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Dossier pédagogique réalisé par Jean-Jacques Freyburger, Conseiller Pédagogique en Arts Visuels - Bassin Centre Haut-Rhin WOUAF WOUAF ! ART ! ART Théâtre, conférence dès 6 ans Dossier pédagogique n°1

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Dossier pédagogique réalisé par Jean-Jacques Freyburger, Conseiller Pédagogique en Arts Visuels - Bassin Centre Haut-Rhin

WOUAFWOUAF ! ART! ART

Théâtre, conférence

dès 6 ans

Dossier pédagogique n°1

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" La meilleure façon de préparer les enfants au spectacle, ce n’est pas leur lire des extraits de la pièce, de parler des sujets qu’elle évoque, de la forme qui sera employée, c’est de les préparer à aller au théâtre tout court. Le théâtre est la seule forme d’art où tout se passe dans l’instant où il se fait, pendant cette heure où les spectateurs assis regardent les acteurs sur la scène. C’est une réunion unique, qui ne pourra jamais plus exister. C’est à cela qu’il faut préparer les enfants. Le théâtre ne peut fonctionner que sur le souvenir de cette heure passée dans la salle noire en compagnie des acteurs. C’est ce qui doit rendre cet instant précieux. "

Philippe Dorin Auteur de Théâtre, co-fondateur de la compagnie Pour ainsi Dire

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Ce dossier pédagogique est un document d’accompagnement dont la pertinence trouve sa place avant, pendant et après votre venue au spectacle. Ce spectacle pourra bien évidemment être présenté en s’appuyant sur le descriptif joint dans ce dossier (page 6 et 7). La difficulté pour l’adulte accompagnateur est de parler du spectacle en amont sans en dévoiler l’essence et le mystère. Il s’agit de s’engager à préparer les élèves à recevoir ce spectacle sans en connaître le déroulement ou l’histoire. C’est les rendre attentifs, réceptifs et disponibles au spectacle et de prolonger de manière intelligible ce moment de découverte. Les œuvres présentées dans ce spectacle font preuve d’humanité et participent, de manière évidente à la construction de notre rapport au monde. Wouaf ! Art est une forme de conférence sur l’Art qui prend comme vecteur le chien dans l’Art. La conférencière est une comédienne qui se joue des codes de la conférence et propose une approche hors norme de l’Histoire de l’Art. Le chemin qu’elle nous propose d’emprunter en tant que spectateur est original, singulier et hilarant. Ce dossier vous permettra de prolonger ce moment de découverte théâtrale autour :

• d’approches d’oeuvres d’Art citées dans le spectacle • de pratiques artistiques • de connaissances sur l’Histoire des Arts Ce spectacle a reçu le prix Momix en 2009. Ce prix est décerné par un jury d’experts composé des membres du réseau Résonances. Organisé par le CREA de Kingersheim, Momix est un festival de spectacles Jeune Public qui se déroule chaque année en février. Il a fêté ses 18 ans en 2009. Le CREA a obtenu le label « Scène conventionnée Jeune Public » auprès de la DRAC. Le CREA fait partie du réseau Résonances qui fédère 6 lieux culturels Haut-Rhinois : Le Relais Culturel Régional à Thann, l’Espace Grün à Cernay, La Passerelle à Rixheim, l’Espace Rhénan à Kembs et le Triangle à Huningue. Son principe ? Faire bouger les artistes et les publics. Concrètement, les compagnies invitées par le réseau tournent dans les différentes salles et les spectateurs peuvent découvrir leur travail à un tarif préférentiel grâce à la carte Résonances.

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Le chien ! Cet animal pour lequel tu as de la tendresse, à qui tu pardonnes toutes les fourberies, avec lequel tu entretiens des conversations improbables, il te permet d’exprimer des sentiments presque amoureux, il est ce compagnon à qui tu autorises des infidélités toutes notoires. Tous les chiens n’ont pourtant pas ta sympathie, certains te font vraiment frémir de peur, et lorsqu’ils sont en bande, ils t’inquiètent. En fait il te renvoie à ta propre condition : soumis, maître, sauveur, persécuteur, despote, aimant… Le cours d’Histoire de l’Art de la professeur Jeannette est alors fait pour toi. La fréquentation d’œuvres d’art dans ce qu’elles ont de canin, avec un décryptage et des analyses pointées autour des rapports que les artistes ont entretenus avec la race canine et l’image qu’ils ont voulu en donner, nous permet ainsi de comprendre de manière très subjective et jubilatoire ce que des artistes comme Vélasquez, Picasso, Munch, Turner, Renoir, Seurat, Lichtenstein ont voulu donner à voir au spectateur dans la mise en scène de chiens au cœur de leurs œuvres. Les périodes dans l’Histoire des Arts, les techniques se télescopent dans une joyeuse pédagogie qui nous rend accessible des œuvres d’art majeures en prenant comme filtre et fil conducteur : le chien. La mise en scène de ce spectacle, sous la forme d’une conférence, avec bien évidemment ces aléas imprévisibles, met à notre portée des approches érudites et imagées de courants artistiques singuliers et de productions artistiques significatives, bouscule avec notre complicité bienveillante et amusée, nos représentations sur l’Histoire de l’Art dans ce que ce champs de connaissances a de rigide, de complexe. Madame Jeannette décompose, restructure, recompose, met à nu, réinvente, le rapport que les artistes ont entretenu avec le sujet, le sens de leurs œuvres, pour notre grand plaisir. Elle désacralise avec légèreté, humour, enthousiasme le discours dominant qui rend parfois austères l’approche et la compréhension des œuvres d’art dans leur contexte historique et politique. Goûtons sans retenu à sa liberté créatrice qui l’autorise à des croisements et des appartements dans ce champs de connaissances qui ne peut que nous mettre en appétit d’art. Madame Jeannette nous rapporte à notre quotidien, son chien la ramène pour notre grand bonheur à la « canicité » de notre vie. Jean-Jacques Freyburger

Wouaf Art !!!

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• Le spectacle • Histoire des Arts • Les œuvres du spectacle • Pratiques artistiques • L’intérieur d’un chien • Bibliographie et Wouaf Internet

SOMMAIRE

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Jeannette, amatrice d’art et amie des bêtes, vient nous parler avec enthou-siasme de la place du chien dans l’histoire de l’art. C’est sa toute première conférence dans le cadre du projet artistico-culturo-scolaire: le carton culturel. Jeannette nous invite à rencontrer les artistes tel que Munch, Picasso, Turner, Vélasquez... Une approche poétique et délirante, libre de toute contrainte et de toute logi-que, qui ouvre grand les portes de l’histoire de l’art et nous permet d’apprendre et de redécouvrir des œuvres majeures. Un fil sonore et musical traverse la conférence, miroir des émotions de Jean-nette. Il se glisse dans les tableaux, les objets, les mouvements. Le public est immergé dans un univers sensoriel musical et drôle, intime et magique. Jeannette a choisi parmi les grandes oeuvres, les plus essentielles, celles ou fi-gure au moins un chien. Le thème est captivant, la conférencière passionnée et très documentée, l’hu-mour irrésistible. Des moments surréalistes et décalés nous plongent au centre de l’image, a l’in-térieur du cadre, si proche de l’artiste.

