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ZONES ET PROFILS DE MOYENS D’EXISTENCE AU BURKINA FASO UN RAPORT SPECIAL DU RESEAU DU SYSTEME D’ALERTE PRECOCE (FEWS NET) Janvier 2010 Cette publication a été préparée par Sam DIXON et Julius HOLT de FEG Consulting, avec la contribution des partenaires du bureau national FEWS NET Burkina Faso, sous l’égide de l’Agence des EtatsUnis pour le Développement International (USAID) pour le Réseau du Système d’Alerte Précoce (FEWS NET) Indefinite Quantity Contract, AFPI00050002700.

ZONES ET PROFILS DE MOYENS D’EXISTENCE AU BURKINA …Des Profils des Zones de statut des différents groupes de richesse. Les risques Moyens d’existence importants et la capacité

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ZONES ET PROFILS DE MOYENS D’EXISTENCE AU BURKINA FASO UN RAPORT SPECIAL DU

RESEAU DU SYSTEME D’ALERTE PRECOCE (FEWS NET)

Janvier 2010

Cette publication a été préparée par Sam DIXON et Julius HOLT de FEG Consulting, avec la contribution des partenaires du bureau national FEWS NET Burkina Faso, sous l’égide de l’Agence des Etats‐Unis pour le Développement International (USAID) pour le Réseau du Système d’Alerte Précoce (FEWS NET) Indefinite Quantity Contract, AFP‐I‐00‐05‐00027‐00.

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ZONES ET PROFILS DE MOYENS D’EXISTENCE AU BURKINA FASO UN RAPORT SPECIAL DU RESEAU DU SYSTEME D’ALERTE PRECOCE (FEWS NET)

Réseau du Système d’Alerte (FEWS NET) IQC

Contrat No. AFP-I-00-05-00027-00

Les opinions des auteurs exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement les vues de l'Agence des Etats-Unis pour le Développement International ni celles du gouvernement des Etats-Unis.

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INTRODUCTION ........................................................................... 4

INTRODUCTION ............................................................................................ 4

UTILISATIONS ES PROFILS .................................................................................... 5

CONCEPT CLES ............................................................................................ 6

LES GRANDS AXES D’UN PROFIL DE MOYENS D’EXISTENCE ............................... 9

METHODOLOGIE ............................................................................................ 10

APERCU GENERAL ......................................................................... 11

INTRODUCTION ............................................................................................ 11

GEOGRAPHIE AND CLIMAT .................................................................................. 12

SOURCES DE NOURRITURE .................................................................................. 13

SOURCES DE REVENUS ......................................................................................... 14

PROFILS DE ZONES DE MOYENS D’EXISTENCE................................ 17

ZONE 1 : SUD TUBERCULES ET CEREALES ............................................................. 17

ZONE 2 : SUD-OUEST FRUITS, COTON, ET CEREALES ............................................. 24

ZONE 3 : OUEST COTON ET CEREALES .................................................................. 32

ZONE 4 : OUEST CEREALES ET TRANSFERTS .......................................................... 39

ZONE 5 : PLATEAU CENTRAL CEREALES ET JARDINAGE ....................................... 45

ZONE 6 : PERI-URBAIN D’OUAGADOUGOU ........................................................... 53

ZONE 7 : NORD ET EST BETAIL ET CEREALES ......................................................... 59

ZONE 8 : NORD ELEVAGE TRANSHUMANT ET MIL ................................................. 67

ZONE 9 : SUD-EST CEREALES, ELEVAGE, FORET, ET FAUNE ................................... 76

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Introduction

Les profils des moyens d’existence qui suivent décrivent comment vivent les populations rurales au Burkina Faso. Un moyen d’existence peut être défini comme l’ensemble des façons par lesquelles les ménages obtiennent les choses nécessaires à la vie, comment ils joignent les deux bouts d’année en année et comment ils survivent (ou n’arrivent pas à survivre) pendant les périodes difficiles.

Il y a un intérêt croissant d’utiliser l’analyse des moyens d’existence comme la ‘lentille’ à travers laquelle on peut visualiser un certain nombre de problèmes. Ces problèmes vont de la réponse d’urgence à l’atténuation d’un désastre et au développement à long terme. Cet intérêt repose sur deux observations de base :

1) L’information sur une région ou une communauté donnée peut être correctement interprétée seulement si elle est mise dans le contexte de vie de ces gens.

2) Les interventions peuvent seulement être conçues de façons appropriées aux circonstances locales si le planificateur connaît les moyens d’existence locaux et si oui ou non une intervention proposée s’ajoutera ou sapera des stratégies existantes.

Deux produits principaux sont offerts ici:

La carte montre la division du pays en zones homogènes Une Carte Nationale des définies en fonction des structures de moyens Zones de Moyens d’existence d’existence.

Les profils décrivent les caractéristiques importantes de chaque zone, y compris une brève différentiation du

Des Profils des Zones de statut des différents groupes de richesse. Les risques Moyens d’existence importants et la capacité relative à leur résister de la part

des différents types de ménages dans différents endroits sont identifiés.

En établissant les profils, un équilibre a été trouvé entre une utilisation facile et la minutie du détail. Le but a été de présenter suffisamment d’informations pour permettre une vue détaillée et équilibrée des moyens d’existence à l’échelon national. Les profils procurent une introduction rapide aux moyens d’existence dans le pays, ils ne donnent pas de détails localisés.

Ce document est divisé en trois sections principales:

1. Introduction — comprend quatre sous-sections : Utilisations des Profils—qui décrivent 3 façons principales dont les profils peuvent être

utilisés. Concepts Clés—qui définissent les concepts clés utilisés dans l’analyse basée sur les

moyens d’existence et expose brièvement le cadre analytique qui a aidé à définir l’information clé qui doit être incluse dans ces profils.

Les Grands Axes d’un Profil de Moyen d’existence—qui décrit la présentation et le contenu de chaque profil.

Méthodologie—qui décrit les méthodes utilisées pour développer la carte et les profils.

2. Vue d’Ensemble Nationale—Carte des zones de moyens d’existence, avec une vue d’ensemble nationale des moyens d’existence au Burkina Faso.

3. Profils des Zones de Moyens d’existence —Les profils pour chaque zone.

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Utilisations des Profils

Les zones des moyens d’existence et les profils présentés ici offrent une analyse des moyens d’existence ruraux et de la sécurité alimentaire sur une base géographique. Le pays est divisé en zones homogènes en fonction de la structure des moyens d’existence. Une brève description de chaque zone est donnée, y compris une analyse de la position des différents groupes de richesse à l’intérieur de la zone. Il est prévu que ce produit sera utile à trois niveaux, comme suit.

1. Guide Préliminaire des Moyens d’existence et de la Sécurité Alimentaire du Pays

Les profils donnent beaucoup d’informations et d’analyses en quelques pages de présentation. Ils devraient donc former une source utile d’informations pour un nouveau venu qui a besoin de comprendre rapidement les moyens d’existence et les conditions de la sécurité alimentaire dans le pays. Les divisions géographiques sont relativement larges - autant que possible en gardant la cohérence des réalités du terrain - de façon à ce que le lecteur considère le modèle général et les différences basiques des zones et des populations sans être submergé par trop de détails.

Les planificateurs de développement peuvent aussi bénéficier de l’utilisation des profils des moyens d’existence. Un objectif de développement est de réduire la vulnérabilité des gens aux risques et d’augmenter leur capacité à faire face. Une première étape importante est de comprendre qui est vulnérable, à quels risques et pourquoi. De même, des efforts pour réduire la pauvreté nécessitent de comprendre comment les ménages les plus pauvres survivent et les raisons de leur pauvreté.

2. Alerte Précoce et Réponse

La sécurité alimentaire locale est souvent, incorrectement, mise en équation avec la production agricole comparée aux besoins alimentaires de la population locale. Ainsi, un déficit de la production chronique ou temporaire opposé au besoin en nourriture local est immédiatement traduit en insécurité chronique ou temporaire. Par conséquence, la plupart des systèmes de surveillance de sécurité alimentaire et d’alerte précoce utilisent fortement deux sources d’informations (i) données sur la production des récoltes et/ou du bétail ; et (ii) information des prix de marché.

Ceci n’est presque jamais toute l’histoire. Un compte-rendu complet de ‘l’économie alimentaire’ concerne à la fois la disponibilité alimentaire - ce que les gens produisent - et l’accès à la nourriture - l’argent que les gens gagnent pour acheter la nourriture. Les données sur un emploi temporaire ou la cueillette, l’aide de parents ou la vente de produits artisanaux peuvent également être importants dans l’étude des moyens d’existence comme les données sur la production agricole et du bétail, et une connaissance de leur importance relative peuvent guider la conception de systèmes de surveillance appropriés et de meilleures évaluations d’urgence rapide.

En utilisant la structure des moyens d’existence, nous pouvons nous informer de la capacité des ménages à faire face au stress, spécialement à un échec de la production des récoltes ou du bétail; et nous pouvons apprécier les activités du ménage à différentes périodes dans le cycle annuel. Tout ceci va directement dans notre analyse de besoins, aidant à répondre aux questions clés comme: quelles régions et quels types de ménage vont vraisemblablement faire face à un risque et qui aura besoin d’aide? Quels types d’interventions seront les plus appropriées, quand et pour combien de temps devront-elles être mises en application ?

Ainsi par exemple on peut indiquer la position des ménages pauvres dans une région géographique qui sont fortement dépendants de l’emploi urbain. Si l’emploi urbain diminue,

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leur travail sera moins demandé : peuvent-ils trouver un autre revenu ailleurs - et est-ce qu’ils seront en compétition avec des gens d’autres zones pour ces activités?

Les fonctionnaires nationaux travaillant sur leur système national d’alerte précoce ont une grande connaissance de leur pays. L’approche des moyens d’existence aide à procurer une structure pour le plein usage de cette connaissance, tout en leur apportant un nouveau niveau d’informations.

3. Développement de Politique

La gestion des désastres a été l’impulsion principale au développement des systèmes d’alerte précoce. La raison de l’alerte précoce est d’améliorer l’efficacité dans l’échelle et le moment choisi de l’aide alimentaire d’urgence. Cependant, de plus en plus, les planificateurs cherchent des alternatives à l’aide alimentaire dans l’intervention d’urgence précoce - et ceci nécessite souvent des changements de politique et de procédure. Un cas à considérer est la stabilisation des prix de marché pour la nourriture de base. L’analyse des moyens d’existence peut montrer les effets vraisemblables de telles interventions sur la capacité des différents ménages à survivre à une crise. L’analyse peut aussi recommander le moment optimum pour l’intervention.

L’analyse des moyens d’existence peut aussi être appliquée à d’autres changements de politique. Par exemple, si les taxes du gouvernement sur le kérosène étaient réduites, ou les frais pour les médicaments vétérinaires du gouvernement, quel serait l’impact sur les ménages ? Plus généralement, le point de vue des moyens d’existence offre une base plus sûre pour concevoir des mesures d’atténuation de la pauvreté - un mouvement allant de la réponse aux symptômes de l’insécurité alimentaire vers la résolution des causes. Elle permet de connaître l’histoire qui est derrière les statistiques nationales.

Concepts Clés

Les termes risque (risk, hazard), vulnérabilité et besoin sont souvent utilisés de façons qui peuvent ne pas être claires dans le contexte de la sécurité alimentaire. Leur signification établie dans l’optique de la gestion des désastres - et le sens qui leur est donné ici - est peut-être mieux expliqué par un exemple (voir plus bas).

Définir Risque (risk, hazard), Vulnérabilité et Besoin_______________________________________

La sécheresse est un risque (hazard) important touchant la production des récoltes et du bétail dans beaucoup des pays.

Les ménages pauvres sont plus vulnérables (moins capables de faire face) à la sécheresse que les ménages mieux nantis ; ils ont moins de réserves de nourriture ou d’argent sur lesquelles ils peuvent se rabattre, et moins d’options pour créer un revenu supplémentaire.

Les ménages pauvres vivant dans des zones du pays confrontées à la sécheresse sont plus à risque (risk) que d’autres ménages parce qu’ils sont à la fois exposés et vulnérables au risque (hazard) de la sécheresse.

Une fois que la sécheresse a frappé, les pauvres ont le plus besoin d’aide.

Pour être à risque d’insécurité alimentaire, vous devez être à la fois exposé à un risque et être vulnérable à ce risque, comme dans le cas des ménages pauvres des zones du pays confrontées à la sécheresse dans l’exemple ci-dessus. Parce que la vulnérabilité est étroitement liée au risque, il s’en suit qu’il n’y a pas d’état général de vulnérabilité, les gens peuvent seulement être vulnérables à quelque chose. Par exemple, les fermiers cultivant le long des berges d’une rivière peuvent être vulnérables à l’inondation (qui vraisemblablement emportera leurs cultures), mais

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ne sont pas vulnérables à la sécheresse (puisqu’ils peuvent irriguer leurs cultures en utilisant l’eau de la rivière).

Une fois que le risque a frappé, ça ne sert à rien de parler de groupes vulnérables. Mis simplement, les gens sont vulnérables avant l’évènement, (puisque ceci se réfère à leur capacité de faire face quand un risque frappe). Ils ont des besoins après l’évènement (une fois qu’ils ont été touchés et ont été incapables de faire face au risque). Pour revenir au cas de l’exemple de la sécheresse, les pauvres sont vulnérables avant que les pluies échouent, mais une fois qu’ils ont perdu leurs récoltes ou leur bétail, ils ont besoin d’aide.

Une des approches basée sur les moyens d’existence la plus largement utilisée pour analyser la sécurité alimentaire est l’approche de l’économie alimentaire ou du ménage, développée en premier par Save the Children UK dans les années 19901. Le principe de base sous-tendant l’approche fait état que :

une analyse des moyens d’existence locaux est essentielle pour une bonne compréhension de l’impact - au niveau du ménage - des risques tels que la sécheresse, un conflit ou la désorganisation du marché.

L’échec total des récoltes peut, par exemple, laisser un groupe de ménages indigents parce que la récolte ratée est leur seule source de nourriture de base. Un autre groupe, au contraire, peut être capable de faire face parce qu’ils ont d’autres sources de nourriture et de revenu. Ces autres sources - comme avoir du bétail à vendre ou des parents vivants ailleurs qui peuvent les aider - peuvent remplacer la perte de la production. Ainsi, les évaluations de l’impact réel du risque doivent être basées sur l’analyse des moyens d’existence. La structure économique de l’économie alimentaire détermine le type d’analyse nécessaire pour comprendre l’impact d’un risque sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existence locaux, et a été utilisée pour aider à définir l’information clé à inclure dans les profils.

L’objectif d’une analyse de la sécurité alimentaire est d’étudier les effets d’un risque sur l’accès futur à la nourriture et à un revenu, pour que des décisions puissent être prises sur les types d’interventions les mieux appropriées à mettre en application. La logique derrière l’approche est de comprendre la façon par laquelle les gens ont survécu dans le passé et donner une base solide pour se projeter dans le futur. Trois types d’information sont associés ;(i) l’information sur la ligne de base de l’accès à un revenu en nourriture/argent, (ii) l’information sur le risque (évènements touchant à l’accès au revenu en nourriture /argent, comme la sécheresse, un conflit ou la désorganisation du marché) et (iii) l’information sur les stratégies de réponse au niveau du ménage (les sources de nourriture et de revenu vers lesquelles les gens se tournent quand ils sont exposés à un risque). L’approche peut être résumé de la façon suivante:

La Carte des Zones des Moyens d’existence : Les modèles de moyens d’existence varient clairement d’une région à une autre, ce qui nécessite la préparation d’une carte de zone de moyens d’existence et peut être une première étape utile pour beaucoup de types d’analyse basée sur le moyen d’existence. Les facteurs locaux comme le climat, le sol, l’accès aux marchés etc. influencent tous les modèles de moyens d’existence. Par exemple, les gens vivant dans les zones montagneuses fertiles ont généralement des options très différentes de ceux vivant dans les zones de basse altitude semi-arides. Dans les zones montagneuses, les gens peuvent avoir un modèle de moyen d’existence agricole, tandis que dans les régions de basse altitude, ils peuvent faire pousser quelques cultures et seront soit pastoralistes soit agro-pastoralistes, ceux vivant dans une zone côtière ou au bord d’un lac auront un moyen d’existence basé sur la pêche ou combineront la pêche à d’autres activités, et ainsi de suite.

1 Voir ‘The Household Economy Approach’, Seaman J., Clarke P., Boudreau T., Holt J., Save the Children UK, 2000.

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Cependant, l’agro-écologie est seulement un aspect de la géographie qui détermine les modèles de moyens d’existence. Un autre est l’accès au marché, puisque ceci touche la capacité des gens à vendre leur production (récoltes ou bétail ou autres articles) et le prix obtenu. Puisque les modèles de moyen d’existence dépendent tellement de la géographie, c’est une bonne idée de diviser un pays ou une région en un certain nombre de zones de moyens d’existence. Nous pouvons les définir comme des régions à l’intérieur desquelles les gens partagent en gros le même modèle de moyen d’existence (en gros le même système de production - agriculture ou pastoralisme par exemple - aussi bien que en gros les mêmes modèles de commerce/échange).

Les frontières de la zone de moyen d’existence ne suivent pas toujours les frontières administratives. C’est, par exemple, tout à fait commun de trouver des modèles de moyen d’existence à l’intérieur d’une seule unité administrative (pastoralistes vivant avec des agronomes ou des agro-pastoralistes avec des communautés de pêcheurs). Cependant, parce que les décisions de l’allocation des ressources et la provision des services sont faites sur la base de régions administratives et non de zones de moyens d’existence, il est important que les limites des zones des moyens d’existence suivent quand c’est possible les limites administratives du niveau le plus bas.

Catégorisation Socio-économique: La géographie n’est clairement pas la seule chose qui détermine le modèle de moyen d’existence. La géographie tend à définir des différentes options de moyens d’existence, mais l’étendue avec laquelle les gens exploitent ces options dépend d’un certain nombre de facteurs, parmi lesquels la richesse est généralement le plus important. Il est évident, par exemple, que les ménages mieux nantis qui possèdent de grandes fermes produiront en général plus de récoltes et auront une sécurité alimentaire plus grande que leur voisins plus pauvres. La terre est seulement un des aspects de richesse, cependant, les groupes de richesse sont typiquement définis en termes de leur possession de la terre, de leur possession du bétail, de leur capital, de leur éducation, de leurs aptitudes, de la disponibilité du travail et/ou du capital social. Définir les différents groupes de richesse dans chaque zone est la deuxième étape dans l’analyse de l’économie alimentaire, le résultat étant la catégorisation socio-économique.

La Ligne de Base de l’Économie Alimentaire2: Ayant groupé les ménages en fonction des zones où ils vivent et de leur richesse, l’étape suivante est de produire l’information de la ligne de base de l’économie alimentaire pour les ménages typiques dans chaque groupe pour une année de référence ou une année de ligne de base. Ceci implique d’étudier les différentes sources de nourriture et de revenu en argent et leur contribution relative au budget du ménage pour l’année globale. Ceci implique aussi de développer un calendrier saisonnier des activités pour voir comment l’accès à la nourriture et au revenu en argent varie pendant une année. Ces types d’informations sont critiques pour comprendre comment les ménages vivant à différents niveaux de richesse et dans différentes zones seront touchés par un risque particulier. Il s’en suit, par exemple, que les ménages qui dépendent fortement de la production du bétail local seront touchés de façon tout à fait différente par une sécheresse par rapport à ceux qui ont des parents vivant et travaillant dans la capitale et dont ils reçoivent régulièrement de l’aide ou des transferts.

Risque : Les données de ligne de base de l’économie alimentaire donnent un point de départ pour étudier l’effet qu’un risque aura sur les moyens d’existence et la sécurité alimentaire du ménage. Les risques peuvent soit être naturels (sécheresse ou inondation) ou d’origine humaine (conflit ou désorganisation du marché). Les conséquences d’un risque varieront en fonction du risque lui­

2 Noter que l’information donnée dans les profils ne constitue pas une ligne de base complète de l’économie alimentaire. Une ligne de base complète donne de l’information quantitative sur les quantités de nourriture accessibles et les quantités de revenu en argent provenant des différentes sources pour au moins trois groupes principaux de richesse dans une zone de moyen d’existence. Les profils de moyen d’existence, au contraire, incluent l’information sur la contribution proportionnelle des différentes sources de nourriture et de revenu en argent, tandis que l’unité de mesure ment pour un profil de moyen d’existence est le pourcentage du total. La carte des zones de moyens d’existence nationale et les profils de moyens d’existence sont conçus comme un produit autonome (voir section sur les Utilisations des Profils), mais ils sont aussi conçus comme une étape intermédiaire vers le développement d’une ligne de base de l’économie alimentaire complète.

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même et en fonction du modèle local de moyen d’existence. La sécheresse peut provoquer la perte de la récolte et de la production du bétail, perte du revenu des ventes de la récolte et du bétail, perte de l’emploi basée sur la ferme, etc., menaçant les ménages qui sont fortement dépendants de la production de la récolte et du bétail ou sur le travail agricole local. L’insécurité, d’un autre coté, peut être associée avec le vol des récoltes ou du bétail, un accès réduit à certaines régions (marchés, puits, zones de pâturage ou champs) et les disruptions du commerce et du transport, tout ceci menacera les groupes vivants, traversant ou faisant du commerce avec des zones dangereuses.

Réponse: Quand ils sont exposés à un risque, la plupart des ménages feront leur maximum pour faire face à ses effets. Si le risque tend à réduire leur accès à certaines sources de nourriture et/ou revenu en argent, ils peuvent essayer d’augmenter d’autres sources ou ils peuvent se tourner vers des sources nouvelles ou peu utilisées. Des stratégies de réponse fréquentes3 dans certaines situations pourraient inclure une augmentation du ramassage des produits de cueillette et une augmentation de la vente du bétail ou la migration temporaire à la recherche d’un emploi. Quand ces stratégies sont efficaces, cela peut réduire de façon importante la vulnérabilité à une gamme de risques. Il faut garder à l’esprit, cependant, que les stratégies de réponse peuvent avoir des effets à long terme aussi bien qu’à court terme, quelques-uns de ces effets peuvent au bout du compte saper les moyens d’existence locaux, par exemple, la vente des biens productifs, la vente non viable du bétail, l’augmentation de la vente du bois quand ceci a un effet négatif sur l’environnement, et ainsi de suite.

3 Le terme stratégie de la réponse est préférée à stratégie pour faire face pour deux raisons. D’abord, le terme stratégie pour faire face est souvent utilisé pour des composantes du moyen d’existence quotidien (vente du bois), qui à proprement parler sont seulement des stratégies pour faire face intensifiées en réponse à un risque. Deuxièmement, ‘faire face’ peut impliquer que la stratégie en question est gratuite, ce qui n’est pas toujours le cas.

Les Grands Axes d’un Profil de Moyen d’existence

Les profils sont divisés en un certain nombre de sections :

La section Conclusions Principales et Implications résume les principales conclusions de la zone. Cette section donne aussi des aperçus qui permettront l’organisation de types variés d’interventions, incluant la réponse d’urgence, la mitigation d’un désastre et la programmation de développement.

Description de la Zone offre une description générale des modèles de modes vie locaux (production agricole, élevage du bétail, création d’un revenu en dehors de la ferme).

Marchés contient une information basique sur la commercialisation de la production locale et sur toute importation de nourriture de base dans la zone.

