce que cela représente pour chacun de nous : la peur de l'isolement, ne pas peser sur nos enfants, rester autonome et maître de sa vie le plus longtemps possible, l'image repoussoir de la maison de retraite quand il n'y a plus de solutions.

- Ceci dit, comment passer de l'idée à un projet concret ? Que voulons-nous ? Quelle forme juridique ? Ville ou campagne ? Au fil de nos échanges, le projet prend corps et se dessine peu à peu : un lieu de vie en habitat groupé, sous forme d'une coopérative d'habitants,qui intégrerait les notions de partage, de solidarité, proche des services culturels et de santé, bien desservi par des transports en commun, dans un environnement qui soit beau. Nous affirmons vouloir participer à la vie de la cité et à des recherches sur le vieillissement.

- Issus de régions différentes, les membres du groupe se réunissent un week-end tous les deux mois et se retrouvent une semaine par an pour son université d'été. Ces temps permettent de mieux se connaître et de partager des choses ensemble.Lors de ces rencontres, nous rédigeons les statuts de notre association dénommée « Boboyaka » en référence aux Babayagas pionnières dans la démarche du  "vieillir autrement" et petit clin d’œil sur le fait que les hommes chez nous sont bienvenus. Nous clarifions nos fondamentaux et nos valeurs -  autogestion, solidarité, laïcité, citoyenneté, responsabilité écologique  - que nous inscrivons dans une charte.

- Puis vient le temps de la réflexion sur le bâti et du choix de l'architecte dont l'un des critères essentiels est d'être à l'écoute de nos valeurs et de notre projet. C'est Christophe Hutin qui a retenu notre intérêt.

- En 2012, 5 personnes quittent le projet. Ce départ nous ébranle et nous oblige à envisager une nouvelle approche de notre projet: élargir le groupe à d'autres membres , travailler avec les collectivités locales pour rechercher ensemble des solutions  novatrices et alternatives aux offres existantes sur le vieillissement des populations, rechercher la rencontre avec des projets similaires

- Aujourd'hui, nous sommes 17 membres actifs, et 7 postulants et en pourparlers avancés avec Bordeaux-Métropole et la mairie de Bègles pour l'acquisition d'un terrain sur cette commune. Le projet est prévu pour 23 personnes, nombre délibérément restreint pour garder son caractère humain et suffisamment large pour générer une certaine dynamique.

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Présentation de l'association Chamarel (Vaulx-en Velin)Patrick Chrétien commence son intervention avec humour en lisant un article glané dans « Courrier International » du 20 mars 2015 intitulé : Belgique, un abri de jardin pour loger mamie » Confrontée à une pénurie de places en maisons de retraite, et pour ne pas obliger les familles à loger les grands parents dans leur chambre d'amis, la région flamande envisage des conteneurs aménagés, à installer dans les jardins.“Vos vieux parents ou grands-parents ? A en croire les autorités flamandes, vous vous en occuperez bientôt en installant un conteneur dans votre jardin”, relate Het Nieuwsblad . Le journal explique qu'un partenariat entre secteurs public et privé est à l'étude afin de trouver une solution au manque de place dans les maisons de retraite de la région, sans pour autant pousser les enfants à devoir aménager leur maison pour y accueillir leurs parents.Ainsi, une représentante de l'agence du gouvernement flamand chargée de l'entreprenariat explique : “Il s'agit d'une sorte de conteneur, aménagé entièrement sur mesure et qui en un jour peut être installé ou retiré de votre jardin. Ainsi, chacun préserve son intimité." Ces structures, désignées comme des 'unités mobiles de soin et de logement', “pourront être achetées ou louées, précise-t-elle. Il s'agit d'une solution temporaire : il faut qu'on puisse facilement les réaménager pour quelqu'un d'autre.”Interrogé par le journal flamand, un psychiatre et neurologue y voit un avantage : cette solution, qui existe déjà aux Pays-Bas, permet aux personnes de rester dans l'environnement familial et de leur éviter une dépression.“Techniquement, on pourrait déjà proposer ces unités de soins mobiles”, affirme de son côté un entrepreneur qui participe au projet, mais la législation actuelle ne le permet pas.

Mais revenons aux choses sérieuses. Chamarel, c’est une bande de copains qui se réunit au début pour envisager de vieillir autrement, L’association Chamarel est créée en 2010. Quand le projet d’habitation se précise sur Vaulx-en-Velin la société des futurs Habitants est fondée : la SAS Chamarel les barges qui repose sur la structure la plus proche possible de la coopérative d’habitants. Elle fait le choix de la non spéculation. C’est la société qui construit l’immeuble, les individus achètent des parts sociales. En cas de départ de la société, l’habitant repart avec la valeur de ses parts sociales augmentées de l’inflation. La Société rembourse ses emprunts grâce aux redevances des habitants. Le montant des redevances collera au plus au montant des locations sur Vaulx-en-Velin. (Actuellement 12€ le m2).Vous retrouverez sur le site : http://cooperativechamarel.wordpress.com/ , le détail des valeurs qui les réunissent, l’état des lieux…..

