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Christian Mailliot L’ENQUETE PAR QUESTIONNAIRE yLa construction de l’objet Action 1 : Définir l’objet de l’enquête Action 2 : Inventorier les moyens matériels nécessaires Action 3 : Mener des recherches préalables Action 4 : Déterminer les objectifs et les hypothèses de travail Action 5 : Définir la population ou l’univers de l’enquête Action 6 : Construire l’échantillon yL’élaboration du questionnaire Action 7 : Rédiger un projet de questionnaire Action 8 : Tester le projet de questionnaire Action 9 : Rédiger le questionnaire définitif Action 10 : Réaliser l’enquête yL’exploitation du questionnaire et l’analyse Action 11 : Coder, saisir et dépouiller les questionnaires - Traitement des questions ouvertes, semi-ouvertes et des rubriques «autres» - Codage des questionnaires, paramétrage et saisie Action 12 : Analyser les résultats - Traitement des questions numériques - Tri à plat (analyse univariée) - Regroupement de modalités, recodage - Tris croisés (analyse bivariée, multivariée) yPrésentation des résultats de l’enquête Action 13 : Rédiger le rapport d’enquête Source principale des éléments de cours : JAVEAU C., L’enquête par questionnaire. Manuel à l’usage du praticien, Bruxelles, Editions de l’Institut de sociologie de l’Université Libre de Bruxelles, 1971.

yLa construction de l’objet - storage.canalblog.comstorage.canalblog.com/86/85/556760/82338648.pdf · 14 QUIVY R., VAN CAMPENHOUDT L., Manuel de recherche en sciences sociales ,

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Christian Mailliot

L’ENQUETE PAR QUESTIONNAIRE

yyyyLa construction de l’objet Action 1 : Définir l’objet de l’enquête Action 2 : Inventorier les moyens matériels nécessaires Action 3 : Mener des recherches préalables Action 4 : Déterminer les objectifs et les hypothèses de travail Action 5 : Définir la population ou l’univers de l’enquête Action 6 : Construire l’échantillon

yyyyL’élaboration du questionnaire Action 7 : Rédiger un projet de questionnaire Action 8 : Tester le projet de questionnaire Action 9 : Rédiger le questionnaire définitif Action 10 : Réaliser l’enquête

yyyyL’exploitation du questionnaire et l’analyse Action 11 : Coder, saisir et dépouiller les questionnaires - Traitement des questions ouvertes, semi-ouvertes et des rubriques «autres» - Codage des questionnaires, paramétrage et saisie

Action 12 : Analyser les résultats - Traitement des questions numériques - Tri à plat (analyse univariée) - Regroupement de modalités, recodage - Tris croisés (analyse bivariée, multivariée)

yyyyPrésentation des résultats de l’enquête Action 13 : Rédiger le rapport d’enquête Source principale des éléments de cours : JAVEAU C., L’enquête par questionnaire. Manuel à l’usage du praticien, Bruxelles, Editions de l’Institut de sociologie de l’Université Libre de Bruxelles, 1971.

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Introduction

L’enquête par questionnaire : dénombrer et expliquer1 Définition

«Elle consiste à poser à un ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d’une population, une série de questions relatives à leur situation sociale, professionnelle ou familiale, à leurs opinions, à leur attitude à l’égard d’options ou d’enjeux humains et sociaux, à leurs attentes, à leur niveau de connaissance ou de conscience d’un événement ou d’un problème, ou encore sur tout autre point qui intéresse les chercheurs»2.

Intérêt, qualités, avantages

Estimer des grandeurs (absolues ou relatives), décrire une population, et surtout vérifier des hypothèses. Possibilité de quantifier de multiples données et de procéder à des analyses de corrélation

Limites Le coût et la lourdeur du dispositif. Selon François De Singly «l’enquête par questionnaire a pour fonction de mettre à jour les déterminants sociaux, inconscients des pratiques : c’est le divan des sociologues »3. D’où deux parties au questionnaire : le repérage de la détermination sociale et la description des pratiques et des goûts.

L’enquête par questionnaire s’inscrit donc plutôt dans le cadre d’une démarche hypothético-déductive : « chaque question, sa place dans le questionnaire, sa forme, doivent avoir une fonction précise indissociable des hypothèses et de la problématique»4.

1DE SINGLY F., L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Paris, Nathan, 1992, pp. 11-26. 2QUIVY R., VAN CAMPENHOUDT L., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1988, p. 181. 3DE SINGLY F., L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Paris, Nathan, 1992, p. 36. 4JUAN S., Méthodes de recherche en sciences sociohumaines. Exploration critique des techniques, Paris, P.U.F, 1999, p. 149.