Calendrier Saisonnier donne le moment choisi pour les activités clés pendant l’année. Ceci est utile de plusieurs façons, pour juger l’effet probable d’un risque en fonction de son apparition dans l’année ou pour évaluer si une activité particulière peut être entreprise au moment normal de l’année courante.

Il y a ensuite cinq sections qui donnent l’information fondamentale sur ‘l’économie alimentaire’ de la zone (voir section précédente) :

La section sur le Catégorisation Socio-économique décrit trois groupes de richesse principaux (‘pauvres’, ‘moyens’ et ‘mieux nantis’), expliquant les différences entre ces groupes et comment ceci affecte l’accès potentiel à la nourriture et au revenu4.

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Les sections sur les Sources de Nourriture et Sources de Revenu examinent les modèles de nourriture et de revenu en argent à chaque niveau de richesse, les reliant aux caractéristiques de chaque groupe.

Les sections sur les Risques donnent de l’information sur les différents types de risques qui touchent la zone différentié par groupe de richesse quand cela est approprié.

Stratégies de la Réponse décrit les stratégies variées disponibles pour les différents types de ménages dans la zone, avec jugement de leur efficacité possible.

L’alerte précoce implique l’identification et l’interprétation des évènements clés qui indiquent qu’une pénurie rigoureuse de nourriture ou une famine peut se développer. La section finale, Indicateurs d’une Crise Imminente, s’appuie sur la classification des indicateurs d’alerte précoce de Fred Cuny5. Cette section donne l’information sur les indicateurs clés et le moment probable de leur apparition par zone, basé sur la compréhension des moyens d’existence locaux et les modèles locaux de réponse à une pénurie de nourriture6.

Méthodologie

La carte de zones de moyens d'existence présentée ici est une version révisée de la carte des Zones d’Economie Alimentaire (ZEA) élaborée en 2003. Cette nouvelle version, qui contient d'importants changements, est le résultat d'un atelier de zonage qui s'est tenu à Ouagadougou en juin 2009.

La carte de zones de moyens d'existence a été vérifiée et révisée lors d'une série d'entretiens au plan régional.

L'étude de terrain pour les profils s'est déroulée courant juin et juillet 2009. Pour collecter les informations des profils, trois équipes ont réalisé des entretiens au niveau des départements, des communautés, puis auprès de groupes de discussion représentant chacun des quatre groupes de richesse. Les informations obtenues montrent une consommation cyclique et des structures de dépenses pour les ménages à différents niveaux de richesse au sein de chaque zone de moyens d'existence. Ceci peut nous indiquer qui sera affecté par un choc et où, mais pas le degré de l'impact ni si celui-ci se traduira par une insécurité alimentaire.

Finalement, un ménage a été défini comme un ensemble de personnes qui vivent ensemble, produisent ensemble, et consomment ensemble. Les revenus sont mis en communs et gérés par une personne issues du ménage, appelée « chef du ménage ». Les personnes extérieures vivant dans le ménage depuis au moins 6 mois, sont considérées comme faisant partie du ménage.

4 Il est important de garder à l’esprit pour cette analyse que nous considérons la richesse en termes relatifs (et locaux). Les données statistiques indiquent que 80% ou même 90% de la population d’une zone particulière vivent en-dessous de la ligne de pauvreté nationale, mais ceci est fait en mesurant la pauvreté sur une échelle nationale absolue. Dans l’analyse des moyens d’existence, nous nous efforçons à comprendre quelques-unes des différences entre les différents groupes dans la communauté et leurs raisons - dans ce cas il n’est pas particulièrement utile de mettre ensemble 80% ou 90% de la population dans un groupe.

5 ‘Famine, Conflict and Response: A Basic Guide’, Cuny F. C. and Hill R. B. Kumarian Press, 1999, pp 33-42.

6 Fred Cuny a identifie deux types d’indicateurs d’alerte précoce, ceux qui donnent une alerte d’une famine en avance (indicateurs d’une crise imminente) et ceux qui confirment l’existence d’une famine (indicateurs de famine). Le dernier groupe inclut des indicateurs comme la détresse des ventes des biens producteurs (bœufs de trait), consommation de graines, la malnutrition augmentée et la mortalité augmentée. Les indicateurs de famine ne sont pas généralement spécifiques au contexte (c.ad. une seule liste pourrait être préparée qui s’appliquerait à toutes les zones de moyens d’existence). Ils peuvent être aussi de peu d’utilisation pour prédire ou empêcher une pénurie de nourriture rigoureuse ou une famine. Pour ces raisons, ils n’ont pas été inclus dans les profils de moyens d’existence.

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Profils de moyens d'existence au Burkina Faso

Aperçu général

Introduction

La pluviosité est de loin l'élément dominant qui détermine les différences entre les zones de moyens d'existence. Elle contribue à expliquer à la fois la manière dont la terre arable est utilisée, le degré de dépendance vis-à-vis de l'élevage et la nature des autres sources de revenus non agricoles. Il est donc possible de consacrer plus de terres aux cultures de rente dans le sud que dans le nord plus aride, qui est dominé par le mil et le sorgho, avec le niébé en association. L'élevage, d'un autre côté, revêt plus d'importance dans le nord, ainsi que les sources de revenus comme le travail sur les sites d’exploitation aurifère et la migration de travail, pour les ménages qui ne possèdent pas des cheptels de tailles suffisantes. Grâce aux forêts luxuriantes, les pauvres du sud n'ont pas besoin de migrer pour trouver du travail, mais peuvent vendre du bois de chauffage et collecter des produits sauvages.

Toutefois, la situation est plus complexe ; d'autres facteurs doivent être considérés. La géomorphologie et le relief affectent la composition des sols locaux et le potentiel productif. Les zones avec des cours d'eau présentent de meilleures perspectives pour l'agriculture d’irrigation, comme dans la région rizicole du bassin du Sourou et de la vallée du Kou. La présence dans certaines zones d'un grand nombre de « bas-fonds », dépressions localisées qui conservent leur humidité après la fin des pluies, permet la production de cultures céréalières et maraîchères pendant la saison sèche. Dans d'autres zones, les conditions agro-climatiques sont favorables à la production de coton comme principale culture de rente ou l'investissement dans la production de fruits.

Les facteurs culturels et historiques peuvent aussi avoir de l'importance. Ils aident à comprendre pourquoi le plateau central qui occupe la plus grande partie de la zone 5 est la région la plus densément peuplée du pays, malgré ses sols médiocres. La mauvaise qualité du sol et la taille réduite des parcelles signifient que les ménages ont dû diversifier leurs sources de revenus pour survivre. Ailleurs, de solides liens culturels et familiaux entre la zone 4 et la Côte d'Ivoire sont une des raisons de l'importance des envois d’argent dans cette zone de moyens d'existence. Une frontière internationale influence aussi le cours des choses. La zone 9 a une longue frontière avec le Ghana, le Niger, le Togo et le Bénin et est influencée par la dynamique du commerce transfrontalier. Par contraste, la zone périurbaine (6) est influencée aussi bien par la demande du marché que par les perspectives d'emploi de Ouagadougou et est devenue, avec l'expansion de la capitale, une zone de moyens d'existence distincte prête à fournir à celle-ci toute une gamme de produits agricoles, d'élevage et forestiers.

Les différences n'existent pas uniquement entre les zones ; il existe à l'intérieur de chacune d'elles des distinctions entre les ménages des différents niveaux de richesse, bien qu'ils partagent le même contexte écologique et géographique de moyens d'existence. Ces différences sont importantes pour déterminer la sécurité alimentaire des ménages ainsi que leur capacité à s'adapter à un choc et, la manière dont ils y répondent. La richesse peut être déterminée en fonction de plusieurs facteurs qui dépendent dans une certaine mesure de la nature de la zone. Dans les zones sahéliennes, c'est la qualité du sol plutôt que sa disponibilité qui compte ; c'est moins vrai dans les zones 5 et 6 plus peuplées du plateau central. Le nombre de « bras valides »

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est aussi important, dans la mesure où les zones dans lesquelles un plus grand nombre de personnes peut travailler la terre ont une capacité productive plus élevée. Les ménages plus riches ont aussi un plus grand cheptel, ce qui constitue une importante source de revenus, un moyen d'épargner et d'investir, et une sauvegarde contre les mauvaises années.

L'enclavement du pays rend le commerce très important. En particulier, les animaux d'élevage, font l'objet d'un commerce entre le Burkina Faso, d’une part, et la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Bénin, d’autre part. La crise politique qui a secoué la Côte d’Ivoire en 2002 a entraîné une réduction du commerce d'animaux, bien que celui-ci soit vite reparti, d'autres pays ayant augmenté leurs achats auprès du Burkina. Ceci met en lumière un autre point : la sécurité alimentaire de ces zones peut être affectée par des événements extérieurs. Une diminution du prix du coton sur le marché international, par exemple, toucherait particulièrement les régions cotonnières du sud. Lui-même dépend du niveau des subventions accordées par les États-Unis à ses producteurs de coton, subventions qui ont tendance à entraîner une baisse de prix.

Il convient de souligner que les zones de moyens d'existence du Burkina Faso ne sont pas des entités discontinues, mais entretiennent, de manière dynamique, des relations d'influence réciproques entre elles et avec les pays limitrophes. Les ménages d'une zone peuvent se rendre dans une autre zone, en particulier dans les villes, pour trouver du travail, tant permanent que saisonnier. Ceci inclut que les migrants se rendent sur les sites d’exploitation aurifère où les pauvres constituent la main d’œuvre, et les ménages moyens et aisés emploient parfois les plus pauvres des autres zones pour les travaux agricoles. Il existe aussi un commerce important entre zones de moyens d'existence, ainsi que des déplacements saisonniers de troupeaux à l'intérieur du pays à la recherche de pâturages (dans la zone 9, par exemple). L'exode vers l'étranger à la recherche de travail est important. L'argent est alors envoyé aux membres du ménage restés dans la zone par le biais des agences de transfert d’argent ou de manière plus informelle, rapporté par un parent ou un ami. Ces voies non officielles, bien que difficilement mesurables sont extrêmement importantes et toute fermeture de frontière, par exemple avec la Côte d'Ivoire, aurait un impact négatif sur la sécurité alimentaire dans certaines zones. Plus généralement, du fait de la situation enclavée et de la petite taille du Burkina Faso, ses frontières internationales sont importantes, car le pays est tributaire du commerce transfrontalier dans les deux sens.

Géographie et climat

La géographie et le climat du Burkina Faso varient considérablement du nord au sud. La pluviosité peut être aussi faible que 300 mm par an dans l'extrême nord et atteindre jusqu'à 1 100 mm par an dans le sud. En conséquence, la végétation du nord semi-aride consiste en des buissons et arbrisseaux ; elle est de type sahélien. Les pluies faibles et incertaines signifient que l'agriculture à elle seule est une entreprise risquée et les ménages avec un nombre important d'animaux d'élevage ont des moyens agropastoraux d'existence, tandis que les autres doivent migrer pour trouver du travail. La végétation du sud est beaucoup plus dense du fait des pluies abondantes ; c'est là que se trouve la majorité des forêts du pays. Le sud du pays abrite aussi les plus grandes masses d'eau du pays, parmi lesquelles le Mouhoun et la Volta, ainsi que les barrages comme la Kompienga, Bagré et Ziga. Le Burkina Faso regorge d'importantes ressources minérales, notamment de l'or. La majorité des sites d’exploitation aurifère se situent dans la moitié nord du pays, mais on en trouve aussi dans d'autres régions.

L'érosion du sol et une pression croissante sur les ressources naturelles du pays sont partout un problème, en particulier du fait de la croissance continue de la population rurale. Le défrichement pour l'agriculture menace de plus en plus les ressources forestières. Dans le sud, le problème est aggravé par les populations revenant de pays comme la Côte d'Ivoire.

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Sources de nourriture

L'une des principales conclusions est le degré selon lequel les ménages de toutes les zones dépendent du marché pour leurs besoins alimentaires. C'est une évidence dans les zones sahéliennes du nord (7 & 8), où les pluies sont faibles, incertaines et souvent mal distribuées. La production agricole de ces zones est si limitée par la hauteur et la distribution des pluies que, la plupart des années, même les aisés ne peuvent satisfaire plus des deux tiers de leurs besoins alimentaires avec leurs propres récoltes. C'est particulièrement vrai pour la zone de transhumance (8) alors que dans la minorité des années de très bonne pluviosité, la zone 7 peut même produire un important excédent alimentaire, de sorte qu'on passe du déficit à l'abondance d'une année à l'autre.

La dépendance vis-à-vis du marché pour les achats d'aliments de base est plus remarquable dans les zones excédentaires du sud, qui constituent le « grenier » du pays. La raison pour laquelle certains ménages moyens et aisés ne produisent pas un excédent suffisant est qu'ils ont souvent fait le choix de consacrer davantage de ressources aux cultures de rentes et de vendre une partie de leur sorgho et de leur maïs pour acheter des produits de première nécessité plus coûteux. Toutefois, les groupes pauvres et très pauvres n'ont pas ce choix et doivent utiliser leur revenu monétaire, provenant souvent du travail, de la vente de produits forestiers, etc. pour acheter de quoi satisfaire leurs besoins alimentaires. Ceci illustre dans quelle mesure l'excédent alimentaire produit par ces zones vient des champs des ménages moyens et aisés; leurs voisins plus pauvres sont en situation de déficit alimentaire.

Le graphique ci-dessous résume les différentes sources de nourriture par groupe de richesse dans toutes les zones de moyens d'existence. Comme on peut le voir, les zones 7 et 8 sont celles qui dépendent le plus du marché pendant une année normale. Ce sont aussi les deux zones les plus isolées du pays en termes d’accès au marché ; elles sont par conséquent en situation de relative insécurité alimentaire. Du fait de la mauvaise qualité de ses sols et de sa forte densité de population, la zone 5 se trouve aussi en situation d'insécurité alimentaire, mais a un meilleur accès aux marchés que les deux zones du nord (7 et 8). Les zones du sud (1, 2, 3 et 9) sont en situation de sécurité alimentaire ; elles sont excédentaires et, dans l'ensemble, dépendent moins du marché.

Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

1. Sud tubercules et céréales

2. Sud-ouest fruits, coton et céréales

3. Ouest coton et céréales

4. Ouest céréales et transferts

5. Plateau central céréales et jardinage

6. Péri-urbain de Ougadougou

7. Nord et Est bétail et céréales

8. Nord élevage transhuant et mil

9. Sud-est céréales, élevage, foret et faune

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Dans la plupart des zones, les pauvres et les très pauvres sont plus ou moins tributaires du travail payé en nature (généralement des céréales), des prêts de nourriture et des dons. Les prêts de nourriture sont souvent demandés pendant les mois de soudure précédant les récoltes et remboursés directement après. Ainsi, le remboursement réduit de facto la mesure selon laquelle les groupes plus pauvres peuvent compter sur leurs propres stocks de récoltes pour l'année suivante. On voit bien que dans certaines zones, les pauvres couvrent un plus grand pourcentage de leurs besoins alimentaires en prêts de nourriture que les très pauvres, alors que dans d'autres zones c'est le contraire. Ceci peut refléter la richesse relative des ménages très pauvres dans différentes régions : dans les zones où les très pauvres ont moins de chances d'être en mesure de rembourser un prêt important, compte tenu aussi des risques climatiques pour la prochaine récolte, les préteurs peuvent être moins enclins à accéder à leurs demandes.

Dans les zones d'élevage du nord, le lait fournit environ cinq pour cent des besoins alimentaires des groupes les plus riches. Bien que ce pourcentage soit plus élevé qu'ailleurs dans le pays et améliore nettement la qualité de leur régime alimentaire, on pourrait s'attendre à ce que le lait représente une plus grande contribution aux besoins alimentaires de base, c’est -à-dire, en termes de calories. Mais pour maintenir un régime satisfaisant à base de lait pendant toute l'année pour une famille qui peut compter jusqu'à vingt personnes, il faut un grand nombre de vaches laitières, qui en générale sont faibles en effectif dans les troupeaux des ménages moyens et aisés. Le scénario à long terme dans ces anciennes régions pastorales est celui d'une population en pleine croissance devenant de plus dépendante à l'égard de l'agriculture. Même chez les populations purement pastorales du Sahel ouest-africain en général, seule une minorité tend à être en mesure de tirer plus de cinquante pour cent de ses calories alimentaires du lait, si bien que l'achat de céréales en échange contre des animaux d'élevage mis en marché est en fait la base de l'économie de l'alimentation.

Sources de revenus

En termes génériques, les deux groupes de richesse les plus pauvres se procurent des revenus monétaires en travaillant pour les autres, et grâce à une sorte de travail indépendant, faisant intervenir la vente de produits forestiers et/ou non ligneux, de bois et de charbon de bois. Au contraire, les deux groupes de richesses les plus élevés tirent leur revenu de leur propre production (que ce soit l'agriculture ou l'élevage) et du commerce. Dans certaines zones, ce contraste est frappant, dans d'autres, il est plus atténué. On peut remarquer comment, dans la zone 8, la possession d'animaux d'élevage et le revenu des ventes d'animaux d'élevage distinguent les moyens et les aises des pauvres et des très pauvres. On voit aussi que dans la zone 3, les coûts élevés associés à la production cotonnière excluent surtout les pauvres et les très pauvres qui exécutent plus de travail rémunéré que leurs homologues des autres zones. D’un autre côté, dans les zones 1 et 9, on observe une transition plus douce entre groupes de richesse.

Dans de nombreuses zones, bien que les pauvres et les très pauvres soient incapables de cultiver suffisamment de céréales pour couvrir leurs besoins alimentaires annuels, ils vendent néanmoins une partie de leur récolte pour satisfaire des besoins immédiats et peut-être rembourser des prêts contractés pendant les mois de soudure. Il ne s'agit pas d'une activité rentable, dans la mesure où ils sont obligés de vendre lorsque les prix sont à leur plus bas niveau, tout de suite après la récolte. Les cultures commerciales qu'ils cultivent ne sont pas non plus les plus lucratives ; ces ménages peuvent associer le niébé aux céréales, mais n'ont pas les moyens d'acheter les intrants nécessaires pour pratiquer la culture maraîchère ou celle du coton. Ces groupes les plus pauvres vendent aussi quelques animaux d'élevage (de la volaille), mais ils les vendent quand ils sont encore jeunes et reçoivent donc un bas prix ; comme l'a dit l'une des personnes interrogées : « le coq du pauvre ne chante pas ».

En regardant les choses de plus près, on constate qu'il existe des différences entre les zones non seulement dans l'importance inégale des différentes sources de revenus, mais aussi dans les

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différents types de revenus. Dans les zones luxuriantes du sud, l'abondance des produits forestiers ligneux ou non témoigne que leur vente est importante. Dans les zones sahéliennes plus arides, plus désertiques (7 et 8), les ménages plus pauvres migrent pour trouver du travail, parfois en Côte d'Ivoire, parfois vers des sites d'exploitation aurifère. Le climat dans ces deux zones est tel que, pendant une année normale, les deux groupes de richesse supérieurs ne vendent pas leurs récoltes, ou alors une toute petite partie. L'élevage y est plus important qu’au sud. La zone 4 est un cas intéressant : les envois d'argent y représentent plus de vingt pour cent du revenu de l'ensemble des groupes de richesse, en raison non seulement de la mauvaise qualité des sols, mais aussi du fait des liens culturels étroits avec la Côte d'Ivoire.

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Sources de revenus Très pauvre Pauvre Moyen

Aisé

1. Sud tubercules et céréales

2. Sud-ouest fruits, coton et céréales

3. Ouest coton et céréales

4. Ouest céréales et transferts

5. Plateau central céréales et jardinage

6. Péri-urbain d'Ougadougou

7. Nord et Est bétail et céréales

8. Nord élevage transhuant et mil

9. Sud-est céréales, élevage, foret et faune

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Profils de moyens d'existence au Burkina Faso

Zone 1 : Sud tubercules et céréales

Principales conclusions et implications

Il s'agit d'une zone en situation de sécurité alimentaire tributaire de l'agriculture pluviale et de l'élevage. On y cultive les tubercules, en particulier l'igname. On doit aussi noter un manque de spécialisation ; tous les groupes de richesse ont des sources de revenus diversifiées : élevage, agriculture, PFNL (produits forestiers non ligneux), fruits, bois et commerce. Ceci peut être dû en partie aux ressources naturelles considérables de la zone en termes de forêts, de PFNL et de fruits.

En année normale, les ménages pauvres ne sont en mesure de se nourrir que pendant trois ou quatre mois et ont recours exclusivement au marché pour les mois restant. L'accès au marché dans la zone est bon. En mauvaise année, les ménages très pauvres ont davantage recours au marché pour leurs besoins alimentaires et augmentent leurs ventes de bois de chauffage, de PFNL, de charbon de bois et les revenus issus du travail rémunéré en vue d'acheter des céréales.

Description de la zone

Il s'agit d'une zone d'agriculture pluviale et d'élevage, qui reçoit entre 900 et 1 000 mm de précipitations par an. Elle couvre une partie des régions Sud-ouest et Centre-ouest ainsi qu'un département dans la région des Cascades : Ouo. C'est une région relativement peu peuplée.

Le sorgho, le mil et le maïs sont les céréales le plus couramment consommées, devant le riz et l'igname. Cependant, c'est la culture des tubercules qui caractérise cette zone. En effet, en termes de

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rémunération en espèces, l'igname est la culture la plus importante, suivie par les arachides et le riz. La production de riz des bas-fonds s'est accrue ces dernières années, mais, dans l'ensemble, ces dépressions localisées, qui conservent leur humidité pendant la saison sèche, sont sous-exploitées. Les anacardes, le souchet, le coton et le niébé sont aussi des produits importants dans cette zone en termes de revenus monétaires pour les ménages.

La destruction des champs et l’interdiction des cultures par le Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie dans les aires protégées de cette zone au cours de cette année, pourrait affecter la production d'igname. Cette mesure a un effet négatif sur les populations qui vivent et cultivent l'igname dans les forêts. L’importance des superficies couvertes par les zones protégées représente aussi une contrainte pour l'extension de la production agricole. La zone est riche en ressources naturelles, notamment une grande variété de produits sauvages (PFNL) telles que les amandes de karité, le néré, les lianes et le raisin sauvage ; mais ceux-ci peuvent être affectés négativement par les exigences foncières d'une population croissante. En effet, une grande partie des terres de la zone est déjà surexploitée et la mauvaise fertilité du sol est une des causes structurelles de la baisse continue des rendements.

Les principaux animaux d'élevage sont les porcs, les moutons, les chèvres et la volaille, bien que les ménages plus aisés aient également des troupeaux de bovins assez importants. La présence d'une population chrétienne dans la zone explique en partie le nombre relativement élevé de porcs. Pour une zone principalement agricole, on doit noter que l'élevage est très important, en particulier en termes de rémunérations en espèces. De plus, on compte d'autres possibilités économiques comme le tourisme et la chasse. Plusieurs sites aurifères ont aussi été découverts dans la zone ; ils sont exploités par des entrepreneurs et des mineurs qui proviennent principalement de la zone centrale 5.

