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LA DEMOCRATIE INTERROGEE : LES RELIGIONS DANS LA LUTTE CONTRE LA TRAITE DES ETRES HUMAINS. Introduction La fondatrice de la congrégation des Sœurs du Bon Pasteur à laquelle j’appartiens, sainte Marie Euphrasie Pelletier (1796- 1868), disait : "Une enfant de Dieu, vendue comme du bétail au marché, je ne l'accepterai jamais ". Et nous, Sœurs du Bon Pasteur aujourd’hui disons la même chose au 21 ème siècle : l'esclavage a été aboli, mais la traite des êtres humains sévit partout dans le monde, et nous ne l'accepterons jamais ! Alors, au nom de quoi, - de Qui - pourquoi, comment mettre en œuvre cette conviction ? Car, me direz-vous peut-être, nous vivons en « démocratie » dans la plupart des pays du monde ? Mais qu’est-ce à dire ? Sous un régime démocratique ? La définition en est malaisée et incomplète bien souvent. J’ai trouvé des essais de définition, entre le fait de décisions prises à l’unanimité : c’est le peuple qui décide, du temps de la Grèce antique (sauf les femmes et les esclaves… et donc ‘demos’, le peuple, n’est pas la totalité des êtres humains. Au fait, qu’est-ce qu’un être humain ?), jusqu’au suffrage universel et les députés que nous élisons pour siéger aux Parlements, plus proches de nous. D’ailleurs, plutôt que parler de démocratie au singulier, ne pourrait-on parler de démocraties (au pluriel) colorées par l’histoire de chaque nation, ou encore de « démocratie plurielle », selon le mot d’Henri Madelin. En tout cas poser la question : suffit-il de décider qu’un régime, un pays, soient démocratiques pour que la démocratie puisse s’exercer ? Il me semble qu’on pourrait trouver de nombreux exemples infirmant une réponse positive à cette interrogation. 1

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LA DEMOCRATIE INTERROGEE :

LES RELIGIONS DANS LA LUTTE CONTRE LA TRAITE DES ETRES HUMAINS.

Introduction

La fondatrice de la congrégation des Sœurs du Bon Pasteur à laquelle j’appartiens, sainte Marie Euphrasie Pelletier (1796-1868), disait :

"Une enfant de Dieu, vendue comme du bétail au marché, je ne l'accepterai jamais ".

Et nous, Sœurs du Bon Pasteur aujourd’hui disons la même chose au 21ème siècle : l'esclavage a été aboli, mais la traite des êtres humains sévit partout dans le monde, et nous ne l'accepterons jamais ! Alors, au nom de quoi, - de Qui - pourquoi, comment mettre en œuvre cette conviction ?

Car, me direz-vous peut-être, nous vivons en « démocratie » dans la plupart des pays du monde ? Mais qu’est-ce à dire ? Sous un régime démocratique ? La définition en est malaisée et incomplète bien souvent. J’ai trouvé des essais de définition, entre le fait de décisions prises à l’unanimité : c’est le peuple qui décide, du temps de la Grèce antique (sauf les femmes et les esclaves… et donc ‘demos’, le peuple, n’est pas la totalité des êtres humains. Au fait, qu’est-ce qu’un être humain ?), jusqu’au suffrage universel et les députés que nous élisons pour siéger aux Parlements, plus proches de nous. D’ailleurs, plutôt que parler de démocratie au singulier, ne pourrait-on parler de démocraties (au pluriel) colorées par l’histoire de chaque nation, ou encore de « démocratie plurielle », selon le mot d’Henri Madelin. En tout cas poser la question : suffit-il de décider qu’un régime, un pays, soient démocratiques pour que la démocratie puisse s’exercer ? Il me semble qu’on pourrait trouver de nombreux exemples infirmant une réponse positive à cette interrogation.

Peut-être pourrions-nous d’abord nous mettre d’accord sur une Déclaration à laquelle beaucoup de personnes et d’Etats se rallient en principe : je veux dire la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, en ce qu’elle définit l’égalité fondamentale entre les êtres humains. (20 articles pour le moins, de cette Déclaration sont mis à mal lors du processus de la Traite des personnes). On pourrait sans doute commencer à parler de démocratie, quand, à la base, tous : hommes, femmes, jeunes filles et garçons, enfants sont considérés comme personnes humaines à part entière, ayant droits et devoirs… et, dans le nombre, la liberté religieuse ! Ouvrir les journaux en ce moment, c’est affronter l’horreur qui règne en Irak et ailleurs sur le sort fait aux chrétiens de ce pays. Nos frères dominicains le savent trop bien.

Il est donc aussi fort délicat d’essayer une définition des religions !

La religion a été définie pour la première fois par Cicéron comme « le fait de s'occuper d'une nature supérieure que l'on appelle divine et de lui rendre un culte »1. Dans les langues où le terme est issu du latin ‘ religio’, la religion est le plus souvent envisagée comme ce qui concerne la relation entre l'humanité et Dieu. Mais « Qu’est-ce que Dieu ? »… Dans le Coran, le terme dîn, qui peut être considéré comme équivalent de celui de religion, désigne avant tout les prescriptions de Dieu 2 . En chinois, le terme zōng jiào ( 宗教 ) , inventé au début du XX e siècle pour traduire celui de religion, est connoté de l'idée d'un enseignement pour une communauté3. Enfin, le bouddhisme est considéré comme une religion alors qu'il semble n'y être question ni de Dieu, ni de nature divine. 4 On n’y parle pas de religion, mais de « voie ». Au Bon Pasteur, nous avons, à plusieurs reprises, rencontré Claire Ly, rescapée des camps de Pol Pot et convertie au catholicisme, qui nous l’a confirmé.

Il n'existe pas aujourd'hui de définition qui convienne à tout ce que l'usage permet d'appeler religion. 5 La religion peut être comprise comme une manière de vivre et une recherche de réponses aux questions les plus profondes de l’humanité, en ce

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sens elle se rapporte à la philosophie.6 Mais elle peut aussi être vue comme ce qu’il y a de plus contraire à la raison et jugée synonyme de superstition. Elle peut être personnelle ou communautaire, privée ou publique, liée à la politique ou vouloir s’en affranchir. Elle peut aussi se reconnaître dans la définition et la pratique d’un culte, d’un enseignement, d’exercices spirituels et de comportements en société.

