« L’accès à l’eau potable
dans les squats : Rendre
visible l’invisible »
Mémoire de recherche - Master 1 Gestion
des Territoires et Développement Local
Institut National Universitaire JF Champollion - Albi
Membres du jury : Madame Lydie Launay (Maître de conférences
en Sociologie, INU Champollion, membre du Cers) et Monsieur
Mathieu Vidal (Maître de conférences en Géographie et
Aménagement, INU Champollion, membre du LISST-Cieu). DUCOURNAU Lisa
UE84 - Mémoire de
recherche
Année 2017-2018
Professeur référent :
Madame Lydie Launay,
Maître de conférences
en Sociologie, INU
Champollion, membre
du Cers.
Prise à Bègles le 23/05/18, Lisa Ducournau
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SOMMAIRE
Remerciement .......................................................................................................................... 3
Avant-propos ............................................................................................................................ 4
Liste des acronymes ............................................................................................................... 5
Liste des figures et des cartes ............................................................................................... 7
Introduction ............................................................................................................................... 8
1. Choix du sujet et annonce de la problématique ..................................................... 8
2. Questionnement et annonce des hypothèses ......................................................... 9
3. Choix du terrain : Bordeaux et Bègles .................................................................... 10
4. Choix de la méthodologie ......................................................................................... 12
Partie I - Contexte général et cadre juridique : l’accès à l’eau potable et les oubliés de
l’eau en France, le cas de Bordeaux métropole ............................................................... 19
A. La gestion de l’eau au sein de Bordeaux Métropole ........................................... 19
B. Du concept d’accès à l’eau potable à sa distribution .......................................... 25
C. Rendre visible l’invisible : les oubliés de l’eau en France .................................... 29
Partie II - Axe de recherche : de la sociologie urbaine au cadre situationnel des
squats en milieu urbain ......................................................................................................... 33
A. Les difficultés de logement, entre précarité et exclusion sociale ....................... 33
B. Habiter en marge dans l’espace en milieu urbain, le cas des squats ................ 36
C. Les enjeux et conséquences de ce mode de vie sur les populations ............... 44
Partie III - Focus sur les populations immigrées : entre mobilisation et stratégies de
vie au quotidien ...................................................................................................................... 52
A. Le constat des conditions de vie dans les squats de Bordeaux Métropole ...... 52
B. Etre squatteur, d’une stratégie de vie au quotidien ............................................. 60
C. D’une volonté individuelle à la mobilisation collective ......................................... 69
Conclusion .............................................................................................................................. 76
Bibliographie ........................................................................................................................... 79
Annexes ................................................................................................................................... 83
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Remerciement
Je tiens tout d’abord à remercier ma professeure référente Madame Lydie Launay,
maître de conférences en sociologie. D’une part, pour m'avoir notamment fourni de nombreux
conseils, puis d’autre part, pour m’avoir suivi tout au long du mémoire de recherche.
De même, je souhaite remercier Monsieur Mathieu Vidal, membre du jury et maître de
conférences en Géographie et Aménagement.
Je remercie également l’association Dynm’eau, avec Monsieur Théo Andrieux et Monsieur
Maxime Ghesquière, pour leur accueillent et pour avoir porté un intérêt particulier à cette
recherche.
Par ailleurs, je souhaite tout particulièrement remercier les structures, notamment Médecins
du Monde Aquitaine avec Monsieur Morgan Garcia, la Direction de l’eau avec Monsieur
Mickael Mora, le squat du Squid, ainsi que le GIP avec Madame Anna Kolibarova et Monsieur
Dadvid Dumeau, qui ont contribué à l’élaboration de recherche, qui m’ont accueilli et qui m’ont
transmise de nombreuses informations.
Je tiens aussi à remercier toutes les personnes m’ayant permis de mener à bien cette
recherche et plus particulièrement, les squatteurs que j’ai pu rencontrer dans les squats de la
Ruche, du Squid et aussi celui de Bègles..
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Avant-propos
« Si l’eau est un droit, il faut assurer le respect du droit de tous à
l’eau qui dès lors est considérée comme faisant partie du patrimoine
commun de l’humanité. C’est le droit des gens qui passe avant tout.
Mais l’eau est aussi un besoin, elle devient une marchandise comme
les autres, quelque chose qu’on achète si on en a les moyens ; et
personne n’a de droit sur une marchandise. Le client satisfait son
besoin moyennant paiement. » En finir avec la guerre contre les
pauvres, Paul Muzard, Le temps des cerises, éditeurs, 2000.
Muzard dans cette citation met en avant le fait que l’eau est tout d’abord un droit pour
l’humain, ça fait aussi partie de notre terre. De plus, elle constitue pour l’humanité un
patrimoine, car nous le savons nous sommes tous dépendant de l’eau, elle nous compose à
près de 70%, c’est un besoin. A l’inverse, l’eau peut aussi créer des conflits et des tensions
au sein de nos sociétés alors nous sommes censés la partager. On peut parler dans ce sens
de l’eau « marchandise », l’appropriation et de l’accaparement de la ressource en eau. Celle-
ci peut provoquer aussi des mouvements de populations notamment dû à la sècheresse dans
certaines régions du monde. Ainsi, elle constitue et constituera à l’avenir un enjeu pour notre
planète. Cette recherche tente d’apporter un nouveau regard sur les squats et la situation des
occupants. De même, celle-ci tente de montrer que les ressources vitales, telles que l’accès à
l’eau potable, peuvent être un facteur aggravant de la condition, de la situation des occupants
dans les squats. Nous essaierons donc dans ce cadre, de travailler sur la problématique
suivante : « En quoi l’accessibilité inégale à l’eau potable des populations vivants dans les
squats constitue-t-elle un facteur aggravant de la précarisation et de l’exclusion dans la
métropole bordelaise ? Le cas des immigrés. » Ces pages vont donc témoigner de trois
aspects, l’un sur l’accès à l’eau potable et les oubliés de l’eau en France, le cas de Bordeaux
métropole. Un autre sur la sociologie urbaine jusqu’au cadre situationnel des squats en milieu
urbain. Puis le dernier sur les populations immigrées dans les squats : entre mobilisation et
stratégies de vie au quotidien.
Muzard in this quote emphasizes the fact that water is first and foremost a human right,
it is also part of our land. In addition, it is a heritage for humanity, because we know we are all
dependent on water, it makes us up to 70%, it is a need. On the other hand, water can also
create conflicts and tensions within our societies so we are supposed to share it. We can speak
in this sense of water "commodity", appropriation and grabbing of the water resource. This can
also cause population movements especially due to drought in some parts of the world. Thus,
it constitutes and will constitute in the future an issue for our planet. This research tries to bring
a new look at the squats and the situation of the occupants. Similarly, it tries to show that vital
resources, such as access to drinking water, can be a factor aggravating the condition, the
situation of occupants in squats. In this context, we will try to work on the following problem:
"In what way is the unequal access to drinking water of the living populations in the squats an
aggravating factor of precariousness and exclusion in the Bordeaux metropolis? The case of
immigrants. These pages will therefore testify to three aspects, one on access to drinking water
and the forgotten water in France, the case of Bordeaux metropolis. Another on urban
sociology to the situational framework of squats in urban areas. Then the last one about the
immigrant populations in the squats: between mobilization and strategies of daily life.
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Liste des figures et des cartes
Figure 1 : Matrice CAPE des profils types d’acteurs « ressource » interrogés lors de l’enquête
qualitative. Inspiré des travaux de Vincent Piveteau (ENGREF).
Figure 2 : Tableau de l’évolution des politiques de l’eau de la fin du 19ème siècle à nos jours
(M1 GTDL).
Figure 3 : Bernard Drobenko, Le droit à l’eau : une urgence humanitaire, éditions Johanet,
2012, Paris.
Figure 4 : Borne fontaine, rue du Puits Descazeaux à Bordeaux.
Figure 5 : Relations entre l’accessibilité à l’eau et les enjeux socio-sanitaires (2016). The
Influence of Urbanization Modes on the Spatial Circulation of Flaviviruses within
Ouagadougou.
Figure 6 : Échelle de niveaux de service en eau potable (raccordé au réseau public), 2011.
Figure 7 : Typologie des différents « types » de publics invisibles accompagnée de leurs
facteurs explicatifs (2014). . Rapport final de Juliette Baronnet, Sarah Faucheux-Leroy et
Pauline Kertudo.
Figure 8 : Différences entre les processus d’exclusion, de ségrégation, d’intégration et
d’inclusion (2014). Source : Véronique Le Chêne et Pascal Plantard, « Les perspectives d’e-
Inclusion dans le secteur du handicap mental ».
Figure 9 : Tableau des poids des dépenses de logement au niveau national selon les revenus
en pourcentage. Source : Insee, enquêtes Logement © Observatoire des inégalités.
Figure 10 : Selon un article de presse du Parisien, « Mal logement : la fondation Abbé Pierre
appelle les candidats à agir » daté de 2012.
Figure 11 : Schéma du nombre de squats par communes sur la métropole de Bordeaux.
Réalisé le 05/06/18, M1 GTDL. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.
Figure 12 : Graphique des échelles du nombre d’individus vivant dans les squats de la
métropole de Bordeaux. Réalisé le 05/06/18, M1 GTDL. Selon les données du collectif Action
Bord’eaux.
Figure 13 : Schéma des différents stades d’exclusion au sein de la société selon X. Emmanuelli
(fondateur du S.A.M.U.) en 2009.
Figure 14 : Répartition des immigrés résidant en France en 2012. Champ : France. Source :
Insee, recensement de la population, exploitation principale.
Figure 15 : Photographies illustrant l’état du squat de la Ruche (rue du Mirail, Bordeaux). Prise
le 20/04/18, M1 GTDL
Figure 16 : Photographies illustrant l’état du squat du Squid (rue C. Domercq, Bordeaux). Prise
le 02/05/18, M1 GTDL
Figure 17 : Photographies illustrant l’état du squat situé à Bègles (rue des deux Esteys). Prise
le 25/04/18, M1 GTDL
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Figure 18 : Le long du périphérique parisien, en décembre. Photo Martin Colombet. Hans
Lucas. Issue d’un article de presse de Libération « Sur le mal-logement, une campagne
précaire » par Elise Godeau en janvier 2017.
Figure 19 : Graphique du pourcentage de squats ayant et n’ayant pas accès à un point d’eau
potable, dans la métropole de Bordeaux. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.
Figure 20 : Graphique du pourcentage de squats possédant des sanitaires et connectés un
système d’assainissement public, dans la métropole de Bordeaux. Selon les données du
collectif Action Bord’eaux.
Figure 21 : Graphique du pourcentage de squats ayant accès à l’électricité dans la métropole
de Bordeaux. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.
Figure 22 : Application Eaupen, le 17/05/18. Réseau de recensement des points d’eau en ville.
Partie « Accès à l’eau et à l’assainissement ».
Figure 23 : Campagne de sensibilisation de la Fondation Abbé Pierre, 2014. Crédits photos :
©Aurélien Chauvaud / BDDP Unlimited.
Figure 24 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°1 sur les inégalités d’accès à l’eau
potable en France (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs).
Figure 25 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°2 sur les situations de précarité et
d’exclusion en milieu urbain (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs).
Figure 26 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°3 sur les conditions de vie dans les
squats et la mobilisation sociale (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs).
Figure 27 : Les acteurs de l’eau en France, Agence de l’eau (2015).
Figure 28 : Tableau de la répartition de la population de 15 à 64 ans par type d'activité
professionnelle, dans la commune de Bordeaux (2014). Source : Insee RP 2009 et 2014.
Figure 29 : Graphique de la répartition de la population par rapport au taux de pauvreté par
tranche d'âge du référent fiscal en 2014 dans la commune de Bordeaux. Source : Insee.
Figure 30 : Graphique de la répartition de la population de 15 à 64 ans par type d'activité en
2014, dans la commune de Bègles. Source : Insee RP 2014.
Figure 31 : Graphique de la répartition de la population par rapport au taux de pauvreté par
tranche d'âge du référent fiscal en 2014 sur la commune de Bègles. Source : Insee.
Figure 32 : Tableau de la méthodologie employée par F. Bouillon dans son étude sur « Les
mondes du squat ». Rapport de Florence Bouillon, Presses Universitaires de France, «
Partage du savoir », 2009.
Figure 33 : Chiffres clés du rapport annuel d’activité 2016, de Bordeaux Métropole, sur le prix
et la qualité des Services publics de l’eau et de l’assainissement, Direction de l’Eau - Pôle de
la Proximité, 2016.
Figure 34 : Tableau sur les chiffres du mal-logement. Issu du Rapport annuel 2018 de l’Etat
du mal-logement en France de la Fondation Abbé Pierre.
Figure 35 : Liste des squats recensés lors de l’enquête qualitative. Source de création de la
liste : QGIS 2.4., mai 2018.
Figure 36 : Les squats et bidonvilles de Bordeaux Métropole, 2017.
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Figure 37 : Schéma du procédé d’utilisation d’une borne fontaine monétique, avec carte
prépayée.
Carte 1 : Carte du périmètre du terrain de rechercher selon les squats cités lors des entretiens
qualitatifs.
Carte 2 : Carte des axes d’eau permanents, selon les données hydrologiques de la métropole
de Bordeaux.
Carte 3 : Carte du réseau de collecte des eaux usées ainsi que de la localisation des stations
d’épuration de la métropole.
Carte 4 : Carte de la localisation des squats cités par les acteurs « ressource » durant
l’enquête qualitative.
Carte 5 : Carte de la localisation des squats visités lors de l’enquête terrain, au niveau de la
métropole de Bordeaux.
Carte 6 : Carte de la localisation des squats visités lors des observations, dans la commune
de Bordeaux.
Carte 7 : Carte de la localisation des squats visités lors des observations, dans la commune
de Bègles.
Carte 8 : Carte de la localisation des squats de Bordeaux Métropole concernant l’accès aux
ressources nécessaires (eau, électricité, gestion des déchets) et leurs suivi par des acteurs
locaux.
Liste des acronymes
ARS : Agence régionale de la Santé
ASTI : Association de Solidarité avec tous les Immigrés
CNDH : Conseil National des Droits de l'Homme
DAL : Association Droit au logement
DDCS : Direction départementale de la cohésion sociale
IRC : Centre international de l'eau et de l'assainissement
MDM : Médecins du Monde
MDSI : Maison départementale de la Solidarité et de l'Insertion
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONPES : Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale
PMI : Centre de Protection maternelle et infantile
SDAGE / SAGE : Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux / Schéma
d’Aménagement et de Gestion des Eaux
UNICEF : United Nations International Children's Emergency Fund (Fonds des Nations unies
pour l'enfance)
8
Introduction
Ce mémoire de recherche a pour objectif de retracer toutes les tâches effectuées, ainsi
que les réflexions abordées lors de la réalisation de ma recherche. Le sujet de ce mémoire a
été choisi par l’étudiant avec les soutiens de ses professeurs, notamment de sa professeure
référente. De même, le sujet s’inscrit tout à fait dans la continuité de la formation dispensée
lors du Master 1 Gestion des Territoires et Développement Local d’Albi. Ainsi, ce dossier est
constitué de trois grandes parties essentielles à la réponse à la problématique étudiée. Par
ailleurs, cette partie « introduction », permet de contextualiser le cadre de la recherche et
permet de pouvoir la localiser sur un terrain précis. De même, la partie « annexes » joue un
rôle primordial quant à la compréhension de ce dossier, notamment lorsque l’enquête
qualitative est abordée.
1. Choix du sujet et annonce de la problématique
Le « manque d’eau se fait sentir dans diverses régions du monde » (G. Payen1, 2013).
Sont remises en cause, des inégalités de répartition de la ressource en eau. En parallèle, de
nombreux phénomènes viennent accentuer le manque d’eau sur terre : la croissance
démographique, les activités industrielles et agricoles. Par ailleurs, cette diversité des usages
est peu prise en compte au niveau des politiques publiques locales. Ainsi, l’accessibilité à la
ressource en eau reste un problème majeur pour tous les pays du monde, notamment dû à sa
disponibilité ou à son coût. Cette recherche traite donc de l’accessibilité à l’eau potable en
milieu urbain, et plus précisément dans la métropole de Bordeaux. Le sujet de recherche
s’intitule : « L’accès à l’eau potable dans les squats, rendre visible l’invisible ».
C’est également suite à la lecture de plusieurs articles de presse traitant de Bordeaux
Métropole, que le choix du sujet a été conforté. Différents articles (Cf. partie « Bibliographie »,
page 78) issus de Rue89 Bordeaux, du Monde, de 20 minutes ou de France Bleu évoquent
notamment les cas : des évacuations des squats ; du développement des squats en périphérie
; des demandeurs d’asile ; de l’accès à l’eau potable dans ces lieux. Selon ces articles, il existe
une trentaine de squats sur la métropole bordelaise où divers types de publics vivent ensemble
(étrangers, immigrés, résistants, marginaux, …). Ainsi, ils sont révélateurs du fait que c’est un
sujet d’actualité sur le territoire. Depuis une dizaine d’années les institutionnels, la presse et
les associations s’emparent et se mobilisent autour de ces thématiques. C’est aussi ce qui
motiva le choix de ce sujet.
Suites à diverses expériences professionnelles, notamment grâce à des stages 2ou à un
service civique, ce choix de sujet se précisa dans les domaines de l’accès à l’eau potable, de
la gestion de la ressource, des squats et des publics n’ayant pas accès à la ressource en
France. A travers un collectif appelé « Action Bord’eaux », plusieurs associations agissent
actuellement pour l’amélioration des conditions de vie des personnes défavorisées vivant dans
les squats, mais aussi pour l’accès aux ressources vitales. Cette recherche portée sur une
problématique liée à l’accès à l’eau et aux conditions de vie est donc une opportunité de mettre
à jour un nouveau regard sur la situation des occupants dans les squats. Ainsi, la
problématique est la suivante : « En quoi l’accessibilité inégale à l’eau potable des
populations vivants dans les squats constitue-t-elle un facteur aggravant de la
précarisation et de l’exclusion dans la métropole bordelaise ? Le cas des immigrés. »
1 G. Payen, dans son ouvrage « De l’eau pour tous. Abandonner les idées reçues et affronter les réalités », 2013. 2 Stage à l’Océanium de Dakar, Sénégal ; Stage à la Fondation Chol Chol, Chili ; Stage à l’association Dynam’eau,
Bordeaux ; Service civique à SPFM, au Maroc.
9
Par ailleurs, quelques particularités sont venues conforter le choix de terrain, de public et ont
permises de consolider le choix de sujet :
- Le choix du terrain d’étude : La zone de Bordeaux Métropole me permet de situer et
d’inscrire ma recherche dans un milieu urbain ;
- Le choix du public cible : Ma recherche sera ciblée sur un public en particulier, celui
des immigrés. La thématique de l’immigration constitue un sujet intéressant,
d’actualité, notamment concernant la gestion des territoires.
- La communication entre enquêteur/enquêtés : Ayant déjà travaillé en tant que
traductrice pour des projets dans des squats de la ville de Bordeaux, le fait de pouvoir
communiquer en espagnol et en arabe constitue un avantage pour mes enquêtes.
2. Questionnement et annonce des hypothèses Ce questionnements situé ci-dessous est principalement issu du choix du sujet et de
mes recherches bibliographiques. Ce sont ces mêmes interrogations, qui ont dirigé le
déroulement de la recherche et apporté une complémentarité aux hypothèses, tout au long du
mémoire. Dans un premier bloc, il parait intéressant d’explorer le contexte général de
l’accessibilité à l’eau potable et de sa gestion en France, voire plus particulièrement sur la
métropole bordelaise. Une question est particulièrement significative dans cette partie :
« Quels publics n’ont pas accès à l’eau en France ? »
Dans un second bloc, la thématique principale est celle de la ségrégation socio-spatiale, liée
au milieu urbain, à l’accès à l’eau potable et aux squats. Ainsi, elle met en avant des notions
et concepts liés à la sociologie urbaine. La question la plus révélatrice de ce bloc est la suivante
: « D’un point de vue social et spatial, quels facteurs peut-on retrouver dans les squats en
milieu urbain au sein de notre société ? »
Enfin, dans une troisième étape, le questionnement concerne la situation des conditions de
vie des squatteurs et plus précisément des immigrés dans les squats situés en zone urbaine.
Par ailleurs, il y a aussi une volonté de faire un lien avec l’accessibilité à l’eau potable dans
ces lieux de vie et plus généralement sur les ressources nécessaires aux occupants. Une
question évidente en ressort : « Quelles sont leurs stratégies quotidiennes (vie quotidienne),
afin de s’approvisionner en eau potable ? »
Nous pouvons voir que ce questionnement permet d’illustrer le raisonnement adopté au court
des premiers mois de recherche. Dans ce sens, la recherche s’est effectuée à travers une
approche hypothético-déductive. Ainsi, elle induit de traiter de différentes hypothèses,
accompagnées d’objectifs généraux et d’objectifs opérationnels. Afin de pouvoir répondre au
mieux aux attentes d’un mémoire de recherche, il a donc été nécessaire d’effectuer des
recherches bibliographiques qui ont permises de préciser la problématique, d’affiner le
questionnement et de formuler trois hypothèses.
L’hypothèse principale est la suivante : Les squats, en milieu urbain, sont sujets à des
inégalités d’accès à l’eau potable en France. Pour cette hypothèse, il est intéressant de
s’interroger sur les disfonctionnements et les publics qui n’ont pas accès à l’eau potable en
France. Par ailleurs, trois schémas situés en annexe résument les relations qu’il existe entre
l’hypothèse et les réponses pouvant être apportées à celle-ci (Cf. : partie « Annexes », page
82). La seconde hypothèse choisie est la suivante : Le fait de vivre dans un squat peut-être un
facteur de précarité et d’exclusion des individus qui y vivent, en particulier des immigrés. Dans
ce sens, il est pertinent de s’interroger sur la situation que possède les squatteurs, mais aussi
sur les facteurs de précarité et d’exclusion qui peuvent exister. Enfin, la troisième hypothèse
sélectionnée est la suivante : Les conditions de vie précaires dans les squats, entraînent les
individus à adopter une stratégie de vie particulière, notamment pour accéder à l’eau potable.
10
De même, les questions relatives aux stratégies de la vie quotidienne, à la mobilisation
individuelle ou collective dans ces lieux sont à étudier.
En parallèle, ces hypothèses contiennent des variables (situées dans le temps et l’espace) de
recherche à ne pas négliger. Ainsi, ces variables peuvent être intéressantes pour observer
l’évolution de divers phénomènes. De plus, elles nécessitent de mobiliser certains instruments
de mesures, afin de les observer :
- Présence de variables sur le terrain en soi, car les squats sont souvent sujets à des
évacuations ;
- Présence de variables concernant les types de public interrogés au sein des squats
(marginaux, immigrés, jeunes mineurs isolés, …) ;
- Présence de variables liées aux difficultés à interroger des individus vivant en squat,
ainsi qu’à photographier les squats ;
- Présence de variables concernant l’accès à l’eau potable et le coût de l’eau (exemples
: systèmes organisationnels ; politiques publiques de l’eau) …
3. Choix du terrain : Bordeaux et Bègles En ce qui concerne le choix du terrain, il paraissait évident d’étudier la métropole de
Bordeaux. Située en Gironde, dans la région Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux Métropole est
considérée comme la deuxième métropole de droit commun par sa population après celle de
Lille. Elle est issue de la loi MAPTAM3 et fût fondée en 2015. Avant 2015, ce pôle urbain était
appelé, la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB). Cet EPCI est constitué de 28 communes
(cf. : carte 3, page 47, partie « Annexe »). Actuellement, la population s’élève à 749 595
habitants (2017). Bordeaux étant le siège de la métropole bordelaise. De plus, la superficie de
la métropole s’élève à 57 000 hectares. En parallèle, Bordeaux Métropole est comprise dans
l'aire urbaine4 de Bordeaux qui compte en 2015, environ 1 215 700 habitants. Voici quelques
caractéristiques de l’évolution de cette métropole :
- D’ici 2030, la métropole prévoit d’accueillir 200 000 individus supplémentaires ;
- Le territoire est séparé en quatre pôles territoriaux, (responsables des actions
déconcentrées) ;
- Intensification de l’étalement urbain principalement vers l'ouest (dû aux transports, à
l’offre d’emploi et de logement en périphérie de Bordeaux) ;
- Dynamisme démographique favorable et territoire attractif.
Le fait d’avoir choisi la métropole permet de situer cette recherche dans un milieu
urbain. C’est à cet effet, que le sujet s’inscrit donc dans le domaine du développement local
en milieu urbain. Le fait de posséder un réseau de contact sur le territoire, constitue aussi un
avantage dans l’élaboration de l’étude. Au niveau public, les acteurs suivants ont été
rencontrés au court de ces dernières années : la Métropole, la Mairie de Bordeaux et le LABB5.
De même, au niveau privé : le RADSI6, l’IFAID7, Dynam’eau, le Ceseau ou bien le collectif
Sherby (travaillant sur la thématique des squats). De plus, ces acteurs possèdent des contacts
et agissent au sein de Bordeaux Métropole, ce qui montre qu’ils ont des connaissances
précises sur le territoire. A cet effet, l’association Dynam’eau constitue une source clé dans
3 MAPTAM : loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (janvier 2014). 4 Aire urbaine : Selon l’INSEE, « c’est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain de plus de 10 000 emplois, et par des communes (périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle urbain. 5 LABB : Lieu des Associations et des Bénévoles Bordelais (laboratoire). 6 RADSI : Réseau Associatif pour le Développement et la Solidarité Internationale Nouvelle-Aquitaine. 7 IFAID : Institut de Formation et d’Appui aux initiatives de Développement.
11
l’élaboration du mémoire, notamment car elle fait partie d’un collectif appelé « Action Bord’eaux
» (composé de Médecins du Monde Aquitaine, France Libertés Gironde, Architectes Sans
Frontières, Dynam’eau). Dans ce collectif, plusieurs associations agissent pour l’amélioration
des conditions de vie des personnes défavorisées vivant dans les squats, mais aussi pour
l’accès aux ressources vitales pour l’homme.
Carte 1 : Carte du périmètre du terrain de rechercher selon les squats cités lors des entretiens qualitatifs.
Réalisée le 26/05/18, M1 GTDL.
Par la suite, il a été nécessaire de sélectionner un terrain d’études plus précis, car le territoire
de la métropole est vaste et comprend 28 communes. Un focus a donc été réalisé sur la
commune de Bordeaux et celle de Bègles, car c’est sur ce territoire que les squats sont le plus
nombreux.
Bordeaux est la préfecture du de la Gironde et le chef-lieu de la région Nouvelle-
Aquitaine. C’est la commune « siège » de la Métropole. Par ailleurs, cette ville est la neuvième
de France avec 249 712 habitants (2015). En 2010, la ville de Bordeaux compte 239 399
habitants. Dans ce sens, on observe une augmentation de près de 10 000 personne en 5 ans
(augmentation de 10% environ). Enfin, elle est divisée en huit quartiers administratifs sur une
superficie d’environ, 49,36 km². La part des Bordelais qui vit sous le seuil de pauvreté est
d’environ de 18%. Celle-ci est plus faible que celle observée au niveau des autres grandes
villes de France. Les personnes les plus touchées par la pauvreté sont les familles
monoparentales (27%) et les personnes seules (19%). La décision de mettre ces données en
avant montre qu’il y a un lien entre le choix du sujet de recherche sur les squat et la part de
population confrontée à la pauvreté sur le territoire, dans le sens où le squat serait une
alternative au mal logement. De même, il parait évident de faire le lien avec la part de chômage
sur ce territoire soit environ 11%, mais aussi la part de population inactive soit 31,2% en 2014
(Cf. partie « Annexes », page 85).
Bègles est commune périphérique à celle de Bordeaux (au Sud), située dans le
département de la Gironde et de la région Aquitaine. Elle fait partie de la Métropole de
12
Bordeaux. Les habitants et habitantes de la commune de Bègles sont appelés les Béglais et
les Béglaises. Les 24 999 habitants de la ville de Bègles vivent sur une superficie totale de 10
km2 avec une densité de 2 500 habitants par km2 et une moyenne d’altitude de 6 m. Depuis
le dernier recensement de 1999 à 2008, la population est passée de 22 538 à 24 999 et a
fortement augmenté de 10,92%. Les villes voisines sont Floirac, Villenave-d'Ornon, Talence,
Bordeaux, Bouliac. La grande ville la plus proche de Bègles est Bordeaux et se trouve à 4,48
kilomètres au sud-est. La Ville de Bègles s’est engagée, depuis de nombreuses années, dans
la mise en œuvre d’une politique volontariste en direction de certains quartiers en difficultés
dans les domaines de l’économie, du social et de l’éducation notamment. Dans cette
recherche, il parait intéressant de pouvoir faire le lien avec ces aspects de la politique des
villes. Bègles souhaite notamment développer une politique d’accompagnement des
populations, soutenue par l’Etat dans le cadre des dispositifs de la « Politique de la Ville ». De
même que pour Bordeaux, celle-ci possède un taux de chômage de 11,6% en 2014 (Cf. parte
« Annexes », page 86), ainsi qu’un taux de pauvreté à peu près similaire à celui de Bordeaux.
4. Choix de la méthodologie
Tout d’abord, le choix de décomposer cette recherche en trois phase a été fait. Ces
trois phases sont la préparation, le pilotage et le bilan. Pour ce qui est de la méthodologie,
celle-ci fait référence à la réflexion adoptée tout au long de la recherche. A cet effet, la
méthodologie qualitative a été privilégié au terrain d’étude (utilisation de techniques d’analyse
qualitatives). D’une part, il est primordial de faire des choix, et d’autre part, il est nécessaire
d’adapter la méthodologie choisie au terrain d’étude. On peut ainsi parler d’un travail de
recherche « exploratoire » (questionnaire, recherche bibliographique, analyse de données,
…). Les enquêtes constituent une partie essentielle du travail fourni lors du mémoire de
recherche. Dans ce sens, les informations recueillies ont été traité et analysé en fonction des
réponses apportées à la problématique. Le travail de récolte de données est alors important,
cependant il nécessite d’être efficace (au niveau de la gestion du temps), afin de traiter aux
mieux les informations. Cette méthodologie se divise en six phases, toutes liées entre elles.
Par ailleurs, certaines phases seront élaborées conjointement.
Phase n°1 : Recherches bibliographiques et monographie du terrain d’étude
(Du 01/04/18 au 15/04/18)
Avant de démarrer une démarche d’observation sur un territoire, il convient de décrire le territoire de référence afin de disposer d’éléments permettant d’apprécier le contexte et d’inscrire les évolutions relevées dans leur environnement. Cette restitution des données de terrain doit s’inscrire dans un modèle de référence pour les travaux de recherche. Il est en effet nécessaire de connaître les principales caractéristiques d’un territoire avant de s’intéresser à ses habitants.
Dans ce contexte, on peut parler d’une approche monographique dont les objets étudiés sont
d’ordre physique (un territoire), mais aussi d’ordre social (groupes sociaux en particulier). C’est
en quelque sorte, faire l’état des lieux d’un territoire donné tout en mettant en avant les usages
des groupes sociaux sur ce même territoire. La synthèse bibliographique ainsi que les
recherches théoriques effectuées en amont des recherches terrain, constituent un point central
de son déroulement. Elles vont venir orienter les recherches terrain et cadrer les résultats
obtenus au niveau théorique. Cependant, elle reste non exhaustive. De plus, il a été pertinent
d’accompagner cette veille bibliographique avec des articles de presse d’actualité abordant
les mêmes thématiques. Ainsi, cela pourra permettre aux lecteurs de cerner les thèmes
d’étude et les enjeux du territoire. Il s’agit dans ce contexte, d’identifier les notions et concepts
clés, les caractéristiques territoriales de Bordeaux et Bègles, ainsi que les faits sociaux
pouvant être liés à mon sujet de mémoire.
13
Objectifs de la monographie :
- S’interroger sur la construction du territoire, son histoire, ses principales
caractéristiques physiques, afin de planter le cadre. Non seulement au niveau
géographique mais aussi des sciences sociales en général. Trois échelles de territoire
au niveau local ont été privilégié : D’une part, sur les caractéristiques générales de
Bordeaux Métropole, et d’autre part, un focus sur les communes de Bordeaux et de
Bègles.
- Faire l’analyse interne (données liées au cadre de vie sur le territoire) et externe (sur
l’influence, la puissance de cette aire urbaine).
- Recenser les équipements, les dispositifs mis en œuvre, les acteurs de terrain et les
instances partenariales existantes (selon les communes étudiées notamment).
Afin d’affiner ces recherches et de les focaliser sur des squats en particuliers, le choix des
communes « focus » a été essentiel. Dans ce sens, il parait pertinent de focaliser ces enquêtes
terrain dans un premier temps, sur la commune de Bordeaux, puis dans un second temps, sur
celle de Bègles. Les deux critères principaux retenus pour la sélection sont celui du nombre
de squats sur leur territoire et celui des dispositifs mis en place par ces collectivités. En effet,
ce sont les communes qui comprennent le plus de squats, avec Mérignac, sur la métropole.
De plus, ce sont-elles qui ont mis en place le plus de dispositifs à l’égard de des thématiques
de l’accès aux ressources et au logement sur leur territoire. Domaines d’études :
- Données sur la métropole : caractéristiques principales ;
- Données sur l’eau et l’assainissement ;
- Données concernant la population ;
- Données sur l’habitat et le logement.
Phase n°2 : Création d’une enquête qualitative sous la forme d’un questionnaire
(Du 01/04/18 au 31/05/18)
La seconde tâche était d’effectuer une enquête qualitative à l’aide d’un questionnaire
semi-directif. Tout au long des mois d’avril et mai, l’objectif principal a été d’interroger des
acteurs « ressource » situés sur le territoire de Bordeaux, c’est-à-dire des professionnels
travaillant dans le domaine de l’eau, comme la Direction de l’Eau ; des associations travaillant
sur l’accès à l’eau, la santé et les squats (secteur privé : Le Squid, Dynam’eau et Médecins du
Monde) ; des institutions (secteur public : Eau Bordeaux Métropole et le GIP - Bordeaux
Médiation). A travers cette mission fixée, je souhaite étudier et comprendre : quels sont les
phénomènes sociaux ; comment sont perçus les squats ; quelles pratiques et usages pouvons-
nous retrouver dans ces lieux de vie ; quelles initiatives sont mises en place dans ces lieux,
notamment en faveur de l’accès à l’eau potable.
Afin de mener à bien cette enquête, l’objectif a été de faire ressortir l’avis de chaque acteur
sur la question de l’accessibilité à l’eau potable dans les squats en milieu urbain, sur leurs
visions et leurs représentations. Le guide d’entretien est ainsi en adéquation avec la méthode
IDPA (identification, diagnostic, prospective, action), afin de pouvoir traiter les informations de
manière logique et de permettre aux interrogés de pouvoir s’exprimer le plus librement possible
(même si certaines questions vont venir orienter les discussions entre enquêteur/enquêtés),
tout en leur faisant suivre une trame commune. C’est un outil pratique, sous forme de
questionnaire, servant à connaître les points de vue, mais aussi les phénomènes sociaux et
spatiaux du terrain. Cette méthode comprend quatre étapes : Identification ; Diagnostic ;
Prospective ; Action. Par la suite, deux techniques d’analyse ont été employées : L’analyse
14
citationnelle et la matrice CAPE de Vincent Piveteau8. A noter, une partie du dossier de
l’enquête qualitative et du guide d’entretien se trouve en « Annexes » (page 96).
Tout au long des mois d’avril et mai, six acteurs « ressource » situés sur le territoire de
Bordeaux Métropole ont été interrogés dans le cadre de cette enquête. Ce sont principalement
des professionnels travaillant dans le domaine de l’eau. En ce qui concerne le secteur public,
c’est-à-dire les institutionnels et les services publics, les acteurs suivant ont été interrogés :
- La Direction de l’Eau - Bordeaux Métropole : Entretien avec le responsable du
Centre Eau Potable de Bordeaux Métropole, Monsieur M. Mora (M.M.). La Direction
est en charge de la gestion 2013, les services d’eau potable, d’assainissement collectif
et de gestion des eaux pluviales sur le territoire de 23 communes. Depuis, elle porte le
nom de « Eau Bordeaux Métropole ». Le délégataire de ces services sur le territoire
est SUEZ Eau France (contrat de concession). C’est un acteur interne, sont siège est
à Bordeaux et il intervient sur tout le territoire.
- Le GIP - Bordeaux Médiation : Entretiens avec une médiatrice, Madame A.
Kolibarova (K.A.), et un médiateur du GIP, Monsieur D. Dumeau (D.D.). Plus
précisément c’est le Groupement d'Intérêt Public (GIP) Bordeaux Métropole Médiation
et possède deux volet d’intervention, un sur les conflits de voisinage, et un autre sur
les squats. Les médiateurs ont pour mission d’accompagner les occupants des squats,
de favoriser l'accès aux droits et de favoriser l’intégration sociale et professionnelle des
individus. C’est un acteur interne, sont siège est à Bordeaux et il intervient sur tout le
territoire.
Il a été important, lors de cette enquête, de pouvoir interroger des acteurs institutionnels et
publics, car ce sont les premiers concernés par le développement et la transformation des
territoires, mais aussi par l’amélioration des conditions et du cadre de vie des populations.
Dans ce sens, la Direction de l’Eau est directement concernée par la distribution et la gestion
de l’eau potable sur le territoire de la métropole ce qui constitue un élément indispensable pour
cette recherche (mise en application de la politique de l’eau). De même, la vision que possède
l’acteur interrogé, en complément de celle des acteurs associatifs, viendra compléter l’analyse.
Pour ce qui est du GIP, il représente un intérêt, car c’est une structure publique, dans laquelle
des médiateurs travaillent au plus près des squats, sur le terrain. Ils possèdent donc des
relations avec certains squats et possèdent une vision globale de la situation dans ces lieux.
En ce qui concerne le secteur privé, c’est-à-dire les associations et autres organismes
informels, les acteurs suivant ont été interrogés :
- Le Squid (CSA) : Entretien avec un squatteurs présent depuis l’ouverture du squat
(décembre) et participant aux actions du site (Acteur anonyme défini par la lettre A.).
Le Squid, sous forme de collectif, est un Centre Social Autogéré situé à Bordeaux.
C’est un lieu destiné au logement, mais le centre propose aussi des ateliers, des
initiatives liées à l’échange, la solidarité, la lutte contre la précarité et l’exclusion. C’est
un acteur interne.
- L’ONG Médecins du Monde Aquitaine (délégation) : Entretien avec le coordinateur
de la Mission Squats, Monsieur M. Garcia (G.M.). Au niveau de Bordeaux Métropole il
existe deux volets d’actions, un centre d’accueil, de soins et d’orientation avec 91
bénévoles et 5 621 bénéficiaires, puis un volet sur les squats avec 23 bénévoles et 456
bénéficiaires. Ils effectuent des actions ponctuelles, accompagnent les occupants et
8 Vincent Piveteau : Directeur de l'ENSP.
15
réalisent des prises en charge médicales. C’est un acteur interne, sont siège est à
Bordeaux et il intervient sur tout le territoire.
- L’association Dynam’eau : Entretiens avec les salariés, un en charge des missions à
l’international, Monsieur M. Ghesquière (M.G.), et un en charge des missions squats
sur le territoire de Bordeaux Métropole, Monsieur T. Andrieux (A.T.). Créée en 2010,
cette association basée à Bègles œuvre pour l’accès à l’eau potable et à
l’assainissement pour tous et pour la protection de la ressource. C’est un acteur
interne, sont siège est à Bègles et il intervient sur tout le territoire.
Les acteurs privés, tels que les associations et les entreprises, constituent une source
importante pour cette enquête. La vision des association est primordiale, car ils se rendent sur
le terrain et sont en quelque sorte, les portes paroles de la lutte contre la précarité et l’exclusion
dans les squats. Dynam’eau et Médecins du Monde sont impliqués sur les questions d’accès
aux logements, aux ressources vitales et aux droits sur la métropole. De même, le Squid (qui
est un squat) peut constituer un élément précieux pour compléter les données et informations
des autres acteurs interrogés lors de cette enquête.
Par la suite, l’élaboration d’une matrice CAPE a permis d’analyser si les acteurs ont une vision
globale des enjeux étudiés et du contexte des squats et de l’accès à l’eau sur le territoire. Ces
données permettent de définir la situation géographique d’intervention des acteurs interrogés
et leurs rôles/implications sur le territoire. L’objectif est de rendre compte du positionnement
et de l’influence de ces acteurs par rapport au territoire (niveau local) et aux domaines abordés.
Un acteur peut être direct, c’est-à-dire qu’il agit physiquement et directement sur le territoire.
Il peut aussi être indirect, c’est-à-dire qu’il agit indirectement sur la gestion du territoire et
l’influence, par sa posture et ses choix.
La matrice comporte deux aspects à prendre en compte (caractères issus des acteurs) :
- Ce qui est interne (=direct) ou externe (= indirect) ;
- Ce qui est régulateur (agit en autonomie sur le territoire) ou non régulateur (observe
mais n’agit pas directement sur le territoire, des fois individuellement).
La matrice CAPE située ci-dessous, permet de dresser les différents profils d’acteurs
concernés par les thèmes des squats et de l’accès à l’eau, en fonction de leurs actions et leur
influence sur le territoire (leurs rôles).
16
Figure 1 : Matrice CAPE des profils types d’acteurs « ressource » interrogés lors de l’enquête qualitative, Lisa Ducournau, 03/06/18. Inspiré des travaux de Vincent Piveteau (ENGREF) qui a proposé une grille de lecture et de classification pour analyser le jeu des acteurs, appelé la matrice CAPE.
Le nombre d’acteurs concernés par ces questions est important et les contraintes de temps
de l’élaboration du mémoire ont limité la prise de rendez-vous dans l’optique de réaliser
l’enquête qualitative. Cependant, certains acteurs présentent des aspects intéressants tels
que le Cabinet Trajectoire (qui travaille sur l’étude des trajectoires individuelles) ; le collectif
Sherby (collectif militant) ; des habitants et des propriétaires situés sur les communes de
Bordeaux et de Bègles ; des entreprises et plus particulièrement SUEZ Eau France. De même,
il existe un nombre important d’associations travaillant sur ces thématiques, comme par
exemple France Liberté, les Compagnons Bâtisseurs ou bien EUROMS. Enfin, il aurait été
intéressant d’interroger d’autres acteurs institutionnels, tels que la Direction de l’Habitat, un
service d’urbanisme, des élus, mais aussi des communes et dans ce cas présent Bordeaux et
Bègles.
Phase n°3 : Réalisation cartographique (Du 15/04/18 au 30/04/18)
L’objectif suivant été de réaliser une représentation cartographique de la localisation
géographique de différents squats présents dans la métropole de Bordeaux, en fonction des
entretiens de l’enquête qualitative. Le thème des squats sera mis en avant par une
cartographie « thématique ». Il a été nécessaire avant de créer cette cartographie, de dégager
les orientations générales qui sont les piliers du choix de modèle de carte et qui ont servies de
cadre aux données récoltées. A travers le questionnaire des acteurs « ressource », un
recensement de la localisation des squats sur ce territoire a été élaboré, d’une part sous la
forme d’une carte de la localisation générale des squats (dans son ensemble), puis d’une
autre, sous la forme d’une carte focus (sur les communes de Bordeaux et de Bègles). C’est
pourquoi, j’ai décidé d’utiliser, durant les entretiens, une carte de Bordeaux Métropole sous
forme papier qui me permettra de localiser ces squats en collaboration avec les acteurs «
ressource ». Par ailleurs, la carte focus a pour finalité de préciser, de détailler le terrain de
recherche et de concentrer cette recherche sur deux ou trois squats en particulier. La sélection
de ces squats passe par divers critères : la localisation des squats ; le nombre et le type
17
d’individus qui y vivent ; leurs relations avec les associations locales et les institutions…
Cependant, cette partie de la méthodologie doit être concise, dû aux contraintes de temps de
la recherche. La carte réalisée dans la partie « choix du terrain » précise les limites du mon
terrain d’étude (Cf. : carte 1, page 10, partie « Introduction »).
Phase n°4 : Observation et utilisation de la photographie comme outil méthodologique
(Du 15/04/18 au 31/05/18)
Cette phase se divise en deux étapes. La première étape a consisté à observer le
terrain. A cet effet, l’observation « directe » fut privilégiée. Celle-ci permet notamment de
déchiffrer certains phénomènes rencontrés dans les squats. C’est par exemple, le fait de
s’intégrer dans des situations particulières afin de les observer (imprégnation du chercheur au
sein des objets étudiés). L’idée d’être au plus près des objets étudiés permet d’analyser plus
efficacement et plus objectivement les situations observées. Cependant, il est important de ne
pas participer aux actions des groupes observés. Dans ce sens, l’utilisation de cette
méthodologie ne sollicite pas d’employer une technique d’analyse particulière, mais de faire le
lien avec toutes les autres enquêtes effectuées. Ainsi, des fiches d’observation ont été créées
en tant qu’outil de recueil de données. La seconde étape a été d’utiliser la photographie
comme outil méthodologique. Le fait d’utiliser un appareil photographique encourage le
chercheur à « penser aussi avec les yeux » (Maresca9, 1996). Il y a ici un objectif de lier la
sociologie verbale et non verbale. Ces photographies vont venir illustrer les observations
effectuées sur le terrain d‘étude. En conséquence, le public cible fut informé de l’intention
d’utiliser la photographie dans cette recherche. Par ailleurs, l’utilisation d’images permet de
décrire et de représenter non seulement les squats (en tant qu’espace vécu), mais aussi les
phénomènes sociaux qui y résident (voire la situation des individus). Il s’agit en quelque sorte,
de la « photographie réflexive » et de la « photo-documentation ». Cette méthode a été
préalablement préparée et suit des objectifs opérationnels, notamment pour la prise de vue
(thèmes, objets, individus, lieux).
Phase n°5 : Elaboration d’une enquête qualitative sous la forme de témoignages
(Du 01/05/18 au 31/05/18)
Généralement, un témoignage est un récit oral ou écrit effectué par un individu qui a
assisté à un évènement, une circonstance, des paroles. Au sein de cette étude, il a été sollicité
auprès d’individus vivant en squat, pour rendre compte d’une ou plusieurs situations. Il s’agit
pour le témoin de rendre compte de sa propre expérience. Le fait de l’avoir vécue est essentiel.
L'observation peut aussi induire de faire appel au témoignage pour compléter l’analyse
observatoire, car le fait d'observer personnellement tous les phénomènes n’est pas évident.
Le témoignage a le potentiel de « défaire les préjugés et d’amplifier la voix et la visibilité de
groupes sociaux ». L’objectif est d’établir une vérité « tributaire » d’une enquête en faisant
notamment appel à des témoignages. Cependant, le choix d’orienter les discussions à partir
de deux ou trois questions a été fait, dans le but de cerner plus facilement les informations
nécessaires aux réponses apportées à la problématique de recherche. De plus, diverses
difficultés seront à prendre en compte, comme les difficultés liées à l’enregistrement du
discours des enquêtés ou bien les difficultés à communiquer avec les enquêtés (langues
utilisées : français, espagnol ou arabe).
Dans ce sens, il a été intéressant de s’inspirer des travaux de recherche de F. Bouillon sur les
squats. Dans une de ses études, la chercheuse a mis en avant la méthodologie qu’elle a
9 Maresca S. dans « La photographie, un miroir des sciences sociales », Paris, L’Harmattan, 1996, p. 267. // Maresca S. et Meyer M. dans « Précis de photographie à l’usage des sociologues », Questions de communication, 2014.
18
employée, sous la forme d’un tableau (Cf. partie « Annexes », page 87). Par ailleurs, les
témoignages sont anonymes et sont orientés sur : une question sur l’accès l’eau, une sur les
conditions de vie en squat, puis une sur les stratégies de vie qu’ils adoptent. En parallèle,
l’utilisation de la photographie a permis de décrire et illustrer les propos des enquêtés.
Par ailleurs, les citations situées tout au long de ce mémoire vont ainsi permettre d’agrémenter
et de soutenir les propos lors de l’écriture du rapport final. C’est connaître ce que vivent les
squatteurs, leur stratégie de vie et leur trajectoire de vie. Cependant, il a été difficile de pouvoir
parler avec les squatteurs pour qu’ils racontent leur histoire. Dans ce sens, il fut difficile de
pouvoir récolter des témoignages conséquents, notamment sur l’origine des individus.
Phase n°6 : Analyse des informations récoltées
(Du 15/05/18 au 10/06/18)
L’analyse des enquêtes est composée de différentes étapes. Chaque point souligné ci-
dessus ont été analysés. Dans ce sens, l’analyse passera par l’utilisation de différentes
techniques et différents outils d’analyse (respectifs à la méthodologie utilisée) qui me
permettront d’optimiser mon travail. L’enquête qualitative auprès d’acteurs « ressource »
passe par une analyse citationnelle ou bien la matrice CAPE par exemple. De plus, les
analyses ont été mises en commun afin d’apporter des réponses plus complète à la
problématique de recherche. Les résultats de l’enquête qualitative acteurs « ressource » se
trouve dans la partie « Annexes » (page 97).
A cet effet, ce rapport a pour but d’inscrire cette recherche dans un contexte «
scientifique » précis, qui soit valable. De même, il permet de cadrer les hypothèses et objectifs
de recherche, afin d’obtenir des résultats tangibles et acceptables. Ainsi, après avoir
contextualisé le sujet de la recherche et localiser le terrain d’étude. Il parait évident d’aborder
les thèmes principaux de cette recherche à travers les recherches théoriques et les résultats
terrains obtenus, sous la forme de trois grandes parties. La première partie concerne le
contexte général et cadre juridique : l’accès à l’eau potable et les oubliés de l’eau en France,
le cas de Bordeaux métropole. Dans ce sens, la construction de la gestion de l’eau potable, le
concept d’accès à l’eau potable, ainsi que les différents publics touchés par ces thématiques
seront abordés. La seconde partie porte sur l’axe de recherche : de la sociologie urbaine au
cadre situationnel des squats en milieu urbain. A cet effet, de nombreux concepts clés seront
abordés tels que celui de la précarité, de la ségrégation ou bien de l’exclusion par exemple.
Par ailleurs, le cas des squats sera abordé dans une dernière sous-partie. Enfin, la troisième
partie met en exergue un focus sur les populations immigrées dans les squats : entre
mobilisation et stratégies de vie au quotidien. Dans ce sens, les notions de conditions de vie,
de stratégies de vie au quotidien et de mobilisation seront abordés.
19
Partie I - Contexte général et cadre juridique : l’accès à l’eau
potable et les oubliés de l’eau en France, le cas de Bordeaux
métropole
Les services de l’eau potable en France travaillent principalement en collaboration avec
des délégataires (contrat de concession). Dans ce sens, on peut dire que l’autorité publique
en charge de la question de la gestion de l’eau potable possède le « monopole ». Néanmoins,
et au même titre que l’agriculture ou la gestion d’une autre ressource par exemple, les
communes en chargent de cette gestion doivent respecter des directives internationales. A cet
effet, cette partie met en exergue la construction de la gestion de l’eau en France et plus
particulièrement en métropole, mais aussi le concept d’accès à l’eau potable.
A. La construction de la gestion de l’eau en France à partir du 19ème
siècle
Selon G. Payen, dans son ouvrage « De l’eau pour tous. Abandonner les idées reçues
et affronter les réalités » (2013), le manque d’eau dans certaines régions du monde se fait
sentir. On parle d’une inégale répartition de la ressource en eau. Sont notamment mis en
cause : la croissance démographique, les activités industrielles et agricoles. Par ailleurs, cette
diversité des usages est peu prise en compte au niveau des politiques publiques au niveau
local. L. Baechler dans « L’accès à l’eau. Enjeu du développement durable » (2015), ajoute
que l’eau constitue un enjeu de développement durable. Elle est devenue peu à peu un droit
fondamental pour l’humanité. Pour L. Baechler, c’est au niveau local que les difficultés et les
solutions émergent.
En parallèle, R. Barbier et A. Roussay, dans « Les territoires de l’eau potable. Chronique d’une
transformation silencieuse 1970 à 2015 » (2016), affirment que la distribution de l’eau potable
en France au niveau local pose de réelles difficultés. En effet, elle s’effectue selon un maillage
d’une grande envergure sur les territoires communaux. C’est réellement à partir du XIXème
siècle que la gestion de l’eau à vue le jour à travers notamment la création de la politique de
l’eau sur tout le territoire national. Ainsi, ce service complexe voit de nouveaux enjeux
apparaître comme celui de la « sécurité en eau » que ce soit au niveau de son accessibilité
pour tous, mais aussi de la préservation. Dans ce sens, la gestion de la ressource se doit
d’être pluridisciplinaire, afin d’apporter de la cohérence et un certain équilibre dans sa
distribution et son utilisation. À travers ses travaux, G. Payen met en exergue les freins liés à
la prise de décision et la mise en œuvre d’action sur l’accessibilité à l’eau potable sur les
territoires : la méconnaissance des enjeux et des instruments, la difficulté de compréhension
des processus parfois très technique et le manque d’investissement (dans la mise en place
d’équipements) sont remis en cause. Il met aussi en évidence les préjugés qui entravent les
actions dans ce domaine, mais aussi les solutions permettant de palier les freins et les enjeux
engendrés par ces déséquilibres, ce qui montre une volonté politique de mettre en place des
politiques publiques adaptées sur les territoires en matière d’accès à l’eau. Un exemple est
cité dans son ouvrage, celui de la mise en place de politiques tarifaires adaptées pour assurer
l’entretien des réseaux d’adduction dans des conditions sociales acceptables et la volonté
politique de lutter contre la pollution de l’eau.
À partir de la fin du 20ème siècle, de nouveaux instruments de l’action publique et un
nouvel agencement territorial sont mis en place. Actuellement, de nouvelles réformes vont
venir accentuer et renforcer ce processus, notamment dans les pôles urbains, les grandes
20
villes et les intercommunalités. Ce sont à ces instances de conjuguer « sécurité en eau » et
rationalisation, selon R. Barbier et A. Roussay. A cette même période, nous avons fait face à
un phénomène de « recomposition des services publics de l’eau potable ». En parallèle, il y a
une apparition de nouveaux acteurs qui interviennent dans le but de rationaliser l’eau potable
sur les territoires. Ce processus en lien avec les politiques locales est porté par différents
acteurs comme ceux « des services de l’État, des départements, des bassins versants ou bien
des régions » (selon les chercheurs).
Pour S. Ghiotti, dans « Les territoires de l’eau et la décentralisation. La gouvernance de bassin
versant ou les limites d’une évidence » (2006), la distribution et la gestion de la ressource en
eau passe par la mise œuvre d’une politique territoriale de l’eau en France. Elle est au cœur
de l’aménagement et du développement des territoires. Il parle notamment « d’une approche
fonctionnaliste par bassin versant ». Avec le temps, « les politiques de l’eau sont
progressivement devenues de moins en moins sectorielles et de plus en plus globales ». En
parallèle, la multiplicité des centres de pouvoir et la diversité des échelles d’intervention
participent à la généralisation de la contractualisation au niveau de la gestion de l’eau. À partir
de 1960, le modèle traditionnel se transforme, notamment avec la création de la loi sur l’eau
au niveau national puis local (1964) et avec l’instauration du Schéma d’Aménagement et de
Gestion des Eaux (SAGE) en 2000 à l’échelle européenne. Les travaux de S. Ghiotti mettent
en avant divers exemples permettant de montrer que ces logiques de décentralisation et de
privatisation participent à la construction de territoires de l’eau multiples (ASH, Département,
Bassins Hydrographiques…). Le schéma ci-dessous nous permet ainsi de visualiser les points
forts qui ont marqué la construction des politiques de l’eau en France, dans son ensemble.
Figure 2 : Tableau de l’évolution des politiques de l’eau de la fin du 19ème siècle à nos jours (créé par Lisa Ducournau).
Dans un même temps, les Agences de l’eau ont été créées depuis la loi de 1964 et font part
à l’évolution organisationnelle de la gestion de l’eau en France. Le principal tournant se
manifeste ainsi à partir des années 90 au niveau de toutes les échelles territoriales, selon S.
Ghiotti. Les politiques de l’eau intègrent désormais le phénomène « d’impératif milieu » ce qui
bouleversa les approches en termes de gestion. C’est l’apparition des « références
systémiques » et des bassins versants. Ces « politiques se sont construites autour des
principes de la trans-territorialité et de la trans-sectorialité », selon Ghiotti, avec le SDAGE et
le SAGE par exemple. À cette période, « l’approche par bassin apparaît comme une réponse
à la complexité territoriale à l’œuvre ». Cependant, les liens entre eau et développement
21
montrent que les bassins versants se trouvent rattrapés par une logique pluridisciplinaire avec
des influences politiques, administratives, environnementales et socio-économiques. Les
bassins sont issus d’une « approche fonctionnaliste traditionnelle » qui s’est renforcée par une
recomposition organisationnelle et politique dans l’espace. Dans ce sens, les collectivités
mettent en place des stratégies afin d’optimiser les services de l’eau sur leur territoire.
Cependant, d’autres collectivités souhaitent devenir indépendantes en matière de gestion de
l’eau, nous pouvons alors supposer qu’elles ont les moyens pour sa mise en œuvre. « À côté
DU territoire de l’eau (ré)émergent ou se constituent DES territoires de l’eau » (Ghiotti). Le
territoire possède un nouveau statut. Il y a ici, une mise en évidence du rôle central de l’eau
par le biais du processus de territorialisation, c’est « l’ensemble des procédures à travers
lesquelles un territoire se forme et évolue » (Turco10, 1997). Ce rôle influe sur l’organisation,
l’appropriation de l’espace, les représentations et la structuration des relations socio-
économiques au niveau local. De plus, la territorialisation encourage notamment les territoires
à s’approprier cette ressource. La gestion territoriale de l’eau se manifeste alors sous formes
multiples, avec des échelles et des découpages spatiaux divers. Dans ce sens, on peut
conclure que le droit de l’eau est constitué d’un ensemble de politiques publiques, qui
n’existaient pas il y a quelques décennies. A cet effet, nous avons assisté à l’émergence de
nombreux textes de loi, de directives et de codes officiels, par exemple. Le tableau ci-dessous
permet de dresser une liste (non exhaustive) de quelques textes de loi ayant contribués à la
construction de la gestion de l’eau et des politiques publiques. Ce tableau a été élaboré par B.
Drobenko, dans son ouvrage « Le droit à l’eau : une urgence humanitaire » (2012). Par ailleurs,
d’autres évènements vont venir marquer cette construction, comme la Déclaration Universelle
des Droits de l’Homme ou bien sommet de la Terre de Rio de Janeiro (1992). Ainsi, le
tableau ci-dessous témoigne de quelques-uns de ces évènements.
Tableau de la liste des textes et conventions abordant les thèmes du droit, de l’accès
à l’eau potable et à l’assainissement, au niveau international.
1977 Conférence des Nation Unies sur l’eau à Mar del Plata
1979 Convention Internationale sur le droit des femmes, article 14
1989 Convention relative aux droits de l’enfant
1990 Charte de Montréal
1996 Conférence de Vancouver, Habitat
1997 Convention de New York, article et point 59
2004 Résolutions du Conseil de l’Europe
2006 Convention relative aux droits des personnes handicapées, article 28
2010 Déclaration de la Haute Représentante, Catherine Ashton, au nom de l’Union Européen, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau
2010 Résolution des Nations Unies, article A/RES/64/292
2011 Conférence d’Istanbul Nation Unie Figure 3 : Bernard Drobenko, Le droit à l’eau : une urgence humanitaire, éditions Johanet, 2012, Paris. Source : www.editions-johanet.com
Dans le cadre de cette recherche, il est alors important de faire un état des lieux de la
gestion de l’eau sur le territoire de Bordeaux Métropole. L’objectif est notamment de cerner
plus facilement les orientations et les capacités que possède la métropole en ce qui concerne
la gestion de l’eau et l’assainissement. Le service de l’eau est assuré par Bordeaux Métropole
en collaboration avec le délégataire SUEZ Eau France (auparavant appelée la Lyonnaise des
eaux). La Direction de l’eau est chargée par la métropole de s’occuper de l’organisation du
service et s’assurer du bon fonctionnement du réseau (maîtrise d’ouvrage), en
complémentarité, SUEZ se charge de la distribution et de la maintenance du réseau public
10 A. Turco, dans son ouvrage « Aménagement et processus territoriaux : l’enjeu sémiologique », 1997.
22
d’eau (exploitation du service). Les revenus issus des abonnements des consommateurs sont
destinés à SUEZ. Dans ce sens, Bordeaux Métropole (la Direction de l’eau) ne bénéficie
d’aucun revenu du service de l’eau, mais finance des projets. Ce fonctionnement est issu d’un
contrat de concession. Celle-ci travaille sur vingt-trois communes de la métropole à travers la
« marque Eau Bordeaux Métropole ». Cependant, cinq communes ne sont pas desservies par
le réseau car elles font toujours parties de certains syndicats comme le syndicat d'alimentation
de Carbon-Blanc (Bassens, Ambarès-et-Lagrave, Carbon-Blanc, Artigues-près-Bordeaux) le
syndicat intercommunal de Saint-Jean-d'Illac-Martignas (SIAEA). Dans ce contexte, la carte
située ci-dessous permet de mettre en évidence les capacités de réserve d’eau sur le territoire
de la métropole. Par ailleurs, ces données sont mises en lien avec la topographie Hydrologique
de la métropole, c’est-à-dire l’eau de type : Fleuve, Ruisseau, Canal, Lac, Bassin public,
Bassin de rétention...
Carte 2 : Carte des axes d’eau permanents, selon les données hydrologiques de la métropole de Bordeaux.
Réalisée le 08/04/18, Lisa Ducournau.
Seul les cours d’eau permanents et les eaux de surfaces sont représentés sur cette carte, les
données sur les axes du réseau d’eau potable ne sont pas diffusées. De même, pour les
données sur l’accès à l’eau potable, selon le Responsable du Centre eau de la Direction de
l’eau. Dans ce sens, il parait évident de définir ce qu’est l’eau potable. Selon l’OMS, l'eau
potable est « celle dont la consommation est sans danger pour la santé. Pour que l'eau soit
qualifiée de potable, elle doit satisfaire à des normes relatives aux paramètres organoleptiques
(odeur, couleur, turbidité, saveur), physico-chimiques (température, potentiel d'hydrogène
(PH) etc.), microbiologiques (coliformes fécaux et totaux streptocoques fécaux etc.), des
substances indésirables et toxiques (nitrates, nitrites, arsenic, plomb, hydrocarbures etc.). »
De plus, des limites de contenances ont été mises en place afin de rendre l’eau potable. En
parallèle, nous pouvons remarquer que Bordeaux et Bègles se trouvent à proximité du fleuve
de la Garonne qui est l’axe principal du territoire. Il constitue notamment une source de
captage et de lieu de rejet d’eaux usées après traitement. De plus, on peut remarquer que ces
communes possèdent moins de cours permanents sur leurs territoires, que les autres
communes de la métropole. Pour ce qui est de l’ensemble du territoire de la métropole, les
23
équipements compris dans le réseau public d’eau (Cf. partie « Annexes », page 88) sont les
suivants :
- 13 châteaux d’eau ;
- 15 réservoirs au sol ;
- 3000 km de canalisations ;
- 100 captages d’eau potable ;
- 170 000 m3 d’eau distribués en moyenne chaque jour ;
- 55 millions m3 d’eau emmagasinées sur le territoire par an ;
- 41 millions m3 d’eau consommées par an ;
- Prix de l'eau au m3 : 1,56€ (soit 0,00156€/L) ; - Prix de l'abonnement annuel : 58,81€ ; - Prix de l'assainissement au m3 : 1,48€ (soit 0,00148€/L).