Marchés

Le réseau routier de cette zone est relativement bon. Il y a toutefois quelques exceptions, par exemple la route qui relie Ouo à Sidéradougou (zone 2), qui est en mauvais état. Les tableaux ci­dessous montrent quelques-unes des principales routes commerciales pour les exportations de produits agricoles et d'animaux d'élevage depuis la zone ainsi que les céréales importées dans la zone lorsque cela est nécessaire. Ces tableaux ne sont pas exhaustifs.

Culture Route commerciale Tubercules Midebdo, Batié, Bouroum-Bouroum, Gaoua Ouagadougou,

Bobo Dioulasso Céréales Djigoué, Nako, Kpuere, Boussoukoula, Legmoin Gaoua

Banfora, Bobo Dioulasso, Ouagadougou, Ghana, Côte d’Ivoire.

Type d'animaux d'élevage exportés

Route commerciale

Bovins, Ovins, Caprins Marchés villageoisNako, Malba, Djigoué, Kampti Ghana, Côte d’Ivoire (Doroko) Ouo Banfora, Niangoloko Côte d’Ivoire (Ouangolodougou)

Volaille Villages Marchés régionaux Ouagadougou, Côte d’Ivoire

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Principales céréales importées dans la zone

Route commerciale

Maïs, mil Cascades, Haut-Bassins Gaoua Principaux marchés départementaux

Riz Ouagadougou Gaoua Principaux marchés départementaux

Calendrier saisonnier

Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sep. Oct. Nov. Déc. Saison des pluies

Légende : Semis Entretien des cultures Récolte

Ventes d'animaux Préparation de la terre

Cultures

Élevage

Autre

Paludisme

Manioc

Achats d'aliments de base

Migration de travail

Volaille Porcs

Période de soudure

Vente de PFNL

Miel

Coton

Sorgho Mil Maïs

Bovins/ovins/caprins

Arachide/Voandzou Riz

Niébé

Souchet

Igname

Fruits

Le nombre de cultures sur le calendrier saisonnier reflète dans une certaine mesure le manque de spécialisation de la zone. Le cycle agricole va de mai-juin (semis) à juillet-septembre (sarclage, etc.) jusqu'à octobre-janvier (récolte), cycle bien plus long que dans le nord et le centre du pays. Les ventes de porcs sont importantes en décembre, lorsque les fêtes de Noël et du Nouvel An entraînent une augmentation de la demande. La production de riz est actuellement en hausse et provient principalement des bas-fonds. Il convient également de remarquer que les ventes de PFNL atteignent leur pic entre avril et septembre, ce qui aide les ménages les plus pauvres à surmonter la soudure, lorsque la prévalence du paludisme peut aussi entraîner des dépenses en médicaments.

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Répartition des richesses

Caractéristiques des groupes de richesse

Taille des

Surface cultivée

Cheptel Autres biens

Très pauvres

3-5 0.5-1.5 ha 6-10 poules aucun

Pauvres 8-12 2.5-4.5 ha 2-4 chèvres, 2-4 moutons, 10­

20 poules, 3-5 porcs aucun

Moyens 8-12 5.5-7.5 ha 6-10 bovins, 5-7 chèvres, 10­14 moutons, 20-30 poules, 6­

10 porcs, 0-2 ânes

0-2 charrues, arbres

fruitiers/verge rs

Aisés 12-18 8-10 ha 15-30 bovins, 10-20 chèvres, 25-35 moutons, 70-90 poules,

15-25 porcs

1-3 charrues, arbres

fruitiers/verge rs

0% 20% 40%

% des ménages

La moitié de tous les ménages de cette zone se range dans les deux groupes de richesse les plus élevés et, en termes absolus, représente la majorité de la population. La taille des ménages, la surface cultivée et la détention du cheptel sont également plus faibles dans cette zone que dans la zone 2, en particulier les surfaces des terres détenues par les moyens et les aises sont nettement plus réduites. Toutefois, comme dans cette zone voisine, les moyens et les aisés possèdent des charrues et des vergers et ont les moyens d'acheter des intrants agricoles et des engrais minéraux, que les pauvres et les très pauvres ne peuvent se permettre. Certains ménages possèdent des ruches pour la production de miel.

En milieu rural comme en ville, les plus pauvres se sacrifient pour envoyer leurs enfants à l’école, mais les moyens et les aisés peuvent investir, et investissent en effet davantage en termes absolus. Les enfants des ménages pauvres et très pauvres ont des chances de ne recevoir qu'un enseignement primaire de base, parfois même très peu d'enseignement formel. Les enfants des ménages moyens et aises reçoivent généralement un enseignement secondaire et parfois plus.

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100%

Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

Achat

Récolte

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre

Pauvre Moyen Aisé

Autre (Plantation, Verger)

Transf erts

Exode

Vente de produits PFNL

Vente de bois/charbon/fourragePetit commerce

Autre travail local temporaireTravail agricole local

Vente de produits de rente

Vente de céréales

Vente de volaille

Sources de nourriture

La nourriture vient en proportions extrêmement variables des propres cultures des ménages et du marché. À une extrémité de l'éventail, les très pauvres ne peuvent consommer leur propre récolte que pendant quatre mois, et achètent le reste de leur nourriture ; à l'autre extrémité, les aisés peuvent se nourrir eux-mêmes toute l'année. Les dons aussi bien que les prêts de nourriture sont peu typiques ; les pauvres et les très pauvres sont en mesure de gagner suffisamment d'argent pour acheter leur nourriture d'un bout à l'autre de l'année, en s'appuyant en particulier sur les ressources naturelles de la zone (voir les sources de revenus ci-dessous).

Sources de revenus

Le modèle des sources de revenus dans cette zone est inhabituel car les moyens et les aises ont des sources de revenus plus diversifiées que les pauvres et les très pauvres. Ceci traduit l'hétérogénéité économique de la zone et le manque de spécialisation mentionné plus haut. Les moyens et les aises tirent aussi des revenus en pratiquant des activités habituellement associées aux groupes les plus pauvres, comme les ventes de PFNL. (Les femmes des ménages les plus aisés collectent des PFNL, qui poussent naturellement sur leurs terres.) Les ménages moyens vendent aussi du bois, mais ils le font plus à une échelle industrielle que leurs voisins plus pauvres. En outre, bien qu'elle soit considérée comme une zone principalement agricole, les ventes de bétail (et de volaille) sont essentielles pour les moyens et les aisés, en apportant un revenu plus important que les ventes de céréales et de cultures commerciales combinées. Le revenu « autre » des aisés représente ce qu'ils gagnent de la vente de fruits, le plus souvent des anacardes, cultivés dans leurs vergers. Pour les groupes pauvres et très pauvres, la contribution de la vente des PFNL et de bois de chauffage domine de loin, tandis que les revenus de la volaille sont aussi notables. D'un autre côté, le revenu du travail migrant et local est peu important.

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Aléas

Il a été demandé aux informateurs clés de classer chacune des dix dernières années en fonction de sa sécurité alimentaire relative : 1 représentait une très mauvaise année en termes de sécurité alimentaire, 2 une mauvaise année, 3 une année acceptable, 4 une bonne année et 5 une excellente année. Ce type d'exercice est subjectif, mais il aide à souligner la bonne sécurité alimentaire relative de la zone, malgré deux récentes années jugées mauvaises.

0 1 2 3 4 5

2008‐09

2007‐08

2006‐07

2005‐06

2004‐05

2003‐04

2002‐03

2001‐02

2000‐01

1999‐00

1998‐99

Aléas chroniques

Épizooties (qui se déclarent généralement entre décembre et février pour la volaille et entre janvier et avril pour d'autres animaux).

Aléas périodiques

Mauvaise pluviosité entraînant, dans une certaine mesure, des dégâts sur les cultures. Destruction de cultures par les animaux sauvages et protégés. Conflit/raids (en particulier les vaches).

Pluies commençant tard/finissant tôt (mai-juin et août)

Déficit pluviométrique important à la floraison (août-septembre)

Précipitations excessives (le plus courant en août)

Maladie du charbon

Stratégies de réponse

La richesse d'un ménage détermine les stratégies auxquelles il peut recourir pour compenser une mauvaise année. Les pauvres et les très pauvres tentent de maximiser leurs revenus de plusieurs manières. Les ventes d'animaux d'élevage (principalement la volaille) sont une option limitée compte tenu de l'élevage réduit ces ménages. Les autres stratégies incluent :

augmentation des ventes de bois, de PFNL et de charbon de bois.

augmentation du travail agricole rémunéré et d'autres formes de travail temporaire.

petit commerce.

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100%

L'année de référence Mauvaise année

Autre

Santé et l'éducation

Eau

Articles de ménage

Autre nourriture

Aliments de base

Ces groupes de richesse réduisent la consommation des autres produits alimentaires non essentiels, et complètent leur alimentation avec des feuilles sauvages comestibles, à valeur nutritive qui sont mélangées aux aliments de base pour en accroître le volume. .

Les ménages du groupe moyen peuvent emprunter pour couvrir les périodes de difficulté alimentaire. Les moyens autant que les aisés augmentent leurs ventes d'animaux d'élevage, le revenu des envois d'argent et les activités commerciales.

Tous les groupes de richesse ajustent leurs structures des dépenses lors d'une mauvaise année, en augmentant la proportion des aliments de base et en réduisant celle des produits alimentaires non essentiels et des articles de maison. Le graphique ci-dessous illustre les décisions prises par un ménage très pauvre concernant ses dépenses pendant une mauvaise année.

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Profils de moyens d'existence au Burkina Faso

Zone 2 : Sud-ouest fruits, coton et céréales

Principales conclusions et implications

Il s'agit d'une zone en situation de sécurité alimentaire tributaire de l'agriculture pluviale. Elle produit de grands volumes de céréales (notamment du maïs) ainsi que du coton et des fruits (en particulier, des anacardes et des mangues), dont les ventes contribuent à en faire une zone relativement riche. Le coton est la culture qui rapporte le plus d'argent aux ménages, mais de plus en plus, les fruits (comme les mangues) sont transformés dans la zone (fruits séchés ou jus). Cette dépendance à l'égard des cultures rentes expose les ménages aux évolutions de prix sur les marchés internationaux.

L'abondance de PFNL constitue une importante source de revenus pour les plus pauvres. À cet égard, le déboisement, la croissance démographique et la pression foncière peuvent poser des problèmes pour l'avenir.

Description de la zone

Cette zone reçoit entre 900 et 1 000 mm de précipitations par an et s'étend sur deux régions : les Cascades et les Haut-Bassins. La deuxième ville du Burkina Faso, Bobo Dioulasso, se trouve dans les limites de la région géographique de cette zone. Toutefois, l'influence de la ville n'est pas suffisamment marquée pour créer une zone périurbaine distincte, comme c'est le cas autour d’Ouagadougou. Seul le département de Bama est influencé par Bobo de cette façon.

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La zone se caractérise principalement par l'agriculture pluviale, notamment le coton et les fruits, comme l'anacarde et la mangue. Le coton est la principale culture de rente, bien qu'il soit moins dominant que dans la zone 3 plus au nord. La culture cotonnière dans cette zone est organisée et supervisée par la Société des Fibres Textiles (SOFITEX) qui commercialise la production. Les revenus des cotonculteurs dépendent du prix fixé en concertation entre les sociétés cotonnières et l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB). Ces cotonculteurs dépendent également de la SOFITEX qui leur fournit du crédit sous la forme d'intrants agricole, et remboursé au moment du paiement du coton. Le maïs et les fruits arrivent derrière le coton en termes de contribution au revenu monétaire. Le riz est aussi une importante culture commerciale. La zone est modérément peuplée (la densité de population est plus forte dans les départements des provinces du Houet et du Kénédougou). Cependant, la migration vers la zone et la population revenant de Côte d'Ivoire exercent une pression croissante sur les forêts (le déboisement est courant), sur des sols déjà fragiles et sur la faune, en particulier les éléphants et les hippopotames.

Les principales cultures consommées sont le maïs, le sorgho, le mil, le riz et le niébé, bien qu'en général, seuls les ménages moyens et aisés aient les moyens de consommer des aliments de base coûteux comme le riz. Dans certains cas, la production agricole est mécanisée et certains ménages aisés possèdent des tracteurs. Outre leur dépendance à l'égard de l'agriculture pluviale, les ménages moyens et aisés ont des tailles de cheptel substantielles et tous les groupes de richesse sont plus ou moins tributaires de l'élevage de volailles, ovines, caprines et de bovins.

La zone présente plusieurs autres caractéristiques qui, bien qu'elles ne soient pas typiques des ménages de toutes les régions, sont néanmoins significatives. Les cultures maraîchères ont pris de l'importance ces dernières années et la création de réseaux d'irrigation villageois a reçu le soutien tant des pouvoirs publics que des ONG. De surcroît, la zone compte un certain nombre de bas-fonds. Le sol des bas-fonds convient aux cultures maraîchères ; celles-ci sont irriguées avec de l'eau de puits, ou grâce à des retenues d’eau lorsqu'il en existe à proximité. Les tubercules, l'arachide et le souchet sont aussi des cultures importantes dans cette zone, mais ne sont pas généralisées. Les producteurs de souchet bénéficient depuis peu de temps, d’un encadrement technique afin d’accroitre la production et diversifier les revenus.

La transformation des produits agricoles par des entreprises comme la société DAFANI est une autre activité en pleine expansion.7 Par exemple, l'usine DAFANI située à Orodara traite la mangue et d'autres fruits tropicaux pour en faire des jus. La zone abrite aussi le siège de la SOSUCO (Société sucrière de la Comoé) qui exploite ses propres plantations de canne pour produire du sucre. C’est l’unique société sucrière du pays. Elle emploie près de 4 000 travailleurs permanents et saisonniers. En du tissu industriel, on constate un accroissement du nombre de fermes « modernes » produisant des œufs et des produits laitiers ainsi que du bétail embouché pour la vente. Les autres caractéristiques incluent la pêche dans les lacs et les rivières, la production de miel et le tourisme. Les visiteurs viennent voir des attractions comme la Grande mosquée de Bobo et les cascades de Banfora.

7Cependant une autre société -la société des Grands moulins de Burkina (GMB) - rencontre d’énormes difficultés, et le spectre d’une éventuelle fermeture plane sur cette usine.

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Marchés

L'accès au marché est généralement bon en dépit du mauvais état de certaines routes secondaires. Ceci inclut les routes entre Ouo et Sidéradougou, Kankalaba et Weleni, Banfora et Sindou et des routes du département de Mangodara. Les trois tableaux ci-dessous indiquent certaines des routes commerciales par lesquelles passent les exportations de produits agricoles et d'animaux d'élevage depuis la zone et les importations de céréales. Toutefois, compte tenu du fait que la zone connaît généralement un excédent céréalier et vivrier, les importations d'aliments de première nécessité sont moins courantes. Ces tableaux ne sont pas exhaustifs.

Culture Route commerciale Maïs, mil, sorgho, fruits, légumes

Niangoloko, Mangodara, Banfora, etc. Bobo Dioulasso, Côte d’Ivoire, Ouagadougou, Niger, Mali.

SindoBobo Dioulasso, Houndé Ouagadougou (Zone 6), le nord du pays, Mali, Niger, Côte d’Ivoire.

Dolo Gaoua (Zone 1) Banfora, Bobo Dioulasso, Ouagadougou, Ghana, Côte d’Ivoire.

Coton SOFITEX : collecte locale

Type d'animaux d'élevage exportés

Route commerciale

Bovins, moutons, chèvres Sidéradougou, Douna, Mangodara, Niankorodougou Banfora, Niangoloko Côte d’Ivoire (Ouangolodougou)

Volaille Villages Banfora

Principaux aliments de première nécessité importés dans la zone

Route commerciale

Maïs Ghana Houndé Bobo Dioulasso Ghana, Côte d’Ivoire Banfora

Riz Taïwan, Pakistan Ouagadougou Bobo Dioulasso Banfora

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Calendrier saisonnier

Jan. Saison des pluies

Légende :

Cultures

Élevage

Autre

Configuration des pluies

Jan.

Ventes de PFNL

Niébé

Fruits

Production de lait de vache

Funérailles

Achat d'aliments de base

Migration/Mines d'or

Ovins/caprins Volailles

Voandzou

Période de soudure

Maïs Sorgho/Mil Coton

Bovins

Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sep. Oct. Nov.

Semis Entretien des cultures Récolte

Ventes d'animaux Préparation de la terre

Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sep. Oct. Nov.

Déc.

Déc.

Le calendrier agricole va de mai-juillet (semis) à août-septembre, jusqu'à octobre-décembre (récolte). Les différents types de PFNL collectés sont vendus toute l'année, notamment : le néré (Parkia biglobosa), le karité (Vitelaria paradoxa), le tamarin (Tamarindus indica), la liane (Saba senegalensis) et le raisin sauvage (Lanea microcarpa). Ces produits forestiers se trouvent aussi bien dans les communes que dans les champs de certains ménages. Sur le calendrier saisonnier, cette catégorie est distincte de la vente de fruits, principalement l'anacarde, la mangue et les agrumes. Ceux-ci se vendent toute l'année, bien que le type de fruit varie en fonction de la saison.

Dans cette zone, les funérailles (fêtes dédiées aux morts) sont célébrées de manière saisonnière entre janvier et mars. De toute évidence, elles ne représentent pas une dépense pour tous les ménages chaque année, mais lorsqu'elles ont lieu, elles exigent un effort financier important.

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Répartition des richesses

Caractéristiques des groupes de richesse

Taille des

ménag es

Surface cultivée

Cheptel Autres biens

Très pauvre s

8-12 2-4 ha 1-3 chèvres, 1-3 moutons, 8-12

poules aucun

Pauvre s

11-15 3-5 ha 2-4 chèvres, 3-5 moutons, 15­

25 poules aucun

Moyens 22-28 12-18 ha 10-20 bovins, 8-12 chèvres, 8­12 moutons, 20-30 poules, 1-3

ânes

Charrue(s), verger(s)

Aisés 25-35 30-40 ha 30-40 bovins, 15-25 chèvres, 25­35 moutons, 25-35 poules, 2-4

ânes

Charrue(s), verger(s)

0% 20%

% des ménages

40%

En termes d'élevage, la dissymétrie de richesse en faveur des aisés est moins marquée dans cette zone que dans la zone 3, même si un plus faible pourcentage de ménages se range dans les deux groupes de richesse les plus élevés. Il convient de noter l'importance des vastes propriétés foncières des groupes les plus riches, surtout par rapport à la zone 5. En termes d’effectifs, les deux groupes de richesse les plus élevés, soit trente cinq pour cent seulement de tous les ménages, forment en fait la majorité de la population totale compte tenu de la taille des ménages. Néanmoins, la taille de leurs élevages et les surfaces qu'ils cultivent, par personne, sont bien plus importantes que celles des soixante-cinq pour cent des ménages plus pauvres. Cette différence entre les deux groupes les plus riches et les deux groupes les plus pauvres suggère que la mobilité économique ascendante est difficile. Il est aussi important de noter que le nombre de bras valides est nettement plus élevé dans les ménages moyens et aisés que dans les ménages pauvres et très pauvres.

Les ménages moyens et aisés possèdent des charrues et sont en mesure d'acheter des intrants agricoles pour améliorer leurs rendements ; ils possèdent aussi des vergers. Les ménages les plus riches possèdent des tracteurs. Dans certaines régions, les pauvres ont aussi des vergers, mais ils n'ont généralement pas les moyens de les entretenir. Par rapport à la zone 3, où la culture cotonnière

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0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

Lait

Prêts en nature

Paiement en nature

Dons

Achat

Récolte

tirent une petite quantité d'argent du petit commerce, qui est habituellement le domaine des femmes.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre Moyen Aisé Pauvre

Exode et transferts

Vente de produits PFNL Petit commerce

Travail agricole local

Vente de produits de rente Vente de céréales

Vente de volaille

Vente de bétail

à forte intensité de main d’œuvre domine davantage, la proportion de bœufs de labour dans les troupeaux des moyens et des aisés est plus faible.

En milieu rural comme en ville, les plus pauvres se sacrifient pour envoyer leurs enfants à l’école, mais les moyens et les aisés peuvent investir, et investissent en effet davantage en termes absolus. Les enfants des ménages pauvres et très pauvres ont des chances de ne recevoir qu'un enseignement primaire de base, parfois même très peu d'enseignement formel. Les enfants des ménages moyens et aisés reçoivent généralement un certain enseignement secondaire et parfois plus.

Sources de nourriture

Les ménages très pauvres de cette zone peuvent vivre de leurs propres récoltes pendant près de cinq mois de l'année. Après quoi, ils dépendent du marché et, dans une large mesure, des dons ; il est possible que ceux-ci soient plus importants dans cette zone que dans la zone 3 du fait du plus grand nombre de musulmans qui paient la Zakat (ou aumône annuel obligatoire) aux plus démunis. Les ménages les plus pauvres acceptent aussi des prêts de nourriture pendant les mois les plus difficiles qui précèdent la récolte ; ils les remboursent d'une manière ou d'une autre par la suite. Par contraste, les ménages moyens et aisés pourraient potentiellement vivre de leurs terres pendant toute l'année. Cependant, ils vendent une partie de leurs céréales, consacrent de l'argent et des terres aux cultures commerciales et préfèrent acheter des produits de base plus coûteux, comme le riz et les pates alimentaires. Comme ils élèvent des troupeaux de vaches, ces groupes de richesse sont aussi en mesure de consommer du lait, qui représente une petite partie de leur apport calorique, mais une nette amélioration de la qualité de leur régime alimentaire.

Sources de revenus

Les sources de revenus de cette zone sont beaucoup moins diversifiées que dans la zone 1 voisine : les ventes des cultures de rentes en particulier sont plus importantes ici pour les ménages moyens et aisés. Les pauvres et les très très pauvres dépendent aussi davantage du travail agricole rémunéré dans cette zone. Toutefois, ils constituent moins une classe laborieuse que leurs homologues de la zone 3, où la plus grande prévalence de la production cotonnière exige plus de main d'œuvre. Contrairement à de nombreuses autres zones, les ménages des deux groupes les plus pauvres

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30

0 1 2 3 4 5

2008‐09

2007‐08

2006‐07

2005‐06

2004‐05

2003‐04

2002‐03

2001‐02

2000‐01

1999‐00

1998‐99

Les groupes plus aisés pratiquent le commerce sur une plus grande échelle ; celui-ci met en jeu l'achat et la revente de produits agricoles dans un but lucratif, ou la vente au détail de biens manufacturés comme le savon et le sucre. Il y a également une différence en termes de ventes d'animaux d'élevage entre les groupes de richesse ; les pauvres et les très pauvres sont souvent forcés de vendre leurs animaux à un jeune âge, alors que les moyens et les aisés ont les moyens d'attendre jusqu'à leur maturité lorsque les prix sont plus élevés. Comme l’a dit une personne interrogée : « Le coq du pauvre ne chante pas ».

Aléas

Il a été demandé aux informateurs clés de classer chacune des dix dernières années en fonction de sa sécurité alimentaire relative : 1 représentait une très mauvaise année en termes de sécurité alimentaire, 2 une mauvaise année, 3 une année acceptable, 4 une bonne année et 5 une excellente année. Ce type d'exercice est subjectif, mais l'histogramme ci-dessous montre la sécurité alimentaire constante de cette zone et la rareté d'une mauvaise année.

Aléas chroniques

Retard de paiement du coton par la SOFITEX.

Aléas périodiques

Épizooties (4-7 années tous les dix ans, le plus courant entre décembre et juin). La trypanosomiase est un risque dans cette zone. Les médicaments vétérinaires interdits pour faire face aux épizooties, sont courants et les éleveurs ont tendance à y recourir pour soigner eux même leurs bêtes.

