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8/20/2019 Zika Provoque «Quelque Chose de Jamais Vu
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Directeur de la publication : Edwy Plenel
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Adriana Melo: Zika provoque «quelquechose de jamais vu»PAR MICHEL DE PRACONTALARTICLE PUBLIÉ LE LUNDI 15 FÉVRIER 2016
[media_asset|eyJtZWRpYSI6eyJpZCI6IjU2YmM1YjY4YTVjOTU5ZWEyYzhiNDU2OSIsInBhdGgiOiJmaWxlc1wvMjAxNlwvpreuves s'accumulent de jour en jour pour montrerque la vague de malformations cérébrales observéesau Brésil est causée par le virus Zika. Pour le docteurAdriana Melo, l'un des premiers médecins à avoirétudié ces cas, interrogée par Mediapart, il s'agit d'une
pathologie inédite, jamais observée précédemment.Découvert en 1947, le Zika est passé sans transitiondu statut de curiosité virologique relativementinoffensive à celui de dernier fléau en date, à la suited’une dramatique vague de microcéphalies au Brésil.Ces malformations congénitales se manifestent, chezles enfants affectés, par une tête plus petite que lanormale en liaison avec une atrophie du cerveau.Toute une série de facteurs peuvent causer desmicrocéphalies, et leur existence ne constitue pas en
soi une nouveauté.Mais un événement exceptionnel a déclenché l’alerteau Brésil : une augmentation soudaine et très fortedu nombre de cas de microcéphalie, avec des formesparticulièrement graves, détectée à partir d’août 2015dans plusieurs États du nord-est du pays, environ unan après l’arrivée présumée du virus Zika dans le pays.
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Le 1er
février 2016, l’Organisation mondiale de lasanté (OMS) a déclaré l’épidémie de Zika «urgence de
santé publique de portée mondiale », principalementà cause d’une « forte suspicion » de relation causaleentre le virus et les microcéphalies. Cette relationn’est pas encore rigoureusement prouvée. Elle aparu, dans un premier temps, improbable à denombreux spécialistes qui n’avaient jamais vu depathologie grave associée au Zika. Des pédiatres et
neurologues brésiliens, qui ont suspecté le virus dèsseptembre 2015, se sont heurtés au scepticisme de
leurs collègues.Le docteur Adriana Melo, spécialiste de médecinefœtale à l’institut de recherche IPESQ, à CampinaGrande, dans l’État de Paraìba, a été la premièreà prouver que le Zika pouvait franchir la barrièreplacentaire (lire notre entretien page deux). Ce quia constitué une étape décisive pour relier le virus àla vague de malformations du cerveau observées auBrésil. Un autre argument avancé par Adriana Melo etses collègues brésiliens est l’aspect particulier, inédit,
des atteintes cérébrales très sévères qu’ils décrivent :il s’agit de « quelque chose de complètement
nouveau, jamais rencontré dans des maladies décrites
auparavant », affirme Melo.
D’autres virus peuvent franchir la barrière du placentaet causer des malformations cérébrales chez le fœtus,notamment ceux de la rubéole et de la toxoplasmose.Mais on n’avait rien vu de tel avec le Zika, qui jusqu’à2013 n’avait jamais rendu personne vraiment malade.Ce virus, transmis par des moustiques cousins de ceux
de la dengue et du chikungunya, a été découvert en1947 sur un « singe sentinelle » enfermé dans unecage dans une forêt d’Ouganda. Endémique dans denombreux pays d’Afrique et d’Asie, il n’a quasimentpas provoqué de symptômes chez l’homme pendantsoixante ans. En 2007, on a observé une premièreépidémie, plutôt bénigne, sur l’île micronésienne deYap, en 2007. Il n’y a eu ni décès ni hospitalisation.
