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Entreprises et territoires à l’œuvre

Supplément Zibeline MP 2013

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Actualité Marseille 2013

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Entreprises et territoires

à l’œuvre

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Vous êtes à la fois Président de la Capitale Culturelle et dela Chambre de Commerce, ce qui est une double positionpeu commune. Unique même. Comment expliquez-vouscette exception ?Quand j’ai pris la présidence de la CCIMP en 2004/2005,il y avait déjà un groupe de chefs d’entreprise qui avaitenvie de culture. Et qui pensait aussi, pragmatiquement,qu’utiliser le levier culturel pour obtenir des résultats éco-nomiques était efficace. Par ailleurs, lorsque Jean-ClaudeGaudin a pris la décision de présenter la candidature deMarseille, il a pensé que cela devait être une candidaturenon de Marseille mais de Marseille-Provence, et il m’aproposé de présider le comité de candidature.

Qu’attendait-il de cette présidence inhabituelle ? D’une part elle représentait, je pense, une neutralité poli-tique dans un territoire où la droite et la gauche cohabitent,et d’autre part la CCIMP travaillait déjà sur l’ensemble dece territoire Marseille-Provence qu’il voulait pour la Capi-tale. Même si la Chambre de Commerce d’Arles s’ajoutaitau territoire. Puis lorsque Bernard Latarjet a été choisi, également parla Ville, pour diriger la candidature, il a été très sensible àla forte implication des acteurs économiques, à ce quenous avions à proposer, en particulier les Ateliers de l’Euro-Méditerranée, qui faisaient entrer les artistes dans lesentreprises. Avec Bernard Latarjet nous avons introduitdes méthodes de collaboration, et de conquête : il fallaitmontrer une cohésion forte. Nous y sommes parvenus,notre candidature présentait « un équilibre harmonieux

entre projet culturel,  finances publiques et contributiondes entreprises», selon Robert Scott.

Et vous avez donc continué. Tout le monde a considéré que le comité de candidatureavait été efficace, et qu’il s’agissait de conserver les équipes.Je suis donc devenu président du Conseil d’adminis-tration de la Capitale.

Votre rôle a-t-il changé ? J’ai dû veiller à ce que la programmation soit en harmonieavec les territoires. Le partage n’a pas été facile, et toutesles attentes n’ont pas été comblées ! Ma présidence s’estfocalisée sur la cohésion du CA, et la prise en compte dubudget. Je reste bien sûr très en retrait, tout comme lescollectivités, sur la programmation. Ce qui n’est pas nonplus facile ! Mon rôle, comme président de la CCI, estaussi de soutenir l’organisation économique de l’événe-ment. L’hôtellerie, les transports, les commerces doiventêtre à la hauteur de l’enjeu, et nous y travaillons avec lescollectivités concernées. Le dernier volet de notre participation c’est les Ateliers. Onétait parti sur 150 ateliers, mais c’est plus compliqué dansla mise en œuvre que ce qu’on avait imaginé. Dès qu’onrentre dans une négociation contractuelle, il faut penseraux droits, aux problèmes de faisabilité, et trouver desartistes qui veulent entrer dans le projet des entreprises.On en aura sans doute une soixantaine, ce qui est déjàconsidérable.

Est-ce que les entreprises y trouvent leur compte auniveau de leur désir d’art, et de la visibilité de leurparticipation ? Ce n’est pas le problème. Il y a eu beaucoup de demandeau niveau des entreprises, et une certaine pénurie d’offresartistiques, parce que trouver 150 artistes qui puissentavoir des projets contractualisables avec des entreprisesest compliqué.

Et avez-vous des retours sur expérience, sur les effetsproduits dans les entreprises par la présence des artistes ?Il faudra faire un bilan, précis. Pour l’heure je ne peux vousdire que des généralités en la matière : ça crée un vraitrouble positif, un effet considérable de communicationinterne, de communion même parfois autour de l’artiste.Mais il faudra le mesurer exactement.

Est-ce que ce mode de création artistique va perdurer au-delà de la Capitale ? C’est difficile à dire. L’organisation de la production pourra-t-elle rester à ce niveau ? Cela dépend aussi de la volontépolitique. Pour l’instant il n’y a pas de réflexion sur lesstructures nécessaires, mais ça peut venir assez vite, et onest plutôt demandeurs !

L’art et l’entrepriseEn cette phase de préparation de l’année Capitale, artistes et entreprises, privées et publiques, semblent apprendre à se connaître, à s’accueillir. Dans un contexte économique pourtant difficile, et un climat politique tendu. Le double président Jacques Pfister nous explique cet apparent paradoxe…

Jacques Pfister © Agnès Mellon

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Supplément gratuit de Zibeline n°52

Edité en 21000 exemplaires

Sur papier recyclé

Imprimé par Rotimpres

17181 Aiguaviva (Esp.)

Directrice commercialeVéronique Linais

[email protected]

06 63 70 64 18

Directrice de publication Agnès Freschel

RédacteursAgnès Freschel

Marie Godfrin-Guidicelli

Gaëlle Cloarec

Delphine Michelangeli

Maryvonne Colombani

MaquettePhilippe Perotti

CouvertureCCIMP

© Agnès Mellon

Zibeline 76 avenue de la Panouse n°11

13009 Marseille

Dépôt légal janvier 2008

Les Ateliers del’EuroMéditerranéese poursuivent et se multiplient (p 9, 11, 13 à 23), les Actions deParticipation Citoyennemettent en place leurscollectes et leursmodalités (p 4, 5, 7), les Nouveauxcommanditaires et Quartiers créatifstransforment nos usa-ges en ancrant nospaysages réels dansun imaginaire artistique(p 7 à 11). À l’hôpital, à La Friche, nombred’entreprises, d’admi-nistrations publiques,dans la plupart des territoires, la Capitale Culturelleprend ses marques et tisse un réseaud’actions prépa-ratoires. Ouverture le 12 01 2013…

Mais pourquoi, au fond, investir dans laculture ? C’est une respiration, dans les boîtes, dese dire qu’on fait autre chose que du chiffred’affaires. La candidature est arrivée enmême temps que certaines études sur lesretombées économiques, qui avaientmontré qu’un développement culturel étaitfacile à mettre en œuvre, et générait defortes retombées économiques, de l’ordrede six euros pour un euro investi. Un autrelevier est le rayonnement, sur le long terme,de Marseille-Provence  : la qualité d’unterritoire perdure après l’événement. Nousallons montrer à l’Europe entière que noussommes attractifs, et capables d’accom-pagner des expositions internationalesd’envergure, dans le respect des budgets.Et le MuCEM, la façade maritime, tout cequi se construit actuellement, nous le gar-derons aussi en héritage.

Les entreprises attendent-elles aussi desretombées en termes humains ? Oui, la plupart des visiteurs viendront duterritoire même, et les premiers béné-ficiaires seront les citoyens. Il faut parvenir àune mobilisation populaire, c’est très im-portant pour le « moral des troupes » etdonc, bien sûr, c’est primordial pour nous.

Est-ce que vous faites une différence entreune attractivité générée par un événementculturel, et celle d’un événement sportif ? Bien sûr. Un événement sportif est le mêmepartout. Là, il est question de ce qu’on est.Le Sud, avec une tradition d’accueil. «Mar-seille accueille le monde», le premier tempsde la Capitale, n’est pas un message con-sensuel, mais une signature. La coupe defoot génère aussi du chiffre, mais le rayon-nement n’est pas du même ordre. Bien sûren tant qu’entrepreneurs on veut du specta-culaire, de l’événementiel, faire venir des gens,mais par exemple on comprend qu’il fautaussi des choses plus intimistes, tournéesvers les cultures méditerranéennes, ou quiapportent une dimension de solidarité. Toutce qu’un événement sportif ne génère pas.

Pour ce qui est de la participation desentreprises, où en est la collecte des fonds ? On est en phase avec les objectifs. On avaitprévu 15 millions, on les aura, on lesdépassera même sans doute. Les grandspartenaires, les mécènes des grandsprojets, sont trouvés. Plus difficile, mais plussymbolique aussi, est d’impliquer les PME,pour qu’elles soient fières de participer. Làc’est le nombre qui compte, la mobilisation,plus que l’argent que cela apporte.

Le mécénat culturel se porte pourtant malà l’échelle nationale. Est-ce que la capitaleculturelle préserve le territoire de cedésengagement qu’on constate ailleurs ?La qualité du projet, de son organisation, apermis d’atteindre les objectifs. Est-ce quecela restera, je n’en suis pas sûr. Les gran-des entreprises se détournent du mécénatculturel, elles pensent, très logiquement, àleurs intérêts : les banquiers visent le hautde gamme, parce que cela correspond àleur clientèle préférée, et que les petitesgens sont source d’ennuis pour eux. LaPoste, Orange, se portent vers le mécénatsocial : ils pensent, en contexte de crise,que c’est mieux pour leur communicationinterne, vis-à-vis de leurs employés, et pourleur image.

Pourquoi votre Chambre de Commerceagit-elle autrement, alors ? Pourquoi orga-niser un concours artistique, constituer unfonds, soutenir Mécènes du Sud, accueillirdes colloques sur l’art contemporain ?C’est une tradition de cette maison. Lesmurs sont couverts de tableaux qui sont lamémoire du port, du commerce maritime.Nous sommes la seule chambre de com-merce à avoir une direction du patrimoine.Le monde économique a intégré, ici, danssa façon de voir la vie, la culture comme unplaisir. Mais aussi comme un intérêt biencompris !ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

ET GAËLLE CLOAREC

Déjà Capitale !

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Les Chercheurs de Midi

D’où vous vient cette idée de récolter les photos de nostiroirs ?De l’envie d’amener les gens à avoir une parole, et à lamettre en valeur. Généralement les formes des amateursne sont pas mises en scène comme les professionnelles.Or je pense que l’espace qu’on accorde aux choses faitque le regard ne se pose pas avec la même qualité. C’estpourquoi j’ai choisi la photo, parce que c’est sans doutela pratique artistique la plus répandue, quotidienne. Quece soit la photo de famille, vernaculaire, la photo d’identité,utilitaire, ou celles où le photographe cherche volontai-rement à capter une beauté, une incongruité…Que voulez-vous apporter, ou faire voir, par cette collecte ?Le projet n’est pas spécialement innovant dans son concept,même s’il est exceptionnel à cette échelle. Nous venonsà peine de lancer l’appel à participation et nous avons déjàplusieurs centaines de photos, que nous avons commen-cé à classer. Mais quel midi cherchez-vous ?MP2013 travaille beaucoup sur les identités, sur laMéditerranée, la circulation. Cette action s’attache plutôt

à ce qui nous réunit, la méridionalité. À la notion de recher-che, aussi. Ces photos racontent une histoire communedont nous n’avons pas tout à fait conscience. Certainessont trouvées, à Emmaüs, d’autres sont des souvenirs de

Le 26 mars Marseille Provence2013 a lancé une vaste collectephotographique, ouverte à tous.Dans quel but ? Rien moins quetrouver le midi ! Jean-PierreMoulères, responsable du projet,nous explique sa démarche.