Ravageurs des cultures, en particulier ceux qui s'attaquent aux fruits (4-7 ans tous les dix ans). Les infestations acridiennes sont aussi un danger.

Attaques de parasites (le plus souvent entre décembre et juin).

Chute des ventes d'anacardes (4-7 ans tous les dix ans).

Baisse des prix du coton.

Manque d'eau (le plus souvent entre janvier et mai).

Destruction de cultures par les animaux sauvages et protégés (éléphants et hippopotames).

Manque d'accès aux intrants agricoles (plus problématique entre juin et août).

Inondations (elles sont temporaires avec souvent peu de dégâts sur les cultures.)

Mauvaise pluviosité entraînant, dans une certaine mesure, des dégâts aux cultures.

Mauvaise distribution de la pluviosité.

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Stratégies de réponse

Les pauvres et les très pauvres tentent de maximiser leur revenu de plusieurs manières. Ils entreprennent plus de travaux agricoles locaux (par ex., défrichage des terres des moyens et des aisés), fabriquent et vendent des briques et des objets d'artisanat, augmentent leurs ventes de bois, de fourrage et de volaille et migrent à la recherche de travail, en particulier vers les sites d'exploitation aurifère. D'autres options incluent les emprunts auprès des aisés et les demandes de dons de nourriture.

Aussi bien les moyens que les aisés augmentent généralement leurs ventes d'animaux d'élevage et leurs activités commerciales. Toutefois en 2008, dans certaines parties de la zone, ces groupes de richesse ont cessé de vendre leurs animaux du fait de la maladie qui touchait les troupeaux. Les ménages moyens augmentent aussi leurs ventes de fruits et peuvent vendre des PFNL, comme le miel, ce qu'ils ne font pas d'habitude pendant une année normale.

Tous les groupes de richesse changent leurs structures des dépenses pendant une mauvaise année, dépensant un plus grand pourcentage du total de leurs liquidités en produits de consommation courante, du fait qu'ils sont plus tributaires du marché pour leurs besoins alimentaires.

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Profils de moyens d'existence au Burkina Faso

Zone 3 : Ouest coton et céréales

Principales conclusions et implications

Il s'agit d'une zone riche et en situation de sécurité alimentaire dans laquelle cinquante pour cent des ménages se rangent dans les groupes moyens et aisés ; mais il existe un écart de richesse singulièrement large entre les moyens et les aisés. Elle dépend fondamentalement de l'agriculture pluviale et produit une grande quantité de céréales, ainsi que du coton, principale culture de rente. L'élevage est une ressource importante pour ceux qui ont les moyens, non seulement pour la vente, mais aussi, comme dans le cas des bœufs, pour le labour. La production cotonnière dans cette zone est sous le monopole de la SOFITEX, et les revenus des cotonculteurs dépendent du prix fixé en concertation entre les sociétés cotonnières et l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB). Les subventions aux producteurs de coton américains, qui font baisser les prix sur le marché international peuvent aussi avoir un impact négatif sur les producteurs de cotons de cette zone.

Pendant une année normale, les pauvres et les très pauvres ne peuvent produire suffisamment de nourriture pour se nourrir et sont fortement tributaires du travail rémunéré auprès des autres et de la collecte et de la vente des ressources naturelles de la zone. Il est possible que la pression démographique, la dégradation continue des sols et l'absence de programme de reboisement nuisent à la capacité des pauvres et des très pauvres à recourir aux ventes de PFNL et de bois. Pendant les mauvaises années, les ménages pauvres et très pauvres tentent d'augmenter leurs revenus par le travail rémunéré et les ventes de PFNL/bois ; cependant, ils peuvent aussi migrer pour trouver du travail, chose qu'ils ne font pas normalement.

Description de la zone

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La principale caractéristique de cette zone est l'agriculture pluviale, en particulier la culture du coton et, dans une moindre mesure, d'autres cultures de rentes, comme le sésame et l'arachide. L'élevage (bovins, caprins, ovins, porcins et volaille) joue un rôle important, mais dans une moindre mesure. Cette zone est modérément peuplée et couvre une large partie de la région de la Boucle du Mouhoun et celle des Haut-Bassins ainsi que quelques communes des régions Centre-ouest et Sud-ouest. Les précipitations sont en moyenne de 700 à 900 mm par an et les inondations ne sont pas rares.

Les principales cultures consommées sont le maïs, le sorgho, le mil et le riz ; en général, seuls les ménages moyens et aisés ont les moyens de consommer des aliments de base plus coûteux comme le riz. Le coton, le maïs et le sorgho sont les principales cultures vendues. La production agricole est mécanisée dans une certaine mesure et certains ménages aisés possèdent des tracteurs.

La zone présente d'autres caractéristiques qui, bien qu'atypiques ne sont pas moins significatives. Les cultures maraîchères ont pris une plus grande importance ces dernières années ; l'eau nécessaire à cette activité provient souvent de puits et de puisards. Cependant, compte tenu du fait que les cultures maraîchères impliquent des dépenses d'intrants agricoles, elles sont généralement réservées aux ménages moyens et aisés. D'un autre côté, ce sont surtout les ménages pauvres et très pauvres qui pêchent dans les rivières de la zone. Les rives du fleuve Mouhoun se prêtent également à l'agriculture d'irrigation. En outre, la zone contient un certain nombre de bas-fonds qui se prêtent à la production en saison sèche, dont le potentiel reste sous-exploité. La transformation des produits agricoles est une autre activité en expansion dans cette zone.

Malgré sa richesse, la zone continue de souffrir de plusieurs contraintes. La dégradation continue des sols et la pression sur les ressources sont un problème. Bien que la zone compte des forêts classées, comme celle de Téré et de Maro, la tendance générale est à l'expansion des terres cultivées, parfois dans les aires protégées, sans effort de reboisement ou très peu. L'accès à l'eau potable pour les humains a été amélioré ces dernières années, mais reste un problème. Les personnes interrogées ont également signalé le manque de retenues d'eau dans la zone. Les migrants viennent aussi dans la zone 3, en provenance du plateau central fortement peuplé.

Marchés

L'accès aux marchés dans cette zone est généralement bon, et dans l'ensemble le réseau routier s'améliore depuis quelques années. Toutefois, l'état des routes se détériore pendant la saison des pluies, plusieurs d'entre elles devenant impraticables. Ce problème touche en particulier tous les départements de la région de la Boucle du Mouhoun et ceux au nord du Kénédougou, N’Dorola et Béréba dans les Hauts-Bassins.

Les céréales (et certains fruits et légumes) sont exportées depuis cette zone. Le tableau ci-dessous montre des exemples de routes commerciales, mais il n'est pas exhaustif. Le coton est acheté par la SOFITEX qui est la société cotonnière exerçant dans la zone. Les animaux d'élevage (y compris la volaille) sont exportés vers Bobo Dioulasso, Ouagadougou, la Côte d’Ivoire et le Ghana, depuis les marchés comme celui de la zone d’Ouessa. En cas de nécessité, des denrées de consommation courante sont importées dans la zone ; le riz est importé de Taïwan et du Pakistan tandis que le maïs vient généralement du Ghana via Houndé et de la Cote d’Ivoire via Banfora. Pendant les années de mauvaises récoltes, les importations de maïs en provenance du Ghana et de la Cote d’Ivoire augmentent considérablement.

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Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sep. Oct. Nov. Déc. Saison des pluies

Légende : Semis Entretien des cultures Récolte

Ventes d'animaux Préparation de la terre

Cultures

Élevage

Autre

Configuration des pluies

Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sep. Oct. Nov. Déc.

Travail agricole local

Maïs/Sorgho

Bovins

Sésame Coton

Niébé Arachide

Paludisme

Mil Riz

Achat d'aliments de base

Ventes de PFNL

Volaille

Funérailles Périodes de Soudure

Culture Route commerciale Maïs, mil, légumes

sorgho, fruits, Marchés villageoisKourouma, N’Dorola, Koti, Koumbia, Béréba Bobo Dioulasso (Zone 2), Houndé Ouagadougou (Zone 6), le nord du pays, le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire.

Calendrier saisonnier

Le calendrier agricole va de juin-juillet (semis) à août (sarclage, etc.) jusqu'à septembre-décembre (récolte). Les pluies s'arrêtent en septembre ou début d'octobre. Les achats d'aliments de base culminent pendant la période de soudure, mais les ménages très pauvres commenceront à acheter à partir de décembre, après avoir déjà consommé leurs propres récoltes. On notera que le travail rémunéré agricole local est le plus courant entre mai et juillet, pendant la préparation des terres et les semis.

Différents types de PFNL se vendent toute l'année, y compris les amandes de karité et le néré. Dans cette zone, les funérailles sont célébrées de manière saisonnière entre janvier et mars. De toute

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évidence, elles ne représentent pas une dépense pour tous les ménages chaque année, mais lorsqu'elles ont lieu, elles exigent un effort financier important. L'incidence du paludisme atteint son maximum entre deux saisons et peut entraîner une hausse des dépenses de médicaments.

Répartition des richesses

Caractéristiques des groupes de richesse

Taille des

Surface cultivée

Cheptel Autres biens

Très pauvre s

3-5 1-2 ha 8-12 poules aucun

Pauvre s

9-11 2.5-3.5 ha 2-4 chèvres, 18-23 poules, 1-3

porcs, 0-2 ânes aucun

Moyens 18-22 8-12 ha 3-5 bovins, 8-12 chèvres, 4-6 moutons, 25-35 poules, 4-6

porcs, 0-2 ânes Charrue(s)

Aisés 30-40 22.5-27.5

ha

35-45 bovins, 18-22 chèvres, 30­40 moutons, 35-45 poules, 8-12

porcs, 2-4 ânes Charrue(s)

0% 50%% des ménages

Près de cinquante pour cent de l'ensemble des ménages de cette zone relativement riche se rangent dans les groupes moyen et aisé ; par contraste avec la zone 4 au nord, qui est en état de plus grande insécurité alimentaire et où près de quatre vingt pour cent des ménages constituent les catégories pauvres et très pauvres. Toutefois, entre les groupes moyen et aisé il y a une plus grande dissymétrie de la richesse en termes de terres cultivées et d'animaux d'élevage en faveur des aisés, qui ne représentent qu'une petite minorité de tous les ménages (on le constate aussi dans la zone 4 voisine). Parmi les plus pauvres, il y a aussi une différence considérable entre les très pauvres, qui ne possèdent que des volailles et cultivent peu de terre, et les pauvres qui possèdent nettement plus d'animaux (mais pas de bétail) et cultivent jusqu'à deux fois plus de terre par personne.

Avec une taille du ménage supérieure, les ménages moyens et aisés ont plus de bras valides, ainsi que davantage d'argent pour employer les pauvres et les très pauvres comme main d'œuvre occasionnelle. Ces groupes possèdent en outre des bœufs et des charrues pour préparer la terre, ce dont ne disposent pas les groupes plus pauvres. En effet, du fait de la forte intensité de main-d’œuvre de la culture du coton, les troupeaux des groupes moyens et aisés ont une plus grande proportion de bœufs de labour et un faible pourcentage de femelles reproductrices que les troupeaux des autres zones. Certains ménages aisés peuvent aussi posséder des tracteurs.

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Seul un quart environ des besoins alimentaires annuels des très pauvres provient de leurs propres récoltes. Ils survivent en travaillant pour les autres et en achetant leur nourriture ou en recevant des paiements en nature. Les dons peuvent aussi fournir une part non négligeable de leurs besoins alimentaires. De la même manière, les ménages pauvres sont tributaires du marché dans la mesure où ils achètent la même proportion de leur nourriture que les très pauvres. Toutefois, ils sont plus productifs et tirent des champs plus de la moitié de leurs besoins ; ils dépendent donc moins des dons, des paiements en nature et des prêts de nourriture. Les ménages moyens et aisés pourraient s'appuyer entièrement sur leur propre production ; cependant, ils consacrent leurs ressources aux cultures commerciales et vendent une partie de leurs céréales, préférant acheter des produits de base plus coûteux, comme du riz.

Sources de revenus

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

Prêts en nature

Paiement en nature

Dons

Achat

Récolte

La surface cultivée est un facteur déterminant de richesse bien plus important que la surface de terre possédée. Les ménages très pauvres qui vivent dans la zone depuis longtemps peuvent posséder considérablement plus de terres que les ménages du même groupe ayant récemment migré dans la zone. Cependant, les deux types de ménages ne seront capables de cultiver qu'un ou deux hectares de leurs terres, quelle que soit la surface dont ils sont propriétaires. Les terres possédées par les ménages moyens et aisés sont plus fertiles ; un meilleur accès aux intrants agricoles contribue aussi à assurer de meilleurs rendements.

En milieu rural comme en ville, les plus pauvres se sacrifient pour envoyer leurs enfants à l’école, mais les moyens et les aisés peuvent investir, et investissent en effet davantage en termes absolus. Les enfants des ménages pauvres et très pauvres ont des chances de ne recevoir qu'un enseignement primaire de base, parfois même très peu d'enseignement formel. Les enfants des ménages moyens et aisés reçoivent généralement un certain enseignement secondaire et parfois plus.

Dans certaines parties de la zone, les ménages pauvres et très pauvres possèdent des ruches et les ménages moyens et aisés possèdent des vergers et des plantations d'arbres. Le bois de ces plantations est vendu aussi bien pour la construction que pour le chauffage.

Sources de nourriture

Les aisés tirent une petite partie de leur revenu en louant la traction aux ménages des autres groupes de richesse. Pour ce faire, les ménages aisés ont un grand nombre de bœufs de labour, des charrues, voire un tracteur. Ils sont aussi en mesure de consacrer une plus grande part de leurs ressources aux cultures de rentes (surtout le coton) ; par conséquent, une plus grande proportion de leur revenu provient de la vente de ces cultures de rentes que pour n'importe quel autre groupe de richesse. Toutefois, ces différences mises à part, 0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre

Pauvre Moyen Aisé

Autre (briques, artisanat)

Autre (traction)

Vente de produits PFNL

Vente de bois/charbon/fourrage Petit commerce

Autre travail local temporaire Travail agricole local

Vente de produits de rente

Vente de céréales

Vente de volaille

Vente de bétail

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les groupes de richesse moyens et aisés ont des structures de revenus similaires. La majorité vient de la vente des récoltes tandis que le commerce et les ventes d'animaux d'élevage représentent la quasi­totalité du reste. Par contraste, les revenus des pauvres et des très pauvres reposent fortement sur le travail et la vente de produits d'origine naturelle comme le bois et les produits sauvages. L'importance du travail ici, par comparaison aux zones voisines, est le résultat, au moins en partie, de la prédominance et de la forte intensité de main-d’œuvre du coton. Du fait qu'ils n'ont pas les moyens de cultiver beaucoup de coton, les pauvres produisent et vendent des cultures de rentes, comme le sésame et l'arachide. Les très pauvres sont eux-mêmes distincts, dans la mesure où ils ne tirent pas d'argent de la vente de leurs propres récoltes.

0 1 2 3 4 5

Aléas

Il a été demandé aux informateurs clés de classer chacune des dix dernières années en fonction de sa sécurité alimentaire relative : 1 représentait une très mauvaise année en termes de sécurité alimentaire, 2 une mauvaise année, 3 une année acceptable, 4 une bonne année et 5 une excellente année. Ce type d'exercice est subjectif, mais il aide à démontrer le niveau de sécurité alimentaire dans la zone. Comme on le constate, seule une année sur les dix dernières années a été jugée mauvaise et la plupart ont été jugées bonnes. La campagne agricole 2004-2005 a été jugée mauvaise, du fait du retard d’installation et de la fin précoce des pluies.

1998‐99

1999‐00

2000‐01

2001‐02

2002‐03

2003‐04

2004‐05

2005‐06

2006‐07

2007‐08

2008‐09

Aléas chroniques

Destruction de cultures par les animaux sauvages et protégés (surtout les éléphants).

Insectes et ravageurs des cultures (par ex., chenilles attaquant le coton). Juillet à septembre sont les mois à surveiller.

Forts vents (surtout en juin).

Aléas périodiques

Le paiement du coton par la SOFITEX, intervient plus tard que prévu, comme en 2008-09. Ceci pèse lourdement sur les ménages non seulement pour l'achat des aliments de base et autres produits essentiels, mais aussi pour le remboursement du crédit de la saison précédente et peut-être la perte consécutive de confiance à l'égard des prêts pour la saison à venir.

Augmentations du prix des aliments/intrants agricoles/carburant, etc.

Épizooties (1-3 ans tous les dix ans). Elles surviennent surtout entre mars et juin.

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Inondations (surtout en juillet/août). Elles peuvent détruire des infrastructures telles que les ponts, comme en 1998-1999. Les bas-fonds sont aussi sujets aux inondations, comme en 2008-2009.

Mauvaise pluviosité entraînant, dans une certaine mesure, des dégâts aux cultures.

Début tardif/fin précoce des pluies, comme en 2004-2005.

Déficit pluviométrique important au moment de la floraison des cultures (septembre/octobre).

Stratégies de réponse

Pendant les mauvaises années, les pauvres et les très pauvres déploient toute une gamme de stratégies pour augmenter leurs revenus. Localement, ceci peut se traduire par une augmentation du travail agricole, de la fabrication/vente de briques et d'objets d'artisanat et des ventes de PFNL. Toutefois, ces deux groupes migrent aussi pour trouver du travail, chose qu'ils ne font pas pendant une année normale. En termes de consommation, les groupes les plus pauvres collectent différents types de feuilles comestibles « pour se remplir le ventre » lors des périodes difficiles. Par ailleurs, là où elle est possible, la pêche est aussi une source de nourriture et de revenus dans cette zone.

Les moyens et les aisés augmentent leurs activités commerciales et leurs ventes d'animaux d'élevage autant que l’effectif du cheptel le permet. Les moyens peuvent contracter des prêts.

Tous les groupes de richesse changent leurs structures des dépenses pendant une mauvaise année, dépensant un plus grand pourcentage de leurs liquidités en produits de consommation courante et moins en nourritures « de luxe » et en articles de maison non essentiels. Comme il a été dit plus haut, le maïs est importé du Ghana pendant les mauvaises années. Toutefois, dans la mesure où il s'agit d'une zone agricole riche, les ménages moyens et aisés ne consacrent qu'une petite proportion de leurs dépenses aux aliments de base pendant les mauvaises années.

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Profils de moyens d'existence au Burkina Faso

Zone 4 : Ouest céréales et transferts

Principales conclusions et implications

La zone 4 est plus pauvre et en situation de plus grande insécurité alimentaire que la zone 3, juste au sud. Il est important de garder cet état de fait présent à l’esprit, lorsqu'on réfléchit à la sécurité alimentaire au plan régional. La région de la Boucle du Mouhoun, par exemple, est divisée entre ces deux zones ; autrement dit, les moyens d'existence dans le sud de cette région (zone 3) sont sensiblement différents de ceux du nord (zone 4). L'un des principaux problèmes dans cette zone est la mauvaise qualité du sol.

Cette zone est tributaire de l'agriculture pluviale céréalière (mil et sorgho), des cultures de rentes (par ex., niébé et arachide) et de l'élevage sédentaire. Il y a aussi une certaine variation locale, par exemple la culture du riz irrigué dans la vallée du Sourou et celle du riz pluvial dans certains départements comme Dydir et des villages comme Pouni-Nord. Toutefois, la source de revenus la plus importante pour tous les groupes de richesse est constituée par les envois d'argent de ceux qui possèdent des plantations de café et de cacao en Côte d’Ivoire ou qui travaillent dans celles-ci. Tout ce qui pourrait avoir un impact négatif sur cette économie basée sur les envois d'argent, aurait de graves répercussions dans la zone.

Description de la zone

Les principales caractéristiques de cette zone sont l'agriculture pluviale et l'élevage sédentaire. Elle s'étend des parties nord de la région de la Boucle du Mouhoun à celles du Centre-ouest. La pluviométrie annuelle varie entre 600 et 800 mm. La dégradation des sols et la pression sur les terres agricoles sont de sérieux problèmes. La densité de population est relativement élevée, bien qu'on constate une variation au sein de la zone entre la Sissili peu peuplé et le Boulkiemdé densément

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peuplé. Les cultures vivrières les plus importantes sont le sorgho, le mil et le niébé. Le sorgho et le niébé sont aussi les cultures qui se vendent le plus couramment, avec l'arachide. Le maïs, le sésame et le fonio sont aussi cultivés, mais plus rarement et en plus petites quantités. Le riz n'est pas typique de la zone dans son ensemble, mais près de 4 000 hectares sont consacrés à sa culture dans la vallée du Sourou. Les principaux animaux d'élevage sont la volaille, les porcs, les chèvres et les moutons, en dépit des grands troupeaux de bovins des aisés.

Au cours des récentes années, la zone a connu plusieurs changements. Le nombre de grandes fermes modernes pour l'agro-industrie a augmenté et le réseau routier a été amélioré, de même que l'accès à l’eau potable, bien que celui-ci reste un problème. L'eau pour les humains et pour les animaux provient surtout des puits, des forages et des retenues d'eau. La culture maraîchère s'est étendue ; elle se pratique autour des puits et des puisards du fait que, à l'exception de la vallée du Sourou, la zone souffre de l'absence d'infrastructures d'irrigation. Les perspectives pour l'agriculture d’irrigation sont bonnes le long des rives du Mouhoun et dans un grand nombre de bas-fonds, dont le potentiel est sous-exploité. De plus, la zone produit du miel pour l'exportation et est riche en ressources naturelles : or, zinc et cuivre.

Les ménages entretiennent des liens étroits avec la Côte d’Ivoire, où ceux qui possèdent ou travaillent dans des plantations de café ou de cacao envoient de l'argent ; ces envois sont la source de revenus la plus importante, comparativement au revenu moins important du travail migrant saisonnier dans la même région. Ceci est dû en partie à la dégradation des sols dans la zone, qui oblige certaines personnes à aller chercher du travail ailleurs. L'argent peut être envoyé de plusieurs façons : via Western Union, par mandat postal ou de manière informelle (apporté par un parent ou un ami revenant dans la zone). Cette dernière méthode est difficile à mesurer ; elle est néanmoins importante et serait la plus touchée si la frontière entre le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire devait être fermée.

Les migrants sont aussi venus dans la zone 4 en provenance du plateau central fortement peuplé.

Marchés

L'accès aux marchés dans cette zone est généralement bon, et dans l'ensemble le réseau routier s'améliore depuis quelques années. Toutefois, l'état des routes se détériore pendant la saison des pluies, plusieurs d'entre elles devenant impraticables ; le problème concerne tous les départements inclus dans la région de la Boucle du Mouhoun. De manière spécifique, le département de Kayao dans la région Centre-Sud a de mauvaises routes non asphaltées.

Le tableau ci-dessous offre des exemples des routes commerciales empruntées par les produits exportés depuis la zone ; il n'est pas exhaustif. Le maïs, le sorgho, les tubercules et le riz sont aussi importés dans la zone. Le maïs vient surtout du Ghana, les tubercules de la zone 1 et du Ghana, et le riz est importé de Taïwan et du Pakistan.

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Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sep. Oct. Nov. Déc. Saisons des pluies

Légende : Semis Entretien des cultures Récolte

Ventes d'animaux Préparation de la terre

Cultures

Élevage

Autre

Configuration des pluies

Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sep. Oct. Nov. Déc.