En 2013-2014, une épidémie plus sérieuse s’estdéveloppée en Polynésie française. Là encore, pour la
plupart des patients identifiés, les symptômes ont étérelativement modérés : fièvre, éruption, maux de tête,douleurs articulaires (beaucoup moins handicapantesque celles du chikungunya). Mais on a aussi observéune quarantaine de cas de syndrome de Guillain-Barré potentiellement associés au virus. Il s’agitd’une maladie inflammatoire du système nerveuxpériphérique qui provoque une faiblesse des membres,parfois une paralysie, en général réversible. Le lien
possible entre Zika et le syndrome de Guillain-
Barré a fait l’objet d’un article, par une équipe de
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médecins et chercheurs français, en mars 2014. C’estla première publication suggérant que le virus peut
entraîner des complications non bénignes et qu’il a uneaffinité pour le système nerveux.
À l’époque, les médecins de Polynésie française n’ontpas détecté de cas de microcéphalie susceptiblesd’être liés à l’épidémie. Ils ont en revanche noté lapropagation rapide du virus dans la zone Pacifique. Ledocteur Didier Musso, de l’Institut Louis-Malardé, etses collègues ont pronostiqué sa diffusion au-delà
de cette zone.
Quelques semaines après la fin de la coupe du monde
de football, disputée en juin-juillet 2014 au Brésil, desmédecins de Natal, la capitale de l’État du Rio Grandedo Norte, qui avait accueilli certains des matchs,ont observé de nombreux patients atteints du mêmeensemble de symptômes, faisant penser à une formedouce de la dengue. Rien de très grave, mais on necomprenait pas quelle était la cause de cette épidémie.Ce n’est qu’au printemps 2015 que le coupable a étéidentifié : le Zika.
Il était présent sur le continent américain dès l’été
2014. On a supposé qu’il avait été amené de la régionPacifique lors de la coupe du monde. Didier Mussopropose une hypothèse alternative : le Zika auraitété transporté en août 2014, pendant le championnatdu monde de va’a (pirogue polynésienne) qui s’estdéroulé à Rio de Janeiro, et auquel participait laPolynésie française ainsi que trois autres pays touchéspar le Zika en 2014. Qui plus est, une étudefrançaise a montré que le virus observé au Brésil étaitgénétiquement très proche de celui qui a touché la
Polynésie et la région Pacifique.[[lire_aussi]]
Quelle que soit sa provenance exacte, le Zika aprovoqué une épidémie à grande échelle au Brésilet dans 28 pays ou territoires, la plupart sur lecontinent américain, pour deux raisons principales :les populations de ces régions n’avaient jamais étéexposées à ce virus et n’avaient pas d’immunité contrelui ; et les moustiques du genre Aedes, qui transmettentle Zika, mais aussi le chikungunya, la dengue ou la
fièvre jaune, sont ubiquitaires dans ces régions. Ils se
reproduisent et prolifèrent dans les eaux stagnantes,et sont pratiquement impossibles à éradiquer, surtout
dans les zones d’habitat pauvre et insalubre.Les cas se sont multipliés à grande vitesse, sansque l’on puisse estimer précisément le nombre depersonnes infectées, du fait que la plupart n’ont pasde symptômes, ou bien de trop légers pour entraînerune consultation médicale. L’OMS évalue entre 3 et 4millions le nombre d’infections au Zika dans les douzeprochains mois (voir une synthèse dans The Lancet).
Du fait du grand nombre élevé d’infections, beaucoupde femmes enceintes ont été touchées par le virus,
le plus souvent sans même s’en rendre compte. Enaoût 2015, des médecins de Recife, capitale de l’Étatde Pernambouc, la pointe nord-est du Brésil, ontcommencé à observer des formes graves, et assezatypiques, de microcéphalie. Le nombre de cas arapidement augmenté, même s’il y a des incertitudessur l’ampleur réelle de la hausse, du fait que l’on aentrepris de rechercher systématiquement les cas demicrocéphalie (lire l’analyse des chiffres par The
Lancet).
C’est dans le Pernambouc que l’on a identifié le plusde cas, mais l’ensemble du pays est touché. Débutoctobre 2015, le ministre de la santé a chargé uneépidémiologue, le docteur Celina Turchi, de mener uneenquête sur la cause de cette vague de microcéphalies.Une série de virus ont été testés, en vain. Le lien avecle Zika était déjà soupçonné, mais on ne réussissait pasà le confirmer.
