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Brevet blanc: Français MAI 2013

1ère

Partie: De 9H00 à 10H30 9H00: Les questions et la réécriture: Consignes:

Durée de l’épreuve: 1H00

Distribuer le texte et les questions.

Les élèves n'ont pas droit au dictionnaire

10H00: Dictée Consignes:

Durée de l’épreuve : 30 minutes.

Préciser aux élèves d’écrire une ligne sur deux.

Lire le texte une première fois en entier.

Écrire au tableau les noms propres «Thèbes» et «Créon»

Dicter le texte avec la ponctuation.

Écrire le titre et l'auteur au tableau: Anouilh, Antigone

Le relire en entier.

Demander aux élèves de se relire.

LE CHOEUR. - Les pauvres de Thèbes auront froid, cet hiver, Créon. En apprenant la mort de son fils, la reine a

posé ses aiguilles, sagement, après avoir terminé son rang, posément, comme tout ce qu'elle fait, un peu plus

tranquillement peut-être que d'habitude. Et puis elle est passée dans sa chambre, sa chambre à l'odeur de lavande,

aux petits napperons brodés et aux cadres de peluche, pour s'y couper la gorge, Créon. Elle est étendue maintenant

sur un des petits lits jumeaux démodés, à la même place où tu l'as vue jeune fille un soir, et avec le même sourire, à

peine un peu plus triste. Et s'il n'y avait pas cette large tache rouge sur les linges autour de son cou, on pourrait

croire qu'elle dort.

Anouilh, Antigone

10H30: Ramasser les copies et le sujet avec les questions mais laisser le texte aux élèves.

Les élèves ont une pause d'un quart-d'heure

2ème

partie: De 10H45 à 12H15 Rédaction Consignes:

Durée de l’épreuve: 1H30

Distribuer le sujet aux élèves. (Deux sujets au choix)

Les élèves ont droit au dictionnaire et au texte.

12H15: Ramasser les copies et le texte

Brevet blanc: Français MAI 2013

CRÉON. -Un matin, je me suis réveillé roi de Thèbes. Et Dieu sait si j'aimais autre chose dans la vie que d'être

puissant...

ANTIGONE. -Il fallait dire non, alors !

CRÉON. -Je le pouvais. Mais, je me suis senti tout d'un coup comme un ouvrier qui refusait un ouvrage. Cela ne

m'a pas paru honnête. J'ai dit « oui ».

ANTIGONE. -Hé bien, tant pis pour vous. Moi, je n'ai pas dit « oui » ! Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse,

à moi, votre politique, vos nécessités, vos pauvres histoires ? Moi, je peux dire « non » encore à tout ce que je

n'aime pas et je suis seul juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec votre attirail, vous pouvez

seulement me faire mourir parce que vous avez dit « oui ».

CRÉON. -Écoute-moi.

ANTIGONE. -Si je veux, moi, je peux ne pas vous écouter. Vous avez dit « oui ». Je n'ai plus rien à apprendre de

vous. Pas vous. Vous êtes là, à boire mes paroles. Et si vous n'appelez pas vos gardes, c'est pour m'écouter jusqu'au

bout.

CRÉON.- Tu m'amuses.

ANTIGONE. -Non. Je vous fais peur. C'est pour cela que vous essayez de me sauver. Ce serait tout de même plus

commode de garder une petite Antigone muette et vivante dans ce palais. Vous êtes trop sensible pour faire un bon

tyran, voilà tout. Mais vous allez tout de même me faire tuer tout à l'heure, vous le savez, et c'est pour cela que vous

avez peur. C'est laid un homme qui a peur.

CRÉON, sourdement. - Eh bien, oui, j’ai peur d’être obligé de te faire tuer si tu t’obstines. Et je ne le voudrais pas.

ANTIGONE. - Moi, je ne suis pas obligée de faire ce que je ne voudrais pas! Vous n’auriez pas voulu non plus,

peut-être, refuser une tombe à mon frère? Dites-le donc, que vous ne l’auriez pas voulu?

CRÉON. - Je te l’ai dit.

ANTIGONE. - Et vous l’avez fait tout de même. Et maintenant, vous allez me faire tuer sans le vouloir. Et c’est

cela, être roi!