Période de Soudure

Ovins/caprins

Funérailles

Arachide

Achat d'aliments de base

Travail agricole local

Porcs Volaille

Maïs

Vente de bois de chauffage

Sorgho/Mil

Bovins

Niébé

Produit Route commerciale Céréales (sorgho, mil) Djibasso, Bomborokuy, Sono, Barani, Kombori, Di, Gassan,

Toeni, Tougan, Toma Nouna Ouahigouya (Zone 5), Koudougou, Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Mali, Niger.

Bovins, caprins, ovins Marchés locaux Nouna Bobo Dioulasso, Ouagadougou, Côte d’Ivoire, Ghana

Volaille Marchés régionaux Ouagadougou, Côte d’Ivoire

Porcs Marchés locaux Sanguie Koudougou Ouagadougou

Calendrier saisonnier

Le cycle agricole va de mai-juin (semis) à juillet-septembre (sarclage, etc.) jusqu'à octobre-décembre (récolte). Du fait de pressions financières, y compris le remboursement de dettes, les ménages pauvres et très pauvres vendent les céréales aussitôt quelles sont récoltées, incapables qu'ils sont d'attendre que les prix montent les mois suivants. Pour ces ménages, le moment le plus difficile de l'année, la soudure (quand les stocks de céréales des ménages sont épuisées depuis longtemps et que les prix du marché sont élevés) coïncide avec les mois où le travail rémunéré agricole est le plus courant. Dans les parties de la zone où on cultive le riz, il y a deux récoltes par an. La première est

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relative au riz cultivé entre mai et octobre, et la seconde, est relative à celui cultivé entre novembre et avril.

Dans cette zone, les funérailles sont célébrées de manière saisonnière entre janvier et avril. De toute évidence, elles ne représentent pas une dépense pour tous les ménages chaque année, mais lorsqu'elles ont lieu, elles exigent un effort financier important.

Répartition des richesses

Caractéristiques des groupes de richesse

Taille des

Surface cultivée

Cheptel Autres biens

Très pauvre s

3-5 1-2 ha 1-3 chèvres, 2-4 poules aucun

Pauvre s

5-7 2-4 ha 3-5 chèvres, 9-11 poules, 0-2

porcs aucun

Moyens 13-17 6-10 ha 4-6 bovins, 9-11 chèvres, 4-6 moutons, 23-28 poules, 2-4

porcs, 0-2 ânes

Charrue/Char rette

Aisés 28-33 10-20 ha 35-45 bovins, 25-35 chèvres, 13­18 moutons, 45-55 poules, 4-6

porcs, 2-4 ânes

Charrue/Char rette

0% 20% 40% 60%% des ménages

Il existe un fort pourcentage (68 %) de ménages pauvres et très pauvres, surtout comparé aux zones voisines plus riches 1 et 3. Il y a aussi une grande dissymétrie de la richesse en faveur de la petite proportion des ménages qui se range dans le groupe des aisés ; par exemple, le grand écart entre les moyens et les aisés concernant la possession de cheptel. Toutefois, il convient de remarquer que les ménages aisés sont de taille bien plus grande que ceux de tout autre groupe de richesse.

Ce sont les deux groupes de richesse supérieurs qui ont les moyens d'acheter des intrants agricoles pour accroître leurs rendements sur les mauvais sols de la zone. La culture maraîchère n'est accessible qu'aux ménages moyens et aisés qui ont les moyens d'y investir et n'est pas typique de la zone. De plus, dans certaines parties de la zone, les aisés possèdent des vergers.

En milieu rural comme en ville, les plus pauvres se sacrifient pour envoyer leurs enfants à l’école, mais les moyens et les aisés peuvent investir, et investissent en effet davantage en termes absolus. Les enfants des ménages pauvres et très pauvres ont des chances de ne recevoir qu'un enseignement primaire de base, parfois même très peu d'enseignement formel. Les enfants des ménages moyens et aisés reçoivent généralement un certain enseignement secondaire et parfois plus.

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0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre

Pauvre Moyen Aisé

Prêts en nature

Paiement en nature

Dons

Achat

Récolte

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

Exode et transferts

Vente de produits PFNL

Vente de bois/charbon/fourrage

Petit commerce

Autre travail local temporaire (briques)

Travail agricole local

Vente de produits de rente

Vente de céréales

Sources de nourriture

Les ménages moyens et aisés couvrent la quasi-totalité de leurs besoins alimentaires annuels avec leurs propres récoltes. La majorité des ménages aisés et certains ménages moyens pourraient être autosuffisants ou produire un excédent. Cependant, ils investissent leurs terres et de l'argent dans les cultures de rentes et ils vendent une partie de leurs céréales, préférant acheter des produits de première nécessité plus coûteux. Il y a une nette distinction entre cette situation et celle des très pauvres qui ne peuvent vivre de leurs terres que pendant deux mois.8 Bien qu'ils reçoivent de grandes quantités de nourriture sous forme de dons et de paiements en nature pour du travail agricole local, les très pauvres dépendent néanmoins du marché pour leur nourriture presque deux fois plus que les pauvres. Toutefois, les pauvres dépendent plus des prêts de nourriture que les très pauvres. Dans cette zone relativement pauvre, il est plus difficile d’octroyer des prêts de nourriture aux plus pauvres auxquels l’on a moins confiance quant aux capacités de remboursement.

Sources de revenus

L'élément le plus frappant concernant les sources de revenus est de loin la grande dépendance à l'égard des envois d’argent qu'on constate chez tous les groupes de richesse. C'est la zone où l'on trouve les liens familiaux les plus étroits avec les propriétaires de plantations en Côte d’Ivoire. Il est aussi intéressant de souligner la contribution importante des ventes d'animaux d'élevage dans une zone en principe agricole. Celles-ci sont plus importantes que les ventes de cultures de rentes pour tous les groupes de richesse. Toutefois, la majorité du revenu des pauvres et des très pauvres provient des envois d’argent et des ventes de bois ; ces activités y contribuent plus que les ventes d'animaux d'élevage, les ventes des récoltes et le travail combinés. Bien que les ménages pauvres et très pauvres ne puissent couvrir tous leurs besoins alimentaires avec leurs propres productions, ils vendent néanmoins une petite partie de leurs céréales pendant les mois qui suivent la récolte. Ce revenu peut être utilisé pour rembourser les prêts de nourriture. L'autre travail temporaire local pour les groupes les plus pauvres consiste en la fabrication et la vente de briques.

8 Il y a des endroits dans la zone où les groupes les plus pauvres peuvent vivre de leur propre récolte pendant plus de mois.

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Aléas

Aléas chroniques

Oiseaux mangeant les récoltes sur pied (surtout un problème dans le nord de la zone).

Aléas périodiques

Mauvaise pluviométrie entraînant, dans une certaine mesure, des dégâts sur les cultures. Les mois de mai, juin et septembre sont les plus importants à surveiller.

Inondations (1-3 ans tous les dix ans, le plus souvent en juillet et en août).

Épizooties (surtout les porcs et la volaille).

Dégâts sur les cultures par des animaux protégés (par ex., les éléphants).

Augmentations du prix des aliments/intrants agricoles/carburant, etc.

Pluies commençant tard/finissant tôt

Déficit pluviométrique important au moment de la floraison des cultures

Stratégies de réponse

En mauvaise année, tous les groupes de richesse tentent d'augmenter leur revenu avec les envois d’argent. Ils augmentent aussi leurs ventes d'animaux d'élevage, bien les groupes les plus pauvres aient une capacité limitée pour ce faire compte tenu de la petite taille de leurs élevages. Tous les ménages modifient leurs structures des dépenses, affectant une plus grande proportion de leur argent à l'achat d'aliments de base plutôt qu'à des produits non essentiels.

Les pauvres et les très pauvres déploient aussi une combinaison des stratégies suivantes pour compenser une mauvaise année :

entreprendre davantage de travaux agricoles rémunérés locaux.

effectuer davantage de travaux domestiques auprès des ménages plus riches.

fabriquer et vendre davantage d'objets d'artisanat et de briques.

collecter et consommer des feuilles sauvages.

solliciter des dons auprès des groupes plus riches. Même les ménages moyens demandent parfois de l'aide auprès des aisés.

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Profils de moyens d’existence au Burkina Faso

Zone 5 : Plateau central céréales et jardinage

Principales conclusions et implications

Cette zone est l’une des plus touchée par l’insécurité alimentaire, car sa production est structurellement déficitaire. La densité élevée de la population, la pression sur la terre et la dégradation des sols expliquent en partie la faiblesse des rendements agricoles et le morcellement élevé des parcelles cultivées. Mais les pluies y sont plus abondantes et fiables que plus au nord (zone 8 et parties de la zone 7). La position centrale de cette zone et l’existence de grands marchés (comme Ouahigouya et Pouytenga) fait qu’elle souffre moins de l’isolement que les zones situées plus au nord. Cela permet la valorisation de diverses activités rémunératrices, suscitées par les contraintes foncières, notamment le maraîchage, l’élevage de volailles et la prospection d’or. Malgré l’existence de marchés et la facilité d’accès à ceux-ci, la zone reste sensible à la hausse des prix des céréales. En fait, les hausses des prix des denrées alimentaires en 2007 ont eu un important effet sur la sécurité alimentaire des ménages. Les mauvaises années, il n’est pas rare que l’État et ses partenaires subventionnent le prix des céréales ou distribuent des semences pour les cultures pluviales et celles de saison sèche. Les aliments pour le bétail (tourteaux de coton) sont parfois subventionnés également.

Description de la zone

Cette zone soudano-sahélienne centrale comprend essentiellement le Plateau Mossi, et couvre une partie de six régions : Nord, Centre, Centre-nord, Plateau central, Centre-sud et Centre-ouest. Elle est caractérisée par une agriculture de saison sèche (maraîchage surtout) et la pratique de l’élevage. Il tombe environ 600 à 700 mm de pluie par an, davantage que dans la plus grande partie de la zone 7 et de la zone 8 au nord. Comparativement à ces deux dernières zones, les déficits de pluie y sont

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moins graves et moins fréquents, bien que sévères certaines années. La densité de population est élevée et la pression foncière est considérable. Les sols sont pauvres, surexploités et exposés à l’érosion.

Le sorgho, le mil, le riz et le niébé sont les cultures les plus importantes au plan de la consommation, mais le niébé, les produits maraîchers, le mil et le voandzou (‘pois de terre’, ou arachide bambara, Vigna subterranea L. Verdc., Fabaceae) sont les cultures les plus rémunératrices. La culture du riz est très localisée, près des barrages et dans les bas-fonds. Le maïs est couramment consommé et vendu dans certaines parties de la zone. Le maraîchage est assez développé dans la province du Bam, où le haricot vert est grandement cultivé autour du Lac Bam pour l’exportation en Europe.

Le maraîchage, qui s’est répandu ces dernières années, est relativement développé dans cette zone. Cette expansion résulte en partie d’une sérieuse dégradation des sols qui a forcé les ménages à s’adapter. En fait, pour pouvoir mieux pratiquer le maraîchage, des jeunes ont migré vers les bas-fonds. Mais le maraîchage reste l’apanage des groupes de richesse aisé et moyens à cause des investissements en intrants qu’il nécessite. Les principales cultures pratiquées sont : le haricot vert, la tomate, l’oignon, le chou et la pomme de terre. L’élevage y est moins important que dans les zones plus au nord ; mais il génère un important revenu, venant notamment de la vente de petits ruminants et de volailles. Dans certains ménages, ce sont les femmes qui vendent les poules. Plusieurs difficultés freinent l’élevage dans cette zone. D’abord, il y a peu d’eau pour les animaux pendant la saison sèche, malgré les nombreux barrages de la zone (tels que ceux de Ziga et Zitenga). Ensuite, les pâturages sont généralement insuffisants. Enfin, la hausse du prix des tourteaux de coton (sous­produits de l’agro-industrie utilisé comme aliment pour le bétail) affecte l’embouche (engraissement d’animaux pour la vente), qui est une activité généralement pratiquée par femmes.

La prospection d’or (tant sur place que dans d’autres zones) est une importante source de revenu pour tous les groupes de richesse. Pour les ménages très pauvres et pauvres, il s’agit d’un travail de prospection au moyen des méthodes traditionnelles. Les ménages des groupes moyen et aisé rentrent dans la catégorie des entrepreneurs : ils emploient des personnes appartenant aux groupes pauvres et leur fournissent nourriture et outils de travail. Il convient de noter que dans d’autres zones (7 & 8), les groupes riches ne font pas la même chose : ce sont les groupes moyen et aisé de la zone 5 qui emploient les pauvres des autres zones pour prospecter l’or. Enfin, la pêche est aussi pratiquée dans la zone.

Marchés

Dans cette zone, le réseau routier est convenable et l’accès aux marchés bon. Mais il y a quelques exceptions : dans certains départements (Béré, Pilimpikou, Samba, Latodin et Kalsaka) les routes sont mauvaises et mal entretenues. Certains départements, comme Ouindigui, Tougo, Bassi et Leba, deviennent inaccessibles pendant la saison des pluies. Les trois tableaux ci-après présentent les principales routes commerciales utilisées pour l’exportation des produits de l’agriculture et de l’élevage de la zone et pour l’importation des céréales. Ces dernières années, les infrastructures de stockage des céréales se sont améliorées dans la zone.

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Denrées agricoles exportées Route commerciale

Céréales (sorgho, mil, riz)

Villages Ouahigouya Ouagadougou, Ghana, Togo, Bénin, Mali Villages villes (Ziniare, Korsimoro, Zorgho…) Ouagadougou, Ghana, Togo, Bénin VillagesSaponéOuagadougou Villages Mali

Cultures de rente (niébé etc.)

Villages Ouahigouya Ouagadougou, Ghana, Togo, Bénin, Mali, Europe (sésame) Villages Grands marchés départementaux Ouagadougou, Ghana, Togo, Bénin Villages Mali

Produits maraîchers

Villages Grands marchés départementaux OuahigouyaMali (Koro) Villages Grands marchés départementaux Ouagadougou, Ghana, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire

Patates douces Villages Ouahigouya Mali

Haricots verts Porte du champ Ouagadougou France, Italie (accords entre exploitants agricoles et exportateurs)

Animaux exportés Route commerciale

Bovins, caprins, ovins Villages Kaya, Pissila, Mogtédo, Ouahigouya (Youba) Ouagadougou, Pouytenga Ghana, Côte d’Ivoire, Nigeria

Volailles Villages Kaya, Ouagadougou Villages Grands marchés départementaux (comme Youba)Ouagadougou

Denrées alimentaires importées dans la zone

Route commerciale

Maïs

Bobo, Léo, Ghana Kaya, autres grands marchés provinciauxvillages Hauts Bassins, Boucle du Mouhoun, GhanaOuahigouya, Autres grands marchés provinciaux Villages

Mil et sorgho

Sahel, Ouaga Kaya, autres grands marchés provinciaux villages Hauts Bassins, Boucle du Mouhoun, GhanaOuahigouya, autres grands marchés provinciaux Villages

Igname Sissili (Léo) (zone 1) Ouahigouya

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Janv. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Saisons des pluies

Légende : semence déserbage etc. récoltes

vente d'animaux préparation du sol

Cultures

Élevage

Autres

Configuration des pluies

Janv. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Achats de produits alimen

Travail agricole local

Volaille

Fêtes funéraires Période de soudure

PFNL

Sorgo, Mil Niébé

Bovins

Paludisme

Ovins/caprins

Riz

Maraîchage Arrachides/Voandzou

Calendrier saisonnier

Il faut noter que plusieurs activités coïncident avec la période de soudure. La principale période de travail agricole –période de travail physique intense – commence en juin et continue après la récolte jusqu’en mars. En outre le paludisme est à son pic pendant la période de soudure et les pauvres et les très pauvres consomment et vendent des PFNL.

Les cultures maraîchères sont pratiquées dans les champs à partir de la fin de la principale récolte et vont jusqu’en mars. L’eau nécessaire pour l’irrigation provient de puisards ou de barrages ; les ménages des groupes moyen et aisé possèdent des moto-pompes ou ont accès à des moto-pompes qui leur permettent d’avoir de l’eau.

Les fêtes commémoratives des défunts (funérailles) sont célébrées de façon saisonnière dans cette zone mais tous les ménages ne peuvent pas s’offrir tous les ans les importantes dépenses qu’elles occasionnent. Il est utile de noter que pendant les bonnes années, le nombre de fêtes commémoratives et de mariages augmentent dans cette zone alors que dans les zones 7 et 8 le nombre de mariages s’accroît, mais pas celui des fêtes commémoratives.

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Répartition des richesses

Caractéristiques des groupes de richesse

Taille du ménage

Surface cultivée

Animaux élevés Autres biens

Très pauvres 4-6 0.5-1.5 ha 0-5 poules Aucun

Pauvres 8-12 2-4 ha 1- 3 chèvres, 1-3 moutons,

18-22 poules, 1 âne Aucun

Moyens 12-18 4-6 ha 4-6 bovins 8-12, caprins, 1-3 ovins,

45-55 poules, 1-3 ânes

Charrue / Charrette /

Pompe motorisée

Aisés 18-22 7-11 ha 15-25 bovins 15-20 caprins, 13-17 ovins, 60-80 poules,

4-6 ânes

Charrue / Charrette/

Pompe motorisée

0% 20% 40% % des ménages

60%

Le nombre des animaux possédés par les ménages de cette zone est très inférieur à celui des zones 7 et 8 plus au nord. La majorité des ménages ne possèdent pas de bovins. Les volailles par contre, sont beaucoup plus nombreuses dans cette zone et constituent une importante source de revenu. Elles sont surtout destinées aux marchés urbains et à l’exportation vers le sud. Vu la forte densité de la population, la superficie cultivée est inférieure à celle observée dans la zone 7. Dans cette zone 5, les ménages moyens et aisés cultivent une superficie plus importante, par ménage et par personne par rapport aux ménages pauvres et très pauvres. Par ailleurs, les groupes riches ont des sols de meilleure qualité, possèdent des fosses pour la production d’engrais organique et, utilisent du fumier, des semences de meilleure qualité et d’autres intrants agricoles. Mais, ce sont les très pauvres qui sont le plus défavorisés ; les ménages pauvres peuvent n’avoir qu’une houe et n’ont généralement qu’un âne, qu’ils peuvent utiliser pour la préparation du sol.

À la campagne comme à la ville, les pauvres font des sacrifices pour envoyer leurs enfants à l’école, mais les ménages des groupes intermédiaire et aisé peuvent investir davantage et investissent plus en valeur monétaire absolue. Les enfants des ménages très pauvres et pauvres ont plus de chances de ne bénéficier que d’un enseignement primaire élémentaire, voire de n’en bénéficier d’aucun. Les enfants des ménages intermédiaires et aisés bénéficient généralement de l’enseignement secondaire, voir plus.

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Sources de nourriture

Malgré la petite taille de leurs exploitations, les ménages pauvres et très pauvres de cette zone sont plus à même de couvrir leurs besoins alimentaires par leurs récoltes que leurs homologues de la zone 7, grâce, en partie, à des pluies plus abondantes et plus fiables. Ces deux groupes reçoivent des prêts alimentaires, qu’ils remboursent après la récolte pour conserver leur crédit pour l’année suivante. Les ménages des groupes aisé et intermédiaire peuvent couvrir la totalité ou presque de leurs besoins alimentaires avec leur récolte et peuvent se permettre d’acheter des aliments plus chers (notamment le riz) ainsi que d’autres produits que ceux de première nécessité. La plus petite taille des troupeaux de cette zone, par rapport au nord, implique une moindre importance du lait dans l’alimentation des ménages aisés et intermédiaires. Le lait n’est guère consommé par les ménages pauvres.

Sources de revenus

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très P auv re

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0%

10%

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60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

Autre (Orpaillage)

Transferts

Vente de produits PFNL

Vente de bois/charbon/fourrage

Petit commerce

Travail agricole local

Vente de produits maraîchers

Vente de produits de rente

Vente de céréales

Vente de volaille

Vente de bétail

La diversification des sources de revenu de tous les groupes de richesse de cette zone est frappante. Cette diversification est une réponse à la forte densité démographique et à la grave détérioration des sols de la zone. Il faut noter que les ventes de bétail et de volailles sont, pour les ménages des groupes aisé et intermédiaire, une source de revenus plus importante que la vente de leurs récoltes. Ces groupes obtiennent une part relativement faible de leurs revenus de la vente de céréales, parce qu’ils tendent à les stocker pour avoir une réserve en cas de mauvaise année mais aussi pour vendre ce qui se vend bien quand les prix sont élevés (une partie des ventes de céréales peut figurer dans les revenus des activités commerciales, en raison de problèmes de classement.)

En fait, le commerce est la seconde source de revenu pour les ménages des groupes aisé et intermédiaire. C’est en partie dû à la proximité de Ouagadougou et d’autres grands marchés ainsi qu’à la position centrale de la zone dans le pays, par où transitent d’importants volumes de marchandises. Les activités commerciales sont une large catégorie qui inclut tant la vente de céréales que de biens manufacturés tels que des cigarettes.

Comme annoncé plus haut, cette zone est différente des autres où se pratique la prospection d’or, en ce que tous les groupes de richesse, pas seulement les pauvres et très pauvres, en tirent un revenu. Les envois d’argent, qui forment une petite partie des revenus des ménages des groupes aisé et moyens, viennent généralement de membres de la famille résidant à Ouagadougou ou en Côte d’Ivoire.

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0 1 2 3 4 5

2008‐09

2007‐08

2006‐07

2005‐06

2004‐05

2003‐04

2002‐03

2001‐02

2000‐01

1999‐00

1998‐99

Aléas

Il a été demandé aux informateurs clés de classer chacune des dix dernières années en fonction de sa relative sécurité alimentaire : 1 représente une très mauvaise année sur ce plan, 2 une mauvaise année, 3 une année acceptable, 4 une bonne année et 5 une excellente année. Cet exercice est subjectif, mais le graphique ci-dessous permet de visualiser l’insécurité alimentaire relative de cette zone, pendant 5 années sur les dix dernières classées en-dessous de la moyenne.

Aléas chroniques

Épizooties des volailles – (les mois cruciaux sont d’octobre à janvier).

Aléas périodiques

Précipitations faibles ou irrégulières (3 années sur 10). Absence de pluie Inondations ; les plus récentes ont été en 2008 (elles surviennent surtout en septembre-octobre, à la fin de la saison des pluies). Pluies précoces et irrégulières, entrainant un important ressemis en juin, juillet et même parfois en août. Déficit pluviométrique important lorsque les cultures fleurissent – les mois cruciaux sont août et septembre Fin précoce des pluies (surtout en octobre). Épizooties du bétail – (mois cruciaux : mai et juin). Parasites des cultures et oiseaux (surtout en juillet-août et octobre-novembre). Hausse des prix des céréales.

Stratégies de réponse

Les ménages pauvres et très pauvres n’ont pas de réserves (ni épargne monétaire ni bétail) pour faire face aux mauvaises années. Leur principal recours est d’accroître leur revenu par des travaux rémunérés. Cela peut être la fabrication de briques, une augmentation des ventes de bois et des PFNL, ou un emploi domestique chez un autre ménage à proximité. Mais ces deux groupes peuvent aussi migrer à la recherche de travail, ce qu’ils ne font normalement pas pendant les bonnes années. Les autres recours sont la mise en gage d’objets de valeur auprès de plus aisés, la demande d’un emprunt à des ménages aisés voir la sollicitation de dons de nourriture. Les groupes pauvres cueillent aussi des feuilles comestibles dans les périodes difficiles.