Présentation de l'association HabicoopJean Paul Sauzède, administrateur d'Habicoop présente cette association nationale basée à Lyon qui a deux objectifs : promouvoir le statut de coopérative d’habitants et accompagner les coopératives dans leur projet.« La coopérative est une 3ème voie entre la location et la propriété, c’est une démarche démocratique, non spéculatrice, la propriété est collective et accessible à tous. Si la propriété collective n’existe pas au regard de la loi française, elle est reconnue à l’étranger. Elle représente 20% de l’habitat à Zurich et 40% à Oslo ».

Au niveau national, Habicoop travaille en direction des élus et des ministères, des bailleurs sociaux, des notaires, des banques. Elle est consultée pour l’élaboration des statuts des sociétés en autopromotion coopérative et de la loi Alur (mars 2014). Mais rien n’est encore gagné, car les décrets d'application de cette loi ne sont toujours pas publiés.Habicoop accompagne des groupes variés et fonctionne sous forme de diverses commissions : Accompagnement, Banque pour obtenir des prêts, Vieillissement, Création d’un fonds de mutualisation.Habicoop, c'est aussi des structures implantées dans les régions, Aquitaine, Languedoc Roussillon, Rhône Alpes Auvergne, etc...Habicoop qui va fêter ses 10 ans le 21 Novembre 2015(notamment avec le Québec et la Suisse), convie à participer aux Rencontres Nationales de l'Habitat Participatif qui auront lieu à Marseille les 9,10 et 11 juillet 2015

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10h45 : ouverture du débat par Pierre-Marie Chapon« Vos deux groupes adoptent un positionnement nouveau face au vieillissement et à la charge que cela fait peser sur les enfants puisque vous vous y préparez. C'est un changement de point de vue générationnel.Chacun de vos deux groupes a établi un projet d’habitat avec des parties privatives et des lieux collectifs. Il s’agit de bien montrer la différence de cet habitat avec les résidences services. Mais aujourd'hui, la sphère politique ne saisit pas l’idée du  « communautaire » au sens québécois du terme, l'envie de vivre ensemble. Mais ça va venir, cela paraîtra évident.Dans les villes le problème du vieillissement doit être traité de manière transversale dans tous les domaines, habitat, transport, aménagement extérieur, culture….La question de la vieillesse ne doit pas être traitée en silo ».

Paroles d'autres groupes

Habiter Autrement en Auvergne, Jean Siry dit la difficulté de faire passer la notion de coopérative et de propriété collective. Pourtant un projet doit s’appuyer sur la volonté d’un groupe, il doit correspondre à un besoin pour être durable. Car si le désir peut s'émousser, le besoin reste.

Association Les Coquelicots : Maryvonne Chevallier intervient pour l’association implantée à Soubes près de Lodève (34), qui a créé un lieu d’habitat solidaire pour vieillir le plus longtemps possible en autonomie. « A notre âge nous pouvons créer, nous faisons tout. » Les Coquelicots proposent des T2 (maison écologique de plain-pied) pour un loyer modeste de 430€ et des T3 pour 520€. Ils ont une salle polyvalente et louent des chambres d'hôtes.

Les HabIleS (Habitats Isérois Libres et Solidaires), Dominique présente cette association qui accompagne les groupes qui ont un projet d’habitat participatif.

Questions et discussions

Vous parlez de choix, d'autonomie mais que faire en cas de déficit mental ?

Edith (BBYK) « on peut vivre au milieu d’un groupe avec Alzeimer ».

Colette Eynard « Je suis d'accord avec l'idée de se prendre en charge jusqu'au bout mais l’autonomie c’est faire ses propres choix, et certains peuvent choisir de se laisser aller et de se laisser prendre en charge. Attention de ne pas cliver » Dominique (Habiles) « C'est vrai Il y a des situations où le choix n’est pas possible, certains ne souhaitent pas faire de choix ».

Tony(BBYK) « Je ne supporte pas l’expression «  prise en charge », elle signifie une prise de pouvoir et pas seulement sur les personnes âgées mais sur les malades mentaux, les handicapés. C’est les désautonomiser ! La cooptation permet le respect de la personne. Le respect est intégré ».

Thérèse (BBYK) « C'est important de faire le choix de garder jusqu’au bout le maximum d’autonomie. De ne jamais être dessaisis et savoir utiliser au besoin les offres de services des structures existantes ».

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Christine « J'ai fait l’expérience d’un habitat groupé où je n'ai pas rencontré le soutien dont j'aurais eu besoin. Je voudrais soulever le problème de la préparation du groupe pour aider à faire face aux accidents de la vie ».

Jean Paul (Habicoop) « On ne peut pas modéliser pour toute une société. La démence fait peur mais cela est aussi un effet de l’âgisme ». 

