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Diocèse d’Abomey Session du quasimodo 2019 Lundi 29 avril au jeudi 02 mai 2019 Thème général : « Jeune, pour ton bonheur, fais confiance à l’Eglise, écoute et accueille les valeurs de l’Evangile et de la famille» ALLOCUTION D’OUVERTURE AU CEMOLA, A BOHICON, 29 AVRIL 2019 Révérends Pères Vicaires généraux et épiscopaux Révérends Pères, Confrères dans le Sacerdoce Religieuses et Religieux Sœurs et Frères Laïcs Distingués communicateurs Honorables invités Au lendemain du dimanche de la Divine Miséricorde, nous sommes heureux d’honorer notre noble tradition de la Session du Quasimodo, pour réaffirmer notre foi en Dieu révélé en Jésus- Christ, qui est à la fois l’icône incomparable du Père miséricordieux et la manifestation suprême de l’Amour du Père. Formant une même Famille de Dieu par la réception du même baptême et conscients de notre devoir de nous former et de nous ressourcer pour mieux faire connaître et aimer Dieu, nous voulons toujours garder à l’esprit et mettre en œuvre la mission transmise par le Christ dans l’Evangile du dimanche du Quasimodo : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). Dans la lumière du Christ ressuscité, nous voulons faire de notre session du Quasimodo le rayonnement de la Parole de Dieu et des enseignements enrichissants ainsi que l’espace où reflète la présence glorieuse du Dieu d’Amour. Comme le corrobore le Ps 19, 1-4 : « Les cieux racontent la Gloire de Dieu et l’Etendue manifeste l’œuvre de ses mains. Le jour en instruit un autre jour, la nuit en donne connaissance à une autre nuit. 1

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Diocèse d’AbomeySession du quasimodo 2019

Lundi 29 avril au jeudi 02 mai 2019Thème général : « Jeune, pour ton bonheur, fais confiance à l’Eglise, écoute et accueille les valeurs de

l’Evangile et de la famille»

ALLOCUTION D’OUVERTUREAU CEMOLA, A BOHICON, 29 AVRIL 2019

Révérends Pères Vicaires généraux et épiscopauxRévérends Pères, Confrères dans le SacerdoceReligieuses et ReligieuxSœurs et Frères LaïcsDistingués communicateursHonorables invités

Au lendemain du dimanche de la Divine Miséricorde, nous sommes heureux d’honorer notre noble tradition de la Session du Quasimodo, pour réaffirmer notre foi en Dieu révélé en Jésus-Christ, qui est à la fois l’icône incomparable du Père miséricordieux et la manifestation suprême de l’Amour du Père.

Formant une même Famille de Dieu par la réception du même baptême et conscients de notre devoir de nous former et de nous ressourcer pour mieux faire connaître et aimer Dieu, nous voulons toujours garder à l’esprit et mettre en œuvre la mission transmise par le Christ dans l’Evangile du dimanche du Quasimodo : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21).

Dans la lumière du Christ ressuscité, nous voulons faire de notre session du Quasimodo le rayonnement de la Parole de Dieu et des enseignements enrichissants ainsi que l’espace où reflète la présence glorieuse du Dieu d’Amour. Comme le corrobore le Ps 19, 1-4 :« Les cieux racontent la Gloire de Dieu et l’Etendue manifeste l’œuvre de ses mains.Le jour en instruit un autre jour, la nuit en donne connaissance à une autre nuit.Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles dont le son ne soit point entendu :Leur retentissement parcourt toute la terre, leurs accents vont jusqu’aux extrémités du monde où il a dressé une tente pour le soleil ».

Comme il n’y a pas deux sans trois, selon la sagesse populaire, notre Quasimodo sera dédié à la cause de la jeunesse pour la troisième fois consécutive. Dès lors, la valorisation de la jeunesse nous fera découvrir davantage les joies, les peines, les potentialités, les attentes et les choix audacieux des personnes concernées par cette période de vie entre la fin de l’enfance et le seuil de l’âge adulte.

Du fait que le temps de la jeunesse est largement dominé par l’éducation et la formation, les jeunes filles et les jeunes gens sont quasi constamment tournés vers un devenir ou un futur plein d’ambitions légitimes. Autrement dit, la jeunesse gagnerait à cultiver la spiritualité de l’espérance pour garder le cap et éviter de sombrer dans la fatigue, la résignation ou le découragement. C’est là que les jeunes doivent prendre conscience que Dieu est l’origine de leur force et de leur réussite. Le prophète Isaïe en donne l’illustration suivante :

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« Les adolescents se fatiguent et s’épuisent, les jeunes ne font que chanceler,mais ceux qui espèrent en Yahvé renouvellent leur force,ils déploient leurs ailes comme des aigles,ils courent sans s’épuiser, ils marchent sans se fatiguer » (Is 40, 30-31)Ainsi donc, les jeunes filles et les jeunes gens qui craignent Dieu et entretiennent avec lui une communion constante sont dignes de béatitude et méritent nos vives félicitations. A travers la bonne conduite, les vertus acquises et une vie chrétienne engagée, ils découvriront en Dieu la grâce du renouvellement de toute chose et le soutien indéfectible de leur projection vers le futur.

En recommandant à la jeunesse de demander sans cesse à Dieu le don de la vertu de l’espérance et de tendre à incarner cette vertu théologale, je salue et remercie tous les participants et je déclare ouverts les travaux de la session du Quasimodo 2019.

Eugène Cyrille HOUNDEKON

Evêque d’Abomey

Première conférenceThème   : Bilan des deux derniers quasimodo sur la jeunesse : Ce qui a été dit et fait assorti des propositions concrètes pour une bonne pastorale des jeunes

Conférencier   : Père Hospice NOBIME

INTRODUCTIONExcellence Monseigneur, chers confrères dans le sacerdoce ministériel, chères révérendes sœurs,

chers amis jeunes, chers parents, cher chacun et chers tous, je suis vraiment heureux et plus qu’honoré de me retrouver encore devant vous cet après midi pour revenir et redéfinir plus clairement et plus concrètement les actes de nos sessions de formation continue des deux dernières années pour notre vie de foi et d’amour, dans un esprit de communion ecclésiale. Nous voici à la troisième session de formation en faveur de la jeunesse. Depuis 2017, notre Eglise famille d’Abomey a focalisé sa réflexion sur la couche juvénile. Le thème général de cette année-là était intitulé : « les jeunes : la foi et le discernement des choix de vie ». Avec la motion de l’Esprit Saint, nous avons été graduellement gratifiés par des enseignements divers plus consistants qui nous ont révélé la profondeur de la nature de Dieu ainsi que sa volonté sur nous et sur l’humanité et plus particulièrement sur les jeunes. Nous avions rendu participants les jeunes filles et jeunes gens pour les écouter sur ce qu’ils vivent, ce qu’ils pensent d’eux-mêmes en bien comme en mal et sur ce qu’ils attendent des familles, de la société et de l’Eglise. A travers les causeries qui ont meublé cette session, nous étions parvenus à leur apporter l’éclairage de la foi sur leur état de croissance et sur leur choix de vie. En 2018, c'est-à-dire l’an dernier, nous avons porté une deuxième fois notre regard pastoral sur la jeunesse tout en prenant en compte le synode des Evêques prévu pour le mois d’octobre à Rome. Et c’est dans cette perspective que le thème général de cette année a repris le thème général de l’Année précédente  : « les jeunes : la foi et le discernement des choix de vie. » et comme le développement du thème général de l’an 2017 était plus théorique, le comité de préparation du quasimodo avait voulu que le développement du thème du quasimodo 2018 soit un peu plus pragmatique. C’est d’ailleurs ce qui nous amène à vouloir plus concrets, les actes des deux quasimodos qui ont focalisé notre attention sur la jeunesse. Dès lors, nous sommes donc appelés à faire le point de ce qui a été dit et fait, à apprécier ou à encourager, à prévenir ou à accompagner les jeunes filles et jeunes gens de notre diocèse en vue de leur réveil par rapport à leur somnolence, de leur prise de conscience de l’avenir qui se joue déjà aujourd’hui. L’objectif a été également de les aider à vite découvrir leurs talents, leur capacité à faire des choses grandes et merveilleuses, à développer des

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potentialités et à les déployer pour une jeunesse paisible, épanouie et plus pragmatique et sur laquelle la famille, la société et l’Eglise peuvent désormais compter. C’est dans cette perspective que cette première causerie se donne pour mission de faire le bilan des deux premières années de la session de quasimodo en faveur de la jeunesse. Dans le bilan, nous parlerons de tout ce qui a été dit et fait. Nous essayerons ensuite de faire des propositions concrètes pour une bonne pastorale de la jeunesse. Notre travail sera subdivisé en deux grandes parties qui se présentent comme suit :I-Le bilan du quasimodo de 2017 et de 2018 : ce qui a été dit et faitII-Les propositions concrètes pour une bonne pastorale de la jeunesse

I- LE BILAN DES QUASIMODO DE 2017 ET DE 2018   : CE QUI A ETE DIT ET FAIT Avant de faire un bilan plus exhaustif et plus concret, permettez-moi de faire une mise au point qui

nous aidera à mieux connaître ceux avec qui nous avons à travailler. Une confusion terrible a commencé à naître au sein de la jeunesse. Beaucoup d’entre eux n’arrivent pas à comprendre que la coordination diocésaine de la jeunesse regroupe tous les mouvements, groupes et associations des jeunes : Dans cette coordination se retrouvent les scouts, les marguillers, les chorales des jeunes, école de danse, jeunesse estudiantine catholique (JEC), jeunesse ouvrière catholique (JOC), les jeunes du RCC, les Samuels, les jeunes des chorales en langue, bref les jeunes de tous les groupes, mouvements et associations. Dans ce cas, les aumôniers diocésains de chacun de ces groupes, mouvements et associations sont appelés à travailler avec l’aumônier diocésain de la coordination des jeunes pour plus d’efficacité dans la pastorale de la jeunesse. Notre aumônerie ne fait que coordonner les activités de toutes ces aumôneries. De plus, chacun de ces groupes doit avoir un représentant dans le bureau élargi de la coordination diocésaine de la jeunesse pour que les informations issues de nos rencontres puissent atteindre toutes les couches juvéniles.

Après cette mise au point qui est bien comprise de chacun de nous, nous abordons maintenant le premier point de notre entretien. Le bilan de ces deux années de quasimodo : ce qui a été dit et ce qui a été fait.

Bilan des quasimodo 2017 et 2018   : ce qui a été dit et ce qui a été fait Les jeunes constituent une couche très importante dans la société de façon générale dans l’Eglise de façon particulière. C’est pourquoi, pour la vitalité de l’Eglise, il est d’une importance capitale de s’intéresser aux jeunes chrétiens catholiques. C’est cette préoccupation qui a expliqué le choix du thème de l’année pastorale 2017 : « Toi jeune, sois l’avenir de l’Eglise : mets ta force, ta foi, ton éducation et ta générosité au service de tous »1

C’est ce thème de l’année pastorale qui a inspiré le thème de quasimodo d’Avril 2017 intitulé comme déjà annoncé plus haut et je le répète : « Les jeunes : la foi et le discernement des choix de vie » c’est ce qui a constitué la charpente des diverses interventions de ce quasimodo.Dans son allocution d’ouverture de la session, notre père Evêque a invité toute l’Eglise famille de Dieu à Abomey à se mettre à l’écoute des jeunes pour apprécier et contempler leurs multiples qualités et potentialités. C’est pourquoi il a invité les conférenciers et toute l’assemblée à porter l’éclairage de la foi sur l’état de croissance des jeunes et sur leurs choix de vie. C’est dans cette perspective que le Père Jean Baptiste DJESSOUKPO a abordé l’importante question de « l’identité du jeune : de la tradition à nos jours ». C’est là qu’il a fait ressortir que l’être du jeune dans la société traditionnelle de l’aire culturelle adja-fon du plateau d’Abomey est un être en maturation, une histoire en constitution, un fil humain tissé et modelé par la sève de l’éducation qui est la communication méthodique du corpus de valeurs en vue de l’ouverture à l’altérité et à l’universel comme facteur d’accomplissement. Et pour que l’homme soit accompli il lui faut une auto prise en charge. C’est d’ailleurs ce que le Père Jérôme BOKO nous a enseigné dans la deuxième causerie intitulée : « la jeunesse et l’auto prise en charge : quelle stratégie pour un avenir meilleur »Dans son développement, il s’est donné pour objectif principal d’aider les jeunes à percevoir et à déceler des voies et moyens pour sortir du sous emploi et du chômage qui constituent des signes de précarité et de sous-développement.

1 Thème de l’année pastorale 2016-2017 dans le diocèse d’Abomey3

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Pour bien aborder la question, il a d’abord examiné les principales causes du chômage, ensuite montrer les défis de l’auto-emploi et enfin présenter les opportunités actuelles qui s’offrent à la jeunesse pour la sortir de la précarité. Ces opportunités qu’il nous a présentées sont dans le domaine politique, social etc…C’est pourquoi la troisième conférence n’a pas tardé à nous parler de l’engagement politique du jeune à la lumière de la Parole de Dieu que le Père Julien Efoe PENOUKOU nous a présenté avec joie et conviction.La politique est l’affaire de tous si elle est comprise comme l’art de bien gouverner et de servir la cité. Et l’homme chrétien politique n’a pas le droit d’oublier son identité chrétienne. C’est donc dans la parole de Dieu que la jeunesse peut puiser l’énergie nécessaire pour une vie politique enrichissante. Monsieur ADJINAKOU aussi est allé dans ce sens quand il nous a entretenus sur l’engagement ecclésial du jeune  : foi et action. Il a insisté sur le but principal qui est de bâtir l’homme de demain dès aujourd’hui en faisant de lui un citoyen et un chrétien convaincu et convaincants. C’est à cela que s’est intéressé le Père AKOHA dans sa conférence intitulée « la jeunesse et le discernement des choix de vie : le choix de l’amour, le choix de mariage, le choix de la vie consacrée, le choix du travail et le choix de la foi. Les jeunes Angelo et Milinda, tous deux jeunes aussi se sont fait entendre en nous parlant des attentes et des défis de la jeunesse.L’an dernier, le même thème général du quasimodo est repris et ceci avec d’autres pistes. Le premier sous-thème avait pour objectif d’évaluer ce qui était entrain d’être fait. C’est pour cela que la première conférence était intitulée : l’encadrement de la jeunesse dans le diocèse d’Abomey : état des lieux et perspectives ; une causerie présentée par l’aumônier diocésain lui même qui nous a fait part de son constat et de ce qu’il a reçu des jeunes eux-mêmes. Monsieur EDJAN Félicien, tout en s’appuyant sur son expérience personnelle a donné une communication sur le thème : les jeunes à l’épreuve de la foi vécue » Il s’est beaucoup basé sur les témoignages de vie et de l’éducation familiale enracinée dans la foi. Le discernement à l’éveil vocationnel chez la jeune fille et le jeune homme développé au cours de ce quasimodo par le Père Romuald EBO et la sœur Sébastienne BADOU nous a amené à faire une nette distinction entre la vocation qui n’est rien d’autre que l’appel à la sainteté et les vocations qui s’expliquent en trois mots : appel - choix - envoi. Les facteurs favorables à l’éveil vocationnel sont notamment l’éducation de base en famille, la formation à l’école, l’intégration d’un mouvement d’action sur la paroisse. De tout ce qui a été dit au cours des quasimodos de 2017 et de 2018, nous avons constaté que tous les acteurs à divers niveaux dans la pastorale des jeunes ont pris conscience de l’importance du travail à faire et les résultats en disent long. La redynamisation des groupes de vocation, la formation des jeunes à l’auto prise en charge, la mobilisation des jeunes pour des rencontres à caractère diocésain sont les fruits de ces deux sessions. Des idées sorties de ces sessions nous ont permis aussi de créer des moyens de communication et d’échange pour les jeunes et ils s’y appliquent et y sont assidus. Le forum intitulé : Synode-jeune tochédodjè est créé pour aider les jeunes à suivre de près tout le déroulement du synode, et des actions post synodales sont en vue pour le développement intégral de la jeunesse. Le partage d’expérience et les opportunités d’embauche sont mis sur ce forum pour les jeunes et ils s’y intéressent. L’organisation des journées paroissiales et décanales que nous avons connues cette année et les sorties paroissiales et décanales sont les fruits de ces sessions.Pour plus de fécondité dans notre engagement à l’égard de la jeunesse, penchons-nous à présent sur les propositions concrètes en vue d’une pastorale plus efficace.

II- DES PROPOSITIONS CONCRETES POUR UNE BONNE PASTORALE DES JEUNESIci nous parlerons de ce qui doit être fait sur la paroisse, de la paroisse aux doyennés et des doyennés au diocèse.

1) Niveau paroissial Tout le travail commence par la paroisse, chaque curé de paroisse est tenu de sensibiliser les fidèles pour qu’ils comprennent l’importance de la pastorale des jeunes. A travers cette sensibilisation, qu’il amène les fidèles à accepter que la coordination des jeunes regroupe tous les mouvements associations et groupes des jeunes comme nous l’avons déjà expliqué plus haut. A partir de là, il pose les bases de la coordination paroissiale des jeunes (CPJ). Que faire concrètement ?

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Chaque curé est tenu de procéder à :- L’installation du bureau de coordination paroissiale des jeunes avec un représentant par mouvement

et associations paroissiales ainsi que quelques représentants des jeunes des stations si la paroisse en possède. Le nombre d’éléments dans le bureau paroissial varie d’une paroisse à une autre : 7 ou 11 ou 13 ou 17 selon la taille de la paroisse et le nombre de mouvements de jeunes existant sur la paroisse.

- Le curé est tenu de donner un aumônier paroissial à la coordination paroissiale des jeunes. Cet aumônier doit être animé d’un esprit jeune et ensemble avec le bureau paroissial redynamiser la jeunesse avec un plan d’action concret et bien rédigé.

- Chaque curé est tenu de réclamer au début de chaque année pastorale de l’aumônier et de son bureau le programme annuel des activités à mener au cours de l’année. Pour ce faire, l’aumônier paroissial et son bureau sont tenus de programmer en faveur des jeunes : * deux recollections annuelles (à l’avent et en carême)*Journée paroissiale de la jeunesse*La marche pénitentielle du carême*Participation à l’école de foi et de prière*Des sorties de découverte et de détente*Participation aux journées diocésaines de la jeunesse*Participation aux pèlerinages diocésain et national des jeunes*Participation aux journées décanales de la jeunesse*L’organisation des semaines culturelles ou des kermesses avec des jeux concours et des danses dotées de prix*Des tournois inter mouvements ou associations*Cours de renforcement et des travaux dirigés avec les jeunes candidats*La formation sur l’auto prise en charge

- L’aumônier paroissial et son bureau assisteront tous les mouvements, groupes et associations des jeunes dans leurs programmes personnels. Des temps de causerie et d’échanges doivent être accordés aux jeunes.

- Annoncer aux jeunes l’Evangile de l’espérance parce que la vie a un sens, parce que Dieu nous aime et ne nous laisse jamais seuls

- Annoncer aux jeunes l’Evangile de l’obéissance parce que ce n’est qu’à partir de l’humilité que l’on peut construire des choses grandes et merveilleuses

- Annoncer aux jeunes l’Evangile de sa potentialité et de la richesse qu’ils sont : « Je peux tout en celui qui me fortifie doit être le mot d’ordre de tout chrétien en général et des jeunes en particulier »

- Amener les jeunes à croire en eux mêmes et à savoir qu’ils sont capables de beaucoup de choses et de grandes choses.

- Enfin, annoncer aux jeunes l’Evangile de la générosité pour que l’engagement de chacun permette de dépasser la logique de la haine et de la violence.

Pour cela pour qu’il y ait une synergie d’action au sein de la jeunesse, le programme annuel de la coordination des jeunes devait parvenir vite aux autres groupes mouvements et associations pour qu’à leur tour, en s’appuyant sur ce programme, qu’ils puissent établir en propre le leur

2) Niveau décanal Ici, nous ne voulons pas dire ce que nous avons déjà dit en ce qui concerne ce qu’on doit faire sur les

paroisses. Mais nous voulons expliquer que ce sont les bureaux paroissiaux réunis qui élisent les bureaux décanaux. Autrement dit, après l’élection des bureaux paroissiaux, les prêtres du doyenné concernés envoient les jeunes des bureaux paroissiaux pour l’élection du bureau décanal. On fera en sorte que un ou deux représentants de chaque paroisse se trouve dans le bureau décanal. Le curé doyen et les prêtres du doyenné choisiront un aumônier décanal et l’affecter au bureau élu. Les activités à mener sont celles déjà citées plus haut ; mais ici, elles sont plus englobantes et plus larges. C’est pourquoi des tournois inter-paroisses, des

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jeux concours inter-paroisses et autres peuvent encore compléter la liste. Il est bon que les aumôniers de la jeunesse aient un esprit jeune, un esprit de créativité, d’écoute pour le bien être des jeunes qui ont été confié à leur soin. Il est appelé à les aimer, à les comprendre tels qu’ils sont et à les accompagner avec délicatesse et patience. C’est une tâche, une responsabilité difficile mais noble et exaltante. C’est pourquoi pour les jeunes, il doit être un père et avec les jeunes il doit être jeune. C’est pour dire qu’il est appelé à vite discerner ce qui manque aux jeunes pour leur épanouissement et leur bonheur et savoir les écouter et les orienter pour qu’ils ne tombent pas dans les pièges de la mondialisation. C’est un travail qui d’ailleurs concerne tous les prêtres en général et les aumôniers des jeunes en particulier. Le curé doyen doit beaucoup s’intéresser à tout ce que programme l’aumônerie décanale et lui porter une main très forte pour lui éviter l’échec. La grande instance, c’est le diocèse pour l’Eglise particulière. Le nombre des membres du bureau décanal varie d’un doyenné à un autre. Mais il faut au moins 11 à 17 membres. Les aumôniers décanaux travaillent en synergie avec l’aumônier diocésain. Ils auront à certains moments des rencontres des aumôniers de la jeunesse en dehors du bureau.3- Au niveau du bureau diocésainIci, ce sont les membres des bureaux décanaux qui élisent le bureau diocésain. Et on fait de telle sorte que chaque doyenné soit représenté dans le bureau diocésain. C’est une exigence de la charte. Même si un doyenné est absent à la réunion élective, son poste lui est toujours réservé et le curé doyen et l’aumônier décanal essayeront de donner le nom de celui ou celle qui pourra occuper le poste. La charte le demande afin de permettre à tous les doyennés d’être représenté et d’être au même niveau d’information. Après les activités qu’on peut mener au niveau des paroisses et des doyennés, le bureau diocésain a en propre l’organisation des journées diocésaines de la jeunesse, l’organisation de l’école de foi, l’organisation de l’école de prière et les pèlerinages nationaux et internationaux comme les JMJ et Taizé. Que peut-on conclure ?