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L’enquête par questionnaire vise à recueillir Deux catégories de données

Des faits «Des données factuelles»

Ces faits sont liés au domaine personnel des individus (âge, etc.), au domaine de leur environnement (habitat, etc.) ou au domaine de leur comportement.

Des jugements subjectifs «Des données subjectives »

Ces jugements subjectifs peuvent être des opinions, des attitudes, des dispositions, des motivations, des attentes, des aspirations, etc.

Question et questionnaire Définitions

«On appelle généralement question tout énoncé, interrogatif ou non, de la part de l’enquêteur, visant à provoquer un autre énoncé de la part de l’enquêté ; il sera cadré et prévu (procédures fermées) ou non (procédures ouvertes)»5. «Le questionnaire conçu comme instrument de mesure devra être standardisé, c’est-à-dire qu’il placera tous les sujets dans la même situation pour permettre des comparaisons entre groupes de répondants : on ne doit pas, en cours de passation, modifier les questions ou ajouter des explications»6. «De la manière la plus générale, le questionnaire se présentera comme un document sur lequel sont notées les réponses ou les réactions d’un sujet déterminé (l’enquêté)»7.

5JUAN S., Méthodes de recherche en sciences sociohumaines. Exploration critique des techniques, Paris, P.U.F, 1999, p. 167. 6BERTHIER N., Les techniques d’enquête, Paris, Armand Colin, 1998, p. 67 7JAVEAU C., L’enquête par questionnaire. Manuel à l’usage du praticien, Bruxelles, Editions de l’Institut de sociologie de l’Université Libre de Bruxelles, 1971, p. 2.

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Action 1 Définir l’objet de l’enquête

Il est important de définir clairement les termes de la question de départ c’est-à-dire l’objet même de l’enquête. Si l’on décide de mener une enquête, c’est pour répondre à une question que l’on se pose ou qui nous est posé (commande, appel d’offre). Le premier travail du chercheur consiste donc à délimiter l’objet (et les frontières) de son étude8. L’action du sociologue est de transformer une question très générale (souvent en lien avec un «problème social ») en une ou des questions de recherche spécifiques, claires et précises, qui doivent permettre une vérification empirique. L’activité du chercheur consistera aussi à limiter l’extension des diverses notions utilisées dans la formulation de l’énoncé de l’étude. Cette action s’effectue souvent à partir de l’état des connaissances dans le domaine envisagé (l’état de la question). Une définition (claire, faisable et pertinente) de l’objet de l’enquête donne au questionnaire une unité en évitant la dispersion des questions («questionnaires fourre-tout ») : « L’objet ne sera pas construit seulement de manière spéculative. Le cadre de référence théorique guidera les relevés d’éléments empiriques qui permettront de construire un modèle heuristique de l’objet, qui servira ensuite à vérifier empiriquement, […/…], des conjectures descriptives ou constitutives. »9

8Voir Document 2, pp. 180-181 et DE SINGLY F., L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Paris, Nathan, 1992, pp. 28-30 9JAVEAU C., Leçons de sociologie, Paris, Armand Colin, 1997, p. 88.

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Action 2 Inventorier les moyens matériels

nécessaires

Le résultat de cet inventaire peut conditionner l’objet même de l’enquête.

Moyens Commentaire – illustration

Financiers C’est le plus important :

quel est le budget de l’enquête ?

Temporels

La réalisation d’une enquête ne se fait pas en quelques

jours.

Il est important de réaliser un calendrier détaillé des

opérations nécessaires.

Personnels

Combien d’enquêteurs sont nécessaires ? Quelle est

leur expérience ?

Faut-il envisager une formation des enquêteurs ?

Documentaires Sources documentaires (voir action 3)

Matériels

Impression des questionnaires, la question des

transports pour les enquêteurs, logiciel d’enquête,

etc.

Réglementaires

Problème d’autorisation nécessaire pour l’enquête.

Déclaration à la Commission Informatique et Liberté

(C.N.I.L.), etc.

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Action 3 Mener des recherches préalables

La construction de l’objet d’enquête (voir action 1 et 4) nécessite de mener des recherches préalables. Il s’agit de mobiliser les différentes méthodes pour déboucher notamment sur la formulation des hypothèses : recherche documentaire, analyse de contenu, entretien, observation. Ces recherches préalables permettent donc au chercheur de circonscrire le cadre conceptuel de l’enquête en tenant compte des recherches déjà menées sur le même sujet et des méthodes utilisées par les autres chercheurs. Elles permettront en outre d’établir une bibliographie qui figurera dans le rapport de recherche.

