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N°3 Blanche Neige en DVD du 21/01/10 au 25/02/10 | un gratuit qui se lit

Zibeline Cahier Jeunesse

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Cahier jeunesse du journal Zibeline

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Page 1: Zibeline Cahier Jeunesse

N°3

Blanche Neige en DVD

du 21/01/10 au 25/02/10 | un gratuit qui se lit

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André Dimanche est un éditeur sérieux,et un commissaire d’exposition facé-tieux. C’est à lui que la Galerie d’art duConseil général a confié l’expositionL’Enfance de l’art à laquelle il aréservé des perles inédites. Comme leLivre pour Inès de Jean-Jacques Cec-carelli, les Attrapes-cauchemars deDenis Polge et les Jouets en bois dePaul Wallach jusque-là conservés dansleur sphère familiale et privée, et dé-voilés au public par un coup de baguette

magique. Des jouets-objets auxquelsl’exposition confère un statut d’œuvred’art, au même titre que les piècescréées par Gilles Aillaud, Olivier Debré,André Masson, Bernard Rancillac,Pascal Navarro, Hervé Télémaque autourdu thème de l’enfance. Non seulementce face-à-face thématique entre«créations destinées aux enfants» et«créations sur l’enfance» est intelligentet ludique, mais il est une matriceidéale à l’imagination… Accueilli par la Maison de poupée lumi-neuse de Sophie Menuet, on entre deplain-pied dans un monde enchanté oùfigurent en bonne place les dessinsd’André Masson pour ses petits-enfants, l’Âne du Poitou de Gilles Aillauddont le regard goguenard lorgne ducôté des suaves Peau d’âne de KatiaBourdarel, pas effrayées pour un soupar La Dépouille suspendue à l’entréed’une cabane ! C’est que la galerie n’apas ménagé ses effets, fabriquant une

cabane de projection pour le film deJacques Demy. Plus loin, une proces-sion d’animaux bricolés, escargot entête, telle l’Arche de Noé, fait habi-tuellement les beaux jours des enfantsde Denis Polge, aquarelliste vau-clusien… Dans le rôle de découvreurde trouvailles, André Dimanche estparfait : en 2006 déjà, il éditait un livrede coloriages grand format signéAndré Masson ! À moins qu’il ne soitresté un éternel gamin ?MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

L’Enfance de l’artjusqu’au 4 avrilGalerie d’art du Conseil général,Aix04 42 93 03 67

GALERIE D’ART DU CONSEIL GÉNÉRALII ÉVÉNEMENT

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IIIÉVÉNEMENTLES ÉLANCÉES

Unique dans la région, Les Élancéespoursuit sa route. Malgré les baissesimportantes et successives de sub-ventions, il maintient une exigenceartistique que chacun reconnaît etapprécie. Car au-delà de la program-mation ouverte à tous, le festival a pourobjectif -il est important de le rappeler-de placer l’enfant au cœur de ladémarche artistique afin de dévelop-per son sens critique et son autonomiede pensée, de lui donner les clés quimènent au spectacle, par le biaisd’ateliers de pratique en milieu sco-laire, de rencontres avec les artistes.Le tout permettant de «tisser des liensintimes entre l’enfant et l’artiste» com-me le rappelle Anne Renault, directriceartistique du festival. Dans les commu-nes mises en synergie lors des Élancéesce sont des enfants actifs et concer-nés qui vont au spectacle, depuis 12ans…

Plein les yeuxLa programmation cette année propo-se un savant mélange de danse (8spectacles) et de cirque (7 specta-cles), avec des compagnies régionales,mais aussi internationales (Asie, Brésil,Europe du nord et du sud). C’estd’ailleurs l’une d’elles qui ouvre lesfestivités : le cirque vietnamien conviemusiciens et circassiens avec Lang toï(Mon village), un spectacle tout en bam-bou qui allie les traditions virtuoses ducirque chinois et du théâtre musicalvietnamien, avec la dramaturgie dunouveau cirque. Plus près de nos pra-tiques théâtrales la compagnie espagnoleAracaladanza et son Pequeños Paraísosinspiré du Jardin des délices de JérômeBosch ; et les italiens de TPO, queScènes et Cinés a déjà reçu pour leursprécédents spectacles, reviennent avecFarfalle : leur tapis magique fera naîtrecette fois des papillons imaginaires. Autre belles rencontres, en dansenotamment, avec un spectacle pourtout petits (dès 18 mois), Bach… à sable,de la cie La Guimbarde qui fait se ren-contrer une danseuse et unvioloncelliste sur les Suites pour violon-celle seul de Bach ; la rencontre de lachorégraphe Carolyn Carlson, del’auteure Marie Desplechin, dumusicien René Aubry et du créateurd’images Stéphane Vérité autour du

Roi penché ; du hip hop avec la cie EnPhase de Miguel Nosibor qui mar-que un très beau Temps d’arrêt ; la cieX-Press avec 3 au cube, un exercicede style basé sur la géométrie; le duoYvonnette Hoareau et SébastienVela de la cie Mira ; et la chorégraphiede Jacques Fargearel, qui sait fairedanser les duos enfant/adulte commepersonne : Ces deux-là !, étonnant duoentre un petit garçon et un jeunehomme explore cette fois la relationfraternelle.

Coups de cœurUnivers déjanté, insolite, spectacu-laire… Du cirque, oui, mais pasn’importe lequel : ces trois spectaclesprésentent des artistes hors pair, deshistoires différentes qui font appel à lapoésie, la fantaisie, au burlesque…Celle de la cie Archaos, dont la nou-velle création In Vitro 09 traite «du désiret de l’arrogance de celui qui veut créerdes êtres parfaits.» Les artistes bré-siliens et européens mis en scène parGuy Carrara et Raquel Rache deAndrade (voir p VI) évoluent dans uneétonnante structure métallique, con-frontés aux créatures hybrides del’étrange professeur Ferdelans… Dansun autre genre, Mathilde Sebald etDamien Gaumet font évoluer leur Balcaustique dans un univers surréaliste :humour noir et clowneries à la BusterKeaton pour ces deux poètes-fantaisis-tes qui font flotter les commodesanciennes et se rouler par terre leschaises ! Exceptionnels enfin les ar-tistes de la cie XY : dans Le Grand Cune vingtaine d’acrobates porteurs etvoltigeurs créent de chimériques géo-métries, bousculant au passage lescodes de la discipline… Un travail réso-lument collectif, basé sur une totaleconfiance en l’autre, dans une grandegénérosité.DOMINIQUE MARÇON

Festival Les Élancéesdu 27 janvier au 7 févrierIstres, Miramas, Fos, Port-Saint-Louis,Cornillon-Confoux, Grans04 42 56 48 48www.scenesetcines.fr

De l’art du geste…Les Élancées, Festival des Arts du geste, déploie ses propositions sur les communes

de Ouest Provence pour la 12e année, toujours portées par la même exigence artistique

Bal caustique © Jesus Ruiz de la H

ermosa

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IV ÉDUCATION ORCHESTRE FRANÇAIS DES JEUNES | MUSÉE BLEU

Ils sont jeunes, brillants, lauréats… celane suffit pas toujours. Les portes desorchestres professionnels, des forma-tions grandes ou réduites sont étroites,une expérience est toujours exigée !Leurs premiers prix de Conservatoiressupérieurs apparaissent, ironie, dérisoi-res. L’Orchestre Français des Jeunes,créé en 1982 par le ministère de laCulture, apporte une réponse concrèteet dynamique, et donne aux jeunesvirtuoses l’occasion exceptionnelle des’affirmer au cœur d’un ensemble quia pour seul critère la qualité des impé-trants.

Préparation…Car les métiers de l’orchestre nes’apprennent qu’en y jouant et eninterprétant le répertoire lors de stagessous la direction de chefs prestigieux,de tournées en France et en Europe,Berlin, Madrid, Paris... Membre depuis1983 de la Fédération européenne desorchestres de jeunes, l’OFJ bénéficiede projets conjoints avec les jeunesorchestres européens, échange desmusiciens, approche d’autres cultures,découvre d’autres sensibilités… leur

travail s’affine ainsi grâce à ces program-mes soutenus par l’Union européenne.Épaulés par une équipe pédagogiquebrillante constituée d’instrumentistesd’orchestres et de professeurs de Con-servatoires supérieurs, dirigés par lechef de renommée mondiale KwaméRyan, les jeunes apprennent, passentpar les préparations rituelles du travaildes différents pupitres, les répétitionsdes tutti… Cela aboutit à une interpré-tation d’orfèvre, précise et passionnée.La complicité est sensible entre le chefet l’orchestre, le bonheur de jouervisible… passion, élan, fougue, tout estlà pour un orchestre dont les prestationssont enviées par bien des formationsprofessionnelles !