ConclusionNous devons rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il nous permet de vivre dans ce diocèse avec les jeunes. Beaucoup de choses se font déjà sur nos paroisses et dans les doyennés après notre quasimodo de l’an dernier. Mais tant qu’il reste à faire rien n’est encore fait. C’est sur cette note que nous invitons tous les confrères à redoubler d’efforts pour accompagner les jeunes. Ils ont besoin des guides, des éclaireurs, des veilleurs et des gens capables de les comprendre dans leur état sans les juger, les minimiser, les humilier, et de les aider à s’en sortir. Cette couche est la prunelle de l’œil de l’Eglise. Et le Pape François l’a confirmé au synode d’octobre dernier. Aidons-les chers pères, accompagnons-les aimons-les, écoutons-les. Ils ont beaucoup à nous dire et ils ont beaucoup besoin de nous. Disposons de temps pour eux. Je vous remercie.

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DEUXIEME CONFERENCEThème   : Parole aux jeunesConférencier   : Trois jeunes

INTRODUCTIONJeunes, pour ton bonheur, fais confiance à l’Eglise. Ecoute et accueille les valeurs de l’Evangile et de la

famille.De ce thème, il nous est demandé de mettre à la lumière

- La conception du bonheur selon les jeunes- L’Eglise vue par les jeunes- La conception des valeurs familiales vues par les jeunes.

Au premier voletCipres les rencontres avec les groupes de jeunes les interviews et en tenant comptes de nos propres visions passées on peut dire que.- Etre dans le bonheur c’est avoir tout ce qu’il faut pour faire la vie ( de l’argent, un boulot, une bonne famille,

des enfants une moto ou une voiture, une maison) dans l’ensemble des biens pour satisfaire ses besoins quotidiens.

- Le bonheur est aussi l’état durable de satisfaction, une vie sans souffrance et sans souci.- Le bonheur est vivre dans l’opulence. Le bonhomme est reparti tout triste quand le christ lui dit : va, vends

tous tes biens et suis-moi.- Le bonheur c’est être libre et ne dépendre plus de personne : le cadet disait à son père : donne moi ma part

d’héritage qui me revient : Luc 15, 12- Le bonheur, c’est avoir une bonne santé, aimer et être aimé, être libre, vivre dans la fidélité à ses promesses et

faire preuve de courage dans la vie.- Le bonheur : c’est réussir sa vie au sens du bien-être physique au moyen des biens matériels.

AnalyseLes jeunes ont une conception matérialiste du bonheur et se soucient rarement de sa dimension spirituelle Ce que disent les saintes Ecritures Dans les Evangiles Jésus nous montre le Jeune homme riche (Mt19,16-22 ; Mc10,17-22 ; Luc 18,18-23)

qui a eu la bonne idée de demander à Jésus ce que faire de bon pour obtenir la vie éternelle.Pour répondre à sa question, Jésus lui propose l’observance des commandements.Ces commandements, il les observait depuis sa tendre Jeunesse et ceci lui a valu l’admiration de Jésus. (Mc10, 20-21) Mais, puisqu’il aspire à la plénitude du bonheur, Jésus lui propose une seconde étape de perfection : vendre tous ses biens et partager l’argent aux pauvres pour avoir un trésor dans le ciel, en marchant à la suite du maître.

Et le jeune homme, tout triste et tout sombre s’en alla parce qu’il avait de grands biens. Suite à cette expérience avec le jeune homme, Jésus mit en garde ses disciples contre le danger des richesses (Mt 19,23-26 ; Mc10, 23-27 ; Luc 18,24-27) et leur propose la voie du détachement par rapport aux biens terrestres (Mt 19,27-30 ; Mc 10 28-31 ; Luc 18, 28-30)

Pour Jésus, le vrai bonheur ne se retrouve point dans les richesses matérielles qui passent ou finissent ici-bas. Quand on s’y attache on passe à côté de l’essentiel (Mt 6, 19-21 ; Luc 12,33-34). Et à l’Apôtre Jacques de dire : «  votre richesse est pourrie, vos vêtements sont rongés par les vers. Votre or et votre argent sont rouillés, et leur roille témoignera contre vous : elle dévorera vos chairs, c’est un feu que vous avez Thésaurisé dans les derniers jours. » (Jc5, 2-3) Job nous fait comprendre que la richesse que sont l’or et l’argent ne doivent pas empêcher le possesseur de se tourner vers Dieu (Job 22, 23-29) et Siracide fait remarquer que la richesse doit être une opportunité de fraternité pour ne pas être vouée à la pure perte 5Si29,10) et cette richesse peut faire grandir l’orgueil et la colère (Si28,10)Analyse

En examinant la conception des jeunes sur le bonheur, il est remarquable qu’ils s’enferment en majorité dans un pur matérialisme et se soucient rarement de la dimension spirituelle de ce concept.

Ils veulent une vie remplie des joies que procurent les biens matériels et rejettent Toutes souffrances, toutes difficultés, toutes épreuves. Ils veulent que leur vie se déroule au rythme de la modernité caractérisée par la mondanité avec une recherche du plaisir tout simplement. La poursuite sans sagesse des bien du monde les amène à banaliser ou rejeter tout élan vers Dieu. Ceci crée en eux un vide intérieur qu’ils sont tentés de combler contre leur capacité et leur possibilité au point de se livrer à des comportements déviants : la cybercriminalité, le sexe facile, la prostitution, la toxicomanie, le vol, etc. qui sont les conséquences de l’envi démesuré. La recherche sans discernement des biens matériels fait d’eux des victimes fatales des mouvements ésotériques qui les gagent par le biais des appâts flatteurs. Parce qu’ils veulent jouir de la vie, ils sont très pressés de faire des expériences glorieuses, en même temps et tout de suite, selon les impulsions des nouvelles idéologies. Mais, bien que les biens matériels sont nécessaires pour la vie corporelle, le bonheur intérieur qui est une expression de la vie spirituelle n’est-il pas d’une grande importance ?

Le vrai bonheur n’est-il pas la béatitude de l’âme qui vit dans la communion avec son créateur et qui est déjà la réalisation de l’espérance chrétienne ?

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Le bonheur n’est-il pas simplement vivre en Dieu, par Dieu et pour Dieu ? Chercher en toute chose la volonté de Dieu dans notre histoire puisqu’il en est le Créateur ?

Pour y parvenir, Jésus nous propose une vie abandonnée à la providence qui fait tourner le regard vers Dieu seul (Mt 6, 25-34 ; Luc 22, 22-31). Se tourner vers Dieu suppose un choix. Il faut savoir qui on veut servir, ou la richesse ou Dieu, et non les deux à la fois (Mt 6, 24). Et ce choix déterminera la relation des Jeunes à l’Eglise qui montre Dieu.2) Certains jeunes pensent que l’Eglise apporte la paix intérieure, permet le recueillement, donne de meilleurs conseils, propose une vie meilleure. C’est le lieu où la parole de Dieu est prêchée. Elle est un lieu d’éducation, de consolation des âmes et des cœurs et la foi garantie la guérison par le biais de la prière. Les jeunes pensent que l’Eglise travaille pour la paix dans la société et prend soin de la vie spirituelle de ses membres et les aides à satisfaire leurs besoins spirituels.Pour d’autres jeunes, l’Eglise est un lieu où on perd son temps ; elle s’impose par ses dogmes et ses lois difficiles à respecter. Beaucoup de jeunes pensent qu’ils n’est pas nécessaire de se rendre à l’Eglise, à la messe qui semble du folklore et s’ils veulent rencontrer Dieu, ils préfèrent rester chez eux. L’Eglise est vue comme une imposition des blancs dont on se sert pour faire le commerce.

Si certains jeunes viennent à l’Eglise, ce n’est pas parce qu’ils sont venus prier mais c’est parce qu’ils sont sûrs de rencontrer leurs copains ou copines puisque c’est un lieu privilégié de rendez-vous. Il y a aussi des jeunes qui soutiennent que l’Eglise est la source de beaucoup de conflits ou bien qu’elle concerne les riches et les personnes de troisième âge.

De ces différentes conceptions, il semble exister une réelle contradiction entre les uns et les autres. Mais une analyse permettra de comprendre que la conception ou la vision qu’on a de l’Eglise dépend fondement du cheminement de foi et de la rencontre personnelle de soi avec le Christ et sa parole. Chacun exprime ce qu’il pense mais toutes les pensées ne sont pas justes. L’expérience de foi est déterminante dans le sens que l’on a de Dieu. Ainsi peut être compris la tendance de beaucoup de jeunes à vouloir faire des lieux ecclésiaux ce que leur inspirent les expériences personnelles.

L’Eglise, pour se faire mieux connaitre comme Mère et Educatrice, se reconnaîtra le devoir de trouver des meilleures manières d’évangéliser et d’accompagner les jeunes en partant d’eux et non d’elles.Les valeurs familiales

- L’éducation en famille qui enseigne le savoir-être, le savoir vivre et le savoir-faire par l’observation et l’imitation des parents.

- Les valeurs du mariage traditionnelle.- Les valeurs traditionnelles familiales- L’écoute des parents- L’obéissance aux parents- Le respect des biens de la famille- La solidarité

La conception des jeunes- Les jeunes ne sont plus toujours disposées à écouter et à comprendre les parents.- Ils estiment que le temps des parents est révolu et s’engagent à faire leur propre expérience.- Ils veulent vivre leur liberté de façon totale et sans contrainte de contrôle- Ils veulent rythmer leur vie par la mode et de façon solitaire.- Ils veulent copier les films et les feuilletons devant lesquelles ils passent la majorité de leur vie.- Il n’existe presque plus des moments de dialogues entre parents et enfants ; ceci aggrave les incompréhensions

et facilitent l’avènement des conflits de génération. Les parents veulent s’imposer et les enfants manifestent la résistance.

CONCLUSIONDe tout ce qui précède, pour beaucoup de jeunes à travers le monde il n’y a pas de bonheur sans le matériel. Il

urge que l’Eglise reprenne la boussole de la formation et de l’Evangélisation avec des actes concrets et non pas seulement la parole à orienter la jeunesse. Car, elle perdrait sa vacation si elle ne rentre pas réellement dans le cadre de la formation des jeunes en tenant compte de leur réalité. C’est cette optique qu’elle aidera la jeunesse à ouvrir les yeux sur la valeur de l’Education familiale.

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TROISIEME CONFERENCEThème   : Un regard averti sur la parole des jeunes : Synthèse et orientations« Jeune, pour ton bonheur, fais confiance à l’Eglise, écoute et accueille les valeurs de l’évangile et de la famille ».Conférencier   : Père Cyrille MIYIGBENA

PREAMBULE (4 mn)

Excellence Monseigneur et cher Père, révérends Pères et chers confrères dans le sacerdoce, chers Frères et Sœurs membres des Instituts de Vie consacrée et des Sociétés de vie apostolique en mission dans ce diocèse de la capitale historique de notre pays, chers fidèles laïcs, et surtout vous, chers jeunes, chers amis,

Je vous salue tous et chacun respectueusement, fraternellement et cordialement dans le Seigneur. Et je le fais, non par un simple « bonjour », mais de façon pascale, à la manière de nos frères de l’Orient chrétien. En effet, pendant la période pascale, à la place des salutations habituelles, les orthodoxes se saluent de la manière suivante : l'un dit "Le Christ est ressuscité !", et l'autre répond "Il est vraiment ressuscité !". Alors nous pouvons nous y essayer : « Le Christ est ressuscité – Il est vraiment ressuscité ! ». Oui, joyeuses Pâques à tous et à chacun. Que le Ressuscité nous fasse grand don de sa Paix et de Joie !

Je voudrais ensuite vous dire toute ma joie d’être parmi vous, d’être avec vous ce matin pour quelques heures puisque je dois reprendre la route tout à l’heure pour rejoindre le Collège Père Aupiais où notre diocèse de Cotonou est aussi en Quasimodo depuis ce matin.

Je voudrais enfin remercier son Excellence Monseigneur Eugène Cyrille HOUNDEKON, Pasteur de ce diocèse d’Abomey, pour l’honneur qu’il me fait de m’inviter à nouveau à venir vous parler durant la session ordinaire de votre Quasimodo 2019.

« Il suffit que vous soyez jeunes pour que je vous aime », affirmait Don Bosco. A sa suite, je pourrais dire qu’il suffit qu’il s’agisse des jeunes pour que je dise : « Oui, avec joie !». Ce fut précisément le cas lorsque contacté, au nom de Monseigneur, par le Père Marc Aurèle, pour cette conférence, j’ai donné mon accord de principe avant même de me rendre compte que la date tombait aussi dans le Quasimodo de l’archidiocèse de Cotonou.

Cela dit, sans plus tarder, entrons dans le vif de notre sujet.

INTRODUCTION

Dans une lettre adressée aux jeunes le vendredi 13/01/2017, le pape François annonçait un événement exceptionnel, la convocation d’une assemblée générale du Synode des évêques sur la jeunesse : « Chers jeunes, j’ai la joie de vous annoncer qu’en octobre 2018 se célébrera le Synode des Évêques sur le thème « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Je vous ai voulu au centre de l’attention parce que je vous porte dans mon cœur». Après deux années de préparation, s’est effectivement tenue du 3 au 28 octobre à Rome la XVème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques sur la jeunesse. Et le 25 mars dernier, le Pape en a publié les résultats à travers l’Exhortation post-synodale « Christus vivit » adressée aux jeunes et à tout le peuple de Dieu, comme bonne nouvelle en la fête même de l’Annonciation.

Si ce synode sur la jeunesse qui fut une toute première dans l’histoire bimillénaire de l’Église est sous-tendu par l’affection du Pape pour les jeunes, il n’est pas moins motivé par la situation des jeunes dans le monde de ce temps. En effet, au nombre des grands défis de notre société, n’y a-t-il pas celui de la jeunesse  ? Aussi, le Saint Pape Jean-Paul II affirmait-t-il, à juste titre, que le monde des jeunes « constitue pour l’Église contemporaine une terre de mission »2. De fait, comme le dit le Père Julien Penoukou, « aujourd’hui, aux quatre coins du monde, et particulièrement dans nos contrées, les jeunes vivent une situation de détresse » aux visages multiples et variés découlant « d’un système éducatif inadapté et d’un environnement national et international très difficile. Le vécu des jeunes rime avec le délitement des valeurs sociales, éthiques, morales et chrétiennes essentielles. (…) Les jeunes ainsi laissés à eux-mêmes, omnibulés par les mirages d’un monde globalisé et les effets pervers des nouvelles technologies de l’information et de la communication ne semblent pas préparés à assumer pleinement leur mission au service de l’Église et de la cité. Du coup, l’Église-famille et la société subissent les revers du manque d’enthousiasme et des meurtrissures de la jeunesse ».

Devant une telle situation, aucune inertie n’est permise. Toute indifférence, quelle qu’elle soit, ne peut être que coupable. Le diocèse d’Abomey s’en défend. Mieux, il se sent interpellé « par le drame de la jeunesse

2 JEAN-PAUL II, “Allez dans le monde entier et prêchez l’Evangile”. Message pour la VIIe JMJ. 24/11/1991, in Cyrille Ulrich MIYIGBENA (Ed.), Giovanni Paolo II parla ai giovani. Opera Omnia, Città del Vaticano, LEV, 2011, ???.

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et la menace que constitue la situation précaire de cette frange importante de la population par rapport au devenir de nos pays. Aussi, a-t-il résolu, comme signe d’un apostolat actif » de vibrer à l’actualité de l’Église en se penchant depuis trois ans sur l’épineuse question de la jeunesse « pour ouvrir des perspectives porteuses de valeurs chrétiennes et humaines fondamentales et de meilleures conditions de vie à offrir à la jeunesse dans la visée de l’Église-famille de Dieu ». D’où le thème choisi cette année : « Jeune, pour ton bonheur, fais confiance à l’Église, écoute et accueille les valeurs de l’évangile et de la famille ».

Premiers protagonistes des changements qualitatifs attendus, les jeunes de ce diocèse eux-mêmes ont travaillé sur ce thème. Ils ont été invités notamment à mettre en lumière leur conception du bonheur, leur vision de l’Eglise et leur compréhension des valeurs familiales. Ils viennent de nous livrer le fruit de leurs réflexions et de leurs analyses. On ne peut que les en féliciter et les en remercier. Mais doit-on les prendre telles quelles ? Autrement dit, que pouvons-nous en dire et en retenir ? Quel regard pouvons-nous jeter sur ces paroles des jeunes ? Une approche à la fois analytique et synthétique de leurs conceptions du bonheur, de l’Eglise et des valeurs familiales nous conduira, pour finir, à quelques orientations.

Le bonheur en questionPoint de vue des jeunes : synthèse et analyse

D’après ce que nous venons d’entendre de la bouche de leurs représentants, pour les jeunes, le bonheur consisterait dans la possession de tout ce qu’il faut pour la satisfaction des besoins quotidiens ; il serait même synonyme d’opulence. Il équivaudrait aussi à une vie à l’abri de toute souffrance et de tout souci. Il pourrait se décliner encore en liberté, bonne santé, amour reçu et donné, réussite. Mais est-ce vraiment cela le bonheur ?

Tout d’abord, il faut dire que la conception que les jeunes ont du bonheur reflète bien leur âge. En effet, s’il est vrai que le terme “ jeunes ”, selon les Lineamenta, c’est-à-dire le document préparatoire du dernier synode des Évêques, indique les personnes d’âge compris entre environ 16 et 29 ans, pour Jean-Paul II, la jeunesse est une période de la vie humaine qui « se distingue de la période de l’enfance (elle est précisément la sortie des années de l’enfance), comme elle se distingue aussi de la période de la pleine maturité ». Ainsi la conception du bonheur qui nous a été partagée, sans être enfantine, n’est pas pleinement mûre.

Elle a néanmoins le mérite d’être sincère et empreinte d’un certain réalisme. Par complaisance envers leurs pasteurs, ils auraient pu spiritualiser le bonheur. Mais ils ont voulu être vrais en partageant ce qu’ils pensent. De fait, à en croire Blaise Pascal, « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ».

Cela étant dit, comme leur propre analyse l’a relevé, on note dans leurs propos une conception purement matérialiste du bonheur où celui-ci se réduirait essentiellement à l’avoir au point que celui qui n’a pas tout ce qu’il faut pour satisfaire ses besoins quotidiens ne saurait être heureux ; pas plus que l’indigent, le pauvre, le malade. D’ailleurs, peut-il y avoir une vie humaine qui soit à l’abri de toute souffrance et de tout souci ? Cela ne relève-t-il pas plutôt du rêve ? Ce qui est proprement un trait caractéristique de la jeunesse : « Jeunesse: âge de folie et de rêves, de poésie et de bêtise, synonymes dans la bouche des gens qui jugent le monde sainement », s’écriait déjà Gustave Flaubert.

Une telle façon de voir n’explique-t-elle en grande partie certains des maux qui minent notre jeunesse et qui ont pour noms : le rejet de toute autorité légitime, l’illusion d’une liberté sans limite conçue comme possibilité de faire tout ce qu’on veut, quand on veut et comme on veut, l’égoïsme cultivé comme style de vie et poussant à faire de l’affirmation de soi, de la satisfaction immédiate de ses pulsions et de son plaisir personnel l’unique critère de jugement et l’objectif de toute action, la recherche effrénée de divertissement et de distractions caractérisés par l’excès et le bruit, la course aux plaisirs immédiats et fugaces, la sensibilité exacerbée et sans cesse à l’affût de nouvelles sensations et de nouvelles émotions vite dépassées, la course effrénée aux biens matériels, la rapide diffusion en leur sein de la société de consommation où le critère est “l’avoir” et non “l’être” et où prévalent uniquement les intérêts économiques, l’attrait du gain facile, l’opportunisme, l’arrivisme, l’utilitarisme, la superficialité, l’évasion pour trouver refuge dans des paradis artificiels à travers l’alcoolisme, l’hédonisme, la recherche excessive de la jouissance, le sensualisme, l’équivalence entre l’authenticité et le ‘look’, la réduction des idéaux à la carrière rapide, au succès facile, au prestige, à l’avidité de l’argent et à la soif du pouvoir posés comme objectifs de la vie, la recherche d’une vie facile, le « carpe diem » qui fait penser que tout dans la vie se joue ici et maintenant et qui fait rechercher l’instantané, le “tout, tout de suite”, et j’en passe.

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Mais non ! pas plus qu’on ne saurait admettre une quelconque confusion entre joie et plaisir superficiel et éphémère des sens, entre bien-être et bien, on ne saurait confondre bonheur et absence de « croix ». La Parole de Dieu nous met formellement en garde contre une telle vision.

Une invitation à penser le bonheur autrementContre une vision matérialiste et forcément réductrice, limitée, partielle et superficielle du bonheur où

la dimension spirituelle (esprit et âme) de l’être humain est complètement occultée, se dressent avec force les Saintes Écritures, notamment les paroles de Jésus dans les Évangiles. On connaît en effet, les fameuses béatitudes de St Matthieu où Jésus ouvrant solennellement la bouche pour la première fois, affirmait, à la stupeur de ses auditeurs :

« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 2-12).

Ainsi Jésus proclame le bonheur des pauvres, des affamés, des assoiffés, des affligés, des persécutés, des insultés, des calomniés ; c’est-à-dire de ceux que le monde tient pour malheureux. Ce qui est totalement aux antipodes de la conception des jeunes. Le Fils de Dieu situe plutôt le bonheur dans la possession de qualités de cœur, de l’esprit, de l’âme : la douceur, la miséricorde, la pureté, le pacifisme dans le bon sens du terme.