Par ailleurs, les aménagements des quais de la Garonne ont conduit à une réappropriation du fleuve par les populations. Cet espace est au cœur de la vie des bordelais. Dans ce sens, la métropole assure l’entretien et l’aménagement de 32 km de berges dont elle est propriétaire. Ainsi, la fréquentation de plus en plus forte des berges de la Garonne montre que l’eau est enjeu pour la métropole, notamment dans le montage de projets.
Dans ce contexte, le responsable du centre eau potable de la Direction de l’eau explique que
leur « mission est d’assurer le suivi et le contrôle du contrat de délégation du service public de
l’eau potable. » (2-M.M.) Ce contrat de concession montre que la Direction de l’Eau, n’est pas
seule à travailler sur ces thématiques. Il faut que ces structures puissent s’accorder avant
d’entreprendre une action, une mise à l’agenda. Cependant, à partir de 2022, l’autorité
organisatrice sera la Direction de l’Eau et le fonctionnement du service de l’eau va évoluer.
On parle d’un contrat d’affermage. De même, elle travaille en collaboration avec l’Agence de
l’Eau Adour-Garonne « qui possède des compétences quant au financement de projet,
d’équipement sur tout son territoire, mais aussi qui accompagne les collectivités. » (3-M.M.)
Depuis 2015, les compétences de la métropole quant à la gestion concentrée et la politique
de l’eau avec la loi MAPTAM. Concernant la consommation de l’eau sur la métropole, deux
chiffres sont à retenir : Prélèvement de 50/55 millions de m3 d’eau par an ; Consommation 41
millions m3 par an sur le territoire.
Pour ce qui est de l’assainissement, il existe deux volets selon la Direction de l’eau, un sur
l’assainissement collectif et un autre sur l’assainissement individuel. L'assainissement est un
processus de traitement des eaux usées (venant de tous les usagers de l’eau), après ce
traitement ces eaux sont ensuite rejetées dans les milieux naturels. Sans assainissement
décent et de base, les populations sont plus vulnérables aux maladies notamment dû au milieu
dans lequel elles vivent et aux conditions sanitaires insalubre. Cette partie ne fera l’objet que
d’un bref constat sur le système d’assainissement pour des raisons de contraintes de temps
et par manque d’informations (transparence des données auprès du public, des usagers). On
peut remarquer sur la carte ci-dessous, que le réseau de collecte des eaux usées est
principalement concentré sur la commune siège de la métropole qui est Bordeaux et sur les
communes voisines, comme Bègles par exemple. De même, pour les stations d’épurations.
Ces données sont notamment en lien avec le volume de consommation d’eau sur le territoire
et sur la concentration urbaine située sur la commune centrale et les communes avoisinantes.
24
Carte 3 : Carte du réseau de collecte des eaux usées ainsi que de la localisation des stations d’épuration de la
métropole. Réalisée le 08/04/18, Lisa Ducournau
Par ailleurs, l’espace urbain de la métropole comprend 87 toilettes publique et quelques bornes
fontaines, selon Dynam’eau, ce qui montre que le territoire est équipé et possède des
possibilités. Cependant, ils sont en nombre insuffisant alors que le nombre de personnes
n’ayant pas de logement augmente chaque année. «
Heureusement qu’il y a des toilettes publiques et des bains-
douches sur les communes de la métropole. En revanche, ils sont
en nombre insuffisant » (15-G.M.) Ces phénomènes font
actuellement polémiques et sont des enjeux pour les territoires. Il y
a « une émergence des problématiques liées à l’accès à l’eau de
la part des collectivités sans pour autant qu’il y ait de véritables
actions. » (15-G.M.) Les institutions prennent en considération
certaines sollicitations, mais il y en a peu. De même, les services
publics rencontrent des difficultés quant à l’entretien de ces
équipements publics. Néanmoins, les communes de Bordeaux,
Mérignas et Bègles semblent être les plus impliquées et motivées
dans ces thématiques : « Constructions de trois établissements
prioritaires d’insertion […] ; mise en place d’actions sociales […] ;
élaboration de réunions multi acteurs […] » (17-A.T.). Cependant,
elles focalisent leurs efforts sur un certain type de public (jeunes
mineurs isolés, population Rome et Bulgare), selon Dynam’eau. De
même, on remarque que les services de l’eau, tels que SUEZ ou la
Direction de l’Eau sont plus flexibles quant aux raccords au réseau
public sur une propriété privée. Il y a donc une réelle volonté des
institutions et des services de l’eau d’améliorer les conditions de vie des populations. Ainsi, de
plus en plus d’acteurs commencent à s’intéresser à ces thématiques. Nous pouvons prendre
l’exemple du collectif Action Bord’eaux créé par Médecins du Monde Aquitaine, Dynam’eau,
France Libertés Gironde, etc. Ce collectif souhaite notamment garantir l’accès à l’eau potable
pour tous, améliorer l’accès aux bornes fontaines et l’offre de toilettes publiques. Cependant,
le manque de financements et de soutiens vient freiner la mise en place d’actions. Les
Figure 4 : Borne fontaine, rue du Puits Descazeaux à Bordeaux. Prise le 10/05/18, Lisa Ducournau
25
interventions dans les squats sont limitées, « Dynam’eau a besoin de soutiens, de
financements, de temps et de compétences […]. » (16-G.M.) Il existe une cinquantaine de
squats sur la métropole et l’accompagnement des associations est difficile à couvrir par
manque de moyens et de compétences. « Il y a encore plusieurs centaines de personnes […]
qui n’ont toujours pas accès à l’eau. » (16-G.M.) De même, le soutien des institutions est
nécessaire.
On peut alors supposer que ce territoire est sujet à des dérives quant à l’accès à l’eau potable,
notamment par l’utilisation de branchements sauvages. Comme expliqué plus haut, les
branchements aux bouches à incendie sont le plus couramment utilisées par les squatteurs.
L’avantage selon la Direction de l’Eau, vient de la facilité à se raccorder au réseau. Concernant
les toilettes publiques, celle-ci estime que ces équipements sont en nombre insuffisant au sein
de l’espace urbain. C’est donc une réalité, d’une part, car il y a la possibilité de développer ces
équipements, de les multiplier, et d’autre part, car il y a une réelle demande et que les acteurs
locaux ont consciences des besoins qui existent.
La gestion de l’eau reste difficile à mettre en place pour les services publics, d’une part
car c’est une ressource « primaire » qu’il faut entretenir, elle est renouvelable à un certain
seuil, puis d’autre part car c’est un droit fondamental pour l’humanité. Dans ce sens, les
services et délégataires doivent travailler ensemble, en concertation, afin d’améliorer et de
rendre plus efficace le réseau d’eau public. Dans ce sens, la gestion de l’eau implique
nécessairement de penser à l’accessibilité et la distribution de la ressource en eau sur les
territoires. Néanmoins, un facteur essentiel vient freiner l’amélioration de l’accès à l’eau, son
coût. De plus, il est lié à d’autres facteurs, tous transversaux.
B. Du concept d’accès à l’eau potable à sa distribution
L’accessibilité à la ressource en eau reste un problème majeur pour tous les pays du
monde entier, notamment dû à sa disponibilité ou à son coût. Pour ce qui est du coût, le prix
de l’eau varie en fonction du pays, du territoire, de la ville, etc. L’accès à l’eau potable est
défini, selon l’OMS, comme « la plus ou moins grande facilité avec laquelle on peut accéder à
une source d'eau potable. Il se décline en termes de disponibilité de la source, de permanence,
de distance qui sépare le ménage de son point d'eau, soit moins de 200m. » (OMS, 2003)
Certains freins peuvent aussi compromettre la potabilité de l’eau comme les rejets d’eaux
usées en milieu naturel, l’utilisation de pesticide au niveau agricole, le mode d'accès ou les
conditions de stockage par exemple. Par ailleurs, l’OMS et l’UNICEF (2007) explique que ce
concept fait référence à « la proportion de la population ayant accès de façon durable à une
source d’eau améliorée (zones urbaines et rurales) est le pourcentage de la population qui
utilise l’un quelconque des types d’équipements suivants d’approvisionnement en eau de
boisson : eau courante, fontaine publique, forage ou pompe, puits protégé, source protégée
ou eau de pluie. Ne sont pas considérées comme des sources d’eau améliorées, l’eau fournie
par un vendeur, l’eau en bouteille, l’eau fournie par un camion-citerne ou les puits et sources
non protégés. » En résumé, il s’agit du fait qu’une population puisse se rendre et utiliser un
point d’eau se retrouvant en adéquation avec toutes les normes en vigueurs concernant la
potabilité de l’eau. Dans ce sens, le schéma ci-dessous F. Fournet11 illustre d’une manière
simple les relations entre l’accessibilité à l’eau et les enjeux socio-sanitaires, en particulier au
niveau individuel.
11 Dr. Florence Fournet, Université de Ouagadougou, 2006-2007.
26
Figure 5 : Relations entre l’accessibilité à l’eau et les enjeux socio-sanitaires. Source : Fournet, Florence. Rican, Stéphane. Vaillant, Zoé. Roudot, Anna. Meunier-Nikiema, Aude. Kassié, Daouda. Dabiré, Roch. Salem, Gérard. (2016) The Influence of Urbanization Modes on the Spatial Circulation of Flaviviruses within Ouagadougou (Burkina Faso). International Journal of Environmental Research and Public Health, 13. DOI: 10.3390/ijerph13121226. Source: http://journals.openedition.org/eps/1519#quotation
Dans ce sens et depuis les années 2000 environ, on remarque une volonté d’améliorer l’accès
à l’eau potable et à l’assainissement de la part de certains organismes, de même cet aspect
figure parmi les objectifs de développement durable. D’après un rapport commun de l’OMS et
de l’UNICEF, « 2,1 milliards de personnes, soit 30 % de la population mondiale, n’ont toujours
pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable et 4,4 milliards, soit 60 %,
ne disposent pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité » (2017). Au même
titre, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels stipule que « le
droit à l’eau implique un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût
abordable, d’une eau saine et de qualité pour tous les usagers » (1976). De plus, le droit à
l’eau induit de parler du droit à l’assainissement. Dans ce sens, nous pouvons retrouver cet
aspect dans les droits fondamentaux de l’humanité, au même titre que le droit à la vie et à la
dignité, le droit au logement ou bien le droit à la santé par exemple. Ce sont notamment ces
évènements, Assemblée générale des Nations Unis, la Commission des Nations Unis et la
Conférence de Rio, qui ont marqué la construction de ce concept. C’est aux institutions et donc
aux gouvernements, de mettre en place des règlements, de la législation, de la politique et
des stratégies, afin d’assurer la mise en œuvre du droit à l’eau sur le territoire. Dans ce sens,
le droit à l’eau peut être mise en œuvre de différentes manières, cependant, il doit faire l’objet
d’une définition des droits et obligations de chaque partie prenantes en direction de tous les
usagers. Par ailleurs, Baechler12 parle « d’accès à l’eau comme un défi quotidien » (dans le
sens d’un accès décent à des sources améliorées d’eau potable pour tout ménage vivant sur
le territoire français). Selon l’auteur, cela constitue non seulement une nécessité vitale pour
les populations, mais c’est aussi un droit pour l’être humain.
« Le droit d’accéder à l’eau potable dans des conditions économiquement
acceptables par tous institué en France par la loi sur l’eau et les milieux
aquatiques du 30 décembre 2006 constitue un enjeu majeur. Les élus
locaux, de par leur proximité avec les citoyens, peuvent porter une
attention particulière aux personnes les plus démunies, qu’il s’agisse de
personnes rencontrant des difficultés pour payer leur facture d’eau ou de
celles privées d’une desserte en eau : sans-abri ou en logement précaire,
gens du voyage, forains mais aussi, plus largement, touristes et
promeneurs. Cependant, malgré leur bonne volonté, des difficultés
normatives et techniques contraignent parfois les élus à fermer des
fontaines d’eau potable ou des toilettes publiques. » Jacques Pélissard,
12 Baechler L. dans « L’accès à l’eau, enjeu majeur du développement durable », 2017.
27
président de l’Association des maires de France / Odile Gauthier, directrice de
l’eau et de la biodiversité.
Cette citation de J. Pélissard est particulièrement intéressante, dans le sens où il représente
l’association des maires de France. En effet, les institutionnels en collaboration avec des
délégataires, jouent un rôle important dans la construction et la gestion du réseau d’eau public
et donc indirectement de l’accès à l’eau potable. Il y a une volonté de la part de ces acteurs,
cependant des facteurs peuvent freiner les initiatives d’amélioration de l’accès à l’eau potable
pour tous, en milieu urbain. Par ailleurs, cela peut générer des enjeux sur le territoire, que ce
soit au niveau social, sanitaire ou bien environnemental. Certains facteurs sont notamment
cités, les « difficultés normatives et techniques » des services publics, mais nous pouvons
aussi penser aux contraintes financières.
Le fait d’exercer une fonction au sein d’un service public impose de suivre des directives, des
politiques et des orientations politiques, ce qui peut contraindre le montage d’actions (ex :
installation d’un compteur pour des populations en situation de précarité). Dans le cadre de
l’enquête qualitative, la Direction de l’Eau expliquait que le « principe d’égalité, d’équité entre
les usagers et l’eau qui est utilisée doit être comptabilisée et facturée au même prix pour tout
le monde. » (1-M.M.) Dans ce sens, l’eau à un prix et n’importe quel usager doit assurer son
paiement. De plus, le service de l’eau utilise des offres tarifaires dissuasives selon des
tranches de consommation d’eau. Pour l’acteur interrogé, « les thématiques de l’accès à l’eau
et des squats ont effectivement un lien de près ou de loin avec la gestion concentrée de la
ressource et la politique de l’eau […], la compétence de défense extérieur contre l’incendie »
(1-M.M.). Ce qui montre que ces phénomènes doivent être pris en compte par les institutions,
car ce sont elles qui influent le plus directement sur le territoire et mettent en place les
politiques publiques. On peut notamment penser à l’amélioration des conditions et du cadre
de vie des habitants de la métropole. Un exemple illustre bien ces phénomènes, celui de
l’utilisation sauvage des bornes à incendie : « c’est une utilisation vertueuse. […] elle n’est pas
comptée et d’autre part, une mauvaise utilisation de l’appareil peut nuire à son bon
fonctionnement, […] » (1-M.M.) Ces branchements sauvages sont ainsi qualifiés d’illégaux
pour le service de l’eau. Afin de pallier l’absence de paiement des factures par les usagers les
plus précaires, la Direction de l’Eau a notamment mis en place des chèques Eau (conditions
d’éligibilité). Au niveau social, on remarque que le service de l’eau met en place des aides
auprès de certains usagers ayant un abonnement (critère d’éligibilité). Dans ce sens, elle
bénéficie d’un budget de 400 000 euros afin de porter des initiatives concernant la lutte contre
la précarité. Cependant, « c’est toujours en expérimentation avec la création de la loi Brottes13
eau. » (2-M.M.) De plus, il finance des projets de solidarité internationale et de coopération
décentralisée. Cependant, ces projets ne sont pas destinés aux habitants de la métropole. «
[…] l’eau dans la ville, les squat, l’accès à l’eau pour les populations, il faut encore plus les
prendre en compte aujourd’hui. » (3-M.M.)
Comme le stipule le règlement du service de l’eau, « […] si un usager souhaite avoir accès à
l’eau, les services de l’eau seront là pour assurer le raccordement. » (8-M.M.) Dans ce sens,
les usagers doivent payer les factures pour avoir accès à l’eau potable. Selon la Direction de
l’Eau, il n’existe pas d’autres solutions que celle-ci. D’autres alternatives existent comme la
construction de toilettes mobiles ou de borne fontaine à proximité, par l’aide d’associations par
exemple. « […] faire pérenniser un squat, ce n’est pas une solution non plus, même si c’est
mieux que de vivre dans la rue. » (8-M.M.) Selon les services de l’eau, le fait de maintenir ces
squats n’est pas une solution pour les occupants, cependant, c’est plus sécurisant pour eux
de vivre dans la rue. L’acteur interrogé est aussi celui qui s’occupe des dossiers squat pour ce
13 Loi Brottes de 2013 : Interdit les coupures d’eau potable en cas de factures impayées, dans le cas où la personne a souscrit à un abonnement (article L115-3 du Code de l’action sociale et des familles).
28
qui est l’accès à l’eau. D’autres services peuvent être sollicités au niveau de Bordeaux
Métropole, comme celui de l’habitat. Selon le responsable du centre eau potable, le fait de
mener des actions est issue d’une décision politique. Ces problématiques sont récentes. « […]
je maintien que le politique doit être force de proposition pour trouver des solutions […] c’est
aussi à nous technicien de l’être auprès des élus. […] il y ait une décision politique qui doit
acter de ces orientations. » (10-M.M.) Au même titre que les propos de Dynam’eau, l’inscription
de ces questions auprès de décisionnaires n’existe que depuis trois ans environ. Il est
important d’impliquer les politiques, les élus dans ces thématiques, afin que tout le monde
puisse travailler ensemble, mais aussi aller vers l’amélioration des conditions de vie dans les
squats et pour les populations de la métropole.
Dans ce sens, il parait intéressant de pouvoir identifier les individus ayant accès à l’eau et
ceux n’ayant pas accès à cette ressource. Dans ce contexte, un outil d’évaluation des services
d’eau a été créé par WashCost et le Centre international de l'eau et de l'assainissement (IRC).
Cette application permet depuis 2008 à certains acteurs, comme des entreprises, des
donateurs et des associations par exemple, de pouvoir évaluer les services d'assainissement
et d'eau du coût de l’eau et d’échelle. Ces différentes échelles correspondent à différents
niveau (d’ordre qualitatif et non quantitatif) de progression d’accès à l’eau et de service auprès
des usagers. Ainsi, cela pourrait permettre d’adapter les actions de chaque acteur vers une
préservation et un accès à la ressource raisonné.
Figure 6 : Échelle de niveaux de service en eau potable (raccordé au réseau public)
Cependant, cette application peut être contestable, car elle ne prend en compte que des
aspects techniques simples. Le fait de rencontrer plusieurs facteurs peut influencer le niveau
d’accès à l’eau des individus, mais aussi la qualité de l’eau, et ces facteurs sont notamment
sociaux, sanitaires, environnementaux et économiques. Dans ce sens, son utilité se retrouve
dans la définition des niveaux de services. Par ailleurs, le Global Water Supply and
Assessment Report de 2000 soutien le fait d’introduire un quotas minimum d’eau par individu,
dans la définition du concept d’accès à l’eau, en voici un extrait : « disponibilité de 20 litres par
tête et par jour à une distance inférieure à 1 000 mètres ». La notion de disponibilité est alors
mise en avant, alors que les précédentes définitions parlaient plutôt de qualité et de quantité
(concernant l’utilisation de l’eau). Pour résumer, l’accès à l’eau potable concerne la part de la
29
population pouvant avoir accès, dans de bonnes conditions, à un approvisionnement suffisant
en eau potable, au domicile ou à proximité de celui-ci (moins de 200 mètres). En France,
certains organismes nationaux comme le CNE (Comité National de l’Eau), ont la volonté de
tendre vers l’amélioration de l’accès à l’eau potable pour les population en situation de
précarité. Selon André Flajolet, président du Comité national de l’eau (CNE), « La loi sur l’eau
et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 a introduit le droit à l’eau dans notre législation.
Ce principe a été complété par l’adoption de diverses mesures pour faciliter l’abonnement aux
services d’eau, comme l’interdiction des dépôts de garantie ou des demandes de caution.
Mais, face à des situations d’urgence, d’autres mesures s’imposent pour permettre à chacun,
notamment aux personnes en grande précarité, de disposer d’un minimum vital d’eau potable
et d’équipements pour l’hygiène. Car, parmi tous les services essentiels, l’eau est celui dont
on peut le moins se passer. » (2012) Au même titre, nous pouvons citer la Loi (n° 2011-156)
du 7 février 2011, relative à la solidarité dans les domaines l’eau potable et de
l’assainissement. Par ailleurs, en juin 2011, le comité national de l’eau a émis l’avis suivant
concernant l’accès à l’eau des personnes qui en sont exclues : « Le Comité national de l’eau,
ayant pris connaissance du rapport et du projet d’avis préparé par le Comité consultatif sur le
prix et la qualité des services d’eau et d’assainissement, […] constate que l’accès à l’eau et à
l’assainissement n’est pas garanti pour les personnes sans domicile identifié, les gens du
voyage et sans-abri, […] souhaite qu’un guide des pratiques en matière d’accès à l’eau et à
l’assainissement des exclus soit mis à disposition des collectivités d’ici 2012 afin
d’accompagner les collectivités désireuses de s’investir sur la question de l’accès à l’eau pour
les personnes qui en sont exclues. » (Délibération n° 2011-02) Dans ce sens, on peut
remarquer que certains publics n’ayant pas un « domicile identifié » n’ont pas accès à l’eau de
façon permanente.
En France, le fait d’avoir accès à l’eau peut impliquer d’avoir un logement, or pour
certaines populations en situation de précarité ce n’est pas le cas. Elles sont souvent
contraintes de trouver d’autres alternatives. Par ailleurs, le fait de penser « accessibilité à l’eau
potable » a d’abord impliqué de parler de la qualité et de la quantité d’eau. Cependant, d’autres
facteurs sont à prendre en compte notamment au niveau des équipements, des besoins des
populations et de la distance à parcourir pour avoir un point d’eau. De même, l’offre
d’équipement et de points d’eau dans l’espace public est insuffisant au sein de la métropole,
sont notamment remis en cause le manque d’intérêt des services et le manque de
financements.
C. Rendre visible l’invisible : les oubliés de l’eau en France
Selon F. Poupeau, dans « Les frontières de la métropolisation, Inégalités socio-
spatiales d’accès à l’eau et indicateurs de pauvreté à La Paz en Bolivie » (2009), les grandes
villes, les inégalités d’accès à l’eau potable et à l’assainissement sont souvent liées aux
inégalités sociales, mais aussi au coût de l’eau, à sa qualité et aux risques environnementaux.
Pour G. Blouin Genest, F. Julien et S. Paquerot, dans l’ouvrage « L’eau en commun. De
ressource naturelle à chose cosmopolitique » (Québec, Presses de l’Université du Québec,
2012), on assiste actuellement à l’émergence d’une crise de l’eau, qui freine les conditions de
la mise en commun de cette ressource. Ainsi, la lutte contre l’inégalité spatiale et temporelle
de la ressource doit passer par différents échelons, national comme international. À ce jour,
un contexte particulier y est aussi lié, celui de la solidarité territoriale au niveau local et/ou de
l’intégration.
À l’échelle de la ville, on observe de nombreuses transformations de l’espace et de
l’organisation urbaine, notamment des services publics. Dans le texte « Eau des villes :
30
repenser des services en mutation » (2010), S. Jaglin et M. H. Zérah affirment que
l’amélioration des services en eau passe par l’amélioration de la productivité urbaine, des
conditions de services, ... Ils parlent d’équité sociale et territoriale au niveau de l’offre de
services. En 1980 la gestion des services publics se transforme, ces changements se
traduisent par l’efficacité des entreprises privées agissant pour le public, par la multiplication
des partenariats public/privé, etc. C’est aussi l’un des processus à l’origine des décisions en
matière de gestion de l’eau (aussi issu de facteurs politiques). Selon les auteurs, la « nature
principale du problème est d’ordre politique : c’est celle de la construction sociale des services
d’eau et de leur prise en charge collective » (Coing14, 2010). Dans ce sens, le fonctionnement
des services d’eau dépend de variables définies en dehors d’eux, que l’on peut retrouver dans
la conduite des politiques ou des structures sociales par exemple. On pourrait alors penser
que les dysfonctionnements viennent de ces systèmes organisationnels. Afin de pallier les
demandes insatisfaites, des entreprises interviennent dans le système conventionnel, ce sont
des offres alternatives (extension des services de l’eau). Comme cité plus haut, les chercheurs
parlent d’une « généralisation des offres décentralisées conduisant à la création de normes
d’accès » dans les villes. Pour eux, « les usages sont intégrés dans des réseaux sociaux et
marchands qui assurent une qualité des eaux et des services ». Dans ce sens, les services
marchands comprennent des opérateurs locaux privés, des formes de privatisation
communautaire dans les « quartiers précaires » (Jaglin15 et Bousquet, 2011) et des offres
alternatives. Ainsi, la gestion de l’eau est liée au processus décisionnel de l’action collective
en ville. On remarque alors qu’il existe une diversité des modes de productions (avec un
monopole public) et de gestion (publique/privée) des services d’eau.
G. Blouin Genest, F. Julien et S. Paquerot prennent position sur la question de la mise en
commun (condition du « vivre ensemble ») de l’eau par le biais du cosmopolitisme, c’est-à-
dire la mise en avant d’une solidarité face à un destin commun face à l’ouverture à un monde
où les frontières et les États. Dans ce sens, la notion « cosmopolitisme » ferait référence à
celle de « citoyen du monde » et permettrait de décrire tout ce qu’il y a en commun dans les
pays ou dans un pays. C’est en quelque sorte considérer que la question de l’eau se retrouve
partout à l’échelle mondial et nous concerne tous. Pour eux, cette mutation est entravée par
le passage d’une gouvernance « États-nations » à une gouvernance dite mondiale. Cette
nouvelle conception de l’organisation de la gestion de l’eau peut alors aller à l’encontre de la
création de nouveaux principes, car ils ne répondent pas aux attentes de la gouvernance
mondiale. L’exemple du GIRE (principes de la Gestion intégrée des ressources en eau) basé
sur la demande avant l’offre de la ressource en eau est cité dans ce document. Dans ce sens,
les auteurs concluent que la mise en œuvre de ces principes dans une vision de « l’eau comme
bien commun de l’humanité » par l’écocitoyenneté ne va pas de pair avec la souveraineté des
États, ce pourquoi la mise en commun ne peut s’appliquer. Par ailleurs, d’autres principes ne
peuvent voir le jour : non appropriation à l’échelle de l’état ou du bassin ; reconnaissance de
la ressource comme élément vital ; hiérarchisation des usages ; suppression des permis à
polluer, voire à détruire la ressource. Dans ce sens, cet ouvrage m’amène notamment à
m’interroger sur la portée d’un tel intérêt pour la souveraineté des États et nos conceptions
habituelles de la mise en commun.
En parallèle un autre ouvrage m’a particulièrement interpellé, celui de H. Aubry (directrice de
la collaboration) « Les autres voix de l’eau. Les enjeux du Forum alternatif mondial de l’eau »
(2012). Il fut rédigé dans le cadre du sixième FAME (Forum Alternatif Mondial de l’eau) de
2012 basé à Marseille. Divers acteurs été présents ce jour-là : associations, mouvements,
14 Coing H. et Montano I., dans « La gestion de l’eau potable dans le tiers monde », 1986. 15 Jaglin S. et Bousquet A., dans « Conflits d’influence et modèles concurrents : l’essor de la privatisation communautaire dans les services d’eau d’Afrique subsaharienne », 2007-2011.
31
syndicats, ONG, citoyens et autorités locales de différents pays. Le FAME a pour but de
« Proposer des solutions alternatives afin de donner de l’eau à ceux qui en ont besoin ;
Promouvoir la reconnaissance de l’eau comme bien commun ; Rendre effectif l’accès à l’eau
potable comme un droit pour l’humanité ; Défendre les services publics et les citoyens ;
Contester la légitimité du forum des marchands de l’eau ». Le forum a été créé en opposition
à la privatisation des services de l’eau dans certains pays comme l’Italie, la Colombie, la
France, etc. Les individus ayant participé à la construction de l’ouvrage dénoncent notamment
« l’emprise des multinationales de l’eau sur sa gestion (avec l’exemple de la France) et la
libéralisation des services de l’eau (engagée dès 1990) dans les pays où la privatisation est
majoritaire ». De plus, les collaborateurs de l’ouvrage soutiennent que « les grands contrats
de partenariat public-privé, signés par Suez ou Veolia avec les collectivités locales des cinq
continents n’ont pas tenu leurs promesses. La mobilisation populaire dénonce notamment la
mainmise des actionnaires des entreprises multinationales sur les marchés de l’eau ».
Enfin, selon C. Pezon dans le chapitre « Accès à l’eau potable et développement : Le
rôle des libertés dans la conversion de l’accès à l’eau en développement » (ouvrage « Eaux,
pauvreté et crises sociales », 2009), sur « les dernières décennies, l’amélioration de l’accès à
l’eau potable et à l’assainissement est mentionnée dans les directives du développement
durable ». Un exemple est soulevé, celui de la diminution du nombre de personnes n’ayant
pas d’accès « adéquat » à l’eau potable et à l’assainissement. Cependant, pour la chercheuse
« si le taux de desserte a réussi à se maintenir malgré une croissance démographique
soutenue, l’accès de ce service de base ne s’est pas amélioré pour les populations qui en
étaient traditionnellement exclues ». Depuis les années 2000, les autorités locales ont dû
transformer l’organisation et la gestion de leurs services d’eau pour devenir plus efficace, sont
ainsi remis en cause les nouvelles réformes territoriales, la privatisation (de la gestion par
exemple) et la régulation (contrôle des opérateurs privés). C. Pezon aborde aussi la
problématique du coût de l’eau dû entre autres, à « l’incapacité des ménages (des individus)
visés à honorer leurs factures », les dimensions économiques et politiques rentrent alors en
jeu. Les acteurs locaux et plus particulièrement les associations et les ONG, parlent de
l’importance de la « complémentarité, au moins durant une phase de transition, entre
différentes formes d’approvisionnement en eau sur un même territoire (points d’eau
traditionnels, eau du réseau) selon l’usage, pour améliorer l’accès à l’eau potable des
populations vivants dans les quartiers péri-urbains » de grandes villes. L’accessibilité à l’eau
potable en France, passe donc par le fait que les individus n’arrivent pas à couvrir les coûts
de la ressource (prix de l’eau selon le ménage) ou bien par l’inadéquation des réseaux de
distribution avec leur lieu de vie. Plus généralement, les individus en situation d’exclusion et/ou
en situation de précarité sont les premiers touchés par cette inaccessibilité à la ressource en
eau.
En parallèle, une notion peut venir renforcer ces situations de précarité et d’exclusion des
individus, c’est l’invisibilité des publics dans la société. Une étude de l’ONPES a souhaité
datant de 2014, traite de la question de l’invisibilité des publics pauvres, des formes que revêt
cette invisibilité et de ses causes. Ainsi, une typologie a été construite autour de diverses
auditions, nous pouvons observer dans le tableau ci-dessous cinq « types » d’invisibilité,
proposé par l’Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale, ainsi que les
différents facteurs pouvant expliquer l’invisibilité des publics pauvres. Ces différents types sont
liés les uns aux autres, ils sont fortement corrélés.
« Types » d’invisibilité de nature différente
Facteurs pouvant expliquer cette invisibilité
32
- Une invisibilité politico-médiatique ;
- Une invisibilité sociale ; - Une invisibilité
institutionnelle ; - Une invisibilité scientifique ; - Une invisibilité recherchée
par les publics eux-mêmes.
- Du côté des publics : souhait de ne pas se rendre visible (situation illégale par exemple) ; isolement géographique (faible accessibilité à un service par exemple) ; isolement social et relationnel ; distance vis-à-vis des institutions…
- Du côté de l’action publique : absence de volonté politique ; inadaptation des modalités de comptage statistique ; insuffisance des moyens de repérage ; situations aux marges des dispositifs publics ; fin de prise en charge…
Figure 7 : Typologie des différents « types » de publics invisibles accompagnée de leurs facteurs explicatifs. Rapport final de Juliette Baronnet, Sarah Faucheux-Leroy et Pauline Kertudo. Champ : France, mai 2014. Source : Etude sur la pauvreté et l’exclusion sociale de certains publics mal couverts par le statistique publique - ONPES/FORS recherche sociale. Source : http://www.onpes.gouv.fr/IMG/pdf/RAPPORT_ONPES_Publics_invisibles.pdf
Dans cette typologie de l’ONPES sur l‘invisibilité des publics, nous pouvons remarquer
que les publics n’ayant pas accès à l’eau potable ou bien nous pouvons supposer que les
publics vivants en squat, sont sujets à différents types d’invisibilité. Dans ce sens, il est
intéressant de citer : l’invisibilité politico-médiatique ; l’invisibilité sociale ; l’invisibilité
institutionnelle ; l’invisibilité recherchée par les publics eux-mêmes. De plus, nous observons
que ces formes d’invisibilité sont, soit subis par les individus, soit il y a une volonté de ces
individus d’être dans cette situation. Par ailleurs, divers acteurs locaux peuvent être impliqués
dans ces phénomènes, comme des acteurs institutionnels et publics par exemple. L’ONPES
soutient par ailleurs, qu’il y a une volonté de ces acteurs de tenir à l’écart ces populations,
notamment pour ne pas nuire à l’image de la ville.
33
Partie II - Axe de recherche : de la sociologie urbaine au cadre
situationnel des squats en milieu urbain
Par la suite, la seconde partie traite des individus en situation de précarité et/ou
d’exclusion vivants dans les squats. Le terrain d’étude étant celui de la métropole de Bordeaux,
il parait évident de focaliser la recherche sur deux communes en particulier : Bordeaux et
Bègles. A cet effet, une carte de la localisation des squats au sein de la métropole a été
réalisée. Afin d’affiner cette recherche et de respecter la durée de réalisation du mémoire, il
était nécessaire de pouvoir sélectionner quelques squats à observer. Les facteurs suivants ont
été essentiels à cette sélection : leurs localisations ; le nombre et le type d’individus qui y
vivent ; leurs relations avec les associations locales et les institutions) dans le but d’affiner mes
recherches et de master première année.
A. Le mal-logement : les effets de la ségrégation socio-spatiale, de la
précarité et de l’exclusion sociale
Cette partie fait l’objet d’une analyse de la ségrégation socio-spatiale, liée au milieu
urbain, à l’accès à l’eau potable et aux squats. F. Poupeau, dans ses travaux sur « les
frontières de la métropolisation, Inégalités socio-spatiales d’accès à l’eau et indicateurs de
pauvreté à La Paz en Bolivie (2009) », explique que l’analyse des inégalités à partir de
l’indicateur d’accès à l’eau montre l’importance des dimensions spatiales et sociales des
formes de ségrégation urbaine. Pour lui, les difficultés des quartiers situés en périphérie de la
métropole renvoient souvent au processus de métropolisation16. Les conflits ne relèvent pas
seulement de divergences économiques, mais aussi à des différences de condition, de style
de vie et d’aspirations sociales. Dans ce sens, plusieurs publics sont touchés par
cette « désaffiliation », cette exclusion et ségrégation (les ménages en situation précaire, les
sdf, les immigrés, les étrangers, et même, les personnes âgées par exemple). Afin de
percevoir plus facilement la différence entre ces processus (particulière ceux de la
ségrégation, de l’exclusion et de l’intégration), le schéma17 suivant constitue une référence
intéressante (utilisé notamment par So’Lille, V. Le Chêne et P. Plantard).
16 Métropolisation : « Mouvement de concentration de populations, d’activités, de valeur dans des ensembles urbains de grande taille », selon le site Géo confluences (Ens-lyon.fr). Fait aussi référence à un projet politique qui vise à rénover la façon de rendre un service public de qualité aux habitants de l'agglomération. 17 Schéma des différences entre les processus d’exclusion, de ségrégation, d’intégration et d’inclusion. V. Le Chêne et P. Plantard, « Les perspectives d’e-Inclusion dans le secteur du handicap mental » (2014).
34
Figure 8 : Différences entre les processus d’exclusion, de ségrégation, d’intégration et d’inclusion. Source : Véronique Le Chêne et Pascal Plantard, « Les perspectives d’e-Inclusion dans le secteur du handicap mental », Terminal [En ligne], 115 | 2014, mis en ligne le 15 mai 2014, consulté le 01 mars 2018. URL : http://journals.openedition.org/terminal/419 ; DOI : 10.4000/terminal.419
Pour mettre en évidence ces populations il est alors important de prendre en compte, non
seulement des dimensions de pauvreté (au sens de précarité), d’exclusion, mais aussi de
construire des indicateurs socio-spatiaux. D’après S.Tissot et F. Poupeau, dans « La
spatialisation des problèmes sociaux » (2005), la question de la pauvreté semble ne plus
pouvoir se discuter qu’à travers un registre spatial et à l’aide de catégories territoriales. On
peut prendre l’exemple « d’exclus », « d’immigrés », qui sont toujours associés à leurs lieux
d’habitation, les « banlieues », les « squats » … Une politique a par exemple été créée afin
d’administrer les « quartiers sensibles » et d’intervenir sur leur peuplement en vue d’équilibrer
socialement la population, selon les quartiers, c’est la politique de la ville. Alors que les classes
populaires sont soumises aux effets des transformations du marché du travail, du système
scolaire et de l’habitat (chômage, logements, précarisation, stigmatisation des immigrés, etc),
ces phénomènes peuvent s’apparenter à la notion de « misérabilise » (que je souhaite éviter
dans le contexte de ma recherche). Pour eux, trois moments historiques marquent ces
recompositions : la réforme de l’État ; la « gauche » française ; la colonisation.
Pour Y. Grafmeyer et J. Y. Authier, dans leur ouvrage « Sociologie urbaine » (2011),
la ville est perçue comme « territoire », comme une unité de vie collective. La sociologie
urbaine se définit alors comme l’analyse de la dimension urbaine des principaux aspects de la
vie sociale. Pour les chercheurs, la ville est un lieu de rencontre et d’échange, un lieu dans
lequel on se rapproche (résultat d’un mouvement). Par ailleurs, l’École de Chicago parle aussi
d’une mosaïque territoriale où coexiste des populations diverses (interdépendance) et c’est
aussi la figure de la centralité. Enfin, ces concepts font aussi référence à la sociologie urbaine,
qui est une partie intégrante de la structure sociale. Il y a ici un lien avec la notion de « milieu
de vie » (Durkheim) et à des enjeux de lutte pour son appropriation (Bourdieu). La ville est
alors perçue comme un fondement du processus de socialisation et d’intégration (ce sont les
processus et politiques qui ont pour objet de faciliter sa mise en œuvre). De même, les
individus en situation de précarité ont un avantage à vivre en ville du fait de la proximité des
services urbains et de l’emploi. Dans ce sens, mener une politique visant une perspective
d’intégration consiste à définir et développer des actions pour maintenir la cohésion sociale au
niveau local comme national, de sorte que chacun puisse vivre « normalement » dans le
respect des lois et l’exercice de ses droits et de ses devoirs. Face à cela un concept apparaît,
celui de la ségrégation socio-spatiale, qui permet notamment d’analyser comment se forme la
division sociale de l’espace, par le biais des configurations spatiales et des positions sociales.
En parallèle, les notions d’appropriation de l’habitat et de la ville influencent le phénomène de
35
ségrégation socio-spatiale. On peut alors se demander si les types d’habitats influencent les
relations entre individus ? Dans ce sens, la question du foncier, du logement rentre en jeu,
c’est par cette approche que les squats sont pris comme exemple. On remarque que les
pratiques des migrants s’inscrivent dans des logiques distinctes de celles des structures
sociales au niveau local. Ainsi, pour les auteurs, la socialisation est considérée comme une
intériorisation de normes et de valeurs, mais aussi de formes de relations entre individus.
En parallèle, dans « La ségrégation : une injustice sociale ? » (2009), de S. Lehman-Frish.
L’auteur explique que la ségrégation est souvent abordée en géographie et en sciences
sociales. De nombreux chercheurs associent ce processus à de « l’injustice spatiale ». Selon
Roncayolo18 (1972), la notion de ségrégation s’apparente au phénomène de division sociale
de la ville. Actuellement, elle est aussi assimilée à une « forme spatiale d’injustice urbaine »
(Fol19, 2005). Dans ce sens, elle se lie avec la division sociale de l’espace qui est, selon
Grafmeyer (1994), « à la fois le produit, le reflet et un des enjeux de la différenciation sociale ».
Ces notions, me permettent ainsi de faire un lien entre division socio-spatiale (avec des
individus étant en situation d’exclusion au sein d’un espace urbain) et ségrégation socio-
spatiale. De plus, selon Lehman-Frisch20, un autre type de ségrégation rentre en jeu, celui
résultant des inégalités de ressources et de la position sociale des habitants. Henri Lefèbvre21
parle aussi de « projection sur le sol des rapports sociaux ». Dans ce sens, « espace,
ressource et ségrégation » vont de pair. Par ailleurs, la ségrégation n’est parfois pas une
contrainte (exemple des politiques publiques discriminantes ou des forces économiques
structurelles), cela peut aussi émaner d’une volonté et « résulte de décisions individuelles
discriminatoires » (résulte d’une perception). L’auteur ne qualifie alors pas le phénomène
d’injuste, elle parle de « mouvement d’agrégation ». En France, le terme d’injustice n’apparaît
pas en tant que phénomène dans les textes constitutionnels, il est plutôt apparenté à l’égalité.
Au niveau urbain, selon les questionnements des chercheurs la mixité pourrait alors être le but
à atteindre pour devenir une société juste. Ainsi de nombreux experts (urbanistes, architectes,
élus politiques…) s’attachent à prendre en considération la mixité socio-spatiale. Enfin, selon
S. Lehman-Fisch, « la ville juste ne peut être réduite à sa forme ou à la question de la mixité,
et la condition nécessaire de son avènement est bien la mise en œuvre d’un système politique
démocratique permettant l’expression libre et respectée des différents groupes citadins ».
En comparaison, dans son article « Pour une approche critique de la mixité sociale.
Redistribuer les populations ou les ressources ? » (2009), E. Charmes défend une approche
de la mixité sociale, notamment à travers des sujets comme l’éducation, le logement ou la
politique de la ville. Pour l’auteur, « les habitants les plus pauvres souffrent ainsi d’un accès
dégradé aux services publics et aux équipements urbains ». Ils subissent aussi d’autres
inégalités comme celles de l’accès à l’éducation, à l’égalité des chances. À long terme, « la
ségrégation menace les politiques de la vie urbaine, les villes perdant leur capacité à créer du
lien social ». Pour lutter contre ce phénomène, le chercheur parle du concept de mixité dans
les quartiers d’habitation. D’après A. Bourdin dans « Urbanisme et quartier » (2003), la notion
de quartier d’habitation peut faire référence « à l’habitat, à la convivialité, à l’animation et à
l’idée d’un espace maîtrisé par ceux qui l’occupent », c’est ainsi que la mixité peut être
appréhendée. Pour d’autres, cela peut être aussi le cadre dans lequel se développe un ordre
social correspondant à une collectivité, une communauté. Cependant, certaines critiques
18 Roncayolo M. (1972), dans « La division sociale de l’espace urbain : méthodes et procédés d’analyse », in Bulletin de l’Association des Géographes Français. 19 Fol S., Lehman-Frish S., Morange M., dans « Ségrégation et justice spatiale » (2013), Presses universitaires de Paris Ouest, col. « Espaces et justice » p.352. 20 Lehman-Frish S., dans « La ségrégation : une injustice sociale ? » (2009). 21 Lefèbvre H., dans « Le Droit à la Ville » suivi par « Espace et Politique », Paris, Ed. Anthropos-Economica (2009
[1968]).
36
émergent comme avec les politiques de dispersion et des regroupements affinitaires. En effet,
cela pourrait permettre de faciliter la construction de liens de solidarité et la production de
diverses ressources, cependant l’interaction avec autrui est créatrice de distance et détruit le
lien social. Selon E. Charmes, l’expérience des espaces publics peut être celle de la
domination et peut aussi produire un sentiment d’exclusion. L’objectif de mixité empêche de
prendre en considération des politiques qui pourraient traiter plus efficacement les problèmes
posés par la ségrégation socio-spatiale. De même, renforcée par le discours sur la nécessité
de lutter contre le communautarisme, le recours à la notion de mixité nourrit une représentation
des quartiers populaires comme lieux qu’il faut détruire et éviter plutôt que comme lieux à
valoriser, à développer, notamment pour ce qui est de la diversité culturelle et de la solidarité
qui y résident.
En résumé, c’est à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale en France, que des
difficultés de logement voient le jour, provoquant notamment des phénomènes de ségrégation,
de discrimination et d’exclusion pour les populations. Par ailleurs, ces effets sont issus de
différents facteurs comme celui de la précarité et de la pauvreté. On parle d’une « crise du
logement ». Selon M. Mouillart22, « alors que les besoins en logement restent élevés, de l’ordre
de 500 000 chaque année, le nombre de logements mis en chantier sera de l’ordre de 300 000
en 2014. Cela signifie que compte tenu du nombre actuel de ménages et de son évolution, on
aura construit cette année […] moins de 11 logements pour 1000 ménages, alors qu’il en
faudrait près de 70% de plus. » Et alors souvent remis en cause la décision des pouvoirs
publics ainsi que les politiques publiques mises en place. De nombreuses dimensions sont
alors remises en question, comme les dimensions historiques, sociales, économiques,
environnementales, immobilières et territoriales.
B. Habiter en marge l’espace en milieu urbain, le cas des squats
Cette recherche a nécessité de se focaliser sur un seul type de public en situation
d’exclusion, dû en partie au phénomène de ségrégation socio-spatiale. Par la problématique
du logement et du foncier, il y a un choix de travailler sur des individus vivant dans les squats,
vivants dans des lieux « sans droit, ni titre ». Sachant, que nous pouvons rencontrer divers
types de publics dans ces lieux de vie. De plus, je me suis attachée à garder un fil conducteur
à ma réflexion qui tournera autour de l’accessibilité à l’eau potable. Actuellement, l’habitat est
considéré comme la première source de dépense pour les ménages, selon l’urbaniste J.C.
Driant, « en moyenne 25% des dépenses des ménages sont conférés au logement. » A travers
ce chiffre, on remarque que cette part de dépense est très élevé, ce qui peut engendrer des
répercutions sur le mode de vie des individus, mais aussi sur les conditions dans lesquelles
ils vivent. On remarque sur le tableau situé ci-dessous qu’en 2013, les 10% des ménages les
plus pauvres en France dépensaient environ 42,1% de leurs revenus, dans le logement, ce
qui est important alors que le salaire moyen pour un employé en France s’élève à environ
1630 euros net par mois (source : Insee et DADS, données 2015 publiées en 2017) et que le
salaire minimum s’élève à environ 1 1500 euros net par mois en 2017 (source : SMIC-
Horaire.com - Site d'information dédié au SMIC). Nous pouvons alors supposer que nombreux
facteurs peuvent contribuer au mal logement en France, notamment les facteurs liés à la part
des dépenses des ménages dans le logement.
22 M. Mouillart : Professeur d’économie et du logement à l’université Paris-X Nanterre.
37
Figure 9 : Tableau des poids des dépenses de logement au niveau national selon les revenus en pourcentage. Source : Insee, enquêtes Logement - © Observatoire des inégalités. www.inegalites.fr/Les-menages-modestes-ecrases-par-le-poids-des-depenses-de-logement
Par ailleurs, la Fondation Abbé Pierre estime que le mal-logement s'est « profondément
enraciné » en France, notamment dû à l’offre de logement sur le marché de la location
immobilière par exemple. Selon l’Abbé Pierre en 2008, « étant donné l’insuffisance de l’offre
par rapport à la demande, les candidats à la location, surtout s’ils disposent de ressources
modestes ou précaires, vivent à la recherche de logement comme un véritable parcours du
combattant. » Comme cité ci-dessus le fait d’être en situation de précarité, qu’elle soit minime
ou grande peut contraindre les individus à trouver un logement décent. Par ailleurs, selon
Christophe Robert, membre de la délégation générale de la Fondation23, « le logement est
devenu une vraie machine à exclure et à produire des inégalités ». Dans ce sens, en il y avait
8,2 millions de mal-logés en France, selon le rapport 2018 sur l’état du logement en France
de la fondation (Cf. partie « Annexes », page 88). A cet effet, deux autres chiffres nous
intéressent :
- 2 278 000 individus en France vivent dans des conditions très difficiles, notamment
dû au cadre de vie, c’est-à-dire au confort, mais aussi au nombre de personnes vivant
dans le logement.
- 90 962 individus occupent un logement sans droit en France.
Dans ce contexte, on peut remarquer qu’un nombre relativement important d’individus
possèdent une situation difficile pour se loger. Dans ce sens, les squats peuvent être une
alternative au mal-logement, comme l’indique le deuxième chiffre. Certaines personnes se
retrouvent parfois privées de logement, ce qui les contraint parfois à vivre dans la rue
(personne sans domicile), à vivre dans un squat, à vivre dans une chambre d’hôtel (payée et
trouvée par la personne), à vivre dans un habitat de fortune ou bien d’être hébergées par un
tiers.
23 Selon un article de presse du Parisien, « Mal logement : la fondation Abbé Pierre appelle les candidats à agir » daté de 2012. Source : http://www.leparisien.fr/societe/mal-logement-la-fondation-abbe-pierre-appelle-les-candidats-a-agir-01-02-2012-1840171.php
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Figure 10 : Selon un article de presse du Parisien, « Mal logement : la fondation Abbé Pierre appelle les candidats à agir » daté de 2012. Source : http://www.leparisien.fr/societe/mal-logement-la-fondation-abbe-pierre-appelle-les-candidats-a-agir-01-02-2012-1840171.php
Le fait d’avoir accès à un logement décent, à un habitat, est un droit pour l’être humain.
Cependant, lorsque ces populations n’ont pas l’opportunité d’occuper un logement de manière
légale, elles le font illégalement afin de trouver une alternative. Dans ce sens, certaines
personnes occupent des lieux abandonnés, vides, et parfois avec le soutien d’associations.
On peut alors penser aux squats. Dans sa recherche « Le squat : problème social ou lieu
d’émancipation » (2011), F. Bouillon appréhende le squat comme un logement « contraint »,
cependant ce n’est pas toujours le cas. Dans ce sens, les squats d’habitation adoptés par
nécessité sont perçus comme un problème social. Par ailleurs, ils peuvent être des lieux
d’activités adoptés par conviction (moyen d’émancipation et vision d’un habiter « profiteur »24).
Souvent, selon la chercheuse, les politiques sur les squats sont formulées indirectement à
travers des questions telles que le logement, le droit de propriété ou la santé par exemple.
D’après elle, la plupart des squatteurs sont souvent mal logés et ce logement induit de
l’exclusion, ainsi qu’un mode de vie angoissant.
Le terme « squat » existe depuis le 17ème siècle et est apparu en Angleterre (« to squat »),
avec l’accaparement des terres paysannes par exemple. En France, ce phénomène n’apparait
qu’après la Seconde Guerre Mondiale, suite à de nombreuses contestations lors de la période
de l’après-guerre. Le fait squatter l’espace s’apparente au fait d’occuper un bâtiment ou un
terrain vague sans posséder l’autorisation du propriétaire (public ou privé). Dans ce sens, il
n’existe pas de redevance envers le propriétaire des lieux, comme un loyer à payer par
exemple. Ce phénomène est alors qualifié d’illégal. Cependant, le squat constitue un lieu de
vie, un refuge pour les gens qui y vivent. On pourrait alors penser que le squat peut
s’apparenter à un nouveau modèle économique alternatif et donc comme une alternative au
logement. Il peut être à la fois une forme de lutte contre le modèle économique actuel
(logement voulu), mais aussi une forme de logement contraint pour les individus qui y vivent.
24 Bouillon F. et Muller F. dans « Squats un autre point de vue sur les migrants », 2009.
39
Pour F. Bouillon et F. Muller, dans l’ouvrage « Squats un autre point de vue sur les migrants »
(2009), le fait d’« occuper l’espace, se l’approprier, est un acte de résistance s’il en est un,
lorsque l’oppression se fonde justement sur le droit à être là, à être présent ». Ils utilisent aussi
l’expression « sans droit ni titre ». Diverses directives et textes de loi permettent de fonder la
liste des droits foulés au pied de notre « État de droit ». (« Squats un autre point de vue sur
les migrants », p.136) Quelques exemples : Déclaration des droits de l’Homme et du
citoyen (1789) ; Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948) ; Loi Besson (1990) ;
Décision du Conseil constitutionnel (1995) ; Directives européennes (2003) ; Loi sur le droit au
logement apposable (2007). En parallèle, la mobilisation et la solidarité au sein des squats ont
peu à peu construits les « fondements de la lutte en faveur du droit au logement ». Une autre
expression citée dans cet ouvrage m’a interpellé, c’est « rendre visible l’invisible », ce qui
montre aussi que la plupart des squatteurs ont conscience des facteurs qui détériorent leur
situation, néanmoins c’est pour eux une volonté (« ils préfèrent vivre en squat que vivre
dehors »). Selon les auteurs, les squatteurs ne souhaitent qu’une chose, « c’est vivre comme
tout le monde » (on parle d’une normalisation du logement). Pour les squatteurs, ces lieux
possèdent à leurs yeux énormément de qualités, telles que la solidarité. Il peut être aménagé,
il est sécurisé et on peut y faire la cuisine par exemple. « Habiter c’est aussi exercer
l’hospitalité. » Selon Bouillon, ces lieux procurent à ces individus un sentiment de « maîtrise
de l’espace », intégrant parfois une perception d’identité, d’intimité. L’auteur, ajoute que ces
phénomènes peuvent se traduire par de l’appropriation morale de l’espace permettant de
mutualiser les moyens, de générer de l’entraide et d’être en réciprocité. « C’est un miroir, où
se reflètent une pluralité de problèmes sociétaux et une forme d’habiter, doté de plusieurs
dimensions positives ». Pour F. Bouillon, ces processus sont différents selon la localisation du
squat. S’il est établi dans un centre urbain, il permet aux individus de bénéficier des avantages
de cette situation (proximité, anonymat, insertion urbaine, accès aux services de la ville par
exemple).
En parallèle, lors de l’enquête qualitative, il a été décidé de focaliser la recherche sur
les squats localisés en métropole, en pôle urbain. Tout en liant cet aspect à l’accessibilité à
l’eau potable. L’objectif a été d’observer les conditions de vie dans deux squats,
présélectionnés en amont par la réalisation d’une cartographie générale de la localisation des
lieux de squats dans la Métropole de Bordeaux. Les critères de choix de la sélection sont les
suivants : la localisation du lieu (dans la commune de Bordeaux et non en zone périurbaine
comme Gradignan) ; le nombre d’individus occupant le lieu ; le type de population occupant le
lieu (voire la catégorie) ; les relations qu’il possède avec le monde extérieur (comme les
associations locales, les institutions, le propriétaire des lieux s’il y en a un) ; son niveau d’accès
à l’eau potable (selon s’il a déjà ou pas accès à l’eau). Par ailleurs, il a été important de
focaliser cette recherche sur un public « type », qui est celui des personnes en situation
d’immigration. Dans ce cadre, il a été décidé de réaliser une carte permettant de recenser les
différents squats cités, par les acteurs « ressource », lors de cette enquête.
40
Carte 4 : Carte de la localisation des squats cités par les acteurs « ressource » durant l’enquête qualitative.
Réalisée le 25/05/18, Lisa Ducournau
On remarque que les squats sont tous situés à Bordeaux et à Bègles, ce qui suppose que ces
zones concentrent un nombre important de logements de ce type. Voici la liste de divers squats
cités lors des entretiens (Cf. partie « Annexes », page 90), donc connus par ces personnes et
dans lesquels, les acteurs interrogés interviennent :
- Le squat du Quai des Champs (Bordeaux) où vivent 300 saharaouis ;
- Le squat du collectif Sherby (Lormont) avec des familles venant de Bulgarie et de
Roumanie ;
- Un squat situé à Bègles qui compte environ 70 personnes d’origine Albanaise et
Kosovar ;
- Un autre squat à Bègles occupé par la communauté Roms ;
- Le squat de la Ruche (Bordeaux) qui accueille des jeunes mineurs isolés, environ une
vingtaine (venant principalement du continent africain) ;
- Un squat à Villenave-d’Ornon qui compte environ 70 personnes d’origine roumaine ;
- Le squat de l’ancien Bootleg à Bordeaux qui rencontre des difficultés et qui est
insalubre. Affluence d’individus face locaux non raccordés à l’eau et l’électricité
(approvisionnement aux toilettes publiques) ;
- Le squat du Squid à Bordeaux qui abrite environ une vingtaine de personnes (où
logent principalement des immigrés, des jeunes mineurs isolés et des SDF) ;
- Le squat de la Vida Loca à Cestas Gazinet (ancien centre de loisir) ;
- Le squat des sahraouis à Pessac situé dans une ancienne ehpad (locaux appartenant
au CHU de Arnozan).
Les individus privilégient les squats de logement situés dans Bordeaux Métropole, car ils
savent qu’il y en a. Le fait que ce soit situé au sein d’une métropole peut constituer des
avantages pour les squatteurs, notamment concernant les service de proximité ainsi que
l’insertion sociale et professionnelle. Un aspect revient dans les discours celui des squats
41
contraints, plutôt que voulu. « Le fait est qu’on s’adapte parce qu’on n’a pas trop le choix » (1-
A.). Dans ce sens, le squat du Squid existe depuis début décembre. C’est un squat où
n’importe quel individu peut venir se loger, dans ce sens on peut considérer que c’est un
logement contraint, car ces personnes n’ont d’autre choix que de vivre dans un lieu comme
celui-ci. Ce squat veut faire véhiculer des valeurs de solidarité et de partage. Dans ce sens,
les principes véhiculés dans ce squat sont voulus, tels que le principe de solidarité ou de
partage. De plus, le fait de squatter un lieu en milieu urbain offre l’opportunité aux squatteurs
d’être à proximité de tout, voire des services publics et urbains. « Nous sommes à côté de
toutes commodités ici. En fait c’est un immeuble qui appartient au service public » (3-A.). Ils
s’insèrent donc plus facilement dans la vie urbaine. Nous pouvons notamment l’apercevoir en
regardant la façade du bâtiment du squat du Squid.
Un constat d’Action Bord’eaux est mis en avant lors de deux entretiens : « plus de 1
200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles. Oui, il y en a environ
une quarantaines de squat sur la métropole, […] » (6-M.G.). Ce recensement a été élaboré
par un collectif d’associations. Cependant, selon les données de la Préfecture, « […] il y avait
environ 142 squats sur la métropole de Bordeaux, soit environ 1100 personnes. » (5-K.A. ).
Le GIP, qui fait partie d’Action Bord’eaux (collectif), ne possède pas les mêmes données et
pense que les données de la Préfecture ne sont pas représentatives. Ces données sont depuis
quelques années en constante augmentation ce qui inscrit ce problème comme un enjeu de
territoire, de même cela induit de parler de logements contraints et non voulus par les
occupants. Ils mettent aussi en avant le fait que les squats accueillent et hébergent de plus en
plus d’individus, les publics sont variés et ils ne sont que de passage. Dynam’eau a travaillé
avec 13 de ces squats, ce qui d’une part montre l’ampleur de ces problématiques au niveau
métropolitain, et d’autre part, montre que chaque association ne peut intervenir sur l’ensemble
des squats de la métropole par manque de moyens. La Direction de l’Eau, quant à elle, a
principalement travaillé cette dernière période sur le camp des sahraouis (Quai Deschamps),
notamment en raison de l’actualité et de l’incendie qui s’est passé récemment. Pour ce qui est
du GIP, les médiateurs interviennent actuellement auprès de 934 personnes, contre 806 en
février. Ces données sont révélatrices de l’évolution et de la multiplication du nombre de
squatteurs. Selon la médiatrice interrogée, les facteurs principaux de cette évolution sont le
nombre d’emplois sur le territoire, les fêtes religieuses, les vacances…
En parallèle, les acteurs interrogés soulignent qu’il est primordial de prendre en compte les
particularités de chaque squat : « le squat du Quai des Champs […]. Nous avons dû arrêter,
car nos actions n’ont pas fonctionné. Les toilettes sèches n’étaient pas adaptées pour ce lieu
et les gens ne les utilisaient pas, dû à leur culture » (6-M.G.). A cet effet, une carte permettant
de localiser certains squats situés sur la métropole a été créée en 2017 par Médecins du
Monde, le GIP et Dynam’eau. Ainsi, le collectif avait pu recenser 52 squats sur le territoire. Il
y a un intérêt de la part de ces structures, de mutualiser leurs compétences et leurs moyens,
afin de recenser le plus efficacement possible les squats de la métropole. Un triptyque étudié
revient souvent : accès à l’eau et l’assainissement, accès à l’électricité, gestion des déchets.
Ils étudient ces caractéristiques, car elles sont liées et permettent de déterminer dans quelles
conditions vivent les occupants des squats. Cependant, après avoir consulté la carte, certains
points n’étaient pas bien localisés (par rapport aux adresses mentionnées). De plus, il est
difficile pour ces associations de recenser tous les squats du territoire, car ils sont pour la
plupart « éphémères » et nombre de squats varie. Par ailleurs, le manque de moyens contraint
les associations à sélectionner, selon les recensements que le collectif a élaborés, les squats
avec lesquels elles travaillent.
42
A partir des données récoltées par le GIP, Médecins du Monde et Dynam’eau, l’objectif
est de mettre en évidence les caractéristiques des squats recensés. Le nombre total de squats
recensés dans Bordeaux Métropole s’élève à 50.
Figure 11 : Schéma du nombre de squats par communes sur la métropole de Bordeaux. Réalisé le 05/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.
Grâce à ce graphique, on peut remarquer que trois communes se détachent. La commune de
Mérignac avec 14 squats, celle de Bègles avec 13 et Bordeaux avec 12. Celles-ci possèdent
le plus grand nombre de squats sur le territoire de Bordeaux Métropole. Ces données ont
notamment influencé le choix du terrain de recherche (Bordeaux et Bègles).
1
12
1
13
14
1
1
1
1
2
1
1
1
Communes abritant les squats
33185 Le Haillan
33100 Bordeaux
33440 Saint Vincent de Paul
33130 Begles
33700 Merignac
33290 Blanquefort
33320 Eysines
33160 Saint Médard en Jalles
33310 Lormont
33150 Cenon
33400 Talence
33140 Villenave d Ornon
33600 Pessac
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Communes abritant des squats (selon le nombre de squats)
Série1
43
Figure 12 : Graphique des échelles du nombre d’individus vivant dans les squats de la métropole de Bordeaux. Réalisé le 05/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.
Nous pouvons remarquer que les squats possèdent moins de 25 individus (soit 10 squats),
mais aussi entre 51 et 75 individus (soit 26 squats) sont les plus nombreux, soit 36 squats sur
50. Le total d’individus vivant en squats (tout confondu) s’élève à 1770, soit en moyenne 38
individus par squat (arrondi à l’unité).
Dynam’eau travaille principalement avec des squats créés à des fins de logement, c’est un de
leur principe car elle milite pour l’accès aux ressources vitale, au logement et à l’eau. Les
acteurs font notamment une distinction : « Un squat peut être un logement contraint […] ou
bien un logement voulu […] » (8-A.T.). Ces logements sont soit voulus, dans le sens où c’est
volontaire de la part des individus, ou bien contraints, dans le sens où ils n’ont eu d’autres
choix que de vivre dans ce lieu face à la rue. De même la Direction de l’eau, a affirmé que ce
sont des populations vivants en logement contraints. De plus, Médecins du Monde travaille
aussi sur « des squats de survie dans lesquels il y a des personnes étrangères, donc qui
privilégient des démarches de mise à l’abri plutôt que d’acte politique. » (7-G.M.) Pour ce qui
est du Squid, (environ 10 à 30 squatteurs chaque soir) cet immeuble près de la gare de
Bordeaux a été investi, afin de loger des individus ne possédant pas de logements, « c’est un
squat destiné au logement des personnes en difficultés. C’est un lieu de passage […] » (5-A.).