Pierre-Marie Chapon : « A 80 ans moins de 20% des personnes sont dépendantes, 80% ne le sont pas ! Les Politiques ramènent à la maladie mais il faut casser ça »Sophie Charrier, élue à Vaulx-en-Velin, infirmière. « Je pense qu’il est urgent d’interpeller les écoles d’infirmières et les personnels paramédicaux pour changer leur regard et leur pratique ».

Colette Eynard «  Je pense aussi qu’il est important de rencontrer les soignants. Les résidences sont perçues comme immeubles des vieux. Comment vont-ils intervenir dans un immeuble collectif ? Le logement individuel, personnalisé, doit être perceptible. On entre chez Madame Untel et non pas chez une vieille ».

Les Coquelicots « Nous avons des liens étroits avec l’EHPAD, et travaillons à faire évoluer les choses ».

Pourquoi ne pas avoir fait le choix de l'intergénérationnel ? Vous n'allez vous retrouver qu'avec des vieux.

Chamarel et BBYK n’ont pas fait le choix de l'intergénérationnel, même si entre 55 et 95 ans on peut parler de plusieurs générations. Mais les groupes veulent s'impliquer dans leur quartier, dans leur ville, donc être en contact avec tous les âges. Les coopératives ne sont pas des lieux fermés au contraire.

Patrick (Chamarel) : « Je préfère faire plein de trucs avec les jeunes du quartier, employer quelqu’un pour les courses, aller moi-même au cinéma plutôt que de garder les petits enfants pour que les jeunes puissent sortir ».

Mimi (BBYK) : « Puisque j'ai souhaité ne pas être une charge pour mon fils ce n'est pas pour imposer cette charge à d'autres jeunes qui seraient coopérateurs. Je ne m’imagine pas non plus toujours souriante et détendue à 90 ans devant un groupe de bambins qui crient dans le salon. Il me semble que c'est juste être réaliste ». Pierre Marie Chapon : « L’habitat coopératif pour vieillir ensemble va être un espace tampon, va jouer un rôle d'amortisseur nécessaire entre jeunes et vieux ».

Jean Sintès (Chamarel) : « N'oublions pas le rôle d’éducation populaire que peuvent avoir les coopératives d’habitants. A Vaulx-en-Velin, Chamarel maintient des liens étroits avec les scolaires. Le chantier sera visité par les écoles, les lycéens, les voisins. Avec l’école primaire on étudie comment isoler une maison avec la paille en revisitant le conte des « Trois Petits Cochons ». Au Lycée technique avec trois profs on mène une réflexion sur les techniques, à quoi servent-elles ? Chamarel a eu dès le début des liens avec l’école d’architecture ». Bernard (Chamarel) : « Je viens d’entrer au club des plus de 80 ans, je fais du vélo, de la randonnée, je rencontre à Chamarel des jeunes de 60 ans cela entretient le moral et le physique » 2ème rencontre Vieillir ensemble mieux et autrement

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Michèle (Chamarel) « J'ai fait le choix de Chamarel, « Je n'entre pas au paradis mais ce n'est pas un rêve, j'y vais y construire ma vie ».

Patrick «  On fait le pari que la coopérative nous aidera à rester jeune ».

Sophie Charrier (élue à Vaulx-en-Velin) « Merci pour ces Rencontres. Vous me faites du bien. Je raisonnais comme une individualiste. Je voulais dire à mes enfants qu'ils n'auraient pas le choix, qu'ils allaient devoir me récupérer. Maintenant je vois les choses autrement ». &&&&

Des questions plus techniques, sur le financier, le juridique, les parts sociales, la place des bailleurs sociaux et le choix des coopérateurs ont également été abordées mais ont été approfondies lors des ateliers.

Compte rendu d’Yvette Fougères(Chamarel) et Mimi Sporny(BBYK)

Compte rendu de l’atelier 1 : Comment et pourquoi le mode de vie coopératif peut permettre le maintien et le développement de la santé à tous les âges de la vie ?Atelier préparé par : Marina Laborie, Josie Iafrate et Michelle Danière.Deux grands témoins : Colette Aynard, Roger Bolliet (médecin généraliste).

Les animatrices présentent la pyramide de Maslow et une série de questions, qui peuvent servir de base à la discussion.

- Qu’est ce que le mode de vie coopératif ?- Que représente la « santé » ?- Protéger sa santé mentale et physique ?- Comment envisager notre vieillissement ?- Vieillir sereinement et harmonieusement ?- Quels moyens collectifs et individuels de prévention ?- Quelle est l’importance du lien social ?

Besoins de l’Homme selon Maslow (extraits)

1/ Besoins de maintien de la vie :Repos – relaxation – activité – Mobilisation – Energie – Confort – Stimulation

2/ Besoin de sécurité :Protection du danger physique – Stabilité

3/ Besoin de propriété :Maîtrise sur les choses, sur les évènements – Besoin d’impact, de pouvoir sur l’extérieur, besoin de connaissances pour y parvenir.