D’un intérêt particulier pour nous ici se révèle aussi la question du jeune homme riche puisqu’il s’agit d’un jeune. L’évangéliste Marc rapporte qu’il « accourut vers [Jésus] (question pressante), se mit à genoux (attitude de supplication pour obtenir une réponse qui est vitale pour lui) et lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » ; « vie éternelle » que le Pape Benoît XVI, dans son Encyclique Spe Salvi (n° 11), désigne comme ‘‘« la vie bienheureuse », la vie qui est simplement vie, simplement « bonheur »’’. De la part du richissime qu’était ce jeune, une telle question est plutôt surprenante. Elle témoigne assez qu’il n’était pas heureux malgré ses « grands biens ». Par ailleurs, elle illustre parfaitement l’adage selon lequel « l’argent ne fait pas le bonheur, même s’il y contribue ».

Plus déconcertante encore est la réponse de Jésus au jeune homme riche. Après lui avoir indiqué le chemin de l’observance des commandements, il lui enjoint curieusement d’emprunter la voie du détachement des richesses : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » (Mc 10, 21). Dans cette perspective, l’argent est même perçu comme un obstacle à la vie éternelle, à ‘‘« la vie bienheureuse », la vie qui est simplement vie, simplement « bonheur »’’. D’où la nécessité de s’en détacher, de le partager, de faire œuvre de charité. Amour et détachement se rencontrent ; charité et bonheur s’embrassent ; pourrions-nous dire. On ne peut pas ne pas penser ici à la prière du sage dans le livre des Proverbes : « Seigneur, je n’ai que deux choses à te demander, ne me les refuse pas avant que je meure ! Éloigne de moi mensonge et fausseté, ne me donne ni pauvreté ni richesse, accorde-moi seulement ma part de pain. Car, dans l’abondance, je pourrais te renier en disant : « Le Seigneur, qui est-ce ? » Ou alors, la misère ferait de moi un voleur, et je profanerais le nom de mon Dieu ! » (Pr 30, 7-9).

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Nombreux sont de fait, les passages évangéliques où Jésus met en garde contre le danger des richesses (Mt 19, 23-26 ; Mc 10, 23-27 ; Lc 18, 24-27). C’est dire que le bonheur, le vrai, ne se trouve pas dans les richesses matérielles. L’expérience en témoigne : bonheur passe richesse. Qui dit fortune, ne dit pas forcément félicité.

Il ne s’agit pas, pour autant de diaboliser les richesses matérielles. Loin s’en faut  ! Elles sont de Dieu et à Dieu : « Au Seigneur, le monde et sa richesse » (Ps 23, 1). A ce propos, il me plaît de citer les paroles pleines de sagesse d’un éminent pasteur de notre pays dont nous célébrons cette année les 20 ans du retour vers le Père, Mgr Isidore de Souza, pour ne pas le nommer. Il écrivait dans le mensuel diocésain d’information ‘Eglise de Cotonou’ en 1995 : « Les biens matériels sont nécessaires. Et nous devons, conformément à la volonté divine, travailler avec acharnement, méthode, endurance, à les multiplier pour que chacun puisse en disposer dans une solidarité fraternelle et avec reconnaissance. Mais c’est le ‘‘plus-être en Dieu’’ de chacun qui leur confère la carrure divine, qui les spiritualise et en fait des éléments de concorde et non de division ».

Mais si le bonheur n’est pas tout à fait ce que pensent les jeunes, qu’est-il en définitive ?

Qu’est-ce que le bonheur ?Le philosophe allemand Emmanuel Kant écrivait : « Le concept de bonheur est un concept si indéterminé,

que, malgré le désir qu’a tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et veut ».

A l’encontre de cette affirmation, Jean-Paul II veut aider les jeunes à cerner ce qu’est le bonheur et à le trouver. D’après son enseignement aux nouvelles générations, le mot ‘bonheur’ pourrait se définir comme l’« autoréalisation » de la personne humaine, la réalisation plénière, la plénitude de l’être, la plénitude de vie. Dans cette perspective, on peut dire qu’un individu est heureux lorsqu’il est épanoui  dans toutes les dimensions de son être. Lesquelles ? pourrait-on se demander.

Selon l’anthropologie chrétienne, la personne humaine est constituée de trois parties qu’on trouve énumérées dans ces lignes de St Paul : « Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement ; et que votre esprit, votre âme et votre corps tout entiers soient conservés sans reproche à la venue de notre Seigneur Jésus Christ (1 Th 5, 23-24) ».

Il convient de préciser tout de suite qu’il n’y a pas de cloison étanche entre ces trois parties constitutives de l’être humain. Le corps, l’âme et l’esprit sont intimement liés, interconnectés comme un système de vase communicant. Ainsi tout ce qui touche l’âme touche aussi le corps et l’esprit, et vice versa3. C’est bien ce que traduisent les maladies dites psychosomatiques parce qu’elles présentent des symptômes physiques alors que leurs vraies racines sont ailleurs, au niveau de l’âme ou de l’esprit.

En définissant le bonheur, il importe aussi de ne pas le confondre avec le plaisir4. Le vrai bonheur se distingue fondamentalement du plaisir. C’est d’ailleurs la mise en garde que le Pape Jean-Paul II adresse sans cesse aux jeunes : « Ne confondez jamais le bonheur avec le plaisir». De fait, contrairement au bonheur qui est de l’ordre de la plénitude, le plaisir désigne seulement un bien-être, une satisfaction, un contentement, une jouissance, une joie superficielle et toute passagère parce que relative au ravissement des sens, c’est-à-dire au corps et à l’esprit. Ce 3 Une expérience personnelle faite à Rome quand je préparais ma thèse peut être éclairante à ce sujet. Un jour, alors que j’étais particulièrement inspiré et que je rédigeais correctement ma thèse, je reçus un coup de fil qui m’annonçait le décès d’un ami. Après la nouvelle, l’inspiration avait subitement tari et j’étais incapable même physiquement d’écrire. Ainsi le choc (émotion) reçu par mon âme dans la nouvelle de ce décès s’est transmis aussitôt à mon esprit et à mon corps. Aussi me suis-je trouvé dans l’incapacité de poursuivre ce que je faisais pourtant avec facilité et plaisir !

4 C’est d’ailleurs sur cette ligne de crête que se joue l’un des grands drames des sociétés dites de consommation et de bien-être qui gavent l’homme de plaisirs mais ne lui procurent pas le bonheur, puisqu’elles laissent finalement un vide profond dans son cœur. La grande déception générée par les fausses promesses de ce matérialisme pratique explique la recrudescence des cas de tristesse, de mélancolie, de dépression et de suicide dans ces sociétés.

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caractère fugace et éphémère du plaisir le différencie du bonheur qui est un état caractérisé par sa durabilité et sa stabilité. Ainsi le bonheur dure, le plaisir passe. Il est ponctuel et fugitif. Il concerne avant tout le corps, il ne remplit pas toute la vie ; alors que le bonheur prend en compte l’être tout entier, tout l’homme. En somme, on ne peut parler de bonheur que si l’individu prend soin des trois parties de son être avec une attention particulière à l’âme en tant que moteur de l’ensemble.

Si le bonheur est effectivement de l’ordre de la plénitude, on a tôt fait de comprendre qu’il ne peut s’identifier à quelque chose. De fait, le bonheur, dit Jean-Paul II, c’est Quelqu’un, c’est le Christ qu’on ne peut rencontrer véritablement sans passer par l’Église.

Regard sur l’ÉgliseL’Église vue par les jeunes

D’après ce qui nous a été rapporté, on note chez les jeunes deux visions diamétralement opposées de l’Église. Pour certains, elle représente un lieu de paix, de recueillement, de prédication de la Parole de Dieu, d’éducation, de guérison, de consolation pour les âmes et les cœurs ; une institution dont les conseils et les recommandations peuvent conduire à une vie meilleure, c’est-à-dire en quelque sorte au bonheur.

Cette vision positive de l’Église contraste avec celle qui voit en elle un lieu ennuyeux, inutile voire nuisible. Non seulement on y perdrait son temps, mais aussi sa liberté du fait de ses dogmes et préceptes impossibles. Inventée par les Blancs, l’Église serait une institution lucrative d’un néo-colonialisme déguisé et comme telle, source de conflits et de tensions. Quant à la Messe, elle est simplement un folklore qui rassemble surtout les riches et les vieux. Et si certains jeunes y vont encore, ce serait par pur intérêt, c’est-à-dire pour faire, non pas la rencontre de Dieu, mais celle de leurs copains et copines, la rencontre de l’âme sœur.

Ces deux conceptions antithétiques de l’Église sont intéressantes pour les agents pastoraux que nous sommes. Il n’est pas donc pas question de les balayer d’emblée du revers de la main. Si la vision positive nous console et peut constituer pour nous, ministres de l’Église, un motif de fierté et de joie, en revanche la vision négative doit nous interpeller. En effet, aussi bien l’une que l’autre, loin d’être de simples et gratuits préjugés, partent d’expériences vécues dans l’Église par les jeunes. Tandis que certains d’entre eux y ont fait l’expérience de la paix, du recueillement, de la consolation, de la guérison et de la conversion grâce à la prédication de la Parole de Dieu, d’autres par contre ont été déçus, chagrinés voire blessés par le côté dogmatique de certaines vérités de l’Église, son enseignement qui peut sembler parfois du moralisme, la discrimination qu’elle fait quelquefois entre les pauvres et les riches qui seraient les ayant droit de l’Eglise, les tensions au sein des groupes, associations et mouvements ecclésiaux, le côté parfois folklorique de nos assemblées eucharistiques qui font très peu de place au silence et au recueillement, les messes dominicales qui sont parfois transformées en un défilé de mode et lieu de rendez-vous pour jeunes voulant échapper au contrôle des parents, la place qu’on donne de plus en plus à l’argent dans nos Églises avec les quêtes qui n’en finissent plus (1ère quête, 2ème quête, 3ème quête, zindo, dîme, opération 100 F et multiples de 100 ; opération quête insonore, et j’en passe).

Accueillons ce tableau ombragé comme une sonnette d’alarme des jeunes à l’Eglise. Aussi réductrice que soit cette vision de l’Eglise, accueillons-la comme un défi à relever ainsi que nous y invite le Pape François dans l’exhortation Apostolique Evangelii Gaudium :

À l’intérieur du Peuple de Dieu et dans les diverses communautés, que de guerres ! Dans le quartier, sur le lieu de travail, que de guerres par envies et jalousies, et aussi entre chrétiens ! La mondanité spirituelle porte certains chrétiens à être en guerre contre d’autres chrétiens qui font obstacle à leur recherche de pouvoir, de prestige, de plaisir ou de sécurité économique. De plus, certains cessent de vivre une appartenance cordiale à l’Église, pour nourrir un esprit de controverse. Plutôt que d’appartenir à l’Église entière, avec sa riche variété, ils appartiennent à tel ou tel groupe qui se sent différent ou spécial. (…)

Je désire demander spécialement aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux. Que tous puissent admirer comment vous

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prenez soin les uns des autres, comment vous vous encouragez mutuellement et comment vous vous accompagnez : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13,35). C’est ce que Jésus a demandé au Père dans une intense prière : « Qu’ils soient un en nous, afin que le monde croie » (Jn 17,21). Attention à la tentation de l’envie ! Nous sommes sur la même barque et nous allons vers le même port ! Demandons la grâce de nous réjouir des fruits des autres, qui sont ceux de tous.

(…) Par conséquent, cela me fait très mal de voir comment, dans certaines communautés chrétiennes, et même entre personnes consacrées, on donne de la place à diverses formes de haine, de division, de calomnie, de diffamation, de vengeance, de jalousie, de désir d’imposer ses propres idées à n’importe quel prix, jusqu’à des persécutions qui ressemblent à une implacable chasse aux sorcières. Qui voulons-nous évangéliser avec de tels comportements ? » (EG 98-100).

Malgré leurs divergences, les deux visions de l’Église qu’on note chez les jeunes ont ceci de commun et de positif qu’elles s’appuient sur sa dimension communautaire : l’Eglise comme «communauté de ceux qui croient en Jésus ». A ce titre, elles témoignent que la rencontre de Dieu ne saurait être le fruit d’une recherche en vase clos, dans les quatre murs d’une chambre. De fait, comme l’affirme le Pape Jean-Paul II, « Le Christ ne nous a pas enseigné seulement une religiosité individualiste, intimiste, mais il nous a enseigné à vivre une religiosité communautaire. Il a créé une communauté parmi ses disciples, ses apôtres et a offert, ainsi le modèle permanent pour toute l’Église, en chaque époque ».

Mais de toute évidence, l’Église ne saurait être réduite à ses travers. Il urge de la faire découvrir aux jeunes telle qu’elle est réellement.

L’urgence de faire découvrir l’Église aux jeunes L’Église se définit en tout premier lieu par rapport à sa Tête, le Christ. Aussi dans son enseignement

aux jeunes, Jean-Paul II affirme-t-il: « Qu’est-ce que l’Église ? C’est le Christ vivant parmi nous, avec nous et pour nous ». Ce qui n’est pas sans rappeler la célèbre définition de Bossuet : « L’Église, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué ». Agents pastoraux, nous sommes donc appelés à faire comprendre aux jeunes, à travers une catéchèse ad hoc, que même si elle est une communauté, ce qui fait la spécificité de l’Église, c’est sa relation constitutive avec le Christ vivant. Depuis l’Ascension, l’Église est le nouveau mode de la présence du Christ au monde : «  Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20). Elle est la nouvelle forme visible qu’a prise le Christ pour être au milieu de nous, pour continuer à se faire Emmanuel pour nous : « Accueillez le Christ dans son Église qui est sa présence permanente dans l’histoire », dit Jean-Paul II aux jeunes.

Ailleurs, le Saint Pape spécifie encore le rapport entre le Christ et l’Église : « Entre le Christ et son Église, il existe un lien organique très étroit et profond. Le Christ vit dans l’Église, l’Église est le mystère du Christ vivant et agissant au milieu de nous ».

Un troisième texte où le Pape des jeunes souligne très fortement le lien intime entre le Christ et l’Église mérite encore d’être cité : « Je vous souhaite d’approfondir plus la réalité de cette Église dans ses diverses dimensions. […] Et je le fais avec une finalité spéciale parce que Jésus-Christ est présent dans l’Église. C’est peu dire que de dire qu’il est présent : l’Église c’est Lui et Il est l’Église. Saint Paul disait que l’Église est le Corps du Christ. Cela veut dire que l’Église est le Christ et le Christ est l’Église ».

Ainsi, le Corps mystique du Christ qui s’incarne historiquement dans l’Église institutionnelle sans toutefois se confondre avec elle, c’est le Christ Lui-même. D’où la fameuse affirmation du Docteur Angélique que Jean-Paul II reprend à son compte : « le Christ plus l’Église, ce n’est rien d’autre que le Christ seulement »5. On peut donc en conclure : « Ubi ecclesia, ibi Christus » (Là où est l’Église, là est le Christ). C’est ce que confirme le Pape lorsque, parlant du Christ aux jeunes lors des JMJ de Denver (USA), il déclare : « Il est ici parce que l’Église est ici ». On peut citer aussi sainte Jeanne d’Arc qui disait : « m’est avis que le Christ et l’église, c’est la même chose ! ». A la suite de Jean-Paul II, n’ayons de cesse de souligner et de rappeler à nos jeunes,

5 SAINT THOMAS D’AQUIN, Commentaire aux Éphésiens.14

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l’inséparabilité entre le Christ et l’Église : « Celui qui croit au Christ le professe présent dans l’Église qui est son Corps. Il n’est pas possible de séparer l’Église du Christ ; on ne peut dissocier Jésus de son Église » ; ou encore : « Et n’oubliez pas de chercher le Christ et de reconnaître sa présence dans l’Église. Elle est comme le prolongement de son action salvifique dans le temps et l’espace. C’est en elle et au moyen d’elle que Jésus continue à se rendre visible aujourd’hui et à se faire rencontrer des hommes ». On ne peut donc accepter la médiation du Christ pour aller à Dieu sans accepter en même temps celle de l’Église pour le trouver. A ce propos, Jean-Paul II se fait catégorique: « Rappelez-vous qu’il n’est pas possible d’être chrétien en refusant l’Église fondée sur Jésus Christ ». L’être chrétien est une « appartenance au Christ dans son Église » ; on ne peut véritablement appartenir au Christ en dehors de l’Église, encore moins contre elle. Toute rencontre authentique avec le Christ signe ipso facto l’entrée dans l’Église, mieux, elle se fait grâce à elle, comme en témoigne l’expérience de Saul.

Les valeurs familiales et les jeunes

A écouter leur compte-rendu, on peut dire que les jeunes ont une vision optimale des valeurs familiales. En effet, pour eux, la famille est le lieu primordial de l’éducation. Elle communique fondamentalement trois savoirs – savoir-vivre, savoir-être et savoir-faire – non pas de façon théorique, mais par l’exemple des parents, premiers modèles que les enfants imitent habituellement. Comme tels, leur sont dus avant tout respect, écoute, obéissance. Et puisqu’il s’agit de la famille africaine, les jeunes sont conscients aussi qu’elle recèle de beaucoup de valeurs telles que la solidarité, sans oublier celles du mariage traditionnel.

Si la justesse dans la pensée devrait induire la justice dans les actes, ce n’est pas tout à fait le cas pour les jeunes au sein de leurs familles. En effet, on assiste ici à une crise sans précédent dont les symptômes sont le manque de communication entre parents et jeunes, les incompréhensions, les conflits de générations, la soustraction à l’autorité des parents, voire le rejet de celle-ci, la soif d’une liberté sans contrôle. A la base d’un tel état de fait, se trouve d’une part, la crise contemporaine de l’institution familiale aggravée par les propositions mortifères de la Nouvelle éthique mondiale (unions irrégulières, familles désunies, abandon ou absence des parents, instabilité conjugale, séparations, divorces, défaut de modèles parentales valides) ; et d’autre part, les moyens de communication sociale, notamment les NTIC qui ont un fort impact psychologique sur les jeunes et qui, au regard des pressions qu’ils exercent sur eux, sont devenus ni plus ni moins que des chaires de déformation et de désinformation. S’il était besoin de s’en convaincre, il suffit de voir les temps que nos jeunes passent devant les écrans et leur fidélité quasi religieuse à suivre les feuilletons télévisés. On pourrait parler d’une addiction médiatique.

De toute évidence, cette rupture de transmission des valeurs familiales a des conséquences psycho-affectives et anthropologiques désastreuses sur les nouvelles générations. Entre autres, citons la peur de l’engagement, l’irresponsabilité, le manque de confiance et d’espérance, le scepticisme, le désenchantement, le pessimisme, le manque d’un sérieux projet de vie, l’absence de motivation et d’idéaux, les fragilités psychologiques, l’instabilité émotionnelle et affective, la sensation d’impuissance ou d’inutilité, l’aggravation de la peur et de la méfiance culturelles vis-à-vis des autres, la suspicion, le vide intérieur, l’incommunicabilité, l’angoisse par rapport à l’avenir, la passivité, la fascination pour l’instinctif, la séduction des messianismes, le mimétisme de masse, la soumission à l’arbitraire du groupe.

Il urge donc de développer une pastorale familiale pour faire advenir de solides et saines familles où les valeurs familiales soient transmises aux nouvelles générations.

Quelques orientationsDevant notre Père Évêque, Premier Pasteur de ce diocèse, devant un parterre d’éminents agents

pastoraux comme celui que j’ai devant moi, ce serait prétentieux de ma part de me risquer à des orientations pastorales. Je voudrais plutôt laisser la parole à une voix plus autorisée, celle du Pasteur Suprême de l’Église universelle, à travers l’Exhortation Apostolique « Christus vivit » qu’il vient de nous adresser.

Les jeunes et le bonheur143. Jeunes, ne renoncez pas au meilleur de votre jeunesse, ne regardez pas la vie à partir d’un balcon. Ne confondez pas le bonheur avec un divan et ne vivez pas toute votre vie derrière un écran. Ne devenez pas le triste spectacle d’un véhicule abandonné. Ne soyez pas des voitures stationnées. Il vaut mieux que vous

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laissiez germer les rêves et que vous preniez des décisions. Prenez des risques, même si vous vous trompez. Ne survivez pas avec l’âme anesthésiée, et ne regardez pas le monde en touristes. Faites du bruit ! Repoussez dehors les craintes qui vous paralysent, afin de ne pas être changés en jeunes momifiés. Vivez  ! Donnez-vous à ce qu’il y a de mieux dans la vie ! Ouvrez la porte de la cage et sortez voler ! S’il vous plaît, ne prenez pas votre retraite avant l’heure !

145. Contrairement à ce que beaucoup pensent, le Seigneur ne veut pas affaiblir ces envies de vivre. Il est bon de se souvenir de ce qu’un sage de l’Ancien Testament enseignait : « Mon fils, si tu as de quoi, traite-toi bien […] Ne te refuse pas le bonheur présent » (Si 14, 11.14). Le Dieu véritable, celui qui t’aime, te veut heureux. C’est pourquoi, dans la Bible, nous voyons aussi ce conseil adressé aux jeunes : « Réjouis-toi, jeune homme, dans ta jeunesse, sois heureux aux jours de ton adolescence […] Éloigne de ton cœur le chagrin » (Qo 11, 9-10). Car Dieu est celui qui « pourvoit largement à tout, afin que nous en jouissions » (1Tm 6, 17).

