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Gestion des articulations dans Cubase Bonjour, Je vous soumets ici un petit tutoriel que j’avais fait il y a quelques mois pour un ami débutant : il traite de la méthode que j’ai trouvée pour réaliser des glissando réalistes avec le VST Philarmonik dans Cubase ( Le seul que j’ai utilisé pendant longtemps pour les sons d’orchestre ) Le glissando est une des articulations possibles, mais pas la seule : le principe de ce qui suit est rigoureusement le même pour toutes les articulations ; le mot articulation se réfère à la manière dont une note est reliée auditivement à une autre : par exemple un violoniste va jouer une note en faisant glisser son archet sur une corde, puis va ralentir son archet pour attaquer la note suivante avec plus de douceur, puis va d’un seul coup attaquer la troisième avec vivacité_il y aura donc deux articulations différentes entre les trois notes, deux “jonctions“. Ou bien il va jouer deux notes avec le même coup d’archet, ce qui produira une articulation différente que s’il avait mis un coup d’archet par note : le son des deux notes sera plus lié, sans baisse de volume lié au changement de coup d’archet : ce sont tous ces petits détails que l’on essaie de recréer en agissant séparément ou conjointement sur les contrôleurs midi dans Cubase : les contrôleurs agissent sur tout un tas de paramètres qui composent une note d’un instrument : les paramètres qui nous sont les plus utiles pour bricoler des articulations sont la vélocité, le volume général, le pitch bend. Ce sont en fait les seuls que j’utilise ! D’autre part, ce qui suit est valable pour n’importe quel autre VST, puisque je n’agis que sur Cubase, la méthode est donc universelle ( je n’aborde pas ici le cas des grosses banques de son, souvent fournies avec leur pack d’articulations différentes , legato , staccato, glissando etc dont le prix grossit en conséquence…et encore il m’arrive de faire des articulations plus réalistes avec cette méthode que celles fournies par lesdites banques de son… ) Ce tuto pré-suppose une connaissance mimimum du logiciel: à savoir: attribuer un instrument à une piste: le mimimum pour espérer tirer un son ! et avoir déjà ouvert au moins une fois l'éditeur clavier en double-cliquant sur ladite piste ! Bon, ceci étant clarifié, place aux explications ! Le glissando, c'est quand le violoniste ( violoncelliste ) fait glisser son doigt d'une note sur une autre sur la même corde, obtenant ainsi cet effet "violon pleureur ", dans les mélos ou les drames qui se terminent mal ! Dans un VST de base comme Philarmonik, chaque son est enregistré ,( samplé ) avec une enveloppe bien définie attaque, sustain, relâchement, point final. Si on construit une mélodie en utilisant ces sons telles quels, on entendra vite le côté répétitif des enveloppes, comme si le violoniste était un robot qui

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Gestion des articulations dans Cubase

Bonjour,

Je vous soumets ici un petit tutoriel que j’avais fait il y a quelques mois pour un ami débutant : il traite de la méthode que j’ai trouvée pour réaliser des glissando réalistes avec le VST Philarmonik dans Cubase ( Le seul que j’ai utilisé pendant longtemps pour les sons d’orchestre )

Le glissando est une des articulations possibles, mais pas la seule : le principe de ce qui suit est rigoureusement le même pour toutes les articulations ; le mot articulation se réfère à la manière dont une note est reliée auditivement à une autre : par exemple un violoniste va jouer une note en faisant glisser son archet sur une corde, puis va ralentir son archet pour attaquer la note suivante avec plus de douceur, puis va d’un seul coup attaquer la troisième avec vivacité_il y aura donc deux articulations différentes entre les trois notes, deux “jonctions“. Ou bien il va jouer deux notes avec le même coup d’archet, ce qui produira une articulation différente que s’il avait mis un coup d’archet par note : le son des deux notes sera plus lié, sans baisse de volume lié au changement de coup d’archet : ce sont tous ces petits détails que l’on essaie de recréer en agissant séparément ou conjointement sur les contrôleurs midi dans Cubase : les contrôleurs agissent sur tout un tas de paramètres qui composent une note d’un instrument : les paramètres qui nous sont les plus utiles pour bricoler des articulations sont la vélocité, le volume général, le pitch bend. Ce sont en fait les seuls que j’utilise !