Le Site des Chercheurs de Midi

www.mp2013.fr/chercheursdemidi

Le chariot m

agique, 23 juin 2011, Marseille, collection Paysages, série Petits com

merces © Pierre P. Heimbay

Ce petit chemin, printemps 1962, Campagne Aixoise, collection Usage, série Pique-nique © X-D.R

ACTIONS DE PARTICIPATION

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RepèresL’appel à candidature des Classescorrespondantes est lancé par le Clemi, et les inscriptions serontreçues jusqu’au 15 juin 2012 [email protected] sélection des Classescorrespondantes se fera en fin juin,l’accompagnement débutera enseptembre 2012 et les chroniquesseront publiées tout au long de l’année2013Les Classes pigistes pourront intégrerle processus tout au long de l’année.

Le CLEMILe Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information, qui existeen France depuis 1983, a pour missionde favoriser une pratique citoyenne dela presse par les élèves, et deconstituer un centre de ressourcespour les enseignants. Dans chaqueAcadémie les antennes du CLEMIorganisent des projets médias, la Semaine de la Presse, le Concoursdes journaux lycéens…www.clemi.ac-aix-marseille.fr

LE RAVI Mensuel satirique, le Ravi est un journalindépendant qui enquête, propose un regard acerbe et jamais convenusur la vie politique, sociale et culturellede la Région PACA. Il aime s’illustrer dedessins de presse et s’intitulersatirique, mais est de fait d’une granderigueur dans ses enquêtes exclusivesmensuelles, ses émissions politiquessur Radio Grenouille, et ses débatspublics organisés régulièrement.www.leravi.org

ZIBELINEMensuel culturel en région PACA,Zibeline est un gratuit indépendantdistribué à 30000 exemplaires, dansun esprit de partage de la vie culturelle,et de réflexion sur les enjeuxpolitiques, esthétiques et sociaux de la culture qui se fabrique ici, et de celle qui y passe.www.journalzibeline.fr

famille. Des paysages que tous les habitantsd’ici connaissent. Des visages qui pourraientêtre ceux de toutes les généalogies. Desusages qui sont ceux que nous partageons.Un en-commun ?Oui, du Sud, de la mer et des terres. Plutôtdiurne et ensoleillé, de midi, même si nousavons déjà une magnifique photo de nuit. Unalbum des possibles joies, construit sur desnostalgies qui sont des nourritures.Le midi veut dire cela, la joie ?Oui tout à fait… Il ne s’agit pas de photo-documentaire mais de ce que l’on seraconte, de ce que l’on veut montrer et garderde soi. Pour tenir droit.Et que ferez-vous de ces photos ?La collecte qui était un moyen est devenuenotre objet même ! Je me suis replongé dansla Chambre Claire de Roland Barthes, qui ditsi bien comment l’image familière noustouche. Dans Penser/Classer aussi, de Perec,pour affiner la méthode : il s’agit de faire desrécits mais sans toucher aux choses, sim-plement en les posant ensemble. Nousavons au départ trois séries.Les paysages, les usages, les personna-ges…Oui, et à l’intérieur déjà des collections sedessinent. Qui s’affineront à mesure que nousavancerons, pour se resserrer autour dethèmes précis. De figures récurrentes, quicerneront l’en-commun. Nous demandonssimplement aux gens de donner un titre àleur photo, de mettre un texte avec s’ils leveulent, de les scanner et de nous les en-voyer. Nous ne les sélectionnons pas, sauflorsque plusieurs se ressemblent trop, etnous les publions sur le site dans la série quileur correspond. Le site reprend donc l’intégralité des imagescollectées ?Oui. Nous arrêterons la collecte quand nousen aurons recueilli une quantité que nous nepourrons plus gérer.Ces séries constituées seront-elles ex-posées ?Oui, bien sûr, en 2013, et dans des condi-tions professionnelles. Non comme desmurs d’images comme on le fait souventlorsqu’on expose des photos amateurs, maisavec des cadres, des lumières. Par sériesthématiques, à Aubagne, Aix, Arles, et àMarseille dans l’Atelier du large.Avez-vous un projet d’édition ? Nous verrons ! C’est une question de droitsaussi : il n’est pas question d’utiliser lesphotos des gens pour un autre usage quecelui des Chercheurs de Midi, puisque c’està ce titre qu’on nous les envoie…

Une autre Action de Participation Citoyenneva concerner tout le territoire, et passer parle web, mais elle sera réservée aux lycéens,apprentis et collégiens. Ceux-ci sont invités,dans le cadre scolaire, à se transformer enreporters de l’année capitale, pour créer un magazine en ligne alimenté uniquementpar leurs chroniques, entretiens et reportages. L’initiative, portéeconjointement par le CLEMI et MarseilleProvence 2013, veut impliquer les jeunesdans le projet culturel de la capitale, maisaffiche aussi des objectifs pédagogiques :il s’agit d’approcher et de pratiquerl’écriture journalistique, d’en cerner les enjeux, les codes et les rythmes, tout autant que de se frotter aux artistes et à la vie culturelle.Deux dispositifs sont mis en place : une trentaine de Classes Correspondantesseront sélectionnées pour contribuer de façon régulière dès la Cérémonied’Ouverture le 12 janvier 2013. Elles recevront en amont, en classe, un accompagnement des journalistes du Ravi et de Zibeline, en collaboration avec leurs professeurs, et bénéficieront de rencontres avec des artistes, accès aux conférences de presse et diversesinvitations. Par ailleurs toutes les classes du territoire pourront contribuerponctuellement au webzine, et devenir des Classes Pigistes : ce dispositif estdestiné à la participation de tous les élèvesdu secondaire, quels que soient leur classeet leur établissement : toute propositiond’article sera reçue, relue et publiée si le comité de rédaction le juge publiable. Car ce comité, composé de journalistes du Ravi et de Zibeline, de membres du Clemi et de l’équipe MP2013, opèreraun suivi rédactionnel, et une sélection parrapport au choix des sujets et à l’intérêt del’avis critique ou de sa formulation :il ne s’agit pas de transformer tous les élèves en journalistes, mais de leurdonner envie d’écrire au quotidien, de leurapprendre à distinguer avis critique et expression subjective, de leur donnerune connaissance suffisante de la pressepour qu’ils aient envie de la lire, et unecuriosité pour des manifestations culturellesvers lesquelles ils n’iraient pas toujoursspontanément. Un concours d’articles sera également mis en place, ouverts aux pigistes et auxcorrespondants, et les lauréats serontpubliés dans Zibeline et le Ravi.

Le Zine 2013

CITOYENNE

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Repères

2010/2011Jacques Siron

/ Les MusicollagesMarseille, Cité de la Musique

Olivier Bedu/ Le Banc de sable

Marseille, Écoles FrançoisMoisson

Krijn de Koning/ To make a place

Marseille, Collège Notre-Damede la Major

2012Mathieu Briand / Le VaisseauMarseille, Crèche Belle de Mai

Tadashi Kawamata/ Les Sentiers de l’eau

Camargue, Six observatoires

Lucy et Jorge Orta/ Le Chemin des féesVallée de l’Huveaune,

Rives et cultures

2013Didier Fiuza Faustino/ L’Écume des jours

Marseille, Hôpital Nord

Le Cabanon vertical/ Limites floues

Salon-de-Provence, Espace Francis Baron

Berdaguer & Péjus / Place LulliMarseille, Les commerçants

du Centre Ville

PartenariatsFondation de France

Marseille-Provence 2013Bureau des Compétences

et désirset autres partenaires

selon les projets

LES NOUVEAUX COMMANDITAIRES

L’action Nouveaux Commanditaires proposée par la Fondation de France depuis 1990 permet à des citoyens depasser commande d’une œuvre à des artistes contemporains.Écoliers, salariés, habitants, groupements d’associationspeuvent ainsi répondre aux enjeux de société ou dedéveloppement d’un territoire qui se posent à eux. Sur le territoire Marseille-Provence, le Bureau des Compétences et désirs est, en sa qualité de producteur exécutif, l’un des trois acteurs de cette construction commune.Dans le cadre de MP2013 le programme a changé de rythmesur le territoire et voit ses moyens amplifiés : «Les projetsgrandissent généralement de manière organique, souligneAnastasia Makridou, co-directrice du Bureau : les fruits sont mûrs au bout de 3 ou 4 ans et tombent de l’arbrenaturellement. Avec MP2013, l’impact des projets dansle temps est différent, ils sont structurants et s’intègrentdans un contexte à valeur d’usage indéniable.» Sur neuf projets validés par la Capitale Culturelle, trois ont étéréalisés en 2010/2011 tandis que celui de Mathieu Briandà la crèche de la Friche Belle de Mai a été inauguré en avril 2012 :clin d’œil au bâtiment qui l’accueille (ancien bassin de rétentiond’eau), l’installation baptisée Le Vaisseau invite les jeunesoccupants à un voyage-découverte du monde intérieur et extérieur à travers des dispositifs vidéo et numériques, un aquarium, un mur végétal, des périscopes… Au Collège Notre-Dame de la Major, To make a place de Krijn deKoning «a pris racine dans un manque exprimé par l’équipeenseignante» auquel le cahier des charges a répondu ; le choixde l’artiste et la mise en œuvre du projet ont dû ensuiterencontrer l’adhésion des commanditaires pour être finalisés.Neuf projets et autant de situations et de désirs multiples,même si des réflexions communes les traversent, sur l’espacepublic, l’environnement, la gestion de l’eau, la question dupatrimoine naturel et historique, la création d’un maillage entreusagers… «Chaque projet nous amène ailleurs» remarqueAnastasia Makridou qui voudrait établir «une porosité entreeux». Le lien du désir ?

Le Vaisseau © Mathieu Briand

© DeKoning

© BCD Musicollages

© SebastienNormand/Moisson

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RepèresRésidence de mai 2012 à juin 2013

Le Laboratoire est dirigéconjointement par lesplasticiens Maryvonne Arnaudet Philippe Mouillon. Depuisune vingtaine d’années, leurs interventions artistiquess’ancrent dans les territoiresqu’ils traversent, marqués parl’histoire, la guerre, la pau-vreté: ainsi ils ont installé leursoeuvres, toujours fondées sur des enquêtes et desrencontres, dans les espacesbouleversés de Tchernobylen 1992, Sarajevo en 1996,Rio en 1997, Johannesburgen 2000, Alger en 2004,Grozny en 2007. Ils tentent de renouveler le regard deshabitants sur l’espace publicqui est le leur, en redécouvrantles mythes qui le fondent, et en transformant les représentations.

Le groupe LOGIREM,constructeur et opérateur du logement en méditerranée,gère 21000 logements sociaxen PACA, et en construit 450par an. Soutenant les actionspédagogiques du BalletNational de Marseille depuisplusieurs années, le groupes’est engagé aux côtés de Marseille Provence 2013pour plusieurs projets, en particulier pour un Atelierde l’Euroméditerranéeà la Cité HLM de la Bricarde,et pour ce Quartier Créatifvalorisant le BoulevardNational : un ensemble de350 logements sera construit, à l’emplacement de laCollection des collections, à partir de fin 2012, et les Ex votos perdureront à partir de 2014 dansl’ensemble immobilier achevé.