158. Chercher le Seigneur, garder sa Parole, essayer de répondre par sa propre vie, grandir dans les vertus, cela rend fort le cœur des jeunes. C’est pourquoi il faut garder la connexion avec Jésus, être en ligne avec lui, puisque tu ne grandiras pas en bonheur et en sainteté par tes seules forces ni par ton esprit. De même que tu fais attention à ne pas perdre la connexion Internet, fais attention à ce que ta connexion avec le Seigneur reste active ; et cela signifie ne pas couper le dialogue, l’écouter, lui raconter tes affaires et, quand tu ne sais pas clairement ce que tu dois faire, lui demander : Jésus, qu’est-ce que tu ferais à ma place ?[84]

167. Dieu aime la joie des jeunes et il les invite spécialement à cette joie qui se vit en communion fraternelle, à cette allégresse supérieure de celui qui sait partager, parce que « il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir » (Ac 20, 35) et que « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2Co 9, 7). L’amour fraternel multiplie notre capacité de bonheur car il nous rend capable d’être heureux du bien des autres : « Réjouissez-vous avec qui est dans la joie » (Rm 12, 15). Que la spontanéité et l’élan de ta jeunesse se changent chaque jour davantage en spontanéité de l’amour fraternel, en courage pour répondre toujours par le pardon, par la générosité, par l’envie de faire communauté. Un proverbe africain dit  : “Si tu veux aller vite, marche seul. Si tu veux aller loin, marche avec les autres”. Ne nous laissons pas voler la fraternité.

273. Quand l’on découvre que Dieu appelle à quelque chose, que l’on est fait pour cela – qu’il s’agisse de devenir infirmier(e), ou menuisier, ou de travailler dans la communication, l’enseignement, l’art ou de tout autre travail – alors on est capable de faire fleurir ses meilleures capacités de sacrifice, de générosité et de don de soi. Savoir que l’on ne fait pas les choses sans raison, mais avec un sens, comme réponse à un appel qui résonne au plus profond de son être pour apporter quelque chose aux autres, fait que ces tâches donnent à son propre cœur une expérience particulière de plénitude. Ainsi le disait l’ancien livre biblique de l’Ecclésiaste : « Je vois qu’il n’y a de bonheur pour l’homme qu’à se réjouir de ses œuvres » (Qo 3, 22).

Les jeunes et l’Eglise39. « Si, pour beaucoup de jeunes, Dieu, la religion et l’Eglise semblent des mots vides, ils sont sensibles à la figure de Jésus, lorsqu’elle est présentée de façon attrayante et efficace ».[14] C’est pourquoi il est nécessaire que l’Eglise ne soit pas trop attentive à elle-même mais qu’elle reflète surtout Jésus-Christ. Cela implique qu’elle reconnaisse avec humilité que certaines choses concrètes doivent changer, et que pour cela il faut aussi prendre en compte la vision, voire les critiques des jeunes.

40. Au cours du Synode, il a été reconnu « qu’un nombre important de jeunes, pour les raisons les plus diverses, ne demandent rien à l’Eglise car ils considèrent qu’elle n’est pas significative pour leur existence. Certains demandent même expressément qu’elle les laisse tranquilles, car ils ressentent sa présence comme désagréable, sinon irritante. Cette requête ne naît pas, la plupart du temps, d’un mépris acritique ou impulsif, mais s’enracine dans des raisons sérieuses et respectables : les scandales sexuels et économiques, l’inadaptation des ministres ordonnés qui ne savent pas saisir de façon appropriée la sensibilité des jeunes, le manque de préparation des homélies et de la présentation de la Parole de Dieu, le rôle passif assigné aux jeunes à l’intérieur de la communauté chrétienne, les difficultés de l’Eglise à rendre raison de ses positions doctrinales et éthiques face à la société contemporaine ».[15]

41. Même s’il y a des jeunes qui se réjouissent de voir une Eglise se montrant humblement sûre de ses dons et de sa capacité de faire une critique loyale et fraternelle, d’autres jeunes réclament une Eglise qui écoute davantage, qui ne soit pas toujours à condamner le monde. Ils ne veulent pas voir une Eglise silencieuse et timide, ni toujours en guerre sur deux ou trois thèmes qui l’obsèdent. Pour être crédible face aux jeunes, elle

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a parfois besoin de retrouver l’humilité et d’écouter simplement, de reconnaître dans ce que disent les autres la présence d’une lumière qui l’aide à mieux découvrir l’Evangile. Une Eglise sur la défensive, qui n’a plus l’humilité, qui cesse d’écouter, qui ne permet pas qu’on l’interpelle, perd la jeunesse et devient un musée. Comment pourra-t-elle accueillir de cette manière les rêves de ces jeunes ? Bien qu’elle possède la vérité de l’Evangile, cela ne signifie pas qu’elle l’ait comprise pleinement ; il lui faut au contraire toujours grandir dans la compréhension de ce trésor inépuisable.[16]

Les jeunes et la famille80. Certains jeunes « ressentent les traditions familiales comme opprimantes et les fuient sous l’impulsion d’une culture mondialisée qui, parfois, leur ôte tout point de référence. Dans d’autres parties du monde, en revanche, il n’y a pas de véritable conflit intergénérationnel entre jeunes et adultes, mais ceux-ci s’ignorent réciproquement. Parfois les adultes ne cherchent pas ou ne parviennent pas à transmettre les valeurs de base de l’existence ou adoptent des styles juvéniles, inversant ainsi le rapport entre les générations. De la sorte, la relation entre les jeunes et les adultes risque de s’arrêter au plan affectif, sans jamais toucher la dimension éducative et culturelle ». [32] Que de mal cela fait aux jeunes, même si certains ne s’en rendent pas compte ! Ces mêmes jeunes nous ont fait remarquer que cela complique énormément la transmission de la foi   « dans certains pays où il n’y a pas de liberté d’expression et où on les empêche de participer à la vie de l’Eglise  ».[33]

242. Les jeunes doivent être respectés dans leur liberté, mais ils doivent être aussi accompagnés. La famille devrait être le premier espace d’accompagnement. La pastorale des jeunes propose un projet de vie depuis le Christ : la construction d’une maison, d’un foyer bâti sur le rocher (cf. Mt 7, 24-25). Ce foyer, ce projet pour la plupart d’entre eux sera concrétisé dans le mariage et l’amour conjugal. Par conséquent, il est nécessaire que la pastorale des jeunes et la pastorale familiale soient dans un prolongement naturel, en travaillant de manière coordonnée et intégrée, afin de pouvoir accompagner adéquatement le processus vocationnel.

262. Le Synode a souligné que « la famille continue de représenter le principal point de référence pour les jeunes. Les enfants apprécient l’amour et l’attention de leurs parents, les liens familiaux leur tiennent à cœur et ils espèrent réussir à former, à leur tour, une famille. Indéniablement, l’augmentation des séparations, des divorces, des secondes unions et des familles monoparentales peut causer de grandes souffrances et une crise d’identité. Parfois, ils doivent porter des responsabilités qui ne sont pas proportionnées à leur âge et qui les contraignent à devenir adultes avant le temps normal. Les grands-parents offrent souvent une contribution décisive sur le plan affectif et au niveau de l’éducation religieuse : par leur sagesse, ils sont un maillon décisif dans le rapport entre les générations».[145]

263. Il est vrai que les difficultés dont ils souffrent dans leur famille d’origine amènent beaucoup de jeunes à se demander si former une nouvelle famille vaut la peine, si être fidèles, être généreux vaut la peine. Je veux leur dire que oui, ça vaut la peine de parier sur la famille et qu’en elle, ils trouveront les meilleures stimulations pour grandir et les plus belles joies à partager. Ne vous laissez pas voler l’amour pour de vrai. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui proposent une vie de débauche individualiste qui conduit finalement à l’isolement et à la solitude.

Parole aux JBEt puisque nous avons commencé en nous mettant à l’écoute des jeunes comme le Synode nous y

invite instamment, nous finirons de la même façon. Écoutons donc le témoignage de quelques jeunes qui justement, ont fait l’expérience de ce bonheur, en faisant confiance à l’Eglise, et en accueillant les valeurs de l’évangile dans une institution fondée pour eux, j’ai nommé l’Ecole Catholique Internationale de prière et d’évangélisation Jeunesse Bonheur.

CONCLUSION

« L’homme est fait pour le bonheur. Votre soif de bonheur est donc légitime ».

Voilà ce que déclare le Saint Pape Jean-Paul II, le 25 juillet 2002 à Toronto, aux jeunes du monde entier réunis pour la XVIIe Journée Mondiale de Jeunesse (JMJ). Ce mot « bonheur » résumerait donc la multiplicité et la diversité de tous les désirs de l’homme et de la femme. Il est l’aspiration fondamentale de l’être humain. C’est l’objectif final de tout ce que nous faisons. C’est ce que nous recherchons en définitive à travers toutes nos activités, toutes nos entreprises, tous nos projets. C’est le but ultime de tous les chemins, de toutes les

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vocations que nous empruntons dans la vie. Ainsi, on se marie pour être heureux, on devient prêtre, religieux, religieuse, pour être heureux. On travaille, on étudie, on joue, on se divertit pour être heureux. De fait, personne, à moins d’être en proie à quelque pathologie, ne veut être malheureux, et qui plus est, n’agit pour l’être.

Si la soif du bonheur est propre à l’homme en général, « cette aspiration au bonheur […] caractérise particulièrement l’existence des jeunes ». De fait, il s’agit de la plus grande caractéristique de la jeunesse, la synthèse de toutes les aspirations et de tous les rêves qu’on peut avoir à cet âge-là : « vous tous jeunes, vous voulez être certainement heureux, peut-être plus que les autres ; la jeunesse porte en elle beaucoup de désirs centrés sur le bonheur ».

Mais il ne suffit pas de vouloir être heureux. Encore faudrait-il en prendre les voies et moyens. Et c’est souvent à ce niveau que le bât blesse. En effet, une fausse conception du bonheur amène pas mal de jeunes à se fourvoyer sur les chemins qui y mènent réellement, à se condamner à une vie insipide et finalement, à renoncer purement et simplement au bonheur en adhérant à l’adage : « le bonheur n’est pas de ce monde ». Or, Dieu ne peut pas nous créer pour une réalité qui nous serait inaccessible. « Le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables », nous apprend du reste la Petite Thérèse.

Comment donc trouver le bonheur ? Quel est le chemin du bonheur des jeunes ? Grand apôtre des jeunes s’il en fût, Jean-Paul II leur répond : Jésus « seul peut combler la soif de bonheur que vous portez en vous parce qu’il est le chemin, la vérité et la vie (cf. Jn 14, 6) ». Mieux, le Christ incarne en sa personne le bonheur ainsi que le Saint Pape le dit très clairement aux jeunes du monde entier durant l’inoubliable veillée de prière du 19 août 2000 à Tor Vergata (Rome) : « En réalité, c’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez du bonheur ; c’est Lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait ; c’est Lui la beauté qui vous attire tant ». Il ne reste plus aux jeunes qu’à faire confiance à l’Église, en accueillant les valeurs de l’évangile et de la famille. Pour les y aider, à leurs côtés, se tiennent les agents pastoraux que nous sommes. Puissions-nous faire de l’accompagnement que nous leur proposons une pastorale finalisée à la réalisation d’« un projet de bonheur ».

Je vous remercie.

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QUATRIEME CONFERENCEThème   : La jeunesse et le Mariage : Comment y aller et comment y rester ?Conférencier   : Mr Didas et Marie Caroline AGBIDINOUKOUN

INTRODUCTION   : L’Eglise d’Abomey a consacré en octobre dernier la troisième année consécutive à la pastorale de la

jeunesse. Les réflexions à l’occasion des séances de quasimodo ces deux dernières années ont porté en majorité sur des problèmes liés à la jeunesse et pour cause. Evoluant dans un contexte mondial caractérisé par un environnement moral de plus en plus pollué, la jeunesse vit en permanence sous menace d’influence d’idéologies saugrenues et confusionnistes. Ces réflexions ont alors pour objectifs d’éclairer et d’aider la jeunesse à trouver de bon repère en vue de poursuivre sa marche vers son bien être et le salut.Ainsi, après le thème sur : LES JEUNES LA FOI ET LE DISCERNEMENT DES CHOIX DE VIE en 2017 et repris en 2018, il nous est proposé de réfléchir cette fois-ci au cœur du thème de notre année pastorale sur, LA JEUNESSE ET LE MARIAGE : COMMENT Y ALLER, COMMENT Y RESTER.

Vous en convenez avec nous qu’il ne s’agit pas ici de discours philosophique ou théologique encore moins canonique ou de spécialité, mais d’idées pratiques et de solutions concrètes pouvant aider la jeunesse à relever le défit de son accomplissement. Dans le développement de nos idées nous parlerons de la Jeunesse, du Mariage coutumier, civil et religieux. Nous finirons par quelques conseils pour aller au mariage et y rester.

LA JEUNESSEElle se définit généralement comme période de vie humaine comprise entre deux âges, périodes,

temps ou moments. Selon le pape JP II elle est précisément, la sortie des années de l’enfance et se distingue de la pleine maturité. Dans les documents préparatoires du synode des évêques sur la jeunesse, il est admis que les jeunes sont les personnes d’âge compris entre environ 16 et 29 ans. Il faut relativiser ce critère puisse qu’il peut varier selon les circonstances locales. Pour nous, la jeunesse est dans l’âme et l’âme n’a pas d’âge.Selon le Saint Pape Jean Paul II ami des Jeunes, la jeunesse actuelle présente quelques caractéristiques que nos années d’expériences professionnelles nous ont permis aussi de vérifier:

- C’est une jeunesse critique qui, ayant considérablement augmenté le patrimoine culturel, est portée logiquement à penser plus, à réfléchir, à juger ;

- C’est une jeunesse exigeante qui tout en exagérant peut-être quelques fois et en cédant à l’égoïsme personnel veut et aspire à l’honnêteté à la véridicité, à la justice, à la cohérence ;

-C’est une jeunesse souffrante à cause de la contradiction des idéologies qui la frappent, à cause de la dévalorisation continuelle des idéaux dont elle est spectatrice. -C’est une Jeunesse interrogeante qui veut se rendre compte des évènements, qui cherchent le sens de sa propre vie et la signification de l’histoire humaine et de l’univers entier, qui demande certitude et clarté sur son propre destin et par rapport à sa propre conduite. -C’est une Jeunesse assoiffée de vérité, d’idéaux de vie, de responsabilités, de beauté morale, d’innocence de joie.Le Père Cyrille U. MIYIGBENAN (Directeur de l’école Jeunesse Bonheur), de son expérience d’accompagnateur de la Jeunesse a prolongé ses caractéristiques en ces termes :

Au plan économique   : la jeunesse est confrontée à des difficultés telles que: - le chômage, le manque de logement, les maladies, la pauvreté et la faim.Au plan socio- culturel et éthique   : on peut citer le défit de l’attrait du gain facile, le conformisme. L’ambition sans scrupule, la séduction des faux messies, la corruption, la fraude, la tricherie, l’immoralité, le libertinage sexuel ; la pornographie, la drogue, la toxico dépendance, la prostitution etc.….Au plan spirituel   :  On peut retenir que les Jeunes de nos jours ne sont pas du tout crédules encore moins naïfs. Ils ne tiennent rien comme allant de soit, n’accepte une vérité après l’avoir éprouvée comme telle. Du coup le crédit qui étais jadis accordé a priori aux adultes- Parents, Educateurs, Formateurs, Pasteurs - et la confiance qui était d’office faite à leur parole ont presque totalement disparu. On est en présence d’une Jeunesse avec qui les arguments d’autorités ne valent plus ; une Jeunesse avec laquelle il faut désormais tout expliquer et tout justifier et qui par conséquent se montrent réticente voir rebelle à tout dogmatisme et tout ce qui est unilatéralement imposé. La Jeunesse actuelle traverse une crise profonde dans la quelle on peut déceler quatre niveaux : une crise vis- avis de l’institution religieuse (l’église en occurrence), une crise à l’égard des religions elles- mêmes (le

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christianisme en particulier), une crise par rapport à Dieu, le tout débouchant sur une crise du sens de la vie bref une crise existentielle.Voilà la Jeunesse dont l’Eglise pourtant se préoccupe, à la quelle elle fait confiance et quelle accompagne parce qu’elle la croit capable du meilleur. Car minoritaire peut être, bien des jeunes parviennent à relever le défis des valeurs et des nobles désirs tels que le mariage. Oui du mariage, que retenir ? Le Mariage   : C’est l’acte qui consacre l’union entre deux personnes fondant un foyer. On distingue le mariage coutumier, le mariage civil et le mariage religieux.Le mariage coutumier

Selon le témoignage d’un ancien, le mariage en milieu traditionnel ″ fon″  autrefois était l’affaire du chef de la collectivité familiale. Mais cette coutume a disparu progressivement. Ont distingue deux étapes dans le processus au mariage coutumier : les fiançailles et l’union des époux.

A l’origine, les Parents de la Fille, avant même que celle-ci ait atteint l’âge de la raison la promettent à telle personne d’une famille amie : c’est un gage d’amitié, une marque de déférence, un moyen aussi de se ménager des facilités de relations, surtout si la famille gratifiée jouit de quelque influence, enfin le plus sûr moyen de s’assurer des secours. Enfin, selon la convenance et les usages, le jeune homme à qui est destinée une fille est tenu à certaines obligations. Déposer une partie de ses récoltes aux pieds de ses futurs beaux parents. Assister les beaux-parents dans certains travaux tels que la réparation de leurs habitations, la culture des champs etc… Leur porter surtout de réels secours à l’occasion des funérailles de proche-parents. S’il arrive que le mariage ne se réalise pas, un compte serré de tous ces services est tenu à leurs bénéficiaires. Il n’y a par contre aucun compte à tenir si la jeune fille vient à mourir.Mais à la mort du jeune homme, il se trouve ordinairement quelqu’un de ses frères ou proche parent pour le remplacer. Cette pratique à l’inconvénient d’aboutir presque toujours à un mariage forcé, une pratique interdite et puni par la loi.

Le mode de fiançailles qui offre le plus d’avantage est le suivant : les deux jeunes gens développent d’abord une simple amitié, s’entendent ensuite entre eux pour devenir mari et femme ; le jeune homme décide un jour et dévoile ses intentions à ses parents et les détermine à entreprendre auprès de la famille de la fille, les démarches nécessaires pour obtenir la main qu’il convoite.

Soit du côté du jeune homme ou de la jeune fille les familles peuvent trouver des raisons pour ne pas souscrire au désir de leurs enfants. Les causes habituelles d’une telle opposition sont :

- une vieille haine entre les deux familles ;- La grossièreté des coutumes chez l’une d’entre elles, - La mauvaise étoile du prétendant devenu déjà plusieurs fois veuf.

- Une tare notoire, un travers physique, la diversité religieuse etc.…Lorsqu’il n’y a pas d’objection, les parents du jeune-homme font la demande de main qui inaugure les fiançailles en cas d’avis favorable. La dot constituée essentiellement de liqueurs, de pagnes et de symboliques présents aux parents conclut le mariage qui peut être célébré à une date que fixera la famille du fiancé. L’aspect religieux du mariage coutumier consiste simplement à offrir des sacrifices aux divinités ancestrales familiales de la fiancée dans certaines coutumesLe mariage civil

Il peut se définir en droit béninois comme étant « un acte juridique solennel par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union dont la loi civile règle impérativement les conditions, les effets et la dissolution. Selon le code des Personnes et de la Famille du 24 aout 2004, seul le mariage célébré par un officier de l’état civil a des effets légaux. Ce code ne reconnait que seul le mariage monogamique des personnes de sexes opposés. (Cf : Article 123, 126 ,142)Le mariage religieux Le mariage sacrement est celui voulu par Dieu. Jésus l’a clairement signifié aux pharisiens dans l’évangile de Mathieux : « N’avez vous pas lu que le créateur au commencement les fit mâle et femelle qu’il a dit  : c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et les deux ne feront qu’une seule chaire .Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mt 19,4-6).Le canon 1055 de l’actuel code de droit canonique (1983) définit le mariage comme « l’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants ».Pour sanctifier la famille ,cellule primordiale de la société, le sacrement de Mariage donne aux époux les grâces dont ils ont un si grand et pressant besoin , la grâce de la fidélité absolue et constante, la grâce de respecter la sainteté du lit conjugal ,malgré les sollicitations contraires de la concupiscence , la grâce de se

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consacrer avec un inaltérable dévouement à l’éducation chrétienne des enfants. Compte tenu de l’étendue et de l’importance des responsabilités auxquelles les époux sont engagés par le mariage sacramentel, il convient de s’y préparer avec tout le sérieux requis. Comment y aller donc.

COMMENT Y ALLER ?L’Engagement au Mariage requiert des précautions qui, lorsqu’elles sont observées lui assurent le

succès Nous en citons quelques une

L’Amour L’Autonomie Financière La Décision La Formation au Mariage Les Examens Prénuptiaux Le Respect Réciproque

1- L’Amour L’union entre les époux doit être la conséquence de ce qu’ils éprouvent l’un pour l’autre .Le mariage

doit être suscité et se baser sur l’amour. Toute autre source de motivation est hasardeuse.2- L’indépendance Financière

Il est essentiel que l’un et l’autre des fiancés jouissent d’une capacité réelle à se prendre en charge et à subvenir aux besoins du ménage en projet.

3- La Décision

Puisqu’il n’y a pas du vent favorable à qui ne sait où il va, l’étape de la décision doit être formalisée et faire parti du processus qui conduit au mariage.

Le mariage est une question trop sérieuse pour qu’on s’y retrouve un jour par hasard, contrainte ou surprise. Il faut pouvoir librement décider d’y aller ou non, de quand y aller, bientôt ou plus tard et d’avec qui y aller.Il faut avoir un rêve, en évaluer les exigences de mêmes que ses propres atouts pour le réaliser. Jésus nous l’enseigne d’ailleurs dans un passage de son évangile« En effet, lequel d’entre vous, quand il veut bâtir une tour, ne commence par s’assoir pour calculer la dépense et juger s’il a de quoi aller jusqu’au bout. » ? (Lc 14,28) Or ici, plus qu’une tour, il s’agit de bâtir une vie à plusieurs, un foyer. A cet effet l’Eglise a un défit à relever  : La formation des fidèles chrétiens au discernement. Le Pape François a fait de cette préoccupation son intension de prière du mois de mai dernier.A cette phase de décision, un détail parait très important ; celui relatif au choix du ou de la partenaire. S’il est vrai que l’amour est détenant dans le choix à faire, il est encore plus vrai que le seigneur qui a dit   « Je suis venu pour que vous ayez la vie et la vie en plénitude » (Jn 10,10) n’est indifférent à aucun aspect de l’existence humain. Il importe donc aux protagonistes de prier et laisser Dieu les choisir l’un pour l’autre.La formation au mariage.