D’autre part, ce qui suit est valable pour n’importe quel autre VST, puisque je n’agis que sur Cubase, la méthode est donc universelle ( je n’aborde pas ici le cas des grosses banques de son, souvent fournies avec leur pack d’articulations différentes , legato , staccato, glissando etc dont le prix grossit en conséquence…et encore il m’arrive de faire des articulations plus réalistes avec cette méthode que celles fournies par lesdites banques de son… )

Ce tuto pré-suppose une connaissance mimimum du logiciel: à savoir: attribuer un instrument à une piste: le mimimum pour espérer tirer un son ! et avoir déjà ouvert au moins une fois l'éditeur clavier en double-cliquant sur ladite piste !

Bon, ceci étant clarifié, place aux explications !

Le glissando, c'est quand le violoniste ( violoncelliste ) fait glisser son doigt d'une note sur une autre sur la même corde, obtenant ainsi cet effet "violon pleureur ", dans les mélos ou les drames qui se terminent mal !

Dans un VST de base comme Philarmonik, chaque son est enregistré ,( samplé ) avec une enveloppe bien définie attaque, sustain, relâchement, point final. Si on construit une mélodie en utilisant ces sons telles quels, on entendra vite le côté répétitif des enveloppes, comme si le violoniste était un robot qui manie son archet de manière mécanique: c'est ce qui fait reconnaître immédiatement une musique créée avec des VST, trop souvent !

Le postulat de départ est qu’il est rigoureusement impossible de faire des glissando dignes de ce nom dans Philarmonik en utilisant la molette de pitchbend, ( ou la fonction « glide » de ce VST, qui donne un résultat identique)

En effet, l’action sur celle-ci entraîne une modification de tous les paramètres composant le son, y compris ses harmoniques et son vibrato : le résultat est qu’un violon, par exemple, auquel on applique le pitch sur une octave montante, devient une sorte de cornemuse nasillarde et bêlante : c’est exactement ce que l’on obtient en passant un 33t à la vitesse d’un 45t : inexploitable donc ( On pourrait bien sûr démarrer le pitch molette en bas pour la laisser revenir au point mort à la fin, mais ce n’est pas suffisant, comme nous allons le voir )

Pour contourner ce problème, je vais utiliser deux contrôleurs midi dans Cubase : le pitchbend et le volume général : dans l’écran suivant ( qui représente le concerto pour deux notes en sol majeur que j’ai crée spécialement pour ce topic…) j’ai donc ouvert ces deux contrôleurs en cliquant sur le « + » de la case « vélocité » qui se trouve sous le clavier virtuel : chaque click sur ce “ + “ ouvre un nouveau bandeau de contrôle, et chaque click sur le “ – “ en retire

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un : je choisis pour chaque bandeau le contrôleur désiré dans le menu déroulant accessible en cliquant sur la petite flèche juste à côté du nom du contrôleur :

1/Pitchbend montant

Le premier truc à faire est de répartir chaque note de l’exemple ci-dessus sur une piste différente ( couper/coller de la première note sur une seconde piste) comme le montre l’écran suivant :

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Il faut ensuite attribuer à cette seconde piste le même instrument que celui de la première piste, avec absolument les mêmes réglages d’instrument: de cette façon, si je lance la lecture, on n’entendra qu’un seul instrument qui jouera ces deux notes, exactement comme si elles étaient sur la même piste :

Pourquoi faire ça ? parce que si vous regardez l’écran ci-dessous, vous constatez que les notes se chevauchent légèrement ; c’est une des techniques utilisées pour que le son soit bien lié : or, sur une même piste, si l’on agit, comme on se prépare à le faire avec le pitch, sur les paramètres de la deuxième note juste à son début, cette action touchera également la fin de la première note, puisqu’elle se trouve dans la même période de temps que le début de la deuxième : on entendra donc un court instant le pitch sur les deux notes ensemble : effet désastreux garanti à l’écoute !