4/ Besoins d’appartenance :Relations et communications – Faire partie d’un groupe – Etre avec des compagnons.

5/ Besoin d’estime de soi :Etre reconnu ; dignité, sentiment d’être utile et d’avoir de la valeur.2ème rencontre Vieillir ensemble mieux et autrement

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6/ Besoin de se réaliser :Maturation – Prise de conscience de son potentiel – Augmentation des ses connaissances – Créativité

Ce que permettra la vie coopérative : (Cette liste reflète les points abordés pendant l’atelier et n’est donc pas exhaustive. Les numéros renvoient aux rubriques ci-dessus)

- Gérer le lieu de vie, prendre des décisions collectives, réguler la vie collective, résoudre collective-ment des conflits, des problèmes, des difficultés, s’adapter, réajuster (1, 3, 4, 6)

- S’inscrire dans des projets collectifs, chercher dans son potentiel ce qu’on va apporter aux autres. Etre plus efficaces à plusieurs (1, 3, 4, 5, 6)

- Se stimuler pour des activités physiques, sportives, culturelles, de bien-être choisies à l’intérieur du lieu ou à l’extérieur (1, 3, 4, 5, 6)

- Réfléchir ensemble sur notre vieillissement, l’anticiper, se voir diminuer doucement, sentir nos li-mites, en parler pour le vivre mieux et pouvoir s’adapter (1, 2, 3, 4, 5, 6)

- S’entraider. Pouvoir compter sur les autres. Veiller sur ses voisins et sentir qu’ils veillent sur nous (regard bienveillant). Vigilance cependant sur le respect de l’intimité (2, 4, 5)

- Mutualiser les aides : Attention aux dérives possibles. Par exemple (rapporté par Colette) : l’auxi-liaire de vie qui ouvre toutes les portes des appartements de l’étage pour balayer partout, faire la poussière partout, laver par terre partout. Egalement, les financeurs peuvent être réticents à la mutua-lisation des aides (1, 2, 4)

Quelques définitions données dans l’atelier

Santé : Bien être physique et mental, oui, mais on peut être malade et en bonne santé si on garde son désir de vie malgré les fragilités.

Autonomie (définition gériatrique) : Capacité à décider. La dépendance n’est pas forcement synonyme de perte d’autonomie. On a tous besoin des autres, de liens, nous sommes tous dépendants.

Autre sujet abordé : Et la fin de vie ?- Importance de la désignation d’une personne de confiance à l’entrée dans la coopérative.

- Questions à se poser dès le départ : Qu’est ce qu’on sera (je serai) capable de faire au long cours ? Jusqu’où est on (suis-je ?) prêt à aller dans l’accompagnement des personnes en perte d’autonomie ?

- Ne pas oublier que la coopérative n’a pas de pouvoir juridique. Les décisions de placement, de tutelle appartiennent à la personne elle-même, aux personnes de confiance, au corps médical avec son savoir, ses structures, à la justice.

- Ne pas oublier la souffrance des aidants.

- Les décisions résultent souvent d’un compromis entre ce que souhaite la personne concernée et les limites des aidants. Tout le monde est angoissé par la perte d’autonomie (la sienne, celle des proches car cela a un retentissement sur l’entourage)

Compte rendu : Chantal NAY (Chamarel)

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Retour en grand groupeL’anticipation est une forme de sagesse.Chaque groupe d’habitants aura à fixer les limites de la solidarité face aux problèmes de santé et d’accompagnement de la fin de la vie.De l’avis de Me Aymard Grand témoin, il est important de différencier dépendance et perte d’autonomie.L’autonomie, c’est vivre selon sa propre loi au regard de la loi des autres.La coopérative n’est pas une régulation institutionnelle.La coopérative, ce n’est pas juste un logement, c’est un lieu d’aventure qui contribue à se maintenir en santé.

La santé, c’est garder le désir de vivre quelles qu’en soient les conditions.

Par la coopérative de plus en plus, nous cherchons à prendre soin de la personne dans sa globalité. En un mot, nous pensons tous que la coopérative sera un lieu de bienveillance qui permettra de conserver ou de restaurer l’estime de soi.