L’immeuble appartient à la commune de Bordeaux et anciennement à la SNCF. Ce qui traduit
une volonté de partage, de vivre ensemble, de soutien et aussi de créer un lieu d’hébergement
solidaire, de la part des occupants et de ceux qui ont ouvert ce squat. Au même titre, le GIP
accompagne des squats de logements contraints, qui ne sont pas destinés à des fins de
militantisme. « […], il peut y avoir une part de choix dans une certaine dynamique de survie,
dans une situation contraignante. […] la vie en groupe ou en squat permet d’assurer la logique
de la survie et de la sécurité de chacun. […] le fait de vivre en squat peut être un tremplin pour
accéder à un logement et pour d’autre c’est une alternative. » (6-D.D.) Ces populations, pour
eux, vivent en squat dû au manque de logement et pour des questions de sécurité. Cependant,
à long terme la situation des individus peut s’aggraver et ils peuvent se retrouver en situation
de précarité. « Il y en a […] qui se retrouvent dans des squats, car ils ont perdu leurs
logements. Quelques-uns peuvent aussi s’approprier l’espace et en tirer de l’argent. […] Il y a
des gens qui partent après un an, cinq an […]. Des tremplins existent et des aides aussi. […]
certaines personnes y trouvent un certain équilibre. » (6-K.A.) Ex : Cabinet Trajectoire. Ainsi,
l’appropriation de l’espace et l’intérêt économique de certains peuvent entraver l’amélioration
26
10
5
3
33
Nombre d'individus dans les squats (selon le nombre de
squats)
Moins 25 Entre 26 et 50 Entre 51 et 75 Entre 76 et 100 Plus de 101 Non renseigné
44
de la situation d’un squat et créer des conflits, des tensions. Le fait qu’il existe des aides et un
accompagnement des associations peut favoriser, d’une part les conditions de vie des
occupants, et d’autre part, l’insertion sociale et professionnelle.
Dynam’eau suit actuellement trois squats, deux sont situés dans des « bâtiments en mauvais
état », un dans un immeuble et un autre dans un château inhabité et « insalubre ». Dans le
troisième, les populations vivent dans des « caravanes délabrées. Elles ne sont pas neuves
et ils vivent dans des conditions de vie difficile » (8-A.T.). Le fait d’étudier le bâti des squats
pourrait donc permettre de déterminer le niveau d’insertion de ces squats dans l’espace urbain
(type et façade du bâtiment par exemple). En parallèle, plus le squat est petit plus les chances
d’avoir accès à l’eau et l’électricité sont importantes, selon le GIP. Tout dépend aussi du type
de logement (logement vacant, bâtiment abandonné, caravane, tente). Un hangar ou une
maison peuvent être équipés alors que sur un terrain vague il n’y a pas de compteur
préexistant. « Le squat de Denis Papin avec 141 personnes, 64 enfants, qui vivent dans un
hangar, […]. Chaque hangar à un point d’eau et il a des anciens sanitaires présents. A
Mérignac, […] le squat est dans un terrain vague avec des caravanes délabrées […] il n’y a
pas d’accès à l’eau et les gens se branchent à la borne à incendie. […] pour l’électricité, les
gens vont se brancher à un lampadaire allumé de 23h à 5h. » (5-D.D.)
En ce sens, dans les milieux urbains, les squats sont sujets aux politiques publiques et
aux transformations des villes. Cependant, les squats possèdent de réelles capacités, afin de
s’adapter. C’est en quelque sorte une solution alternative au mal-logement, qui résulte de
certaines difficultés sociales et économiques. Les conséquences pour les individus sont
multiples, notamment au niveau de la recherche d’emploi, de l’insertion dans le monde
administratif (en faisant référence au droit commun) ou bien de leur santé par exemple. Seul
deux rapports ont été rédigés par l’Etat par le biais du recensement de certaines préfectures
de France. Ces rapport ont été publiés en 2000 et 2005. Or ces rapports ne sont pas
représentatifs, notamment dû au fait que ces publics soient qualifiés « d’invisibles » et que
cela concerne différents types de publics. Dans ce sens, on peut parler de marginalité urbaine
en particulier liée au logement.
C. Les enjeux et conséquences de ce mode de vie sur les populations
L’un des phénomènes principalement lié au mal logement pour les individus, peut donc
s’apparenter à celui de la précarité. Dans un sens, ce phénomène est en lien avec les
phénomènes d’exclusion que les squatteurs subissent tous les jours, en milieu urbain. Le fait
de ne pas pouvoir subvenir à ses besoins peut aussi engendrer des difficultés d’insertion et
d’intégration. Or selon la citation de N. Darmon, les facteurs qui influencent ces situations n’ont
pas les mêmes répercutions et la même intensité.
« Les personnes soumises à de fortes contraintes budgétaires cumulent de
nombreuses difficultés. Pour elles, la notion de santé à long terme est
abstraite, reléguant souvent l’alimentation au second plan, derrière d’autres
préoccupations immédiates plus importantes (logement, emploi, etc.). » DARMON N. (2009)
Cette citation de N. Darmon (chercheur en nutrition), nous permet d’illustrer certains facteurs
de l’aggravation des phénomènes de précarité et d’exclusion pour une partie de la population.
Il parait alors évident de définir ces deux concepts. Celui de la précarité sera abordée plus
tard.
45
Pour ce qui est du concept d’exclusion, ce terme est considéré comme la phase finale de la
précarité, comme le point de « non-retour vers la société ». Il y a ici un aspect de mise à l’écart
de ces personnes pour diverses raisons, parmi lesquelles on peut citer, des raisons culturelles,
raciales, de handicap, de religion ou des raisons économiques. Une citation de M. Foucault
interpelle : « On a longtemps transformé les fous en exclus et maintenant on tente de ranger
les exclus chez les fous ! » (Foucault25, 1972). Certains individus évoquent même le terme de
« hors société ». Sont notamment remis en cause des facteurs environnementaux et sociaux.
En d’autres termes, c’est une conséquence de la précarité qui provoque son aggravation et
plonge l’individu dans une situation de très grande précarité. Ce terme est régulièrement
utilisé, dans diverses situations, et génère des incompréhensions quant à sa signification.
C’est notamment à partir de 1950 que Michel Foucault l’emploi. Cependant, il n’est employé
qu’à partir de la fin des années 60 au niveau de l’action publique. L’Organisation Internationale
du Travail définit l’exclusion sociale comme « un état de pauvreté qui empêche les individus
d’accéder aux conditions de vie qui leur permettraient à la fois de satisfaire leurs besoins
essentiels (nourriture, éducation, santé, etc…) et de participer au développement de la société
dans laquelle il vit » (In Smelser, 2001). Cependant, R. Castel dans « Vie sociale » (2013)
privilégie son concept de « désaffiliation sociale au terme d’exclusion », à partir de 1990
‘correspond à la dissociation du lien social). Il fait référence à la désaffiliation comme « le
décrochage par rapport aux régulations à travers lesquelles la vie sociale se reproduit et se
reconduit ». Le chercheur nous montre « qu’il y a une homologie de positions entre les
vagabonds des sociétés préindustrielles, les prolétaires des sociétés du capitalisme et les
précaires de nos sociétés libérales et que les désaffiliés sont à l’aboutissement d’un processus
dont l’origine est à rechercher au centre des sociétés ». C’est en quelque sorte pour lui, « une
situation dans laquelle les individus se trouvent écartés des réseaux producteurs de la richesse
et de la reconnaissance sociale ». De plus, Dynam’eau évoque (entretien lors de l’enquête
qualitative), le fait que ne pas avoir accès aux ressources vitales peut conduire les populations
à être exclues au niveau économique (ils n’ont pas les moyens d’assurer le maintien de la
ressource en eau sur le site) et social (face aux autres habitants du territoire). « Les squatteurs
vivent dans des conditions précaires et n’ont pas souvent accès au minimum vital » (23-A.T.).
La question de la normalité est alors intéressante à aborder : Qu’est-ce qu’un logement dit
« normal » ? Qu’est-ce qui rentre dans la normalité d’un habitant type de la métropole ?
Qu’est-ce qui est nécessaire d’acquérir pour ces populations afin qu’elles vivent dans de
meilleures conditions de vie ?
En parallèle pour Castel, la notion d’exclusion est difficile à définir, elle fonctionne comme un
« mot-valise » qui permet à la fois des usages divers (politiques, médiatiques et académiques),
mais aussi permet de nommer une diversité de situations en gommant leurs spécificités. Dans
ce sens, Castel distingue trois zones de la vie sociale : une « zone d’intégration » (dont font
partie en général des personnes ayant un travail régulier et des supports de sociabilité
suffisamment fermes) ; une « zone de vulnérabilité » (regroupant les personnes ayant un
travail précaire et des situations relationnelles instables) ; une « zone d’exclusion » (dans
laquelle certains des vulnérables et même des intégrés basculent). Par ailleurs, Xavier
Emmanuelli, fondateur du S. A. M. U. Social, passe par une classification simple dans l’intérêt
de définir les différents types d’exclus. Les schémas situés ci-dessous en témoignent. Cette
classification est simple à mettre en œuvre et se révèle selon lui, assez représentative. De
plus, elle fait partie des documents fondateurs du S. A. M. U. Social (Paris). Cet acteur emploi
aussi un schéma composé de quatre cercles, avec chacun un stade. Dans ce sens, la
classification met en évidence différentes phases d’exclusion, selon un degré de gravité. Dans
25 Foucault Michel, Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard, 1972. DOI 10.14375/NP.9782070295821
46
ce sens, les squatteurs pourraient s’inscrire dans le deux et trois du schéma situé à gauche,
puis dans le un, deux et quatre du schéma situé à droite.
Figure 13 : Schéma des différents stades d’exclusion au sein de la société selon X. Emmanuelli (fondateur du S.A.M.U.) en 2009.
Enfin, cette partie fait aussi l’objet d’une analyse non exhaustive de la situation et des
conditions des individus et plus précisément des immigrés dans les squats situés en zone
urbaine, mais aussi à l’accès à l’eau potable dans ces lieux de vie. En lien avec ces
phénomènes, l’ouvrage de F. Bouillon (« Squats un autre point de vue sur les migrants »,
2009) permet de s’interroger sur les conditions des immigrés en France, aujourd’hui.
L’immigration est « l’action et l’effet d’immigrer ». On peut parler de personnes qui
« arrivent/rentrent dans un pays/une région qui n’est pas le/la leur pour s’y installer,
généralement pour des raisons économiques, politiques ou académiques ». À cet effet, il m’a
paru évident de mettre en évidence la différence entre un individu étranger et individu immigré.
« Un immigré (4,2 millions en 1990) est une personne née à l’étranger résidant en France et
qui peut avoir obtenu la nationalité française (1,3 millions en 1990) ». Il ne faut pas faire la
confusion entre « immigrés », « étrangers » et « sans-papiers ». D’après l’INSEE, c’est le
critère de nationalité qui montre si une personne est étrangère ou ne l’est pas. La population
immigrée se conçoit selon deux critères : la nationalité et le lieu de naissance. Ainsi, une
personne immigrée peut être étrangère et avoir obtenue la nationalité française. En 1990, 69
% des immigrés sont étrangers. Par ailleurs l’immigration est liée à un rapport économique
inégal. De plus, « L’immigration n’est pas n’importe quel mouvement de population. Le mot
désigne souvent, aujourd’hui, un transfert Nord-Sud ou Est-Ouest vers les pays riches et les
plus démocratiques. » (J. Costa-Lascoux26). D’après les données du recensement de 2010,
« la France comptabilise 3,7 millions d’étrangers, soit 5,9 % de la population totale résidant
dans ce pays, tandis que les immigrés, au nombre de 5,4 millions, représentent 8,6 % de celle-
ci ». Par ailleurs, dans l’introduction de l’ouvrage « Les immigrés en France » (La
Documentation française, 2014), J. Y. Blum Le Coat et M. Eberhard expliquent que « c’est au
cours des années 1990 que la catégorie statistique "immigré" a été instituée pour désigner,
selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l’intégration en 1991, une « personne née
étrangère à l’étranger et résidant en France ». Aujourd’hui, les immigrés les plus nombreux
26 Costa-Lascoux J. dans son ouvrage « De l’immigré au citoyen », Paris, La Documentation française, 1989.
47
sont originaires de l’Union Européenne. Viennent ensuite, les personnes venant du Maghreb,
d’Asie et de Turquie (Cf. tableau situé ci-dessous).
Figure 14 : Répartition des immigrés résidant en France en 2012. Champ : France. Source : Insee, recensement de la population, exploitation principale. Source : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/immigration/definition.shtml#
En même temps, la politique migratoire et les lois ne cessent de se succéder pour durcir les
conditions d’entrée et de séjour sur le territoire, comme avec la loi Pasqua en 1993 par
exemple. Elle relève de trois ordres : les autorisations de travail, le contrôle du séjour des
étrangers et le processus d’intégration. Nous pouvons alors supposer, selon la citation située
ci-dessous, que ces populations qui sont en situation de mobilité se trouvent désavantagées
à l’étranger et dans ce cas-ci en France. Le fait d’appartenir à une CSP précise dans son pays
d’origine ne garantit pas de la conserver dans un autre pays. Dans ce sens, ces populations
peuvent se trouver en situation de précarité, selon D Poisson. Elles doivent alors s’adapter
pour vivre dans de bonnes conditions de vie et pouvoir s’insérer au sein de la société.
« La migration forcée économique ou politique plonge les individus et les
familles dans des situations précaires en particulier quand elles sont
accompagnées de déclassement socioprofessionnel. C’est donc le revenu
et le niveau d’éducation qui vont conditionner les nouvelles pratiques
alimentaires et favoriser plus ou moins rapidement les mutations et les
adaptations. » POISSON D. (2008)
48
F. Bouillon expose aussi, dans ses travaux, différentes facettes de la condition des immigrés
en France face à des mécanismes de mise à l’écart, voire d’exclusion. Pour elle, deux facteurs
sont révélateurs des types de population qui vivent dans squats en milieu urbain, d’une part,
« à la discrimination dont font l’objet des descendants colonisés issus de la couche populaire
», et de l’autre, la « pénurie entretenue de logements sociaux ou au renchérissement des
loyers alors que la population demandeuse se paupérise ». Par ailleurs, ces recherches ont
été dirigées dans le but de rendre compte de témoignages afin de rendre visible ce qui est
invisible dans ces lieux, souvent localisés en ville.
Concernant les publics vivants en squat, ce sont majoritairement des migrants, des
immigrés et des individus venant de l’Europe de l’Est, selon la Direction de l’Eau. Ces publics
en question, sont défavorisés, en situation de précarité et d’exclusion. Cependant, l’acteur
interrogé ne s’est jamais rendu dans un squat, ce qui montre que cet acteur n’a pas une vision
d’ensemble des publics et des conditions de vie dans les squats. Ce sont principalement, selon
la Direction de l’Eau, des réfugiés politiques. Pour le GIP, les individus occupent ces lieux à
des fins de logement. Les publics varient en fonction des lieux occupés. « Il y a des militants,
des personnes en situation de grande précarité, voire en exclusion sociale. […] des
demandeurs d’asile et des mineurs isolés aussi. Ce sont des publics « sans droit ni titre » […].
» (16-D.D.) Le GIP se focalise essentiellement sur la communauté Roms, les bulgares et les
roumains. Cependant, il rencontre des exceptions, notamment lorsqu’un membre vie par
affiliation avec la communauté.
En parallèle, Médecins du Monde travaille auprès de différents types de publics : demandeurs
d’asile, des saharaouis, des populations bulgares ou roumaines. Selon eux, les types de
publics peuvent varier. Nous pouvons néanmoins observer que différents publics peuvent être
associés à une période historique : « Dans les années 50/60, […] des personnes venant de la
Péninsule Ibérique. Dans les années 60/70, des personnes qui venaient plutôt du Maghreb
(Maroc et Algérie). A partir de la fin des années 80/90, […] des personnes originaires de
l’Europe de l’Est. Et là depuis les années 2000, on a beaucoup de nationalités représentées.
[…] les populations les plus représentées sont originaires de Bulgarie, de Roumanie, d’Albanie
et d’Afrique Subsaharienne. Il s’agit d’immigrés, de migrants économiques, de demandeurs
d’asile, de ressortissants communautaires, d’étrangers et de personnes en situation
irrégulière, comme des personnes seules, des familles ou de personnes âgées. » (17-G.M.)
La notion de temporalité joue alors un rôle important dans la mobilité des gens et concernant
l’évolution de leurs situations. De mêmes, les acteurs associent ces types de publics aux
concepts d’exclusion ou de précarité. Pour eux, ce sont des individus qui se trouvent
régulièrement en situation de précarité, qui n’ont pas accès aux ressources vitales, à un
logement décent et qui n’ont pas d’emplois, voire d’exclusion sociale et professionnelle, du fait
de cette situation de précarité, du lieu dans lequel ils vivent ou de leurs origines par exemple.
Par ailleurs, le fait d’étudier ces populations induit de faire le lien avec le concept de
précarité. Selon J. Wresinski27 dans son rapport au « Conseil économique et social français »,
c’est « l’absence d’une ou plusieurs des sécurités, notamment celle de l’emploi, permettant
aux personnes et familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales,
et de jouir de leurs droits fondamentaux. Elle conduit à la grande pauvreté quand elle affecte
plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet les chances
de réassumer ses responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir
prévisible. » Comme cité dans le dictionnaire Robert, c’est une « situation instable sans
garantie synonyme d'incertitude et de provisoire. » C’est à partir des années quatre-vingt que
ce concept voit le jour à travers un rapport du Père Wresinski (1987). Par la suite à la fin des
27 Rapport Wresiniski « Grande pauvreté et précarité économique et sociale », 1987, de J. Wresinski.
49
années quatre-vingt-dix, le Haut Comité de Santé Publique ajoute que « la précarité ne
caractérise pas une catégorie sociale particulière, mais est le résultat d’un enchaînement
d’événements et d’expériences qui débouchent sur des situations de fragilisation économique,
sociale et familiale ». L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des
conséquences plus ou moins graves et définitives.
Pour I. Parizot, la précarité se perçoit comme « un ensemble hétérogène de situations
instables génératrices de difficultés diverses. Bien souvent, elles n'ont en commun que la
forme de leur trajectoire, marquée par un cumul de handicaps et une dissociation progressive
des liens sociaux. Ainsi, faut-il envisager la pauvreté non comme un état, mais comme un
processus multidimensionnel ». Dans ce sens, la notion de temps est pertinente. C’est un
phénomène mobile, éphémère et qui dépend aussi des particularités de chaque individu. Elle
conduit à la grande pauvreté, « quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle
devient persistante, qu’elle compromet les chances de réassumer ses responsabilités et de
reconquérir ses droits par soi-même dans un avenir prévisible » (Wresinski, 1987). Pour
l’auteur, l’amélioration progressive de l’accessibilité à l’eau doit aller de pair avec le
développement des populations et donc l’amélioration de leurs situations. A cet effet, il parait
intéressant de mettre une citation de Thomas Aguilera28 en avant, « Toute expulsion ne fait
que briser des trajectoires ».
Dans ce contexte la précarité peut être retrouvée dans de multiples domaines, comme l’emploi,
le social, la santé ou bin l’éducation. De plus, ces effets sur les individus peuvent être plus ou
moins visibles. Selon I. Parizot, la précarité touche donc « des individus issus de tous les
milieux sociaux ou professionnels, mais frappe plus fortement les catégories les plus démunies
de la population qui accumulent des handicaps successifs (chômage récurrent ou de longue
durée, faibles ressources, absence de logement ou logements insalubres, isolement, solitude
extrême, absence de solidarités familiales, incertitude totale vis-à-vis de l’avenir, maladie,
fragilisation psychique) jusqu’à atteindre le seuil de l’exclusion. » Par ailleurs le Haut Comité
de la Santé Publique (1998), affirme que les effets de la précarité sont liés à l’absence d’argent
de la part des individus, ce qui génère « des déséquilibres de l’alimentation, […] une débrouille
perpétuelle entre les huissiers et les banques, de la violence au sein du monde du travail, une
menace perpétuelle de chômage, un éloignement de l’environnement familial ou social, un
environnement urbain dégradé, le poids de situation d’échecs scolaires et de déqualification
sociale. » De plus, cela peut affecter les images que véhiculent ces individus. En parallèle,
Sabine Fortino, Benjamín Tejerina, Beatriz Cavia, José Calderón, dans « Crise sociale et
précarité », considèrent la précarité vitale comme « une situation caractérisée par une
restriction, une impossibilité ou une limitation d’accès aux conditions, exigences et ressources
considérées comme nécessaires pour pouvoir envisager et mener une vie autonome ». Celle-
ci ne se limite pas à la précarité socio-économique, mais rend compte de cette nouvelle
précarité au sein de nombreuses trajectoires individuelles. On peut alors faire le lien avec des
enjeux de socialisation, pour ces individus en situation de précarité. Ces deux éléments
permettent d’observer comment l’individu se comporte face à la société, comment il agit dans
le temps, etc.
28 Thomas Aguilera : Docteur en science politique à Sciences Po Rennes.
50
Homme, 25 ans, originaire inconnue (Squat du Squid)
« J’étais chez des amis à Marseille et je suis arrivé à Bordeaux hier, dans
ce squat. C’est bien ici. J’espère pouvoir rester pour trouver du travail.
Imprimer des CV et aller dans chaque coin où je peux postuler. »
Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau
Selon Bourdieu, ces phénomènes sont à l’origine des pratiques futures des individus. On peut
alors faire référence au concept d’habitus. Dans ce sens, de multiples facteurs sont inhérents
à la notion de trajectoire individuelle, comme la temporalité et le contexte historique,
notamment concernant les structures sociales et les épreuves rencontrées tout au long de la
vie. Selon un acteur du Squid, les squatteurs « partent vivre dans d’autres villes comme Paris.
Certains se rendent compte que les conditions de vie sont difficiles là-bas du coup ils
reviennent sur Bordeaux » (14-A.).
Homme, 22 ans, originaire du Sénégal (Squat du Squid)
« Je viens du Sénégal. Mon père est de Dakar, parce qu’il travaille là-bas,
et ma mère est de Tambacounda. Je suis arrivé en France, il y a trois
semaines et depuis, je suis ici dans ce squat. Mais je fais l’aller-retour pour
dormir dans un autre squat à quelques rues d’ici. Je préfère le Squid parce
que c’est grand, qu’il y a l’eau et l’électricité. Alors que là où je dors il n’y a
pas d’eau. »
Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau
Dans ce sens, nous pouvons conclure que le fait d’être en situation de mal-logement.et
par conséquent de vivre en squat, génères des enjeux pour les populations qui y vivent. Afin
de mettre plus facilement en évidence ces enjeux, ils ont été classés par domaines :
• Enjeux sociaux : Le logement est bénéfique à l’insertion des populations dans la
société, notamment en milieu urbain. Le fait de vivre à proximité des services urbains
et surtout, d’occuper un logement décent peut ouvrir des portes aux individus,
notamment quant à la valorisation de leurs droits. De même, ils peuvent obtenir des
aides sociales qu’ils n’auraient pas eus s’ils vivaient dehors ou dans un squat par
exemple. Cela suppose non seulement qu’il existe des enjeux liés au logement, mais
aussi à l’intégration sociale, l’insertion des individus.
• Enjeux sur la santé : Le fait d’être en situation de mal-logement, pour certaines
populations, peut nuire à leur santé, en particulier chez les enfants et les personnes
âgées. Un logement insalubre et dépourvu d’équipement peut signifier que ce lieu n’est
pas raccordé à l’eau et à l’électricité. Dans ce sens, cela peut provoquer des problèmes
des santés (maladies, épidémie, …) si les individus utilisent de l’eau qui n’est pas
potable. De même, le fait de ne pas avoir d’électricité en hiver est aussi un facteur
pouvant influer sur la santé des squatteurs. Par ailleurs, l’insalubrité du logement peut
aussi aggraver cette situation.
51
• Enjeux économiques : Le mal-logement est souvent lié aux notions de pauvreté et de
précarité. Les populations sont contraintes de vivre dans un logement insalubre, par
contraintes budgétaires comme nous l’avons vu plus haut. De même, cette situation
peut s’accentuer au cours du temps si ces populations n’ont pas la volonté de s’en
sortir, voire cela peut aller jusqu’à l’exclusion sociale de ces personnes. Dans ce
contexte, on remarque que cet aspect constitue un enjeu essentiel pour ces
populations.
• Enjeux sur l’emploi : Si ces populations sont aptes à travailler (à l’inverse des
personnes en situation de handicap, étrangères ou immigrés), elles peuvent
néanmoins éprouver des difficultés quant à la recherche d’emploi ou bien à préserver
son emploi. Par ailleurs, certaines n’ont pas l’autorisation de travailler sur le territoire
français (ex : immigrés). En effet, ces populations sont mobiles, car elles ne possèdent
pas de logements « permanents ». De plus, le fait de ne pas avoir accès à l’eau, peut
entraver à l’image de ces individus lors d’une recherche d’emploi. La mauvaise hygiène
peut être un facteur d’exclusion supplémentaire, tant socialement que
professionnellement. Elle implique des risques sanitaires pour la personne.
• Enjeux sur l’environnement : Le fait de vivre dans un squats insalubre peut provoquer
des dégradations au niveau de la santé, mais aussi au niveau environnemental, si le
lieu n’est pas entretenu. Dans ce sens, on peut assister à une aggravation de la
situation et des conditions de ces individus.
En complémentarité, les enjeux des squats, identifiés par Dynam’eau, sur le territoire
et sur les populations sont les suivants : « Risques épidémiques » ; « Tensions avec les
riverains » ; « Difficultés d’intégration des populations » ; « Non respecter la dignité humaine
» (3-A.T.). Ainsi, nous pouvons voir que ces questions sont très transversales et touchent
différents domaines qui sont néanmoins liés. Cependant, certains acteurs ont la volonté
d’améliorer les conditions de vie des individus dans les squats. Selon un rapport29 du Ministère
de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, l'article30 11
« prévoit, dans l'hypothèse de l'occupation d'une propriété privée par des tiers ne justifiant
d'aucun droit ni titre, de poursuivre l’alimentation en eau de la propriété et ce malgré la
demande de résiliation d'abonnement formulée par le propriétaire ». Temps qu’une décision
n’ait pas été initiée par les pouvoirs publics, les squats peuvent continuer à s’alimenter en eau,
si les individus ne dégradent pas les lieux. Certaines communes mettent parfois en place des
« conventions d’abonnement exceptionnelles » permettant au squatteur de pouvoir bénéficier
de l’accès à l’eau. Dans ce sens, on peut supposer que les publics sont tous différents
(principalement en situation de précarité), cela peut aller des sans-abris, aux immigrés ou bien
des nouveaux « européens » aux familles en difficultés, voire aux jeunes mineurs isolés ou
aux personnes âgées par exemple.
29 Rapport du Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement sur l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour les plus démunis, exemples de bonnes pratiques. Source : www.developpement-durable.gouv.fr 30 Loi n° 2011-156 du 7 février 2011 relative à la solidarité dans les domaines de l’alimentation en eau potable
et de l’assainissement.
52
Partie III - Focus sur les populations immigrées dans les squats
: entre stratégie de vie au quotidien et mobilisation sociale
Afin d’affiner cette recherche, il a été essentiel de se focaliser sur un type d’individus
en particulier, celui des immigrés. De même, il est intéressant d’observer que les conditions
de vie ainsi que la capacité à s’adapter (stratégies de vie) pour ces populations, montrent que
chacun agit différemment en fonction de sa culture, de ses origines par exemple.
A. Le constat des conditions de vie dans les squats de la métropole de
Bordeaux
La plupart du temps l’étude des conditions de vie passe par l’analyse de certains
facteurs influant le niveau de vie des populations, ces indicateurs sont principalement d’ordre
économique (indicateurs de pauvreté, de revenu et de précarité). Dans le dictionnaire Robert,
les conditions de vie sont définies comme « l'ensemble des facteurs économiques et sociaux
caractérisant la vie d'un groupe social. » Plus généralement, cette notion regroupe l’ensemble
des moyens matériels et immatériels d’une société et qui lui permettent d’exister dans un cadre
de vie « favorable » à son bien-être et sa santé. Par ailleurs, l’environnement peut affecter les
conditions de vie, notamment au niveau du cadre de vie. De même, le parcours et la trajectoire
des individus peuvent influer sur cet aspect. Dans ce sens, l’étude de cette notion est complexe
et difficile à appréhender. Dans le cadre de cette recherche, il est alors intéressant de pouvoir
observer les conditions de vie des occupants en squat. Le fait d’étudier la situation des
individus vivant en squat implique automatiquement d’évoquer les notions de précarité,
d’exclusion, mais aussi les conditions dans lesquelles ils vivent. L’objectif étant de déterminer
les facteurs aggravants de la situation de ces individus, notamment à travers l’accès à l’eau
potable et à l’électricité. De même, les conditions de vie dans les squats peuvent impacter la
santé des occupants. Dans ce sens, l’occupation d’un lieu « sans droit ni titre » peut faire
l’objet d’un problème d’ordre public, voire de santé publique. Afin de visualiser plus simplement
les conditions de vie que possèdent les populations dans les squats sur la métropole de
Bordeaux, l’objectif a été de sélectionner un échantillon de trois squats, comme expliqué en
introduction. Par conséquent, ils ont fait l’objet de visites et d’observations tout au long des
recherches terrains.
53
Carte 5 : Carte de la localisation des squats visités lors de l’enquête terrain, au niveau de la métropole de
Bordeaux. Réalisée le 25/05/18, Lisa Ducournau
La carte située ci-dessus, présente les squats visités lors de cette recherche (CF. Annexe,
Fiches d’observation, page 90). De même, ces squats ont aussi été cités par les acteurs
« ressource » lors de l’enquête qualitative. Ces trois squats sont situés dans les communes
de Bordeaux (commune siège) et de Bègles. Par ailleurs, il a été remarqué qu’il y avait aussi
un lien avec le fait que les sièges des principales associations travaillant auprès des squats,
étaient dans ces communes (Médecins du Monde à Bordeaux et Dynam’eau à Bègles). De
plus, ces lieux se trouvent sur les trois communes les plus actives sur ces questions avec
Mérignac, au sein de la métropole. La carte met aussi en évidence les squats visités à
Bordeaux (échelle communale) : le squat de la Ruche et celui du Squid. Pour chaque squat il
parait important de rendre compte d’une brève présentation du squat, des conditions de vie
dans ces lieux, ainsi que de leurs caractéristiques.
Carte 6 : Carte de la localisation des squats visités lors des observations, dans la commune de Bordeaux.
Réalisée le 05/05/18, Lisa Ducournau
54
- Le squat de la Ruche (Bordeaux-Victoire) - 20/04/18
La visite de ce squat a été organisée par l’association Dynam’eau, lors de leurs
interventions dans le but de réparer des fuites d’eau aux toilettes et à la salle de bain. Ce squat
a été investi par cinq étudiants en décembre 2017, avec l'aide d'associations, dans un bâtiment
vacant du Conseil Régional. L’objectif est d'accueillir une vingtaine de mineurs non pris en
charge par l'aide sociale à l'enfance. Il accueille donc actuellement entre une vingtaine et une
trentaine d’individu dans un immeuble de type haussmannien de deux étages. Les différents
types de publics vivant dans ce lieu sont : jeunes immigrés, réfugiés ou jeunes mineurs isolés.
De même, les étudiants vivent aussi dans le squat. Par ailleurs, une ordonnance d’expulsion
a été publié et autorise les squatteurs à rester dans ces lieux jusqu’en juillet.
Figure 15 : Photographies illustrant l’état du squat de la Ruche (rue du Mirail, Bordeaux). Prise le 20/04/18 à 14h, Lisa Ducournau
Le bâtiment est dans un été Moyen, voire délabrés. La présence d’humidité est très marquée
avec 5 m3 d’eau gaspillée (fuites) et des fissures aux murs. Au rez-de-chaussée l’espace est
aussi délabré avec des encombrants. De plus, l’immeuble est anciennement raccordé à
l’électricité par un compteur déjà existant, mais actuellement cela ne fonctionne pas. A
contrario, le squat est raccordé à l’eau potable et au système d’assainissement collectif (un
évier dans la cuisine et la salle de bain, ainsi qu’une douche)., ce système est raccordé au
réseau d’eau des services publics. Par ailleurs, il y a de multiples fuites dans l’immeuble
notamment au deuxième étage, avec une fuite à la douche, une aux toilettes et une à l’arrivée
d’eau. La salle de bain est très délabrée notamment dû aux fuites, l’eau s’écoule aussi au 1er
étage, dans le salon.
Quatre acteurs sont mobilisés autour de ce squat : Association étudiante, Dynam’eau,
Médecins du Monde et la ville de Bordeau (voire l’équipe d’Action Bord’eaux). Ils interviennent
ponctuellement, une à deux fois par mois. Voici quelques actions mises en place :
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Accompagnement des jeunes mineurs isolés ; Réhabilitation des lieux et des pièces de vie ;
Entretien du système d’approvisionnement en eau…
- Le squat du Squid (Bordeaux-Saint Jean) - 02/05/18
Ce squat a été cité par deux acteurs « ressource ». Etant ouvert à tous, il fut facile de
le visiter en compagnie des occupants. L’immeuble est de type haussmannien et se compose
de deux étages. C’est à partir du 2 décembre que ce squat a été investi, avec le soutien de
plusieurs associations, par un collectif de militants dans un bâtiment appartenant à Bordeaux
Métropole. Il accueille chaque semaine, entre vingt et trente individus. Ces publics sont
principalement de type : immigrés, réfugiés ou jeunes mineurs isolés. Le Squid est un centre
social autogéré. En plus d’être un lieu d’habitation, « Le Squid se veut un espace où on peut
expérimenter des nouvelles formes d’entraide, d’auto-organisation et de lutte contre toute
forme de domination (racisme, sexisme, homophobie…). Un lieu de partages et de
convergence entre toutes les volontés qui souhaitent œuvrer ou qui militent déjà pour plus de
justice sociale, d’autonomie et de solidarité ». (LE SQUID, Centre Social Autogéré, 2018.
Source : https://squid.frama.site/)
Figure 16 : Photographies illustrant l’état du squat du Squid (rue C. Domercq, Bordeaux). Prise le 02/05/18 à 10h, Lisa Ducournau
Les conditions de vie dans ce squat sont bonnes pour les individus qui y vivent. Le bâtiment
est en bon état et il n’y a pas de fuite à ce jour. De plus, l’immeuble est raccordé au réseau
public d’électricité sur un compteur qui était déjà existant. De même, les occupant ont accès à
l’eau potable et à l’assainissement grâce au réseau d’eau des services publics, mais aussi
d’eaux usées. Dans ce sens, les équipements d’eau sont les suivants : un évier dans la cuisine
ainsi qu’une baignoire dans la salle de bain, puis deux sanitaires, un au rez-de-chaussée et
un à l’étage. Selon les observations effectuer, nous pouvons en déduire que ce squat évolue
dans de bonnes conditions, les équipements sont en bon état de fonctionnement et les
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occupants possèdent tous ce qui est nécessaire afin de subvenir à leurs besoins. « Je dirais
que les conditions de vie dans ce squat sont plutôt bonnes par rapport aux autres squats où
j’ai vécu. » De même, le squat possède tous les équipements nécessaires au confort des
individus. « […] Nous avons une cuisine, avec un évier. Nous avons meublé et équipé avec
les moyens du bord. […] » (16-A.).
Par ailleurs, ce squat est suivi par certaines associations, les acteurs sont alors mobilisés
autour de ce lieu de vie. Actuellement, ils sont accompagnés par la CIMADE, Médecins du
Monde Aquitaine, la commune de Bordeaux, ainsi que Bordeaux Métropole. Les actions
suivantes sont mises en place au sein du squat du Squid : Création d’un espace informations
et conseils concernant la réinsertion des individus ; Ateliers de découverte (self défense et
photographie) ; Création d’un free shop (vêtements et livres) ; Récupération dans les
marchés…Les interventions de ces structures sont très ponctuelles, voire elles ne viennent
qu’une fois sur les lieux, voire pas du tout, ce qui est le cas de la métropole et de la commune
de Bordeaux. De plus, il est intéressant de souligner que le propriétaire de l’immeuble est la
métropole de Bordeaux (racheté à la SNCF). Cependant, un ordre d’évacuation des lieux a
été déclaré pour le mois de juillet.
Suite au recherches terrain, on remarque que les squats situés à Bordeaux sont
principalement situés dans des logements vides, des bâtiments appartenant, à la commune,
la métropole ou bien à un propriétaire privé. Etant la commune siège on peut alors supposer
que le développement urbain se retrouve relativement restreint, il y a peu de terrain vagues.
A contrario, la commune de Bègles est plus étalée, d’une part elle possède un parc foncier
important, et d’autre part, elle a des possibilités de se développer, s’étaler, car de nombreux
terrains vagues sont situés sur son territoire.
Carte 7 : Carte de la localisation des squats visités lors des observations, dans la commune de Bègles. Réalisée
le 05/05/18, Lisa Ducournau
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- Le squat de Bègles (Parc Mussonville) - 25/04/18
La visite de ce squat s’est effectuée grâce à l’aide de l’association Dynam’eau qui a
installé une douche et des toilettes démontables dans ce lieu avec l’aide d’une partie des
occupants, ainsi que les Compagnons Bâtisseurs. Ce squat est essentiellement occupé par
des familles venant d’Albanie et du Kosovo et ce sont essentiellement des réfugiés, des
« nouveaux européens » (environ 70 personnes). Il existe depuis environ deux ans, or ils
habitaient sur le terrain vague situé à 50 mètres de celui-ci il y a cinq mois. Par ailleurs, une
cinquantaine de caravanes sont situées sur ce site. « Choisi pour ses facilités techniques de
raccordement au réseau, le site a été équipé d’un premier prototype de sanitaires mobiles au
début du mois d’avril et devant le succès rencontré, Dynam’eau a choisi d’y installer un second
équipement » (Elsa Provenzano, 29/04/18. Source : www.20minutes.fr). En effet, ce terrain
est propice à l’accès à l’eau potable et à l’électricité, ce qui a facilité les actions des
associations intervenantes.
Figure 17 : Photographies illustrant l’état du squat situé à Bègles (rue des deux Esteys). Prise le 25/04/18 à 14h, Lisa Ducournau
Ces caravanes datent des années 80, voire 2000, et sont en mauvais état. Elles sont rouillées
et délabrées. De plus, le terrain n’est pas entretenu et de nombreux déchets, d’encombrants
sont abandonnés au milieu des caravanes. Néanmoins, ils sont raccordés à l’électricité par
branchement sauvage au bâtiment d’un ancien Lidl, mais certaines caravanes ne sont pas
reliées au réseau. De même, ils ont accès à l’eau potable par des tuyaux reliés à toutes les
caravanes (réseau public). Un point d’eau général avec un robinet est situé au centre du
terrain. Cependant, le fait d’amener l’eau pour chaque caravane induit de faire des raccords
qui possèdent aujourd’hui beaucoup de fuites. En parallèle, de toilettes publiques sont situées
à proximité et les occupants achètent parfois des bouteilles d’eau. Deux cabines de toilettes
mobiles ont aussi été construites sur le site, avec l’aide de deux associations. Ces toilettes
sont reliées au système d’évacuation des eaux usées situé derrière les cabines.
Enfin il existe une réelle mobilisation de certains acteurs associatifs autour de ce squat. Nous
pouvons citer, Dynam’eau, Médecins du Monde et les Compagnons Bâtisseurs. Tous font
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partie du collectif Action Bord’eaux et interviennent ponctuellement dans ce lieu. L’objectif est
d’accompagner et suivre les populations qui y vivent (ex : installation de toilettes).
Ces observations ont permis d’avoir une vision partielle des conditions de vie et de
l’accès aux ressources vitales dans les squats. Ainsi, les témoignages et les entretiens de
l’enquête qualitative vont permettre de compléter ces propos. Lors d’un entretien, la Direction
de l’Eau a affirmé que « les gens possèdent une situation très précaire où les conditions
sanitaires laissent à désirer dû à l’absence d’eau, d’évacuation des eaux usées, mais aussi
d’électricité. Cela peut devenir dangereux pour leur santé et leur sécurité, […]. » (15-M.M.)
Généralement, les squatteurs investissent des locaux déjà existants. Cela représente divers
avantages pour eux, notamment au niveau de la localisation ou du fait qu’il soit déjà construit.
De même, on remarque que ce sont souvent des bâtiments appartenant à la métropole ou à
une commune, telle que Bordeaux, Bègles ou Mérignac par exemple. Néanmoins, les tentes
et caravanes représentent une alternative si le terrain n’est pas construit.
Figure 18 : Le long du périphérique parisien, en décembre. Photo Martin Colombet. Hans Lucas. Issue d’un article de presse de Libération « Sur le mal-logement, une campagne précaire » par Elise Godeau en janvier 2017. Source : http://www.liberation.fr/politiques/2017/01/31/sur-le-mal-logement-une-campagne-precaire_1545428
Pour Dynam’eau, « tout dépend des populations (et de leur culture), du lieu de squat (choisi),
des acteurs qui les soutiennent et des moyens qu’ils ont » (20-A.T.). D’après Dynam’eau,
chaque squat est différent et ne possède pas les mêmes spécificités. Ces types de logements
sont donc considérés comme provisoire pour les individus. « Chaque squat possède une
identité et des caractéristiques spécifiques, […]. Le public est très varié et tourne souvent.
Cela peut être un logement contraint, […] » (19-A.T.). Par ailleurs, le fait que ce soit un
logement temporaire renforce l’impression de précarité du lieu. Ce sont des logements qui
répondent à une « crise » de logement, à la pauvreté, etc. « Ces publics vivent souvent dans
des conditions précaires et de sont en situation de pauvreté. J’ai souvent remarqué des cas
d’illettrisme aussi […] » (19-A.T.). Selon Médecins du Monde Aquitaine, lors de l’enquête
qualitative toujours, cela peut aller d’un logement où « les conditions sont précaires, mais plus
ou moins digne » (18-G.M.) à un logement qui « n’est pas un lieu prévu pour l’habitat » (18-
G.M.), insalubre, ou les conditions de vie sont très difficile, « il n’y a pas d’isolation, c’est
humide et il n’y a pas de fenêtres. Les conditions de vie sont catastrophiques chez les
roumains, c’est pareil, ce sont des cabanes qui ont été construites. » (18-G.M.) De même,
l’accumulation de déchets sur le site peut accentuer ces conditions de vie difficile et nuire à la
santé des occupants. Certaines communes en ont pris conscience et mettent en place
certaines actions. « A Bordeaux on est plutôt bien loti, parce que la métropole a pris
conscience des conditions d’hygiène dans les squats. » (18-G.M.) C’est aussi un avantage
59
pour les communes et la préfecture qui doivent gérer les expulsions et les évacuations. En
parallèle, le coordinateur de Médecins du Monde Aquitaine souligne que « ce sont souvent de
petits squats où les personnes peuvent être en situation de précarité. » (7-G.M.) Les
associations sont parfois en communication avec les ouvreurs de squats et communiquent
avec les occupants. En 2017, « On communiquait avec des ouvreurs de squats […]. On
orientait une cinquantaine de personnes » (7-G.M.), ce qui montre qu’il y a une demande de
la part des populations et que des problématiques liées au logement se posent. Par ailleurs,
les conditions de vies dans les squats sont qualifiées de précaires, au risque de créer de
l’exclusion pour les populations qui y vivent. « Bien que la France possède un très bon réseau
de distribution et d’assainissement, des milliers de personnes contraintes de vivre en squats
et bidonvilles en sont exclues. […] contraint les individus à une exclusion économique et
sociale » (22-G.M.).
En parallèle, le GIP fait une distinction entre un squat et un bidonville, pour eux il existe ces
deux types de lieux dans la métropole. « Parfois, il peut y avoir des cafards, des rats, des
déchets, mais aussi des produits dangereux pour leur santé […]. Un groupe qui passe de 30
à 150 personnes, ça entraîne une dégradation des conditions de vie et ça peut être facteur
d’exclusion. […] les gens n’entretiennent pas les lieux car ils se disent qu’ils vont être expulsés.
» (17-D.D.) Les conditions de vie peuvent varier d’un squat à un autre, cependant le nombre
d’occupant influe sur les facteurs de dégradation du lieu et les conditions de vie en
l’occurrence. De plus, la durée de l’occupation d’un lieu peut affecter les conditions de vie des
individus, avec l’accumulation de déchets par exemple. Il est possible de rencontrer différentes
situations sur un même site, ce qui peut créer des écarts de conditions de vie. Selon un
médiateur du GIP lors d’un entretien, « le squat de la ruche c’est différent […] pas pareil si
c’était les gens qui vivent dans le squat qui l’avaient ouvert. […] c’est un acte militant pour
répondre à un besoin social, […] loger des jeunes mineurs isolés. […] c’est peu représentatif
[…]. » (17-D.D.) En parallèle, les conflits pouvant être engendrés par l’appropriation d’un point
d’eau ou de toilettes, peut aggraver la situation de certains occupants sur le site (violence,
départ d’individus, déscolarisation des enfants, etc.). Le médiateur donne l’exemple du squat
Alexis Labro à Bègles où « l’arrivée d’eau a créé une appropriation du robinet et des toilettes
[…]. » (17-D.D.) La médiatrice du GIP quant à elle, insiste sur le fait que les caractéristiques
de ces lieux influent sur les conditions de vie. « Les conditions de vie ne sont pas les mêmes
selon, la taille et le type de squat. Selon le nombre d’occupants, selon si le terrain est privé ou
public, […]. Ça peut passer d’un logement qui passe inaperçu, qui se fond dans l’espace
urbain, […]. » (17-K.A.) Cela peut aller d’un squat insalubre et délabré (dégradation de la santé
par exemple) à un squat parfaitement entretenu. De plus, l’insertion du squat (façade par
exemple) dans l’espace urbain peut être représentatif de la situation des squatteurs. Un
élément est aussi à prendre en compte, celui du discours tenu par les occupants. Il peut varier
selon l’interlocuteur qu’il a en face. Le discours des occupants, selon l’individus auquel ils
parlent, peut changer par méfiance et par peur d’une évacuation du squat par exemple.
Ainsi, les conditions de vie des squatteurs vont de pair avec leurs situations. A cet effet,
ces individus ont développé une réelle stratégie de vie afin de s’adapter aux conditions dans
lesquelles ils vivent. Les squats sont non seulement des lieux de refuge, mais ils sont aussi
sujet à du « bricolage », des innovations… Dans ce sens, certains ont la volonté d’améliorer
leurs conditions de vie, tandis que d’autres non.
60
B. Etre squatteur, une stratégie de vie au quotidien
Dans ce contexte, la notion de stratégie de vie correspond aux comportements, aux
attitudes, adoptées par les populations vivants en squat, dans le but de trouver des solutions
afin de répondre à leurs besoins. Dès lors, nous pouvons penser aux stratégies privilégiées
pour avoir accès à l’eau potable, à l’électricité ou bien de trouver de la nourriture. Les domaines
de la santé et de l’économie peuvent être aussi associés à cette notion. Nous pouvons aussi
prendre l’exemple du squat du Squid, dans lequel les occupants vivent ensemble, sous forme
de centre autogéré. Dans ce sens, les squatteurs doivent respecter des règles de vie, ce qui
peut représenter une stratégie de vie afin d’améliorer les conditions de vie et le vivre ensemble,
dans un lieu tel que celui-ci. Il y a, dans ce cas-ci, un esprit de partage, de solidarité au sein
de ce lieu. Par ailleurs, les stratégies que les squatteurs adoptent peuvent influer l’image que
véhiculent ces phénomènes au sein de la société. Ainsi, on peut supposer que le fait d’adopter
certaines stratégies vient du fait qu’il y a une « tentative d’habiter » l’espace de la part de ces
publics (F. Bouillon, 2009).
Dans un autre ouvrage (« Les mondes du squat. Anthropologie d’un habitat précaire », 2009),
F. Bouillon dresse une étude anthropologique des mondes du squat et de leurs habitants.
Celle-ci évoque notamment la notion de « mise en tension de l’image de la dégradation
sociale ». Il a pour objet principal de mettre en avant diverses typologies des usages des
squats et des modes de relations à l’œuvre afin de dépasser le découpage habituel entre squat
alternatif et squat de pauvreté, voire plus largement de déconstruire les catégorisations qui y
sont faites. Dans ce sens, il a été pertinent de s’appuyer sur ce document afin d’analyser ses
méthodologies d’enquête et la manière dont se sont déroulés ses travaux par exemple.
L’objectif est de renseigner sur cette classification en vue d’observer si elle peut être adaptable
à mon terrain d’étude, sur la métropole de Bordeaux. L’auteur établie une classification des
squatteurs en fonction de la pauvreté : « les migrants discriminés, les mal-logés et les jeunes
en difficultés (isolés) ». Certains refusent de se rendre dans un foyer ou de vivre dans la rue.
Ainsi, le squat apparaît comme une alternative plus acceptable, pour F. Bouillon : « Par ses
potentialités d’appropriation, d’intimité et de citadinité […] le squat révèle également de la
tentative d’habiter. » (p.89) A cet effet, le terme « d’habiter (construction d’un chez soi) permet
de dire que le squat n’est ni un profit, ni une fatalité subie (éviter d’autres habitats précaires) ».
Le squat est perçu comme un lieu d’identité et de continuité. Selon elle, « il s’agit de prouver
que l’on subit la marginalité et que l’on ne représente pas un danger pour la collectivité ».
Comme conséquence de la vulnérabilité (notamment lié à l’habitat) de ces individus, les squats
apparaissent comme une solution. « Ils font partie des multiples manifestations de vulnérabilité
des hommes et des femmes victimes de discriminations. Privés d’accès au travail, aux
services publics, de protection sociale, étrangers et immigrés sont à mille lieues de bénéficier
d’un droit au logement effectif » (Bouillon). C’est le « symbole et la matérialisation de
l’exclusion au logement ». Cependant, les squats possèdent une mauvaise image qui
stigmatise ceux qui y vivent.
Par ailleurs, le squat est le produit de la spéculation immobilière et des insuffisances du droit
au logement. Loin de n’être qu’un logement illégal, il constitue selon F. Bouillon, un refuge, un
espace de solidarité et d’entraide. Pour elle, les squatteurs « s’avèrent capables de mobiliser
des compétences relationnelles, cognitives et urbaines insoupçonnées ». Il y a ici, une
articulation entre processus de désaffiliation et dynamiques sociales. « Au cœur de
l’interaction se jouent alors des histoires individuelles et collectives dans toute leur densité »
(Bouillon, 2009). En effet, les squatteurs, couramment décrit comme « inutiles au monde »,
s’avèrent capables de mobiliser des compétences relationnelles et urbaines insoupçonnées,
notamment pour ce qui est de se nourrir ou d’avoir un « toit » pour dormir en sécurité. On peut
61
notamment penser à la notion de stratégie de vie, de stratégie individuelle. Les occupants
s’adaptent à leur lieu de vie et cherchent des solutions afin de posséder de meilleures
conditions de vie et un cadre de vie plus favorable.
Par la suite, il parait pertinent de mettre en évidence les stratégies adoptées par les
individus, concernant l’accès aux ressources vitales dans les squats. Un triptyque en ressort,
celui de l’accès à l’eau potable et l’assainissement, de l’accès à l’électricité et de la gestion
des déchets dans les squats. Dans ce contexte, un recensement d’environ cinquante-deux
squats sur la métropole de Bordeaux a été élaboré par le collectif Action Bord’Eaux. Ces
données traite essentiellement de ce triptyque, ainsi que du suivi de chaque squat par des
acteurs locaux. Ce recensement a été effectué dans le cadre du projet les « Toilettes se
bougent le Q ». L’objectif de ce collectif est d’améliorer les conditions de vie dans les squats
et favoriser l’échange dans ces lieux, ainsi qu’entre les squatteurs et les parties prenantes.
Les structures suivantes font partie de ce collectif : Dynam’eau, le GIP, Médecins du Monde,
Architectes sans Frontières, France Libertés, Tri Potes et Mascagne, et les Compagnons
Bâtisseurs Aquitaine. De plus, elles sont soutenues financièrement par Bordeaux Mécènes
Solidaires et la Fondation Abbé Pierre. Cette carte rend donc compte du recensement des
squats sur le territoire de Bordeaux Métropole. Par ailleurs, l’association Dynam’eau souligne
lors de l’entretien (enquête qualitative), que « nous avons mis au point, en collaboration avec
Médecin du monde et le GIP, une carte sur « framacarte » qui nous permet de recenser tous
les squats dans lesquels nous intervenons ou dans lesquels nous nous sommes rendus. Je
vous enverrai le lien par mail. » (5-A.T.)
Carte 8 : Carte de la localisation des squats de Bordeaux Métropole concernant l’accès aux ressources
nécessaires (eau, électricité, gestion des déchets) et leurs suivi par des acteurs locaux. Réalisée à partir du
28/04/18, Lisa Ducournau
Après avoir consulté cette carte, certains points n’étaient pas bien localisés (par rapport aux
adresses mentionnées dans la base de données). De plus, il est difficile pour ces associations
62
de recenser tous les squats du territoire, car ils sont, pour la plupart, relativement « éphémères
» et les individus ne sont que de passage. Ces données sont donc issues du travail de trois
structures : Dynam’eau, Médecins du Monde et le GIP (utilisation des données avec leur
autorisation). Dans le cadre de cette recherche, l’objectif a donc été de réaliser une carte
possédant des similarités avec la carte de recensement élaborée par le collectif afin de pouvoir
actualiser les informations et la mettre à jour. Les données issues de l’année 2018, ont aussi
été rajoutées. Cette carte sera ensuite transmise à ces associations afin qu’elles puissent
l’utiliser et modifier les données si elles le souhaitent. Les couleurs sont indispensables pour
comprendre comment la carte, située ci-dessus, a été pensée :
- Bleu foncé : Squats n’étant pas suivis par ces structures. Celles-ci ont néanmoins
connaissances de leurs géolocalisations et du type de squat en question.
- Bleu : Squat suivis par ces structures dans le cadre du projet les « Toilettes se bougent
le Q ».
- Bleu ciel : Squats non suivis par ces structures. Cependant elles ont connaissances
du fait qu’ils sont sans accès à l’eau potable et/ou sans assainissement (sans toilettes
par exemple).
En parallèle, il a été intéressant de pouvoir mettre en évidence les informations issues des
bases de données du collectif. Les trois graphiques suivants peuvent en témoigner. Le premier
graphique traite de l’accès à l’eau potable dans les squats recensés (soit 52 squats). Le
second met en évidence les données liées à l’assainissement et la présence de sanitaires
dans les squats. Enfin, le troisième présente des données liées à l’accès à l’électricité dans
les squats.
Figure 19 : Graphique du pourcentage de squats ayant et n’ayant pas accès à un point d’eau potable, dans la métropole de Bordeaux. Réalisé le 03/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.
Le graphique, situé ci-dessus, nous permet de visualiser le nombre de squats possédant un
accès à l’eau (point d’eau potable) et ceux ne possédant pas d’accès. Dans ce sens, 64% (soit
32 squats) ont l’eau, face à 18% (soit 9) n’ayant pas d’eau. Nous pouvons ainsi conclure que
plus de la moitié des squats de Bordeaux Métropole possèdent un accès à l’eau (soit environ
trois quarts des squats). Les squats de la métropole sont majoritairement équipés d’un point
et raccordé à une arrivée, soit d’une légale (ex : abonnement et raccordé au réseau d’eau
potable public) ou bien d’une manière illégale (ex : branchement sauvage à une bouche à
64%
18%
18%
Squats possédant l'accès à l'eau potable (en
pourcentage)
Oui Non Non renseigné
63
incendie). De plus, les squats suivis par les associations du collectif sont branchés au réseau
public.
Figure 20 : Graphique du pourcentage de squats possédant des sanitaires et connectés un système d’assainissement public, dans la métropole de Bordeaux. Réalisé le 03/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.
Pour ce qui est de l’assainissement et de la présence de toilettes en état de fonctionnement
dans les squats recensés, 22% possèdent l’assainissement et des toilettes (soit 11 squats)
contre 8%, c’est-à-dire quatre squats. Néanmoins, on remarque que pour 70% de squats (soit
35), les associations n’ont pas récolté de données concernant cet aspect. Ces structures sont
peu informées à ce sujet. Les squats possèdent souvent des toilettes et un réseau
d’assainissement, ce qui qui permet aux occupants de pour les réhabiliter afin qu’ils soient en
bon état de fonctionnement. Par ailleurs, ils peuvent aussi privilégier des toilettes publiques,
de café ou de station essence, s’il en existe à proximité.
Figure 21 : Graphique du pourcentage de squats ayant accès à l’électricité dans la métropole de Bordeaux. Réalisé le 03/06/18, Lisa Ducournau. Selon les données du collectif Action Bord’eaux.
Enfin, ce graphique montre que 56% des squats possèdent l’électricité (soit 28 squats), ce qui
est équivalent aux données concernant l’accès à l’eau. A contrario, 30% des squats n’ont pas
accès à l’électricité (soit 15). Par ailleurs, il est intéressant de préciser que généralement les
22%
8%
70%
Squats possédant un système d'assainissement et des
toilettes (en pourcentage)
Assainissement et toilettes à eau Pas d'assainissment et/ou toilettes sèches Non renseigné
56%30%
14%
Squats possédant l'accès à l'électricité (en
pourcentage)
Oui Non Non renseigné
64
squats possédant l’accès à l’eau, possèdent aussi l’électricité, ce qui n’est pas toujours le cas
concernant l’assainissement et les toilettes. Dans ce sens, on peut observer qu’en majorité les
squats possèdent un accès à l’eau et à l’électricité. Moins fréquemment ces lieux peuvent être
équipés de toilettes. Ainsi, on peut alors supposer que ces squats possèdent de meilleures
conditions de vie que d’autres. Néanmoins, d’autres facteurs sont à prendre en compte, la
localisation, la superficie du squat, le nombre d’occupants, etc.
Concernant les résultats de l’enquête qualitative, les squatteurs adoptent diverses
stratégies pour accomplir les tâches de la vie quotidienne. Comme expliqué plus haut, « c’est
du système D ». Ils s’approvisionnent grâce à un raccord au réseau public ou ils vont chercher
l’eau à des points d’accès situés à proximité du squat. De même, ils vont se doucher et faire
leurs besoins, soit dans des douches et toilettes construites sur le lieu de squat, ou bien dans
des toilettes publiques et bains-douches à proximité. Pour ce qui est de l’alimentation, ils
bénéficient aussi d’aides de certaines associations (« la Croix Rouge, Médecin du Monde, la
Banque alimentaire »). En parallèle, « […] les populations les plus défavorisées […] achètent
de l’eau en bouteille […]. Je pense que c’est peut-être lié à leur culture, à leur pays d’origine.
» (16-M.M.) Ce moyen d’approvisionnement est aussi couramment employé dans les squats,
dû à la culture et à la qualité de l’eau (méfiance, peur). Celui-ci insiste sur le fait de sensibiliser
les populations, car pour lui l’eau du robinet est sûre pour la santé. En ce qui concerne les
bains-douches, la gestion appartient aux communes et non au service de l’eau. Dans ce sens,
les communes doivent s’acquitter des factures de consommation dans ces lieux. De même
pour les fontaines à eau qui sont souvent munies de compteurs. L’installation de ces
équipements est issue d’une demande et d’une décision politique. Afin d’éviter une utilisation
fréquente et incontrôlées des bouches à incendie, les communes ont aussi installé des bornes
de puisage monétiques, soit environ une soixantaine sur le métropole ce qui est peu (Cf. partie
« Annexes », page 95). La Direction insiste aussi sur le fait que tous les usagers sont tenus
de s’acquitter des factures d’eau, et il cite : « […] il y a aussi des services communaux qui se
branchent pour remplir une laveuse automatique. Ils ne paient rien et […] même les
collectivités ou les professionnels se permettent d’en prélever, c’est interdit, surtout quand elle
n’est pas facturée. » (16-M.M.)
Homme, 25 ans, originaire du Burkina Faso (Squat de la Ruche)
« Avant j’étais dans un squat où il n’y avait rien, pas d’eau ni d’électricité.
Ici, dans ce squat, nous avons la chance d’avoir l’eau grâce aux étudiants
et aux associations, même s’il y a des fuites. De l’eau froide juste, pas
d’eau chaude ni d’électricité. C’est ce qui nous manque le plus je pense.
Malheureusement, nous allons devoir chercher un autre squat en juillet. »
Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau.
Selon les entretiens effectués lors de l’enquête qualitative, il existe donc deux manières d’avoir
accès à l’eau : se brancher au réseau public ce qui implique de posséder un abonnement
(papier d’identité et RIB) ou se raccorder par des branchements sauvages à une bouche à
incendie, voire une borne fontaine. Selon Médecins du Monde, « les personnes le plus souvent
se branche sur les bornes à incendies à proximité du squat […]. C’est une eau qui n’est pas
destinée à l’alimentation. » (1-G.M.). Les conséquences peuvent être lourdes notamment sur
la santé (virus, d’épidémie) et peut provoquer des risques d’incendie. Les pompiers ne peuvent
plus intervenir, car ils sont branchés à la bouche à incendie. Le fait qu’elle ne soit pas potable
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peut aussi contraindre les occupants à aller chercher de l’eau ailleurs, voire à la payer. Pour
le coordinateur de Médecins du Monde Aquitaine, « la condition des individus est souvent liée
aux risques sanitaires, au manque d’accès à l’eau, mais aussi à d’autres facteurs exogènes.
» (1-G.M.). Dans ce sens, les squats ont majoritairement accès à l’eau potable comme celui
situé à Villenave-D’ornon, « ils sont effectivement branchés à une borne à incendie » (8-G.M.).
Selon une nouvelle loi, il n’est plus indispensable de prévenir le propriétaire du terrain en cas
de souscription à un abonnement, mis à part si cela nécessite des travaux conséquents. Dans
ce sens, « les abonnements sont accordés aux propriétaires (ou à leurs mandataires), aux
usufruitiers, aux représentants légaux de copropriétés ou d'immeubles, aux locataires ou
occupants de bonne foi, sous réserve de nous transmettre, au moment de la souscription, un
titre justifiant leur occupation légale des lieux pour lesquels l'alimentation en eau potable est
demandé (notamment titre ou attestation notariée de propriété, bail). » (Issu des
règlementations de SUEZ Eau France et du règlement du service de l’eau de Correns).
De même, la Direction de l’Eau affirme que le moyen d’approvisionnement le plus couramment
utilisé par les squatteurs est celui du branchement à une borne à incendie, ce qui est contraire
aux règlementations émises par les services de l’eau. Selon elle, ces raccords illégaux vont à
l’encontre du principe d’égalité et d’équité. L’acteur donne l’exemple du Quai Deschamps.
Parfois, certains squats ont un tiers identifié et donc un abonnement. « […] pour moi c’est un
branchement raccordé à un compteur et qui fait l’objet d’un abonnement. Le reste c’est le
système D et pour mettre des mots sur ce fait, c’est du vol d’eau. » (7-M.M.) Cependant, il est
stipulé dans le règlement du service de l’eau que « tout raccordement au réseau public sans
contrat d'abonnement ou tout puisage effectué sans notre accord préalable est interdit. Le
non-respect de ces conditions peut entraîner la fermeture de l'alimentation en eau, la résiliation
de votre contrat, des pénalités financières et, le cas échéant, des poursuites judiciaires. » (Issu
des règlementations de SUEZ Eau France et du règlement du service de l’eau de Correns).