CRÉON. - Oui, c’est cela!

ANTIGONE. - Pauvre Créon! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m’ont fait aux

bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine.

CRÉON. - Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes fenêtres, c’est assez payé pour

que l’ordre règne dans Thèbes. Mon fils t’aime. Ne m’oblige pas à payer avec toi encore. J’ai assez payé.

ANTIGONE. - Non. Vous avez dit «oui». Vous ne vous arrêterez jamais de payer maintenant!

CRÉON, la secoue soudain, hors de lui. - Mais, bon Dieu! Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite idiote!

J’ai bien essayé de te comprendre, moi. Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en ait qui

mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est

là qui ballotte. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de

se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce, pour tirer au moins

leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer, et toutes ces brutes vont crever toutes

ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu, alors,

qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire «oui» ou «non», de se demander s’il ne faudra pas payer

trop cher un jour, et si on pourra encore être un homme après? On prend le bout de bois, on redresse devant la

montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas! Cela n’a pas de

nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous; le vent qui vous gifle, et la chose qui

tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut-être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a plus

de nom. Et toi non plus tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la

tempête. Est-ce que tu le comprends, cela?

ANTIGONE, secoue la tête. - Je ne veux pas comprendre. C’est bon pour vous. Moi, je suis là pour autre chose que

pour comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir.

CRÉON. - C’est facile de dire non!

Jean Anouilh, Antigone, 1944

Brevet blanc: Français MAI 2013

1ère

Partie: Les questions et la réécriture

Questions: /15 pts Répondez en rédigeant des phrases. N’oubliez pas les guillemets lorsque vous citez le texte.

1) a)«Je ne le voudrais pas», «vous n'auriez pas voulu» ligne s 19 et 20

Analysez ces deux formes verbales (personne, temps et mode).( 1 pt )

b) Qu'est-ce que Créon n'aurait pas voulu faire? (0.5 pt)

Qu'est-ce qu'il ne voudrait pas faire? (0.5 pt)

Qu'est-ce qu'il a fait? (0.5 pt)

Que va-t-il devoir faire? (0.5 pt)

c) Quel sentiment fait naître chez Créon ce déchirement entre volonté et obligation? (0,5 pt)

2) « Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m’ont fait aux bras, avec ma peur qui

me tord le ventre, moi je suis reine.» lignes 26 et 27

a) Expliquez ce que veut dire Antigone dans cette phrase.(1 pt )

b) Remplacez les 3 groupes soulignés par des propositions subordonnées circonstancielles.(1,5 pt )

3) a) Quelles est la métaphore filée employée par Créon? Expliquez-la en relevant les éléments comparés et le

champ lexical.(1 point) lignes 33 à 44

b) Dans quel but l'emploie-t-il? (1 pt )

c) En quoi la tirade de Créon peut évoquer le comportement des français sous Pétain? (1 pt )

4) En quoi Antigone incarne-t-elle la résistance? Développez votre réponse en citant le texte.(2 pts)

5) Créon vous semble-t-il en position de force ou de faiblesse face à Antigone? Développez votre réponse et

justifiez en citant le texte. (2 pts)

6) Expliquez ce qui rend ce passage particulièrement tragique en vous demandant si les conceptions d'Antigone

et de Créon sont conciliables et si l'un des deux personnages semble sortir vainqueur de ce dialogue.

Développez votre réponse. (2 pts)

Réécriture: / 3 pts Réécrivez le passage suivant au discours indirect :

«Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes fenêtres, c’est assez payé pour que l’ordre

règne dans Thèbes. Mon fils t’aime.»

Utilisez des verbes de parole appropriés.

