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Rapport No 36571-ML MALI Des diagnostics sectoriels vers une stratégie intégrée de croissance: Mémorandum économique (en deux volumes) Volume II : Diagnostics sectoriels Traduction de la version de 29 septembre 2006 PREM 4 Région Afrique Document de la Banque mondiale Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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Rapport No 36571-ML

MALI

Des diagnostics sectoriels vers une stratégie intégrée de croissance:

Mémorandum économique

(en deux volumes) Volume II : Diagnostics sectoriels

Traduction de la version de 29 septembre 2006

PREM 4 Région Afrique

Document de la Banque mondiale

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EQWALENTS MONETAIRES Unité monétaire = Franc CFA (FCFA)

1 USD = 543 FCFA Exercice : du ler janvier au 3 1 décembre

ACRONYMES ET ABREVIATIONS

AC1 Agence de cessions immobilières ACP-UE (accord) Afrique-Caraibes-Pacifique-Union européenne A R S Afrique subsaharienne AGEROUTE Agence chargée de l'entretien des routes AGETIER Agence d'exécution des travaux d'infrastmctures et d'équipement ruraux AGOA Africa Growfh op port uni^ Act (loi américaine) APROFA Agence pour la promotion des filières agricoles AT Assistance technique AVD Analyse de la viabilité de la dette AZI-SA Agence pour l'aménagement et la gestion des zones industrielles BCEAO Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest BCNJ Bureaux de contrôle nationaux juxtaposés BCS Banque Commerciale du Sahel BDA Banque de données actives (Banque mondiale) BDM Banque de développement du Mali BHM Banque de l'Habitat du Mali BIC (Impôt sur les) bénéfices industriels et commerciaux BICIM Banque International pour le Commerce et l'Industrie du Mali BIM Banque Internationale du Mali BM Banque mondiale BMS Banque Malienne de Solidarité BND A Banque Nationale de Développement Agricole BOA Bank of Afiica BOAD Banque Ouest Africaine de Développement BRS Banque Régionale de Solidarité BSIC Banque Sahélo-Saharienne pour l'Investissement et le Commerce CA Chiffre d'affaires (annuel d'une entreprise) CANEF Centre d'appui nutritionnel et économique aux femmes CAS Crédit d'ajustement structurel CAS-SFD Cellule d'appui et de suivi des systèmes financiers décentralisés CBAO Compagnie Bancaire de l'Afrique Occidentale CCS-SFD Cellule de contrôle et de suivi des systèmes financiers décentralisés CDF Code domanial et foncier CEDEAO Communauté des États d'Afrique de l'Ouest CEMAC Communauté économique et monétaire de l'Afrique Centrale CEN- SAD Communauté des États sahéliens-sahariens CFA Communauté financiére d'Afrique CGSE (techniques et pratiques de) conservation et gestion du sol et de l'eau CI Créances improductives CIMA Conférence interafricaine des marchés d'assurance CIMC Coefficient d'intensité marginale du capital CIPI Croissance de l'indice des prix des importations

Crédit Initiative SA :MM Compagnie malienne pour le développement des textiles CNRA Centre Nationale de Recherche Agricole CNUCED Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement COMATEX Compagnie Malienne des Textiles CPA- SFD Cellule de promotion et d'appui des systèmes financiers décentralisés CPCC Code des procédures civile et commerciale

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CPS Contribution pour prestation de service CREPMF Conseil régional de l'épargne publique et des marchés financiers CVECA Caisses villageoises d'épargne et de crédit autogérées DAB Distributeurs automatiques de billets DD Droits de douane DNCC Direction nationale de la concurrence et du commerce DNR Direction nationale des routes DNSl Direction nationale de la statistique et de l'information DNTT Direction nationale des transports terrestres DSF Développement du secteur financier DSRP Document de Stratégie de réduction de la pauvreté DTDR Direction Technique du Développement Rural de la CMDT EDIC Étude Diagnostic de l'Intégration Commerciale (Banque mondiale) DTR Droits de traversée routière EC 1 Enquête sur i,e climat de l'investissement (Banque,mondiale) ECOFIL Programme Economie des filières de d'Institut d'Economie rurale (IER) EDM Énergie du Mali EIB Épargne intérieur brute EMA Entrepôts du Mali EMF Établissements de microfinance FCF A Franc CFA FCRMD Fédération des Caisses Rurales Mutualistes du Delta FMI Fond monétaire international FOB Free on Board (franco à bord) GBM Groupe Banque mondiale GDCM Grand Distributeur Céréalier du Mali GdM Gouvernement du Mali GIE Groupement d'intérêt économique GMM Grands Moulins du Mali GW Gigawatt ha hectare HRV Haussman, Rodrik et Velasco HUICOMA Huilerie Cotonnière du Mali IADM Initiative d'allègement de la dette multilatérale IAS Impôt sur les Affaires et Services IBC Cabinet d'études 1 DA Association pour le Développement international (GBM) IDE Investissement direct étranger IDM Indicateurs de développement dans le monde (Banque mondiale) IER Institut d'Économie rurale IIB Investissement intérieur brut IPRIIFRA Institut polytechnique rural / Institut de Formation et de recherche appliquée IRPP Impôt sur le revenu des personnes physiques [TC Centre d e commerce international (de la CNUCED) ITEM A Industrie Textile du Mali KF W Krediranstali fuer Wiederaufiau (Banque de développement allemande) kWh kilowattheure M2 Masse monétaire large MCS Matrice de la comptabilité sociale MET Ministère de l'équipement et des transports MPME Micro, petites et moyenne entreprises MSUJINSAH Université du Michigan /Institut du SaheI MW Mégawatt NPK Engrais Azote-Phosphore-Potassium OCDE Organisation de coopération et de développement économique ODM Objectifs de développement pour le millénaire OHADA Organisation pour l'harmonisation du droit des affaires en Afrique

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OHVN OMA OMATHO OMC OMH OMVS OMVS ON ONG ONMOE ONUDI PARMEC - id -

PASAOP PC PCISP PCS PDSF PGF PIB PISE PKF PME PMI PPP PPTE PRMC PWT RMBIP RMNIP RS SADA-SA SAP SATCOMA SDE SDR SFD SIG SOMAFI SOMIEX SYDONIA ttha TAMALI TCER TC1 TCN TE TEC TIC TIPP TRIE TTR TVA UE UEMOA UMOA UMPP

Office de la haute vallée du Niger Observatoire des marchés agriColes Office malien du tourisme et de l'hôtellerie Organisation mondiale du Commerce Office Malien de l'Habitat Office pour la mise en valeur du fleuve Sénégal Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal Office du Niger Organisation non gouvernementale O f f ~ c e de la Main d'œuvre et de l'Emploi Organisation des Nations unies pour le développement industriel Projet d'appui A la réglementation sur les mutuelles d'épargne et de crédit Loi réglementant les mutuelles d'épargne et d e crédit Programme d'appui aux services agricoles et aux organisations paysannes Prélèvement communautaire (CEDEAO) Part du crédit intérieur au secteur privé dans l'ensemble du crédit Prélévement communautaire de solidarité (UEMOA) Programme de développement du secteur financier Productivité globale des facteurs Produit intérieur brut Programme investissement dans le secteur de l'éducation Cabinet d'Ctude malien Petites et moyennes entreprises Petites et moyenne industries Partenariat public-privé (Initiative en faveur des) Pays pauvres très endettés Programme de Restructuration des Marchés Céréaliers Penn World Tables Rentabilité marginale brute de l'investissement privé Rentabilité marginale nette de l'investissement privé Redevance statistique Société industrielle malienne Programme d'ajustement structurel Une société malienne Services pour le développement des entreprises Service des données routières Svstème financiers décentralisés Système information gestion Société Malienne de Financement Société Malienne d'import-export Système Douanier ~ u t o m a t i s é tonnes A l'hectare Société des tanneries du Mali Taux de change effectif réel Taxe conjoncturelle sur les importations Titres de créances négociables Termes de l'échange Tarif extérieur commun (de I'UEMOA) Technologies de l'information et de la communication Taxe intérieure sur les produits pétroliers Transit routier inter États de marchandises (convention de Lomé) Taxe sur les transports routiers Taxe sur la valeur ajoutée Union européenne Union économique et monétaire ouest-africaine Union économique et monétaire ouest-africaine Usines maliennes de produits pharmaceutiques

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UNESCO Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture USD dollar des États-unis VA Valeur ajoutée VAM Valeur ajoutée des produits manufacturés WAAP Programme ouest-africain pour la productivité de l'agriculture y c. y compris

Vice-président : Gobind T. Nankani Directeur pays : James P. Bond

Directeur sectoriel : Sudhir Shetty Chef sectoriel : Robert Blake

Chef d'équipes de l'étude : Christina A. Wood

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TABLE DE MATIERES

TABLE DE MATIERES ..................................................................................................................... VI

1 . LES RESULTATS AGRICOLES DU MALI ........................................................................... 1

A . L'AGRICULTURE : GRANDES CARACTERISTIQUES ÉCONOMIQUES .............................................. 1 C . UNE STRUCI'üRE D'INCITATION DU SECTEUR AGRICOLE FAVORABLE A LA CROISSANCE ............... 1 3 D . PLUSIEURS CONTRAINTES NON MONETAIRES FREINENT LA CROISSANCE DE LA PERFORMANCE ET DE LA PRODUCTIVITE AGRICOLES ............................................................................................................ 18 E . LA NECESSITE D'UNE DEMARCHE STRATEGIQUE POUR SAISIR LES OPPORTUNITES .................... 35 F . O N PEUT RENDRE LA CROISSANCE AGRICOLE PLUS FAVORABLE AUX PAUVRES ........................ 40

2 . ENCOURAGER LA COMPÉTITIVITÉ ET LA TRANSFORMATION DU SECTEUR INDUSTRIEL ........................................................................................................................... 42

A . CARACTERISTIQUES ET PERFORMANCES DE L'INDUSTRIE ....................................................... 43 B . LE CADRE D'INCITATION ACTUEL DE L'INDUSTRIE .................................................................... 47 C . CONTRAINTES PESANT SUR LES INDUSTRIES SOURCES DE CROISSANCE ..................................... 57 D . PERSPECTIVES DE LA CROISSANCE INDUSTRIELLE ..................................................................... 70 E . CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS .................................................................................... 80

3 . L'ACCES AUX SERVICES FINANCIERS ............................................................................ 82

A . LES EFFETS SUR LE SECTEUR FINANCIER DES REFORMES ACCOMPLIES .................................. 82 B . LES BANQUES ET ETABLISSEMENTS DE CREDIT ......................................................................... 83 C . LA FRAGILITE DU SECTEUR ....................................................................................................... 86 D . FAIBLE CAPACITE DU SECTEUR A CONTRIBUER A LA CROISSANCE ECONOMIQUE ...................... 95 E . MANQUE D'ACCES AUX SERVICES FINANCIERS D'UNE LARGE FRACTION DE LA POPULATION.

NOTAMMENT DES PAUVRES .............................................................................................................. 1 0 2

F . POSITIONNER LE SECTEUR POUR ATTEINDRE L'OBJECTIF D'UNE CROISSANCE FAVORABLE AUX PAUVRES DU MALI ............................................................................................................................ 1 1 0

4 . L'ENERGIE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE ................................................... 1 1 3

A . LE SECTEUR ELECTRIQUE DEVRAIT REPONDRE A UNE DEMANDE CROISSANTE AVEC UNE OFFRE LIMITEE .......................................................................................................................................... 1 1 4

... B . DES DIFFICULTES DANS LES REFORMES ONT REDUIT LA COMPETITIVITE ET LA CROISSANCE 1 1 9

C . IL FAUDRAIT D'URGENCE UNE STRATEGIE ET UN NOUVEAU PROGRAMME D'INVESTISSEMENT POUR .................. ......................................................................................... LE SECTEUR DE L'ENERGIE .. 1 2 3

...................................... D . LES PROBLEMES D'APPROVISIONNEMENT EN PRODUITS PETROLIERS 1 2 8 ........................................................... . E RECOMMANDATIONS POUR LE SECTEUR DE L'ENERGIE 1 3 1

............................................................ 5 . TRANSPORT ET FACILITATION DU TRANSIT 133

......................... A . LES PROBLEMES DU MALI DANS LE SECTEUR DU TRANSPORT ET DU TRANSIT 1 3 3 .............. ................. B . RECENTES AMELIORATIONS DANS LES POLITIQUES DE TRANSPORT .. 1 3 7

.......... C . GRANDES CONTRAINTES ET INEFFICIENCES MAJEURES DU TRANSPORT ET DU TRANSIT 1 3 9 ............. . D OBSTACLES SPECIFIQUES AU TRANSiT ET NECESSiTE D'AMELIORER LA FACtLiTATION 1 4 1

E . CONTRAINTES SPECIFIQUES VENANT DES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT ET BESOINS ....... ..................................................................................... ................... D'AMELIORATION .. .... 1 4 4

................................. ............ . F FORCES ET FAIBLESSES DES TRANSPORTEURS ROUTIERS ...... 1 4 9 ..................................... . G CONTRAINTES LOGISTIQUES GENANT LES EXPORTATIONS DU MALI 1 5 1

............................. . H STRATEGIE POUR RENFORCER LE TRANSPORT ET FACILITER LE TRANSIT 1 6 0

CARTES

Carte 1.1 : Zones agro-écologiques et niveau moyen des précipitations ................................................ 4

GRAPHIOUES

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.................................... Graphique 1.1 : Parts de la valeur ajoutée et de l'emploi agricoles. 1980-2002 1 .............. Graphique 1.2 : Taux de croissance annuels du PIB et de la VA agricole. 1980-2002 (en %) 1

.... Graphique 1.3 : Parts dans la valeur ajoutée des diverses productions agricoles. 1990-2004 (en %) 2 ............ Graphique 1.4 : Valeur ajoutée des sous-secteurs agricoles. 1982-2002 (en millions de FCFA) 5

............... Graphique 1.5 : Évolution nationale et régionale de la production céréalière par habitant (en kg) 7 ............................................................................. Graphique 1.6 : Taux de pauvreté. par région. 1989-98 8

Graphique 1.7 : Envois de fonds en pourcentage du revenu des ménages. par région .................................. 9 Graphique 1.8 : Production céréalière. 1986-200 1 ............................................................................... 10 Graphique 1.9 : Part des diverses céréales dans la production céréalière totale. 1986-2001 ................ 10

.......................................................... Graphique 1.10 : Évolution des récoltes céréalières 1986-2001 11 Graphique 1.1 1 : CMDT rendements du coton et précipitations. 1984-2004 .................................. 11 Graphique 1.12 : Évolution du rendement du riz irrigué dans l'Office du Niger .................................. 21 Graphique 1.13 : Éxpansion de la zone cotonnière et évolution tendancielle ....................................... 23 Graphique 1.14 : Effet des nouvelles variétés de coton sur les rendements et l'égrenage .................... 23 Graphique 3.1 : Masse monétaire large sur PIB (M2lPIB). 1980-2004 ........................................... 83 Graphique 3.2 : Crédit intérieur au secteur privé sur PIB. 1980-2004 .................................................. 83 Graphique 3.3 : Encours des prêts du secteur de la microfinance. 1999-2003 ..................................... 85 Graphique 3.4 : Crédit bancaire malien en pourcentage du PlB. 1998-2004 ........................................ 92 Graphique 3.5 : Échéances du crédit bancaire et volume des prêts improductifs au Mali. 2004 .......... 96 Graphique 3.6 : Échéances des prêts des banques et quasi-banques dans quelques pays de I'UEMOA.

2003 .......................... .. ......................................................................................................... 96 Graphique 5.1 : Ratio coûts de transport sur valeur des importations. Mali et autres pays (2002) ..... 141

TABLEAUX

........................................ Tableau 1.1 : Parts dans la valeur ajoutée des diverses productions agricoles 2 Tableau 1.2 : Systèmes de production par zone bioclimatique. par région administrative et liens avec

les filières agricoles ................................................................................................................... 3 ................................................................ Tableau 1.3 : Taux de croissance des sous-secteurs agricoles 5

....................................... Tableau 1.4 : Rendements des principales céréales : évolution et croissance 11

....................................... Tableau 1.5 : Choix de productions maraichères : production et rendements 12 ......... Tableau 1.6 : Tarifextérieur commun sur les biens venant des pays de I'UEMOA. 2004. en % 14

Tableau 1.7 : Budgets de campagne des riziculteurs de l'ON avant et après la dévaluation et après . 16 ...... Tableau 1.8. Budget de campagne indicatif. par type d'exploitation et saison (riz. oignon). 2002 17 ...... Tableau 1.9 : Marges brutes de la production du riz à I'Off~ce du Niger. par taille d'exploitation 22

............. Tableau 1.10 : Rendements avantfaprès l'adoption de l'aménagement en courbes de niveau 24 ..................... Tableau 1.1 1 : Pratiques anti-érosion et d'utilisation du fumier. par type d'exploitation 25

........... Tableau 1.12 : Utilisation d'engrais pour les céréales dans la zone CMDT. 1996197-2002103 26 ................. Tableau 1.13 : Obstacles à la commercialisation identifiés par les négociants de mangues 28

Tableau 1.14 : Synthèse des facteurs de performance des sous-secteurs agricoles et des obstacles à la performance future .................................................................................................................. 31

Tableau 2.1 : Part du secteur secondaire dans le PIB (en %) ................................................................ 43 Tableau 2.2 : Croissance moyenne du secteur secondaire. 1985-2002 ................................................ 43

........................... Tableau 2.3 : Emploi 2002 dans le secteur officiel des industries de transformation 44 Tableau 2.4 : Principales incitations du Code de l'investissement ....................................................... 49

....................... Tableau 2.5 : Estimation des coûts comparés des services d'infrastructures (2002103) 60 ................................... Tableau 2.6 : Accès comparé aux TIC -Mali et 6 pays d'Afrique de l'Ouest 61

Tableau 2.7 : lndicateurs comparatifs de Doing Business (2003) ......................................................... 65 ................... Tableau 2.8 : Les obstacles perçus à l'activité et à la croissance des industries (par type) 67

Tableau 2.9 : Les obstacles perçus à l'activité et à la croissance des industries (par taille) .................. 68 Tableau 2.10 : Corruption problème "majeur" /"très grave" pour les entreprises dans 8 pays* ........... 68 Tableau 3.1 : Avoirs. dépôts et crédits des banques. par pays. 2003 (en %des pays de I'UEMOA) ... 84

...................... Tableau 3.2 : Types d'établissements de microfinance au Mali (au 31 décembre 2004) 84 .................. Tableau 3.3 : Pourcentage des prêts improductifs au Mali et dans d'autres pays. 2001-04 88

........................................... Tableau 3.4 : Actionnariat des banques au Mali (à Ia fin décembre 2005) 90 Tableau 3.5 : Avoirs bancaires au Mali. par établissement. 2004 ......................................................... 91 Tableau 3.6 : Propriété des quasi-banques au Mali ............................................................................... 91

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Tableau 3.7 : EMF maliens ayant plus de 300 millions de dCpôts de fcfa (au 3 1 dCcembre 2004) ...... 94 Tableau 3.8 : Prêts bancaires au Mali. par secteur. 1998-2004 (en % du total des prêts) .................... 97 Tableau 3.9 : Prêts de la BNDA par type d'emprunteur. en 2003 ............................................... 100 Tableau 3.10 : Distribution des agences bancaires au Mali. par rCgion .............................................. 103 Tableau 3.1 1 : Agences et comptes bancaires au Mali et dans d'autres pays (2003) .......................... 103 Tableau 3.12 : RCpartition rCgionale des caisses locales des EMF .................................................... 104 Tableau 4.1 : L'exploitation du secteur Clectrique par EDM. 1985-2004 ........................................ 115 Tableau 4.2 : Croissance des ventes d'EDM par niveau de tension. 2000-04 .................................. 116 Tableau 4.3 : RCsumC des options d'investissement du secteur électrique. 2006-10 ......................... 119 Tableau 4.4 : Tarifs électriques moyenne tension en fcfaIkWh (hors TVA) ...................................... 122 Tableau 4.5 : Part du coût de I'ClectricitC dans les coût de production du fil de coton ....................... 122 Tableau 4.6 : PrCvisions de demande d'ClectricitC. 2005-2010 ........................................................... 125 Tableau 4.7 : Importations pCtrolières maliennes. par source. 2001-04 (en milliers de tonnes) ........ 129 Tableau 5.1 : Les itinkraires d'accès au Mali A partir des grands ports maritimes .............................. 134 Tableau 5.2 : Répartition entre les ports de transit du Mali avant et après la crise ivoirienne ............ 135 Tableau 5.3 : Trafic international du Mali par produits et par modes - 2003 et 2004 ........................ 136 Tableau 5.4 : SClection d'indicateurs de performance ferroviaire Bamako-Dakar ............................ 138 Tableau 5.5 : Temps de rotation estimCs des camions. des wagons et des conteneurs. 2004 ............. 139

........................... Tableau 5.6 : Coût du transport routier d'un conteneur de 20' de Dakar à Bamako 140 ......................................... Tableau 5.7 : Etendue et Ctat d'entretien du rCseau routier malien. en km 145

Tableau 5.8 : Entretien des routes par I'autoritC routière : besoins financiers estimCs ....................... 148 Tableau 5.9 : Économie sur le coût de transport du coton en passant de la route au rail ................... 152

................ Tableau 5.10 : Comparaison des coûts de transport des mangues par air et par mer. 2004 154 ............ Tableau 5.1 1 : Coûts du transport conteneurisk des mangues par rail. Bamako-Dakar. 2005 154

................... Tableau 5.12 : Structure du prix FOB des mangues du verger A Dakar (au kilo en fcfa) 155 .............. Tableau 5.13 : Structure du prix FOB des mangues de Dakar au prix / marchCs europCens 156

........... Tableau 5.14 : Coût de transport de la production du Mali de 840.000 t de riz (sur 500 Km) 158 ............ Tableau 5.15 : Coût de transport et de transit de bestiaux par camion - de Ségou a Abidjan 160

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1. LES RESULTATS AGRICOLES DU MALI '

Le secteur agricole malien dispose d'un fort potentiel d'accélération de la croissance économique du pays grâce à l'avantage comparatif dont il jouit par rapport aux autres secteurs économiques. Son potentiel réside dans la production et la commercialisation de ses produits sur les marchés tant intérieurs qu'extérieurs - voisins ou lointains. II dispose également d'un fort potentiel de réduction de la pauvreté car une grande partie des pauvres du pays y travaillent. Mais il est confronté à d'importants obstacles empêchant l'amélioration de la performance et freinant les gains de productivité dans des sous- secteurs essentiels. Ces difjcultés, étudiées dans ce chapitre, devraient être traitées par filière et d'une façon intégrée et orientée vers le marché, afin de permettre à l'agriculture de jouer son rôle catalyseur de factew de croissance et de facteur de réduction de la pauvreté.

1.1. L'agriculture reste, au Mali, le plus important secteur en termes de valeur ajoutée (VA), bien que sa part dans le PIB ait un peu diminué ces derniers temps. Les activités agricoles (comprenant aussi le maraîchage, l'élevage, la sylviculture, la chasse et la pêche) représentent environ 40 % de la VA de l'économie, part qui a légèrement baissé entre 1980 et 2004 et surtout depuis le milieu des années 90 (Graphique 1.1) lorsque la VA du secteur secondaire a commencé à croître (à cause de l'or). L'économie malienne reste largement dominée par le secteur agricole. La croissance du PIB est très corrélée avec la croissance de la VA agricole, qui a été de 80 % entre 1980 et 2004 (Graphique 1.2), bien que cette corrélation se soit un peu réduite ces dernières années à cause de l'expansion des secteurs de l'or et des services.

Graphique 1.1 : Parts de la valeur ajoutée et de Graphique 1.2 : Taux de croissance annuels du l'emploi agricoles, 1980-2002 PIB et de la VA agricole, 1980-2002 (en %)

95

' B O

,65

< 50

I 35

-x-- Agr. Value added/GDP . '-"r.vT!!~mnvLsborfo-c I

Sources: F A 0 et IDM. Sources: F A 0 et IDM.

1.2. Le secteur agricole malien est divers en termes d'activités (ou sous-secteurs), de zones géographiques, de conditions climatiques et de types de production. Il est orienté principalement vers le marché intérieur. Les principales productions agricoles (en parts moyennes sur la période 2000-04) sont les céréales (45 %) dont le riz (12 %), l'élevage (29 %), la sylviculture2 et la pêche (15 %), le coton (8 %) et les autres cultures (arachide, blé, maraîchage et autres 3 %13 (voir Graphique 1 . 1 et Tableau 1.1). Les parts

Basé sur des documents de contexte de Valérie Kelly et John Staatz, et Gérard Gagnon. Les produits de la sylviculture sont des produits non totalement domestiqués (généralement d'arbres) dont la

production est recueillie, notamment la noix de karité, la gomme arabique et le miel. Le Mali produits un e large gamme de produits agricoles : canne à sucre, sésame, hibiscus, pois mange-tout,

mangues, okra, tomates, haricots verts, échalote, oignon et pommes de terre.

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respectives des diverses activités agricoles sont restées largement inchangées pendant les années 80 et 90, sauf celle du riz qui a fortement augmenté et celle du coton qui a légèrement progressé. Les principales exportations agricoles étaient, en 2004, la fibre de coton (30 %), qui est exportée vers l'Europe et les produits de l'élevage (4 %), qui sont exportés vers l'Afrique de l'Ouest, notamment la Côte d'Ivoire. Les cuirs et peaux (venant du secteur agricole mais classés dans l'industrie depuis 2004) ont représenté un peu moins de 1 % de la valeur des exportations en 2004, tandis que les autres exportations agricoles (notamment l'arachide, le poisson, le fil de coton et les matériaux en coton, l'huile de coton, les mangues, etc.) ont représenté chacun au plus 0,5 %.4

1.3. Le Tableau 1.2 montre la diversité des conditions climatiques et des activités agricoles selon les zones géographiques et la carte 1.1 présente les zones agro-climatiques du PaY S.

Graphique 1.3 : Parts dans la valeur ajoutCe des diverses productions agricoles, 1990-2004 (en %)

--

Cereals ~ t h e than rice Rice

Other

Fis heries

,8 -8 hg 48 48 8 h 8 h@ h@ 8 8 8 Source : Calculs des services sur les données rapportées par Gagnon (2005)

Tableau 1.1 : Parts dans la valeur ajoutée des diverses productions agricoles

Céréales Autres Sous-total Total autres que le riz Riz Coton cultures Cultures Élevage Pèche Sylviculture Agriculture

-Parts des ss/secteurs dans l'agriculture (%)

198086 36 4 5 3 47 35 5 13 1 O0

198793 39 7 7 3 56 29 3 12 1 O0

19942004 34 1 1 8 3 56 29 3 12 1 O0

Source: Calculs des services basés sur des données DNSI citées par Gagnon (2005).

' Les exportations de l'élevage vers la Côte d'lvoire ont diminué de moitié en termes absolus (de 44 milliards de FCFA à 22 milliards) et en termes relatifs (de 9 % des exportations à 4 %) depuis 2001 du fait des luttes civiles en Côte d'Ivoire, comme les exportations de cuirs et peaux, tombées de 8,s milliards de FCFA en 2001 à 3,5 milliards en 2004.