Ainsi l’accès à l’eau dans un squat peut dépendre de différents facteurs, comme celui du
terrain, des possibilités d’installation ou d’achat et de la culture des populations. Pour la
médiatrice du GIP, des points d’eau sont situés dans la majorité des squats et les individus
privilégient la souscription à un abonnement au réseau public. Lorsqu’il n’y a pas de point
d’eau, la plupart du temps, ils se raccordent alors à une bouche à incendie. Pour l’alimentation,
certains achètent de l’eau en bouteille (culture et méfiance sur la qualité de l’eau du réseau
public). Pour l’hygiène, ils utilisent de l’eau non potable. « Au-delà de la partie technique, il
faut penser à « l’après » installation, comment gérer l’eau et la partager, comment payer les
factures, etc. » (7-K.A.) Pour éviter les conflits, il est nécessaire de penser à l’avant, mais aussi
à l’après « action ». Mener à bien un projet, passe non seulement pas sa construction, sa mise
en œuvre, mais aussi son évaluation.
Homme, 34 ans, originaire de France (Squat du Squid)
« Ce squat est assez spécial. Avant nous étions en périphérie de
Bordeaux, mais maintenant c’est mieux nous sommes proches de la gare.
En fait ce squat vient d’être installé et peu d’associations suivent ce
mouvement pour l’instant… Ce qui est cool, c’est qu’au rez-de-chaussée il
y a un centre d’accueil et de solidarité, c’est comme une partie collective
du bâtiment. Tout le monde s’y retrouve. En revanche, aux étages vous ne
pouvez pas y aller, ce sont les parties privées. Là où les gens dorment.
Dans ce squat il y a l’eau et l’électricité, on a ce qu’il faut. »
66
Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau.
Pour ce qui est de Dynam’eau, les trois squats qu’elle suit possèdent un point d’accès à l’eau
potable et des sanitaires. Les caractéristiques sont les suivantes :
- Squat de la Ruche : système branché au réseau public. Dynam’eau intervient pour
entretenir les équipements et le système. « Nous sommes intervenus afin de réparer
d’importantes fuites d’eau dans le bâtiment » (9-A.T.) ;
- Squat à Bègles : système branché au réseau public et tuyaux raccordés à chaque
caravane. Présence d’une cabine avec toilettes, mais « il y a des fuites au niveau du
branchement (raccordements) » (9-A.T.) ;
- Squat de Villenave-d’Ornon : branché à une borne à incendie.
On remarque, dans les deux premiers cas qu’il y a des fuites conséquentes et récurrentes
liées aux équipements et aux branchements (5 et 25 m3, soit 5000 et 25000 L par jour). Selon
Médecins du Monde, lorsqu’il n’y a pas de point d’eau dans le squat, les individus vont
s’approvisionner « à des robinets dans les parcs, les cimetières ou sur les terrains de sport
par exemple. Il y a des toilettes publiques bain-douche. » (9-G.M.). Ces points d’eau ne sont
pas recensés par les services de l’eau et les populations n’ont donc pas accès à ces
informations sur le territoire. Dans ce sens, une application appelée « Eaupen » a été créée
en 2011 sous forme participative, afin de recenser ces lieux. Cette application est gratuite et
tout individu peut y accéder.
Figure 22 : Application Eaupen, le 17/05/18. Réseau de recensement des points d’eau en ville. Partie « Accès à l’eau et à l’assainissement ». Source : www.eaupen.net
Eaupen est un réseau qui a été créé afin de mettre en évidence les points d’eau existant dans
chaque ville, en France. Ainsi, cette carte issue de google maps et tout le monde peut
contribuer à la localisation des points d’eau. Par ailleurs, les villes peuvent participer à identifier
ces points et profiter de la visibilité de ces données afin de les rendre visible pour tous les
usagers. On peut notamment parler d’OpenData, qui certifie ces données comme publiques.
Dans ce contexte, Bordeaux Métropole et la Direction de l’Eau ont l’opportunité de pouvoir
travailler en collaboration avec les habitants sur la localisation des points d’eau de la
métropole, par le biais de cette application. Les différents types de point d’eau recensés dans
cette application sont les suivants : « les fontaines publiques, les lieux publics (bibliothèque,
musées, …) et les lieux privés inscrits sur le réseau (restaurants, cafés, boutiques, …) » (selon
67
le site Eaupen). Cependant, cette application est toujours en phase d’expérimentation sur la
métropole de Bordeaux, les données ne sont pas exhaustives et seulement trois points sont
recensés sur la métropole. De plus, la localisation des points d’eau reste approximative.
Néanmoins, cette application révèle qu’il y a eu une demande afin de recenser ces points
d’eau et permet aux populations d’être informées. Les squatteurs privilégient donc des points
d’accès à proximité, tels que des toilettes publiques, des bornes fontaines ou des bain-
douches par exemple. Dynam’eau évoquent aussi le fait que les squats sont souvent
raccordés à un système d’accès à l’eau (branchement sauvage). « C’est du système D, donc
dès qu’il y a moyen de se brancher au réseau public ou à des bornes à incendie ils le font. […]
» (10-A.T.). Or il existe des exceptions, certains squats comme celui du Quai Wilson est
contraint de s’approvisionner grâce à des bornes ou bien achète de l’eau en bouteille. « Ces
personnes vont acheter cette eau en supermarché sous forme de pack » (9-G.M.), nous
pouvons alors penser qu’il y a un sentiment de méfiance quant à la qualité de l’eau ou bien au
fait que c’est une habitude (d’ordre culturel). Pour ce qui est du squat du Squid, selon l’acteur
interrogé, il est raccordé au réseau d’eau des services publics et au réseau d’électricité, par le
biais d’une autorisation de la commune de Bordeaux. Celui-ci est équipé de deux toilettes en
état de fonctionnement.
A l’inverse, le GIP affirme que les individus ne se rendent pas fréquemment aux toilettes
publiques et privilégient les toilettes de stations essence, de restaurants ou de cafés. Dans ce
sens, l’application Eaupen prend son sens, afin de permettre aux usagers de pouvoir trouver
rapidement un point d’eau à proximité d’eux. L’exemple du réseau Paul Bert ou du réseau de
solidarité sont cités par les médiateurs. De même, les occupants peuvent aller
s’approvisionner à des robinets dans les parcs ou les cimetière. Selon le médiateur du GIP, «
sur le squat de Tiers, il y avait 8 toilettes et 6 douches pour 150 personnes […] la moitié du
site qui ne les utilisaient pas pour des questions d’hygiène ou d’appropriation de l’espace par
certaines personnes. » (8-D.D.) Si absence d’un point d’eau, certains construisent aussi leur
propre WC et douche. Il y a un souhait d’autonomisation de la part des populations vivants en
squat. « Tout dépend du lieu, ils s’adaptent en fonction de ce qu’ils ont. » (8-K.A.) La plupart,
du temps il n’y a pas d’assainissement collectif, mais il peut y avoir des exceptions. Parfois,
cela peut aussi poser des problèmes quant à l’évacuation des eaux et aux conditions
sanitaires. « Dans la nature, ils creusent un trou et quand il est plein, ils en creusent un autre
[…] sinon avec les associations, ils peuvent construire des toilettes mobiles. » (9-K.A.)
Concernant les toilettes mobiles, les associations interviennent principalement lorsqu’il y a un
réseau d’assainissement à proximité. Certaines ont les moyens de fournir du matériel et de
l’aide afin de construire ces installations. De plus, il est possible de trouver des toilettes en état
de fonctionnement dans des locaux, tels qu’un immeuble, une maison ou un hangar. Dans ce
sens, ils seront réhabilités avec l’aide d’une association (installer des cabines de toilettes ou
bien réhabiliter les toilettes déjà existantes) et en l’occurrence de Dynam’eau qui est
spécialisée dans l’accès à l’eau potable et l’assainissement.
Femme, environ 40 ans, originaire d’Albanie (Squat de Bègles)
« It is nice to have bathrooms because we don’t have any in the caravans.
That way, there is no bad smell. »
Traduction : C’est bien d’avoir des WC parce qu’on en a pas dans les caravanes. Il
n’y a pas de mauvaises odeur comme ça.
68
« We are coming from far away and we are in France since more than
seven years. »
Traduction : Nous on vient de loin et ça fait plus de sept ans qu’on est en France.
Témoignage récolté lors de l’enquête terrain en avril 2018, Lisa Ducournau.
Par ailleurs, les acteurs associatifs doivent prendre en compte les besoins des populations
pour installer des sanitaires dans un squat (toilette à eau ou sèche selon leur culture par
exemple), les contraintes financières, « ils souhaiteraient avoir des toilettes dans chaque
caravane » (11-A.T.) et aussi les contraintes terrains (présence du réseau public d’accès à
l’eau et du réseau d’eaux usées par exemple). Si le système est existant, les associations
peuvent intervenir. En revanche, plus le squat est grand moins il y a de chance qu’il y ait des
toilettes en état de fonctionnement. Les individus peuvent parfois faire le choix de se déplacer
pour se rendre dans des toilettes à proximité (toilettes publiques, toilettes de petits commerces,
…). « J’ai à l’esprit la situation d’une personne […] amputée des deux jambes, en fauteuil
roulant, qui habitait au squat du quai Deschamps. […] il allait dans un bar à Saint-Michel […].
Alors, il essayait de s’alimenter et de boire le moins possible pour pas avoir à parcourir ce
chemin. » (10-G.M.) Ces individus parcourent souvent de longues distances avant de trouver
des sanitaires ouverts au public. En parallèle, d’autres problématiques se posent comme les
rejets d’eaux usées dans les squats. Les services de l’Eau ont déjà rencontré des problèmes,
tels que l’infiltration des eaux usées provenant de squats se situant à proximité des zones de
captage d’eau potable. « […] il y a aussi les problèmes des rejets d’eaux usées, car il n’y a
pas de système d’assainissement collectif. […] était reversé dans le milieu naturel, mais dans
une zone d’infiltration à proximité d’un captage d’eau potable, […]. » (5-M.M.)
De même pour l’électricité, les individus n’ont pas d’autre choix que de se brancher au réseau
public, « […] par le biais d’un branchement sauvage sur un poteau électrique, voire un
bâtiment, ou par l’initiative d’une association » (12-A.T.). Au même titre que pour le raccord à
l’eau potable, Dynam’eau parle de branchement sauvage « branché au système de l’ancien
bâtiment du Lidl » (12-A.T.). Concernant l’électricité, les situations peuvent aussi varier selon
le lieu. Certains squats comme ceux de Bègles ou Villenave-d’Ornon n’y ont pas accès. Peu
de squats souscrivent à un abonnement, mis à part dans les logements vacants ou les
bâtiments abandonnées, car le compteur est préexistant. Deux autres solutions sont
envisagées pour eux, ils peuvent se raccorder à un poteau avec un branchement sauvage ou
posséder un groupe électrogène. Cependant, ces branchements sauvages peuvent être
dangereux pour la santé. Par ailleurs, des conflits peuvent apparaitre, selon le GIP. « […] les
relations sont importantes. Si tu ne t’entends pas avec les riverains ou avec une autre famille
qui vit dans le squat tu as peut-être moins de chance d’avoir de l’eau et de l’électricité. Sauf si
tu as ton propre abonnement. » (10-D.D.) Dans ce sens, le GIP affirme qu’il y a plus de squats
possédant l’électricité que l’eau sur la métropole. En parallèles, certaines mairies comme celle
de Bègles, propose de construire des points d’accès afin de limiter les branchements
sauvages. Ainsi, les médiateurs travaillent principalement avec des squats Roms, possédant
l’électricité. Dans ces squats, ils privilégient les branchements au réseau public (par
abonnement) ou les branchements sauvages (illégaux).
A cet effet, nous remarquons donc que les situations précaires des squatteurs et la
dégradation des conditions de vie, ne sont pas seulement dû au mal-logement, mais nous
pouvons aussi penser à l’accès aux ressources nécessaires à l’homme, telles que l’eau ou
l’électricité ; aux lieux dans lesquels ils vivent ; à la mobilisation sociale ; etc. Ce sont des lieux
de vie particuliers, à part entière. Ils ne sont pas seulement perçus comme un logement
69
contraint, mais aussi comme des lieux de vie collective, qui peuvent véhiculer des valeurs de
partage et de solidarité. De plus, ils impliquent de s’adapter, d’adopter une organisation
particulière. On peut alors penser au squat du Squid qui a construit un centre social autogéré.
Ces facteurs influent ainsi sur les conditions de vie des squatteurs. Pour certains, il y a une
volonté de s’approprier l’espace, d’adopter des stratégies de vie adaptées. Ainsi, indirectement
ils contribuent à améliorer leurs conditions de vie et le cadre de vie dans lequel ils vivent.
C. D’une volonté individuelle à la mobilisation collective
Il y a une volonté de certains individus d’améliorer leurs conditions de vie et de pouvoir
s’insérer au sein de la société. Cependant, ils ont peu de moyens pour subvenir à leurs
besoins. A cet effet, il est intéressant de voir que certains acteurs locaux, qu’ils soient publics
ou privés, se mobilisent autour de ces questions. Ainsi, cette partie expose principalement les
résultats obtenus dans le cadre de l’enquête qualitative et montre que la plupart des acteurs
interrogés soutiennent la lutte contre le mal-logement ou l’amélioration des conditions de vie
des personnes en ville.
Dynam’eau intervient en tant qu’intermédiaire entre occupants et les services publics. De plus,
leur présence est ponctuelle. Les salariés se chargent du suivi des squat au niveau de l’accès
à l’eau potable et à l’assainissement (entretien des équipements, etc.). « L’objectif est de voir
si tout va bien, de maintenir les équipements que nous avons installés ou réparé en bon état
et de voir s’il est possible d’améliorer les conditions de vie » (1-A.T.). Il y a un intérêt pour eux,
de rencontrer les populations afin de cerner comment vivent-ils et leurs besoins en eau. Le fait
de mettre en avant le principe de solidarité est essentiel pour eux, les squats en sont des
représentations. De plus, les squats et bidonvilles de la Métropole de Bordeaux font l’objet du
deuxième volet d’actions de Dynam’eau. Actuellement, ils ont mis en place un système d’arrivé
d’eau pour 13 squats, soit environ 400 personnes. Ces données montrent l’importance qu’ils
accordent à ces thématiques, mais aussi inscrivent ces phénomènes comme récurrents en
milieu urbain, voire de priorité publique.
L’association a évolué (de même que leurs actions) depuis huit ans et recense de plus en plus
de squats sur le territoire de Bordeaux Métropole. Avant de travailler à Dynam’eau, l’acteur
interrogé ne soupçonnait pas qu’il existait autant de squats, ce qui traduit que ce phénomène
est récent et fait l’objet d’une réalité. Pour eux, les squats existent dans les milieux urbains en
particulier. Cependant, ils sont souvent invisibles au regard de la société et ils peuvent se
fondre dans l’espace urbain. « Pour moi, il n’y en avait pas autant dans les villes, ce sont des
lieux de vie qui ne se voient pas trop » (5-A.T.). De plus, le public varie régulièrement et chaque
squat est différent. Les spécificités de chaque squats sont importantes pour comprendre les
besoins des occupants et dans quelles conditions ils vivent. Les acteurs locaux doivent
s’adapter pour trouver des solutions. Selon lui, des problèmes politiques et d’individualisme
viennent freiner l’amélioration des conditions de vie des squatteurs.
En parallèle, une autre association influe sur ces problématiques, c’est Médecins du Monde
Aquitaine (MDM). Celle-ci intervient (organisation médicale et de santé) dans les domaines de
l’accès aux soins, aux droits et à la prévention, avec pour cible des personnes en situation de
précarité. En ce qui concerne les squats, elle intervient plus particulièrement afin d’améliorer
les conditions de vie et à la santé des occupants. Médecins du Monde existe depuis plus de
30 ans en Aquitaine et possèdent de nombreuses connaissances sur la métropole de
Bordeaux. Ainsi, on peut remarquer que cette structure passe par deux formes d’intervention
: en centre d’accueil ou sur le terrain. Ils ont d’abord construit un CASO (centre d’accueil, de
soin et d’orientation) et mettent en place « des actions mobiles auprès de personnes en
situation de précarité et en habitats précaires, […]. » (3-G.M.) Par ailleurs, l’acteur interrogé
70
connait bien ces problématiques, car il est coordinateur de la Mission Squat au sein de l’ONG.
De plus, l’association travaille avec différents types d’acteurs sur le territoire (associations,
institutions, …).
Selon Médecins du Monde, l’action publique doit jouer un rôle primordial quant à l’accès à
l’eau sur son territoire, mais aussi à la santé. De nombreux textes de lois peuvent en
témoigner, « Un certain nombre d’articles de lois […] ont été ratifiés par la France comprenant
des décisions des Nations Unis qui prévoient que tout un chacun pourrait avoir accès à l’eau
potable. » (2-G.M.) Les « lieux occupés sans droit ni titre » doivent être pris en compte dans
les questions liées au territoire, de même que la précarité pouvant se traduire sous différentes
formes (logement, accès aux ressources, à la santé, aux services, …). Il y a une volonté de
faire changer les pratiques, les consciences pour eux. Dans ce sens, Médecins du Monde
souhaite montrer les avantages que peuvent tirer chaque acteur de ces problématiques. Par
ailleurs, il y a un souhait de la Direction de l’Eau d’introduire ces problématiques dans la
politique de l’eau à l’avenir, car depuis trois ans ces questions émergent dans les sphères
publiques et politiques. En revanche, l’acteur affirme que les branchements sauvages existent
depuis longtemps avec le cas des gens du voyage et depuis peu de temps de nouvelles
populations occupent l’espace urbain, comme les squatteurs. Cependant, certains freins
peuvent venir entraver la mise en œuvre d’actions sur le territoire. Le service de l’eau ne fait
pas preuve de transparence quant aux données cartographiques sur l’accès à l’eau potable
sur son territoire, ce qui induit une méconnaissance du réseau et un désintéressement des
habitants sur ce sujet. Nous l’avons notamment évoqué en parlant de l’application Eaupen. Il
y a un effort à faire de la part des services publics, afin de sensibiliser les populations et de
les mobiliser sur ces questions.
En parallèle, la Direction de l’Eau met en avant les efforts fournis par certaines associations
locales, telles que Dynam’eau ou Médecins du Monde. « On a été amené à travailler avec
elles, sans réel succès, parce qu’on s’heurte […] toujours au même problème, qui est celui du
principe d’égalité et d’équité entre tous les usagers. […], il y a une politique qui existe et que
j’applique. » (4-M.M.) La politique de l’eau et les directives limites les institutions dans
l’exercice de leur fonction. Dans ce sens, les associations viennent pallier l’absence des
institutions sur le terrain et concernant les actions mises en œuvre. Il explique que si la
politique changeait, ils évolueraient. De même, les occupants et les associations doivent
penser aux répercutions de l’installation dans un squat d’un point d’accès à l’eau peut
engendrer, comme l’exemple des conflits et tensions entre occupants.
En collaboration avec Bordeaux Métropole, un autre acteur, le GIP travaille dans les secteurs
de de l’action sociale et de la médiation. Automatiquement selon les acteurs interrogés, le fait
de parler d’amélioration des conditions de vie, induit de parler d’accès aux ressources vitales,
telles que l’eau potable. Cette structure est donc touchée directement ou indirectement par les
thématiques étudiées dans cette recherche. En 2014, un service de médiation a été créée au
sein de Bordeaux Métropole, ce qui révèle qu’il y a une demande de la part des institutions et
des populations concernant l’amélioration des conditions et du cadre de vie sur le territoire.
Les médiateurs ont pour mission de « […] faire remonter les besoins de ces populations auprès
des institutions et des acteurs compétents, comme des associations. » (1-D.D.) De plus, un
phénomène a marqué la création de ce service : « la ville était impactée par un gros bidonville
sur le squat de Thiers Benauge. » (1-D.D.) Ce phénomène montre que ces questions sont
d’actualités, qu’elles affectent l’état de la métropole et freinent son « développement » vers
une amélioration des conditions de vie des populations. Cependant, les acteurs du GIP ne
suffisent pas à porter un plaidoyer, tous les acteurs locaux doivent travailler ensemble. Le rôle
de cette structure dans les squats, est d’accompagner les occupants et de les mettre en
relation avec des associations ou des institutions, « la médiation dans les squats peut prendre
71
différentes formes selon, la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation
du groupe. […], ce ne sont pas les mêmes besoins et dynamiques. » (1-D.D.) Un aspect de
développement local est mis en avant dans ce discours, les acteurs locaux doivent travailler
ensemble sur ces questions afin de trouver des solutions pérennes sur le territoire. En
parallèle, le GIP organise aussi des formations et des animations. Il y a encore ici, une volonté
d’accompagner les structures et institutions qui soutiennent ces causes, notamment en faisant
le lien avec des enjeux du territoire et les politiques. « […] Il y aussi la question de la pérennité
des actions. Il faut faire vivre ces structures qui ont du mal à avancer notamment dû au manque
de financement. » (2-K.A.) Le territoire d’intervention du GIP s’étend sur toute la métropole,
d’une part à travers une mission sur les conflits de voisinage et d’autre part, à travers une
mission sur les squats de populations bulgares et roumaines essentiellement. Ce choix est
issu du fait que ces individus sont considérés comme « nouveaux européens », mais aussi
que les services d’urgences comme le 115 sont saturés. De plus, cette part de la population a
doublé, notamment sur les communes de Mérignac, Bordeaux et Bègles selon l’acteur
interrogé, « soit environ 95% des squats de la métropole » (2-D.D.). En 2017, les acteurs
associatifs ont recensé plus 52 squats sur la métropole, soit environ 1200 occupants. Selon
un médiateur, « il y a une corrélation avec l’aménagement et l’avancement de différents
projets urbaines […] les squats témoignent de la mutation de la ville. » (5-D.D.) En parallèle, il
est intéressant d’observer que les squats évoluent en fonction de la « mutation de la ville ».
Les espaces urbains se vident et se transforment, en fonction de ce phénomène et des
évacuations, les squats se déplacent, ils sont mobiles.
La mission des médiateurs du GIP touche ainsi « deux axes : l’amélioration des conditions de
vie dans les squats et l’accès au droit. » (1-K.A.) Chaque intervention est différente, en fonction
« du terrain, des possibilités, mais aussi des partenaires […]. » (1-K.A.) mais aussi en fonction
des demandes (élus, riverains, propriétaires, …). Cela montre que chaque squat possède ses
spécificités, selon sa localisation, les relations qu’il existe par exemple. Il est alors nécessaire
de pourvoir travailler en concertation auprès de divers acteurs pour pouvoir mener à bien des
actions adaptées aux lieux. Cette mission permet de faire reconnaitre la situation des squats
comme fait d’actualité, de favoriser l’échange et les relations, mais aussi d’accompagner les
populations vers des conditions de vie meilleure. « Le rôle du GIP est d'accompagner au
quotidien la gestion des squats et leurs abords et de favoriser les populations concernées pour
l'accès aux droits, afin de permettre une intégration sociale et professionnelle. » (3-K.A.) Le
fait que cela fasse « sens d’un point de vue démocratique et économique » inscrit ces
questions comme problème de société et sert à mobiliser les populations, les citoyens. Selon
le GIP, deux facteurs font que ces questions sont révélatrices d’un problème sociale, celui de
la lutte contre la discrimination et l’exclusion, mais aussi celui de la reconnaissance d’une
culture, faisant partie de l’Union Européenne. Au niveau économique, l’accès à l’eau, à
l’électricité, donc aux ressources vitales et un logement décent sont plutôt étudiés.
Par ailleurs, le fait de voir et d’observer les conditions de vie dans les squats fait prendre
conscience de différents faits influe sur les pratiques des individus, notamment ceux qui
travaillent en collaborations avec les squats. « […] nous nous rendons dans des squats
régulièrement. […] c’est intéressant au niveau de nos pratiques, par exemple voir une fuite ça
nous transforme. Quand je vois de l’eau qui coule, je ne peux pas, ne pas le dire aux gens
[…]. » (4-D.D.) Dans ce sens, certains individus commencent à prendre conscience que l’eau
est payante et souscrivent à des abonnements. Il y a une volonté d’entamer une démarche de
participation et de mobilisation. Cependant, cette part est actuellement minime et un des
objectifs du GIP est de diminuer les branchements sauvages au réseau public. « Maintenant
on est plus vigilants quand on va dans des squats sur tout ce qui concerne l’accès à l’eau
potable et on souhaite traiter de ces questions avec le public lui-même. On essaie de les
sensibiliser et les accompagner, […]. » (4-K.A.) Par conséquent, le manque de mobilisation
72
dans les squats est fréquent, selon l’acteur interrogé. « Il faudrait qu’ils prennent conscience
du gaspillage qui est fait, […]. Une super gestion de l’eau, c’est à la fois un indicateur qui va
faire mobiliser le groupe et qui va inciter les gens à sortir du squat, de mauvaises conditions
de vie. […], tu les amènes à se responsabiliser. » (4-D.D.)
Dynam’eau a pour volonté de favoriser l’accès aux ressources vitales et d’améliorer
les conditions de vie des populations défavorisées, mais aussi d’accompagner (exemple :
formation) les squatteurs et les acteurs locaux vers une gestion participative des squats sur le
territoire. L’objectif pour eux est de « permettre aux squatteurs d’être acteur à part entière des
actions réalisées » (13-A.T.). Il y a une volonté d’impliquer les individus dans leur projet, afin
qu’ils puissent le générer selon, leurs besoins et le pérenniser. En complément de Dynam’eau,
Médecins du Monde n’intervient pas directement sur les questions liées à l’eau. Celle-ci
possède un rôle d’intermédiaire, de médiateur et travaille principalement en relation avec les
populations et les institutions. Elle intervient en tant que plaidoyer auprès des services publics.
Les actions de Médecins du Monde sont mobiles et sont liées : « à l’information et l’orientation
; à la prise en charge médicale, sociale et juridique ; liée à la prévention et éducation à la santé
; liée à la distribution de matériel ; au recueil de données pour soutenir notre plaidoyer ; etc. »
(13-G.M.) De plus, l’ONG possède un nombre important de bénéficiaires, soit 456 en 2018
pour le volet « squat ». Selon le GIP, « Dynam’eau est un acteur intéressant pour dépasser
les contraintes techniques en renfort à SUEZ et à la Direction de l’Eau. […] peut aussi avoir
des effets néfastes quant au partage de l’eau […] et créer des tensions. […] tu peux
bouleverser un certain équilibre social. » (14-D.D.) Avant de pouvoir mettre en place des
actions dans un squat, il faut pouvoir identifier les besoins de celui-ci. Le fait de collaborer
entre acteurs permet de mutualiser les compétences, afin d’éviter les conflits et les tensions.
Par ailleurs et à l’inverse des services publics, le GIP envoie ses médiateurs sur le terrain. Ils
sont les premiers témoins, avec les associations, des conditions de vie des individus dans les
squats. « C’est important de pouvoir faire le lien entre squatteurs et services publics, car les
populations n’ont pas une vision d’ensemble des aides […]. Il faut qu’ils aillent vers le droit
commun. » (11-K.A.) Les médiateurs considèrent que les occupants ont les mêmes droits que
les habitants de Bordeaux Métropole et parlent de droit commun. En complément des services
publics, les médiateurs ont un rôle d’intermédiaire. Ils accompagnent aussi certaines actions
et ont pour mission d’animer ce réseau de médiation. Par ailleurs, ils travaillent en priorité dans
les squats situés sur un terrain « […] appartenant au patrimoine métropolitain, communal ou
institutionnel. » (12-K.A.) C’est pour ces raisons qu’ils ont un rôle de relais. Puis, ils
interviennent sur des terrains « appartenant à des propriétaires privés, à la demande des
communes, des associations, du propriétaire, […]. » (12-K.A.) Ainsi, ces interventions sont
issues d’une demande sur le territoire. Ce sont les mairies et les voisins les plus impactés par
ces phénomènes, car ils doivent partager l’espace urbain avec les squatteurs.
De plus, certaines associations comme Dynam’eau ont le soutien d’autres acteurs comme des
mécènes, le service de l’eau, Bordeaux Mécènes Solidaires ou la Fondation Abbé Pierre par
exemple. « Nous avons aussi des dons, des mécènes et le soutien des services de l’eau par
le biais d’Action Bord’eaux. » (15-A.T.). Dans ce sens, les associations rencontrent des
difficultés à financer leurs actions.
73
Figure 23 : Campagne de sensibilisation de la Fondation Abbé Pierre, 2014. Crédits photos : ©Aurélien Chauvaud / BDDP Unlimited. Source : http://www.fondation-abbe-pierre.fr/nos-actions/sensibiliser-au-mal-logement/lemploi-ne-garantit-plus-un-logement-decent
Les acteurs s’intéressent de plus en plus à ces questions, mais on observe que les
financements sont insuffisants. Cependant, un nombre important d’acteurs publics et privés
sont mobilisés autour de ces thématiques, comme : « Bordeaux et de Bègles, Bordeaux
Métropole, le département de la Gironde et la région Nouvelle Aquitaine. […] SUEZ et la
Lyonnaise des eaux. […] France Libertés Gironde, Architectes sans Frontières, les
Compagnons Bâtisseurs Aquitaine, l’équipe du collectif Action Bord’eaux, Médecins du Monde
Aquitaine, 3P&M, etc. » (16-A.T.). L’ONG Médecins du Monde, quant à elle, travaille en
collaboration avec des acteurs associatifs tels que : « le CASI (Comité d'Action Sociale) […]
avec le GIP Bordeaux Médiation. On travaille ensuite avec la LDH (Ligue des Droits de
l’Homme) pour la communication, la CIMADE ou bien le Réseau éducation sans Frontières.
[…] Dynam’eau et du collectif Action Bord’eaux dans lequel nous travaillons en équipe
(Architectes sans Frontières, France Liberté). […] l’association Tripote et Mascagne qui
cherche à améliorer les conditions de vie et l’habitat des personnes en situation de précarité
[…] avec l’association Euroms sur les droits de la communauté Roms. » (14-G.M.) Par ailleurs,
cette structure travaille aussi avec des acteurs publics comme « les MDSI (Maisons
Départementales de la Solidarité et de l'Insertion) […] en lien avec les Directions Habitat et
Eau de la Métropole, mais aussi avec certaines communes […] le soutien du département et
de la région. » (14-G.M.) Il y a une volonté de ces associations de travailler en concertation
entre acteurs (privés et publics), afin d’améliorer les conditions de vie des individus. Il y a un
souhait d’instaurer un espace d’échange entre acteurs concernés et de les impliquer plus
fortement dans la mise en œuvre de politiques, mais aussi d’actions par exemple.
74
Lorsque l’on parle des services de l’Eau, il implique de parler de deux acteurs, le délégataire
SUEZ Eau France et Bordeaux Métropole avec la Direction de l’Eau. Divers acteurs publics
sont cités par la Direction de l’Eau, comme l’ARS (santé, alimentation et qualité de l’eau),
services de secours (Santé et urgences), la Préfecture (Sécurité des biens et des personnes),
le département (Compétences sociales et financement d’actions) « Sur les sahraouis, c’est
eux qui devaient prendre en charge la consommation d’eau. » (12-M.M.), la région
(financement d’actions) et les collectivités locales (pouvoir décisionnaire et compétences
sociales). Les données récoltées sont nécessaires pour ces acteurs, afin qu’ils puissent mettre
en place des mesures et des actions.
Par ailleurs, le GIP insiste sur le fait que ces questions soient pluridisciplinaires (logement,
santé, social, éducation, …) et que le fait d’être médiateur implique d’avoir des compétences
dans ces divers domaines. « Nous accompagnons certaines associations […], comme
Dynam’eau, INTERMED GIRONDE, IPPO ou Médecins du Monde. […] ils interviennent avec
nous sur le terrain contrairement aux instances départementales et régionales. » (13-D.D.)
Travailler sur le terrain est un avantage pour comprendre les besoins et échanger entre acteurs
locaux. De même, les acteurs publics doivent travailler en collaboration afin de mettre en place
des actions. Le médiateur donne l’exemple d’une mairie, de Bordeaux Métropole (Direction de
l’Eau et de l’Habitat) et d’un CCAS. D’autres acteurs publics travaillent sur ces questions. «
Nous avons aussi les intervenants sociaux mandatés par un juge et les cabinets, voire la
Préfecture. Concernant le département, il y aura les MDSI (Maison départementale de la
Solidarité et de l'Insertion), la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale) et les
PMI (Centre de Protection maternelle et infantile). Au niveau de la région […] peu de
collaboration, après nous avons l’ARS, […]. Enfin, le CHU Pellegrin, les services de police et
de secours sont souvent impliqués […]. » (14-D.D.)
Le GIP travaille en collaboration avec plusieurs acteurs venant de différents secteurs (public,
privé, …) et domaines (logement, social, santé, …). Concernant le collectif Action Bord’Eaux
(Médecins du Monde, France Liberté, Dynam’eau, la CIMADE, GIP), le GIP n’exploite pas
toutes les données transmises par les autres associations, car il travaille avec la communauté
Roms. Concernant la communauté Roms, les médiateurs travaillent en collaboration avec
EURROM (en collaboration avec le CNDH), le Collectif Roms Chakaraka, l’association ASTI
(Association de Solidarité avec tous les Immigrés), etc. En ce qui concerne l’éducation, ils
travaillent aussi avec des éducateurs spécialisés et des écoles de la métropole. Plusieurs
acteurs institutionnels collaborent avec le GIP sur ces questions, comme les mairies de Bègles
et Mérignac, la cité municipale de Bordeaux, Bordeaux Métropole, le département et la région.
On peut voir que certains acteurs publics sont impliqués dans ces questions, le médiateur
donne l’exemple de Bègles et Mérignac qui installent des compteurs dans les squats. Pour
eux, « Il faut encourager ces initiatives venant de tout type d’acteurs […]. » (15-K.A.) Que ce
soit des acteurs associatifs ou des parties prenantes, chaque acteur doit être impliqué dans
cette mise en œuvre d’actions pour éviter les conflits, les tensions et les oppositions face au
développement, à la transformation du territoire. C’est échanger, présenter les actions, inviter
les parties prenantes à se rendre sur le terrain ou à des réunions et bien sûr communiquer.
Selon le GIP, le fait que les squats évoluent, soient mobiles et ponctuels implique de
transformer les politiques et les actions au fur et à mesure. « Le fait de travailler auprès de
400 personnes, n’est pas la même chose qu’avec 900 […]. » (15-D.D.) Au même titre, la
Direction de l’Eau soutien que la mobilisation des associations et la sensibilisation qu’elles
portent sont primordiales dans l’émergence de ces questions. Non seulement il est nécessaire
d’avoir des acteurs sur le terrain (techniciens et associations), mais les pouvoirs publics
doivent aussi être concernés et impliqués dans ces questions, notamment dans le sens où il
existe un budget. « […] dépasse le niveau de compétence des techniciens, qu’il y ait un réel
portage politique. […] il faut qu’il y ait une vraie mobilisation politique. […] il faut vraiment une
75
politique sociale dans les communes et la métropole, […]. » (13-M.M.) Nous pouvons
remarquer que peu d’actions publiques sont menées au niveau social, notamment concernant
les personnes en situation de précarité et l’accès à l’eau potable, seul le chèque Eau existe. «
[…], au niveau social des choses méritent d’être développées, car nous en sommes encore
au stade de l’expérimentation. […] on a beaucoup de progrès à faire et quand je dis « on », ce
n’est pas le service de l’eau, c’est les pouvoirs publics, les associations, c’est tout le monde.
» (13-M.M.)
Le squat du Squid quant à lui, possède quelques particularités, car il n’est pas reconnu comme
une structure influente sur les politiques de la métropole, de même ce n’est pas une structure
associative. Cependant, cette structure est intéressante, dans le sens où c’est un squat avec
un centre social autogéré qui accueille des individus à des fins de logement. Les occupants
du Squid qualifient ce squat de communauté. Par ailleurs, les publics vivants dans ce lieu ont
la volonté d’améliorer leurs conditions de vie et de donner une bonne image de ce lieu aux
habitants, aux associations et aux institutions. Ce qui soutient les propos du GIP : « d’un côté
des occupants qui ont souvent un parcours exemplaire ce qui fait plaidoyer, puis de l’autre tu
as ceux qui […] ne sont pas mobilisés et ne respectent pas la vie en communauté, quitte à
mettre la vie d’autrui en danger. » (15-D.D.) Dans ce sens, ces parcours de vie peuvent
témoigner des trajectoires de vie, de la mobilisation et du soutien de certains individus.
Quelques occupants ont la volonté de se réinsérer alors que d’autres non, ils profitent de leur
situation par intérêt (notamment économique) et ne cherche pas à améliorer leurs conditions
de vie, mais aussi leurs droits. Certaines associations soutiennent ce squat, comme la
CIMADE et Médecins du Monde. De plus, la commune de Bordeaux autorise l’occupation de
ce lieu, car elle est propriétaire du bâtiment. Néanmoins, des projets de la ville ont dû être
modifiés avec l’occupation de ce lieu, comme le projet Euratlantique par exemple. Le fait
d’avoir autorisé l’accès à ce squat a permis aux populations de vivre dans de bonnes
conditions, car ils ont accès à l’eau et à l’électricité. De même, les locaux sont en bon état. «
La ville de Bordeaux nous autorise à vivre dans ce lieu […], ils nous laissent nous débrouiller
seul […] » (11-A.). Selon la personne interrogée, des points d’eau potable sont installés à
proximité, au bord de la Garonne par exemple (environ 300 mètres). De plus en plus
d’individus sont confrontés à des problèmes de logement. Les actions sont, selon lui,
insuffisantes et il souhaiterait que des actions sociales soient mises en place.
Depuis, une dizaine d’années nous pouvons remarquer l’émergence d’une certaine
mobilisation sociale autour de ces lieux de vie, les squats. En plus médiatisé, ils sont
aujourd’hui au centre de l’actualité dans les grandes villes, telle que la métropole de Bordeaux.
Dans ce sens, les autorités publiques s’intéressent de plus en plus à ces questions, mais
pennes à mettre en place une action publique adéquate. En parallèles, certaines structures,
telles que des associations, font preuve de soutien, de mobilisation et possèdent un rôle de
plaidoyer. Cependant, elles manquent de moyens afin de rendre plus efficaces leurs actions
et qu’elles soient en adéquation avec les besoins des populations.
76
Conclusion
Pour conclure, les services de l’eau potable en France travaillent principalement en
collaboration avec des délégataires (contrat de concession), tel que SUEZ par exemple. Dans
ce sens, on peut dire que l’autorité publique en charge de la question de la gestion de l’eau
potable possède le « monopole ». Néanmoins, et au même titre que l’agriculture ou la gestion
d’une autre ressource par exemple, les communes en chargent de cette gestion doivent
respecter des directives internationales. A cet effet, la gestion de l’eau reste difficile à mettre
en place pour les services publics, d’une part car c’est une ressource « primaire » qu’il faut
entretenir, elle est renouvelable à un certain seuil, puis d’autre part car c’est un droit
fondamental pour l’humanité. Dans ce sens, les services et délégataires doivent travailler en
collaboration, en concertation, afin d’améliorer et de rendre plus efficace le réseau d’eau
public. Par ailleurs, la gestion de l’eau implique nécessairement de penser à l’accessibilité et
la distribution de la ressource en eau sur les territoires. Néanmoins, un facteur essentiel vient
freiner l’amélioration de l’accès à l’eau, son coût. Les individus peuvent avoir des difficultés à
assurer le paiement des factures d’eau. Ainsi, le coût est lié à d’autres facteurs, tous
transversaux, tels que le mal-logement, la pauvreté, la santé, le chômage, etc.
En France, le fait d’avoir accès à l’eau peut impliquer d’avoir un logement et donc un compteur
d’eau (abonnement), or pour certaines populations en situation de précarité ce n’est pas le
cas. Néanmoins, si celles-ci sont en situation de mal logement, elles peuvent faire le choix ou
bien sont contraintes de vivre en squat. Par ailleurs, certains squats peuvent être encore
équipés d’un compteur d’eau si les locaux sont en bon état. Elles sont souvent forcées de
trouver d’autres alternatives. Selon les acteurs interrogés, deux solutions s’offrent alors à elles,
les branchements sauvages sur une bouche à incendie ou bien un point d’eau à proximité. Par
ailleurs, le fait de penser « accessibilité à l’eau potable » a d’abord impliqué de parler de la
qualité et de la quantité d’eau. Cependant, d’autres facteurs sont à prendre en compte
notamment au niveau des équipements, des besoins des populations et de la distance à
parcourir pour avoir un point d’eau. L’offre d’équipement et de points d’eau dans l’espace
public est insuffisant au sein de la métropole de Bordeaux, sont notamment remis en cause le
manque d’intérêt des services et le manque de financements. Dans ce sens, nous pouvons
supposer que c’est un facteur contraignant pour ces individus, en situation de précarité. De
même, cela peut être révélateur d’un phénomène d’exclusion de la part des services publics
(fait de ne pas entretenir et multiplier les points d’eau dans l’espace public).
Il parait alors évident de parler de « l‘invisibilité des publics » (ONPES), ainsi les publics
n’ayant pas accès à l’eau potable et/ou vivants en squat, sont sujets à différents types
d’invisibilité. Dans ce sens, il est intéressant de citer : l’invisibilité politico-médiatique ;
l’invisibilité sociale ; l’invisibilité institutionnelle ; l’invisibilité recherchée par les publics eux-
mêmes. De plus, ces formes d’invisibilité sont, soit subis par les individus, soit il y a une volonté
de ces individus d’être dans cette situation. Par ailleurs, divers acteurs locaux, privés comme
publics, peuvent être impliqués dans ces phénomènes. Cependant, l’ONPES soutient par
ailleurs, qu’il y a une volonté de ces acteurs de tenir à l’écart ces populations, notamment pour
ne pas nuire à l’image de la ville.
C’est à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale en France, que des difficultés
de logement voient le jour, provoquant notamment des phénomènes de ségrégation, de
discrimination et d’exclusion pour les populations. Par ailleurs, ces effets sont issus de
différents facteurs comme celui de la précarité et de la pauvreté. On parle d’une « crise du
77
logement ». Selon M. Mouillart31, « alors que les besoins en logement restent élevés, de l’ordre
de 500 000 chaque année, le nombre de logements mis en chantier sera de l’ordre de 300 000
en 2014. Cela signifie que compte tenu du nombre actuel de ménages et de son évolution, on
aura construit cette année […] moins de 11 logements pour 1000 ménages, alors qu’il en
faudrait près de 70% de plus. » Et alors souvent remis en cause, la décision des pouvoirs
publics ainsi que les politiques publiques mises en place. De nombreuses dimensions sont
ainsi remises en question, comme les dimensions historiques, sociales, économiques,
environnementales, immobilières et territoriales.
En ce sens, dans les milieux urbains et dans ce cas précis dans la métropole de Bordeaux,
les squats sont sujets aux politiques publiques et aux transformations des villes. Cependant,
ils possèdent de réelles capacités, afin de s’adapter. C’est en quelque sorte une solution
alternative au mal-logement, qui résulte de certaines difficultés sociales et économiques. Les
conséquences pour les individus sont multiples, notamment au niveau de la recherche
d’emploi, de l’insertion dans le monde administratif (en faisant référence au droit commun) ou
bien de leur santé par exemple. Seul deux rapports ont été rédigés par l’Etat par le biais du
recensement de certaines préfectures de France. Ces rapports ont été publiés en 2000 et
2005. Or ils ne sont pas représentatifs, notamment dû au fait que ces publics soient qualifiés
« d’invisibles » et que cela concerne différents types de publics. Dans ce sens, on peut parler
de marginalité urbaine en particulier liée au logement.
En parallèle, les enjeux des squats, identifiés par Dynam’eau, sur le territoire et sur les
populations sont les suivants : « Risques épidémiques » ; « Tensions avec les riverains » ; «
Difficultés d’intégration des populations » ; « Non respecter la dignité humaine » (3-A.T.). Ainsi,
nous pouvons voir que ces questions sont très transversales et touchent différents domaines
qui sont néanmoins liés (social, économique, habitat, santé, éducation, etc.). Nous pouvons
aussi le voir, l’accès aux ressources (accès à l’eau et à l’électricité) joue un rôle primordiale
dans l’intégration de ces individus. Certains acteurs ont la volonté d’améliorer les conditions
de vie des individus dans les squats. Selon un rapport32 du Ministère de l'Écologie, du
Développement durable, des Transports et du Logement, l'article33 11 « prévoit, dans
l'hypothèse de l'occupation d'une propriété privée par des tiers ne justifiant d'aucun droit ni
titre, de poursuivre l’alimentation en eau de la propriété et ce malgré la demande de résiliation
d'abonnement formulée par le propriétaire ». Temps qu’une décision n’ait pas initiée par les
pouvoirs publics, les squats peuvent continuer à s’alimenter en eau, si les individus ne
dégradent pas les lieux. Certaines communes mettent parfois en place des « conventions
d’abonnement exceptionnelles » permettant au squatteur de pouvoir bénéficier de l’accès à
l’eau. Dans ce sens, on peut supposer que les publics sont tous différents (principalement en
situation de précarité), cela peut aller des sans-abris, aux immigrés ou bien des nouveaux
« européens » aux familles en difficultés, voire aux jeunes mineurs isolés ou aux personnes
âgées par exemple. Ces publics vivent à l’écart et en situation de précarité. Le fait de ne pas
avoir accès aux ressources nécessaires peut contraindre les squatteurs à s’insérer dans la
société (au niveau administratif notamment), à rechercher un emploi, à être en bonne santé,
voire cela peut les exclure encore plus de la société. Dans ce sens, il est évident que le fait de
ne pas avoir accès à l’eau potable dans un squat par exemple, peut être un facteur aggravant
de la précarité et de l’exclusion de ces individus au sein de la société.
31 M. Mouillart : Professeur d’économie et du logement à l’université Paris-X Nanterre. 32 Rapport du Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement sur l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour les plus démunis, exemples de bonnes pratiques. Source : www.developpement-durable.gouv.fr 33 Loi n° 2011-156 du 7 février 2011 relative à la solidarité dans les domaines de l’alimentation en eau potable et
de l’assainissement.
78
Ainsi, les conditions de vie des squatteurs vont de pair avec leurs situations. A cet effet,
ces individus ont développé une réelle stratégie de vie afin de s’adapter aux conditions dans
lesquelles ils vivent, en particulier pour avoir accès à l’eau potable. Les squats sont non
seulement des lieux de refuge, mais ils sont aussi sujet à du « bricolage », des innovations…
Dans ce sens, certains ont la volonté d’améliorer leurs conditions de vie, tandis que d’autres
non. Il y a une volonté de certains individus d’améliorer leurs conditions de vie et de pouvoir
s’insérer au sein de la société. Cependant, ils ont peu de moyens pour subvenir à leurs
besoins. A cet effet, il est intéressant de voir que certains acteurs locaux, qu’ils soient publics
ou privés, se mobilisent autour de ces questions. Ainsi, cette partie expose principalement les
résultats obtenus dans le cadre de l’enquête qualitative et montre que la plupart des acteurs
interrogés soutiennent la lutte contre le mal-logement ou l’amélioration des conditions de vie
des personnes en ville.
Depuis, une dizaine d’années nous pouvons remarquer l’émergence d’une certaine
mobilisation sociale autour de ces lieux de vie, les squats. En plus médiatisé, ils sont
aujourd’hui au centre de l’actualité dans les grandes villes, telle que la métropole de Bordeaux.
Dans ce sens, les autorités publiques s’intéressent de plus en plus à ces questions, mais
pennes à mettre en place une action publique adéquate. En parallèles, certaines structures,
telles que des associations, font preuve de soutien, de mobilisation et possèdent un rôle de
plaidoyer. Cependant, elles manquent de moyens afin de rendre plus efficaces leurs actions
et qu’elles soient en adéquation avec les besoins des populations.
79
Bibliographie
Ouvrages et articles de recherche
AUBRY Hanna (dir.), Les autres voix de l'eau. Les enjeux du Forum alternatif mondial de l'eau,
Paris, La Dispute, 2012, ISBN : 978-2-84303-232-5. Monté par un collectif. URL:
https://www.decitre.fr/livres/les-autres-voix-de-l-eau-9782843032325.html
BAECHLER, Laurent. L’accès à l’eau, enjeu majeur du développement durable, 2017.
Collection Planète enjeu et édition Deboeck supérieur. URL :
https://www.decitre.fr/media/pdf/feuilletage/9/7/8/2/8/0/7/3/9782807302280.pdf
BARBIER Rémi, ROUSSARY Aurélie, CAILLAUD Kevin, CANNEVA Guillem, GHIOTTI
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Joseph WRESINSKI (Question dont le Conseil économique et social s'est saisi par décision
de son bureau en date du 12 février 1985 en application de l'article 3 de l'ordonnance n° 58-
1360 du 29 décembre 1958 modifiée. Portant loi organique relative au Conseil économique et
social).
82
Précarité socio-économique et vulnérabilité : Précarité économique, sentiments d’intégration
et vulnérabilité psychologique, F. Sordes-Ader & P. Tap
Sitographie
Bordeaux : évacuation de deux squats, plus de 100 Bulgares reconduits :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/26/bordeaux-evacuation-de-deux-squats-plus-
de-100-bulgares-reconduits_1839382_3224.html
Grand ménage d’automne dans les squats de Bordeaux Métropole :
https://rue89bordeaux.com/2016/09/grand-menage-dautomne-dans-les-squats-de-bordeaux-
metropole/
La Ruche, le squat qui dit oui aux enfants exilés : https://rue89bordeaux.com/2017/09/ruche-
squat-dit-oui-aux-enfants-exiles/
Bordeaux: Les squats sont repoussés de plus en plus en périphérie :
https://www.20minutes.fr/bordeaux/2228447-20180302-bordeaux-squats-repousses-plus-
plus-peripherie
Bordeaux : le squat pour mineurs exilés pourra rester : http://www.sudouest.fr/2017/10/10/le-
squat-pour-mineurs-po-urra-rester1-250-jeunes-en-un-an-3848816-1318.php
Législatives à Bordeaux : des candidats des ZAD, des SDF et des squats :
http://www.lemonde.fr/elections-legislatives-2017/article/2017/06/08/legislatives-a-bordeaux-
des-candidats-des-zad-des-sdf-et-des-squats_5140684_5076653.html
60 Roms évacués d'un squat près de Bordeaux : http://www.aqui.fr/societes/60-roms-
evacues-d-un-squat-a-bordeaux,10178.html?rss
En immersion dans les squats de Bordeaux : https://www.francebleu.fr/infos/societe/en-
immersion-dans-les-squats-de-bordeaux-1508258343
Un millier d’habitants de Bordeaux Métropole vivent sans accès à l’eau :
https://rue89bordeaux.com/2017/03/millier-habitants-bordeaux-metropole-sans-acces-eau/
Dynam’eau agit pour les mineurs isolés étrangers : http://www.club-presse-
bordeaux.fr/communiques/dynameau-agit-mineurs-isoles-etrangers/
Bordeaux : Dynam’eau, de l’eau pour retrouver un peu de dignité :
http://www.sudouest.fr/2018/01/08/bordeaux-dynam-eau-de-l-eau-pour-retrouver-un-peu-de-
dignite-4092014-2780.php
Bordeaux : ces demandeurs d’asile sans droit à un toit :
https://rue89bordeaux.com/2016/02/bordeaux-ces-demandeurs-d-asile-sans-droit-a-un-toit/
http://dynameau.org/projets-girondains/bidonville/
http://www.bordeaux-metropole.fr/Espace-presse/Bureau-de-Bordeaux-Metropole-Squats-
roms-la-creation-d-espaces-temporaires-d-insertion-a-l-etude
http://www.bordeauxmecenes.org/projets-2017/acces-mobile-a-leau-squats
https://www.youtube.com/watch?v=7du9nKXfSZo
https://www.youtube.com/watch?v=lURoCbZkAco
https://www.youtube.com/watch?v=iS0WuipzksU
83
Annexes
Annexe n°1 : Schémas de la formulation des hypothèses
Hypothèse n°1
Figure 24 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°1 sur les inégalités d’accès à l’eau potable en France (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs). Réalisé le 02/03/18, M1 GTDL.
Hypothèse n°2
Figure 25 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°2 sur les situations de précarité et d’exclusion en milieu urbain (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs). Réalisé le 02/03/18, M1 GTDL.
84
Hypothèse n°3
Figure 26 : Schéma de la relation hypothèse/réponse n°3 sur les conditions de vie dans les squats et la mobilisation sociale (déclinée en concepts, dimensions et indicateurs). Réalisé le 02/03/18, M1 GTDL.
Annexe n°2 : Schéma de la liste des différents acteurs liés à la gestion de l’eau
en France
Figure 27 : Les acteurs de l’eau en France, Agence de l’eau (2015). Source : http://www.eaurmc.fr/pedageau/la-gestion-de-leau-en-france/les-acteurs-de-leau-en-france.html
85
Ce schéma permet de constater qu’il existe de multiple acteurs pouvant jouer un rôle dans la gestion de l’eau en France, sur tous les domaines concernés par la gestion de la ressource.
Annexe n°3 : Tableau/Graphique des types d’activité et des taux de pauvreté
dans la commune de Bordeaux
• Population de 15 à 64 ans par type d'activité, dans la commune de Bordeaux :
Figure 28 : Tableau de la répartition de la population de 15 à 64 ans par type d'activité professionnelle, dans la commune de Bordeaux (2014). Source : Insee RP 2009 et 2014.
Ce tableau permet de visualiser la part des individus inactifs sur le territoire de Bordeaux en 2014. Il porte un intérêt dans ce contexte, c’est le fait que ces données puissent être en lien avec les phénomènes de précarité et d’exclusion sur le territoire. Ainsi, on peut supposer que certains individus, étant inactifs, peuvent se retrouver à vivre dans un squat dû coût des logements sur la commune.
• Taux de pauvreté par tranche d'âge du référent fiscal en 2014 dans la commune de Bordeaux :
Figure 29 : Graphique de la répartition de la population par rapport au taux de pauvreté par tranche d'âge du référent fiscal en 2014 dans la commune de Bordeaux. Source : Insee.
Par ailleurs, ce graphique présente un intérêt dans cette recherche car il rend compte du taux
de pauvreté des individus vivant dans la commune de Bordeaux en 2014. Dans ce sens, nous
86
pouvons remarquer que la tranche d’âge sur représentée est celle des moins de 30 ans. La
seconde tranche est celle des 40 à 49 ans. Dans ce sens, on peut constater (en lien aves les
observations terrain effectuées) que ce sont effectivement les moins de 30 ans les plus
touchés par la pauvreté. Dans les squats, la majorité des individus ont aussi moins de 30/35
ans.
Annexe n°4 : Graphiques des types d’activité et des taux de pauvreté dans la
commune de Bègles
• Population de 15 à 64 ans par type d'activité en 2014, dans la commune de Bègles :
Figure 30 : Graphique de la répartition de la population de 15 à 64 ans par type d'activité en 2014, dans la commune de Bègles. Source : Insee RP 2014.
Ce graphique créé en 2014, nous permet de rendre compte plus facilement la de chômeurs et « d’autres inactifs » sur le territoire, ce qui nous permet de faire un lien avec le sujet de recherche. La part de chômeurs est de 11,6%, celle-ci est plus élevé que sur le territoire de Bordeaux.
• Taux de pauvreté par tranche d'âge du référent fiscal en 2014 sur la commune de Bègles :
Figure 31 : Graphique de la répartition de la population par rapport au taux de pauvreté par tranche d'âge du référent fiscal en 2014 sur la commune de Bègles. Source : Insee.
87
Au même titre que Bordeaux, ce graphique présente un intérêt dans cette recherche car il rend
compte du taux de pauvreté des individus vivant dans la commune de Bègles en 2014. Dans
ce sens, nous pouvons remarquer que la tranche d’âge sur représentée est celle des moins
de 30 ans. La seconde tranche est celle des 30 à 39 ans, ce qui inscrit les jeunes comme la
part la plus pauvre de la population de la commune. Dans ce sens, on peut constater (en lien
avec les observations terrain effectuées) que ce sont effectivement les moins de 30 ans les
plus touchés par la pauvreté et ce sont aussi eux qui sont le plus représentés dans les squats.
Annexe n°5 : Tableau de la méthodologie de recherche sur les squats abordée
par F. Bouillon
Figure 32 : Tableau de la méthodologie employée par F. Bouillon dans son étude sur « Les mondes du squat ». Rapport de Florence Bouillon, Presses Universitaires de France, « Partage du savoir », 2009. Source : Chapitre 2 Une appréhension institutionnelle ambiguë, une intervention sociale fragmentée ; Ouvrage « Les mondes du squat ». Source : http://www.cairn.info/les-mondes-du-squat--9782130573296-page-107.htm
88
Annexe n°6 : Chiffres clés du rapport annuel d’activité 2016, de Bordeaux
Métropole, sur le prix et la qualité des Services publics de l’eau et de
l’assainissement
Figure 33 : Chiffres clés du rapport annuel d’activité 2016, de Bordeaux Métropole, sur le prix et la qualité des Services publics de l’eau et de l’assainissement, Direction de l’Eau - Pôle de la Proximité, 2016. Source : www.bordeaux-metropole.fr
89
Annexe n°7 : Les chiffres du mal logement en France, selon la Fondation Abbé
Pierre
Figure 34 : Tableau sur les chiffres du mal-logement. Issu du Rapport annuel 2018 de l’Etat du mal-logement en France de la Fondation Abbé Pierre.
SOURCES :
(1) Enquête Sans-domicile, Insee. Les sans-domicile, au sens de cette enquête, peuvent être sans abri,
en habitation de fortune, en hébergement collectif, à l’hôtel, en CADA ou hébergés dans un logement
associatif.
(2) ENL 2013, calculs FAP. Il s’agit ici de chambres trouvées et payées par les personnes elles-mêmes,
pas d’hébergement institutionnel.
(3) Recensement de la population 2006. Certaines personnes en habitations de fortune sont également
comptées parmi les sans-domicile.
(4) ENL 2013, calculs FAP. Ce groupe comprend un noyau dur (personnes de 17 à 59 ans hébergées
par des personnes sans lien de parenté direct, qui n’ont pas les moyens de décohabiter) ainsi que les
plus de 25 ans contraints, après une période de logement autonome, de revenir habiter chez leurs
parents ou grands-parents faute de logement autonome, et les personnes de plus de 60 ans hébergées
chez un tiers sans lien de parenté direct. À ce périmètre, semblable à celui des éditions précédentes
défini par l’Insee, sont ajoutés les enfants non-étudiants de plus de 25 ans chez leurs parents qui n’ont
encore jamais décohabité, souhaiteraient le faire mais n’en ont pas les moyens.
(5) ENL 2013, calculs FAP. Comprend les logements remplissant au moins un de ces critères : pas
d’eau courante, douche, WC intérieurs, coin cuisine, ou moyen de chauffage ou façade très dégradée.
Notre définition de la privation de confort a évolué et n’est pas comparable à celle de l’édition
précédente.
90
(6) ENL 2013. Ménages auxquels manquent deux pièces par rapport à la norme de peuplement. La
norme de peuplement est la suivante : une pièce de séjour pour le ménage ; une pièce pour chaque
couple ; une pièce pour les célibataires de 19 ans et plus ; et, pour les célibataires de moins de 19 ans
: une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou s’ils ont moins de sept ans ; sinon, une pièce
par enfant.
(7) FNASAT, « Ancrage et besoins en habitat des occupants permanents de résidence mobile », juin
2016.
(8) Cilpi. Résidents déclarés des foyers de travailleurs migrants en attente de traitement.
(9) ENL 2013, calculs FAP. Il ne s’agit ici que des copropriétaires déclarant habiter dans une copropriété
rencontrant des difficultés (impayés nombreux et fréquents, copropriété décrite comme fonctionnant
très mal, absence de travaux d’entretien), et non des locataires. Cette définition n’est pas comparable
à celle de l’édition précédente.
(10) ENL 2013, calculs FAP.
(11) ENL 2013, calculs FAP. Personnes appartenant à des ménages des trois premiers déciles de
niveau de vie auxquels manque une pièce par rapport à la norme de peuplement, à l’exclusion des
ménages d’une personne.
(12) ENL 2013, calculs FAP. Il ne s’agit ici que des personnes appartenant aux trois premiers déciles
de niveau de vie et déclarant avoir eu froid au cours de l’année pour des raisons liées à la précarité
(privations financières, logement mal isolé ou mal chauffé).
(13) ENL 2013, calculs FAP. Personnes subissant un taux d’effort net supérieur à 35 %, leur laissant
un reste-à-vivre inférieur à 650 euros par mois et par UC.
Annexe n°8 : Liste des squats cités par les acteurs « ressource » lors des
entretiens qualitatifs
Figure 35 : Liste des squats recensés lors de l’enquête qualitative. Source de création de la liste : QGIS 2.4., mai 2018. Lisa Ducournau
91
Selon les propos des acteurs interrogés lors de l’enquête qualitative, quatorze squats ont été
cités. Nous pouvons remarquer, que les communes de Bègles et de Bordeaux sont les
principales touchées par ce phénomène.
Annexe n°9 : Fiches d’observation des squats visités lors de l’enquête terrain
1. Le squat de la Ruche (Bordeaux-Victoire)
La visite de ce squat a été organisé par l’association Dynam’eau. Ce squat a été investi
par cinq étudiants, avec l'aide d'associations, dans un bâtiment vacant du Conseil Régional
afin d'accueillir une vingtaine de mineurs non pris en charge par l'aide sociale à l'enfance. De
même, les étudiants vivent aussi dans le squat. Une ordonnance d’expulsion a été publié et
autorise les squatteurs à rester dans ces lieux jusqu’en juillet.
Fiche d’observation n°1 : Squat de la Ruche Lisa Ducournau Date de visite du squat : 20/04/18 M1 GTDL
Généralités et population vivant dans le squat
Localisation Quartier de la Victoire 51 rue du Mirail, Bordeaux
Surface au sol du squat 133,1 m²
Date d’investissement du lieu Décembre 2017
Nombre d’individus dans le squat Entre 20 et 30 individus chaque semaine
Type de public Immigrés, Réfugiés, Jeunes mineurs isolés et SDF
Origines des individus Principalement venant d’Afrique de l’Ouest, d’Algérie et de France
Type de ménages Principalement des individus célibataires
Logement ou locaux dans le squat
Nombre de locaux et de logements 1 immeuble
Type de locaux et de logements Immeuble en dur de type haussmannien
Nombre d’étages, si existants 2 étages
Nombre de chambres, si existantes 6, toutes partagées (deux aménagées dans deux salons)
Nombre et type de pièces existantes 7 sans compter la salle de bain et les sanitaires
Etat des locaux et des logements Moyen, voire délabrés et présence d’humidité avec 5 m3 d’eau gaspillée
(fuites) et des fissures aux murs
Etat des extérieurs (terrain délimité) Pas de jardin, mais garage au rez-de-chaussée transformé en « salon ». Espace délabré avec encombrants
Accès à l’électricité dans le squat
Système d’électricité existant Non, mais avant oui (il y a environ 2 mois)
Type de système Anciennement raccordé au réseau public
Si existant, raccord à la totalité des logements et des locaux
Anciennement oui et présence de luminaires
Accès à l’eau potable et à l’assainissement dans le squat
Point d’eau potable dans le squat Oui, avec un évier dans la cuisine et la salle de bain, ainsi qu’une douche
Si non, point de raccordement à proximité --
92
Si non, où vont les individus pour s’approvisionner
--
Type d’approvisionnement Système raccordé au réseau d’eau des services publics
Nombre de sanitaires existants 1 WC au 2ème étage
Type de sanitaires Toilettes avec un système à eau, fuite à la chasse d’eau.