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Les ménages moyens ont d’autres recours ; ils augmentent leurs ventes d’animaux et, si possible, les sommes d’argent qu’ils reçoivent de membre de la famille travaillant ailleurs. Mais, comme les groupes pauvres, il peuvent aussi migrer à la recherche de travail.

Les ménages aisés peuvent mieux se protéger durant les mauvaises années, comparativement aux ménages du même groupe de richesse des zones 7 et 8. Ils déstockent leurs céréales aussi bien pour les consommer que pour les vendre à des prix élevés, importent des denrées alimentaires essentielles dans la zone pour les revendre avec un bénéfice, achètent des animaux bon marché de ménages obligés de s’en débarrasser, afin de les emboucher et les revendre à des prix plus élevés, accordent des prêts en vivres ou en argent à des pauvres, qui les rembourseront plus tard avec des intérêts (souvent le double), prêtent sur gage à des ménages du groupe le plus pauvre ; exportent des animaux vers les centres urbains ou les pays voisins et, enfin, emploient des travailleurs agricoles à vil prix.

Tous les groupes de richesse modifient la structure de leurs dépenses lors des mauvaises années, dépensant davantage pour les denrées alimentaires essentielles et moins pour les produits alimentaires « de luxe » et pour les dépenses non essentielles.

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Profils de moyens d’existence au Burkina Faso

Zone 6 : Périurbaine d’Ouagadougou

Principales conclusions et implications

C’est la plus petite zone du pays ; située sur le plateau central, elle couvre la région du Centre dont Ouagadougou est la capitale. Elle est influencée tant par la demande du marché que par les offres d’emploi de la capitale. Du fait de l’expansion de la ville, elle est devenue une zone de moyens d’existence distincte, orientée vers l’approvisionnement de la capitale en denrées agricoles, en produits animaux et forestiers. Elle est bien reliée aux marchés mais souffre de la mauvaise qualité de ses sols et de la petite taille des exploitations, conséquence de la forte densité de la population. Une mauvaise année accroît la migration de la main d’œuvre vers Ouagadougou, ainsi que les envois d’argent des membres de la famille vivant dans la capitale.

Description de la zone

En superficie, c’est la plus petite zone du pays. Elle couvre la région du Centre (Ouagadougou), et le département de Loumbila dans la région du Plateau central. Elle est définie par l’influence de la capitale et a pour fonction de l’approvisionner en denrées agricoles, produits animaux, et forestiers (surtout bois et PFNL). Elle reçoit environ 700 mm de pluie par an et se caractérise par une agriculture sèche, par le maraîchage et par un élevage intensif ou semi-intensif. Les principales cultures destinées à la consommation sont le sorgho, le mil, le niébé et le maïs, tandis que les cultures vendues sont surtout le sorgho, le mil, le niébé et l’arachide. Les cultures maraîchères sont pratiquées dans tous les départements de la zone, surtout par les ménages intermédiaires qui peuvent acheter les intrants nécessaires. Peu généralisé, mais de façon significative, la zone 6 a vu le développement d’entreprises agricoles à grande échelle (l’agro-industrie).

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En général, la qualité des sols de la zone est médiocre. La superficie cultivée par chaque ménage est restreinte comparativement à ce que l’on observe dans la zone 5 environnante. C’est la zone la plus densément peuplée du pays et la pression foncière est forte. Cela a pour entre autres conséquence, une augmentation de la migration de jeunes vers Ouagadougou et vers les sites d’orpaillage pour y trouver du travail. Les animaux élevés sont les volailles, les ovins, les caprins, les porcins et les bovins. Pour les ménages, l’élevage non seulement accroît les revenus, mais encore est un précieux moyen pour constituer des réserves et donc épargner pour le long terme. La zone a également connu une augmentation du nombre des exploitations dites modernes, à grande échelle, consacrées à la production de poulets, d’œufs, de lait, de petits ruminants et de porcs vendus à Ouagadougou.

Pour les besoins des hommes et des animaux et pour les cultures irriguées, l’alimentation en eau vient de diverses sources : puits, fontaines, barrages et lacs. Il y a aussi des bas-fonds dans la zone, mais leur potentiel est peu exploité.

Marchés

Du faite de la proximité de la capitale Ouagadougou, le réseau routier dans cette zone est bon et l’accès aux marchés est facile. Cependant en saison pluvieuses les routes qui ne sont pas relié à la capitale par le bitume sont mauvaises et mal entretenues. Contrairement aux autres zones les principales routes commerciales sont celles des communes qui relie la capitale pour l’acheminement des produits de l’agriculture et de l’élevage de la zone.

Denrées agricoles exportées Route commerciale

Céréales (sorgho, mil, riz)

Villages Ouagadougou, Ghana, Togo, Bénin, Mali Villages villes (Ziniaré, Korsimoro, Zorgho, etc.) OuagadougouGhana, Niger, Togo, Bénin

Cultures de rente (niébé etc.)

Villages Ouahigouya Ouagadougou, Ghana, Togo, Bénin, Mali, Europe (sésame) Villages Grands marchés départementaux Ouagadougou, Ghana, Togo, Bénin Villages Mali

Produits maraîchers Villages Grands marchés départementaux Ouagadougou, Ghana, Togo, Bénin

Animaux exportés Route commerciale

Bétail, caprins, ovins VillagesOuagadougou Ghana, Côte d’Ivoire, Nigeria

Volailles Villages Kaya, Ouagadougou Villages Grands marchés départementaux Ouagadougou

Denrées alimentaires importées dans la zone

Route commerciale

Maïs Bobo, Léo, Ghana Ouagadougou, marchés départementauxvillages

Mil et sorgho Hauts Bassins, Boucle du Mouhoun, Ouagadougou, autres grands marchés provinciaux Marchés départementaux Villages

Igname Nahouri, Sissili, Poni, GhanaOuagadougou, autres grands marchés provinciaux Marchés départementaux Villages

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Janv. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Saisons des pluies

Légende : Semailles Désherbage etc. Récoltes

Ventes de bétail Préparation des sols

Cultures

Élevage

Autres

Configuration des pluies

Janv. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Mil/Sorgo Maïs

Bovins

Sésame

Niébé Arachides/Voandzou

Achats d'aliments essentiels

Porcs Volailles

Ovins/caprins

Migrations de main d'œuvre Cérémonies funéraires Période de soudure

Ventes de PFNL

Calendrier saisonnier9

Le cycle agricole est le suivant : juin (semis), juillet-août (désherbage, etc.), septembre-novembre (récoltes). La préparation du sol pour le maïs, l’arachide et le voandzou (ou ‘pois de terre’, Vigna subterranea L. Verdc., Fabaceae) a lieu en juin qui est aussi le mois des semis.

La période de pointe, pour l’achat des denrées alimentaires essentielles va de juin à août, les trois derniers mois de la période de soudure. En septembre, lors des premières récoltes, les achats sont réduits et d’octobre à janvier, les ménages achètent très peu de denrées alimentaires. Les ménages les plus pauvres recommencent à acheter des denrées alimentaires en février après avoir épuisé leur récolte. Les ménages très pauvres et pauvres vendent une partie de leurs productions, juste après la récolte pour rembourser leurs dettes.

9 Le graphique montre seulement la période pic de la vente de PFNL ; toutefois les PFNL sont disponibles pendant toute l'année.

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Les funérailles sont célébrées dans cette zone chaque année de février à mars. À l’évidence, ce sont des festivités que tous les ménages ne peuvent s’offrir tous les ans, car elles occasionnent de grandes dépenses.

Répartition des richesses

Caractéristiques des groupes de richesse

Taille du ménage

Superficie cultivée

Animaux possédés Autres biens

Très pauvres

4-6 0,25-0,75

ha 4-6 poules Aucun

Pauvres 5-8 1-2 ha 1-3 chèvres, 1-3 moutons,

9-11 poules, 0-1 âne Aucun

Moyens 13-18 3-4 ha 0-2 bovins, 4-6 chêvres,

4-6 moutons, 30-40 poules, 1 âne

0-2 charrues

Aisés 18-23 5-7 ha 9-11 bovins, 7-9 chêvres,

13-18 moutons, 60-80 poules, 1 âne

2-4 charrues

0% 50%

% des ménages

100%

Plus de la moitié des ménages de cette zone se trouvent dans les deux groupes de richesse supérieurs et ils constituent la majorité de la population. L’important groupe des moyens est particulièrement frappant et est constitué de ménages pratiquant généralement le maraîchage. Seuls les ménages des groupes des moyens et aisés peuvent se permettre d’acheter les intrants agricoles et ils possèdent souvent des charrues. Il est à noter que les superficies cultivées sont petites, notamment par comparaison à celles de la zone 5 qui entoure celle-ci. Cela est justifié par la forte densité démographique caractérisant cette zone périurbaine. Les ménages des groupes des moyens et aisés possèdent aussi plus d’animaux (petit élevage) que leurs homologues de la zone 5. Leurs animaux sont généralement gardés par des Peulhs. Les ménages des deux groupes riches ont des chances de posséder une charrette, utilisée pour transporter le bois, le fumier, etc.

À la campagne comme en ville, les pauvres font des sacrifices pour envoyer leurs enfants à l’école, mais les ménages des groupes aisés et moyens peuvent y consacrer davantage d’argent et le font. Les enfants des ménages très pauvres et pauvres risquent davantage de ne bénéficier que d’un enseignement primaire élémentaire, voire de n’en bénéficier d’aucun. Les enfants des ménages intermédiaires et aisés suivent généralement des études secondaires, voire vont au-delà.

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Un tiers seulement des besoins alimentaires annuels des très pauvres vient de leurs récoltes. Ils survivent surtout en achetant des denrées alimentaires sur le marché ; le reste de leurs besoins alimentaires est satisfait par des paiements et des dons en nature reçus de ménages riches. Les ménages pauvres sont plus productifs et obtiennent une plus grande fraction de leurs besoins alimentaires de leur propre production. Ils dépendent donc moins du marché que les très pauvres. Mais la différence la plus notable est entre les deux groupes de richesse supérieurs et les deux groupes inférieurs. Les ménages des groupes moyens et aisés s’appuient presque entièrement sur leur production.

Sources de revenus

Les très pauvres, contrairement aux trois autres

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

Paiement en nature

Dons

Achat

Récolte

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

Autre (Agregat,Sable)

Vente de produits PFNL

Vente de bois/charbon/fourrage

Petit co mmerce

Travail agricole local

Vente de produits maraîchers

Vente de produits de rente

Vente de céréales

Vente de volaille

Vente de bétail

57 0 1 2 3 4 5

2008‐09

2007‐08

2006‐07

2005‐06

2004‐05

2003‐04

Sources de nourriture

groupes de richesse, comptent sur leur travail et les ressources naturelles de la zone pour la presque totalité de leurs revenus monétaires. La population d’Ouagadougou est demandeuse de PFNL, de bois et de sable, etc. Le travail local comporte le travail agricole et la fabrication et la vente de briques. Les trois autres groupes dépendent davantage de leur propre production, animale ou végétale. C’est seulement l’important groupe des moyens qui pratique les cultures maraîchères ; les deux groupes pauvres s’en trouvent exclus faute de moyens pour financer l’apport initial. Les deux groupes de richesse supérieurs tirent une partie importante de leur revenu monétaire des activités commerciales. Il faut noter que l’emploi salarié occasionnel dans la ville même d’Ouagadougou n’est généralisé pour aucun des groupes de richesse de cette zone.

Aléas

Il a été demandé aux informateurs clés de classer chacune des 6 dernières années selon sa sécurité alimentaire relative ; 1 représente une année très mauvaise sur ce plan, 2 une mauvaise année, 3 une année moyenne, 4 une bonne année et 5 une excellente année. Cet exercice est subjectif, mais permet de montrer le niveau of sécurité alimentaire de la zone. Malgré la densité démographique, la très faible taille des exploitations et la mauvaise qualité du sol, c’est généralement une zone sûre sur le plan alimentaire, en grande partie grâce à sa proximité avec Ouagadougou.

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Aléas chroniques

Épizooties affectant les volailles (généralement de décembre à février).

Aléas périodiques

Hausse des prix des denrées alimentaires, des intrants agricoles, du carburant, etc.

Effondrement des ventes des produits maraîchers.

Parasites et maladies des cultures, notamment le ‘Striga hermonthica’. Invasions de sauterelles, comme en 2004-2005.

Épizooties du bétail (février est généralement le pire mois).

Mauvaise répartition des pluies comme ça été le cas en 2008-2009.

Début tardif ou fin précoce des pluies (4 à 7 ans sur 10).

Pluies précoces irrégulières, occasionnant des ressemis (ce dernier se fait en juin- juillet).

Absence de pluie pendant la floraison des cultures (surtout en août).

Insuffisance pluviométrique en fin de cycle, entrainant une certaine détérioration des récoltes (1 à 3 années tous les 10 ans).

Stratégies de réponse

Les mauvaises années tous les groupes de richesse modifient la structure de leurs dépenses. Ils donnent plus d’importance à l’achat de denrées alimentaires et réduisent les dépenses consacrées aux produits alimentaires non-essentiels et aux produits pour la maison. En certaines mauvaises années, les céréales ont été vendues à un prix subventionné. Tous les groupes tentent de maximiser leur revenu, mais la nature de la stratégie d’un ménage dépend de sa richesse. Les ménages très pauvres et pauvres tentent généralement d’accroître leur revenu par les moyens suivants :

vente de PFNL, d’agrégats et de bois. migration pour trouver du travail, souvent à Ouagadougou voire en Côte d’Ivoire. argent reçu généralement d’enfants ou de parents vivant à Ouagadougou.

Le groupe des moyens vend aussi des PFNL et bénéficie d’envois d’argent. Les ménages des groupes aisés et moyens augmentent leur revenu au moyen de la vente d’animaux, de volailles et de céréales et par de petites activités commerciales. Les deux groupes pratiquent ‘l’embouche’ : achat d’animaux lorsque leur prix est bas pour les engraisser puis les revendre à un prix plus élevé. En outre, ils accordent des prêts et des dons à des ménages pauvres.

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Profils de moyens d’existence au Burkina Faso

Zone 7 : Nord et est bétail et céréales

Principales conclusions et implications

C’est une large zone au sein de laquelle il y a des différences locales. Principale différence : l’insécurité alimentaire dans le nord et l’ouest de la zone est plus grande que dans l’est, notamment du fait de précipitations moins fiables et moins abondantes. Au cours des années normales, la production alimentaire de la zone est structurellement déficitaire, les ménages des groupes aisés et moyens ne réussissant pas à couvrir leurs besoins alimentaires annuels avec le produit de leurs récoltes. Mais pendant les très bonnes années, cette zone devient le « grenier du Sahel » et fournit des céréales aux zones 5 et 8 voisines. Ces zones-là, sont les provinces du Yagha et de la Komondjari ainsi qu’une partie des provinces du Séno et du Soum qui se distinguent par leurs récoltes exceptionnelles.

Lors des années normales, les ménages de la zone 7 dépendent fortement du marché céréalier et, de ce fait, la hausse des prix des denrées alimentaires en fin 2007 a eu un impact considérable sur la sécurité alimentaire des ménages. En mauvaise année, la vente d’animaux est particulièrement importante pour la sécurité alimentaire des ménages, mais cette année, le prix élevé des aliments pour le bétail et le début tardif du cycle agricole ont eu un grave impact sur la situation de l’élevage. Pour les ménages pauvres et très pauvres, qui ont peu d’animaux, le revenu tiré de l’orpaillage et les migrations sont importants tous les ans, que l’année soit bonne ou mauvaise.

Description de la zone

Cette zone couvre une large partie du pays, notamment une partie de la province de Yatenga à l’ouest, une partie des provinces du Soum et du Séno dans le nord et les provinces du Yagha, de la

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Gnagna et de la Komondjari à l’est. Elle s’étend sur quatre régions : le Sahel, l’Est, le Centre-nord et le Nord. Le paysage est typiquement sahélien : culture pluviale de mil et de sorgho sur des sols sablonneux, associés à du niébé et d’autres cultures tant vivrières que de rente– l’arachide et le sésame en étant les principales. Quand la récolte de niébé n’est pas entièrement consommée le reste est vendu, comme le riz cultivé dans les bas-fonds. L’élevage de bovins, caprins et ovins est une importante source de revenus monétaires (particulièrement chez les ménages les plus riches) et représente la principale forme d’épargne ou d’investissement.

Au sein de la zone, il y a beaucoup de variations locales sur le plan agro-climatique. Les pluies dans le sud-est de la zone (provinces de Yagha et Komondjari) sont plus abondantes (500 à 700 mm par an) que dans l’ouest (provinces de Soum et Séno), qui ne reçoit que 400 à 500 mm par an. De ce fait, la principale céréale est le mil dans l’ouest de la zone et le sorgho dans l’est. Le maraîchage, quoique n’étant pas généralisé, est devenu de plus en plus important dans de nombreux villages. En outre, la zone est bien dotée en bas-fonds, qui pourraient être utilisés pour des cultures de rentes, mais celles­ci ne sont généralement pas très développées. Dans le département de Sampelga, par exemple, il y a seulement 40 hectares consacrés à la riziculture. Il y a aussi du tourisme, par exemple pour la visite des mosquées de Bani. De plus, les produits forestiers non ligneux (PFNL) - surtout la gomme arabique extraite de Acacia laeta et Acacia senegal sont présents dans cette zone. Les autres PFNL les plus couramment exploités sont le Sclerocarya birrea et Adansonia digitata.

L’élevage se heurte à plusieurs difficultés, notamment le manque de pâturages après la saison des pluies et l’insuffisance du nombre de points d’eau permanents pour les animaux, alors que l’existence de pâturages justifierait leur aménagement. L’accès permanent à l’eau est également problématique pour les hommes. C’est le cas dans les communes rurales de Sollé, Kain, Bahn, dans une partie des provinces de Soum et du Séno et parfois dans celles du Yagha et de la Komondjari. Par ailleurs, la zone souffre, d’un manque d'accès à l'aliment bétail commercialisés à l'échelle nationale, surtout après les hausses de prix des dernières années.

L’orpaillage (effectuée tant dans la zone qu’au-delà) est une autre importante activité génératrice de revenu pour les habitants de cette zone, notamment pour les pauvres et les très pauvres. Son importance s’est accrue ces dernières années, offrant aux ménages pauvres une alternative à une migration pour trouver du travail ailleurs. Cela dit, dans certaines régions, l’orpaillage a acquis de l’importance depuis un certain temps. Une étude de Save the Children UK réalisée dans la province de Séno en 2001, révèle que le revenu de la prospection d’or constituait une large proportion des revenus monétaires de certains groupes de richesse et, dans certains cas, avait autant d’importance que la migration pour le travail. La zone a plusieurs mines industrielles – Inata, Taparko et Essakane – qui offrent des emplois. Il y a aussi de plus petits sites, où l’on utilise les méthodes traditionnelles de prospection : Solhan, Gangoal, Gaigou, GoulGountou et Silmadjo par exemple. À la différence de ce que l’on constate dans la zone 5, la prospection d’or n’est pas ici, en général, une activité à laquelle les ménages des groupes aisés et moyens se livrent. Ceux qui emploient des chefs de famille pauvres et très pauvres pour explorer pour eux sont généralement originaires de la zone 5.

Marchés

L’accès aux marchés est déficient comparativement aux autres parties du pays, mais cette zone est moins isolée que la zone 8. Les routes dans certaines parties de la zone sont impraticables pendant la saison des pluies, notamment dans une partie des communes de Seytenga, Banh et Sollé et dans tous les départements de la province de Yagha. Les trois tableaux suivants indiquent les principales

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routes commerciales pour les exportations des produits agricoles et d’élevage à partir de cette zone et pour les importations de céréales.

Denrées agricoles exportées Route commerciale Céréales Villages Grands marchés provinciaux Ouagadougou, Niger

Villages Ouahigouya Ouagadougou, Ghana, Togo, Benin, Mali

Cultures de rentes (niébé) Villages Grands marchés provinciaux Ouagadougou, Niger, Togo, Benin, Mali Villages Ouahigouya Ouagadougou, Ghana, Togo, Benin, Mali

Maraîchage Villages, Grands marchés départementaux Ouahigouya Mali (Koro) ; Ouagadougou Togo, Ghana, Côte d’Ivoire

Animaux exportés Route commerciale Bovins, ovins, caprins Mali, Villages Dori Fada N’Gourma, Ghana, Côte d’Ivoire,

Nigeria Mali, Villages, DjiboOuagadougou, Côte d’Ivoire Villages Ouahigouya (Youba) Ouagadougou, Pouytenga Ghana, Côte d’Ivoire, Nigeria Gayéri Fada N’Gourma, Ghana, Côte d’Ivoire, Nigeria

Volailles Villages Ouagadougou Villages Grands marchés provinciaux Ouagadougou

Denrées importées Route commerciale Céréales Pouytenga Dori, Sebba Villages

Hauts bassins, Ghana, Boucle du Mouhoun Ouahigouya Soum (Djibo), autres marchés provinciaux Villages

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Jan. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Saison des pluies

Légende : Semailles Désherbage etc. Récolte

Ventes d'animaux Préparation du sol Lait

Cultures

Élevage

Autres

Configuration des pluies

Jan. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

Période de soudure

Mil/Sorgo Maïs

Bovins

Travail local

Paludisme

Ovins/Caprins

Niébé Arachide, sésame

Achats de denrées alim.

Migration pour le travail

Vollaille

Travail sur sites d'or

Calendrier saisonnier

La saison des pluies étant assez courte, le cycle agricole est également court, par comparaison avec celui du sud du pays : juin-juillet (plantations), août-septembre (désherbage) octobre-novembre (récoltes). Pendant cette période, les chefs de ménage pauvres et très pauvres qui ont migré doivent revenir dans la zone pour obtenir le meilleur rendement possible de leur terre. Une année normale les laissera libres en décembre, mais une mauvaise année peut les libérer dès novembre, voire octobre.

Le maraîchage, qui actuellement n’est pas typique de la zone, a vu son importance s’accroître et s’effectue de novembre à avril.