… exécution !Ainsi, le 22 décembre au Grand Théâtrede Provence, l’OFJ créait en FranceMétanoïa d’Olivier Rappoport. Samise en espace des instruments créaitun son quadriphonique, mettant en re-lief le travail sur les bois, les largesmouvements emportés des cordessoutenues par les vents, les richesparties des percussions, auxquelles

s’opposaient des passages minima-listes, des murmures incantatoires, uneécriture vibrante, toute de contrastes… À ces subtiles tensions succédaient lesdanses symphoniques de West SideStory et le bonheur communicatif dujeu ! La somptueuse Symphonie n° 2en ut mineur de Rachmaninov permet-tait à l’orchestre de faire la démonstrationde son indéniable talent ; puissance,finesse, temps suspendu pendant l’ada-gio, temps ourlé de rêve… Sublime !Dernier cadeau, en bis, un extrait de

Casse Noisette. Un moment de grâce,prouvant avec brio que les jeunes nese cantonnent pas aux musiquesactuelles, dès qu’ils ont la chance quece monde-là leur soit transmis.MARYVONNE COLOMBANI

www.ofj.fr

Ils sont entrés dans la carrière…

Orchestre Français des Jeunes © Agnès Mellon

N’y a-t-il pas quelque étrangeté à vouloiremmagasiner nombre de vieilleries dans dessanctuaires où nul n’aurait l’idée de se rendre parbeau temps ? La culture du bronzage, ou celle quiconsiste à dévaler des pentes aléatoires et neigeuses,semble si éloignée de celle du musée… Pourquoisonger à y entraîner des enfants ? Pour leur donnerun dos courbé et les yeux caves ? Par quel vice inouïpeut-on les éloigner des jeux élaborés pour qu’ilsdeviennent de charmants adeptes de notre sociétéde consommation ? Et voici que chuchote à notreoreille la voix de Marguerite Yourcenar, celle quinous a emportés vers l’amour des Antiquités, celledes Mémoires d’Hadrien, «La mémoire de la plupartdes hommes est un cimetière abandonné, où gisentsans honneurs des morts qu’ils ont cessé de chérir».Celle qui s’étonnait que «[s]es contemporains, quicroient avoir conquis et transformé l’espace, ignorentqu’on peut rétrécir à son gré la distance des siècles». C’est une des missions que le Musée Bleu s’estassignée. Par ses visites guidées, thématiques ougénérales, s’adressant à tous les publics, et par lesactivités spécifiques destinées aux enfants, ens’adaptant aux différentes tranches d’âge. Lors desvisites-jeu (le dimanche matin), les parents et leur(s)enfant(s) munis d’un carnet suivent pas à pas unemédiatrice, pour naviguer sur le Rhône, observer lesétoiles, et construire chacun sa route, apprendre àconnaître Neptune, dieu irascible des mers et se leconcilier, écouter les histoires qui ont peuplé l’antiqueMare Nostrum, découvrir les monstres marins et les

compagnons de voyage de la divinité marine…Lectures, contes en musique, pièces de théâtre (ledimanche après-midi) font aussi entendre les voixlointaines de la mer et du fleuve. Cette démarche qui tente de rendre le musée vivant,ne se contentant pas d’expliquer, mais qui montre,qui laisse les enfants participer, agir, leur permet des’approprier les connaissances, non pas comme unescience que l’on impose, mais comme un élémentnaturel qui fait partie de leur vie, de leur quotidien.La distance entre le savoir et l’enfant est placée dansune nouvelle perspective. Une familiarité s’établit. Onentre dans ce temps que l’on pensait mort, àl’intérieur duquel les statues vivent encore et noustouchent…

Le musée de l’Arles antique remplit avec bonheur sesdifférentes missions, de la conservation à la diffusiondes connaissances, par une muséographieintelligente et claire et de nombreuses activitéspassionnantes destinées tant aux scolaires (le muséene désemplit pas !) qu’aux particuliers. Qu’y a-t-il deplus formateur pour un enfant que ce contact direct,vécu aux sources mêmes des savoirs ? Il pleut, il neige même… et si nous allions au musée ?MARYVONNE COLOMBANI

Programme détaillé des activités et inscriptionwww.arles-antique.cg13.fr

Les Muses de l’enfance

© X-D.R

© X-D.R

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Ils s’appellent Naomi, Florian, Malou,Laetitia… Ils sont élèves au collègeReymond à Château-Arnoux ou enclasse option danse au lycée Lurçat àMartigues. Ils sont 28 adolescents àvivre depuis le printemps 2009 uneaventure singulière en compagnie duCollectif Nomade Village, Danse deterritoire, orchestrée par le ThéâtreDurance. Un vaste projet de pratiquede la danse, du théâtre, sous l’œil de lacaméra du réalisateur Philippe Domen-gie, conduit avec la complicité de leursprofesseurs. Et une juste combinaisonentre formation et création qui, à l’au-tomne 2010, aboutira à la réalisationd’un film vidéo diffusé sur le territoirerégional et dans les circuits profession-nels.Aguerri au travail pédagogique, le Col-lectif Nomade Village a pensé son projet commeon écrit un scénario, avec un thème (l’après crise,quand les jeunes se substituent aux adultes, seresponsabilisent, cherchent du travail, quand l’exodeest nécessaire pour survivre), des personnages (unebande d’ados), des décors (le collège, le lycée, lacampagne). S’appuyant sur un découpage chrono-logique et une méthodologie : rencontres, repérages,ateliers de créations chorégraphiques, séquences detournage, post-production, diffusion. Rien n’est laisséau hasard -même si tout reste ouvert- car le «premierobjectif est de partager une expérience, de resserrerles liens dans les groupes, de travailler sur les con-nexions et l’échange entre les jeunes» souligneVirginie Coudoulet-Girard, chorégraphe et res-ponsable pédagogique. À travers la pratique dumouvement dansé, l’écriture chorégraphique et ladécouverte de la matière cinématographique, lesados réapprennent des chosessimples mais primordiales pour laréussite du projet, comme «laisser laplace aux autres, découvrir la réalitédes difficultés matérielles, fairel’apprentissage du temps…». Le tout enimages car pour qu’ils appréhendentsa présence et l’oublient, PhilippeDomengie n’a jamais arrêté sacaméra. Immergés dans des condi-tions de tournage professionnel, ilssont à fond dans l’histoire et ont pleine-ment conscience de son caractèreexceptionnel. Éphémère aussi, carDanse de territoire est une parenthèsedans leur apprentissage de la vie…Déjà 6 ateliers ont eu lieu avec le col-lège C. Reymond, 8 autres serontréalisés d’ici fin mars comme autantd’occasions d’extraire des individua-lités des choses qui sont enelles-mêmes et qui les impliquentréellement. Avec les lycéens deLurçat, de nombreuses séquences ontété tournées, toujours sur le mêmethème, mais dans un autre registre :

les filles ont joué une scène d’audition évoquant lerisque d’exploitation du corps féminin adolescent.Déjà les rushs mettent l’eau à la bouche tant leurprésence est convaincante, juste, naturelle. «Il fautqu’une partie de la création leur appartienne et faire ensorte qu’ils s’amusent aussi» reconnaît le collectif quileur réserve encore d’autres moments forts. Commeles prochaines scènes «d’errance», au printemps,quand tous se retrouveront à Marseille pour partir enquête d’un travail salvateur. Pourquoi pas acteur ?MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Danse de territoire est coproduit par le théâtre Durance, soutenu par la Ville de Marseille et projet Lauréat Mécènes du Sud 2009.www.lenomadevillage.com etwww.theatredurance.com

Le 1er avril, à 11h15, le Collectif Nomade Villageprésentera son spectacle Les Débordeurs àl’ensemble des élèves du collège Reymond. Le 7 mai,à 21h, seront projetées au théâtre Durance lesscènes filmées avec les élèves de 4e, suivies duspectacle Oscar et Moi écrit et interprété par PhilippeDomengie et Virginie Coudoulet-Girard

VTHÉÂTRE DURANCE | INSTITUT CULTUREL ITALIEN ÉDUCATION

PulcinellaCe n’est pas un secret dePolichinelle que de révéler quel’Institut culturel italien à Marseillefait les yeux doux aux bambins !Dès 5 ans, il leur propose une foispar mois des ateliers d’italien aussiludiques que pédagogiques avecun professeur qui les initie à lalangue de Dante et la comédienneSabrina Giampetrone à l’expres-sion théâtrale. Cette année, enrésonance avec l’exposition duPréau des Accoules, le personnaged’Arlequin est au centre de leurs«répétitions» car une représen-tation théâtrale de fin d’année estprévue devant un parterre deparents émus. M.G.-G.