Alors, parler « des religions » sans risquer des amalgames et des erreurs est un exercice difficile, et de plus les religions – y compris la religion catholique – évoluent dans leurs positions. Nous lisions par exemple le mois dernier à l’eucharistie l’un des textes de Paul aux Ephésiens dans lequel il s’adresse aux esclaves : il n’y remet pas en cause ce statut, mais le « sublime » en les exhortant : « conduisez-vous comme des esclaves du Christ… » Cependant, on trouve, plus tard dans sa vie, cette magnifique page de la Lettre à Philémon à propos d’Onésime son esclave : « Je te le renvoie, lui qui est comme mon propre cœur… Peut-être Onésime n’a-t-il été séparé de toi pour un temps qu’afin de t’être rendu pour l’éternité, non plus comme un esclave mais comme bien mieux qu’un esclave : un frère bien-aimé ; il l’est réellement pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, et en tant qu’homme, et en tant que chrétien. Si donc tu le tiens pour ton frère dans la foi, reçois-le comme si c’était moi » (Phm 15-17). On n’est plus dans le domaine de la hiérarchie ou des classes sociales, mais dans celui de la fraternité en Jésus-Christ. Voilà une parole forte des Eglises qui se réclament de la Foi en Jésus-Christ.

On peut citer aussi la « Règle d’Or » : « Ne fais à personne ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » ou bien Isaïe, au chapitre 58, verset 7 : « Ne te dérobe pas à ton semblable ». Ou bien, de nouveau chez Saint Paul, dans la 1ère lettre aux Corinthiens : « Que personne ne recherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d’autrui ». (I Co 10, 24) Il n’est cependant pas si simple de faire entendre une « autre » voix dans la société civile, et les plus anciens parmi vous se rappelleront sans doute un célèbre : « Monseigneur, occupez-vous de vos oignons ! » adressé par un politique au début des années 70 à Mgr Guy Riobé, alors évêque d’Orléans… Oui, la parole de l’Eglise peut déranger, car son souci n’est pas le marché financier, le jeu politique, mais la place de la personne humaine dans les décisions et dispositifs. (Textes officiels des Eglises sur TEH)

Car « Il faut repartir – dit aujourd’hui Benoît XVI – de la signification de la personne »… Chacun est un être humain différent, de par sa provenance, sa culture, ses traditions, mais une personne à respecter avec des droits et des devoirs, en particulier dans le domaine du travail, où la tentation de l’exploitation est plus facile… La violence ne doit jamais être pour personne le chemin pour résoudre les difficultés. » (Angelus du 1er janvier 2010). Le pape affirme que la religion sortirait de son rôle si elle prétendait dicter des solutions pratiques au pouvoir séculier, mais il n’est pas question de passer sous silence l’enseignement social de l’Eglise, y compris au plan économique : « le manque d’un solide fondement éthique de l’activité économique » (B. XVI) a contribué aux graves difficultés qu’éprouvent des millions de personnes à travers le monde.

Ainsi, plus que la place des religions – parfois contestée et reléguée dans la sphère privée – ce sont les croyants – et j’ai bien conscience de glisser en cela de la religion à la foi - qui peuvent interroger les politiques, les démocrates, en ce que ces derniers laissent parfois les principes sur le papier, et tardent, pour de multiples raisons, à mettre en place les mécanismes nécessaires à une réelle application des droits fondamentaux pour tous, surtout pour les personnes humaines les plus vulnérables.

Pourquoi focaliser l’attention sur ces dernières ? Parce que si, en principe, tous les humains sont égaux en droit, il faut être aveugle et sourd pour ne pas s’apercevoir que leurs droits sont bafoués. Et ceux et celles qui se réclament de Jésus-Christ savent Son engagement du côté les plus pauvres - de ceux dont on abuse et qu’on montre du doigt, ainsi la femme adultère – jusqu’à mourir hors de la ville comme un malfaiteur. Il est le Bon Pasteur, qui connaît chacun, chacune par son nom et qui va chercher celui ou celle qui est perdu. Ou bien qui déclare : « Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez donc sans crainte, vous valez mieux, vous, que tous les moineaux. » (Mt 10, 30-31)

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Or, c'est vrai aussi pour nous aujourd'hui : la traite des êtres humains – puisque tel est le cœur de notre sujet - est l’un des phénomènes qui atteint en particulier les hommes, les femmes et les enfants les plus vulnérables. Elle heurte ce qu’ils ont de plus précieux : leur dignité et leur valeur en tant que personnes humaines. Rien de plus humiliant que d’être victime de ce fléau. Plus grave encore, le phénomène a pris des proportions inquiétantes ces dernières décennies malgré les efforts déployés pour endiguer le problème. En effet, des bandes de trafiquants bien structurées organisent la traite des êtres humains dans des réseaux souvent difficiles à démanteler. Profitant de la vulnérabilité et de la fragilité des victimes, ils leur promettent des jours meilleurs sur fond de ruse, de tromperie et d’autres manœuvres. La suite est souvent amère car c’est l’exploitation avilissante qui révèle finalement les intentions pernicieuses que cachaient les « bonnes intentions » affichées lors du recrutement ou du transfert.

Il est difficile d’avancer des chiffres exacts sur l’ampleur de la question. Selon les estimations de l'ONU, plus d’un million de personnes seraient victimes de la traite chaque année. On évalue à 5 à 7 milliards de dollars par an le «bénéfice» réalisé par les trafiquants, ce qui fait de ce commerce détestable la deuxième source de profit pour les mafias derrière le trafic des stupéfiants.

Pourtant, les textes ne manquent pas : dès 1949, la Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui est venue interdire ce commerce odieux. Mais la recrudescence du fléau et la multiplicité de ses composantes ont conduit à prendre d’autres initiatives plus rigoureuses afin d’incriminer des actes qui, dans les textes précédents, n'étaient pas pris en compte. La Convention de Palerme de 2000 sur la criminalité transfrontalière et ses deux Protocoles sur le trafic et la fraude sont passés par-là.

En tant qu’humains et croyants, nous ne pouvons pas simplement nous boucher les oreilles et oublier le problème. Nous devons écouter les cris de notre monde. Dans cette ligne, par exemple, beaucoup de congrégations religieuses ont récemment ajouté à leurs documents officiels quelque chose comme "et particulièrement les femmes, enfants et fillettes qui sont devenus victimes de la traite des êtres humains".

Pour mieux comprendre les enjeux, et énoncer ce que peuvent les religions pour interroger véritablement la démocratie et faire progresser les Droits de tous, nous allons essayer d'approcher la réalité du trafic, les instruments internationaux pour lutter contre le trafic, qui est impliqué, l'ONU (Organisation des Nations unies) et les ONG (organisations non gouvernementales) en particulier celles qui existent en raison de leur foi, et ce que chacun de nous peut faire. Car là aussi les religions sont actives, et nous-mêmes, comme croyants, avons notre place.

Profondément soucieux de l’intégrité et de la dignité de la personne humaine, nous trouvons tous qu'il est inadmissible que l’être humain puisse faire l’objet d’un quelconque commerce. La traite, elle, avilit et enlève à la personne sa dignité. Les victimes font une expérience douloureuse et traumatisante qui, bien évidemment, les marquera tout au long de leur vie. Du lieu de recrutement jusqu’à l’exploitation, elles perdent leur personnalité et luttent parfois désespérément contre une situation qui les réduit à vivre comme des bêtes de somme.