Etat de fonctionnement des sanitaires Etat moyen
Si les sanitaires ne fonctionnent pas, où vont-ils
--
Nombre de salles de bain 1 salle de bain au 1er étage
Type d’équipements existants Douche et évier. En plus, machine à laver et chauffe-eau mais ils ne
fonctionnent car pas d’électricité
Etat de(s) salles de bain Pièce humide avec des fuites au niveau du pommeau de douche. Etat moyen
Mobilisation au sein du squat
Nombre d’acteurs suivants le squat 4 acteurs environ : Association étudiante, Dynam’eau, Médecins du Monde et la ville de Bordeau (voire
l’équipe d’Action Bord’eaux)
Fréquence d’intervention Intervention ponctuelle, une à deux fois par mois si besoin.
Actions mises en œuvre au sein du squat - Accompagnement des jeunes mineurs isolés ;
- Réhabilitation des lieux et des pièces de vie ;
- Entretien du système d’approvisionnement en eau…
2. Le squat du Squid (Bordeaux-Saint Jean)
C’est en interrogeant les acteurs ressource que l’existence de ce squat s’est confirmée.
Etant ouvert à tous, j’ai pu le visiter avec des individus vivant dans ce squat depuis décembre.
C’est à partir du 2 décembre que ce squat a été investi, avec le soutien de plusieurs
associations, par un collectif de militants dans un bâtiment appartenant à Bordeaux Métropole.
Le Squid est un centre social autogéré.
Fiche d’observation n°2 : Squat du Squid CSA (centre social autogéré) Lisa Ducournau Date de visite du squat : 02/05/18 M1 GTDL
Généralités et population vivant dans le squat
Localisation Quartier de la gare Saint-Jean 10 rue Charles Domercq, Bordeaux
Surface au sol du squat 202,2 m²
Date d’investissement du lieu 2 décembre 2017
Nombre d’individus dans le squat Entre 20 et 30 individus
Type de public Immigrés, réfugiés et jeunes mineurs isolés
Origines des individus Principalement d’origine de l’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mali, Burkina Faso) et
d’origine française
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Type de ménages Principalement des individus célibataires et quelque fois des familles
Logement ou locaux dans le squat
Nombre de locaux et de logements 1 immeuble
Type de locaux et de logements Immeuble en dur de type haussmannien
Nombre d’étages, si existants 2 étages
Nombre de chambres, si existantes Environ 8 chambres (dont deux espaces au rez-de-chaussée
aménagés en chambres)
Nombre et type de pièces existantes 10 pièces
Etat des locaux et des logements Bon état et pas de fuites
Etat des extérieurs (terrain délimité) Petit jardinet en bon état et entretien du palier de l’immeuble
Accès à l’électricité dans le squat
Système d’électricité existant Oui
Type de système Raccordé au système d’électricité public
Raccord à la totalité des logement et locaux Oui
Accès à l’eau potable et à l’assainissement dans le squat
Point d’eau potable dans le squat Oui, avec un évier dans la cuisine ainsi qu’une baignoire dans la salle de bain
Si non, point de raccordement à proximité --
Si non, où vont les individus pour s’approvisionner
--
Type d’approvisionnement Système raccordé au réseau d’eau des services publics
Nombre de sanitaires existants 2 sanitaires, un au rez-de-chaussée et un à l’étage
Type de sanitaires Sanitaires équipés d’un système à eau
Etat de fonctionnement des sanitaires Bon état
Nombre de salles de bain 1 salle de bain
Type d’équipements existants 1 baignoire
Etat de(s) salles de bain Bon état et pas d’humidité
Mobilisation au sein du squat
Nombre d’acteurs suivants le squat Environ trois : la CIMADE, Médecins du Monde et la commune de Bordeaux
Fréquence d’intervention Interventions ponctuelles (environ une fois par mois)
Actions mises en œuvre au sein du squat Création d’un espace infos et conseils concernant la réinsertion des individus ;
Atelier de découverte (self défense et photographie) ; Création d’un free shop
(vêtements et livres) ; Récupération dans les marchés
3. Le squat de Bègles (Parc Mussonville)
La visite de ce squat s’est effectuée grâce à l’aide de l’association Dynam’eau qui a
installé une douche et des toilettes démontables dans ce lieu avec l’aide d’une partie des
occupants… Ce squat est essentiellement occupé par des populations d’Albanie et du Kosovo
(environ 70 personnes). « Choisi pour ses facilités techniques de raccordement au réseau, le
site a été équipé d’un premier prototype de sanitaires mobiles au début du mois d’avril et
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devant le succès rencontré, Dynam’eau a choisi d’y installer un second équipement » (Elsa
Provenzano, avril 2018. Article de presse issue du 20 minutes).
Fiche d’observation n°3 : Squat de Bègles Lisa Ducournau Date de visite du squat : 25/04/18 M1 GTDL
Généralités et population vivant dans le squat
Localisation Proche du Parc Mussonville Rue des deux Esteys, Bègles
Surface au sol du squat 1706,7 m²
Date d’investissement du lieu Depuis 2 ans, environ depuis Avril 2016
Nombre d’individus dans le squat Environ 70 individus
Type de public Immigrés et réfugiés
Origines des individus Originaire d’Albanie et du Kosovo
Type de ménages Principalement des familles
Logement ou locaux dans le squat
Nombre de locaux et de logements Une cinquantaine de caravane sur le site
Type de locaux et de logements Caravanes des années 80, voire 2000
Nombre d’étages, si existants --
Nombre de chambres, si existantes --
Nombre et type de pièces existantes --
Etat des locaux et des logements Chaque famille possède une ou deux caravanes, elles sont rouillées et
délabrées
Etat des extérieurs (terrain délimité) Terrain vague avec des déchets et des encombrants
Accès à l’électricité dans le squat
Système d’électricité existant Oui
Type de système Branchement sauvage au bâtiment d’un ancien Lidl
Raccord à la totalité des logement et locaux Certaines caravanes ne sont pas raccordées
Accès à l’eau potable et à l’assainissement dans le squat
Point d’eau potable dans le squat Oui, branchement par tuyaux pour toutes les caravanes et point d’eau
général avec un robinet. Fuites à chaque raccord
Si non, point de raccordement à proximité --
Si non, où vont les individus pour s’approvisionner
Toilettes publiques à proximité et achat de bouteilles
Type d’approvisionnement Système raccordé au réseau d’eau des services publics
Nombre de sanitaires existants 1 cabine et une autre en construction
Type de sanitaires Toilettes avec un système à eau et tuyau de douche (avec pommeau). Evacuation des eaux usées située
derrière les cabines
Etat de fonctionnement des sanitaires Bon état
Nombre de salles de bain Pas dans toutes les caravanes
Type d’équipements existants --
Etat de(s) salles de bain Mauvais état
Mobilisation au sein du squat
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Nombre d’acteurs suivants le squat Oui, comme Dynam’eau, Médecins du Monde et les Compagnons Bâtisseurs
Fréquence d’intervention Interventions ponctuelles (environ une fois par mois)
Actions mises en œuvre au sein du squat L’objectif est d’accompagner et suivre les populations qui y vivent (ex :
installation de toilettes)
Annexe n°10 : Carte réalisée par le Collectif Action Bord’eaux
Figure 36 : Les squats et bidonvilles de Bordeaux Métropole, 2017. Source : https://framacarte.org/fr/map/squats-et-bidonvilles-de-bordeaux-metropole_5993#14/44.7973/-0.5742
Cette carte, réalisée sur framacarte, est issue d’un fond de carte Google maps. Trois acteurs
ont joué un rôle important quant à la création de cette carte, Dynam’eau, Médecins du Monde
Aquitaine et le GIP-Bordeaux Médiation. Celle-ci permet principalement de localiser et
d’identifier les squats suivis par ces structures, mais aussi elle permet d’informer les acteurs
locaux sur les caractéristiques de chaque squat.
Légende :
- Bleu : Squats n’étant pas suivis pas le collectif, mais qui sont connues par la structure ;
- Rouge : Squats n’ayant pas accès à l’eau potable et/ou ne possédant pas de toilettes,
mais suivis par le collectif ;
- Vert : Squats suivis par le collectifs et qui font l’objet d’un projet, « les toilettes se
bougent le Q ».
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Dossier d’enquête qualitative et guide d’entretien
« L’accès à l’eau potable dans les squats : Rendre visible l’invisible »
Table des matières
1) Présentation du guide d’entretien ................................................................... 96
2) Présentation de la méthode d’analyse .......................................................... 100
3) Analyse citationnelle des entretiens .............................................................. 100
4) Retranscriptions intégrale des entretiens ...................................................... 136
1) Présentation du guide d’entretien
Le guide d’entretien sera en adéquation avec la méthode IDPA (identification,
diagnostic, prospective, action), afin de pouvoir traiter les informations de manière logique et
de permettre aux interrogés de pouvoir s’exprimer le plus librement possible (même si
certaines questions vont venir orienter les discussions entre enquêteur/enquêtés), tout en leur
faisant suivre une trame commune. C’est un outil pratique, sous forme de questionnaire,
servant à connaître les points de vue, mais aussi les phénomènes sociaux et spatiaux du
terrain. Cette méthode comprend quatre étapes :
- Identification : de l’acteur, de sa structure et de son environnement ;
- Diagnostic : de ce qui est mis en place dans la structure, notamment par rapport à la
thématique abordée ;
- Prospective : comment l’acteur voit la situation, quel est son opinion et quels sont les
enjeux pour lui ;
- Action : vise souvent le changement de pratiques, la initiatives pouvant être mises en
place. Ex : Quel avenir, quelles solutions, de quelle manière opérer.
Le but des entretiens qualitatifs est d’obtenir des réponses larges, ce pour quoi il est important
d’établir des questions ouvertes et non à choix multiples. L’objectif était de faire ressortir l’avis
de chaque acteur sur la question de l’autonomie énergétique, sur leurs visions et leurs
représentations. Le questionnaire suit la méthode IDPA (identification, diagnostic, prospective,
action) afin de pouvoir traiter les informations de manière logique et de permettre aux
interrogés de pouvoir s’exprimer le plus librement, tout en leur faisant suivre une trame
commune. Cette méthode reprend alors :
- Diagnostic : de ce qui est mis en place dans la structure, notamment par rapport à la
thématique abordée ;
- Prospective : comment l’acteur voit la situation, quel est son opinion et quels sont les
enjeux pour lui ;
- Action : vise souvent le changement de pratiques, la proposition d’actions. Quel avenir,
quelles solutions, de quelle manière opérer, voir quels projets possibles ;
- L’identification : de l’acteur, de sa structure et de son environnement.
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Dans ce sens, la méthode IDPA est un outil pratique permettant de faciliter l’élaboration du
guide d’entretien. Par ailleurs, elle permet de connaître les points de vue et les initiatives des
différents acteurs du territoire dans le but d’élaborer une analyse pouvant être appréhendée
comme un outil de ma recherche. Le guide d’entretien se base sur les cinq thèmes suivants :
- Identification de l’acteur ; rapport avec les squats et les individus (opinion et point de
vue) ;
- Etat des lieux de l’accès à l’eau potable dans les squats ;
- Situations, conditions et stratégies des individus dans ces lieux ;
- Intérêt et initiatives de la structure en lien avec les squats et/ou l’accès aux services
urbains (en lien avec le territoire).
Le guide d’entretien envisagé compte actuellement 30 questions « ouvertes ». Les tableaux
ci-dessous permettent de visualiser le déroulement des entretiens à travers différentes
questions et sous-questions aidant à guider les discussions tout en laissant l’opportunité aux
acteurs de s’exprimer (selon les thèmes identifiés ci-dessus) :
Diagnostic
Thèmes ➢ Sous-thèmes
Questions principales ➢ Questions secondaires, de relance
Rapport individuel et professionnel avec les
squats/les publics (en lien avec mon sujet de recherche)
1. Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et de l’accès à l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ?
2. Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau et des squats ?
Sous question : Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus)
3. Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates, nombre de salariés…)
4. Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ?
Sous question : Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ?
Prospective
Thèmes ➢ Sous-thèmes
Questions principales ➢ Questions secondaires, de relance
Un constat : l’accès aux ressources nécessaires dans les squats, le cas de l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à
l’électricité
5. Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ?
Je souhaite réaliser une cartographie de la localisation de certains squats sur le territoire de Bordeaux Métropole, dans le cadre de ma recherche (sachant que tous les squats sont difficiles à localiser dû à la mobilité). Mon objectif est de rendre compte de quelques squats notamment sur les communes centrales de la métropole afin de pouvoir
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affiner mes recherches.
6. Pourrions-nous les situer sur cette carte ? (Carte sous forme
papier)
7. Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au militantisme…)
Sous question : Observez-vous des différences internes à ces squats ? Les locaux dans lesquels ils vivent sont-ils en dur ? (Locaux en dure, en taule, tentes…) 8. Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous
travaillez sont-ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ?
Sous question : Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes
d’accès à l’eau existant ? Savez-vous comment font-ils pour
boire, cuisiner, se doucher et où vont-ils pour faire leurs besoins
?
9. Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à
quel point d’accès se rendent-ils pour accéder à cette
ressource ? (Toilette publique, bain-douche)
Sous question : Quels points d’accès privilégient-ils ?
10. Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de toilettes ?
Sous question : Si oui, dans quel état sont-ils ? 11. Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? Sous question : Si oui, par quel moyen ?
Actions de la structure
Thèmes ➢ Sous-thèmes
Questions principales ➢ Questions secondaires, de relance
Intérêts et initiatives de la structure en lien avec les squats et/ou l’accès aux ressources et aux services urbains (publics)
12. En matière de squat et de condition des individus, par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier)
Sous question : Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation population, communication, aides financières…) 13. Dans le cadre de votre fonction, vos missions ont-elles un
lien avec cette thématique ? (En tant qu’employé…) Sous question : Si oui, lesquelles ? 14. Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles
structures et critères d’éligibilité) 15. Quelles sont vos partenaires associés à ces projets ?
(Quelles structures et critères d’éligibilité)
99
16. Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs concernés par ces questions sur le territoire ?
Sous question : Si oui, lesquelles ? 17. Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services
publics en matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau de la ou des communes ?
18. Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur
votre territoire d’intervention sont-elles suffisantes ?
Prospective
Thèmes ➢ Sous-thèmes
Questions principales ➢ Questions secondaires, de relance
Situations/conditions/stratégies des individus dans les squats
19. Selon vous, quel type de public vivent dans ces lieux ? (Immigrés, militants…)
20. Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les
individus dans ces squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et environnemental des individus)
Identification de l’acteur
21. Nom de la personne : 22. Contact (tel, mail) :
23. Parcours personnel (formation…) et
professionnel : 24. Quelle structure ? 25. Depuis combien de temps ?
26. Lieu de travail (voir secteur
d’intervention) : 27. Acteur interne ou externe à Bordeaux
Métropole ?
2) Présentation de la méthode d’analyse
Afin d’analyser au mieux les entretiens, ainsi que les retranscriptions, j’ai fait le choix
en classe entière d’employer une méthode d’analyse basée sur les citations clés des acteurs.
Cette analyse me permettra de mettre en évidence les points soulevés par les acteurs à
travers, d’une part, une retranscription intégrale des entretiens, puis d’autre part, une synthèse
de données de chaque entretien. Mon objectif sera de sélectionner préalablement les citations
me paraissant les plus essentielles (par thèmes), pour d’ensuite les analyser dans une grille
conjointe. De plus, la numérotation des citations me permettra de croiser les données plus
aisément. L’objectif est de mettre en avant dans la grille d’analyse, les points communs et les
différences d’opinion des acteurs. Dans ce sens, toutes les données n’auront pas la même
place et certaines données disparaîtront complètement. Dans ce sens, l’analyse sera issue
d’une hiérarchisation des données selon leur importance explicative et leur force. Quelques
idées d’étapes : en faisant d’abord un travail de classement des données de terrain ; en faisant
un travail soigné de retranscription des entretiens par rapport aux observations et aussi de
100
reformulation des principales idées (reprendre certaines de ses hypothèses dans la grille
d’analyse) ; enfin en cherchant à mettre en relation les données et leurs contextes (lier les
données entre elles, les liées aux différents contextes etc.). Questions à se poser : Qu’allons-
nous utiliser ? - Comment allons-nous les utiliser ? - Quelle pertinence par rapport à la
thématique ? etc. Les données ne doivent pas seulement faire l’objet d’un classement ou d’une
analyse individuelle (point de vue subjectif), mais d’une mise en relation avec la thématique et
les propos des autres acteurs interrogés (positionnement objectif). C’est “confronter les
différentes données pour leur donner corps et finalement les inscrire dans la dynamique de la
recherche sur les squats et l’accès à l’eau”.
Par la suite, je souhaite lier cette analyse avec la technique d’analyse de la matrice CAPE qui
me permettra d’évaluer leur importance et leur impact sur le territoire. Exemple : S’ils sont
régulateurs ou non régulateurs ; s’ils agissent à l’intérieur de mon terrain d’étude ou à
l’extérieur. Ces techniques d’analyse me permettront alors de mettre en avant les principaux
résultats de cette enquête qualitative, mais aussi d’analyser la place des acteurs « ressource
» sur leur territoire d’intervention (selon les activités qu’ils effectuent et leur importance).
3) Analyse citationnelle des entretiens
Le tableau situé ci-dessous permet de mettre en évidence l’analyse citationnelle des
entretiens effectués durant l’enquête qualitative. Cette méthode permet de faciliter le travail
d’analyse, par la sélection de citations clés à analyser. Il y a un intérêt de comprendre ces
citations clés pour pouvoir en dégager les éléments les plus marquants (leurs significations, le
contexte et les enjeux). De même, un travail de mise en relation (analyse croisée) de ces
citations a été effectué afin de finaliser l’analyse générale. Ce tableau est constitué d’une
première colonne faisant référence aux thèmes abordés durant les entretiens. La seconde
colonne met en évidence les citations clés de chaque acteurs interrogé selon les thèmes et
sous-thèmes abordés. Enfin, la troisième colonne fait l’objet de l’analyse des citations clés
sélectionnées.
Thèmes Citations selon le guide
d’entretien (sous-thèmes) Grille d’analyse
Diagnostic des actions de la structure et
impressions des acteurs
Rapport individuel et professionnel avec les squats/les
publics
• Dynam’eau 1-A.T. : « On intervient ponctuellement dans les squats […]. L’objectif est de voir si tout va bien, de maintenir les équipements que nous avons installé ou réparé en bon état et de voir s’il est possible d’améliorer les conditions de vie. […] C’est aller sur le terrain, rencontrer les gens et faire des actions dans des domaines que je ne connaissais pas auparavant. » 2-A.T. : « Dynam’eau œuvre pour l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous, mais aussi pour la protection de la ressource, […]. Nous aidons et accompagnons les populations dans un
1-A.T. : Intervention de l’association en tant qu’intermédiaire et leur présence est ponctuelle. Ils se chargent du suivi des squat au niveau de l’accès à l’eau et à l’assainissement (entretien des équipements, etc.). « L’objectif est de voir si tout va bien, de maintenir les équipements que nous avons installé ou réparé en bon état et de voir s’il est possible d’améliorer les conditions de vie » (1-A.T.). Intérêt pour eux, de rencontrer les populations afin de cerner leurs besoins en eau. 2-A.T. : Domaines d’intervention en lien avec le sujet de recherche : l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Le fait de mettre en avant le principe de solidarité
101
esprit de développement durable de la solidarité internationale. […] » 3-G.M. : « Nous avons pour objectif de favoriser l’accès à l'eau potable et l’assainissement dans les squats et bidonvilles de la Métropole de Bordeaux. A ce-jour, nous avons réalisé la mise en eau de 13 squats et bidonvilles, limitant ainsi les fuites et permettant l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour 400 personnes de l’agglomération bordelaise. […] Nous avons dû, afin de mettre en place nos actions, distinguer les squats situés sur une propriété privée ou sur un terrain appartenant à une collectivité. »
4-A.T. : « Elle a été fondée en juin 2010 […]. Depuis, nous avons vu l’association évoluer très rapidement. Cette association […] a pour but d’aider au développement humain et matériel. »
5-A.T. : « Je ne connaissais pas le monde des squats il y a peu de temps. Pour moi, il n’y en avait pas autant dans les villes, ce sont des lieux de vie qui ne se voient pas trop. J’ai aussi découvert que chaque squat ne sont pas identiques. De même, ils ne touchent pas les mêmes publics selon le type de squat habité. Il y a un souci d’individualisme et des problèmes politiques autour de ces thématiques, […]. Les solutions ne peuvent être uniques, elles doivent s’adapter à chaque squat. »
• Squid 1-A. : « […] Je suis venu sur Bordeaux car je savais qu’il y avait possibilité de loger dans des squats. Le fait est qu’on s’adapte parce qu’on n’a pas trop le choix. »
2-A. : « Je vis sur Bordeaux depuis 18 ans. Et le squat du Squid qui a été créé et ouvert précisément le 2 décembre 2017. […] optique de solidarité et pour tous. Pour tous ceux qui n’ont pas de toit, qui ne savant pas où aller, même s’il n’y a pas trop de place ici. »
3-A. : « Nous sommes à côté de toutes commodités ici. En fait c’est un immeuble qui appartient au service public. Il a été
est essentiel pour eux, les squats en sont des représentations. 3-A.T. : Les squats et bidonvilles de la Métropole de Bordeaux font l’objet de leur deuxième volet d’actions. Actuellement, ils ont mis en place un système d’arrivée d’eau pour 13 squats, soit environ 400 personnes. Ces données montrent l’importance qu’ils accordent à ces thématiques, mais aussi inscrivent ces phénomènes comme récurrents en milieu urbain, voire de priorité publique. 4-A.T. : L’association a évolué depuis 8 ans et recense de plus en plus de squats sur le territoire de Bordeaux Métropole. Elle a pour objectif d’aider au développement humain et matériel. 5-A.T. : Avant de travailler à Dynam’eau, l’acteur interrogé ne soupçonnait pas qu’il existait autant de squats, ce qui traduit que ce phénomène est réel. Il existe dans les milieux urbains en particulier. Cependant, ils sont souvent invisibles au regard de la société. « Pour moi, il n’y en avait pas autant dans les villes, ce sont des lieux de vie qui ne se voient pas trop » (5-A.T.). De plus, le public varie régulièrement et chaque squat est différent. Les acteurs doivent s’adapter pour trouver des solutions. Selon lui, des problèmes politiques et d’individualisme viennent freiner l’amélioration des conditions de vie des squatteurs. 1-A : Les individus privilégient les squats de logement situé dans Bordeaux Métropole car ils savent qu’il y en a. Revient à parler des squats contraints, plutôt que voulu. « Le fait est qu’on s’adapte parce qu’on n’a pas trop le choix » (1-A.). 2-A : Le squat du Squid existe depuis début décembre, soit environ 5 mois. C’est un squat où n’importe quel individu peut venir se loger. Ce squat veut faire véhiculer des valeurs de solidarité et de partage. 3-A : Le fait de squatter un lieu en milieu urbain offre l’opportunité aux squatteurs d’être à proximité de tout, voire des services publics
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racheté à la SNCF par Bordeaux Métropole. […] nous soyons expulsés en juillet, […]. »
• Médecins du Monde (MDM) 1-G.M. : « Mission squat de MDM cherche à améliorer l’accès aux soins, aux droits et à la prévention des personnes qui sont en habitats précaires [...]. On intervient sur certaines squats […] on a fait le constat que les conditions sanitaires déplorables […] avait un effet néfaste sur la santé de nos patients. […] Concernant les conséquences de l’absence de point d’eau et d’un système d’assainissement, les personnes le plus souvent se branche sur les bornes à incendies à proximité du squat […]. C’est une eau qui n’est pas destiné à l’alimentation. Tu imagines les contraintes […] ça veut dire parfois prendre un véhicule pour aller chercher de l’eau, remplir des bidons qui sont extrêmement lourds. […] Se pose aussi le risque d’incendie lorsqu’il n’y a pas d’eau. […] et ça a une incidence sur la santé, notamment sur la propagation de virus, d’épidémie. Il y a très peu de documentations sur le sujet […] car la condition des individus est souvent liée aux risques sanitaires, au manque d’accès à l’eau, mais aussi à d’autres facteurs exogènes. » 2-G.M. : « Nous on cherche à réfléchir le positionnement de l’action publique sur la question de l’accès à l’eau dans les lieux occupés sans droit ni titre. Un certain nombre d’articles de lois […] ont été ratifiés par la France comprenant des décisions des Nations Unis qui prévoient que tout un chacun pourrait avoir accès à l’eau potable. […] Le rôle de MDM est de faire changer les pratiques pour que ces personnes puissent avoir accès à l’eau. En développant des connaissances, en montrant la plus-value pour les collectivités, pour les propriétaires, […]. MDM est une organisation médicale et sanitaire qui intervient auprès de personnes en situation de précarité. La précarité pour nous est protéiforme. On va travailler en lien avec des associations et des institutions […], mais on peut aussi
et urbains. « Nous sommes à côté de toutes commodités ici. En fait c’est un immeuble qui appartient au service public » (3-A.). Ils s’insèrent donc plus facilement dans la vie urbaine. Nous pouvons notamment l’apercevoir en regardant la façade du bâtiment du squat du Squid. 1-G.M. : Intervention de Médecins du Monde (organisation médicale et de santé) dans les domaines de l’accès aux soins, aux droits et à la prévention, avec pour cible les personnes en situation de précarité. Intervention dans les squats, afin d’améliorer les conditions de vie et à la santé des occupants. Selon eux, « les personnes le plus souvent se branche sur les bornes à incendies à proximité du squat […]. C’est une eau qui n’est pas destiné à l’alimentation. » (1-G.M.). Les conséquences peuvent être lourdes notamment sur la santé (virus, d’épidémie) et les risques d’incendie. Les pompiers ne peuvent plus intervenir car ils sont branchés à la bouche à incendie. Le fait qu’elle ne soit pas potable peut aussi contraindre les occupants à aller chercher de l’eau ailleurs, voire à la payer. Pour Médecins du Monde, « la condition des individus est souvent liée aux risques sanitaires, au manque d’accès à l’eau, mais aussi à d’autres facteurs exogènes. » (1-G.M.). 2-G.M. : Pour eux, l’action publique doit jouer un rôle primordial quant à l’accès à l’eau sur son territoire, mais aussi à la santé. De nombreux textes de lois en témoignent. Les « lieux occupés sans droit ni titre » doivent être pris en compte dans les questions liées au territoire, de même que la précarité pouvant se traduire sous différentes formes (logement, accès aux ressources, à la santé, aux services, …). Il y a une volonté faire changer les pratiques, les conscience pour eux. Dans ce sens, Médecins du Monde souhaite montrer les avantages que peuvent tirer chaque acteur. L’ONG travaille
103
avoir des plaidoyers concernant l’accession au logement. »
3-G.M. : « MDM est présent en Aquitaine depuis 1986. Nous avons créé le premier CASO (centre d’accueil, de soin et d’orientation) de la région. […] Il existe d’autres dispositifs comme les PAS (Programme d’accès aux soins et à la santé) […]. Actuellement, le CASO est toujours ouvert (deux ans plus tard). Et le nombre de patients augmente sans cesse chaque année. MDM mène aussi des actions mobiles auprès de personnes en situation de précarité et en habitats précaires, […]. »
4-G.M. : « Ça fait longtemps que j’ai un pied dans les squats. J’avais connaissance de ces problématiques avant de travailler à MDM, car j’ai fait du bénévolat […]. »
• Direction Eau - Bordeaux Métropole
1-M.M. : « […] N’ayez pas une vision de ma part qui s’oppose au squat et à l’accès à l’eau de ces populations, […]. Il y a donc un principe d’égalité, d’équité entre les usagers et l’eau qui est utilisée doit être comptabilisée et facturée au même prix pour tout le monde. […] il y un principe tarifaire dissuasif […] pour inciter à moins consommer qui repose sur des tranches tarifaires selon la consommation comptabilisée. […], les thématiques que vous étudiez ont effectivement un lien de près ou de loin avec la gestion concentrée de la ressource et la politique de l’eau. […], ça a un lien avec d’autre compétence du service de l’eau, notamment concernant la compétence de défense extérieur contre l’incendie et à ce titre là ça veut dire que l’on est propriétaire […] de tous les équipements de lutte contre l’incendie sur le territoire. […] quand quelqu’un se branche sur ces bornes à incendie, c’est une utilisation vertueuse. […] elle n’est pas comptée et d’autre part, une mauvaise utilisation de l’appareil peut nuire à son bon fonctionnement, […]. […], il existe des branchements sauvages. […], mais ils prélèvent de l’eau illégalement sur le réseau public. Depuis 2013, dans le contrat de concession un dispositif existe qui est le chèque Eau par le biais des CCAS, qui vise à accompagner les usagers […], dans le paiement de leurs factures et de leurs
avec différents types d’acteurs sur le territoire (associations, institutions, …). 3-G.M. : Médecins du Monde intervient depuis plus de 30 ans en Aquitaine et possèdent de nombreuses connaissances sur la métropole de Bordeaux. Deux formes d’intervention : en centre d’accueil ou sur le terrain. Ils ont d’abord construit un CASO (centre d’accueil, de soin et d’orientation) et mettent en place « des actions mobiles auprès de personnes en situation de précarité et en habitats précaires, […]. » (3-G.M.) 4-G.M. : Par ailleurs, l’acteurs interrogé connait bien ces problématiques car il est coordinateur de la Mission Squat au sein de l’ONG. 1-M.M. : Le fait d’exercer une fonction au sein d’un service public impose de suivre des directives, des politiques et des orientations politiques. Peur eux, le « principe d’égalité, d’équité entre les usagers et l’eau qui est utilisée doit être comptabilisée et facturée au même prix pour tout le monde. » (1-M.M.) Dans ce sens, l’eau à un prix et n’importe quel usager doit assurer son paiement. De plus, le service de l’eau utilise des offres tarifaires dissuasives selon des tranches de consommation d’eau. Pour l’acteur interrogé, « les thématiques que vous étudiez ont effectivement un lien de près ou de loin avec la gestion concentrée de la ressource et la politique de l’eau […], la compétence de défense extérieur contre l’incendie » (1-M.M.). Ce qui montre que ces phénomènes doivent être pris en compte par les institutions. Deux exemples sont cités, celui de l’utilisation des bornes à incendie : « c’est une utilisation vertueuse. […] elle n’est pas comptée et d’autre part, une mauvaise utilisation de l’appareil peut nuire à son bon fonctionnement, […] » (1-M.M.) et celui des branchements sauvages sur le réseau public (illégal). Afin de pallier l’absence de paiement des factures par les usagers les plus précaires, ils ont
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consommations. […] Certains squatteurs payent leurs abonnements, on en connait. […] un aspect de solidarité internationale avec des appels à projet et de coopération décentralisée […]. » 2-M.M. : « On a pour mission d’assurer le suivi et le contrôle du contrat de délégation du service public de l’eau potable. Le contrat est délégué à SUEZ Eau France et se clôtura le 31 décembre 2021. Il est de type concession, […] SUEZ assure à la fois les investissements des équipements, la maintenance […] et la distribution de l’eau. Dans ce sens, SUEZ se rémunère sur la base des factures d’eau auprès des usagers. Concernant l’assainissement collectif […] en contrat de type affermage, dans lequel la collectivité est l’autorité organisatrice […]. Tandis que la gestion et le contrôle du service est confié à un prestataire privé. […], à partir de 2022 le service de l’eau va passer sous un contrat d’affermage, c’est-à-dire que la collectivité, […] reprendrai la maitrise d’ouvrage de tous les investissements […]. Notre rôle est de veiller au bon fonctionnement des équipements du service de l’eau et justement de veiller à ce qu’ils soient toujours en état de marche […]. […] dans le cadre de la lutte contre les situations de précarité et de pauvreté, nous bénéficions d’un budget de 400 000 euros, même si la totalité du budget n’est pas dépensé. […] c’est toujours en expérimentation avec la création de la loi Brottes eau. » 3-M.M. : « La métropole se compose de 28 communes […]. On est sous la marque Eau Bordeaux Métropole avec l’eau potable, l’eau industrielle, l’assainissement collectif et non collectif. Concernant, le service de l’eau, il relit 23 communes et 5 communes ne sont pas concernées par ce service. […] On se trouve dans le Bassin Versant Adour-Garonne, qui est une Agence de l’eau et qui possède des compétences quant au financement de projet, d’équipement sur tout son territoire, mais aussi qui accompagne les collectivités. […], les projets doivent aussi respecter les directives du SDAGE et du SAGE, […]. La loi MAPTAM sur les métropoles a contribuée aussi au renforcement des compétences des métropoles en 2015. […], c’est plus de 100 captages d’eau
mis en place des chèques Eau (conditions d’éligibilité). Au niveau social, on remarque que le service de l’eau met en place des aides auprès de certains usagers, ayant un abonnement. De plus, il finance des projets de solidarité internationale et de coopération décentralisée, n’étant donc pas destinés aux habitants de la métropole. 2-M.M. : La Direction de l’eau travaille en collaboration avec SUEZ Eau France afin d’assurer l’achat d’équipements, la maintenance et la distribution de l’eau. Dans ce sens, elle a pour « mission d’assurer le suivi et le contrôle du contrat de délégation du service public de l’eau potable. » (2-M.M.) Ce contrat de concession montre que la Direction de l’Eau, n’est pas seule à travailler sur cette thématique. Il faut que ces deux structures puissent s’accorder avant d’entreprendre une action, une mise à l’agenda. Cependant à partir de 2022, l’autorité organisatrice sera la Direction de l’Eau et le fonctionnement du service de l’eau va évoluer. De même, elle bénéficie d’un budget de 400 000 euros afin de porter des initiatives concernant la lutte contre la précarité, le chèque Eau en est un exemple. Cependant, « c’est toujours en expérimentation avec la création de la loi Brottes eau. » (2-M.M.) 3-M.M. : La Direction de l’Eau travaille sur 23 communes de la métropole à travers la marque Eau Bordeaux Métropole. 5 communes ne sont pas desservies par le réseau car elles font toujours parties de certains syndicats mixtes. De même, elle travaille en collaboration avec l’Agence de l’Eau Adour-Garonne « qui possède des compétences quant au financement de projet, d’équipement sur tout son territoire, mais aussi qui accompagne les collectivités. » (3-M.M.) A partir de 2015, les compétences de la métropole quant à la gestion concentrée et la politique de l’eau avec la loi MAPTAM. Quelques chiffres :
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potable. On prélève autour de 50/55 millions de m3 d’eau par an et en sont consommés 41 millions m3. […], Bordeaux Métropole a créé une politique de l’eau depuis 2011, ce qui est innovant. […] l’eau dans la ville, les squat, l’accès à l’eau pour les populations, il faut encore plus les prendre en compte aujourd’hui. […] il existe des bases de données cartographiques sur internet. On essaie de limiter les bases de données relatives à l’eau potable, parce que c’est […] très sensible et que surtout vous avez le contexte ambiant. […] On ne communique pas sur l’implantation des sites de production d’eau potable, sur les captages et les réservoirs. » 4-M.M. : « […] la question des squats et de l’accès à l’eau dans ces lieux, on en parle que très récemment. Je ne dirai pas plus de trois ans. Après, les branchements sauvages sur des bornes à incendie, on en a toujours eu, avec par exemple les gens du voyage […]. […] depuis trois/quatre ans d’autres populations vivant en ville, dans des hangars ou des logements abandonnés […]. Je pense au squat des sahraouis (Squat du Quai Deschamps) qui a été évacué récemment, […]. Il y avait déjà eu un incendie dans ces locaux en 2016, puis un second a eu lieu. […] le fait d’être brancher à un poteau à incendie pouvait empêcher les secours d’intervenir. […], on a été sensibilisé par des associations comme Dynam’eau et Médecins du Monde. On a été amené à travailler avec elle, sans réel succès, parce qu’on se heurte […] toujours au même problème, qui est celui du principe d’égalité et d’équité entre tous les usagers. […], il y a une politique qui existe et que j’applique. […] Demain, s’il y avait une politique différente basée sur un réel accompagnement des populations défavorisée, […] je serai le premier à la mettre en application. […] Si l’on refuse d’installer avec SUEZ, un branchement dans un squat, c’est que les services de l’eau ne peuvent pas, car il faut qu’une personne souscrive à un abonnement, […]. Si je n’ai pas un tiers bien identifié […] je ne peux pas créer de branchement. Je suis conscient que ce type de réponse peut hérisser le poil. […], de notre côté nous on atteint assez rapidement nos limites. […] cela peut arriver qu’une personne dans un squat qui ait un travail et qui s’identifie comme
- 100 captages d’eau potable ; - Prélèvement de 50/55 millions
de m3 d’eau par an - Consommation 41 millions m3
par an sur le territoire. « […] l’eau dans la ville, les squat, l’accès à l’eau pour les populations, il faut encore plus les prendre en compte aujourd’hui. » (3-M.M.) Il y a un souhait de ce service, d’introduire ces problématiques dans la politique de l’eau. Cependant, le service de l’eau ne fait pas preuve de transparence quant aux données cartographiques sur l’accès à l’eau potable qu’il possède, ce qui induit une méconnaissance du réseau et un désintéressement des habitants du territoire. C’est pour eux, un sujet délicat à aborder avec les acteurs locaux. 4-M.M. : Ces questions sont très récentes dans l’actualité. En revanche, l’acteur affirme que les branchements sauvages existent depuis longtemps avec le cas des gens du voyage et depuis peu de temps de nouvelles populations occupent l’espace urbain, comme les squatteurs. En parallèle, les institutions ont remarqué les efforts fournis par les associations telles que Dynam’eau ou Médecins du Monde. « On a été amené à travailler avec elle, sans réel succès, parce qu’on se heurte […] toujours au même problème, qui est celui du principe d’égalité et d’équité entre tous les usagers. […], il y a une politique qui existe et que j’applique. » (4-M.M.) La politique de l’eau et les directives limites les institutions dans l’exercice de leur fonction. Il explique que si la politique changeait, ils évolueraient. Cependant, pour eux, une personne doit souscrire à un abonnement pour avoir accès à l’eau potable (principe d’égalité et d’équité). « Cela peut arriver qu’une personne dans un squat qui ait un travail et qui s’identifie comme un tiers. Or cela peut aussi créer d’autres difficulté comme des tensions entre squatteurs […]. » (4-M.M.). De même, les occupants et les associations doivent penser aux répercutions
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un tiers. Or cela peut aussi créer d’autres difficulté comme des tensions entre squatteurs […]. »
• GIP - Bordeaux Médiation n°1 1-D.D. : « Depuis 2014, je suis médiateur social pour le GIP, Bordeaux Métropole Médiation. […] Ma mission est née à Bordeaux, […] la ville était impactée par un gros bidonville sur le squat de Thiers Benauge. […] Notre rôle […] faire remonter les besoins de ces populations auprès des institutions et des acteurs compétents, comme des associations. Aujourd’hui la Direction de l’Eau va te gérer les questions d’accès à l’eau jusqu’au compteur et l’après compteur n’est pas géré, nous on n’est pas habilité […] (compétences et légitimité). De plus, on ne peut pas porter seul un plaidoyer […], la médiation dans les squats peut prendre différentes formes selon la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation du groupe. Que tu sois sur un terrain privé ou public, où vivent 30 personnes à 150 personnes, ce ne sont pas les mêmes besoins et dynamiques. Ainsi il y a toujours en amont, une identification des spécificités des squats et des situations. […] Par exemple, il y a 30 enfants sur un squat, nous allons essayer de donner envie aux familles de les scolariser et bien sûr à des fins éducatives et non économiques. […], nous intervenons plus en tant qu’intervenant socio-éducatif, qu’en tant que médiateur. […] temps de bureau et sur des temps de terrain. […] temps d’accueil à la cité municipale de Bordeaux et à la mairie de Mérignac. […] On va vers le publics et on l’accompagne vers les institutions, mais aussi on accompagne les institutions pour qu’elles apprennent à accueillir ce public-ci. » 2-D.D. : « On intervient sur toute la métropole, à travers une mission sur les quartiers prioritaires […], une autre sur les conflits de voisinage dans la commune de Bordeaux, puis une autre mission sur les squats bulgares et roumains de la métropole. Le GIP n’intervient pas sur l’ensemble des squats […], mais sur une population ciblée. Ce choix de public vient du fait que c’est une réalité. D’une part, avec les difficultés de logement et de la phyl’activ du 115 qui était de 500 personnes à peu près et qui aujourd’hui a doublé, mais aussi […] ils sont aussi considérés
que l’accès à l’eau dans un squat peut engendrer, comme des conflit entre individus. 1-D.D. : En 2014, un service de médiation a été créée au sein de Bordeaux Métropole, ce qui révèle qu’il y a une demande de la part des institutions et des populations concernant l’amélioration des conditions et du cadre de vie sur le territoire. Les médiateur ont pour mission de « […] faire remonter les besoins de ces populations auprès des institutions et des acteurs compétents, comme des associations. » (1-D.D.) De plus, un phénomène a marqué la création de ce service : « la ville était impactée par un gros bidonville sur le squat de Thiers Benauge. » (1-D.D.) Cependant, ces acteurs ne suffisent pas à porter un plaidoyer, tous les acteurs locaux doivent travailler ensemble. Leur rôle dans les squats est d’accompagner les occupants et de les mettre en relation avec des associations ou des institutions, « la médiation dans les squats peut prendre différentes formes selon la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation du groupe. Que tu sois sur un terrain privé ou public, où vivent 30 personnes à 150 personnes, ce ne sont pas les mêmes besoins et dynamiques. » (1-D.D.) Un aspect de développement local est mis en avant dans ce discours, les acteurs locaux doivent travailler ensemble sur ces questions afin de trouver des solutions pérennes. 2-D.D. : Le territoire d’intervention du GIP s’étend sur toute la métropole, d’une part à travers une mission sur les conflits de voisinage et d’autre part, à travers une mission sur les squats de populations bulgares et roumaines essentiellement. Ce choix est issu du fait que ces individus sont considérés comme « nouveaux européens », mais aussi que les services d’urgences comme le 115 sont saturés. De plus, cette part de la population a doublé, notamment sur les communes de Mérignac, Bordeaux et Bègles selon l’acteur
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comme « nouveaux » européens. […] nous remarquons que la population a quasiment doublé. […] Ces populations sont principalement réparties sur […] Bordeaux, Bègles et Mérignac, soit environ 95% des squats de la métropole. Il y avait environ 52 sites pour 1200 personnes en 2017. De plus, il y a une corrélation avec l’aménagement et l’avancement de différents projets urbaines […] les squats témoignent de la mutation de la ville. […] De plus, les partenaires possèdent un rôle […] au niveau de leurs postures. Les territoires les plus collaboratifs sont souvent ceux où il existe une dynamique associative, mais aussi où les mairies sont le plus engagées dans ces compétences. » 3-D.D. : « Le Groupement d'Intérêt Public Bordeaux Médiation existe depuis 2014. […], elle est spécialisée dans le secteur d'activité de l'action sociale et de la médiation. […] Je sais que le GIP accueille aussi des médiateurs bénévoles, […]. » 4-D.D. : « C’est d’abord un besoin issu du territoire et une utilité. […] fait sens du point de vue démocratique, économique, etc. Je pense que c’est ça aussi qui mobilise. […] les publics doivent devenir acteur des initiatives qu’ils entreprennent. Il faut que les gens soient leur propre avocat. Le financement de cette mission est d’environ 60 000 euros. […] nous nous rendons dans des squats régulièrement. […] c’est intéressant au niveau de nos pratiques, par exemple voir une fuite ça nous transforme. Quand je vois de l’eau qui coule, je ne peux pas ne pas le dire aux gens […] Il y a aussi des problèmes liés à une mauvaise alimentation, mais aussi à la santé dans les squats. Il faudrait qu’ils prennent conscience du gaspillage qui est fait, […] soient sensibilisés sur ce sujet. […] une super gestion de l’eau, c’est à la fois un indicateur qui va faire mobiliser le groupe et qui va inciter les gens à sortir du squat, de mauvaises conditions de vie. […], tu les amènes à se responsabiliser, à se questionner sur leur comportement et sur leur projet. »
interrogé, « soit environ 95% des squats de la métropole » (2-D.D.). En 2017, les acteurs associatifs ont recensé plus 52 squats sur la métropole, soit environ 1200 occupants. Selon lui, « il y a une corrélation avec l’aménagement et l’avancement de différents projets urbaines […] les squats témoignent de la mutation de la ville. » En parallèle, il est intéressant d’observer que les squats évoluent en fonction de la « mutation de la ville ». Les espaces urbains se vident et se transforment, en fonction de ce phénomène et des évacuations, les squats se déplacent, ils sont mobiles. 3-D.D. : Le GIP travaille dans les secteurs de de l’action sociale et de la médiation, il est donc touché directement ou indirectement par les thématiques étudiées. 4-D.D. : Le médiateur qualifie ces questions d’essentielle au bon développement du territoire, c’est un besoin pour certaines populations. Le fait que cela fasse sens d’un point de vue démocratique et économique marque ces questions comme un problème de société et sert à mobiliser les populations, les citoyens. Par ailleurs, le fait de voir et d’observer les conditions de vie dans les squats fait prendre conscience de réalités actuelles dans notre société et parfois influe sur les pratiques des individus, notamment ceux qui travaille en collaborations avec les squats. « […] nous nous rendons dans des squats régulièrement. […] c’est intéressant au niveau de nos pratiques, par exemple voir une fuite ça nous transforme. Quand je vois de l’eau qui coule, je ne peux pas ne pas le dire aux gens […]. » (4-D.D.) De même, le manque de mobilisation dans les squats est fréquent, selon l’acteur interrogé. Il faudrait qu’ils prennent conscience du gaspillage qui est fait, […] soient sensibilisés sur ce sujet. « […] une super gestion de l’eau, c’est à la fois un indicateur qui va faire mobiliser le groupe et qui va inciter les gens à sortir du squat, de mauvaises conditions de vie.
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• GIP - Bordeaux Médiation n°2 1-K.A. : « Il y a le fait de lutter contre les discriminations et l’exclusion […]. On travaille avec des roumains et bulgares, mais ils sont principalement issus de la communauté Roms. Il y a aussi le fait de faire reconnaitre une culture aux institutions, aux habitants. Avec Dynam’eau, ces thématiques sont mieux prises en compte auprès des institutions qu’avant. Il n’y avait pas un tel intérêt avant […]. Je suis médiatrice sociale depuis 2014 […]. Ma mission tourne autour de deux axes : l’amélioration des conditions de vie dans les squats et l’accès au droit. Nous intervenons en fonction des besoins et des sites de squats, mais notre intervention ne sera pas la même […]. Tout dépend du terrain, des possibilités, mais aussi des partenaires […]. » 2-K.A. : « Le fait de faire de la médiation et de travailler sur l’amélioration des conditions de vie, impliquent de travailler sur l’accès à l’eau potable […]. Il y a aussi un pôle formation et animation du réseau […] en collaboration avec des professionnels. Notre intervention […] est issue de la demande des élus, du public et des riverains. […] première étape est d’identifier les familles, de travailler sur les ressources vitales pour ces populations, mais aussi d’évaluer les besoins, etc. Le fait de travailler avec des acteurs spécialisés dans l’eau, nous permet un peu de soulever quelques enjeux du territoire (priorité) et de mettre en place des politiques liées à l’accès à l’eau potable (mise à l’agenda). […] il y aussi la question de la pérennité des actions. Il faut faire vivre ces structures qui ont du mal à avancer notamment dû au manque de financement. » 3-K.A. : « Le rôle du GIP est d'accompagner au quotidien la gestion des squats et leurs abords et de favoriser les populations concernées pour l'accès aux droits, afin de permettre une intégration sociale et professionnelle. […] il y a de la médiation sociale dans les squats, mais aussi dans les quartiers des communes de Bordeaux Métropole, notamment sur les conflits du voisinage […]. »
[…], tu les amènes à se responsabiliser, à se questionner sur leur comportement. » (4-D.D.) 1-K.A. : Selon le GIP, deux facteurs font que ces questions sont révélatrices d’un problème sociale, celui de la lutte contre la discrimination et l’exclusion, mais aussi celui de la reconnaissance d’une culture, faisant partie de l’Union Européenne. Au niveau économique, l’accès à l’eau, à l’électricité, donc aux ressources vitales et un logement décent sont plutôt étudiés. La mission de la médiatrice touche « deux axes : l’amélioration des conditions de vie dans les squats et l’accès au droit. » (1-K.A.) Chaque intervention est selon elle différente, en fonction « du terrain, des possibilités, mais aussi des partenaires […]. » (1-K.A.) mais aussi en fonction des demandes (élus, riverains, propriétaires, …). 2-K.A. :Automatiquement selon les acteurs interroger, le fait de parler d’amélioration des conditions de vie, induit de parler d’accès aux ressources vitales, telles que l’eau potable. Le GIP organise aussi des formations et des animations. Pour le GIP, il y a une volonté d’accompagner les structures et institutions qui soutiennent ces causes, notamment en faisant le lien avec des enjeux du territoire et les politiques. « […] il y aussi la question de la pérennité des actions. Il faut faire vivre ces structures qui ont du mal à avancer notamment dû au manque de financement. » (2-K.A.) 3-K.A. : La mission des médiateur permet de faire reconnaitre la situation des squats comme fait d’actualité, de favoriser l’échange et les relations, mais aussi d’accompagner les populations vers des conditions de vie meilleures. « Le rôle du GIP est d'accompagner au quotidien la gestion des squats et leurs abords et de favoriser les populations concernées pour l'accès aux droits, afin de permettre une
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4-K.A. : « L’une des évolutions, c’est surtout le fait que certaines familles prennent l’initiative d’ouvrir des abonnements, […] elles commencent à payer leur facture d’eau. L’objectif c’est de réduire […] les branchements sauvages. […] ils sont peu nombreux à payer leur facture, c’est deux cas sur trente […]. Maintenant on est plus vigilants quand on va dans des squats sur tout ce qui concerne l’accès à l’eau potable et on souhaite traiter de ces questions avec le public lui-même. On essaie de les sensibiliser et les accompagner, […]. »
intégration sociale et professionnelle. » (3-K.A.) 4-K.A. : Certains individus commence à prendre conscience que l’eau est payante et souscrivent à des abonnement. Il y a une volonté d’entamer une démarche individuelle et de mobilisation. Cependant, cette part est actuellement minime. Il y a un objectif de diminuer les branchements sauvages au réseau public. « Maintenant on est plus vigilants quand on va dans des squats sur tout ce qui concerne l’accès à l’eau potable et on souhaite traiter de ces questions avec le public lui-même. On essaie de les sensibiliser et les accompagner, […]. » (4-K.A.)
Prospective : visions et
représentations des acteurs
Constat : l’accès aux ressources nécessaires dans les squats,
(accès à l’eau potable, assainissement et électricité)
• Dynam’eau 6-M.G. : « […] les équipes du collectif Action Bord’eaux estiment à plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles. Oui, il y en a environ une quarantaine de squat sur la métropole, […]. En 2016, nous avons travaillé principalement avec le squat du Quai des Champs où 300 saharaouis vivent. Nous avons dû arrêter car nos actions n’ont pas fonctionné. Les toilettes sèches n’étaient pas adaptées pour ce lieu et les gens ne les utilisaient pas, dû à leur culture. […] un lieu de revendication politique d’après moi. Puis nous avons aussi travaillé dans un squat en périphérie de Bordeaux en collaboration avec le collectif Sherby. Ce squat comprenait essentiellement des familles venant de Bulgarie et de Roumanie (avec des enfants). Actuellement, nous travaillons dans différents squats, un squat situé à Bègles qui compte environ 70 personnes exclusivement Albanaise. Il y a aussi le squat de la Ruche en plein centre de Bordeaux qui accueil des jeunes mineurs isolés, environ une vingtaine de personnes. […] accueil des jeunes venant principalement du continent africain. Puis, nous accompagnons aussi un squat à Villenave-d’Ornon qui compte environ 70 personnes d’origine
6-M.G. : Constat d’Action Bord’eaux qui estime que « plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles. Oui, il y en a environ une quarantaine de squat sur la métropole, […] » (6-M.G.). Ils mettent aussi en avant le fait que les squats accueillent et hébergent de plus en plus d’individus, les publics sont variés et ils ne sont que de passage. Dynam’eau a travaillé avec 13 de ces squats. Ce qui montre l’ampleur de ces problématiques au niveau métropolitain. Ce recensement a été élaboré par un collectif d’associations. Liste de quelques squats :
- Le squat du Quai des Champs (Bordeaux) où vivent 300 saharaouis ;
- Le squat du collectif Sherby (Lormont) avec des familles venant de Bulgarie et de Roumanie ;
- Un squat situé à Bègles qui compte environ 70 personnes d’origine Albanaise et Kosovar ;
- Le squat de la Ruche (Bordeaux) qui accueil des jeunes mineurs isolés, environ une vingtaine (venant principalement du continent africain) ;
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Roumaine, ce sont des populations Rome. Ensuite, je connais un squat situé sur le site de l’ancien Bootleg (4-6 rue Lacornée) à Bordeaux. C’est un squat qui rencontre des difficultés et qui est insalubre. Il y a de plus en plus de monde, […]. Je sais qu’il y a l’électricité, mais il me semble qu’il n’y a pas d’eau. Ils doivent aller en chercher aux toilettes publiques. Il existe aussi le Squid (10 rue Charles Domercq) à Bordeaux. C’est un squat où logent principalement des immigrés, des jeunes mineurs isolés et des SDF. Enfin, il y a aussi la Vida Loca, un squat situé dans un ancien centre de loisir à Cestas. »
7-A.T. : « Nous avons mis au point, en collaboration avec Médecin du monde et le GIP, une carte […] qui nous permet de recenser tous les squats dans lesquels nous intervenons ou dans lesquels nous nous sommes rendus. »
8-A.T. : « […] nous œuvrons avec des squats dédiés au logement. Un squat peut être un logement contraint […] ou bien un logement voulu […]. Le squat investi par les jeunes mineurs est situé dans un bâtiment appartenant aux services publics […]. Ce bâtiment est en mauvais état. Le squat de Bègles est en extérieur et ne compte que des caravanes assez délabrées. Elles ne sont pas neuves et ils vivent dans des conditions de vie difficiles ; Le squat de Villenave est sur un ancien domaine. Les populations vivent dans un vieux château qui est insalubre. […] Certains sont en dur comme celui de Bordeaux et de
- Un squat à Villenave-d’Ornon qui compte environ 70 personnes d’origine Roumaine ;
- Le squat de l’ancien Bootleg à Bordeaux qui rencontre des difficultés et qui est insalubre. Affluence d’individus face locaux non raccordés à l’eau et l’électricité (approvisionnement aux toilettes publiques) ;
- Le squat du Squid à Bordeaux qui abrite environ une vingtaine de personnes (où logent principalement des immigrés, des jeunes mineurs isolés et des SDF) ;
- Le squat de la Vida Loca à Cestas Gazinet (ancien centre de loisir).
En parallèle, les acteurs interrogés soulignent qu’il est primordial de prendre en compte les particularités de chaque squat : « le squat du Quai des Champs […]. Nous avons dû arrêter car nos actions n’ont pas fonctionné. Les toilettes sèches n’étaient pas adaptées pour ce lieu et les gens ne les utilisaient pas, dû à leur culture » (6-M.G.). 7-A.T. : Une carte permettant de localiser certains squats situés sur la métropole a été réalisé par Médecins du Monde, le GIP et Dynam’eau. Cependant, après avoir consulter la carte, certains points n’étaient pas bien localisés (par rapport aux adresses mentionnées). De plus, il est difficile pour ces associations de recenser tous les squats du territoire car ils sont, pour la plupart, relativement « éphémères ». 8-A.T. : L’association travaille principalement avec des squats créés à des fins de logement, c’est un de leur principe car elle milite pour l’accès aux ressources vitale, au logement et à l’eau. Les acteurs font notamment une distinction : « Un squat peut être un logement contraint […] ou bien un logement voulu […] » (8-A.T.). Pour ce qui est des squats qu’ils suivent actuellement, deux sont situés dans des « bâtiments en mauvais état », un dans un immeuble et un
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Villenave-d’Ornon. Certaines populations vivent aussi en caravanes, comme c’est le cas à Bègles. […] des gens vivent en tente comme celui du Quai des Champs (environ une centaine de tentes réparties dans deux hangars). Tout dépend des populations (et de leur culture), du lieu de squat (choisi), des acteurs qui les soutiennent et des moyens qu’ils ont. »
9-A.T. : « Pour ce qui est du squat de la Ruche, nous sommes intervenus afin de réparer d’importantes fuites d’eau dans le bâtiment (5 m3 par jour de gaspiller) et nous intervenons toujours afin de […] maintenir le système d’eau en état de marche. Au squat de Bègles, il y a l’eau et des toilettes ont été ajoutées […]. La population est raccordée par des tuyaux venant du système d’eau publique jusqu’à chaque caravane. En revanche, il y a des fuites au niveau du branchement (raccordements) et ils gaspillent environ 25 m3 d’eau par jour. Enfin, le squat de Villenave-d’Ornon […] ils se sont branchés (avec l’autorisation du propriétaire et des pompiers) sur une borne à incendie proche du bâtiment […].Pour boire comme pour la cuisine : ils vont soit dans des toilettes publiques à proximité […] soit vers des bornes fontaines ou ils se raccorde par branchement […], ils ont des tuyaux, des robinets, voire des douches. Ces branchements proviennent du réseau d’eau publique, de citernes ou de bornes à incendie. Pour ce qui est de leur besoins, ils ont soit des toilettes dans le squat, soit ils vont dans des toilettes publiques ou sinon dans la nature autour du squat. Ils font comme ils peuvent. Pour la cuisine, ils utilisent des plaques ou un feu par exemple. C’est souvent du système D. Après, ils ont pas mal d’aide pour ce qui est de l’alimentation […] la Croix Rouge, Médecin du Monde, la Banque alimentaire, etc. »
autre dans un château inhabité et « insalubre ». Dans le troisième, les populations vivent dans des « caravanes délabrées. Elles ne sont pas neuves et ils vivent dans des conditions de vie difficiles » (8-A.T.). Généralement, les squatteurs investissent des locaux déjà existant. Cela représente divers avantages pour eux, notamment au niveau de la localisation ou du fait qu’il soit déjà construit. Néanmoins, les tentes et caravanes représentent une alternative si le terrain n’est pas construit. Pour Dynam’eau, « tout dépend des populations (et de leur culture), du lieu de squat (choisi), des acteurs qui les soutiennent et des moyens qu’ils ont » (20-A.T.). 9-A.T. : Les trois squats qu’ils suivent actuellement possèdent un point d’accès à l’eau potable et des sanitaires.
- Squat de la Ruche : système branché au réseau public. Dynam’eau intervient pour entretenir les équipements et le système. « Nous sommes intervenus afin de réparer d’importantes fuites d’eau dans le bâtiment » (9-A.T.) ;
- Squat à Bègles : système branché au réseau public et tuyaux raccordés à chaque caravane. Présence d’une cabine avec toilettes, mais « il y a des fuites au niveau du branchement (raccordements) » (9-A.T.) ;
- Squat de Villenave : branché à une borne à incendie.