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UNE COLLECTION DE COLLECTIONSCollectionner est-il un art ? Et exposer ses collectionsdans un espace public leur confère-t-il un autre statut ?Maryvonne Arnaud et Philippe Mouillon ont eu envie devérifier leurs intuitions en invitant tous les obsédés de la série et de ses variations, depuis celui qui garded’insolites capsules de canettes jusqu’au collectionneurde voitures de luxe, à partager leur passion en terraincommun. La Logirem, qui va installer Boulevard Nationalses futurs locaux, a mis à leur disposition ses 8000 m2

de terrain pour l’heure inconstruits, et 12 algeco, vitrés,sécurisés, prêts à servir d’espace paradoxald’exposition. Les collectionneurs, intrigués parl’aventure, se sont laissés convaincre de confier lesobjets de leur passion, et durant deux week-ends, finjuin 2012, les visiteurs pourront y passer d’unecollection à l’autre, se balader de série en série, établirentre elles des liens analogiques, en cherchant ce quirapproche et définit cette passion commune aux objetsdissemblables. Radio Grenouille, qui va interroger lescollectionneurs sur leurs motivations, sur ce quiconstitue à leurs yeux une collection, diffusera sesenquêtes, et une publication est prévue pour garder

une trace de cette expérience éphémère. Une façonpour la Logirem, et les deux artistes, de commencer às’installer dans le quartier de la Belle de Mai, réputéaujourd’hui le plus pauvre de France…. et de préparerle terrain pour le Quartier créatif du tunnel du BoulevardNational.

MARYVONNE ARNAUD et PHILIPPE MOUILLON, Ex votoLe tunnel du Boulevard national est une cicatricedouloureuse de Marseille. Séparant la ville en deux,frontière sensible d’une zone particulièrement pauvre de la métropole, elle est aussi liée à un souvenirtraumatique : durant les bombardements américains du 27 mai 1944, une des 800 bombes larguées sur la ville atterrit à l’entrée du tunnel où des Marseillaiss’étaient réfugiés, et y fit plus de 300 morts. Aujourd’hui l’interminable tunnel sale et irrespirable,

assourdissant, va se transformer en cathédrale laïque…Au-delà de l’indispensable rénovation, éclairage,nettoiement opérés par les services compétents, les artistes veulent que la traversée du tunnel ne soitplus un moment que l’on oblitère mais un temps oùl’on espère, où l’on formule un souhait comme dans les rites païens des églises, ou dans les contes.Travaillant durant leurs périodes de résidences avecdes groupes d’habitants (Planning familial, Foyer Saint

Honorat, scolaires…) ils veulent fabriquer 150caissons lumineux quicontiendront leurs vœux,l’écriture de leurs souhaits,des photographies departies anatomiques surlesquels ils portent, desobjets qui les symbolisent.Des cadenas aussi qui,comme sur les ponts,scelleront les sermentsamoureux. Autant deprojections imaginaires,personnelles, universelles,décalées, qui feront de celieu hostile une grottemystérieuse, une caverneouverte sur tous les imagi-naires… que l’on traverseraenfin comme un récit !

© Le Laboratoire

Tunnel des faculte�s / Alger-2003 © Philippe Mouillon

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LA FRICHE, un nouveau Quartier en 2013Les projets liés à Marseille Provence2013 se multiplient à La Friche Belle deMai, en transformation incessante,come si l’ancienne manufacture destabacs cherchait à retrouver sesracines industrieuses. Des Ateliers del’Euroméditerranée y produisent desœuvres (Alexandre Périgot, Anne ValérieGasc, groupedunes) et trois QuartiersCréatifs sont destinés à compléter etorienter le chantier en cours. AlainArnaudet, directeur de La friche,Béatrice Simonet, secrétaire généraleet Véronique Collard-Bovy, directricede Sextant et plus, producteur déléguédes Quartiers créatifs, nous expliquentdans quel sens souffle ce ventnouveau.

La transformation de la Friche est-elledestinée à en faire un lieu de produc-tion artistique ou un lieu de vie ? Alain Arnaudet : Les deux ! C’est un bout de ville, qui a sonoriginalité de par ses habitants, liés à la vie artistique, maisdont nous voulons multiplier les usages. Pour les mixer.Ainsi, faire une vraie crèche, une aire de jeux, un jardinpartagé, un restaurant, un marché paysan, mais où onparle culture… Nous voulons poursuivre ce qui a étéentrepris depuis 20 ans pour que cet espace ouvertdevienne vraiment un espace public. Pour cela il nous fauttout d’abord désenclaver la Friche et son quartier. Latraversée du tunnel est terrible, il est nécessaire derepenser les transports, la voirie, l’éclairage…

Cela ne relève-t-il pas plutôt de lapolitique publique ? A.A.  : La Ville et Marseille ProvenceMétropole en ont pris conscience et ytravaillent. Sans volonté publique,sans transport urbain, sans sécuriténocturne, sans nouveau traitementpiéton de nos abords le projet Frichene serait pas viable. Mais dans lesQuartiers Créatifs, l’intérêt est quel’intervention artistique précède leprojet urbain, modèle la réflexion.Qu’elle lui donne une identité picturale,une force de signal, et s’inscrit dansun projet collectif, dont elle précise leschoix. La Friche par exemple aclairement une politique envers lesjeunes publics, avec Massalia, maisaussi avec le Skate Park, la crèche :l’aire de jeux pensée par un artiste,avec les habitants, va dans le sens decette préoccupation.

En quoi cette aire de jeux sera différente de celles que lesvilles construisent ?Béatrice Simonet : Le projet se nourrit du passé de laFriche. À la Seita trois voies de chemin de fer amenaientdirectement le tabac vers la gare, et une est toujours là. Orle train fait aussi partie de l’imaginaire enfantin… Lecollectif Encore heureux a conçu un dispositif ludique autourde wagons immobiles, et de modules de jeux où il faudraramper, sauter, glisser. Les enfants participent à l’élabo-ration de ce projet, conçu avec et pour eux. Des groupesde femmes aussi, qui doivent y trouver leur espace,comme dans les jardins partagés de Jean-Luc Brisson quientoureront l’aire de jeu, et où chacun, résident de laFriche ou habitant du quartier, pourra venir planter, arroser,récolter, en partenariat avec les étudiants de l’EcoleNationale Supérieure du Paysage.

Les autres Quartiers créatifs sont-ils ainsi pensés par etpour la population ? Véronique Collard-Bovy : Oui, toujours autour du projet d’unartiste. JR est un photographe qui travaille à partir dedétails agrandis et exposés dans des lieux inattendus.Souvent il conçoit ses grands formats à partir de sespropres clichés, mais dans sa série Unframed les photos

UNFRAMED-Man Ray revu par JR, "Femme aux cheveux longs, 1929", Vevey, Suisse, 2010

Vue Tunnel Blanc © X-D.R

Alain Arnaudet © Agnès Mellon

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RepèresArtistes pluridisciplinaires oumultimédia, Madeleine Chicheet Bernard Misrachidéveloppent leurs œuvres ausein du groupedunes : réflexionsur l’espace, le mouvement et le temps, créationd’installations visuelles etsonores in situ autour dupaysage urbain, écrituremultimédia qui place le publicau cœur du dispositif. La villeest leur champ d’observationet leur source d’inspiration, et leur approche artistiquetransdisciplinaire les conduit à travailler avec desscientifiques, architectes,urbanistes … Depuis 1992, ils sont résidents à la Friche.

Apical TechnologiesApical Technologies (Marseille)développe des systèmesinnovants dans le domaine de l’optique de pointe. Le partenariat avec legroupedunes est fondé sur des échanges decompétences : elle met à sa disposition une partie du matériel, participe auxdifférents modesprogrammatiques de lacaméra, aux traitements desdonnées et à leur mise enréseau ; de son côté elle testede nouvelles applications deson matériel d’optique ainsique les modes d’exploitationen ligne.

IMBEL’Institut méditerranéen debiodiversité et d’écologie marineet continentale de Château-Gombert collabore à la miseen place de «carrésd’observation» en lien avecd’autres expériences menéessur le toit-terrasse, et accueillele groupedunes dans sonlaboratoire pour la collected’images, de sons et dedonnées.

CoproductionApical Technologies, IMBE,Marseille Provence 2013 etgroupedunesAvec le soutien de la SCIC SAFriche la Belle de Mai

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GROUPEDUNES,De cet endroit

Difficile pour le groupedunes d’imaginerquitter le toit-terrasse de la Friche en raisondes travaux de réhabilitation ! C’est làqu’en 2008 il jetait les bases de son jardinmultimédia D’ici là, suivi en 2009 par D’icilà un point zéro, en 2010 par D’ici là - le toitvu d’en haut et en 2011 par Sur le toit àl’heure creuse… penser un espace où letemps miroiterait. Autant d’occasions pourl’IMBE et Apical Technologies de découvrirces expériences sur la présence du végétalet de l’eau dans ce lieu, qui s’apprête àdevenir une terrasse publique en plein cielde 8000m2. Dans le cadre de l’Atelier del’Euroméditerranée, les deux entreprisesaccompagnent le groupedunes dans son«travail exploratoire évolutif», depuis la miseen œuvre d’une interface web où l’ondécouvre sons, films, incrustations despots sur l’évolution du chantier et decaptations d’événements, jusqu’à laréalisation d’une nouvelle installation à l’été2013. Sans compter de futures interviewsde scientifiques, sociologues ou habitantset «d’autres choses encore à imaginer»… De cet endroit permet «de garder un lienavec le lieu via son observation» et revêtplusieurs formes : une présence virtuelle aulong cours (depuis juillet 2011 une camérabalaye le paysage en panoramique et enhauteur toutes les demi-heures), unerestitution sur le web et une réflexion «sur letemps du chantier, le temps du végétal etl’espace public expérimental». Un travail quise poursuivra par la création d’undocumentaire à partir de l’interface.

ne sont pas les siennes. Il vient par exemplede réinterpréter à Vevey, en formats gigan-tesques, des photos de Salgado ou deCapa, dont le promeneur découvre au coindes rues de très gros plans… À la Friche ilva collecter des photos personnelles, sur labase du volontariat des habitants : les gensvont faire des photos, il va les retravailler, etchoisir avec eux où les afficher, faire avec euxles découpages et les collages, et transfor-mer ainsi le quartier pour en donner unenarration contextualisée. Il affichera aussi surla façade de la Friche que l’on voit de la voieferrée. Pour une œuvre qui sera le pluspérenne possible… A.A.  : et devrait agir comme un signal de2013 et de La Friche pour tous les visiteursqui arrivent par train à Marseille.

Le dernier Quartier Créatif veut égalementchanger l’image de la Friche et de sesabords… A.A.  : Oui, dans le Tunnel Benedit, FrédéricClavère travaille directement sur la signa-létique …V. C-B. : Cet artiste qui emprunte et détournehabituellement les pictogrammes, les sym-boles, les abréviations, va concevoir unemosaïque de panneaux de signalisation, uneconstellation de signes qui va couvrir l’en-semble de la voûte du tunnel, transforméede fait en espace d’exposition, en grotte deLascaux dont il faudra déchiffrer les ins-criptions. Car elles indiqueront vraiment desréalités du quartier, dans quelle direction estle palais Longchamp, la Maison pour tous,qui sont certains acteurs de la Friche …

Ce seront des vrais panneaux de signa-létique routière, en métal peint ? V. C-B. : Oui, avec des cercles, des triangles,des rectangles, et les couleurs de la signa-létique routière. Le projet en est à sa phased’étude, Frédéric Clavère rencontre lesrésidents et les habitants pour savoir cequ’ils voudraient signaler…

Et pensez-vous que le fait de transformer laFriche en lieu convivial, et ludique, amènerales habitants à fréquenter aussi les propo-sitions artistiques ?B.S. : On l’espère, mais on n’a aucune raisonde ne pas le croire !