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Tableau 1.2 : Systèmes de production par zone bioclimatique, par région administrative et liens avec les filières agricoles

Source: Mali, Ministère du D é v e l o p p e m e n t rural (2001). Schéma Directeur du Secteur du Développement Rural. Notes : Systèmes pastoraux: axés sur l'élevage en tant qu'activité principale - Systèmes agro-pastoraux: caractérisés par une prédominance des cultures agricoles pluviales etlou irriguées - Systèmes périurbains spécialisés semi-intensifs à intensifs: autour des grands centres urbains.

Niger (250 mm<P<800 mm)

Regionr Administrativa

Filière principale

Autres filières1 Activités

Kidal Tim buktu, Gao

Timbuktu Gao, Mopti.

Ségou, Kayes

Bétail Cuirs et peaux

Sorgho1 Riz Lait

Bourgou Artisanat

Produits de cueillene

Bétail, cuirs et peaux

Artisanad Vannerie

Bétail Cuirs et peaux

Blé, Maraichage

phoenici-culture Artisanat

Produits de cueillette

Embuktu Gao, Mopti,

Kayes

Sorgho, riz, Blé

Niébé Viandeilait Artisanad

Poterie Bourgou

Produits de cueillette

Timbuktu Gao, Kayes,

Koulikoro, Mopti, Shgou,

Siknsso

Mil, mais. sorgho, niébé

Arachide. betaUviande

lait Produits & cueillette

Kayes, Koulikoro, Ségou, Sikasso

Coton. maïs, mil, sorgho, niébé, riz bas-fonds

Maraichage Arboriculture fruitière riz pluvial, arachide,

viande, lait Produits de cueillette

Ségou, Mopti Timbuktu

Gao

Riz

Ségou Mopti

Timbuktu

Riz

MiIlsorgho MiUsorgho MiIISorgho

BétaiUlait Maïs BétaiLAait Maraichage

Produits de Produits de cueillette Produits de cueillette cueillette

Siknsso Ségou, Koulikoro

Mopti

Riz Maraîchage

Riz Maraîchage Commerce

Bamako, Sikasso, Ségou,

Mopti, Kayes

Lait, viande Oeufs, poulets,

Maraîchage Arboriculture

fruitière

Ségou Mopti

Timbuktu Sélinguü

Manantali

Pêche

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Carte 1.1: Zones agro-écologiques et niveau moyen des précipitations

Source: Ministère du Développement rural (2001). Schéma Directeur du Secteur du Développement Rural

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B. PERFORMANCE AGRICOLE GLOBALEMENT BONNE, MAIS EVOLUTiONS INQUIETANTES

Progression de la production

1.4. La cr0issance.d~ secteur agricole du Mali a été bonne, dans l'ensemble, et même notable dans certains sous-secteurs comme le riz et le coton. La croissance moyenne réelle de la valeur ajoutée agricole a été positive et soutenue au cours des 25 dernières années (1980-2004) ainsi que pendant la période qui a suivi la dévaluation du franc CFA (1994-2004). La croissance de la valeur ajoutée agricole a été en moyenne de 3,2 % entre 1981 et 2004, grâce à une reprise qui a suivi une période de décroissance (- 0,6% en moyenne pendant la première moitié des années 80) (Tableau 1.3). La productivité du travail dans l'agriculture semble avoir progressé - en moyenne de 5 % par an - l'essentiel de cette progression s'étant produit au début des années 80. La VA de la plupart des activités agricoles a progressé ces derniers 25 ans, notamment celle du riz (9,3 %) cultivé surtout pour la consommation intérieure comme substitut au riz importé, et celle du coton (6,3 %) destiné à l'export (Graphique 1.4). Le rendement du riz a fortement progressé grâce à l'exécution réussie d'une combinaison de réformes et d'autres mesures à la fin des années 80 et au début des années 90 (Encadré 1.1 dans la section D de ce chapitre).

Graphique 1.4 : Valeur ajoutée des sous-secteurs agricoles, 1982-2002 (en millions de FCFA)

Mali: Agriculure Activities Value Added (clal mllllon)

Note: « Autres >) couvre toutes les cultures autres les &kales, le riz et le coton, y compris l'arachide, le blé, l'horticulture et autres. Source: Calculs des services basés sur des données DNSI citées par Gagnon (2005).

Tableau 1.3 : Taux de croissance des sous-secteurs agricoles Ccléales Autres S h t a l Total

Aums quc lc nz Riz Coton culbires butes culbirei Élevage PCche Sylviculture agrisulmre

Taux dc croisrsnce dc la @ode 1981 -86 8.4 8.7 11.4 -5.8 7.8 -10,7 -6.9 1,6 -0.6

1987 -93 2.0 10.0 3.0 4.5 3.3 4.2 -0.7 2.9 3.3 1994 - 2 0 M 1.6 7.0 5.4 1.3 3.1 2.9 1.8 3.0 3.0

Source: Calculs des services basés sur des donnees DNSl citées par Gagnon (2005).

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1.5. L'augmentation de la production agricole au cours des vingt dernières années a fortement amélioré la sécurité alimentaire du Mali et réduit la pauvreté rurale, mais les résultats sont divers. L'augmentation de la production s'est produite non seulement pour les cultures commerciales (riz et coton) mais aussi pour les cultures de subsistance (notamment les céréales autres que le riz, Graphique 1.4). La libéralisation de la commercialisation des céréales à la fin des années 80, qui a supprimé les restrictions a leur transport entre régions, a amélioré l'approvisionnement alimentaire dans tout le pays. L'adoption d'un système d'information sur les prix des céréales (qui est considéré comme un modèle en Afrique de l'Ouest) a facilité une distribution des céréales fondée sur la demande du marché a partir des zones excédentaires vers les zones déficitaires du pays. Pour ce qui est de la pauvreté, les données montrent sa progression entre la fin des années 80 et 1994 (année de la dévaluation) aux niveaux rural, urbain et national. A partir de 1994, les réformes du secteur agricole et d'autres mesures institutionnelles et d'investissement ont réduit la pauvreté notamment dans les zones de culture irriguée du riz (Ségou). Ailleurs, comme l'a noté le rapport d'évaluation de la pauvreté de la Banque mondiale (BM 2004)' la pauvreté a a peine changé, même dans la zone cotonnière (voir para. 1.8.)

1.6. La production de céréales (riz inclus) par habitant a augmenté dans presque toutes les régions du Mali entre la période antérieure à la dévaluation et celle qui l'a suivie5 (Graphique 1.5). La croissance de la production s'est produite même dans les régions extérieures à la zone rizicole (zone d'irrigation de l'Office du Niger, près de Ségou) et a la zone cotonnière (dans les zones de culture traditionnelles de la région de Sikasso au sud-est de Bamako ainsi que la dans la zone de l'Office de la Haute Vallée du Niger dans la région de Koulikoro au nord et au sud de Bamako). Les causes de la croissance de la production dans les diverses régions devraient encore être élucidée^,^ mais les données pointent vers plusieurs facteurs probables.

1.7. D'abord, il y a eu la hausse du volume moyen des précipitations pendant la période postérieure a la dévaluation par rapport la période antérieure, fait important puisque l'essentiel de la production agricole du Mali est obtenu en culture sèche (non irriguée). L'analyse montre que cette évolution explique les changements dans la performance agricole ces 25 dernières années. Une étude récente a montré que la corrélation entre l'agriculture et les pluies est assez élevée (54 %) et que jusqu'a 29 % de la variation de la VA agricole sont dus aux variations de la pluviométrie (BM, 2004).' Ensuite, les réformes

' Période antérieure à la dévaluation" : 1987-1993, période postérieure : 1994-2004. L'idée initiale pour cette analyse était d'utiliser les données DNSl (un échantillon nationalement représentatif

de producteurs) pour étudier les différences de gains de productivité dans la culture, les déterminants des différences et les relations entre les différences et le taux de pauvreté selon les régions administratives. Cette analyse, apparue problématique dans deux régions essentielles, Kayes et Mopti, disposait de peu d'observations au niveau des exploitations agricoles manquant souvent de données pour des variables clé (les intrants, par exemple). Les données sur l'investissement dans les infrastructures, l'éducation et les soins à un niveau fin n'étaient pas facilement accessibles. En conséquence, diverses comparaisons entre les deux ptriodes sont utilisées pour explorer les différences régionales dans l'évolution de la production et de la productivité et offrir des hypothèses quant aux facteurs responsables de différences entre régions. ' L'écart de valeur ajoutée agricole (VA agr.) est l'écart entre les valeurs effectives de la VA agr. et la tendance ajustée à long terme résultant d'une analyse de régression. L'écart de PIB est défini de la même façon. L'analyse du récent rapport sur la pauvreté (BM, 2004) a montré que les chocs pluviométriques ont été la cause d'une grande partie des écarts du PIB effectif et de la VA agr. effective par rapport a leurs tendances respectives a long terme sur 25 ans (tirée de l'équation de régression). La corrélation entre pluies et PIB est plus faible qu'entre pluies et agriculture (du fait de l'existence de secteurs économiques indépendants des pluies), mais est quad même importante (39 %), et 16 % de la variation de l'écart du PIB est dû aux pluies. La récente étude de la Variabilité macio-climatique (Hart, 2004) a souligné la caractéristique malienne de sécheresses persistantes, la dernière s'étant produite pendant les années 70 et 80, et la reprise des pluies s'étant

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du système d'irrigation de l'Office du Niger ont augmenté la production de riz, tandis que des investissements à petite échelle dans des projets de maîtrise de l'eau à Gao et Tombouctou ont démontré les possibilités de développement agricole dans ces zones arides. Troisièmement il y a eu des programmes visant à pousser la production et la productivité agricoles dans certaines régions. Ainsi, la production a-t-elle augmenté dans la région de Kayes peut-être par l'effet indirect de l'expansion de la production du coton suscitée par la société cotonnière, la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT). L'accès accru des exploitants aux intrants (engrais) et à l'équipement agricole a rofité, P dans une certaine mesure, aux céréales et à d'autres cultures (telles que l'arachide). Mais, dans la région de Sikasso où la production de céréales n'a pas augmenté, les arbitrages des agriculteurs entre culture du coton et culture de céréales peut expliquer le léger déclin de la production des céréales. Les agriculteurs peuvent aussi s'être orientés davantage vers l'horticulture, dont la rentabilité s'est fortement accrue à la suite de la dévaluation, mais cette hypothèse est difficile à tester en raison d'un manque de données sur la production maraîchère.

Graphique 1.5 : Évolution nationale et régionale de la production céréalière par habitant (en kg)

Production de céréales par habitant Avant et après la dévaluation

500 '1 400

O

Note: La période antérieure à la dévaluation va de 1984 a 1993, ceUe qui a suivi de 1994 à 2002. Source: Kelly et Staatz (2006), calculé par les auteurs à partir des données de la DNSI.

Conséquences sur la pauvreté

1 .S. La pauvreté a légèrement baissé au Mali pendant les années 90, en raison partiellement de la performance agricole. Le taux de pauvreté dans les années 90 a évolué de façon inégale et a différé selon les régions (Graphique 1.6). Il a tendu à augmenter immédiatement après la dévaluation (1994-96fisauf à Ségou (où se situe l'essentiel de la production de riz irriguée du Mali), où la pauvreté a décru, et à Sikasso (centre le zone cotonnière au sud-est de Bamako), où la pauvreté est restée pratiquement inchangée-puis a décru (1996-98). Les plus forts taux de diminution ont été à Gao et Tombouctou.

faite dans les années 90. Comme cette dernière coïncide avec l'épisode favorable de croissance, la question se pose de la pérennité de la forte croissance actuelle en cas de nouvelle sécheresse. Cela montre l'importance de l'irrigation et des autres actions pour résister et gérer la sécheresse et des autres facteurs extérieurs.

Les données sur l'expansion du coton à Kayes montrent le potentiel des investissements agricoles pour stimuler la croissance économique dans les régions qui n'ont jusqu'ici pas beaucoup bénéficié de soutien agricole. L'expérience de Kayes est un exemple d'exploitants agricoles se mettant au coton tout en conservant les cultures traditionnelles (telles que l'arachide) qui fournissent des sources complémentaires de nourriture et de revenu pour les hommes et les femmes - modèle qu'il serait intéressant d'introduire dans la vieille zone cotonnière où les femmes ont peu de possibilités de revenus.

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Graphique 1.6 : Taux de pauvrete, par region, 1989-98

Note: Le Gowemement du Mali mesure le taux de pauveté en utilisant un indice basé sur I'accés aux inhtructures et aux services sociaux (GdM 2002). Source: Kébé et autres (2003), tel que rapporté par Kelly et Staatz (2006).

1.9. L'évaluation de la pauvreté par Kébé et autres (2005), réalisée dans la zone de l'Office du Niger (ON) confirme les résultats économiques positifs de cette zone, où 63 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté (144.022 FCFA, au moment de l'étude) contre 71 % dans les zones rurales de la grande région de Ségou et 77 % dans les zones rurales de l'ensemble du pays. Cette étude a également examiné une gamme d'indicateurs des conditions de vie et a conclu que la zone de I'ON se classait à un meilleur rang que la région de Ségou en général et que le pays dans son ensemble pour la plupart des indicateurs. Par exemple : la mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 18 % a Ségou contre 22 % au niveau national ; 15 % des ménages dans la zone de I'ON ont l'électricité contre 4'7 % a Ségou ; 17 % des ménages ont la télévision a Ségou contre 8 % des ménages ruraux au niveau national et 78 % des ménages ont un vélo, 49 % une mobylette et 2'5 % une automobile à Ségou contre 56 %, 18 % et 2'2 % dans l'ensemble des zones rurales du Mali.

1.10. La performance de Ségou est très probablement due a la rapide croissance de la productivité de la culture du riz (et a la croissance des cultures maraîchères destinées au marché) dans la zone de l'ON, a l'expansion des activités hors des exploitations liées a l'expansion de I'ON et à une certaine expansion de la production de coton.9 L'accroissement de la pauvreté a Mopti n'est pas surprenante étant donné la dépendance, dans cette zone, de cultures de subsistance (mil et sorgo) a faible productivité et les modestes investissements publics dans les services de vulgarisation agricole et les programmes de développement (Tefft et Kelly 2004; Tefft, Kelly et Staatz 2003). De façon surprenante, le taux de pauvreté est plus bas dans les régions ayant moins d'activités agricoles (Gao, Kayes et Tombouctou), ce qui peut s'expliquer par la part importante du revenu des ménages dans ces régions provenant des envois d'argent venant d'autres régions du pays ou de I'étranger (Graphique 1.7). A Gao, par exemple, 25 % du revenu des ménages vient des envois d'argent, alors qu'a Kayes ceux-ci représentent moins de 20 %, dont 12 % venant de I'étranger.

Une étude récente de Kébé et al (2005) confirme les bons résultats économiques de la zone de l'ON. Néanmoins, comme une partie importante de la population de la région de Ségou vit en dehors des zones rizicole et cotonniére, il faudrait une étude plus fine de l'évolution de la pauvreté (Kelly et Staaîz, 2006).

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Graphique 1.7 : Envois de fonds en pourcentage du revenu des ménages, par région -

Source: Kébé et autres (2003), rapporté dans Kelly et Staatz (2006).

Des tendance inquiétantes

1.1 1. Malgré les récents progrès du secteur agricole, trois tendances inquiétantes posent question pour les perspectives de croissance du secteur, sauf nouvelles réformes :

Plus faible croissance agricole depuis la dévaluation et, en conséquence, plus faible contribution du secteur agricole à la croissance du PIB.

Faible croissance de la productivité (c'est-à dire des rendements) de la terre. .

Niveaux de pauvreté qui restent élevés dans la zone cotonnière.

1.12. Le taux de croissance moyen annuel de la valeur ajoutée agricole est passé de 3 3 % entre 1987 et 1993 à 3,O % entre 1994 et 2004 et la contribution de l'agriculture à la croissance du PIB réel est tombée de 53 % à 20 %, bien que la part de l'a riculture dans le PIB soit restée la même (40 %) (voir Chapitre 1 du Volume 1). En outre, la performance agricole semble s'être ralentie encore ces dernières années (2,6 % entre 1999 et 2004 contre 3,7 % entre 1994 et 98). L'émergence d'autres secteurs contribuant à la croissance (notamment l'or) peut être vue de façon positive, comme le signe d'une diversification et, donc, d'une diminution de la vulnérabilité aux chocs subis par l'agriculture (chocs climatiques et, à un moindre degré, chocs des cours des matières premières). Mais, comme plus de 80 % de la population du Mali dépend de l'agriculture et que l'avantage comparatif du pays se trouve dans l'agriculture et les activités annexes, l'absence de progression de la productivité agricole est préoccupante.

1.13. Seconde tendance inquiétante : le rendement des terres n'a progressé que pour une seule grande culture, le riz, alors que pour les autres céréales et le coton il n'a pas changé, voire a baissé, par rapport à un niveau déjà bas." La productivité du sol n'a

' O ii faut noter que le choix des dates affecte un peu le taux de croissance moyen. Mais les dates des périodes ont été choisies en fonction de l'evolution du PIB par habitant Eues permettent aussi de bien voir I'evolution dans le temps de la valeur ajoutée agricole. Notons aussi que, ces dernières années (2ûûC-2004), la croissance de la VA agricole s'est ralentie par rapport à 194-1999, plassant de 4,s à 1,5 %.

(( Grande » est ici défini en termes de volume de VA d'une culture par rapport aux autres. Cette section porte sur les grandes cultures (céréales et coton) en raison de la pauvreté ou de l'absence des données sur les autres culmes (par ex. l'horticulture) ou les autres sous-secteurs (comme l'élevage et la pêche). Si l'on a des données montrant que l'horticulture a eu de bons résultats (voir Paragraphe 1.14), d'autresmontrent de moins bons résultats, notamment pour I'elevrtge.

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augmenté que de 1 %par an en moyenne entre 1980 et 2003 et a en fait diminué de 5 % entre 1987 et 1993.12 En outre, elle reste à des niveaux bas pour la plupart des cultures. Les chiffres globaux de productivité du sol masquent d'importantes différences entre cultures, le rendement ayant baissé pour la plupart des cultures (sauf le riz) et pour le coton. Une différence essentielle entre riz et coton (le deux activités agricoles ayant les plus forts taux de croissance de leur VA) est que les augmentations de la production de riz viennent de hausses du rendement (en moyenne de 3 % par an entre 1994 et 2003 à la suite d'une moyenne de 6 % par an entre 1987 et 93) (Tableau 1.4), alors que les hausses de la production de coton n'ont été obtenues que par un accroissement des superficies, le rendement n'ayant pratiquement pas changéI3 pendant la période 1994-2004 (Graphiques 1.8 et 1.1 1). Les rendements moyens pour le maïs n'ont augmenté que de 0,5 % entre 1994 et 2003 à la suite d'une baisse de rendements (- 6 %) entre 1987 et 1993 ; les rendements ont été au plus haut au milieu des années 90, puis ont baissé pendant la fin des années 90 (Graphique 1.10).14 Mais comme pour le coton, la valeur ajoutée réelle des récoltes de céréales sèches (comme le mil et le sorgo), qui représentent environ 70 % de la production des cultures vivrières, a augmenté surtout grâce à l'expansion des surfaces cultivées depuis la dévaluation de 1994 - la légère croissance du rendement du mil entre 1994 et 2003 (0,9 %), qui a suivi une période de baisse des rendements (de - 8,4 % entre 1987 et 1993), a été insuffisante pour retrouver les niveaux moyens de rendement atteints pendant la période 1987-93 et, si le rendement du blé a augmenté spectaculairement, sa part était minuscule (0,3 %) dans la production céréalière totale (Graphiques 1.8 et 1.10 et Tableau 1.4).

Graph ique 1.8 : Production céréaliére, 1986-2001 Graph ique 1.9 : P a r t des diverses céréales dans la production céréaliére totale, 1986-2001

Note: L'année de culture au Mali correspond à l'année civile. Source. Estimations des services basées sur des chiffres citées par Source: Estimations des senices tas& sur des chifFm citées par Gagnon (2005). Gagnon (2005).

l 2 Bienque l'analyse économique indique que la croissance de la productivité moyenne du sol entre 1994 et 2004 a été de 7 %, cela n'a pas été statistiquement important (i.e., pas très différent de O %) et la tendance n'explique que 1 % de la variabilité des données. " L'évolution du rendement du coton a été de -1,5 %. l 4 Le maïs a été promu par le CMDT (par la fourniture de crédits aux intrants et de conseils de vulgarisation) dans la zone cotonnière pendant la période de prix garantis (jusqu'en 1987) et bénéficié de conditions initiales favorables venant de la croissance de la production de coton. La disponibilité d'outillages agricoles permise par les profits sur le coton et les prêts pour le coton a rendu plus facile la culture du maïs, qui nécessite des équipements. Les rendements ont baissé lorsque le soutien de la CMDT a été supprimé en 1987 et ont repris après la dévaluation de 94. En l'absence de facteurs pour soutenir la rentabilité du mals, les rendements ont à nouveau baissé à la fin des années 90.

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Graphique 1.10 : évolution des récoltes céréalières 1986- Graphique 1.11 : CMDT rendements du coton et 2001 (moyenne mobile sur 5 ans ; en kglha) précipitations, 1984-2004

Évolution du rendement des cbrbales (moyennes mobiles sur 5 ans) Rendements lkolha\ Pluies lmmlanl

l Coton kgma) t Pluies {mm d Sikasso) i y = -15.684~ + 1344.9

-Linéaire (Colon (kgha)) @ = 0.6219 -- Source: Estimations des services BM basées sur des chiffres citées par Note: L'équation en bas à droite est la tendance linéaire du rendement

Gagnon (2005). du coton ; les données sur les pluies ne sont pas inclues dans l'estimation de la tendance. Source. Rendement : CMDT et données / pluie : DNSI.

Tableau 1.4 : Rendements des principales céréales : évolution et croissance

1.14. Certaines productions maraichères et d'autres activités de diversif icati~n'~ peuvent constituer une exception à l'évolution inquiétante de la productivité. Certaines productions maraichères ont fortement progressé. Cela a résulté de l'accroissement des surfaces cultivées, mais les rendements ont parfois aussi augmenté. Les données indiquent que, entre 1999 et 2004, la production d'échalote a triplé et celle de la tomate a plus que doublé. Mais ces cultures ne représentent qu'une fraction, croissante certes, mais très petite, de la valeur ajoutée agricole. Pour certaines productions maraichères, les rendements ont progressé entre 1999 et 2004, notamment pour les échalotes, dont le rendement est passé de 24 à 28 tonnes à l'hectare (t/ha) (Tableau 1.5). Pour les autres productions, on ne dispose pas de données fiables qui permettraient de savoir la part relative de I'augmentation du rendement et de l'augmentation des superficies.

Taux de croissance annuel moyen des rendements (%)

'' Productions horticoles : oignons, échalotes, tomates, pommes de terre, mangues, haricots verts, pois sucrés et oseille de Guinée (hibiscus); autres productions de diversification : gomme arabique, élevage, viande, alimentation animale, produits laitiers (lait, beurre), miel, pêche et blé.

1 1

1987- 1993 1994-2003

1987-2003 Source: Calculs des services BM basées sur des chiffres citées par Gagnon (2005).

5,5% 3%

4,3%

-8,4%

0,9%

O

-6,2% -0,3%

-1,2%

-6,2% 0,5%

O,I%

1,3% 0,9%

-0,1%

13,8% 1,9%

3,8%

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fortement d'une année sur l'autre, ce qui montre que les données ne sont peut-être pas fiables Source: Calculs des services basés sur des chiffres citées par Gagnon (2005).

1.15. Troisième tendance inquiétante : le taux élevé et stable de la pauvreté dans la zone cotonnière, ou un tiers de la population du Mali gagne sa vie. La stabilité du taux de pauvreté dans la région de Sikasso (principale zone cotonnière du Mali) mentionnée au paragraphe 1.8 a contribué à limiter l'effet de la lutte nationale pour la réduction de la pauvreté pendant les années 90 (voir Graphique 1.6). En comparant l'évolution de la croissance agricole, la création d'emplois et les liens aux autres secteurs de l'économie pour le riz et le coton, on observe que le riz a obtenu les meilleurs résultats à ce jour : distribution plus équitable du revenu entre les ménages et au sein des ménages, davantage d'offres d'emploi en dehors des exploitations agricoles et davantage d'investissement privé en amont dans la fourniture d'intrants et en aval dans les entreprises de commercialisation et de transformation du produit. Les différences socioculturelles entre les zones cotonnière et rizicole, ainsi que les différences structurelles des systèmes de production, semblent expliquer les différences dans les types de liens observés. Ces observations se basent sur des analyses plus qualitatives que quantitatives. Le Mali avançant, il serait utile que la planification du développement dispose de meilleures données quantitatives sur les liens entre la croissance favorable aux pauvres et les différents types d'investissements agricoles.

1.16. Si l'on ne modifie pas les tendances statiques de la productivité des activités agricoles, on ne pourra pas continuer à réduire la pauvreté, du fait notamment que les secteurs récents à forte croissance (comme l'or) ont peu d'effets de réduction de la pauvreté. Des recherches montrent que la progression de la productivité agricole est une condition préalable forte au développement économique général, à la création d'emplois et à la réduction de la pauvreté (voir Thirtle et autres, 2001). '~ Des analyses transversales de données tirées des Indicateurs du développement

'' Les relations sont bien décrites dans Hazell et Haddad (2000, p. 13): « Une rapide croissance agricole contribue à la transformation économique de plusieurs façons importantes. Elle fournit les denrées alimentaires, matières premières de I'agro-industrie et des exportations et apporte des devises pour l'importation de biens industriels et d'investissement stratégiques. Elle libère de la main d'œuvre et des capitaux (sous forme d'épargne et d'impôts ruraux) pour le secteur non agricole. Elle génère du pouvoir d'achat dans la population rurale pour les biens et services non alimentaires et ainsi soutient la croissance des setvices et du commerce et fournit un marché naissant pour un secteur industriel émergeant. Elle réduit la pauvreté en augmentant la productivité du travail et l'emploi et en abaissant les prix pour tous. ))

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dans le monde (par Thirtle et autres, 2001) ont montré qu'une augmentation de 10 % des rendements des cultures conduisent à une réduction de 6 à 12 % de la pauvreté (définie comme le pourcentage de la population vivant avec moins de 1 dollar par jour). Pour l'Afrique, l'effet de réduction a été estimé à 9'4 %. La difficulté est d'obtenir un fort taux de croissance de la productivité agricole tout en suscitant un environnement socioéconomique et politique de nature à renforcer les liens entre l'agriculture et les autres secteurs de I'économie.

1.17. L'analyse conduite en utilisant une matrice de la comptabilité sociale (MCS) pour comprendre les liens entre les secteurs de l'économie malienne montre que l'on pourrait maintenir une cro'issance favorable aux pauvres si plusieurs secteurs décisifs obtenaient de bons résultats : cultures vivrières; élevage et chasse ; élevage et industrie alimentaire ; autres industries alimentaires ; services personnels et collectifs et cultures pour I'exportation (Banque mondiale 2006). Ces secteurs (pratiquement tous agricoles ou liés à l'agriculture) se caractérisent par de forts liens en amont et aval17 et trois d'entre eux (cultures vivrières, élevage et chasse et cultures destinées à I'exportation) représentent ensemble 37 % de la valeur ajoutée du PIB. La MCS montre également que la croissance de la production agricole aurait le plus fort effet sur les ménages ruraux, qui ont tendance à être parmi les plus pauvres.