Compte rendu : Michèle Danière (Chamarel)

Compte rendu de l’atelier 2 : « La vieille, le vieux et la coopérative d'habitants : Préserver l'intime, partager le collectif, agir dans la cité »Préparé et animé par les Boboyaka Tonie Medeville, Edith Cassan, Raoul Toesca

Tonie : LectureC'est parce que mon copain Yohan, pour mes dix-huit ans, m'a proposé de découvrir un groupe de musique espagnole que je me retrouve dans cette grande salle.Oui, elle est grande. Et belle.Nous sommes en avance, mais quelques personnes sont déjà là.Nous sommes chez les Boboyaka.Ils sont tous là, et Yohan les saluent tour à tour. Certains, en train de discuter avec force gestes, sur, me semble-t-il, l'organisation de la soirée.Un autre groupe doit se raconter des histoires cocasses car ils partagent des rires sonores. - Viens, me dit Yohan, je vais te présenter ma grand-mère et sa copine.Deux femmes, affairées autour d'un buffet-bar, juste à côté de trois musiciens qui vérifient quelques accords.La lumière est douce et chaleureuse.Le soir descend et quelques rayons du soleil se reflètent sur un grand miroir qui occupe une partie du mur.Les deux femmes nous accueillent gentiment.- Bonsoir les enfants, vous avez vu comme nous avons décoré ? C'est joli, non ? Effectivement, une ambiance andalouse, les couleurs, les objets… - C'est aussi réussi, dit Yohan, que lorsque vous aviez proposé cette exposition de ce peintre chilien.- Oui, à ce propos, j'ai le cadeau que je t'avais promis. Venez, suivez-moi jusqu'à mon appartement . Franchissant la baie vitrée, nous traversons une terrasse spacieuse et fleurie. Là, trois des Boboyaka sont en vrai désaccord :

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- Trois expos en deux mois, dit-l'un, c'est un peu trop à mon goût. On n'est pas une galerie d'Art. Cela devient ridicule.- C'est toi qui es ridicule. Ce désir d'ouverture, nous le revendiquons tous.Le ton monte et nous nous éloignons, suivant la grand-mère de Yohan.C'est toujours des discussions sans fin dès qu'il s'agit de décider, nous confie-t-elle,là, ils en ont pour plus d'une heure.Un petit escalier en pente douce nous conduit vers ce que les Boboyaka appellent les appartements privés.Là encore, une terrasse agréable, quelques fauteuils, une petite table en bois et d'énormes pots de plantes grasses.De la terrasse, on peut entendre les rires des enfants du petit parc en bas.Ils ont construit des cabanes dans les arbres.Yohan a eu droit un livre sur Ousmane Sow. Les Boboyaka rêvent de le faire venir chez eux, envahir le jardin de ses créations gigantesques. Ils sont fous ces Boboyaka …Dans l'appartement, très clair, je découvre que la grand-mère de Yohan a choisi des couleurs sable, beaucoup de photos, et une multitude de petits objets en bois. C'est assez singulier.J'aimerais bien visiter tous les appartements, je suis sûre que chacun a sa spécificité, sa lumière.

- Tu n'oublieras pas Yohan de distribuer les flyers pour la conférence d'Avril.- Comme chaque année, Madame, bien sûr, et nous serons là !

Edith Cassan Toesca : Texte d’introductionLe vieux, la vieille, c'est un clin d'œil, un clin d’œil à ceux qui se savent mortels … La coopérative d'habitants, c'est un choix, le choix que nous avons fait dans l'idée de vieillir ensemble, autrement, mieux… Reste à préciser ce mieux… C'est, entre autre, l'objet de cette table ronde.

Quelle leçon, nous qui cherchons à vieillir autrement, autrement que ce que nous propose l'air du temps, pouvons nous tirer de cela ?

Nous faisons le pari que notre choix de vivre ensemble est plus qu'une simple alternative à la solitude du maintien à domicile et à la vie collective en maison de retraite, que le projet qui en naît peut accompagner, permettre, que nous restions le plus longtemps sujet, acteur de notre vie .

Mais pourquoi ?

Nous avons idée que la condition d'existence d'un sujet, de quelqu'un qui parle en son nom , c'est qu'il rencontre la solitude sans s'y noyer. Mais aussi que sans partage, sans adresse à l'autre, il y perd le vivant.

Nous imaginons notre lieu comme un espace où, pouvant rencontrer la solitude tout autant que le partage, chacun puisse continuer à faire entendre sa singularité.

J'ajouterai que, pour cela, l'intime doit être premier. L'intime ?

Si l'on s'en tient à l'origine du mot, intimus est le superlatif d'interior.

Le plus intérieur donc. Ce qu'il y a de plus profond en nous, dans nos pensées, nos fantasmes.

Ce qui est secret, que je veux garder secret, dont je désire qu'il puisse échapper à l'autre, dont je me garde la liberté d'en partager quelque chose.

Avoir son intimité c'est, bien sur, se préserver de la masse, des jugements extérieurs, c'était même dans la Grèce antique une condition de la démocratie. Mais c'est plus que cela, c'est construire ce qui nous permet de

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dire « je » face à l'Autre.

Si le fait d'avoir son intimité dans l'espace familial est une conquête plutôt récente nous voyons bien que la crise du logement, ou la crise tout court, remet en cause ce pas effectué.

D'autre part nous savons combien est éprouvant la privation de toute intimité, d'être en permanence sous le regard de l'autre.