Les recherches préalables Travail et analyse documentaire

Il s’agit de dépouiller et de lire la documentation disponible sur votre thème de recherche : ouvrages, articles de revue, résultats d’étude, examen de sources statistiques, banques de données, etc. Ce travail documentaire sera guidé en particulier par une question : « Qu’est-ce qu’un tel à écrit sur tel sujet ? » (Cf. les catégories usuelles d’une analyse de document : qui parle ?, pour dire quoi ?, à qui ?, comment ?, dans quel but ?, avec quels résultats ?)

Entretiens exploratoires

Méthodes qualitatives On procède souvent à une pré-enquête menée par entretien pour sélectionner les questions pertinentes en vue de l’élaboration du questionnaire.

Observations Méthodes qualitatives

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Action 4 Déterminer les objectifs et les hypothèses de travail

�Théodore Caplow : « Le plus important dans la formulation d’un problème est probablement l’élaboration de question ou d’hypothèses »10. �Claude Javeau : «La tâche qui incombe au chercheur, dans une démarche de type quantitativiste, est de construire les variables. En fin de compte, il s’agira, si possible, de disposer d’une «valeur » synthétique capable de situer un individu ou un groupe d’individus dans une «classe » particulière »11.

Toute enquête par questionnaire possède une série organisée

d’objectifs se rapportant à la question de départ et à la

population que l’on souhaite interroger.

Pour atteindre les objectifs fixés à l’enquête, il convient de poser

une série d’hypothèse de travail et de les mettre à l’épreuve.

Auparavant, le chercheur aura traduit les concepts mobilisés dans

sa problématique de recherche en «opérations de recherches

définies »12, en indices, en variables.

10Voir Document 2, p. 182. 11 JAVEAU C., Leçons de sociologie, Paris, Armand Colin, 1997, p. 103. 12 BOUDON R., Les méthodes en sociologie, Paris, P.U.F, 1993 [1ère éd. 1969], p. 48.

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Action 4 Déterminer les objectifs et les hypothèses de travail

Formulation d’un modèle d’analyse Les hypothèses

Théodore Caplow

« Une hypothèse est l’énoncé d’une relation de cause à effet sous une forme permettant la vérification empirique »13 « Une bonne hypothèse se reconnaît à deux caractéristiques : d’abord elle appelle une réponse précise, oui ou non, un chiffre ou une affirmation catégorique : deuxièmement cette réponse doit modifier la perspective du chercheur ».

Raymond Quivy Luc V. Campenhoudt

«Une hypothèse est une proposition qui anticipe une relation entre deux termes qui, selon les cas, peuvent être des concepts ou des phénomènes. Une hypothèse est donc une proposition provisoire, une présomption, qui demande à être vérifiée»14.

La construction des indices ou (variables) Selon Paul LAZARSFELD

1ière étape La représentation

imagée du concept

2ème étape La spécification

du concept

3ème étape Le choix des indicateurs

4ème étape La formation des

indices

Une entité conçue en termes vagues.

Un concept correspond à une

pluralité de dimensions.

Analyser les «composantes » de la notion/concept :

aspects ou dimensions.

Trouver des indicateurs pour les dimensions retenues.

Faire la synthèse des données

élémentaires obtenues au cours

des étapes précédentes.

Construire une mesure unique.

13Voir Document 2, p. 182. 14 QUIVY R., VAN CAMPENHOUDT L., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1988, p. 129.

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Action 4

Une illustration

Mesurer la qualité de vie en santé publique Le profil de Duke ou la construction de scores de santé

1ière étape La représentation imagée du concept

2ème étape La spécification du

concept

3ème étape Le choix des indicateurs

4ème étape La formation des

indices

La qualité de vie

10 dimensions : - Physique - Mentale - Sociale - Générale - Santé perçue - Estime de soi - Anxiété - Dépression - Douleur - Incapacité

17 indicateurs (17 items)

Score de santé générale (qui représente la somme des dimensions physique, mentale et sociale soit 15 items)

