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l’aménagement des zones boi- sées. Notons qu’en plus des cul- tures classiques de céréales et de couverts, la culture du trèfle (dont raffole les chevreuils) est prati- quée. En dehors de la saison de chasse, on réalise un travail considérable pour l’entretien et les cultures. de gardes est britannique et diri- gée par Richard qui, depuis plus de quinze ans, a beaucoup oeuvré pour faire de cette pro- priété un grand territoire. De nom- breux aménagements ont été réa- lisés avec, la mise en place de haies, l’ouverture de clairières, la plantation de cultures à gibier et comptage qui ne différencie ni les sexes ni les âges. Pour cela, il est nécessaire d’installer des mira- dors à des points stratégiques et de passer des heures au lever et coucher du soleil afin d’observer et de qualifier. Les territoires qui respectent ces conditions offrent alors aux chas- seurs des jours heureux. Parmi ces derniers nous nous ren- dons au domaine des Morettes en Sologne non loin de Lamotte- Beuvron. La superficie de cette propriété qui appartient à Nathalie et Thierry Merle est de 800 hectares. Le domaine est entièrement clos. Il est connu pour ses battues, réservées à des amis, de petit gibier « à l’an- glaise ». Les faisans sont acclima- tés en été et aucun ajout n’est réalisé durant la saison. L’équipe L a chasse à l’approche n’est pas toujours bien comprise. Certains reprochent le tir sur un gibier arrêté. C’est là que réside la confusion entre chasse et tir. Si l’acte de chasse se résume à un tir, il est alors préférable de faire du tir sportif à la cible ou au plateau d’argile. La chasse est autre. Le tir n’est qu’une conclusion possible. Le prélèvement d’animaux est abso- lument nécessaire lorsque ceux-ci n’ont plus de prédateurs. C’est le cas du grand gibier en France : Cervidés, sangliers et caprinés. Cette gestion est essentielle au bon équilibre des populations sur un territoire. Dans l’approche, la chasse consiste tout d’abord à réaliser, au printemps, un inventaire précis des animaux présents sur le terri- toire. C’est beaucoup plus qu’un 20 Le magazine des VOYAGES DE CHASSE WEEK END C C h h e e v v r r e e u u i i l l s s d d o o r r g g u u e e i i l l D D O O M M A A I I N N E E D D E E S S M M O O R R E E T T T T E E S S Chasser à l’approche et au mirador, dans un cadre magnifique et en compagnie d’un garde talentueux ne peut que réjouir l’amateur de grand gibier.

WEEK E DOMAINE DES MORETTES MORETTES VdC.pdf · conditions de confort appré-ciables. Les Morettes font aussi chambres d’hôtes, car en plus de la chasse il est possible de pratiquer

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Page 1: WEEK E DOMAINE DES MORETTES MORETTES VdC.pdf · conditions de confort appré-ciables. Les Morettes font aussi chambres d’hôtes, car en plus de la chasse il est possible de pratiquer

l’aménagement des zones boi-sées. Notons qu’en plus des cul-tures classiques de céréales et decouverts, la culture du trèfle (dontraffole les chevreuils) est prati-quée. En dehors de la saison dechasse, on réalise un travailconsidérable pour l’entretien etles cultures.

de gardes est britannique et diri-gée par Richard qui, depuis plusde quinze ans, a beaucoup oeuvré pour faire de cette pro-priété un grand territoire. De nom-breux aménagements ont été réa-lisés avec, la mise en place dehaies, l’ouverture de clairières, laplantation de cultures à gibier et

comptage qui ne différencie ni lessexes ni les âges. Pour cela, il estnécessaire d’installer des mira-dors à des points stratégiques etde passer des heures au lever etcoucher du soleil afin d’observeret de qualifier.Les territoires qui respectent cesconditions offrent alors aux chas-seurs des jours heureux.

Parmi ces derniers nous nous ren-dons au domaine des Morettes enSologne non loin de Lamotte-Beuvron. La superficie de cettepropriété qui appartient àNathalie et Thierry Merle est de800 hectares. Le domaine estentièrement clos. Il est connupour ses battues, réservées à des amis, de petit gibier « à l’an-glaise ». Les faisans sont acclima-tés en été et aucun ajout n’est réalisé durant la saison. L’équipe

L a chasse à l’approche n’estpas toujours bien comprise.Certains reprochent le tir

sur un gibier arrêté. C’est là queréside la confusion entre chasse ettir. Si l’acte de chasse se résume àun tir, il est alors préférable defaire du tir sportif à la cible ou auplateau d’argile.La chasse est autre. Le tir n’estqu’une conclusion possible. Leprélèvement d’animaux est abso-lument nécessaire lorsque ceux-cin’ont plus de prédateurs. C’est lecas du grand gibier en France :Cervidés, sangliers et caprinés.Cette gestion est essentielle aubon équilibre des populations surun territoire. Dans l’approche, la chasseconsiste tout d’abord à réaliser, auprintemps, un inventaire précisdes animaux présents sur le terri-toire. C’est beaucoup plus qu’un

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WEEK END

CCCChhhheeeevvvv rrrreeeeuuuu iiii llll ssss dddd ’’’’oooorrrrgggguuuueeee iiii llll

DDDDOOOOMMMMAAAAIIIINNNNEEEEDDDDEEEESSSS

MMMMOOOORRRREEEETTTTTTTTEEEESSSS

Chasser à l’approche et au mirador, dans un cadremagnifique et en compagnie d’un garde talentueux ne

peut que réjouir l’amateur de grand gibier.