Pour éprouver l'intime, s'éprouver dans l'intime, il faut pouvoir se soustraire au regard, faire l'expérience de la solitude.

C'est alors que l'altérité devient possible, le partage.

Chacun pouvant poser les limites quant à son intimité, ce qu'il souhaite dévoiler.

C'est le goût du partage qui a besoin d'être soutenu. Et les dispositifs mis en place dans les maisons de retraite ou par les municipalités, souvent, échouent à créer du lien.

Qu'est ce qui manque ?

Que le désir soit éveillé… Parce que le désir ça ne se commande pas. ça naît de l'imprévu.

D'un bavardage, d'un échange, de ces moments ou l'on croise un autre familier, ou l'on échange un sourire.

Mais aussi du partage de l'intime, de cette douleur de la perte, de cette crainte de la fin, de la façon dont on fait avec. La nuit surtout.

Même s'il est vrai que le vieillard aime à se retrouver seul, même si la solitude peut être plaisir, cette dimension de partage est incontournable pour qui désire rester vivant jusqu'au bout.

Raoul :

S'il est pertinent de protéger l'intime et d'inviter au partage, le risque de l'entre soi demeure.

Il faut que le monde entre, vienne chez nous. Ce qui ne s'oppose pas à un aller vers l'extérieur.

Il s'agit d'être attractif, qu'au lieu d'être repéré comme la coopérative de vieux, nous soyons vus comme un lieu « où il se passe des choses ». Dans un projet où la richesse des coopérateurs produit des sous projets.

Il s'agit d'être acteur, d'avoir une identification sociale autre que « le retraité », « le vieux »… D'être identifié comme habitant d'un lieu où il se passe quelque chose.

Le débat …Le questionnement des participants sur les problématiques de cet atelier peuvent se résumer par ces quelques lignes

- Qu'est-ce qui peut faire que la coopérative d'habitants soit une identification sociale ? L’extérieur peut il entrer dans le groupe, mais les personnes du groupe ont elles le besoin d’une vie extérieure ?

- Une question fut débattue : Comment faire de l'autogestion en posant comme premier la différence, les singularités ?

- Dans ce cas, est-on capable de trouver des valeurs communes ? Faut-il, le soutien du dehors, faire intervenir des personnes extérieures, éventuellement un médiateur…La reconnaissance de l’autre dans sa différence et le partage sont ils compatibles ? Chaque groupe est singulier, et demande une remise en question régulière.

- La question du rapport à la perte apparut… La mort est au bout du chemin et chacun va 2ème rencontre Vieillir ensemble mieux et autrement

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s'y confronter. Le refus de la maison de retraite dont le goût du partage est oublié ainsi que manque de désir reste encore que Vivre Ensemble, d’y trouver du plaisir, peut la rendre moins frontale.

- Le conflit de pouvoir peut être une dynamique du groupe, mais attention aux dérives.

- Il fut bien sûr question de solitude choisie ou subie. La solitude : est ce une noyade ?… est ce le vivant qui se perd ?…. Le besoin de la protection de l’intime, le secret qui ne se partage pas avec les autres est une interrogation de nombreux participants. La tentation existe de faire de l’entre-soi.

- Et dans cette question du choix, du respect du choix, est apparue celle des obligations... Il y a, pour que la coopérative fonctionne, des tâches à mener. Chacun sera donc confronté à son engagement pour que la structure tienne. Quelle appropriation vis-à-vis des contraintes ?

- Que fait-on avec le désir de l'un de « ne rien faire » ? Avec celui que le groupe rend silencieux ? Avec un trop gros poids du collectif ? Et au-delà, la possibilité de partir de la structure.

- Mais aussi celle des limites de la singularité. Il fut énoncé un :  « si chacun veut à tout prix défendre sa singularité, pourquoi vouloir vivre en coopérative ? » La coopérative doit elle être faite de multiples identités ? Serons-nous capables de trouver des valeurs communes ?

En conclusion

C'est le respect de l'intimité qui nous apparut essentiel et devant être pensé.

Les limites de l'intime sont indissociables du respect de la singularité propre à chacun.

L’articulation du collectif avec l’intime demande pour beaucoup de participants du temps et un besoin de réflexion. L’identification sociale (extérieur/intérieur) reste aussi, un point à ne pas négliger

Nous avons terminé sur cette phrase de l'une d'entre nous : «  ne t’inquiètes pas, on saura bien s'inventer une vie »

Compte-rendu de Marie Frédérique Barrières (Chamarel) et Edith Cassan (BBYK)

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Compte rendu de l’atelier 3 : Côté gros sous …Conséquences concrètes de notre refus de spéculation.Coopérateurs propriétaires ? Coopérateurs utilisateurs ?Gestion des différences individuelles de moyens

Atelier préparé et animé par Joël Arnault.

Les questions qui se posent Comment est calculé le capital de départ, l'apport personnel des coopérateurs, la part sociale

à verser?