1. La Traite des êtres humains : le phénomène et son contexte

1. La traite des êtres humains est un problème majeur dans notre monde aujourd'hui. Chaque année, des milliers de personnes, surtout des femmes et des enfants, deviennent victimes du trafic pour l'exploitation sexuelle ou pour d'autres objectifs, que ce soit dans leur propre pays ou à l'étranger. Tous

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les indicateurs montrent une augmentation du nombre de victimes. L'action pour combattre la traite des êtres humains fait l'objet de l'attention mondiale parce que la traite menace les droits humains et les valeurs fondamentales des sociétés démocratiques.

2. L'action pour combattre cet assaut persistant contre l'humanité est un des nombreux fronts sur lesquels l'ONU se bat au nom des droits humains et de la dignité humaine.

3. La traite des êtres humains, où les victimes sont piégées, est la forme moderne de l'antique commerce mondial des esclaves. Elle traite des êtres humains comme une marchandise à acheter et vendre et à condamner aux travaux forcés, habituellement dans l'industrie du sexe mais aussi, par exemple, dans le secteur agricole, dans les lieux, déclarés ou non, qui exploitent les travailleurs, pour un salaire dérisoire ou sans aucun salaire. La plupart des victimes identifiées sont des femmes, mais des hommes sont aussi parfois victimes de la traite d'êtres humains. De plus, beaucoup de victimes sont jeunes, parfois des enfants. Tous essaient désespérément de gagner maigrement leur pain, mais n'aboutissent qu'à ruiner leur vie du fait de l'exploitation et de la cupidité.

4. Pour être efficace, une stratégie pour combattre la traite des êtres humains doit adopter une approche multidisciplinaire qui comporte la prévention, la protection des droits humains des victimes et les poursuites judiciaires des trafiquants, tout en cherchant en même temps à harmoniser les lois nationales pertinentes et à assurer que ces lois soient appliquées uniformément et efficacement.

5. Phénomène mondial, la traite des êtres humains peut être nationale ou transnationale. Souvent liée au crime organisé, pour lequel elle représente maintenant une des activités les plus lucratives, la traite doit être combattue tout aussi vigoureusement que la drogue et le blanchiment d'argent. En fait, selon certaines estimations, la traite des êtres humains vient, au niveau mondial, au second rang des entreprises illicites pour gagner de l'argent, après le trafic de drogues.

6. Dans ce contexte, le Protocole Additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants (appelé ci-dessous « le Protocole de Palerme»), a posé les bases de l'action internationale contre la traite. La Convention du Conseil de l'Europe, par exemple, tout en prenant le Protocole de Palerme comme point de départ et en prenant en compte d'autres instruments légaux internationaux, qu'ils soient universels ou régionaux, pertinents pour combattre la traite des êtres humains, cherche à renforcer la protection offerte par ces instruments et à élever les normes qu'ils définissent.

7. Le Protocole de Palerme contient la première définition agréée et internationalement contraignante du terme "traite des personnes". Il importe d'insister ici sur le fait qu'il faut distinguer la traite des êtres humains du trafic illicite des migrants. Ce dernier est le sujet d'un protocole séparé de la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée (Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air, mer, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée). Alors que le but du trafic des migrants est le transport illégal à travers des frontières en vue d'obtenir, directement ou indirectement, un bénéfice financier ou autre, l'objectif de la traite des êtres humains est l'exploitation. De plus, la traite des êtres humains n'implique pas nécessairement un élément transnational; elle peut exister au niveau national.

8. Il y a d'autres instruments internationaux qui peuvent contribuer à combattre la traite des êtres humains et à protéger ses victimes.

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Parmi les instruments des Nations unies on peut mentionner ce qui suit:

- La Convention n°29 de l’OIT (organisation internationale du travail) sur le travail forcé, du 28 juin 1930;

- La Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui du 2 décembre 1949;

- La Convention relative au statut des réfugiés du 28 juillet 1951 et son protocole relatif au statut des réfugiés; 28 rapport explicatif – action contre le trafic des êtres humains, 16 mai 2005

- La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, du 18 décembre 1979;

- La Convention relative aux droits de l'enfant, du 20 novembre 1989;

- La Convention de l'Organisation internationale du travail se rapportant à l'interdiction des pires formes de travail des enfants et l'action immédiate en vue de leur élimination, du 17 juin 1999;

- Le protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, du 25 mai 2000.

9. L'expérience a montré que le fait de mettre en place des instruments légaux au niveau régional renforce valablement l'action au niveau mondial. Dans le contexte européen, la Décision-cadre du Conseil de l'Europe relative à la lutte contre la traite des êtres humains, du 19 juillet 2002 et la Directive 2004/81/EC du 29 avril 2004 sur le permis de résidence accordé à des citoyens du Tiers-Monde qui sont victimes du trafic des êtres humains ou qui ont été sujets d'une action pour faciliter l'immigration illégale, qui coopèrent avec les autorités compétentes règlent certaines des questions relatives au trafic des êtres humains. La Décision-cadre du Conseil de l'Europe, du 15 mars 2001, sur la situation des victimes de démarches criminelles serait aussi pertinente dans le domaine de la traite des êtres humains.

1.1. Quelle est la définition de la traite ?

La définition la plus largement acceptée du 'trafic ou traite des personnes' se trouve dans le Protocole Additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants :

(a) "la traite d’êtres humains" signifiera le recrutement, le transport, le transfert, l'hébergement ou l'accueil de personnes, par le moyen de la menace ou le recours à la force ou à d’autres formes de contraintes, enlèvement, fraude, ruse, promesse fallacieuse, tromperie, escroquerie, abus d’autorité ou d’une situation de faiblesse ou de vulnérabilité, avec l’exploitation comme finalité de ces actes et moyens. L’exploitation inclut, au minimum, l'exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues, la servitude ou le prélèvement d’organes.

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(b) Le consentement d'une victime de la traite d'êtres humains à l'exploitation citée dans le paragraphe (a) de cet article ne sera pas pris en compte là où un des moyens cités dans le paragraphe (a) a été utilisé;

(c) Le recrutement, le transport, le transfert, l'hébergement ou l'accueil d'un enfant avec l'exploitation comme finalité sera considéré comme "traite d'être humain" même s'il n'implique aucun des moyens cités dans le paragraphe (a) de cet article;

(d) "Enfant" signifie toute personne âgée de moins de dix-huit ans1. Des caractères essentiels du crime incluent le déplacement ou l'emprisonnement d'une personne, accompagné de la contrainte et de l'exploitation, habituellement pour le profit financier du trafiquant.