On remarque, dans les deux premiers cas qu’il y a des fuites conséquentes et récurrentes liées aux équipements et aux branchements (5 et 25 m3, soit 5000 et 25000 L par jour). Les squatteurs adoptent diverses stratégies pour accomplir les différentes tâches quotidiennes. Comme expliqué plus haut, « c’est du système D ». Ils s’approvisionnent grâce à un raccord au réseau public ou ils vont chercher l’eau à des points d’accès situés à proximité. De mêmes, ils vont se doucher et faire leur besoin soit dans des douches et toilettes construites sur le lieu
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10-A.T. : « […] ils vont s’approvisionner dans des toilettes et des fontaines publiques. Après, ils vont […] à des bain-douches s’il y en a à proximité. […] c’est du système D, donc dès qu’il y a moyen de se brancher au réseau public ou à des bornes à incendie ils le font. […] il y a un squat Quai Wilson qui n’a pas d’eau, ils remplissent soit des bidons, soit ils achètent des bouteilles d’eau. »
11-A.T. : « Dans le squat de la Ruche à Bordeaux, […] Il y a des toilettes, mais elles sont en mauvaises état et la chasse d’eau fuit régulièrement. A Villenave-d’Ornon, nous avons installé des toilettes sèches car il n’y avait pas d’assainissement, mais la gestion du compost reste difficile. En ce qui concerne le squat de Bègles, […] Nous avons déjà installé depuis mars une cabine, c’était un prototype. […] nous installons une cabine de plus, mais je sais qu’ils souhaiteraient avoir des toilettes dans chaque caravane. »
12-A.T. : « […] par le biais d’un branchement sauvage sur un poteau électrique, voire un bâtiment, ou par l’initiative d’une association que c’est possible. Le squat de Bègles par exemple est branché au système de l’ancien bâtiment du Lidl (situé à côté). De même, le squat de Villenave possède l’électricité. En revanche le squat des jeunes mineurs à Bordeaux avait l’électricité, mais je me suis aperçu qu’elle avait été coupée. »
de squat ou bien dans des toilettes et bain-douches à proximité. Ils privilégient donc deux choix : celui d’être branché directement dans le squat ou bien celui de se rendre au point d’eau le plus proche du squat. Pour ce qui est de l’alimentation, ils bénéficient aussi d’aides de certaines associations (« la Croix Rouge, Médecin du Monde, la Banque alimentaire »). 10-A.T. : Les squatteurs privilégient des points d’accès à proximité tels que des toilettes publiques, des bornes fontaines ou des bain-douches par exemple. Ils évoquent aussi le fait que les squats sont souvent raccordés à un système d’accès à l’eau (branchement sauvage). « C’est du système D, donc dès qu’il y a moyen de se brancher au réseau public ou à des bornes à incendie ils le font. […] » (10-A.T.). Or certains comme le squat Quai Wilson est contraint de s’approvisionner grâce à des bornes ou bien achète de l’eau en bouteille. 11-A.T. : Pour ce qui est des sanitaires dans les squats, l’association intervient afin d’installer des cabines de toilettes ou bien vient réhabiliter les toilettes déjà existantes. Cependant, les acteurs doivent prendre en compte les besoins des populations pour installer les WC (toilette à eau ou sèche selon leur culture par exemple), les contraintes financières, « ils souhaiteraient avoir des toilettes dans chaque caravane » (11-A.T.) et aussi les contraintes terrain (présence du réseau public d’accès à l’eau et du réseau d’eaux usées par exemple). 12-A.T. : De même pour l’électricité, les individus n’ont d’autre choix que de se brancher au réseau public, « […] par le biais d’un branchement sauvage sur un poteau électrique, voire un bâtiment, ou par l’initiative d’une association » (12-A.T.). Dynam’eau parle de branchement sauvage « branché au système de l’ancien bâtiment du Lidl » (12-A.T.). Cependant, dans certains cas comme celui de la Ruche, les
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• Squid 4-A. : « Oui quelques-uns comme la Vida Loca à Cestas ou la Ruche destinée aux jeunes mineurs isolés à côté de la Victoire. »
5-A. : « C’est un squat destiné au logement des personnes en difficultés. C’est un lieu de passage […] entre 10 et 30 personnes. Les idées que l’on veut véhiculer sont celles de la solidarité, du vivre ensemble et du partage. »
6-A. : « Oui on est raccordé au réseau d’eau potable public. Il n’y a pas de fuites à ma connaissance. Et on a l’eau chaude aussi, mais […] il n’y en a pas pour tout le monde. Après on a eu une autorisation. » 7-A. : « Il y en a deux toilettes, […]. Elles fonctionnent et il n’y a pas de fuites. »
8-A. : « Pareil, on a l’électricité vu que c’est un immeuble appartenant à l’Etat. »
• Médecins du Monde (MDM) 5-G.M. : « On a fait un recensement des squats sur Bordeaux Métropole d’ailleurs tu peux voir trois cartes […]. Une sur l’accès à l’eau potable dans les squats, une sur l’existence ou non de toilettes, une autre concernant le ramassage des déchets, puis une sur l’électricité. […] nos ressources ne nous permettent pas d’intervenir partout donc on va intervenir sur ceux qui ont le plus de besoins, de nécessités. […] manœuvre sur sollicitation de partenaires ou en cas d’urgence. » 6-G.M. : « On intervient auprès de demandeurs d’asile, des saharaouis qui ont été expulsés […]. Ils se sont déplacés sur la commune de Pessac. On intervient aussi à Bègles auprès de populations Bulgares dans un hangar sur une zone commerciale. On va également dans un « bidonville » à Villenave-d’Ornon où vivent des personnes originaires de
squatteurs n’ont plus l’électricité même s’ils sont équipés pour. 4-A. : Le squatteur interrogé connait deux squats, celui de Cestas est qualifier de logement « voulu ». Connaissance de la Ruche qui montre que ce squat est connu par les squatteurs et les publics. 5-A. : Le Squid (environ 10 à 30 squatteurs chaque soir) a été conçu afin de loger des individus, « c’est un squat destiné au logement des personnes en difficultés. C’est un lieu de passage […] » (5-A.). Ce qui traduit une volonté de partage, de vivre ensemble, de soutien et aussi de créer un lieu d’hébergement solidaire. 6-A. : Ce squat est raccordé au réseau d’eau des services publics et au réseau d’électricité, par le biais d’une autorisation de la commune de Bordeaux. 7-A. et 8-A. : Celui-ci est équipé de deux toilettes en état de fonctionnement. De plus, c’est aujourd’hui Bordeaux le propriétaire de l’immeuble. 5-G.M. : Diverses associations ont décidé de mutualiser leurs compétences et leurs moyens, afin de recenser le plus efficacement possible les squats de la métropole. Les structures les plus actives sont Dynam’eau, Médecins du Monde et le GIP. Un triptyque étudié revient souvent : accès à l’eau et l’assainissement, accès à l’électricité et gestion des déchets. Ils étudient ces caractéristiques car elles sont liées et permettent de déterminer dans quelles conditions vivent les occupants des squats. De plus, le manque de moyens contraint les associations à sélectionner les squats avec lesquels elles travaillent. 6-G.M. : MDM travaille auprès de différents types de publics : demandeurs d’asile, des saharaouis, des populations Bulgares ou Roumaines. Les principaux squats dans lesquels ils interviennent sont situés à Bègles,
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Roumanie. […] dans le parc qui ceinture une demeure bourgeoise du 19ème siècle et les personnes vivent dans des cabanes. » 7-G.M. : « […] Ce sont souvent de petits squats où les personnes peuvent être en situation de précarité. Après on est très en lien avec les « ouvreurs de squats », les militants, dans la mesure où ces personnes peuvent ouvrir des lieux dans l’optique de loger des personnes […]. En 2017, pour te donner une idée, on orientait une cinquantaine de personnes. […] sont tous des squats de survie dans lesquels il y a des personnes étrangères, donc qui privilégient des démarches de mise à l’abris plutôt que d’acte politique. Les saharaouis sont aujourd’hui dans un ancien ehpad sur la commune de Pessac dont le propriétaire est le CHU X. Arnozan […]. » 8-G.M. : « Souvent les squats privilégient les branchements dits sauvages au réseau public ou à des bornes. […] à Bègles, il n’y a pas d’accès à l’eau. Pour ce qui est de Villenave-D’ornon, ils sont effectivement branchés à une borne à incendie. Si dans l’habitation il y a un compteur, les personnes vivant dans le lieu, même sans bail, peuvent souscrire à un abonnement sans l’autorisation du propriétaire en fournissant un RIB et leur identité. […] En revanche le fait d’installer des canalisations sur le terrain ne peut se faire sans l’accord du propriétaire. » 9-G.M. : « Pour ce qui est de l’eau de boisson, très souvent ces personnes vont acheter cette eau en supermarché sous forme de pack. Pour ce qui concerne l’eau de toilette, de lessive, ces personnes vont soit se brancher à une borne à incendie, soit ils vont aller chercher l’eau dans des toilettes publiques, à des robinets dans les parcs, les cimetières ou sur les terrains de sport par exemple. Il y a des toilettes publiques bain-douche […]. Il s’agit de personnes en situation de grande précarité ou des touristes. En revanche les bornes fontaine ne le sont pas, l’application Eaupen permet de recenser ces
Pessac et Vellenave-d’Ornon. Les logements sont principalement situés dans des bâtiments, des hangars, des caravanes ou des cabanes. 7-G.M. : Pour l’acteur interrogé, « ce sont souvent de petits squats où les personnes peuvent être en situation de précarité. » (7-G.M.) Les associations sont parfois en communication avec les ouvreurs de squats. En 2017, « on orientait une cinquantaine de personnes » (7-G.M.), ce qui montre qu’il y a une demande de la part des populations et que des problématiques liées au logement se posent. Ainsi, MDM travaille majoritairement sur « des squats de survie dans lesquels il y a des personnes étrangères, donc qui privilégient des démarches de mise à l’abris plutôt que d’acte politique. » (7-G.M.) 8-G.M. : Selon les entretiens, il existe deux manière d’avoir accès à l’eau : se brancher au réseau public ce qui implique de posséder un abonnement (papier d’identité et RIB) ou se raccorder par des branchements sauvages à une bouche à incendie, voire une borne fontaine. Les squats ont majoritairement accès à l’eau potable comme à Villenave-D’ornon, « ils sont effectivement branchés à une borne à incendie » (8-G.M.). Selon une nouvelle loi, il n’est plus indispensable de prévenir le propriétaire du terrain en cas de souscription à un abonnement, mis à part si cela nécessite des travaux conséquents. 9-G.M. : Lorsqu’il n’y a pas de point d’eau dans le squat, les individus vont s’approvisionner « à des robinets dans les parcs, les cimetières ou sur les terrains de sport par exemple. Il y a des toilettes publiques bain-douche. » (9-G.M.). Ces points d’eau n’étant pas recensés, l’application Eaupen a été créée sous forme participative. Ces données ne sont pas exhaustives et seulement trois points sont recensés sur la métropole. Par ailleurs, « ces personnes vont acheter cette eau en supermarché sous forme de
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équipements, mais c’est participatif et c’est loin d’être exhaustif […]. » 10-G.M. : « C’est très variable, on a des squats dans lesquels il y a des toilettes, en général ce sont des logements vacants […]. On arrive à mettre l’eau car en général les toilettes sont en état de fonctionner. De manière générale pour les grands squats il n’y a pas de toilettes […] ils construisent des latrines sommaires avec une cabane ou en creusant un trou dans le sol, […]. Après en fonction de la situation géographique, il y a des personnes qui vont se rendre dans des toilettes publiques. J’ai à l’esprit la situation d’une personne […] amputée des deux jambes, en fauteuil roulant, qui habitait au squat du quai Deschamps. […] il allait dans un bar à Saint-Michel […]. Alors il essayait de s’alimenter et de boire le moins possible pour pas avoir à parcourir ce chemin. » 11-G.M. : « Dans le squat situé dans l’ancien ehpad à Bègles, il n’y a pas non plus d’électricité. De même à Villenave-d’Ornon, ils n’ont pas d’électricité. C’est très rare qu’il y ait sur les lieux un compteur et qu’ils aient un abonnement, […]. Dans le cas où c’est un logement vacant on arrive souvent, à le brancher au compteur avec un abonnement car il est existant. Souvent les personnes installent des groupes électrogènes […]. Et parfois ils fabriquent des branchements de fortune relié au réseau via des lampadaires par exemple. »
• Direction Eau - Bordeaux Métropole
5-M.M. : « Je vous ai cité celui des sahraouis. Il y en avait un […] dans un immeuble vers Lucien Faure […] ils provoquaient des nuisances chez les voisins et notamment des inondations. Il y en avait un sur Bègles, dans un hangar […]. […] il y a aussi les problèmes des rejets d’eaux usées, car il n’y a pas de système d’assainissement collectif. Ça veut dire que tout était reversé dans le milieu naturel mais dans une zone d’infiltration à proximité d’un captage d’eau potable, […]. Le squat auquel moi
pack » (9-G.M.), nous pouvons alors penser qu’il y a un sentiment de méfiance quant à la qualité de l’eau ou bien au fait que c’est une habitude (d’ordre culturel). 10-G.M. : Pour ce qui est des toilettes, ce sont des données qui peuvent varier d’un squat à un autre. Cela peut dépendre du lieu d’occupation (exemple : les logements vacants). Si le système est existant, les associations peuvent intervenir pour les réhabiliter. En revanche, plus le squat est grand moins il y a de chance qu’il y ait des toilettes en état de fonctionnement. Les individus font aussi le choix de se déplacer pour se rendre dans des toilettes à proximité (toilettes publiques, toilettes de petits commerces, …). « J’ai à l’esprit la situation d’une personne […] amputée des deux jambes, en fauteuil roulant, qui habitait au squat du quai Deschamps. […] il allait dans un bar à Saint-Michel […]. Alors il essayait de s’alimenter et de boire le moins possible pour pas avoir à parcourir ce chemin. » (10-G.M.) 11-G.M. : Concernant l’électricité, les situations peuvent aussi varier selon le lieu. Certains squats comme ceux de Bègles ou Villenave-d’Ornon n’y ont pas accès. Peu de squats souscrivent à un abonnement, mis à part dans les logements vacants. Deux autres solutions sont envisagées pour eux, ils peuvent se raccorder à un poteau avec un branchement sauvage ou posséder un groupe électrogène. 5-M.M. : La Direction de l’Eau a principalement travailler cette dernière période sur le camp des sahraouis (Quai Deschamps), notamment en raison de l’actualité et de l’incendie qui s’est passé récemment. En parallèle, les services de l’Eau ont déjà rencontré des problèmes, tels que l’infiltration des eaux usées provenant de squats se situant à proximité des zones de captage d’eau potable. « […] il y a aussi les problèmes des rejets d’eaux usées, car il n’y a pas de système
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j’ai eu affaire, avec l’actualité aussi qui y joue, est le camp des sahraouis, |…] suite à l’incendie. » 6-M.M. : « […], ce sont des squats où on retrouve des réfugiés politiques comme les sahraouis, mais aussi des populations qui ont fuient le régime de leur pays, […]. […] ce sont des logements contraints où des réfugiés vivent. » 7-M.M. : « A l’intérieur des squats ils ne possèdent pas de points d’eau, cependant ils sont souvent raccordés par des branchements à des bornes à incendie. […], celui du Quai Deschamps ne possédaient pas de raccordement à l’eau potable et pour y remédier ils se sont branchés à une bouche à incendie, […] il y a peut-être Bègles qui lui était branché, il y avait un tiers identifié […]. […], pour moi c’est un branchement raccordé à un compteur et qui fait l’objet d’un abonnement. Le reste c’est le système D et pour mettre des mots sur ce fait, c’est du vol d’eau. »
• GIP - Bordeaux Médiation n°1 5-D.D. : « On a travaillé sur 52 sites l’an passé. Nous avons une liste des principaux squats […] avril 2018, il y a 934 personnes avec 290 enfants environ contre 806 en février. Il y a environ 130 personnes de plus en deux mois. Dans ce sens, un groupe peut passer de 15 personnes à 280. […] il y a pleins de facteurs qui font que l’effectif peut varier et fluctuer, comme le nombre d’emplois sur le territoire, les fêtes religieuses, les vacances, etc. Ensuite, souvent l’eau fait partie du triptyque […] avec la gestion des déchets et de l’électricité, au même titre que les données de Médecins du Monde ou Dynam’eau. Ce sont les trois choses que l’on essaie d’identifier. […] nous travaillons sur des sites très petits avec 3 personnes où il y a l’accès à l’eau, l’électricité et vivent dans des maisons. Le squat de Denis Papin avec 141 personnes, 64 enfants, qui vivent dans un hangar, […]. Chaque hangar à un point d’eau et il a des anciens sanitaires présents. A Mérignac, […] squat dans un terrain vague avec des caravanes délabrées […] il n’y a pas d’accès à l’eau et les gens se branchent à la borne à incendie. […] pour l’électricité, les gens vont se brancher à un lampadaire allumé
d’assainissement collectif. […] était reversé dans le milieu naturel mais dans une zone d’infiltration à proximité d’un captage d’eau potable, […]. » (5-M.M.) 6-M.M. : Selon la Direction de l’eau, ce sont des populations vivant en logement contraints. Ce sont principalement, selon l’acteur interrogé, des réfugiés politiques. 7-M.M. : Pour la Direction de l’Eau le moyen d’approvisionnement le plus couramment utilisé par les squatteurs est le branchement à une borner à incendie. L’acteur donne l’exemple du Quai Deschamps. Par ailleurs, il affirme que certains squats ont un tiers identifié et donc un abonnement. « […] pour moi c’est un branchement raccordé à un compteur et qui fait l’objet d’un abonnement. Le reste c’est le système D et pour mettre des mots sur ce fait, c’est du vol d’eau. » (7-M.M.) Pour lui, ces raccords illégaux vont à l’encontre du principe d’égalité et d’équité. 5-D.D. : Le GIP avec l’aide de Médecins du Monde et Dynam’eau ont mis en place une base de données des squats recensés sur la métropole. Cette carte a été créée en 2017 et n’est pas exhaustive, dû au nombre de squats qui varient. En 2017, il y avait 52 squats. Actuellement, le GIP travaille auprès de 934 personnes, contre 806 en février. Ces données sont révélatrices de l’évolution et de la multiplication du nombre de squatteurs. Les facteurs principaux de cette évolution sont le nombre d’emplois sur le territoire, les fêtes religieuses, les vacances… Selon eux, plus le squat est petit plus les chances d’avoir accès à l’eau et l’électricité sont importantes. Tout dépend aussi du type de logement. Un hangar ou une maison peuvent être équipé alors que sur un terrain vague il n’y a rien. « Le squat de Denis Papin avec 141 personnes, 64 enfants, qui vivent dans un hangar, […]. Chaque hangar à un point d’eau et il a des anciens sanitaires présents. A Mérignac, […] le squat
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de 23h à 5h sinon ils vont utiliser un groupe électrogène. Après la carte que vous a transmise l’association Dynam’eau […] est intéressante, mais elle n’est pas complète et comporte quelques erreurs. […] Ce sont des données qui varient beaucoup. […] ces structures interviennent sur une quinzaine de squats, de même pour nous. » 6-D.D. : « Nous travaillons avec des squats de logement contraint, ce ne sont pas des actes militants. […], il peut y avoir une part de choix dans une certaine dynamique de survie, dans une situation contraignante, […]. Des professionnels nous disent, « mais ils aiment vivre en communauté ». […] la vie en groupe ou en squat permet d’assurer la logique de la survie et de la sécurité de chacun. […] le fait de vivre en squat peut être un tremplin pour accéder à un logement et pour d’autre c’est une alternative au logement, […] qui est à moindre coût. Il peut aussi y avoir des gens qui ont dégringolé due à l’insalubrité du logement, […] qu’ils sont en situation de précarité. Après le discours évolue selon l’acteur que tu as en face. L’assistante sociale va avoir un discours avec eux et toi tu vas en avoir un aussi, mais ce ne sera pas le même […]. » 7-D.D. : « […] beaucoup de squats possèdent un point d’eau potable. Après il y a plein de cas de figure, j’ai déjà vu un voisin tirer un tuyau d’arrosage […]. Il y a d’autres squats qui se branchent à des bornes à incendie […]. Il me semble aussi que les populations d’Europe de l’est, il est courant qu’elles achètent l’eau de consommation en bouteille. Après ils ont des habitudes selon leur culture […].» 8-D.D. : « Les gens ne vont pas forcément dans des toilettes publiques […]. Ils privilégient des lieux qui offres des services, comme les stations essences, les restaurants rapides, etc. Je sais qu’il y a le réseau Paul Bert […]. Ils ne vont pas aller forcément dans des bains-douches classique mais plutôt à des relais de solidarité, chez des proches, dans des écoles, […]. Après il y aussi le système D, […]. Les cimetières sont souvent aussi équipés de robinet voir parfois de toilettes. […] Sur le squat de Tiers, il y avait 8 toilettes et 6 douches pour 150 personnes […] la moitié du site
est dans un terrain vague avec des caravanes délabrées […] il n’y a pas d’accès à l’eau et les gens se branchent à la borne à incendie. […] pour l’électricité, les gens vont se brancher à un lampadaire allumé de 23h à 5h. » (5-D.D.) 6-D.D. :Le GIP accompagne des squats de logements contraints et non à des fins de militantisme. « […], il peut y avoir une part de choix dans une certaine dynamique de survie, dans une situation contraignante. […] la vie en groupe ou en squat permet d’assurer la logique de la survie et de la sécurité de chacun. […] le fait de vivre en squat peut être un tremplin pour accéder à un logement et pour d’autre c’est une alternative. » (6-D.D.) Ces populations, pour eux, vivent en squat dû au manque de logement et pour des questions de sécurité. Cependant, à long termes la situation des individus peut s’aggraver et ils peuvent se retrouver en situation de précarité. Un élément est aussi à prendre en compte, celui du discours tenu par les occupants. Il peut varier selon l’interlocuteur qu’il a en face. 7-D.D. : Pour ce qui est de l’accès à l’eau dans les squats tout dépend, du terrain, des possibilités et de la culture des populations. Cependant, la majorité des squats possèdent l’eau. Les moyens d’approvisionnement les plus courants sont : les bouches à incendie, les branchements sur le réseau public, l’eau en bouteille. Des voisins aident aussi certains squats avec des tuyaux d’arrosage par exemple. 8-D.D. : Le GIP affirme que les individus ne se rendent pas fréquemment aux toilettes publiques et privilégient les toilettes de stations essence, de restaurants ou de cafés. Exemple du réseau Paul Bert ou du réseau de solidarité. De même, ils peuvent aller s’approvisionner à des robinets dans les parcs ou les cimetière. Le médiateur qualifie cela de système D. « Sur le squat de Tiers, il y avait 8 toilettes et 6 douches pour 150 personnes […] la moitié du site qui ne les
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qui ne les utilisaient pas pour des questions d’hygiène ou d’appropriation de l’espace par certaines personnes. […] comment le public s’en saisie. » 9-D.D. : « La plupart du temps il existe déjà des toilettes […]. Dans une maison, un immeuble et parfois même dans un hangar c’est possible qu’il existe des toilettes à eau en état de fonctionnement. Mais parfois ils ne marchent plus et l’intervention d’un technicien est nécessaire, je pense à Dynam’eau. » 10-D.D. : « Les squats ont souvent l’électricité, par un abonnement ou par branchement sauvage. […] Ils sont plus dépendants de l’électricité. Il faut aller chercher l’eau alors que l’électricité, il y en a sur le premier lampadaire de la rue. Après il y en a aussi qui réussissent à se procurer un groupe électrogène. C’est branchement sont souvent dangereux pour la sécurité […]. Des gens installent même un disjoncteur à l’entrée de leur cabane ou caravane […]. Certaines populations arrivent à se passer beaucoup plus facilement de l’électricité que d’autres. […] les relations sont importantes. Si tu ne t’entends pas avec les riverain ou avec une autre famille qui vit dans le squat tu as peut-être moins de chance d’avoir de l’eau et de l’électricité. Sauf si tu as ton propre abonnement. […] je pense aux communes […] qui peuvent construire des points d’accès pour éviter les branchements sauvages. »
• GIP - Bordeaux Médiation n°2 5-K.A. : « […] à la préfecture, ils nous ont dit qu’il y avait environ 142 squats sur la métropole de Bordeaux, soit environ 1100 personnes. Et ça ne me paraît pas très réaliste car nous avons déjà recensé environ 1000 personnes et nous sommes loin du compte. » 6-K.A. : « Certaines personnes ne l’ont pas voulu, mais il y en a d’autres où c’est volontaire […] ils viennent de la même
utilisaient pas pour des questions d’hygiène ou d’appropriation de l’espace par certaines personnes. » (8-D.D.) 9-D.D. : Pour ce qui est des toilettes dans les squats, il est possible d’en rencontrer en état de fonctionnement dans des locaux, tels qu’un immeuble, une maison ou un hangar. Dans ce sens, ils seront réhabilités avec l’aide d’une association et en l’occurrence de Dynam’eau. 10-D.D. : Il existe trois alternatives pour avoir l’électricité dans un squat, grâce à un abonnement (présence d’un compteur), grâce à l’installation d’un groupe électrogène ou bien grâce à un branchement sauvage (sur un poteau électrique ou un lampadaire). Cependant, ces branchements sauvages peuvent être dangereux pour la santé. Par ailleurs, des conflits peuvent apparaitre, « […] les relations sont importantes. Si tu ne t’entends pas avec les riverain ou avec une autre famille qui vit dans le squat tu as peut-être moins de chance d’avoir de l’eau et de l’électricité. Sauf si tu as ton propre abonnement. » (10-D.D.) Dans ce sens, le GIP affirme qu’il y a plus de squats possédant l’électricité que l’eau sur la métropole. En parallèles, certaines mairie comme celle de Bègles, propose de construire des point d’accès afin de limiter les branchements sauvages. 5-K.A. : Selon la Préfecture, « […] il y avait environ 142 squats sur la métropole de Bordeaux, soit environ 1100 personnes. » (5-K.A. ) Cependant, le GIP ne possède pas les mêmes données et pense que les données de la Préfecture ne sont pas représentatives. 6-K.A. : Ces logements sont parfois considérés comme voulus (dans le sens où c’est volontaire de la part des individus) ou contraints (dans le sens où ils n’ont eu d’autres choix que de vivre dans ce lieu face à la rue). « Il y en a […] qui se retrouvent dans des squats car ils ont perdu leurs logements. Quelques-uns peuvent
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communauté par exemple. Il y en a […] qui se retrouvent dans des squats car ils ont perdu leurs logements. Quelques-uns peuvent aussi s’approprier l’espace et en tirer de l’argent. […] C’est intéressant de voir si ce discours-là a évolué dans le temps. Je pense au Cabinet Trajectoire qui a travaillé sur la trajectoire et la sortie de squat de ces gens. Il y a des gens qui partent après un an, cinq an […]. Des tremplins existent et des aides aussi. […] certaines personnes y trouvent un certain équilibre. » 7-K.A. : « Dans la plupart des cas, il y a un point d’eau dans les squats […]. Lorsque c’est un point d’eau situé dans le squat, c’est souvent par le biais du réseau public d’eau potable. Quand c’est à l’extérieur ils se branchent à une bouche à incendie […]. Il y a même des gens qui achètent de l’eau en bouteille […]. Quant à l’hygiène, ils prennent de l’eau non potable. Après le partage peut être souvent source de conflit […]. Lorsqu’il y a un abonnement et des paiements à effectuer […] ça créé des tensions. Il faut qu’ils s’organisent pour partager équitablement l’eau, […]. Au-delà de la partie technique, il faut penser à « l’après » installation, comment gérer l’eau et la partager, comment payer les factures, etc. » 8-K.A. : « À Mérignac ils sollicitent souvent le relais de solidarité où il y a de l’eau, […]. Après il y en a qui vont parfois dans des stations essence, dans les espaces détentes. Quelquefois ils construisent aussi leur propre salle de bain […]. Tout dépend du lieu, ils s’adaptent en fonction de ce qu’ils ont. Dans un squat du Haillan, une enquête a été faite […] nous pouvions retrouver le fait que les gens n’ont pas envie de partager leur toilette, leur douche et donc, se l’approprient […]. » 9-K.A. : « […] S’il n’y a pas de toilettes, les gens en construisent, parfois avec des associations. Dans la nature, ils creusent un trou et quand il est plein, ils
aussi s’approprier l’espace et en tirer de l’argent. […] C’est intéressant de voir si ce discours-là a évolué dans le temps. Il y a des gens qui partent après un an, cinq an […]. Des tremplins existent et des aides aussi. […] certaines personnes y trouvent un certain équilibre. » (6-K.A.) Ex : Cabinet Trajectoire. L’appropriation de l’espace et l’intérêt économique de certains peut entraver l’amélioration de la situation d’un squat et créer des conflits, tensions. Le fait qu’il existe des aides et un accompagnement des associations peu favoriser, d’une part les conditions de vie des occupants, et d’autre part, l’insertion sociale et professionnelle. 7-K.A. : Pour la médiatrice, des points d’eau sont situés dans la majorité des squats. Les individus privilégient la souscription à un abonnement au réseau public. Lorsqu’il n’y a pas de point d’eau, la plupart du temps, ils se raccordent à une bouche à incendie. Pour l’alimentation, certains achètent de l’eau en bouteille. Pour l’hygiène, ils utilisent de l’eau non potable. « Au-delà de la partie technique, il faut penser à « l’après » installation, comment gérer l’eau et la partager, comment payer les factures, etc. » (7-K.A.) Pour éviter les conflits, il est nécessaire de penser à l’avant, mais aussi à l’après « action ». 8-K.A. et 9-K.A: Si absence d’un point d’eau, certains construisent aussi leur propre toilettes et douche. « Tout dépend du lieu, ils s’adaptent en fonction de ce qu’ils ont. » (8-K.A.) La plupart, du temps il n’y a pas d’assainissement collectif, mais il peut y avoir des exceptions. Cependant, cela peut poser des problèmes quant à l’évacuation des eaux et aux conditions sanitaires. « Dans la nature, ils creusent un trou et quand il est plein, ils en creusent un autre […] sinon avec les associations, ils peuvent construire des toilettes mobiles. » (9-K.A.) Les associations interviennent
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en creusent un autre […] sinon avec les associations, ils peuvent construire des toilettes mobiles. » 10-K.A. : « Pratiquement tous les squats avec lesquels nous travaillons ont l’électricité. Les gens se branchent soit sur le compteur électrique et payent un abonnement, sinon il se branchent illégalement sur un poteau […]. Il existe plus de branchement sauvages pour l’électricité que pour l’eau. »
principalement lorsqu’il y a un réseau d’assainissement à proximité. Certaines ont les moyens de fournir du matériel et de l’aide afin de construire ces installations. 10-K.A. : Le GIP travaille principalement avec des squats Roms, possédant l’électricité. Dans ces squats, ils privilégient les branchements au réseau public (par abonnement) ou les branchements sauvages (illégaux).
Actions de la structure en lien avec les thèmes
abordés
Intérêts et initiatives de la structure en lien avec les squats et/ou l’accès aux ressources et
aux services
• Dynam’eau 13-A.T. : « Nos priorités sont de : Garantir un accès effectif à l’eau potable pour tous ; Accompagner les individus à une gestion durable des équipements sanitaires ; Proposer des formations sur la gestion et l’accompagnement des squats auprès d’acteurs professionnels ; Créer des bornes fontaines dans les lieux publics ; Ouvrir des bains douches et créer des toilettes mobiles. Il y a une volonté commune […] d’impliquer les populations et acteurs du territoire dans une démarche participative pour trouver des solutions pérennes. […] nous souhaitons par exemple : Réduire les risques épidémiques ; Diminuer les tensions avec les riverains ; Faciliter l’intégration des populations ; Respecter la dignité humaine. En plus, l’association met en place des formations, d’une part au près des squatteurs (hygiène) et d’autre part, auprès d’acteurs professionnels, d’associations et d’institutions, […]. L’objectif est de permettre aux squatteurs d’être acteur à part entière des actions réalisées dans leur lieu de vie, […]. Dynam’eau créée des comités afin de suivre les actions réalisées dans les squats et assure le financement de certains équipements sanitaires en collaboration et avec le soutien d’autres acteurs locaux. Diverses initiatives […] comme par exemple, le chemin des transitions […] et les toilettes se bougent le Q (construction de sanitaires mobiles qui pourront suivre les déplacements des populations vivants en squats et bidonvilles au fil de leurs expulsions). De plus, Dynam’eau
13-A.T. : L’association a pour volonté de favoriser l’accès aux ressources vitales et d’améliorer les conditions de vie des populations défavorisées, mais aussi d’accompagner (exemple : formation) les squatteurs et les acteurs locaux vers une gestion participative des squats sur le territoire afin de trouver des solutions et de créer des projets. L’objectif pour eux est de « permettre aux squatteurs d’être acteur à part entière des actions réalisées » (13-A.T.). Les enjeux, identifiés par Dynam’eau, des squats sur le territoire et sur les populations sont les suivants : « Risques épidémiques » ; « Tensions avec les riverains » ; « Difficultés d’intégration des populations » ; « Non respecter la dignité humaine ». En parallèle, les financements sont nécessaires pour mettre en place des actions. Elle met donc en place des comités en collaboration et avec le soutien d’autres acteurs locaux. Quelques actions sont à retenir : « le chemin des transitions […] et les toilettes se bougent le Q (construction de sanitaires mobiles […]). De plus, Dynam’eau accompagnée d’Action Bord’eaux ont récemment mis en place une pétition adressée au Président de Bordeaux Métropole […]. » (13-A.T.)
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accompagnée d’Action Bord’eaux ont récemment mis en place une pétition adressée au Président de Bordeaux Métropole […]. »
14-A.T. : « Au sein de l’association, nous sommes deux salariés […], je travaille principalement sur le cas des squats sur la métropole bordelaise. […] »
15-A.T. : « Les aides sont souvent ponctuelles. […] appui du département de la Gironde. Nous avons reçu des financements provenant du trophée de l’Agenda 21 de Bordeaux (1300 euros), mais aussi de la région Nouvelle-Aquitaine [...]. Nous avons aussi des dons, des mécènes et le soutien des services de l’eau par le biais d’Action Bord’eaux. De plus, les formations peuvent être sources de financement. […] soutenus financièrement aussi par Bordeaux Mécènes Solidaires et la Fondation Abbé Pierre. »
16-A.T. : « Nous travaillons avec des acteurs publics comme les communes de Bordeaux et de Bègles, Bordeaux Métropole, le département de la Gironde et la région Nouvelle Aquitaine. […] SUEZ et la Lyonnaise des eaux. […] certaines associations : France Libertés Gironde, Architectes sans Frontières, les Compagnons Bâtisseurs Aquitaine, l’équipes du collectif Action Bord’eaux, Médecins du Monde Aquitaine, 3P&M, etc. »
17-A.T. : « […] il existe 87 toilettes publiques sur la métropole, […], je pense qu’elles ne sont pas toutes en service. Concernant les fontaines au final, elles ne sont ouvertes que la moitié de l’année, l’hiver elles sont fermées. En revanche, les communes de Bordeaux et Bègles se penchent de plus en plus sur ces thématiques, vous avez les exemples de : - La construction de trois
établissements prioritaires d’insertion
exclusivement dédiés aux immigrés
Bulgares et Roumains ;
- La mise en place d’actions sociales
au travers différents centres
d’accueil ;
- La Lyonnaise des eaux, quant à elle,
fait preuve de plus de flexibilité. C’est-
à-dire que pour un raccord au réseau
14-A.T. : Le principal acteur interrogé est en charge du volet « squat et bidonvilles sur la métropole de Bordeaux », ce qui constitue un élément essentiel dans la récolte de données. 15-A.T. et 16-A.T. : Les financements viennent principalement d’acteurs institutionnels comme : - La région Nouvelle Aquitaine ; - Le département de la Gironde ; - Les communes de Bordeaux et
de Bègles… Néanmoins, l’association reçoit aussi des dons et des sources de financement de leurs formations. « Nous avons aussi des dons, des mécènes et le soutien des services de l’eau par le biais d’Action Bord’eaux. » (15-A.T.). Elle a le soutien de mécènes, du service de l’eau, de Bordeaux Mécènes Solidaires et de la Fondation Abbé Pierre. Dynam’eau possède quelques difficultés à financer leurs actions. Cependant, un nombre important d’acteurs publics et privés sont mobilisés autour de ces thématiques, comme : « Bordeaux et de Bègles, Bordeaux Métropole, le département de la Gironde et la région Nouvelle Aquitaine. […] SUEZ et la Lyonnaise des eaux. […] France Libertés Gironde, Architectes sans Frontières, les Compagnons Bâtisseurs Aquitaine, l’équipes du collectif Action Bord’eaux, Médecins du Monde Aquitaine, 3P&M, etc. » (16-A.T.). 17-A.T. : L’espace urbain de la métropole comprends 87 toilettes publique, ce qui montre que le territoire est équipé. Il y a une volonté d’améliorer l’offre. Les institutions prennent alors en considération des questions. Cependant, il existe des divergences quant à l’entretien de ces équipements publics. Les communes de Bordeaux et Bègles semble impliqués dans ces thématiques : « Constructions de trois établissements prioritaires d’insertion […] ; mise en place d’actions sociales […] ; élaboration de réunions multi acteurs […] » (17-A.T.). De même, les services de l’eau tels que la Lyonnaise des
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public l’autorisation du propriétaire du
logement n’est plus nécessaire ;
- L’élaboration de réunions multi
acteurs, d’une part sur les conditions
de vie dans les squats à Bègles, et
d’autre part, sur l’amélioration des
points d’accès à l’eau publique à
Bordeaux (en collaboration avec
SUEZ, le LIR et Dynam’eau) ;
- L’offre et l’installation de fontaines et
de toilettes publiques.
[…] les trois communes les plus touchées par les squats et les bidonvilles sont Bordeaux, Bègles et Mérignac. En général les institutions et plus particulièrement Bordeaux Métropole à tendance à déléguer ces questions auprès d’autres acteurs locaux […]. »
18-A.T. : « Je pense que c’est en bonne voie. Quelques communes commencent à s’y intéresser […] de plus en plus d’associations s’intéressent à ces thématiques. La preuve, nous venons de créer le collectif Action Bord’eaux. […], il nous faut plus de financements […] et plus de soutien par exemple. »
• Squid 9-A. : « […] Avant nous proposions aux squatteurs de faire des activités comme de la photo, du self défense, de l’informatique ou des initiations aux instruments de percussions. Mais ça n’a pas trop marché […] on propose plus que self défense et photo. Après, on a aussi un coin information destiné à la réinsertion, au logement, à tous ce qui est administratif et professionnel. Puis on fait pas mal de récup au marché des MIN et dans divers endroits, ce qui nous permet de nourrir tout le monde et de maintenir le lieu en bon état. »
10-A. : « Ce squat est organisé sous forme de communauté […] doit participer aux tâches quotidiennes et respecter les règles de vie. […] ne pas avoir de problèmes avec les voisins ou la commune. […] mon rôle est de garder les lieux en « sécurité », […]. Nous ne voulons pas que ce lieu devienne mal sain, où les gens se droguent, boivent et ou la convivialité n’est pas possible. »
11-A. : « […] Des associations comme la CIMADE et Médecin du Monde nous rendent visite et nous transmettent
eaux est plus flexible quant aux raccords au réseau public. Les trois communes comprenant le plus de squats sont Bordeaux, Bègles, puis Mérignac et ce sont aussi elles les plus actives. Il y a donc une réelle volonté des institutions et des services de l’eau d’améliorer les conditions de vie des populations. Cependant, elles focalisent leurs efforts sur un certains types de public (jeunes mineurs isolés, population Rome et Bulgare), selon Dynam’eau. De plus, elles ont « tendance à déléguer » pour que ça ne devienne pas un sujet faisant polémique. 18-A.T. : De plus en plus d’acteurs commencent à s’intéresser à ces thématiques. Depuis 2016, des associations mettent en œuvre des actions afin d’améliorer les conditions de vie dans les squats, comme l’équipe du collectif Action Bord’eaux. Cependant, le manque de financements et de soutien vient freiner la mise en place d’actions. 9-A. : Le Squid organise diverses actions afin favoriser le partage, la solidarité et l’insertion. « Avant nous proposions aux squatteurs de faire des activités […].On a aussi un coin information destiné à la réinsertion, au logement, à tous ce qui est administratif et professionnel. Puis on fait pas mal de récup au marché […] » (9-A.). De plus, certaines stratégies comme la récupération au marché leur permettent d’améliorer leurs conditions de vie.
10-A. :L’acteur interrogé qualifie ce squat de communauté. Les publics vivant dans ce lieu ont la volonté d’améliorer les conditions de vie et de donner une bonne image de ce lieu aux habitants et institutions. « Ce squat est organisé sous forme de communauté […] doit participer aux tâches quotidiennes et respecter les règles de vie. […] » (10-A.). 11-A. : Certaines associations soutiennent ce squat, comme la
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quelques infos […] la ville de Bordeaux nous autorise à vivre dans ce lieu […], ils nous laissent nous débrouiller seul […]. » 12-A. : « […] il y a des toilettes publiques le long des quais de la Garonne et des toilettes dans la gare. Je sais qu’il y a des bains douches et bornes fontaines (sur les quais par exemple). » 13-A. : « […] beaucoup de gens qui vivent dans la rue et dans les squats. […] monter des programmes de réinsertion, voire des squats comme le nôtre. »
• Médecins du Monde (MDM) 12-G.M. : « Sur ces questions-là on ne bosse pas avec les gens, on a plus un rôle d’intermédiaire, […]. Nous lançons actuellement une démarche participative. On intervient sur place par des entretiens individuel avec les gens […]. Nous faisons aussi de l’information collective comme des focus groupes […]. Le cœur de nos activités va vraiment être de plaidoyer en direction de SUEZ, du service de l’eau, de la préfecture et des institutions par exemple (selon leurs responsabilités). » 13-G.M. : « […] Ces actions sont souvent ponctuelles et mobiles. Je pense à des actions : liée à l’information et l’orientation ; à la prise en charge médicale, sociale et juridique ; liée à la prévention et éducation à la santé ; liée à la distribution de matériel ; au recueil de données pour soutenir notre plaidoyer ; etc. Nous effectuons environ quatre visites par semaine dans les squats […] pour 23 bénévoles, il existe 456 bénéficiaires dans les squats environ. Nous avons même une adresse mail dédiée à cette mission […]. » 14-G.M. : « […] actions conjointes avec le CASI (Comité d'Action Sociale) […] avec le GIP Bordeaux Médiation. On travaille ensuite avec la LDH (Ligue des Droits de l’Homme) pour la communication, la CIMADE ou bien le Réseau éducation sans Frontières. On est très en lien avec les MDSI (Maisons
CIMADE et Médecins du Monde. De plus, la commune de Bordeaux autorise l’occupation de ce lieu. Elle est propriétaire du bâtiment. Le fait d’avoir autoriser l’accès à ce squat a permis aux populations de vivre dans de bonnes conditions, car ils ont accès à l’eau et à l’électricité. « La ville de Bordeaux nous autorise à vivre dans ce lieu […], ils nous laissent nous débrouiller seul […] » (11-A.). 12-A. : Selon la personne interrogée, des points d’eau potable sont installés à proximité, au bord de la Garonne par exemple (environ 300 mètres). 13-A. : De plus en plus d’individus sont confrontés à des problèmes de logement. Les actions sont, selon lui, insuffisantes et il souhaiterait que des actions sociales soient mises en place. 12-G.M. : Médecins du Monde n’intervient pas directement sur les questions liées à l’eau. L’association possède un rôle d’intermédiaire, de médiateur et travaille principalement en relation avec les populations et les institutions. Elle intervient en tant que plaidoyer auprès des services publics. 13-G.M. : Comme cité plus haut, Médecins du Monde n’intervient pas régulièrement dans les squats, leurs actions sont mobiles et sont liées : « à l’information et l’orientation ; à la prise en charge médicale, sociale et juridique ; liée à la prévention et éducation à la santé ; liée à la distribution de matériel ; au recueil de données pour soutenir notre plaidoyer ; etc. » (13-G.M.) De plus, l’ONG possède un nombre important de bénéficiaires, soit 456. 14-G.M. : Médecins du Monde travaille en collaboration avec des acteurs associatifs tels que : « le CASI (Comité d'Action Sociale) […] avec le GIP Bordeaux Médiation. On travaille ensuite avec la LDH (Ligue des Droits de l’Homme) pour la communication, la CIMADE ou bien le Réseau éducation sans Frontières. […] Dynam’eau et du collectif Action Bord’eaux dans lequel nous travaillons en équipe
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Départementales de la Solidarité et de l'Insertion) […] en lien avec les Directions Habitat et Eau de la Métropole, mais aussi avec certaines communes […] le soutien du département et de la région. […] exemple de Dynam’eau et du collectif Action Bord’eaux dans lequel nous travaillons en équipe (Architectes sans Frontières, France Liberté). […] l’association Tripote et Mascagne qui cherche à améliorer les conditions de vie et l’habitat des personnes en situation de précarité. […] avec l’association Euroms sur les droits de la communauté Roms. Enfin, on a interpelé un certain nombre d’élus sur ces questions […]. » 15-G.M. : « Heureusement qu’il y a des toilettes publiques et des bains-douches sur les communes de la métropole. En revanche ils sont en nombre insuffisant et une partie de notre plaidoyer consiste à demander que ces types de structures soient multipliés. […] Les services publics sont très peu proactifs et on n’a pas le sentiment qu’ils nous tendent la main […]. Il y a une émergence des problématiques liées à l’accès à l’eau de la part des collectivités sans pour autant qu’il y ait de véritables actions. » 16-G.M. : « Non car nous intervenons […] sur seulement quelques squats. Dynam’eau a besoin de soutiens, de financements, de temps et de compétences […]. Elle est loin de pouvoir couvrir tous les besoins. Pour ce qui est de MDM, c’est un peu la même chose […] nous ne sommes pas disponible tout le temps et nous ne pouvons pas couvrir tous les squats. Quant aux pouvoirs publics, on a réussi à les faire avancer […]. Pour ce qui est des gros squats, où le nombre d’occupants est important, on est toujours loin du compte. Il y a encore plusieurs centaines de personnes […] qui n’ont toujours pas accès à l’eau. »
• Direction Eau - Bordeaux Métropole
8-M.M. : « […] si un usager souhaite avoir accès à l’eau, les services de l’eau seront là pour assurer le raccordement. […] il faut pouvoir communiquer les informations nécessaires pour que
(Architectes sans Frontières, France Liberté). […] l’association Tripote et Mascagne qui cherche à améliorer les conditions de vie et l’habitat des personnes en situation de précarité […] avec l’association Euroms sur les droits de la communauté Roms. » (14-G.M.) Par ailleurs, cette structure travaille aussi avec des acteurs publics comme « les MDSI (Maisons Départementales de la Solidarité et de l'Insertion) […] en lien avec les Directions Habitat et Eau de la Métropole, mais aussi avec certaines communes […] le soutien du département et de la région. » (14-G.M.) 15-G.M. : Selon les acteurs il existe des équipements et points d’eau sur l’espace public. Cependant, ils ne sont pas bien entretenus et sont en nombre insuffisant alors que le nombre de personnes n’ayant pas de logement augmente chaque année. « Heureusement qu’il y a des toilettes publiques et des bains-douches sur les communes de la métropole. En revanche ils sont en nombre insuffisant » (15-G.M.) Ces phénomènes font actuellement polémiques et sont des enjeux pour les territoires. Il y a « une émergence des problématiques liées à l’accès à l’eau de la part des collectivités sans pour autant qu’il y ait de véritables actions. » (15-G.M.) 16-G.M. : Les interventions dans les squats sont limitées, « Dynam’eau a besoin de soutiens, de financements, de temps et de compétences […]. » (16-G.M.) Il existe une cinquantaine de squats sur la métropole et l’accompagnement des associations est difficile à couvrir par manque de moyens et de compétences. « Il y a encore plusieurs centaines de personnes […] qui n’ont toujours pas accès à l’eau. » (16-G.M.) De même, le soutien des institutions est nécessaire. 8-M.M. : « […] si un usager souhaite avoir accès à l’eau, les services de l’eau seront là pour assurer le raccordement. » (8-M.M.) Dans ce sens, les usagers
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l’usager puisse s’acquitter du montant des factures d’eau. […] Il n’existe pas aujourd’hui, […] d’autres moyens que la création d’un branchement d’eau potable. On pourrait aussi évoquer le fait d’installer des bornes fontaines à proximité des squats ou […] d’installer des toilettes mobiles, c’est un projet initié d’ailleurs par Dynam’eau (Action Bord’eaux). […] faire pérenniser un squat, ce n’est pas une solution non plus, même si c’est mieux que de vivre dans la rue. […] pas de moyens, pas d’équipements, pas de structures à déployer, qui existeraient au service public de l’eau potable à destination de ces populations. » 9-M.M. : « Il se trouve que c’est moi sur ce dossier, […] on est peu nombreux. Après, […] la direction de l’Habitat à la métropole peut également mener des actions auprès de ces populations par décision politique. » 10-M.M. : « Notre intérêt pour ces questions sont récentes. […], faute de prise de conscience par la collectivité je dirai, je maintien que le politique doit être force de proposition pour trouver des solutions […] c’est aussi à nous technicien de l’être auprès des élus. […] il y ait une décision politique qui doit acter de ces orientations. […] Il faut pouvoir offrir des solutions dans des conditions sanitaires satisfaisantes et dans le respect de la condition de ces familles. […] aujourd’hui on n’a rien à proposer. […] temps que le poil à gratter, ne grattera pas suffisamment fort il n’y aura rien. » 11-M.M. : « Quand on parle du service de l’eau on parle de la métropole, mais aussi de son délégataire, SUEZ. Elle peut également mener des actions […] de solidarité internationale. Nous avons aussi quelques entreprises qui se veulent innovante sur l’accès à l’eau sur l’espace public. […], mais elles font rarement du social et c’est toujours à but lucratif. […] je pense que les pouvoirs publics ont un rôle à jouer […]. C’est ici qu’il faut taper à la porte […]. C’est aussi louable le rôle que possèdent […] Dynam’eau ou Médecins du Monde […]. » 12-M.M. : « Il y a l’ARS (Agence Régionale de la Santé) parce qu’elle travaille sur des sujets tels que la santé,
doivent payer les factures pour avoir accès à l’eau potable. Selon la Direction de l’Eau, il n’existe pas d’autres solutions que celle-ci. D’autres alternatives existent comme la construction de toilettes mobiles ou de borne fontaine à proximité, par l’aide d’associations par exemple. « […] faire pérenniser un squat, ce n’est pas une solution non plus, même si c’est mieux que de vivre dans la rue. » (8-M.M.) Selon les services de l’eau, le fait de maintenir ces squats n’est pas une solution pour les occupants, cependant, c’est plus sécurisant pour eux de vivre dans la rue. 9-M.M. : L’acteur interrogé est aussi celui qui s’occupe des dossiers squat pour ce qui est l’accès à l’eau. D’autres services peuvent être sollicités au niveau de Bordeaux Métropole, comme celui de l’habitat. Selon lui, le fait de mener des actions est issue d’une décision politique. 10-M.M. : Ces problématiques sont récentes. « […] je maintien que le politique doit être force de proposition pour trouver des solutions […] c’est aussi à nous technicien de l’être auprès des élus. […] il y ait une décision politique qui doit acter de ces orientations. » (10-M.M.) De même, l’inscription de ces questions auprès de décisionnaires n’existe que depuis trois ans environ. Il est important d’impliquer les politiques, les élus dans ces thématiques, afin que tout le monde puisse travailler ensemble, mais aussi aller vers l’amélioration des conditions de vie dans les squats et pour les populations de la métropole. 11-M.M. : Les services de l’Eau implique de parler de deux acteurs, le délégataire SUEZ Eau France et Bordeaux Métropole. La Direction de l’Eau est l’autorité organisatrice de ce réseau. SUEZ met aussi des actions solidaire et environnementale. Sont citées aussi, les entreprises spécialisée dans l’eau. Cependant, elles ne font pas d’initiatives sociales et solidaires. 12-M.M. : Divers acteurs publics sont cités par la Direction de l’Eau,
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[…] vigilants sur les modes d’utilisation de l’eau et sur tout ce qui est alimentaire. Je pense aux bouches à incendie où l’eau n’est pas potable, […]. Je pense aussi aux services de secours qui sollicitent les bouches à incendie pour des urgences […], il faut qu’ils aient cette information-là. […] il y a les services de la préfecture qui sont garant de la sécurité des biens et des personnes. Nous avons aussi le département, qui a travers leur compétence sociale peuvent intervenir. Sur les sahraouis, c’est eux qui devaient prendre en charge la consommation d’eau. […] Cependant, ça n’a pas été le cas. […] la région finance aussi quelques projets. Après quand je parle de collectivités locales, je pense au politique […]. » 13-M.M. : « Je pense que cette sensibilisation portée par des associations locales est importante et il faut qu’elle dépasse le niveau de compétence des techniciens, qu’il y ait un réel portage politique. […] il faut qu’il y ait une vraie mobilisation politique. […] il y a des budgets prévus pour cela et on sait faire des choses, environ 400 000 euros. […] il faut vraiment une politique sociale dans les communes et la métropole, […]. Il y a aussi des choses très bien qui existent, notamment sur […] la solidarité internationale ou la coopération, […] il y a beaucoup de choses qui ont été faites. […], au niveau social des choses méritent d’être développées car nous en sommes encore au stade de l’expérimentation. […] on a beaucoup de progrès à faire et quand je dis « on », ce n’est pas le service de l’eau, c’est les pouvoirs publics, les associations, c’est tout le monde. […] c’est un élément indissociable pour réponde à la précarité […] pas réduire ces difficultés à l’aspect de l’accès à l’eau potable, c’est un tout. »
• GIP - Bordeaux Médiation n°1 11-D.D. : « Il y a un objectif de mettre en place une amélioration possible des conditions de vie dans les squats, mais aussi d’accompagner les individus. […] à partir de 2014 que la métropolisation a impliqué de faire de la médiation […] dans un principe d’intérêt public. On est à la fois sur les questions du travail sur
comme l’ARS (santé, alimentation et qualité de l’eau), services de secours (Santé et urgences), la Préfecture (Sécurité des biens et des personnes), le département « Sur les sahraouis, c’est eux qui devaient prendre en charge la consommation d’eau. » (12-M.M.) (Compétences sociales et financement d’actions), la région (financement d’actions) et les collectivités locales (pouvoir décisionnaire et compétences sociales). Les données récoltées sont nécessaires pour ces acteurs, afin qu’ils puissent mettre en place des mesures et des actions. 13-M.M. : Selon la Direction de l’Eau, la mobilisation des associations et la sensibilisation qu’elles portent sont importantes. Non seulement il est nécessaire d’avoir des acteurs sur le terrain (techniciens et associations), mais les pouvoirs publics doivent aussi être concernés et impliqués dans ces questions, notamment dans le sens où il existe un budget. « […] dépasse le niveau de compétence des techniciens, qu’il y ait un réel portage politique. […] il faut qu’il y ait une vraie mobilisation politique. […] il faut vraiment une politique sociale dans les communes et la métropole, […]. » (13-M.M.) Nous pouvons remarquer que peu d’actions sont menées au niveau social concernant les personnes en situation de précarité, seul le chèque Eau existe. « […], au niveau social des choses méritent d’être développées car nous en sommes encore au stade de l’expérimentation. […] on a beaucoup de progrès à faire et quand je dis « on », ce n’est pas le service de l’eau, c’est les pouvoirs publics, les associations, c’est tout le monde. » (13-M.M.) Le fait que ce soit inscrit dans l’actualité montre qu’il y a une volonté de divers acteurs locaux de travailler sur ces questions. 11-D.D. : Depuis 2014, le GIP a pour objectif d’accompagner les occupants dans la valorisation de leurs droits et de favoriser l’amélioration des conditions de vie (intérêt public). Leur rôle est
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les conditions de vie ou sur l’accès aux droits ; comment on travaille pour ce qui est animation du réseau, […]. Nous faisons la navette entre les publics et les acteurs locaux. De plus, on ne peut pas porter seul un plaidoyer […] la médiation dans les squats peut prendre différentes formes selon la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation du groupe. Que tu sois sur un terrain privé ou public, […] pas les mêmes besoins et les mêmes dynamiques. […] identification des spécificités des squats et des situations. Nous on observe des besoins, […] il y a 30 enfants sur un squat, nous allons essayer de donner envie aux familles de les scolariser et bien sûr à des fins éducatives et non économiques. […] nous intervenons plus en tant qu’intervenant socio-éducatif, qu’en tant que médiateur. » 12-D.D. : « La nature du site et ce qu’on va pouvoir y faire, c’est différent. Un cas typique, une maison est squattée et il y a une arrivée d’eau, pareil pour le compteur électrique. […] le fait que ce soit un petit groupe peut permettre d’avoir accès à l’eau […]. Dynam’eau est un acteur intéressant pour dépasser les contraintes techniques en renfort à SUEZ et à la Direction de l’Eau. […] peut aussi avoir des effets néfastes quant au partage de l’eau […] et créer des tensions entre les occupants. […] tu peux bouleverser un certain équilibre social. […] important de prendre en compte les besoins des populations […]. Il faut qu’ils s’approprient le point d’eau tout en le partageant. » 13-D.D. : « Ça peut être varié et c’est pluridisciplinaire, c’est-à-dire au logement, à l’éducation, à la santé, etc. […] ce sont des acteurs intervenant principalement sur la valorisation des droits et l’amélioration des conditions de vie. […] l’accès au droit va toucher le domaine social, l’économie, la santé, l’éducation, etc. Nous accompagnons certaines associations […], comme Dynam’eau, INTERMED GIRONDE, IPPO ou Médecins du Monde. Ces acteurs sont relativement impliqués car ils interviennent avec nous sur le terrain
principalement de mettre en relation les pouvoirs publics, les acteurs locaux et les squatteurs. « […] la médiation dans les squats peut prendre différentes formes selon la taille, la nature du site, les gens qui y vivent ou bien la mobilisation du groupe. Que tu sois sur un terrain privé ou public, […] pas les mêmes besoins et les mêmes dynamiques. » (11-D.D.) Le fait que les squats soient différents implique que les médiateur doivent s’adapter aux conditions de chacun des squats et aux spécificités qui y résident. Non seulement ces acteurs sont médiateurs mais ils peuvent parfois endosser une fonction plus sociale, un exemples est cité : « […] il y a 30 enfants sur un squat, nous allons essayer de donner envie aux familles de les scolariser et bien sûr à des fins éducatives et non économiques. » (11-D.D.) 12-D.D. : Pour les médiateurs, un petit nombre de squatteurs sur un site peut permettre d’avoir plus facilement accès à l’eau ou l’électricité. Dans ce sens, le lieux et les spécificités d’un squat sont des facteurs influant sur l’accessibilité à une ressource vitale. « Dynam’eau est un acteur intéressant pour dépasser les contraintes techniques en renfort à SUEZ et à la Direction de l’Eau. […] peut aussi avoir des effets néfastes quant au partage de l’eau […] et créer des tensions. […] tu peux bouleverser un certain équilibre social. » Avant de pouvoir mettre en place des actions dans un squat, il faut pouvoir identifier les besoins de celui-ci. Le fait de collaborer entre acteurs permet de mutualiser les compétences, afin d’éviter les conflits et les tensions. 13-D.D. : Ces questions sont pluridisciplinaires (logement, santé, social, éducation, …), donc le fait d’être médiateur implique d’avoir des compétences dans ces divers domaine. « Nous accompagnons certaines associations […], comme Dynam’eau, INTERMED GIRONDE, IPPO ou Médecins du Monde. […] ils interviennent avec nous sur le terrain contrairement
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contrairement aux instances départementales et régionales. » 14-D.D. : « D’un point de vue institutionnel, il y en a qui font des choses remarquables tandis que d’autres sont peu tolérant. Une mairie ne peut pas porter seule une problématique […], il y a des acteurs de droit commun […], comme des CCAS, des mairies ou quelqu’un de la métropole pour la gestion des déchets par exemple. Il y a aussi la Direction de l’Eau et de l’Habitat. Nous avons aussi les intervenants sociaux mandatés par un juge et les cabinets, voire la Préfecture. Concernant le département, il y aura les MDSI (Maison départementale de la Solidarité et de l'Insertion), la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale) et les PMI (Centre de Protection maternelle et infantile). Au niveau de la région […] peu de collaboration, après nous avons l’ARS, […]. Enfin, le CHU Arnozan, les services de police et de secours sont souvent impliqués […]. » 15-D.D. : « […] il y a des choses vraiment bien et des deux côtés, d’un côté des occupants qui ont souvent un parcours exemplaire ce qui fait plaidoyer, puis de l’autre tu as ceux qui […] ne sont pas mobilisés et ne respectent pas la vie en communauté, quitte à mettre la vie d’autrui en danger. Le parcours des familles témoigne […] de leur trajectoire et de leur mobilisation, voire soutien. D’un point de vue institutionnel, il y en a qui font des choses remarquables tandis que d’autres sont peu tolérant. […] le nombre de squats évolue sans cesse et à cet effet il faut aussi transformer les politiques, […]. Le fait de travailler auprès de 400 personnes, n’est pas la même chose qu’avec 900 […].Une mairie ne peut pas porter seule une problématique de ce type. […] il y a peu de chose qui sont mis en place dans l’accueil et le logement de personnes européennes précaires. »
• GIP - Bordeaux Médiation n°2 11-K.A. : « Nous sommes principalement les seuls qui mettons les pieds dans les
aux instances départementales et régionales. » (13-D.D.) Travailler sur le terrain est un avantage pour comprendre les besoins et échanger entre acteurs locaux. 14-D.D. : « D’un point de vue institutionnel, il y en a qui font des choses remarquables tandis que d’autres sont peu tolérant. » De même, ces acteurs publics doivent travailler en collaboration afin de mettre en place des actions. Le médiateur donne l’exemple d’une mairie, de Bordeaux Métropole (Direction de l’Eau et de l’Habitat) et d’un CCAS. D’autres acteurs publics travaillent sur ces questions. « Nous avons aussi les intervenants sociaux mandatés par un juge et les cabinets, voire la Préfecture. Concernant le département, il y aura les MDSI (Maison départementale de la Solidarité et de l'Insertion), la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale) et les PMI (Centre de Protection maternelle et infantile). Au niveau de la région […] peu de collaboration, après nous avons l’ARS, […]. Enfin, le CHU Arnozan, les services de police et de secours sont souvent impliqués […]. » (14-D.D.) 15-D.D. : « d’un côté des occupants qui ont souvent un parcours exemplaire ce qui fait plaidoyer, puis de l’autre tu as ceux qui […] ne sont pas mobilisés et ne respectent pas la vie en communauté, quitte à mettre la vie d’autrui en danger. » (15-D.D.) Dans ce sens, ces parcours de vie peuvent témoigner des trajectoires de vie, de la mobilisation et du soutien de certains individus. Quelques occupants ont la volonté de se réinsérer alors que d’autres non, ils profitent de leur situation par intérêt (notamment économique) et ne cherche pas à améliorer leurs conditions de vie, mais aussi leurs droits. Le fait que les squats évoluent, soient mobile et ponctuel implique de transformer les politiques et les actions au fur et à mesure. « Le fait de travailler auprès de 400 personnes, n’est pas la même chose qu’avec 900 […]. » (15-D.D.)
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squats, contrairement aux services publics […]. C’est important de pouvoir faire le lien entre squatteurs et services publics, car les populations n’ont pas une vision d’ensemble des aides […]. Il faut qu’ils aillent vers le droit commun. » 12-K.A. : « Nous travaillons donc sur l’amélioration des conditions de vie et des droits des individus. […] un rôle de médiation, donc nous accompagnons des projets et nous sommes comme un relais entre les services publics et les squats, […] formation et animation du réseau. La priorité sera basée sur les sites occupés […] appartenant au patrimoine métropolitain, communal ou institutionnel. En second lieu, le médiateur intervient dans les squats de biens appartenant à des propriétaires privés, à la demande des communes, des associations, du propriétaire, […] si ces squats impactent les relations de voisinage ou soulèvent des questions d'hygiène, de salubrité ou de sécurité publique (déchets, risque incendie). » 13-K.A. : « C’est très transversal, chaque spécialiste vient contribuer à l’amélioration des conditions de vie […]. Nous travaillons avec […] Dynam’eau et Médecins du Monde. On se transmet aussi toutes les cartes que nous réalisons, […] nous ne traitons pas de toutes les données […] car nous travaillons uniquement auprès de la communauté Roms. […]. Il y a le Collectif Action Bord’eaux composé de Médecins du Monde, France Liberté, Dynam’eau, la CIMADE. Ensuite comme l’a dit mon collègue, il y a aussi des associations qui se focalisent sur la communauté Roms, comme celle de EURROM (en collaboration avec le CNDH), mais aussi le Collectif roms chakaraka. Après, il y a
11-K.A. : A l’inverse des service publics, le GIP envoie ses médiateurs sur le terrain. Ils sont les premiers témoins, avec les associations, des conditions de vie des individus dans les squats. « C’est important de pouvoir faire le lien entre squatteurs et services publics, car les populations n’ont pas une vision d’ensemble des aides […]. Il faut qu’ils aillent vers le droit commun. » (11-K.A.) Pour les médiateurs, les occupants ont les mêmes droits que les habitants de Bordeaux Métropole. On parle de droit commun. 12-K.A. : En complément des services publics, les médiateurs ont un rôle d’intermédiaire. Ils accompagnent aussi certaines actions et ont pour mission d’animer ce réseau de médiation sur le territoire. « […] nous accompagnons des projets et nous sommes comme un relais entre les services publics et les squats, […]. » (12-K.A.) Ils travaillent en priorité dans les squats situés sur un terrain « […] appartenant au patrimoine métropolitain, communal ou institutionnel. » (12-K.A.) C’est pour ces raisons qu’ils ont un rôle de relais. Puis, ils interviennent sur des terrains « appartenant à des propriétaires privés, à la demande des communes, des associations, du propriétaire, […]. » (12-K.A.) Cette intervention est issue d’une demande sur le territoire. Ce sont les mairies et les voisins les plus impactés par ces phénomènes, car ils doivent partager l’espace urbain avec les squats. 13-K.A. : Le GIP travaille en collaboration avec plusieurs acteurs venant de différents secteur (public, privé, …) et domaines (logement, social, santé, …). Concernant le collectif Action Bord’Eaux (Médecins du Monde, France Liberté, Dynam’eau, la CIMADE, GIP), le GIP n’exploite pas toutes les données transmises par les autres associations, car il travaille avec la communauté Roms. Concernant la communauté Roms, les médiateurs travaillent en collaboration avec EURROM (en collaboration avec le CNDH), le
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l’association ASTI (Association de Solidarité avec tous les Immigrés) […] les éducateurs spécialisés, les écoles et quelques bailleurs sociaux. » 14-K.A. : « […] avec la mairie de Bègles et celle de Mérignac. Après nous travaillons aussi en collaboration avec la cité municipale de Bordeaux. De plus, c’est Bordeaux Métropole qui nous a sollicité pour travailler avec la communauté Roms. […] aides du département et de la région. » 15-K.A. : « Selon moi, on peut féliciter certaines actions, […] la mairie de Bègles met à disposition des compteurs. Sur Mérignac aussi il y a quelques actions intéressantes. Il faut encourager ces initiatives venant de tout type d’acteurs […]. »
Collectif Roms Chakaraka, l’association ASTI (Association de Solidarité avec tous les Immigrés), etc. Un nombre important d’acteurs associatifs interviennent auprès des publics vivant en squat, ce qui montre qu’il y a une demande et des besoins sur le territoire. En ce qui concerne l’éducation, ils travaillent aussi avec des éducateurs spécialisés et des écoles de la métropole. 14-K.A. et 15-K.A. : Plusieurs acteurs institutionnels collaborent avec le GIP sur ces questions, comme les mairies de Bègles et Mérignac, la cité municipale de Bordeaux, Bordeaux Métropole, le département et la région. On peut voir que certains acteurs publics sont impliqués dans ces questions, le médiateur donne l’exemple de Bègles et Mérignac qui installent des compteurs dans les squats. Selon eux, ces initiatives sont néanmoins peu nombreuses sur le territoire, même s’il existe une certaine volonté de la part de ces acteurs. Pour eux, « Il faut encourager ces initiatives venant de tout type d’acteurs […]. » (15-K.A.)