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Répartition des richesses

Caractéristiques des groupes de richesse

Taille du ménage

Superficie cultivatée

Animaux possédés Autres biens

Très pauvres 4-6 1,5-2,5 ha 4-6 chèvres, 6-8 poules Aucun

Pauvres 6-8 3-5 ha 2-4 bovins, 8-12 chèvres, 3-5 moutons, 9-15 poules Aucun

Moyens 11-15 8-12 ha 10-20 bovins, 15-25 chèvres,

10-15 moutons, 18-22 poules, 0-2 ânes

0-2 charrettes

Aisés 16-20 15-20 ha 40-50 bovins 35-45 chèvres,

20-25 moutons, 30-40 poules, 1-3 ânes

1-3 charrettes

0% 20% 40% 60% % des ménages

L’élevage et la culture sont évidemment les grands déterminants de la richesse dans cette zone. Non seulement la superficie cultivée s’accroît avec la richesse, mais aussi la qualité du sol exploité et les moyens d’acquérir des engrais organiques. Entre les deux groupes supérieurs et les deux groupes inférieurs, la différence la plus frappante est dans l’élevage ; on note un important écart qui sépare les pauvres du groupe moyen. Cela est aussi vrai pour l’écart entre ménages des groupes moyens et aisés, les ménages de ce dernier groupe ayant des exploitations bien plus vastes que ceux de l’autre. Ceci dit, l’élevage est plus également réparti entre les groupes de richesse dans cette zone qu’il ne l’est plus au nord dans la zone 8. Il faut également noter qu’en terme d’effectifs, les deux groupes de richesse supérieurs qui ne représentent que 45% de l’ensemble des ménages constituent la majorité de la population totale, vu la taille plus élevée de leurs familles. Le nombre moyen de bêtes par personne y est nettement plus important que celui constaté dans les ménages pauvres (55% du total des ménages). Pour les groupes des pauvres et très pauvres, le facteur le plus important n’est pas le nombre d’animaux, mais celui des membres de la famille en état de travailler, le nombre de « bras valides ». En effet, ces deux groupes dépendent du travail rémunéré pour l’essentiel de leur revenu (voir sources des revenus monétaires plus bas).

Il faut noter que les ménages des groupes aisé et intermédiaire ne possèdent pas de charrues ; comme dans la zone 8, les champs de cette zone ne sont pas labourés avant d’être semés. Le système traditionnel se maintient : il consiste à creuser un trou dans le sol sablonneux avec une houe et à y déposer deux ou trois graines.

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Très Pauvre

Pauvre Moyen Aisé

Lait

Prêts en nature

Paiement en nature

Dons

Achat

Récolte

À la campagne comme en ville, les pauvres font des sacrifices pour envoyer leurs enfants à l’école, mais les ménages des groupes aisé et intermédiaire peuvent y consacrer davantage d’argent et le font. Les enfants des ménages très pauvres et pauvres risquent davantage de ne bénéficier que d’un enseignement primaire élémentaire, voire de ne pas en bénéficier. Les enfants des ménages moyens et aisés suivent généralement des études secondaires, voire vont au-delà.

Sources de nourriture

En année normale, tous les groupes de richesse se fondent sur le marché pour satisfaire une part importante de leurs besoins alimentaires ; les ménages très pauvres ne réussissent à tirer de leurs champs qu’environ un cinquième de leurs besoins annuels. Comme on l’a noté, cela rend les ménages de cette zone particulièrement vulnérables aux hausses des prix des denrées alimentaires. Les ménages pauvres et très pauvres obtiennent des prêts alimentaires pendant la période de soudure, avant la récolte ; ils veillent à les rembourser pour conserver leur crédit pour l’année suivante.

En termes de qualité de l’alimentation, il y a peu de variation dans le régime. Mil et sorgho constituent la base de l’alimentation (le traditionnel « tô » préparé à partir de la farine de ces deux céréales). Seuls les ménages des groupes aisés et moyens peuvent s’offrir du riz ; ils peuvent aussi manger davantage de viande et de produits laitiers que leurs voisins pauvres. Bien que ces derniers possèdent peu, voir pas de bovins, les ménages pauvres et très pauvres peuvent satisfaire au moins une petite partie de leurs besoins alimentaires par la consommation de lait, lait qu’ils reçoivent en paiement pour la garde des animaux de ménages des groupes aisés et moyens. Cela améliore nettement le régime alimentaire, notamment des enfants, par comparaison avec la plupart des régions du pays.

Sources de revenus

Dans cette zone, la structure des revenus diffère de celle constatée plus au nord dans la zone 8. Du fait de la répartition plus ou moins homogène du cheptel et des volailles dans cette zone, les trois groupes inférieurs reçoivent une part plus importante de leur revenu des ventes d’animaux alors que les plus aisés en reçoivent une part moindre que dans la zone 8. La productivité agricole est également supérieure dans cette zone et les ménages des groupes aisés et moyens vendent à la fois des céréales et les produits de cultures de rente. Par contre, l’importance des petites activités commerciales pour les ménages des groupes aisés et moyens est commune aux deux zones 7 et 8. Aussi dans les deux zones, les revenus que les ménages pauvres et très pauvres tirent de leurs migrations, des envois d’argent par la famille et de l’orpaillage ne sont pas négligeables. Ces sources de revenu sont étroitement liées et il peut être difficile de les distinguer pour les classer. Les pourcentages indiqués

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Très Pauvre

Pauvre Moyen Aisé

Autre (Orpaillage)

Transf erts

Exode

Vente de bois/charbon/fourrage

Petit commerce

Autre travail local temporaire (briques)

Travail agricole local

Vente de produits de rente

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ci-dessus ne sont qu’indicatifs. Pratiquement 40 à 50% du revenu monétaire des ménages pauvres viennent d’une combinaison de ces activités. Les migrants se rendent généralement en Côte d’Ivoire, à Ouagadougou ou sur des sites aurifères. Les travailleurs migrants ne se rendent pas dans les autres zones rurales du Burkina Faso pour y chercher du travail. « L’exode » assure aussi des revenus au groupe moyens ; mais, pour ces ménages, ce sont des jeunes de 17 à 20 ans qui migrent et non le chef de famille comme c’est le cas pour les pauvres et les très pauvres.

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2008‐09

2007‐08

2006‐07

2005‐06

2004‐05

Le « travail agricole local » comprend à la fois le travail dans les champs appartenant à des ménages des groupes aisé et moyen et la garde de leurs troupeaux. Les très pauvres font aussi d’autres travaux comme la fabrication de briques et le crépissage.

Aléas

Ces dix dernières années, cette zone a été affectée par la faiblesse et la mauvaise répartition des pluies, ce qui a nuit aux récoltes. Mais, lorsque l’on a demandé aux informateurs d’évoquer les années catastrophiques sur le plan de la sécurité alimentaire, ils ont dû remonter à 1973 et 1984.Vu le graphique ci-dessous, on peut dire que, ces cinq dernières années, la sécurité alimentaire dans la zone 7 a été, en moyenne, ; les bonnes années permettent de se remettre des mauvaises années et de reconstituer des réserves. Il a été demandé aux informateurs clés de classer chacune des 5 dernières années selon sa sécurité alimentaire relative; 1 représente une année très mauvaise sur ce plan, 2 une mauvaise année, 3 une année acceptable, 4 une bonne année et 5 une excellente année. Une année notée 0 est une année pour laquelle on n’a pas de données. Cet exercice est subjectif, mais donne une idée de la sécurité alimentaire dans la zone au cours de la période.

Aléas chroniques

Manque d’eau tant pour les hommes que pour les animaux d’élevage.

Aléas périodiques

Grave déficit de pluie (1 à 3 ans tous les 10 ans).

Mortalité anormalement élevée des animaux (1 à 3 ans tous les 10 ans).

Parasites des cultures, notamment invasions de sauterelles (1 à 3 ans tous les 10 ans).

Début tardif des pluies.

Pluies précoces irrégulières, entrainant de nombreux ressemis (lorsque cela se produit le ressemis est effectué en juin et juillet).

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Fin précoce des pluies (octobre est le mois délicat sur ce plan).

Stratégies de réponse

Les pauvres et les très pauvres n’ont pas de réserves (ni épargne monétaire ni cheptel) pour faire face aux mauvaises années. Les ménages qui en possèdent peuvent vendre des animaux, mais leur principal recours est d’augmenter leurs revenus provenant du travail rémunéré. Ils accroissent leur travail de ramassage et de vente de bois et peuvent demander des prêts en nature plus importants que d’habitude pour satisfaire leurs besoins. En outre, le nombre de migrants et le temps passé en migration ou à la prospection de l’or peuvent augmenter. Les travailleurs peuvent quitter leur domicile dès octobre, mais ils doivent toujours revenir vers la zone avant le début de la prochaine campagne hivernale. Les ménages pauvres et très pauvres peuvent aussi recevoir des dons d’amis et de parents pendant les mauvaises années.

Tous les groupes de richesse modifient la structure de leur consommation pendant les mauvaises années, surtout en augmentant la proportion de l’argent qu’ils dépensent pour les denrées alimentaires. Pour les très pauvres cette proportion peut atteindre 70% de leurs dépenses. Cela entraîne une baisse des dépenses pour les articles de ménages et les aliments plus ‘luxueux’ comme le sucre. Pendant la période de soudure et les mauvaises années, les femmes des ménages les plus pauvres quittent le village tôt le matin pour ramasser des feuilles comestibles (Cassia tora), qui sont ensuite mélangées avec des céréales pour accroître la quantité du repas, améliorer le goût et la valeur nutritionnelle. Il est important de noter que les ménages des groupes moyens et aisés disent dépenser une plus grande partie de leur argent en intrants les mauvaises années afin de tenter de maximiser la récolte potentielle de la saison suivante.

Pendant les mauvaises années, les ménages des groupes aisés et moyens augmentent leurs ventes d’animaux et leurs petites activités commerciales. En outre, les ménages aisés peuvent se permettre d’acheter des animaux lorsque leurs prix dans cette zone sont bas afin de les revendre avec profit dans la zone 5. Tout comme les ménages pauvres et très pauvres, les ménages du groupe moyens augmentent leurs revenus par les migrations. En ces années-là, les femmes des ménages aisés peuvent pratiquer la culture maraîchère pour tenter d’accroître leur revenu.

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Profils de moyens d’existence au Burkina Faso

Zone 8 : Nord élevage transhumant et mil

Principales conclusions et implications

Cette zone du nord du Sahel est, au Burkina Faso, l’une des plus affectées par l’insécurité alimentaire. Sur une longue période, il s’agit d’une population croissante d’anciennes régions pastorales de plus en plus dépendantes de l’agriculture et d’autres sources de revenu, telles que les migrations de main d’œuvre et l’orpaillage. En fait, bien que l’élevage soit important, directement ou indirectement, pour tous les groupes de richesse de la zone, les troupeaux de bovins se sont accumulés dans les mains des ménages des groupes aisés et moyens (40% du total des ménages), tandis que les pauvres et très pauvres n’ont qu’un petit nombre de petits animaux et dépendent surtout de travaux occasionnels.

En ce qui concerne la production alimentaire, la zone est structurellement et fortement déficitaire et tous les groupes de richesse dépendent beaucoup du marché pour leur approvisionnement en céréales, importées des zones plus productives situées plus au sud. Cet état de fait se trouve entravé par l’isolement de plusieurs départements de la zone, compte tenu du mauvais accès des marchés en général. De toutes les zones de moyens d’existence du pays, c’est la plus affectée par les évolutions des prix de marché des céréales et des animaux. La hausse des prix des denrées alimentaires depuis la fin 2007, par exemple, a eu un impact considérable sur la sécurité alimentaire des ménages. Pendant certaines années jugées très mauvaises, les céréales on été vendues à prix subventionné.

Description de la zone

C’est la zone la plus au nord du Burkina Faso, couvrant toute la province de l’Oudalan et une partie des provinces de Séno et du Soum. Elle se caractérise par l’élevage, transhumant ou non (les

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pasteurs nomades ne constituent qu’une très faible minorité de la population) et de la culture sèche. Les pluies de cette zone (moins de 400 mm par an) sont les plus faibles et les plus imprévisibles du pays. Le sol est sablonneux et de piètre qualité. Ces conditions dictent les cultures que l’on peut pratiquer dans la zone et entraînent des rendements habituellement faibles. Le mil est prédominant avec un peu de sorgho, de niébé et de sésame. L niébé qui est associé aux céréales est devenu, ces dernières années, de plus en plus important en tant que culture de rente, mais on ne saurait pour autant le décrire actuellement comme typique de la zone.

Les animaux élevés sont des bovins, des caprins et des ovins. Les volailles sont également importantes pour les pauvres et les très pauvres. Seuls les ménages des groupes aisés et moyens possèdent des chameaux. Ils se sont raréfiés du fait de la multiplication des vols d’animaux. L’élevage dans cette zone se heurte à d’autres difficultés, notamment le manque de pâturages après la saison des pluies et l’insuffisance du nombre de points d’eau permanents pour les animaux, mais c’est moins vrai pour les populations vivant près de lacs (comme ceux d’Oursi et de Tinedia). Pour les hommes aussi, l’accès permanent à l’eau est problématique. L’accès aux aliments pour le bétail et les sous-produits agro-industriels (tourteaux de coton) qui seraient commercialisés dans l’ensemble du pays y est très insuffisant. En outre, la zone souffre de l’insuffisance chronique voir absence de banques de céréales au niveau village et de magasins de commercialisation d’aliments bétail.

En dehors de l’élevage, il y a d’autres sources de revenu possibles dans cette zone 8, en particulier, les sites de prospection d’or. Ceux-ci ont vu leur importance s’accroître et, ces trois dernières années, l’orpaillage est devenu une sérieuse alternative à la migration vers la Côte d’Ivoire, en termes retombées financières pour les ménages. Dans la zone, il y a des sites exploités industriellement. Autour de ces sites et sur plusieurs autres non contractualisés formellement par l’Etat, les populations utilisent les méthodes de prospection traditionnelles. La pêche qui apparait comme une activité de moindre importance par rapport à l’orpaillage, est pratiquée par les populations riveraines des lacs de la zone. Mais ces lacs sont peu exploits par les habitants de la zone qui n’ont généralement pas les équipements et le savoir-faire nécessaires. Le plus souvent, ce sont des Bozos, pêcheurs du fleuve Niger venant du Mali, qui s’adonnent à la pêche. Il y a aussi un peu de tourisme dans cette zone. De plus, les produits forestiers non ligneux (PFNL) - surtout la gomme arabique ­sont présents dans cette zone.

Chaque année, les personnes valides des ménages pauvres et très pauvres migrent pour aller chercher du travail à l’extérieur de la zone (« exode »), surtout en Côte d’Ivoire, mais aussi à Ouagadougou (voir calendrier saisonnier et sources de revenus monétaires ci-dessous). Ces migrants, qui partent travailler ailleurs, envoient de l’argent à leur famille restée au village. Cet argent peut-être envoyé de plusieurs façons : par Western Union, par mandat postal, ou par l’intermédiaire d’un ami revenant dans la zone. Ce dernier flux est très difficile à quantifier, mais est incontestablement important et serait le plus affecté si la frontière entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire venait à connaitre de sérieuses entraves. Les ménages de la zone 8 ont aussi des proches qui vivent de façon permanente en Côte d’Ivoire (et parfois en Arabie saoudite) et qui leur envoient de l’argent.

Marchés

L’accès aux marchés dans cette zone est médiocre comparativement au reste du pays. Ceci est en partie dû au mauvais développement du réseau routier, particulièrement dans la province de l’Oudalan (à l’exception des raccordements à la grande route pour Gorom-Gorom et Oursi). L’accès à certaines parties de la zone est plus difficile pendant la saison des pluies (voir calendrier saisonnier

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ci-dessous). Pourtant, l’accès aux marchés est exceptionnellement important pour cette zone, puisque les ménages de tous les groupes de richesse dépendent du marché pour satisfaire une partie importante de leurs besoins alimentaires.

Cette zone importe des céréales (surtout mil et sorgho) de zones de moyens d’existence plus productives. À leur arrivée, elles sont vendues nettement plus cher qu’à leur point de départ, plus au sud, surtout pendant les mois précédant la nouvelle récolte. Ces importations transitent généralement par de grands marchés situés dans la Zone 5 (Pouytenga et Ouahigouya) et Sankaryare dans la capitale Ouagadougou (zone 6). De Pouytenga, la route commerciale passe par Dori et Gorom-Gorom et de là, atteint les marchés villageois. D’Ouahigouya, les céréales sont transportées vers Djibo, puis vers les villages. D’Ouagadougou, la route commerciale passe par Kaya et Dori pour atteindre les villages de cette zone. Certains ménages (surtout des groupes moyens et aisés) achètent les céréales par sacs au marché pour les revendre au détail avec profit dans leur village. Certains achètent des céréales pour les revendre à des villages voisins du Niger lorsque les prix y sont plus élevés.

La zone 8 exporte des animaux d’élevage en grand nombre, dont certains, en provenance du Mali, ne font que transiter. Elle exporte aussi des volailles, source de revenu pour les groupes pauvres de la zone. Les routes commerciales tant pour les animaux que la volaille sont indiquées dans le tableau ci-dessous.

Produits d’élevage exportés Route commerciale

Bovins, ovins, caprins Mali, Villages Gorom-Gorom Dori Fada N’Gourma, Ghana, Côte d’Ivoire, Nigeria Mali, Villages, DjiboOuagadougou, Côte d’Ivoire

Volailles Villages Ouagadougou Villages Grands marchés provinciaux Ouagadougou

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Jan. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Saisons de pluies

Légende : Semailles Désherbage. Récolte

Ventes d'animaux Préparation du sol Lait

Cultures

Élevage

Autres

Configuration des pluies

Jan. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept Oct. Nov. Déc.

Mil Sorgho Niébé

Bovins

Travail agricole local

Paludisme

Ovins/Caprins

Achats de denrées alim.

Migration pour le travail

Volailles

Travail sur les sites d'or Période de soudure

Calendrier saisonnier

La saison des pluies étant assez brève, le cycle agricole est également court : juin-juillet (semis), août­septembre (désherbage), octobre-novembre (récoltes). L’achat de denrées alimentaires par les ménages pauvres et très pauvres a lieu pendant la plus grande partie de l’année. Bien que les premiers semis de niébé arrivent à maturité en septembre, l’achat de denrées alimentaires se poursuit pendant ce mois-là. C’est seulement pendant les mois de la récolte (octobre et novembre) que les plus pauvres n’ont pas besoin d’acheter de denrées alimentaires.

Pendant la durée du cycle agricole tous les membres des ménages pauvres sont présents dans la zone pour assurer la meilleure récolte possible dans leurs propres champs, ainsi que pour offrir leur force de travail à d’autres en contrepartie d’une rémunération en espèces ou en nature. De décembre à mai les actifs des manages pauvres et très pauvres se déplacent dans la zone ou s’en éloignent à la recherche de travail.

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Répartition des richesses

Caractéristiques des groupes de richesse

Taille ménage

Superficie cultivée

Animaux possédés Autres biens

Très pauvres 5-7 1,5-2,5 ha

0-2 chèvres, 1-3 moutons, 2-4 poules, 0-2 ânes

Aucun

Pauvres 8-10 2-4 ha 1-3 bovins, 2-4 chèvres, 3-5 moutons, 5-9 poules,

0-2 ânes Aucun

Moyens 13-17 4-5 ha 15-20 bovins 1-3 chameaux,

15-17 chèvres, 25-30 moutons, 15-25 poules, 1-3 ânes

1-3 charrettes

Aisés 20-25 5-7 ha 45-55 bovins, 2-4 chameaux,

35-45 chèvres, 30-40 moutons, 15-25 poules, 1-3 ânes

2-4 charrettes

0% % des ménages50%

La répartition de la richesse présentée ci-dessus est semblable à celle de la zone 7. Les groupes pauvres et moyens représentent le même pourcentage des ménages dans les deux zones. La différence, par rapport à la zone 7, est que dans celle-ci le pourcentage des ménages très pauvres est plus important, tandis que celui des ménages aisés est plus petit. Ceci peut venir de la plus grande insécurité alimentaire de cette zone et des difficultés et risques supérieurs à faire de la production agricole et de l’élevage dans cette zone.

Dans cette zone, la richesse est déterminée par plusieurs facteurs. Entre les deux groupes supérieurs et les deux groupes inférieurs, la différence la plus frappante est l’importance du troupeau ; notez l’important écart qui sépare le groupe des pauvres du groupe moyens. Il y a aussi un important écart entre le groupe des ménages aisés et le groupe des moyens– le premier ayant un troupeau bien plus important que le second. Il faut noter que les deux groupes de richesse supérieurs ne représentent que 40% des ménages mais constituent la majorité de l’ensemble de la population, du fait de la plus grande taille de leurs familles. Le nombre d’animaux moyen par personne possédé par ces groupes est beaucoup plus important que celui possédé par les 60% de ménages pauvres. Pour les groupes pauvres et très pauvres le facteur le plus important n’est pas le nombre d’animaux possédés, mais le nombre de membres de la famille à même de travailler (les « bras valides »). En effet, pour l’essentiel de leur revenu, ces deux groupes dépendent du travail rémunéré (voir sources de revenus monétaires ci-dessous). Mais la question n’est pas seulement d’avoir davantage d’enfants : l’importance de la dépense à consentir pour payer la dote signifie que les chefs de famille pauvres ne peuvent pas avoir plusieurs épouses.

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Comme on l’a dit, cela rend les ménages de cette zone particulièrement vulnérables à la hausse des

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30%

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50%

60%

70%

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100%

Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

Lait

Prêts en nature

Paiement en nature

Dons

Achat

Récolte

Les différences entre groupes dans la superficie cultivée sont importantes mais, dans cette zone où la culture est si aléatoire, les ménages s’efforcent de cultiver le plus d’hectares qu’ils peuvent. Croissance démographique, accumulation des troupeaux dans les mains d’un petit nombre et la tendance à la réduction de la transhumance concourent à une intensification des efforts de culture et à rendre les groupes pauvres davantage dépendance de celle-ci pour. Les années favorables sur le plan pluviométrique sont profitables aux ménages car permettent de réduire les dépenses alimentaires, par les achats sur le marché. En année exceptionnelle, certains peuvent même vendre un important excédent. Mais il n’y a pas besoin d’une sécheresse exceptionnelle, mais juste d’une des ces fréquentes « mauvaises années », pour que la majeure partie de la culture soit infructueuse. Ceci explique le haut degré d’insécurité alimentaire notamment des ménages les plus pauvres.

Il faut noter que les ménages des groupes aisé et intermédiaire ne possèdent pas de charrue ; comme dans la zone 7, les champs de cette zone ne sont pas labourés avant les semis. Le système traditionnel reste maintenu : ouverture de poquets dans le sol sablonneux avec une houe et dépôt de trois graines dans chaque trou. Les groupes aisés ont accès à des engrais organiques, mais pas les deux groupes de pauvres.

À la campagne comme en ville, les pauvres font des sacrifices pour envoyer leurs enfants à l’école, mais les ménages des groupes aisés et moyens peuvent y consacrer davantage d’argent et le font. Les enfants des ménages très pauvres et pauvres risquent davantage de ne bénéficier que d’un enseignement primaire élémentaire, voire de n’en bénéficier d’aucun. Les enfants des ménages intermédiaires et aisés suivent généralement des études secondaires, voire vont au-delà.

Sources de nourriture

Les années normales, tous les groupes de richesse de cette zone dépendent fortement du marché pour leur alimentation. Les groupes pauvres doivent acheter 70% de leur nourriture, être payés en grain pour leur travail et obtenir des dons et des prêts alimentaires. Mais même les ménages aisés ne couvrent qu’à peine plus de 50% de leurs besoins alimentaires annuels avec leur récolte. Même en année de bonnes récoltes, des ménages des groupes aisé et intermédiaire ne couvrent pas plus de 7 mois de leurs besoins alimentaires.

prix alimentaires. Notez que les ménages des groupes pauvre et très pauvre de la zone 8 satisfont par des paiements en nature une partie de leurs besoins alimentaires, considérablement plus élevée que ces mêmes groupes dans la zone 7. Dans cette zone très au nord, les paiements en nature sont sans doute très bien acceptés à cause de la volatilité du marché due à l’éloignement des centres d’approvisionnement.