Le 11 novembre, le ministère brésilien de la santédéclarait une urgence de santé publique à la suite
de la hausse du nombre de nouveau-nés atteintsde microcéphalie au Pernambouc. À la date du17 novembre, 399 cas étaient à l’étude dans septÉtats du nord-est du Brésil, dont plus de la moitiéau Pernambouc. Le même jour, les analyses enlaboratoire d’échantillons de liquide amniotique dedeux f œtus suivis par Adriana Melo confirmaientpour la première fois que le virus Zika pouvait setransmettre d’une femme enceinte à son enfant, en
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traversant la barrière placentaire. Depuis, au moinsdeux autres équipes ont trouvé la trace du Zika chez
les fœtus touchés par les microcéphalies. A posteriori, on peut s’étonner qu’il ait falluattendre l’épidémie brésilienne pour que l’alerte soitdéclenchée. Le 24 novembre 2015, les autoritésde santé de la collectivité d’outre-mer ont signalérétrospectivement une vague inhabituelle d’au moins17 cas de malformations du système nerveux centralchez des fœtus et des nouveau-nés, coïncidantchronologiquement avec l’épidémie de Zika. Cettealerte a été reprise dans un rapport du Centre européen
de prévention et de contrôle des maladies (ECDC),diffusé le 25 novembre, qui mettait l’accent sur le
lien potentiel entre le Zika et les microcéphalies au
Brésil.
Tout récemment, la plausibilité de ce lien a étéconfirmée aux États-Unis, après l’étude d’un cas demalformation chez le bébé d’une femme enceintevivant à Hawaii, mais qui a séjourné au Brésilpendant une partie de sa grossesse. Pourquoi n’a-t-on pas observé l’association Zika/microcéphalie avant
l’entrée du virus sur le continent américain ?Le docteur Denis Coulombier, de l’ECDC, avanceplusieurs hypothèses : « D’abord, la souche virale
asiatique, en cause en Polynésie et aux Amériques,
diffère de la souche africaine, ce qui pourrait
expliquer en partie pourquoi l’association n’a pas
été notée en Afrique. D’autre part, en Afrique et en
Asie, il y a eu des épisodes épidémiques sporadiques,
étalés dans le temps, et non explosifs comme sur le
continent américain. De plus, dans les régions où le
virus circule depuis un certain temps, une partie dela population est immunisée et les taux d’attaques
sont r elativement faibles. Les femmes en âge de
procréer peuvent avoir déjà eu la maladie, ce qui les
protège pendant la grossesse. Dans des populations
“naïves” ou non immunisées, tous les groupes sont
touchés et notamment les femmes enceintes, d’où
l’accroissement des cas au Brésil. Ce qui a aussi été
accentué parce que le virus s’est diffusé dans des
zones urbaines relativement peuplées, où les cas de
malformations ont été plus concentrés dans l’espace,
permettant un rapprochement entre ces cas qui a pu
générer l’alerte. »
Des analyses ont confirmé l'infection par leZika de fœtus atteints de malformations
Le docteur Adriana Melo est chercheuse à l’IPESQ(Instituto de Pesquisa Professor Joaquim Amorim), àCampina Grande, dans l’État de Paraìba, l’un de ceuxoù l’on a commencé à observer des microcéphaliestrès graves susceptibles d’être liées à l’épidémie deZika. Elle a été l’un des premiers médecins à étudierces cas troublants, car ils ne ressemblent pas aux
malformations cérébrales déjà connues.Combien de cas avez-vous étudiés ?