© Groupedunes

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Cultiver en milieu médicalAssistance Publique - Hôpitaux de MarseillePremier centre hospitalier de la Région PACA(3 514 lits sur 5 sites, 15 000 salariés), l’AP-HMest investie de trois missions : soins, enseigne-ment, et recherche. Elle invite la culture àl’Hôpital à travers le programme Santé e(s)tculture(s), en accueillant des artistes, en impliquantpatients, visiteurs, personnels administratifs etsoignants dans un processus d’échange et de

réflexion créative.L’AP-HM œuvre avec MP2013 à des Actionsde Participation Citoyenne : Un air de famille (voirZib’46) autour de la pratique chorale. PlusieursAteliers de l’EuroMéditerranée sont prévusjusqu’en 2013, notamment avec le metteur enscène Marco Baliani… à suivre !

YMANE FAKHIR Faites vos vœuxRencontrer les patients et lepersonnel, observer le gestetechnique, le protocole hospitalieret sa lourdeur, ne pas juger, être«l’écouteuse». Ymane Fakhir a passé un mois au PôleNeurosciences de l’hôpital de La Timone, sans sortir un appareilphoto ou une caméra. Sa résidence se poursuit dans le respect de la routine et de larépétition : «Je n’entre pas dansla narration, sauf par le corps. Je ne filme pas un soignant et un soigné, mais deux êtrehumains qui se rencontrent, je cadre leurs mains en grosplan.» Elle prévoit de tourner depetites vidéos de moins de 3minutes, le récit d’une infirmière,les tâches ménagères, la façon de plier un grand drappour remplacer les taies d’oreiller coincées depuisplusieurs années dans les rouages administratifs.D’origine marocaine, l’artiste s’interroge sur les rituelssociaux dominants : «Dans ma culture on accompagneles malades jusqu’à leur dernier souffle, la famille est

très présente. Et l’hôpital accepte ça, les sandwichs,les thermos... c’est presque festif. Ici, c’estinconcevable.» Porter un regard sensible sur ladétresse, souligner l’humanité là où c’est nécessaire,voilà qui éclairera sans aucun doute le milieu médical.

CABANON VERTICAL En observationL’Hôpital Nord : une barre et une vague de bétondominent froidement les quartiers «redoutables» deMarseille. Olivier Bedu, architecte et co-fondateur ducollectif Le Cabanon Vertical, y a animé pendant 6 semaines une Action de Participation Citoyenneavec les patients et le personnel (voir Zib’46). «Ces bâtiments ont un côté très fonctionnel, mais peuconvivial. La place des accompagnants a notammentété négligée.» D’où l’idée de travailler sur le cadre devie pour en limiter l’inconfort : «On s’est donné la liberté de faire des propositions non réalisables,mais aujourd’hui on va en concrétiser au moins une dans chaque service.» Une signalétique ludiqueen pédiatrie, un espace bibliothèque et jeux, destableaux que l’on poserait sur les portes pour que les enfants personnalisent leur chambre avec descraies liquides…

RepèresLe Cabanon Vertical est un

collectif pluridisciplinaire : desarchitectes y côtoient desspécialistes de l’art visuel,

plasticiens et photographes.Leur approche privilégie la

place de l’usager dansl’espace urbain, et sa liberté

d’action.

Action de ParticipationCitoyenne

Ateliers février et avril 2011Réalisation des projets defévrier à novembre 2012

RepèresNée en 1969 à Casablanca,

Imane Fakhir réside àMarseille. Son œuvre

photographique explore lafrontière entre l’espace public

et l’espace privé, et laquestion du féminin dans un

univers méditerranéen.

Atelier de l’EuroMéditerranéeRésidence d’octobre 2011

à mai 2012

Ymane Fakhir, La réeducation 2011 © Ymane Fakhir

Cabanon Vertical, service me�decine interne et me�decine ge�riatrique © Cabanon Vertical

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RepèresGilles Clément est ingénieurhorticole, paysagiste, écrivainet jardinier. Il enseigne àl’Ecole Nationale Supérieuredu Paysage, et poursuit troisaxes de recherche : le Jardinen Mouvement(accompagnement desdynamiques d’un lieu), leJardin Planétaire (projetpolitique d’écologiehumaniste), et le Tiers-Paysage (l’espace délaissécomme lieu d’accueil de ladiversité biologique).

Atelier

d’octobre 2010 à décembre2013

RepèresL’École Nationale Supérieure dePaysage de Versailles-Marseilleforme des paysagistesdiplômés d’État, à même de concevoir des projets de paysage et leur maîtrised’œuvre opérationnelle, et d’animer des politiquespubliques de paysage et de patrimoine.

Chantier : du 20 février au 4 mars 2012L’AP-HM et l’ENSPcollaborent depuis 2010, avec la Ville de Marseilleet MP2013, à un projet euro-méditerranéen d’ateliers jardins

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Pierre Rabhi le disait récemment : «Cultiver la terreaujourd’hui est un acte de résistance, un actepolitique.» Pour s’en convaincre il suffit de voirl’enthousiasme avec lequel tous les participants de l’atelier jardin à l’Hôpital Saint-Marguerite se sontemparés du réaménagement de la cour centrale.Divisé sur le papier en 4 parcelles : culture vivrière avecpotager et verger, partie ornementale (pelouse, vivaceset graminées), plantes aromatiques et espace forestier(clairière incluse !), le futur jardin est encore nu, maisbruissant d’activité. S’y croisent les jardiniers de l’AP-HM, les 3 étudiants de l’ENSP chargés de la maîtrised’œuvre, des élèves infirmiers, des patients... tous armés de pelles et les mains dans la glèbe.Mathieu Gontier, qui encadre les jeunes paysagistes,est satisfait: «C’est un travail d’équipe, le concepteurn’est pas indispensable à tout moment, et tout le monde se l’approprie.» Les étudiants de 1ère annéese réjouissent: «C’est un contexte très profes-sionnalisant, mais sans les impératifs de rendementqui existent dans le privé.» Même contentement du côté du personnel soignant. Josianne Cassinest psychologue, dans le service du Pr Naudin, et elle a accompagné plusieurs de ses malades sur la base du volontariat : «Pour les psychotiques qui souffrent tellement de solitude, le travail en groupeest précieux, et puis si l’on fatigue le corps, les idées

tournent moins vite. Il est question de nous attribuerune bande de terrain, nous nous sommes tousprojetés dans la perspective de planter des fraises,pour les manger au goûter avec de la chantilly.» Yves Fabre, le jardinier de la Timone, trouve pour sa part «intéressant de travailler avec des jeunes». «On échange, nous on a plus de pratique, eux ont des idées. La cour était triste sans arbres et sans fleurs !» À terme, l’objectif est de transmettrecet espace à ses usagers, tout en créant une ouverture vers les initiatives riveraines, comme les Jardins Familiaux Aiguierou le Jardin d’hospitalité à l’Hôpital Salvator.

ATELIER JARDIN

Jardin de la cour centrale de l'Hô�pital Sainte-Marguerite © Service communication, AP-HM

Cet été débuteront les travaux de transformation duparc de l’Hôpital Salvator, soit 7 hectares de verdure.Dans une ville aussi dense que Marseille, c’est unenvironnement exceptionnel, qui se déploiera auxportes du futur Espace Méditerranéen del’Adolescence. Gilles Clément croit en « la capacité dujardinage à rééquilibrer les individus de manièreinconsciente.» Il s’agira donc pour les usagers deplanter, de voir pousser, de récolter. Les plantations etle reboisement commenceront à l’automne, sousforme d’ateliers auxquels participeront les jeunesvolontaires du service civique. Sont prévus un jardinpartagé avec les riverains, une quarantaine d’arbres

fruitiers, la reconstitution de lisières. Le paysagistesouhaite « inviter à une interaction, un rapport ludique,des projets presque artistiques ». Il est aussi questiond’ateliers de sensibilisation à la nature, de constructionde mobilier. Sur l’emplacement de l’ancien bassin (« àpartir du moment où l’on a arrêté l’eau, le site s’estprogressivement banalisé, par une succession depetits abandons »), un théâtre de verdure accueilleraune programmation culturelle proposée par l’APHM.En attendant le début des travaux, le temps long de lavégétation est déjà mis à profit : cette année, lespelouses n’ont pas été tondues, et la biodiversitécomme la poésie y ont indéniablement gagné.

GILLES CLÉMENT, Le jardin d’hospitalité

TheI� atre © Gilles Clément

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L’implication de l’agglomération d’Aubagne et du Pays del’Étoile est exemplaire, et impressionnante. Dans son am-pleur, puisque près de 30 projets sont prévus durant cetteannée de Capitale Culturelle, mais aussi par ses partis-prisparticuliers. «Il faut que cette année nous éblouisse, noustransforme, et conjugue profondément la beauté particulièrede notre territoire avec son formidable capital humain», dé-clarait Magali Giovannangeli, Présidente de la communautéd’agglomération, le 23 février, lors du lancement de leurprogramme intitulé si joliment Vers l’An Commun... Et Jean-François Chougnet d’approuver : «L’engagement de l’ensembledu Pays de l’Étoile est cohérent, participatif, généreux etjoyeux : un grand sujet de satisfaction et d’encouragementpour Marseille Provence 2013 !»

L’an courantPendant l’année capitale, les événements culturelsnombreux qui ont cours régulièrement dans les 12communes prendront une ampleur inédite : le FestivalInternational du Film qui sait mettre l’accent sur le son ducinéma, Grains de sel (Salon du livre d’enfants) et Festimôme(art de rue jeune public) sont labellisés, Argilla (marché de lacéramique et des arts de la terre) sera le terrain de créationpotière mais aussi chorégraphique, et le Festival d’orgue deRoquevaire passera commandes à des compositeurs…Mais l’année déclinera aussi les propositions du programmecommun en participant aux grands rendez-vous de lacapitale : Cuges les Pins sera le départ de la TransHumancedes chevaux, le Festival des randonnées suivra le nouveauGR2013, un épisode «aux herbes» des Arts et Festins de laMéditerranée passera par Aubagne… Et le projet Ulysse duFRAC s’installera aux Pénitents Noirs avec l’expositionmonographique de Mona Hatoum…

L’an d’exceptionAu-delà de ces participations, l’agglomération a élaboré despropositions uniques destinées à marquer durablement sonterritoire : le Pompidou mobile, durant 3 mois, permettra lecontact direct avec des œuvres majeures de l’art moderneet contemporain ; l’exposition Picasso céramiste la précèderadurant six mois, avec 120 pièces jamais rassemblées. LeColossal d’Art brut de Danielle Jacqui, projet sur lequel lacéramiste singulière travaille depuis 4 ans, dans un esprit quil’habite depuis toujours, installera ses 4 000 pièces à l’entréede la ville… Les arts du spectacle ne seront pas en reste, avec despropositions participatives comme celle de l’orchestreDivertimento qui rassemblera les musiciens du territoire, laVille invisible qui mobilisera les citoyens autour d’HervéLelardoux, Nous serons tous d’ici qui veut créer un nouveaufestival multidisciplinaire autour des douze médiathèques del’agglomération, des Rencontres d’Averroès et de la culturede paix…