En savoir plus http://www.coupsdetheatre.com/2008/fr/programmation/wouafart.html

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Production: Sagliocco Ensemble Mise en scene: Anne-Sophie Erichsen (Grenland Fritea-ter) Avec: Guandaline Sagliocco Musique et creation sonore: Nadine Esteve Scénographie, décor: Silje Steinsvik Costume: Katharina Barbosa Blad Vidéo, photo: Jørn Steen Eclairage: Jean-Vincent Kerebel Régie son: Eirik Lie Régie lumiere: Trym Sigurdsen Producteur: Hakan Islinger

LE SPECTACLE

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Un joyeux délire qui fait chaud au cœur… Je sors tout juste du Friteatret où je viens de me réjouir, de rire et de pleurer durant toute la représentation de Wouaf ! Art, pièce créée et jouée par Guanda-line Sagliocco. PORSGRUNN. Et je suis épuisé… D’une manière insolite Guandaline, petite femme frêle et étrange, a réussi à toucher profondément votre serviteur, ami des chiens et actuellement commentateur culturel du journal Varden. La pratique du rire La compagnie Sagliocco a créé ce qu’elle appelle un spectacle familial pour en-fants qui s’adresse à tous les enfants à partir de six ans. Mais il n’y a sûrement pas de limite d’âge. Wouaf ! Art est un spectacle qui nous réchauffe le cœur, fait travailler nos zygo-matiques, et fait tomber toutes nos défenses. Il faut avoir l’âme complètement asséchée ou être pathologiquement blasé pour ne pas se laisser emporter par ce spectacle «pour enfants». Voyage initiatique La mise en scène est visuellement très simple. Un micro, une table montée sur roulettes et un panneau d’affichage sur lequel des tableaux de maîtres connus ou moins connus sont projetés au fur et à mesure que nous progressons dans la pièce. Et seule sur scène, Jeannette, tellement désemparée que cela vous pince le cœur, gauche d’une façon charmante, terriblement nerveuse, totalement exces-sive et d’un âge impossible à définir. Jeannette a pu réaliser son rêve; elle fait une tournée de conférences dans le cadre du "carton culturel", basée sur le thème qu’elle préfère, les chiens et l’art. Jeannette trébuche, se pavane et fait le clown tout au long de ce voyage initiati-que où elle nous présente des chefs-d’œuvre ayant appartenus à plusieurs épo-ques. Les œuvres ont toutes une chose en commun, la présence d’un chien dans chaque tableau. On regarde, on rit et on apprend."

Fiona Dans son immeuble, Jeannette vit aussi avec sa chérie…Fiona. C’est une petite boule de poils qui remplit le spectacle par son absence et qui fait irradier d’amour et aboyer d’enchantement notre conférencière. On ne peut pas raconter Wouaf ! Art. Il faut le vivre. Si vous avez besoin de rire un bon coup, vous devez vous précipiter et voir ce spectacle. Si vous avez déjà aimé un chien, allez voir ce spectacle. Et si vous avez déjà éprouvé le désir d’a-voir un chien, allez aussi voir ce spectacle. Autrement dit, il n’y a aucune raison de rester à la maison…

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La presse en parle

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HISTOIRE DES ARTS

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1) Les dispositifs pédagogiques et matériels pour faciliter la rencontre entre cette oeuvre et les élèves

Il s’agit de se rendre dans une salle de spectacle, de préparer ses élèves à recevoir une production artistique singulière, qui fait référence en permanence à l’Histoire de l’Art. Ce spectacle est à saisir en tant que déclencheur, incitateur pour explorer le domaine des Arts du spectacle et celui des Arts Visuels. Les éléments évoqués ci-dessous peuvent donner lieu à des échanges pointés en classe, après le spectacle, afin d’approcher avec les enfants le sens et les moyens mis en œuvre pour donner corps à cette production artistiques. L’entrée dans les œuvres présentées donnée par notre conférencière est unique, et mérite une lecture à plusieurs niveaux : • les codes du spectacle sont quelque peu bousculés ; nous sommes invités à

une conférence, le spectacle se veut « didactique », mais il parodie le didactique,

• les œuvres d’art présentées servent un propos inhabituel, et sont détournées de manière habile des contextes historiques, sociologiques, artistiques dans lesquelles elles baignent habituellement,

• la comédienne nous renvoie à nos hésitations, à nos préoccupations intimes, à nos absurdités quotidiennes, à nos télescopages mentaux, à nos associations d’idées qui nous nourrissent,

• la présence sur scène de son chien parasite quelque peu la présentation documentée des œuvres d’art.

Cette rencontre nécessite une préparation de la part de l’enseignant, ce qui lui permettra de structurer l’approche du concept de spectacle, par la comparaison des différentes familles de spectacles (Théâtre, Marionnettes, Théâtre d’ombres, Théâtre d’objet, Concert…) et des invariants qui la caractérisent. Il s’agit ensuite d’engager des échanges autour de ce moment unique, vécu collectivement, qui ne garde de traces que dans le ressenti de nos émotions et de ce que nous en avons gardé comme image. 2) Les dispositifs pour situer l’œuvre dans son contexte historique, culturel, artistique

Questionnement sur le concept de ce spectacle, comment le qualifier au plus juste. Recherches documentaires sur les œuvres citées dans le spectacle (voir fiches). Recherches documentaires sur les formes de spectacle Jeune Public (marionnettes, théâtre d’ombres, théâtre, théâtre d’objets, théâtre musical, concert, …). Recherches documentaires sur la compagnie :

http://209.85.229.132/search?q=cache:lJw0vV0weAkJ:sagliocco.wordpress.com/voff-art-francaise/+Sagliocco+Ensemble+wouaf+art&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr

Dispositifs pédagogiques

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3) Interroger l’œuvre sur différents plans (BO N°32 du 28/08/08)

Questions sur la forme • Quels sont les décors mis en place ? • Comment qualifier la mise en scène ? • Quelles sont les articulations du déroulement du spectacle ? • Citer des objets emblématiques qui évoquent ce spectacle.

Questions sur le sens

• Lister ces objets et rechercher les métaphores évoquées. • Quelle est l’idée directrice de cette représentation ? Questions sur les techniques • De quel genre de spectacle s’agit-il ? (réponse attendue : du Théâtre) • Quelles techniques sont mises en oeuvre ? • La comédienne, est-elle seule pour donner ce spectacle ? • Comment a-t-elle organisé sa mise en scène ?

Questions sur les usages • Pourquoi faire un spectacle sur les chiens dans l’art ? • A qui s’adresse t’il ? • Comment reconnaître ce type de spectacle ?

4) Quelques mots clé pour caractériser cette œuvre • Une conférence. • Une professeur. • Un spectacle joyeux. • Des œuvres d’art. • L’Histoire de l’Art • Des gags. • De la poésie. • Du délire. • Une performance. • De l’humour. • Des absurdités. • Des chiens dans des œuvres d’art. • Du comique de situation. • Une quête effrénée pour satisfaire son public,

et mener à bien cette conférence.

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5) Eléments à mettre dans le cahier personnel d’Histoire des Arts Comment garder une trace du spectacle • Date, billet d’entrée du spectacle. • Dépliant du spectacle • Eléments renseignés à propos de la compagnie • Définition du type de spectacle • Description écrite du spectacle qui prend en compte les éléments suivants :

- description de la scène, - narration du spectacle, - éléments matériels produits durant le spectacle (projections d’images…), - présentation de la comédienne, - les œuvres d’art que je reconnais, - les œuvres d’art que je souhaite connaître (description), - ce que j’ai aimé, ce que je n’ai pas aimé (arguments), - ce que j’ai compris.

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Voici la plupart des œuvres présentes durant ce spectacle, elles sont classées par périodes historiques, et trouvent leur place dans les recommandations de la liste d’exemples d’œuvres en Arts du visuel qui figurent dans le document Ressources Histoire des Arts du site Eduscol.