VALIDATION DU SOCLE COMMUN

COMPETENCE 1 - La maîtrise de La Langue française / « Lire »

Repérer les informations à partir des éléments explicites et des éléments implicites nécessaires. (QUESTIONS 1b, 1c, 2a, 3c )

Utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la langue, savoir faire appel à des outils appropriés pour lire ( QUESTION

1a, 2b,3a et 3b)

Dégager, par écrit, l’essentiel d’un texte lu ( QUESTIONS 5et 6 )

COMPETENCE 1 - La maîtrise de La Langue française / «Écrire »

Reproduire un document sans erreur et avec une présentation adaptée ( RÉÉCRITURE )

Écrire lisiblement un texte en respectant l’orthographe et la grammaire ( DICTEE + RÉÉCRITURE + QUESTIONS 5 et 6)

Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir de consignes données. ( QUESTIONS 5 et 6)

Utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la langue, savoir faire appel à des outils variés pour améliorer son texte. (

REECRITURE )

COMPETENCE 5 – Culture humaniste / « Faire preuve de sensibilité, d'esprit critique, de curiosité. »

Être sensible aux enjeux esthétiques et humains d’un texte littéraire ( QUESTION 6 )

COMPETENCE 5 – Culture humaniste / «situer dans le temps, l'espace, les civilisations » Situer des événements, des œuvres littéraires. ( QUESTION 3c et 4)

2ème

partie: De 10H45 à 12H15 Rédaction: 15 points

Brevet blanc: Français MAI 2013

Consignes :

Durée de l’épreuve : 1H30

Traitez un seul des deux sujets proposés.

Vous pouvez utiliser un dictionnaire.

Rendez votre copie avec le sujet et le texte de Anouilh

Sujet 1

Sujet d'imagination:

Rédigez un dialogue théâtral au cours duquel un adolescent et un adulte s'opposent à propos d'une décision prise par

l'adolescent.

Vous respecterez la présentation d'un dialogue théâtral et imiterez le rapport de force établi dans le texte d'Anouilh.

Interdisez-vous le langage familier.

Sujet 2: Sujet de réflexion

Dans Antigone d'Anouilh, le chœur déclare: «C'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le

sale espoir».Une expression dit au contraire que l'espoir fait vivre. Quelle est votre opinion à ce sujet? Justifiez

votre réponse par des arguments et des exemples tirés de vos lectures et de votre expérience personnelle.

2ème

partie: De 10H45 à 12H15 Rédaction: 15 points

Consignes:

Durée de l’épreuve: 1H30

Traitez un seul des deux sujets proposés

Vous pouvez utiliser un dictionnaire

Rendez votre copie avec le sujet et le texte de Anouilh

Sujet 1

Sujet d'imagination:

Rédigez un dialogue théâtral au cours duquel un adolescent et un adulte s'opposent à propos d'une décision prise par

l'adolescent.

Vous respecterez la présentation d'un dialogue théâtral et imiterez le rapport de force établi dans le texte d'Anouilh.

Interdisez-vous le langage familier.

Sujet 2: Sujet de réflexion

Dans Antigone d'Anouilh, le chœur déclare: «C'est reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le

sale espoir».Une expression dit au contraire que l'espoir fait vivre. Quelle est votre opinion à ce sujet? Justifiez

votre réponse par des arguments et des exemples tirés de vos lectures et de votre expérience personnelle.

Brevet blanc: Français MAI 2013

Correction des Questions: /15 pts

1) a)«Je ne le voudrais pas», «vous n'auriez pas voulu»

Analysez ces deux formes verbales (personne, temps et mode).( 1 pt )

«Je ne le voudrais pas»= P1 conditionnel présent

«vous n'auriez pas voulu» = P5 conditionnel passé

b) Qu'est-ce que Créon n'aurait pas voulu faire? (0.5 pt)

Il n'aurait pas voulu refuser une tombe au frère d'Antigone

Qu'est-ce qu'il ne voudrait pas faire? (0.5 pt)

Il ne voudrait pas faire tuer Antigone

Qu'est-ce qu'il a fait? (0.5 pt)

Il a refusé une tombe au frère d'Antigone

Que va-t-il devoir faire? (0.5 pt)

Il va devoir faire tuer Antigone

c) Quel sentiment fait naître chez Créon ce déchirement entre volonté et obligation? (0,5 pt)

Ce déchirement entre volonté et obligation fait naître chez Créon un sentiment de peur: « Eh bien,

oui, j’ai peur d’être obligé de te faire tuer si tu t’obstines. »

2) « Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m’ont fait aux bras,

avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine.»

a) Expliquez ce que veut dire Antigone dans cette phrase.(1 pt )

Antigone pense être plus reine que Créon n'est roi car elle fait ce qu'elle veut, elle est libre,

courageuse et ose se salir les mains.

b) Remplacez les 3 groupes soulignés par des propositions subordonnées circonstancielles.(1,5

pt )

Parce que mes ongles sont cassés et pleins de terre, parce que tes gardes m’ont fait des bleus aux

bras, et parce que la peur me tord le ventre, moi je suis reine.