C. UNE STRUCTURE D'INCITATION DU SECTEUR AGRICOLE FAVORABLE A LA CROWANCE

1.18. Par rapport à la situation du début des années 80, la structure d'incitation économique de l'agriculture, favorise globalement la croissance. Avant que les prix agricoles ne soient libéralisés dans la seconde partie des années 80, le secteur agricole était défavorisé, puisque les taux nominaux et effectifs de protection étaient négatifs (BM, Étude économique particulière, 1981). Les prix à la production régulés par le gouvernement étaient inférieurs aux cours mondiaux et pas totalement compensés par des subventions aux intrants agricoles. Par ailleurs I'Etat contrôlait la commercialisation des biens, régulant ainsi les prix à la consommation. À défaut de calculs plus récents des taux de protection nominaux et effectifs, nous nous fondons sur de nombreuses études qui ont évalué l'avantage comparatif de divers produits.'8 Témé et Kébé (2003) notent que la protection effective dont jouit le secteur agricole malien est globalement positive ou neutre et Gergely (2002) conclut que le Mali a un avantage comparatif dans certaines productions rnaraichères, qui semblent être très profitables pour les exploitants agricoles et les grossistes.

1.19. L'évaluation de la structure des tarifs douaniers des principaux produits marchands permet de dire que la structure d'incitation est favorable. Du fait de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les importations (pour les équipements et intrants agricoles exclus) et des taxes additionnelles s'ajoutant aux taux modérés des droits sur les importations, la production locale de riz jouit d'une préférence de plus de 32 % en plus de la protection nationale-résultant surtout de la situation continentale du Mali, où les coûts de transport tendent à être élevés. (Ce qui permet aussi de préserver la compétitivité du Mali sur le marché local par rapport aux importations asiatiques subventionnées.) Le sucre jouit d'une protection particulière, une taxe additionnelle de 55 % sur les importations ; en pratique, cependant, cette taxe n'est pas appliquée parce que les. importateurs profitent d'une politique qui annule la taxe pour trois unités de sucre pour toute unité de sucre local

" 'FOI% liens' se définit comme des indices de liaison supérieurs a 1 (moyenne normalisée pour l'ensemble de l'économie) 18 Par exemple les études choisies sont Gergely (. . .), USAID (. . .), CARANA (. . .).

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achetée par l'importateur. La protection conférée à l'agriculture par la structure tarifaire globale est quelque peu équilibrée par le coût des intrants importés (engrais, herbicides, etc.) qui, du fait de leur exemption de la TVA, ne supportent qu'un modeste droit de douane global (Tableau 1.6).

Tableau 1.6 : Tarif extérieur commun sur les biens venant des pays de I'UEMOA, 2004, en Y0

Notes: a. DD : droits de douane ; RS redevance statistique ; PCS : Prélèvement communautaire de solidarité de I'UEMOA ; PC : prélèvement communautaire de la CEDEAO ; TVA : taxe sur la valeur ajoutée. Source: TEC (2004), tel que rapporté par Gagnon (2005).

1.20. Les évaluations de la structure des prix à la production du riz et du coton suggèrent que le système commercial actuel du Mali est favorable aux grands produits agricoles, notamment par rapport à la situation du début des années 80. Une étude des budgets de campagne pour la production de riz montre que la structure d'incitation a été favorable, notamment après la dévaluation : la comparaison des budgets de campagne des riziculteurs du Tableau l.7 montre que la rentabilité réelle nette a augmenté de 8 à 94 %, selon la taille de l'exploitation et selon qu'elle se trouve dans une zone d'irrigation réhabilitée ou non. Un budget de campagne plus récent (pour 2002) montre que la rentabilité des exploitations rizicoles (mesurée par la part de la marge brute dans la valeur de la production) s'est largement maintenue (Tableau 1.8).19 et que les rendements réels nets se sont améliorés ou au moins n'ont pas baissé.20

1.21. Prix à la production et prix mondiaux : les producteurs de riz recoivent la quasi-totalité des prix mondiaux2' alors que les producteurs de coton, du fait

l9 Du fait des différences dans les façons de regrouper les exploitants agricoles, dans les méthodes de recueil des données et des les choix des indicateurs budgétaires, il est difficile de tirer des conclusions fermes sur les tendances des grands indicateurs tels que la rentabilité par hectare, par jour de travail, le coût de production d'un kilo de riz etc. à partir des rapports publiés. Divers budgets ont été élaborés au cours de la dernière décennie par des chercheurs ainsi que par l'administration de l'ON (Kelly et Staatz, 2006, Annexe 2), mais ils sont compilés différemment. Etant donné l'investissement qui a déjà été consenti pour le recueil et la compilation des données budgétaires, il semble sage de regrouper les bases de données pour produire une ensemble cohérent de budgets comparables dans le temps. Les budgets consolidés pourraient alors être utilisés comme modèles pour structurer les futures collectes de données et l'analyse sectorielle (Kelly et Staatz, 2006, Annexe 3, fournit la liste des bases de données qui seraient les plus pertinentes). 20 Cette conclusion se base sur un calcul approximatif des rendements réels nets de la campagne 2002 du Tableau 3.5 comparés aux budgets des campagnes 1995196-1996197 du Tableau 3.4, en reconnaissant que la comparaison est très approximative étant donné la différence de taille des exploitations dans les deux tableaux. En l'absence d'un indice des prix de gros, l'indice des prix A la consommation sert de déflateur, appliqué à la valeur des rendements nets dans le Tableau 3.4 Les rendements réels nets 2002103 sont 1,43 fois plus élevés pour les exploitations de moins de 5 hectares, 1,15 fois plus élevés pour celles de 5 à 10 hectares et 1,04 fois plus élevés f y r celles de plus de 10 hectares que ceux de la précédente période.

Cela reflète des prix basés sur le marché et une demande croissante de riz au Mali et en Ahque de l'Ouest ainsi que les niveaux de protection conféds par le coût élevé des banspoits. Le riz n'est pas strictement un bien d'exportation au sens ou le coton I 'eq car, commeon l'a dit, le riz est produit principaiemed pour remplacer des importations, même si un peu de riz est exporté vers des pays voisins. Mais, dans la mesure où le riz local est en concurrence avec le riz importé (largement d'Asie), la comparaison entre les prix payk aux producteurs et les cours mondiaux reste pertinente pour des raisons de compétitivité.

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d'inefficiences de coûts de la société cotonnière, n'ont reçu que 35 %22 environ du cours mondial au début des années 80. À partir du milieu des années 80, la prix payé aux producteurs maliens, en pourcentage du cours mondial du coton, a augmenté, passant à 64 % en 1990 puis 71 % en 2000 (Tefft, 2003). Mais cette augmentation s'est produite alors que les cours mondiaux du coton baissaient, à la fin des années 90, ce qui s'est traduit par des difficultés financières pour le secteur du coton et a montré que le prix payé aux producteurs était à un niveau insoutenable. Le récent changement (en 2005) liant le prix ,payé aux producteurs au cours mondial et garantissant à ceux-ci 60% des revenus bruts du secteur à partir de 2005, va très loin pour renforcer la rentabilité au niveau des producteurs de coton. Néanmoins, les incitations économiques ne sont qu'un des facteurs décisifs de la performance du secteur agricole. Le secteur est confronté à d'autres contraintes qui devront être levées pour compléter et renforcer les améliorations apportées à la structure du prix payé aux producteurs.

1.22. Des indicateurs autres que les budgets de campagne montrent également des incitations économiques favorables pour les riziculteurs de l'Office du Niger. Des études sur les marges commerciales montrent, par exemple, que la part des riziculteurs dans le prix à la consommation s'est accrue après la dévaluation (Mariko, Chohin-Kuper et Kelly 2001a, 2001b). Des études plus récentes (Kébé et autres 2003) montrent que la part dans le prix à la consommation perçue par les riziculteurs varie entre 70 % et 90 %, selon la saison. C'est plus que ce que perçoivent les producteurs de céréales sèches dans la zone cotonnière (67 %) et reflète très probablement la valeur du riz vendu au détail plus forte que celle des céréales sèches. Comme les marges commerciales absolues au kilo sont similaires quels que soient les céréales, les agriculteurs touchent davantage pour celles qui ont la plus forte valeur marchande au détail. La libéralisation et les mesures fiscales qui l'ont accompagnée ont maintenu la compétitivité du riz malien par rapport aux importations asiatiques, notamment depuis la dévaluation de 1994. Certains ont exprimé leur inquiétude d'une baisse de la compétitivité des marchés régionaux en raison de la baisse du taux de change dollar contre franc CFA (Diarra 2004), mais la croissance de la demande intérieure devrait être assez forte pour maintenir les prix à un niveau qui assure la rentabilité des exploitations rizicoles et justifier une importante expansion des zones irriguées (Baris et Zaslavsky 2004).

22 Contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays comme le Zimbabwe et l'Inde où, pendant la même période, les producteurs ont perçu entre 37 et 60 % du cours mondial (Tefft, 2003).

15

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Tableau 1.7 : Budgets de campagne des riziculteurs de l'ON avant et aprés la devaluation et aprés

Avant le dévaluation 92/93 Après la dévaluation 95/96 et Evolution en % de la rentabilité et 93/94 (en FCFA nominaux) 96/97 (en FCFA nominaux) nette (évaluée en termes réels) Petites Expl. Grandes Petites Ewl. Grandes Petites EwI. Grandes Glo expl. moyennes expl. expl. moyennes expl. expl. moyennes expl. bale <4ha 4-10ha >IOha <4ha 4-10ha >lOha <4ha 4-10ha >10ha

Zones réhabilitées (en milliers de FCFA nominaux par hectare) (évolution réelle en %)

Valeur de la production 356,7 287,7 330,6 536,4 660,7 615,3

Coûts variables 200,6 179,5 183,4 282,4 304,2 308,2

Coûts fixes 29,9 22,2 21,5 39,5 36,2 37,2 Rapport net sans compter le travail 175,2 134,8 174,6 273,l 378,7 328.5 Rapport en comptant le travail familial 126,3 85,9 125,7 214,5 32,O 269,2 Rapport net par jour de travail familial 1,8 1,4 1,8 3,5 4,8 4 2 Marge brutea 0,44 0,38 0,45 0,47 0.54 0,5

Zones non réhabilitées Valeur de la production 189,2 201,5 225,l 420,2 444,5 473,8

Coûts variables 113,O 110,O 105,2 243,5 223,O 226,9

Coûts fixes 22.6 18,l 16,O 34,2 28,3 28,O Rapport net sans compter le travail familial 71,2 90,9 121,5 190,l 240,8 266,4 Rapport en comptant le travail familial 53,6 73,3 103,9 142,5 193,2 218,8

Rapport net par jour de travail familial 2,O 2,6 3,5 3,O 3,8 4.2

Marge brute* 0,40 0,45 0,53 0,42 0,50 0,52

Source: Adapté de Mariko et autres (2001a).

'. Marge bmte calculée ainsi : (Valeur de la production - coûts variab1es)Naleur de la production, les coûts variables incluant le coût d'opportunité estimé du travail de la famille.

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Tableau 1.8: Budget de campagne indicatif, par type d'exploitation et saison (riz, oignon), 2002

Coûts

Production & riz Production de riz en saison humide en saison sèche

Expl. de Exploitation Expl. de Tou tes Production Unité <5 ha 5-10 ha > 10 ha exploitations

Rendement 5000 5000 5000 3500 Valeur brute de la production F C F A ~ ~ 608.450 608.450 608.450 429.100

Semences

Production d'oignons

Tou tes exploitations

15000

3.000.000

Di-phosphate d'aminonium Urée Fumier Sacs pour le riz F

Droits d'usage de l'eau Frais de battage Frais d'écorçage Frais financiers (pour intrants) Main d'œuvre (journaliers) Main d'œuvre (saisonniers) Entretien des animaux Entretien de l'équipement Dépréciation de l'équipement Frais financiers (équipement) Coût totaux (hors travail de la famille)

Rapport net F C F A ~ ~ 286.907 295.140 293.584 236.419 Marge brutefvaleur de la production*

Hors travail de la famille 0,53 0,5 1 0,50 0,58 Y compris travail de la famille 0,52 0,50 0,49 0,57 Valorisation du travail familial et groupes de travail non rémunérés F C F A / J / ~ ~ 4801 5.904 6.942 2.848

Coût de production (y c. F C F A ~ ~

travail familial) de riz 64,3 1 62.66 62,97 55,05

Valeur ajoutee F C F A / ~ ~ 306.700 322.492 326.369 236.419 1 223.5419

Argent nécessaire pour couvrir les coûts de production FCFA/ha 125.892 133.452 138.885 96.100 790.000

Source: GEDUR (2003), tiré des données de Menda del Villar, Sounsseau et Diakité (2005); Mariko, Chohin-Kuper et Kelly (1999) et Bélières et Bomans (2001).

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D. PLUSIEURS CONTRAINTES NON MONETAIRES FREINENT LA CROISSANCE DE LA PERFORMANCE ET DE LA PRODUCTIVITE AGRICOLES

1.23. Une évaluation des déterminants de l'évolution de la productivité agricole suggère que beaucoup de facteurs non monétaires limitent les gains de productivité de l'agriculture. Une étude plus désagrégée de la productivité des sols (par sous- secteurs) permet d'identifier les variables techniques, économiques et de politique qui influencent l'évolution du rendement.23 Ces variables se situent non seulement au niveau des exploitations agricoles dont les exploitants ont la maîtrise, mais encore au niveau des sous-secteurs où d'autres facteurs entrent en jeu comme la recherche et la vulgarisation, l'offre d'intrants et les mécanismes de crédits de campagne, l'organisation et la structure des marchés, et la volatilité des prix des intrants et des produits agricoles. Les variables s'appliquent même aux secteurs non agricoles liés au secteur agricole (telles que les perspectives des entreprises agro-industrielles, qui pourraient fournir aux activités agricoles l'avantage d'une demande tirant la production ; la capacité du secteur financier à prêter au secteur rural ou aux transformateurs des produits agricoles ainsi que la vulgarisation et la qualité de l'enseignement dans les zones rurales). Le reste de cette section porte sur des filières particulières (riz, coton, céréales sèches, hort icu~ture)~~ pour éclairer les contraintes thématiques communes pesant sur ces sous-secteurs et sur l'ensemble du secteur agricole plus généralement. Le Tableau 1.14, à la fin de cette section résume les principaux facteurs qui ont joué sur la performance des filières agricoles jusqu'ici et souligne les facteurs freinant l'amélioration de la performance.

Le riz (Office du Niger)

1.24. L'amélioration de la gestion de l'irrigation et des pratiques et techniques agronomiques du riz, combinée avec les réformes du marché qui ont incité les riziculteurs à adopter de nouvelles méthodes, sont au cœur des gains de productivité dans la zone d'irrigation de l'Office du Niger (ON). L'Encadré 1.1 fournit une description complète des réformes dans la zone de I'ON : amélioration de la maîtrise de l'eau (grâce à la réhabilitation de l'infrastructure d'irrigation, à de meilleures pratiques de gestion de l'eau et à une réforme institutionnelle de l'ON), amélioration des variétés de riz, adoption du repiquage, augmentation des quantités d'engrais utilisés. L'amélioration des techniques et des pratiques a été efficace parce que le contexte économique et institutionnel (renforcement des droits de propriété des exploitants agricoles, renforcement de la gestion du système d'irrigation, libéralisation du décorticage et de la commercialisation) a évolué de façon à fournir une large gamme d'incitations socioéconomiques aux exploitants agricoles ainsi qu'aux prestataires de services25. Les

21 On a tenté d'utiliser une analyse de régression pour identifier les déterminants de la productivité des sols au niveau agrégé en utilisant la valeur ajoutée de la culture comme variable dépendante. La britveté de la série temporelle et le peu de variables disponibles (parmi les nombreux facteurs pouvant expliquer la variation de la valeur ajoutée de la culture) n'ont pas permis d'obtenir des estirnatiom robustes, d'ou l'attention donnée aux contraintes non monétaires dans le développement qui suit. Les variables explicatives utilisées dans le modtle de régression étaient : l'utilisation globale d'engrais, les précipitations moyemes, les prix (représentés par le seul coton, pour des raison de disponibilité), une évolution temporelle et une variable fictive égale à un pour la période postérieure à la dévaluation (toutes les données indiciaires ont été converties en logarithmes naturels). 24 L'évaluation a été faite activité par activité en utilisant diverses méthodes selon la disponibilité et la qualité des données. Comme l'on dispose de bien davantage de données et d'informations pour le riz et le coton (secteurs d'activité «modernes ))) que pour les cultures (< traditionnelles >) (autres céréales), les cultures de diversification (maraîchage et cueillette de produits forestiers comme la noix de karité) et les autres activités agricoles (élevage, lait, miel et autres), le dkveloppement porte sur les secteurs modernes de culture. 25 Les prestataires de service incluent I'ON, la recherche et les services de vulgarisation, les banques, les fournisseurs d'intrants, les nkgociants en riz.

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exploitations de la zone de I'Ofice du Niger ont connu une croissance des rendements pendant les années 90, même dans les zones d'irrigation non réhabilitées (Graphique 1.12). En effet, dans celles-ci, les riziculteurs ont adopté les pratiques culturales améliorées (telles que le repiquage) qui ont été promues dans les zones réhabilitées. Globalement, les rendements moyens sont passés de 2 tonnes par hectare (t/ha) en 1987188 à 6 t/ha en 2003104, de nombreuses exploitations atteignant des rendements de 7 ou 8 tlha.

1.25. On pourrait obtenir des gains de productivité en réhabilitant les zones qui ne le sont as et permettre aux petites et moyennes exploitations de rattraper la majorité."Les données montrent que les rendements de la riziculture ont eu tendance à se stabiliser depuis 2000, même dans des zones (non réhabilitées ou situées à l'extérieur des structures officielles d'irrigation) qui ont encore des rendements inférieurs à leur potentiel (4 à 5 t/ha contre plus de 6 dans les zones réhabilitée^).^^ La moitié seulement de la superficie de la zone de l'Office du Niger a bénéficié d'une réhabilitation de l'infrastructure d'irrigation, alors que toutes les surfaces plantées en riz bénéficient de la pratique du repiquage. Les comparaisons des budgets de campagne entre les deux types de zones suggèrent que l'écart entre zones réhabilitées et non-réhabilitées a fortement diminué, notamment pour les grandes exploitations (voir le rapport net par jour du travail familial et la part de la marge brute pour les deux types de parcelles, dans le Tableau 1.7). Mais, après la dévaluation, les exploitations rizicoles petites et moyennes qui constituent la majorité des exploitations, dans les zones d'irrigation réhabilitées ont gagné 16 à 27 % de plus, en moyenne, que les exploitations dans les zones non réhabilitées. Cela montre qu'il y a de la marge pour une poursuite des progrès des rendements moyens par une extension de la réhabilitation aux zones restantes. L'augmentation de rentabilité inciterait les riziculteurs à améliorer leurs pratiques agronomiques. Aussi, l'extension plus rapide de I'irrigation à d'autres zones faciliterait la croissance agricole. La clé de la poursuite de la réussite est d'avoir les ressources humaines et l'environnement institutionnel nécessaire pour une adaptation rapide aux nouvelles situations.

26 La réhabilitation des zones d'irrigation serait probablement avantageuse, mais sa rtalisatibn doit être pondérée par le coût d'opportunité d'autres investissements relatifs à l'irrigation. L'investissement dans l'irrigation avec une maîtrise totale de l'eau domine le système de l'ON - c'est le type d'irrigation le plus cher. Une partie (mais pas la totalité) de l'accroissement des rendements dans la zone ON pendant les années 90 a t t é lié à la réhabilitation des inîiastructures existantes qui a coûté 2.500.000 Fc~A/ha. Une expérience plus rtcente d'extension des canaux d'irrigation dans des zones hors casiers a impliqué le test de mtthodes moins ontreuses ; par exemple, I'expansion Retail IV représentait des coûts estimés de 600.000 ~ c ~ A / h a . Bien que ces périmètres a coût inférieur aient connu quelques problèmes techniques (mauvais drainage, en particulier, ayant conduit à une salinisation) ainsi que des problèmes socioéconomiques (les nouveaux riziculteurs ont du mal à payer leur contribution), la mtthode à coût inférieur offre la possibilité d'ouvrir les zones irriguées à davantage de riziculteurs que la simple réhabilitation des canaux existants (si les problèmes techniques peuvent être surmontts). Avec une bonne gestion, l'expansion des périmètres, l'irrigation pourrait être une politique favorable aux pauvres, mais beaucoup dépendra des règles établies pour l'accès aux terres irriguées et des types de soutien fourni aux riziculteurs pauvres qui pourraient ne pas être à même de verser leur contribution fmancière au départ. Une question apparaît : la taille minimale de l'exploitation pour la viabilité financière. Les recherches suggèrent que les exploitations de moins de cinq hectares sont trop petites ppUr supporter la famille paysanne type de dix personnes.

Entre 1991 et 2001, l'ON a ajouté ou amélioré 11.000 hectares de terres, soit 1.000 hectares par an, dont 58 % étaient constitués de terrains hors casiers améliorés. Ceux-ci, champs qui bénéficient de canaux d'irrigation non officiels et ne font pas partie des périmètres irrigués officiels, ne sont pas inclus dans cene analyse. Ces terres hors casiers représentent actuellement environ I O % du total de la zone rizicole de saison humide mais seulement 6 % de la production. Voir Annexe 1 de Kelly et Staatz (2006).

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Encadre 1.1 : Productivitk du riz dans l'Office du Niger : une réussite aux multiples composantes

Avant le milieu des anntes 80, la production de riz dans l'Office du Niger pouvait être dite (( extensive », avec une famille moyenne de 3,5 personnes actives cultivant 5 à 6 hectares (environ 1,7 ha chacun) et une seule récolte par an alors que la terre permet deux récoltes. La pratique culturale ttait l'ensemencement aprts le début des pluies, en utilisant moins de 25 kilos d'engrais par hectare et avec une maîtrise de I'eau incertaine. En seulement trois ans (1986-89) les riziculteurs soutenus par le projet Retail financé par la France ont réduit la surface cultivée (1 à 1,5 hectares par actif) et gagné plus d'argent (78.000 FCFA par hectare contre 15.000 auparavant). Le riz représente maintenant 12,3 % de la valeur ajoutte agricole, contre seulement 4,3 % dans les années 80.

Cette transformation a rtsultt de l'amélioration des pratiques (repiquage, meilleure maîtrise de I'eau, davantage d'engrais) et de l'utilisation de 23 % des terres pour une seconde rtcolte. La grande réforme institutionnelle qui a permis cette transformation a t t t I'adoption du permis d'occuper, qui a améliort les droits des exploitants agricoles non seulement sur leurs champs de riz mais encore sur la parcelle où est situte leur maison et leur jardin familial. La libéralisation du marché des céréales a, par ailleurs, donné une incitation par le prix à accroître la productivitt. Il y a eu Cgalement des facteurs techniques : réduction de la taille des parcelles pour faciliter la prtparation du sol et la maîtrise de I'eau, identification de varittts de riz à haute performance, adoption du repiquage, utilisation accrue d'engrais (100 kilos à l'hectare) et dtveloppement des services de vulgarisation de la recherche à même de rtpondre aux nouveaux probltmes (tels que la salinisation, les dtficiences en nutriments des sols et les virus du riz). Les facteurs sociotconomiques ont été une meilleure gestion des crtdits de campagne et des systtmes de commercialisation de la production par des associations d'exploitants, la formation des exploitants à la gestion et la collaboration avec les banques pour rééchelonner les anciennes dettes et améliorer la capacité de tri des demandes de prêts.

On peut rtsumer de la façon suivante les facteurs de la réussite du riz irrigué de l'Office du Niger : ' Responsabilités institutionnelles de I'ON recentrées sur l'infrastructure et la gestion de I'eau.

Plus grande participation des riziculteurs aux dtcisions. Plus grande responsabilitt des riziculteurs dans l'entretien des infrastructures. Transfert des fonctions d'achat des intrants et de commercialisation de la production de I'ON aux riziculteurs. Investissements pour améliorer la qualité des infrastructures d'irrigation en voie de dégradation. Amélioration des produits techniques et des pratiques agronomiques, notamment amélioration des variétés utilisées, repiquage, nivellement des champs et augmentation de l'utilisation de l'engrais. Libéralisation de la commercialisation et du dtcorticage du riz, réalisée par la scission de l'oligopole qui dominait le commerce du riz dans les anntes 80. Cela a permis aux riziculteurs de recevoir une plus grande part du prix de la vente du riz, ce qui a incité à de nouveaux investissements dans Ia cuIture du riz et I'adoption de nouvelles techniques et amtliort la transmission des signaux des prix des consommateurs aux négociants et aux riziculteurs, ce qui a encouragt la différentiation des produits et l'investissement dans les pratiques aprts récoltes. Innovations techniques dans le décorticage à petite échelle permettant une plus grande valeur ajoutée au niveau de l'exploitation rizicole. Services de recherche et de vulgarisation capables de répondre aux besoins nouveaux des riziculteurs. Changements dans les politiques relatives aux droits des sols. Soutien concerté, de longue durée, coordonné, compltmentaire de celui de 1 ' ~ t a t malien de la part de grands donateurs qui se sont servis d'actions d'un projet pour tester des solutions techniques et socioéconomiques possibles aux contraintes de productivité avant de les étendre a l'ensemble de la population. Calendrier des réformes macroéconomiques favorable (dévaluation en 1994 et politiques relatives aux droits de douane mises en œuvre dans les années 90).

'Voir Bonneval et autres (2002) et Aw et Diener (2004) pour d'excellentes revues des facteurs ayant contribué à l'augmentation des rendements à l'Office du Niger. Voir aussi Diarra et al. (2000) sur l'effet de la libéralisation du riz et du décorticage.

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Graphique 1.12 : Évolution du rendement du riz irrigué dans l'Office du Niger (tlha)

1 : . 1 - ' K.. X -X'

7' /- 3': D

+ Caricr~ r'amenagw

u- Luicrs non resmenagD I---7

S o u c c Bilan & sarnpae~c dc I'OIficc du Nigcr ~ Source: Kelly et Staatz (2006), adapé des données et du graphe de J.F. Belières, CIRADAER

1.26. Les contraintes actuelles de la zone de l'ON auxquelles il faudrait prêter attention sont les suivants : accès aux intrants, au crédit et à la terre et mauvaise qualité du riz décortiqué. Dans une récente enquête auprès des riziculteurs, les obstacles les plus fréquemment cités dans la zone de I'Office du Niger étaient les suivants : accès aux intrants (90 % des réponses), accès au crédit (87 %), accès à la terre (71 %) et mauvaise qualité du riz décortiqué (Kébé et autres 2005). Pour ce qui est des intrants, malgré les améliorations au cours de la dernière décennie, le système de livraison des intrants de I'Office du Niger souffre encore des problèmes suivants : coût élevé des intrants, pénuries et livraison tardive d'engrais, pénuries occasionnelles des variétés de semences préférées et fort taux de défaillance des débiteurs. De récents entretiens informels avec des fournisseurs d'engrais et des représentants de l'association des riziculteurs de I'Office du Niger ont révélé un problème croissant d'organisation et de financement des importations et de la distribution des d'engrais (Encadré 1.2). Lié à ces questions se pose le problème de l'accès au crédit qui, ces dernières années, semblait être freiné par le peu de possibilités des fournisseurs d'obtenir du crédit acheteur en raison de dettes impayées antérieures des r i z i cu l t e~rs .~~ En 2003 de nombreux fournisseurs ont commis l'erreur d'offrir de l'engrais à crédit à des associations d'exploitants non affiliées au système de crédit souscrit par la Banque nationale de développement de l'agriculture. Or, de nombreux bénéficiaires n'étaient pas solvables, ce qui a conduit à de nombreux défauts de paiement qui ont mis les fournisseurs eux-mêmes en défaut sur leurs propres lignes de crédit (offertes par les représentants des fabricants à Abidjan et Dakar). Pour compliquer encore la situation, la nouvelle direction d'une grande société d'engrais à Abidjan (HydroChem devenue Yara) a complètement interrompu l'octroi de crédit fournisseur aux importateurs maliens.