Les périodes historiques Les Temps modernes

Velasquez : Les Ménines Le XIXe siècle

Adriano Cecioni : Can che caca

William Turner: Dawn after the Wreck

Auguste Renoir : Le déjeuner des canotiers

Edvard Munch : Hundehode ved rod stamme

Georges Seurat : Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte Le XXe siècle et notre époque

Pablo Picasso : Variation sur Las Meninas de Velasquez

Roy Lichtenstein : GRRRR

Michael Newton : Black Dog

Andy Warhol : citation

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LES ŒUVRES DU SPECTACLE

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Diego Vélasquez Les Ménines Huile sur toile, 318 × 276 cm Musée du Prado (1657)

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Velasquez Les Ménines Diego Rodríguez de Silva y Velázquez (Séville, baptisé le 6 juin 1599 – Madrid, mort le 6 août 1660), dit Diego Vélasquez en français, est un peintre du siècle d'or espagnol ayant eu une influence considérable à la cour du roi Philippe IV. Il est généralement considéré, avec Francisco Goya et Le Greco, comme l’un des plus grands artistes de l’histoire espagnole. Son style, tout en restant très personnel, s’inscrit résolument dans le courant baroque de cette période. Ses deux visites effectuées en Italie, attestées par les documents de l’époque, eurent un effet décisif sur l’évolution de son œuvre. Outre de nombreuses peintures à valeur historique ou culturelle, Diego Vélasquez est l’auteur d’une profusion de portraits représentant la famille royale espagnole, d’autres grands personnages européens ou même des gens du commun. Son talent artistique, de l’avis général, a atteint son sommet en 1656 avec la réalisation de Les Ménines, son principal chef-d’œuvre. Les Ménines (en espagnol : Las Meninas, les demoiselles d'honneur), également connu sous l'appellation La famille de Philippe IV, est l'un des portraits les plus célèbres de Diego Vélasquez. Il a été peint en 1656. Le tableau est présenté au Musée du Prado de Madrid. La composition complexe et énigmatique de la toile interroge le lien entre réalité et illusion et crée une relation incertaine entre celui qui regarde la toile et les personnages qui y sont dépeints. Cette complexité a été la source de nombreuses analyses qui font de cette toile l'une des plus commentées de l'histoire de la peinture occidentale.

Ce tableau dépeint une grande pièce du palais de l'Alcázar de Madrid du roi Philippe IV d'Espagne dans laquelle se trouvent plusieurs personnages de la cour. La jeune infante Marguerite-Thérèse est entourée de demoiselles d'honneur, d'un chaperon, d'un garde du corps, de deux nains et d'un chien. Derrière eux Vélazquez se représente lui-même en train de peindre, regardant au delà la peinture, comme s'il regardait directement l'observateur de la toile[1]. Un miroir à l'arrière plan réfléchit les images de la reine et du roi en train d'être peints par Vélazquez (ou peut être, selon certains universitaires, réfléchissant le tableau que peint Vélazquez représentant le roi et la reine). Par le jeu de miroir le couple royal semble être placé hors de la peinture, à l'endroit même où un observateur se placerait pour voir celle-ci. Au fond Nieto Velázquez, un possible parent du peintre, apparaît à contre jour, comme une silhouette, sur une courte volée de marches tenant d'une main un rideau qui s'ouvre sur un incertain mur ou espace vide. Les Ménines est reconnu comme l'une des toiles les plus importantes de la peinture occidentale. Le peintre baroque Luca Giordano a dit de cette peinture qu'elle représente la théologie de la peinture tandis que Thomas Lawrence la qualifia de philosophie de l'art.

Les temps modernes

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Le décor des Ménines est planté dans les appartements de Vélazquez, au palais de l'Alcázar de Madrid sous le règne de Philipe IV.Cette grande pièce est présentée, selon Silviio Gaggi, comme "une simple boîte qui pourrait être divisée en une grille de perspective avec un seul point de fuite". Au centre, à l'avant-plan, se tient l'infante Marguerite-Thérèse (1) alors âgée de 5 ans. Elle est accompagnée de deux demoiselles d'honneur: doña Isabel de Velasco (2), qui fait la révérence derrière la princesse, et doña María Agustina Sarmiento de Sotomayor (3), à genoux devant, en train de présenter un plateau en or avec un verre rouge posé dessus.

À la droite se tiennent deux nains: l'allemande achondroplasique Maribarbola (4) (de son vrai nom Maria Barbola), et l'italien, Nicolas Pertusato (5), qui s'amuse à essayer de réveiller un Mâtin espagnol avec son pied. Derrière eux se tiennent doña Marcela de Ulloa (6), la chaperonne de la princesse, habillée en deuil et discutant avec un garde du corps non identifié (7). Il semblerait que ce personnage non identifié soit Diego Ruiz de Azcona. À l'arrière droit se tient Don José Nieto Velázquez (8), le chambellan de la reine et chef des ateliers de la tapisserie royale, et un possible parent du peintre. Nieto est montré prenant une pause, son genou droit replié, ses deux pieds sur des marches distinctes. Comme l'observe le critique d'art Harriet Stone on ne peut être sûr s'il est en train de sortir ou de rentrer. Il apparaît comme une silhouette sur une courte volée de marches et tenant d'une main un rideau qui s'ouvre sur un incertain mur ou espace vide. Vélazquez (9) se peint lui-même à la gauche de la scène, regardant vers l’extérieur au delà d'un large canevas soutenu par un chevalet. Un miroir sur le mur du fond réfléchit les bustes du roi Philippe IV (10) et de la reine Mariana (11).

Les temps modernes

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Adriano Cecioni Can che caca

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Adriano Cecioni Can che caca Adriano Cecioni (né en 1836 à Florence, Toscane – mort dans la même ville en 1886) est un peintre et un sculpteur italien du groupe des Macchiaioli. Le mouvement pictural des Macchiaioli s’est développé à Florence durant la seconde moitié du XIXe siècle. Le terme est donné en 1862 par un critique anonyme de la Gazzetta del Popolo qui a défini dans un sens péjoratif ces peintres (" tachistes ", de l’italien macchia, en français " tache ") anti-académiques à l’origine, aux alentours de 1855, d’un renouveau vériste de la peinture italienne. Le mouvement se propose de renouveler la culture picturale nationale. La poétique des Macchiaioli est vériste, en opposition au romantisme, au néoclassicisme et au purisme académique. Elle affirme que l’image du vrai est un contraste entre les tâches de couleurs et le clair-obscur, obtenu au départ via une technique appelée " miroir noir " c’est-à-dire par l’utilisation d’un miroir noirci avec de la fumée permettant de rehausser les contrastes de clair-obscur dans le tableau.

Adriano Cecioni nous présente un chien dans une posture toute déran-geante pour lui, mais qui traduit un besoin tout naturel et archaïque.

Le XIXe siècle

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William Turner Dawn after the Wreck Joseph Mallord William Turner est un peintre, aquarelliste et graveur britannique, né le 23 avril 1775 à Londres et mort le 19 décembre 1851 à Chelsea. Initialement de la veine romantique anglaise, son œuvre est marquée par une recherche novatrice audacieuse qui fera considérer celui que l'on surnomme le « peintre de la lumière » comme un précurseur de l'impressionnisme, avec son contemporain John Constable. Il expose sa première huile, Pêcheurs en mer, en 1796, année à partir de laquelle il exposera chaque année à la Royal Academy, jusqu'à la fin de sa vie, à de très rare exceptions près. Son caractère romantique est alors révélé par ses représentations de paysages pittoresques de la Grande-Bretagne, mettant la technique au service de sa propre esthétique (en effet ses paysages maritimes se prêtent aisément aux jeux de reflets de lumière qu'il affectionne). Renommé pour ses huiles, Turner est également un des plus grands maîtres anglais de paysages à l'aquarelle. Il y gagnera le surnom de « peintre de la lumière »[1]. Ses tableaux, paysages et marines d'Angleterre, lui vaudront rapidement une grande réputation si bien qu'il devient membre titulaire de la Royal Academy à l'âge de 27 ans. De 1807 à 1828, il y enseigne la perspective et, en 1845, obtient un poste de professeur suppléant. Son talent lui apporte reconnaissance et confort et lui permet de posséder sa propre galerie à partir de 1804. Turner voyagera beaucoup tout au long de sa carrière, d'abord en Angleterre et en Écosse, puis, après la paix d'Amiens en 1802, en France, en Suisse, aux Pays-Bas et en Italie, particulièrement à Venise, ville où il séjournera à trois reprises (en 1819, 1829 et 1840) qui lui sera une importante source d'inspiration. En Angleterre, Turner est souvent l'hôte de Lord Lamont à Petworth House dans le Sussex, ce qui donnera naissance à une célèbre série de peintures. Avec l'âge, Turner devient de plus en plus excentrique et taciturne. Il a peu d'amis et de proches, à l'exception notable de son père qui habitera avec lui jusqu'à sa mort en 1829, travaillant pour son fils comme assistant. La mort de son père affectera beaucoup Turner qui sera dès lors sujet à des accès de dépression. Turner ne se mariera pas, mais aura deux filles avec Sarah Danby, puis aura pour compagne la veuve Sophia Caroline Booth à partir de 1833, avec laquelle il vivra maritalement.