3) a) Quelles est la métaphore filée employée par Créon? Expliquez-la en relevant les

éléments comparés et le champ lexical.(1 point) lignes 33 à 44

Créon utilise la métaphore du bateau dans la tempête, métaphore filée développée dans la longue

tirade dans laquelle le roi est comparé implicitement au capitaine d’un bateau dans une mer

déchaînée. Le champ lexical de la navigation et du naufrage parcourt l’ensemble de la réplique.

b) Dans quel but l'emploie-t-il? (1 pt )

Par cette métaphore traditionnelle, Créon tente de redorer le blason du roi: le roi est le seul à

combattre la tempête, puisque l’équipage ne veut plus rien faire et ne pense qu’à piller la cale et

que les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux

avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Seul, le roi combat pour

l’intérêt général. Seul, le roi essaie de sauver le bateau, c’est-à-dire le pays, de la tempête. Seul, le

roi fait preuve d’altruisme, pour le bien supérieur du pays, même si cela peut entraîner des actions

injustes et arbitraires, prises dans l’urgence: on gueule un ordre et on tire dans le tas

Brevet blanc: Français MAI 2013

c) En quoi la tirade de Créon peut évoquer le comportement des français sous Pétain? (1 pt )

Créon décrit un pays « plein de crimes, de bêtise, de misère » c’est-à-dire la France occupée. Celui

qui accepte de tenir le gouvernail, au milieu de cette tempête, est le Maréchal Pétain.

4) En quoi Antigone incarne-t-elle la résistance? Développez votre réponse en citant le texte.(2

pts)

Antigone incarne la résistance quand elle dit à Créon : « Moi, je suis là pour autre chose que pour

comprendre. Je suis là pour vous dire non et pour mourir. » Elle incarne la résistance parce qu'elle

se bat pour ses valeurs et qu'elle est prête à mourir pour cela.

5) Créon vous semble -t-il en position de force ou de faiblesse face à Antigone? Développer

votre réponse et justifier en citant le texte. (2 pts)

Créon semble en position de faiblesse par rapport à Antigone. Celle-ci le désigne par l’expression «

Pauvre Créon » (l. 13) et Créon lui-même demande à Antigone d’avoir pitié de lui : « Alors, aie

pitié de moi, vis » (l. 17).

6) Expliquez ce qui rend ce passage particulièrement tragique en vous demandant si les

conceptions d'Antigone et de Créon sont conciliables et si l'un des deux personnages semble

sortir vainqueur de ce dialogue. Développez votre réponse (2pts)

Ce passage est tragique car les conceptions des deux personnages sont opposées et inconciliables.

Créon ne peut entendre les arguments d’Antigone. Il agit, il pense, il réfléchit en homme d’État.

Antigone ne veut pas « comprendre », elle veut aller jusqu’au bout de son geste quand bien même il

serait absurde. Créon est dominé par Antigone dans ce passage car il aime à sa manière sa nièce

qu’il a connue enfant, celle qui doit apporter du bonheur à son fils. Il est donc difficile pour lui

d’envisager sa mort.

Réécriture : / 3 pts

Réécrivez le passage au discours indirect le passage suivant:

« Alors, aie pitié de moi, vis. Le cadavre de ton frère qui pourrit sous mes fenêtres, c’est assez

payé pour que l’ordre règne dans Thèbes. Mon fils t’aime. »

Utilisez des verbes de parole appropriés.

Créon supplie Antigone d'avoir pitié de lui et de vivre. Il lui dit que le cadavre de son frère qui

pourrit sous ses fenêtres, c'est assez payé pour que l'ordre règne dans Thèbes et que son fils l'aime.

Ou

Créon supplia Antigone d'avoir pitié de lui et de vivre. Il lui dit que le cadavre de son frère qui

pourrissait sous ses fenêtres, c'était assez payé pour que l'ordre règne dans Thèbes et que son fils

l'aimait.


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