Sur le plan de la qualité de l’alimentation, le régime n’est pas très varié. Mil et sorgho sont les principaux ingrédients du traditionnel ‘tô’, qui est la nourriture de base. Seuls les ménages des groupes aisé et intermédiaire peuvent s’offrir du riz ; ils peuvent consommer davantage de viande et de produits laitiers que leurs voisins pauvres. Mais, bien que les pauvres et très pauvres possèdent peu, voire pas de bovins, ils peuvent satisfaire au moins une petite partie de leurs besoins

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Très Pauvre Pauvre Moyen Aisé

Autre (Orpaillage)

Transf erts

Exode

Vente de bois/charbon/fourragePetit commerce

Travail agricole local

Vente de lait

alimentaires en consommant le lait qu’ils reçoivent en paiement de la garde des animaux de ménages aisés ou intermédiaires. C’est une nette amélioration pour la qualité de leur régime alimentaire, notamment pour les enfants, par comparaison avec la plupart des régions du pays. Les ménages riches, satisfont avec le lait à peine 5% de leurs besoins en calories, ce qui semble peu et suggère que ce ne sont pas de vrais pasteurs. Mais il ne faut pas oublier que pour qu’une famille d’une vingtaine de personnes obtienne un régime davantage lacté tout au long de l’année, il faudrait un troupeau de vaches à lait plus important que ceux d’une cinquantaine de têtes que possèdent les plus aisés. Toutefois, ces troupeaux représentent un investissement d’une valeur supérieure à ce que possèdent les plus aisés dans la plupart des autres zones.

Sources de revenus

Il y a une différence frappante dans les sources de revenu entre les deux groupes de richesse supérieurs et les deux groupes inférieurs de cette zone. Les ménages des groupes aisé et intermédiaire tirent de l’élevage la majorité de leur revenu, dont une partie importante vient d’activités commerciales. Par contre, les pauvres et très pauvres, possédant peu d’animaux, ont des sources de revenu beaucoup plus diversifiées et dépendent fortement de l’argent qu’ils gagnent de divers travaux (y compris l’orpaillage). Mais ceci ne veut pas dire que les groupes les pauvres ne dépendent pas indirectement de l’élevage. Ils tirent un revenu de leurs propres animaux et des ventes de poulets, ainsi que du lait qu’ils vendent, représentant une rémunération partielle de la garde des animaux de ménages des groupes aisé et moyens. En complément du lait, ils reçoivent pour la garde des animaux de l’argent qui est classé dans la catégorie « travail agricole local », avec le revenu gagné pour le travail dans les champs de ménages des groupes aisé et intermédiaire. Afin de ramasser du bois, les pauvres et très pauvres peuvent utiliser des charrettes possédées par des ménages de groupes intermédiaire ou aisé, qui pour la rémunération du prêt de la charrette, demandent une partie des bénéfices de la vente du bois (jusqu’aux quatre cinquièmes). Pour cela et pour d’autres utilisations commerciales, la possession de charrettes représente une grande possibilité de gains.

Les petites activités commerciales comprennent notamment l’achat de céréales au marché pour les revendre avec profit au village ; la vente de sucre ; la vente de produits manufacturés et l’achat d’animaux pour les revendre avec profit.

Aléas

Il a été demandé aux informateurs clés de classer chacune des 6 dernières années en fonction de sa sécurité alimentaire relative ; 1 représente une année très mauvaise sur ce plan, 2 une mauvaise année, 3 une année acceptable, 4 une bonne année et 5 une excellente année. Cet exercice est subjectif, mais le graphique ci-dessous permet de voir l’insécurité alimentaire de cette zone, notamment par comparaison avec la plupart des autres zones du pays.

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2006‐07

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2008‐09

Aléas chroniques

Faible pluviométrie/légère sécheresse. Les personnes rencontrées affirment que depuis l’année 2003­2004, seule la saison 2005-2006 s’est déroulée de façon satisfaisante. Cette faiblesse des précipitations limite les rendements des cultures et la croissance graduelle de la taille des troupeaux. Mais, malgré ces « mauvaises années », les sécheresses catastrophiques de 1973 et 1984, qui avaient attiré l’attention des médias internationaux et des agences d’aide sur cette zone ne se sont pas répétées.

Pluies précoces et irrégulières, entrainant des ressemis importants. Quand cela se produit, le ressemis a lieu en juin et juillet.

Pluies mal réparties.

Fin précoce des pluies - septembre et octobre sont les mois à surveiller sur ce plan.

Manque d’eau pour les hommes et pour les animaux.

Aléas périodiques

Épizooties.

Parasites des cultures, notamment sautereaux et oiseaux granivores.

Tempêtes, vents.

Vols de bétail : ils peuvent concerner tous les animaux d’élevage, mais ce sont les chameaux qui sont surtout visés. Ces vols répétés, découragent les producteurs qui élèvent de moins en moins de chameaux.

Début tardif des pluies.

Absence de pluie au moment de la floraison – le mois critique étant le mois d’août.

Stratégies de réponse

La richesse d’un ménage détermine les stratégies qu’il peut adopter pendant les mauvaises années. Les pauvres et les très pauvres n’ont pas de réserves (pas d’épargne monétaire ni d’animaux à

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vendre) pour faire face à une mauvaise saison. Ils dépendent fortement d’emplois supplémentaires pour obtenir l’argent dont ils ont besoin. Dans la zone 8, il s’agit essentiellement d’une augmentation des migrations (‘exode’) et d’une augmentation du travail sur les sites d’orpaillage. Ceci signifie souvent que davantage de membres de la famille migrent pour travailler, ne laissant sur place que les vieux et les très jeunes. La durée de la migration peut être accrue dans une certaine mesure, mais les bras valides du ménage reviennent toujours dans la zone avant l’installation effective de la prochaine saison agricole afin d’obtenir le meilleur rendement possible de leur terre.

Les ménages pauvres et très pauvres reçoivent des dons des groupes riches. La solidarité entre les groupes de richesse est forte et, durant les mauvaises années, les ménages des groupes aisés et moyens augmentent la part de leurs dépenses consacrée à des dons.

Pendant la période de soudure et les mauvaises années, les femmes des ménages pauvres quittent le village tôt le matin pour cueillir des feuilles comestibles, qui sont préparées avec les céréales pour augmenter la quantité du repas, améliorer le goût et la valeur nutritionnelle. Mais les ménages de tous les groupes de richesse accroissent proportionnellement leurs dépenses en denrées alimentaires, car en année mauvaises, ils satisfont une plus faible part de leurs besoins alimentaires avec leurs récoltes et dépendent davantage du marché.

Par rapport à leurs voisins pauvres, les ménages des groupes moyens et aisés retirent davantage de leur cheptel, ce qui leur permet de poursuivre des stratégies différentes pendant les mauvaises années. En particulier ces deux groupes augmentent généralement leurs ventes d’animaux et leurs activités commerciales (particulièrement ventes de céréales) afin d’obtenir un revenu monétaire supplémentaire. En outre, les ménages aisés peuvent se permettre d’acheter des animaux lorsque leurs prix dans cette zone sont bas, afin de les revendre avec profit dans la zone 5. Enfin, les groupes riches peuvent aussi faire travailler des pauvres en ville ou utiliser leur force de travail pour la recherche de l’or en échange d’une part des profits.

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Profils de moyens d’existence au Burkina Faso

Zone 9 : Sud-est céréales, élevage, foret et faune

Principales conclusions et implications

C’est une zone en bonne sécurité alimentaire, produisant des excédents et relativement riche, caractérisée par une agriculture pluviale, l’élevage et une dynamique d’échanges transfrontaliers avec les pays voisins : Ghana, Niger, Togo et Bénin. C’est aussi une zone de transit pour les transhumants et les travailleurs migrants. Elle accueille, de façon saisonnière, des troupeaux venant de l’extérieur pour y pâturer. L’accès aux marchés est bon et la zone dispose d’importantes ressources naturelles : eau, forets, concessions de chasse, etc.

À noter particulièrement l’importance des troupeaux d’élevage dans la zone, d’une valeur presque égale aux troupeaux des zones 7 et 8 dans le nord. Les ventes d’animaux fournissent environ un cinquième des revenus des ménages des groupes aisé et intermédiaire, mais ce sont les cultures de rente comme le coton et le niébé, qui sont les plus importantes en termes monétaires, car elles sont d’un grand rapport pour ceux qui peuvent s’offrir l’investissement initial.

En année normale, les ménages très pauvres et pauvres peuvent vivre de leur récolte pendant respectivement 5 et 7 mois ; c’est plus que dans de nombreuses zones, mais ils restent dépendants du marché, de prêts et de dons alimentaires pendant le reste de l’année. Plus dépendants du marché lors des mauvaises années, ces groupes accroissent leurs activités commerciales, la migration, la vente de PFNL et de bois pour pouvoir acheter des denrées alimentaires.

Description de la zone

Cette zone méridionale peu peuplée couvre des parties des régions Est, Centre-est et Centre-sud. Elle se caractérise par une agriculture pluviale et un élevage tant sédentaire que transhumant. La longue

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frontière avec le Niger, le Bénin, le Togo et le Ghana permet d’importants échanges, particulièrement dans les villes et villages situés près de la frontière. Les ménages de tous les groupes de richesse profitent à un certain degré de ces échanges. C’est aussi une zone de transit que traversent des troupeaux transhumants et des travailleurs migrants. En outre, elle accueille un grand nombre de troupeaux venant de l’extérieur de la zone pour profiter de ses bons pâturages.

Les pluies (entre 800 et 900 mm par an) sont beaucoup plus abondantes que dans le nord. Avec un sol de bonne qualité, cela permet une large gamme de cultures. Sorgho, mil et maïs sont les céréales les plus consommées, tandis que le maïs, le coton et le niébé sont les cultures de rentes les plus courantes. Cependant, cet ordre n'est pas nécessairement statique. Le maïs a de plus en plus de succès et fait concurrence au mil en termes de volumes. Le coton, encore très important grâce aux sociétés FASO COTON et SOCOMA qui y encadrent les producteurs, a décliné l’an dernier à cause de l’expansion du maïs mais aussi de la baisse de ses cours. Ce déclin a bénéficié à d’autres cultures : sésame, riz et arachide. Il y a aussi des variations locales quant à l’importance relative des cultures : Sur le périmètre irrigue de Bagré, par exemple, le riz irrigué y est grandement cultivé. L’élevage – bovins, ovins, caprins, porcins, volailles- est important dans cette zone, plus que dans les zones 1 et 5 et les effectifs des troupeaux approchent des valeurs observées dans les zones 7 et 8 dans le nord (voir, plus bas, répartition de la richesse).

La zone 9 possède de vastes forêts et d’importantes étendues de réserves animales, hébergeant une faune remarquablement diverse. Elles attirent touristes et chasseurs et fournissent des revenus aux villages situés à proximité. Il y a un certain nombre de barrages et retenues d’eaux dans la zone, notamment ceux de la Kompienga (20.000 ha), Tapoa (5.000 ha), de Sirba, de Dakiri, de Samboendi, de Manni et de Boudiéri. Ces barrages et retenues d’eaux sont d’excellentes réserves pour la pêche, notamment dans la région Est, qui est la principale zone productrice de poisson du pays. Le reste de la zone est formé surtout d’une vaste plaine comportant une zone relativement restreinte mais de grande importance couverte de bas-fonds (.

Sur le plan de l’eau, cette zone a un fort potentiel pour satisfaire les besoins des hommes, des animaux et de la culture irriguée et il serait possible de construire des barrages dans toute cette zone. Malgré les ressources naturelles de la zone, il faut noter que la pression démographique et animale a un effet négatif sur la végétation et les sols. Or cette dégradation va se poursuivre en raison du maintien de la croissance démographique. Dans la région Est, par exemple, on estime que la croissance démographique est de 2,9% par an.

Il y a plusieurs autres traits notables, que l’on ne peut décrire comme typiques, mais qui sont néanmoins importants. La vente de miel fournit des revenus aux apiculteurs. On trouve aussi une production fruitière –pastèques, bananes, papayes – dans cette zone, surtout le long des rivières.

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Marchés

L’accès aux marchés et le réseau routier sont bons, comme on peut s’y attendre dans une zone où les échanges commerciaux sont importants. Mais il y a quelques exceptions : les communes de Botou, Yamba, Diabo, Logobou et Madjoari (toutes dans la région Est) souffrent d’un mauvais accès routier pendant la saison des pluies.

Cette zone exporte à la fois des céréales et des animaux et importe parfois d’autres céréales et des tubercules. D’importants flux commerciaux traversent la zone. Le tableau ci-après donne des exemples de routes commerciales. Il faut noter que de nombreux flux commerciaux traversent cette zone en raison de sa position stratégique près de plusieurs frontières; les animaux d’élevage venant du Sahel, par exemple, passent généralement à travers cette zone pour gagner le sud.

Denrées Route commerciale

Sorgho, mil, maïs Marchés villageois Natiaboani, Kompienga, Tanwalbougou, Bittou, Ouargaye, Kaibo etc.Fada N’Gourma, Tenkodogo, Manga, Pouytenga (Zone 5) Ouagadougou, Bénin, Niger Guiaro, etc. Pô, Gwelwongo Ouagadougou

Bovins, ovins, caprins

Marchés villageois Ouargaye, Garango, Matiacoali, Natiaboani etc.Fada N’Gourma, Diapaga, Bittou, Pouytenga (Zone 5)Ouagadougou, Niger, Benin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Nigeria.

Marchés villageois Kaibo, Gwelwongo Ouagadougou, Ghana, Côte d’Ivoire.

Denrées alimentaires importées

Ouaga Fada N’Gourma, Pouytenga (Zone 5) Marchés locaux Ghana Bittou Tenkodogo Marchés villageois Ghana (maïs, mil et tubercules) Gwelwongo Pô, Manga Ouagadougou (Riz) Pô Principaux marchés départementaux

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Calendrier saisonnier

Jan. Saisons des pluies

Légende :

Cultures

Élevage

Autres

Régime des pluies

Jan.

Sorgho Mil Maïs

Bovins

Sésame Arachide

Coton

Cultures maraîchères

Niébé/Riz

Achat de denrées alimentaire

Anes

Porcins Volailles

Production de lait de vache

Paludisme

Ovins/Caprins

Travail agricole local Migrations de travail Période de soudure

Ventes de PFNL

Févr. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct.

Semailles Désherbage Récoltes

Ventes d'animaux Préparation du sol

Févr. Mars Avr. Mai JuIn Juil. Août Sept. Oct.

Nov.

Nov.

Déc.

Déc.

Le cycle agricole se déroule de la façon suivante : juin-juillet (semis), août-septembre (désherbage), octobre-décembre (récoltes). La culture maraîchère est pratiquée pendant la saison sèche (décembre­avril) qui est aussi le moment où les ménages pauvres peuvent migrer pour chercher du travail, et revenir au début de la saison agricole en mai. La production du lait a été mise sur le calendrier saisonnier, mais cette activité n’est typique que des Peulhs qui consomment et vendent de grandes quantités de lait, lait qu’ils reçoivent en paiement partiel de la garde des troupeaux des ménages des groupes aisés et moyens. Les ventes de bovins, ovins et caprins atteignent un maximum vers octobre ; à la fin de la saison des pluies, les animaux sont en bon état d’embonpoint et les ménages qui ne sont pas contraints de les vendre précocement en raison de contraintes alimentaires, attendent le bon moment pour obtenir les meilleurs prix.

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Répartition des richesses

Caractéristiques des groupes de richesse

Taille du ménage

Superficie cultivée Animaux possédés Autres biens

Très pauvres 3-5 0,5-1,5 ha

2-4 chèvres, 1-3 moutons, 6-10 poules, 1-3 porcs

Aucun

Pauvres 7-9 1,5-2,5 ha 3-5 bovins, 4-6 chèvres,

3-5 moutons, 10-20 poules, 3-5 porcs

Aucun

Moyens 10-14 4-6 ha 10-20 bovins, 8-12 chèvres,

8-12 moutons, 25-35 poules, 5-7 porcs, 1-3 ânes

Charrue / Charrette

Aisés 15-25 8-12 ha 35-45 bovins 20-30 chèvres,

15-25 moutons, 50-70 poules, 7-9 porcs, 1-3 ânes

Charrue / Charrette

0% 20% 40% % des ménages

Les ménages riches peuvent cultiver une plus grande superficie de terres car leurs familles sont plus nombreuses et ils ont des bœufs et des charrues pour les travailler, ainsi que la possibilité d’employer de la main d’œuvre provenant des ménages pauvre ou très pauvre. Les troupeaux sont importants par comparaison avec ceux des zones 1 et 5, d’une valeur presque égale à celle des zones sahéliennes 7 et 8 plus au nord, qui sont des zones d’’élevage. Les ménages élèvent aussi des porcs. Ceux qui ont de nombreux animaux paient les Peulhs pour les garder. Les ventes d’animaux fournissent environ un cinquième du revenu monétaire annuel des ménages des groupes aisés et intermédiaires. C’est une proportion nettement inférieure à celle des mêmes groupes de richesse vivant dans les zones 7 et 8. En effet, dans cette zone-ci, le volume des ventes des produits agricoles est beaucoup plus important. Autrement dit, cette zone est assez riche.

Les superficies possédées ici sont très inférieures celles des ménages de la zone 7. Cela peut s’expliquer par de plus hauts rendements et par la concentration, dans cette zone, de cultures de rente qui nécessitent plus de travail et d’apports d’intrants, mais sont plus rentables à l’unité de surface. Il faut noter que dans cette économie comparativement riche, il y a un écart considérable entre les biens possédés par les groupes pauvres et les groupes aisés. Ceci peut venir des cultures de rentes, qui ont de meilleurs rendements, mais demandent un important investissement de fonds en intrants et travail, que les groupes pauvres ne peuvent se permettre. Ceci étant, les pauvres tirent quand même une part de leur revenu de cultures de rentes, mais en termes réels, ils en tirent beaucoup moins que les deux groupes de richesse supérieurs. La nature des ‘autres’ biens possédés varie dans la zone ; les ruches, par exemple, sont communes dans certaines régions.

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Cette zone est productive et les ménages des groupes aisés et moyens peuvent réussir à vivre de leurs récoltes. Les pauvres et les très pauvres dépendent au même degré du marché, même si les ménages pauvres peuvent vivre de leurs récoltes pendant deux mois de plus. La différence entre ces deux groupes est le volume de nourriture qu’ils reçoivent en dons et prêts. Malgré leur dépendance des prêts de nourriture, les très pauvres peuvent généralement gagner assez pour procéder au remboursement et conserver leur crédit pour les années suivantes. Bien que les troupeaux possédés par les deux groupes de richesse supérieurs soient importants, le lait ne contribue pas substantiellement à la satisfaction des besoins alimentaires d’aucun des groupes. Il est généralement consommé ou vendu par les Peulhs, qui le reçoivent en rémunération partielle de leur travail de gardiennage des troupeaux.

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Très Pauvre

Pauvre Moyen Aisé

Prêts en nature

Dons

Achat

Récolte

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Tres Paurvre

Pauvre Moyen Aise

Transf erts

Exode

Vente de produits PFNL Petit commerce

Travail agricole local

Vente de produits maraîchers Vente de produits de rente Vente de céréales

Vente de volaille

Vente de bétail

À la campagne comme à la ville, les pauvres font des sacrifices pour envoyer leurs enfants à l’école, mais les ménages des groupes aisés et moyens peuvent y consacrer davantage d’argent et le font. Les enfants des ménages très pauvres et pauvres risquent davantage de ne bénéficier que d’un enseignement primaire élémentaire, voire de n’en bénéficier d’aucun. Les enfants des ménages intermédiaires et aisés suivent généralement des études secondaires, voire vont au-delà.

Sources de nourriture

Sources de revenus

Par comparaison avec les zones voisines (1, 5 et 7) la forte proportion du revenu venant des récoltes, particulièrement des cultures de rentes, est frappante, même pour les très pauvres. Ce n’est que le groupe des moyens qui, généralement, pratique les cultures maraîchères. Le coût de l’investissement en intrants agricoles exclut les pauvres et les très pauvres et les plus riches qui, eux, ont accès à d’autres sources de revenu lucratives demandant moins de travail. La présence des frontières permet de multiples activités commerciales qui assurent un revenu à la plupart des groupes de richesse, mais particulièrement aux plus aisés. Il s’agit notamment de la vente de céréales, de produits de première nécessite, d’articles de ménage, etc. et de ventes d’autres biens achetées dans les ports de Lomé et Cotonou. Les migrations de main d’œuvre, souvent vers des villes comme Fada N’Gourma, contribuent, en faible partie, au revenu des ménages pauvres.

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2007‐08

2006‐07

2005‐06

2004‐05

2003‐04

2002‐03

2001‐02

2000‐01

1999‐00

1998‐99

Aléas

Il a été demandé aux informateurs clés de classer chacune des dix dernières années en fonction de sa sécurité alimentaire relative: 1 représente une année très mauvaise sur ce plan, 2 une mauvaise année, 3 une année acceptable, 4 une bonne année et 5 une excellente année. Cet exercice est subjectif, mais permet de visualiser la sécurité alimentaire relative de la zone, malgré deux années récentes au-dessous de la moyenne, qui ont été causées par des pluies inégalement réparties ayant provoqué des inondations et des dommages aux cultures.

Aléas périodiques

Épizooties (plus fréquentes de juin à octobre). Elles ont causé des problèmes ces cinq dernières années.

Maladies et parasites des cultures (juillet).

Vents violents (4 à 7 années sur 10).

Inondations (1 à 3 années sur 10. Plus généralement en juillet-août).

Faible pluies entraînant des dégâts pour les cultures (4 à 7 années sur 10).

Pluies précoces et irrégulières, entrainant des ressemis importants (en mai/juin).

Insuffisance de pluies au moment de la floraison (août).

Fin précoce des pluies (septembre).

Stratégies de réponse

Pendant les mauvaises années, les ménages pauvres et très pauvres tentent de maximiser leur revenu et de réduire leurs dépenses en articles non-essentiels. Un plus grand pourcentage de leur revenu va à l’achat de denrées alimentaires, tandis qu’ils dépensent moins pour des aliments de « luxe » et les vêtements. Les groupes pauvres tentent d’accroître leur revenu à partir des sources suivantes :

Vente de produits forestiers non-ligneux, de bois de feu, de paille.

Fabrication et vente de briques.

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Petites activités commerciales.

Migration vers les centres urbains, tels que Fada N’Gourma, ou vers les pays voisins (comme la Côte d’Ivoire et le Ghana).

Vente de petits ruminants et de volailles (mais cette option est limitée par la petite taille des troupeaux de ces groupes).

Le groupe moyen poursuit des stratégies similaires, notamment les petites activités commerciales, les migrations, la vente de bois et de briques et l’augmentation des ventes d’animaux et de volailles. Mais il peut le faire dans des dimensions plus grandes que les groupes pauvres. Le bois, par exemple, est vendu par charretée. Ce groupe peut aussi pratiquer davantage les cultures maraîchères et produire des objets d’artisanat, tels que des poteries et des chaises.

Les ménages plus aisés augmentent généralement leur revenu par les activités commerciales et la vente d’animaux. Ils pratiquent aussi « ‘l’embouche » :-achat d’animaux lorsque les prix sont bas pour les engraisser et les revendre à un prix beaucoup plus élevé. Enfin, ce groupe accorde des prêts aux trois autres groupes de richesse.