L’an qui dure !Ici comme ailleurs, Marseille-Provence 2013 n’a pas attendule top du départ pour commencer… Trois Ateliers del’EuroMéditerranée s’y sont installés : Waël Shawky a su ymener un projet particulièrement ambitieux, qui a apportébeaucoup de bonheur à tous ses participants : le tournagede son film Cabaret Crusades (voir supplément Zib’46) s’estpoursuivi jusqu’en avril, et a permis de créer plus d’unecentaine de marionnettes en céramique avec Pierre Architta,de faire travailler les étudiants de l’École de céramique, ceuxdu SATIS (cinéma et son) pour mettre en image le romand’Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes… Et les résidences ne sont pas finies ! Alexandre Perigot varéinventer la Maison du Fada du Corbusier avec les élèvesdu Lycée professionnel Eiffel, Mona Hatoum sera en résidencedans l’entreprise de Chaudronnerie Arnoux et au CIRVA pourfabriquer les oeuvres qui seront exposées dans le cadred’Ulysse…En dehors de ces AEM, un auteur jeunesse viendra écrireune nouvelle dans le cadre de Roman-Feuilleton, et une desplus ambitieuses actions des Nouveaux Commanditairesaménagera la Vallée de l’Huveaune pour en faire, définitive-ment, le Territoire des fées : car Jorge et Lucy Orta installerontdes œuvres d’art, commandées par les citoyens, sur lesberges de ce fleuve modeste, à Saint Zacharie, Auriol etAubagne !

www.2013-paysdaubagne.com

Lancement du programme Vers l'An Commun avec le Freaks band © Jean-Pierre Vallorani

AUBAGNE ET L’EN-COMMUN

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RepèresVanessa Santullo, née en 1975 à Lyon,vit et travaille à Marseille. Son diplômede l’Ecole nationale supérieure de laphotographie d’Arles en poche, elle se forme à la réalisation de cinémadocumentaire aux Ateliers Varan. En 2011, elle est nominée pour le PrixHSBC pour la photographie et sontravail vidéo est diffusé sur Artependant la FIAC. Fin 2012 sortira sonpremier court-métrage de fiction Les Deux tableaux produit par BelaboxFilms et acheté par France Télévisions,projet lauréat Mécènes du Sudsoutenu par la Région Paca.RésidenceDe janvier à décembre 2012

Bijouterie FrojoL’histoire de La Maison Frojo - 4 bijouteries dont 2 à Marseille -s’écrit de génération en générationdepuis 1854. Implantée d’abord Ported’Aix, puis sur La Canebière et rueSaint-Ferréol, elle est actuellement rue Grignan et envisage d’ouvrir une nouvelle enseigne dans le nouveau quartier de La Joliette.

CoproductionBijouterie Frojo et Marseille Provence2013

MédiateurMécènes du Sud

VANESSA SANTULLO, Le parcours du bijou, d’une tribu à l’autreLe projet de Vanessa Santullo est le fruit d’une série de rencontres : avecMécènes du Sud d’abord, puis avecRichard Frojo. Séduit par son idée de mettre la femme au cœur de sacréation, sans lien avec la féminité ou les bijoux, et désireux de mieuxconnaître l’art contemporain, ses enjeux, et les artistes, le bijoutieraccepte son immersion dans La Maison Frojo. Vanessa Santullo va ainsi rencontrer les 50 salariés,munie d’un carnet de notes, d’unmagnéto et d’une caméra, collectantleurs paroles, leurs souvenirs, leurstémoignages. Elle dialogue avec les vendeuses, se faufile dans les coulisses et l’atelier, découvrele travail des pierres précieuses,consulte les archives et les ancienscatalogues des collections… «Avec la caméra,dit-elle, les langues se sont déliées. Elles parlent de leurs vies, de leurs parcourssinguliers même si toutes luttent pour leurindépendance. Elles accompagnent ces hommesqui dirigent avec la conscience de leur place et de leur rôle». Riche de ses conversations avec Richard Frojosur l’histoire familiale de l’entreprise, l’idée

de la transmission et du patrimoine ; forte de son «enquête auprès de différentesindividualités qui cohabitent et défendent de vraies valeurs familiales», son projet peut prendre forme «dans un rapport de confiance mutuelle». Mais le choix définitif du médium se fera en fonction de l’avancée du projet : photo, vidéo, son, écriture… elle «se laisse la liberté de les mixer selon ses intuitions».

© Vanessa Santullo

Repères L’œuvre de Mustapha Benfodil,écrivain algérien familier des scènesfrançaises, aime à changer de point de vue, à s’ancrer dans la réalitésociale pour mieux rebondir dansl’onirique, à se partager haute voix.Plusieurs de ses textes ont été lus ou joués sur le territoire deMP2013 depuis 2008 : Les Borgnes,De mon hublot utérin, Archéologie du chaos amoureux…Résidencede janvier 2012 à juillet 2012

Service Commun deDocumentation de l’Université de ProvenceLe Service, situé pour le site SaintCharles dans l’Espace FernandPouillon, contient une documentationscientifique rare (planches etmanuscrits de Vayssière, Gassendi,Derbès…), plus de 55 000 volumesimprimés, 27000 thèses, un fonds depériodiques scientifiques… Le SCDsouhaite développer un programmequi exploiterait ses pilons comme uneressource intellectuelle et plastique.Producteur délégué : Galerie Art-cade

MUSTAPHA BENFODIL, L’anti-livre ou le farfelu opuscule borgésien qui s’évada de la gueule du PilonLa destruction des livres a quelque chose de douloureux, renvoyant à des autodafés, des censures, des échecs. Pourtant nombre de documents partent au pilon, cauchemar desauteurs ! C’est au contraire une conservation infinie,qui ne jette rien, traduit tout, garde chaque glose,que Jorge Luis Borges a imaginée dans saBibliothèque de Babel, par nature inclassée, donc impensable. Une utopie qui a inspiré àMustapha Benfodil son Atelier de l’Euroméditerranéedans la bibliothèque universitaire de Saint Charles.Un atelier d’écriture mais aussi de lecture, qui vachercher des pages à sauver, dans ces ouvragesqui passent habituellement au pilon. Parce qu’ilssont obsolètes, jamais consultés, surnuméraires,trop abîmés, inutiles. L’Anti-livre sera donc uneœuvre qui, « symboliquement, s’inscrit en fauxcontre les lois du marché éditorial  et remet dans le circuit quelques-uns de ces condamnés à morten papier pour réaliser un livre vivant ». Évitant ainsiaux mots le « purgatoire éditorial », il leur permet de « gambader à nouveau dans la Cité, de respirerun air nouveau. ». Et sans doute, au terme,une des alvéoles de la Bibliothèque de Babel,chargé d’Anti-livres, installera son espace surnaturel dans le Service de documentation…

Portrait de Mustapha Benfodil par Helen Rinderknecht

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RepèresRésidence de mai 2011 à mai 2013

Célia HoudartAprès des études de lettres et de

philosophie, Célia Houdard s’oriente versla mise en scène, puis l’écriture de

romans, et revient vers le spectacle enécrivant pour le théâtre, l’opéra, la danse,

des performances radiophoniques, desparcours sonores. Récompensée par de

nombreux prix pour ses projets innovantset ses romans, Célia Houdart a aussi été

lauréate de la Villa Médicis hors-les-murs,de la Fondation Beaumarchais-art lyrique,

du Prix Henri de Régnier de l’AcadémieFrançaise pour son premier roman Lesmerveilles du monde, et de la mission

Stendhal-Institut Français 2012 (Japon).Sébastien Roux

Guitariste dans divers groupes de rock,Sébastien Roux s’intéresse rapidement àla composition contemporaine : musique

électronique, acousmatique,improvisation, performances audio

visuelles, musique pour la danse, designsonore, art radiophonique, installationssonores… Assistant musical à l’IRCAM

avec Gérard Pesson et GeorgesAperghis, il travaille avec Célia Houdart

depuis 2008, diffusant dans l’art duspectacle l’esprit de la radio de création.

Entreprises du Puits MorandatGardanne, ville minière, meurtrie par la

fermeture progressive de ses mines, arefusé l’effacement de son passé

industriel. En 2007, elle rachète le site dudernier puits de la ville, fermé en 2003

alors qu’il était le plus moderne d’Europe.Elle y installe par l’intermédiaire du BRGM

(Bureau de recherches géologiques etminières) une Unité Territoriale Après-mine

(UTAM) chargée de la surveillance et de laprévention sur le site. En 2008-2009 des

entreprises innovantes y conçoivent lescooter électronique pliable ou un lave-vaisselle économe en eau… En 2010 se

dessine un projet culturel, orientéprincipalement vers les domaines

scientifiques, techniques, industriels.Gardanne se propose de consacrer le

puits Morandat à la science avec, outrecet Atelier de l’Euroméditerranée, des

expositions de préfiguration, larestauration des vestiaires des mineurs…

pour garder une trace active de leursusages.

ProducteursMarseille-Provence 2013, les entreprises

du Puits Morandat. Coréalisation le GMEM et la Muse en

Circuit, Centres nationaux de créationmusicale.

Participation de l’ERAC, Ecole Régionaled’Acteurs de Cannes.

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RepèresKitsou Dubois est la première

chorégraphe à travailler avecla recherche spatiale sur la

gestuelle en apesanteur.Docteur en Esthétique,

Sciences et Technologie desArts, lauréate de « la Villa

Médicis hors lors murs » en1989 pour un séjour à la

NASA, elle collabore depuissur différents programmes

avec le CNES et mène pour lelaboratoire de

Neurophysiologie SensorielleCNRS des expériences

scientifiques. Elle crée despièces oniriques qui troublent

la perception et invente desnouveaux rapports entre le

réel et le virtuel en provoquantune perte de repères pour

reconstruire une expériencecommune.

RésidenceD’avril 2012 à mai 2013

La Patrouille de FranceL’équipe de voltige de la

Patrouille de France est laprestigieuse formation d’élite

de l’Armée de l’Air. Cette unitéparticipe au rayonnement de

l’Armée de l’air en France et àl’étranger.