*' Une comparaison de données d'enquêtes de 1999 et de 2003 suggère que l'accès au crédit s'est un peu détérioré. Une plus grande proportion des riziculteurs utilisaient le crédit en 1999 (79 %) qu'en 2003 (66 %). Environ la même proportion de l'ensemble de l'échantillon a dit ne pas avoir besoin de crédit (1 1%) et moins ont dit avoir des soucis d'accès au crédit en 2003 (5 %) qu'en 1999 (13 %), mais une plus grande fraction de l'échantillon de 2003 (23 % contre 10 % en 1999) a indiqué ne pas pouvoir avoir accès au crédit. Du fait de différences dans les questionnaires, la raison exacte de l'augmentation en 2003 est inconnue (voir Kelly et Staatz 2006, Tableaux 5 et 6).

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I EncadrC 1.2: Les problémes d e l 'approvisionnement en engrais l Les deux dernières saisons de production ont connu des pénuries dans l'offre d'engrais et une baisse de la capacité des exploitants agricoles à en acheter. En 2003104 et 2004105 les sociétés foumissant les organisations d'exploitants ont eu des taux élevés de défaillances, des retards de livraison et un envol des prix sur les marchés locaux. (L'urée s'est vendue de 18.000 à 20.000 FCFA le sac de 50 kg en 2005 contre un prix prévu de 12.000 à 15.000 FCFA.) L'absence de professionnalisme est visible chez tous les acteurs (importateurs, distributeurs et organisations d'exploitants) de la chaîne de l'achat d'engrais. Les appels d'offres sont mal gérés, la capacité des soumissionnaires a réaliser leur offre n'est pas évaluée et le processus juridique de poursuite des défaillants est complexe, lent et souvent occasion de corruption.

Le Centre intemational de dévelopjxmeit des engrais havaillait avec les exploitants agricoles a promouvoir le Projet d'Appui à la commercialisation des céréales au Mali, par lequel les associations d'exploitants engagent un personnel professionnel pour commercialiser le riz et accumuler le capital qui pourrait êtt.e utilisé pour acheter directement à des fournisseurs étrangers (en évitant le secteur de I ' o e d'intrants de plus en plus dysfonctionnel). Le programme a réussi en 2004105 à proauer des engrais à des prix généralemeit bas avec des livraison ;1 temps, mais il faudrait accorder plus d'attention a la viabilité à long terme du système. Les associations demient par ailleurs mieux communiquer avec leurs adhérents pour assurer la transparence et la confiance dans les transactions et les négociations. Ce n'est pas une tâche facile parce que beaucoup d'adhérents des associations sont illettrés et peu familiers des pratiques d'achat et de vente commerciaux.

1.27. Concernant la terre, les riziculteurs trouvent difficile d'obtenir des parcelles supplémentaires pour sortir des problèmes de trésorerie et de pauvreté liés aux trop petites exploitations. Alors que les marges brutes à l'hectare sont proches quelque soit la taille de l'exploitation (les marges des grandes exploitations ne sont supérieures que de 19 % à celles des petites), les marges par personne des grandes exploitations sont environ 140 % supérieures à celles des petites (Tableau 1.9). Autre préoccupation, la qualité du riz décortiqué local, qui ne répond plus à la demande croissante nationale et régionale pour une meilleure qualité de riz (sans brisures). Le décorticage du riz est dominé par une multitude de petites usines (possédées par des particuliers ou des associations de riziculteurs), qui ne produisent pas du riz de haute qualité mais néanmoins permettent aux riziculteurs de capter de la valeur ajoutée en transformant leur riz. Cette situation se traduit par une offre de riz moins importante (et donc des prix plus élevés) pour les transformateurs qui proposent une plus haute qualité de décorticage et les empêche de faire tourner leur usine à pleine capacité et donc d'être compétitifs par rapport au riz de qualité importé qui est demandé par les consommateurs aisés du Mali ou par les marchés régionaux, comme la Côte d'Ivoire. 11 serait souhaitable de disposer d'une technique intermédiaire de décorticage qui pourrait améliorer la qualité du riz et être acquise et exploitée par des associations de riziculteurs, car elle leur permettrait de produire un riz de meilleure qualité et de profiter de plus de la valeur ajoutée du décorticage.

Tableau 1.9 : Marges brutes d e la production d u riz à l'Office d u Niger, p a r taille d'exploitation

Nombre Surface cultivée Marge brute par Marge brute par Marge bnite par Type d'exploitation d'exploitation moyenne (ha) exploitation (FCFA) ha (FCFA) pamnne (FCFA)

Petite (0,25 A 3 ha) 254 1,86 482.382 259.345 59.208

Moyenne (3 a 10 ha) 260 5,61 1.587.977 283.062 105.686

Large (> I O ha) 35 14,72 4.524.759 307.389 141.901

Toutes exploitations 549 4,46 1.263.690 283.338 86.492 Source: Belières et Bomans (200 1).

Le coton

1.28. A la différence de celle du riz, la productivité du coton a baissé au début des années 90 et est restée stable pendant la fin de cette décennie, pour quatre grandes raisons. D'abord, la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT), société nationale cotonnière, semble avoir mis l'accent su r les volumes de

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production au détriment de la productivité : elle a promu l'expansion de la production de coton dans les zones cotonnières originelles (par un accroissement des superficies des exploitations) et dans de nouvelles zones telles que celle de Kita dans la région de Kayes. Le Graphique 1.13 montre comment l'aire de culture du coton s'est étendue, ce qui a conduit à une baisse du rendement moyen, montrée par le Graphique 1.1 I ) . * ~ La CMDT a par ailleurs introduit de nouvelles variétés de coton en 1994 qui ont accru la production de l'égrenage mais tendu à réduire le rendement des récoltes (Graphique 1.14). Cela a correspondu à peu près avec la dévaluation du franc CFA, qui a accru la rentabilité de la production de coton par rapport aux autres cultures, malgré la hausse du coût des intrants.

1.29. Ensuite, la dynamique socioculturelle des familles a tendu, ces dernières années, à se traduire par la division d'exploitations importantes et bien équipées (dirigées par un patriarche) en plusieurs exploitations (gérées par la génération suivante) disposant de moins d'équipements à traction animale. Les exploitations moins bien équipées obtiennent généralement des rendements inférieurs car des activités culturales cruciales ne sont pas toujours exécutées au bon moment (Giraudy, 1999; Follin et Deat, 1999). 11 est intéressant de noter que la structure sociale historiquement multi-générationnelle dans les zones cotonnières s'oppose à la structure famille nucléaire largement répandue dans la zone plus dynamique de l'ON. Si la tendance vers la généralisation des familles nucléaires dans la zone cotonnière peut amener des gains de productivité à long terme, à court terme, par contre, elle apparaît désavantageuse en raison d'insuffisance de la dotation en capital de la nouvelle génération.

Graphique 1.13 : Expansion de la zone Graphique 1.14 : Effet des nouvelles variétés cotonnière et évolution tendancielle de coton sur les rendements et l'égrenage

Expansion zone coton CMDT : 1984-2004 Hectares y = 20883x + 67839 1 Meld by piiinaiy cottou vriiety and yerr

JJ"0 42% 10e, 38% 36?4 ::g --,

&m~ir yieM O Ga@ ~ i U n u ~ i . . - - -

[%end Zone cotton CMDT-LinBaire (Tendance de la zone c t n) Tl Source Kelly et Staatz (2006), à partir de données CMDT Source: Teffl(2003) rapporté par Kelly et Staatz (2006)

1.30. Troisièmement, l'adoption de pratiques de gestion des SOIS et de conservation de l'eau a été insuffisante. Du fait de la hausse des prix des engrais, les producteurs de coton ont réduit leur utilisation d'engrais ce qui contribué à la stagnation de la productivité. Mais de nombreux exploitants n'ont pas adopté les pratiques de gestion des sols et de conservation de l'eau, susceptibles de contrecarrer l'affaiblissement du rendement dû à une

29 Cette expansion a fait baisser les rendements moyens (i) en déplaçant la production vers des zones où les précipitations sont moindres et les sols moins favorables et (ii) en contribuant à réduire le taux d'utilisation des engrais à l'hectare (Cvident notamment pendant les 3 ou 4 demiéres années). Une partie de la diminution de l'usage des engrais peut être due au fait que la CMDT a facilité les conditions de crédit et n'a plus exigé que les exploitants achètent la totalité de l'ensemble d'intrants recommandé. Un autre facteur peut être simplement l'évitement du risque par des exploitants ne souhaitant pas prendre la totalité d'une ligne de crédit pour tant d'hectares de coton.

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moindre utilisation d'engrai~.~' Les exploitants de la zone cotonnière qui ont adopté les pratiques de gestion et de conservation des sols et de I'eau (GCSE) qui accroissent la matière organique dans le sol et la capacité de rétention de l'humidité ont amélioré à la fois l'efficacité des engrais et les rendements, malgré la diminution des pluies (Tableau 1.10) (CMDT/DPCG/DTDR 2002; Kelly 2003; Berthé 2004a, 2004b; Brannan et autres, à venir). Mais I'adoption des pratiques de GCSE ne s'est pas généralisée notamment parmi les exploitants pauvres (Tableau 1.1 1)' pour plusieurs raisons : manque d'équipements, incertitude foncière, insuffisance de main d'œuvre, nécessité de migrer pendant la saison sèche (lorsque les pratiques de GCSE sont exécutées) et manque de fonds pour investir. Il y a aussi des manques dans la vulgarisation de la GCSE et les ressources locales pour aider les exploitants.31

1.3 1. Quatrièmement, lenteur de la réponse aux progrès techniques en matière de variétés de semences adoptées dans d'autres pays, ce qui pose un important problème pour la compétitivité future du coton du Mali. En plus des engrais, les insecticides représentent un autre intrant coûteux important pour la production du coton, dont l'utilisation inefficiente contribue à des rendements inférieurs au potentiel. Faute d'un cadre légal, réglementaire et institutionnel incitateur, les derniers progrès techniques dans les variétés de semences (à savoir des plants de coton résistants aux insectes) ne sont pas encore adoptés au Mali bien que les efforts initiaux de recherche soient en cours (Encadré 1.3).

Tableau 1.10 : Rendements avantlapres I'adoption de I'amCnagement en courbes de niveau ".b'

Avant l'adoption Après l'adoption

Cultures (1999) (2000) (2001) (2002)

Sorgo 647 9 6 9 1.027 1.018 Mil Maïs Coton 810 1,171 1.191 998 Pluies (en mm à SCgou) 955 624 673 505 Pluies (en mm à Sikasso) 1.123 973 1.022 779 Notes: al l'aménagement en courbes de niveau est une pratique de conservation du sol et de I'eau consistant à labourer sur le contour de la parcelle pour créer des élCvations du sol à intervalles choisis (par exemple tous les 4 à 8 sillons) afin d'empêcher le ruissellement. Les élévations sont maintenues en place par des haies vives ou d'autres plantations. b/ Ce Tableau présente les résultats de quatre années d'expérience de cultures du coton avec labour en billon par 41 exploitations dans les régions de Ségou, Sikasso et Koulikoro. Malgré la baisse des précipitations après I'adoption du labour en billon, les exploitants ont réussi à accroître les rendements de toutes les cultures.

Source: Berthé 2004a.

'O Certains chercheurs ont suggéré que la CMDT peut réduire les coûts des engrais avec peu de perte dans la réponse des engrais en recommandant une formule NPK moins onéreuse pour les exploitants (Diouf et al. 1998). D'autres ont vanté l'utilisation de phosphorites à Tilemsi (au nord du Mali), mais l'analyse économique n'a pas montré que c'était une solution économique étant donné les coûts de production et de transport (Henao et Baanante 1999; Crawford et Kelly 2001). Accroître l'efficience de l'utilisation des engrais est une façon potentiellement plus efficace de maintenir voir améliorer la productivité en réduisant les apports d'engrais. '' Des études de plus en plus nombreuses suggèrent que la suppression des obstacles à une plus large adoption de ces pratiques augmentant productivité et le revenu basées sur une amélioration de la gestion des ressources naturelles pourrait fortement accroître les rendements tout en dopant les revenus et en assurant la viabilité à plus long terme des systèmes de culture (Kelly et autres 2005; Reij et Thiombiano 2003; Tappan et McGahuey 2004; Berthé 2004a, 2004b; Brannan et autres à paraître). Les obstacles sont non seulement l'insuffisance des ressources des exploitants mais encore l'insuffisante capacité des services de vulgarisation à aider les exploitants agricoles à mettre en œuvre ces pratiques (localisation des courbes pour l'emplacement des aménagements anti-érosion, par exemple) et l'insuffisance des ressources locales lorsque la mise en place des aménagements anti-érosion nécessite un effort de la communauté locale (par exemple, pour transporter des rochers ou les plantes pour stabiliser les aménagements anti-érosifs et l'installation des aménagements sur les fermes multiples).

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Tableau 1 .1 1 : Pratiques anti-erosion et d'utilisation du fumier, par type d'exploitation

% utilisant les % utilisant les Type d'exploitation et description aménagements pratiques améliorées

anti-érosion relatives au fumier A. au moins deux équipes et 6 têtes de bétail 5 6 98 B. 1 équipe et pas de bétail 4 5 86 C. équipe partielle avec une expérience de la traction animale 35 63 D. travail manuel seul (pas d'équipement ni d'expérience) 22 3 5 Note: Les exploitations de Type A obtiennent régulièrement un meilleur rendement que les autres (Dioné 1990; Raymond et Fok 1994; Kébé, Diakite et Diawara 1998, cite par Teffi 2003) et des taux d'adoption de ces pratiques plus élevés font partie des explications de leurs plus hauts rendements. Source: Résultats préliminaires de données de suivi d'évaluation CMDT 2003104.

Encadré 1.3 : Amélioration des rendements du coton : promesse de la variété résistante aux insectes

La solution pour réduire le coût des insecticides pourrait être technique. Suivant l'exemple du Burkina Faso voisin, l'Institut d'économie rurale du Mali et la CMDT prévoient des tests d'un coton résistant aux insectes (Bt). S'ils sont concluants, la résistance aux insectes sera intégrée à la plante, ce qui réduira fortement le besoin d'épandre des insecticides. Bien que le coton Bt ne soit pas résistant à tous les insectes, il a permis d'importantes hausses de rendement et des réductions d'utilisation d'insecticides dans diverses conditions de production (voir Monsanto 2004 pour les essais initiaux dans les champs au Burkina Faso). Les estimations ex-ante des bénéfices du coton Bt suggèrent un bénéfice de 7 à 67 millions d ' u s ~ pour le Mali, selon les taux d'adoption et les gains de rendement (Cabanilla, Abdoulaye et Sanders 2004, cités dans Kelly et autres 2005). Bien que les produits biotechnologiques restent controversés en Afrique, le Mali a décidé d'avancer dans ce domaine pour le coton. Le Mali travaille à cette question et à d'autres semblables, grâce au CNRA (Centre national de recherche agricole) et à son partenariat avec le Programme régional de productivité agricole de l'Afrique de l'Ouest. Kelly et autres (2005) ont identifié plusieurs démarches que le Gouvernement malien devrait entreprendre avant l'adoption à grande échelle du coton Bt :

Établir un cadre de biosécurité pour les essais dans les champs et adopter une commercialisation adaptée à la situation malienne. Réaliser des essais en plein champ pour vérifier l'efficacité du produit dans les conditions locales. En partenariat avec le secteur privé, produire des variétés locales de coton Bt (peut-être en collaboration avec les efforts déjà en cours au Burkina Faso). Évaluer l'effet sur les insectes non visés. Élaborer un plan de gestion de la résistance aux insectes approprié aux conditions locales. Évaluer les implications socioéconomiques de cette technique (effets potentiels sur la distribution des revenus, l'égalité des sexes, la réduction de la pauvreté, etc.). Élaborer un programme d'information biotechnologique pour informer le public sur les avantages et inconvénients du coton Bt de façon à prévenir toute désinformation de campagnes anti- biotechnologies conduites par divers groupes locaux et internationaux.

Le grand défi sera de combattre la désinformation qui circule déjà sur les dangers potentiels des produits de la biotechnologie par des ONG antimondialisation toute en maintenant une discussion ouverte sur des effets éventuellement négatifs aux plans social, économique et environnemental.

Source: Kelly et Staatz (2006).

Le secteur des cultures vivrières traditionnelles

1.32. Comme celui du coton, le rendement des céréales sèches a stagné pendant les années 90 en raison de la fin du soutien apporté à la fourniture d'intrants, à l'offre de crédit et aux services de recherche et de vulgarisation pour ces cultures. On le constate même dans la zone cotonnière où la culture des céréales (mil, maïs, sorgo) est très liée à celle du coton, les deux dépendant des intrants achetés qui demandent des systèmes de distribution et des mécanismes d'octroi de crédits de campagne fiables et à faible coût (Encadré 1.4). Les deux types de cultures ont bénéficié d'un soutien à

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l'approvisionnement en intrants, à l'offre de crédit et à la vulgarisation agricole fourni par la CMDT, mais lorsque, à la fin des années 90, cette dernière s'est recentrée sur le coton, elle a cessé d'accorder son soutien à la culture des céréales. Par voie de conséquence, l'utilisation des engrais pour le maïs et les autres céréales a baissé fortement entre 1999 et 2000 (l'année du boycott du coton) (Tableau 1.12). La baisse de la disponibilité d'engrais semble avoir entraîné une diminution de la superficie et du rendement du maïs.

Tableau 1.12 : Utilisation d'engrais pour les cCrCales dans la zone CMDT, 1996197-2002103

(moyenne en kgha) 1996197 1997198 1998199 1 999100 2000101 2001102 2002103 Maïs 7 1 103 104 117 82 105 99 Mil Sorgo Riz 13 3 1 28 3 3 17 3 7 32

Source: CMDTDPCGISE 2003

1.33. La stagnation à bas niveau des rendements des cultures vivrières traditionnelles peut être due à la lenteur de l'adoption des produits et des pratiques permettant une hausse de la productivité, en raison de la faiblesse du système de recherche et de vulgarisation.32 Pour les exploitants agricoles se consacrant aux cultures vivrières traditionnelles, il y a beaucoup de produits et de pratiques améliorés, sur lesquels les informations sont promues par les services de vulgarisation mieux structurés des zones de culture de l'ON ou de la CMDT ; notons entre autres : les variétés de céréales améliorées, les pratiques de gestion et de conservation du sol et de l'eau et d'utilisation du fumier (et d'autres pratiques évoquées dans l'Encadré 1.5). Mais en dehors des zones structurées les cultivateurs n'y sont pas suffisamment sensibilisés. La demande des transformateurs de produits agricoles et d'autres activités en aval telles que la fabrication d'aliments pour le bétail (voir Paragraphe 1.39 ci-dessous) est trop faible. Comme les cultures commerciales, les cultures traditionnelles sont confrontées à des problèmes et des défis qui changent rapidement33. Il faudrait que les services de recherche travaillent sur ces questions et communiquent les résultats de leurs travaux aux services de vulgarisation, qui eux- mêmes devraient diffuser les derniers résultats de la recherche aux exploitants agricoles. Mais le Mali en est dépourvu dans le secteur des cultures vivrières traditionnelles (Kelly et autres 2005; Stoop 2002; Teme et Kébé 2 0 0 3 ) . ~ ~ On ne dispose pas de suffisamment de données sur les cultures traditionnelles (par exemple, l'utilisation des intrants ou de la traction animale par champs) pour permettre une analyse quantitative complète sur leur production et de leur rendement. Aussi, la couverture statistique des zones de cultures de plus en plus importantes, comme la région de Kayes où le coton et les cultures associées continuent à s'étendre, est faible.

32 Cette opinion se base sur des évaluations qualitatives et quantitatives, notamment des analyses qualitatives des données de la DNSI, sur les résultats d'évaluations des déterminants de la productivité dans les zones de culture du coton et sur les recherches sur la productivité agricole au Mali. 33 Par exemple : de nouveaux insectes et de nouvelles maladies sont apparues pour lesquels il faut des solutions. 34 Une partie du problème est la forte dépendance de financements erratiques de donateurs destinés au sedeur traditionnel. Néanmoins, des efforts visant fonder davantage les travaux de recherche et les conseils de vulgarisation sur la demande, dans le cadre du Progmmme national de recherche agricole, sont mis en œuvre dans cinq zones pilote, mais n'ont pas encore prouvé leur efficacité. Des hancemerts disproportionnés ont bénéficié à la mise en place et au fonctionnemeri de structures administratives multi-niveraix (national, régional, district et communauté) alors que l'ancrage local reste faible. La plupart des exploitants agricoles ignorent les comités d'usagers &Cs par le programme pour assurer la liaison entre les exploitants d'une part et la recherche et les seMces de vulgarisation d'autre part (Stoop 2002). La démarche ((service contre rkmunération » adoptée par le PASAOP risque d'accroitre les écarts de productivité et de revem entre les agriculteurs traditionnels et ceux se consacrant aux cultures commeniales parce que les premiers ont moins de chances d'avoir les moyens de payer les services de vulgarisation.

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Encadré 1.4 : La complémentarité entre coton et céréales l II existe de formidables complémentarités au plan de la productivité entre coton et maïs. La politique cotonnière du Mali ne peut donc pas être évaluée indépendamment de son effet sur la production de céréales. L'utilisation d'équipements à traction animale acquis grâce à au programme d'aide aux producteurs de coton répond aux besoins de labourage et de sarclage du maïs. La recommandation standard concernant la rotation des cultures entre coton et céréales contribue à la productivité des céréales car celles-ci bénéficient des effets résiduels de la fertilisation du coton. Le réseau routier créé pour le la récolte du coton facilite l'accès des producteurs de maïs aux marchés et réduit leurs coûts de commercialisation. L'argent que les exploitants reçoivent en paiement de leur récolte de coton leur donne généralement les moyens nécessaires de conserver les récoltes de grain pour le vendre plus tard et ainsi bénéficier des hausses de prix saisonnières (Dioné 2000).

Les autres sous-secteurs importants

1.34. L'horticulture et l'élevage sont parmi les plus importants des autres filières ayant un potentiel de diversification. Les études récentes portant sur ces secteurs donnent un aperçu de leurs contraintes et possibilités. Que ce soit pour la consommation intérieure ou l'exportation, les obstacles se situent parfois au niveau du producteur (rendements faibles, mauvaise qualité du produit, insuffisance des moyens de stockage après la récolte), mais souvent sont en aval (transport, commercialisation, stockage, transformation, exportation).

L'horticulture

1.35. La progression de la productivité et de la valeur ajoutée des produits maraîchers dépend de deux grands facteurs : la coordination de la chaîne de l'offre, depuis l'exploitation agricole jusqu'au marché, et la recherche- vulgarisation pour améliorer les variétés, les techniques agronomiques et les capacités de commercialisation. Les produits maraîchers maliens (tels que l'échalote, l'oignon, la pomme de terre et la tomate) disposent d'un marché potentiel intérieur ou régional et de possibilités d'exportation vers les marchés internationaux lointains (notamment pour le haricot vert et la mangue). Quelque soit le marché de destination et le produit, le maraîchage se heurte à des obstacles communs, tant au stade de la production qu'à celui de la commercialisation, auxquels s'ajoutent des obstacles techniques spécifiques à chaque culture (voir la synthèse par produit dans le Tableau 1.14). L'absence de programmes de recherche et de vulgarisation pour ces cultures entraîne la perte d'opportunités de développement de la production et d'implantation sur des marchés. La faiblesse de l'organisation de la chaîne de l'offre (entre les producteurs et les transformateurs, entre ceux-ci, les transporteurs et le marché) et les faibles capacités de transformation augmentent le coût de l'atteinte du marché et par là réduisent la compétitivité et le marché potentiel. Ces faiblesses des produits et de leur logistique contribuent à l'affaiblissement de la structure d'incitation au niveau de l'exploitation, ce qui dissuade les agriculteurs d'engager des investissements de productivité.

1.36. Du fait que, pour ces produits généralement périssables, le volume de la production est beaucoup plus important que le volume commercialisé, les préoccupations des acteurs portent surtout sur la rapidité de la mise sur le marché et l'existence de moyens de stockage réfrigéré. Un exemple type est le secteur de la mangue, pour lequel on dispose de résultats de recherche (Tableau 1.13). Une

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préoccupation connexe est la concentration de la récolte sur une saison, qui entraîne une saturation du marché pendant la période de pointe de la récolte, en l'absence de capacités de commercialisation et de transformation suffisantes. La solution~onsistant a renforcer la logistique de la chaîne de l'offre des différents produits (voir paragraphe suivanthne se concrétise pas en raison d'asymétries d'information et de défaillances du marché qui empêchent la coordination spontanée entre les acteurs du secteur et parce que l'insuffisance de moyens financiers et techniques freine l'expansion des industries agroalimentaires. Parallèlement, le secteur souffre d'une insuffisance voire de l'absence (selon les cultures) de moyens de recherche et de services de vulgarisation (c'est notamment le cas pour les cultures vivrières traditionnelles), ce qui explique en partie la stagnation de la productivité.35

Tableau 1.13 : Obstacles il la commercialisation identifiks par les nkgociants de mangues Obstacles Koulikoro Kati Siby Baguineda Toutes zones

Conservation du produit 3 1,596 37,9% 50,0% 37,5% 37,6% Transport 3 1,5% 46,6% 43,2% 19,4% 33,5% Espaces de stockage 32,696 13,8% 63% 37,5% 25,6% Production insuffisante 4,3% 1,7% O 5,6% 3,4% Total des réponses 1 O0 1 O0 1 O0 1 O0 1 O0 Source: enquête ECOFIL 2004, rapportée par Traoré, Dembélé et Cissé 2005.

1.37. La comparaison de l'expérience du secteur de la mangue et de celui du haricot vert donne une idée des obstacles et des solutions possibles pour les cultures commerciales de fruits et légumes. Dans le cas du haricot vert, la mauvaise coordination logistique aboutit souvent au pourrissement des haricots dans les hangars parce que l'exportateur (qui n'est pas le producteur) n'a pas acheté en temps voulu les emballages nécessaires ou n'a pas fait les réservations nécessaires pour l'expédition par voie aérienne. Dans le cas de la mangue, une bonne solution a été trouvée pour réduire le risque commercial dû au pourrissement du produit destiné à l'exportation ou a d'autres facteurs : un programme pilote financé par un donateur, en 2001, a permis l'organisation et la coordination des acteurs de la chaîne de l'offre. Ce programme a permis non seulement une réduction des coûts de collecte, d'emballage et de transport, mais aussi la préservation de la qualité des mangues de l'entrepôt d'emballage jusqu'a l'arrivé a destination (Danielou et al, 2003. Voir d'autres développements sur les économies prouvées de coût de transport, dans le Chapitre 5). L'effet de démonstration du projet pilote mangue a poussé d'autres acteurs privés a coordonner leurs activités, ce qui a permis une rapide augmentation des exportations de ce fruit (on estime que le volume des exportations de 2004 est supérieur de 250% au volume annuel moyen de la précédente décennie).