17 Items => 17 questions Dimensions Je me trouve bien comme je suis Mentale, Estime de soi Je ne suis pas quelqu’un de facile à vivre Sociale, Estime de soi Au fond, je suis bien portant Santé perçue Je me décourage trop facilement Mentale, Estime de soi, Dépression J’ai du mal à me concentrer Mentale, Anxiété, Dépression Je suis content de ma vie de famille Sociale, Estime de soi Je suis à l’aide avec les autres Sociale, Anxiété Vous auriez du mal une centaine de mètres Physique Vous avez eu des problèmes de sommeil Physique, Anxiété, Dépression Vous avez eu des douleurs quelque part Physique, Douleur Vous avez eu l’impression d’être vite fatigué(e) Physique, Anxiété, Dépression Vous avez été triste ou déprimé(e) Mentale, Dépression Vous avez été tendu(e) ou nerveux(se) Mentale, Anxiété Vous avez rencontré des parents ou des amis Sociale Vous avez eu des activités de groupes ou de loisirs Sociale Vous avez dû rester chez vous ou faire un séjour en clinique ou à l’hôpital pour raison de santé

Incapacité

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Action 5 Définir la population

Le choix de la population peut poser plus de problèmes qu'il n'y paraît à première vue. La définition de la population est liée : à l’objet même de l’enquête, aux hypothèses de travail choisies, au type d’échantillonnage adopté et aux contraintes matérielles. Le choix de la population est donc étroitement lié aux objectifs de l’enquête. L’ échantillon, c’est-à-dire l'ensemble des personnes à interroger, est extrait d'une population plus large, appelée «population parent », «population de référence », «population mère », ou tout simplement «population » ou «champ de l’enquête ».

Expressions Essai de définition Population Population parent Population mère Population de référence Univers de l’enquête

Est l’ensemble complet des individus sur lesquels on souhaite obtenir des informations et qui est donc concerné par les objectifs de l’enquête.

Unité statistique Chaque élément de la population constitue une unité statistique. On parle aussi d’individus.

Echantillon

Groupe restreint d’unités statistiques prélevées dans la population définie au préalable. Lorsque l’on recueille l’information sur toutes les unités statistiques, on effectue alors un recensement

Base de sondage Est la liste de toutes les unités statistiques de la population à partir de laquelle sera prélevé l’échantillon.

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Action 6 Construire l’échantillon

Pour choisir une méthode d’échantillonnage, cinq éléments doivent être pris en compte : 1. La nature de l’enquête 2. La nature des données disponibles sur la population-parent 3. Le degré d’homogénéité de la population-parent 4. L’étendue du territoire géographique de l’enquête 5. Les moyens matériels dont on dispose (coût et temps). 2 grandes catégories d’échantillon 1. Echantillons probabilistes

ou aléatoires 2. Echantillons empiriques

ou par choix raisonné

Définitions

1.1 Echantillon simple (sondage élémentaire)

L’échantillon est constitué par tirage au sort (table de nombres aléatoires) ou par tirage systématique au sien d’une population clairement définie (nécessité d’une liste exhaustive des individus). 1.2 Echantillon stratifié Le sondage stratifié est un sondage à tirages multiples : la population est divisée en strates (classes d’âge, CSP, sexe, etc.). les individus sont prélevés dans chacune des strates. 1.3 Sondage par grappe/groupes L’échantillon n’est pas ici constitué d’individu, mais d’ensemble ou de grappes d’unités voisines : grappe de famille, de communes, d’agglomération, d’écoles, etc. 1.4 Sondage aréolaire ou par zone

(variante du sondage par grappe) Le territoire de l’enquête est divisé en îlots. On interroge tous les habitants de l’îlot correspondant à la population enquêtée : tous les propriétaires…

2.1 Sondage par quotas ou échantillonnage proportionnel Il s’agit de constituer un »modèle réduit » de la population-parent en tenant compte d’un nombre limité de caractères (souvent pas plus de 5). On communique aux enquêteurs le nombre d’individus qu’ils doivent interroger dans chaque catégorie résultant de la combinaison des différentes modalités des caractéristiques retenues. Ex : si la proportion des femmes au sein de la population-parent est de 52%, cette proportion doit se retrouver dans l’échantillon. 2.2 Echantillon où le hasard est reconstitué On s’attache ici à reconstituer le hasard en se donnant une consigne stricte de choix des personnes à interroger pour réduire le biais de sélection que peut introduire l’enquêteur : méthode des itinéraires, tirage aléatoire par téléphone, échantillonnage par intervalle, etc.