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En 1846, il se retire de la vie publique, vivant sous le pseudonyme de Mr Booth. Il expose une dernière fois à la Royal Academy en 1850 et, le 19 décembre 1851, Turner meurt au domicile de sa compagne à Chelsea. À sa demande, il est enterré à la Cathédrale Saint-Paul de Londres où il repose aux côtés du peintre Joshua Reynolds. Son passage d'une représentation plus réaliste à des œuvres plus lumineuses, à la limite de l'imaginaire (Tourmente de neige en mer, 1842), se fit après un voyage en Italie en 1819 (Campo Santo de Venise). Turner nous montre le pouvoir suggestif de la couleur, ainsi, son attirance pour la représentation des atmosphères le place comme un précurseur de l'impressionnisme jusqu'à devenir « le peintre des incendies » ; d'autres préfèrent pousser plus loin encore leur analyse en voyant dans l'absence de support descriptif dans les œuvres de Turner, les prémices de l'abstraction lyrique.

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William Turner (1775-1851) Aube après Naufrage Aquarelle et gouache 25,1 x 36,8 cm Londres, Courtauld Gallery

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La plage de Margate (Kent) et la mer – au premier chef le rendu du ciel qui surplombe la mer – sont de la plus haute qualité. Le grand connaisseur qu’était John Ruskin les portait au pinacle – surtout Dawn after the Wreck (« Aube après le naufrage », vers 1841), titre attribué par Ruskin alors que ni épave ni débris ni corps de noyés ne sont visibles et que les experts discutent encore pour savoir s’il s’agit de l’aube ou du crépuscule. À partir du chien, seul survivant du naufrage selon lui, Ruskin reconstitue toute la scène avec un brio et une plausibilité inégalables, pour le plus grand bonheur du spectateur. Qu’il soit convaincant ou non, il devient impossible de voir ou revoir Aube après le naufrage sans qu’immédiatement son talentueux décryptage revienne à l’esprit. Le dossier de presse avance que la passion montrée par Ruskin a grandement contribué à établir la réputation de Turner faisant de lui le plus grand aquarelliste anglais.

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Auguste Renoir Le déjeuner des canotiers Auguste Renoir (Limoges 25 février 1841 - Cagnes-sur-Mer 3 décembre 1919), est l'un des plus célèbres peintres français. Difficilement classable, il a appartenu à l'école impressionniste, mais s'en est assez vite écarté dès les années 1880. Plus intéressé par la peinture de portraits et le nu féminin que par celle des paysages, il élabore une façon de peindre caractéristique, qui transcende ses premières influences (Fragonard, Courbet, Monet, puis la fresque italienne). Pendant environ soixante ans, il aura peint à peu près six mille tableaux, ce qui est un record avant Picasso. Né à Limoges, Auguste Renoir passe son enfance à Paris. A treize ans il est placé en apprentissage dans un atelier de décoration de porcelaine, puis suit des cours de dessin à l’Ecole des Arts décoratifs, avant d’entrer à l’Ecole des Beaux-Arts en 1862, dans l’atelier de Charles Gleyre. Il y fait connaissance de Bazille, Monet et Sisley, et avec eux part peindre dans la forêt de Fontainebleau. L’influence de Courbet est très forte dans ses premières œuvres, et, déjà, sa personnalité s’affirme plus dans les portraits, dont quelques-uns sont acceptés au Salon. Ce n’est qu’en 1869 que Renoir parvient à se libérer de ses diverses influences, alors qu’il peint en compagnie de Monet les bords de Seine à la guinguette « La Grenouillère », où ensemble ils étudient les reflets de l’eau par touches superposées. Peintre impressionniste, Renoir n’abandonnera cependant jamais la peinture de figures. En 1874, il participe à la première exposition impressionniste, et deux ans plus tard, loue un atelier à Montmartre, où il peint ses œuvres les plus célèbres, notamment Le Moulin de la Galette (1876), dont le sujet principal est l’étude des effets de lumière. A la même époque, il fait la connaissance de l’éditeur Georges Charpentier et fréquente son salon, où il rencontre des personnalités politiques et artistiques. Cette nouvelle clientèle lui passe de nombreuses commandes, surtout des portraits de femmes et d’enfants. Par la suite, Renoir refuse de participer aux expositions impressionnistes, par crainte de compromettre son succès auprès de la classe bourgeoise, mais il est présent au Salon, et peint à Chatou les familiers des guinguettes.

Le XIXe siècle

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L’hiver 1881-1882, une crise morale et esthétique pousse l’artiste à partir quelques mois en Italie, puis à l’Estaque, où il travaille avec Cézanne, et en Algérie. Sous l’influence de Raphaël, le dessin prend le pas sur la couleur. Cette manière « ingresque » va s’étendre à toute sa production, et le peintre débute ses séries de Grandes Baigneuses. En 1888, à la suite d’une nouvelle période de découragement, Renoir détruit de nombreux tableaux qu’il juge trop secs, et adopte une manière « nacrée », abandonnant le style linéaire pour une facture plus souple et des demi-teintes. A partir de cette période, il peindra inlassablement des figures de « baigneuses », femmes aux formes opulentes ainsi que des figures d’enfants. En 1903 il s’installe à Cagnes-sur-Mer. Le rouge devient prédominant, no-tamment dans les nombreuses natures mortes de petit format qu’il exécute. Peu à peu paralysé, l’artiste commence à sculpter à partir de 1913. Il meurt en 1919, à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

Le XIXe siècle

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Auguste Renoir Le déjeuner des canotiers Huile sur toile, 130 x 173 cm Philiips Collection

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Il s’agit de la dernière grande œuvre de Renoir dans ce style. Le tableau a été peint sur la terrasse de la Maison Fournaise à Chatou. On y retrouve les jeux d’ombres et de lumière dans les tons de bleu, les visages féminins typiques de Renoir. Cette peinture est composée avec un étonnant contraste entre le fond et les personnages dans des tons pastels mais vifs assez fondus, et les quelques objets et mets très contrastés sur la table avec des fruits aux couleurs très vives aux traits puissants et relativement purs, et des gros empâtements de blanc pur pour les reflets. Les reproductions imprimées sont rarement fidèles à l'original. L'image ci-contre ne présente pas non plus tous ces contrastes. Comme d’habitude, Renoir y fait participer un grand nombre de ses amis : son épouse, Gustave Caillebotte (peintre), M. Fournaise (restaurateur), Alphon-sine Fournaise, le baron Raoul Barbier, Paul Lhote, Lestringuez, Ellen Andrée (actrice), Jeanne Samary (actrice), ainsi que son banquier M. Ephrussi qui fut rajouté par la suite. Les restes du repas prouvent que Renoir était un peintre talentueux en nature morte. Dans le paysage du fond, on aperçoit des canots.