1.38. Le Mali a encore beaucoup à faire pour développer le secteur du maraîchage. En dépit de cette réussite, les exportations de mangues ne représentent qu'à peine 10% de la production de ce fruit et une partie importante de la production qui pourrait être écoulée sur le marché intérieur pourrit dans les champs faute d'accords structurés de commercialisation ou faute de capacité des industries agroalimentaires (jus, fruits secs). Le secteur a encore beaucoup à faire pour renforcer ses capacités de commercialisation des mangues et de ses produits maraîchers.

" Dans le cas de la mangue, la recherche et les services de vulgarisation sont insuffisants voire inexistants pour travailler (i) à la dtcouverte de nouvelles varittts ayant des dates de maturation difftrentes pour étaler la récolte sur une période plus longue et ainsi rtduire le problème des saturations du marché et (ii) à la transmission aux producteurs des informations sur les meilleures techniques relatives à la lutte contre les insectes et maladies et à la cueillette.

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L'élevage et les filières associées36

1.39. Le secteur de l'élevage et des filières associées sont confronté à des obstacles similaires à ceux des autres sous-secteurs agricoles. Les progrès du secteur de l'élevage sont freinés par la faiblesse de l'organisation et de la commercialisation qui s'ajoutent aux contraintes spécifiques au secteur et affaiblissent la structure d'incitation des investissements de productivité. Pour l'élevage, les deux principales contraintes spécifiques sont la faible disponibilité et la mauvaise qualité des aliments pour le bétail et l'insuffisante maîtrise des épizooties. En ce qui concerne les aliments pour le bétail, les recherches actuelles et les informations diffusées par les services de vulgarisation aux éleveurs sur les avantages et inconvénients des différents types d'aliments sont insuffisants. La maîtrise des épizooties est handicapée par la faiblesse du réseau des vétérinaires, essentiellement privés, dans le cadre d'un ensemble de services de recherche et de vulgarisation pour l'élevage. Le manque de réfrigérateurs pour conserver les vaccins est également une gêne, mais la recherche locale a trouvé de nouveaux vaccins contre certaines maladies (des volailles, des ovins et des caprins) qui n'ont pas besoins d'être conservés au froid. II faudrait encore tester localement leur efficacité, avant de les diffuser largement (distribution ou commercialisation) par le canal du réseau national des services vétérinaires publics et privés.

1.40. La disponibilité de l'alimentation animale est d'abord limitée par des facteurs climatiques (pénuries et mauvaise qualité des fourrages, notamment pour les ruminants, dues aux déficits pluviométriques et aux étiages des rivières dans le delta) et bénéficierait d'actions d'aménagement et de gestion des eaux. Elle est également limitée par la faiblesse des capacités agroindustrielles qui produisent trop peu de granulés tant pour les ruminants que pour les autres animaux. Les facteurs susceptibles d'améliorer les perspectives des activités agroindustrielles sont étudiés plus avant dans le chapitre suivant : manque de fiabilité de l'offie de matières premières agricoles (telles ue céréales), concurrence des entreprises du secteur officiel par celles du secteur ir~form$~. Une meilleure liaison entre agro-industries et producteurs de leurs matières premières par un renforcement de capacité de gestion de la chaîne de l'offre permettrait de réduire les risques des activités agro- industrielles.

1.41. Les filières associées à la filière de l'élevage sont, on ne peut s'en étonner, affectés par les contraintes que l'on vient de citer. Mais ils ont aussi leurs propres contraintes, comme, pour ce qui est des produits laitiers, la concurrence d'importations subventionnées de lait en poudre et de beurre, venant surtout d ' ~ u r o ~ e ~ ~ et la nécessité de réfrigération, dont le développement est gêné par le coût élevé de l'électricité (étudié dans le Chapitre 4). La plupart des entreprises locales de transformation trouvent plus rentable et plus simple de reconstituer le lait avec la poudre importée que de travailler avec les producteurs locaux à développer la chaîne locale d'offre de lait frais. Comme étudié au Chapitre 2, du fait de ces contraintes de marché et d'autres, l'intervention d'un organisme parapublic ou d'un acteur privé expérimenté (réalisant un investissement direct) peut être nécessaire pour que les industries de transformation des produits agricoles se développent.

l6 L'élevage comprend les ruminants (bovins, moutons, chèvres, camélidés et les non-ruminants (volaille). Les filières associées sont le lait, le beurre et les œufs. " Le secteur informel semble pouvoir produire à petite échelle des produits apparemment de la même qualité à un prix inférieur. En effet il ne paie pas d'impôts et de taxes. La concurrence vient des imitateurs qui étiquettent leurs goduits pour donner l'impression qu'ils sont de la même qualité que ceux qui sont plus chers.

Le secteur laitier de I'UE a reçu environ 16 milliards d'euros de subventions en 2001 (environ 2 dollars par vache), dont environ 2,5 milliards étaient des subventions à l'exportation (Oxfam, 2002).

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E n c a d r e 1.5: P r a t i q u e s p o u r accro î t re l a productivi te d e s exploitat ions agricoles

Plusieurs intrants et pratiques de renforcement de la productivité peuvent être promus dans le secteur traditionnel : Les engrais et herbicides améliorant les rendements devraient être rendus disponibles et plus abordables pour les exploitants agricoles en dehors des systkmes organisés de livraisons d'intrants. Les leçons tirées des programmes de négociants agricoles dans l'Est et le Sud de l'Afrique peuvent être intéressantes aussi pour les ONG. A noter en particulier les actions pour commercialiser de trks petites quantités de semences et d'engrais à l'intention des exploitants démunis (Annexe 7a de Kelly et Staatz 2006, et Kelly, Adesina et Gordon 2003). il faudrait remédier à la pauvreté des services de vulgarisation et de commercialisation afin de promouvoir la généralisation de l'utilisation des variétés améliorées de céréales et de légumes secs dans le secteur traditionnel (Christiansen 2002 donne une évaluation détaillée du secteur des semences au Mali). Les pratiques de conservation du sol et de l'eau promues par les services de vulgarisation du coton devraient être adoptées et promues dans les zones de production des céréales en dehors de la zone cotonnikre, éventuellement au moyen des programmes locaux de sécurité alimentaire en cours de développement au niveau du cercle et de la commune avec l'aide du Commissariat à la Sécurité alimentaire.' Les programmes de vulgarisation et les incitations économiques devraient inciter les exploitants agricoles ayant des équipements à les utiliser pour améliorer les conservation du sol et de l'eau et les pratiques de gestion des matières organiques au lieu de continuer la pratique de la culture extensive.

e es données venant du Burkina Faso montrent que les ckrkaliculteurs qui n'ont pas de cultures commerciales adoptent les pratiques de conservation du sol et de l'eau lorsqu'on leur en donne la formation et les moyens (Reij et Thiombiano 2003). Le Mali devrait être capable d'appliquer cette leçon dans les zones de production plus dificiles dans les régions de Kayes, Koulikoro et Mopti.

1.42. Le Tableau 1.14 résume les principaux facteurs qui ont contribué à la croissance jusqu'ici de certaines filières et les contraintes pesant sur la poursuite de leur croissance.

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Sous-secteur d'activité

Facteurs contributifs à la croissance de la production

Dévaluation (survenue après la réalisation du programme de réforme du secteur), qui a permis la répercussion pratiquement complète et immédiate aux riziculteurs des augmentations de prix (les prix payés aux riziculteurs ont augmenté de 23 % dans les deux semaines qui ont suivi la dévaluation)

Facteurs contributifs à la croissance de la productivité

Contraintes à la croissance

Sous-secteur des activités agricoles traditionnelles

Marché in Oignon et

Céréales (mil, sorgo, maïs)

Autres activités Maraîchage

tomate (Ségou)

Absence de mécanismes de crédits de campagne pour ces cultures

Retard à l'adoption des pratiques de conservation du sol et de l'eau et de compostage.par les céréaliculteurs.

intérieur et les marchés de la région. Augmentation de la demande

agricoles importantes La dévaluation a accru la compétitivité sur le marché

Insuffisance de la demande de l'industrie agroalimentaire pour absorber les excédents de la production aux périodes de pointe.

Faiblesse de l'industrie de fabrication des aliments pour le bétail qui ne tire pas la demande de céréales (notamment maïs)

Obstacles à la commercialisation venant de la conservation des produits. du transport et de la place de stockage au froid

pour les fruits et légumes frais. 1 eur et marché de l'Afrique de l'Ouest Changement de politique pour 1 1 Oignon, tomate : besoin de variétés et de pratiques culturales permettre une expansion de l'accès à la terre pour la culture de l'oignon, la tomate et d'autres cultures dans l'Office du Niger (zone irriguée).

permettant une plus longue saison de culture, pour étendre la récolte et éviter les saturations du marché : besoin de techniques de transformation pour accroître la durée de vie du produit et la valeur ajoutée et améliorer la qualité du produit.

Tomate : l'obstacle aux gains de productivité est la mauvaise résistance aux virus des variétés actuelles. Facteurs tirant le marché nécessaires : installations de stockage au froid pour allonger la durée de vie du produit, plus courte que celle de l'oignon et industrie de transformation locale fiable pour fournir

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Contraintes à la croissance

une demande forte et fiable de tomate fraiche.

La transformation de la tomate peut être gênée par les importations de pâte de tomate subventionnée de 1'UE. Coût élevé des semences (en partie du fait du monopole de l'offre et de la dépendance des importations).

La productivité est freinée par I'inefficience des méthodes d'irrigation à forte intensité de travail actuellement utilisées (nécessité d'améliorer les techniques et pratiques d'irrigation à bas coût. y .compris pompes, drainage).

Absence de systèmes commerciaux fiables pour la fourniture de pompes et des autres équipements d'irrigation.

Faiblesse des connaissances techniques dans l'enseignement des compétences de gestion de l'eau et dans les instituts de recherche et services de vulgarisation.

Faiblesse de la chaîne logistique, notamment manque d'installations frigorifiques

Absence de business mode1 pour obtenir la rentabilité du secteur économique local et absence d'expérience des affaires

Absence d'un système inspection phytosanitaire et de certification.

Manque de soutien technique organisé pour faire la liaison entre pro duc^ d'une part et recherche et vulgarisation spécialisés horticulture d'autre part ; de ce fait les producteurs n'utilisent pas les meilleures techniques pour la luiie contre les insectes et les maladies et pour la récolte.

Insuffisante capacité de transformation pour absorber les excédents de production (estimés à 20 % de la récole annuelle) et réduire le risque prix lors des périodes de saturation du marché.

Sous-secteur d'activité

Pomme de terre (Sikasso I Kati)

Exportation Mangues (Sikasso) (pour l'exportation)

Facteurs contributifs à la croissance de la production

Accroissement de la demande du marché régional ouest- africain

Dévaluation qui a accru la compétitivité des produits maliens par rapport aux importations d'Europe.

vers des marchés extérieurs à lJAJrique Augmentation importante et régulière des exportations depuis 2002, après avoir surmonté les faiblesses dans la récolte, l'emballage, la commercialisation à I'export et la logistique.

Facteurs contributifs à la croissance de la productivité

de l'Ouest

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pour le bétail et aux mauvaises méthodes phytosanitaires.

Manque de réîrigératem pour les vaccins et de tiigorifiques pour le lait

Sous-secteur d'activité Haricots verts (pour l'exportation)

des filières associés (viande, lait)

Marché intérieur, marché ré,qional ouest-africain et marchés d'exportation Élevage et 1 Forte demande de produits de 1 ( Stagnation due à la faiblesse de l'offre et de la qualité des aliments

Facteurs contributifs à la croissance de la production

Facteurs contributifs à la croissance de la productivité

l'élevage des abattoirs de Côte d'Ivoire (avant la crise de 2002)

Contraintes à la croissance

Les contraintes concernent la cueillette, l'emballage et le manque de fiabilité de la logistique à I'export, qui conduit souvent au pourrissement des haricots dans les entrepôts.

. ,

Le développement du secteur laitier est gêné par l'importation de produits laitiers subventionnés par I'UE (lait en poudre, beurre).

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E. LA NECESSITE D'UNE DEMARCHE STRATECIQUE POUR SAISIR LES OPPORTUNITES

1.43. Les obstacles à la performance et à la croissance agricoles du Mali sont bien connus. Des recommandations ont été faites sur cette base et sont mises en œuvre, mais on ne sait pas si elles correspondent à une démarche stratégique, cohérente et intégrée. Le Plan directeur de développement rural du Mali (Encadré 1.6) témoigne d'une conscience des formidables obstacles que le secteur agricole devrait surmonter et du soutien dont i l a besoin. Mais ce plan est-il réellement stratégique, compte tenu de la contrainte de ressources omniprésente et de la nécessité (selon cette stratégie) de soutenir de multiples programmes et projets pour assurer le succès d'une activité donnée dans le programme. Par exemple, les banques et établissements de microfinance ont peu de chances d'accorder du crédit aux exploitants agricoles à moins que ceux-ci n'aient un marché sûr pour leur production, élément décisif qui réduit fortement les risques et élève les perspectives de remboursement (voir Chapitre 3). Or les exploitants agricoles ont peu de chances d'adopter les nouvelles techniques ou pratiques sans accès au crédit et à un marché sûr pour leur production supplémentaire. Pourtant, dans la stratégie du secteur rural, la démarche pour traiter par filière ces contraintes associées n'est pas suffisamment claire. Un autre exemple est le programme 7 de la stratégie, qui semble ne pas tenir assez compte du fait qu'une démarche globale pour accroître la productivité de tout sous-secteur créerait de l'emploi à la fois dans les exploitations et à l'extérieur d'elles comme on l'a vu dans le cas de l'Office du Niger. De ce fait, un programme distinct pour l'emploi en général voire pour l'emploi des jeunes peut constituer une utilisation peu judicieuse de ressources. Il faudrait donc étudier soigneusement la stratégie de développement rural du Mali (et le cadrage du soutien de la Banque) du point de vue de son axe, de sa globalité et de ses effets.

1.44. La stratégie rurale manque d'une bonne orientation vers le marché pour traiter toutes les activités agricoles ou se coordonner avec d'autres programmes sectoriels. Le Mali a désormais adopté une orientation secteur privé pour certaines cultures (mettant l'accent sur l'export) qui a plus de chances d'atteindre la viabilité financière que les initiatives dirigistes précédentes. Sa démarche est soutenue par les divers donateurs, notamment la Banque mondiale dans le cadre du projet Diversification et compétitivité de l'agriculture malienne. Mais, l 'insuff~ante intégration de l'orientation vers le marché et des questions de compétitivité dans la stratégie agricole du Mali relative aux autres cultures (notamment celles destinées au marché intérieur) a conduit à accorder trop d'importance à l'augmentation de la production (démarche « offre ») au détriment de l'attention à accorder aux gains de productivité. Or, seuls ces derniers peuvent améliorer la compétitivité et donc la viabilité des cultures et poser les bases d'un développement des activités de transformation en aval de la production agricole.

1.45. Les actions relatives au secteur rural n'ont pas leur plein effet car la stratégie rurale n'accorde pas l'importance voulue au développement rapide des activités du secteur public (telles que l'électricité, l'eau et l'irrigation) ni à la réduction des coûts de coordination entre les sous-secteurs - deux dimensions qui devraient accompagner l'investissement du secteur privé. L'insuffisance des liens entre la production agricole et les activités de transformation des produits agricoles empêche l'émergence d'un consommateur potentiel de la production agricole - facteur crucial pour l'évolution de l'agriculture.

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Encadrd 1.6 : Plan directeur de d6veloppement rural du Mali

Faisant suite à un diagnostic sur les contraintes du développement agricole et rural, ce plan, récemment mis à jour, comporte huit programmes d'action prioritaires :

1. Développement des sous-secteurs d'activité agricole et forestière. 2. Développement de l'agriculture irriguée. 3. Développement de l'élevage et des filitres associées. 4. Développement de la pêche et de 1s pisciculture. 5. Promotion de la mécanisation dans les activités agricoles. 6. Préservation de la gestion décentralisée des ressources naturelles et de la nature. 7. Promotion de l'emploi rural et programmes pour lutter contre le chômage des jeunes. 8. Mise en œuwe de mesures de soutien pour : (i) créer un cadre législatifet institutionnel ; (ii) développer l'accès aux services financiers ; (iii) assister les sous-secteurs au moyen de recherches et de prestations de vulgarisation orientés vers la demande des producteurs et vers les besoins du marché et le respect de l'environnement et (iv) renforcer l'accessibilité des grandes zones de production zones et des grands marchés ruraux

Sources : République du Mali (2006), Consultation sectorielle sur le développement rural et l'Agriculture irriguée : Document de synthèse (Diagnostic et stratégies).

1.46. Si les facteurs de réussite varient quelque peu selon les sous-secteurs, ils tendent néanmoins a rentrer dans quatre grandes catégories :

Maîtrise de I'eau (et donc libération de la dépendance des pluies) et utilisation de meilleures pratiques de gestion de I'eau et des sols, qui contribuent à réduire les risques des cultures et de l'élevage. Accès à un marché sûr (intérieur ou extérieur ; demande primaire ou demande des activités de transformation), résultant d'une amélioration de l'information sur les marchés et de l'organisation et de la coordination des producteurs, des transformateurs et des négociants grâce à une gestion de la chaîne de l'offre et à une réduction de la probabilité de pertes de récoltes en raison de saturations temporaires du marché ou de livraisons à contretemps des récoltes aux marchés). L'accès à des informations pertinentes sur les techniques les plus récentes (notamment sur les semences de variétés améliorées), sur les systèmes de production agricole (pour les cultures, l'élevage et la pêche) ou sur les pratiques relatives à la transformation des produits et sur les façons de sauvegarder leur qualité. L'accès à l'information dépend de la qualité des services de vulgarisation, des liens entre recherche et vulgarisation et des institutions surveillant le cadre réglementaire de la recherche agricole et de la qualité des produits. Un cadre institutionnel et d'incitation à tous les niveaux de la chaîne production-transformation-commercialisation, assez souple pour tirer parti des opportunités de mise en culture, et comportant une amélioration de la sécurité foncière et des droits de propriété, de 1'accès au crédit et des mécanismes organisés d'offre d'intrants et de crédits de campagne).

Ces facteurs ne prennent pas en compte la contribution spécifique nécessaire à la croissance de la productivité venant des autres secteurs de l'économie : quantité et qualité de l'offre en matière d'éducation, d'électricité, de transports et de services financiers et diminution du coût du règlement des conflits commerciaux.

1.47. La présence de ces quatre facteurs permet d'expliquer la réussite du secteur du rh, mais un ou plusieurs font défaut dans les autres cultures ou sous-

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secteurs agricoles. Le coton a manqué d'un bon cadre institutionnel et d'incitation parce que la structure des prix payés aux producteur a pénalisé de façon disproportionnée les producteurs de coton par rapport à la société d'égrenage lorsque les prix ont chuté. Son mécanisme des crédits de campagne n'a pas pris en compte le caractère complémentaire de la production de coton et de maïs, ce qui a restreint l'adoption de meilleures pratiques de culture du coton Les céréales sèches souffrent de leur faible maîtrise de l'eau, de l'insuffisance du réseau de vulgarisation et des liens entre recherche et vulgarisation et d'un manque d'accès aux crédits de campagne. La maîtrise de l'eau a été moins problématique pour les cultures maraîchères que pour les céréales sèches. Mais le maraîchage souffre de l'insuffisance des liens recherche- vulgarisation, d'un manque de compétence en matière de marketing et d'une mauvaise organisation et gestion de la chaîne de l'offre. Enfin, l'élevage et les filières associées sont mal placés sur les quatre plans.

1.48. Vu le grand nombre de petits exploitants, pour la plupart indépendants, et le nombre encore faible mais en lente croissance des grandes exploitations agmindustrielies, les solutions pour chaque sous-secteur devront répondre aux problèmes spéciiques de chaque type de production. Les petits exploitants agricoles ont besoin d'actions particulières à leur culture, orientées marché, dans une démarche d'organisation et de gestion de la chaîne de l'offre, s'appuyant sur les mécanismes de soutien existants (ECOFIL, IER, IPROFRA, OMA et autres) et les renforçant et assurant que les contraintes sont traitées en temps voulu. Compte tenu de l'importance de l'agro-industrie pour créer une demande capable de tirer l'agriculture et les marchés primaires traditionnels, les liens et la collaboration entre agriculture et services de soutien à l'industrie devraient être renforcés (à peu près comme cela a été fait dans le secteur du coton). Les grandes exploitations modernes agro-industrielles lancées grâce à des partenariats public-privé-comrne le domaine sucrier privé et l'usine de sucre prévue pour 2006 ou d'autres grands projets dans le cadre de l'expansion de l'agriculture irriguée dans la zone de l'Office du Niger4soudront toutes ou la plupart des quatre contraintes mentionnées ci-dessus à l'intérieure de la société, sans avoir à peine besoin de soutien extérieur. Une main d'œuvre de meilleur qualité grâce à l'élévation du niveau des services d'éducation-notamment grâce à l'amélioration des installations de formation de techniciens agricoles et de spécialistes de la gestion de l'irrigation-profiterait aussi à ces grandes exploitations agro-industrielles modernes. Des partenariats public-privé peuvent être nécessaires pour faciliter la création d'autres exploitations agro-industrielles modernes et pour tisser des liens entre eux, les autres secteurs de l'économie et les pauvres ruraux.

1.49. Comme le secteur agricole du Mali est largement privé, il faudrait renforcer la capacité locale sur un certain nombre de plans. Les besoins de développement de capacité pour l'agriculture privée (y compris ses fournisseurs d'intrants et les services de commercialisation de sa production) sont les suivants : soutien à la gestion financière et à la gestion de la chaîne de l'offre pour tous les acteurs concernés du secteur ; soutien à la recherche et à la vulgarisation pour développer la capacité de « conduire une exploitation agricole comme une entreprise » (c'est-à-dire en utilisant la méthode de la chaîne de valeur pour identifier et promouvoir des cultures de diversification) ; soutien aux exploitants agricoles pour améliorer les pratiques de gestion des cultures et les compétences en commercialisation et en finance. L'une des priorités devrait être de travailler avec le service des sous-secteurs économique (ECOFIL) de l'Institut de la recherche agricole du Mali (IER), le service socioéconomique de la faculté d'agriculture (IPRIIFRA) et le système d'information sur les marchés agricoles (OMA) pour développer et étendre ces compétences largement dans le Mali.

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1.50. L'avenir de l'agriculture au Mali devant se fonder de plus en plus sur le savoir, les exploitants agricoles devront de plus en plus maîtriser la lecture, l'écriture et le calcul pour pouvoir utiliser les services techniques (tels que les conseils des services de vulgarisation, ceux de protection des cultures et ceux de l'entretien de l'irrigation) qui seront probablement fournis contre rémunération. Il faudra des investissements à la fois pour l'éducation de base des exploitants agricoles et pour la formation technique des prestataires de service. Les compétences techniques qui font sérieusement défaut concernent aussi la transformation des produits agricoles et la gestion de l'eau. La création du programme BAC+2 de I'IPRDFRA a commencé à répondre à ce besoin, mais le programme n'a pas répondu aux attentes et devrait être mieux adapté aux besoins des étudiants et des employeurs potentiels. Il sera essentiel de disposer de davantage de techniciens agricoles formés, du fait de l'importante expansion de la production de sucre prévue dans la zone de Markala (Office du Niger) par Schaffer International et de celle de l'agriculture irriguée dans l'Office du Niger financée par I'American Millennium Challenge Accounl.

1.51. L'amélioration de la gestion des liens recherche-vulgarisation-exploitants est un autre domaine qui devrait permettre de capitaliser sur les avantages de la productivité. Ces liens ne sont pas très développés en dehors de la zone de l'ON et du secteur du coton et de nombreuses pratiques et techniques ayant largement fait la preuve de leur capacité à améliorer les rendements n'ont pas encore été adoptées par un grand nombre d'exploitants agricoles. Plus de vingt ans d'essais d'application de méthodes de vulgarisation venant d'ailleurs (par exemple, système « formation et visite » et champs école) n'ont pas apporté beaucoup à la majorité des exploitants agricoles maliens. La situation a été aggravée par la forte dépendance des programmes de financements extérieurs (surtout de la Banque mondiale) qui entraîne leur arrêt lorsque le cycle du financement s'achève. Le Mali devrait trouver sa propre démarche de vulgarisation pour la majorité des exploitants agricoles qui sont situés à l'extérieur du périmètre de l'ON et de la zone cotonnière en élaborant des modèles différents pour les divers systèmes de culture (peut-être en liaison avec les efforts actuels de décentralisation administrative et financière). Il devrait tirer les leçons de l'expérience du secteur du coton et de celle de la culture irriguée du riz. La tendance vers des conseils de vulgarisation prodigués contre rémunération, comme c'est le cas dans le programme pilote mené dans le cadre du PASAOP devrait être suivie et étendue si elle se révèle efficace. Toutefois, dans le secteur traditionnel, où la plupart des exploitants agricoles ont peu de revenus tirés de cultures commerciales pour payer des services, cette méthode pourrait accroître le handicap des pauvres. Par ailleurs il n'existe pas de lien structurel entre les prestataires privés de vulgarisation et le système de recherche agricole. En l'absence d'un tel lien, il est très difficile aux conseillers en vulgarisation de traiter les nouveaux problèmes (tels que l'apparition d'un nouvel insecte) et de transmettre les questions qui se posent aux chercheurs pour qu'ils y trouvent des solutions.

1.52. C'est en améliorant la gestion financière et la circulation de I'information que l'on a le plus de chances d'accroître la valeur ajoutée du secteur. La mauvaise gestion par les bénéficiaires des crédits qu'ils reçoivent et l'insuffisance d'information des banques sur la solvabilité des emprunteurs rendent celles-ci réticentes à offrir des prêts agricoles, pourtant indispensables si l'on veut accroître l'apport d'intrants et la production. Dans la zone cotonnière, la liaison entre le marché des intrants et celui du produit aide à surmonter certains problèmes de recouvrement de crédit liés à une asymétrie de I'information. Mais, en dehors du secteur du coton, l'offre d'intrants est sérieusement restreinte par la difficulté d'accès au crédit tant des exploitants que des

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fournisseurs, par la mauvaise gestion financière, et par l'absence d'informations fiables sur les risques associés aux financements des activités agricoles et sur la capacité des fournisseurs d'intrants. L'expérience récente d'appel d'offres pour la fourniture d'intrants lancés par l'ON montre que l'un des gros problèmes réside dans la capacité des organisations de producteurs à évaluer la capacité des soumissionnaires à livrer ce qu'ils promettent. Cette lacune a entraîné des ruptures de contrat et de graves pénuries d'engrais. Le financement fait également défaut pour le stockage (au niveau des exploitations agricoles et des petites entreprises) et au stade de la transformation et, lorsqu'il existe, il est souvent mal géré. Le Gouvernement malien et ses partenaires devraient imaginer de nouveaux mécanismes de financement, travailler à l'amélioration des compétences en gestion du crédit, à la diffusion des informations et à la conception des contrats permettant de palier aux éventuels problèmes de risque moral et de sélection inverse, ainsi qu'à I'offre d'incitations susceptibles de pousser le secteur bancaire à s'intéresser à l'agriculture (au moyen, par exemple, de programmes de garantie de prêts et de formation de personnels bancaires à l'analyse du risque agricole). De nouvelles méthodes pour développer I'offre de financements pour les entrepreneurs de niveau intermédiaire manifestant leur intérêt pour l'agro-industrie permettraient de créer une demande qui inciterait les agriculteurs à accroître leur production de céréales et permettrait d'absorber l'excès de capacité de l'horticulture, où une large part de la production annuelle pourrit avant d'atteindre le marché.