Prospective : situation et
stratégies des squatteurs
Situations/conditions/stratégies des individus dans les squats
• Dynam’eau 19-A.T. : « Chaque squat possède une identité et des caractéristiques spécifiques, […]. Le public est très varié et tourne souvent. Cela peut être un logement contraint, […]. Ce sont par exemple des immigrés, des réfugiés, des jeunes mineurs isolés, des familles, des étrangers, des SDF, etc. Ces publics vivent souvent dans des conditions précaires et de sont en situation de pauvreté. J’ai souvent remarqué des cas d’illettrisme aussi […]. Mais ça peut être aussi un logement voulu, […]. Ce sont par exemple des militants, des résistants, des SDF ou des zadistes. »
20-G.M. : « […] On estime à plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes
19-A.T. : Chaque squat, selon Dynam’eau, sont différents et ne possèdent pas les mêmes spécificités. De même pour les publics qui ne sont que de passages. Ils ont aussi des besoins différents. Ces types de logement sont donc considérés comme temporaire et provisoire pour les individus. « Chaque squat possède une identité et des caractéristiques spécifiques, […]. Le public est très varié et tourne souvent. Cela peut être un logement contraint, […] » (19-A.T.). Par ailleurs, le fait que ce soit un logement temporaire renforce l’impression de précarité du lieu. Ce sont des logements qui répondent à une « crise ». « Ces publics vivent souvent dans des conditions précaires et de sont en situation de pauvreté. J’ai souvent remarqué des cas d’illettrisme aussi […] » (19-A.T.). 20-G.M. et 21-A.T. : Selon Dynam’eau, le fait de ne pas avoir
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de vivre en squats et bidonvilles. […] Bien que la France possède un très bon réseau de distribution et d’assainissement, des milliers de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles en sont exclues. […] contraint les individus à une exclusion économique et sociale. »
21-A.T. : « Les squatteurs vivent dans des conditions précaires et n’ont pas souvent accès au minimum vital. […] Mais certains sont aussi mieux lotis que les autres […]. »
• Squid 14-A. : « […] principalement des SDF, des jeunes mineurs isolés, des immigrés ou des réfugiés. C’est un lieu de passage […] ils partent vivre dans d’autres villes comme Paris. Certains se rendent compte que les conditions de vie sont difficiles là-bas du coup ils reviennent sur Bordeaux. » 15-A. : « […] un endroit qui n’est pas insalubre, mais un peu délabré. […] il y a toujours de la place. Aux étages des gens vivent en permanence dans ce squat, ils le gardent en bon état. Et au rez-de-chaussée, nous avons deux chambres avec des lits superposés […]. Tout est en état de marche, il y a l’eau et l’électricité. […] Je dirai que les conditions de vie dans ce squat sont plutôt bonnes par rapport aux autres squats où j’ai vécu. »
16-A. : « […] Nous avons une cuisine, avec un évier. Nous avons meublé et équipé avec les moyens du bord. […], il y a les toilettes qui sont en bonnes état et la chasse d’eau fonctionne, […] salle de bain avec une grande baignoire et de l’eau chaude. »
• Médecins du Monde (MDM) 17-G.M. : « […] Les publics sont très variés. Dans les années 50/60, c’était essentiellement des personnes venant de la Péninsule Ibérique. Dans les
accès aux ressources vitales peut conduire les populations à être exclue au niveau économique (ils n’ont pas les moyens d’assurer le maintien de la ressource en eau sur le site) et social (face aux autres habitants du territoire). « Les squatteurs vivent dans des conditions précaires et n’ont pas souvent accès au minimum vital » (21-A.T.). La question de la normalité est alors intéressante à aborder. Dans ce sens, les conditions de vies dans les squats sont précaires pour les populations qui y vivent. « Bien que la France possède un très bon réseau de distribution et d’assainissement, des milliers de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles en sont exclues. […] contraint les individus à une exclusion économique et sociale » (20-G.M.). 14-A. : Différents types de publics vivent au Squid. Concernant la trajectoire des individus, les squats sont qualifiés de logements temporaires dans le sens où les individus sont de passage. « Ils partent vivre dans d’autres villes comme Paris. Certains se rendent compte que les conditions de vie sont difficiles là-bas du coup ils reviennent sur Bordeaux » (14-A.). 15-A. : Ce squat est, selon lui, en mauvais état, cependant il ne représente aucun risque pour la santé et la sécurité des individus. « Je dirai que les conditions de vie dans ce squat sont plutôt bonnes par rapport aux autres squats où j’ai vécu. » 16-A. : « […] Nous avons une cuisine, avec un évier. Nous avons meublé et équipé avec les moyens du bord. […] » (16-A.). Ainsi, le squat possède tous les équipements nécessaires au confort des individus. 17-G.M. : Selon Médecins du Monde, les types de publics peuvent varier. Nous pouvons néanmoins observer que différents publics peuvent être associés à une période historique : « Dans les
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années 60/70, c’était des personnes qui venaient plutôt du Maghreb (Maroc et Algérie). A partir de la fin des années 80/90, ce sont plutôt des personnes originaires de l’Europe de l’Est. Et là depuis les années 2000, on a beaucoup de nationalités représentées. […] les populations les plus représentées sont originaires de Bulgarie, de Roumanie, d’Albanie et d’Afrique Subsaharienne. Il s’agit de d’immigrés, de migrants économiques, de demandeurs d’asile, de ressortissants communautaires, d’étrangers et de personnes en situation irrégulière, comme des personnes seules, des familles ou de personnes âgées. C’est très variable et ce sont souvent des personnes exclues de leur ancien logement. […] elles sont contraintes de le faire pour éviter de dormir dehors. » 18-G.M. : « […] les situations sont très diverses. On a des squats où il y a déjà des toilettes reliées au réseau ou bien des latrines sont construites. Il y a d’autres squats où les toilettes sont absentes, pareil pour l’électricité ou les déchets. Quand il s’agit de logement, les conditions sont précaires mais plus ou moins digne. […] un entrepôt n’est pas un lieu prévu pour l’habitat, pourtant des personnes ont construites des cabanes à l’intérieur. […] De même, il n’y a pas d’isolation, c’est humide et il n’y a pas de fenêtres. Les conditions de vie sont catastrophiques chez les roumains, c’est pareil, ce sont des cabanes qui ont été construites. Pourtant la Cour Européenne des droits de l’Homme considère ces lieux comme des « domiciles », mais bon ils ne sont pas prévus pour l’habitat […]. Il y a même des familles qui habitent dans des vestiaires d’un stade de foot. Les personnes lorsqu’elles le peuvent, achètent des caravanes délabrées (mauvaise état, pas de roues, plus étanche, etc.) […]. Pour ce qui est des déchets, c’est une compétence de la métropole. Nous interpelons Bordeaux Métropole pour passer ramasser les déchets issus des squats. A Bordeaux on est plutôt bien loti, parce que la métropole a pris conscience des conditions d’hygiène dans les squats. D’un point de vue économique, il était pertinent de ramasser les déchets
années 50/60, […] des personnes venant de la Péninsule Ibérique. Dans les années 60/70, des personnes qui venaient plutôt du Maghreb (Maroc et Algérie). A partir de la fin des années 80/90, […] des personnes originaires de l’Europe de l’Est. Et là depuis les années 2000, on a beaucoup de nationalités représentées. […] les populations les plus représentées sont originaires de Bulgarie, de Roumanie, d’Albanie et d’Afrique Subsaharienne. Il s’agit de d’immigrés, de migrants économiques, de demandeurs d’asile, de ressortissants communautaires, d’étrangers et de personnes en situation irrégulière, comme des personnes seules, des familles ou de personnes âgées. » (17-G.M.) De mêmes, les acteurs associent ces types de publics aux concepts d’exclusion ou de précarité. 18-G.M. : La situation peut varier d’un squat à un autre, cela peut aller d’un logement où « les conditions sont précaires mais plus ou moins digne » (18-G.M.) à un logement qui « n’est pas un lieu prévu pour l’habitat » (18-G.M.), insalubre, ou les conditions de vie sont très difficile « il n’y a pas d’isolation, c’est humide et il n’y a pas de fenêtres. Les conditions de vie sont catastrophiques chez les roumains, c’est pareil, ce sont des cabanes qui ont été construites. » (18-G.M.) De même, l’accumulation de déchets sur le site peux accentuer ces conditions de vie difficiles et nuire à la santé des occupants. Certaines communes en ont pris conscience et mettent en place certaines actions. « A Bordeaux on est plutôt bien loti, parce que la métropole a pris conscience des conditions d’hygiène dans les squats. » (18-G.M.) C’est aussi un avantage pour les communes et la préfecture qui doivent gérer les expulsions et les évacuations.
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car lors des expulsions il y a moins de déchets à évacuer […]. »
• Direction Eau - Bordeaux Métropole
14-M.M. : « […], sont essentiellement des migrants comme les sahraouis, sinon ce sont des populations très défavorisées. […] peut-être aussi issus des pays de l’est de l’Europe. Je ne possède pas une bonne visibilité de ces populations-là. Après, hors squat il y a aussi les gens du voyage […]. Les centres d’accueils sont une solution. […] des gens qui n’ont pas accès à l’eau car c’est un choix, parce qu’ils vivent dans des zones rurales éloignées ou pour une question de coût. […] » 15-M.M. : « […] je ne suis jamais rentré dans un squat, […]. Les gens possèdent une situation très précaire où les conditions sanitaires laisses à désirer dû à l’absence d’eau, d’évacuation des eaux usées, mais aussi d’électricité. Cela peut devenir dangereux pour leur santé et leur sécurité, […]. Ce sont souvent des lieux qui ne sont pas dédiés à l’habitation où ont été peut-être entreposés auparavant des éléments inflammable, dangereux pour la santé souvent […]. » 16-M.M. : « Je pense que le point privilégié est celui de la bouche à incendie. C’est un équipement qui est facile à ouvrir et auquel il est simple de se brancher. Après […] il y a les toilettes publiques, mais je ne suis pas sûr qu’il y en ait en nombre suffisant sur le territoire. […] souvent les populations les plus défavorisées […] achètent de l’eau en bouteille […]. Je pense que c’est peut-être lié à leur culture, à leur pays d’origine. Ils ont peur de boire de l’eau du robinet. […] les sensibiliser sur ces aspects et ça peut faire partie du message à véhiculer. Pour ce qui est des bains-douches, […] ce sont des
14-M.M. : Concernant les publics vivant en squat, ce sont majoritairement des migrants, des immigrés et des individus venant de l’Europe de l’Est. Ces publics en question, sont défavorisés, en situation de précarité et d’exclusion. Cependant, le Direction de l’Eau ne s’est jamais rendu dans un squat, ce qui montre que cet acteur n’a pas une vision d’ensemble des publics et des conditions de vie dans les squats. 15-M.M. : Le fait de ne pas aller sur le terrain, montre qu’une certaine part d’acteurs n’a pas une représentation globale de la situation des individus dans les squats. De même, ils n’ont pas l’habitude de travailler avec ces populations. Concernant les conditions de vie, « Les gens possèdent une situation très précaire où les conditions sanitaires laisses à désirer dû à l’absence d’eau, d’évacuation des eaux usées, mais aussi d’électricité. Cela peut devenir dangereux pour leur santé et leur sécurité, […]. » (15-M.M.) Néanmoins, le fait de travailler en collaboration avec d’autres acteurs peu permettre d’avoir une vision partielle de la situation de ces individus. 16-M.M. : Selon l’acteur interrogé, les branchements aux bouches à incendie sont le plus couramment utilisées par les squatteurs. L’avantage selon lui, vient de la facilité à se raccorder au réseau. Concernant les toilettes publiques, la Direction de l’Eau estime qu’elles sont en nombre insuffisantes dans l’espace urbain. C’est donc une réalité, d’une part car il y a la possibilité de développer ces équipements, de les multiplier, et d’autre part, car il y a une réelle demande et que les acteurs locaux ont consciences des besoins qui existent. En parallèle, « […] les populations les plus défavorisées […] achètent de l’eau en bouteille […]. Je pense que c’est peut-être lié à leur culture, à leur pays d’origine. »
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équipements communaux, […] ce sont les agents communaux qui assurent l’entretien de ces équipements. Cela étant, il y a de l’eau, donc un compteur, et c’est la commune qui paye. […] les fontaines à eau c’est pareil, c’est de l’eau potable, mais je ne saurai même pas vous les situer […]. Il y a toujours un compteur derrière donc c’est une prise en charge de la commune. […] c’est une décision politique, notamment pour l’emplacement et la facturation. […] l’eau paye l’eau. Ce sont les usagers de l’eau potable qui payent le service d’eau potable. […]les poteaux à incendie et les bornes de puisage monétiques. Ce sont des équipements […] pour palier l’utilisation des bouches à incendie. Il faut savoir que sur les bouches il n’y a pas de compteur, […] il y a aussi des services communaux qui se branchent pour remplir une laveuse automatique. Ils ne paient rien et […] même les collectivités ou les professionnels se permettent d’en prélever, c’est interdit, surtout quand elle n’est pas facturée. Pour […] limiter ce vol d’eau, on a installé une soixantaine de bornes à puisage monétiques […]. »
• GIP - Bordeaux Médiation n°1 16-D.D. : « Ce sont des personnes sans logement. Il y a des militants, des personnes en situation de grande précarité, voire en exclusion sociale. […] des demandeurs d’asile et des mineurs isolés aussi. Ce sont des public « sans droit ni titre » un peu. » 17-D.D. : « Cela peut aller du squat au bidonville. Il y a des squats où tu dois enlever tes chaussures quand tu rentres […] puis il y a d’autres situations où ça peut être qualifié de bidonvilles. Parfois, il peut y avoir des cafards, des rats, des déchets, mais aussi des produits dangereux pour leur santé […]. Un groupe qui passe de 30 à 150 personnes,
(16-M.M.) Ce moyen est aussi couramment employé dans les squats, d’une part dû à la culture, et d’autre part, dû à la qualité de l’eau (méfiance, peur). Celui-ci insiste sur le fait de sensibiliser les populations, car pour lui l’eau du robinet est sûre pour la santé. En ce qui concerne les bain-douches, la gestion appartient aux communes et non au service de l’eau. Dans ce sens, les communes doivent s’acquitter des factures de consommation dans ces lieux. De même pour les fontaines à eau qui sont souvent munies de compteurs. L’installation de ces équipements est issue d’une demande et d’une décision politique. Afin d’éviter une utilisation fréquente et incontrôlées des bouches à incendie, les communes ont aussi installé des bornes de puisage monétiques, soit environ une soixantaine sur le métropole ce qui est peu. La Direction insiste aussi sur le fait que tous les usagers sont tenus de s’acquitter des factures d’eau, et il cite : « […] il y a aussi des services communaux qui se branchent pour remplir une laveuse automatique. Ils ne paient rien et […] même les collectivités ou les professionnels se permettent d’en prélever, c’est interdit, surtout quand elle n’est pas facturée. » (16-M.M.) 16-D.D. : Pour le GIP, les individus occupent ces lieux à des fins de logement. Ce sont donc des logements contraints, dans lesquels se retrouvent des publics variés. « Il y a des militants, des personnes en situation de grande précarité, voire en exclusion sociale. […] des demandeurs d’asile et des mineurs isolés aussi. Ce sont des public « sans droit ni titre » […]. » (16-D.D.) 17-D.D. : Le GIP fait une distinction entre un squat et un bidonville, pour eux il existe ces deux types de lieux dans la métropole. « Parfois, il peut y avoir des cafards, des rats, des déchets, mais aussi des produits dangereux pour leur santé […]. Un groupe qui passe de 30 à 150 personnes, ça
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ça entraîne une dégradation des conditions de vie et ça peut être facteur d’exclusion. […] les gens n’entretiennent pas les lieux car ils se disent qu’ils vont être expulsés. […] un peu le même style que les pirates dans Astérix et Obélix qui vont s’aborder eux même car ils savent que c’est perdu d’avance. […] il y a des squats qui durent et les gens vivent dans de mauvaises conditions, voire dans leurs déchets. […] Parfois les différences de conditions de vie peuvent se faire sur le même terrain, une caravane peut être très bien entretenue tandis qu’à 30 mètres l’autres caravane est délabrée. Après le squat de la ruche c’est différent […] pas pareil si c’étaient les gens qui vivent dans le squat qui l’avaient ouvert. […] c’est un acte militant pour répondre à un besoin social, […] loger des jeunes mineurs isolés. […] c’est peu représentatif […]. Dans le squat Alexis Labro à Bègles, l’arrivée d’eau a créé une appropriation du robinet et des toilettes, […] ce qui a entraîné une situation de conflit et de violence, puis engendré le départ d’un certain nombre de personnes. Il y a eu ensuite un bouleversement de l’équilibre de ces familles qui avaient scolarisé leurs enfants […]. La question de l’eau a été en quelque sorte l’étincelle, car il existait auparavant certaines tensions entre les groupes. […] Il y a donc des personnes qui peuvent aggraver les conditions de vie d’autres personnes dû à leur comportement violent. […] dépend du public, s’il est légitime ou pas, mais aussi de la mobilisation sociale qui existe dans le lieu. »
• GIP - Bordeaux Médiation n°2 16-K.A. : « Nous travaillons avec la communauté Roms comme […]. Après certains squats accueillent aussi des bulgares turcophones. Ce sont des communautés qui se mélangent peu, cependant il peut y avoir des exception […]. Il doit y avoir un lien, une affiliation entre eux. » 17-K.A. : « Les conditions de vie ne sont pas les mêmes selon la taille et le type de squat. Selon le nombre d’occupants, selon si le terrain est privé ou public, […]. Ça peut passer d’un logement qui passe inaperçu, qui se fond dans l’espace urbain, […]. Des voisins n’ont même pas conscience qu’il y avait un squat là. Et ça peut aussi passer par des squats, où ont
entraîne une dégradation des conditions de vie et ça peut être facteur d’exclusion. […] les gens n’entretiennent pas les lieux car ils se disent qu’ils vont être expulsés. » (17-D.D.) Les conditions de vie peuvent varier d’un squat à un autre, cependant le nombre d’occupant influe sur les facteurs de dégradation du lieu et les conditions de vie en l’occurrence. De plus, la durée de l’occupation d’un lieu influe sur les conditions de vie des individus, avec l’accumulation de déchets par exemple. Par ailleurs, il est possible de rencontrer différentes situations sur un même site, ce qui peut créer des écart de conditions de vie. Selon un médiateur du GIP, « le squat de la ruche c’est différent […] pas pareil si c’étaient les gens qui vivent dans le squat qui l’avaient ouvert. […] c’est un acte militant pour répondre à un besoin social, […] loger des jeunes mineurs isolés. […] c’est peu représentatif […]. » (17-D.D.) En parallèle, les conflits pouvant être engendrés par l’appropriation d’un point d’eau ou de toilettes, peut aggraver la situation de certains occupants sur le site (violence, départ d’individus, déscolarisation des enfants, etc). Le médiateur donne l’exemple du squat Alexis Labro à Bègles où « l’arrivée d’eau a créé une appropriation du robinet et des toilettes […]. » (17-D.D.) 16-K.A. : Le GIP travaille essentiellement avec la communauté Roms, les bulgares et les roumains. Cependant, il rencontre des exceptions, notamment lorsqu’un membre vit par affiliation avec la communauté. 17-K.A. : « Les conditions de vie ne sont pas les mêmes selon la taille et le type de squat. Selon le nombre d’occupants, selon si le terrain est privé ou public, […].Ça peut passer d’un logement qui passe inaperçu, qui se fond dans l’espace urbain, […]. » (17-K.A.) La médiatrice insiste sur le fait que les caractéristiques de ces lieux influent sur les conditions de vie, de même que pour le nombre
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voient les conditions de vie se dégrader, de même pour la santé des occupants. […] Le squat de la ruche c’est différent et les gens sont bien accompagnés. »
d’occupants. Cela peut aller d’un squat insalubre et délabré (dégradation de la santé par exemple) à un squat parfaitement entretenu. De plus, l’insertion du squat (façade par exemple) dans l’espace urbain peut être représentatif de la situations des squatteurs.
4) Retranscriptions intégrale des entretiens
a) Retranscription entretien avec Dynam’eau
Date : 19/04/18 à 14h30 au bureau de l’association (120 av. Maréchal Leclerc, Bègles)
Nom de la personne : Théo Andrieux et Maxime Ghesquière
Statut : Deux salariés et coordinateurs de projet)
Quelle structure ? Association Dynam’eau
Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Bègles, mais intervention sur tout le territoire
de la Métropole de Bordeaux, mais aussi actions au niveau international (Maroc, Togo, etc.)
Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteurs internes, siège à Bègles et
intervient sur tout le territoire
__________________________________
1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et de l’accès à
l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »
A.T. : « On intervient ponctuellement dans les squats que nous suivons. L’objectif est de voir
si tout va bien, de maintenir les équipements que nous avons installé ou réparer en bon état
et de voir s’il est possible d’améliorer les conditions de vie des squatteurs, à travers certaines
initiatives. Au final, ce que j’aime dans cette association, c’est aller sur le terrain, rencontrer
les gens et faire des actions dans des domaines que je ne connaissais pas auparavant,
travailler sur des questions qui touchent notre société et qui seront peut-être primordiale dans
le futur. »
2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau
et des squats ? »
Sous question : Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la
précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus)
A.T. : « Dynam’eau œuvre pour l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous, mais
aussi pour la protection de la ressource, que ce soit au niveau international (Maroc et Togo)
ou local (Bordeaux Métropole). Nous aidons et accompagnons les populations dans un esprit
de développement durable de la solidarité internationale. Actuellement, notre association
concilie développement économique et social et préservation de l’environnement. »
G.M. : « Depuis 2016, nous avons pour objectif de favoriser l’accès à l'eau potable et
l’assainissement dans les squats et bidonvilles de la Métropole de Bordeaux. A ce-jour, nous
avons réalisé la mise en eau de 13 squats et bidonvilles, limitant ainsi les fuites et permettant
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l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour 400 personnes de l’agglomération
bordelaise. Pour nous, le fait d’occuper illégalement un terrain ne prive pas les occupants de
leurs droits fondamentaux et de leur droit à la dignité. Nous avons dû, afin de mettre en place
nos actions, distinguer les squats situés sur une propriété privée ou sur un terrain appartenant
à une collectivité. »
3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates,
nombre de salariés…) »
A.T. : « Elle a été fondée en juin 2010 par des techniciens et des ingénieurs travaillant dans
l’eau et des personnes sensibles aux questions liées à l’eau (issus Lyonnaise des Eaux).
Depuis, nous avons vu l’association évoluer très rapidement, passant d’un projet en 2010 à
quatre en 2016 (toujours d’actualité).
Cette association de loi 1901, a pour but d’aider au développement humain et matériel.
L’association est reconnue d’intérêt général (sa fiscalité est reconnue d’intérêt public, car l’eau
est une ressource essentielle à la vie humaine). »
4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats notamment, ont-
elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ? »
Sous question : Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ?
A.T. : « Oui, car je ne connaissais pas le monde des squats il y a peu de temps. Pour moi, il
n’y en avait pas autant dans les villes, ce sont des lieux de vie qui ne se voient pas trop.
Dynam’eau m’a ouvert les yeux sur certaines problématiques existantes sur la métropole et
pour moi, l’eau représente le minimum vital avec l’assainissement auquel n’importe quelle
population devrait avoir accès. J’ai aussi découvert que chaque squat ne sont pas identiques.
De même, ils ne touchent pas les mêmes publics selon le type de squat habité. En plus, je
trouve qu’il y a un souci d’individualisme et des problèmes politiques autour de ces
thématiques, car les décisions doivent venir du haut, cependant il n’en existe pas. Sachant
que les solutions ne peuvent être uniques, elles doivent s’adapter à chaque squat. »
5. D.L. : « Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ? »
M.G. : « Sur le territoire de Bordeaux Métropole, les équipes du collectif Action Bord’eaux
estiment à plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles.
Oui, il y en a environ une quarantaine de squat sur la métropole, mais cela peut varier de jour
en jour. En 2016, nous avons travaillé principalement avec le squat du Quai des Champs où
300 saharaouis vivent. Nous avons dû arrêter car nos actions n’ont pas fonctionné. Les
toilettes sèches n’étaient pas adaptées pour ce lieu et les gens ne les utilisaient pas, dû à leur
culture. Ce squat est aussi devenu un lieu de revendication politique d’après moi. C’est pour
ça que par la suite, nous avons choisi de travailler en fonction des besoins des individus. Puis
nous avons aussi travaillé dans un squat en périphérie de Bordeaux en collaboration avec le
collectif Sherby. Ce squat comprenait essentiellement des familles venant de Bulgarie et de
Roumanie (avec des enfants).
Actuellement, nous travaillons dans différents squats, un squat situé à Bègles qui compte
environ 70 personnes exclusivement Albanaise. Il y a aussi le squat de la Ruche en plein
centre de Bordeaux qui accueil des jeunes mineurs isolés, environ une vingtaine de
personnes. Il a été construit par un groupe d’étudiant et accueil des jeunes venant
principalement du continent africain. Puis, nous accompagnons aussi un squat à Villenave-
d’Ornon qui compte environ 70 personnes d’origine Roumaine, ce sont des populations Rome.
138
Ensuite, je connais un squat situé sur le site de l’ancien Bootleg (4-6 rue Lacornée) à
Bordeaux. C’est un squat qui rencontre des difficultés et qui est insalubre. Il y a de plus en
plus de monde, le public est très varié. Je sais qu’il y a l’électricité, mais il me semble qu’il n’y
a pas d’eau. Ils doivent aller en chercher aux toilettes publiques. Il existe aussi le Squid (10
rue Charles Domercq) à Bordeaux. C’est un squat où logent principalement des immigrés, des
jeunes mineurs isolés et des SDF. Il y a un centre d’accueil et de solidarité. D’ailleurs, c’est le
collectif Sherby qui gère ce centre. Enfin, il y a aussi la Vida Loca, un squat situé dans un
ancien centre de loisir à Cestas. En revanche, je ne sais pas combien de personnes vivent
dans ces squats. »
6. D.L. : « Pourrions-nous les situer sur cette carte ? (Carte sous forme papier) »
A.T. : « Nous avons mis au point, en collaboration avec Médecin du monde et le GIP, une
carte sur « framacarte » qui nous permet de recenser tous les squats dans lesquels nous
intervenons ou dans lesquels nous nous sommes rendus. Je vous enverrai le lien par mail. »
Cf. carte de la localisation des squats connu par les acteurs ressource.
7. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au
militantisme…) »
Sous question : Observez-vous des différences internes à ces squats ? Les locaux dans
lesquels ils vivent sont-ils en dur ? (Locaux en dure, en taule, tentes…)
A.T. : « Au sein de l’association, nous œuvrons majoritairement avec des squats dédiés au
logement. Un squat peut être un logement contraint, dans le sens où la personne préfère être
dans ce squat plutôt que de vivre dehors, ou bien un logement voulu, cela provient de son
propre choix de se retrouver dans ce squat.
- Le squat investi par les jeunes mineurs est situé dans un bâtiment appartenant aux
services publics, dans un immeuble vers la victoire. Ce bâtiment est en mauvais état ;
- Le squat de Bègles est en extérieur et ne compte que des caravanes assez délabrées.
Elles ne sont pas neuves et ils vivent dans des conditions de vie difficiles ;
- Le squat de Villenave est sur un ancien domaine. Les populations vivent dans un vieux
château qui est insalubre.
Nous avons vu tout type de squat pour ce qui est des locaux. Certains sont en dur comme
celui de Bordeaux et de Villenave-d’Ornon. Certaines populations vivent aussi en caravanes,
comme c’est le cas à Bègles. Les caravanes ne sont pas en état d’ailleurs. Il y a aussi des
squats où les gens vivent en tente comme celui du Quai des Champs (environ une centaine
de tentes réparties dans deux hangars). Mais les gens s’abritent et s’installent quand même
dans les hangars abandonnés du lieu (ancienne zone industrielle et ancien lieu de stockage
de produits chimiques). Tout dépend des populations (et de leur culture), du lieu de squat
(choisi), des acteurs qui les soutiennent et des moyens qu’ils ont. »
8. D.L. : « Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous travaillez sont-
ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ? »
Sous question : Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes d’accès à l’eau existant ?
Savez-vous comment font-ils pour boire, cuisiner, se doucher et où vont-ils pour faire
leurs besoins ?
A.T. : « Pour ce qui est du squat de la Ruche, nous sommes intervenus afin de réparer
d’importantes fuites d’eau dans le bâtiment (5 m3 par jour de gaspiller) et nous intervenons
toujours afin de remettre à niveau les toilettes et la salle de bain, mais aussi maintenir le
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système d’eau en état de marche. Au squat de Bègles, il y a l’eau et des toilettes ont été
ajoutées (actuellement deux cabines). La population est raccordée par des tuyaux venant du
système d’eau publique jusqu’à chaque caravane. En revanche, il y a des fuites au niveau du
branchement (raccordements) et ils gaspillent environ 25 m3 d’eau par jour. Enfin, le squat de
Villenave-d’Ornon ne possède pas de système dans les locaux, mais ils se sont branchés
(avec l’autorisation du propriétaire et des pompiers) sur une borne à incendie proche du
bâtiment. Nous avons notamment pour objectif d’installer une cabine de douche. Cependant,
il y a certaines personnes qui ont peur de boire l’eau venue du réseau d’eau publique, avec
les canalisations ou les bornes. Pour boire comme pour faire la cuisine : ils vont soit dans des
toilettes publiques à proximité (voire bain-douche s’il y en a), voit vers des bornes fontaines
ou ils se raccorde par branchement comme je vous l’ais dit avant. Dans ce cas, ils ont des
tuyaux, des robinets, voire des douches. Ces branchements proviennent du réseau d’eau
publique, de citernes ou de bornes à incendie. Pour ce qui est de leur besoins, ils ont soit des
toilettes dans le squat, soit ils vont dans des toilettes publiques ou sinon dans la nature autour
du squat. Ils font comme ils peuvent. Pour la cuisine, ils utilisent des plaques ou un feu par
exemple. C’est souvent du système D. Après, ils ont pas mal d’aide pour ce qui est de
l’alimentation et certains bénéficient des aides sociales. Je pensais à la Croix Rouge, Médecin
du Monde, la Banque alimentaire, etc. »
9. D.L. : « Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à quel point
d’accès se rendent-ils pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-
douche) »
Sous question : Quels points d’accès privilégient-ils ? Combien de fois par semaine s’y
rendent-ils ?
A.T. : « La plupart du temps, s’ils n’ont pas accès à l’eau dans le squat ils vont s’approvisionner
dans des toilettes et des fontaines publiques. Après, ils vont aussi de temps en temps à des
bain-douches s’il y en a à proximité. Après comme je te l’ai dit c’est du système D, donc dès
qu’il y a moyen de se brancher au réseau public ou à des bornes à incendie ils le font. En
parlant de ça, je me rappelle qu’il y a un squat Quai Wilson qui n’a pas d’eau, ils remplissent
soit des bidons, soit ils achètent des bouteilles d’eau. »
10. D.L. : « Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de
toilettes ? »
Sous question : Si oui, dans quel état sont-ils ?
A.T. : « Dans le squat de la Ruche à Bordeaux, nous intervenons pour maintenir le système
d’eau en état de marche (cuisine, salle de bain, WC). Il y a des toilettes, mais elles sont en
mauvaises état et la chasse d’eau fuit régulièrement. A Villenave-d’Ornon, nous avons installé
des toilettes sèches car il n’y avait pas d’assainissement, mais la gestion du compost reste
difficile. En ce qui concerne le squat de Bègles, il n’y avait pas de toilette. Nous avons déjà
installé depuis mars une cabine, c’était un prototype. Actuellement, avec les familles, nous
installons une cabine de plus, mais je sais qu’ils souhaiteraient avoir des toilettes dans chaque
caravane. Or nous avons quelques difficultés, il y a des dégradations sur les équipements
comme le système de rejet des eaux usées. »
11. D.L. : « Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? »
Sous question : « Si oui, par quel moyen ? »
A.T. : « Peu de squats ont accès à l’électricité et c’est souvent par le biais d’un branchement
sauvage sur un poteau électrique, voire un bâtiment, ou par l’initiative d’une association que
c’est possible. Le squat de Bègles par exemple est branché au système de l’ancien bâtiment
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du Lidl (situé à côté). De même, le squat de Villenave possède l’électricité. En revanche le
squat des jeunes mineurs à Bordeaux avait l’électricité, mais je me suis aperçu qu’elle avait
été coupée. »
12. D.L. : « En matière de squat et de condition des individus, par quelles actions,
quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures,
sensibilisation, communication, atelier) »
Sous question : Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation
population, communication, aides financières…)
A.T. : « Depuis 2016, Dynam’eau s’intéresse à ces questions. Nos priorités sont de :
- Garantir un accès effectif à l’eau potable pour tous ;
- Accompagner les individus à une gestion durable des équipements sanitaires ;
- Proposer des formations sur la gestion et l’accompagnement des squats auprès
d’acteurs professionnels (professionnels, institutions, associations) ;
- Créer des bornes fontaines dans les lieux publics ;
- Ouvrir des bains douches et créer des toilettes mobiles.
Il y a une volonté commune d’agir sur ces problématiques en accompagnant et soutenant les
populations. C’est impliquer les populations et acteurs du territoire dans une démarche
participative pour trouver des solutions pérennes. A cet effet et par ces actions nous
souhaitons par exemple :
- Réduire les risques épidémiques ;
- Diminuer les tensions avec les riverains ;
- Faciliter l’intégration des populations ;
- Respecter la dignité humaine.
En plus, l’association met en place des formations, d’une part au près des squatteurs (hygiène)
et d’autre part, auprès d’acteurs professionnels, d’associations et d’institutions, comme par
exemple le GIP ou Médecin du monde (hygiène et santé). L’objectif est de permettre aux
squatteurs d’être acteur à part entière des actions réalisées dans leur lieu de vie, mais aussi
de répondre au mieux aux besoins de ces populations.
Dynam’eau souhaite être un acteur intermédiaire des actions mises en place, dans le but
d’intervenir ponctuellement dans les squats. Il faut que les squatteurs ne soient pas dépendant
de cette association pour vivre dans ces lieux. Dans ce sens, Dynam’eau créée des comités
afin de suivre les actions réalisées dans les squats et assure le financement de certains
équipements sanitaires en collaboration et avec le soutien d’autres acteurs locaux.
Diverses initiatives sont actuellement en cours de réalisation comme par exemple, le chemin
des transitions (nouvelle émission de Dynam’eau) sur la Clé des Ondes (90.1) et les toilettes
se bougent le Q (construction de sanitaires mobiles qui pourront suivre les déplacements des
populations vivants en squats et bidonvilles au fil de leurs expulsions). De plus, Dynam’eau
accompagnée d’Action Bord’eaux ont récemment mis en place une pétition adressée au
Président de Bordeaux Métropole sur change.org, dans le but de mettre en œuvre des
solutions afin de redonner à ces personnes toute leur dignité. »
13. D.L. : « Dans le cadre de votre fonction, vos missions ont-elles un lien avec cette
thématique ? (En tant qu’employé…) »
Sous question : Si oui, lesquelles ?
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A.T. : « Au sein de l’association, nous sommes deux salariés outre le bureau. Maxime
s’occupe principalement de la partie internationale, car nous sommes en collaboration avec
des associations dans certains pays du continent africain. Et moi je travaille principalement
sur le cas des squats sur la métropole bordelaise. C’est le deuxième volet d’intervention de
l’association. »
14. D.L. : « Quelles sont vos partenaires associés à ces projets ? (Quelles structures
et critères d’éligibilité) »
A.T. : « Les aides sont souvent ponctuelles dans ces domaines. Il n’y en a pas assez et nous
devons en rechercher régulièrement. Or nous avons le soutien financier et l’appui du
département de la Gironde. Nous avons reçu des financements provenant du trophée de
l’Agenda 21 de Bordeaux (1300 euros), mais aussi de la région Nouvelle-Aquitaine à hauteur
de 4000 euros environ. Nous avons aussi des dons, des mécènes et le soutien des services
de l’eau par le biais d’Action Bord’eaux. De plus, les formations peuvent être sources de
financement. Enfin, nous sommes aussi soutenus financièrement par Bordeaux Mécènes
Solidaires et la Fondation Abbé Pierre. »
15. D.L. : « Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs
concernés par ces questions sur le territoire ? »
Sous question : Si oui, lesquelles ?
A.T. : « Oui nous travaillons avec un nombre important d’acteurs sur le territoire de Bordeaux
Métropole. Il est difficile de prendre en charge, seul, ces sujets lourds et complexes. Nous
travaillons avec des acteurs publics comme les communes de Bordeaux et de Bègles,
Bordeaux Métropole, le département de la Gironde et la région Nouvelle Aquitaine. Ensuite, il
y a aussi des acteurs privés spécialisés dans les services de l’eau, comme SUEZ et la
Lyonnaise des eaux. Puis nous avons d’autres acteurs qui nous soutiennent comme certaines
associations : France Libertés Gironde, Architectes sans Frontières, les Compagnons
Bâtisseurs Aquitaine, l’équipes du collectif Action Bord’eaux, Médecins du Monde Aquitaine, 3P&M, etc. »
16. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en
matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau
de la ou des communes ? »
A.T. : « Il paraitrait qu’il existe 87 toilettes publiques sur la métropole, mais il ne me semble
pas. En tout cas, je pense qu’elles ne sont pas toutes en service. Concernant les fontaines au
final, elles ne sont ouvertes que la moitié de l’année, l’hiver elles sont fermées. En revanche,
les communes de Bordeaux et Bègles se penchent de plus en plus sur ces thématiques, vous
avez les exemples de :
- La construction de trois établissements prioritaires d’insertion exclusivement dédiés
aux immigrés Bulgares et Roumains ;
- La mise en place d’actions sociales au travers différents centres d’accueil ;
- La Lyonnaise des eaux, quant à elle, fait preuve de plus de flexibilité. C’est-à-dire que
pour un raccord au réseau public l’autorisation du propriétaire du logement n’est plus
nécessaire ;
- L’élaboration de réunions multi acteurs, d’une part sur les conditions de vie dans les
squats à Bègles, et d’autre part, sur l’amélioration des points d’accès à l’eau publique
à Bordeaux (en collaboration avec SUEZ, le LIR et Dynam’eau) ;
- L’offre et l’installation de fontaines et de toilettes publiques.
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D’après, les analyses que nous avons réalisé les trois communes les plus touchées par les
squats et les bidonvilles sont Bordeaux, Bègles et Mérignac. On peut notamment le remarquer
sur la carte que je vous ai transmise. En général les institutions et plus particulièrement
Bordeaux Métropole à tendance à déléguer ces questions auprès d’autres acteurs locaux
comme des professionnels ou des associations. »
17. D.L. : « Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur votre territoire
d’intervention sont-elles suffisantes ? »
A.T. : « Je pense que c’est en bonne voie. Quelques communes commencent à s’y intéresser
car ça touche aussi leurs habitants et de plus en plus d’associations s’intéressent à ces
thématiques. La preuve, nous venons de créer le collectif Action Bord’eaux. Mais je trouve que
ce n’est pas suffisant, il nous faut plus de financements venant des institutions et plus de
soutien par exemple. »
18. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans ces lieux ? (Immigrés,
militants…) »
A.T. : « Chaque squat possède une identité et des caractéristiques spécifiques, de même pour
les populations qui y vivent. Le public est très varié et tourne souvent (population mobile). Cela
peut être un logement contraint, destiné souvent au logement, car des populations n’ont pas
d’autres choix que de dormir dans ces lieux. Elles préfèrent même dormir dans des squats
plutôt que dehors, pour des raisons de sécurité par exemple. Ce sont par exemple des
immigrés, des réfugiés, des jeunes mineurs isolés, des familles, des étrangers, des SDF, etc.
Ces publics vivent souvent dans des conditions précaires et de sont en situation de pauvreté.
J’ai souvent remarqué des cas d’illettrisme car ils n’ont pas accès à l’éducation et qu’ils ne
peuvent pas travailler (notamment les immigrés). Mais ça peut être aussi un logement voulu,
ayant un intérêt de revendication pour les gens qui y vivent. Ce sont par exemple des militants,
des résistants, des SDF ou des zadistes. »
19. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus
dans ces squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et
environnemental des individus) »
G.M. : « Des milliers de personnes n’ont toujours pas accès à cet élément vital et à ce droit
fondamental. On estime à plus de 1 200 le nombre de personnes contraintes de vivre en squats
et bidonvilles. La plupart de ces personnes n’ont pas un accès à l’eau potable et/ou à un
assainissement décent. Bien que la France possède un très bon réseau de distribution et
d’assainissement, des milliers de personnes contraintes de vivre en squats et bidonvilles en
sont exclues. Au-delà des conséquences sanitaires, le manque d’accès à l’eau contraint les
individus à une exclusion économique et sociale. »
A.T. : « Les squatteurs vivent dans des conditions précaires et n’ont pas souvent accès au
minimum vital. On peut parler de pauvreté aussi. Mais certains sont aussi mieux lotis que les
autres. Par exemple, le squat de Bègles est insalubre, avec des déchets partout. Quand il
pleut, ça doit être difficile. »
b) Retranscription entretien avec le Squid
Date : 25/04/18 à 10h30 au squat le Squid (10 rue Charles Domercq, Bordeaux)
Nom de la personne : Alex (homme, environ 35 ans)
Contact (tel., mail) : Se rendre à l’adresse n’importe quand.
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Statut : Possédant un rôle au sein du squat mais pas structuré en association (sécurité)
Quelle structure ? Squat du Squid
Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteurs internes, car situé dans la
commune de Bordeaux (quartier de la gare Saint-Jean)
________________________________
1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et de l’accès à l’eau
potable en France vous intéresse ? »
A. : « Je suis à la rue depuis longtemps et du coup je suis venu sur Bordeaux car je savais
qu’il y avait possibilité de loger dans des squats. Le fait est qu’on s’adapte parce qu’on n’a pas
trop le choix. »
2. D.L. : « Dans quel squat vivez-vous ? »
Sous question : Savez-vous à quelle fin ce squat a été créé ? Réalisez-vous des actions
en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité au sein de ce lieu ? (Dans les
domaines cités ci-dessus)
A. : « Je vis sur Bordeaux depuis 18 ans. Et le squat du Squid qui a été créé et ouvert
précisément le 2 décembre 2017. Du coup il a été créé dans une optique de solidarité et pour
tous. Pour tous ceux qui n’ont pas de toit, qui ne savant pas où aller, même s’il n’y a pas trop
de place ici. »
3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de ce squat ? (Dates, nombre
de salariés…) »
A. : « Depuis décembre, nous investissons ce lieu. Nous sommes à côté de toutes commodités
ici. En fait c’est un immeuble qui appartient au service public. Il a été racheté à la SNCF par
Bordeaux Métropole. Il est prévu que nous soyons expulsés en juillet, car cet immeuble est
voué à la destruction pour réaliser un hôtel. Avant ils devaient y avoir les locaux du projet
Euratlantique. C’est un quartier qui se développe de plus en plus au niveau touristique. »
4. D.L. : « Connaissez-vous d’autres squats sur le territoire de Bordeaux Métropole
? »
A. : « Oui quelques-uns comme la Vida Loca à Cestas ou la Ruche destinée aux jeunes
mineurs isolés à côté de la Victoire. »
5. D.L. : « Pourrions-nous les situer sur cette carte ? (Carte sous forme papier) »
Cf. carte de la localisation des squats connu par les acteurs ressource.
6. D.L. : « Selon vous, le squat du Squid est de quel type ? (Lié au logement, au
militantisme…) »
A. : « C’est un squat destiné au logement des personnes en difficultés. C’est un lieu de
passage et chaque jour différentes personnes viennent loger ici. Nous sommes à chaque fois
entre 10 et 30 personnes. Les idées que l’on veut véhiculer sont celles de la solidarité, du vivre
ensemble et du partage. Comme tu peux le voir, c’est un immeuble en dur. Il n’est pas
insalubre, même s’il mériterait d’être rénové. »
7. D.L. : « Ce squat est-il muni d’un point d’accès à l’eau potable ? »
Sous question : Si oui, quel est le système d’accès à l’eau existant ?
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A. : « Oui on est raccordé au réseau d’eau potable public. Il n’y a pas de fuites à ma
connaissance. Et on a l’eau chaude aussi, mais bon pour vingt personnes il n’y en a pas pour
tout le monde. Après on a eu une autorisation. »
8. D.L. : « Le bâtiment dans lequel est organisé ce squat, est-il muni de toilettes ? »
Sous question : Si oui, dans quel état est-il ?
A. : « Il y en a deux toilettes, une au rez-de-chaussée à côté de la salle de bain et une à l’étage.
Elles fonctionnent et il n’y a pas de fuites. »
9. D.L. : « Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? »
Sous question : Si oui, par quel moyen ?
A. : « Pareil, on a l’électricité vu que c’est un immeuble appartenant à l’Etat. »
10. D.L. : « En matière de squat et de condition des individus, par quelles actions,
quels moyens, procédés, intervenez-vous au sein du squat ? (Infrastructures,
sensibilisation, communication, atelier) »
Sous question : Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation
population, communication, aides financières…)
A. : « On met en place pas mal d’activités et nous proposons aussi quelques services (aide à
la personne par exemple). Avant nous proposions aux squatteurs de faire des activités comme
de la photo, du self défense, des ateliers massage, de l’informatique ou des initiations aux
instruments de percussions. Mais ça n’a pas trop marché du coup on propose plus que self
défense et photo. Après, on a aussi un coin information destiné à la réinsertion, au logement,
à tous ce qui est administratif et professionnel (recherche d’emploi). C’est comme un espace
dédié au conseil. Ensuite on a créé un free shop avec des vêtements et des livres. Puis on fait
pas mal de récup au marché des MIN et dans divers endroits, ce qui nous permet de nourrir
tout le monde et de maintenir le lieu en bon état. »
11. D.L. : « Dans le cadre de votre fonction, quel est votre rôle au sein de ce lieu ? »
Sous question : « Si oui, lesquelles ? »
A. : « Ce squat est organisé sous forme de communauté donc chacun à un rôle à jouer. Tout
le monde doit participer aux tâches quotidiennes et respecter les règles de vie. C’est essentiel
pour que ça fonctionne et pour ne pas avoir de problèmes avec les voisins ou la commune. Je
dirai que mon rôle en particulier est de garder les lieux en « sécurité », un peu comme de la
surveillance. Nous ne voulons pas que ce lieu devienne mal sain, où les gens se droguent,
boivent et ou la convivialité n’est pas possible. »
12. D.L. : « Ce squat est-il accompagné par des acteurs concernés par ces questions
sur le territoire ? »
Sous question : Si oui, lesquelles ?
A. : « Oui de temps en temps mais ce n’est pas permanent. Des associations comme la
CIMADE et Médecin du Monde nous rendent visite et nous transmettent quelques infos pour
l’espace conseil par exemple. Après bien sûr la ville de Bordeaux nous autorise aussi à vivre
dans ce lieu jusqu’au mois de juillet. Mais en règle générale, ils nous laissent nous débrouiller
tout seul. Des voisins de temps en temps viennent nous rendre visitent aussi et nous donnent
des vêtements, de la nourriture. »
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13. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en
matière d’accès à l’eau près du squat, ou plus généralement au niveau de la ou
des communes ? »
A. : « Vu qu’on a l’eau ici, on en a pas besoin. Après il y a des toilettes publiques le long des
quais de la Garonne et des toilettes dans la gare. Je sais qu’il y a des bains douches dans
Bordeaux et quelques bornes fontaines (sur les quais par exemple). »
14. D.L. : « Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur Bordeaux
Métropole sont-elles suffisantes ? »
A. : « A mon avis non car il y a beaucoup de gens qui vivent dans la rue et dans les squats.
Ce qui serai bien peut-être, serai de les sortir de la rue et de monter des programmes de
réinsertion, voire des squats comme le nôtre. »
15. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans ce lieu ? (Immigrés,
militants…) »
A. : « Un peu de tout, mais principalement des SDF, des jeunes mineurs isolés, des immigrés
ou des réfugiés. C’est un lieu de passage donc quelquefois on voit des gens qui partent vivre
dans d’autres villes comme Paris. Certains se rendent compte que les conditions de vie sont
difficiles là-bas du coup ils reviennent sur Bordeaux. »
16. D.L. : « Comment faites-vous pour boire, cuisiner, se doucher et pour faire vos
besoins ? »
A. : « L’immeuble a tout ce qu’il faut. Nous avons une cuisine, avec un évier. Nous avons
meublé et équipé avec les moyens du bord. En face de la cuisine, il y a les toilettes qui sont
en bonnes état et la chasse d’eau fonctionne, pareil en haut. Puis, on a aussi une salle de bain
avec une grande baignoire et de l’eau chaude. Donc nous n’avons pas à nous plaindre. »
17. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus
dans ce squat ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et
environnemental des individus) »
A. : « Nous vivons dans un endroit qui n’est pas insalubre, mais un peu délabré. Certes les
gens tournent et le nombre de personnes dans ce squat peu varier, mais il y a toujours de la
place. Aux étages des gens vivent en permanence dans ce squat, ils le gardent en bon état.
Et au rez-de-chaussée, nous avons deux chambres avec des lits superposés où des gens en
galère de logement peuvent venir une, deux, trois nuits par exemple. Tout est en état de
marche, il y a l’eau et l’électricité. Nous avons pas mal de meubles grâce aux récups, donc
c’est équipé. Je dirai que les conditions de vie dans ce squat sont plutôt bonnes par rapport
aux autres squats où j’ai vécu. »
c) Retranscription entretien avec Médecins du Monde
Date : 16/05/18 à 11h00 au bureau de l’association (2 rue Charlevoix de Villiers, Bordeaux)
Nom de la personne : Morgan Garcia
Statut : Salarié, Coordinateur mission squat
Quelle structure ? ONG Médecins du Monde (travaille dans la structure depuis 7 ans)
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Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Intervention au niveau de la région :
« Médecins du Monde Aquitaine » et plus particulièrement à Bordeaux Métropole
Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteur interne, siège à Bordeaux et
intervient sur tout le territoire
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1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et/ou de l’accès à
l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »
M.G. : « Mission squat de MDM cherche à améliorer l’accès aux soins, aux droits et à la
prévention des personnes qui sont en habitats précaires sur la Métropole de Bordeaux. On
intervient sur certaines squats et bidonvilles et on a fait le constat que les conditions sanitaires
déplorables que l’on à rencontré les plus souvent, avait un effet néfaste sur la santé de nos
patients. L’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement sont des éléments majeurs de la
santé et c’est à ce titre que l’on s’intéresse à ces thématiques. Concernant les conséquences
de l’absence de point d’eau et d’un système d’assainissement, les personnes le plus
souvent se branche sur les bornes à incendies à proximité du squat pour s’alimenter en eau
de vaisselle, de machine à laver, de toilettes, etc. C’est une eau qui n’est pas destiné à
l’alimentation. Tu imagines les contraintes que représentent le fait de na pas avoir d’eau à son
domicile ça veut dire parfois prendre un véhicule pour aller chercher de l’eau, remplir des
bidons qui sont extrêmement lourds. Souvent ce sont les femmes et les enfants qui le font,
mais ça peut être aussi dangereux lorsque la borne à incendie de l’autre côté de la route par
exemple. Se pose aussi le risque d’incendie lorsqu’il n’y a pas d’eau. Puis ça impacte
directement l’hygiène, lorsqu’on est rationné en eau on se lave moins souvent les mains, on
fait sa toilette moins souvent, etc. et ça a une incidence sur la santé, notamment sur la
propagation de virus, d’épidémie. Après, il y a très peu de documentations sur le sujet et sur
ces données épidémiologiques complexes, car la condition des individus vivant en bidonville
est souvent liée aux risques sanitaires, au manque d’accès à l’eau, mais aussi à d’autres
facteurs exogènes. »
2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau
? »
Sous question : Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la
précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus)
M.G. : « Nous on cherche à réfléchir le positionnement de l’action publique sur la question de
l’accès à l’eau dans l’es lieux occupés sans droit ni titre. Un certain nombre d’articles de lois
en droit national dans le code l’environnement, dans le droit général des collectivités
territoriales mais aussi dans des textes, des traités internationaux qui ont été ratifiés par la
France comprenant des décisions des Nations Unis qui prévoient que tout un chacun pourrait
avoir accès à l’eau potable. Dans les faits, malheureusement on compte beaucoup de
personnes qui n’ont pas accès à ce droit fondamental. Le rôle de MDM est de faire changer
les pratiques pour que ces personnes puissent avoir accès à l’eau. En développant des
connaissances, en montrant la plus-value pour les collectivités, pour les propriétaires, etc.,
afin que les choses bougent petit à petit. On à pas mal progressé sur la question avec
Dynam’eau. Pour ce qui est de la précarité, MDM est une organisation médicale et sanitaire
qui intervient auprès de personnes en situation de précarité. La précarité pour nous est
protéiforme. On va travailler en lien avec des associations et des institutions pour tout ce qui
concerne les compétences, mais on peut aussi avoir des plaidoyers concernant l’accession
au logement. »
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3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates,
nombre de salariés…) »
M.G. : « MDM est présent en Aquitaine depuis 1986. Nous avons créé le premier CASO
(centre d’accueil, de soin et d’orientation) de la région. Et c’est à l’époque que l’on a montré
que certaines personnes n’avaient pas accès à la santé et qu’on avait porter la preuve qu’il y
a des réponses adéquates. Il existe d’autres dispositifs comme les PAS (Programme d’accès
aux soins et à la santé) mais qui ne sont pas en nombre suffisant. Actuellement, le CASO est
toujours ouvert (deux ans plus tard). Et le nombre de patients augmente sans cesse chaque
année. MDM mène aussi des actions mobiles auprès de personnes en situation de précarité
(prostitution, drogue, exclusion) et en habitats précaires, c’est l’évolution de la mission ROME
ouverte en 2012. »
4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats et l’accès à la
ressource notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette
structure ? »
Sous question : Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ?
M.G. : « Ça fait longtemps que j’ai un pied dans les squats. J’avais connaissance de ces
problématiques avant de travailler à MDM, car j’ai fait du bénévolat dans cette ONG et ensuite
je suis parti travailler à Mayotte au niveau international. »
5. D.L. : « Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole
? Sachant qu’il existe une carte sur framacarte… »
M.G. : « On a fait un recensement des squats sur Bordeaux Métropole d’ailleurs tu peux voir
trois cartes affichées au mur, avec chacune une légende. Une sur l’accès à l’eau potable dans
les squats, une sur l’existence ou non de toilettes, une autre concernant le ramassage des
déchets, puis une sur l’électricité. On a recensé un nombre important de sites, mais nos
ressources ne nous permettent pas d’intervenir partout donc on va intervenir sur ceux qui ont
le plus de besoins, de nécessités. Après on garde une marche de manœuvre sur sollicitation
de partenaires ou en cas d’urgence. »
6. D.L. : « Pourrions-nous les situer sur cette carte ? (Carte sous forme papier) »
M.G. : « Aujourd’hui on intervient auprès de demandeurs d’asile, des saharaouis qui ont été
expulsés du lieu qu’ils occupaient au 53 rue Deschamps. Ils se sont déplacés sur la commune
de Pessac. On intervient aussi à Bègles auprès de populations Bulgares dans un hangar sur
une zone commerciale. On va également dans un « bidonville » à Villenave-d’Ornon où vivent
des personnes originaires de Roumanie. Ce n’est pas exactement dans un château le squat,
c’est dans le parc qui ceinture une demeure bourgeoise du 19ème siècle et les personnes vivent
dans des cabanes. »
7. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au
militantisme…) »
Sous question : Observez-vous des différences internes à ces squats ?
M.G. : « Nous on cherche à favoriser l’accès aux soins, aux droits et à la prévention donc on
va aller à la rencontre de personnes qui sont éloignées. Ce sont souvent de petits squats où
les personnes peuvent être en situation de précarité. Après on est très en lien avec les
« ouvreurs de squats », les militants, dans la mesure où ces personnes peuvent ouvrir des
lieux dans l’optique de loger des personnes qui sont dépourvues de logements. En 2017, pour
te donner une idée, on orientait une cinquantaine de personnes. Sachant que ceux que j’ai
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cité tout à l’heure sont tous des squats de survie dans lesquels il y a des personnes étrangères,
donc qui privilégient des démarches de mise à l’abris plutôt que d’acte politique. Les
saharaouis sont aujourd’hui dans un ancien ehpad sur la commune de Pessac dont le
propriétaire est le CHU X. Arnozan de Bordeaux. Il avait déjà fait l’objet de tentative de
réquisition par des militants et les sahraouis sont en contact avec eux. »
8. D.L. : « Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous travaillez sont-
ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ? »
Sous question : Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes d’accès à l’eau existant ?
M.G. : « Souvent les squats privilégient les branchements dits sauvages au réseau public ou
à des bornes pour avoir accès à l’eau. Dans le squat à Bègles, il n’y a pas d’accès à l’eau.
Pour ce qui est de Villenave-D’ornon, ils sont effectivement branchés à une borne à incendie.
Si dans l’habitation il y a un compteur, les personnes vivant dans le lieu, même sans bail,
peuvent souscrire à un abonnement sans l’autorisation du propriétaire en fournissant un RIB
et leur identité. Aujourd’hui à SUEZ il y a une politique d’acceptation de ces demandes. En
revanche le fait d’installer des canalisations sur le terrain ne peut se faire sans l’accord du
propriétaire. »
9. D.L. : « Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à quel point
d’accès se rendent-ils pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-
douche) »
Sous question : Savez-vous comment font-ils pour boire, cuisiner, se laver et faire leurs
besoins ?
M.G. : « Ça dépend de quel type d’eau on parle. Pour ce qui est de l’eau de boisson, très
souvent ces personnes vont acheter cette eau en supermarché sous forme de packs. Pour ce
qui concerne l’eau de toilette, de lessive, ces personnes vont soit se brancher à une borne à
incendie, soit ils vont aller chercher l’eau dans des toilettes publiques, à des robinets dans les
parcs, les cimetières ou sur les terrains de sport par exemple. Il y a des toilettes publiques
bain-douche qui sont prévues pour recevoir des personnes qui n’ont pas accès à des douches.
Il s’agit de personnes en situation de grande précarité ou des touristes. On a aussi là une
mixité des publics qui est parfois difficile à gérer pour les collectivités donc ces structures sont
recensées. En revanche les bornes fontaine ne le sont pas, l’application Eaupen permet de
recenser ces équipements, mais c’est participatif et c’est loin d’être exhaustif. Après, pour ce
qui est des robinets dans les cimetières par exemple, il me semble qu’ils ne sont pas
recensés. » http://www.eaupen.net/liberons-les-robinets/
10. D.L. : « Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de
toilettes ? »
Sous question : Si oui, dans quel état sont-ils ?
M.G. : « C’est très variable, on a des squats dans lesquels il y a des toilettes, en général ce
sont des logements vacants avec un petit nombre d’occupants, voire familiale. On arrive à
mettre l’eau car en général les toilettes sont en état de fonctionner. De manière générale pour
les grands squats il n’y a pas de toilettes malheureusement. Ce qu’on constate c’est qu’ils
construisent des latrines sommaires avec une cabane ou en creusant un trou dans le sol,
après ils rebouchent et en refont un à côté, mais aussi parfois des défécations à l’air libre.
Après en fonction de la situation géographique, il y a des personnes qui vont se rendre dans
des toilettes publiques. J’ai à l’esprit la situation d’une personne qui était inscrite à MDM qui a
été empoté des deux jambes, en fauteuil roulant, qui habitait au squat du quai Deschamps. Il
était obligé d’utiliser des toilettes à proximité du squat or il allait dans un bar à Saint-Michel et
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il devait y aller en fauteuil roulant alors que c’est de l’autre côté de la Garonne. Alors il essayait
de s’alimenter et de boire le moins possible pour pas avoir à parcourir ce chemin. »
11. D.L. : « Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? »
Sous question : Si oui, par quel moyen ?
M.G. : « Dans le squat situé dans l’ancien ehpad à Bègles, il n’y a pas non plus d’électricité.
De même à Villenave-d’Ornon, ils n’ont pas d’électricité. C’est très rare qu’il y ait sur les lieux
un compteur et qu’ils aient un abonnement, comme c’est le cas au squat Quai de la Souys à
Bordeaux et dans d’autres squats plus petits. Dans le cas où c’est un logement vacant on
arrive souvent, à le brancher au compteur avec un abonnement car il est existant. Après
souvent les personnes installent des groupes électrogènes s’ils ont les moyens d’en acheter
un pour avoir un minimum d’électricité. Et parfois ils fabriquent des branchements de fortune
relié au réseau via des lampadaires par exemple. »
12. D.L. : « En matière de squat, d’accès à l’eau et de condition de vie des individus,
par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ?
(Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier) »
Sous question : Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation
population, communication, aides financières…)
M.G. : « Sur ces questions-là on ne bosse pas avec les gens, on a plus un rôle d’intermédiaire,
de plaidoyer en direction des décideurs. Nous lançons actuellement une démarche
participative. Aujourd’hui, on intervient sur place par des entretiens individuel avec les gens à
travers des consultations sociales, de prévention et médicales. Nous faisons aussi de
l’information collective comme des focus groupes pour certains sujets comme l’accès à l’eau
et l’hygiène. Le cœur de nos activités va vraiment être de plaidoyer en direction de SUEZ, du
service de l’eau, de la préfecture et des institutions par exemple (selon leurs responsabilités). »
13. D.L. : « Dans le cadre de votre fonction, vos missions ont-elles un lien avec ces
thématiques ? »
Sous question : Si oui, lesquelles ?
M.G. : « Donc je suis Coordinateur de la Mission Squat au sein de MDM. Dans ce projet on
intervient donc uniquement sur les squats et les bidonvilles du territoire, que ce soit sur la
question des soins, de la santé ou bien de l’accès à l’eau. »
14. D.L. : « Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles structures et
critères d’éligibilité) »
M.G. : « Pour ce qui est des squats quelques actions me viennent à l’esprit. Ces actions sont
souvent ponctuelles et mobiles. Je pense donc à des actions : liée à l’information et
l’orientation ; à la prise en charge médicale, sociale et juridique (ex : aide dans les démarches
administratives) ; liée à la prévention et éducation à la santé ; liée à la distribution de matériel ;
au recueil de données pour soutenir notre plaidoyer ; etc. Nous effectuons environ quatre
visites par semaine dans les squats avec lesquels nous travaillons. Actuellement pour 23
bénévoles, il existe 456 bénéficiaires dans les squats environ. Nous avons même une adresse
mail entièrement dédiée à cette mission : [email protected]. »
15. D.L. : « Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs
concernés par ces questions sur le territoire ? »
Sous question : Si oui, lesquelles ?