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Edvard Munch Hundehode ved rod stamme Edvard Munch (prononcer « Munk ») (12 décembre 1863 - 23 janvier 1944) est un graphiste et peintre expressionniste norvégien. Edvard Munch peut être considéré comme le pionnier de l'expressionnisme dans la peinture moderne. Il est très tôt réputé pour son appartenance à une nouvelle époque artistique en Allemagne et en Europe centrale, et son œuvre et son importance sont aujourd'hui reconnues en Europe et dans le monde. Les œuvres de Munch les plus connues sont celles des années 1890, notamment Le Cri. Sa production ultérieure attire toutefois de plus en plus d'attention et semble inspirer tout spécialement les artistes actuels. La vie d’Edvard Munch est marquée très tôt par une série de décès familiaux qui vont lui donner le goût des représentations morbides et notamment de la chambre mortuaire : dès 1885, le tableau « L’enfant malade » fait scandale. Cette première toile importante illustre les traits fondamentaux de toute son œuvre : psychologie morbide, solitude des êtres, synthèse des formes, couleur exacerbée... Il séjourne à Paris de 1889 à 1892, où il est surtout influencé par l’impressionnisme, puis obtient le succès à Berlin, où le succès de son œuvre provoque la fondation de la Sécession. Il s’initie à la gravure, mode d’expression important dans son œuvre : grâce ce médium, il évolue alors vers une grande concentration expressive des formes. Munch réalise cette époque quelques chefs-d’œuvre, dont Le Cri (1893). Sa conception de l’humanité est d’un pessimisme effrayant, résumé dans La Danse de la vie (1900), où les êtres se croisent sans se voir, chacun perdu dans son angoisse. Les thèmes de la femme fatale et de l’amour et la mort sont fréquents, notamment dans ses estampes (Madone, 1895). La terreur est également sensible dans des paysages oppressants aux formes lourdes (Vigne vierge rouge, 1898-1900). En 1908, Munch retourne en Norvège à la suite d’une grave dépression. Il peint (et photographie) alors de pathétiques autoportraits toujours plus expressifs et stridents. Il est considéré comme l’un des précurseurs de l’expressionnisme et exerce une immense influence sur les artistes de Die Brücke en Allemagne.

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Edvard Munch Hundehode ved rød stamme Huile sur toile (1930)

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Georges Seurat Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte Georges Pierre Seurat (Paris 2 décembre 1859 - Gravelines 29 mars 1891), peintre français, pionnier du pointillisme et du divisionnisme qu'on peut qualifier d'impressionnisme scientifique et qui étudie les divisions de la matière à celle de la lumière. Georges Seurat naît le 2 décembre 1859 à Paris, dans un milieu bourgeois. Son père, un fonctionnaire, est un homme solitaire, un caractère dont hérite son fils. En 1877, il s'inscrit aux Beaux-Arts. Il est très influencé par Rembrandt, Francisco Goya et Pierre Puvis de Chavannes, ainsi que par Ingres, dont son professeur, Henri Lehmann avait été un disciple. Ses études sont interrompues par son service militaire qu'il effectue à Brest, où il réalise de nombreuses esquisses de bateaux, de plages et de la mer. Rentré à Paris,Georges Seurat se consacre à la maîtrise du noir et blanc et commence à peindre réellement en 1882. Il achève, en 1884, Une baignade à Asnières, le premier des sept grands tableaux qu'il va peindre dans sa courte vie. Il participe à la formation de la Société des artistes indépendants, ouverte, sans jury ni récompenses, et prend la tête du néo-impressionnisme (ou pointillisme), qui réunit entre autres Paul Signac, Henri-Edmond Cross, Charles Angrand, Maximilien Luce et pendant un certain temps Camille Pissarro. Après deux ans de travail concentré et systématisé, il termine son œuvre principale, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte. Dans cette composition, les contrastes de l'ombre et de la lumière sont admirablement répartis dans l'espace. Le tableau donne une atmosphère de dignité monumentale, à travers l'arrangement équilibré des éléments et des figures. Georges Seurat n'est pas un homme sociable et, au cours de la dernière année de sa vie, il coupe pratiquement tous les liens avec ses amis. En été, le peintre réside à Gravelines, où il fait une série de paysages et met en projet son tableau Le Cirque qu'il montre inachevé au huitième Salon des Indépendants. Il meurt subitement, pendant l'exposition, à l'âge de 31 ans, probablement de diphtérie.

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Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte est un tableau de Georges Seurat, visible au Art Institute of Chicago. Ce tableau de grand format se caractérise par des tons froids et une technique pointilliste. Seurat établit des différences de plans en distribuant deux grandes zones d'ombre et de lumière, mais il garde la même intensité chromatique sur l'ensemble de l'espace. On remarque que Seurat a également peint l'encadrement de son tableau, avec sa technique divisionniste.

Georges Seurat Un dimanche après-midi à l’Ile de la Grande Jatte Huile sur toile, 207,6 x 308 cm

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Pablo Picasso Variation sur Las Meninas de Velasquez Pablo Ruiz Picasso, né à Málaga, Espagne, le 25 octobre 1881 et mort le 8 avril 1973 à Mougins, France, est un peintre, dessinateur et sculpteur espagnol. Fondateur du cubisme avec Georges Braque, compagnon d'art du surréalisme, il fut l'un des artistes majeurs du XXe siècle. Originaire d’Andalousie où il passe les premières années de sa vie, Pablo Ruiz Picasso grandit à Barcelone, son père ayant été nommé professeur à l’Ecole des beaux-arts. Picasso y est lui-même admis en tant qu’élève à l’âge de 14 ans, comme il le sera deux ans plus tard, à l’Académie royale de Madrid. Après cette période d’études classiques, il découvre la vie de bohème, notamment en fréquentant un cabaret artistique et littéraire de la vieille ville de Barcelone, Els Quatre Gats, où ses travaux sont exposés pour la première fois. À cette époque, il fréquente un Bordel du « Carrer D’Avinyo » qui lui inspirera l’un de ses plus célèbres tableaux, Les Demoiselles d’Avignon. Il noue aussi de solides amitiés, comme avec Casagemas, dont le suicide en 1901 le marquera profondément : c’est en représentant son ami mort qu’il découvre le potentiel émotionnel des peintures en camaïeu bleu. À partir de 1904, il s’installe définitivement en France et emménage tout d’abord dans un misérable atelier de Montmartre, au « Bateau-Lavoir », nom donné par Max Jacob parce qu’on accède à la bâtisse par un pont. C’est devant cet atelier que Picasso rencontre en 1905 Fernande Olivier. Avec elle, il fréquente des artistes, des écrivains comme Gertrude Stein, des poètes, notamment Guillaume Apollinaire. Cette époque heureuse marque le début de sa période rose avec ses peintures de saltimbanques, aux couleurs adoucies. En 1907, Picasso travaille à la composition des Demoiselles d’Avignon, quand est présentée à Paris la grande rétrospective Cézanne. C’est à partir de l’œuvre du peintre d’Aix-en-Provence qu’il se rapproche de Georges Braque. Ensemble, ils se consacrent à la formulation du cubisme. Mais la déclaration de guerre met un terme à leur collaboration car Braque doit rejoindre son régiment. À 34 ans, Picasso reste seul à Paris et encore quasiment inconnu.