1.53. Les possibilités de développement institutionnel pour stimuler la croissance du secteur agricole sont largement du domaine législatif et réglementaire. Les industriels de taille moyenne du secteur agro-alimentaire susceptibles d'investir ont besoin d'être rassurés sur les règles et les pratiques permettant de se protéger des risques venant de ruptures de contrat, de,la corruption du système judiciaire et de la concurrence déloyale résultant de la faiblesse législative en la matière et du non respect des qualités et des normes en vigueur. Une autre question est posée par le risque de concurrence déloyale de la part d'entreprises informelles, qui proposent beaucoup de produits et de services semblables à ceux offerts par les entreprises officielles, mais à des prix inférieurs parce qu'elles ne payent pas d'impôts.

1.54. Autre question institutionnelle : la législation foncière et la façon dont elle influence la répartition entre petites exploitations familiales et grandes exploitations commerciales et leur rentabilité relative. C'est une question cruciale notamment dans l'Office du Niger. Les pratiques en matière d'héritage et la réduction de la taille des exploitations à la suite d'une réhabilitation d'infrastructures ont forcé des familles à se rabattre sur les exploitations de plus en plus petites - parfois si petites qu'elles ne fournissent même plus un revenu supérieur au seuil de pauvreté. Parallèlement, les très grandes exploitations commerciales s'étendant sur des milliers d'hectares sont à l'étude. Ces propositions de très grandes exploitations supposent qu'il y a d'importantes économies d'échelle dans la production agricole au Mali, une hypothèse qui n'appuie guère les données empiriques. Le pays a un urgent besoin d'études sur l'économie des exploitations familiales par rapport aux exploitations commerciales et sur leurs contributions respectives à la croissance et sur leurs liens avec la réduction de la pauvreté.

1.55. Ii faudrait également s'intéresser à la politique commerciale. Les subventions de l'Europe à ses exportations de lait en poudre et de pâte de tomate ont été citées comme exemple de politiques réduisant la compétitivité des producteurs et des transformateurs maliens même lorsqu'ils se contentent de fournir le marché intérieur. L'Organisation

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mondiale du commerce (OMC) a déjà jugé que les subventions des États-unis à leur coton et les politiques d'exportation de sucre de I'UE violent ses accords en vigueur et nuisent aux producteurs africains, mais la nature exacte des solutions devrait encore être négociée et mise en œuvre. Le Mali devrait développer sa capacité en matière de politique commerciale internationale et ses compétences en négociation. Par contre, il serait contreproductif pour le Gouvernement malien de mettre tous ses problèmes de productivité agricoles dans ces secteurs subventionnés sur le compte de ces subventions, car de nombreux facteurs nationaux limitent les gains de productivité et l'investissement agricole.

F. ON PEUT RENDRE LA CROISSANCE AGRICOLE PLUS FAVORABLE AUX PAUVRES

1.56. La première chose à faire pour rendre la croissance agricole plus apte à réduire la pauvreté est de soutenir les possibilités d'accroissement de la productivité susmentionnées, notamment celles qui permettent d'accroître les revenus des exploitants agricoles les plus pauvres (ceux des zones de culture sèche, ceux cultivant moins de 2'5 hectares de terre dans l'ON et ceux dépourvus d'équipements dans la zone cotonnière).

1.57. L'étape suivante serait de fournir des services de soutien permettant aux exploitants agricoles de fonctionner sur les marchés concurrentiels :

Assistance à la création et à la gestion de groupes d'exploitants capables de réaliser un large éventail des tâches de commercialisation et de développement humain.

Renforcement de services d'information sur les marchés, avec expansion de la couverture produits dans le système existant et amélioration de la diffusion des informations sur les marchés.

Cours d'alphabétisation pour adultes et enseignement primaire pour les enfants dans les zones rurales. Ce devrait être une priorité dans le programme d'éducation du gouvernement et dans tous les projets généraux de développement

1.58. Les investissements dans les infrastructures de transport et de communication dans les zones souffrant d'un mauvais accès aux marchés, aux soins et à l'enseignement peuvent améliorer le contexte économique et stimuler la croissance de la productivité. Voir, par exemple, les investissements en infrastructure de la société cotonnière dans la zone de Kita.

1.59. 11 faudrait également améliorer les institutions qui peuvent remédier aux problèmes de gestion du risque, d'asymétrie de l'information et de crédit agricole, problèmes qui empêchent les exploitants agricoles pauvres d'acheter des intrants et d'adopter de meilleures pratiques de conservation du sol et de l'eau. Les éléments pourraient être les suivants :

Incitations publiques pour stimuler les investissements dans la conservation du '

sol et de l'eau et l'enrichissement des sols en matières organiques par les exploitants agricoles pauvres. Ce programme pourrait s'inspirer des investissements publics en infrastructures d'irrigation dans la zone de l'ON.

39 Comme le Projet de la Banque mondiale d'Appui aux communautés rurales

40

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Programmes de vulgarisation axés sur l'efficience dans l'utilisation des engrais, visant les exploitants agricoles pauvres dans des contextes de production à haut risque.

Développement de réseaux de distribution commerciale d'intrants à bas prix utilisant les détaillants locaux pour commercialiser de petits paquets de semences et d'engrais (comme l'ont fait les programmes en faveur des négociants agricoles promus par la Fondation Rockefeller au Kenya, en Zambie, en Ouganda et au Malawi).

Mise en place d'institutions ou de mécanismes permettant aux exploitants agricoles de retarder la commercialisation de leur production jusqu'à ce que les prix soient plus intéressants pour eux - programme de la tierce détention par exemple4' par lesquels les banques utilisent la production agricole (stockée dans des entrepôts sûrs au niveau local) comme garantie de prêts à court terme.

Accords pour effectuer le paiement des productions cultivées sous contrat (telles que le coton) aux banques commerciales ou à des associations de crédit et non à la société recevant la production, de façon à ce que les établissements financiers agissent comme agents de recouvrement des crédits. Cela devrait permettre plus de concurrence sur le marché des produits et résoudre les problèmes de recouvrement des crédits qui ont conduit au souhait d'une interrelation entre marché des intrants et marché des produits.

40 Ce point est étudié plus en détail dans le Chapitre 3.

4 1

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2. ENCOURAGER LA COMPÉTITIVITÉ ET LA TRANSFORMATION DU SECTEUR INDUSTRIEL 4'

2.1. Pour que le Mali puisse réduire sa vulnérabilité et susciter une croissance économique apte à atténuer la pauvreté, il devrait développer des sources de croissance non traditionnelles diversifiées afin de mieux faire face aux risque de chocs climatiques et aux chutes de cours des denrées sur les marchés mondiaux. En outre, il lui faudrait de nouvelles sources de croissance et d'emploi car le coton et l'or, les deux moteurs de sa croissance au cours de la décennie passée, ont peu de chances de croître rapidement dans les années qui viennent.42 Autre aspect essentiel, le Mali devrait élargir sa croissance économique et la faire tirer par le secteur privé, s'il veut atteindre ses objectifs de réduction de la pauvreté dans un délai raisonnable.

2.2. L'augmentation de la production, de la valeur ajoutée et de la compétitivité du secteur industriel malien sera cruciale pour rendre le pays moins dépendant des exportations traditionnelles. Comme on l'a vu plus haut, l'industrie a un rôle important à jouer pour offrir un débouché à la production agricole et permettre au pays d'atteindre ses objectifs de diversification agricole. En assurant un débouché à l'agriculture, l'industrie peut créer l'incitation nécessaire au renforcement de ses investissements de productivité. L'industrie est par ailleurs une importante source de recettes fiscales et peut créer des emplois modernes pour les chômeurs ou les personnes sous-employées et notamment pour le nombre croissant de jeunes diplômés. Enfin, une croissance industrielle compétitive peut lever certaines contraintes liées au coût élevé des biens intermédiaires ou finaux importés.

2.3. À ce jour, pourtant, la part des industries de transformation dans le PIB et dans les exportations du Mali est restreinte. Il faudrait des réformes pour susciter une amélioration de la situation. Ce chapitre examine d'abord les caractéristiques actuelles de l'industrie et sa performance, ensuite le cadre d'incitation de la production et de l'exportation industrielles et enfin les obstacles venant notamment la faiblesse des infrastructures d'accès et des services au commerce, ainsi que de la gestion, du financement et de la productivité de ce secteur et enfin du climat des affaires et de l'investissement où beaucoup de progrès restent à faire. Si la combinaison de ces facteurs a freiné l'industrie malienne et la croissance de la productivité, il y a des entreprises et des secteurs qui ont réussi à surmonter ces obstacles en adoptant une approche sous-sectorielle pour développer une forte filière reliant les fonctions d'approvisionnement, de production et de commercialisation du produit. Une revue des grandes leçons qui ont été tirées de ces réussites donne une idée de la façon dont ces liens peuvent être facilités entre segments de la même chaîne de valeur dans les secteurs non traditionnels à fort potentiel du pays. Ces leçons sont analysées dans les cas particuliers des secteurs du coton, du textile, de l'élevage, des cuirs et peaux et de l'artisanat.

4 1 Basé sur les documents de référence élaborés par Karen Hendrixson, Pepukaye Bardouille et Kevin Lumbila. 42 Le secteur du coton est caractérisé par une faible productivité (du côté de la production, c'est-à-dire des, semences utilisées), des difficultés financières et une forte concurrence d'autres producteurs jouissant d'une productivité forte (Chine) ou en croissance (Burkina) permise par des améliorations techniques. En outre, les subventions données aux producteurs de coton des pays dévelolipés ont peu de chances d'êb-e supprimées dans un proche avenir. L'or étant une ressource non- renouvelable, les opérations actuelles encaissent les bénéfices d'activités d'exploration d'il y a 20 ans, car il n'y a pas eu d'activités exploration au cours des 20 dernières années.

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A. CARACTERISTIQUES ET PERFORMANCES DE L'INDUSTRIE

2.4. Comme on l'a vu au le' chapitre du Volume 1, la réussite des réformes orientées marché a permis une croissance du secteur industriel. Mais cette croissance a surtout été le fait du secteur des mines d'or, qui est largement une enclave et qui exploite une ressource non-renouvelable. L'investissement direct étranger (IDE) pour extraire l'or a alimenté la croissance économique du secteur minier à un taux moyen annuel de près de 22 % entre 1994 et 2004 (Tableau 1.5 du Volume 1). De ce fait, en 2002, l'activité minière représentait la moitié du PIB du secteur secondaire. Cette croissance a fait passer la part du secteur minier dans le PIB de 2 % en 1996 à 15 % en 2002 (Tableau 2.1). Comme on le voit dans le Graphique 1.3, La valeur ajoutée du sous-secteur industriel a plus que quadruplé entre 1980 et 2001, le secteur minier ayant la plus forte croissance relative. Par contre, le taux de croissance des industries de transformation a chuté d'un taux moyen annuel de 5,4 % entre 1987 et 1993 à seulement 0,5 % entre 1994 et 2004 (Tableau 1.5). Par contre, le secteur du textile a vu progresser ces dernières années son taux de croissance annuel qui est passé de 3,l % entre 1985 et 93, à 4,7 % sur la période 1994-2002 (Tableau 2.2).

Tableau 2.1 : Part du secteur secondaire dans le PIB (en %)

Note : Ce tableau présente les parts des secteurs en se basant sur la nouvelle comptabilité nationale (voir note en bas de Tableau 1.4 dans le chapitre 1 du Volume 1). Source: FMI, 'Estimation

2.5. Si la croissance de l'activité d'extraction d'or est positive au plan macroéconomique et à celui des recettes fiscales, elle l'est moins du point de vue de la diversification de l'économie et surtout de la croissance de l'emploi. La contribution du secteur des mines d'or à l'emploi est insignifiante (moins de 0'5 % de l'emploi) et bien que sa contribution aux recettes d'exportation et au PIB soit élevée (8'5 % des recettes et 20-25 % du PIB en 2000)' ce secteur a peu de liens aval susceptibles d'induire la croissance d'autres secteurs de l'économie du fait de sa forte intensité de capital reposant sur des biens d'équipement importés. En tant que ressource non- renouvelable, l'or n'est pas une source durable de croissance à long terme et bien que les exportations d'or constituent une diversification bienvenue par rapport à la dépendance

Tableau 2.2 : Croissance moyenne du secteur secondaire, 1985-2002 Evolution annuelle en %

Secteur secondaire Mines Tabac Textile Industries de transformation Eau et électricité Construction et travaux publics Source: Diagnostic de l'intégration commerciale

1985-93 3,6 3 3 2,o 3,1 3,O 8 2 6 3

1994-2002 10,6 32,8 1.1 4,7 2,7 9,6 4,4

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passée du coton et de l'élevage, les exportations d'or sont soumises aux fluctuations des cours mondiaux des matières premières.43

2.6. En dehors du secteur de I'or, l'investissement industriel est faible. La faiblesse du secteur industriel en dehors de I'or et l'absence de fortes activités de transformation sont montrés par les données sur les autorisations d'investissement. Sur les 683 projets autorisés dans le cadre du Code des investissements entre 1998 et 2002, 338 étaient dans le secteur industriel. Mais seulement 78 (22 %) d'entre eux ont été réalisés et, sur ces 78, plus de la moitié correspondaient à des boulangeries ou pâtisseries. La contribution des industries de transformation aux exportations est restreinte en dehors du traitement de la fibre de coton. En dehors de la transformation des produits agricoles (tels que fibre de coton et huile de graine de coton), les filières associées à la filière de l'élevage (cuirs et peaux) et des exportations d'or, la seule exportation industrielle importante du Mali est le fil de coton et les matériaux en coton, dont le montant moyen annuel des exportations a été 1'27 milliard de FCFA (2'55 millions d ' u s ~ ) au cours de la période 1996-2002.

2.7. L'emploi du secteur reste faible et les entreprises sont petites. Les secteurs des industries de transformation est le plus important employeur officiel, représentant 62'2 % de l'emploi salarié officiel en 2002, mais il emploie moins de 2 % de la population active totale.44 Au sein des industries de transformation, le secteur agro- industriel est le plus important et la principale source d'emploi (voir Tableau 2.3). La plupart des entreprises de transformation sont petites - plus de 83 % d'entre elles emploient moins de 50 salariés, légèrement moins que les 86'4 % constatés en 1 9 9 8 ~ ~ . Les grandes entreprises (plus de 100 salariés), bien que ne représentant que 9,8 % du nombre total d'entreprises, sont la plus importante source d'emploi, représentant 63,5 % de la population salariée. Bamako accueille 70% des entreprises de transformation. Enfin, environ un tiers de la population active nationale est employé dans le secteur de l'artisanat informel qui représente 10 à 20 % du PIB, emploie entre 100.000 et 500.000 personnes et contribue à la formation d'apprentis (entre 54.000 et 114.000).

Tableau 2.3 : Emploi 2002 dans le secteur officiel des industries de transformation

2.8. L'activité industrielle est très concentrée et dominée par les petites et moyennes entreprises (PME). L'agro-industrie est le sous-secteur le plus important. La plupart des activités de transformation impliquent le traitement de matières premières, notamment l'égrenage des graines de coton et le décorticage du riz brut. La principale activité industrielle est l'égrenage du coton, qui est réalisé dans 16 usines de la société CMDT partiellement détenue par l'État. Les autres activités manufacturières sont réalisées par de beaucoup plus petites

Emploi total et nombre d'entreprises Ventilation en sous-secteurs @arts en pourcentage)

Agro-industrie Textiles, cuir et vêtement Papier et imprimerie

" Le murs de l'or est actuellement hts élevé œ qui ne h probablement pas indéhiment ii Eut noter que l'évolution des murs a été négative pendant l'essentiel des années 90 et il devrait en être à nouveau ainsi dam un avaiirpas trop éloigné, 44 Sur une population active totale estimée à 5,2 millions, 1.2 million est employé dans le secteur informel et 3,9 millions sont employés dans le secteur agricole. 45 C'est la date du dernier recensement industriel disponible. Les données d'un recensement plus récent réalisé en 2004 n'étaient pas encore disponibles au moment où cette évaluation a été faite.

Source: Évaluation du climat de l'investissement au Mali (2005).

Salariés 13.359

60,8 11,5 7,7

Entreprises immatriculées 216

50,5 2,3

16,8

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entreprises. L'industrie agroalimentaire est un autre sous-secteur important (production de sucre, de bière et d'autres boissons, de farine pour les pâtes, de biscuits, de produits laitiers et de confiseries), puis vient le secteur du tabac. Un certain nombre d'entreprises produisent des biens de consommation tels que le carton d'emballage, les chaussures, le savon, les piles et les produits de beauté à base de beurre de karité. Certaines sociétés sont encore détenues par l'État (comme les Usines maliennes de produits pharmaceutiques - UMPP), d'autres ont été récemment privatisées (comme HUICOMA, qui produit du savon et des produits de beauté à base de beurre de karité). D'autres encore sont de petites entreprises de production informelles (boulangeries, ateliers de confection, fabriques de boissons traditionnelles).

2.9. Bien qu'on ait peu de données sur les PME du secteur industriel, i l est clair qu'elles jouent un rôle économique majeur, représentant probablement 65 % de l'activité du secteur privé, notamment dans le secteur informel. Bien que 20.000 PME soient immatriculées, seulement 5.164 sont des établissements commerciaux en activité classées comme micro, petites et moyennes entreprises (MPME) par le Tribunal de Commerce de Bamako. La plupart d'entre elles (on les estime à 3.500) sont des entreprises informelles personnelles ou familiales, tandis qu'on estime à 1.500 celles qui sont des entreprises officielles ayant quelque aspect de modernité dans leur fonctionnement. Sur plus de 5.000 entreprises, on estime à 350 celles qui emploient plus de 5 personnes et ont un chiffre d'affaire de plus de 250.000 USD. Comme on l'a déjà noté, Les petites et moyennes industries (PMI) exercent une large gamme d'activités : boulangeries, brasseries, fabriques de vêtements.

2.10. La productivité est difficile à connaître,46 mais elle semble faible et pourrait même en fait être en baisse. Les mesures de la productivité de l'industrie et des ouvriers maliens donnent des résultats contradictoires. étude Diagnostic de l'Intégration Commerciale (EDIC) (BM, 2004) a conclu que la productivité de l'industrie malienne - mesuré par l'importance de la valeur ajoutée des produits manufacturés (VAM) par ouvrier - e s t très faible même par rapport aux normes de la région et de l'Afrique dans son ensemble, conséquence des faibles niveaux d'investissement dans le capital physique et dans l'éducation au ~ a l i . ~ ' Le niveau global d'industrialisation du pays, mesuré en part de la VAM dans le total du produit économique, était également au-dessous des niveaux de la région et de l'Afrique sub- saharienne (ARS). Néanmoins, selon cette étude, le Mali, contrairement à la plupart des pays de la région, est l'un des rares à avoir eu un taux d'évolution annuel positif de sa VAM entre 1990 et 1998 (mais en partant d'un niveau très bas, juste au-dessus de celui du Niger).

2.1 1. Par contre, l'Évaluation du climat de l'investissement au Mali (ECI) (BM, 2005a) - basée sur des enquêtes directes auprès d'entreprises industrielles et non sur des estimations approchées de la VAM par habitant utilisées dans I'EDIC - a conclu que les entreprises maliennes sont peut-êtx plus compétitives qu'on ne le suppose généralement. L'ECI a trouvé que la productivité des ouvriers maliens (mesurée par la valeur ajoutée par salarié) est supérieure à celle du Kenya, de la Tanzanie et de l'Ouganda, mais inférieure à

46 Les données internationales de productivité du travail doivent toujours être traitées avec prudence dù fait de différences de définitions selon les pays, de problèmes de qualité des données et de différences de taux de change. A l'évidence, de nouvelles recherches sont nécessaires. 47 Mesurée en 2000. Le Diagnostic de I'intégration commerciale a été réalisé dans le contexte du Cadre intégré (Cl) pour analyser les contraintes a l'intégration des PMA dans l'économie mondiale. Les participants au Cl étaient, le FMl, le GBM, la CNUCED, le PNLID, 1'ITC et I'OMC.

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celle du Sénégal, de l'Inde ou de la Cependant, elle indique que, loin de progresser, la productivité malienne a baissé et était en 2000-02 à moins de la moitié de ce qu'elle était en 1980-84, alors que pendant la même période celles de l'Inde et de la Chine ont progressé. Ce résultat est cohérent avec la mesure agrégée de la productivité présentée au 1 "' chapitre.

2.12. On dispose d'indications également contradictoires sur la productivité des ouvriers au niveau des sous-secteurs industriels. Les estimations de la productivité au niveau des sous-secteurs industriels varient fortement elles aussi. Selon I'EDIC, le sous- secteur ayant la plus forte productivité en 2000 était celui de la tôle de fer (16 millions de FCFA par salarié), alors que l'emballage avait la plus faible productivité (moins d'un million de FCFA par salarié). La qualité, la présentation et la solidité des matériaux d'emballage sont fréquemment un élément important pour l'expansion des exportations non traditionnelles. La faible productivité de ce sous-secteur pourrait donc constituer un frein pour le développement de nouvelles sources de croissance au Mali. Le textile était l'avant-dernier sous-secteur pour la productivité en 2000 (deux millions de FCFA par salarié), ce qui montre les défis que devrait relever ce sous-secteur pour être un élément efficient d'une filière allant du coton aux textiles qui permettrait d'ajouter le maximum de valeur au coton malien (voir plus loin).49 Ici encore, les résultats de L'ECI 2004 different. Cette enquête indique que le secteur de la construction, puis celui des métaux étaient les plus productifs en termes à la fois de productivité du capital et de valeur ajoutée par salarié.

2.13. La productivité du stock d'investissement au Mali semble favorable. L'ECI a également mesuré la productivité et l'ancienneté du stock d'investissement du Mali et donné des résultats favorables. Alors que l'intensité du capital industriel est plus faible au Mali qu'au Kenya, en Tanzanie et au Sénégal, la productivité du capital y est plus élevée que dans ces trois pays, ainsi qu'en Ouganda. En outre, le stock de capital du Mali est relativement jeune - 80 % a moins de dix ansS0 - plus jeune qu'en Ouganda (77 %), qu'au Sénégal (66 %) et qu'au Kenya (48 %). Enfin, le taux d'utilisation de la capacité est plus élevé au Mali (73,4 %) que dans les 4 autres pays de la comparaison, y compris le Sénégal (71'1 %) et le Kenya (60'9 %).

2.14. On peut conclure que les importantes réformes accomplies au Mali ont été insuff~antes pour susciter un secteur industriel dynamique en dehors de l'or. Malgré la poursuite régulière de réformes orientées marché, échanges et secteur privé qui ont été favorables à l'investissement, le secteur secondaire du Mali (en dehors de l'or) reste insuffisamment productif et dynamique. La production industrielle est peu diversifiée et les échanges interindustriels sont très restreints (Banque mondiale, 2006). Les secteurs informel et officiel sont dominés par des activités commerciales qui, tout en étant une importante source d'emploi, contribuent peu à la compétitivité industrielle du fait de la fragmentation des systèmes d'offre et de distribution. La productivité des industries de transformation, tout en apparaissant comme supérieure à celle d'un certain nombre de pays d'Afrique de l'Est, semble avoir chuté au cours des deux dernières décennies et il n'y a pratiquement pas d'exportations de biens manufacturés basés sur des produits agricoles (à l'exception de la fibre et du fil de coton). Bien que l'afflux d'IDE au Mali soit passé de 22 millions d ' u s ~ au

48 Valeur ajoutée par salarié ajustée en parité de pouvoir d'achat. Le choix des pays de comparaison a été déterminé par la disponibilité des données, en fonction de la réalisation des ECI. 49 L'efficience globale de ce secteur a pu s'améliorer grâce à la création en 2004 d'une nouvelle entreprise de filage orientée vers l'exportation travaillant en 3 équipes par jour, 7 jours sur 7 (voir plus loin). Elle est due a l'IDE d'une société mauricienne cherchant ici sa matière première pour ses activités a Maurice. 50 II faut noter que ceci est contraire à l'opinion acceptée ainsi qu'aux indications du secteur des transports, par exemple et peut ne correspondre qu'au secteur officiel tandis que le secteur informel serait en plus mauvaise posture.

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début de la décennie 90 à 70 millions d'usD à la fin de cette décennie, peu de cet investissement a bénéficié aux industries de transformation." Enfin, alors que le Mali bénéficie de conditions favorables d'accès au marché qui donnent d'excellentes opportunités d'exportation vers les marchés régionaux (grâce aux accords de I'UEMOA et de la CEDEAO) et vers les marchés internationaux (grâce à la loi américaine dite AJi.ica Growth Opportuni@ Act - AGOA), à l'Initiative de I'UE « Tout sauf des armes » et à l'accord de Partenariat ACP-UE), les entreprises maliennes n'ont pas, jusqu'ici, été capables de profiter de ces possibilités. Les sections suivantes vont examiner le cadre d'incitation de l'investissement et de la production industriels et les contraintes qui affectent les entreprises maliennes, afin de déterminer les mesures nécessaires pour renforcer la performance de ce secteur.

B. LE CADRE D'INCITATION ACTUEL DE L'INDUSTRIE

2.15. Le cadre d'incitation de l'industrie et de promotion activités industrielles comprend, au Mali, le Code de I'investissement, le Code minier, le régime douanier et fiscal appliqué aux importations et d'autre mesures (comme les zones industrielles) conçues pour stimuler l'activité économique.

Un cadre d'incitation généreux pour les activités non minières

2.16. Les industries bénéficient d'un régime douanier simplifié. La libéralisation commerciale régionale a commencé en 1994 avec la suppression progressive des droits de douane dans I'UEMOA et a culminé par la mise en place du Tarif extérieur commun (TEC) de I'UEMOA en 2000. Sous ce régime, les droits sur les importations au Mali ont été réduits à un droit simplifié, qui est, en moyenne de 14'6 %. La structure tarifaire a été réduite à quatre taux : (i) un taux zéro sur les intrants pour l'agriculture, les biens d'équipement, les biens sociaux, culturels et scientifiques et les matériels et logiciels informatiques qui ne sont pas produits localement ; (ii) un droit de 5 % sur les matières premières, le pétrole brut et les produits céréaliers à usage industriel ; (iii) un droit à 10 % sur les biens intermédiaires, le fioul* léger (carburant diesel), le fioul lourd et les autres céréales et (iv) un droit à 20 % sur les biens de consommation. Conformément à la pratique normale, un taux de TVA à 18 % est appliqué à toutes les importations, indépendamment de leur origine (sauf pour les sociétés bénéficiant d'exemptions, telles que celles qui exportent plus de 80 % de leur production, ou pour certains biens comme les produits pharmaceutiques), afin de compenser la perte de recettes douanières qui a résulté l'adoption du TEC. Les droits sur les exportation ont été ont été levés au début des années 90 et les exportations sont exemptées de la TVA, mais une taxe de 3 % sur le chiffre d'affaire (dite Contribution pour prestation de service-CPS) est appliquée sur les exportations d'or et de coton.