1.2. Combien de personnes sont victimes de la traite?

Bien que le trafic humain soit reconnu comme un phénomène mondial, il n'y a pas de statistiques fiables sur le nombre de personnes qui en sont victimes. Il est clair, cependant, que c'est un crime global qui ne diminue pas, parce qu'il est à la fois profitable et difficile à détecter. On avance l’approximation suivante : entre 12,3 et 12,5 millions de personnes victimes de traite dans le monde

1.3. Quels sont les types communs d'exploitation relative à la traite?

Les personnes peuvent être victimes de trafic et exploitées de manières variées. Le trafic des femmes et des enfants pour l'exploitation sexuelle a été la forme la plus souvent reconnue de la traite. Cependant, beaucoup, si pas plus, d'hommes, de femmes et d'enfants sont victimes de la traite pour des formes d'exploitation par le travail telles que le travail dans les usines, l'agriculture, la construction, les pêcheries, l'industrie textile et l'industrie minière, et pour la servitude domestique et des services de soins aux personnes. Les trafiquants visent fréquemment des enfants pour la mendicité, la servitude domestique, l'adoption et les petits vols dans la rue. puis à

1.4. Qui sont les trafiquants?

Il n'y a pas de profil unique de ceux qui exercent la traite et exploitent d'autres personnes. Un trafiquant peut être une femme ou un homme, membre d'un réseau de crime organisé, il peut faire partie d'une petite entreprise familiale ou être un opérateur amateur qui aide, par exemple, au transport, à l'établissement de documents ou à la logistique d'une opération de trafic. Des membres de la famille, des ami(e)s et des connaissances de la personne qui a été victime de la traite peuvent avoir participé au recrutement ou à d'autres étapes du processus de trafic ou d'exploitation, ou les avoir dirigés. Certains trafiquants sont d'anciennes victimes du trafic qui recrutent et contrôlent maintenant d'autres victimes. (Exemple de Donata)

1.5. Qui les trafiquants recrutent-ils?

1 Protocole Additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, Nations unies, New York, 2000, article 3.

Voyez http://untreaty.un.org/English/TreatyEvent2003/Texts/treaty2E.pdf

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La pauvreté, le chômage, la guerre, les catastrophes naturelles et le désespoir prédisent assez bien la propension à être victime de la traite. Cependant, ceux qui deviennent la proie des trafiquants peuvent aussi être relativement riches, relativement instruits et provenir de centres urbains. à

1.6. Vers où et d'où les victimes de la traite sont-elles dirigées ?

Alors que le trafic international est souvent la cible de l'attention, les personnes qui sont victimes de la traite peuvent être transportées d'une nation à l'autre, d'une région à l'autre ou, comme c'est le cas de beaucoup de victimes, à l'intérieur de leurs propres frontières nationales. Chaque région a des routes communes, dont beaucoup mènent des personnes victimes de la traite de régions de pauvreté relative vers des lieux de richesse relative. à

1.7. De quels types d'abus souffrent les personnes victimes de la traite ?

La traite est un crime qui n'est pas toujours évident, ses victimes ne sont pas toujours facilement identifiables. C'est une violence qui peut prendre beaucoup de formes. Certaines personnes souffriront de mauvais traitements physiques extrêmes ou d'une violence qui s'apparente à la torture, comme les coups, les brûlures, le viol et l'emprisonnement, ( à et aussi, exemple donné par Magdalena), tandis que d'autres peuvent être soumises à des tactiques moins évidentes – mais cependant contraignantes et menaçantes, incluant des menaces physiques et verbales envers elles-mêmes ou leurs familles (spécialement celles qui ont des enfants). Des mesures contraignantes peuvent inclure le chantage, l'extorsion, les mensonges sur la capacité d'une personne à obtenir l'aide de la police ou d'autres, des avertissements au sujet de l'emprisonnement pour l'immigration ou d'autres délits et la confiscation de documents d'importance vitale comme passeports et cartes d'identité.

1.8. Prq les personnes victimes de traite restent-elles dans des situations d'exploitation ?

Très souvent, les personnes qui sont victimes de la traite ne voient pas d'autre option que de rester sous le contrôle des trafiquants. Ceux-ci utilisent des tactiques communes pour forcer, manipuler et régir les victimes. Ces tactiques peuvent inclure : violence physique, sexuelle et psycho ; à endettement ; menaces contre des membres de la famille; mensonge et tromperie ; rétention de documents ; maintien des victimes dans des conditions imprévisibles ou incontrôlables ; manipulation émotionnelle. Lorsque des personnes sont transportées dans des lieux peu familiers, particulièrement dans des endroits où elles ne parlent pas la langue locale, il leur est extrêmement difficile de savoir où aller pour avoir de l'aide, à qui faire confiance (beaucoup viennent d'endroits où les lois sont appliquées dans la corruption ou l'indifférence) ou comment demander de l'assistance, et comment s'y retrouver dans une ville peu familière ou une région isolée. Des individus peuvent craindre des représailles pour une tentative d'évasion ou avoir peur d'être arrêtés et emprisonnés. Ceux qui sont victimes de la traite en dehors de leur pays d'origine peuvent craindre d'être déportés ou de rentrer chez eux avec des dettes et sans le revenu qui peut leur avoir été promis. Paradoxalement, beaucoup de personnes préfèrent souvent, par conséquent, placer leurs espoirs de rentrer chez elles saines et sauves entre les mains des personnes mêmes qui les exploitent.

1.9. Qu'est-ce que le cycle de la traite ?

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La traite des êtres humains se comprend mieux comme un processus que comme un acte unique (voir figure 1). Le cycle commence à l'étape du recrutement avant le départ, puis le voyage et les étapes de destination/exploitation. Lorsqu'elles sont libérées ou qu'elles échappent à la période d'exploitation, les personnes sont souvent reçues et/ou détenues par des autorités, après quoi elles entrent dans l'étape d'intégration (si elles restent à destination) ou de réintégration (si elles sont rentrées chez elles). Chacune des ces étapes présente des risques pour la santé d'une personne, ainsi que des opportunités pour que des professionnels de la santé et d'autres interviennent en donnant informations et assistance.2

Figure 1: Etapes du cycle de la traite

Avant le départ >

Recrutement >

Voyage/destination >

Exploitation >

Réception >

Détention > Intégration>réintégration

1.10. Les circonstances complexes des personnes victimes de traite

La situation des personnes victimes de traite est presque toujours compliquée. Qu'elles soient toujours sous le contrôle d'un trafiquant, qu'elles essaient de le quitter ou qu'elles soient déjà hors de l'environnement de la traite, les victimes sont généralement plongées dans des circonstances difficiles au niveau physique, psychologique, social, légal et, ce qui n'est pas le moindre, financier. Pour prendre soin de personnes qui ont été victimes de la traite, il est utile d'essayer d'imaginer comment elles voient le monde.