Avantages et inconvénients

� Si le chercheur dispose de listes exactes � plutôt sondage élémentaire. � Si la population-parent n’est pas homogène � plutôt échantillonnage stratifié. � Si le territoire géographique de l’enquête est trop étendu ou la population dispersée (cf. Pb matériels) � plutôt sondage par grappe ou par zone.

� La représentativité est directement fonction du nombre, de la fiabilité, de la précision et de la pertinence des informations disponibles sur l’ensemble de la population-parent. � On n’est pas assuré de la représentativité de l’échantillon pour les variables non contrôlées dans les quotas. � La responsabilité du choix des enquêtés incombe aux enquêteurs (risque de surreprésentation de personnes plus facilement accessibles, etc.)

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Action 7 Rédiger un projet de questionnaire

Rodolphe GHIGLIONE et Benjamin MATALON : «La construction du questionnaire et la formulation des questions constituent donc une phase cruciale du déroulement d’une enquête. […/…] Toute erreur, toute maladresse, toute ambiguïté, se répercuterons sur l’ensemble des opérations ultérieures, jusqu’aux conclusions finales »15. Rédiger un projet de questionnaires c’est déterminer le contenu

des questions, déterminer la forme de réponse de chaque

question, déterminer les séquences (ordre) des questions.

L’élaboration du questionnaire : les questions à se poser

Mode

d’administration

Quel sera la mode d’administration du

questionnaire ? (voir action 10)

Types de question Quels genres de questions va-t-on utiliser ?

Langage Quel langage va-t-on utiliser ?

Mode

d’exploitation

Quel mode d’exploitation va-t-on adopter ?

Le questionnaire doit être aménagé en

fonction du mode d’exploitation du

questionnaire (manuel, par ordinateur – en

fonction du logiciel)

15GHIGLIONE R., MATALON B., Les enquêtes sociologiques. Théories et pratique, Paris, Armand Colin, 1998, p. 96.

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Action 7 Rédiger un projet de questionnaire

Quelques repères pour concevoir un questionnaire Le questionnaire

� Poser des questions accessibles (pour être compris) : - niveau conceptuel adapté et concert, - attention au vocabulaire utilisé, - une seule idée par question, questions filtres. � Poser des questions en veillant de ne pas influencer les réponses : - faire attention à la forme suggestive d’une question, - lutter contre la tendance à l’acquiescement, - éviter les questions «chargées » ou trop générales, - faire attention à l’effet d’ordre de présentation des réponses.

L’économie du questionnaire

� Bien réfléchir à l’agencement des questions (aspect cohérent et logique) : - ordre de succession des questions, - commencer par des questions «faciles », - prévoir des textes d’introduction, de transitions, des titres, - faire attention à «l’effet de halo ».

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Action 7 Rédiger un projet de questionnaire

Les modèles de questions Questions fermées Une question est dite ouverte ou fermée selon que la réponse à donner est libre ou fixée à l’avance

Questions ouvertes

Les réponses sont fixées à l’avance. Une question fermée peut donner le choix entre deux modalités de réponses (question dichotomique ou question à réponse unique) ou proposer un nombre d’éventualité plus important (question à choix ou à réponses multiples) Question à réponses ordonnées

Se prêtent le mieux au dépouillement et à l’analyse statistique. Se comprennent peut-être plus facilement. Sont peut-être plus faciles à répondre (il suffit de tracer une croix). Garantissent un certain anonymat Présentent le risque de dicter la réponse.

La réponse n’est pas prévue à l’avance. L’enquêté est libre de s’exprimer comme il veut. Il utilise son propre vocabulaire.

Permettent d’obtenir des informations plus larges. Permettent de recueillir des informations sur des termes délicats. S’imposent lorsque l’on ne peut prévoir les réponses possibles Leur formulation est quelques fois délicate. Leur dépouillement peut parfois être lourd (analyse de contenu)

Questions semi-ouvertes (ou semi-fermées) ou Questions «cafétaria»

Les principales réponses possibles sont prévues mais on laisse la possibilité d’ajouter des réponses libres en dehors de l’éventail proposé (comme dans une question ouverte) Item Autre (autre, précisez : )

Contribuent surtout à faciliter le dépouillement. Risquent d’influencer la réaction du répondant par la suggestion de réponses. La partie fermée doit être établie de manière soigneuse.

Questions numériques

Une valeur numérique est attendue.

Font directement l’objet d’une mesure.

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Action 7 Rédiger un projet de questionnaire

Les deux parties d’un questionnaire

Les déterminants sociaux Le repérage de la

détermination sociale Qui sont les répondants ?