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conditions de confort appré-ciables. Les Morettes font aussi chambresd’hôtes, car en plus de la chasse ilest possible de pratiquer la pêcheet l’équitation ou le golf à proxi-mité.En cette fin d’après midi, nousdéposons nos affaires de chasse etcarabine dans le débotté et nosaffaires personnelles dans lachambre. Nous nous donnonsrendez-vous vers 18:30 pour allerchasser.

Nous partirons à pied depuis LaFerme afin de commencer par pir-sher. Devant nous s’étale unegrande plaine bordée par un boisde pins. Nous la contournons etentrons dans le bois. Nous mar-chons depuis quelques minutessur une allée quand un chevreuilpointe son museau. Nous nouscalons contre un arbre et le lais-sons s’avancer. Il est à environ 50mètres et ne nous a ni vu niéventé. Même sans jumelle nousidentifions une chèvre bientôt sui-

Richard, qui nous accueille dansla cour du groupe de bâtimentintitulé « La Ferme ». Ces bâti-ments ont été rénovés pour y ins-taller un salon et une salle à man-ger ainsi qu’un débotté qui exposel’historique des prélèvements dechevreuils. Dans un autre corpsde bâtiment, on a aménagé deschambres, qui vont de la « juniorsuite » jusqu’à « la suite ». Letout a été décoré avec raffinementpar Nathalie et est digne desmeilleurs « Relais et Châteaux ».En raison des horaires (tôt lematin et tard le soir), c’est unatout de pouvoir résider au milieudu territoire de chasse et dans des

nutritif nécessaire au dévelop-pement des chevreuils.Heureusement, l’eau ne manquepas. Une dizaine d’étangs permet-tent aussi d’élever des canards etd’avoir du passage en saison.C’est un travail qui aujourd’huiporte ses fruits et permet d’ouvrirle territoire aux passionnées de lachasse à l’approche.

Nous nous rendons juste avantl’été au Domaine des Morettespour essayer de prélever quelqueschevreuils. Dès l’ouverture duportail nous pouvons nous rendrecompte du travail réalisé. C’estBénédicte, l’épouse du garde

Une cinquantaine de chevreuils

Le domaine a un plan de tir d’unequinzaine de cerfs, biches etjeunes et d’une cinquantaine dechevreuils. Pour les chevreuils 20bracelets de tir d’été sont accor-dés. Nous sommes en Sologne et sesont des trophées de qualité maispas de « grands trophées àmédailles». L’important est l’actede chasse et c’est cela que nousrecherchons.A l’arrivée de Richard, il y a unequinzaine d’années, il n’y avaitsur le territoire que de petits che-vreuils en mauvaise santé. Annéeaprès année, le domaine a réussià améliorer la qualité de la popu-lation. La première décision a étéd’abandonner tout tir du che-vreuil en battue et de ne pratiquerque du tir sélectif à l’approche et àl’affut. Puis il a fallu mettre en place des cultures appropriéescomme celle du trèfle. De nom-breuse pierres à sel sont disposéesafin d’apporter le complément

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« Si vous voulez le prélever,vous pouvez … »

Nous avons maintenant danscette prairie 4 chevreuils mais rienà prélever. Patientons. Richard mesourit et me fait une moue pourm’exprimer qu’il est confiant.C’est rare un anglais qui fait des «mimiques »….. Mais il a raisoncar, à 30 mètres de nous, sort unchevreuil : un brocard ! Presquede face, nous ne pouvons jugerque la hauteur de ses bois et sastature. Dans les jumelles, lesbois font 20 cm et, à en juger parl’encolure, il a au moins 5 ans. Ilse tourne un instant : C’est un sixcors ! Les bases semblent solideset perlées. Je pose mes jumelles etprend la carabine où j’ai pris laprécaution d’engager une car-touche. Je n’ai plus qu’à fermer laculasse. Je pose l’arme sur le borddu mirador, l’épaule et positionnemon œil dans la lunette. Quand jecadre le brocard dans mon

o p t i q u e ,Richard , trèscalme, memurmure àl’oreille : «Si vous vou-lez le préle-ver, vousp o u v e z » .C’est élégant.Trop souventj’ai entenduun trop bref« Schissen» ou enencore «S h o o t » ,suivi d’uneexcitation, àla limite del’énervement