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C’est alors qu’en 1917 les Ballets russes lui proposent de travailler aux costu-mes et aux décors de leur prochain spectacle. Parti rejoindre la troupe en Ita-lie, il rencontre Olga, une des danseuses des Ballets, qu’il épouse l’année sui-vante. Leur fils Paul naît en 1921. Durant cette période d’accalmie sentimentale et de prospérité, Picasso prati-que un « retour à l’ordre », c’est-à-dire un retour à une forme d’art classique après les tentatives extrêmes des avant-gardes. Mais, dès 1925, son travail se déchaîne à nouveau en se rapprochant de l’art surréaliste. Il renoue avec la recherche de formes inédites et se consacre de plus en plus à la sculpture. Le 27 avril 1937 un événement tragique vient bouleverser sa carrière : en Es-pagne, l'aviation allemande, au service des nationalistes franquistes, bom-barde la petite ville basque de Guernica. En réaction, Picasso peint l’immense toile qui sera exposée un mois après au pavillon républicain de l’Exposition Internationale de Paris. Cette œuvre, conçue comme « un instrument de guerre », le rapproche du Parti communiste dont il devient membre. À la fin des années 40, il s’installe à Vallauris en Provence où il entame une nouvelle carrière de céramiste. C’est dans cette région qu’il réalise ses derniè-res œuvres, aussi bien des peintures, des sculptures, que des terres cuites et autres objets hétérogènes. Il emménage alors successivement à la Villa Cali-fornie dans la baie de Cannes, au Château de Vauvenargues au pied de la Montagne Sainte-Victoire, et au mas de Notre-Dame de vie à Mougins, lieux que ses œuvres ont désormais rendus célèbres. Dans les variations réalisées par Picasso, deux opérations picturales éclairent la transformation qui a eu lieu. L’artiste a changé de format, la personne et la position du Peintre dans le tableau s’en trouvent nettement revalorisées et la scène se présente d’une manière plus narrative. Si le peintre est encore placé sur la gauche, son chevalet et lui-même occupent désormais un bon tiers et presque toute la hauteur du tableau.

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Pablo Picasso Variation sur Las Meninas de Velasquez Musée Picasso

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Le chambellan à l’arrière-plan, les personnages d’Etat au second plan et le cou-ple royal dans le miroir ont été peints à la hâte, selon le schéma d’une réduction infantile. Deux composantes majeures chez Velázquez, la couleur et la lumière, ont été totalement modifiées par Picasso, qui dépeint son modèle dans les dé-clinaisons du blanc et du gris. L’artiste est devenu maître de son monde, et de ce qu’il choisit de représenter. Entre le 17 août et le 30 décembre 1957, Picasso réalisait une série de 58 pein-tures à l'huile de formats très divers se référant toutes au tableau «Las Meni-nas», l'œuvre célèbre peinte en 1656 par l'Espagnol Diego Velázquez, Peintre de la cour, et dont le titre renvoie aux deux demoiselles d'honneur qui font partie du groupe de personnages représenté. Pour Picasso, ce modèle célèbre était in-téressant à plus d'un titre. Velázquez a toujours été considéré comme l'un des plus grands Peintres de l'histoire de l'art occidental, et c'est au plus tard à l'épo-que ou il l'abordait que Picasso s'estimait faire partie de l'auguste assemblée des grands de l'art.

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Roy Lichtenstein GRRR Roy Fox Lichtenstein, né le 27 octobre 1923 à Manhattan, New York et décédé le 29 septembre 1997 à Manhattan, est un des artistes les plus importants du mou-vement pop art américain. Ses œuvres s'inspirent fortement de la publicité et de l'imagerie populaire de son époque, ainsi que des « comics » (bandes dessinées). Il décrira lui-même son style comme étant « aussi artificiel que possible ». En 1961, il fait ses premiers tableaux pop en reprenant des images de dessins ani-més et avec des techniques inspirées par l’aspect qu’ont les publicités commercia-les. Cette phase, pendant laquelle il réutilise l’imagerie commerciale suggérant le consumérisme et le fait-maison dure jusqu’en 1965. Sa première œuvre de grande taille représentant un personnage aux contours soulignés et utilisant les points de trame est Look Mickey (1961, National Gallery of Art, Washington, D.C.), qui résulte d’un défi lancé par un de ses fils qui feuille-tait un album de Mickey et aurait dit ; « Je parie que tu n'es pas capable de pein-dre aussi bien que ça, hein, papa? » La même année, il réalise six autres tableaux mettant en scène des personnages d’emballages de chewing gums et de comics. En 1961, Leo Castelli commence à exposer ses œuvres dans sa galerie à New York, et Lichtenstein a droit à sa première exposition individuelle en 1962. Tous les ta-bleaux sont achetés par des collectionneurs influents avant même qu’elle ne soit inaugurée. Castelli refuse par ailleurs le travail d’un contemporain de Lichtens-tein, Andy Warhol. En 1962, Roy commence à utiliser une peinture acrylique qui se dilue à la térébenthine (Magna), et continue à utiliser l'huile pour les points de trame. En 1963, Lichtenstein demande un congé de son poste au Douglass College de Rutgers. Lui et sa femme Isabel se séparent et il se réinstalle à New York pour être au cœur de la scène artistique. Ces œuvres font l'objet de nombreuses expositions et il commence à être très connu, non seulement aux États-Unis mais dans le monde entier. Il commence une série de toiles inspirée de bandes dessinées de DC Comics comme Girls’ Romances et Secret Hearts (dont fait partie une de ses toiles les plus célèbres, Drowning Girl, inspirée de Run for Love! - MoMA, New York). Les traits sont épais, les couleurs franches et Roy met au point une technique de masque pour produire les points de trame qui font sa « marque » de façon pres-que mécanique et engage un assistant pour ce faire. Lichtenstein ne se prendra jamais vraiment au sérieux, il dit ; « Je pense que mon travail est différent de la bande dessinée, mais je n'appellerais pas ça une « trans-formation » ; quoi qu'il signifie, je ne pense pas que que soit important pour l'art ». Quand ses premières œuvres sont présentées, nombreux sont les critiques d'art qui contestent l'originalité de son travail. Lichtenstein répond « Plus mon travail est fidèle à l'original, plus il est critique et lourd de sens »

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Roy Lichtenstein Grrr Huile sur toile Guggenheim Bilbao

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Sa toile la plus célèbre est peut-être Whaam! (1963, Tate Modern, Londres), in-spirée d'une BD de DC Comics, All-American Men of War. La peinture de grande taille (1,7 m x 4 m) présente un avion de combat tirant une roquette sur un avion ennemi, dans une explosion jaune et rouge marquée par l'onomatopée « Whaam! ». En 1968, il peint Châssis, qui représente l'arrière du tableau lui-même, début d'une série. En 1973, Lichtenstein commence une série de natures mortes en trompe-l'œil de style cubiste, puis à l'automne, il commence la série Artist’s Studio, des com-positions dans lesquelles il incorpore des éléments de son travail passé des an-nées 1960. Artist's Studio, Look Mickey (1973, Walker Art Center, Minneapolis) en est l'exemple le plus notable, avec un rappel de cinq de ses œuvres. Roy Lichtenstein a aussi créé des sculptures, en métal et en plastique, dont quelques unes sont installées sur la voie publique comme Lamp (1978, St. Ma-rys, Géorgie) ou Head, une sculpture inspirée par Gaudi, réalisée pour les Jeux olympiques d'été de 1992 de Barcelone. Il meurt à la suite d'une pneumonie en 1997 au New York University Medical Center. On estime qu'il laisse au total 4 500 œuvres en circulation dans le monde.

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Michael Newton Black Dog Né dans le UK, Manchester, il travaille maintenant à Bath. "Mes peintures à l'huile me permettent d'explorer des aspects de la mélancolie en utilisant des méthodes traditionnelles de peinture à l'huile sur toile et sur des panneaux en bois. Je travaille d'abord avec de l'huile sur papier combinant des éléments de mon propre dessin avec mes photos et images trouvées. En travaillant directement sur le support avec un glacis à l'huile, je transforme le sens original de ces images par collage." "Je me sens proche d'artistes de l'histoire de la peinture, notamment Francisco Goya et Edvard Munch, et de peintres contemporains tels que Gerhard Richter, Elizabeth Peyton et Luc Tuymans. Je suis également très attiré par le cinéma, particulièrement le travail de David Lynch. " "Mon thème actuel de travail traite de la mémoire et la perte, spécifiquement lié à ma propre expérience en tant qu'adolescent. Je m'en souviens comme d’un temps suspendu, en attendant que quelque chose arrive. Ce questionne l'ennui, le rituel, jeu de rôle, les stéréotypes et la confusion sur l'identité."