Il n’est pas souhaitable que les fiancés aillent au mariage comme à l’aventure. L’occasion des fiançailles doit être saisie par les acteurs pour apprendre à se connaître et s’aimer davantage. Cette période doit être mise à profit pour soulever et débattre des grands sujets de couple tels que :- la stérilité dans le mariage, le sexe et le nombre d’enfants souhaités, la relation du couple avec les beaux parents etc…Discuter donc de ces genres de sujets et en avoir un point de vu rapproché. La formation au mariage doit commencer par là avant de se poursuivre dans les écoles de mariage dont l’initiative encore embryonnaire doit s’étendre à tout le diocèse.Les examens prénuptiaux

Ces examens sont obligatoires pour les deux partis. Ce sont :- L’Electrophorèse de l’hémoglobine pour rechercher la drépanocytose, affection chronique menaçante

pour la procréation. - Le groupage sanguin, facteur rhésus - Le VIH / SIDA.- L’Hépatite - L’Antigène HBs et enfin - L’Asthme.

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Le test positif de l’un et ou l’autre des fiancés à certains de ces examens peut être un empêchement sérieux à l’union à cause des difficultés de procréation. Dans les autres cas, un traitement ou quelques précautions médicales peuvent déjà éliminer le danger. Il faut donc savoir à quoi on s’engage avant d’aller plus loin.Le respect réciproque.

Nous faisons ici allusion à l’abstinence prénuptiale. Cette mesure bien que contraignante, aide les fiancés à développer des aptitudes psychologiques et éthiques favorable au respect de la chasteté et de la dignité du mariage. Beaucoup enfreignent hélas à ce principe par manque de retenu. Mais pour d’autres, il faut nécessairement avoir un ou deux enfants avant d’aller au mariage. Par peur d’être confronté à la question de la stérilité dans le mariage. De notre expérience personnelle, nous confirmons qu’aller au mariage en observant ces précautions est gage de réussite.

COMMENT Y RESTERLe Pape François a longuement répondu à cette question dans son exhortation apostolique poste

synodal ″Amoris Laetitia ″ ″ou la Joie de l‘Amour″ à travers un sublime enseignement inspiré de l’hymne à la charité de St Paul qui énonce quelques caractéristiques de l’amour véritable.

Devant l’Amour entre Dieu le Père et son Fils, entre Jésus-Christ et son Eglise, le Pape qualifie l’amour entre les époux comme imparfait et explique que cette imperfectibilité constitue le charme même du mariage. Car les époux doivent s’efforcer tous les jours à travailler à la perfection de leur amour.

Les époux doivent cultiver dans la vie qu’ils partagent tous les jours entre eux et avec les enfants un amour qui prend Patience, rend service, n’envie pas, ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas d’orgueil, ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal, ne se réjouit pas d’injustice, mais qui met sa joie dans la vérité, excuse tout, croit tout , espère tout, supporte tout (1 Co 13, 4-7).

Il s’agit pour les époux de ne pas perdre de vue la nécessiter d’œuvrer au quotidien à devenir ce qu’ils sont. Ce n’est pas une tâche du tout aisée mais ils pourront en trouver la force dans l’Eucharistie et la prière en famille au quotidien.

Ils doivent faire des moments de prières des occasions de francs dialogues pour aplanir les éventuelles divergences. L’accompagnement spirituel d’un prête avant, pendant et après le mariage est aussi important.

En définitif, tout se résume à ce que le Christ nous a enseigné : Aimer Dieu et le ProchainEvitez l’un à l’autre le mal que vous détestez et faites l’un à l’autre le bien que vous désirez, car

l’Amour, la Foi et la Justice constituent la pierre d’angule du mariage.Excellence, Révérends Pères, Révérendes Sœurs, Mesdames et Monsieur voilà notre modeste

contribution à la réflexion ouverte sur LA JEUNESSE ET LE MARIAGE merci de votre attention.

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CINQUIEME CONFERENCEThème   : L’évangélisation des jeunes à l’ère du numériqueConférencier   : Père Eric OKPEICHA

L’Evangélisation des jeunes L’Evangélisation des jeunes à à

l’ère de la culture numérique l’ère de la culture numérique En guise de conclusion En guise de conclusion

Le mandat du Christ Ressuscité à ses apôtres est toujours d’actualité : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples… Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… » (Mt 28, 19)

En guise de conclusionEn guise de conclusion

Si le message évangélique n’a pas changé de contenu depuis des siècles, les destinataires changentles destinataires changent d’une époque à une autre. Il revient alors au communicateur d’ADAPTER communicateur d’ADAPTER son message aux spécificités socio-culturelles des destinataires.

En guise de conclusionEn guise de conclusion

Quelles sont les caractéristiques de la culture numériqueles caractéristiques de la culture numérique dans laquelle baignent les jeunes aujourd’hui? Comment leur porter efficacement l’Evangile du Christ ?

Le numériqueLe numérique

Les progrès des technologies de l'information et de la communication reposent pour l'essentiel sur une innovation technique fondamentale : la numérisationla numérisation.

Dans les systèmes traditionnels - dits analogiquesdits analogiques - les signaux (radio, télévisions, etc.) sont véhiculés sous la forme d'ondes électriques continues.

Le numériqueLe numérique

Avec la numérisation, ces signaux sont codés comme des suites de nombresces signaux sont codés comme des suites de nombres, eux-mêmes souvent représentés en système binaire par des groupes de 0 et de 1.

Le signal se compose alors d'un ensemble discontinu de nombres ensemble discontinu de nombres : il est devenu un fichier de nature informatique.

Le numériqueLe numérique

On qualifie donc de numériquenumérique une information qui peut se représenter sous forme de nombre ; le thermomètre électronique

Le système analogiquesystème analogique, c’est le système du thermomètre à mercure. Tout comme la fièvre monte, le mercure aussi…

Le numériqueLe numériqueLe numérique n’est pas qu’un ensemble d’outilsn’est pas qu’un ensemble d’outils : il n’est pas seulement un ensemble de dispositifs techniques qui permettent de mieux faire ce que nous faisions avant.

Il cristallise une cultureune culture.

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La culture numérique La culture numérique La culture comme l’« ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » (UNESCO, 1982)

La culture numériqueLa culture numérique

Les moyens de communication ont produit des mutations sociologiques importantes au niveau :

de la pratique communicationnelle, de la définition de soi, de la présence de soi au monde Des interactions sociales ou des relations interpersonnelles De la participation citoyenne De la création culturelle…

La culture numériqueLa culture numérique La culture numérique pourrait être définie par l’ensemble des savoirssavoirs, des manières d’être au

monde, de penser et d’agirde penser et d’agir des personnes appartenant à une société fortement marquée parsociété fortement marquée par l’utilisation massivel’utilisation massive des technologies de l’information et de la communication.

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique

1- Grande influence de l’internet Grande influence de l’internet

Résumé sous l’acronyme « ATAWAD » (Any Time, Any Where, Any Device), Internet offre la possibilité d’avoir accès à toutaccès à tout, tout de suitetout de suite, des critères d’illimitédes critères d’illimité et de rapidité rapidité que les jeunes (18-35 ans) en général transposent et réclament dans l’ensemble de la vie ordinaire.

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique

L’internet condense à lui seul :

l’hypertextualité, l’hypertextualité, la multimédialité, la multimédialité, l’interactivité, l’interactivité,

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique L’internet condense à lui seul :

l’accessibilité’accessibilité, la mise à jour en temps réel, la mise à jour en temps réel, le tout à un coût relativement bas. un coût relativement bas.

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique 2- Individualisme et autonomie 2- Individualisme et autonomie

Deux vertus cardinales de l’ère numérique. L’exacerbation du Soi est élevée au rang de religion. Le Web 2.0 et les blogs en particulier offrent la possibilité de mettre en avant sa vie privéeoffrent la possibilité de mettre en avant sa vie privée.

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique

3- La boulimie de l’information 3- La boulimie de l’information

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Avec l’immédiateté de l’information, naissent l’anxiété d’être toujours à jour et la volonté vorace de tout savoir.

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique 4- La superficialité dans le traitement de l’information 4- La superficialité dans le traitement de l’information

La superficialité et la simplification réductrices deviennent le cadre conceptuel.

Une grosse difficulté à se concentrer et à garder le silence.

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique 5- La démocratisation de l’information 5- La démocratisation de l’information

Avec l’internet et surtout le web 2.0, tout internaute peut créer et partager du contenutout internaute peut créer et partager du contenu. Les médias traditionnels ont perdu le monopole de la production de l’information. Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique4- De nouveaux types de relations interpersonnelles4- De nouveaux types de relations interpersonnelles La cybersocialisationcybersocialisation à travers les groupes, les fora… Les relations nées dans vie réelle ou online se poursuivent et s’entretiennent par le chat.Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique5- Forte tendance à la dérision 5- Forte tendance à la dérision

La communication interpersonnelle à l’ère du numérique, est aussi dominée par l’humour, l’auto-dérision… Tout le monde peut être tourné en dérision.

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique 6- Hédonisme et hypersexualisation 6- Hédonisme et hypersexualisation La sexualité est déconnectée de l’éthique et se donne pour finalité, le plaisir. Les sites pornographiques se multiplient à un rythme vertigineux !Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique 6- Hédonisme et hypersexualisation 6- Hédonisme et hypersexualisation « le monde numérique est aussi un espace de solitude, de

manipulation, d’exploitation et de violence, jusqu’au cas extrêmedu dark web…. «  Christus vivit, n°88

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique 7- Modification du rapport au temps et à l’espace7- Modification du rapport au temps et à l’espace Le temps et la rapidité d’accès aux contenus jouent un rôle essentiel. La génération connectée génération connectée ne sait

plus attendreattendre. L’immédiateté des échanges modifie le rapport au temps et à l’espace au temps et à l’espace de cette nouvelle génération. Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique8- Primat de la communication horizontale 8- Primat de la communication horizontale

Cela se remarque par le rejet de tout discours d’autorité discours d’autorité ou idéologiques. La communication descendantecommunication descendante est rejetée au profit de la communication horizontale. la communication horizontale. D’où une certaine aversion pour les institutionsD’où une certaine aversion pour les institutions classiques jugées trop normatives et autoritairesclassiques jugées trop normatives et autoritaires

Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique

8- Mobilité et soif de liberté absolue 8- Mobilité et soif de liberté absolue

De même qu’on zappe les informations ou les chaînes, de même on voudrait zapper les personnes….On parlerait volontiers du nomadismenomadisme, du bougisme…bougisme…Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique9- Préférence pour le virtuel 9- Préférence pour le virtuel

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Le monde virtuel devient l’univers permanent. On va jusqu’à la cybersexualitécybersexualité au profit de la sexualité réelle. Difficulté à se confronter après au monde réel. Caractéristiques de la culture numériqueCaractéristiques de la culture numérique10- Tout est critiquable 10- Tout est critiquable Tout se réduit au ponctuel, vérifiable ici et maintenant. A cela, il faut ajouter un esprit critique aigu. Tout est critiquable. Evangéliser les jeunes de la culture numériqueEvangéliser les jeunes de la culture numérique1°) Rejoindre les jeunes là où ils sont et marcher avec eux 1°) Rejoindre les jeunes là où ils sont et marcher avec eux «  Jésus est Jeune parmi les jeunes Jésus est Jeune parmi les jeunes afin d’être est un exemple pour les jeunes et les consacrer au Seigneur».

C’est pourquoi le Synode a affirmé que la jeunesse est une période originale et stimulante de la vie, que Jésus lui-même a vécue, en la sanctifiant ». Christus vivit, n°22

Evangéliser les jeunes de la culture numériqueEvangéliser les jeunes de la culture numérique2°) La cohérence de vie 2°) La cohérence de vie

« Il ne faut pas oublier, néanmoins, que la fécondité du ministère sacerdotal dérive avant tout du Christ rencontré et écouté dans la prière, annoncé dans la prédication et le témoignage de vie, connu, aimé et célébré dans les Sacrements, particulièrement de la Très Sainte Eucharistie et de la Réconciliation. »

Evangéliser les jeunes de la culture numériqueEvangéliser les jeunes de la culture numérique

Benoît XVI, «Le prêtre et la pastorale dans le monde numérique: les nouveaux médias au service de la Parole» Message pour le 44ème Journée Mondiale des communications sociales, 16 mai 2010.

Evangéliser les jeunes de la culture numériqueEvangéliser les jeunes de la culture numérique

3°) La compétence technologique3°) La compétence technologique« Rester timidement en arrière par peur de la technologie peur de la technologie ou pour d’autres raisons n’est pas acceptable,n’est pas acceptable, étant donné les innombrables possibilités positives qu’offre Internet » Eglise et internet, (2002) n°10

Evangéliser les jeunes de la culture numériqueEvangéliser les jeunes de la culture numérique4°) L’Eglise demande d’habiter le continent numérique 4°) L’Eglise demande d’habiter le continent numérique   

« … il est demandé aux prêtres la capacité d'être présents dans le monde numérique dans la fidélité constante au message évangélique, pour exercer leur rôle d'animateurs de communautés s’exprimant désormais, toujours plus souvent, au milieu des « voix » provenant du monde numérique,

Evangéliser les jeunes de la culture numériqueEvangéliser les jeunes de la culture numérique   « … et d’annoncer l'évangile en se servant, à côté des moyens traditionnels, de l'apport de la nouvelle génération des moyens audiovisuels (photos, vidéo, animations, (photos, vidéo, animations, blogblog, sites , sites webweb) ) qui représentent des occasions inédites de dialogue et même des outils indispensables pour l’évangélisation et la catéchèse. »

Evangéliser les jeunes de la culture numériqueEvangéliser les jeunes de la culture numérique   Benoît XVI, «Le prêtre et la pastorale dans le monde numérique: les nouveaux médias au service de la Parole»

Message pour le 44ème Journée Mondiale des communications sociales, 16 mai 2010.

Evangéliser les jeunes de la culture numériqueEvangéliser les jeunes de la culture numérique

5°) Nécessité d’un plan de communication pour les jeunes 5°) Nécessité d’un plan de communication pour les jeunes

Les structures (paroissiale et diocésaine)Les structures (paroissiale et diocésaine)

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Les moyens de communication Les moyens de communication Le site internet Le site internet Les réseaux sociaux (Facebook – YouTube…) et la Messagerie ( WhatsApp) Les réseaux sociaux (Facebook – YouTube…) et la Messagerie ( WhatsApp) Les émissions radiophoniques Les émissions radiophoniques Les émissions télévisuelles Les émissions télévisuelles Les hors-médias ( Théâtres, danses, proverbes…) Les hors-médias ( Théâtres, danses, proverbes…)  

ConclusionConclusionLes prouesses technologiques de la culture numériques constituent une belle opportunité une belle opportunité pour évangéliser les jeunes à condition de savoir s’y prendre avec prudence et méthodologie condition de savoir s’y prendre avec prudence et méthodologie sans oublier les moyens traditionnels et surtout le témoignage et la sainteté de viesainteté de vie.

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SIXIEME CONFERENCE

Thème   : Les jeunes face aux pièges de la nouvelle éthique mondiale : relativisme et perte des repères.Conférencier   : Père KOULODJI

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SEPTIEME CONFERENCEThème   : Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle : qu’ils écoutent moïse et les prophètes ! Conférencier   : Père HOUEGBELO Ange-Marie Bonaventure.

INTRODUCTION   :

-Excellence, Monseigneur Eugène Cyrille HOUNDEKON,-Vénérables et vénérés Confrères dans le Ministère sacerdotal au service du Royaume, -Bien-aimés sœurs et frères religieux et laïcs consacrés, vivants témoins de la con-quête de l’unique et véritable Bien, -Sœurs et frères en constante tension de perfection de vie dans le sacerdoce commun des fidèles. C’est avec plaisir que nous avons accepté de développer ce 7è sous-thème de la Session du Quasimodo de cette année qui maintient notre sollicitude commune, justement en communion avec notre Père-Evêque, au bénéfice de la jeunesse de notre Diocèse.A vrai dire, le libellé de ce sous-thème nous avait fortement enthousiasmé à la projection mentale du scenario entre Jésus et le jeune homme riche de l’Évangile, mais quelle ne fut pas notre surprise de constater que le second membre de la formulation : « Qu’ils écoutent Moïse et les Prophètes ! » ne constituait pas exactement la réponse que Jésus accordait à l’exigeante quête de perfection du jeune homme riche de l’Évangile ! Il devrait y avoir une raison à cela.Du coup, il nous a paru évident qu’à la quête sincère et exigeante du jeune homme riche – et de toute la jeunesse active de notre Diocèse–, notre Église-Famille voudrait apporter une réponse tout aussi sérieuse, concrète et exigeante qui, au final, débouche sur ce que la tradition spirituelle de l’Église nomme la sequela Christi, voie incontournable d’accomplissement et de perfection de toute vie chrétienne.

Nous abordons donc ce 7è sous-thème en deux temps conformément à la partition de sa formulation et nous l’explicitons en deux affirmations déjà conséquentes :

1) La quête d’idéal et de perfection, ici la « vie éternelle », se structure et obtient réponse uniquement dans le cadre des Écritures, la Parole de Vie qui indique les avenues de l’accomplissement de toute vie chrétienne : Qu’ils écoutent Moïse et les Prophètes !

2) En scrutant sincèrement les Écritures (Moïse et les Prophètes), nous aboutissons à Celui qu’elles prédisent et révèlent, Jésus, le terme de nos quêtes et tensions. Nous pouvons atteindre le but en nous laissant transformer par lui et en lui.

I/ POUR AVOIR LA VIE ÉTERNELLE : ÉCOUTER MOÏSE ET LES PROPHÈTES !

Nous le savons tous par expérience : la jeunesse est le temps du jaillissement, d’aventures, de quête d’épanouissement et d’idéal. Cette quête se déploie et s’illustre en mimétisme, en suivisme et parfois en « idolâtrie ». Qu’il nous suffise d’observer les nombreuses icônes des modes, top modèles et genres musicaux du show-biz qui séduisent nos jeunes collégiens et lycéens !Une évidence reste cependant : toute cette recherche exprime une exigence d’accomplissement de soi, un désir plus ou moins conscient de cadre et un chemin clair à suivre.Le jeune homme de l’Évangile est dans la même dynamique : en quête de repère, de norme et d’idéal, il a parcouru et épuisé toutes les propositions des sentiers battus – ici la loi mosaïque– et il soupçonne qu’il en faut plus. Il s’adresse à Jésus qui lui semble, de par ce qu’il irradie en tant que « Maître », le même à lui faire faire le pas définitif. Écoutons le texte :

 Et voici que quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » Il lui dit : « Lesquels ? » Jésus reprit : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage. Honore ton père et ta mère. Et aussi : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

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 Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? » Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » (Mt.19, 16-21).

Comme l’a noté si justement le saint Pape Jean-Paul II dans sa célèbre lettre Encyclique Veritatis Splendor6,

« Pour le jeune homme, avant d’être une question sur les règles à observer, c’est une question de plénitude de sens pour sa vie… Cette question traduit une aspiration au Bien absolu qui nous attire et nous appelle ; elle est l’écho de la vocation qui vient de Dieu, origine et fin de la vie humaine ».7

Qu’il nous plaise ici d’observer la dynamique de l’échange entre le jeune et Jésus  : à la demande basique et formelle de "ce qu’il doit faire" pour avoir la vie éternelle, Jésus ne se répand pas en prescriptions d’agir et de règles de conduites. Il le renvoie aux Écritures qui constituent la balise, le cadre de l’accomplissement de l’homme désireux de perfection, la norme de tout agir humain : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements »…Le saint Pape Jean-Paul II commente ainsi ce dialogue dans sa lettre Encyclique:

Le Christ est le Maître, le Ressuscité qui a en lui la vie et qui est toujours présent dans son Église et dans le monde. Il ouvre aux fidèles le livre des Écritures et, en révélant pleinement la volonté du Père, il enseigne la vérité sur l’agir moral.8

Observons maintenant juste en amont la pédagogie de Jésus : prenant le jeune homme presque par la main et le conduisant pas à pas, Jésus considère l’ampleur de sa quête dans toute son explicitation et l’ouvre progressivement à la vérité sur lui-même. A la demande pertinente : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? », Jésus émet la remarque : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu ; et lui seul ! ».

Ainsi, avant de répondre à la requête du jeune homme, Jésus désire qu’il clarifie pour lui-même le motif de sa démarche. Le « bon Maître » veut signifier à son interlocuteur que la réponse à son interrogation ne peut advenir qu’en orientant tout entier son esprit et son cœur vers Celui qui, « seul est Bon ». « Nul n’est bon que Dieu seul » rapportent Marc (10, 18) et Luc (18, 19). Dieu seul peut répondre à la question sur le bien parce qu’il est le Bien.9

De nos observations se dégage nettement une première certitude pour l’édification de notre jeunesse et de nous tous d’ailleurs : la quête de la perfection innée en nous parce que vocation originelle n’est pas d’abord une affaire d’observance et de pratiques morales. Elle est circonscrite et doit se mouvoir dans le cadre la Parole de Dieu qui, en même temps qu’elle nous révèle la volonté de Dieu sur et pour nous, nous le manifeste comme la bonté qui nous accomplit. La quête de perfection et d’achèvement qui nous est connaturelle n’est pas d’abord d’ordre éthique, elle est d’ordre spirituelle ainsi que nous en rassure le Pape Jean-Paul II dans sa lettre Encyclique suscitée.10 : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? ». En conséquence, les Écritures constituent le cadre, le milieu spirituel qui divinise l’agir humain –parce ce qu’il l’inspire–, comme le diraient les Pères de l’Église, pour conduire l’homme à la perfection qui est réponse d’amour au Dieu bon.11 On peut comprendre ici l’affirmation massive et éternellement vraie de saint Paul dans son Épître aux Romains : « L’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’Amour » (13, 8-10).

Approfondissons maintenant ce premier acquis en en tirant toutes les conséquences dans la prochaine partie qui va suivre.