Nous nous installons sur laplanche servant de siège. Lecalme règne et le vent nous faitface. Devant nous se présente uneprairie bordée par des bois. Unfaisan piète, piquant le sol ner-veusement pour se nourrir d’in-sectes et de graines. En se prome-nant, il passe sur une zone deterre et je peux l’observer à lajumelle. Vu la taille de ses ergotsce n’est pas un jeune de l’année !Richard me murmure qu’il voit dumouvement dans le bois et queles choses sérieuses vont com-mencer. A peine m’a t-il dit celaqu’une grosse chèvre sort sur lepré, rapidement suivie de son che-vrillard. Ils traversent une partiede la prairie et se mettent à brou-ter. Après observation, le che-vrillard s’avère être une chevrette.Les animaux s’installent, à l’op-posé, de la zone de gagnage. Surnotre droite, sur un chemin, àplus de 300 mètres, nous aperce-vons deux chevreuils, mais vuleurs corpulencescela doit être desjeunes. Enq u e l q u e sminutes ils ren-trent dans le boiset en ressortent,devant nous, à15 mètres. Aucundoute : ce sontdes jeunes d’unan, frères etsœurs sansdoute. Le mâleporte ses pre-miers petit bois.Ils ont la mêmetaille et la mêmecorpulence. Maistoujours pas debrocard….

vie de ses deux chevrillards dontl’un est un brocard. Ils sont nésau printemps dernier et prendronsleur indépendance, cet été, aumoment du rut. Très calmement,ils traversent l’allée et entrentdans l’autre parcelle. Nous nebougeons pas pour ne pas lesaffoler et patientons de longuesminutes. Nous reprenons lente-ment notre marche et il ne sepasse pas un instant sans quenous ne rencontrions un faisan ouun lièvre.Après une bonne heure, nous arri-vons à un croisement en étoile.Cinq allées se rejoignent au cœurdu bois. Un grand rond a étépercé et une table en pierre enmarque le centre. En milieu dematinée le chasseur y trouverathé, café, rafraichissements etréconforts.

En cette fin de journée, nous nousarrêtons pour observer les mouve-ments des animaux. A 250mètres, un chevreuil sort du boiset broute dans une des allées. A lajumelle nous pouvons affirmerque c’est un brocard. Par contre, ilest trop loin pour que l’on puissele qualifier. Faut-il tenter uneapproche ? Nous vérifions le ventet malheureusement nous l’avonsdans le dos. Le brocard nous repè-rerait et, dans sa fuite, pourraitdonner l’alerte. Sur une autreallée, nous voyons un autre che-vreuil mais nous sommes encoreà mauvais vent.Richard m’explique qu’un peuplus loin, le bois est bordé par uneprairie où les chevreuils vontviander avant la nuit. Un miradorest installé à l’angle de cettepâture et nous allons nous y pos-ter.

22Le magazine des VOYAGES DE CHASSE

WEEK ENDsi le chasseur ne s’exécute pasimmédiatement. C’est un plaisird’être le responsable de son tiravec le sentiment d’être accompa-gné par un homme qui connaîtparfaitement son fonds. Pas dechance : le chevreuil fait un paset se présente d’arrière. Hors dequestion de lâcher une balle danscette position. Il se déplace dansla longueur de la prairie et nous «tourne le dos » ! Le brocardcontinue à brouter dans cettedirection et s’éloigne de nous. Sasilhouette rapetisse de plus enplus dans la lunette. Son fessierblanc heureusement est toujourstrès clair dans mon croisillon,mais au delà de 200 mètres ….. Ilest maintenant à 150 mètres maisne se déplace plus. Aurait-iltrouvé une herbe plus appétante? De longues minutes s’écoulentoù je ne vois que ses arrières et detemps à autre ses bois, quand ilrelève la tête pour s’assurer de sasécurité. Subitement, il fait un pas sur lagauche et se présente par le tra-vers. Je serre la main. Le couppart. Il s’écroule et tous les autreschevreuils s’éparpillent au grandgalop !

Nous rentrerons à pied pourméditer ce prélèvement etRichard, durant cette marche,m’expliquera tous les efforts faitdepuis tant d’années pour gérercette population de chevreuils.

Un bon bain, et je me retrouvedans le salon de Thierry etNathalie, avec leurs amis, pastous aussi chanceux que moi,pour un apéritif et un dîner degrande qualité. Le lendemain et les jours sui-vants, nous aurons des sortiesaussi passionnantes et fruc-tueuses.

Accueil, réception, qualité de lachasse, tout ici se conjugue pourle plus grand bonheur du chas-seur.

Bertrand de Courcy

Quelques précisionsTerritoire : 800 hectares closType : Approche Chevreuils,

Cerfs et Sangliers Battues Faisans et PerdreauxChasse devant soit

Département : 41 (Loir et Cher)Contact :Tél. 06 07 84 32 41http://www.hunting-agency.com/