1.101. Des personnes qui sont encore dans une situation de la traite peuvent:

Ne pas savoir ou ne pas comprendre ce qu'est le 'trafic'. Avoir une liberté personnelle limitée et se sentir coincées, sans issue. Travailler sous la pression pour rembourser des dettes ou sentir le fardeau d'une crise

financière familiale. Craindre des représailles de la part des trafiquants ou des 'employeurs'. Travailler dans un secteur informel ou une industrie illicite, ou dans des conditions malsaines,

précaires ou dangereuses. Se tracasser au sujet de leur statut légal. Etre déplacées régulièrement d'un lieu à l'autre, d'un rendez-vous à l'autre. Etre sujettes à des pénalités, amendes ou punitions de la part des trafiquants ou des

employeurs.

2 Cette section se base sur les modèles conceptuels et les conclusions d'études développées dans Zimmerman, C. et al., The Health Risks and Consequences of Trafficking in Women and Adolescents: Findings from a European study (Les risques pour la santé et les conséquences du trafic pour les femmes et les adolescents: conclusion d'une étude européenne), London School of Hygiene and Tropical Medicine, London, 2003.

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Mentir au sujet de leur statut légal, de leur âge, de leur pays d'origine, de leur famille ou de leur relation avec le trafiquant.

Se tracasser au sujet de la sécurité et du bien-être de la famille à la maison, spécialement quand les trafiquants connaissent le lieu de résidence de la famille.3

Souffrir de réactions traumatiques qui affectent leur capacité de se souvenir, de faire confiance à autrui, de réagir de manière appropriée, d'estimer les risques et de chercher ou accepter de l'assistance.

Voir la situation comme temporaire et envisager un avenir où elles gagneront finalement un revenu suffisant.

Se méfier des officiels de tous types, y compris du personnel de santé. Chercher des assurances qu'elles ne sont pas à blâmer pour ce qui leur est arrivé.

1.102. Des personnes qui sont hors d'une situation de traite peuvent: Faire l'expérience des mêmes soucis que les personnes qui sont encore dans une situation de

traite (voir ci-dessus) Continuer à se sentir (ou à être) observées, suivies et vulnérables à une vengeance contre

elles-mêmes ou contre des membres de leur famille Avoir des dettes colossales et/ou peu de ressources financières Avoir une situation instable, être dans une résidence temporaire, craindre un déménagement

imminent ou la déportation, ou de rester sans papiers. Souhaiter rentrer chez elles, mais sans en avoir les moyens. Ne pas souhaiter rentrer chez elles à cause de circonstances passées d'abus, de privations ou

de danger. Garder leur expérience cachée à leurs amis, famille et autres. Se sentir honteuses et stigmatisées. Se sentir indépendantes et enrichies par l'expérience et ne pas souhaiter être traitées comme

victimes. Se sentir pressées de participer à un procès légal contre les trafiquants, ou se sentir en danger

à cause d'une telle participation. N'envisager aucune autre alternative que de retourner chez les trafiquants. Continuer à expérimenter des réactions extrêmes au stress, qui affectent le fonctionnement

physique, sexuel, psychologique et social. Sentir que parler du passé, c'est le revivre. Etre incapables d'utiliser les services de santé ou autres à cause de circonstances financières,

de statut légal, de barrières linguistiques, de soucis de logistique ou d'aliénation.

Chacune de ces réactions peut rendre difficile à une victime de la traite la recherche d'aide. Une fois que la personne peut accéder aux soins, ces sentiments, particulièrement la honte, peuvent faire que dévoiler ses soucis, poser des questions et exprimer des frustrations soit cause de stress. Les personnes qui ont été victimes de la traite ont besoin de l'assurance qu'elles ne sont pas à blâmer pour ce qui leur est arrivé. Elles ont aussi besoin de retrouver le sentiment qu'elles sont respectées et acceptées.4

3 Adapté de Zimmerman, C. et C.Watts, WHO Ethical and Safety Recommendations for Interviewing Trafficked Women (Recommandations éthiques et de sécurité de l'Organisation Mondiale de la Santé pour les entrevues avec les femmes victimes du trafic), World Health Organisation, Geneva, 2003

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1.11. Complexités particulières

Certaines situations de victimes de la traite sont particulièrement complexes, et peuvent poser des défis spéciaux quand on travaille avec ces victimes. Beaucoup de raisons peuvent empêcher une personne qui a été victime de la traite de dévoiler des informations, ou faire qu'elle change des détails à son sujet, au sujet de sa situation, de ses intentions ou de sa famille.

Victimes dont les membres de la famille sont soumis à un risque potentiel : Les personnes ont souvent des membres de leur famille, spécialement des enfants, qui peuvent exercer un impact important sur leurs prises de décisions, y compris des décisions au sujet de leur propre sécurité et bien-être.

Victimes qui ont une relation intime ou familiale avec leur trafiquant : Dans certains cas, les victimes peuvent avoir une relation personnelle avec le trafiquant. Des femmes peuvent couramment avoir, ou avoir eu dans le passé, une relation romantique avec celui qui abuse d'elles (Donata). Des enfants peuvent être exploités par un membre de leur famille ou par quelqu'un qu'ils considèrent comme une figure parentale.

Victime-délinquant(e): Des victimes peuvent avoir 'progressé' du statut de victime de la traite à celui de recruteur (se) ou de directeur (trice) d'autres victimes de la traite.

Chacune de ces situations peut compliquer l'accès à l'assistance et son acceptation. Pour la personne victime du trafic, ces circonstances peuvent poser des problèmes de double loyalisme, de peur ou d'intimidation continuelle et d'intentions vacillantes à propos de l'avenir. Les agents de santé peuvent trouver que les patients ne viennent pas aux rendez-vous et ne sont pas capables de suivre le traitement, ou que les besoins de santé des patients sont jumelés avec d'autres besoins de soutien.

1.12. Et qu'en est-il des femmes?

Les femmes constituent au moins 56% des victimes du trafic dans le monde. Elles sont exploitées dans les champs et les bordels, dans les maisons et dans les conflits armés, dans les usines et les pêcheries. Davantage de femmes sont poussées hors des pays en voie de développement par des pressions économiques, familiales et sociétales – devenant toujours plus vulnérables à l'esclavage moderne.

Cette féminisation de la migration se voit en Indonésie, où des millions de jeunes filles et de femmes – presque 70% de tous les émigrants – quittent leur pays pour trouver du travail à l'étranger, y compris comme servantes domestiques dans des pays plus développés en Extrême-Orient et au Moyen Orient. Elles aboutissent souvent dans des lieux dépourvus de protection contre les abus et l'esclavage, et certaines se sentent obligées de faire le voyage plus d'une fois pour essayer de gagner l'argent qu'on leur a promis d'abord. De nouvelles routes de migration 'féminisée' sont apparues au cours des dernières années – de Madagascar au Liban, de l'Ethiopie aux états du Golfe persique, et de l'Indonésie à la Malaisie et au Moyen Orient.