KITSOU DUBOIS, sans titreLa chorégraphe de l’apesanteur Kitsou Dubois développe un travail sur le corps confronté à des situations de gravité altérée. Elle a participé à plus d’une dizaine de vols paraboliques et expérimenté l’apesanteur. «Je suis allée au bout de mon fantasme» avoue-t-elle en évoquant sa transformation après la découverte del’apesanteur. «Ça a remis en cause beaucoup de choses, c’est un phénomène infini pour poser les questions sur notremanière d’être sur terre». Toujours à la recherche d’un processusde création artistique expérimental, elle relève, avec sa compagnie Ki Productions, le défi d’une collaboration originaleavec la formation d’élite de l’Armée de l’air, la Patrouille de France, pour un ballet aérien exceptionnel de technicité. La chorégraphepropulsera dans le ciel «un corps de ballet et un duo» en co-chorégraphiant le ballet 2013 des huit avions de la Patrouille de France et en créant un duo de voltige. Depuis le début de sa résidence, Kitsou Dubois est en immersion tous les 15 joursà la base de Salon de Provence, pour inventer avec les pilotes cette chorégraphie d’un nouveau genre, qui sera inaugurée enmai 2013. Des «danseurs du ciel» que Kitsou Dubois doit d’abord apprivoiser dans une phase d’acculturation, «même si le fait d’avoir déjà été en contact avec le milieu militaire etscientifique a rassuré l’escadron», puis observer dans leur création de la série 2012 donnant lieu à des meetings, «pour comprendre le système et trouver une méthode de travail», avant de travailler en octobre la nouvelle série avec le «charognard», futur leader 2013. «J’ai une faculté mentale à envisager le mouvement dans l’espace, je travaille sur la cohésion avec le milieu pour trouver des endroits de liberté.Derrière les avions et les fumigènes tricolores, il y a des hommesqui pilotent, qui évoluent au son de la voix du leader. Il y a unsouffle qui dégage quelque chose de très organique». Avec le ciel pour plateau, Kitsou Dubois fera appel à descompositeurs pour une musique originale, travaillera la rythmique et la dramaturgie «en dehors des messages de virtuosité et de puissance de l’armée», pour faireressentir l’inaccessible dans le corps du public.

© Patrouille de France

Page 15: Supplément Zibeline MP 2013

RepèresTaysir Batniji est né à Gaza en 1966, a débuté ses étudesd’art en Cisjordanie entre1985 et 1992, poursuivies à l’Ecole des Beaux-Arts deBourges de 1995 à 1997.Résidant entre l’Europe, en France notamment, et laPalestine, il développe danscet entre-deux géographiqueet culturel, une pratiqueartistique pluridisciplinaire(peinture, arts plastiques,vidéo, photo). Il a participé à de nombreuses expositionspersonnelles et collectives,festivals, workshops etrencontres en Europe et dansle monde. Il est aujourd’huireprésenté par la galerie SfeirSemler à Hambourg et à Beyrouth et à Paris par la galerie Eric Dupont.RésidenceD’avril à juin 2012

La Savonnerie Marius FabreImplantée à Salon deProvence, la SavonnerieMarius Fabre transmet sonsavoir faire artisanal depuisplus d’un siècle : le vrai savonde Marseille fabriquéexclusivement à partir d’huilesvégétales, d’olive, de coprahou de palme, sans colorant niadjuvant, dans le respect destechniques de saponificationen chaudron.

TAYSIR BATNIJI,L’homme ne vit pas seulement de pain #2Après l’installation éphémère en 2007 à Lancy quiprésentait les lettres de l’article 13 de la Déclarationuniverselle des droits de l’homme, moulées dans duchocolat suisse, l’artiste palestinien Taysir Batniji investitla Savonnerie Marius Fabre à Salon de Provence. Il créeraune sculpture dans le savon en s’inspirant à nouveaude l’article 13 : «Toute personne a le droit de circulerlibrement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’unétat. Toute personne a le droit de quitter tout pays, ycompris le sien, et de revenir dans son pays». Unevariation/répétition, insistante, pour rappeler que cetexte de loi, si universel qu’il soit (en Suisse où siègel’ONU, à Marseille, ville portuaire emblème dansl’histoire de l’immigration française), trouve uneapplication et un sens variable en fonction du lieu deson inscription. Une allusion non dissimulée àl’expression «s’en laver les mains» qui place le

spectateur face à ses responsabilités. Lors du premiervolet, au troisième jour de l’exposition, les lettres enchocolat avaient totalement disparu, les visiteurs lesayant consommées librement. S’il part de la mêmeidée, Taysir Batniji devra intégrer à son œuvresculpturale une autre variante, puisque par déperditiond’eau le savon est voué à transformation. Une piècenon alimentaire, qui se conserve très bien dans letemps mais reste une matière vivante, voilà tout l’enjeude la résidence et une composante que l’artiste étudieen lien avec les employés de la savonnerie. L’homme ne vit pas seulement de pain #2 seraprésenté au sein de l’exposition collective sur l’artcontemporain en Méditerranée Ici ailleurs au Panoramade la Friche Belle de Mai du 13 janvier au 7 avril, puis àSalon de Provence en avril 2013 pour une expositionpersonnelle que la ville lui consacrera.

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Cette installation artistique, sonore, poétique et lumineuse, va jongler entre les murmures intimistes de l’écrivaine, et les volumes impressionnants du musicien qui jouent avec la réverbération des lieux. Le parcours sonore cheminera dans les anciens vestiaires des mineurs, « la salle des pendus », et s’inscrira en diptyque avec la Sainte Victoire, en vis-à-vis dupuits Morandat, la hauteur de plus de 1000 m d’altitude de l’unerépondant à la profondeur de 1100m de l’autre. Les promeneurs,équipés de casques et de mp3, se baladeront aux flancs de la montagne de Cézanne pour une nouvelle appréhension du paysage, la voix des comédiens résonnant dans leur têtecomme un souvenir rendu présent.

CÉLIA HOUDART et SEBASTIEN ROUX, Oiseau tonnerre© X-D.R

© Taysir Batniji

Page 16: Supplément Zibeline MP 2013

RepèresDiplômée en 2005

du DNSEP à l’École d’artd’Aix-en-Provence, Karine

Rougier, née à Malte en 1982, participe à de

nombreuses expositionsindividuelles et collectives en

France, et encadre diversworkshops et ateliers de

dessin/ peinture/collage/volume. En 2010, elleest Lauréate de Mécènes duSud et bénéficie d’une aide à

l’édition et à la productiond’œuvres; en 2011 paraîtchez Sextant et Plus une

monographie

Résidencede décembre 2011 à mars

2012

PartenairesDepuis sa création il y a 40 ansà Marseille, la chaine hôtelière

de loisirs et tour opérateurVacances Bleues s’est investie

dans des actions de mécénatartistique, social et

humanitaire, regroupéesdepuis 2006 au sein d’une

Fondation d’entreprise. Dansle domaine des arts visuels,celle-ci soutient la création

émergente par l’organisationd’expositions, l’achat ou la

commande d’œuvres, laproduction et l’édition.

Vacances Bleues fait partiedes membres fondateurs de

Mécènes du Sud, quisoutiennent cet atelier.

www.vacances.bleues.com

Fondation Vacances Bleues etMarseille-Provence 2013,

avec le soutien de Mécènesdu Sud.

KARINE ROUGIERLe temps des vacancesElle a pris ses quartiers d’hiver à Vacances Bleues pour une résidence de création de près de quatre mois. Là, elle réenchante l’espace nu, accroche aux murs photos et planches de dessins, accumule sur une étagère bouquins et menus objets, range sur le tréteau ses crayons gris àpointe fine. Un univers personnel hétéroclite appréhendéquotidiennement par les salariés qui peuvent suivre sonprocessus de création : un dessin de 190 x 140 cm épingléau mur, évolutif, qui laisse en évidence les chemins sinueuxde sa pensée et de son geste, intitulé, provisoirement, Le temps des vacances. L’œuvre prend ses racines dans un fourbi d’objets récoltés par les employés au gré de leurspérégrinations; souvenirs de vacances auxquels elle inventeun nouveau destin sur le papier : «Cela pouvait être troublant,confie-t-elle. Je n’ai pas dessiné chaque objet exactement,même si c’était l’attente de certains salariés. Je me suisemparée de leurs histoires…»Le projet fait mouche au seinde l’entreprise dont le fer de lance est le voyage. Chacun projette dans l’œuvre en cours un peu de ses parenthèses extraordinaires, de ses rêves… Les 350 œuvres de la collection de Vacances Bleues sontexposées dans les sièges sociaux et les hôtels, mais travaillerà la lumière d’œuvres d’art accrochées dans les bureaux est une chose, faire l’expérience de la création vivante en est une autre ! Soutenue par Mécènes du Sud,la résidence devrait trouver un prolongement en 2013 dans une forme non encore définie. Pour l’heure, Vacances Bleues lui a consacré une expositionmonographique à l’occasion du Printemps de l’art contemporain.

© Marie Deruffi

RepèresKathryn Cook est née au Nouveau

Mexique et a fini ses études dejournalisme en 2001. Depuis, ses

photographies documentaires sontrégulièrement publiées dans le New

York Times, Newsweek, Time, Stern…Elle fait partie de la prestigieuse

Agence VU.

RésidenceDe septembre 2011

à juin 2012

Jeunesse Arménienne de FranceL’association, née après la seconde

guerre mondiale, œuvre en particulierau développement de la culture, de la

langue et des arts arméniens.Coproductrice de cet Atelier, elle aégalement ouvert ses archives et

permis à la photographe de rencontrerles Marseillais d’origine arménienne,

une des plus anciennes et importantescommunauté de France.

www.la-jaf.comLe Bec en l’air

Maison d’édition d’ouvrages d’art, dephotographie, Le Bec en l’air met en

pages de façon élaborée, etcontemporaine, la relation entre texte

et image. Basée à La Friche, ellecompte aujourd’hui plus d’une

soixantaine de publications à soncatalogue.

www.becair.com

RepèresNée en France

dans une famille algérienne, ZinebSedira vit à Londres après avoir étudié

au Royal College of Art. Elle a éténommée en 2009 Chevalier dans

l’Ordre des Arts et des Lettres.Plasticienne, photographe et vidéaste,

elle travaille notamment sur la mémoire et les flux migratoires.

AtelierRésidence d’octobre 2011

à l’automne 2012Ici / Ailleurs, en janvier 2013

Espace Panorama de la Friche - Belle de Mai

Grand Port Maritime de MarseilleLe Port de Marseille Fos

est le premier port français, et l’un des plus grands pétroliers au

monde. Il assure le transport desmarchandises, minerais, matières

premières et passagers entre l’Europe et la Méditerranée, et dessert 400

destinations sur la planète. Ses deuxbassins couvrent une superficie deprès de 10 500 hectares au total.

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Page 17: Supplément Zibeline MP 2013

C’est par hasard, au cours d’un voyage en Turquie en 2006, que la photographeaméricaine a senti une absence. Et a découvert qu’il était interdit de parler du génocidearménien. Alors elle s’est mise à chercher les traces de ce peuple, en Syrie, au Liban, à Jérusalem, en Arménie, pour comprendre l’ampleur du silence et documenter sa vision. Puis elle est parvenue dans un petit village turc peuplé de Kurdes et planté de mûriers, et de vers à soie. La mémoire d’un artisanat arménien, dans les arbres. Depuis elle a séjourné à Marseille, rencontré Ovsana Kaloustian, centenaire qui a vécul’exil en 1915… Ses photographies, d’un magnifique lyrisme et d’une rare humanité,s’accompagnent de commentaires succincts mais éclairants sur une histoire qui n’est pas la sienne, mais qu’elle rend comme un témoin infiniment sensible, et entêté.Elles feront l’objet, en 2013, d’une exposition monographique au MuCEM, et d’une publication au Bec en l’air.