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Michael Newton Black Dog Huile sur toile - 100cm sur 80 cm (2005)

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Andy Wahrol Campbell’s Soup Cans (1962)

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Andy Warhol Andy Warhol (de son vrai nom Andrew Warhola), né le 6 août 1928 à Pittsburgh en Pennsylvanie et décédé à New York le 22 février 1987) est un artiste américain, figure centrale du Pop Art, dont il fut l'un des pionniers. Warhol est connu dans le monde entier par son travail de peintre, de producteur musical, d'auteur, par ses films d'avant-garde, et par ses liens avec les intellectuels, les célébrités de Hollywood ou les riches aristocrates. Bien que le travail de Warhol reste controversé, il a été le sujet d'innombrables expositions, de livres, et de films depuis sa mort. Warhol est généralement reconnu comme l'un des artistes les plus connus du XXe siècle. Il fut amoureux de Marilyn Monroe dans les années 1950-1955, ce qui l'inspirera beaucoup dans ses projets futurs. Au début des années 1960, Andy Warhol était un illustrateur publicitaire reconnu. Dans ses dessins publicitaires, Andy Warhol utilisait une technique directe : il dessinait ses créations sur du papier hydrofuge, repassait les contours d'encre, repassait les contours encore humides sur des feuilles de papier absorbant, sur le principe du buvard. Bien que durant cette période beaucoup d'artistes travaillaient comme illustrateurs publicitaires pour des entreprises, tous le faisaient discrètement. Warhol était, quant à lui, si reconnu en tant que dessinateur publicitaire que le reste de son travail artistique n'était pas pris au sérieux. Pour y remédier, il tenta d'exposer quelques-unes de ses œuvres, utilisant ses techniques, dans une galerie mais ce fut un échec. C'est à ce moment-là qu'il repensa son travail commercial et le reste de son art. Plutôt que de les opposer, il pensa à les réunir. Il tenta alors de rendre la culture populaire et commerciale plus élitiste. Il adhère au Pop-Art, mouvement lancé à Londres au milieu des années 1950 par Richard Hamilton et Eduardo Paolozzi. Le Pop-Art était une forme expérimentale que beaucoup d'artistes s'approprièrent indépendamment les uns des autres. Parmi les pionniers, on peut remarquer Roy Lichtenstein et Jasper Johns. Mais Andy Warhol sera, plus tard, considéré comme « Pope of the Pop » c'est-à-dire « Pape de la Pop » par ses contemporains.

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En 1963, il adopte la technique qu'il utilise pour ses œuvres les plus célèbres : la photographie sérigraphiée est reportée sur toile. Les photographies utilisées sont en noir et blanc, il colore le fond de la toile, et ensuite, imprime le sujet, le visage de Marilyn Monroe par exemple, avec seulement quelques détails, pour le rendre plus neutre, pour les reproduire par sérigraphie. Souvent, c'est un motif qui sera reproduit plusieurs fois sur la toile. C'est le stéréotype du Pop art. Ses figures favorites sont soit les noms de marque déposés, le signe du dollar ou les visages de célébrités. Le ton est à la fois populaire et iconoclaste, s'inspirant de la culture populaire. D'abord intéressé par les Comics, ce thème est toutefois déjà pris par le peintre Roy Lichtenstein qui en fait son outil visuel. Celui de la typographie est utilisé par Jasper Johns. Pour se distinguer, Warhol comprend qu'il doit trouver une niche qui devienne son sujet de matière principal. Ses amis lui suggèrent de peindre la chose qu'il adore le plus par-dessus tout. C'est ainsi que pour sa première exposition majeure, il peint les fameuses conserves Campbell's Soup. Cette œuvre est encore considérée comme sa marque de fabrique. Les thèmes fondamentaux chez Warhol sont l'image, son pouvoir au sein de la société de consommation et son lien avec la mort. Chez Warhol, la répétition de la figure se rapporte souvent à son exténuation. Le choix des sujets est en rapport avec cette obsession de la mort, y compris pour ses toiles célèbres de Marilyn Monroe (peinte après son suicide) ou de Liz Taylor (peinte alors que l'actrice était gravement malade). Dans les dernières années de son œuvre, Warhol devient pratiquement un peintre de Cour, appliquant son style à de nombreux portraits de commande, tout en continuant à creuser sa réflexion sur la peinture avec ses séries Shadows, Oxidation paintings, et des reprises de toiles de Botticelli ou de Léonard de Vinci.

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L’INTERIEUR D’UN CHIEN

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Planche rossignol

Rembrandt : La leçon d’anatomie du docteur Tulp (1632)

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Jeannette nous présente une planche Rossignol, qui nous donne à voir son anatomie. A partir de cette évocation, imaginons comment à l’intérieur d’un chien " ça marche ". Visiter, ou plutôt s’imaginer comment l’intérieur des choses d’une part fonctionne, et d’autre part à quoi " cela ressemble " participe d’une manière certaine à sonder ce que nous sommes, et les destinées qui nous sont offertes. Exposée au Mauritshuis à la Haye aus Pays Bas, « La leçon d’anatomie du docteur Tulp, 1632 » comme tous les tableaux de Rembrandt, s'inscrit sous le double registre du mouvement et de la profondeur, celle de la signification humaine. Il s’inscrit dans un contexte particulier : Galilée est en procès au même moment en Italie. Quatre siècles plus tard la découverte de la radioactivité, des rayons X, et la mise au point de l’ « IRM », les objets deviennent presque naturellement transparents. Aborder ce mystère, que nous cachent la superficie des choses, notre œil n’arrive qu’a effleurer la réalité du dehors, et encore… Nous ne somme pas très éloignés du « comment ça marche ? Qu’est-ce qui se passe à l’intérieur ? », sans éluder pour autant le pourquoi. Accompagner les enfants dans cette quête, et se poser devant des objets de natures si différentes, n’est pas sans risque ; les questions posées n’ont pas toujours qu’une seule et unique réponse, elles peuvent être multiples, et parfois elles relèvent d’une posture philosophique. S’approcher et approcher le monde organique et végétal, nous conduit sans équivoque à d’une part s’engager dans des dissections imaginées, et d’autre part confondre le concept du vivant. La mécanique offre des interprétations qui se schématisent aisément, mais ne sont pas toutes à la portée de chacun. La poésie, elle, scrute également l’intérieur de la nature humaine, et malaxe la langue, à consommer sans modération. Ces expériences entretiendront la tension entre l’épiderme des choses, l’idée du dedans, les traductions plastiques, et ce que le langage nous autorise à exprimer. Nous pouvons proposer aux enfants de travailler autour de ce concept qui, nourri par une approche culturelle, nous inscrit dans une quête universelle.

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L’intérieur d’un chien

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Démarches pédagogiques Recenser avec les enfants les types et les familles d’objets qui « offrent » un intérieur, soit en vue, soit masqué par une enveloppe charnelle, mécanique, … Ces familles d’ « objets » peuvent être classées en prenant comme critère, par exemple : l’humain, l’animal, le mécanique, le végétal, l’inerte. Connaître et apprendre dans le domaine « Découverte du monde » À l’école maternelle : le domaine " Découverte du monde" vise à l’acquisition de compétences dans le domaine sensoriel et dans les domaines de la matière et des objets, du vivant, de l’environnement de l’hygiène et de la santé et dans les domaines de la structuration de l’espace et de la structuration du temps. Au cycle II, le domaine "Découvrir le monde" vise à l’acquisition de compétences dans les domaines de l’espace, du temps, du vivant, de la matière, des objets et des techniques de l’information et de la communication. Au cycle III, le domaine "Sciences et Technologie" comporte un programme explicite (la matière, unité et diversité du monde vivant, éducation à l’environnement, corps humain et éducation à la santé, énergie, le ciel et la Terre, monde construit par l’Homme, TIC) et des compétences précises. Proposer aux élèves de confronter des objets de natures très différentes et s’interroger sur le « comment connaître l’intérieur des choses ». Des objets d’origine végétale Des fruits et légumes par exemple, peuvent subir des examens à l’aide d’outils appropriés. Les choux révèlent des arborescences magnifiques, les pommes recèlent les graines chargées de pérenniser la variété, les troncs d’arbres offrent leur âge par le décompte des cercles de croissance qui les habitent, … Il nous est très aisé d’examiner ces phénomènes, de les induire. Bien évidemment il nous faut compter avec le concept de cycle de vie, qui nous permet d’interpréter au plus juste les observations effectuées. Approcher le vivant animalier et humain Cela pose quelques problèmes, pas question d’effectuer un travail de médecin légiste. Il y alors ce que l’on sait des choses, ce que l’on imagine, et le comment. Lorsque nous nous nourrissons par exemple, comment sont digérés les aliments, transformés et restitués. Toutes ces quantités d’organes, affectés les uns aux autres, quelles sont leurs fonctions, quelles formes ont-ils, comment sont-ils raccordés entre eux ? Seuls des schémas, photos, croquis peuvent nous renseigner. La compréhension en est d’autant plus abstraite, nous sommes confrontés à des autopsies mentales.