6 Jean-Paul II, L’enseignement moral de l’Église, quelques questions fondamentales, Lettre Encyclique Veritatis Splendor, 6 Août 1993, Pierre TEQUI, éditeur.7 V.S. (Veritatis Splendor), n°7.8 V.S., n°8.9 V.S., n°9.10 V.S., n°10.11 Ibid.

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II/ EN SCRUTANT LES ÉCRITURES (MOÏSE ET LES PROPHÈTES), NOUS FAISONS UNE RENCONTRE PERSONNELLE, VIVANTE ET VIVIFIANTE DE CELUI QU’ELLES PRÉDISENT ET RÉVÈLENT : JÉSUS-CHRIST, EN QUI NOUS DEVONS NOUS ACCOMPLIR.

Dans la première partie que nous venons de développer, la pédagogie divine nous a fait comprendre que l’exigence d’achèvement et de perfection que nous portons tous en nous et qu’exprime si sincèrement le jeune homme de l’Évangile nous fait cheminer dans les sentiers des saintes Écritures pour nous faire entrer en commerce avec le Dieu Bon. Mais ce n’est là qu’une étape du cheminement. La Loi et les Prophètes qui ouvrent à la contemplation du Dieu Bon courent eux-mêmes à leur accomplissement en Christ, le Fils de Dieu incarné pour rendre accessible à nos sens et à nos esprits la Béatitude pour laquelle nous sommes créés.A la suite des Pères et du Concile Vatican II, le saint Pape Jean-Paul II nous rappelle que le Christ, point médian et récapitulation de toute l’Histoire, révèle l’homme à lui-même, se laisse assimiler par lui et l’ouvre à l’accomplissement de sa vocation :

A la source et au sommet de l’économie du salut, le Christ, Alpha et Omega de l’histoire humaine (Cf. Ap.1, 8 ; 21,6 ; 22, 13), révèle la condition de l’homme et sa vocation intégrale. C’est pourquoi « l’homme qui veut se comprendre lui-même jusqu’au fond ne doit pas se contenter pour son être propre de critères et de mesures qui seraient immédiats, partiaux, souvent superficiels et même seulement apparents ; mais doit, avec ses inquiétudes, ses incertitudes et même avec sa faiblesse et son péché, avec sa vie et sa mort, s’approcher du Christ. Il doit, pour ainsi dire, entrer dans le Christ avec tout son être, il doit "s’approprier" et assimiler toute la réalité de l’Incarnation et de la Rédemption pour se retrouver lui-même. S’il laisse ce processus se réaliser profondément en lui, il produit alors des fruits non seulement d’adoration envers Dieu, mais aussi de profond émerveillement pour lui-même »12.

Lorsque, comme le jeune homme de l’Évangile, l’homme observe la loi naturelle inscrite en son cœur, lorsqu’il s’efforce de mettre en pratique les « 10 paroles » (Décalogue) des Écritures, il se prépare activement à une rencontre décisive : celle du Christ qui invite à sa suite. « Si tu veux entrer dans la vie (parfaite), va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » (Mt.19, 21).13 

Ici, on pourrait affirmer sans risque d’erreur que pour le bien de l’homme, la Loi et les Prophètes, en un mot les Écritures aboutissent au Christ. Saint Paul nous le certifie sans ambages dans sa lettre aux Romains : « La fin de la Loi, c’est le Christ, pour que soit donnée la justice à tout homme qui croit » (10, 4).

Étant l’unique et nécessaire aboutissement-achèvement de la Loi, c’est-à-dire, de tout l’effort spirituel humain en quête de la vie éternelle, Jésus considère la sincérité de la démarche du jeune homme en face de lui, puis l’invite à faire le pas décisif : « Viens et suis-moi ».

L’invitation du Christ pour la rencontre de qui tout a préparé en termes de quête de perfection, de générosité, de persévérance dans le bien et de droiture de cœur, ouvre désormais à la maturation du don de soi, à la maturation de la liberté. Écoutons encore une fois le saint Pape Jean-Paul II nous l’expliciter :

Le dialogue entre Jésus et le jeune homme nous aide à saisir les conditions de la croissance morale de l’homme appelé à la perfection : le jeune homme, qui a observé tous les commandements, se montre incapable de faire par ses seules forces le pas suivant. Pour le faire, il faut une liberté humaine mûre : « Si tu veux », et le don divin de la grâce : « Viens, suis-moi ».La perfection exige la maturité dans le don de soi, à quoi est appelée la liberté de l’homme… La parole de Jésus révèle la dynamique particulière de la croissance de la liberté vers sa maturité et, en même temps, manifeste le rapport fondamental de la liberté avec la Loi divine. La liberté de l’homme et la Loi de Dieu ne s’opposent pas, mais au contraire, s’appellent mutuellement.14

12 Jean-Paul II, Encyclique Redemptor hominis (4 mars 1979), n°10 cit. in V.S. n°8.13 V.S., n°12.14 V.S., n°17.

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Avec le Christ et en lui, nous passons simplement du légalisme et du formalisme, –même consciencieusement pratiqués– qui donne une certaine idée du bien et du Dieu Bon, à une rencontre vivante, vivifiante et transformante ! La perfection recherchée par le jeune homme pour « obtenir la vie éternelle » se mue en une expérience de maturation spirituelle, moyennant une option préférentielle pour le Christ qui se laisse assimiler pour transformer, pour s’incarner de nouveau dans la vie du quêteur de sens et d’accomplissement. De fait, n’est-t-il pas lui-même la Vie éternelle en celui qui se défait de tout pour se mettre à sa suite ?15

Parvenu à ce point de notre réflexion, il nous faut oser une conclusion qui n’achève pas vraiment la question, mais l’ouvre plutôt à de nombreuses implications que mettra à jour notre débat.

CONCLUSION.

En fait de conclusion, posons-nous simplement la question : assumant et accomplissant les Écritures, quelle disposition fondamentale Jésus nous laisse-t-il comme condition pour être parfait et obtenir la vie éternelle ?

Rappelons-nous la déduction que nous faisions de son dialogue initial avec le jeune homme dans notre première partie : la quête de la perfection chrétienne n’est pas d’abord d’ordre moral (même si elle l’inclut), elle est plutôt et avant tout exigence spirituelle inscrite au cœur de l’homme.

Partant, Jacques GUILLET, Jésuite et exégète français, se rend attentif aux dernières recommandations de Jésus au jeune homme– (« Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. ») –pour nous apporter une réponse.16

Pour Jacques GUILLET, la vie même de Jésus faite de pauvreté, de détachement et d’humilité constitue l’école même, la moule de la perfection évangélique et chrétienne qui obtient la vie éternelle. En se mettant à sa suite, en se laissant transformer en lui, le croyant qui désire « entrer dans la vie » pour reprendre l’expression de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, reproduit progressivement en lui ces traits essentiels du Christ :

« Et le Verbe s’est fait chair, et de sa plénitude, nous avons tout reçu » (Jn 1, 14.16). « Lui qui était dans la condition divine, il ne s’est pas prévalu de son égalité avec Dieu ; il s’est anéanti lui-même, prenant condition d’esclave » (Phil.2, 6s). Pour que l’homme enfin puisse être riche, pour que ses mains et son cœur s’ouvrent aux trésors divins, pour que, dans la surabondance de la création, il voit la générosité débordante de son Père, Jésus s’est fait pauvre et a vécu, dans la privation et le dénouement, l’action de grâce du Fils de Dieu.17

Généreuse jeunesse du Diocèse d’Abomey et nous tous, plus ou moins jeunes, plus que des conseils, plus que des indications, nous avons ici un modèle vivant à reproduire, une personne concrète à vivre dans la puissance de son Esprit-saint. Notre quête spirituelle, notre vocation de vie peut désormais s’accomplir… Seulement, sommes-nous vraiment prêts pour l’aventure ?

15 V.S., n°21 : « Incorporé au Christ, le chrétien devient membre de son Corps qui est l’Église (cf. 1Co 12, 13.27). Sous l’impulsion de l’Esprit, le Baptême configure radicalement le fidèle au Christ…Et la participation à l’Eucharistie, sacrement de la Nouvelle Alliance (cf.1Co 11, 23-29), est le plus haut degré de l’assimilation au Christ, source de « vie éternelle » (cf. Jn 6, 51-58). 16 Jacques GUILLET, Jésus-Christ hier et aujourd’hui, DESCLEE DE BROUWER BELLARMIN, Coll. CHRISTUS N°11 Essais, Paris, 1963, pp.97-107. 17 Id., Ibid., p.107.

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LA PREMIERE CONFERENCE DU JEUDIThème : Expérience spirituelle et conscience chez John Henry NewmanConférencier : Père Romuald EBO

Excellence et cher père évêque, Révérends pères, Révérendes sœurs, chers fidèles laïcs engagés, chers jeunes et chers tous,

Je vous salue tous et chacun en vos rangs distingués et vous remercie d’être là dans le Seigneur Ressuscité. A la suite du père Cyrille Miyigbena, je me permets de vous saluer comme les orientaux : « Christ est ressuscité, alléluia. Il est vraiment ressuscité, alléluia, alléluia (2 fois) et nous en sommes les témoins ! Plaise au Ciel que ces mots ne soient pas de vaines paroles mais un cri de notre vraie foi en Jésus de Nazareth.

Avant le démarrage de notre communication, une précision s’avère utile. Mon travail de recherche de thèse en théologie spirituelle a porté sur « Conscience et expérience spirituelle » à la lumière de la vie et de la pensée du Bienheureux John Henry Newman. Cette communication ne sera pas une présentation de la thèse dans son contenu, mais beaucoup plus la présentation d’une aventure de recherche et des résultats auxquels elle a abouti, avec pour conséquence existentielle l’acquisition de certaines convictions pour la foi chrétienne menée quotidiennement comme une vie.

Pour ceux que cela intéresse, à la fin du texte présenté, vous trouverez en annexe un contenu succinct de chacune des trois parties de la recherche, avec une note particulière sur le 8 e chapitre. Celui-ci porte sur des repères pratiques pour une fécondité de l’aventure spirituelle vécue au moyen de la conscience par le sujet chrétien Fon d’Abomey. La table des matières de l’œuvre publiée y figurera également. Ceci dit, la présente communication se déroulera en deux temps : quelques informations utiles sur la recherche, ensuite le cœur de la présentation sur l’importance et la mission de la conscience dans la vie spirituelle.

1. Informations utiles sur la rechercheElles s’énoncent comme suit : - de quoi est-il question dans cette recherche ? - qu’est-ce qui m’y a poussé (les motivations) - qu’ai-je obtenu comme résultats, à quelles conclusions auxquelles ai-je abouti, et quelle et vérité

théologique m’a-t-il été d’accueillir ? 1.1. La question centrale de la recherche

Si le titre final du travail publié a donné « Expérience spirituelle et conscience chez John Henry Newman », au départ le cadre de la présente réflexion a été celui de la conscience, de sa place et de son rôle dans l’expérience spirituelle chrétienne à partir de la vie et de la pensée de John Henry Newman ». Qu’est-ce qui m’y a poussé ?

1.2. Motivations et hypothèseTout est parti de la parole suivante de Jésus dans sa grande prière sacerdotale  : « Or la vie éternelle,

c’est de te connaître, toi le seul Vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jn 17, 3) C’est dire que la foi en Dieu, c’est-à-dire la relation avec la Créateur est un acte de connaissance. Il ne s’agit pas d’un simple savoir mais bien de connaissance. De là j’ai cherché comment s’exprime la foi des petites gens (les enfants, les non instruits intellectuellement, les faibles, les laissés-pour-compte). Dans ma quête, j’ai voulu surtout savoir s’il existe une cohérence, une logique interne à leur acte de foi. Si oui, quel en est alors le moyen de connaissance, de cohérence ?

Comme réponse à ma préoccupation, la Providence m’a poussé dans les bras de Newman, un anglican converti à l’Eglise catholique, un grand penseur de la foi chrétienne, le premier maître à penser du pape Benoît XVI. Surtout, Newman se révèle comme un grand défenseur de la conscience. Si un jour on le déclare « docteur de la conscience », n’en soyons pas étonné (Ceci dit en passant). En me mettant à le fréquenter, j’ai obtenu ce que je voulais, à savoir que la conscience est l’élément moteur de toute connaissance « réelle », c’est-à-dire une connaissance qui n’est pas une simple logique sur papier mais une connaissance qui passe par la vie, une connaissance obtenue avec certitude à partir d’expérience. La fécondité de la connaissance que propose la conscience réside en ce qu’elle est une connaissance en raccourci qui va droit au but, sans détour et sans grand discours. L’exemple de ce que nous disons est bien ce qui s’est passé après la résurrection entre Pierre et le disciple que Jésus aimait (Jn 20, 4-8 : v4 l’autre disciple courut plus vite que Pierre… Il vit et il crut) C’est ici le lieu de partager avec vous une conviction acquise grâce à cette aventure avec la conscience, à savoir les trois pôles sur lesquels Jésus-Christ a bâti son Eglise. Ce n’est pas uniquement sur Pierre que l’Eglise a été bâtie, Pierre est primus inter pares. Excusez-moi je ne remets pas du tout en cause la Parole de Dieu, mais puisque notre Dieu est «  je suis qui je serai », c’est-à-dire à longueur de l’histoire, nous découvrons que l’Eglise de Jésus fonctionne avec trois pôles  : le pôle

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institutionnel, incarné par Pierre, le pôle charismatique incarné par Paul, le pôle mystique incarné par Jean (il vit et il crut, on ne le dit pas de Pierre, parce que Pierre pour l’instant n’a pas cru. Mais Jean a cru et va certainement aider Pierre à entrer dans la vraie intelligence du Réel. Nous y reviendrons si le temps le permet.

Cela m’a fait avancer l’hypothèse suivante : en matière de foi religieuse vécue comme relation personnelle avec le Créateur, la conscience serait l’élément central de relation et de connaissance certaine et pratique de Dieu. Sa richesse est qu’elle est à l’œuvre à tout âge, contrairement à la raison mathématique, ce moyen de connaissance qui ne s’articule convenablement qu’à partir d’un certain âge : l’âge de raison, entre 7 et 8 ans. Par ailleurs, s’il en est ainsi de la conscience, même tout petit, le bébé est capable de faire une expérience de Dieu, alors que si l’élément de connaissance dans la foi religieuse était la raison, cela n’aurait pas été possible au bébé de vivre une relation avec son Créateur. Or grâce à la conscience rencontrée comme la première faculté dans toute connaissance réelle, le bébé pourrait entrer en relation avec son Créateur.

En conséquence, l’élément primordial de connaissance dans la foi n’est pas la raison, mais la conscience aussi appelé « le cœur profond ». A quels résultats théologiques avons-nous abouti ?

1.3. Conclusion et enseignement théologiqueL’enseignement théologique important accueilli de nos investigations est le suivant : pour tout

chrétien en quête de la vérité divine et de la certitude religieuse, la conscience est et demeure le principe de la rationalité interne à la foi chrétienne éprouvée en tant qu’aventure personnelle et quotidienne avec Jésus de Nazareth dans l’Esprit du Père. Par conséquent, l’acte de foi des gens simples est aussi rationnel que celui des universitaires, et des savants de ce siècle. Car l’élément de rationalité n’est pas la raison mais le cœur profond qui comme le dit Blaise Pascal a ses raisons que la raison elle-même. Alors, gare à nous qui méprisons l’acte de foi des gens simples et qui pensons que c’est notre capacité de savoir intellectuellement qui ferait de nous de vrais croyants. Jésus s’insurge d’ailleurs contre une telle pensée : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Mt. 11, 25

Cela change tout dans l’expression de notre foi. Ainsi l’acte de foi chrétienne vécue eau moyen de sa conscience personnelle n’est pas d’abord un code moral, un ensemble de règles à observer et se dire que l’on est quitte. Il n’est pas non plus d’abord une somme de vérités notionnelles à savoir et à croire. Le vrai acte de foi chrétienne est avant tout l’aventure d’une connaissance vécue, d’une personne rencontrée comme une école de vie, accueillie, fréquentée, suivie au jour le jour pour se laisser envoyer en mission par elle et témoigner d’elle. Il ne suffira pas donc d’avoir des informations ou de se mettre en règle vis-à-vis d’une institution pour se dire chrétien croyant. Etre croyant désormais, c’est chercher quotidiennement, Jésus de Nazareth dans l’Eprit du Père dans son Eglise, le rencontrer personnellement, donc sans procuration, comme « vrai Dieu et vrai Homme » dans les détails de ma vie et vivre une aventure avec Celui-là qui un jour m’a dit au cœur : « viens et suis-moi »

A la faveur de ce qui précède, il est important de découvrir ce qu’est la conscience réellement, son importance et sa mission dans tout vrai acte de foi vécue comme expérience spirituelle et religieuse, c’est-à-dire une expérience intérieure et relationnelle. Alors lorsque nous parlons de conscience, de quelle conscience s’agit-il ?

2. La conscience : sa vraie identité, son importance et sa mission dans notre vie spirituelle Cette deuxième partie nous éclairera sur la juste idée que nous devons avoir de la conscience et ce à

quoi cela nous engage dans toute vraie aventure chrétienne.2.1. La conscience en lien avec l’expérience spirituelle chrétienne

A la lumière de ce que j’ai pu découvrir à travers la vie et la pensée de John Henry Newman, mon compagnon de pensée dans l’Esprit du Père et du Fils, il est important de clarifier ce que la conscience est et ce qu’elle n’est pas.

2.1.1. La conscience : ce qu’elle n’est pas La conscience dont nous parlons ici n’est pas une idéologie. Elle n’est pas une théorie que l’on se fait

aujourd’hui à travers des expressions comme « nouvelle conscience », sursaut de conscience, conscience professionnelle.

Par ailleurs, la conscience dont nous parlons ici n’est pas Dieu. Elle ne saurait se laisser facilement substituer à Dieu, c’est-à-dire le Créateur, bien que venant du Créateur. En cela, elle n’est pas une fin en soi.

En outre, la conscience dont nous parlons ici n’est pas une chose qu’on pourrait manipuler à sa guise. Non, la conscience n’est pas notre valet de chambre (A lo nu gbo vi miton).

Enfin, la conscience en jeu ici n’est pas simplement une loi ou une autorité morale en tant que simple sens du bien et du mal. Mais alors, qu’est-ce que la conscience ?

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2.1.2. La conscience : ce qu’elle est à partir d’une aventure personnelle avec elleLa conscience dont nous parlons est avant et après tout une expérience personnelle à vivre de sorte

que si je n’y vais pas, personne n’y ira pour moi, même pas le Créateur. Car le Créateur n’est pas prêt à faire à notre place ce dont il nous a rendus capables. Qu’est-ce que cela voudrait dire ? La conscience est un phénomène de rencontre personnelle avec le Créateur de notre vie. Elle est une réalité personnelle reliée à une transcendance de nature divine. Mieux elle nous permet de nous savoir en lien étroit avec un plus Grand que nous. En un mot, la conscience est une réalité vivante, personnelle et transcendante avec laquelle nous sommes invités à entrer en relation avec beaucoup de tact et de délicatesse. Certes, la conscience est une créature mise en nous et mise à notre disposition. Mais nous n’avons pas à en disposer comme nous l’entendons, sinon que pour accomplir le bien dans la vérité. De même que le Créateur est infiniment respectueux de la créature que nous sommes, de la même manière, nous devons entretenir une relation très courtoise avec cette créature déposée en nous, se révélant comme notre cœur profond. Car par-là, nous apprendrons à entrer en relation avec le prochain avec respect et dignité.

C’est dire que la conscience n’est pas d’abord une notion, encore moins une théorie, mais le fruit d’une expérience personnelle avec soi-même, avec les autres et avec le Tout-Autre. De la vient que pour connaître la conscience dans son vrai visage, il est indispensable d’engager une aventure personnelle avec soi-même. D’où l’expression : conscience personnelle. Le qualificatif « personnelle » n’est pas de trop.

Comme telle, en lien avec l’expérience spirituelle chrétienne, la conscience est un chemin intérieur vivant et personnel de connaissance certaine et pratique du Créateur. Ce chemin intérieur est à la disposition de tout sujet humain en quête de la vérité religieuse. Lorsque nous cheminons humblement avec elle, nous la découvrons comme le centre d’unification de toute notre personne. La grandeur de la conscience réside en ceci : elle est le même chemin emprunté par le Créateur pour unifier notre vie souvent divisée, écartelée. Cela signifie quoi ? Pour unifier notre vie, Dieu lui-même se refuse de se passer de notre conscience. Alors qui sommes-nous pour vouloir nous passer de notre conscience et prétendre chercher Dieu et chercher la vérité dans chaque domaine de notre vie au quotidien. La conscience est et sera toujours le premier canal que le Créateur emprunte pour s’adresser à nous avec beaucoup de douceur. Car pour nous parler, ce n’est pas à notre tête qu’il s’adresse, mais d’abord à notre cœur  : le cœur profond, c’est-à-dire la conscience personnelle, ce chemin sacro-saint, inviolable.

Parlant d’éducation et d’accueil de valeurs, la conscience comme expérience de cheminement vers soi-même est cet espace vivant et personnel de travail intérieur de discernement de trois voix en nous  : la voix de Dieu, la voix du malin et notre propre voix. En vivant convenablement la conscience comme expérience et tâche quotidienne, nous la découvrons en tant que premier moyen de contact personnel avec le Divin, avec tout ce que cela comporte comme qualité et intensité de présence d’amour vrai, juste et bon. Accueillie comme une présence et un sanctuaire intérieurs du Dieu intérieur, la conscience nous fait comprendre et vivre la prière comme la « présence à la Divine Présence. »

Si après avoir engagé un contact fécond avec elle, la conscience personnelle se dévoile comme une expérience et le fruit d’une expérience, comment la vivons-nous quotidiennement ?

2.2. Manifestation de la conscience personnelle Nous abordons la manière dont la conscience se manifeste comme un fait, c’est-à-dire quelque chose

de très concret. Tout part d’un phénomène de jaillissement intérieur. Il s’agit de l’expérience d’une petite et douce voix en nous qui nous indique ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter. C’est cela qui fait appeler la conscience « la voix de Dieu » en nous. Ce qui nous permet de la reconnaître est bien une certaine familiarité avec elle à travers les temps de prière personnelle (à la fois individuelle et communautaire), la lecture et la méditation de la Parole de Dieu, le vécu des sacrements.