Institut culturel italiensamedis 27 février, 13 mars, 24 avril, 29 mai et 19 juin04 91 48 51 94www.iicmarsiglia.esteri.it

Première danse

Scène de l’audition (Martigues) © Philippe Domengie

Scène de l’exode (Château-Arnoux) © Philippe Domengie

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VI SPECTACLES CREAC | ISTRES | LA SEYNE-SUR-MER | LE GYMNASE

Créée par la Cie Archaos en septembre à l’École nationalede cirque de Rio de Janeiro au Brésil, In Vitro 09 débarqueà Marseille, Istres et La Seyne-sur-Mer. Une mini tournée enrégion qui débute au Centre de recherche européen des artsdu cirque (CREAC) où la compagnie est implantée depuis 2001. In Vitro 09 est l’aboutissement d’un processus d’écriture etde création démarré en 1997 par Guy Carrara pour le scéna-rio original et Élise Bouffel pour la réalisation de dessins, suivien 1999 par un premier spectacle, des photos et une capta-tion filmée… Dix ans plus tard, à partir du même scénario,Archaos entraînera dans son sillage des élèves de quatreécoles de cirque du Brésil, de France, de Belgique et deGrande-Bretagne. Leur «épopée exaltante» bâtie sur un socled’échanges, de formation et de professionnalisation, aboutiraà deux créations collectives. La première, In Vitro 99, sera uni-quement interprétée par de jeunes artistes étudiants brésiliens.La seconde, In Vitro 09, accueillie en décembre au Domained’O à Montpellier, réunit neuf artistes brésiliens et européensdiplômés d’écoles supérieures et en insertion profession-nelle. Ensemble, ils combinent leur jeu d’acteurs et leur technicitéde circassiens dans une aventure qui pose le problème dela procréation artificielle. Et traite du désir et de l’arrogance decelui qui veut créer des êtres parfaits. La scène pourrait sepasser dans un laboratoire ou dans un centre de formation(tiens, tiens…), mais ici les professeurs et les laborantins n’ontque faire du trapèze ou de la corde lisse ! Ils cherchent le cloneexemplaire, la femme idéale… Face à l’absence de piècesde répertoire pour le cirque, Raquel Rache de Andrade etGuy Carrara ont échafaudé cette «sorte de parodie mystique,

entre effets burlesques et intentions sati-riques» qui montre aux élèves que l’onpeut être interprètes mais aussi librescréateurs. In Vitro serait-elle la preuvevivante que le monde des arts du cirqueressemble à un laboratoire clandestin ?Que «le cirque est un refuge où les mons-tres peuvent survivre malgré tout» ?MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Projet réalisé avec le soutien du Programme Culture de l’Unioneuropéenne et dans le cadre de França.Br 2009, l’Année de la France au Brésil.

In Vitro 09Raquel Rache de Andrade et Guy Carrara, Cie Archaos20, 21, 22 et 23 janvier 20h30CREAC, Marseille06 64 52 13 53www.archaos.fr

vendredi 5 et samedi 6 févrierFestival Les Élancées, Istres(voir page III)www.scenesetcine.fr

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Zibeline : Comment vous est venuel’idée de mettre en scène Peter Pan ?Alexis Moati : Ce personnage hantemon imagination depuis l’enfance.Celui qui dans le dessin animé de WaltDisney évoque l’imagination au pou-voir, la liberté, est un personnage enfait beaucoup plus tragique, qui porteen lui la blessure de l’abandon. PeterPan est un petit garçon abandonné.L’abandon et l’impossibilité de grandirsont des thèmes universels qui metouchent intimement et poétiquement.Lorsque j’ai découvert que c’était unepièce, avec des personnages qui ontune dimension shakespearienne, je mesuis dit que ce serait bien de la monteren me tournant vers un théâtred’acteurs.C’est le parti pris de mise en scène ?Oui, on fait le pari de jouer les 25personnages de la pièce. Cela répondà mes questions actuelles sur le jeu, laplace centrale de l’acteur, ce qu’il peutvraiment prendre en charge… Unprojet qui rassemble aussi un publicvaste, de 8 ans à… sans limite !

Comment joue-t-on un enfant quandon est un adulte ?C’était une de mes premièresinterrogations ! Je pensaisintuitivement que l’enjeu de jouer unenfant pour un adulte pouvait êtreassez intéressant et, en enfonçant uneporte ouverte, que l’enfance n’est pasloin de l’état d’acteur. Partant de cetteintuition je me suis dit qu’il y avait unétat matriciel. Le théâtre serait un

grand terrain de jeu, qui abolirait lascène et la salle. Oui, il est possiblepour un adulte de jouer un enfant, c’estmême ludique pour les acteurs.L’enjeu étant de ne pas montrercomment on joue l’enfant, mais d’être,de se retrouver dans cet état-là, cetétat d’enfance.Sur quel texte vous basez-vous ?Par le biais de Céline Albin-Faivre j’airencontré Andrew Birkin, spécialiste deBarrie en Angleterre, auteur d’uneadaptation de Peter Pan sous-titréePeter Pan ou l’enfant qui haïssait lesmères, qui est le premier titre quel’auteur voulait utiliser. C’est celle-là

qu’on a décidé de jouer. Comment se dégage t-on de l’universde Walt Disney ?C’est une référence imparable, mais lamatière de la pièce est beaucoup plusnerveuse, insolente et quelquefois plustragique que l’œuvre de Disney. Ceciétant il reste quelques clins d’œil dansla pièce...Un mot sur la scénographie ?On part de la nurserie des enfantsDarling et on arrive dans le paysimaginaire du jamais-jamais,fantastique, merveilleux, mais un peudangereux aussi, beaucoup moinspastel que Disney. On n’oublie jamaisla chambre d’enfant, matrice de tout,comme s’il suffisait que le rêve et PeterPan apparaissent pour touttransformer. La famille est au centre denotre travail : on a essayé d’en trouverune déclinaison cohérente, et non pasjuste fournir un corps à un personnage.ENTRETIEN REALISE PAR DOMINIQUE MARÇON

Peter Pandu 26 février au 6 marsThéâtre du Gymnase, Marseille0 820 000 422www.lestheatres.net

du 2 au 4 marsJanvier dans les étoiles, La Seyne-sur-Merwww.theatreurope.com

La compagnie Vol Plané crée Peter Pan ou le petit garçon quihaïssait les mères, d’après l’œuvre de James Matthew Barrie,au théâtre du Gymnase du 26 février au 5 mars. Entretienavec Alexis Moati, metteur en scène du projet

Peter Pan © Aude Ame�de�o

L’enfant qui ne pouvait pas grandir

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VIISPECTACLESAU PROGRAMME

GalafronienEt si le plus beau village du monde était celui que l’ons’invente ? Comme celui tout rouge et écrasé dechaleur de Zahra, 5 ans, qui rêve de connaître lemonde… Zahra vient de perdre une dent de lait etdoit suivre la coutume : aller jusqu’au cimetière, lajeter derrière elle en récitant la formule «Toi beausoleil prend la dent de gazelle et donne-moi une dentd’âne». Mais sur le chemin qui monte, elle croise unefemme qui chante, un boucher et un vendeur debougies… Sous la plume de Mohamed Bari, levillage marocain de Zahra est un monde à luiseul vers lequel nous entraîne avec générosité latroupe bruxelloise du Théâtre de Galafronie.M.G.-G.

Le plus beau village du mondeThéâtre de Galafronieà partir de 6 ansmardi 23 février 20h, mercredi 24 février 15hThéâtre Massalia, Marseille04 95 04 95 70www.theatremassalia.com

À partir de La Barbe-Bleue de CharlesPerrault et Le Château de Barbe-Bleuede Béla Bélasz, Laurence Janner créeune version attachante et profonde dece conte dont on retient toujours lecélèbre «Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?»… Au point d’en oublier lereste ! Et le reste, justement, c’est unehistoire complexe - Barbe-Bleue inter-dit à sa jeune épouse l’accès à son«petit cabinet noir», excitant ainsi sacuriosité sans pour autant la satisfaire -qui passe brusquement de la barbarieà la poésie la plus pure. Mais elle resteaccessible à tous grâce à la mise enscène qui prend petit à petit la forme d’unopéra de lumière, de couleurs etd’images.M.G.-G.

La Barbe-BleueLaurence Jannerà partir de 5 ansmercredi 20, vendredi 22, samedi 23,mercredi 27 et samedi 30 janvier14h30Badaboum théâtre, Marseille04 91 54 40 71www.badaboum-theatre.com

En s’inspirant de La grosse faim de p’titbonhomme de Pierre Delye, lachorégraphe Christine Frickerretrace le processus de fabrication dupain. Du grain de blé à la baguette lechemin est long, et la danseuseAdriana Alosi promène les grandesbottes jaunes de p’tit bonhomme augré des décors pivotants, carré depelouse fleuri, plantes colorées… Soncorps s’abandonne aux sons et auxrythmes, souligne par petites touchespoétiques l’apprentissage savant quipermet de se remplir le ventre !DO.M.