L’intérieur d’un chien

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Le monde de la mécanique, du numérique Il nous offre quantités de schémas, annotés et souvent accompagnés de manuels d’utilisations, souvent incompréhensibles. Ils se donnent comme mission d’ex-pliquer « le comment c’est fait », mais pour autant ne nous donnent aucune marge d’intervention en cas de problème avéré.

Schéma mécanique automobile

Le domaine des « arts ménagers » Il regorge de ces fascicules, souvent traduits, ce qui les rend encore moins com-préhensibles. L’architecture Elle nous donne également à voir que la peau des choses, imaginer des aména-gements intérieurs à partir de coupes exercées sur des maquettes, avec tout ce que l’on peut construire afin de créer un monde en réduction. Ces « maisons de poupées », anatomies de bétons, de bois…, nous permettent de nous projeter dans des univers idéalisés.

L’intérieur d’un chien

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Des procédures d’approche de ces intérieurs peuvent être évoquées � la dissection (voir œuvres d’art), � la « casse » de l’enveloppe originelle (exemple : l’œuf, un cailloux), � l’ouverture mécanique (poste de radio), � la découpe (bois, branches, feuilles), l’utilisation d’un microscope. L’analyse de procédés utilisés par des artistes pour faire figurer l’intérieur des choses, pour réinventer des intérieurs de choses � induire du mécanique dans du végétal, mixer des « modes de fonctionnement », � inventer des fonctionnements inédits et improbables, � induire une dimension poétique (intrusion d’écrits, dessins, objets), � troubler des fonctionnements par l’adjonction d’éléments incongrus, imaginer des fonctionnements et des raccordements organiques. Les collections de matériaux peuvent trouver une place prépondérante, elles seront d’une utilité indéniable, et nous permettront par association, de créer des liens entre l’organique, le mécanique, le végétal � des fils de fer, � des fils électriques, � des rouages, � du carton, � du papier, � des dessins, � des chutes de bois, � des chutes de matières plastiques, � des objets récupérés, des éléments naturels (feuilles, écorces, fruits…).

L’intérieur d’un chien

Milan Bauer (artiste tchèque)

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Il s’agit maintenant de métisser nos connaissances sur le monde, en mettant en œuvre des conduites créatrices autour de projets qui attisent la curiosité, la nécessité, le besoin de faire. Les inducteurs, déclencheurs, pour la mise en œuvre de ces constructions plastiques peuvent être de différentes natures � s’interroger sur le fonctionnement organique du monde animal, � redonner vie à des objets inertes, � inventer des mécanismes ou projets de mécanismes hybrides, � devenir « créateur et architecte » d’hybrides, � associer sciences, mécaniques et poésie au service d’objets en devenir, � troubler « l’ordre divin » des choses, � donner aux objets une puissance d’évocation, � donner « vie » à certains objets, les hybrider avec des attributs « humains », revisiter « viscéralement » le monde humain et animal et le mécaniser. L’hybridation que nous pouvons nous autoriser entre le dedans et le dehors, nous entraîne dans ce que Lautréamont appelait «Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ». Imaginer des intérieurs mécaniques installés dans des enveloppes d’origine végétales, humaines… Les traductions plastiques de nos recherches peuvent revêtir de nombreuses formes � schémas de ce que l’on imagine être à l’intérieur des choses, � recomposer et traduire ce que l’imaginaire peut nous amener à poser comme fonctionnement et organisation des ces intérieurs, � inventer et créer des « objets » dont nous maîtrisons les fonctions et les structures, combiner ce que nous savons des « choses » pour les associer entre elles et faire naître des hybrides (végétaux, humains, mécaniques…).

L’intérieur d’un chien

Milan Bauer (artiste tchèque)

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Des références artistiques � « La raie » de Chardin. � « Bœuf écorché » de Soutine. � «A l'intérieur de la vue: L'œuf » Max Ernst, gravures surréalistes. � « La grande famille » de René Magritte. « rayographe » de Man Ray. Certaines machines de Jean Tinguely dans lesquelles nous pouvons circuler (Musée Tinguely à Bâle et « le Cyclop » dans la forêt de Milly). Il met a nu des mécaniques, de machines, qui ne produisent rien, que du mouvement. � « Hon » sculpture monumentale de Niki de Saint Phalle. � Jiri Kolar, collages. Les cadavres exquis, dessins et collages surréalistes. Les mises en boîte interrogent l’ « intérieur de choses » en mettant en scène des univers énigmatiques : Joseph Cornell, il crée des associations d’objets dans l’esprit surréaliste, à l’intérieur du « cadre » de boîtes. Gilles Guez, ni peintre, ni sculpteur, il crée des dispositifs scéniques en trois dimensions dans lesquelles il nous propose un univers personnel puisant ses racines dans les thématiques cinématographiques et littéraires.

L’intérieur d’un chien

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Jiri Kolar : Pear I

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BIBLIOGRAPHIE

Jean-Jacques Freyburger - Conseiller Pédagogique en Arts Visuels - Bassin Centre Haut-Rhin

Le Chien dans l’art de Tamsin Pickeral Editions Citadelles & Mazenod, 2009. Dès les origines, l’animal incarne la fidélité et la noblesse. Alors que la chasse prend une place centrale dans l’Europe médiévale et que les élevages se développent, le chien devient l’animal de compagnie privilégié de l’homme : les enluminures et les peintures murales en témoignent. Le chien moderne devient un motif d’expérimentation pour les avant gardes du XXe siècle et acquiert une existence propre. Mais même nimbé du mystère de l’animalité, il reste profondément marqué de la personnalité de son maître, l’homme.

Chien Bleu de Nadja Ecole de Loisirs, 1989. Tout commence par une histoire d'amitié entre un chien et une petite fille. Mais la maman de la fillette s'oppose à l'adoption de l'animal jusqu'à ce que l'enfant, se perdant dans la forêt, soit ramenée à la maison par Chien Bleu, après une nuit effrayante au cours de laquelle il l'a vaillamment défendue contre le sombre Esprit des Bois présenté sous la forme d'une panthère noire. Entre rêve et réalité, l'album raconte les peurs primaires, enfantines, du noir, de l'abandon et de la solitude, de l'inconnu, de la différence, celles d'être perdu et dévoré, de se confronter au monde. Les illustrations au style impressionniste - des gouaches profondes, des couleurs vives pleines pages - peuvent impressionner, voir paraître effrayantes. C'est surtout l'intensité émotionnelle de l'image qui est en cause. La tension est réelle mais heureusement tempérée par un jeu de couleurs lumineuses, comme protectrice, autour de l'enfant dans les scènes angoissantes par leur et la présence rassurante de Chien Bleu, impassible et puissant.

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Textes et recherches : Jean-Jacques Freyburger Conception graphique : Céline Berthelard

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Photo de William Wegman