Le talon16

�Sexe et âge17 �Richesses sociales ou niveau social (PCS, niveau d’instruction ou capital social, revenu ou capital économique)18 �La vie privée ou les indicateurs de la vision du monde19

La description des pratiques, des goûts,

des opinions, etc.

�Questions de faits : que font-ils ? �Questions d’opinion : que pensent-ils ? �Les échelles (unidimensionnelles, bipolaires, classements-préférences, etc.) �Questions d’intention ou d’anticipation : Quel projet ont-ils ? �Questions de connaissance : que savent-ils ?

16COMBESSIE J-C., La méthode en sociologie, Paris, La découverte, 1996, p. 40 : « Par le nom de talon, on désigne l’ensemble des question sui résument le plus efficacement l’origine sociale, la trajectoire et la situation actuelle de la personne interrogée (l’enquêté) et de sa proche famille » 17Voir DE SINGLY F., L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Paris, Nathan, 1992 18Voir DE SINGLY F., L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Paris, Nathan, 1992 19 DE SINGLY F., L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Paris, Nathan, 1992

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Action 8 Tester le projet de questionnaire

Le test ou le prétest est la mise à l’épreuve du questionnaire sur un groupe restreint de personnes avant l’enquête proprement dite. Cette action vise à évaluer l’acceptabilité, l’efficacité et la pertinence du questionnaire.

Dimension Les questions à se poser (liste non exhaustive) L’acceptabilité

Les questions sont-elles comprises ? Les enquêtés ont-ils des difficultés pour répondre ? Donnent-ils plusieurs réponses à une même question ? Ecrivent-ils des commentaires dans la marge ? Quelles questions passent mal et suscitent la gêne des enquêtés (les questions sont par exemple trop personnelles et entraînent des refus de répondre, des rires, ou d'autres manifestations de malaise) ? L’information demandée est-elle appropriée aux répondants ?

La compréhension

Le vocabulaire est-il adapté ? Y a-t-il des mots ou expressions qui nécessitent une explication ? L’enquêteur suit-il exactement le texte prévu pour la question ou est-il obligé de l'aménager ?

L’ordre des questions

L’ordre des questions paraît logique ? N'y a-t-il pas des effets liés à l'ordre des questions ? Y a-t-il des transitions, des enchaînements, des liens entre les questions ? Les textes de présentation ou de transition conviennent-ils ? Des questions difficiles ne doivent-elles pas être positionnées plus loin dans le questionnaire ? N'a-t-on pas oublié d'introduire des filtres ? Les renvois prévus conviennent-ils ?

La forme des questions

Les listes de modalités de réponses sont-elles pertinentes et exhaustives ? Les enquêtés en ont-ils ajouté ? La modalité «autre » a-t-elle reçue beaucoup de réponses ? Les questions produisent-elles des variations de réponses suffisantes ? N'y a-t-il pas de questions qui font l’unanimité sur une seule réponse (et qui seraient donc inutiles) ?

La présentation et le mode d’administration

A-t-on indiqué aux enquêtés de quelle façon répondre (cocher, entourer, barrer, un choix, plusieurs réponses possibles, etc.) ou a-t-on oublié les consignes ? Les enquêtés comprennent-ils comment répondre aux questions ? Se conforment-ils aux consignes ? Les enquêteurs (dans le cas d'une enquête de face à face) comprennent-ils comment poser les questions et noter les réponses ? Les consignes pour l'enquêteur sont-elles claires et suffisantes ?

L’expression enquête-pilote désigne une enquête exploratoire que vise à tester et à évaluer la faisabilité du dispositif de recueil de données dans le cadre d’une approche quantitative.

Christian Mailliot

Action 9 Rédiger le questionnaire définitif

La rédaction du questionnaire définitif tient compte des enseignements du pré-test.

Repères pour rédiger le questionnaire définitif Rédaction définitive des questions, des textes d'introduction et de liaison. Détermination de l'ordre optimal de succession des questions, introduction des redondances nécessaires, etc.

Mise en page finale : typographie, présentation graphique, type de papiers, format, etc.

Détermination des moyens d'introduction du questionnaire auprès des répondants (voir action 10): Le moyen le plus efficace est la lettre envoyée personnellement à chaque individu de l'échantillon avant le passage des enquêteurs (8 à 15 jours avant). Cette lettre pourra contenir les éléments suivants (exposés clairement et brièvement + présentation soignée) : l'indication de l'organisme qui réalise l'enquête, les buts avoués de l'enquête, les incitations à collaborer à l'enquête (valeur scientifique des objectifs poursuivis, intérêt pour la collectivité, garantie éventuelle de l'anonymat, etc.), la date de passage de l'enquêteur, etc.