Du début à la faimCie Itinerrancesdans le cadre de Minots,marmailles & cieà partir de 3 ansmercredi 20 et samedi 23 janvier 15hThéâtre de Lenche, Marseille04 91 91 52 22www.theatredelenche.info

Bleuffant Miettes

ZinzinPremier opus de David Sire pour les petites oreilles, C’est de familleillustre avec tendresse et drôlerie les histoires des petits et des grands.Fêtes de famille interminables, fratries recomposées, chamailleriesentre frères et sœurs, élucubrations des cousins zinzins, tout esttellement vrai que David Sire fait mouche à tous les coups. Il aimefaire le clown quand les mots tintent avec la musique de son ukuléléet de sa guitare, et que son complice Pierre-Caillot-Zinzin s’emballeaux percussions ou rêve à la flûte à coulisse… En 50 minutes chrono,il peint un tableau familial coloré, vif, servi par un récit musical gai etvivant. M.G.-G.

C’est de familleDavid Siremusique à partir de 6 ansmercredi 3 février 18h30Théâtre de Nîmes04 66 36 65 00www.theatredenimes.com

Allons donc, la géopolitique servie sur un plateau aujeune public, c’est possible ? Avec Thierry Bedard, oui,qui aime raconter aux enfants l’ordre et le désordredu monde dans une histoire aux rondeurs ambiguës.Car, par le truchement d’un énorme globe qui passedes mains d’un spécialiste à celles d’un assistantmaladroit et plein de poésie, il dit le monde tel qu’ilpeut être vu -ou vécu- selon que l’on se trouve en Afri-que ou en Europe. Mais aussi l’histoire, la géographie,l’espace, le déséquilibre Nord-Sud… Derrière lescartes, les atlas et les planisphères, l’enfant découvreun monde bien plus vaste encore, la tête à l’envers. Del’autre côté du globe. M.G.-G.

Le Globe, Thierry Bedard, à partir de 8 ansmercredi 24 février 14h30 et 19h30, vendredi 26 février 20h30Théâtre de Grasse04 93 40 53 00www.theatredegrasse.comsamedi 6 mars 18h30Théâtres en Dracénie, Draguignanwww.theatresendracenie.comjeudi 11 mars 19hThéâtre d’Arles04 90 52 51 51www.theatre-arles.com

David Sire © Aymeric Warmy Janville

Du de�but a� la faim © He� le�ne Dattler

Chez Peau d’âne, ce qui plaît à Estelle Savasta, «c’estsurtout ce qui se passe sous la peau, c’est le symboleénorme de cette peau dans laquelle elle entre belleenfant en fuite, dans laquelle elle devient solitaire etcrasseuse et dont elle sort prête à aimer». De ce pas-sage à l’âge adulte, Estelle Savasta, metteur en scènede la Cie Hyppolite a mal au cœur, a composé un spec-tacle muet, habité par la présence expressive de CamilleForgerit, la douceur de l’univers sonore, le chucho-tement de l’histoire. Dans une atmosphère intime etféerique, délicate et lumineuse, Seule dans ma peau

d’âne dit la douloureuse destinée d’une jeune fille quise cogne à la mort avant de rencontrer l’amour.M.G.-G.

Seule dans ma peau d’âneCie Hyppolite a mal au cœurthéâtre à partir de 8 ansvendredi 5 février 20h30Le Carré, Sainte-Maxime04 94 56 77 77www.carreleongaumont.com

Chrysalide

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RenversantLa Barbe-Bleue ©

Badaboum the�a�tre production

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Pour plusieurs semaines CatherineGermain va endosser les habits et lemaquillage d’Arletti, personnage declown qu’elle a inventé il y a 25 ansavec François Cervantes, et qui de-puis évolue au gré des spectacles qu’ellecrée avec lui. Il lui arrive d’endosserd’autres masques, comme dans le Voya-ge de Penazar ou l’Ile. Ou même de jouerà découvert, comme dans Médée,qu’elle vient de créer avec LaurentFréchuret. Mais Arletti est son clownà elle, comme un appendice, presqueindépendant, qui vit au-dedans.Zibeline : Qu’est-ce que cela veut dire,être un clown ? Catherine Germain : C’est mettre quel-que chose de soi en lumière sur unplateau. Comme une nature profondeet poétique, un être passionné dont onvient témoigner sur scène. C’est diffi-cile à définir au-delà, cela vient peu àpeu, avec le travail, une recherche sursoi. Mais paradoxalement mon moi ydisparaît et se fond dans une chosepartageable, une sorte d’essence uni-verselle. Quelque chose de bête, ausens animal, naïf et magnifique du mot. Mais pourquoi les apparitions d’Arlettifont-elles immédiatement rire ? Quand elle arrive sur le plateau le pu-blic entre en vibration, reconnaît cettepart de moi que j’y ai mise et qui estaussi la sienne, celle que nous portonsen commun. Ce n’est pas un rire quisurgit mais le sourire sympathique decette reconnaissance primordiale. Unedilatation, qui montre que le spectateurm’a vue.

Pourquoi alors cette extravagance phy-sique du clown ?Cela a à voir avec la sauvagerie. L’exu-bérance extérieure est un signe dessentiments primordiaux qui agitentArletti, de ses antagonismes primaires,de blanc, de rouge, d’orange échevelé.Pouvez-vous nous raconter la nais-sance d’Arletti ? Oh, elle existait bien avant que je soisnée ! Mais bon, nous nous sommes ren-contrées parce que François Cervantesm’a demandé de créer un personnagequi rendrait l’humanité attachante.C’était en 1986, j’étais une jeune comé-dienne qui sortait de la rue Blanche. Lacréation fut d’abord plastique, je l’aidessinée, coloriée surtout. Et j’ai passédes heures à ne rien dire ! Mais le lan-gage des couleurs m’a aidée. Et AlbertFratellini aussi, le plus bête des troisfrères, celui que j’ai toujours préféré.Son nom m’est venu après, Arletti, com-me un son dans ma bouche, unroulement. Cervantes dit qu’un clown est un poèmesur pattes ; un désir sur pattes aussi.La Curiosité des anges premier spec-tacle de la Cie l’Entreprise, est né decette recherche menée entre Domi-nique Chevallier, Cervantes et moi,autour de la découverte d’Arletti et deZig. Comment évolue-t-elle depuis 25ans ? Est-ce que vous la travaillez ? Oui je la travaille, un peu comme unmusicien travaille son son. Il fait desgammes, mais ce n’est pas l’essentiel,l’essentiel est d’imaginer le son parti-

culier que l’on veut produire, et des’obstiner jusqu’à y parvenir. Vous présentez à la Friche deuxspectacles, le premier étant une ren-contre avec Thierry Niang, danseur. Ya-t-il un rapport entre le travail dudanseur et celui du clown ? Oui, c’est la même abstraction qui nousguide, mais animée exactement à l’op-

posé. La syntaxe est très différente,mais la langue est commune, inté-rieure, dans le corps. Quant à l’autrespectacle il est plus ancien et reposesur la rencontre entre trois clowns diffé-rents, Arletti, Zig et Boudu (BonaventureGacon ndlr). Là mon altérité n’est pasd’être un clown face à un danseur,mais d’aimer le théâtre, le jeu. Vous séparez vous parfois d’Arletty ? Jamais complètement. Même quand jejoue Médée elle m’habite. La décou-verte du clown est irrémédiable…ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNES FRESCHEL

Un amourdu 2 au 13 févrierLes Clownsdu 16 au 27 févrierThéâtre Massalia, Marseille04 95 04 95 70www.theatremassalia.com

SPECTACLESMASSALIA | FOS | BERRE | THÉÂTRE DE GRASSE VIII

L’Entreprise joue deux autres textes de François Cervantes,La Table du fond et Silence, un diptyque qui brosse un portraitémouvant d’un collégien qui aime apprendre et découvrir.Un très beau texte écrit au fond d’une salle de classe en 1996,mais qui ressemble à l’enfance de tous ceux qui aiment lire,apprendre, être seuls… Après une tournée Nomades à Ca-vaillon en partie annulée par la neige, le diptyque s’en va àGrasse…

La table du fond. Silence.les 5 et 6 févrierThéâtre de Grasse04 93 40 53 00www.theatredegrasse.com

Sur les bancs

Être un clown

Nez cessaireVous connaissez l’histoire du petit homme, pirouette, cacahuète, qui avait une drôle de maison en cartonavec des escaliers en papier… Et du facteur qui y est monté et s’est cassé le bout du nez. Mais pour fairesa tour-née il doit le retrouver, ce qui n’est pas simple du tout, surtout quand il se met à essayer celuidu caniche ou du bonhomme de neige ! Avec ses belles lunettes à volets, Nathalie Della Vedovaembarque tout le monde, dès 2 ans, jusqu’à l’heureux dénouement de ce conte drôle et inventif.DO.M.