4 Ibid.10

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Les femmes continuent à être asservies dans le commerce du sexe partout dans le monde. Elles sont souvent arrêtées pour leur participation à un délit qui en fait des coupables, alors qu'au contraire elles devraient pouvoir bénéficier de services et d'une force de police bien entraînée qui mette en œuvre des mesures d'identification éprouvées et compatissantes. (Anna)

Les femmes continuent à peiner dans des usines où elles sont exploitées sans nourriture ni pauses, à coudre des vêtements, décortiquer des crevettes et tisser des tapis sous la menace de la violence. Liées par la dette et la force, elles cueillent le coton, extraient des minéraux et récoltent du riz aux côtés de leurs enfants. Elles travaillent comme domestiques dans des ménages de diplomates et des résidences suburbaines, souvent sans que personne sache qu'elles sont là, moins encore qu'on les soumet à de mauvais traitements.

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2. Réponses à la traite des êtres humains

Les réponses à la traite des êtres humains se focalisent habituellement sur trois grands domaines connus comme les trois P: Prévention, Protection et Poursuites judiciaires. Les activités de prévention incluent la conscientisation et l'éducation pour avertir les victimes potentielles de la traite, par exemple, et des activités pour empêcher l'exploitation des travailleurs migrants. La protection comprend les mécanismes de soutien et les ressources qui visent à assister les victimes et à assurer leur sécurité. Les actions de poursuites judiciaires sont associées à l'application des lois et elles visent à identifier, arrêter et poursuivre les auteurs du trafic. Je vous renvoie au plan d'action des Nations unies (2010/04/16).

2.1. Notre réponse à la traite des êtres humains

Qu’est- ce qui peut être fait pour combattre la traite ?A coup sûr, nous pouvons faire quelque chose à travers notre façon de vivre au quotidien. Que nous soyons enseignant, travailleur social, infirmier, médecin, policier, quelle que soit notre profession, et même si nous sommes à l’âge de la retraite, essayons de trouver comment nous pouvons vivre un ou plusieurs de « mes » 5 P.

P – 1: PREPARATION : autant que possible, essayer de

o S’informer – rester à jour grâce aux liens disponibles (voyez la feuille de ressources)o Etre clair et dénoncer :

o il n'existe pas de prostitution "libre/volontaire"; on ne peut pas la considérer comme un métier "normal", et elle doit être abolie.

o La traite détruit les personnes et les familles; elle ne peut pas construire un avenir merveilleux. Faites la comparaison avec l'esclavage…

o Le Bon Pasteur – via le Bureau ONG de New York – prépare actuellement des documents de positionnement sur la Traite comme sur d’autres sujets sensibles : la justice économique, les migrations, la Prostitution, la petite fille et l’écologie.

o Respecter réellement les femmes et les filles comme des êtres humains: ne jamais accepter dans notre vie une attitude qui détruit l'autonomie ou le potentiel des personnes. Ensemble, essayer de réfléchir à ce que nous vivons avec les personnes rencontrées dans notre ministère.

o Faire un travail sur soi-même : bien souvent, quelque chose dans notre vie nous a laissé avec des blessures. Elles sont un « côté ouvert » pour mieux comprendre si nous nous laissons soigner.

P 1: PREVENTION

o Combattre la pauvreté. Si les personnes embarquées dans la traite n'étaient pas si pauvres, elles ne rêveraient pas d'une vie meilleure dans un pays de Cocagne. Avez-vous entendu parler des ODM (objectifs de développement pour le millénaire)? C'est un combat très important des Nations Unies contre plusieurs formes de pauvreté. Ce n'est pas notre sujet d'aujourd'hui, mais vous pouvez vous renseigner à ce sujet sur Internet.

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o Combattre l'analphabétisme. Assurer que les filles aillent à l'école et dire aux familles que la fille et la famille en ont besoin pour leur propre sécurité. Il est prouvé que lorsque les filles vont un an de plus à l'école, l'exploitation diminue de 10%.

o Susciter une prise de conscience. Le trafic est une stratégie pour faire de l'argent, et les trafiquants sont très habiles pour inventer comment gagner de plus en plus d'argent. Pour eux, le corps humain n'est que de la viande à vendre. Ce point doit être communiqué très clairement aux jeunes et aux familles. Et le VIH/Sida est une menace terrible, dont les trafiquants et les clients ne se soucient pas… sauf pour eux-mêmes.

o Donner de l’autonomie aux femmes grâce, par exemple, à la possibilité pour elles de bénéficier du commerce équitable.

o Combattre la demande. Enseigner aux garçons et aux filles qu'un être humain n'est pas à vendre et il faut commencer lorsqu'ils sont à l'école maternelle ! Commencer un programme de prévention précoce pour les garçons et les jeunes gens. La prévention précoce est importante car les hommes qui paient les services d'une prostituée le font pour la première fois vers l'âge de 25 ans. Aidons-les à dire NON lorsque d'autres garçons font pression sur eux. Disons-leur qu'il n'est pas vrai que les femmes aiment la vie de prostituée, qu'elles choisissent cette vie et qu'elles gagnent beaucoup d'argent.

o Essayer de faire quelque chose au sujet de l'influence des media sur les jeunes et les enfants. Le sexe et la violence sont montrés quotidiennement à la TV de sorte que cela devient banal et que cela fait partie de la vie de tous les jours. La pornographie et la mode peuvent contribuer à ce phénomène.

o Travailler avec toutes les personnes impliquées dans un lieu où toutes peuvent rencontrer les victimes du trafic: police, hôpitaux, douanes, voisins… (exemple de Kikka) pour améliorer l'identification des victimes.

o Etablir des réseaux avec d'autres ; les religieuses le font grâce à Talitha Kum et les réseaux existant sur les 5 continents.

o Plaider auprès des gouvernements. Sachez s'ils ont ratifié la Convention et le Protocole, s'ils ont élaboré des lois et s'ils les appliquent pour protéger les victimes et poursuivre les trafiquants et les clients.

o Plaider auprès de l'Eglise: prêtres et évêques, de sorte qu'ils éduquent les garçons et les hommes, spécialement les prêtres, pour éradiquer les racines de la traite en travaillant pour que cesse la demande : les femmes ne sont pas un objet sexuel pour lequel on paie quand on en a besoin...