Mode de récupération des questionnaires dans le cas des enquêtes par correspondance (voir action 10) : Il est recommandé de joindre à l'envoi du questionnaire une enveloppe portant indication des noms et adresses de l'organisme, si possible timbrée ou portant la mention de "port payé par le destinataire" : Enveloppe T.

Précodage : Il est souhaitable de préparer l'exploitation du questionnaire en indiquant au regard de chaque possibilité de réponse l'élément de code dans lequel cette possibilité sera traduite lors du dépouillement. Exemple : Question 8 : Quelle est votre situation matrimoniale ? 1 � célibataire 2 � marié (e) � 3 � Veuf (ve) 4 � Divorcé (e) 5 � Séparé (e) 6 � vit maritalement

Christian Mailliot

Action 10 Réaliser l’enquête

Dans les enquêtes mobilisant une équipe d’enquêteurs, une réunion de coordination, appelée briefing dans les organismes de sondage, est organisée entre les enquêteurs et le(s) concepteur(s) du questionnaire. L’enquête par questionnaire est une méthode qui exige la standardisation. L’objectif de cette réunion de travail vise donc l’homogénéisation de l’utilisation du questionnaire. Tous les enquêteurs devront utiliser le questionnaire de la même manière : explication sur la composition du questionnaire ou le sens des questions, sur l’usage des filtres, sur l’accès aux enquêtés, etc. Un guide de passation est parfois donné aux enquêteurs.

Le questionnaire et son administration20

Entretien par relation de face à face

(Passation par enquêteur)

L’enquêteur pose les questions et note les réponses lui-même. La situation d’enquête est une situation sociale. Salvador Juan, 1999, p. 171 : « Une enquête est toujours une épreuve que l’on ne peut concevoir sans l’idée de rapport social ». Salvador Juan, 1999, p. 186 : « La situation d’enquête est une relation complexe où interviennent une pluralité de facteurs, en particulier, les statuts respectifs de l’enquêteur et de l’enquêté et divers éléments circonstanciels qui peuvent être très importants. »

Enquête par téléphone (Passation par enquêteur)

Souvent utilisé par les organismes de sondage. Système CATI (Computer Assisted Telephone Interview). Par exemple : Baromètre santé des français (CFES).

Enquête en présence «passive » de l’enquêteur

L’enquêteur est censé ne pas intervenir dans le déroulement de l’administration du questionnaire. Par exemple : Interroger des élèves dans leur classe.

Questionnaire en dépôt Sur un lieu défini

Le questionnaire est laissé en dépôt dans un lieu défini : salle de spectacle, administrations, etc.

Enquête informatisée ou «digitale » (questionnaire auto-administré)

Par exemple : Minitel ou Internet. Avec ces procédés, la liberté pour l’enquêté est très grande.

Enquête par correspondance

(questionnaire auto-administré)

Le questionnaire est envoyé par la poste et on demande aux enquêtés de le retourner complété (voir action 9). Ce mode d’administration suppose un fichier précis d’adresses. Le taux de retour est difficilement prévisible. Il est parfois faible.

20 Source : JUAN S., Méthodes de recherche en sciences sociohumaines. Exploration critique des techniques, Paris, P.U.F, 1999, p. 180 et suivantes.

Christian Mailliot

Action 11 Coder, saisir et dépouiller

les questionnaires

Théodore Caplow : « Lorsque le chercheur a accumulé

suffisamment d’informations pour en faire l’analyse, les processus

de base sont alors le codage, la construction des tableaux et

l’interprétation des données »21.

Définition du codage : « Le codage est la réduction sous une

forme normalisée des informations recueillies sur le terrain »22.

21 Voir Document 2, p. 185. 22 Voir Document 2, p. 185.

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Action 12 Analyser les résultats

Du traitement du questionnaire à l’analyse des résultats : Inventaire des différentes actions

Traitement des questions ouvertes, semi-ouvertes et des rubriques « autres ». � Analyse de contenu Codage des questionnaires, paramétrage et saisie Traitement des questions numériques Tri à plat (tableau simple, analyse univariée) : On calcule les effectifs et les pourcentages pour chacune des réponses possibles aux questions posées. Regroupement de modalités, recodage Tris croisés (tableau croisé, analyse bivariée, multivariée) : On croise les réponses à une question avec les variables explicatives. Par exemple, on peut croiser toutes les questions du questionnaire avec quelques variables explicatives : sexe, âge, P.C.S. � Pour analyser la relation entre deux variables, la méthode la plus fréquente consiste à croiser ces variables dans un tableau dit tableau croisé, tableau carré ou tableau de contingence. On fait alors l’hypothèse que l’une des variables peut expliquer les variations de l’autre. Un tableau de contingence est donc un tableau à double entrée où les modalités d’un caractère sont croisées avec les modalités d’un autre caractère.