Mon nezCie Objet sensibleà partir de 2 ansmercredi 20 janvier 10h30, 15h et 16h30mercredi 27 janvier 10h et 15hThéâtre de Fos04 42 11 01 99www.scenesetcines.fr

mercredi 3 févier 15hSalle polyvalente, Berre l’Étang04 42 10 23 60www.forumdeberre.com

Mon nez © Eric Grundmann

Portrait Arletti © C

hristophe Raynaud de Lage

La table du fond © Christophe Raynaud de Lage

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SPECTACLES IXTHÉÂTRE DE NÎMES | 3BIS F | MASSALIA | LE REVEST

On attend forcément avec exigence lesspectacles de Skappa  !, premièrecompagnie qui a remporté un Molièrepour la toute petite enfance.Aujourd’hui programmée partout dansle circuit jeune public, sa dernièrecréation n’est pas vraiment uneréussite. Étonnamment pour une compagniejeune public, la destination duspectacle est indéterminée. À quis’adresse-t-il ? Le langage scénique faitde projections colorées, de costumes/déguisements, de musique binaire,est à la fois simple dans sonvocabulaire et parfait dans saréalisation technique. Dans In 1 et 2,dans Moitié moitié, dans Uccelini, pourtout-petits, cela marche à merveille.Mais là, ce spectacle pour enfants de 8ans semble avoir oublié qu’ils neparlent ni italien ni allemand, qu’ils ne

lisent pas vite et surtout pas ce qui bouge, qu’ils ne savent pas qu’Europe est unevache… et surtout qu’ils ne peuvent encore problématiser ces 10 millions dekm2 qui s’ouvrent à l’échange économique et se ferment à l’humanité qui souffre,propos même et enjeu du spectacle. Quant aux adultes accompagnateurs, qui comprennent, ils sont vite fatigués parles procédés répétitifs et le jeu naïf des comédiens, destiné aux enfants. Dans cetentre deux personne ne se trouve… Dommage. Mais allez voir Uccelini avec vostout petits !AGNES FRESCHEL

10 millions de km2 a été joué au 3bisF du 3 au 5 décembre (Mômaix) et au théâtre Massalia du 12 au 15 janvierIl sera joué au théâtre Durance (Château-Arnoux) du 25 au 27 janvier, au Comoni (Le Revest) du 30 mars au 2 avril, à Cavaillon les 22 et 23 avril…Uccelini sera donné au théâtre Durance du 22 au 26 février04 92 64 27 34www.theatredurance.com

L’avion est là, sur la scène, prêt à emmener, Conpasaporte flamenco, les enfants pour un tour dumonde. Car oui, le flamenco est un langage devenuuniversel, que son ambassadrice d’un soir, ladanseuse Silvia Marín, va raconter à son auditoire.Spectacle didactique et participatif (des enfantsmonteront sur scène pour danser), Con Pasaporteflamenco aborde généreusement tous les aspects decet art, grâce notamment à une petite pieuvre,mascotte du spectacle, nommée Pulpitarrita. C’estgrâce à elle que s’échelonneront les explications (sestentacules illustrant les différents styles), grâce aussià un écran sur lequel sont projetés de petits filmstournés au Japon (où existent de nombreusesacadémies de flamenco !), en Espagne et enAndalousie bien sûr, berceau du flamenco. Là degrands artistes parlent de leur pratique, Sara Baras,Tomatiti, Pitingo, et expliquent les styles : jaleo, soleá,caña, polo, tanguillos, tientos… que dansent ouchantent ensuite sur scène Silvia Marín et sescomplices de la cie El flamenco vive. Le pari estréussi mais le spectacle pédagogique manque decette joyeuse spontanéité caractéristique duflamenco…DOMINIQUE MARÇON

Con Pasaporte flamenco a été créé le 9 janvier auThéâtre de Nîmes dans le cadre du festival Flamenco

Une suspension rouge, une table, troischaises pour tout décor, et la magieopère. La présence de trois acteurshyper actifs suffit à la compagnieitalienne Rodisio pour donner autableau d’une famille ordinaire un côtéjouissif et exaspérant. Cuisiner, conduire, repasser, jouer,s’engueuler, bref, coincée dans lesaléas des besognes quotidiennes, lavie de famille n’est pas un long fleuvetranquille… Pourtant tout semblait allerpour le mieux pour ce beau papasouriant, cette belle maman attentiveet cette merveilleuse petite fille, «lameilleure de tout l’univers», gymnaseintrépide lancée dans une rudecompétition. Après une introductionmusicale tonitruante et unegesticulation quelque peu outrancière,comme si la touche «accélérer» étaitrestée enfoncée sur le magnétoscope,

la pièce pétarade et tourne en boucle.Sur un fil narratif aussi mince qu’érodé,difficile de bâtir un spectacle enprofondeur ! Il ne reste plus au trio,pour que batte le cœur de la maison,qu’à aligner sourires crispés, riresforcés, moues exagérées et grimacesexpressives à un rythme infernal. Voirmême répéter une scène plus de septfois d’affilée… jusqu’à provoquer le rireou l’exaspération des spectateurs.C’est selon. D’autant que les acteursexcellent dans l’art du théâtre, de laparodie et du mime, et déploient uneénergie formidable. Mais ils finissentépuisés, et nous aussi.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Storia di une famiglia a été donné les10, 11 et 12 janvier au PôleJeunePublic,Le Revest. Il sera joué du 21 au 23janvier au théâtre Massalia, Marseille

Du nord au sud

Portrait d’unefamille ordinaireInadapté

Con pasaporte flamenco © Paco Manzano

10 millions de km2 © Christophe Loiseau

Storia di una famiglia © Stefano Vaja

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SPECTACLESX BADABOUM | SIRÈNES ET MIDI NET | LA MINOTERIE

Le Badaboum a présenté sa dernièrecréation pendant les vacances deNoël. Jonathan Bidot et Lénaïg LeTouze ont proposé une adaptationcontemporaine de la légende alle-mande qui inspira Tchaïkovski pour sonLac des cygnes. Ils ont souhaité donneraux jeunes spectateurs la possibilitéd’évoluer entre une histoire roman-tique et une aventure plus proche d’eux,afin de leur apprendre à «interpréter lessignes» de la vie et du spectacle. Ilssuperposent donc les codes du contetraditionnel, rêve et musique, princeamoureux et jeune fille pure, avec desaspects plus prosaïques, disco oureality show. Le collage est un peuinégal mais rythmé, coloré. Certainstableaux sont très réussis : la coursedu cheval blanc de Siegfried au galopen images accélérées ou l’eau du lacqui se reflète dans le rideau de fond descène, effet réalisé avec un rétropro-

jecteur, une coupe d‘eau et desencres colorées... On entre alors dansla magie intemporelle du conte. Mais leburlesque montre son nez dans lacomposition du personnage d’Odile : legrand cygne noir du conte devient unevulgaire mégère qui appelle le princehéritier «mon chaton» ! Signe destemps ?CHRIS BOURGUE

Le lac des signes a été donné du 5 au 31 décembre

De cygnes en signes

© X-D.R

Traditionnelle représentation de Sirè-nes et midi net en ce glacial premiermercredi de janvier ! Du haut d’unechaire le représentant du Ministèredes affaires inutiles déclare qu’il varemettre le Premier Palmarès des Rec-alés récompensant «le plus meilleur»des recalés des projets des Sirènes2009. Mademoiselle Bénédicte Pilchard(Agnès Pelletier plus vraie que nature),vêtue d’un strict tailleur gris, s’empres-se de traduire en esperanto gestuel,mélange succulent de gestes fantai-sistes et imagés.Commence alors un défilé totalementloufdingue de personnages maladroitsprésentant des projets mal ficelés : un«élastonaute» accueilli par des fraisesgéantes sur Mars, un petit bal offertaux pensionnaires d’une maison deretraite… Un projet voulait interdire lebruit mais était dérangé par le bourdon-nement des mouches, un autreprétendait inonder le parvis et y faireévoluer des sirènes -en fait, desmannequins rafistolés agités par lestechniciens de surface-, un autre en-core fantasmait de remplir la place deforêts vosgiennes, représentées par devieilles tapisseries au point de croixdans des cadres dorés. Plus kitsch tumeurs ! Le tout finit par le défilé d’undragon, bidouillé avec un étendage en

plastique et des balises de circulation,qui se carapate dans tous les sens !C’est le projet qui gagne, son concep-teur se déshabille de joie et tout finitpar un vin chaud bienvenu !CHRIS BOURGUE

Le Palmarès des Recalés a été donnéà midi net le 6 janvier, place de l’Opéra,par la compagnie OPUS, «phabri-cants» d’univers singuliers et le groupeVolubilis.Rendez-vous le 3 février pour Unecanopée aux accidents, compositionde eRikm, plasticien, compositeur etmusicien. Sa création acousmatiqueautour de la rumeur des cités et descampagnes s’appuiera sur la diffusiondes sirènes, qu’il qualifie de «césuresmenstruelles préliminaires à la catas-trophe».