A noter que même si je supprimais le chevauchement, le problème serait le même car la réverbération, naturelle ou appliquée, ainsi que le « release » appliqué par le réglage d’enveloppe produit le même effet que le chevauchement…

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Donc, j’ai maintenant ma deuxième note, isolée sur la première piste, sans aucune autre ni devant ni derrière pour venir détruire les effets que je me propose d’y appliquer : voici cette note :

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Le pitchbend va être montant, donc il faut toujours partir d’une valeur négative au début du pitch, pour atteindre une valeur zéro à la fin du pitch, de cette façon la note rejoint sa hauteur originale et la garde sur toute sa durée: ainsi l’effet « 45t » ne durera que le temps du pitch, soit 2 à 3 dixièmes de seconde : en pratique totalement inaudible :

Après avoir zoomé pour pouvoir travailler plus confortablement ( click gauche/mouvement vertical sur la bande bleue graduée en haut de la piste ) j’ai dessiné à la souris le pitch : vous remarquerez que la montée n’est pas linéaire, mais ressemble plutôt à une portion de sinusoïde : ceci pour recréer le fait que le doigt du violoniste de se déplace pas à vitesse constante le long du manche : comme tout objet qui se déplace, il doit d’abord accélérer, atteindre sa vitesse de croisière, puis décélérer avant de se stabiliser à la note suivante ( loi de l’inertie ): ça peut vous paraître peut-être pointilleux á l’extrême, mais croyez-moi, sur certains glissando, l’oreille sait faire la différence…

Comme le pitch à appliquer dans cet exemple est de deux tons et demi ( de ré à sol ) j’ai auparavant réglé le « bender » de Philarmonik sur 5 ( 5 demi-tons ) : cela veut dire que la totalité des valeurs du contrôleur midi « pitchbend, soit +/- 8192 (*) couvrira ces 5 demi tons : si j’avais réglé le Bender sur 12 demi-tons ( une octave) , ces mêmes valeurs , +/- 8192 auraient couvert cette octave. Dans un morceau, les glissando n’ont pas tous la même amplitude, et il faut donc régler le Bender du VST sur l’amplitude la plus grande utilisée :

Exemple, si vous avez réglé le bender du VST sur 12 demi-tons, et que vous vouliez faire un glissando de 5 demi-tons, vous démarreriez le pitch à une valeur d’à peu près 3400 : auditivement, l’écran que je vous présente ci-dessous ( Bender du VST à 12 demi-tons )est rigoureusement identique à l’écran ci-dessus ( Bender du VST à 5 semi-tons )

(*les valeurs apparaissent dans le cadre noir vide sous le nom du contrôleur, quand vous manœuvrez la souris )

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Deuxième contrôleur à bidouiller : le volume :

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Là encore, vous remarquez que cette diminution de volume appliquée sur la période du pitch n’est pas constante :

En effet, peut-être avez-vous remarqué que lorsqu’un vrai violoniste fait un glissando sur une grande amplitude, une octave, par exemple, le son n’est pas aussi fort durant les 2-3 dixièmes de seconde que dure ce glissando : Je me plante peut-être complètement, mais je me hasarde à dire que peut-être ce violoniste ne plaque pas tout-à fait son doigt contre le manche, pour éviter de se le « scier » : quoiqu’il en soit, c’est un fait : pour corroborer ceci, essayez un coup de pitch plein pot sur un son de violon ( abstraction faite de l’effet 45t) et vous entendrez immédiatement que cette « montée de turbine » n’est pas naturelle !

Donc je recrée plus ou moins la courbe du pitch sur le volume.