Quelle est la redevance de chacun ?

Comment la coopérative fait face aux différences de moyens des coopérateurs ?

Peut-on avoir l’APL quand on est dans une coopérative ? Quelles solutions de financements extérieurs pour diminuer l'apport personnel des coopérateurs?

Que se passe t-il au départ d'un coopérateur ?

Responsabilité individuelle et responsabilité globale de la coopérative

Peut-on envisager une participation financière des coopératives qui adhéreront à la Fédération des Coopératives pour aider à la création de nouvelles coopératives ?

Quelques pistes de réponses

Capital de départ/apport personnel/part socialeQu'est ce qu'une part sociale ? :C'est la part qui permet à chacun d'être sociétaire de la coopérative à raison d'au moins une part, sachant que ce n'est pas le nombre de parts qui donne des voix (Le principe coopératif implique un sociétaire = une voix, quel que soit le nombre de parts détenues)

Pour Chamarel, la part sociale de la SAS les Barges est de 100 €.La coopérative doit avoir un apport total de 20 % du coût de la construction pour pouvoir contracter l’emprunt, ce qui fait en moyenne 30 000 € d’apport personnel. A chaque nouvelle cooptation, une étude de faisabilité financière est faite. Il est aussi important d’avoir un équilibre entre les apports des coopérateurs pour ne pas mettre la coopérative en danger en cas de départ d’un coopérateur. La limite supérieure est ainsi fixée à 40 000 d’apport possible.

Chamarel a mis en place différents niveaux de parts : - Les parts A pour les futurs habitants.– Les parts B et C pour les personnes qui souhaitent investir dans le projet sans être futur

habitant. Cela permet une réelle solidarité puisque cela vient en diminution du reste à payer.

Pour les Boboyaka, (au stade du projet actuellement non finalisé), chaque coopérateur verse 40€ / mois pour le fonctionnement de l’association. Pour les nouveaux cooptés qui ne pourraient pas verser cette somme, il a été décidé de faire payer en fonction de leur situation financière. Les parts sociales (apport personnel) seraient de l'ordre de 20 000 euros chacun.2ème rencontre Vieillir ensemble mieux et autrement

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Se pose de toutes façon, la question de l'inégalité des moyens financiers entre coopérateurs. Le poids de l’argent est réel dans notre société et les coopératives ne peuvent guère y échapper. De plus, ce n'est pas qu'une question de moyens, car avec le même niveau de revenus, chacun n'a pas le même rapport à l'argent (de l'indifférence à l'anxiété...). Pour autant, la coopérative permettrait de se situer hors du champ de la spéculation, mais par contre dans le champ de la solidarité.

La question cruciale est de savoir comment intégrer des personnes à faibles revenus, comment régler le problème de vieillir avec des personnes qu’on a choisies, mais qui n’ont pas les moyens ? Le déséquilibre dans les différences de moyens des uns et des autres peut être facteur de dissensions.Au Village Vertical à Villeurbanne, il y a des personnes en PLAI et c’est le bailleur social qui rembourse l'emprunt qu'il a lui même contracté pour ces personnes. Celles ci paient leur loyer (redevance) au bailleur social ; Cependant, la crainte est que le bailleur exige de choisir les occupants… d'où la notion de « coopérative à deux vitesses »! Certains pensent que ce n'est plus alors une coopérative et réaffirment ce choix de la coopérative en tant qu'outil juridique, politique et humain dans ce sens que ce n'est pas chacun qui achète une part de propriété mais a coopérative qui achète un tout. Une coopérative a besoin d’argent et la difficulté c’est la non-spéculation car s’il y avait spéculation, il n’y aurait plus de problème pour en trouver.Il est fait allusion à l'opération des Coquelicots (opération HLM) et à Graines de Bitume (15 logements dont une partie pour des personnes à faibles revenus)... mais pas de détails sur ces opérations.Le représentant d' Habicoop fait part de leur travail sur le décret de la loi ALUR et les habitants bâtisseurs. Il énonce une idée à creuser : faire valoir que dans la part sociale, il y aurait deux valeurs (une valeur industrie/une valeur travail). Pour ceux qui n'ont pas les moyens d'investir, ils pourraient compenser par une valeur travail. Cette idée en choque d'aucuns qui estiment que l'inégalité doit se résoudre non par le travail, mais par la solidarité du groupe...à savoir comment ?

Chamarel fait part de son expérience et du refus de toute spéculation (argent placé, rémunéré). Pour financer l'opération, il convient de trouver des partenaires extérieurs qui permettent de baisser la part de chacun. De fait, le montage financier est au centre du débat. Si la banque prête sur 50 ans, 80% sera alimenté par l'emprunt et les aides extérieures et 20% financé par les coopérateurs..