KATHRYN COOK, Memory of trees

© Kathryn Cook © Kathryn Cook

ZINEB SEDIRA Sans titre (provisoire)Le projet de Zineb Sedira pour les ateliers del’EuroMéditerranée est de conclure son triptyque vidéoconsacré aux ports d’Alger et de Marseille. Dans le deuxième volet, intitulé MiddleSea, l’artistefilmait le ferry circulant entre les deux villes, ses gerbesd’écume et coursives désertes, dans une puissanteévocation de l’expérience du transit... Attente comprise,corne de brume et regard perdu dans les vagues, le mazout laissant une tache sale dans le sillage dubateau. «La plupart de mes recherches portent sur le mouvement, les flux, les déplacements, les exodes.» Jean-Claude Terrier, Directeur Général du Grand Port Maritime de Marseille, se dit ravid’accueillir Zineb Sedira : «Pour nous qui le connaissonscomme un outil, ce sera enrichissant de découvrir le regard d’une artiste sur le Port.» L’artiste quant à elle espère aussi accéder aux archives, ce qui n’est pas évident dans un cadre industriel, et rencontrer les salariés, marins, dockers, pour les faire parler de leur lieu de travail, de leurrapport à la mer. «Je m’intéresse à l’histoire orale. Le son est important dans mon processus de création.»Les repérages auront lieu cet été, le tournage en septembre, en fonction des arrivées de bateaux,puis l’œuvre sera intégrée à l’exposition inaugurale dunouvel espace de la Friche en janvier 2013. Afin deprolonger son immersion dans l’univers salé du Port,

le public pourra accéder exceptionnellement et durant toute l’année à la totalité du hangar J1, et même à une partie de la Digue du Large.

Sé�rie Alger-Marseille, 2008 © Courtesy Zineb Sedira et galerie Kamel Mennour, Paris

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RepèresJean-Michel Bruyère est

membre très actif du grouped’artistes LFKs, dont le siègeest à Marseille et les ateliers

principaux à la Friche la Bellede Mai. Les domaines

d’activité de LFKs vont ducinéma aux arts électroniques,

en passant par la vidéo, lamusique et la littérature.

Le groupe LFKs estinternational : ses membres

sont de 14 nationalitésdifférentes, et ils ont participéà des résidences de création

dans 34 pays depuis safondation.

AtelierRésidence de juin 2011

à juin 2012

École Nationale Supérieure desMines de Saint-Etienne

Fondée en 1816 par LouisXVIII, l’École des Mines a

accompagné la révolutionindustrielle en formant les

ingénieurs de l’époque.Aujourd’hui, elle est l’une des

institutions les plusprestigieuses de France, et

propose une formationcomplète, entre recherche,

technique et monde del’entreprise. En 2002, elle a

ouvert un second site àGardanne, dont la spécialité est

la microélectronique.

JEAN-MICHEL BRUYÈRE It’s now baby !Marseille Provence 2013 accompagne Jean-Michel Bruyèredepuis 2011 sur ses projets en région, avec une installation(bouleversante !) lors du dernier Festival d’Avignon, un opéra dans le cadre du prochain Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence, et à Arles en 2013 «un grand polyptyquevidéo, conçu spécialement pour la halle des Ateliers SNCF et exploitant les dernières capacités de l‘image en très haute définition.» Conçues comme «un cycle decréations, intitulé vitaNONnova et dont l’histoire du BlackPanther Party est le fil», ces œuvres ont donné lieu à une collaboration entre l’artiste et les élèves de l’École des Mines. Encadrés par un enseignant, Laurent Freund, trois groupes d’étudiants se sont penchés sur un projet«d’édition pour tablette numérique : la conception artistique et technique d’un «livre enrichi» c’est-à-dire exploitant les possibilités offertes par ce support électronique en matière de navigation dans un contenu articulant textes,photos, illustrations, films, musiques…» Le public aura parexemple la possibilité d’accéder à certaines archives qui ne sont physiquement consultables qu’à San Francisco.Jean-Michel Bruyère commente sobrement son travail :«Beaucoup d’expériences sont menées en ce moment à travers le monde dans ce domaine, nous ne faisons que nous inscrire dans ce mouvement général.»Mais l’expertise de la prestigieuse École des Mines est certainement un atout en matière d’innovation technologique…

© JM Bruyère

RepèresAprès une maîtrise en Arts

Plastiques à l’Université d’Aix-en-Provence, ÉtienneRey a poursuivi ses études

en architecture ; il a égalementtâté du dessin industriel

et des sciences dures avantde débuter sa carrière

d’artiste plasticien en 2001.Son travail explore

le mouvement et l’espace, en filiation directe avec l’art

cinétique. Le projet Tropique a été lauréat du Réseau Arts

Numériques en 2011.

AtelierRésidence de mars 2011

à janvier 2012

IMéRAL’Institut Méditerranéen

de Recherches Avancées,fondé par les Universités d’AixMarseille et le CNRS, accueilleen résidence des chercheurs,

scientifiques et artistes, afin de mettre l’accent sur

«la condition humaine dessciences». Son objectif est de favoriser leur rencontre,

en leur évitant toute contrainteadministrative ou

d’enseignement le tempsnécessaire à leurs travaux.

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Page 19: Supplément Zibeline MP 2013

Sur la mezzanine de la société nautique,Franck Pourcel trace des lignes entre les étoiles…Pour 2013 il conçoit 13 Constellations, sortes de voyages récits photographiques sur les tracesd’Ulysse, de Troie à Ithaque, de Charybde en Scylla,chez les Lotophages de Djerba ou Calypso à Gibraltar... Des séries qui organisent l’espaceautour de thèmes, la mythologie, les rivages ou les terres, les corps et les conflits… Une façon d’écrire des «récits» avec des images.Le travail réalisé par les élèves de 6ème reprenait ces principes : il s’agissait de photographier vite, en traversant la ville en deux heures du Port à leurCollège, chaque enfant muni d’un appareil jetable.Puis à partir de ces clichés il leur a fallu opérer des choix, fabriquer des séries narratives,thématiques. Et dessiner leurs propresconstellations

RepèresFranck Pourcel vit et travaille àMarseille, et pose depuistoujours sur sa Méditerranéeun regard très personnel. Sesphotographies, traversées parune sensibilitéd’anthropologue, fontressentir l’épaisseur du temps,des paysages… et des gens.

Le FRACPour le Fonds Régional d’ArtContemporain PACA, financéconjointement par l’État et larégion, l’année 2013s’annonce capitale :inauguration du nouveaubâtiment sur la Joliette,pilotage du projet Ulysse…c’est dans ce cadre que leFRAC produit cet Atelier del’EuroMéditerranée,accompagnant égalementson volet pédagogique.

Collège ClunyÉtablissement privéconfessionnel catholique, quia engagé deux classes de6ème dans l’atelierphotographique de FranckPourcel, accompagné deLaurie Corso (prof d’histoire)et Audrey Monnier (prof d’artsplastiques).

Société Nautique deMarseilleLa SNM est une société crééeen 1887 qui organise desrégates et manifestationsnautiques, gère les places deport et l’école de voile. Elleregroupe 22 clubs nautiques,compte 528 sociétaires et 10salariés, gère 564 bateaux,ouvre ses archives au public,et son restaurant, situé sur lePavillon flottant du Vieux Port,aux gourmets.

FRANCK POURCEL, Constellations

Constellation, Messine © Franck Pourcel

ÉTIENNE REY TropiqueL’atelier d’Étienne Rey est tendu de draps noirs, une bouche d’aération crache des flots de vapeur quienvahissent lentement l’espace, et troisvidéoprojecteurs sculptent cette matière impalpable à l’aide de la lumière. Pour le visiteur, c’est unesensation physique unique en son genre, les murs et le sol disparaissant pour laisser la place à un non-lieudéfini par des rais lumineux et les volutes du brouillard.Dans la version finale, un dispositif de capteurs Kinectet caméras 3D infrarouges permettra au publicd’interagir avec ces flux, les plus infimes mouvementsentraînant une réaction en écho à sa présence.Derrière cette installationsubtile, une collaborationfructueuse entre le plasticien et Laurent Perrinet, chercheur en neuroscience, spécialistede la perception et de lacognition. «Le cerveau humainévalue constamment sonenvironnement : ça c’estlumineux, ça non. Ça c’est en mouvement, ça non, ça ça n’existe pas, ça oui... D’où parfois la reconstitutionfaussée, les illusionsd’optiques !» Mais l’artiste n’a pas cherché à mettre enscène un mirage, il évoque

plutôt les hologrammes ou la transformation de la lumière par la matière, son dessein étant de révéler... une structure à l’état de vapeur. Le visiteur ne percevra peut-être pas que l’univers dans lequel il plonge est le fruit de savants algorithmes issus de la mécanique des fluides, et c’est tant mieux : il pourra ainsi absorber avecl’esprit libre des enfants une atmosphère onirique,contemplative et ludique à la fois.

Tropique 2011 © Etienne Rey

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Page 20: Supplément Zibeline MP 2013

August Sander est ce portraitisteallemand de la première moitié du XXème

siècle, célèbre pour avoir amené une pratique documentaire sur le terrainde la photographie artistique. Il a inspirédes générations de photographes avecson « portfolio archétypal », regroupantdes portraits de paysans, artisans,ouvriers et membres d’autres couchessociales en tenue quotidienne.Mohamed Bourouissa s’inscrit dans la filiation de ce témoin de la crise de1929, en choisissant de centrer sonœuvre sur la figure du chômeur ; uneautre manière d’aborder le monde dutravail dans une période mouvementée. Ils’est installé pour deux mois sur le sitedu Pôle Emploi de la Joliette, à la rencontredes personnes qui le fréquentent au jourle jour. « Je parle beaucoup avec lesemployés et les usagers, et je demandel’autorisation d’assister aux entretiens. La plupart acceptent, mais je me pose la question : est-ce qu’ils ne jouent pasun rôle parce que je suis présent ? »Eternelle interrogation des sociologuessur le terrain ! Dans son camion, véritablefab-lab mobile équipé d’un scannercorporel, d’une web cam et d’uneimprimante en 3D, Mohamed Bourouissacapture « la physionomie, la corporalité »d’un individu, pour « revenir à l’essentielde sa posture » sous forme de statuettes

en résine. Le caractère flouté, l’absencede précision sont volontaires, dans la continuité de la démarche qu’il avaitdéjà adoptée lors de la réalisation de son film Temps mort : « J’ai voulu aller vers une image détériorée, pixellisée.La perte de définition correspond à une déperdition d’identité, j’ai cherché la même chose en volume. »Son matériel, presque artisanal (on peut se procurer une imprimante 3Dpour moins de mille euros), et saméthodologie élaborée à partird’éléments trouvés sur internetcorrespondent au mouvement du Do ityourself, dont le développement pourraitsecouer les logiques traditionnelles del’offre et de la demande mis en place parl’économie de marché en matière deproduction et de diffusion des artefacts.L’artiste interviendra sur le territoire de laCapitale dans le cadre d’ateliers conçussur ce principe et centrés sur le thèmedu travail, jusqu’à l’automne 2013, à la rencontre d’employés, étudiants et demandeurs d’emploi. L’idée étantd’intégrer les outils technologiques demanière autonome dans une démarcheartistique. Une partie du projet seraprésentée lors de l’exposition Ici, Ailleurs à la Friche en janvier 2013, la deuxième partie s’exportera àGennevilliers au mois de septembre.