P 2: PROTECTION o Etablir des réseaux (exemple du Collectif contre la Traite). Se connecter avec d'autres pour

pouvoir aider les femmes quand elles veulent partir pour trouver des refuges dans d'autres pays.

o Plaider auprès de l'Eglise: exemple des "champs de Booz"

o Ouvrir un refuge: exemple de « Jorbalan » Principes de base pour les programmes des Foyers/refuges

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Les Foyers/refuges pour les victimes du trafic offrent un abri sûr et des services étendus. Ces refuges ne doivent pas être gérés par les gouvernements, et souvent la gestion la plus efficace est le fait des ONG, bien qu'elles doivent adhérer à certains principes de base, comprenant ce qui suit:

Il faut reconstruire le sens de l'autonomie et des potentialités des victimes, leur confiance et leur sens de la communauté. Les trafiquants dénient aux victimes leurs libertés fondamentales, en les laissant se sentir piégées, craintives et honteuses.Un Foyer/refuge est souvent le premier endroit où on offre de l'assistance aux victimes et où elles commencent à reconstruire ce qui a été détruit par le trafiquant. Les programmes efficaces des refuges qui adoptent ce principe créent un environnement qui offre aux victimes:

L’accès à la famille, aux ami(e)s, et à la communauté en dehors du refuge; La capacité de décider leur propre plan de réhabilitation ou guérison; Des locaux confortables qui ressemblent à une résidence et pas à une prison; Un traitement respectueux comme envers des personnes qui ont des droits et non comme

envers des délinquant(e)s; Un personnel respectueux, attentif et qualifié; et Des occasions de travailler et la capacité de quitter le refuge à volonté.

La sécurité et le bien-être des personnes victimes de la traite doivent être au cœur de tous les services. Le but d'un programme de refuge est de fournir un havre sûr et de faire passer une victime du trafic de la crise à la guérison. Tout ce qui met en danger la sécurité ou le bien-être d'une personne victime du trafic est en conflit direct avec ce but principal. Les victimes du trafic ont des besoins de sécurité physique qui exigent des protocoles et des aménagements physiques du bâtiment pour leur protection. Cependant, les programmes de refuge doivent répondre à ces besoins de sécurité d'une manière qui ne diminue pas le bien-être des résidant(e)s. Par exemple, les aménagements du bâtiment qui font penser à une prison ou même à la situation de trafic ne vont que renouveler les traumatismes de la victime du trafic.

Les personnes victimes de la traite demandent une certaine combinaison de services généraux, incluant une aide psychologique, médicale, légale, éducationnelle, professionnelle avec des compétences pour la vie, des services de traduction/interprétation. Les refuges pour les personnes victimes de la traite ne doivent pas être un lieu de détention utilisé pour mettre la personne en sécurité avant qu'elle ne retourne à son pays d'origine. Au lieu de cela, les refuges devraient être à la fois un havre sûr et un lieu où les victimes peuvent avoir accès à des services décisifs et généraux au-delà des secours d'urgence en nourriture et abri. Ces services aident la victime de la traite à commencer le processus de guérison du corps et de l'esprit et à réintégrer la société. Ils peuvent aussi servir un objectif de prévention et diminuer la probabilité qu'elle ne retombe dans la traite.

Les services fournis doivent être centrés sur la victime.

Chaque expérience de la traite est unique et touche différemment les individus ; les personnes victimes de la traite ne demandent ou ne désirent pas toutes les mêmes services. Le personnel du refuge devrait

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travailler individuellement avec les personnes victimes de la traite pour créer un plan de guérison sur mesure comprenant:

La gestion individualisée du cas ; La prise en compte de l'évaluation des besoins et des risques ; Les considérations culturelles et linguistiques ; La discrétion ; La sécurité et la planification de la sécurité ; Les services de réintégration.

Les femmes ne sont pas uniquement des victimes ; dans bien des pays, elles sont la solution. L'approche centrée sur la victime doit se modeler sur les leçons des réformes légales qui visent la violence domestique et l'agression sexuelle. Si une jeune fille ou une femme est traitée comme un être humain à toutes les étapes du processus de réponse, elle aura une chance de ne pas redevenir victime de la traite.

o Penser au commerce équitable, et les aider à en vivre. Peut-être connaissez-vous déjà le commerce équitable ? Deux étapes importantes différentes et complexes, mais très utiles pour les femmes:

créer un atelier, en utilisant les capacités et les valeurs culturelles des femmes lorsque c'est fait, essayer de leur donner pouvoir et autonomie, de sorte qu'elles le

gèrent elles-mêmes.

P 3: POURSUITES JUDICIAIRES

o Plaider auprès des gouvernements. Tout d'abord, essayez de savoir ce que votre gouvernement a ratifié ou non. Dans l'affirmative, vous pouvez utiliser les documents officiels des Nations Unies: conventions, protocoles, et expliquer ce qu'il est utile que les jeunes filles sachent pour ne pas devenir victimes de la traite. Demandez quelles politiques le gouvernement applique pour cela. Expliquez que le délinquant, c'est le trafiquant, non la femme ou la jeune fille.

o Travailler avec la police. Quelle est la formation reçue par les policiers pour traiter le trafic, pour être capables de voir si une personne est une victime, et pour faire ce qui est le meilleur pour elle? à

o Exemple des sœurs irlandaises.

P 4: PRIERE

Chaque croyant peut également agir sur un plan qui n’appartient qu’à lui, même s’il peut le faire en « communauté » : prier. Entrer dans la prière de Jésus pour ses frères et sœurs en humanité qui souffrent, et dont les souffrances touchent son cœur à double titre : par son incarnation, Il partage le sort et des ‘personnes-victimes’, et des ‘personnes-bourreaux’. Demander à Marie qu’elle soit proche.Chacun et chacune de nous peut aussi ouvrir la prière de sa paroisse, de sa communauté :

o Lors de la journée de la femme: le 8 mars15

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o Lors de la journée internationale des migrantso Solliciter la prière des aînés, des communautés contemplatives

Perspectives

J’ai terminé par les « 5 P », et notamment la prière. Je voudrais insister, en guise de perspectives – je préfère ce mot à conclusion – sur les trois caractéristiques que doit revêtir notre être au monde en tant que croyant. Notre monde, le « monde désenchanté » de Marcel Gauchet, c’est visible depuis bien longtemps, rejette le Dieu que nos Eglises lui ont proposé pour de multiples raisons : explications scientifiques qui permettent de se passer du « grand horloger », attitudes de certains membres de la hiérarchie qui manquaient de cohérence avec l’enseignement dispensé, crispations, etc. La foi aujourd’hui est difficile dans un environnement qui, non seulement se passe de Dieu, mais nous bombarde de tout ce qui pourrait combler nos désirs, modelant une humanité qui n’aurait d’autre références que celles dispensées par les médias. Le croyant est un veilleur irremplaçable dans la contemplation du Dieu de Jésus-Christ qui a fait l’homme à son image, et qui, du fait même, souffre de la manière dont sont traités certains humains dans le monde. Sa prière sera donc constante pour que ne se perde pas cet humain dont Dieu en Jésus nous a révélé l’être profond et pour que se lèvent des hommes et des femmes de bonne volonté afin que cesse la traite des personnes.