[media_asset|eyJtZWRpYSI6eyJpZCI6IjU2YmM1ZGQ4MjRkZTNkMsuis spécialiste de médecine fœtale, je travailleuniquement sur des fœtus. À ce jour, j’ai suivi vingtcas de microcéphalie, associés à différents degrés dedommages cérébraux. Parmi ceux-ci, j’ai identifié cinqfœtus avec microcéphalie chez lesquels nous avonsréussi à détecter le matériel génétique du virus Zikadans le liquide amniotique par la technique de PCR.Nous avons aussi trouvé le virus dans le placenta etdans le sang du cordon ombilical d’un bébé qui estmort quelques heures après sa naissance.
Par ailleurs, des chercheurs de l’État du Pernamboucont relevé la présence de Zika dans des échantillonsde liquide amniotique, et des chercheurs du Natall’ont trouvé dans le placenta et le matériel issu d’unavortement. Le nombre de cas devrait augmenterquand nous disposerons d’un test sérologique pourévaluer la présence d’anticorps spécifiques liés auZika.
Peut-on aujourd’hui être certain d’un lien causal
entre le virus Zika et ces malformations ?
Pour établir la causalité, il ne suffit pas de constaterque des femmes chez qui l'on a identifié la maladieaprès coup ont eu des bébés atteints de malformations.Il faut suivre un ensemble de femmes enceintesinfectées par le virus, voir combien de fœtus vont
développer une microcéphalie, et comparer à ce que
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l’on observe dans une population non touchée par levirus. C’est le principe des études de cohortes cas-
témoins, qui sont en cours dans plusieurs centres derecherche au Brésil. Le problème est que ces étudessont longues et coûteuses.
À ce stade, il y a une forte probabilité delien causal, qui repose sur la description précisedes cas. La structure des dommages cérébrauxassociés à la microcéphalie, qui a été décrite parplusieurs spécialistes au Brésil, est quelque chosede complètement nouveau, jamais rencontré dans lesmaladies décrites auparavant. C’est pour cette raison
que j’ai décidé, en novembre 2015, de récolter deséchantillons de liquide amniotique. À l’époque, jesavais que j’avais quelque chose de nouveau et quele liquide amniotique pourrait nous donner des pistes.Quand une mère est infectée, l’agent infectieux peutfranchir la barrière placentaire et atteindre le fœtus.Une fois malade, le fœtus élimine l’agent dans l’urine,principal constituant du liquide amniotique.
En suivant cette logique, j’ai collecté les échantillonset j’ai demandé à un laboratoire de la Fondation
Oswaldo Cruz (Fiocruz) de rechercher le virusZika ainsi que d’autres agents infectieux dansces échantillons. Nous avons trouvé du matérielgénétique de Zika dans deux échantillons. C’étaitla première fois que l’on détectait le virus dans duliquide amniotique [l’étude a été publiée en janvier
2016 dans Ultrasound in Obstetrics and Gynecology].Mais ce n’était que le début.
Pourtant, certains experts contestent encore le
lien entre ces malformations et le virus Zika.
Un récent rapport du réseau Latin AmericanNetwork of Congenital Malformations conclut
que la plupart des cas pourraient être liés à des
biais d’observation et à un surdiagnostic consécutif
à l’alerte. Comment réagissez-vous ?
Peut-être que le fait que ce groupe n’était pas présentdans les zones les plus atteintes lui rend difficiled’accepter la situation. Un autre élément qui, pour moicomme pour d’autres collègues, a rendu la recherchedifficile, c’est l’emploi de ce terme de microcéphalie.
C’est un terme trop général qui recouvre une grande
hétérogénéité de pathologies, et de plus il y atoujours un certain nombre de microcéphalies dans une
population. Peut-être qu’une appellation plus correcteserait “dommage cérébral ou trouble congénital lié auZika”, dont le signe principal serait la microcéphalie.
Pour quiconque examine les fœtus ou nouveau-nésatteints, il est évident qu’il s’agit de quelque chosede nouveau, de jamais vu. Dans les microcéphalieshabituelles causées par des agents infectieux, onobserve des destructions de cellules et de certainesstructures qui se sont formées auparavant. Ce que nousavons là est totalement différent parce qu’il y a des
structures dont la formation s’est arrêtée, comme si ledéveloppement du cerveau avait été bloqué.