Au cours du remboursement de l’emprunt comment se transfèrent les parts sociales entre la banque et la coopérative ? Possibilité au bout de 20 ans que les coopérateurs aient plus de parts sociales qu’au départ. Ce pourrait être une façon de rembourser les loyers qui seront plus élevés au début qu’au bout de 20 ans. Mais la loi ne permet pas de baisser les loyers... cela reviendra donc à la coopérative.Ces parts sociales retournent progressivement à la coopérative et pourraient alimenter un fonds d’entraide (exercice de la solidarité en interne à chaque Coop ou vers la Fédération Nationale des Coopératives). Quand la Fédération Nationale des Coopératives (1) existera, elle pourra financer un fonds pour aider les nouvelles coopératives chaque Coop réservant une part pour cette aide.

Concernant le départ d’un coopérateur, deux cas de figures : Le nouveau coopérateur rachète les parts sociales, pas de problème

La coopérative doit rembourser au coopérateur partant, les parts sociales revalorisées selon évolution du coût de la vie; mais si elle ne peut pas financièrement, il faudra attendre (elle a 3 ans pour le faire).

En terme de succession, les héritiers d'un coopérateur ne peuvent prétendre qu'à la somme

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correspondant aux parts sociales du défunt, mais ils ne deviennent pas pour autant coopérateurs. Etre coopérateur passe toujours par une cooptation.

La redevance Chamarel : La redevance est composée du loyer qui sert à rembourser l’emprunt + une réserve pour grosses réparations /travaux à venir + impôt foncier et impayés. Cette réserve, dite CCA (Compte Courant Associé) est récupérable par le sociétaire qui quitte son logement. L'important est de baisser la part des redevances, mais en même temps le projet doit être sécurisé pour éviter les dépenses « surprises ». Il convient d'intégrer des transformations et améliorations à apporter à l'habitat.Dans une structure coopérative, ce sont tous les coopérateurs qui décident des achats et des travaux à faire et les décisions se prennent au consensus.

Financement du projet et de l'emprunt:

Pour Chamarel , l'emprunt d'une durée de 50 ans est financé à 80 % par la banque et des prêteurs et 20 % par les habitants. La CARSAT (Caisse Assurance Maladie) a accordé un prêt à 0% sur 20 ans de 660 000 euros. La CARSAT s'est basée sur 26 à 27% du prix de la construction. C'est la coopérative qui est emprunteur et propriétaire et non chaque individu.De fait, la coopérative doit trouver des garants. Ce ne sont pas les coopérateurs qui cautionnent avec leurs biens. Pour Chamarel, les garanties d’emprunt  seraient assurées par la métropole « le Grand Lyon » et la ville de Vaulx-en-Velin. Pour le Village Vertical, à Villeurbanne, ce sont le bailleur social, le Grand Lyon et la ville de Villeurbanne.Il est possible de compléter les apports extérieurs. Différentes pistes à creuser : le crowdfounding (aides/dons au projet) ou des solutions à inventer comme pour les groupements fonciers agricoles (parts sociales dans le projet sans habiter...comme les parts B et C de Chamarel).

Histoire de se faire peur !Comment financer le projet avec la banque si on n'a pas les 20% de la construction ?....et si on n'a pas tous les habitants? En règle générale, les promoteurs n'attendent jamais d'avoir tout le projet assuré, et démarrent la construction quand il y a 50% des logements vendus.La même question se pose pour le nombre d'habitants. Comment démarrer la construction si le groupe n’est pas complet ? Pour Chamarel, il n'y a pas à s'inquiéter. Le projet quand il démarrera suscitera un intérêt et d'autre part, il y a un potentiel de personnes en attente. On espère que le groupe se complètera au démarrage des travaux. Pour autant, il faudra rester vigilant sur ce que veut dire « vouloir vivre ensemble » et/ou comme disent les Boboyaka « vivre ensemble jusqu'à la fin de vie ». Les valeurs fondamentales inscrites dans ces projets rendent indispensable la procédure de cooptation au moment où il faut absolument remplir l’immeuble ! Certes il est important d'avoir réfléchi ensemble mais ce n'est pas cela qui rend plus facile la communauté de vie...des « greffons »  tardifs peuvent être aussi dynamisantS dans un tel projet.

Que se passe t-il si on n'y arrive pas  financièrement ? Si le bâtiment existe, il y a liquidation et revente du bâti. Si la coopérative ne peut rembourser l'emprunt, il faudra négocier avec la banque et voir avec les garants. Les coopérateurs eux auront une responsabilité limitée à hauteur des parts sociales (SAS) pas plus et n'hypothéqueront pas leurs biens s'ils en ont.Pour avoir le cœur à l'ouvrage....Nous sommes en train d’inventer quelque chose et toutes les réponses ne sont pas écrites mais nous pouvons vivre autrement dès maintenant2ème rencontre Vieillir ensemble mieux et autrement

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Compte –rendu : Noëlle Rochelois (Boboyaka) et Martine Sautereau (Chamarel)

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