Pour revenir aux manifestations de la conscience personnelle, retenons que bien souvent elle surgit en nous comme à travers un voile sans demander notre permission. C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons jamais la détruire. La pire des choses que nous pouvons faire à son encontre, c’est de lui désobéir. Mais jamais nous ne pouvons la faire disparaître. D’où son caractère transcendant, sacré, inviolable et inaliénable. De plus, elle est présente dans chaque personne, même chez le pire des hommes enclins au mal. Quelle juste attitude alors avoir vis-à-vis de sa conscience et de celle des autres afin de plaire à Dieu ?

2.3. Responsabilité dogmatique et spirituelle à l’égard de la conscience personnelle dans toute vraie expérience spirituelle chrétienne2.3.1. Fondement scripturaire de la responsabilité envers sa conscience

La responsabilité envers la conscience se fonde sur une parole biblique. C’est l’apôtre Paul qui s’adresse à son fils très cher Timothée : « Garde la foi et une bonne conscience. Quelques-uns ont refusé d’écouter leur conscience et ont causé ainsi le naufrage de leur foi. Parmi eux se trouvent Hymenée et Alexandre ; je les ai livré à Satan afin qu’ils apprennent à ne plus faire insulte à Dieu. » 1 Tim 1, 19

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A la lumière de ce que déclare l’apôtre des Gentils, il existe un lien intrinsèque et existentiel entre la foi en Dieu et la bonne conscience. C’est une révélation que Paul nous fait, à savoir que «  foi et bonne conscience vont de pair ». Qui dit « j’ai la foi » doit examiner son être pour savoir où il en est dans sa « bonne conscience ». Par « bonne conscience », il faut comprendre « une conscience pure » qui est l’assise même de l’âme grâce à laquelle nous sommes en paix avec nous-mêmes. La bonne conscience (la conscience pure) s’exprime par une paix et une joie intérieures en face de toute situation, même la pire des détresses de l’âme et du corps. Mais il ne s’agit pas pour autant de se croire juste. C’est Quelqu’un d’autre qui nous justifie et qui s’appelle « Jésus de Nazareth ». En même temps, il nous faut travailler à garder cet état de paix intérieure à travers l’accomplissement du bien dans la vérité et dans l’humilité sans fausse modestie. Si «  foi en Dieu » et « bonne conscience » vont de pair, le premier chemin de connaissance certaine et pratique de Dieu dans la foi, c’est bien la conscience. Notre habileté à manier notre raison mathématique ou pratique malheureusement ne nous fera pas connaître Dieu.

Cher jeune homme comme fille, si tu veux connaître le vrai visage de ton Dieu, sers-toi d’abord de ta conscience personnelle. Toute vraie Eglise de Jésus est très respectueuse de la conscience et ne s’impose jamais à elle. Au contraire, elle propose au sujet croyant des voies et moyens pour sa bonne formation et pour son éducation féconde et adéquate. Autrement dit, cher jeune, apprends quotidiennement à descendre au plus profond de toi-même. Et alors, tu y trouveras Dieu lui-même tel que sa Parole te l’indique dans son unique Eglise visible fondée sur Pierre. C’est la raison pour laquelle Henry Caffarel, le fondateur des Equipes Notre-Dame dit dans une prière : « O toi qui es chez toi, dans le fond de mon cœur, laisse-toi te rejoindre dans le fond de mon cœur ! » C’est donc avec le cœur profond c’est-à-dire ta conscience que tu découvriras le vrai visage du Dieu que tu t’évertues à chercher à l’extérieur bien souvent dans des gadgets. Si tu veux connaître Dieu dans son vrai visage, l’aimer et le servir pour ce qu’il est, c’est-à-dire ton Créateur, accepte de parcourir le plus long chemin de la vie, qui va de la tête au cœur. Quitte tes idées et tes illusions et engage une vraie rencontre avec toi-même, et ce quotidiennement. De manière plus concrète, quelle attitude responsable et juste avoir à l’égard de sa conscience et de celle des autres ?

2.3.2. Attitude responsable envers toute conscience personnelleChers jeunes et chers tous, sur le chemin d’une connaissance vécue du Divin et non pas d’une

connaissance notionnelle de Dieu, notre cœur profond doit constituer notre premier allié. La conséquence est que nous devons prendre soin de notre conscience et vivre une vraie relation avec elle en trois étapes  : la connaître, l’aimer et la servir.

a. 1e étape : chercher à connaître sa conscience Si la conscience s’expérimente comme une voix (la voix de Dieu), derrière cette voix, il y a un visage à

découvrir. Si nous suivons cette voix, elle ne nous conduira que dans les bras de Jésus de Nazareth. Pour pouvoir reconnaître une telle voix, il nous faut nous familiariser avec elle, car elle est très fine et très douce. Il est alors indispensable de découvrir et de connaître son mode de fonctionnement si nous voulons vite capter (appréhender) les signes que le Créateur nous fait à travers ce chemin vivant qu’est notre conscience. Cela exige que nous prenions du temps et passions du temps avec elle. (Il s’agit de prendre du temps avec notre conscience. Autrement nous ne trouverons jamais du temps). Dans un cœur à cœur avec elle, à travers prières et relations d’aide, nous devons chercher à comprendre les différents signaux de notre conscience, tels que par exemple des bipes intérieurs pour nous avertir d’un danger, pour nous préserver d’un désastre, pour nous protéger contre notre unique Ennemi. En ce sens, la conscience se révèle à nous comme une réalité pratique dont nous devons nous servir quotidiennement si nous voulons être plus et non pas simplement avoir plus, et si nous voulons réussir notre et non pas nous contenter de réussir dans la vie en nous encombrant de matériels. Alors cher jeune, n’aie pas peur de dialoguer avec notre cœur profond dans le silence. Je sais que tu as souvent horreur du silence. Pour cela, tu cherches par tous les moyens à combler et à remplir ta vie quotidienne de sons souvent inaudibles, pourvu qu’il y ait du bruit afin que tu ne te rencontres pas dans ton vrai visage. C’est une fuite et une irresponsabilité, car un moment viendra où tu seras obligé de vivre un face-à-face avec Quelqu’un : ton Créateur. Mais si tu n’apprends pas à vivre des moments de face-à-face avec toi-même le face-à-face avec ton vrai Dieu te sera redoutable. Alors pendant qu’il est encore temps, trouve des moments de ce cœur-à-cœur avec toi-même dans le silence qui préparera toujours en toi la pensée juste, la parole juste, l’action juste. Un vrai chrétien devra chaque jour trouver du temps pour un tête-à-tête et un cœur-à-cœur avec sa conscience.

b. 2e étape : aimer sa conscience pour apprendre à aimer et à respecter la conscience des autres

Si quelqu’un aime sa conscience, la première chose à faire est de la préserver et de la défendre contre les trois plus graves offenses à la majesté divine : la fausseté, la cruauté et l’impureté. La deuxième chose, c’est

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de travailler à l’éclairer. Cela consiste essentiellement à l’éduquer à accomplir le bien avec la plus grande liberté intérieure. Car le Créateur lui-même ne s’impose jamais à la conscience alors qu’il pouvait le faire. Alors qui sommes-nous pour nous imposer à notre conscience et à celle des autres ?

c. 3e étape : servir sa conscience avec fidélité et grand sens du devoir à accomplir

Il s’agit de se mettre humblement au service de sa conscience pour y découvrir le vrai visage du Dieu intérieur et qui nous parle comme à travers un voile.

Servir la conscience réside essentiellement dans une fidélité envers elle à travers une fidélité à soi-même dans un grand sens du devoir à accomplir. Cela consiste à suivre sa conscience personnelle dans un attachement à notre devoir d’état.

Suivre sa conscience personnelle est un impératif catégorique et un vaste programme. Suivre sa conscience est à la fois une tâche et un projet. Cela revient à lui désobéir le moins possible dans les détails de notre vie de chaque jour. Car l’expérience montre que lorsque vous suivez ce que votre cœur vous indique comme bien à accomplir, surtout lorsque cela se fait insistant, vous ne vous trompez jamais, au moins sur le champ.

Et puis s’il arrivait à notre conscience de se tromper, cela suffit-il pour que nous nous en débarrassions  ? Nous débarrassons-nous de nos yeux pour nous avoir quelquefois induit en erreur ?

Au contraire, dans l’acte de foi, nous savons par expérience que nous allons au Ciel à reculons. De fait, avec Dieu on grandit et on avance à partir de ses erreurs, pourvu qu’on sache tirer leçon de ce qui nous est arrivé et qu’on veuille aller de l’avant. S’il en est ainsi, nous nous n’avons pas d’obsessions à nous faire par rapport aux égarements que connaîtrait notre conscience. Le plus important est de vivre quotidiennement avec sa conscience. Oui, vivre nuit et jour avec sa conscience afin d’y repérer l’Etre qui s’y cache et qui s’adresse à nous comme à travers un voile, voilà la tâche principale de tout vrai chrétien et de toute personne humaine ne voulant pas négocier avec la vérité. Car celui qui suit sa conscience rencontrera immanquablement le visage personnel du Messie Crucifié et Ressuscité que nous propose l’Eglise catholique que John Henry Newman a eu le courage de dénommer « l’unique Bercail du Christ. » C’est la raison pour laquelle le baptême ne suffit pas pour faire de nous de vrai chrétien. Il faut avoir cheminé avec son cœur profond, c’est-à-dire sa conscience, et avoir le courage d’accomplir le bien qu’il nous appelle à accomplir. C’est sans doute cela qui a poussé Newman à déclarer ceci, et nous concluons par ces mots

 On peut donc presque définir un vrai chrétien comme un homme qui a un sens souverain de la Présence de Dieu en lui (…). Un vrai chrétien est celui qui en ce sens, a foi en Dieu au point de vivre dans la pensée de cette présence divine en lui, présence non extérieure, non seulement dans la nature ou dans la providence, mais au fond de son cœur ou dans sa conscience. Un homme (…) dont l’esprit est illuminé par Dieu, de sorte qu’il se rende compte de manière habituelle que toutes ses pensées, tous les élans spontanés de sa vie morale, tous ses mobiles et tous ses souhaits sont ouverts au Dieu Tout-puissant18 .

Voilà la carte d’identité du vrai chrétien ainsi donné : le chrétien, le vrai, est une personne humaine qui a un sens souverain de la présence de Dieu en lui et aussi dans les autres. Et lorsqu’il a pris le soin de descendre en lui-même pour rencontrer et accueillir cette présence, il se laisse propulser hors de lui-même par le Dieu intérieur rencontré au travers de sa conscience, afin de toujours continuer de le chercher et de le servir à l’extérieur dans le visage du prochain et dans la création. Voilà l’identité du vrai chrétien. Désormais, à chacun de nous de jouer pour le meilleur et ensemble contre le pire. Je vous remercie.

Romuald Paul EBO, prêtreAppendice :

Expérience spirituelle et conscience chez J. H. Newman, Saint-Léger, éditions, 2017.CONTENU SUCCINCT DES TROIS PARTIES DE LA RECHERCHE

La première partie de l’œuvre pose les bases de la conception newmanienne de la vie spirituelle chrétienne et de la conscience comme le fruit d’une expérience personnelle. En se penchant davantage sur le phénomène de la conscience, cette même première partie parcourt rapidement l’ensemble de l’œuvre de Newman afin d’y montrer l’omniprésence du thème de la conscience, et compare l’approche du penseur anglais avec celle d’autres écoles de pensée, notamment celle de la phénomélogie du XXe siècle, montrant un parallèle entre la méthode philosophique de Newman, qui part toujours du «réel», et la méthode phénoménologique.

18 J. H. NEWMAN, « Sincérité et hypocrisie », S P V, 16, p. 199.37

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La deuxième partie compare la pensée de Newman sur la conscience avec celle d’abord de deux philosophes anglais, John Locke et David Hume, qui l’ont tous deux influencé mais dont il se démarque radicalement, et ensuite avec celle de saint Augustin et saint Thomas d’Aquin.La troisième partie propose une « théologie de la conscience à la lumière des réflexions de Newman » et situe celle-ci dans le cadre plus large d’une « théologie de l’expérience spirituelle ». S’inspirant de la pensée du théologien anglais, et prenant l’expérience de la conscience comme un fondement de l’expérience spirituelle chrétienne, l’auteur de la thèse développe ici une pensée personnelle. Le thème de la conscience permet de démontrer la « rationalité » de la foi chrétienne, car c’est l’expérience de Dieu dans la conscience qui donne un fondement à la foi, non pas en tant qu’ensemble de croyances mais, encore une fois, en tant que relation. La conscience est en effet le centre unificateur de la relation entre la créature et le Créateur. Certaines réflexions proposées ici rejoignent la pensée de Newman sur d’autres sujets aussi, et mériteraient peut-être d’être développées davantage : l’idée que « la conscience vient de Dieu et non pas de l’homme, mais elle est en l’homme en tant qu’œuvre divine ». Une autre réflexion ici rejoint celle de Newman sur le salut qui est l’œuvre de Dieu (dans le Christ, et par l’Esprit) mais doit se réaliser en nous. Cela fait qu’en matière de salut, c’est 100% de Dieu et 100% de l’homme, et non pas 50% /50%. Par ailleurs, une lumière neuve accueillie pour la vie spirituelle est celle selon laquelle « la conscience est le lieu de rencontre et d’unification de la nature et de la grâce en nous » avec pour conséquence la découverte de la mission sacerdotale, prophétique et royale. Le huitième et dernier chapitre enfin élargit la perspective jusqu'à l’inter-religieux, en prenant l’exemple de l’expérience spirituelle du peuple Fon d’Abomey au Benin. Il analyse la pensée de Newman concernant le rapport entre ce qu’il appelle la « religion naturelle », dont le fondement est l’expérience de la conscience, et la « religion révélée ». Le premier terme ne désigne pas les religions dites « traditionnelles » mais l’expérience première, inchoative mais fondamentale que tout êtres humain, à tout époque de l’histoire et quel qu’en soit le contexte culturel, peut faire de Dieu. C’est la conscience qui est le « lieu » de cette expérience. Cependant comme cette première appréhension de Dieu est nécessairement vague et inchoative, et peut même donner lieu parfois à une conception déformée, voire cruelle et vindicative de la divinité qui exigerait punition et réparation, elle a besoin de ce que Newman appelle la « religion révélée », c’est-à-dire la Révélation chrétienne, pour s’ajuster et se compléter. Mais – et c’est là pour Newman un point essentiel – la « religion naturelle » prépare la voie à l’accueil de la Révélation. Pour finir, l’auteur de la thèse applique les sept « notes » ou critères d’un « développement » authentique esquissés par Newman dans l’Essai sur le développement à l’expérience du peuple Fon d’Abomey, afin de montrer comment une certaine ″religiosité ″naturelle – le sens de Dieu que l’on trouve chez bon nombre de peuples africains- constitue un terrain favorable à l’expérience spirituelle chrétienne. Accueillir, vivre et annoncer l’Evangile à partir de son cœur profond, c’est-à-dire sa conscience personnelle, tel est le défi que nous lance ce travail de recherche.

DEUXIEME CONFERENCE DU JEUDI

Thème   : « Le Chrétien doit faire la politique autrement »Conférencier   : Mr Cosme D’OLIVEIRA

1- Problématique

Comme beaucoup de baptisés et même d’autres personnes qui n’ont pas la même foi que moi, j’ai constaté que les chrétiens qui pratiquent réellement leur religion, sont rares pour ne pas dire très rares, à s’engager en politique. Ceux qui y sont, pour la plupart des ‘‘chrétiens de nom’’ ou comme on les appelle, ‘‘des Chrétiens du dimanche’’ n’accomplissent pas leurs fonctions conformément à leur foi chrétienne.

Une première question mérite alors d’être posée : Pourquoi les chrétiens dignes du nomfuient-ils la politique ?

Je voudrais ici me référer d’abord aux réponses que des Jeunes du diocèse de Parakou à qui j’ai posé cette question le samedi 13 avril 2019, veille du dimanche des rameaux, de cette année, m’ont données. Je m’arrêterai aussi sur la définition erronée de la politique que monseigneur Vincent Mensah, deuxième évêque de Porto-Novo a donnée au cours de sa catéchèse spéciale du 31 juillet 1999 en la Cathédrale de Porto-Novo, une mauvaise définition qui n’arrange pas les choses.

Pour les jeunes qui participaient aux JMJ de cette année au centre Don Bosco de Parakou, ‘‘la politique c’est le mensonge pur’’ ; ‘‘la politique est un haut lieu du mensonge et de la trahison’’ ; la politique, c’est la corruption et le lieu de beaucoup de choses découlant de toutes les autres formes de

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vices possibles. Si c’est cela la politique, ces jeunes n’ont-ils pas raison de la fuir ?

Quant au 2ème évêque de la capitale administrative de notre pays, il nous fait remarquer que :« Chez beaucoup de nos concitoyens, l’engouement pour les postes de responsabilité dénote et traduit une compréhension erronée de la finalité de la politique. L’exercice du pouvoir est perçu à tort comme le lieu ou le moyen d’atteindre un statut social, de rendre service à ses amis, sa famille, son ethnie. Au lieu (de la recherche) du bien commun, le pouvoir se mute en instrument partisan de domination, un moyen de passe-droits, et même une occasion d’abus ».

On peut alors aisément comprendre que si la politique est vue sous cet angle par les jeunes de Parakou et la définition erronée constatée par monseigneur Mensah, nous pourrions donner raison aux Chrétiens qui fuient la Politique. Car si le chrétien se mettait dans ces situations que nous venons de décrire comme découlant des pratiques politiques, il se retrouverait en contradiction avec les exigences de sa foi. Nous lisons en effet dans l’Évangile de Jean, au chapitre 13, verset 35, : « À ceci tous reconnaitront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». Avoir de l’amour les uns pour les autres : voilà ce à quoi Jésus nous invite pour mériter d’être ses disciples. Et c’est parce que j’ai compris, à partir de quatre faits qui m’ont ouvert les yeux sur ce qu’est effectivement la politique, contrairement à ce que les gens pensent et que je suis totalement convaincu que le chrétien doit faire la politique. Ainsi :

- de la définition de la politique donnée par un ancien président de notre pays ;- de la catéchèse spéciale de monseigneur Mensah sur la politique ;- des conclusions du synode pour l’Afrique de 1994 sur l’engagement du chrétien en

politique ;- des exhortations apostoliques et autres encycliques sur le comportement du chrétien en

politique ;J’ai compris que la politique est une affaire de l’amour du prochain.

En effet, à un rassemblement politique tenu à Cotonou au début du mois de juin 2017, le président Nicéphore Dieudonné Soglo a déclaré : « La politique c’est pour satisfaire le besoin des pauvres. Il faut apprendre à écouter le peuple. Il n’y a aucune honte. » Ce fut la première fois que j’entendais une telle définition de la politique qui me fit beaucoup réfléchir non seulement sur son contenu mais également sur son auteur, chrétien, qui n’avait rien fait pour présider le pays dans ce sens, de 1991 à 1996.

Quelques mois plus tard, après avoir pris connaissance de cette première bonne définition de la politique, je découvre la définition donnée par le grand philosophe et docteur de l’Église St Thomas d'Aquin, définition reprise par de nombreux souverains pontifes et reprécisée par les pères synodaux au cours du Synode pour l'Afrique de 1994 : « La politique est la plus haute expression de la charité. » Les Pères de l'Église nous disent dans le même sens que : « la politique est la forme la plus élevée de la charité », c’est « le plus vaste champ de la charité ».

La politique, « la plus haute expression de la charité, la forme la plus élevée de la charité, le plus vaste champ de la charité », nous avons cherché à comprendre et nous avons compris ! Et n’oublions pas que c’est aussi satisfaire le besoin des pauvres, comme l’a affirmé un ancien président de notre pays.

Avec ces trois ou quatre bonnes définitions de la politique que nous venons de voir, nous constatons très simplement que « la politique est une affaire d’amour du prochain. »

Cet amour du prochain, principal objet de la politique ne doit pas se limiter uniquement au cercle étroit de nos parents et de nos amis, sinon il risquerait de se transformer en népotisme. Mais il doit sortir du cadre familial et amical, briser les frontières de nos parents et proches pour s’étendre aux autres personnes que nous ne connaissons pas, que nous n’avons jamais eu la chance de rencontrer et qui vivent dans la même ville, dans le même pays que nous et dans le même monde.

Pratiquer cette plus haute expression de la charité, cette forme la plus élevée de la charité, aimer notre prochain au-delà de nos frontières familiales et amicales, n’est-ce pas là répondre positivement aux questions qui nous serons posées au jugement dernier ? J’avais faim et soif ; j’étais un étranger, nu, malade ou en prison, quelle a été ta réaction, ton comportement à mon égard ? (Mt 25, 31-39).

Nous arrivons ici à une grande conclusion qui est : « La politique est l’un des plus importants supports de l’évangélisation. »

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CONTENU DU LIVRE.

Le titre donné par son Excellence monseigneur Antoine GANYÉ à la préface qu’il a écrite

pour cet ouvrage est : « La vocation du Chrétien : Faire le bien ».

En nous rappelant que celui qui aime Dieu doit aussi aimer son frère, il affirme avec l’auteur que : « La politique est une affaire d’amour du prochain ». Le prélat y trace la similitude entre l’attitude charitable que nous devons avoir envers les pauvres, les démunis et la politique qui se présente comme étant : « Le plus vaste champ de charité ». Il fait aussi remarquer que c’est en sortant l’amour du prochain de son cadre familiale et en l’étendant aux autres que nous n’avions pas la chance de voir et qui vivent sur le même territoire que nous, que nous faisons la vraie politique. Monseigneur Ganyé termine sa préface en attirant l’attention des chrétiens qui s’engagent en politique sur la nécessité de se faire accompagner par des conseillers spirituels, prêtres, évêques, religieux ou religieuses pour réussir leur mission. À ce niveau nous sommes tentés de reprendre pour le clergé la question que le pape François a posée aux clergés des pays latino-américains dans sa lettre envoyée au cardinal Ouellet le 13 mars 2017 : « Que signifie pour nous pasteurs le fait que les laïcs soient en train de travailler dans la vie publique ? » Que font nos prêtres, religieux et religieuses pour accompagner, encourager les chrétiens qui se mêlent aujourd’hui de la politique ?