www.lieuxpublics.com

Sirè�nes et midi net, Le Palmarè�s des recalé�s © Vincent Lucas

Comment résister, lorsqu’on est marionnettiste, à mettre en scène Othello etIago ? Le traître est l’emblème même du manipulateur, et le Maure n’est qu’unjouet entre ses mains. Pourtant Massimo Schuster lui donne son corps, et seulsles personnages secondaires de l’histoire shakespearienne apparaissent sousforme d’objets : les têtes maquillées, africaines, à peine marionnettes, marottessans articulation, sont peu expressives, et ne supportent pas l’essentiel du jeu. Quiest dans le geste. L’art de Massimo Schuster et d’Alessandra Bedino, qui campe Iago, est d’uneextrême délicatesse. Peaufinée par de longues années de travail  : tout endécalage, sans incarnation, les personnages existent entre les corps et les objetssimples ; entre une chanson de Nougaro, un Jalousy ironique et un silence émou-vant ; entre Shakespeareet cette version pleine declins d’œil sur l’actualitésociale. La tragédie élisa-béthaine devient abordablepour les enfants (bienavant 15 ans !) dans unspectacle qui repose aussisur une intimité et une éco-nomie de moyens : uneversion light mais intel-ligente, donc. Dommageque les adolescents, pourlesquels cette version estparfaitement conçue, n’aientpas été plus nombreuxdans la salle, peuplée defans vieillissants !AGNES FRESCHEL

Othello et Iagoa été joué du 7 au 10 janvier à la Minoterie, Marseille

Maure light

La barbe bleueà partir de 5 ansdu 20 au 30 janvier, mercredi et samedi 14h30 Blancheneigeà partir de 3 ans

mercredi 3, lundi 8, mardi 9, mercredi 10, jeudi 11, vendredi 12 février 14h3009 77 73 96 36www.badaboum-theatre.com

Prochainement au Badaboum

Comment briser la glace !

Othello et Iago © X-D.R

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SPECTACLES XIARLES | THÉÂTRE VITEZ | TOURSKY

La municipalité Arlésienne marque lesfestivités de fin d’année par une séried’animations intitulées Drôles deNoëls : la délirante tempête de plu-mes le soir du 24 décembre en estl’événement emblématique. À défautde neige, ce sont effectivement desnuées croissantes et tourbillonnantesde plumes mues par les souffleriesinfernales de la compagnie des Stu-dios de cirque qui se sont abattuesle soir de Noël sur la place de l’Hôtelde ville, sous le regard ébahi d’un pu-blic coiffé d’un bonnet blanc, enfantset adultes appelés à se livrer à unebataille de polochons macroscopique,sous la suggestion d’un clownblanc/Père-Noël juché sur la chapelle Sainte-Anne. Surréaliste, magique, décalé,voire dérangeant, car symbolique d’une époque où se côtoient le factice et lenaturel, le manque et l’excès, l’opulence et la crise, l’artificiel et les dérèglements

climatiques ! Fascinant pour les petitscomme pour les grands. Un avant-goût avait déjà été donnéavec une projection mêlant trompe-l’œil et illusions visuelles sur la façadede l’Hôtel de ville et concocté parl’Atelier Skertzo le soir du 19 décem-bre  : la ville de la photo et de latechnologie de l’image et dunumérique ne pouvait faire moins.Conjointement, de multiples anima-tions cirque, marionnette, chanson,magie et conte ont été proposées auxpetits : rien de mieux pour mettre uneville en fête ! P-A HOYET

Drôles de Noëls s’est déroulé à Arlesdu 19 au 24 décembre

Noël déplumant

© X-D.R

Depuis 30 ans le Footsbarn Travelling Theatre arpente les scènes et les pisteset l’on attendait avec plaisir, malgré la petite déception ressentie lors de leurdernière création L’Homme qui rit, ce projet pharaonesque invité par le théâtreToursky. Il s’agissait de réunir trois troupes, des chevaux, un tracteur, desmusiciens, des acrobates et des clowns, des danseuses flamenco, pour voircomment ces mondes se parta-geaient la piste. Hélas Sorry  ! nemarche pas. Une fois encore pardéfaut d’écriture : mettre des gensensemble, même (surtout ?) avec desmoyens techniques importants, suffitrarement à faire un spectacle. Mais leplus étonnant n’est pas cette absencede propos, mais le manque detechnique des interprètes : l’écuyèrefait tomber ses poignards au premier

jonglage, le baryton chante horriblement faux, les danseuses flamenco sontridicules, et les clowns ne sont pas drôles. Bref on s’ennuie ferme. Même lesenfants. Et la salle, très enjouée pourtant au départ, venue passer un bon momentde fête, se vide de plus en plus vite. Un vrai ratage ! AGNES FRESCHEL

Sorry !a été joué au théâtre Tourskyles 7 et 8 janvier

Une centaine d’enfants ont eu le privilège d’assisterà une représentation réjouissante au théâtre Vitez.Le lieu prête son plateau et son assistance techniqueaux troupes choisies par la ville pour donner desspectacles aux jeunes scolaires. Ceci dans le cadrede l’Enseignement artistique et culturel mis enplace par la municipalité d’Aix pour la troisièmeannée. Il s’agit d’un projet mené en partenariat avecl’Éducation nationale, qui touche environ 4000 élèvespar an. Les domaines abordés vont des arts visuelsau théâtre et à la danse, en passant par la BD, lecirque, l’art lyrique, la littérature. Chaque projet a troisaxes : conférences pour les enseignants, ateliers pourles enfants, spectacles ou visites pour les classes.Tu m’écoutes ? était proposé par Dédrid’arts,compagnie aixoise. Il s’agit d’un montage de textes

tirés de Histoires pressées de Bernard Friot, auteurprolifique pour la jeunesse. Les saynettessont des instants de vie ou de rêve qui sesuccèdent sur un rythme soutenu, mettanten scène les enfants qui se retouvent dansles histoires de Mathias, Benjamin ouMarie, ceux qui rêvent le jour ou qui fontpipi au lit... Chapeaux et accessoiressimples occupent le devant de la scèneet les deux comédiennes (JudithArsenault et Magali Jacquot) ypuisent tour à tour les éléments qui lestransforment. La mise en scène deJeanne Béziers est à la fois sobre etpleine de trouvailles. Un joli travail !CHRIS BOURGUE

Tu m’écoutes ? a été joué au théâtre Vitez

le 12 janvier à l’issue d’une résidenced’une semaine

Vraiment désolée !

Sorry © E�milie Pe�cunia

Vies rêvées en kaléïdoscope

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GTP | OPÉRA DE MARSEILLESPECTACLESXII

Massenet, à la mort de Bizet en 1875, est le seul héri-tier de l’opéra romantique de Berlioz et Gounod. Sonœuvre riche de près de 25 ouvrages a survécu grâceà Manon et Werther et, depuis une trentaine d’an-nées, retrouve les feux de la rampe avec Thaïs, DonQuichotte ou… Cendrillon ! C’est ce «Conte féeri-que», dans une production ingénieuse venue du Québec,qu’a proposé l’Opéra de Marseillepour les fêtes de fin d’année. Loin des zim-boum-boum affichés encette période, l’opus allie avec bon-heur une gaieté de circonstance, dumerveilleux et une sentimentalité rete-nue. Il ne faut pas se fier à son apparentelégèreté : Cendrillonn’est pas un opé-ra bouffe ! Son langage emprunte àl’opéra comique son foisonnement dansles dialogues et les contrepoints instru-mentaux, une orchestration claire, ainsiqu’au grand-opéra son chant continu,ses élans lyriques… Les deux casse-têtes de l’ouvrage -mise en scène et distribution - ont été

habilement résolus. Renaud Doucet et AndréBarbe dressent des tableaux fantaisistes, imaginentdes pantomimes peuplées de libellules etd’araignées, de gags, jongleries et clins d’œil, balletsde «Messieurs propres», mariachis ou «Tontons flin-gueurs»… une cuisine années 50, rose-bonbon, avecfrigo et cuisinière fantasmagoriques, une TV géante

d’où surgit la bonne Fée et ses coloratures aériennes(Liliana Faraon), un cabaret où concourent d’appren-ties ménagères décidées à séduire un prince certescharmant mais dépressif, un drive-in aux bagnolesénormes d’où le couple improbable rêve aux imagesprojetées du mariage de Grace et Rainier de Monaco…Dans son rôle écrasant, Julie Boulianne réussit à

amarrer des aigus brillants à unmédium jeune et solide, explorer aussiles angoisses de l’orpheline. À sescôtés, Frédéric Antoun, ténor légeret clair (préféré au travesti originel),Marie-Ange Todorovitch, marâtrepuissante et burlesque, et FrançoisLe Roux, père drôle et tendre, ontcontribué à la réussite d’un spectaclequi doit aussi beaucoup à la directionexperte de Cyril Diederich. JACQUES FRESCHEL

Cendrillon a été donné à l’Opéra deMarseille du 23 au 31 décembre

Souillon de gala

Cendrillon © Christian Dresse 2009 Marseille

Celui qui a inventé la danse contemporaine n’est plusmais ses œuvres perdurent, toujours aussi musicalesdans leur principe compositionnel, qui est combi-natoire et non narratif ou thématique. À la manière dulive electronic, le nouveau directeur musical TakehisaKosugi diffuse sa pièce Squaregame en temps réel,rythmant la chorégraphie mise en scène sur unsemblant de terrain de sport où se croisent et s’entre-mêlent de manière très conceptuelle danseurs etsacs de marine rembourrés. Plus étonnante est lacollaboration de la troupe avec le groupe de rockbritannique Radiohead et l’expérimental islandaisSigur Ros pour le ballet Split Sides. Outre la notionde hasard, élément de création élevé au premier plan,Cunningham fait exploser l’espace, ou plus exac-tement l’investit totalement, en trois dimensions, etconsidère le geste de danseur pour lui-même, abstrai-tement. Un spectacle emblématique d’une esthétiquequi a révolutionné le XXe siècle. F.I.