A noter que moins l’amplitude du pitch est importante, moins la descente de volume doit être grande : elle peut être nulle quand le pitch se fait sur un ton ou moins: peut-être parce que le violoniste n’a plus peur de se scier les doigts en ne le faisant glisser que sur un ton ! 2 exemples :

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Notez sur l’exemple ci-dessous que j’ai démarré le pitch un peu avant le début de la note, volontairement sur une valeur fantaisiste : aucune importance c’était juste par paresse de caler le début : aucune conséquence puisque la note est autonome :

1/ il n’y aura pas d’influence sur la première note, puisque celle-ci se trouve sur une autre piste,

Et 2/ on n’entendra les réglages effectués qu’à la hauteur du démarrage de la note ; tout ce qui est avant sera inaudible : cet exemple juste pour montrer qu’il n’y a pas besoin de perdre du temps à caler pile-poil le début des contrôleurs avec le début des notes , le principal étant que quand la note commence, les contrôleurs soient à la bonne valeur ! et voilà l’avantage inimaginable d’avoir réparti mes notes sur deux pistes !

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2/ pitch descendant

Eh bien le processus est exactement le même, mais inversé ! il faut simplement toujours partir d’une valeur positive au début du pitch, pour rejoindre la valeur zéro sur le reste de la durée de la note :

Le pitch descendant est quand même un peu moins utilisé que le pitch montant :

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Et voilà , je crois que je n’ai rien oublié : si, une dernière chose : trouver les bonnes valeurs est empirique : il faut sans cesse écouter l’effet des réglages : c’est en pratiquant qu’on finit par placer d’expérience la souris à la bonne valeur, réduisant de ce fait le temps passé à rectifier ces valeurs : acquérir cette expérience prend très peu de temps, je peux vous le garantir : sur ma compo. l " Valse aux vents salés" que je vous mets en annexe, il y a une foultitude de glissandos faits de cette manière : cette valse n’est que le troisième morceau sur lequel j’ai appliqué cette technique, et le premier d’une manière si intensive, et il est l’un de ceux qui m’a pris le moins de temps à finaliser !

J’espère avoir été utile : il y a un tas de détails que je dis qui vous sont sûrement familiers, mais j’ai essayé de penser à « ceux qui ne savent pas »pour qu’ils puissent avoir envie de se lancer sans crainte dans ces bidouillages, qui prennent beaucoup de temps à expliquer, mais finalement bien peu à appliquer !

Rien qu'avec ces deux contrôleurs, vous pouvez recréer pratiquement n'importe quelle nuance...

Pour finir, voici un extrait des violons, répartis sur 2 pistes, de ma « Valse aux Vents salés », juste pour vous donner une idée de ce donne ce que je viens d’expliquer: le premier écran montre une partie des notes du violon sur une piste, et le second le reste des notes de ce même violon sur l’autre piste: à l'écoute, on n'entend qu'un seul violon : j’ai placé les notes en fonctions des effets que je voulais y appliquer. Vous pouvez voir que les courbes de volume ne sont pas dessinées à la perfection : en effet certains contrôleurs, comme le volume, ont une bonne tolérance quant à la précision nécessaire à obtenir l’effet, et il n’est pas nécessaire d’être très pointilleux : c’est en fait notre oreille, qui est tolérante, et a du mal à entendre une faible variation de volume ;

Par contre pour le pitch, notre oreille ne tolère pas la moindre erreur : nous sommes capables d’entendre d’infimes variations de fréquence, et donc il convient d’être plus précis lors de l’action sur ce contrôleur.

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Vous remarquerez, sur le premier écran, de la mesure 22 à 24, le volume est descendant: c'est une autre articulation, beaucoup plus simple, le moment où le violoniste ralentit son archet pour diminuer la force du son ! le genre d'articulation hyper simple qui donne une vie pas possible au morceau !

Voici le lien pour écouter la “Valse aux vents salés“ et juger sur pièces de l’application de ce qui précède !

https://dl.dropboxusercontent.com/u/61430178/VALSE%20AUX%20VENTS%20SAL%C3%89S%20(1).mp3

Je vous souhaite une bonne lecture ( et bonne écoute )

Thierry

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