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M.G. : « Donc pour les squats nous avons des actions conjointes avec le CASI (Comité
d'Action Sociale) notamment sur la santé et la sexualité. On échange énormément avec le GIP
Bordeaux Médiation et notamment leurs deux médiateurs. On travaille ensuite avec la LDH
(Ligue des Droits de l’Homme) pour la communication, la CIMADE ou bien le Réseau
éducation sans Frontières. On est très en lien avec les MDSI (Maisons Départementales de la
Solidarité et de l'Insertion) pour ce qui est du volet social. On est aussi en lien avec les
Directions Habitat et Eau de la Métropole, mais aussi avec certaines communes comme celle
de Bordeaux. Nous avons aussi le soutien du département et de la région. On travaille avec
beaucoup de partenaires. Je peux donner l’exemple de Dynam’eau et du collectif Action
Bord’eaux dans lequel nous travaillons en équipe (Architectes sans Frontières, France
Liberté). Puis on travaille également avec l’association Tripote et Mascagne qui cherche à
améliorer les conditions de vie et l’habitat des personnes en situation de précarité. On travailler
aussi avec l’association Euroms sur les droits de la communauté Roms. Enfin, on a interpelé
un certain nombre d’élus sur ces questions car cela rentre dans leur champ de compétences. »
16. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en
matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau
de la ou des communes ? »
M.G. : « Heureusement qu’il y a des toilettes publiques et des bains-douches sur les
communes de la métropole. En revanche ils sont en nombre insuffisant et une partie de notre
plaidoyer consiste à demander que ces types de structures soient multipliés.
Malheureusement pas ou de manière insuffisante, lorsqu’on les interpelle ou qu’on les invite à
des réunions ils peuvent dépêcher des représentants. Cependant, ils sont très peu proactifs
et on n’a pas le sentiment qu’ils nous tendent la main sur ces questions-là. C’est nous qui
devons les solliciter. Les choses ont beaucoup changé depuis qu’on a commencé à travailler
sur ces thématiques. Il y a une émergence des problématiques liées à l’accès à l’eau de la
part des collectivités sans pour autant qu’il y ait de véritables actions. »
17. D.L. : « Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur votre territoire
d’intervention sont-elles suffisantes ? »
M.G. : « Non car nous intervenons avec Dynam’eau sur seulement quelques squats.
Dynam’eau a besoin de soutiens, de financements, de temps et de compétences qui leurs font
actuellement défaut. Elle est loin de pouvoir couvrir tous les besoins. Pour ce qui est de MDM,
c’est un peu la même chose car nous fonctionnons avec une équipe de bénévoles, ce qui fait
que nous ne sommes pas disponible tout le temps et que nous ne pouvons pas couvrir tous
les squats. Au-delà de l’accès à l’eau, il y a d’autres sujets qui nous préoccupent. Quant aux
pouvoirs publics, on a réussi à les faire avancer sur un certain nombre de questions. Pour ce
qui est des gros squats, où le nombre d’occupants est important, on est toujours loin du
compte. Il y a encore plusieurs centaines de personnes sur le territoire qui n’ont toujours pas
accès à l’eau. »
18. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans les squats ou n’ont pas accès
à l’eau potable en France ? (Immigrés, militants…) »
M.G. : « Je pourrai te montrer les graphiques CSP issus de notre base de données. Les publics
sont très variés. Dans les années 50/60, c’était essentiellement des personnes venant de la
Péninsule Ibérique. Dans les années 60/70, c’était des personnes qui venaient plutôt du
Maghreb (Maroc et surtout Algérie). A partir de la fin des années 80/90, ce sont plutôt des
personnes originaires de l’Europe de l’Est. Et là depuis les années 2000, on a beaucoup de
nationalités représentées, comme la Jungle de Calais par exemple. Ce sont des personnes
originaires de différents continents et à Bordeaux, les populations les plus représentées sont
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originaires de Bulgarie, de Roumanie, d’Albanie et d’Afrique Subsaharienne. Il s’agit de
d’immigrés, de migrants économiques, de demandeurs d’asile, de ressortissants
communautaire, d’étrangers et de personnes en situation irrégulière, comme des personnes
seules, des familles ou de personnes âgées. C’est très variable et ce sont souvent des
personnes exclues de leur ancien logement. Si elle se retrouvent en squat, c’est parce qu’elles
sont contraintes de le faire pour éviter de dormir dehors. »
19. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus
dans les squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et
environnemental des individus) »
M.G. : « Il n’y a pas de squats type. S’ils sont légendés, c’est que les situations sont très
diverses. On a des squats où il y a déjà des toilettes reliées au réseau ou bien des latrines
sont construites. Il y a d’autres squats où les toilettes sont absentes, pareil pour l’électricité ou
les déchets. Quand il s’agit de logement, les conditions sont précaires mais plus ou moins
digne, après ça peut être catastrophique. Voici quelques photos qui en témoignent... Par
exemple, un entrepôt n’est pas un lieu prévu pour l’habitat, pourtant des personnes ont
construites des cabanes à l’intérieur. Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité. De même, il n’y a pas
d’isolation, c’est humide et il n’y a pas de fenêtres. Les conditions de vie sont catastrophiques
chez les roumains, c’est pareil, ce sont des cabanes qui ont été construites. Pourtant la Cour
Européenne des droits de l’Homme considère ces lieux comme des « domiciles », mais bon
ils ne sont pas prévus pour l’habitat car ce sont des baraquements de fortunes. Il y a même
des familles qui habitent dans des vestiaires d’un stade de foot. Enfin, les personnes
lorsqu’elles le peuvent, achètent des caravanes délabrées (mauvaise état, pas de roues, plus
étanche, etc.) ce qui permet de récupérer leurs affaires le jour où elles se font expulser. Pour
ce qui est des déchets, c’est une compétence de la métropole. Nous interpelons Bordeaux
Métropole pour passer ramasser les déchets issus des squats. A Bordeaux on est plutôt bien
loti, parce que la métropole a pris conscience des conditions d’hygiène dans les squats. D’un
point de vue économique, il était pertinent de ramasser les déchets car lors des expulsions il
y a moins de déchets à évacuer (cela coûte des dizaines de milliers d’euros). En général, on
arrive à obtenir que des bennes à ordures soient installées à l’entrée des squats, sauf lorsque
le squat se trouve sur un terrain privé car il faut l’accord du propriétaire. »
d) Retranscription entretien avec la Direction Eau - Bordeaux Métropole
Date : 16/05/18 à 14h00, bâtiment de la direction de l’eau, Tour d’Aquitaine
Nom de la personne : Mickael Mora
Statut : Responsable du centre eau potable à la Direction de l’eau de Bordeaux Métropole
depuis 11 ans
Quelle structure ? Direction de l’eau Bordeaux Métropole
Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Intervention au niveau de Bordeaux Métropole
Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteur interne, siège à Bordeaux et
intervient sur tout le territoire
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1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et/ou de l’accès à l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »
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M.M. : « Dans les réponses que je vais vous faire il y aura peut-être parfois des choses que vous ne voudrez pas entendre. N’ayez pas une vision de ma part qui s’oppose au squat et à l’accès à l’eau de ces populations, car ils en ont besoin. Je ne tape pas sur le dos des gens qui ouvrent des squats, qui les gèrent et qui accueillent des d’autres personnes. Aujourd’hui, notre structure doit faire respecter un règlement de service « eau potable » et c’est aussi la loi. L’eau doit être comptabilisée et doit être facturée pour tout le monde, pour toutes les usagères et tous les usagers. Il y a donc un principe d’égalité, d’équité entre les usagers et l’eau qui est utilisée doit être comptabilisée et facturée au même prix pour tout le monde (pas de prix différents). Cependant, il y un principe tarifaire dissuasif sur la métropole pour inciter à moins consommer qui repose sur des tranches tarifaires selon la consommation comptabilisée. Donc effectivement, les thématiques que vous étudiez ont effectivement un lien de près ou de loin avec la gestion concentrée de la ressource et la politique de l’eau. D’autre part, ça a un lien avec d’autre compétence du service de l’eau, notamment concernant la compétence de défense extérieur contre l’incendie et à ce titre là ça veut dire que l’on est propriétaire et responsable de tous les équipements de lutte contre l’incendie sur le territoire. Ces équipements sont destinés au service de secours et quand quelqu’un se branche sur ces bornes à incendie, c’est une utilisation vertueuse. D’une part, elle n’est pas comptée et d’autre part, une mauvaise utilisation de l’appareil peut nuire à son bon fonctionnement, cela peut mettre la vie des gens qui sont à proximité. Je parle de ça et j’insiste, car lorsque l’on parle d’accès à l’eau sur la métropole, il existe des branchements sauvages. Ce n’est pas du tout péjoratif car je suis sensible à ces thématiques, mais ils prélèvent de l’eau illégalement sur le réseau public. Puis, ça me concerne aussi sur le volet social, car on a quand même une vision sociale dans ce service. Depuis 2013, dans le contrat de concession un dispositif existe qui est le chèque Eau par le biais des CCAS, qui vise à accompagner les usagers quels qu’ils soient, dans le paiement de leurs factures et de leurs consommations. Ces personnes doivent être éligibles pour bénéficier du chèque. Certains squatteurs payent leurs abonnements, on en connait, il y en a. Il y a aussi un autre volet, comprenant plus un aspect de solidarité internationale avec des appels à projet et de coopération décentralisée dans le cadre d’accords et d’un échange avec le Mexique, le Maroc, le Brésil, etc. Après là je m’éloigne un peu des squatteurs de Bordeaux Métropole car ça dépasse nos frontières. Il y a donc des volets sociaux auprès de toutes les populations vivant sur la métropole et même à l’international. »
2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau sur la métropole de Bordeaux ? »
Sous question : « Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus) »
M.M. : « On a pour mission d’assurer le suivi et le contrôle du contrat de délégation du service public de l’eau potable. Le contrat est délégué à SUEZ Eau France et se clotura le 31 décembre 2021. Il est de type concession, à l’intérieur duquel SUEZ assure à la fois les investissements des équipements, la maintenance (gestion des services) et la distribution de l’eau. Dans ce sens, SUEZ se rémunère sur la base des factures d’eau auprès des usagers. Concernant l’assainissement collectif sur la métropole nous sommes en contrat de type affermage, dans lequel la collectivité est l’autorité organisatrice et assure les financements du service. Tandis que la gestion et le contrôle du service est confié à un prestataire privé, en l’occurrence SUEZ. Pour info, à partir de 2022 le service de l’eau va passer sous un contrat d’affermage, donc c’est-à-dire que la collectivité, autorité organisatrice, reprendrai la maitrise d’ouvrage de tous les investissements et confira à une entreprise privée la gestion du service (maintenance et distribution). Notre rôle est de veiller au bon fonctionnement des équipements du service de l’eau et justement de veiller à ce qu’ils soient toujours en état de marche selon les critères de débit pression qui répondent à une norme et qui est attendu pour les service de secours, pour les techniciens des villes de la commune par exemple. Puis, nous travaillons sur un service d’eau destiné à l’industrie en utilisant une eau de substitution à l’eau potable. Après, pour ce qui est des volets sociaux rentrant donc dans le cadre de la lutte contre les
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situations de précarité et de pauvreté, nous bénéficions d’un budget de 400 000 euros, même si la totalité du budget n’est pas dépensé. On est loin du compte parce que c’est toujours en expérimentation avec la création de la loi Brottes eau. »
3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? »
M.M. : « La métropole se compose de 28 communes aujourd’hui. Le fournisseur d’eau sur la métropole, c’est Bordeaux Métropole. On est sous la marque Eau Bordeaux Métropole avec l’eau potable, l’eau industrielle, l’assainissement collectif et non collectif. Concernant, le service de l’eau, il relit 23 communes et 5 communes ne sont pas concernées par ce service. Il y a à la fois la collectivité (Bordeaux Métropole) et les délégataires quand il y en a. On se trouve dans le Bassin Versant Adour-Garonne, qui est une Agence de l’eau et qui possède des compétences quant au financement de projet, d’équipement sur tout son territoire, mais aussi qui accompagne les collectivités. Dans ce sens, les projets proposés doivent toucher à des domaines précis tels que l’assainissement, la solidarité, etc. Par ailleurs, ils doivent aussi respecter les directives du SDAGE et du SAGE, ce sont des documents cadres. Nos compétences ont énormément évolué depuis la moitié du 20ème siècle. La loi MAPTAM sur les métropoles a contribuée aussi au renforcement des compétences des métropoles en 2015. Le service d’eau de Bordeaux Métropole en quelques chiffres, c’est plus de 100 captages d’eau potable. On prélève autour de 50/55 millions de m3 d’eau par an et en sont consommés 41 millions m3 d’eau environ. Par ailleurs, Bordeaux Métropole a créé une politique de l’eau depuis 2011, ce qui est innovant. Je vous en parle car ce sont des questions assez proches, l’eau dans la ville, les squat, l’accès à l’eau pour les populations, qu’il faut encore plus prendre en compte aujourd’hui, c’est une évidence. Vous avez raison d’insister sur le fait qu’il existe des bases de données cartographiques sur internet. On essaie de limiter les bases de données relatives à l’eau potable, parce que c’est quand même un sujet très sensible et que surtout vous avez le contexte ambiant. On limite au maximum le type et le nombre d’informations que l’on publie à ce sujet. On ne communique pas sur l’implantation des sites de production d’eau potable, sur les captages et les réservoirs. »
4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats et l’accès à la
ressource notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ? »
Sous question : « Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ? »
M.M. : « Pour être tout à fait honnête avec vous la question des squats et de l’accès à l’eau
dans ces lieux, on en parle que très récemment. Je ne dirai pas plus de trois ans. Après, les
branchements sauvages sur des bornes à incendie, on en a toujours eu, avec par exemple les
gens du voyage et petit à petit on a vue d’autres populations s’alimenter à partir de ces
équipements. C’était vraiment associer avant, aux gens du voyage, qui organisaient par
exemple de grands rassemblements (lorsque les centres d’accueil sont trop petits).
Effectivement depuis trois/quatre ans d’autres populations vivant en ville, dans des hangars
ou des logements abandonnés par exemple, se branchent sur le système d’eau public. Je
pense essentiellement au squat des sahraouis (Squat du Quai Deschamps) qui a été évacué
récemment, ça a fait les gros titres. Il y avait déjà eu un incendie dans ces locaux en 2016,
puis un second a eu lieu il n’y a pas longtemps. J’ai eu peur car le fait d’être brancher à un
poteau à incendie pouvait empêcher les secours d’intervenir dans le squat. Puis, pour ce qui
est de notre perception (je ne suis pas tous seul dans l’équipe), on a été sensibilisé par des
associations comme Dynam’eau et Médecins du Monde. On a été amené à travailler avec elle,
sans réel succès, parce qu’on se heurte assez rapidement et toujours au même problème, qui
est celui du principe d’égalité et d’équité entre tous les usagers auquel j’ai du mal à déroger.
Moi je suis agent public de la métropole, il y a une politique qui existe et que j’applique. Cette
politique aujourd’hui est basée sur ce principe d’égalité. Demain, s’il y avait une politique
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différente basée sur un réel accompagnement des populations défavorisée, telles que les
populations vivant en squat, ce dispositif serai pris en charge par l’investissement des services
publics et je serai le premier à la mettre en application. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, quand
Dynam’eau ou Médecins du Monde nous invitent et que l’on est autour d’une table. Si l’on
refuse d’installer avec SUEZ, un branchement dans un squat, c’est que les services de l’eau
ne peuvent pas, car il faut qu’une personne souscrive à un abonnement, qu’elle soit solvable
et qu’elle signe un contrat. Si je n’ai pas un tiers bien identifié et si j’envoie les factures d’eau,
il n’y a personne qui existe derrière et donc je ne peux pas créer de branchement. Je suis
conscient que ce type de réponse peut hérisser le poil à des associations comme celles que
j’ai cité. Cependant, de notre côté nous on atteint assez rapidement nos limites. Pour autant,
cela peut arriver qu’une personne dans un squat qui ait un travail et qui s’identifie comme un
tiers. Or cela peut aussi créer d’autres difficulté comme des tensions entre squatteurs ou
concernant la répartition d’eau par individus. »
5. Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ? M.M. : « Je vous ai cité celui des sahraouis. Il y en avait un il me semble dans un immeuble vers Lucien Faure qui a été évacué récemment, parce qu’ils provoquaient des nuisances chez les voisins et notamment des inondations. Il y en avait un sur Bègles, dans un hangar ou une ancienne discothèque je ne sais plus exactement. Je ne sais pas s’il existe encore, mais il y en avait un qui était situé proche d’un lieu de captage d’eau potable. C’est-à-dire qu’outre la problématique de l’accès à l’eau, il y a aussi les problèmes des rejets d’eaux usées, car il n’y a pas de système d’assainissement collectif. Ça veut dire que tout était reversé dans le milieu naturel mais dans une zone d’infiltration à proximité d’un captage d’eau potable, on peut imaginer des pollutions assez rapides de l’eau. Cette problématique-là était aussi assez sensible. Voilà les squats que j’identifie rapidement dans ma mémoire. On parlait de celui de Bègles, si ça se trouve il n’existe plus aujourd’hui. Le squat auquel moi j’ai eu affaire, avec l’actualité aussi qui y joue, est le camp des sahraouis, Quai Deschamps. Effectivement il a fait l’objet d’une évacuation il y a deux semaines je crois suite à l’incendie. »
6. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au militantisme…) »
Sous question : « Observez-vous des différences internes à ces squats ? » M.M. : « Ceux que je connais, ce sont des squats où on retrouve des réfugiés politiques comme les sahraouis, mais aussi des populations qui ont fuient le régime de leur pays, voire une guerre. C’est essentiellement ça, à ma connaissance. Donc on peut dire effectivement que ce sont des logements contraints où des réfugiés vivent. »
7. D.L. : « Les squats que vous connaissez sont-ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ? »
Sous question : « Si oui, pouvez-vous me citer leur type ? » M.M. : « A l’intérieur des squats ils ne possèdent pas de points d’eau, cependant ils sont souvent raccordés par des branchements à des bornes à incendie par exemple. Pour faire la différence, celui du Quai Deschamps ne possédaient pas de raccordement à l’eau potable et pour y remédier ils se sont branchés à une bouche à incendie, avec la problématique que j’ai évoqué tout à l’heure. Sinon, il y a peut-être Bègles qui lui était branché, il y avait un tiers identifié comme la personne redevable de l’abonnement. Après les autres, il ne me semble pas. Quand je parle de point d’accès à l’eau potable, pour moi c’est un branchement raccordé à un compteur et qui fait l’objet d’un abonnement. Sinon, le reste c’est le système D et pour mettre des mots sur ce fait, c’est du vol d’eau. »
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8. D.L. : « De même, possèdent-ils l’électricité au sein des locaux ? »
Sous question : « Si oui, par quel moyen ? » M.M. : « Je ne sais pas s’ils possèdent l’électricité. »
9. D.L. : « En matière de squat, d’accès à l’eau et de condition de vie des individus, par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier) »
Sous question : « Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation
population, communication, aides financières…) »
M.M. : « Encore une fois, que ce soit dans un squat ou n’importe où ailleurs, si un usager
souhaite avoir accès à l’eau, les services de l’eau seront là pour assurer le raccordement.
Toujours est-il, qu’il faut pouvoir communiquer les informations nécessaires pour que l’usager
puisse s’acquitter du montant des factures d’eau. Faute d’absence de tiers, on ne délivre pas
d’eau potable. Il n’existe pas aujourd’hui, pour le service public de l’eau potable, d’autres
moyens que la création d’un branchement d’eau potable. On pourrait aussi évoquer le fait
d’installer des bornes fontaines à proximité des squats ou bien peut-être le fait d’installer des
toilettes mobiles, c’est un projet initié d’ailleurs par Dynam’eau (Action Bord’eaux). Aujourd’hui
nous n’avons pas ce genre d’équipements à proposer pour répondre à ces besoins
ponctuels. Un squat qui est définitif, ce n’est pas une solution, mais bon je ne suis pas non
plus spécialiste dans ce type de structure. Je me dis que faire pérenniser un squat, ce n’est
pas une solution non plus, même si c’est toujours mieux que de vivre dans la rue. Donc pas
de moyens, pas d’équipements, pas de structures à déployer, qui existeraient au service public
de l’eau potable à destination de ces populations. »
10. D.L. : « Dans le cadre de votre fonction, vos missions ont-elles un lien avec ces thématiques ? »
Sous question : « Si oui, lesquelles ? »
M.M. : « Il se trouve que c’est moi sur ce dossier, on est peut-être deux, mais on est peu
nombreux. Après, là on ne parle que de la problématique eau dans les squats, pour autant on
peut aussi parler de logement, donc de la direction de l’Habitat à la métropole qui peut
également mener des actions auprès de ces populations par décision politique. »
11. D.L. : « Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles structures et critères d’éligibilité) »
M.M. : « Notre intérêt pour ces questions sont récentes. Aujourd’hui, faute de prise de conscience par la collectivité je dirai, je maintien que le politique doit être force de proposition pour trouver des solutions sur ces problématiques, mais c’est aussi à nous technicien de l’être auprès des élus. C’est bien quand même qu’il y ait une décision politique qui doit acter de ces orientations. Parce qu’attention il ne s’agit pas, demain, de ramener une citerne à eau, de mettre un robinet et servez-vous. Il faut pouvoir offrir des solutions dans des conditions sanitaires satisfaisantes et dans le respect de la condition de ces familles. Ce n’est pas une solution satisfaisante et aujourd’hui on n’a rien à proposer. Puis, temps que le poil à gratter, ne grattera pas suffisamment fort il n’y aura rien. »
12. D.L. : « Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs concernés par ces questions sur le territoire ? »
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Sous question : « Si oui, lesquelles ? »
M.M. : « Quand on parle du service de l’eau on parle de la métropole, mais aussi de son
délégataire, SUEZ. Elle peut également mener des actions de son côté, comme par exemple
des actions de solidarité internationale. Nous avons aussi quelques entreprises qui se veulent
innovante sur l’accès à l’eau sur l’espace public. Je pense au point d’eau public, à des
équipements comme des bornes fontaines par exemple, mais elles font rarement du social et
c’est toujours à but lucratif. On trouve rarement des entreprises qui montent ce genre d’action.
Après ça ne colle pas forcément au sujet, enfin de loin. Encore une fois, je pense que les
pouvoirs publics ont vraiment un rôle à jouer là-dedans et ce sont les premiers concernés par
ces thématiques. C’est ici qu’il faut taper à la porte bien sûr. Mais c’est aussi louable le rôle
que possèdent des associations, comme Dynam’eau ou Médecins du Monde, sur ces sujets. »
13. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par d’autres acteurs institutionnels sur le territoire, en matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau de la ou des communes ? »
M.M. : « Il y a l’ARS (Agence Régionale de la Santé) parce qu’elle travaille sur des sujets tels
que la santé, l’aspect sanitaire de l’eau et du territoire. Ils sont vigilants sur les modes
d’utilisation de l’eau et sur tout ce qui est alimentaire. Je pense aux bouches à incendie où
l’eau n’est pas potable, alors qu’ils l’utilisent. Je pense aussi aux services de secours qui
sollicitent les bouches à incendie pour des urgences alors que les squatteurs s’en servent. S’ils
ont à intervenir sur un feu, il faut qu’ils aient cette information-là. Après c’est la solution la plus
facile pour eux. Puis, il y a les services de la préfecture qui sont forcément garant de la sécurité
des biens et des personnes. Nous avons aussi le département, qui a travers leur compétence
sociale peuvent intervenir. Sur les sahraouis, c’est eux qui devaient prendre en charge la
consommation d’eau. Un compteur avait été installé notamment par l’association Dynam’eau.
Dans ce sens il devait me donner les index de consommation pour que je l’ais transfert au
département et inversement pour qu’il y ait un retour. Cependant, ça n’a pas été le cas. Puis,
la région finance aussi quelques projets. Après quand je parle de collectivités locales, je pense
au politique qui a forcément un rôle à jouer sur ces questions. »
14. D.L. : « Selon vous, les actions engagées sur votre territoire d’intervention sont-elles suffisantes ? »
M.M. : « Je pense que cette sensibilisation qui est portée par des associations locales, elle est
importante et il faut qu’elle dépasse le niveau de compétence des techniciens, qu’il y ait un réel
portage politique pour que ce soit suffisant. Donc il faut qu’il y ait une vraie mobilisation politique
pour que les choses avancent. En plus comme je vous l’ai dit tout à l’heure, il y a des budgets
prévus pour cela et on sait faire des choses, environ 400 000 euros c’est pas rien. Après, il faut
vraiment une politique sociale dans les communes et la métropole, pour mettre en place des
moyens d’intervention efficaces. Je ne vais pas vous faire le couplet bateau de dire qu’il faudrait
peut-être régler des problèmes à l’origine pour éviter le déplacement de certaines populations
et créer des situations précaires comme on peut en observer. On enfonce des portes ouvertes
quand on dit ça. Il y a aussi des choses très bien qui existent, notamment sur tout ce qui existe
concernant la solidarité internationale ou la coopération, par le biais de métropole. On a un bon
retour d’expérience et depuis maintenant une dizaine d’années, il y a beaucoup de choses qui
ont été faites. Plus localement, au niveau social des choses méritent d’être développées car
nous en sommes encore au stade de l’expérimentation. Et puis pour les squats, on a vraiment
beaucoup de progrès à faire et quand je dis « on », ce n’est pas le service de l’eau, c’est les
pouvoirs publics, les associations, c’est tout le monde. Je trouve que c’est un élément
indissociable pour réponde à la précarité mais il ne faut pas réduire ces difficultés à l’aspect
de l’accès à l’eau potable, c’est un tout. »
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15. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans les squats ou n’ont pas accès à l’eau potable en France ? (Immigrés, militants…) »
M.M. : « Pour moi les gens vivant dans les squats, sont essentiellement des migrants comme
les sahraouis, sinon ce sont des populations très défavorisées. Je pense qu’ils sont peut-être
aussi issus des pays de l’est de l’Europe. Je ne possède pas une bonne visibilité de ces
populations-là. Après, hors squat il y a aussi les gens du voyage qui n’ont pas forcément accès
à l’eau. Les centres d’accueils sont une solution. Je pense aussi à des gens qui n’ont pas
accès à l’eau car c’est un choix, parce qu’ils vivent dans des zones rurales éloignées ou pour
une question de coût. Dans ce sens, le réseau de distribution est trop éloigné. »
16. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus dans les squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et environnemental des individus) »
M.M. : « Encore une fois, je ne suis jamais rentré dans un squat, mais pour moi c’est un choix
de vie. Les gens possèdent une situation très précaire où les conditions sanitaires laisses à
désirer dû à l’absence d’eau, d’évacuation des eaux usées, mais aussi d’électricité. Cela peut
devenir dangereux pour leur santé et leur sécurité, car il y a souvent des incendies comme au
Quai Deschamps. Ce sont souvent des lieux qui ne sont pas dédiés à l’habitation où ont été
peut-être entreposés auparavant des éléments inflammable, dangereux pour la santé souvent.
Donc il peut y avoir des risques pour ces gens. »
17. D.L. : « Si absence d’un point d’eau dans les squats : Savez-vous à quel point d’accès se rendent les individus pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-douche) »
Sous question : « Quels points d’accès privilégient-ils ? »
M.M. : « Je pense que le point privilégié est celui de la bouche ou du poteau à incendie. C’est
un équipement qui est facile à ouvrir et auquel il est simple de se brancher. Après pour tout ce
qui est de l’alimentation et de la cuisine par exemple, il y a les toilettes publiques, mais je ne
suis pas sûr qu’il y en ait en nombre suffisante sur le territoire. Chose qui est assez
contradictoire, c’est que souvent les populations les plus défavorisées c’est aussi celles qui
achètent de l’eau en bouteille alors que cela coûte plus cher que l’eau du robinet. Je pense
que c’est peut-être lié à leur culture, à leur pays d’origine. Ils ont peur de boire de l’eau du
robinet (manque de confiance). En termes d’accompagnement, c’est un point à soulever. Peut-
être les sensibiliser sur ces aspects et ça peut faire partie du message à véhiculer. L’eau du
robinet est un produit de consommation très contrôlé. Pour ce qui est des bains-douches, je
ne sais pas parce que pour moi ce sont des équipements communaux, donc c’est les
communes, c’est la mairie de Bordeaux, etc. Pour moi, ce sont les agents communaux qui
assurent l’entretien de ces équipements. Cela étant, il y a de l’eau, donc un compteur, et c’est
la commune qui paye ces consommations. Cependant, il y en a très peu sur Bordeaux et
encore moins dans les communes périphériques. Ensuite, les fontaines à eau c’est pareil, c’est
de l’eau potable, mais je ne saurai même pas vous les situer sur la métropole. Il y a toujours
un compteur derrière donc c’est une prise en charge de la commune. J’insiste sur le fait que
c’est une décision politique, notamment pour l’emplacement et la facturation de ces
équipements. C’est la commune qui va payer l’eau, pour les populations défavorisées et donc
l’eau paye l’eau. Ce sont les usagers de l’eau potable qui payent le service d’eau potable. Les
seules choses qu’on peut trouver sur l’eau potable sont les bouches à incendie, les poteaux à
incendie et aussi les bornes de puisage monétiques. Ce sont des équipements sur le domaine
public qui existent pour palier l’utilisation des bouches à incendie. Il faut savoir que sur les
bouches il n’y a pas de compteur, je n’accuse pas les squatteurs, car il y a aussi des services
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communaux qui se branchent pour remplir une laveuse automatique par exemple. Ils ne paient
rien à personne et ça s’appelle du vol d’eau, donc même les collectivités ou les professionnels
se permettent d’en prélever, c’est interdit, surtout quand elle n’est pas facturée. Pour ce faire
et limiter ce vol d’eau, on a installé une soixantaine de bornes à puisage monétiques dont
l’utilisation est règlementée. Vous utilisez ces bornes avec une carte monétique qui est
prépayée qui donc délivre de l’eau pour tout ce qui est utilisation par les services publics. »
e) Retranscription entretien n°1 avec le GIP - Bordeaux Médiation
Date : 23/05/18 à 11h30, bâtiment de la Cité Municipale, Bordeaux
Nom de la personne : David Dumeau
Statut : Médiateur social au GIP Bordeaux Médiation
Quelle structure ? GIP Bordeaux Médiation (service de Bordeaux Métropole)
Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Intervention au niveau de Bordeaux Métropole
Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteur interne, siège à Bordeaux et
intervient sur tout le territoire
__________________________________
1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et/ou de l’accès à l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »
D.D. : « Depuis 2014, je suis médiateur social pour le GIP, Bordeaux Métropole Médiation. Je travaillais avant cela, pour la ville de Bordeaux. Ma mission est née à Bordeaux, dans le sens où à l’époque la ville était impactée par un gros bidonville sur le squat de Thiers Benauge. C’est à partir de là que la mairie de Bordeaux et vu qu’il y avait un principe de réalité, mais aussi pour travailler le plus en amont possible des évacuations. Notre rôle vraiment c’est de faire remonter les besoins de ces populations auprès des institutions et des acteurs compétents, comme des associations. Aujourd’hui la Direction de l’Eau va te gérer les questions d’accès à l’eau jusqu’au compteur et l’après compteur n’est pas géré, nous on n’est pas habilité à travailler sur ce thème (compétences et légitimité). Notre activité se découpe à la fois sur des temps de bureau et sur des temps de terrain. Par ailleurs, nous avons des temps d’accueil à la cité municipale de Bordeaux et à la mairie de Mérignac. L’idée est vraiment de faciliter les liens avec les services publics et les professionnels spécialisés dans ces domaines. On va vers le public et on l’accompagne vers les institutions, mais aussi on accompagne les institutions pour qu’elles apprennent à accueillir ce public-ci. »
2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau ? »
Sous question : « Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus) »
D.D. : « On intervient sur toute la métropole, à travers une mission sur les quartiers prioritaires (médiation sur les quartiers), une autre sur les conflits de voisinage dans la commune de Bordeaux, puis une autre mission sur les squats bulgares et roumains de la métropole. Le GIP n’intervient pas sur l’ensemble des squats sur la métropole, mais vraiment sur une population ciblée. Ce choix de public vient du fait que c’est une réalité. D’une part, avec les difficultés de logement et de la phyl’activ du 115 qui était de 500 personnes à peu près et qui aujourd’hui a doublé, mais aussi depuis 2011 ils sont aussi considérés comme « nouveaux » européens. Aujourd’hui, avec la médiation nous remarquons que la population a quasiment doublé. En
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2017 à un instant T, nous avons travaillé auprès d’environ 800 personnes, dont un tiers d’enfants. Ces populations sont principalement réparties sur trois communes qui regroupent le plus de squats sont Bordeaux, Bègles et Mérignac, soit environ 95% des squats de la métropole. Il y avait environ 52 sites pour 1200 personnes en 2017. De plus, il y a une corrélation avec l’aménagement et l’avancement de différents projets urbaines sur le territoire. C’est intéressant de voir comment les squats témoignent de la mutation de la ville. Des friches se libèrent et représentent des espaces refuges pour ces personnes. De plus, les partenaires possèdent un rôle dans ces médiations, notamment au niveau de leurs postures. Les territoires les plus collaboratifs sont souvent ceux où il existe une dynamique associative, mais aussi où les mairies sont le plus engagées dans ces compétences. »
3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates, nombre de salariés…) »
D.D. : « Le GIP, Groupement d'Intérêt Public Bordeaux Médiation existe depuis 2014 environ. La structure est installée à Bordeaux, d’une part dans ses locaux et d’autre part, à la cité municipale. Donc, elle est spécialisée dans le secteur d'activité de l'action sociale et de la médiation. Il me semble qu’il y a environ une quinzaine de salariés, dont la plupart sont des médiateurs. Je sais que le GIP accueille aussi des médiateurs bénévoles, notamment pour ce qui est des conflits de voisinage. »
4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats et l’accès à la ressource notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ? »
Sous question : « Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ? »
D.D. : « C’est d’abord un besoin issu du territoire et une utilité. Pour moi c’est un métier qui fait sens du point de vue démocratique, économique, etc. Je pense que c’est ça aussi qui mobilise. Il y a aussi le fait que les publics doivent devenir acteur des initiatives qu’ils entreprennent. Il faut que les gens soient leur propre avocat. Le financement de cette mission est d’environ 60 000 euros. Nous on est souvent en première ligne et nous nous rendons dans des squats régulièrement. D’un côté c’est intéressant au niveau de nos pratiques, par exemple voir une fuite ça nous transforme. Quand je vois de l’eau qui coule, je ne peux pas ne pas le dire aux gens et même dans certains codes culturels. Il y a aussi des problèmes liés à une mauvaise alimentation, mais aussi à la santé dans les squats. Il faudrait qu’ils prennent conscience du gaspillage qui est fait, que les enfants et aussi les adultes soient sensibilisés sur ce sujet. Et dans un squat où il y a une super gestion de l’eau, c’est à la fois un indicateur qui va faire mobiliser le groupe et qui va inciter les gens à sortir du squat, de mauvaises conditions de vie. Parfois c’est peut-être plus facile d’aborder ces questions-là de cette manière, plutôt que d’arriver et d’imposer aux gens de faire ça ou ça. Dans ce sens, tu les amènes à se responsabiliser, à se questionner sur leur comportement et sur leur projet. »
5. D.L. : « Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ? » D.D. : « On a travaillé sur 52 sites l’an passé. Nous avons une liste des principaux squats où nous travaillons. Depuis le 20 avril 2018, il y a 934 personnes avec 290 enfants environ contre 806 en février. Il y a environ 130 personnes de plus en deux mois. Dans ce sens, un groupe peut passer de 15 personnes à 280 facilement. Il y a pleins de facteurs qui font que l’effectif peut varier et fluctuer, comme le nombre d’emplois sur le territoire (vendanges), les fêtes religieuses, les vacances, etc. Ensuite, souvent l’eau fait partie du triptyque étudié dans nos listes avec la gestion des déchets et de l’électricité, au même titre que les données de Médecins du Monde ou Dynam’eau. Ce sont les trois choses que l’on essaie d’identifier quand on va dans un squat. Parfois nous travaillons sur des sites très petits avec 3 personnes où il y a l’accès à l’eau, l’électricité et vivent dans des maisons. Le squat de Denis Papin avec 141 personnes, 64 enfants, qui vivent dans un hangar, dans des cabanes ou des caravanes. Chaque hangar à un point d’eau et il a des anciens sanitaires présents. A Mérignac, il y a un
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squat dans un terrain vague avec des caravanes délabrées sur lesquelles il n’y a pas d’accès à l’eau et les gens se branchent à la borne à incendie la plus proche ou bien à une autre beaucoup plus loin. De même pour l’électricité, les gens vont se brancher à un lampadaire allumé de 23h à 5h du matin ou sinon ils vont utiliser un groupe électrogène. La carte que vous a transmise l’association Dynam’eau est pas mal, elle est intéressante, mais elle n’est pas complète et comporte quelques erreurs. Puis, comment tu tiens à jour les données, comment tu les utilises, quel secteur tu choisis. Ce sont des données qui varient beaucoup. La difficulté aussi sur la centaine de squats de la métropole, c’est que ces structures interviennent sur une quinzaine de squats, de même pour nous. »
6. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au militantisme…) »
Sous question : « Observez-vous des différences internes à ces squats ? » D.D. : « Nous travaillons avec des squats de logement contraint, ce ne sont pas des actes militants et politiques. Et parfois, il peut y avoir une part de choix dans une certaine dynamique de survie, dans une situation contraignante, voire d’enrichissement économique. Souvent des professionnels nous disent, « mais ils aiment vivre en communauté ». C’est plus complexe que ça, c’est que la vie en groupe ou en squat permet d’assurer la logique de la survie et de la sécurité de chacun. C’est plus sécurisant que de dormir dans la rue. De même, le fait de vivre en squat peut être un tremplin pour accéder à un logement et pour d’autre c’est une alternative au logement, voire un projet économique qui est à moindre coût (faire des économies pour envoyer à la famille par exemple). Parfois, il peut aussi y avoir des gens qui ont dégringolé dû à l’insalubrité du logement, au fait qu’il n’y ait pas d’accès à l’eau ou l’électricité et qu’ils sont en situation de précarité. Après le discours évolue selon, l’acteur que tu as en face. L’assistante sociale va avoir un discours avec eux et toi tu vas en avoir un aussi, mais ce ne sera pas le même alors que cela touche le même sujet. »
7. D.L. : « Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous travaillez sont-ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ? »
Sous question : « Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes d’accès à l’eau existant ? Savez-vous comment font-ils pour boire, cuisiner, se laver et faire leurs besoins ? » D.D. : « Tout dépend si le squat est isolé, sachant que beaucoup de squats possèdent un point d’eau potable. Il y a plein de cas de figure, j’ai déjà vu un voisin tirer un tuyau d’arrosage pour fournir le squat. Il y a d’autres squats qui se branchent à des bornes à incendie qui peuvent se situer à 30 mètres comme à 3 kilomètres du lieu. Il me semble aussi que les populations d’Europe de l’Est, il est courant qu’elles achètent l’eau de consommation en bouteille. Ils ont des habitudes différentes selon leur culture. Il y a aussi des comportements qui sont antérieurs à leur arrivée en squat.»
8. D.L. : « Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à quel point
d’accès se rendent-ils pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-
douche)
D.D. : « Les gens ne vont pas forcément dans des toilettes publiques situées à proximité du
squat ou dans des bains-douches. Ils privilégient des lieux qui offrent des services, comme les
stations essences, les restaurants rapides, etc. Je sais qu’il y a le réseau Paul Bert qui propose
des douches et des hammams. Cependant, ils ne vont pas aller forcément dans des bains-
douches classiques mais plutôt à des relais de solidarité, chez des proches, dans des écoles,
des vestiaires. Il y a aussi le système D, c’est-à-dire à l’eau chaude dans une bassine. Les
cimetières sont souvent aussi équipés de robinet voir parfois de toilettes. Parfois tu peux avoir
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des toilettes existantes, mais la non volonté de les partager avec le reste du groupe. Sur le
squat de Tiers, il y avait 8 toilettes et 6 douches pour 150 personnes sur le site et on avait
quand même la moitié du site qui ne les utilisaient pas pour des questions d’hygiène ou
d’appropriation de l’espace par certaines personnes. Dans ce sens, les projets doivent être
bien pensé afin d’optimiser l’utilisation des équipements tout en partageant avec tous les
occupants. Il faut voir comment le public s’en saisie. »
9. D.L. : « Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de toilettes ? »
Sous question : « Si oui, dans quel état sont-ils ? » D.D. : « La plupart du temps il existe déjà des toilettes dans les locaux, s’ils sont préexistants. Dans une maison, un immeuble et parfois même dans un hangar c’est possible qu’il existe des toilettes à eau en état de fonctionnement. Mais parfois ils ne marchent plus et l’intervention d’un technicien est nécessaire, je pense à Dynam’eau. »
10. D.L. : « Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? » Sous question : « Si oui, par quel moyen ? » D.D. : « Les squats ont souvent l’électricité, par un abonnement ou par branchement sauvage. Souvent ils sont même plus raccordés à l’électricité qu’à l’eau. Ils sont plus dépendants de l’électricité. Il faut aller chercher l’eau alors que l’électricité, il y en a sur le premier lampadaire de la rue. C’est une facilité pour eux. Il y en a aussi qui réussissent à se procurer un groupe électrogène. C’est branchement sont souvent dangereux pour la sécurité des gens qui vivent autour, il y en a qui sont plus ou moins conscients de ça. Des gens installent même un disjoncteur à l’entrée de leur cabane ou caravane alors que d’autres non. Le fait de trouver de l’électricité implique donc qu’il faut que ce soit stable, sécurisé, mais aussi toléré. De plus, certaines populations arrivent à se passer beaucoup plus facilement de l’électricité que d’autres, comme la Roumanie par exemple. En fonction des groupes il n’y a donc pas le même rapport avec ces ressources. Pour accéder à une ressource dans un squat, je pense aussi que les relations sont importantes. Si tu ne t’entends pas avec les riverains ou avec une autre famille qui vit dans le squat tu as peut-être moins de chance d’avoir de l’eau et de l’électricité. Sauf si tu as ton propre abonnement. De même, cela peut dépendre des acteurs qui accompagnent les squats, je pense aux communes plus particulièrement qui peuvent construire des points d’accès pour éviter les branchements sauvages. »
11. D.L. : « En matière de squat, d’accès à l’eau et de condition de vie des individus, par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier) »
Sous question : « Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation
population, communication, aides financières…) »
D.D. : « Il y a un objectif de mettre en place une amélioration possible des conditions de vie
dans les squats, mais aussi d’accompagner les individus et comprendre les situations. C’est
vraiment à partir de 2014 que la métropolisation a impliqué de faire de la médiation sur tout
son territoire, dans un principe d’intérêt public. On est à la fois sur les questions du travail sur
les conditions de vie ou sur l’accès aux droits ; comment on travaille pour ce qui est animation
du réseau, selon ses compétences. Nous faisons la navette entre les publics et les acteurs
locaux. »
12. D.L. : « Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles structures et critères d’éligibilité) »
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D.D. : « La nature du site et ce qu’on va pouvoir y faire, c’est totalement différent. Un cas typique, une maison est squattée et il y a une arrivée d’eau, pareil pour le compteur électrique. Pourtant, le fait que ce soit un petit groupe peut permettre d’avoir accès à l’eau potable grâce à un abonnement. C’est vrai que Dynam’eau est un acteur intéressant pour dépasser les contraintes techniques en renfort à SUEZ et à la Direction de l’Eau. Cependant, ça peut aussi avoir des effets néfastes quant au partage de l’eau entre les gens du squat et créer des tensions entre les occupants. Alors que tu as apporté des choses, tu peux aussi bouleverser un certain équilibre social. Il est aussi important de prendre en compte les besoins des populations afin qu’ils utilisent au mieux les points d’eau. Il faut qu’ils s’approprient le point d’eau tout en le partageant. »
13. D.L. : « Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs concernés par ces questions sur le territoire ? »
Sous question : « Si oui, lesquelles ? »
D.D : « Ça peut être super varié et c’est pluridisciplinaire, c’est-à-dire au logement, à
l’éducation, à la santé, etc. C’est un gros panel. Mais ce sont des acteurs intervenants
principalement sur la valorisation des droits et l’amélioration des conditions de vie. Par
exemple, l’accès au droit va toucher le domaine social, l’économie, la santé, l’éducation, etc.
Nous accompagnons certaines associations dans les squats, comme Dynam’eau, INTERMED
GIRONDE (solidarité des réfugiés), IPPO (prostitution) ou Médecins du Monde. Ces acteurs
sont relativement impliqués, car ils interviennent avec nous sur le terrain contrairement aux
instances départementales et régionales. »
14. D.L. : « Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau de la ou des communes ? »
D.D. : « D’un point de vue institutionnel, il y en a qui font des choses remarquables tandis que d’autres sont peu tolérant. Une mairie ne peut pas porter seule une problématique de ce type sur le territoire. Au niveau de la métropole, il y a des acteurs de droit commun qui travaillent sur ces thèmes, comme des CCAS, des mairies ou quelqu’un de la métropole pour la gestion des déchets par exemple. Il y a aussi la Direction de l’Eau et de l’Habitat. Nous avons aussi les intervenants sociaux mandatés par un juge et les cabinets, voire la Préfecture. Concernant le département, il y aura les MDSI (Maison départementale de la Solidarité et de l'Insertion), la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale) et les PMI (Centre de Protection maternelle et infantile). Au niveau de la région, nous avons très peu de collaboration, après nous avons l’ARS, qui est peu impliquée selon moi. Enfin, le CHU Pellegrin, les services de police et de secours sont souvent impliqués dans ces thématiques. »
15. D.L. : « Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur votre territoire d’intervention sont-elles suffisantes ? »
D.D. : « C’est intéressant de voir qu’en fait il y a des choses vraiment bien et des deux côtés, donc d’un côté des occupants qui ont souvent un parcours exemplaire ce qui fait plaidoyer, puis de l’autre tu as ceux qui nous énervent, ils ne sont pas mobilisés et ne respectent pas la vie en communauté, quitte à mettre la vie d’autrui en danger. Le parcours des familles témoigne de quelque chose d’intéressant, de leur trajectoire et de leur mobilisation, voire soutien. On remarque que sur le territoire, le nombre de squats évolue sans cesse et à cet effet il faut aussi transformer les politiques, les orientations, etc. Le fait de travailler auprès de 400 personnes, n’est pas la même chose qu’avec 900 personnes, notamment pour ce qui est du logement. Tous les acteurs doivent s’impliquer. Il y a peu de chose qui sont mis en place dans l’accueil et le logement de personnes européennes précaires. »
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16. D.L. : « Selon vous, quel type de public vivent dans les squats ou n’ont pas accès
à l’eau potable en France ? (Immigrés, militants…) »
DD : « Ce sont des personnes sans logement. Il y a des militants, des personnes en situation
de grandes précarités, voire en exclusion sociale. Nous avons aussi des demandeurs d’asile
et des mineurs isolés aussi. Ce sont des publics « sans droit ni titre » un peu. »
17. D.L. : « Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus dans les squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et environnemental des individus) »
D.D. : « Cela peut aller du squat au bidonville. Il y a des squats où tu dois enlever tes
chaussures quand tu rentres et c’est plus propre que chez moi, puis il y a d’autres situations
où ça peut être qualifié de bidonvilles. Parfois, il peut y avoir des cafards, des rats, des déchets,
mais aussi des produits dangereux pour leur santé et avec lesquels ils auront des séquelles à
termes. Puis, un groupe qui passe de 30 à 150 personnes, ça entraîne une dégradation des
conditions de vie et ça peut être facteur d’exclusion, tout est lié. Parfois aussi, les gens
n’entretiennent pas les lieux car ils se disent qu’ils vont être expulsés. Certains ne font pas
d’efforts. C’est un peu le même style que les pirates dans Astérix et Obélix qui vont s’aborder
eux même, car ils savent que c’est perdu d’avance. Finalement, il y a des squats qui durent et
les gens vivent dans de mauvaises conditions, voire dans leurs déchets. Un exemple, les
cabanes de gens qui sont partis ne sont pas détruites et au lieu de jeter les poubelles, ils
mettent les déchets dans les cabanes abandonnées. Parfois les différences de conditions de
vie peuvent se faire sur le même terrain, une caravane peut être très bien entretenue tandis
qu’à 30 mètres l’autre caravane est complètement délabrée. Après le squat de la ruche c’est
différent oui, il ne serait pas pareil si c’était les gens qui vivent dans le squat qui l’avaient
ouvert. Ce n’est pas le cas, ce sont des étudiants qui ont fait un acte militant pour répondre à
un besoin social, ouvrir le lieu et loger des jeunes mineurs isolés. C’est intéressant à voir mais
c’est peu représentatif des conditions de vie dans les squats, car ils sont plus insalubres. Les
conditions de vie ne sont pas du tout les mêmes. Dans le squat Alexis Labro à Bègles, l’arrivée
d’eau a créé une appropriation du robinet et des toilettes, une interlocution d’un groupe à un
autre pour utiliser la fontaine, ce qui a entraîné une situation de conflit et de violence, puis
engendré le départ d’un certain nombre de personnes. Il y a eu ensuite un bouleversement de
l’équilibre de ces familles qui avaient scolarisé leurs enfants dans l’école du secteur ou juste
par le simple fait devoir retrouver un logement, car la cohabitation n’était plus possible. Même
si au début il y a eu des actions permettant d’améliorer les conditions de vie de ces gens, c’est
vite devenu un problème pour eux. La question de l’eau a été en quelque sorte l’étincelle, car
il existait auparavant certaines tensions entre les groupes. Pour eux, c’était, on va se servir de
ça pour alimenter le conflit, ça a été instrumentalisé. Il y a donc des personnes qui peuvent
aggraver les conditions de vie d’autres personnes dû à leur comportement violent. Enfin tout
dépend du public, s’il est légitime ou pas, mais aussi de la mobilisation sociale qui existe dans
le lieu. »
f) Retranscription entretien n°2 avec le GIP - Bordeaux Médiation
Date : 23/05/18 à 11h30, bâtiment de la Cité Municipale, Bordeaux
Nom de la personne : Anna Kolibarova
Statut : Médiatrice sociale au GIP Bordeaux Médiation
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Quelle structure ? GIP Bordeaux Médiation (service de Bordeaux Métropole)
Lieu de travail (voir secteur d’intervention) : Intervention au niveau de Bordeaux Métropole
Acteur interne ou externe à Bordeaux Métropole ? Acteur interne, siège à Bordeaux et
intervient sur tout le territoire
__________________________________
1. D.L. : « Pouvez-vous me dire en quoi la question des squats et/ou de l’accès à l’eau potable en France vous intéresse dans l’exercice de votre fonction ? »
K.A. : « Il y a le fait de lutter contre les discriminations et l’exclusion de certaines populations. Certes on travaille avec des roumains et bulgares, mais ils sont principalement issus de la communauté Roms. Il y a aussi le fait de faire reconnaitre une culture aux institutions, aux habitants. Avec Dynam’eau, ces thématiques sont mieux prises en compte auprès des institutions qu’avant. Il n’y avait pas un tel intérêt avant pour ces questions et chacun à un rôle à jouer. Je suis médiatrice sociale depuis 2014 et j’interviens auprès des publics bulgares et roumains, dans les squats sur la métropole. Ma mission tourne autour de deux axes : l’amélioration des conditions de vie dans les squats et l’accès au droit. Nous intervenons en fonction des besoins et des sites de squats, mais notre intervention ne sera pas la même si on va sur un site sur Bègles ou un site sur Mérignac. Tout dépend du terrain, des possibilités, mais aussi des partenaires. On peut bien avoir un squat sur une commune qui ne sollicite pas la médiation, car ils sont autonomes. »
2. D.L. : « Quel rôle possède votre structure dans les domaines de l’accès à l’eau ? »
Sous question : « Réalise-t-elle des actions en faveur de la lutte contre la pauvreté, la précarité ? (Dans les domaines cités ci-dessus) »
K.A. : « Le fait de faire de la médiation et de travailler sur l’amélioration des conditions de vie, impliquent en quelque sorte de travailler sur l’accès à l’eau potable dans ces lieux. Il y a aussi un pôle formation et animation du réseau pour travailler sur ces questions en collaboration avec des professionnels. Notre intervention dans les squats est notamment issue de la demande des élus, du public et des riverains. Dans ce sens, la première étape est d’identifier les familles, de travailler sur les ressources vitales pour ces populations, mais aussi d’évaluer les demandes, les besoins, etc. Le fait de travailler avec des acteurs spécialisés dans l’eau, nous permet de soulever quelques enjeux du territoire (priorité) et de mettre en place des politiques liées à l’accès à l’eau potable (mise à l’agenda). On a vue des associations et collectifs qui avaient un objectif bien précis, mais leurs actions n’ont pas porté leur fruit. Donc il y a aussi la question de la pérennité des actions. Il faut faire vivre ces structures qui ont du mal à avancer notamment dû au manque de financement. »
3. D.L. : « Pouvez-vous me raconter, en bref, l’histoire de votre structure ? (Dates, nombre de salariés…) »
K.A. : « Les missions que nous effectuons sont organisées dans le cadre du GIP, du Groupement d’intérêt public. Le rôle du GIP est d'accompagner au quotidien la gestion des squats et leurs abords et de favoriser les populations concernées pour l'accès aux droits, afin de permettre une intégration sociale et professionnelle. Cette structure intervient principalement pour de la médiation sociale dans les squats, mais aussi dans les quartiers des communes de Bordeaux Métropole, notamment sur les conflits du voisinage. Ainsi, les médiateurs du GIP peuvent intervenir sur toutes les communes de la Métropole. »
4. D.L. : « Vos pratiques et vos perceptions, concernant les squats et l’accès à la ressource notamment, ont-elles changé depuis que vous travaillez dans cette structure ? »
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Sous question : « Avez-vous remarqué des évolutions ? Si oui, lesquelles ? »
K.A. : « L’une des évolutions, c’est surtout le fait que certaines familles prennent l’initiative d’ouvrir des abonnements pour avoir accès à l’eau. C’est assez particulier et elles commencent à payer leur facture d’eau. L’objectif c’est de réduire ou voir disparaître les branchements sauvages, illégaux. Cela étant, ils sont peu nombreux à payer leur facture, c’est deux cas sur trente dans la métropole. Maintenant on est plus vigilants quand on va dans des squats sur tout ce qui concerna l’accès à l’eau potable et on souhaite traiter de ces questions avec le public lui-même. On essaie de les sensibiliser et les accompagner, pour tout ce qui est consommation, gaspillage, sécurité, etc. »
5. D.L. : « Connaissez-vous des squats sur le territoire de Bordeaux Métropole ? » K.A. : « Je me rappelle qu’à la préfecture, ils nous ont dit qu’il y avait environ 142 squats sur la métropole de Bordeaux, soit environ 1100 personnes. Et ça ne me paraît pas très réaliste car nous avons déjà recensé environ 1000 personnes et nous sommes loin du compte. »
6. D.L. : « Selon vous, de quel type de squat s’agit-il ? (Lié au logement, au militantisme…) »
Sous question : « Observez-vous des différences internes à ces squats ? » K.A. : « Certaines personnes ne l’ont pas voulu, mais il y en a d’autres où c’est volontaire et ils souhaitent se regrouper, car ils viennent la même communauté par exemple. Il y en a qui ont été un peu malmenés et qui se retrouvent dans des squats, car ils ont perdu leurs logements. Ce n’était pas du tout prévu pour eux. Quelques-uns peuvent aussi s’approprier l’espace et en tirer de l’argent. Ils profitent et créés la situation, car c’est économiquement rentable. C’est intéressant de voir si ce discours-là a évolué dans le temps. Je pense au Cabinet Trajectoire qui a travaillé sur la trajectoire et la sortie de squat de ces gens. Il y a des gens qui partent après un an, cinq ans ou même vingt de vie en squat, en bidonville. Des tremplins existent et des aides aussi. Le fait de vivre en squat peut devenir un mode de vie à long terme et certaines personnes y trouvent un certain équilibre. »
7. Les squats que vous connaissez ou avec lesquels vous travaillez sont-ils munis d’un point d’accès à l’eau potable ?
Sous question : « Si oui, pouvez-vous me citer les systèmes d’accès à l’eau existant ? Savez-vous comment font-ils pour boire, cuisiner, se laver et faire leurs besoins ? » K.A. : « Dans la plupart des cas, il y a un point d’eau dans les squats que ce soit à l’intérieur du site ou à proximité. Lorsque c’est un point d’eau situé dans le squat, c’est souvent par le biais du réseau public d’eau potable. Quand c’est à l’extérieur ils se branchent à une bouche à incendie ou bien dans un autre squat par exemple. Il y a même des gens qui achètent de l’eau en bouteille en supermarché pour tout ce qui est alimentation. Quant à l’hygiène, ils prennent de l’eau non potable. Après le partage peut être souvent source de conflit notamment pour ce qui est de la facture d’eau. Lorsqu’il y a un abonnement et des paiements à effectuer c’est autre chose et derrière ça créé des tensions. Il faut qu’ils s’organisent pour partager équitablement l’eau, dans le sens où moi j’ai quatre enfants, toi tu n’en as pas ; moi je fais la cuisine toute la journée, toi non ; etc. Au-delà de la partie technique, il faut penser à « l’après » installation, comment gérer l’eau et la partager, comment payer les factures, etc. »
8. Si absence d’un point d’eau dans le squat : Savez-vous à quel point d’accès se
rendent-ils pour accéder à cette ressource ? (Toilette publique, bain-douche)
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K.A. : « Sur Mérignac ils sollicitent souvent le relais de solidarité où il y a de l’eau, des douches
et des toilettes. Après il y en a qui vont parfois dans des stations essence, dans des espaces
détentes. Quelquefois ils construisent aussi leur propre salle de bain qui peut être soit
connecté au réseau public ou bien il faut utiliser des bassines. Tout dépend du lieu, ils
s’adaptent en fonction de ce qu’ils ont. Dans un squat du Haillan, une enquête a été faite
auprès des occupants dans laquelle nous pouvions retrouver le fait que les gens n’ont pas
envie de partager leur toilette, leur douche et donc, se l’approprient. Dans ce contexte, ils se
sont regroupés par famille. »
9. Les locaux, dans lesquels sont organisés ces squats, sont-ils munis de toilettes ?
Sous question : Si oui, dans quel état sont-ils ? K.A. : « Je reprends ce qu’a dit David, s’il n’y a pas de toilettes et que le squat est situé sur un terrain, les en construisent, parfois avec des associations. Dans la nature, ils creusent un trou et quand il est plein, ils en creusent un autre par exemple. Ou sinon avec les associations, ils peuvent construire des toilettes mobiles. »
10. Possèdent-ils l’électricité dans les lieux de squats ? Sous question : Si oui, par quel moyen ? K.A. : « Pratiquement tous les squats avec lesquels nous travaillons ont l’électricité. Les gens se branchent soit sur le compteur électrique et payent un abonnement, sinon ils se branchent illégalement sur un poteau ou un lampadaire. Le squat Quai de la Souys avec plus d’une centaine de personnes, possède l’électricité car un compteur existait déjà dans ce lieu. D’ailleurs, il existe plus de branchement sauvages pour l’électricité que pour l’eau. »
11. En matière de squat, d’accès à l’eau et de condition de vie des individus, par quelles actions, quels moyens, procédés, intervient votre structure ? (Infrastructures, sensibilisation, communication, atelier)
Sous question : « Si oui, quelles actions/initiatives mises en place ? (Mobilisation
population, communication, aides financières…) »
K.A. : « Nous sommes principalement les seuls qui mettons les pieds dans les squats,
contrairement aux services publics et les professionnels. C’est important de pouvoir faire le
lien entre squatteurs et services publics, car les populations n’ont pas une vision d’ensemble
des aides qui peuvent leur être accordées. Il faut qu’ils aillent vers le droit commun. »
12. Quel type de projets mettez-vous en place ? (Quelles structures et critères d’éligibilité)
K.A. : « Nous travaillons donc sur l’amélioration des conditions de vie et des droits des
individus dans les squat. Nous avons un rôle de médiation, donc nous accompagnons des
projets et nous sommes comme un relais entre les services publics et les squats, comme l’a
dit mon collègue. Il y a aussi un pôle formation et animation du réseau. La priorité sera basée
sur les sites occupés illégalement (bâtiments ou terrains) appartenant au patrimoine
métropolitain, communal ou institutionnel. En second lieu, le médiateur intervient dans les
squats de biens appartenant à des propriétaires privés, à la demande des communes, des
associations, des riverains, du propriétaire, et si ces squats impactent les relations de
voisinage ou soulèvent des questions d'hygiène, de salubrité ou de sécurité publique (déchets
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ménagers, accès à l'eau, risque incendie, etc.). »
13. Votre structure travaille-t-elle en collaboration avec des acteurs concernés par ces questions sur le territoire ?
Sous question : Si oui, lesquelles ?
K.A. : « C’est très transversal, chaque spécialiste vient contribuer à l’amélioration des
conditions de vie et des droits dans les squats. Nous travaillons en collaboration avec quelques
associations comme Dynam’eau et Médecins du Monde. On se transmet aussi toutes les
cartes que nous réalisons, donc il peut nous arriver d’utiliser les donner de certaines cartes de
Médecins du Monde et inversement. Après nous ne traitons pas de toutes les données
contrairement à ces associations, car nous travaillons uniquement auprès de la communauté
Roms. De plus, Dynam’eau travail avec d’autres structures pour compléter leur base de
données, pour leurs cartes, et aussi travailler en collaboration. Il y a le Collectif Action
Bord’eaux composé de Médecins du Monde, France Liberté, Dynam’eau, la CIMADE par
exemple. Ensuite comme l’a dit David, il y a aussi des associations qui se focalisent sur la
communauté Roms, comme celle de EURROM (en collaboration avec le CNDH), mais aussi
le Collectif roms chakaraka. Il y a l’association ASTI (Association de Solidarité avec tous les
Immigrés) qui est très impliquée, mais aussi les éducateurs spécialisés, les écoles et quelques
bailleurs sociaux. »
14. Existe-t-il des dispositifs mis à dispositions par les services publics en matière d’accès à l’eau près des lieux de squats, ou plus généralement au niveau de la ou des communes ?
K.A. : « Comme l’a dit mon collègue, nous travaillons effectivement avec la mairie de Bègles et celle de Mérignac. Après nous travaillons aussi en collaboration avec la cité municipale de Bordeaux. De plus, c’est Bordeaux Métropole qui nous a sollicité pour travailler avec la communauté Roms. Et sinon il y a quelques financements et aides du département et de la région. »
15. Selon vous, les actions engagées (par votre structure) sur votre territoire d’intervention sont-elles suffisantes ?
K.A. : « Selon moi, on peut féliciter certaines actions, comme le fait que la mairie de Bègles met à disposition des compteurs. Sur Mérignac aussi il y a quelques actions intéressantes. Il faut encourager ces initiatives venant de tout type d’acteurs. Certaines mairies doivent aussi prendre exemple. »
16. Selon vous, quel type de public vivent dans les squats ou n’ont pas accès à l’eau potable en France ? (Immigrés, militants…)
K.A. : « Nous travaillons principalement avec la communauté Roms comme on vous l’a dit
précédemment et surtout des bulgares et roumains. Après certains squats accueillent aussi
des bulgares turcophones. Ce sont des communautés qui se mélangent peu, cependant il peut
y avoir des exceptions lors des mariages par exemple. Il doit y avoir un lien, une affiliation
entre eux. »
17. Pourriez-vous me décrire dans quelles conditions vivent les individus dans les squats ? (C’est-à-dire le cadre de vie socio-économique et environnemental des individus)
K.A. : « Les conditions de vie ne sont pas les mêmes selon, la taille et le type de squat. Selon le nombre d’occupants, selon si le terrain est privé ou public, les spécificités ne seront pas les
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mêmes. Ça peut passer d’un logement qui passe inaperçu, qui se fond dans l’espace urbain, où les gens vivent normalement. Des voisins n’ont même pas conscience qu’il y avait un squat là. Et ça peut aussi passer par des squats, où ont voient les conditions de vie se dégrader, de même pour la santé des occupants. Cela peut aller du tout au tout. Le squat de la ruche c’est différent et les gens sont bien accompagnés. »