Christian Mailliot

Action 12 Analyser les résultats

Les variables : définitions

Variables explicatives Ou

Variables indépendantes Ou

Variables actives

Une variable indépendante est une caractéristique qui est censée avoir un effet ou une influence sur une autre variable. Dans un tableau croisé, les variables indépendantes sont présentées en ligne. « La variable indépendante est celle qui ne nous intéresse pas, en d’autres termes, c’est celle qui est utilisée pour grouper la population de telle sorte que les effets de ce groupement sur la variable dépendante puissent être étudiés attentivement. Ce qui la rend indépendante dans un tableau croisé, c’est que nous désirons savoir comment elle agit sur la variable dépendante. »23

Variables à expliquer Ou

Variables dépendantes

Une variable dépendante est une caractéristique dont on observe les variations et dont on tente d’expliquer le comportement à partir d’une ou de plusieurs variables indépendantes. Dans un tableau croisé, les variables dépendantes sont présentées en colonne.

Définition

(rappel)

« Une variable est un instrument permettant d’apprécier des relations et de mesurer l’importance d’attributs dans une population » (Juan, 1999, p. 162)

23Voir Document 2, p.186.

Christian Mailliot

Action 13 Rédiger le rapport d’enquête

Généralités sur le rapport d’enquête Le rapport d'enquête reprend l'essentiel des résultats analysés à l'étape précédente. L’objectif est d’être compris aisément par les lecteurs (les destinataires, les commanditaires de l’enquête). Un rapport d’enquête cherche à être clair, précis, agréable à lire. Bien souvent le rapport est destiné à des non-spécialistes, il convient donc d'éviter le jargon, les tournures pédantes, les raisonnements trop compliqués. On s'efforcera avant tout d'être court, mais complet. Un rapport consiste souvent à présenter et à commenter des tableaux. Les commentaires devront reprendre les points les plus importants qui se dégagent des tableaux. Ils fourniront des explications plausibles et compréhensibles. Les tableaux seront présentés sous une forme simple et adaptée. Les tableaux seront numérotés et pourvus d'un titre significatif . Au cours du dépouillement et de l’analyse, on utilise des nombreux tableaux très fouillés. Pour le rapport d’enquête, on aura avantage à tirer de ceux-ci un certain nombre de tableaux plus lisibles. Lorsqu’un tableau peut présenter des difficultés, il faut prévoir une légende et des indications de lecture.

Christian Mailliot

Action 13 Rédiger le rapport d’enquête

Rapport d'enquête standard : les différentes parties

Présentation de l'enquête

Cette partie de présentation de l'enquête expose l’état des recherches préalables, les grandes orientations de travail, une description de l'échantillon, de la méthode d'enquête, du questionnaire, etc.

Présentation des résultats

La présentation des résultats reprend l'essentiel des points dégagés lors de l'analyse (action 12). Elle ne doit pas nécessairement respecter l'ordre de succession des questions du questionnaire. La rédaction peut avoir une logique différente d’argumentation.

Les conclusions

Les conclusions présentent les résultats principaux de l’enquête en résumé. Les conclusions doivent être rédigées avec soin. Certains lecteurs pressés liront seulement ces conclusions.

Annexes Le terme "annexe" ne signifie pas "fourre-tout" . On met les éléments du rapport qui peuvent «surchargés » le cours du texte en annexe. Par exemple : les documents relatifs à l'enquête (le questionnaire notamment), les explications méthodologiques, etc.

Bibliographie La bibliographie est souvent succincte. Elle ne comporte que les ouvrages pertinents par rapport au sujet traité. Il est souhaitable que ces ouvrages soient facilement accessibles. Suivre les règles de présentation d’une bibliographie.

Les tables La table des matières doit être réellement utile. Le lecteur doit pouvoir s'en servir aisément. Les principales subdivisions du texte doivent être reprises. Liste des tableaux et des graphiques. Eventuellement une table des sigles.