Dans l’introduction de ce livre qui s’intéresse à l’engagement du chrétien en politique, nous avons souligné que l’Église en tant qu’institution garde une grande distance à l’égard de l’action politique. Reconnaissant qu’elle n’a pas une compétence particulière en la matière, elle s’interdit d’intervenir directement dans les activités politiques, mais se réserve le droit de « porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent » (Gaudium et Spes 76-5). Elle invite en revanche les Chrétiens, comme tout citoyen, à s’engager en politique. Elle y voit (comme le Pape Paul VI l’a affirmé) une manière exigeante de vivre l’engagement du Chrétien au service des autres, et plus encore une exigence de la foi (comme le souligne Saint Jean Paul II).

Dans l’ouvrage tout est parti de La catéchèse de monseigneur Vincent Mensah sur l’engagement du Chrétien en politique ; c’est d’ailleurs le titre donné à la première partie du présent ouvrage qui en compte trois.

Cette partie est subdivisée en trois séries de catéchèses :- La première série est une catéchèse qui a pour principal objectif d’éveiller la conscience

nationale. Elle regroupe les catéchèses du 31 juillet 1992 et du 31 juillet 1993 ;- La deuxième série est une catéchèse qui donne un meilleur éclairage au chrétien qui s’engage

en politique. Elle est composée des catéchèses du 31 juillet 1994 et du 31 juillet 1996 ;- La troisième et dernière série est une catéchèse qui donne une nouvelle orientation aux actions

politiques du chrétien. Elle regroupe les catéchèses du 31 juillet 1998 et du 31 juillet 1999.Les grandes conclusions du synode pour l’Afrique de 1994 et les différentes exhortations apostoliques et autres encycliques, messages et homélies relatifs à l’engagement du chrétien en politique constituent la deuxième partie de l’ouvrage intitulée : « Un bon catholique doit se mêler de la politique : du Synode pour l’Afrique de 1994 aux exhortations apostoliques ».

Après avoir définie la politique comme la plus grande forme de la Charité et comme un domaine d’apostolat à partir des exhortations apostoliques du Pape Pie XI, les pères synodaux ont mis un accent particulier sur l’engagement du chrétien en politique qui est un droit et un devoir pour tout baptisé africain. Faisant référence à l’encyclique « Pacem in terris » de Jean XXIII, ils ont précisé les deux conditions de cet engagement : La compétence et la fidélité aux valeurs spirituelles.

Parlant de l’effort de charité et de justice du chrétien dans son engagement politique, ils ont insisté sur la vérité comme vertu en politique, la parole de Dieu comme miroir, lieu de ressourcement et guide pour permettre au chrétien engagé en politique d’apporter la lumière et le sel de l’Évangile dans ce milieu.

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En ce qui concerne les exhortations apostoliques, le Saint Pape Jean Paul II, dans « Les fidèles laïcs » encourage les chrétiens à participer à la vie politique. Face aux difficultés actuelles de la vie politique, la réponse chrétienne ne peut pas être : « Je ne fais pas de politique. D’ailleurs, ne pas faire la politique n’est-ce pas en fait accepter la politique de ce qui la font ou encore faire la politique sans le dire ? Des décisions des syndicats, d’employeurs, de financiers… mais aussi des consommateurs et de contribuables s’inscrivent dans une certaine visée politique.

Chacun est appelé à devenir plus conscient de l’importance de la politique et à mieux savoir, si parce qu’il tait ou ne tait pas, il contribue ou non à orienter la politique vers le bien commun, vers le service des plus pauvres, des plus petits.

Le pape François conseille depuis le début de son pontificat que : « Le bon catholique doit se mêler de la politique » ; et que : « Nous chrétiens, nous ne pouvons pas ‘‘jouer à Ponce Pilate’’, nous en laver les mains. » Le pape François insiste que : « Nous devons nous impliquer dans la politique, parce que la politique est l’une des formes les plus élevées de la charité parce qu’elle cherche le bien commun. » Et le pape François se demande lui-même : « La politique s’est corrompue, pourquoi ? Et il apporte immédiatement la réponse sous forme de question qu’il nous pose : « Parce que les chrétiens ne se sont pas impliqués dans un esprit évangélique ? » Il fait aussi remarquer que : « C’est facile de dire que ‘‘c’est la faute à un tel.’’ Mais moi, qu’est-ce que je fais ? C’est un devoir ! Travailler pour le bien commun est le devoir d’un chrétien… »

Comme monseigneur Vincent Mensah nous le souligne dans sa catéchèse spéciale des ‘’31 juillet’’, les chrétiens doivent prendre leur responsabilité dans la cité et s’engager en politique sans

« être du monde », loin de tout jeu politique, politicien et calculateur. Et pour cela la formation du chrétien à la vie politique est nécessaire pour tous les baptisés. Pour le chrétien prendre ses responsabilités dans la cité, c’est aussi croire que la cité terrestre est un don de Dieu à nous confié, et que nous devons construire pour qu’elle débouche dans la cité céleste.

Des éclairages des Évêques de Natitingou et de Porto-Novo, messeigneurs Antoine Sabi Bio et Aristide Gonsallo, et ceux des pères Barnabé Boccovo, Jean Paul Sagadou et l’abbé Grosjean de l’association Française « Acteurs d’avenir », ont été sollicités pour montrer la nécessité de l’accompagnement dont ont besoin les chrétiens qui s’engagent en politique pour réussir leur mission.

La postface de l’ouvrage a été écrite par Monseigneur Houngbédji, op, qui d’entrée de jeu a cité la Lettre à Diognète en précisant que : « Les Chrétiens vivent dans le monde comme tous les autres hommes. À ce titre, ils sont entièrement concernés par tout ce qui touche la gestion de la cité et en conséquence, ne saurait nullement se désintéresser de la politique qui est en réalité la gestion de la cité. » Cette référence nous amène à cette autre phrase illustre de la Lettre à Diognète, qui nous révèle le rôle très important que les Chrétiens sont appelés à jouer dans la cité :

« En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans les membres du corps comme le chrétien dans les cités du monde. L’âme habite dans le corps, et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde. »

Dans la postface, monseigneur HOUNGBEDJI a aussi fait remarquer que : « Si nous sommes d’accord sur le fait que ‘‘le chrétien doit faire la politique’’, encore faudrait-il dire comment il doit s’y prendre. Car nul n’ignore les tentations et les compromissions auxquelles les acteurs politiques sont souvent confrontés. »

Je pense que notre père archevêque nous invite ici à bien s’approprier de la catéchèse de monseigneur Mensah sur la politique, les conclusions du Synode africain de 1994 et les exhortations apostoliques sur l’engagement du chrétien en politique pour bien savoir comment nous engager.

Dans les annexes nous nous sommes, entre autres, intéressés à un extrait du discours du pape émérite Benoît XVI au Palais de la République de Cotonou le 19 novembre 2011 et à celui du Président Macron devant les évêques de France. Dans ce dernier discours sur lequel monseigneur Cyrille Eugène Houndékon a attiré notre attention, le Président François Macron a dit une vérité sur laquelle nous les chrétiens, nous devons bien réfléchir : « Je dirais qu’une Église prétendant se désintéresser des questions

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temporelles n’irait pas au bout de sa vocation ; et qu’un Président de la République prétendant se désintéresser de l’Église et des catholiques manquerait à son devoir. »

Après l’Épilogue intitulé « Tisser la nouvelle corde au bout de l’ancienne » où les images de deux vrais politiciens Dahoméen, Père Francis Aupiais et Béninois, Mgr Isidore de Souza, ont été invoquées, nous avons eu droit à un supplément. Le pape François s’est fait providentiellement inviter à fermer, pour

ne pas dire terminer, ce livre par son message pour la 52ème Journée Mondiale de la Paix, le 1er Janvier 2019 : « La bonne politique est au service de la paix. »

Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu de Dieu ?

Que pouvons-nous faire sans la grâce et l’aide de Dieu ?

Depuis le début de cette belle aventure qui a conduit à la parution du présent ouvrage ‘‘Le chrétien doit faire la politique autrement’’, c’est la Providence divine qui nous a toujours précédés…

« Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à Ton Nom, donne la Gloire, pour Ton Amour et Ta Vérité ! » (Ps 113B, 1, Liturgie des heures)

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RAPPORT FINAL DU QUASIMODO 2019

Le pape François, aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Rio, s’adressant aux jeunes, affirmait : Je sais que vous ne voulez pas vivre dans l’illusion d’une liberté inconsistante qui se laisse entraîner par les modes et les convenances du moment. Je sais que vous visez haut… Ces mots du Saint-Père recentrent les jeunes remplis de liberté et en quête d’idéal dans un monde aux valeurs bouleversées et bouleversantes, au cœur des réflexions de l’Eglise. Pour qu’ils jouissent de leur liberté et continuent de toujours viser haut, il leur faut une éducation solide remplie de valeurs chrétiennes qui sait leur donner les bagages essentiels pour vivre dans un tel monde. C’est ce qui retiendra notre attention au cours de cette traditionnelle session du quasimodo. Tenue au CEMOLA du 29 avril au 02 mai 2019, elle porte une fois encore sur la jeunesse à travers le thème : Jeune, pour ton bonheur, fais confiance à l’Eglise, écoute et accueille les valeurs de l’Evangile et de la Famille.

Cette session s’ouvre par le mot d’ouverture de son Excellence Mgr Eugène Cyrille HOUNDEKON. Après avoir remercié tous les participants à ce quasimodo, Mgr a estimé que, replacer les jeunes au cœur de nos assises, est porteur de vertu et d’espérance. En les formant en effet, nous attendons d’eux qu’ils mettent la main à la pâte, qu’ils donnent les preuves de leur capacité à annoncer la Bonne Nouvelle.

Cette annonce ne sera possible que grâce à une certaine organisation. Ce qui justifie l’importance de la première communication qui porte sur l’élaboration du plan stratégique. Au plan ecclésial, c’est l’organisation pastorale d’un diocèse. Ce plan se veut une solution nous permettant d’être de bons Apôtres pour le Christ à l’horizon 2044.

Le père Hospice NOBIME a ouvert la vague des conférences pour faire le Bilan des deux derniers quasimodo sur la jeunesse à l’issue desquels, on a compris que la jeunesse représente une couche importante et que le jeune est un être en maturation qui peut se servir de voies bien indiquées pour sortir du sous-emploi. C’est pourquoi, l’effectivité de l’existence d’une coordination des jeunes sur les paroisses, dans les doyennés et au niveau diocésain sous le regard d’un aumônier est capitale et essentielle. Cette organisation doit aboutir à la réalisation de plusieurs activités permettant d’animer la vie de la jeunesse.

L’entretien assuré par les sieurs HOUNGNO Alain et HOUESSOU Cosme, à la suite du père Hospice NOBIME, nous a permis de retenir que le Programme ‘’La Foi Vient en Ecoutant’’ est l’une des activités qui a vraiment animé la vie de la jeunesse. C’est un programme d’écoute de la Bible basée sur Rm 10, 17. Après avoir écouté les appareils appelés Proclamers distribués pour ce programme, les jeunes ont exprimé leur appréhension du bonheur, de l’Eglise et des valeurs familiales.

Portant un regard sur le propos des jeunes, le Père Cyrille MIYIGBENA a expliqué qu’il ne faut pas limiter le critère du bonheur au matériel. Le bonheur est l’épanouissement de l’homme dans toutes ses dimensions.  Pour y parvenir, les jeunes doivent aimer le Christ en découvrant l’Eglise. Cette découverte et cet amour doivent nécessairement prendre par les sacrements qui donnent vie aux chrétiens. Le couple Didas et Marie Caroline AGBIDINOUKOUN en donne la preuve et l’exemple. Ce couple qui a célébré son mariage religieux depuis vingt-huit ans a entretenu l’assemblée sur le thème : La jeunesse et le mariage : comment y aller, comment y rester ? Après une clarification conceptuelle des termes jeunesse et mariage, les conférenciers ont montré que pour y aller, il faut s’assurer de certains éléments, notamment : l’amour, l’autonomie financière,

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la formation des époux au mariage, les examens prénuptiaux, le respect réciproque… Et pour résoudre le problème du «  rester », il faut : le dialogue et la communication, la confiance réciproque, et la résolution des crises à l’interne. La persévérance des jeunes dans le mariage sera une grande force pour l’Eglise.

Dans la conférence qu’il donnera sur le thème l’évangélisation des jeunes à l’ère du numérique, le père Eric OKPEICHA, affirmera que l’Eglise a besoin d’une nouvelle inculturation en ce temps où le numérique bat son plein. Il faut donc que les chrétiens s’approprient les nouvelles technologies de l’information pour annoncer l’Evangile selon les moyens traditionnels en respectant la dignité de la personne humaine et en évitant le relativisme dans lequel nous installe la nouvelle éthique mondiale.

Cette dernière sera au cœur de la brillante conférence que nous a donnée le père Pierre KOULODJI sur le thème : les jeunes face aux pièges de la nouvelle éthique mondiale : relativisme et perte des repères. Cette nouvelle éthique est une politique contre les valeurs évangéliques. Elle possède un langage très séduisant mais avec des pièges multiples. Pour les éviter, il nous faut résister avec le courage et la force de la foi.

La force de la foi nous est enseignée et transmise par Dieu lui-même, à travers sa Parole. C’est ce que le Père Ange Marie HOUEGBELO nous expliquera dans la dernière conférence dont le thème est : Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle : qu’ils écoutent Moïse et les Prophètes. Les Ecritures constituent ainsi le milieu spirituel qui divinise l’agir humain. En les scrutant, nous faisons une rencontre personnelle, vivante et vivifiante de Celui qu’elles révèlent : Jésus-Christ, en qui nous devons nous accomplir.

Pour que cet accomplissement soit effectif, le père EBO Romuald, en partant de John Henry NEWMAN, nous a montré que l’Expérience spirituelle ne peut se faire sans la Conscience. En effet, la conscience permet de démontrer la « rationalité » de la foi chrétienne, car c’est l’expérience de Dieu dans la conscience qui donne un fondement à la foi, non pas en tant qu’ensemble de croyances mais, en tant que relation. La conscience est le centre unificateur de la relation entre la créature et le Créateur. Cette expérience nous donne une forte personnalité et permet d’intervenir pour éclairer la cité, puisque, désormais, nous sommes lumière pour le monde. Partant, le chrétien ne doit plus fuir la politique qui est une affaire de l’amour du prochain, nous dira Mr Cosme D’oliveira. Car, on fait la politique pour bien gérer la cité et répondre aux besoins des uns et des autres.

Au terme de nos assises, nous nous sommes rendus à l'évidence que les jeunes ont été nourris sur tous les plans. En témoignent les diverses et riches interventions lors des conférences : questions, réponses, apports et partages d’expérience furent l’expression d’un intérêt effectif porté à la jeunesse. Elles ont permis aux participants de maintenir leur attention sur la jeunesse, ses enjeux tant pour elle-même que pour l’Eglise. Pour que les riches enseignements qui découlent de cette session du quasimodo 2019 puissent porter les fruits escomptés, une messe conclusive sera dite par l'Ordinaire du lieu, Mgr Eugène Cyrille HOUNDEKON, ce jeudi 02 mai 2019 à 12h45 à l’Eglise St François d’Assise de Bohicon.

Pour le Secrétariat

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Messe de clôture et Résolutions

Bohicon, Paroisse St. François d’Assise, 2 mai 2019

Révérends Pères Vicaires généraux et épiscopauxRévérends Pères, Confrères dans le SacerdoceReligieuses et ReligieuxSœurs et Frères LaïcsDistingués communicatrices et communicateursHonorables invités

J’éprouve une réelle joie à invoquer de nouveau sur vous toutes et tous ici présents les grâces de paix et bénédiction, et je vous exprime mes vives félicitations pour avoir pris part régulièrement et activement aux travaux de notre session du Quasimodo, du lundi 29 avril 2019 à ce jeudi 2 mai 2019.

Compte tenu des jeunes et des nouveaux participants à cette session, il est bon de préciser ou de rappeler que le mot latin « Quasimodo » signifie en français « comme » au sens de « comme les enfants nouveaux-nés ». Ce mot provient d’un Chant d’entrée latin de la musique Grégorienne. Ce chant est exécuté annuellement au Deuxième dimanche de Pâques, et il s’inspire directement de la Première lettre de St Pierre (1 P 2, 2-3), pour enseigner aux nouveaux baptisés la nécessité de s’alimenter du lait de la foi en vue de leur croissance dans la vie nouvelle avec le Christ.

Depuis lors, tous les baptisés, qui renouvellent leurs promesses baptismales à la Veillée de Pâques, ont compris aussi l’importance de fortifier leur foi par des enseignements bibliques et spirituels. Ainsi donc, notre session de Quasimodo rend manifeste combien chacune et chacun de nous nourrit un ardent désir de rencontrer Dieu, et de développer la foi, à la lumière de la Parole de Vie, du Magistère de l’Eglise, des communications de nos conférenciers, des instructions complémentaires, des informations utiles sur la santé et la vie, et des témoignages de l’amour chrétien.

Au nom de tous, je saisis la présente occasion pour remercier avec admiration le Comité diocésain d’organisation du Quasimodo, et spécialement pour la qualité croissante de l’élaboration des sous-thèmes et du choix des communicateurs. Je tiens à rendre hommage au Père Econome et ses adjoints, au Père directeur délégué du CEMOLA avec son adjoint et tout son personnel, à l’équipe compétente du Secrétariat, aux communicatrices et communicateurs, aux Pères responsables de l’audio-visuel et de la liturgie, puis aux modératrices et modérateurs. J’étends nos sentiments de gratitude aux autres personnes ayant rempli des fonctions ou des charges diverses, pour mener à bien notre Quasimodo 2019.

C’est à la fin de l’année pastorale 2015, plus d’un an avant l’annonce par le Pape François du Synode des Evêques sur la jeunesse, que l’Esprit-Saint a insufflé au Conseil presbytéral d’Abomey de dédier un thème d’année en faveur de la jeunesse et de faire du Quasimodo l’un des moments privilégiés de son développement.

En consacrant trois sessions annuelles de Quasimodo à la jeunesse, l’Eglise Famille de Dieu à Abomey vient de vivre une période cruciale et inoubliable de son histoire, en suscitant en son sein un amour de prédilection pour la couche juvénile, et en manifestant de plusieurs manières sa volonté de mieux comprendre les jeunes filles et les jeunes gens pour répondre à leurs attentes réelles, avec l’assistance du Saint-Esprit et les secours des grâces divines.

De prime abord, notre regard se tourne vers la jeunesse malheureuse ou dévoyées pour de multiples raisons. Cette catégorie de la jeunesse n’est pas facile à aborder, mais il nous faut vivre la dimension de «  l’Eglise en sortie » en leur faveur, en soutenant le travail de la Caritas diocésaine déjà à l’œuvre dans ce domaine. Par delà notre proximité des jeunes embourbés dans la toxicodépendance, l’alcoolisme, la criminalité organisée, les déviations morales et les pièges sectaires, il nous revient avant tout de voler à leur secours en fédérant les personnes-ressources de notre Eglise particulière d’Abomey.

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Page 46:  · Web viewDiocèse d’Abomey. Session . du. quasimodo 2019 . Lundi 29 avril au jeudi 02 mai 2019. Thème général : « Jeune, pour ton bonheur, fais confiance à l’Eglise, écoute

En outre, aux cours de nos communications et de nos échanges, nous avons tiré la leçon principale et insoupçonnée que les jeunes nous attendent sur des rivages que nous n’explorons pas habituellement et sur des points d’attention qui les préoccupent plus que tout.

De ce point de vue, il est utile de relever, entre autres, leur désir profond d’une vie d’intériorité, d’une connaissance plus approfondie du Dieu de Jésus-Christ et des Saintes Ecritures, d’un entraînement soutenu aux exercices spirituels. Les nouvelles orientations sérieuses de vie en direction du sacerdoce, de la vie religieuse ou consacrée, du sacrement de mariage, qui fait suite aux Ecoles de foi ou à l’Année passée à l’Ecole Internationale Jeunesse Bonheur, en sont une illustration fascinante.

De même, l’ère numérique a tellement envahi la jeunesse qu’elle ne peut être mieux comprise et orientée, si l’Eglise met tout en œuvre pour explorer la culture digitale. En prenant une vive conscience sur les caractéristiques de l’ère numérique et sur son impact sur la jeunesse et les mentalités contemporaines, nous comprendrons davantage pourquoi la jeunesse nous interpelle à revoir notre mode d’éducation religieuse et notre méthode classique ou actuelle de pastorale de la jeunesse.

En conclusion, je recommande la mise en pratique des résolutions suivantes :

Tenir dans chaque doyenné plusieurs rencontres juvéniles pour des exposés et des débats sur le contenu de l’ExhortationApostolique post-synodale CHRISTUS VIVIT.

Organiser dans nos communautés paroissiales, nos groupes paroissiaux et nos institutions respectives la restitution des enseignements et résolutions du Quasimodo 2019.

Encourager et soutenir les jeunes filles et jeunes gens à choisir de vivre l’expérience de l’Ecole de la foi, de l’Ecole de la prière, de la formation au CERET et de l’Année de formation à l’Ecole internationale Jeunesse Bonheur dirigée par RP. Cyrille MIYIGBENA

Rechercher et mobiliser des ressources financières, pour offrir l’éducation et l’accès des jeunes à l’ère numérique et accélérer à cet effet la préparation des infrastructures et de la logistique pour la mise en service effective du domaine diocésain de Lissèzoun qui est réservé à la jeunesse. Toutes choses bien considérées, je déclare clos les travaux de la session du Quasimodo 2019 et j’implore sur vous toutes et tous la bénédiction apostolique. AMEN !

Eugène Cyrille HOUNDEKON

Evêque d’Abomey

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