MOHAMED BOUROUISSAL’utopie d’August Sander

Visuel L'utopie d'Auguste Sander © Moham

ed Bourouissa

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Le projet de Yazib Oulab est évolutif, c’est-à-dire «perméable»aux gens qu’il rencontrera au Centre de rééducation Richeboiset à l’entreprise toute proche, les Tuileries de Saint Henri.Inspiré par la situation géographique du Centre enpromontoire, en position de guet face à l’autre rive (Alger), il sera comme un écho à la magie du lieu : «quand j’auraiintégré ce site qui domine Marseille, quand j’aurai dialoguéavec les gens, les choses se mettront en place. Le lieu définira la forme de l’œuvre». Ce qui est certain, c’est qu’il utilisera la terre comme médium, cette mêmeargile que les ouvriers sont venus travailler dans les Tuileriesde Saint Henri, regroupés en habitat précaire… À travers des ateliers autour de l’invention de l’écriturecunéiforme ils pourront, ensemble, remonter le temps etl’histoire du lieu, des gens, de l’immigration… pour inventerune forme plastique. Yazid Oulab imagine déjà «construiredes murs, comme une petite ville, avec des tablettes de terre cuite mises debout, évoquant des cloisons, des labyrinthes…». Une déclinaison de la matière pensée«comme une réponse aux Gourbis de terre crue». Ce projet fera également l’objet d’une autre production qui s’inscrira dans le parcours ULYSSE proposé par le Frac :«Ulysse et Sindbad, dans la tradition arabe, ont vécu desvoyages presque similaires. Je souhaite travailler sur l’idéed’un patrimoine universel des cultures à travers les figuresmythologiques».

YAZID OULAB, Sans titre

© Yazid Oulab

Page 21: Supplément Zibeline MP 2013

RepèresNée en 1952 à Beyrouth de famille palestinienne, Mona Hatoum n’a jamais cessé de voyager pour desraisons historiques (la guerre civile au Liban), universitaires(enseignement à Londres, Maastricht, Cardiff, Paris) ou artistiques (résidences en Grande-Bretagne, Canada,Etats-Unis…). Aujourd’hui elle habite à Londres et à Berlin.En 2004, Mona Hatoum reçoit le Prix Sonning pour sa contribution majeure à la culture européenne, ainsi que le prix Roswitha Haftmann décerné chaque année à un artiste contemporain. La fondation Querini Stampalialui a consacré une exposition personnelle dans le cadre de la Biennale de Venise de 2009.RésidenceDe mars à juillet 2012

Arnoux-IndustrieInstallée à Aubagne depuis 1894, cette entreprise estspécialisée dans la chaudronnerie industrielle inox : mobilierindustriel, usinage mécanique, découpe de tôle acier etinox, pliage de tôle acier fine, confection de passerellesacier, de containers… Arnoux-Industrie a déjà accueilli en résidence l’artiste Sarkis pour la réalisation des décorations du Parvis de la Défense à Paris.

CirvaCréé en 1983 et installé depuis 1986 dans un ancienbâtiment industriel de Marseille, le Cirva est un atelier derecherche et de création contemporaine qui accueille desplasticiens, des designers ou des architectes ayant despratiques variées et désirant introduire le verre dans leurdémarche créatrice.

CoproductionMP 13, Arnoux-Industrie, Cirva

RepèresLauréat du Prix Voies Off auxRencontres Photographiquesd’Arles en 2007, MohamedBourouissa est diplômé del’École Nationale Supérieuredes Arts Décoratifs. Sonœuvre s’inspire souvent decelle de peintres et met enscène de manière très préciseun environnement urbaincontemporain, plaçant laphotographie de reportagedans le champ de l’art.

Atelierjanvier à mai 2012

MONA HATOUM, Sans titre

Pour mener à bien son projet de créer une pièceunique alliant le métal et le verre, Mona Hatoumprocède par résidences de recherches successives et de partages de compétences.À plusieurs reprises, elle s’immerge chez Arnoux-Industrie, au plus près des ouvriers spécialisés,pour appréhender toutes les possibilitéstechniques offertes par le métal. Là, elle apprend à tordre le métal, à tailler de grandescages en acier réalisées à partir de fer à bétonarmé… De la même manière, Mona Hatoum se fondra dans l’équipe de souffleurs de verre du Centre international de recherche sur le verre deMarseille (Cirva) pour résoudre d’autres problèmes techniques, de cuisson, ou encore pour travailler sur le rapport à la couleur… Mona Hatoum a utilisé dans un premier temps la performance avant de se tourner vers la vidéo, l’installation et la photographie,et aujourd’hui la sculpture : ses œuvresabordent des problématiques liées à la confrontation, à la violence, à l’oppression,au voyeurisme, souvent en relation avec le corps, mais également des thèmes commel’exil, l’enfermement, la frontière… À l’instar de l’ensemble de son œuvre, cette nouvelle création s’inscrit dans une démarche très engagée. L’œuvre réaliséegrâce aux savoir-faire des équipes d’Arnoux-Industrie et du Cirva sera présentée en janvier2013 à la Friche dans le cadre de «Ici etAilleurs». Dans le même temps, une expositionmonographique sera organisée à la Chapelle des Pénitents noirs à Aubagne par le Fracdans le cadre du projet Ulysse.

Mona Hatoum. Bunker, 2011, © Hugo Glendinning. Courtesy White Cube, London

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RepèresNé à Alger en 1958, YazidOulab vit et travaille à Marseille.Une exposition personnelleest programmée en 2013dans le nouveau bâtiment duFrac.Résidenceavril à octobre 2012

Centre de rééducationRichebois Le Centre a pour objectifd’entraîner ou de ré-entraînerles personnes handicapéesau travail, en vue d’uneinsertion ou d’une réinsertionprofessionnelle.

Production déléguéeAssociation Voyons voir artcontemporain, en partenariatavec le FRAC Paca

Page 22: Supplément Zibeline MP 2013

ANTOINE D’AGATA, OdysséeL’odyssée d’Antoine d’Agata n’est pas uniquement lasienne, mais celle de 9 migrants qui veulent tenter leurchance dans cette Europe tant convoitée, 9 migrantsqui espèrent franchir clandestinement les portes del’Europe, aux confins de l’espace Schengen. Ils viennentde Tanger et de la côte ouest de l’Afrique, d’Algérie, deTurquie, d’Albanie, de Roumanie ou d’Afghanistan…Sur la route par intermittence depuis mai 2011, lephotographe, à chaque voyage, remonte les filières,rencontre les passeurs, entre dans le quotidien deshommes et des femmes qui ont tout quitté. Et à chaque

fois il partage avec eux le chemin de l’aller, celui qui lesmènera jusqu’à l’île de Lampedusa ou ailleurs. CarAntoine d’Agata connaît l’existence des centres derétention administratifs aux frontières de l’Est et du Sud,il sait le terrible accroissement de leur population (26CRA en France métropolitaine ont vu défiler 33600personnes en 2010, soit plus du double de 1999)…L’immigration, la clandestinité sont des thèmes quitraversent son œuvre, au point qu’il ancre son proprequotidien «dans le vif de la réalité des itinéraires», qu’ilexpérimente ces situations critiques, se confronte àcette réalité sociale et économique qui conduit à l’exildes milliers de personnes chaque année. Il a besoin d’éprouver en son corps les expérienceshumaines et artistiques. Le temps de cette errance volontaire, Antoine d’Agataécrit comme un reporter, avec son appareil photo et,pour la première fois, une caméra vidéo. Comme uneénième mise en danger de son travail et de lui-même.Son projet devrait aboutir à la réalisation de 9 courts-métrages de 5 minutes et 9 séries d’imagesphotographiques dont l’ambition est de documenter«neuf fragments d’itinéraires, neuf odysséescontemporaines». Les lieux captés serontvolontairement non identifiables : installations portuaires,aires d’autoroute, cales de bateau, routes, foyers,centres de rétention, camions…Deux lieux de résidence lui permettent de couvrir cevaste territoire : Marseille pour le Sud et Kosice pourl’Est, Kosice étant également capitale européenne en2013.

© Antoine D'agata / galerie les Filles du Calvaire

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Bleu ciel et Robin Decourcy n’étaient pas faits pour se rencontrer. La première est une agence spécialiséedans les relations média et le lobbying dirigée par

Nathalie Dunoir et Magali Triano ; le second «vient d’un milieu lyrique, du point de vue artistique, et est désillusionné par le libéralisme». Pour lui le mot«entreprise» est synonyme de «planète Mars» ! Ce qui le pousse, justement, à réfléchir sur les notionsd’entreprise, de hiérarchie, de productivité, demarché… Grâce à Mécènes du Sud, les voici œuvrantensemble, et ce qui peut paraitre antinomique estdevenu une véritable force : un levier de création chezl’un et de remise en question chez l’autre. Depuis février il observe, note, confronte, provoque,soulève des interrogations, pousse dans leursretranchements la direction et l’équipe (8 personnes)sans savoir encore quelle forme définitive donner à l’œuvre. Nathalie Dunoir n’en revient pas du séismepositif provoqué par sa présence : «C’est uneopportunité formidable qu’il puisse intégrer l’agence et gommer l’effet pyramidal de l’entreprise dans une relation horizontale (…) Robin a une forte capacitéd’empathie et d’écoute. Il sait, sans être intrusif,obtenir tout ce qu’il veut». À savoir inverser la relationmécène-artiste en confiant à Bleu ciel la réalisation de son propre portrait ! Pour opérer ce détournement,Robin Decourcy respecte l’organisation pyramidalemais l’inverse, s’appuyant sur les compétences de chacun, et l’accompagnant dans le processus de création et sa mise en exécution.

Etudes www (Who Where When) 8 regards sur le bureau

de l’artiste en résidence / Bleu Ciel Art In Progress

© Robin Decourcy

ROBIN DECOURCY, sans titre

Page 23: Supplément Zibeline MP 2013

RepèresRobin Decourcy, lauréat 2010 Mécènes du Sud, a suivi des études aux Beaux-artsde Mexico et à la Villa Arson à Nice où il a créé un lieu d’art participatif, Le Désappartement. Dans sa pratique, il s’adapte à des situations particulières à travers des travaux contextuels aux formes variées : mise en scène,performance, chorégraphie, photo,peinture.RésidenceDe mi-février à juin 2012

Bleu cielL’agence, née en 1995, est spécialiséedans la communication institutionnelle,industrielle et corporate. Elle ouvriraprochainement un Pôle Art destiné à promouvoir artistes et festivals ainsiqu’une résidence d’artistes pour «apporter du business dans l’art et aider les artistes à se développer».

CoproductionBleu ciel et Marseille Provence 2013

RepèresPhotographe associé de l’Agence Magnum Photos, Antoine d’Agata, né à Marseille, est l’auteur d’une œuvreradicale, inclassable. Depuis les années 90 il alterne expositions, enseignement,ateliers photographiques, commissariatd’expositions, jurys… En 2009, à l’occasion de la parution chez Actes sud/Atelier de Visu de sonouvrage Agonie (texte de Rafael Garrido),l’éditeur arlésien écrivait : «Antoine d’Agataa depuis longtemps perverti les codes de l’acte photographique et vise peut-être à les abolir aux risques et périls d’une vie mise en jeu». RésidenceDe mai 2011 à mai 2012

CoproductionBibliothèque et Archives départementalesde Marseille, MP 2013, MuCEM

Production déléguéeAtelier de Visu

Programmation 2013Exposition diptyque au MuCEM et aux Archives départementales

Page 24: Supplément Zibeline MP 2013