Dès les premiers cas que j’ai étudiés, je n’ai jamaiseu le moindre doute sur le caractère inédit etspécifique de cette pathologie, non parce qu’il y aune microcéphalie, mais principalement à cause del’aspect hypoplasique – insuffisamment développé– du cervelet, associé à une calcification du tissucérébral, avec un cerveau sans sillons, quasimentlisse (cette combinaison de traits pathologiques est
inhabituelle et ne ressemble pas à ce que l’on connaîtavec d’autres virus).
Dans certains cas, on observe aussi uneventriculomégalie – dilatation des ventricules ducerveau –, avec une augmentation du volume deliquide céphalorachidien. Si elle est prononcée, ellepeut masquer la microcéphalie : une tête qui étaitinitialement trop petite, par suite d’une atrophiecérébrale, peut à la naissance présenter une mesurequasiment normale, alors que l’enfant a un cerveau très
peu développé.Dans ma ville de Campina Grande, en plus de cescas avec hypoplasie du cervelet, ventriculomégalie etcalcifications, j’ai suivi des cas encore plus lourds danslesquels le bébé est atteint d’arthrogrypose, raideursdes articulations qui sont liées aux atteintes cérébrales.Sur les six cas de ce type que j’ai observés, quatrenouveau-nés sont morts rapidement ; un a survécu,mais son arthrogrypose était limitée aux orteils ; lesixième, diagnostiqué in utero, est encore en gestation.
Je pense que ces observations démontrent que le Zika a
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un fort neurotropisme, autrement dit une forte capacitéà infecter les cellules nerveuses qui sont ses cibles
préférentielles.Des cas de microcéphalie suspectés d’être liés au
Zika ont été signalés en Polynésie française. Avez-
vous connaissance de ces cas ? Sont-ils aussi graves
que ceux que vous avez observés ?
Je ne sais pas si les cas de Polynésie françaisesont aussi graves. Nous ne pouvons pas comparer ledegré de sévérité des lésions entre les deux pays, carnous n’avons pas accès aux rapports d’examens dePolynésie. Ce que je peux dire, c’est que le fait qu’au
départ, l’épidémie de Zika en Polynésie françaisen’ait pas été reliée à des cas de microcéphalie nousa compliqué la tâche. Il a été difficile, au Brésil,de convaincre les populations et les autorités quece lien pouvait exister, puisqu’on ne l’avait pas vuen Polynésie. En ce qui me concerne, j’ai alertédès le début sur le fait que ce n’était pas parcequ’aucun cas n’avait été rapporté que de tels casn’existaient pas. Pour moi, cela montrait seulementque les microcéphalies n’étaient pas assez nombreuses
pour attirer l’attention. Et c’est bien ce qui s’estproduit : les 17 cas polynésiens se sont « dilués » dans
la masse, sans alerter les chercheurs et les autorités.Au Brésil, la population de la région métropolitainede Recife est de près de 4 millions d’habitants, quinzefois celle de la Polynésie française, le nombre de sujetsexposés a été très supérieur et il y a eu assez de cas pourattirer rapidement l’attention. En deux mois environ,on a détecté une vague de près de 60 microcéphalies,au lieu de quelques-unes.
D’après vous, y a-t-il eu une réticence des autorités
sanitaires à reconnaître le rôle du Zika ? Ou ce lien
est-il seulement difficile à prouver ?
Le Zika n’est pas simple à étudier. Les femmesenceintes qui sont infectées par le virus ne vontpas à l’hôpital ou chez le médecin, parce queles symptômes sont en général légers, et le virusdisparaît rapidement de la circulation sanguine, ce quicomplique sa détection. Nous ne disposons pas à ce
jour d’un test sérologique spécifique qui soit efficaceà grande échelle, ce qui rend difficile l’évaluationdu nombre réel de personnes infectées. Il n’est donc
pas aisé de prouver l’association entre le Zika et lesmicrocéphalies.
Directeur de la publication : Edwy Plenel
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