Une élève nous livre ses impressionsTout le monde n’a pas la chance d’assister au spec-tacle surprenant de la compagnie américaine deCunningham. Nous nous sommes rendus à Aix enProvence avec l’option Histoire des arts du lycéeVictor Hugo. Avec l’équipe d’enseignants, nous avonspu assister au spectacle en direct, émerveillés parcette partition créée par celui qui avait compris qu’onpouvait dépasser les limites et l’imagination dans un

monde artistique en plein renouveau. Associé pen-dant un demi-siècle au compositeur John Cage pourformer LE couple de l’avant-garde du second XXe siècle,le maitre à danser continue d’habiter la mémoire dela compagnie qu’il a créée et à qui il a donné pendantchacune de ses pièces depuis 1953. 14 danseurs quiaujourd’hui diffusent son répertoire.Lorsque j’ai entendu parler de Merce Cunninghampour la première fois c’était avec mon professeur demusique. Le fait qu’il ait évoqué la mort de cethomme et tout ce qu’il a accompli m’a immédiate-ment séduite : rencontrer la troupe fut donc uneexpérience formidable. Ce qui m’a le plus surprise futle tirage au sort effectué en direct sur scène par des

spectateurs, car justement lechoix des mouvements, descostumes, des décors, de lamusique ainsi que l’éclairageest défini par le hasard, unsimple jeté de dés, l’une descomposantes favorites duchorégraphe. Cependant cespectacle était tout nouveaupour moi, abstrait et presqueinattendu. Les jeux de lu-mières de James F. Ingallsdonnaient l’impression quetout était mouvement surscène, insufflant au ballet uneincroyable modernité. SONIA MOHAMED YOUSSOUF,

ÉLÈVE EN TERMINALE HISTOIRE

DES ARTS AU LYCÉE VICTOR

HUGO, MARSEILLE

Du 17 au 19 décembre le Grand Théâtre de Provence a accueilli la MerceCunningham Dance Company du génial chorégraphe américain, disparu en juillet à 90 ans

Tout est mouvement

Split Sides © Tony Dougherty

Squaregame © C. Atlas

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CONCERTS D’AIX | THÉÂTRE COMŒDIA | GTP SPECTACLES XIII

La magie des contes réside toujours dans le fait qu’ilsnous captivent avec des ficelles que l’on pouvaitcroire usées, des trames ravaudées à l’extrême…Malgré ses quelques 345 versions, le conte n’en apas fini de nous étonner  ! L’interprétation de lacompagnie Interlude en a donné la pleinedémonstration à un public conquis au Jeu de Paumed’Aix, le 12 décembre. Les acteurs chanteurs, quiinterprétaient souvent deux personnages, ontemporté les suffrages, tant par la maîtrise de leurchant que par la drôlerie (parfois trop appuyée ?) deleur jeu : une Cendrillon, toute de fraîcheur et defausse ingénuité (Eleonora de la Pena) marivaudantavec un prince chanté par Bertrand Bettino et jouéavec humour par Romain Boccheciampe,marionnette désarticulée, stéréotype du prince

d’opérette ; des sœurs tordantes, aux intonations etallures discordantes Monique Borrelli (sopranocoloratur) et Bertrand Bettino (ténor)  ; unemarraine la fée sortie d’une affiche d’Aristide Bruantavec son porte-cigarettes et ses poses de cabaret ;un secrétaire particulier du prince qui dans la pluspure tradition du théâtre a pris la place de son maîtreà la recherche de l’amour véritable… qui bien sûrtriomphe ! Les joyeux arrangements de Jean François Héron,le librettiste qui a compilé les musiques de NicolasIsouard, Gioacchino Rossini, Pauline Viardot etJules Massenet, (excusez du peu !) contribuaientau succès mérité de cet opéra-conte, mis en scèneavec bonheur par Julien di Tommaso. Un régal defin d’année ! MARYVONNE COLOMBANI

Cendrillon(s) a été donné le 12 décembre au théâtredu Jeu de Paume à Aix. Une programmation desConcerts d’Aix

Cendrillon et ses doubles

Jean-Marie Sevolker mène, parallèlement à sa charge de professeur de chant au Conservatoire de Marseille,une carrière de chanteur metteur en scène. Il affirme avec humour que si l’opérette Passionnément deMessager n’est jamais jouée, c’est à cause de ses qualités soporifiques ! Quel pari curieux de vouloir monterun tel spectacle pensez-vous donc ? Détrompez-vous ! On a eu le plaisir de découvrir au Comoedia d’Aubagnela version modernisée par Franck Pantin (piano), aux accents jazz, bossa nova, bourrée d’allusions à Clocloet Ray Charles, de clins d’œil à l’actualité, réadaptée dans la pure tradition de l’opérette. Le thème, usé jusqu’au-delà de la trame, est celui d’un Arnolphe américain, M. Stevenson, qui veut se garderdu cocuage par une femme trop jolie qui bien sûr… là-dessus, des histoires de yacht, de terres incultes maispromettant d’immenses ressources pétrolières… Argument léger, mais remarquablement servi. Les voix sontjustes, placées, les chanteurs savent danser, occuper l’espace avec aisance. Le spectacle est emporté par unbon rythme. Le jeune premier, Grégory Juppin, qui a repris le rôle une semaine avant le spectacle et le tientbien ! Les chanteurs s’en donnent à cœur joie et Sevolker, en américain converti au champagne, signe unebelle représentation.MARYVONNE COLOMBANI

Passionnément a été donné au théâtre Comoedia à Aubagne le 10 janvier

Passion d’opérette

© X-D.R

Cendrillon(s) © X-D.R

Des silhouettes passent dans le clair obscur, lespersonnages portent des valises, marchent, pressésou alanguis, courent pour rattraper un train invisible,bavardent, certains semblent arrivés à destination,d’autres, investis de missions importantes accélèrentl’allure … un air d’accordéon entreen scène, donne une épaisseur àce mouvement, un nouveau sens.Il y a quelque chose de Felliniendans cet assemblage où lequotidien s’emballe en une rondefolle… On voit même un chefd’orchestre qui dirige avec ferveurles pupitres entassés dans unecaisse qu’il tire en laisse  ! Unefemme escargot glisse sur unskate… les valises s’entassent.Monsieur les range, aidé par Pedroson valet de pied et John-John, sonmajordome (d’une force comiqueahurissante)… effondrementsmultiples, une valise s’ouvre, cris… En fait les cris sortent de la valise.

Chacune contient les bruits que Monsieur, chasseurde son, a rassemblés. Il en cherche un, bien sûrintrouvable… Ces moments créés sont autant debulles poétiques qui s’acharnent à survivre dans unmonde qui a rempli tant de valises par ses crimes,

ses pleurs, ses désespoirs. Bulles parfois si drôlesavec leurs monstres de cirque (des corps travaillés àcœur !), et le chef qui se transforme en bonimenteurde cabaret  ! Tout cependant se résout dans lamusique, comme l’annonce la profession de foi du

violoncelliste. Les ritournelles désaxéesévoquent une mémoire enfouie et lesarchets tirent du corps des instruments,des pieds des pupitres, un univers danslequel un espoir existe encore, porté parles derniers monstres que sont les poètes.Un spectacle magique, à la fois douloureuxet farfelu, dont enfants et adultes ont dumal à s’extraire. MARYVONNE COLOMBANI

Le Cabaret des valises, mis en scène par Bernard Kudlak, musique de Raoul Lay, a été joué au Grand théâtre de Provence le 15 janvier

Donnez la parole aux poètes !