2.17. La libéralisation des échanges a progressivement réduit le niveau de la protection douanière des industries maliennes. Une évaluation de 1998 montre que le secteur manufacturier malien avait globalement peu d'avantage comparatif

5 ' Ce paradoxe se retrouve dans le classement par la CNUCED des pays de I'UEMOA selon la performance de l'investissement cité dans le EDlC (Banque mondiale, 2004, p. 46). Le Mali est juste au-dessous de la moyenne mondiale sur ce plan, mais à l'avant-avant demière place pour le potentiel d'investissement La bonne performance de I'investissement au Mali correspond à l'afflux d'IDE dans le sedeur de l'or ; son mauvais classement en termes de potentiel d'investissement correspond au faible flux d'investissement dans le r e s ~ de l'économie, au-dessous de ce qui est indique par le potentiel du pay?, tel que mesuré par les variables expIicatives de l 'DE telles que Ia croissance du PIB, la notation du risque pays et divers indicateurs de $%eloppement, e n k autres.

NDT : 'Fioul' est désonnais la graphie officielle française du mot anglais 'fuel' quand il est utilisé en français, car elle correspond à la prononciation dans les deux langues.

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du secteur judiciaire, en particulier dans le domaine des transactions commerciales et du règlement des conflits.96

D. PERSPECTIVES DE LA CROISSANCE INDUSTRIELLE

2.59. Un certain nombre de secteurs non-traditionnels sont prometteurs au Mali, notamment, textile et habillement, cuir et articles en cuir et éventuellement, articles artisanaux. Ils ont de bonnes perspectives de croissance et sont adaptés au profil de dotation en facteurs du Mali : assez peu de terre, rareté des capitaux et abondance de main d'œuvre non qualifiée. Cependant, le développement de ces secteurs nécessite un cadre d'incitation favorable à l'investissement, car la principale contrainte à la productivité industrielle au Mali et à la croissance de la production est l'insuffisance de capitaux. 11 faudra par ailleurs résoudre systématiquement les contraintes évoquées plus haut au moyen d'un effort global pour développer de fortes filières liant les fonctions d'approvisionnement, de production et de commercialisation. Quelques sociétés maliennes ont utilisé avec succès la démarche filière pour surmonter diverses contraintes et atteindre durablement les marchés intérieurs ou extérieurs qu'elles visaient (voir Encadré 2.4). Ces réussites maliennes montrent que les obstacles rencontrés par l'entreprise malienne type peuvent être surmontés, même s'il faut pour cela beaucoup de travail et I'enga ement d'un chef d'entreprise ou d'autres catalyseurs de développement sectorielF7. Elles donnent un certain nombre de leçons incontestables sur la façon de développer des sources non- traditionnelles de croissance au Mali.

2.60. Le développement d'une forte chaîne de valeur dans une production est décisif pour lier les fonctions de production et de commercialisation et surmonter les grands obstacles rencontrés par l'entreprise moyenne du Mali. Il faudrait une démarche globale qui examine la chaîne de l'offre dans son ensemble, de la production à la commercialisation, pour identifier tous les obstacles auxquels elle se heurte et trouver les moyens pour les surmonter Le projet d'exportation des mangues a réussi grâce à une démarche privée, facilitée par des interventions planifiées à chaque stade de la production et de la commercialisation pour analyser et démêler les processus de l'offre et permettre à la chaîne de l'offre de satisfaire les exigences du marché. Dans le secteur du coton, une forte chaîne de valeur a pu être organisée grâce à l'intégration verticale, comportant une interrelation entre le crédit aux intrants et les marchés des produits ce qui a permis aux producteurs de coton d'acheter les engrais et les fournitures dont ils avaient besoin pour une production de qualité et de quantité déterminée. Cette interrelation entre crédit aux intrants et marchés des produits est également une caractéristique de l'activité de Mia Mali. Enfin, le secteur de l'or du Mali a réussi parce qu'il comporte des entreprises expérimentées capables de réussir à gérer leur activité sur toute la chaîne de valeur de l'extraction à la commercialisation.

96 L'analyse des données recueillies dans plus de 133 pays démontrent une relation directe entre le nombre de g,rocédures pour créer une entreprise et le niveau de corruption. WDR 2005, p. 42.

Dans le cas de la conception et de l a production d'articles artisanaux par Mia Mali, le catalyseur a été une créatrice d'entreprise. Mais il y a d 'autres types de catalyseurs : d'importantes firmes multinationales ou nationales (la CMDT, les sociétés minières) ou un organisme parapublic (I 'APROFA soutenue par l 'AT de donateurs dans le cas de l 'opération pilote d'exportation de mangues). 98 Dans l'expérience internationale de la démarche filiére pour le développement d'une filière, on peut citer notamment, dans le secteur agro-industriel, les actions relatives au secteur du saumon et à celui du vin au Chili, au secteur de la pêche de perches du Nil en Ouganda et au secteur de la floriculture au Kenya.

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Encadre 2.4 : RCussites maliennes

AgrdndiL>lriP: I1erpo/iuiion de muigua: L'une des réwites les plus piantes du Mali est celle du projet pilote d'exportation de mangues vers l'Europe. Dans le cadre de ce projet & deux ans, l'Agence pour la Promotion des filières agicoles (APROFA) *rganisme à but non lucratif financé sur fonds piblics - a travaillé en amont avec de petih producteurs de mangues à développer une chaine de l'offre efficiente en mettant la qualité du prcduit au niveau des exigences européem. Elle a également travaillé en aval à créer une miété en partenariat avec un chef d'enûepnx ivoirien pour relancer une m i & d'emballage malienne en faillite et surmonter les goulets d'émglement dans le transport en développant une logistique multimodale d'expkiition par mer pour relier Sikasso aux marchés eum+m via Abidjan. Résultat de ces efforts : les délais d'acpédition vers le Nord & l'Europe ont été réduih & 25 à 12 jours ; les exportations ont ûiplé passant de 220 tonnes en 200 1 à 600 tonnes en 2002 ; le p h unitaire pequ par les ahriculteurs a augmenté de 25 % ; I'emploi de la société d'emballage a atteint 150 ouvriers (surtout des femmes) et la qualité du produit a été constamment excellente (aucun carton n'a été rehisé par l'importateur). Outre l'obtention d'un taux & rendement interne de 70 %, le projet a également permis à I'APROFA d'assurer sa pérennité hancière par une petite redevance » sur chaque kilo exporté.

Un aspect décisif de la réussite du projet a été l'utilisation de divers partenariats avec les parties prenantes, notamment les organisations villageoises et intermédiaires, le secteur privé, les partenaires maliens et ivoiriens, les transporteurs, un cabinet conseil international (pour aider à la création d'un système de gestion de la société d'emballage adapté au contexte malien) avec l'assistance technique d'experts de la Banque mondiale. L'APROFA a joué un rôle catalyseur et de coordination dans la formation du partenariat d'emballage et de commercialisation. Ce projet pilote a été tiré par le secteur privé, notamment grâce à des hommes de terrain et de collecteurs pour assurer la relation financière entre les agents commerciaux et les arboriculteurs et pour transférer la compétence technique aux ait>oriculteurs.

Autre point intéressant, le projet a eu un effet durable sur les exportations de mangues au-delà de I'opération pilote. L'effet de I'opération s'est répandu au-delà de ses protagonistes car d'autres producteurs et exportateurs ont créé des partenariats. La seconde année de I'opération a vu un quasi triplement des exportations, une augmentation du prix unitaire payé aux producteurs de 25 % et une augmentation de l'emploi B la société d'emballage, tout en maintenant la qualité du produit et sans avoir de pertes pendant le transport. Les exportations de mangues par Abidjan sont passées de 600 tonnes la seconde année du projet (2002) à 1.486 tonnes en 2004. Le volume total d'exportation de mangues par tous les itinéraires a été multiplié par trois en 2004 par rapport à la période 2000-2003, passant d'une moyenne annuelle de 921 tonnes à 2.909 tonnes. Cela montre qu'une réussite initiale en reliant tous les éléments de la chaîne de I'offre et en résolvant tous les problèmes et goulets d'étranglement peut avoir des effets durables et larges sur l'ensemble d'un secteur. Alors que ce projet portait sur l'exportation de mangues, ce résultat montre également que le modèle « mangue » pourrait être applicable à l'organisation des producteurs agricoles et à la collecte de produits pour alimenter le marché intérieur et les agro-industries.

Le secteur de I'or : Bien que le Mali ait ouvert son secteur de I'or aux investisseurs privés et étranger dès les années 80, les sociétés minières étrangères ont montré peu d'intérêt à l'époque du fait des politiques interventionnistes du Gouvernement et de l'absence d'une politique minière claire, cohérente et compétitive au niveau mondial. La révision du Code minier en 1991 qui a tenu compte des normes internationales a permis un afflux d'IDE et une vive hausse des exportations d'or, qui sont passées de 50 millions ~ ' U S D en 1994 à 584 millions en 2002. Cette augmentation montre que la dotation en ressources naturelles du Mali associée à une politique et un cadre macroéconomique stable et à des politiques sectorielles mondialement compétitives, peut être attractive pour les investisseurs étrangers.

Si le secteur de I'or est la réussite la plus spectaculaire du Mali, il faut admettre que c'est un cas à part. L'or est produit à haute valeur, pour lequel le coût du transport aérien ne représente qu'une faible fraction des coûts de production ; en outre, le volume produit est suffisant pour que les producteurs puissent organiser des services de fret dédiés, échappant ainsi aux contraintes posées par la cherté et les pertes de temps des transports terrestres et par la cherté et l'insuffisance des services de fret aérien. En outre, il y a peu d'acteurs dans le secteur de I'or, du fait de la grande taille des sociétés et de leurs liens avec les marchés internationaux. En conséquence elles ne se heurtent pas aux mémes problèmes d'insuffisance d'informations sur les marchés ni aux faiblesses de la coordination logistique ou autres dont souffrent les petites entreprises et qui nuisent à leur compétitivité en I'absence d'organisations facilitatrices de leur filière.

Le coton - la CMDT: La gestion par la CMDT du secteur du coton entre 1974 (lorsque le gouvernement malien a nationalisé le secteur du coton et créé la CMDT) jusqu'au milieu des années 90 montre les avantages d'une stratégie intégrée de développement sectoriel. Si tous les aspects de cette réussite ne valent pas d'être reproduits ou ne sont pas applicables à la future croissance sectorielle du Mali, il en ressort plusieurs lqons utiles. Pendant cette période, la CMDT a assumé l'exécution et la coordination de toutes les fonctions cmciales de la filière coton, de la gestion de la culture et de l'approvisionnement en semences, jusqu'aux pratiques après récolte et à l'égrenage. La construction et l'entretien par la CDMT d'un réseau de routes d'acœs a facilité la collecte et le transport de la récolte de coton, tandis que la création d'un système intégré liant le remboursement du crédit accordé pour les intrants à livraison de la production a permis aux banques d'être remboursées par les producteurs de leurs prêts pour les intrants et les équipements. La CMDT a également fourni des services publics essentiels qui étaient complémentaires de la production de coton ; par exemple, formation et équipement de forgerons, soutien à la santé animale et à la traction animale, formation aux techniques phytosanitaires et offre aux organisations de producteurs de conseils en vulgarisation de la recherche. La CMDT a de plus en plus encouragé les organisations de producteurs à assumer la responsabilité de la gestion du crédit et de la distribution d'équipements agricoles et d'intrants entre adhérents et a travaillé avec ces organisations à prévoir les quantités d'inttants nécessaires pour la saison à venir ; l'entreprise publique a également offert des cours d'alphabétisation et des formations à la gestion aux associations de producteurs pour améliorer leurs compétences. Ainsi le secteur a-t-il eu une filière «méticuleusement planifiée », verticalement et régionalement intégrée.

En intemalisant la plupart des ûansactions entre les divers stades de la production de fibre de coton, la CMDT a réduit les coûts et risques de transactions, démontrant ainsi l'intérêt de l'utilisation d'une démarche filière dans le contexte malien, où acteurs et marchés sont fragmentés. Cependant, d'autres aspects de l'expérience CMDT indiquent pourquoi ces fonctions devraient être assumées par le secteur privé. Les gains de productivité de l'intégration verticale de la société ont été progressivement rognés par des difficultés intemes de gestion et des inefficiences de coût. Des audits dans le milieu des années 90 ont révélé procédures standard de fonctiomement inefficientes, des fautes grossières de gestion, des fraudes et &s malversations. Les profits ont alors été affectes par la vente subventionnée de fibre de coton aux sociétés textile et de graines à HUICOMA, filiale de production d'huile.

i- .szrivre

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Encadré 2.4 : Réussites maliennes (suite)

Enfin, l'absence de rigueur dans la gestion financière a entraîné des pertes d'exploitation et le boycon par les producteurs pendant la saison 2000-01, alors que l'importance des coûts d'exploitation directs et indirects de la CMDT lui donnait peu de marge pour élever le niveau des prix payés aux producteurs ce qui était nécessaire pour améliorer leur rentabilité et stimuler leurs pratiques d'intensification et de conservation des sols et assurer la pérennité à long terme du secteur. (Source : James Tefft "MuIr's Whrre Revolurron : Smullholder Corfonfrom 1960 Io 2003, " Exposé fait au IInWEnt, IFPRI, NEPAD, CTA "Successes in Afrrcun Agrrculrure Conference. " Pretoria, décembre 2003.)

Articles artisanaux -Min Mali : c'est une jeune société de petite taille qui a été capable d'exporter des articles artjsanaux maliens distinctifs et de haute qualité (meubles, statues, textiles, instmments de musique et bijoux) à des grossistes aux Etats-Unis et en Europe. Sa galerie de luxe à Bamako représente environ 30 % de ses ventes et ses exportations - surtout par le biais du site internet de la société -représentent les 70 % restants. La société travaille avec plus de 160 groupes d'artisans maliens et régulièrement avec environ 65. Mia Mali a évite un certain nombre de faiblesses dont souffrent de nombreuses autres entreprises maliennes. Le contrôle qualité, très exigeant, est effectué en mettant fortement l'accent sur la formation et le développement produit pour assurer que les produits satisfont les exigences des acheteurs internationaux. La société travaille sunout avec des groupes de producteurs de la région de Bamako pour assurer le contrôle qualité et fait respecter les normes de qualité en travaillant en lien étroit avec chaque groupe d'artisans dans un respect mutuel et en refusant d'accepter les marchandises ne respectant pas les normes.

Les biens sont expédiés, selon l'importance du chargement, via Air France ou par conteneurs, via Maersk. chargés à Abidjan. La société a une gestion commerciale moderne, avec notamment une bonne comptabilité, une tarification transparente pour les producteurs et un site web de haute qualité Le risque pour l'acheteur international est réduit par le strict respect de normes de qualité et des délais de livraison et par l'offre d'excellents produits à des prix raisonnables. Un système de crédit a été mis en place pour les artisans, grâce auquel ceux-ci reçoivent des avances sur leur travail. Le catalyseur de cette réussite est la propriétaire, une expatriée. Son sens esthétique et son expérience antérieure de 10 ans comme consultante dans le secteur de l'artisanat lui ont permis l'identification et le développement de produits ayant des chances de séduire les acheteurs des pays développés et l'a rendu familière des marchés et des grossistes clients potentiels. Son contact constant avec les marchés visés e t leurs tendances et son travail avec les grossistes et les producteurs font d'elle le lien essentiel entre le producteur et le marché. Malgré sa réussite, la société continue à être gênée par l'indisponibilité de matériaux d'emballage simples tels que des boites en carton (qui sont achetés d'occasion), de mban adhésif et d'emballage bulles, alors que le coût élevé de fournitures telles que des vis et clous de bonne qualité réduisent les marges de la société qui a besoin d'importants volumes pour couvrir ses frais fixes.

Le j i l de coton - Fitina SA : Fitina SA est une filature créée en 2004 dans le cadre d'un joint-venture malien-mauricien. Elle exporte 80 % de son fi1 vers Maurice où il est tissé par l'industrie textile locale. Les tissus sont utilisés pour produire des vêtements qui sont exportés vers les ~ta ts-unis dans le cadre de I'AGOA ; le reste est vendu sur le marché intérieur ou exporté vers le Sénégal et la Côte d'Ivoire. L'usine utilise des équipements ultra modernes et fonctionne en 3 dquipes par jour, 7 jours sur 7, mais absorbe moins de 1 % de la fibre de coton produite par le Mali. L'usine est dirigée par un Séndgalais en partenariat avec des Maliens et des techniciens mauriciens. Le fil est envoyé par fer à Dakar d'où, grâce à des accords avec la société de transport maritime Maersk, il est expédié à Maurice.

2.61. Lorsque les acteurs du marché sont faibles et que le coût de la coordination au sein d'une filière est élevé, il faudrait un catalyseur pour créer les liens. Les acteurs économiques du secteur de l'or étaient suffisamment forts et inter-reliés pour faire parvenir le produit au marché. Dans d'autres secteurs, où les acteurs sont dispersés, un organisme ou une institution devraient servir de catalyseur pour relier les éléments de la filière - pour les mangues, le catalyseur a été lYAPROFA, tandis que pour Mia Mali il a été la créatrice de l'entreprise. En particulier, une forte démarche filière peut permettre aux entreprises maliennes de surmonter l'un des plus difficiles obstacles auxquelles elles se heurtent - le coût et I'inefficience des transports. Dans le secteur de l'or, le coût du transport aérien est négligeable par rapport à l'ensemble des coûts de production et les volumes sont suffisants pour justifier des services de fret aérien spécifiques.99 Pour les mangues, les problèmes de transport ont été résolus en élaborant une logistique intégrant le transport maritime et reliant Sikasso à l'Europe du Nord. Si des améliorations de l'offre de transport et des services de facilitation du commerce sont indispensables, une logique filière montre que ces obstacles peuvent être surmontés au niveau de la f m e ou du secteur ou, comme dans le cas de Mia Mali, peuvent être maîtrisés si les autres éléments de la filière sont suffisamment forts.

2.62. Les leqons que l'on peut tirer des réussites permettent de savoir comment développer les liens entre les segments au sein d'autres secteurs prometteurs.

99 Cette option est possble également pour d'autres industries, si des volumes suffisants d ' e~or ta t ion de haute valeur se développrnt : 80 % des exportations de fleurs du Kenya sont expédikes par vols charters complets.

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Nouer des liens amont et aval entre producteurs et marchés nécessite la reproduction des facteurs qui ont été indispensables à la réussite du projet mangues - renforcement de la capacité des principaux acteurs, établissement de partenariats, garantie de la qualité des produits, conduite de recherches et diffusion de leurs résultats pour que les produits répondent aux exigences des marchés et liaison entre crédit aux intrants et marché des produits - et un examen de tous les stades du processus de production pour identifier les obstacles et les surmonter.

2.63. La constitution d'autres filières produit demandera, au Mali, la création de partenariats dans la plupart des activités (tels que des coopératives, des alliances, des groupements ou des réseaux de producteurs) spécifiques à chaque activité comprenant de nombreux acteurs inexpérimentés (ainsi faudrait-il, dans 17agro-industrie une liaison entre chaque entreprise de transformation et de nombreux agriculteurs). Ces partenariats pourront être dirigés ou animés par un organisme parapublic (par ex. une agence d'exportation ou de développement des entreprises) ou par une grande entreprise expérimentée (nationale or internationale). L7APROFA et la CMDT ont travaillé en lien étroit avec les associations d'agriculteurs pour assurer la production et le contrôle qualité et offrir l'assistance technique et la formation voulues. Tandis que la CMDT, intégrée verticalement, s'est occupée du transport du coton de l'exploitation jusqu'à l'utilisateur (les usines d'égrenage), I'APROFA, de façon plus appropriée, s'est appuyée sur le jeu du marché pour cette fonction en impliquant des intermédiaires tels que des hommes de terrain et des collecteurs, démontrant que le secteur privé malien est capable d'assurer cette logistique. Mia Mali travaille directement avec des groupes de producteurs et assure ainsi le contrôle de la qualité des produits. La démarche privée qui se met en place dans le secteur du sucre est structurée ainsi : une multinationale de I7agroalimentaire sert de catalyseur au secteur. Ces initiatives devraient être examinées par les autres secteurs de l'agro-industrie pour en tirer les leçons.

2.64. Des actions et des partenariats entre acteurs ambitieux seront nécessaires à tous les stades des filières pour améliorer la productivité et renforcer les compétences. Le projet mangues démontre que l'on peut réussir à développer une filière, mais que c'est difficile vu la faiblesse des infrastructures du Mali. L'assistance de donateurs a été nécessaire pour créer le projet pilote, ainsi que l'aide d'un cabinet conseil spécialisé dans la gestion de filières. Au plan de la production, il a fallu une aide notamment en matière de méthodes de gestion de la qualité, de récolte et de conservation du produit et pour la création d'une organisation de producteurs. Au plan de la commercialisation, il a fallu entre autres une formation pour faire connaître les normes de l'exportation et pour améliorer la logistique. Petite structure, Mia Mali n'a pas eu besoin d'assistance extérieure mais le partenariat avec des groupes de producteurs a été un élément décisif de la réussite de la société.

2.65. Le développement d'une filière devrait être tiré par le marché et appuyé sur la qualité. La qualité est un élément essentiel de la démarche filière. L'or est une matière première universelle, mais les exportations de mangues, de coton et d'articles artisanaux ont réussi parce que les produits exportés sont des produits de haute qualité, recherchés par les marchés internationaux. Les efforts pour reproduire la démarche filière de la mangue ne réussiront que si la qualité et la demande du marché ne sont au rendez-vous. Élément encourageant, la réussite peut être <( communicative ». L'effet du projet mangues va au-delà des acteurs initiaux car d'autres producteurs et exportateurs ont commencé à reprendre sa démarche. L'effet

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de « démonstration » d'autres actions orientées filières, si elles sont bien conçues, sera certainement mesurable.

Le secteur du textile et de I'habillement

2.66. Le Mali dispose d'un avantage comparatif évident dans la production de fibre de coton de haute qualité, mais a été incapable de développer une filière complète qui permettrait l'utilisation de cette fibre par une industrie du textile et de l'habillement compétitive (voir Encadré 2.5). De ce fait, moins de 2 % de l'ensemble de la fibre de coton produite au Mali est valorisée dans le pays et on voit même des fabricants de vêtements qui importent leur fil et leur tissu. L'avantage comparatif du Mali, combiné avec les opportunités d'accès privilégié à des marchés offertes par I'AGOA, signifie que valoriser la fibre en produisant du fil peut représenter pour le Mali une formidable opportunit6 d'industrialisation. En outre, cela permettrait de réduire la vulnérabilité du pays aux fluctuations des cours mondiaux du coton.

2.67. Malgré les opportunités offertes par I'AGOA et l'avantage du Mali dans le coton, un certain nombre de facteurs jouent contre le développement d'un grand secteur malien de l'habillement orienté export, surtout si l'on ne s'appuyait que sur des entreprises maliennes : la structure de production à coûts élevés et à faible productivité du Mali ne correspond pas aux normes de coût très compétitives de l'industrie mondiale de l'habillement ; les capacités de production à petite échelle de la plupart des producteurs d'habillement sont insuffisantes pour satisfaire les énormes volumes nécessaires aux importateurs américains et ne permet pas les économies d'échelle voulues ; les sociétés locales n'ont pas un contrôle qualité insuffisant et sont incapables de fabriquer en temps voulu pour les multiples cycles de la mode ; elles n'ont pas de relations avec les marchés, n'ont pas le savoir- faire commercial voulu et sont incapables de respecter des normes mondialement acceptables en matière d'environnement, de sécurité et de droit du travail. Certaines de ces contraintes pourraient peut-être être surmontées par des investissements dans de nouveaux équipements, ce qui ne pourrait probablement se faire qu'avec de I'IDE qui apporterait avec lui l'expérience des marchés internationaux, un haut niveau d'organisation et de gestion et la capacité à accéder aux ressources financières nécessaires. Mais la difficulté réside surtout dans l'exacerbation de la concurrence provoquée par l'expiration, en 2005, du système de quotas de l'Accord multifibre (AMF) qui régissait jusque là production et les échanges mondiaux dans le secteur de l'habillement et qui a permis à des exportateurs chinois à bas coût de dominer rapidement les marchés américains et européens.

2.68. Néanmoins, il peut encore y avoir des possibilités d'utiliser la démarche filière pour encourager les activités de confection ayant moins d'exigence de qualité et d'économie d'échelle, par exemple pour la production d'uniformes et de tee-shirts, pour les marchés locaux et régionaux. II peut aussi y avoir des opportunités pour des produits de niche basés sur des designs traditionnels maliens (bien que qu'une forte réussite dans ce domaine soit exposée au risque de contrefaçon dans d'autres pays). Améliorer la productivité du textile et de l'habillement local sera un volet crucial d'une amélioration de la compétitivité du secteur. La modernisation des techniques, éventuellement grâce à de I'IDE, améliorera aussi la productivité. Par ailleurs, des équipements récents auront une plus grande efficience au plan de la consommation d'énergie ce qui atténuera le coût élevé de l'électricité au Mali. Il

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faudra des programmes de formation visant les entreprises existantes pour améliorer les compétences des directions et des employés et introduire des techniques d'assemblages plus efficientes dans les ateliers.loO Il faudra aussi de la formation pour les services d'aide au développement des entreprises (SDE) pour permettre aux entreprises d'abaisser leurs frais généraux actuellement élevés et améliorer leur compétitivité.

Encadré 2.5 : Caracteristiques de la filière coton-textile-vêtement du Mali

L'égrenage du coton,: 11 est effectué par la société publique CMDT dans 16 usines qui fonctionnent à 49 % de leur capacité. Bien que le taux de rendement de l'égrenage- qui dépend de la qualité du coton et du type d'équipements utilisés et qui mesure la compétitivité de l'activité - soit l'un des plus élevés du monde, l'égrenage n'est fondamentalement pas rentable du fait des inefficiences de ce monopole et des bas prix auxquels il vend la fibre de coton aux filatures du pays. D'autres facteurs affectent l'égrenage : le coût élevé de l'électricité, aggravé par l'utilisation de machines anciennes (plus gourmandes en énergie), ainsi que le manque de fiabilité de la fourniture de courant, qui nécessite l'utilisation de générateurs onéreux.

Le secteur tertile : Il n'y a actuellement que deux filatures au Mali. Fitina-SA est une filature, créée comme un joint- venture malien-mauricien en 2004, exportant 80 % de sa production vers Maurice où le fil est tissé. Les tissus sont utilisés pour produire des vêtements qui sont exportés vers les Etats-Unis dans le cadre de I'AGOA ; le reste est vendu sur le marché intérieur ou exporté vers le Sénégal et la Côte d'Ivoire. L'usine utilise des équipements ultra modernes et fonctionne en 3 équipes par jour, 7 jours sur 7, mais utilise moins de 1 % de la fibre de coton produite par le Mali. La seconde société, la Comatex, est un joint-venture chinois-malien. Cette usine intégrée produit du fil et du tissu bmt et imprimé ; 80 % de sa production est vendue au Mali et le reste est exporté vers la Chine.