Le croyant ne peut se fermer les yeux devant les souffrances des victimes de la traite, et peut s’engager – nous l’avons entendu – dans des actions caritatives qui préviendront ou soulageront les détresses de ces victimes. Les congrégations religieuses féminines du monde entier se sont mises en réseau, entre elles et avec d’autres afin que des « survivants » puissent redevenir, autant que possible, des personnes libres et heureuses. Il pourra aussi, avec le regard du Christ, voir autrement les hommes et les femmes qui organisent ou profitent du trafic : ils, elles sont aussi nos frères et nos sœurs : comment agir ensemble pour que personne n’ait à recourir à ce « marché », à « marchandiser » son semblable ?

Le croyant ne peut-il enfin agir sur les structures injustes, et venir en politique – au sens noble du terme – afin que des actions communes puissent faire entrer réellement en vigueur les nombreux textes élaborés et publiés par l’ONU et les gouvernements pour lutter contre toute forme d’esclavage de l’homme par l’homme ? La démocratie NOUS interroge comme démocrates : que pouvons-nous pour exercer autant que possible cette « voix du peuple » que nous avons la grande chance de pouvoir faire entendre dans notre pays et en Europe ?

Je vais finir par deux citations très différentes. L’une est tirée du livre d’Olivier Legendre : « Confession d’un Cardinal » :« Aurons-nous réussi, au nom de notre foi, à mettre un peu plus d’humanité dans un monde qui semble saisir toutes les occasions de se déshumaniser ?... Il est légitime que le monde nous demande à quoi nous servons, nous chrétiens. Je crois que la seule réponse que nous puissions faire est celle-ci : à puiser dans notre foi l’énergie de créer un peu d’humanité autour de nous… C’est aux fruits qu’il porte que l’arbre est jugé »

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Et l’autre est un refrain composé pour nous à la fête de Pentecôte du Bon Pasteur par Laurent Gzrybowsky :

Il y a toujours un chemin

Malgré la mort et la souffranceIl y a toujours un chemin

Malgré la peur et la violenceIl y a toujours un chemin

Car Dieu nous donne une espérance...

Marie Hélène HALLIGON, Religieuse du Bon Pasteur,

Membre du Collectif-Contre-la-Traite des Etres HumainsMembre du Réseau Européen RENATE

(Réseau de Religieuses en Europe Contre la Traite et l’Exploitation)

Strasbourg, 8 décembre 2010

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Survivants du trafic des êtres humains – rompant le silence

Jana Kohut, trente ans, de Bosnie, a raconté au Conseil des droits humains comment elle a été victime du trafic et exploitée sexuellement pendant quatre mois dans la Slovénie voisine.Le Conseil des Droits humains de l'ONU a entendu les expériences poignantes de Jana dans les mains des trafiquants qui l'ont forcée à la prostitution."J'ai été menacée encore et encore pour que je leur obéisse, spécialement quand ils me rappelaient constamment combien il leur serait facile de prendre ma sœur pour qu'elle me remplace et qu'ils la soumettent au même traitement."Jane a demandé la création de lieux sûrs et de soutien pour les victimes et les survivantes du trafic.Elle disait: "Impliquez ceux et celles qui souhaitent rompre le silence et nourrissez ceux et celles qui ont besoin de garder le silence."Jane est maintenant en train d'écrire le script d'un film de ses expériences de femme victime du trafic. Elle faisait partie des cinq survivants qui ont parlé lors de la discussion du panel du Conseil des droits humains sur le trafic.

Kikka Cerpa, du Venezuela, a raconté l'histoire douloureuse de la manière dont elle a été forcée à la prostitution par son ancien ami à New York il y a 18 ans.

Elle dit au Conseil des droits humains: "Les autres femmes et moi-même avons été arrêtées à plusieurs reprises pour prostitution. Jamais la police ni les procureurs ne nous ont demandé si nous étions victimes de trafiquants. Jamais ils ne nous ont offert aide et protection."

Jana et Kikka parlaient lors d'un panel intitulé: "Donner voix aux victimes et aux survivants du trafic des êtres humains."

Jana dit que son histoire et celle de Kikka sont vécues par des milliers d'autres femmes et jeunes filles à travers le monde – mais elle nous rend plus proche le trafic pour l'exploitation sexuelle en disant que cela pourrait nous arriver à tous."Combien d'autres filles de 13 ans, votre fille, ma sœur, leur nièce doivent être forcées à la prostitution?" demanda Jana. "Combien d'autres seront comptées dans certaines statistiques, quel nombre est assez élevé dans cet âge de l'esclavage le plus cruel?"

Kumar Ramjali, un père de deux enfants, a quitté son village natal au Népal pour la Jordanie après des promesses d'un travail bien payé à l'étranger. Il dit: "J'étais impatient de partir pour l'emploi à l'étranger."

Kumar a dit au Conseil qu'il avait failli mourir alors qu'il était transporté avec 12 autres à travers deux pays dans un convoi de camions vers une base militaire en Irak.

"Nous avons été détenus pendant luit jours dans cet horrible lieu. Nous avons appris que deux des camions qui faisaient partie de notre convoi et qui transportaient 12 Népalais manquaient. Nous avons su plus tard qu'ils avaient été arrêtés par des insurgés et que les 12 hommes avaient été kidnappés et assassinés, et leur exécution diffusée sur l'internet."

Charlotte Awino, d'Uganda, a raconté au Conseil comment, à l'âge de 14 ans, elle avait été enlevée d'un pensionnat et gardée captive pendant 8 ans par l'Armée de Résistance du Seigneur. Sa mère

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Angelina Atyam n'a jamais cessé de parler ouvertement et de travailler pour sa libération et celle de milliers d'enfants enlevés en Uganda – malgré des menaces de l'Armée de Résistance du Seigneur.

Des questions et quelques liens en réponse :

Relâchement des contrôles aux frontières ? Pas d'impact. Les trafiquants sont très intelligents, ils connaissent très bien les lois et adaptent leurs méthodes de trafic. Ils n'ont aucun scrupule et ils veulent uniquement faire de l'argent.

3. L'Union Européenne contre le trafic:En français:Avis de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme sur la traite des humains en France. 94 préconisations. (Lien sur le Blog ci-dessous)http://ec.europa.eu/justice_home/fsj/crime/trafficking/fsj_crime_human_trafficking_fr.htmhttp://ec.europa.eu/justice_home/doc_centre/crime/trafficking/doc_crime_human_trafficking_fr.htmen anglais:http://ec.europa.eu/justice_home/fsj/crime/trafficking/doc/assessment_18_10_07_en.pdfhttp://ec.europa.eu/justice_home/fsj/crime/trafficking/doc/recommendation_22_11_07_en.pdf

Liens où agir « en ligne » :http://www.stopthetraffik.org/language.aspx

Blog de Marie Hélène : http://marieheleneh.wordpress.com/

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