© Agnès Mellon

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ARTS VISUELS FOTOKINO | CITÉ DU LIVRE | ABD GASTON DEFFERREXIV

Deux raisons plutôt qu’une desuivre l’actualité de Fotokino ence début d’année avec un nou-vel accrochage dans sa Vitrineet le 5ème rendez-vous du Petitcinéma. C’est à Renaud Perrin qu’ilrevient d’ouvrir le bal. Ce tou-che-à-tout formé aux Artsdécoratifs de Strasbourg etinstallé actuellement àMarseille rassemble dans sonexposition Petites formes -grandes formes des linogravuresrécentes à tirage limité, dévoilantainsi son talent d’auteur-illus-trateur. Scénographe, réalisateurde décors, de costumes dethéâtre et de films d’anima-tion, on lui doit aussi desillustrations d’articles de presse et de nombreux albums jeunesse : Repassage(Les Oiseaux de Passage), Les petits mots d’Alfonso (Albin Michel jeunesse), Lesfleurs d’Alexandrie (Actes Sud Junior), De fil en aiguille (Thierry Magnier). Côté cinéma, Harold Lloyd est à l’honneur avec trois courts métrages de HalRoach, Fred Newmeyer et Sam Taylor : reconnaissable entre tous par ses lunettesd’écaille, il est avec Charlie Chaplin et Buster Keaton l’un des must du cinémacomique muet américain. Les enfants vont adorer son personnage loufoque etcasse-cou dans Oh, la belle voiture !, Viré à l’Ouest ! et Voyage au paradis. Avant laséance, ils pourront réaliser de petits flip-books -ou folioscopes- dans lesquelsleurs personnages s’animeront au fil des cascades, pirouettes et autres acrobatiesinventées.M.G.-G.

Petites formes – grandes formesRenaud Perrindu mercredi au samedi de 15h à 19hjusqu’au 13 févrierFotokino - La Vitrine, Marseille09 50 38 41 68www.fotokino.org

Trois (més)aventures de Harold Lloydà partir de 5 ansmercredi 3 févrieratelier au pied de l’écran à 9h, projection à 10hCinéma Les Variétés, Marseille04 96 11 61 61

InventifLa plongée dans l’univers coloré dudesigner japonais Katsumi Komagataopère comme un bain de jouvence !Kakimonos battant l’air, livres-paraventsen bois posés au sol, livres en libreservice sur des pupitres translucides,dessins et livres-tableaux accrochés aumur : à la galerie Zola, les différentesfacettes de son travail graphique apparais-sent de manière claire et pédagogique.L’association Les Trois ourses,conceptrice de l’exposition 1, 2, 3…Komagata, a même privilégié un es-pace dessiné par des futons, à l’écartdu passage, idéal pour lire et cares-ser les ouvrages tranquillement.Car c’est là toute l’originalité duprojet que d’offrir aux lecteurs deslivres-objets tactiles : chacun -et passeulement les enfants auxquels ils sontdestinés- peut se les réapproprier grâceaux jaquettes en PVC, aux couverturescartonnées et aux pages translucides.Tous se plient et se déplient à l’envi,faisant apparaître et disparaître leurscouleurs chatoyantes, leurs lignesgraphiques et simples, les déliés et lespleins et leurs histoires enfantines.C’est un jeu, entre l’enfant et le livre,entre l’enfant et l’adulte, que Komagataa imaginé à la naissance de sa fille puisdéveloppé via sa maison d’édition, OneStroke, à Tokyo. D’ailleurs, une réalisa-tion vidéo montre la méticulosité requisepour assembler les pop-up et ladextérité des japonais passés maîtresdans l’art du pliage… En regard, unpérimètre révèle les travaux des élèves

del’École d’art d’Aixissus d’un workshop avecKomagata, le sérigraphe Jean-PaulPortes, les plasticiens Clément Vialet Laurence Lagier. Sur le thème «Lelivre un objet qui se déploie», ils ont sus’affranchir de ses histoires (un livrepour endormir les bébés, l’autre pourréveiller les poissons…) et développerdes propos moins naïfs. Plus acidulés…MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

1, 2, 3… Komagatajusqu’au 30 janvierCité du livre - bibliothèqueMéjanes, Aix04 42 91 98 88www.citedulivre-aix.com

Une imagerie radieuse

BestialLe dessinateur et illustrateur Tomi Ungerer a le sens du paradoxe et de l’absurde :si son terrain de prédilection est le monde animal, c’est pour mieux traquer la naturehumaine ! D’ailleurs, les enfants en raffolent. Mais son œuvre est plus vaste encorecomme le montre l’exposition de la bibliothèque départementale Gaston Defferre, Lesingulier bestiaire de Tomi Ungerer, qui rassemble une centaine de collages,dessins classiques et satiriques, affichespublicitaires, illustrations de livres pourenfants, sculptures. Grâce aux ateliersréalisés par Fotokino, les enfants (4-6ans) et le public familial (dès 7 ans)pourront s’armer de ciseaux, de crayonset «d’une bonne pincée d’humour» pourpénétrer son univers inclassable.M.G.-G.

Le singulier bestiaire de Tomi Ungererexposition du 21 janvier au 23 avrilateliers samedis 23 janvier, 6 février, 9 février 15h, mercredis 3 et 10 février 14hvisites commentées pour les enfantsmardis et mercredis 14h et 15hABD Gaston Defferre, Marseille04 91 08 61 00 D

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XV LIVRES/DISQUES

Les éditions Plume de carotte, créées en 2001 àToulouse, ont une ligne éditoriale originale: ellesproposent des livres pédagogiques dont la fabricationrespecte l’environnement (papiers, encres végétales,limitation des transports). C’est la première maisond’édition française à bénéficier du label qualitéenvironnementale».Les ouvrages enfants sont particulièrement inventifset attractifs. Ainsi la collection La botanique, c’estaussi pour les tout-petits propose de découvrir Lejardin potager et celui d’agréments. Les dessins deDanièle Schulthess sont très précis et permettentde reconnaître infailliblement légumes, fleurs, oiseauxet insectes les plus courants. Ainsi l’enfant, en mêmetemps qu’il découvre la nature domestiquée quil’entoure, apprend les noms, s’initie au rythme dessaisons. Chaque page est une découverte de larichesse et de la diversité du monde. L’album Le jardin des couleurs distingue à travers lesfleurs les couleurs primaires des secondaires,propose de les mélanger et d’expérimenter l’infinité des palettes. Ces deux livres ont été respectivementréalisés avec l’aide du Jardin du Roi de Versailles et

celui de Claude Monet à Giverny et proposent,pour l’un, des adresses de jardins remarquablesà visiter et pour l’autre une présentation despeintres coloristes français les plus célèbres. CHRIS BOURGUE

Au jardin potageret Au jardin descouleursDessins DanièleSchulthess, texte FrédéricLisakdès 4 ans Éd. Plume de carotte, 12 euros

Il fut un temps où les chorégraphies d’AngelinPreljocaj respiraient la chair, exsudaient ses liquides,sa sueur, et faisaient vibrer l’air de la chaleur despeaux. Aujourd’hui autre chose est à l’œuvre dans sadanse, toujours aussi glacée mais observant lescorps et non la chair, le désir et non le sexe. Ladanse y prend corps en images sublimées,puisant dans l’histoire, la mémoire, lefantasme, la fantaisie et ses fables. Plonger dans les contes pour écrire ce quirestera sans doute un classique est doncl’aboutissement logique de son parcoursesthétique - tout comme, à l’autre bout,l’introspection littéraire qu’il entreprend avecson solo sur Genet. Tout aussi logiquement, lechorégraphe de la mémoire prend la camérapour fixer l’œuvre définitivement. Angelin Preljocaj a toujours filmé ; lorsqu’il étaità Châteauvallon il y a plus de 20 ans il a produitdes courts métrages, et depuis a tourné une magni-fique version de son plus beau duo, Annonciation.Avec Blanche Neige (90mn) il donne l’exemplede ce que peut être un spectacle filmé, exercicepérilleux : loin de la captation neutre, ses angles etses cadres sont choisis, et le montage, extrêmementmusical, suit et harmonise les mouvements desdanseurs et les élans de Mahler. Sans démonstrationcependant, de façon à garder sans cesse l’idée del’œil du spectateur, il s’approche, choisit, changed’angle, s’envole une fois… mais sort rarement ducadre de scène.

On a donc l’impression d’assister au spectacle dansun fauteuil privilégié, qui pourrait par instantsavancer plus près des corps. Les costumes de Jean-

Paul Gaultier, sculpturaux, baroques, contrastés etpourtant fluides comme il est nécessaire, souffrentseuls de ces focalisations qui transforment leurs filsdiscrets en ficelles visibles. Mais la danse y gagne, Nagisa Shirai et Sergio Diaz rayonnent, et les innom-brables morceaux de bravoure -le ballet vertical desnains, l’attaque de la belle mère, le duo du réveil- sontautant de moments d’émerveillement. À la portéedes enfants, s’ils ne sont pas trop contaminés par lezapping, et à la mesure de vos mémoires si voussavez encore combien les contes vous ont effrayés.Et combien l’amour qui naît, l’enfant qui vient, le cœurqui bat au fond des forêts, les cerfs qui brament, letissu que l’on frotte et la pomme que l’on désirepeuvent rougir le front des jeunes filles, blanchescomme neige.AGNES FRESCHEL

Blanche NeigeAngelin PreljocajMK2 éditions, 19,99 eurosdiffusion réseau Fnac à partir du 22 janvier et sur commande sur le sitehttp://www.preljocaj.com

Pédago, écolo, coloré

Blanche comme sang

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