Comme on l'a noté, la compétitivité du secteur textile est réduite par le coût relativement élevé de la fibre de coton par rapport à celle de certains autres pays, la faible productivité du travail et le coût élevé de l'électricité. Par ailleurs il n'y a pas de soutien secondaire du secteur, par exemple grossistes en produits chimiques qui négocieraient les achats en gros et réduiraient les coûts. Enfin, les importations non déclarées de tissus (probablement en réaction à I'utilisation par le Mali de prix de référence pour certains types de tissus), rendraient non rentable, est-il dit, la vente de tissu produit localement.

Le secteur de I'habillement : La production de vêtement au Mali utilise à la fois des tissus de fabrication locale et des tissus importés. II n'y a pas de société importante fabricant des vêtements à grande échelle mais seulement un grand nombre de petits fabricants informels. Comme on l'a noté, il y a peu d'exportations de fils ou de tissus de qualité à prix compétitif produits pour le marché local et, de ce fait, il y a peu de liens amont entre le secteur de l'habillement et le secteur textile au Mali. Les producteurs de vêtement achètent des tissus importés sur le marché local à des grossistes voire à des détaillants, parfois avec un important surcoût (surtout s'ils achètent à des détaillants) par rapport à ce que seraient leurs coûts s'ils pouvaient trouver du tissu de coton fabriqué sur place.

Les opportunités créées par I'AGOA : L'AGOA ayant pris effet, il constitue pour un petit nombre de pays de I'AfSS qualifiés une formidable opportunité d'exporter des textiles et de l'habillement aux les États-unis. Le Mali s'est qualifié pour participer à I'AGOA en décembre 2003, faisant de ce pays une source potentiellement privilégiée de fil ou de tissu de coton pour d'autres pays éligibles à I'AGOA. À partir d'octobre 2004, I'AGOA a été rendue plus stricte ; elle exige que toutes les exportations de vêtements vers les États-unis en vertu de cette loi utilisent des matières premières venant soit des États-unis soit de pays de I'AfSS qualitiés. Cette exigence - qui perturbe la production dans le cadre de I'AGOA dans des pays comme le Lesotho qui utilisent jusqu'ici des tissus fabriqués en Asie - offre en fait au Mali la possibilité de devenir un fournisseur de choix de fil et de tissu pour d'autres pays africains qui ont déjà établi un courant d'exportation de vêtements et ont établi des liens commerciaux avec des importateurs américains. Le tissu venant des États-unis est généralement trop cher pour constituer une alternative aux tissus asiatiques ; en outre, les seuls pays africains qui produisent du tissu de qualité convenable pour être utilisé dans la confection de vêtements destinés à I'export sont Maurice et l'Afrique du Sud, qui utilisent ce tissu pour approvisionner leur propre industrie de vêtement pour I'export. Cela donne au Mali un marché potentiel niche en tant que fournisseur de tissu de coton de haute qualité. L'extension de I'AGOA jusqu'en 201 5. alors qu'initialement l'année terminale était 2008, élargit la fenêtre d'opportunité offerte au Mali alors que la production de vêtement est intensive en capital et qu'au moins 6 à 10 ans sont nécessaires pour rentabiliser l'investissement. En conséquence, si I'AGOA n'avait pas été étendue, les sociétés auraient été moins incitées à investir dans la production de textiles.

2.69. Établir des relations avec les producteurs africains de textile et d'habillement dans le cadre de I'AGOA sera une étape décisive dans la création d'une filière. La réussite de Fitina-SA montre qu'un investissement étranger (en l'espèce mauricien) peut être attiré au Mali et servir d'appel pour attirer d'autres

'O0 Le point de dCpart pour le dCveloppement d'une filitre intégrée coton-textile-habillement pourrait être une évaluation comparative de la façon dont d'autres pays ont rCussi à mettre place un tel système. Au début des annCes 90, le Botswana - pays enclavé, producteur de coton - a commencé à promouvoir vigoureusement son secteur textile-habillement, en s'appuyant sur son accès sans droits de douane à I'UE et a l'Afrique du Sud. A la fin des années 90, cinq sociétés textiles liées à la confection de vêtements avaient été créées et de nombreuses PME de confection fonctionnaient grâce à des liens avec de grandes multinationales. Une évaluation des leçons à tirer de la démarche du Botswana pourrait apporter un éclairage intéressant pour l'élaboration d'incitations au développement spécifiques au secteur et d'autres mesures de politiques en faveur de ce secteur.

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investisseurs étrangers.''' II faudrait établir d'autres relations avec d'autres pays producteurs agréés AGOA qui ne sont pas producteurs de coton et doivent donc importer tous leurs tissus (comme le Lesotho). En devenant un fournisseur privilégié de fil et de tissus de ces pays qui exportent déjà dans Le cadre AGOA, le Mali peut surmonter certains de ses plus importants handicaps compétitifs extérieurs au prix, a savoir l'absence de liens avec les marchés des pays développés importateurs et le manque de familiarité avec le design en évolution permanente et rapide et avec les tendances de la mode, entre autres. Cette démarche permettrait de mettre à la disposition de sociétés maliennes de confection du tissu produit localement. La réussite de cet effort dépendra d'importantes réformes dans le secteur du coton au Mali pour mettre fin à la pratique actuelle, économiquement inefficiente, qui oblige à les producteurs de fibre de coton à vendre celle-ci aux filatures au-dessous des cours m~ndiaux. ' '~

2.70. Développer une filière nécessitera l'élimination des valeurs de référence utilisées pour dissuader les importations de tissu de coton. Cette pratique protège la COMATEX de la concurrence, pourtant nécessaire car elle oblige à faire des gains de productivité, contribue à la contrebande de tissu qui rend non rentables les ventes des sociétés textile sur le marché intérieur et empêche les entreprises de confection d'accéder à des tissus à plus bas prix et donc nuit à leur compétitivité.

2.71. Il faudrait susciter des liens d'affaires entre entreprises locales. La création d'associations de producteurs ou de coopératives de tailleurs indépendants, de teinturiers et de producteurs de vêtement peut faciliter la création de liens d'affaires, permettre l'identification d'obstacles communs et relier ces groupes en une filière orientée export.

2.72. L'identification des opportunités du marché régional sera essentielle. Dans la région, les exigences de qualité peuvent ne pas être aussi strictes et la mode peut ne pas changer aussi vite qu'en Europe et aux États-unis. Trouver un marché approprié et éventuellement trouver des investisseurs ayant des liens avec ce marché, sera une étape finale pour développer une filière effective.

L'élevage et le secteur du cuir

2.73. Le développement d'une industrie d'exportation basée sur le cuir dépend (i) de mesures pour inciter les tanneries à produire des cuirs finis de qualité exportation et (ii) de la création de liens entre les tanneries et les fabricants locaux d'articles en cuir. Tant que les tanneries ne sont pas capables de produire des cuirs finis, i l n'y aura pas de cuir local pour commencer une production locale d'articles en cuir, même au titre d'expérience pilote. Les tanneries auront besoin d'aide pour passer à une production de plus haute qualité, car il y a peu ou pas de formation en interne, ni de soutien institutionnel ou autre pour développer les compétences dans ce secteur. Si les tanneries ont, semble-t-il, exprimé un intérêt pour aller jusqu'au stade du finissa e à sec, elles ne sont pas certaines de posséder les compétences voulues pour ce1a.1'~ En outre, il n'y a actuellement pas de liens en

lu' Les investisseurs étranger manifestent souvent une mentalité « moutonnière » : la réussite à l'étranger de compatriotes peut être un facteur incitatif encourageant d'autres à les suivre. lu' Le Gouvernement s'est engagé dans son DSRP à ce que la fibre de coton ne soit plus subventionnée mais vendue aux industries locales au prix export moins les coûts non supportés. lu' Mais, même si ces facteurs étaient surmontés, des problèmes d'environnement devraient aussi être résolus. Le tannage produit d'importants volumes de polluants et les acheteurs européens évitent de plus en plus de se fournir auprès de fabricants qui souillent l'environnement (et utilisent des produits chimiques interdits ou d'usage restreint en Europe), comme c'est le cas au Mali. De ce fait, une expansion de la production de cuir après un

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aval entre les tanneries locales travaillant avec des procédés chimiques et les artisans produisant des articles en cuir, qui utilisent traditionnellement des peaux tannées avec des procédés végétaux, qui sont inacceptables pour des articles personnels (vêtements, sacs, accessoires) exportables. De tels liens devront être développés si l'on veut que le secteur se développe.

2.74. Comme le secteur textile-habillement, le secteur élevage-tannage-cuir est très peu intégré. Bien que le Mali ait le plus grand troupeau d'élevage de l'Afrique de l'Ouest, ainsi qu'une industrie du tannage ayant à la fois des coûts de production compétitifs et une forte productivité du travail, le pays exporte la plupart de ses peaux au niveau le plus bas de valeur ajoutée, ce qui représente un important manque à gagner pour le pays (voir Encadré 2.6). En outre, la totalité du cuir produit est exportée, au lieu d'être vendue sur le marché intérieur pour être transformée en produits à plus haute valeur ajoutée par les fabricants locaux d'articles en cuir.'04 Les liens entre les trois sous-secteurs au sein d'une filière cuir - éleveurs, abattoirs produisant des peaux brutes, tanneries et fabricants d'articles en cuir-sont faibles voir inexistants et l'analyse de la chaîne de valeur a identifié un certain nombre de contraintes à la croissance qu'il faudra surmonter pour développer une filière intégrée peaux-articles en cuir. Développer une filière viable nécessitera des interventions à tous les stades, comme l'explique l'encadré suivant.

2.75. Il faudrait des interventions pour améliorer la qualité des peaux au niveau des éleveurs. A court terme, il faudrait tenter d'améliorer le taux de transformation des peaux en cuir, ce qui sera plus intéressant que d'améliorer le taux de récu ération des peaux, mais il est également nécessaire d'améliorer la qualité des peaux.'5 Les liens aval entre producteurs de peaux et tanneries pourraient être améliorés par la création d'associations ou coopératives pour établir une classification et des normes de qualité et sensibiliser les éleveurs à la nécessité d'améliorer la qualité et d'établir un système d'incitation à la production de peaux de qualité.

2.76. 11 faudrait développer la commercialisation et la distribution. Il manque plusieurs éléments dans la filière, qui sont pourtant essentiels à ce secteur pour exporter des produits finaux compétitifs, notamment une main d'œuvre qualifiée, des centres de design et d'art, des organismes de soutien technique et administratif pour assurer un contrôle qualité, faire de la recherche-développement et établir des liens avec les marchés internationaux. L'amélioration du réseau de transport du pays (ou le développement de moyens pour surmonter les contraintes transport, comme cela a été fait pour le projet mangues) sera également importante pour réduire les coûts des tanneries.

2.77. L'amélioration du crédit aux tanneries est une priorité essentielle. L'apparent manque de crédit des tanneries est une défaillance du marché qui devrait être immédiatement résolue car les tanneries jouent un rôle cmcial dans la filière et elles souffrent d'un important manque à gagner du fait qu'une proportion élevée des peaux de

traitement a plus haute valeur ajoutée nécessiterait des investissements pour créer des stations de traitement des effluents (comme l'ont fait les tanneries éthiopiennes) et la création d'organismes d'analyse et de conseil pour surveiller la conformité aux normes européennes. 'O4 Les articles en cuir produits localement utilisent des peaux tannées par une méthode traditionnelle avec des végétaux et non par un procédé chimique (tannage au chrome). De ce fait ces articles en cuir ne conviennent pas pour l'exportation ou l'utilisation comme vêtements ou objets personnels à cause de leur odeur et de l'instabilité des colorants. ' O 5 Une politique de tarification électrique plus compétitive est nécessaire. Réduire le coût du courant bénéficierait au sous-secteur du tannage, pour lequel la consommation de courant est un poste important.

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mouton à forte valeur leur échappe. Les actions ciblées pour résoudre ce problème pourraient inclure la mise en place de mécanismes de financement des exportations pour aider les tanneries à supporter le délai entre l'expédition des peaux et la réception de leur paiement et pourrait leur permettre de traiter une plus grande proportion de peaux jusqu'au stade à plus forte valeur ajoutée de la croûte. Parmi les autres actions, i l pourrait y avoir une implication de la SFI, une aide de donateurs pour trouver des partenaires étrangers appropriés ou la mise en place d'autres types de crédit. Mais, si les contraintes de financement sont du côté de la demande, des améliorations de le qualité du produit et de son aptitude à être commercialisé constitueront une première étape pour accéder à des financements du système bancaire.

Encadré 2.6 : Caractéristiques du secteur des cuirs et peaux du M a l i

Les peaux : L'importante population d'éleveurs du Mali est la partie la plus forte de la filière cuir. Malgré cet avantage comparatif, la compétitivité de ce secteur est réduite par la mauvaise qualité des peaux résultant des marquages des bovins qui endommagent leur peau ; en outre les peaux de chèvres et de moutons sont endommagées par l'usage d'outils rudimentaires dans des abattoirs primitifs. Le pourcentage des peaux acceptées est très inférieur aux normes continentales. L'offre de peaux convenant au tannage est donc réduite. En outre, le faible taux de peaux acceptées entraîne un coût d'opportunité élevé : si ce sous-secteur fonctionnait au niveau des coefficients internationaux, le pays disposerait de trois fois plus de peaux de bovins, prés d'un tiers de plus de peaux de moutons et quatre fois plus de peaux de chèvres pour le tannage ; mais comme i l n'y a pratiquement pas de lien en amont entre les tanneries et les éleveurs, aucune information ne remonte concernant les besoins en termes de qualité.

Les (annerfes : Deux tanneries fonctionnent au Mali, exploitant des équipements vieux de plus de 10 ans (et qui n'étaient pas neufs quand ils ont été installés !) et avec un taux d'utilisation de capacité de seulement 22 %. Malgré ce bas taux d'utilisation, les liens amont entre tanneries et éleveurs sont si faibles que seulement 25 % des peaux maliennes sont vendues sur le marché pour les tanneries - le reste, c'est-à-dire les trois quarts, est vendu sur le marché intérieur ou international comme peaux séchées, sans valeur ajoutée. La totalité de La production des tanneries est exportée (surtout vers l'Espagne). de sorte qu'il n'y a pas de lien aval entre les tanneries et les fabricants locaux d'articles en cuir.

Si le cuir tanné a une plus forte valeur ajoutèe que la plupart des peaux vendues localement, le cuir produit ne dépasse pas le stade semi-fini (la « croûte ») et une partie importante des peaux exportées n'est même pas traitke au-delà du stade « chrome humide ». Le manque à gagner est important : le prix tiré de la vente est presque triple lorsqu'une peau de mouton passe du stade brut au stade chrome-humide. De même à chaque étape ultérieure du traitement au-delà du stade chrome-humide, le revenu supplémentaire tire des traitements supplémentaires double presque le prix du cuir. En consèquence, la différence de prix entre une peau brute et une croûte serni-tinie est un multiple de quatre pour les peaux de mouton e t presque de trois pour les peaux de chévres. A l'évidence, les tameries ont une forte incitation à produire plus de peaux t a ~ é e s ; cette incitation est accrue par le fait qu'un conteneur d'expédition standard peut contenir cinq fois plus de croûtes que de peaux chrome-humide, ce qui réduit les coùts unitaires de transport. Pourtant 50 % seulement de la production des tanneries du Mali est vendu sous la forme de croûtes, 50 % étant vendus au stade chrome-humide, largement du fait de distorsions dues au marche et à la politique suivie.

1.e.s Jubricants J'orticles en cuir : II n'y a pas de secteur officiel des articles en cuir. La plupart des producteurs sont des particuliers ou de petits ateliers, qui souvent fabriquent divers produits. Comme on l'a note, les articles en cuir locaux sont faits en utilisant du cuir traditionnel tanné avec des végétaux ce qui le rend impropre pour la fabrication de vêtements ou de sacs du fait de son odeur et de la disparition progressive de la teinture. II y a peut-être cinq PME qui vendent des articles en cuir maliens sur les marchés internationaux, mais elles offrent tout un éventail de produits maliens et de ce fait n'ont pas de lien direct avec les marchés internationaux des articles en cuir.

Le secteur des articles artisanaux

2.78. Le Mali possède un secteur artisanal culturellement riche. Outre les articles en cuir évoqués plus haut, les articles artisanaux comportent des articles en tissu, des bijoux, des sculptures et des poteries. En outre, environ 30 à 40 % de la main d'œuvre est employée dans le secteur des articles artisanaux, qui pourrait représenter de l'ordre de 15 à 20 % du PIB. Mia Mali a réussi à exporter divers articles et des textiles maliens traditionnels (tels que des bogolans filés, tissés et teints à la main) en petites quantités aux États-unis et en Europe. Vu la capacité du secteur à créer des emplois avec un capital minime, les politiques pour favoriser le développement de l'artisanat euvent avoir un effet important sur la pauvreté, notamment dans les zones rurales.' Pour

' O 6 Le Centre national de promotion de l'artisanat (CNPA) estime que 40 % des personnes actives sont enregistrées comme artisans à plein temps (80 % dans les zones rurales), mais on manque de données exactes sur ce secteur, notaniment dans les zones rurales.

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l'instant, cependant, ce secteur est éclaté entre une multitude de petits fabricants ; il n'y a pas de liens en amont avec les sociétés textiles ou les tanneries du Mali, ce qui réduit les possibilités de créer de la valeur ajoutée. Comme on l'a vu dans la section sur les contraintes, les exportateurs supportent un certain nombre de taxes.

2.79. La fragmentation du secteur et ses faiblesses appellent une assistance technique concrète à tous les stades de la filière."' La compétitivité à I'export des articles artisanaux maliens soufie d'un certain nombre de difficultés indépendantes des prix, notamment les délais de livraison, la qualité et l'emballage des produits, le manque de financements et l'incapacité à respecter des spécifications et des normes de produit. Comme on l'a vu dans l'étude des réussites, produire un article de qualité en temps voulu est un facteur crucial et les faiblesses sur ce plan devraient être redressées. Comme pour le secteur de l'habillement, i l faudrait créer des liens amont entre les sociétés textiles et les producteurs de tissus traditionnels. Bien que le Mali soit un grand producteur de coton, la plupart des matières premières utilisées dans la fabrication du tissu bogolan, par exemple, (teinture, doublure de coton et fil) sont importées. 11 n'y pas de liens amont avec les producteurs locaux de coton ou de fil.

2.80. Supprimer la taxe de fait sur l'exportation des articles artisanaux améliorera la compétitivité des exportateurs. En outre, qui peut penser que cette taxe dissuade la contrebande, puisque, par nature, cette dernière se situe en dehors du système des contrôles officiels. Le Mali a supprimé les taxes à l'export sur les autres biens en 1990 et cette initiative serait cohérente avec la libéralisation déjà réalisée. Les exportations d'articles artisanaux ne représentant pas un gros volume, la conséquence sur les recettes de l'État de ce chan ement ne sera pas importante alors que les avantages pour les exportateurs le seront. ?O8

2.81. Réduire les droits d'importation sur la cire pour la teinture du bazin permettrait d'abaisser les coûts de fabrication des produits en coton utilisant ce tissu. Cette cire importée est utilisée par les entreprises textiles ou de teinture et devrait donc être considérée comme un bien intermédiaire (et non comme un bien de consommation) et donc supporter un droit de seulement 10 %. Cependant, cette réduction peut avoir un effet important sur les recettes de l'État, car ce produit est la plus importante importation non alimentaire du Mali ; en conséquence, le coût fiscal de cette décision devrait être soigneusement pesé par rapport au gain pour le secteur.

2.82. Il faudrait un programme de financement de la production et de l'exportation. Les petits producteurs (qu'ils soient de mangues ou d'articles artisanaux) n'ont généralement pas accès au crédit officiel. Il faudrait donc un système de crédit spécialisé pour soutenir leur développement.'09 Comme dans tous les autres secteurs, si le mauvais accès au crédit est imputable à la demande, il faudrait s'efforcer de renforcer

'O7 Cette évaluation est soutenue par le projet Action pour l'Entreprise qui a choisi des artisans maliens leaders et fourni une assistance concrète en matière de commercialisation, de production et de conception. Grâce à ce projet, un certain nombre d'articles maliens - notamment à base de bazin- ont été bien accueillis à une foire spécialisée artisanat à New York. Néanmoins, l'étude a souligné les problèmes que les entreprises maliennes rencontrent pour produire des articles de qualité constante ou terminés en temps voulu et montre les besoins de formation et d'autres ressources qui devront être satisfaits si I'on veut surmonter les faiblesses autres que les prix qui caractérisent les entreprises maliennes. Nathan-MSI Group. ' O 8 La taxe à l'exportation est parfois appelée la « Taxe musée » parce que I'on pense que ses produits sont utilisés pour financer le musée national. S'il en est ainsi, il faudra trouver d'autres sources de financement pour le musée si I'on veut éliminer cette taxe. 'O9 Le projet Action pour l'Entreprise a constaté que les exportateurs/producteurs maliens soutenus par le projet a demandé une avance de 50 % aux acheteurs internationaux pour financer les coûts de lancement pour l'achat des fournitures et matériaux et organiser la production.

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la production et la commercialisation pour réduire le risque (du point de vue des banques) des prêts au secteur.

2.83. Enfin, une des meilleures façons d'encourager le développement du secteur des articles artisanaux est de développer le tourisme. Mia Mali a démontré que l'on peut créer des liens entre tous les stades d'une filière et surmonter les obstacles, lorsqu'il existe un bon catalyseur ayant des capacités de design et des liens avec le marché. Jusqu'à ce qu'un catalyseur soit identifié ou suscité pour ce secteur, la meilleure façon, peut-être, d'encourage le secteur des articles artisanaux est de permettre au Mali d'attirer un grand nombre de touristes et ainsi d'amener le marché jusqu'au Mali.

II faudrait identifier et établir un catalyseur et une structure de soutien. Contrairement au projet mangues, où il y avait un acteur central identifiable jouant le rôle de catalyseur (I'APROFA), ou à Mia Mali qui est entraîné par un entrepreneur, ou aux sociétés minières d'or qui vendent une matière première connue et uniforme et qui sont intégrées au marché international, il n'y a pas de catalyseur évident dans ces autres secteurs pour relier activement les segments du marché. Il faudrait une démarche au niveau de la filière. C'est crucial pour permettre l'identification des problèmes et des contraintes spécifiques aux produits et l'élaboration de solutions pour surmonter ces obstacles.

2.84. Le développement du secteur industriel au Mali est actuellement gêné par le cadre d'incitation qui est favorable mais insuffisamment efficace ; la faiblesse des infrastructures et des services de facilitation du commerce ; la faiblesse de la productivité, de la gestion et du financement et le climat des affaires. Ces facteurs dissuadent I'investissement (tant intérieur qu'étranger) et le dévelo ement du secteur privé et par conséquent ont un effet défavorable sur la croissance?' Pour établir des conditions favorable à une croissance industrielle plus rapide, le Mali devrait adopter une démarche à plusieurs aspects : (i) améliorer le cadre d'incitation en réduisant le poids de la fiscalité et des droits de douane pesant sur les entreprises, supprimer les taxes sur les exportations et éliminer les barrières non tarifaires ; (ii) renforcer l'organisation et la gestion des entreprises au moyen d'une démarche intégrée au niveau des filières, attirant de l'IDE ou d'autres catalyseurs ; (iii) engager des réformes orientées marché pour réduire le coût des infrastructures, des services de facilitation et des services financiers et en améliorer la qualité ; (iv) renforcer le climat des affaires et de I'investissement, notamment en réformant les marchés fonciers et (v) renforcer la productivité et les perspectives de croissance du secteur de l'or en adoptant un Code pour les mines à petite échelle et en modifiant le Code minier officiel pour encourager le développement des activités d'exploration et de développement.

2.85. D'abord, la politique publique encourageant la croissance des secteurs ou sous- secteurs prometteurs devrait être équitable et ne devrait pas s'appuyer sur des programmes d'incitations fiscales pour encourager le développement des industries à

"O Les données internationales utilisant des valeurs représentatives de la qualit6 du climat de I'investissement confirment le lien entre celui-ci et I'investissement prive. WDR, 2005, p. 26. Monsset (2000) a par ailleurs observé que « seul un effort soutenu » pour améliorer le climat des affaires au Mali permetira au pays de continuer à y attirer des investissements étrangers.

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fort potentiel. L'utilisation d'exemptions fiscales et de subventions accroît les distorsions dans l'économie, réduit les recettes fiscales et donc les ressources disponibles pour la réduction de la pauvreté. En outre, les difficultés rencontrées par les gouvernements qui tentent de choisir des ((vainqueurs » sont multiples et lorsque ces politiques se veulent sélectives, il est difficile pour les gouvernements de savoir quand il faudrait y mettre fin. Une politique de faible taxation également répartie, ou de détaxations liées au résultat permet aux investisseurs privés d'évaluer les domaines les plus rentables, avec un effet sur les recettes publiques plus prévisible. Cette conclusion est soutenue par l'évaluation des filières. Une politique révisée d'investissement ou de plus grandes incitations auraient peu d'effet sur les contraintes qui affectent actuellement ces secteurs, mais auraient d'importants effets défavorables pour l'État. Enfin, I'ECI a montré que la corruption demeure un problème au Mali dans les secteurs public et privé. Pour éviter des interventions sélectives, le Mali devrait éviter d'ouvrir de nouvelles portes à la recherche de rentes.'"

2.86. Ensuite, il faudrait intensifier les efforts pour attirer l'IDE, au moyen d'un programme de privatisation plus vigoureux et des efforts de promotion de I'investissement très ciblés. Les avantages de l'IDE sont bien établis. Il faudrait aussi noter que la plupart sinon tous les pays qui sont devenus des exportateurs accomplis (entre autres Maurice, le Costa Rica, le Chili, le Kenya et le Bangladesh) y sont parvenus grâce à des investissements étrangers, au moins au départ. Vu la faible compétitivité à I'export des entreprises maliennes, l'attraction d'IDE peut aussi être le moyen le plus rapide pour le Mali de profiter des possibilités d'investissement résultant des accords commerciaux préférentiels tels que I'AGOA avec les États-unis et que 'Tout sauf des armes' de I'UE.

2.87. Troisièmement, il faudrait réaliser les conditions d'un renforcement des infrastructures et des semices des finances et du transit. Des mesures spécifiques sont présentées dans les Chapitres 3'4 et 5.

2.88. Enfin, le Gouvernement devrait donner la priorité à l'amélioration de l'environnement concret de l'investissement et des entreprises de façon à encourager I'investissement privé. La situation du Mali, pays enclavé, lui donnera toujours un léger désavantage compétitif, de sorte qu'il incombe au Gouvernement d'améliorer le climat de I'investissement le plus possible pour compenser cet inconvénient. Les avantages de cette démarche sont multiples : l'amélioration du climat de I'investissement bénéficie également à tous les secteurs, notamment aux activités de transformation et à l'agro-industrie ; aux micro, aux petites, aux moyennes et aux grandes entreprises ; aux entreprises locales comme aux investisseurs étrangers, aux entreprises exportatrices comme à celles qui travaillent pour le marché intérieur. Elle a des effets positifs au plan macroéconomique, au plan budgétaire et au plan de la productivité, et une réduction des barrières à l'entrée pourrait faciliter le passage de PME au secteur formel.

"' Noland et Pack (2003) indique que l'une des carences dans la littérature favorable à des politiques industrielles sélectives est la possibilité de comportement de recherche de rente par des entreprises et des décideurs politiques intéressés à eux-mémes, et la dégradation concomitante de la politique.

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